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1 Note rédigée par les Chambres d’Agriculture de Côte d’Or, de Saône et Loire, de l’Yonne et la Société de Viticulture du Jura – mars 2012 L’objectif : Privilégier le travail du sol et l’enherbement Préserver un bon fonctionnement du sol afin que la vigne retrouve un équilibre global L’entretien des sols ne se limite pas à la gestion des adventices. Il influe également sur la structure et la vie microbienne du sol. L’itinéraire mené sur une parcelle sera adapté de façon à prendre en compte et optimiser autant que possible ces paramètres. Cela sous-entend qu’il ne sera pas systématiquement semblable au fil des ans, mais adapté en fonction de considérations agronomiques (vigueur et rendement, pilotage de la fertilisation, évolution de la flore, problèmes divers du type érosion…) et bien sûr économiques. L’objectif n’est désormais plus d’avoir "zéro adventice" dans ses parcelles, mais de gérer leur présence en fonction du stade de développement de la vigne. Ainsi, une attention particulière doit être portée du débourrement à la floraison, pour éviter notamment une concurrence azotée préjudiciable à la vigne. Alors qu’après floraison, une présence modérée d’herbe peut être tolérée si la vigueur de la vigne est suffisante. La présence d’adventices peut d’ailleurs être utilisée comme un indicateur pertinent de l’état des sols. C’est le concept de plantes bio-indicatrices que nous développerons dans cette note. Nous avons souhaité élaborer une note complémentaire de celles des années précédentes. A ce titre, elle aborde des sujets nouveaux tels que la relation entretien des sols/vie microbienne ou des conseils sur la gestion de certaines adventices difficiles à maîtriser. Une autre partie évoque la façon d’envisager l’entretien des sols dans les plantations, point crucial pour partir sur de bonnes bases et assurer une pérennité satisfaisante de la vigne. Enfin côté machinisme, deux matériels en développement dans nos vignobles, sont présentés : les disques crénelés type cover- crop et le rouleau type rolofaca ou éco-roll. Les notes Entretien des Sols des années antérieures restent consultables sur le site Internet de la SVJ : www.sv-jura.com Le sol n’est pas un simple support mais un milieu vivant qui doit permettre au terroir de s’exprimer pleinement. Si l’activité microbienne n’est pas satisfaisante, la vigne ne trouvera pas son équilibre. En effet, ce sont les microorganismes qui interagissent avec le sol pour fournir à la vigne les éléments dont elle a besoin pour sa croissance et son développement. Pour atteindre cet équilibre tant au niveau qualitatif que quantitatif, il est nécessaire d’avoir un sol qui fonctionne bien. L’ensemble des interventions en lien avec le sol (gestion des adventices, fertilisation) sont donc en interaction directe et doivent être raisonnées conjointement. Les pratiques d’entretien sont nécessaires pour N°01 mars 2012 JURA’ VIGNES NOTE REGIONALE ENTRETIEN DES SOLS BOURGOGNE - JURA 2012 RELATIONS ENTRETIEN DES SOLS / VIE MICROBIENNE / EQUILIBRE DE LA VIGNE En bref : Conditions actuelles favorables au travail du sol Fertilisants organiques à appliquer rapidement Fertilisants organo- minéraux et minéraux à apporter début avril Herbicides de prélevée en plein à limiter aux parcelles non mécanisables

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Note rédigée par les Chambres d’Agriculture de Côte d’Or, de Saône et Loire, de l’Yonne et la Société de Viticulture du Jura – mars 2012

L’objectif : Privilégier le travail du sol et l’enherbement

Préserver un bon fonctionnement du sol afin que la vigne retrouve un équilibre global

L’entretien des sols ne se limite pas à la gestion des adventices. Il influe également sur la structure et la vie microbienne du sol. L’itinéraire mené sur une parcelle sera adapté de façon à prendre en compte et optimiser autant que possible ces paramètres. Cela sous-entend qu’il ne sera pas systématiquement semblable au fil des ans, mais adapté en fonction de considérations agronomiques (vigueur et rendement, pilotage de la fertilisation, évolution de la flore, problèmes divers du type érosion…) et bien sûr économiques. L’objectif n’est désormais plus d’avoir "zéro adven tice" dans ses parcelles, mais de gérer leur présence en fonction du stade de développement de la vigne. Ainsi, une attention particulière doit être portée du débourre ment à la floraison, pour éviter notamment une concurrence azotée préjudiciable à la vigne . Alors qu’après floraison, une présence modérée d’herbe peut être tolérée si la vigueur de la vigne est suffisante. La présence d’adventices peut d’ailleurs être utili sée comme un indicateur pertinent de l’état des sols. C’est le concept de plantes bio-indicatrices que nous développerons dans cette note. Nous avons souhaité élaborer une note complémentaire de celles des années précédentes. A ce titre, elle aborde des sujets nouveaux tels que la relation entretien des sols/vie microbienne ou des conseils sur la gestion de certaines adventices difficiles à maîtriser. Une autre partie évoque la façon d’envisager l’entretien des sols dans les plantations, point crucial pour partir sur de bonnes bases et assurer une pérennité satisfaisante de la vigne. Enfin côté machinisme, deux matériels en développement dans nos vignobles, sont présentés : les disques crénelés type cover-crop et le rouleau type rolofaca ou éco-roll.

Les notes Entretien des Sols des années antérieures restent consultables sur le site Internet de la SVJ : www.sv-jura.com

Le sol n’est pas un simple support mais un milieu v ivant qui doit permettre au terroir de s’exprimer pleinement. Si l’activité microbienne n’est pas satisfaisante, la vigne ne trouvera pas son équilibre. En effet, ce sont les microorganismes qui interagissent avec le sol pour fournir à la vigne les éléments dont elle a besoin pour sa croissance et son développement. Pour atteindre cet équilibre tant au niveau qualitatif que quantitatif, il est nécessaire d’avoir un sol qui fonctionne bien. L’ensemble des interventions en lien avec le sol (gestion des adventices, fertilisation) sont donc en interaction directe et doivent être raisonnées conjointement. Les pratiques d’entretien sont nécessaires pour

N°01 mars 2012

JURA’VIGNES

NOTE REGIONALE ENTRETIEN DES SOLS BOURGOGNE - JURA 2012

RELATIONS ENTRETIEN DES SOLS / VIE MICROBIENNE / EQUILIBRE DE LA VIGNE

En bref : Conditions actuelles favorables au travail du sol Fertilisants organiques à appliquer rapidement Fertilisants organo-minéraux et minéraux à apporter début avril Herbicides de prélevée en plein à limiter aux parcelles non mécanisables

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gérer le sol, mais elles ne sont pas suffisantes. En effet, les microorganismes doivent prendre le relais pour maintenir un bon fonctionnement. La porosité du sol joue un rôle central sur la vie microbienne . Pour un bon développement, celle-ci a besoin d’air et d’eau . Un déficit d’air ou un excès d’eau ne seront pas favorables au développement de micro-organismes bénéfiques. Le travail du sol et l’enherbement, lorsqu’ils sont correctement menés, aèrent le sol, favorisent l’infiltration de l’eau et améliorent cette porosité. Pour que l’effet de ces pratiques perdure, il faut aussi prendre soin des bactéries et des champignons, en leur apportant la nourriture dont ils ont besoin. Ainsi de petits apports annuels de carbone (C) et d ’azote (N) rapidement assimilables peuvent s’avérer utiles (10 unités d’azote /ha suffisent souvent) . L’idéal est que la mise à disposition de ces éléments coïncide avec la période de besoin des microorganismes qui débute au printemps, avant que la vigne ne démarre. Pour stimuler la vie microbienne, cet apport peut être envisagé sous plusieurs formes en fin d’hiver (fin février /début mars) : - avec un compost jeune - avec un engrais organique - avec un enherbement temporaire hivernal (engrais verts) qui sera alors retourné en fin d’hiver. Ce couvert

présente plusieurs intérêts : lutter contre l’érosion en hiver, améliorer la structure du sol et donc la porosité, stimuler l’activité biologique et la formation de matières organiques. Dans le cas d’un enherbement semé, le choix des espèces dépendra des caractéristiques du sol et des objectifs recherchés. De plus, certaines espèces ont une action efficace pour diminuer voire empêcher le développement des autres adventices (effet allélopathique).

Dans des sols très pauvres en matières organiques, un apport de compost évolué à l’automne est également possible pour maintenir ou augmenter le taux d’humus stable. Un deuxième apport au printemps d’engrais organique plus stimulant peut aussi lui être associé. Il faut toujours se demander si les pratiques que l ’on met en œuvre permettent une bonne nutrition des microorganismes. Une fois qu’un sol fonctionne bien (pratiques d’entretien du sol et fertilisation adaptées), la vigne peut alors trouver un équilibre .

A partir de l’observation de la flore présente dans une parcelle, on peut en déduire certains fonctionnements ou dysfonctionnements du sol : c’est le concept de plantes bio-indicatrices . Les végétaux producteurs de graines ont au cours de leur évolution mis en place un système de dormance . Ceci permet aux graines de germer lorsque les conditions favorables à l’espèce sont réunies. La dormance de ces graines a permis, au fil des siècles, aux adventices de constituer des stocks très importants de semences dans le sol. . La montée en graine des adventices n’a donc que peu d’impact sur ce stock, et ne conditionne que peu la levée de dormance de telle ou telle espèce l’année suivante. Celle-ci est en fait, déterminée par des facteurs p récis liés au sol : géologie, hydrologie et structure de la couche arable. La climatologie, les pratiques agricoles et l’activité de la vie microbienne aérobie et anaérobie sont également des éléments très importants pour la levée d’une espèce. On comprend alors que l’observation de la flore sur une parcelle nous renseigne précisément sur les propriétés du sol et donc sur sa fertilité . Il existe une méthode permettant d’effectuer un diagnostic précis de l’état des sols grâce aux plantes bio-indicatrices. Cette méthode, développée par Gérard DUCERF (Promonature), nécessite une bonne connaissance des espèces et le suivi d’un protocole précis. A ce titre, "L’encyclopédie des plantes bio-indicatrices " (G DUCERF - 2 volumes) constitue un outil très utile pour la mettre en œuvre. Deux espèces voisines ne traduisent pas forcément la même chose. L’élaboration d’un diagnostic juste nécessite donc : - une reconnaissance précise des adventices. Une observation générale de la flore présente sur u ne parcelle donne toutefois des indications déjà intéressantes . - une estimation correcte du pourcentage d’occupation des différentes adventices à l’échelle de la parcelle. Car il faut aussi pondérer la représentativité de chaque adventice présente pour pouvoir tirer des conclusions pertinentes. Pour qu’une plante soit considérée comme significative, il faut qu’elle ait un taux de recouvrement du sol d’au moins 10% de la surface. La diversité des espèces présentes est un gage d’équilibre et de fertilité. Une modification brutale de la flore ou l’explosion d’une espèce peuvent être témoins d’un changement soudain de fonctionnement du sol. Ce sont des indices qui doivent conduire à un diagnostic plus complet.

PLANTES BIO-INDICATRICES

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Plantain majeur (Plantago major)

L’introduction à cette méthode nécessite un accompagnement individuel ou en groupe, par exemple dans le cadre des formations que nous vous proposons chaque année.

QUELQUES EXEMPLES DE PLANTES BIO-INDICATRICES ET LE URS SIGNIFICATIONS

(source : Encyclopédie des plantes bio-indicatrices de Gérard Ducerf )

Pour vous aider dans la reconnaissance des adventices :

Mémo flore

édité en 2007 avec le Guide Viticulture Durable

Plantain lancéolé (Plantago lanceolata) ☺☺☺☺ Avec ses feuilles très allongées, ce plantain est, comme le mouron blanc ou le salsifis des prés, indicateur d’un bon équilibre du sol : équilibre en eau et en matières fetilisantes dont matières organiques. Sa présence témoigne aussi d’une bonne activité microbienne. Cette espèce ne doit pas être confondue avec le Grand plantain (Plantago major) dont les feuilles sont plus larges Celui-ci est plutôt indicateur d’hydromorphisme dû à un compactage du sol (passage d’engin,...). Une troisième espèce peut être rencontrée sur les sols très alcalins (pH>7,5) : le Plantain moyen (Plantago media).

Plantain lancéolé

(Plantago lanceolata)

Potentille rampante (Potentilla reptans) ���� Sa présence témoigne d’un engorgement en eau et en matières organiques provoquant des hydromorphismes avec formation de gleys (horizons de sol présentant des phénomènes d’anaérobiose et d’asphyxie). La Potentille rampante lève donc dans des conditions de sols tassés et ayant une forte rétention d’eau. Potentille

(Potentilla reptans)

Achillée millefeuille (Achillea millefolium) ���� Sa présence indique un engorgement du sol en matières organiques et autres éléments fertilisants. Cela peut être lié notamment à un travail du sol trop profond et/ou trop fréquent. Cette déstructuration du complexe argilo-humique entraîne une déficience du coefficient de fixation des sols. C’est donc aussi typiquement le type de plantes qui poussera sur les sols en cours d’érosion .

Achillée m illefeuille (Achillea millefolium)

Capselle bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris) ���� Sa présence peut indiquer des variations hydriques importantes sur des terrains limoneux ou sableux. Sur sols riches en bases, elle témoigne surtout, comme les muscaris, d’un blocage de potasse et phosphore qui découle la plupart du temps de phénomènes de tassement et d’asphyxie.

Capselle bourse à pasteur (Capsella bursa-pastoris)

☺☺☺☺ Le sol est en état d’équilibre ���� Attention dégradation en cours ���� Attention danger pour le sol

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Panic (Panicum repens) ���� Le panic se retrouve sur des sols compactés suite à un phénomène de battance ou par tassement lors des passages d’engins. Le travail du sol par temps humide est ainsi propice à son développement. Une semelle de labour se créée, ce qui peut conduire à une asphixie totale du sol qui conduit à des dissociations du complexe argilo-humique.

� Pour limiter la prolifération de cettegraminée, il faut limiter le compactage des sols : une attention toute particulière doit donc être apportée sur les moments de passage des matériels. Ne pas intervenir sur sol non ressuyé ou juste après avoir travaillé le sol particulièrement sur une texture peu caillouteuse.

Liseron (Convolvulus arvensis) ���� Comme le chénopode blanc, il s'agit d'une espèce nitratophile. Le liseron est ainsi un indicateur de saturation du complexe argilo-humique par excès d'azote organique ou d'azote de synthèse. � Les apports d'azote d'origine minérale ou organique doivent être revus à la baisse voire interrompus en fonction des résultats d'analyse de sol et de la vigueur de la vigne.

� Entretien mécanique : Comme pour le chiendent et l'ensemble des vivaces, les outils rotatifs sont à éviter car ils favorisent leur dissémination.

� Désherbage chimique : sur ronds de liserons, application de glyphosate par taches en été au moment de sa floraison.

N.B. : pour les parcelles à problématique Bois noir, veiller à ne pas détruire l'intégralité des liserons durant la période de vols du vecteur (juin-juillet), car il n'aura alors plus de plante hôte (liseron, ortie) et migrera vers la vigne au risque de l’infecter.

Erigéron ou Vergerette du Canada (Conyza canadensis) ����

L'érigéron est un indicateur d'excès d'azote. Il se développe également dans les sols compactés à tendance anaérobie. � Les apports d'azote d'origine minérale ou organique doivent être revus à la baisse voire interrompus en fonction des résultats d'analyse de terre et de la vigueur de la vigne. Comme pour de nombreuses espèces : limiter le tassement des sols en favorisant le plus possible les conditions optimales aux passages des tracteurs (durée de ressuyage).

� Entretien mécanique : bonne efficacité en passage estival.

� Désherbage chimique : intervenir sur stade jeune avec un foliaire afin de toucher l'ensemble de la tige. Basta (glufosinate ammonium) ou glyphosate à environ 1000 g/ha : bonne efficacité d’une application décalée (estival).

Grande prêle (Esquisetum telmateia) ����

Elle pousse sur des sols non structurés ou déstructurés, instables, très argileux et humides, avec présence de nappes d’eau. Sa présence est typique des sols marneux. Cette plante est très rustique avec un système racinaire qui peut descendre jusqu’à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. Ce qui explique que dans de nombreuses situations, elle est quasiment indestructible. La prêle des champs (Equisetum arvense) se comporte de la même manière. Elle se rencontre sur sols alluvionnaires non-structurés ou déstructurés.

� Que ce soit en mécanique ou en chimique, il est rare d’en venir définitivement à bout. Donc sa présence est à gérer en fonction de son degré de concurrence avec la vigne. En sol acide, un chaulage peut éventuellement avoir son efficacité.

� Entretien mécanique : très difficile à contrôler. Les outils utilisés ont tendance à favoriser la dissémination des rhizomes. Par rapport à la problématique excès d’eau, un sous-solage bien réalisé peut éventuellement aider.

� Désherbage chimique : peu d’efficacité des différents herbicides au vu la surface de contact réduite. Basta (glufosinate ammonium) est le plus indiqué en herbicide de postlevée avec une application pleine dose au stade tête noire (feuilles non ouvertes).

FLORE DIFFICILE A MAITRISER : CARACTERISTIQUES BIO-INDICATRICES ET GESTION

Grande prêle (Esquisetum

telmateia

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Pour assurer la bonne pérennité d’une plantation, il faut respecter un certain nombre de points dans l’entretien des sols :

� Limiter les adventices tôt en saison, lorsqu’elles sont encore petites , ceci afin d’éviter le plus possible une concurrence en eau et en éléments minéraux.

� Favoriser l'établissement du système racinaire en profondeur. Pour cela, entretien mécanique ou désherbage chimique peuvent être utilisés. Cependant, une préférence nette doit être donnée au travail du sol, surtout les premières années.

En effet un travail superficiel (griffes, interceps...) a pl usieurs avantages : élimination des mauvaises herbes, aération et amélioration de la structure du sol, enracinement en profondeur, minéralisation de la matière organique et augmentation de la vie biologique. Ce désherbage des jeunes vignes doit cependant être suivi avec une plus grande attention et nécessite souvent un plus grand nombre de passages que sur une vigne en place (peut aller jusqu'à la chute des feuilles). Il faut faire attention aux tuteurs et aux plants par un réglage adapté de l’intercep : souplesse du palpeur, vitesse pas trop élevée. Quel que soit le type d'appareil, il faut éviter de travailler un sol non ressuyé, afin de ne pas former une semelle de labour (notamment en sol argileux) très préjudiciable au développement futur de la vigne. Attention au risque de déssechement des racines et à la destruction des horizons par un travail trop profond.

L’application de désherbants chimiques est une technique économique, rapide et efficace mais qui n’est pas sans inconvénients sur le long terme (pollution des eaux, toxicité vis à vis de l’utilisateur pour certains produits, appauvrissement de la biodiversité du sol…). Si cette technique est mise en œuvre, privilégier une application ciblée sur la ligne de ceps. Les herbicides sont à choisir en fonction de la nature des adventices présentes. Un herbicide postlevée spécifique reste possible en cours de saison, en évitant de toucher la végétation lors de son application et en effectuant un épamprage préalable soigné.

� Produits utilisables sur jeunes plantations : voir Tableau Herbicides dans Mémo Vigne 2012. Ce pe tit guide, outil complémentaire de nos bulletins vous s era envoyé prochainement.

Deux outils en développement dans nos vignobles sont présentés ci-dessous : outils permettant de freiner l’herbe comme les disques crénelés et système de rouleaux couchant la végétation sans la détruire totalement.

Caractéristiques : Ces disques incurvés et crénelés, issus des grandes cultures, peuvent avoir différentes utilisations en viticulture : - effectuer un travail de binage sur l’inter-rang, - butter et débutter légèrement pour une bonne préparation au décavaillonnage, - niveler le terrain et remettre les sols à plat en sortie d’hiver. Passages : Cet outil peut être utilisé pour effectuer un léger buttage ou chaussage en inclinant les disques vers le rang. Pour un rendu optimal, le cavaillon aura été travaillé au cours de la saison. Mais il présente tout son intérêt en sortie d’hiver , particulièrement en cas de présence d’un couvert végétal abondant sur l’inter-rang . Notamment en cas d’hiver humide n’autorisant pas un buttage, il permet une reprise directe des terres et facilite les passages consécutifs des autres outils. Il peut être aussi utilisé en cours de saison pour nettoyer en surface. L’efficacité de destruction des adventices est meilleure que celle d’un griffage (dont ce n’est d’ailleurs pas l’objectif).

Point très important, il faut veiller à passer sur un sol réellement ress uyé , afin de limiter les effets de lissage et de création de mottes gênantes pour le reste de la saison. Certains viticulteurs gèrent l’inter-rang uniquement avec ce matériel.

C’est la vitesse de passage qui produit l’efficacité de l’outil en créant un effet d’onde ou de vibration de la terre. Cependant, même si l’on peut se permettre d’avoir une vitesse d’avancement supérieure aux autres outils de travail du sol, il faut faire attention aux risques de déport pouvant occasionner des blessures des ceps lorsque l’on tourne à trop grande vitesse (> 5km/h).

DEUX MATERIELS D’ENTRETIEN DES SOLS EN DEVELOPPEMENT

Disques creneles type cover-crop TYCOVER-CROP

UNE BONNE GESTION DE L’ENTRETIEN DES SOLS SUR UNE PLANTATION

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Société de Viticulture du Jura

BP 40417 – 455, rue du Colonel de Casteljau 39016 LONS LE SAUNIER Cedex

Tél. 03 84 35 14 39 – Fax : 03 84 24 82 15 - Site : www.sv.jura.com

Montage : Monté classiquement derrière un tracteur inter-ligne, la configuration la plus pertinente sur enjambeur est celle entre roues. En effet, sur les porte-outils arrière, seuls des disques de petit diamètre sont acceptables, en tenant compte de l’encombrement. Un rajout de poids est souvent nécessaire afin que l’outil travaille à bonne profondeur (7-8cm). Ceci est particulièrement vrai en terrains lourds. Sur vignes à faible écartement (1m), le montage classique est constitué de 2 disques par rang, voire 3 sur vignes à plus d’1,30m. Une griffe à l’avant permet d’ouvrir le sol et de couvrir la bande non travaillée par les disques. L’orientation est variable selon les modèles et selon l’intensité du travail souhaité. ���� Intérêts : - Matériel rustique, avec une usure sur les disques limitée : en sols argilo-calcaires, caillouteux ce matériel s’avère robuste. En sols sableux, on peut être confronté quelquefois à une perte de taillant ou des problèmes de roulement, - Intérêt suite à hivers humides avec couvert végétal abondant, - Passage rapide qui peut être réalisé sur des fenêtres climatiques courtes où le sol est ressuyé. ���� Limites : - Lissage et création de mottes si passé en mauvaises conditions, - Risques de blessures des ceps à trop grande vitesse. Caractéristiques : Ce rouleau équipé de lames verticales (droites ou courbées) a pour objectif de gérer la pousse de l’herbe dans l’inter-rang en couchant ou cassant le couvert végétal. Cela perturbe la circulation de la sève et ralentit la pousse. Son action doit permettre de limiter le passage d’une tondeuse ou d’un herbicide.

Passages : Cet outil est intéressant sur des adventices ou enh erbements développés et à tendance ligneuse . L’éclatement des tiges et le recouvrement de l’enherbement assure alors l’efficacité du contrôle de la pousse Dans les autres cas, son efficacité reste très limitée et souvent la roue de l’engin porteur provoque le même effet d’écrasement. Il peut être utilisé tout au long de la campagne pour calmer la pousse des adventices, particulièrement des dicotylédones. Le matériel ayant besoin d’une certaine inertie, une vitesse minimale de 5 km/h est nécessaire. Le nombre de passages est réduit par rapport à une gestion par tontes. Montage : Il se fixe simplement sur un attelage 3 points classiques d’un tracteur interligne ou sur le porte-outil d’un tracteur-enjambeur. La largeur (à partir de 30 cm) le diamètre et le poids (à partir de 100 kgs) doivent être suffisants pour coucher un couvert végétal développé. Le lestage est effectué à base d’eau (attention au risque de gel en hiver) ou de sable. Un surplus peut être nécessaire en vignes étroites pour améliorer la qualité du travail. Une configuration avec des lames verticales rapprochées les unes des autres (hauteur = largeur) est à privilégier pour une meilleure efficacité. Il semblerait que la disposition des lames en quinconce permette un appui plus fort et un meilleur éclatement des tiges. � Intérêts : - Outil peu coûteux, rustique, simple d’entretien, - Passage rapide qui peut être couplé à d’autres travaux (type rognages…), - Formation d’un mulch qui perturbe le développement des adventices et limite les températures extrêmes du sol lors de fortes chaleurs, - Dégradation du couvert se fait progressivement et enrichit les premiers centimètres du sol en humus. On observe donc à terme une amélioration de la structure du sol, - Permet de diminuer le passage d’herbicides ou de tondeuses. � Limites : - Présente un intérêt uniquement si le couvert végétal est suffisamment développé et le matériel assez lesté, - Plus intéressant en vignes larges avec un couvert enherbé plus étendu que la bande de roulement et avec un rouleau plus lourd monté sur tracteur. En vignes étroites, le passage répétitif des roues de l’enjambeur se suffit souvent à lui-même, - En vignes basses et étroites, attention à la création de microclimats humides favorables au développement de maladies telles que mildiou et/ou botrytis.

Rouleau type Rolofaca ou Eco-Roll