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SECHERESSE - MOHAMMED SGHAIER ZAAFOURI Institut des régions arides 6051 Nahal-Gabès, Tunisie . - NOUREDINE AKRlMl Institut des régions arides 41 19 Médenine, Tunisie Cnrs/Cefe L. Emberger 34033 Montpellier, France Note méthodolog ¡que Sécheresse 1994 ; 5 : 265-75 Les plantations s bo-pastorales en Tunisie présa hy arienne i Les causes de succès ou d’échec des plantations sylvo-pastorales dans l‘aménagement des régions arides représentent une question d‘actualité. La Tunisie présaharienne ne fait pas exception à la règle. Dans cette zone, la réussite de ces plantations est une composante déterminante de l’amélioration de l’activité pastorale. Les conditions de cette réussite seront analysées, en termes de contraintes hydriques, édaphiques et bioclimatiques pour quelques espèces exotiques et autochtones communément utilisées dans cette région. n Tunisie présaharienne /figure 71, Ia part de l’élevage représente plus E de 60 % de la production agrico- le. Cette production est fondée sur I‘ex- ploitation d’un cheptel (ovin, caprin et camelin qui s’élève à 1 898 710 têtes més ò 5,278.1 O8 UF*/an [I J. Les par- cours naturels de la Tunisie présaharien- ne, occupant 63,4 % de la superficie de la zone, n’arrivent à produire ,?ye O 54. lo8 UF/an. Soit donc un de icit ahmentaire our le che tel de l’ordre de sources alimentaires complémentaires (sous-produitsagricoles, aliments indus- triels, etc.), le déficit alimentaire du cheptel reste très élevé. Pour y faire face, les responsables du développe- ment agricole se sont attachés, depuis 1970, a crher des réserves fourra ères sur pied à base d’arbustes [2]. linsi depuis 1980, 17 O00 hectares enviro; ont été plantés en Tunisie présaharienne [3] en : - Acucia sali na (Labill.) H. Wendl. (= A. cyanophyla P Lindl. = A. glauca Hort. = A. leioph /lu Benth.) sur 7 879 hec- tares, soit 44.4 % ; - O untia ficus barbarica A. Berger (= O. PindiCa (~4 M~II. = O. +us inermis Weber) sur 6 4 6 hectares, soit 38,2 % ; et dont I es besoins alimentaires sont esti- 4,738.10 8 UF/an. balgr6 les res- * UF : Unité fourragère : équivalent énergétique de 1 kg d’orge. , ..~ .__..,- ~ ., -1 , , , . .. . . . . - Afriplex 1. ssp. sur 1 415 hectares, soit 8,3 % ; - autres essences sur 1 199 hectares, soit 7,l %. La production de ces plantations est esti- mée ò environ 0,221 .lo8 UF/an [l Cette production contribue à 4 % Je l’alimentation du che tel et ramène son déficit alimentaire à 45 17.1 OE UF/an. Outre cette contribution, ces plantations améliorent la production des espèces autochtones, en favorisant leur régéné- ration naturelle et leur développement en raison de la mise en défens intégra- le, durant les premières .années de mise en place des plants {photo 7). Par ailleurs, la réussite de telles planta- tions reste tributaire des choix : du maté- riel végétal oda té, du milieu éda- phique favorabre, des techniques d’élevage des plants, des travaux d‘en- tretien et de sauvegarde et des tech- niques de conduite et de gestion des plantations. Présentation de la Tunisie présa ha rienne La Tunisie présaharienne /fi ure 7) se 34’30’ N et les méridiens 7’50’ et 1 1’50’ E [4]. Elle est comprise entre les situe entre les parallèles !i! 1’59’ et

Note méthodolog ¡que ihorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/... · 2013. 10. 16. · 6. Le Houérou HN. Recherches éco/ogiques et Rorisfiques sur lo vé étotion de

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SECHERESSE

- MOHAMMED SGHAIER ZAAFOURI

Institut des régions arides 6051 Nahal-Gabès, Tunisie

.- NOUREDINE AKRlMl

Institut des régions arides 41 19 Médenine, Tunisie

Cnrs/Cefe L. Emberger

34033 Montpellier, France

Note méthodolog ¡que Sécheresse 1994 ; 5 : 265-75

Les plantations s bo-pastorales en Tunisie présa hy arienne

i

Les causes de succès ou d’échec des plantations sylvo-pastorales dans l‘aménagement des régions arides représentent une question d‘actualité. La Tunisie présaharienne ne fait pas exception à la règle. Dans cette zone, la réussite de ces plantations est une composante déterminante de l’amélioration de l’activité pastorale. Les conditions de cette réussite seront analysées, en termes de contraintes hydriques, édaphiques et bioclimatiques pour quelques espèces exotiques et autochtones communément utilisées dans cette région.

n Tunisie présaharienne /figure 71, Ia part de l’élevage représente plus E de 60 % de la production agrico-

le. Cette production est fondée sur I‘ex- ploitation d’un cheptel (ovin, caprin et camelin qui s’élève à 1 898 710 têtes

més ò 5,278.1 O8 UF*/an [I J . Les par- cours naturels de la Tunisie présaharien- ne, occupant 63,4 % de la superficie de la zone, n’arrivent à produire ,?ye O 54. lo8 UF/an . Soit donc u n de icit ahmentaire our le che tel de l’ordre de

sources alimentaires complémentaires (sous-produits agricoles, aliments indus- triels, etc.), le déficit alimentaire du cheptel reste très élevé. Pour y faire face, les responsables du développe- ment agricole se sont attachés, depuis 1970, a crher des réserves fourra ères sur pied à base d’arbustes [2]. linsi depuis 1980, 17 O00 hectares enviro; ont été plantés en Tunisie présaharienne [3] en : - Acucia sali n a (Labill.) H. Wendl. (= A. cyanophyla P Lindl. = A. glauca Hort. = A. leioph /lu Benth.) sur 7 879 hec- tares, soit 44.4 % ; - O untia ficus barbarica A. Berger (= O. PindiCa ( ~ 4 M~II. = O. +us inermis Weber) sur 6 4 6 hectares, soit 38,2 % ;

et dont I es besoins alimentaires sont esti-

4,738.10 8 UF/an. ba lg r6 les res-

* UF : Unité fourragère : équivalent énergétique de 1 kg d’orge.

” , . .~ .__..,- ~ ., -1 , , , . .. . . . .

- Afriplex 1. ssp. sur 1 415 hectares, soit 8,3 % ; - autres essences sur 1 199 hectares, soit 7,l %. La production de ces plantations est esti- mée ò environ 0,221 . lo8 UF/an [ l Cette production contribue à 4 % Je l’alimentation du che tel et ramène son déficit alimentaire à 4 5 17.1 OE UF/an. Outre cette contribution, ces plantations améliorent la production des espèces autochtones, en favorisant leur régéné- ration naturelle et leur développement en raison de la mise en défens intégra- le, durant les premières .années de mise en place des plants {photo 7). Par ailleurs, la réussite de telles planta- tions reste tributaire des choix : du maté- riel végétal oda té, du milieu éda- phique favorabre, des techniques d’élevage des plants, des travaux d‘en- tretien et de sauvegarde et des tech- niques de conduite et de gestion des plantations.

Présentation de la Tunisie présa ha rienne

La Tunisie présaharienne /fi ure 7) se

34’30’ N et les méridiens 7’50’ et 1 1’50’ E [4]. Elle est comprise entre les

situe entre les parallèles !i! 1’59’ et

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I .

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courbes isohyètes annuelles moyennes 200 et 100 mm [5]. Cette zone de la Tunisie a r i de couvre environ 30 O00 km*, soit à peu pays et presque 3/5' de a zone aride tunisienne, I ensemble de cette zone étant compris entre les courbes iso- hyètes annuelles moyennes 350 et 100 mm [6]. Dans le découpage en ré- ions naturelles (régions écolo i ues)

!e la Tunisie aride et désertique, SoSuni- sie présaharienne englobe huit régions

es basses plaines méridionales, le l6] érid, : I le Nefzaoua le F'je. les Matma- ta, la J'fara, le Dhahar et I'buara.

près du

Le climat durant lu dernière décennie (1 981 -1 990)

Les données climatiques des principales stations représentatives des quatre ré- gions naturelles concernées par cette etude (basses plaines méridionales, Mat- mata, J'fara et Ouara) et relatives à la décennie 198 1-1 990 sont consignées dans les fableaux I et II. Le choix de cette décennie est dû au fait qu'elle cor-

des espèces ayant constitué les panta- faCe respond à la période de mise en

tions sylvo-pastorales. Les principales caractéristiques clima- tiques dégagées de l'examen des don- nées de Ia decennie sont : - des précipitations moyennes annuelies (86 à 195 mm) beaucoup plus faibles

enman) q u i var ie de 1 400 à 500 "/an [5-73 ;

- cinq à sept annees sur dix sèches à moyennement sèches (précipitations res-

ect ivement inférieures à 100 et 750 mm) [5/ ; - une très ongue période sèche (9 à 12 mois/an) [8 91 ; - un ré ime p(uviométrique saisonnier moyen j e type hivernal sur le continent et automnal sur les côtes [ 1 O - une amplitude thermique h - m) très élevée (24,2 à 33,7 O C ) ; - les mois les plus chauds sont juillet et août et le mois le plus froid est janvier ; - un bioclimat de type méditerranéen aride inférieur à hiver tempéré à chaud

our les basses plaines méridionales et J'fara, de type méditerranéen aride

supérieur à hiver tempéré pour les Mat- mata et de type méditerranéen saharien su érieur à hiver chaud pour I'Ouara

- les premières pluies efficaces (> 10 mm) [5] tombent après le l e r dé- cembre une année sur cinq et la saison de pluie s'achève avant le l e r mars une année sur deux. Même s i cette décennie est, d'une ma- nière générale et plus ou moins signifi-

I'évapotranspiration potentielle

I 1 6 111;

266

Bizerte

%- e> %. %.

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, , I Sousse.

Figure 1. l imite de l a ) Tunisie présahorienne (d'après Floret ef Ponto- nier 151). Régions naturelles (d'après l e Houérou í611.

Sécheresse n"4, vol. 5, décembre 94

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I , . . . . . . .i , .:. . ., . . . ALGER,E ;:; ,, .* '".:: . . a ' -.- Limites approximatives .... .: . , i ! ,...., -; ..;. ,... . .. . . . : ..'.I de la Tunisie I I..

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c

Tableau 1. Données climatiques annuelles moyennes

eco R"? ogiques

Basses plaine: méridionales Matmata

J'fara

Ouara

Stations Altitudes Température ("C/an) Précipitations ("/an) Éva o Quot. Période méteoro- (m) PicFe. Emberger d'a rès ( logiques Max. Min. Moyen Ampli. Max. Min. ("/an1

Pc2t P. IQ21 [il (MI ( m ~ (1) ~ - m ) (px) (pn) M~~

Gafsa (1) 300 37'5 3,8 19,5 33,7 501,O 51,d 173,6 2 4742 17,6 1 1 38,l 3,9 19,3 34,2 327,O 36,O 163,O 2858,O 15,8 12

4 31'8 7,6 20,O 24,2 415,9 37,3 195,4 2040,7 27,5 10 (2)

Gabès (1) (2) 32,4 5,9 19'3 26,8 534,O 39,O 187,O 2022,O 23,8 12

9 Médenine (1) 125 36,5 7,O 20'8 29,5 298,l 49,5 183,l 1 979'2 21,l (21 36,8 6,2 20,5 30,6 385,O 40'0 144,O 1 096,O 16,O 12

Rémada (1) 350 37,4 6,5 20,9 30,9 154,6 37,6 86,4 2 7248 9,4 12

(1 ) Moyenne de Ia dhcennie étudiée (1 981 -1 990). (2) Moyenne sur 70 ans.

cativement, plus luvieuse que la moyenne annuelre sur 70 ans lfableau /i l'imprévisibilité des pluies, eur varia ilité spatio-temporelle, la suc- cession d'années sèches puis humides, au sens de Floret et Pontanier [5] et la coi'ncidence de la saison pluvieuse avec la saison froide sont les traits les plu^ marquants de l'aridité climatique. A celle-ci, il faudrait ra'outer la notion d'aridité édaphique 11 21. Ces deux types d'aridité constituent les facteurs li- mitatifs pour l'installation et le dévelop- pement des espèces introduites en Tuni- sie présaharienne [2]. En effet, la réussite et la croissance des espèces dans les régions écologiques

de Ia Tunisie présaharienne restent tribu- taires des circonstances climatiques et des situations édaphiques favorables [2, 13, 141. Cependant, les travaux d'entre- tien et de sauvegarde réalisés, durant les premières années d'installation (2 à 3 ans), allègent l'effet de la sécheresse climati ue et diminuent l'aridité éda- phiqueq2, 131.

Bref historique des plantations

En Tunisie présaharienne, les premières plantations sylvo-pastorales ont commen- cé vers le debut des années 65 (pleine

politi ve des coopératives) pour la c tion l'emplois. Les premières espt' utilisées étaient Acacia ligulata A. CL ex Benth. et Opuntia ficus barbarica. A. saligna n'a été régulièrement uti quià partir des années 70 et ce, en r placement d'A. /igulafa qui s'est av non palatable. A partir de 1980,

lantations sylvo-pastorales à base d Eustes fourragers se sont intensifiées Tunisie présaharienne et d'autres pèces, telles que Prosopis ssp. Atrip, nummular ia Lindl., Parkinson aculeafa L., A. salicina Lindl., etc., c fait leur apparition d'une manière spor dique dans cette zone. L'usage de c dernières espèces est resté très limité c

Tableau I I . Moyennes mensuelles des temperatures de l'air, des précipitations et de I'évaporation Piche au cours de la décennic 1981-1990

eco RéP: ogiques

Basses plaine: méridionales

Ouara'

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. . . . . .

Références

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<

268

fait de la faible connaissance de leurs exigences écologiques et de leur pro- duction réduite en matière verte consom- mable par les animaux [2]. Les es èces autochtones, en particulier Periproca laevigafa Ait. , Rhus triparfifus R. Sch. et Calli onum L. ssp., ont été introduites dans ?es plantations arbustives fourra ères à artir de 1985, après I'échec regatif d'A: saligna dans certaines situations écolo iques de la zone (sols à couches meub ? es peu épais- se, les er s, les regs, les glacis d'éro- sions, etcf

Caractérisation des plantations

Pour caractériser les plantations sylvo- pastorales de la Tunisie présaharienne, nous avons réalisé une enquête auprès des services forestiers et une prospection sur le terrain qui ont porté sur : - les espèces utilisées ; - le statut foncier ; - les caractéristiques des sites (géomor- phologie, nature du substrat ou de la roche mère nature et épaisseur de la couche meube) ; - les techniques d'élevage des plants en pépinière ; - les travaux de réparation du sol et

- les travaux d'entretien et de sauvegar- de des plants ; - I'évaluation du succès des plantations (reprise et développement).

Espèces arbustives utilisées

Le diagnostic effectué dans les quatre ré- gions de I'étude s'appuie sur le compta- ge des espèces dans des répétitions à raison de dix répétitions par plantation

E1iob/eau /// et ia figure 2 récapitulent les données des fréquences relatives de chacune des espèces dans chaque ré- l i o n écologique.

s'avère que A. saligna est l'espèce la plus répandue dans les plantations sylvo-pastorales des uatre régions éco- logiques (45,3 à 9 6 1 %). Cette espèce represente 72,5 % des taxons plantés dans les périmètres sylvo-pastoraux de la Tunisie résaharienne. H. ligulatu, avec 11 ,4 5, et O. f. barbarica (ou in- dica), avec 8,6 %, se classent respecti- vement aux 2" et 3" rangs. L'usage de cette dernière espèce est limite aux basses plaines méridionales (34,3 %), et ceci du fait qu'elle ne tolère pas les températures élevées. L'importance rela- tive d'A. /pulata dans ces plantations provient, d une part, du fait qu'il s'agit de vieilles plantations (avant 1975) et, d'autre part, de son usage pour fixer le sable mobile. Parmi les douze espèces plantées dans

de mise en place 8 es plants *

ces périmètres, huit sont exotiques (fu- bleau /// et figure 2). Elles constituent 97,4 % du nombre total des individus plantés en Tunisie présaharienne. Les es- pèces autochtones Atriplex halimus L. ssp. sch wein furthii (Boiss., Calligonum azel Maire, Periploca laevigafa et Cera- tonia siliqua 1.) n'en representent que 2,6 %. Ces taux varient d'une région nature l le à une autre. Ainsi, par exemple, dans les Matmata, 99,9 % du nombre total des individus plantés ap-

re recours préférentiel aux espèces exo- tiques s'explique par leurs traits biolo- giques. Elles se distinguent, en effet, des espèces autochtones par une croissance plus rapide et une production de phyto- masse plus importante, mais par une moins bonne adaptation aux conditions écolo iques de la zone 2, 14, 151. A

4 ans pourrait produire, selon le type de sol, 1 O00 à 4 500 kilos de matière sèche par hectare de biomasse épigée consommable, et ceci sous des préci i-

de 180 mm [2, 131.

artiennent à des espèces exotiques.

titre !'exemple, A. sa / igna, âgé de

tations moyennes annuelles de l'or c f re

Statut foncier

Les parcours naturels de la Tunisie pré- saharienne occupent environ 2,7 mil- l ions d'hectares [ l ] . Ces parcours, constituant 90 % des ressources alimen- taires du bétail, se répartissent sur trois

es fonciers [ 11 : !%es parcours collectifs I l 286 840 ha, soit 47,7 % 1 ; 1 les parcours privés (1 236 620 ha, soit 45,8 %I ; 1 les parcours domaniaux . (1 76 540 ha, soit 6,5 %).

Ainsi, 9 3 3 % des parcours sont collec- tifs et privés. Cette situation foncière a comme conséquence un certain nombre de difficultés pour l'aménagement de ces parcours, à savoir la réservation des terres les plus médiocres pour les plantations, la difficulté d'adopter un plan de gestion rationnelle et adéquat et les délits de pacage et de coupe illi- cites.

Caractéristiques géomor hologiques et édap ri iques

Unités géomorphologiques

Les formes géomorphologiques les plus couramment utilisées pour la plantation d'arbustes fourragers sont les glacis

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Sécheresse no 4, vol. 5, décembre’94

Figure 2. Fréquences re - ) lafives des espèces ar- busfives planfées en Tu- nisie présahorienne (en % du nombre fofa/ des individusj.

80

70

60

50

40

30

20

10

O

équence (“A)

Espèces exotiques

Espèces autochtones

d’érosion, les plaines, les lits d’oueds et les dépressions plus ou moins salées. Les données de la figure 3 illustrent bien les différentes unités géomorphologiques où sont réalisées ces plantations sylvo-

pes unités géomorphologiques plantées varient selon les régions naturelles. Les glacis en représentent 70,3 %. En Tuni- sie présaharienne, 77,7 % des superfi- cies plantées se caractérisent par des sols a faibles otentialités biologiques ; il s‘agit de gPacis d’érosion et de dé- pressions plus ou moins salées. Cette si- tuation est liée au statut foncier des ter- rains de parcours. En effet, les parcours domaniaux où sont, le plus souvent, réalisées les plantations ne représentent que 6,5 % de la superficie des par- cours naturels de la Tunisie présaharien- ne. Ils sont, dans la majorité des cas, constitués de montagnes, collines et regs. Dans les parcours collectifs et pri- vés, qui représentent 93,5 % de la su- perficie des parcours naturels, les pro- priétaires ne réservent pour les plantations sylvo-pastorales que les terres marginales a faible potentialité productive.

as tora les.

Nature du substrat Les plantations sont, pour l‘essentiel, réalisées sur deux types de substrats : les substrats calcaire et gypseux qui se présentent sous forme de croûte ou d‘en. croûtement (respectivement 47,9 eì 27’1 % de la superficie). Les sols sans substrat identifié sont peu fréquents et sont dénommés ici (( sols sans assise )). Le substrat calcaire est du Quaternaire moyen ou ancien ; il est villafranchien pour le plus ancien. Le substrat gypseux est du Quaternaire récent. Dans les deux cas, il s’agit de formation pédolo- gique [4, 51. Leurs fréquences relatives varient d’une région à une autre (figure 4) mais i l s sont toutefois assez large- ment représentés dans les périmètres plantés en Tunisie présaharienne (de 50 à 80 %).

Nature et épaisseur de Ia couche meuble La couche meuble a généralement une texture sableuse à sablo-limoneuse (figure 51. Les plantations effectuées sur d‘autres types de textures sont peu fré- quentes. Les horizons profonds des pro-

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fils ont, fréquemment, une texture fine (argileuse ou limoneuse). Les sols des lits d'oueds sont soit alluvionnaires, soit col- Iuvionnaires. Les plantations sur sols à texture sablo-gypseuse et sur ceux à croûte et encroutement affleurants sont largement représentées. La structure des sols plantés est généralement particulai- re et parfois pol édrique. L'épaisseur de

du périmètre sur la toposéquence géné- rale de la zone. Nous avons retenu les classes suivantes d'épaisseur de la couche meuble pour caractériser les périmètres plantés en Tu- nisie présaharienne : - O à 20 cm : couche meuble très peu épaisse ; - 20 à 60 cm : couche meuble peu épaisse ; - 60 à 1 O0 cm : couche meuble épaisse ; - > 100 cm : couche meuble très épais- se. Ainsi classées, les plantations réalisées en Tunisie présaharienne se répaitissent en fonction de I'épaisseur de la couche meuble comme l'indique la figure 6. Nous constatons, d'après ces données, que 61'9 % des plantations sont instal- lees sur des sols à couche meuble peu épaisse (< 60 cmj. Par ailleurs, cette proportion varie d une région naturelle à une autre [figure 6). C'est ainsi, par exem le, que dans les basses plaines

sont situées sur des sols à couche meuble très épaisse (> 100 cm). En re- vanche, la plupart des plantations de la J'fara, des Matmata et de I'Ouara sont situées sur des sols à couche meuble peu épaisse (< 60 cm). L'épaisseur de la couche meuble est en relation avec les unités géomor hologiques. Ainsi, les

caractérisées par une couc e meuble peu é aisse (< 60 cm), celles effectuées dans P es plaines se caractérisent par une couche meuble épaisse à très épaisse (60 à 150 cm) et celles des lits d oueds

a r une couche meuble très épaisse r> 150 cm). Dans ces lantations, comme partout ailleurs en Tunisie présa- harienne [5], les sols sont le plus souvent de type peu évolué, non climatique, d'apports éoliens. Les sols d'apports mixtes, alluviaux ou colluviaux sont peu fréquents (lits d'oued). Les sols d'ero- sion, de minéraux bruts et les sols halo- morphes sont assez bien représentés. La teneur de ces sols en gypse et en calcai- re total et actif est tres élevée (jusqu'à 60 %), mais celle en matière organique est très faible (< 1 %).

la couche meub Y e varie selon Ia position

méri c f ionales 61,5 % des plantations

i? plantations réa P isées sur les lacis sont

Conduites des plantations

La technique d'élevage des plants en pépinière est celle des plants à racines

270

emballées, communément emplo ée

Fes sachets de polyéthylène transparents sont les seuls à être utilisés. Des planches sont creusées dans le sol et les sachets y sont dé osés en affleurement

réalisé en septembre/novembre et l'ar- rosage se fait par aspersion. La préparation du sol se limite générale- ment à des trous de plantation de 50 x 50 x 50 centimètres quelles que soient I'épaisseur de Ia couche meuble et Ia nature du substrat (photo 2). te labour et/ou le sous-solage sont rarement prati-

our la mise en place des plants lués ans P es sols à croûte et à encroûtement. De telles techniques semblent être très insuffisantes, vu les contraintes éda- phiques de la région (sol peu épais, croûte et encroûtement plus ou moins su- perficiels, etc.). Quant à Ia mise en place des plants, elle est très sim le et n'a pas connu

Elle consiste, tout simplement, à déta- cher la motte du sachet de pol éthylène et à la mettre dans le trou de prantation. Cette technique très simple et très an- cienne présente un certain nombre d'in- convénients dont, principalement, la désagrégation de la motte et mise en place du plant avec e sachet. Ceci traumatiserait les jeunes plants et aurait une conséquence négative sur leur développement et leur croissance. Les opérations d'entretien sont réduites

énéralement à des arrosages pério- Iiques et à des regarnis. Ces deux opé- rations peuvent éventuellement se pour- suivre pendant deux à trois ans.

our la culture des plants forestiers [ r 61. au niveau du sol. e e semis en poquet est

d'amélioration 8 epuis des décennies.

parfois la

L'exploitation des plantations est rare- ment pratiquée en Tunisie présaharien- ne : celles a base d'arbustes fourra ers

des périodes illimitées. II faudrait relever certaines défaillances dans la technique de conduite des plan- tations d'arbustes fourragers, depuis la pépinière jusqu'à l'exploitation : - bien que la culture en pépinière soit la plus utilisée dans le monde [16], le sé- jour des plants (un à deux ans) parait y être incontestablement trop long [ 2 ,

- Ia préparation du sol pour recevoir les lants est très insuffisante, surtout dans L cas des sols à croûte ou à encroûte-

ment superficiels et à couche meuble eu épaisse (< 60 cm), ce qui constitue

ressentie1 des situations ; - le re arni est réalisé même si I'échec d'insta!ation d'une espèce est évident, avec un taux de reprise inférieur à 40 % ; - l'arrosage des plants après Ia mise en place se poursuit sur une trop longue pé- riode (deux à trois ans) ; - l'absence totale d'une utilisation des plantutions (exploitation ou pacage) conduit à la sénescence des plants et la disparition de l'espèce. Le séjour prolongé des plants en pépi- nière et I absence d'une préparation adéquate du sol ont vraisemblablement des conséquences négatives sur la repri- se d'une part et le davelop ement et la croissance des especes $autre part. Ces conséquences sont cependant, en partie, masquées par des travaux d'en- tretien et de sauvegarde très prolongés. Le regarni d'une plantation avec des plants d'une espèce n'ayant présenté

sont souvent mises en défens pen 3 ant

141

Tableau 111. Fréquences relatives des espèces plantées en Tunisie présaharienne (en % du nombre total des individus)

Espèces arbustives plantées

Acacia sali na Acacia li u%ta Opuntia %us indica Atriplex halimus* Afrrplex nummularia Prosopis juliflora Calli onum uze?

Acacia salicina Ceraton ia siliqua* Acacia cyclops Parkinsonia aculeata Divers (€uca/yptus)

Perip 4 oca laevigata'

Fréquence dans les régions écologiques

Espèce autochtone.

Matmata

- I -

Sécheresse no 4, vol. 5, décembre 94

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Unites géomorphologiques Glacis 1-

Plaines I Dépressions 0 Lits d’oueds I A

I ! : : : : : : : : I

Glacis

Plaines

Dépressions

Lits d’oueds B 1 : : : : : : : : : + O 20 40 60 80 1 O0

Fréquence (%)

jA) en Tunisie présaharienne ; (ß) par région nofurelle.

ì

Nature de l’assise

a

Calcaire

Sypseuse

Sans

- k : : i

O 20 40 60 ao 1 oc Fréquence (%)

Figure 3 . Fréquences relafives des unifés géomorphologiques planfées (en % de la superficie) :

Figure 4. Fréquences relafives des types d e substrafs plontt (en % ¿e la superficie) : (A) en Tunisie présoharienne ; (ß) par région naturelle.

qu’un taux de reprise inférieur à 40 % ou même 60 %, constitue, semble-t-il, une grave erreur technique. II serait, dans une telle situation, plus opportun de rechercher l’introduction d‘autres es- pèces mieux adaptées aux conditions écologiques du périmètre. L‘arrosage rolongé après la mise en

ge de temps et de moyens : il est aussi très onéreux. Un arrosage pratiqué au cours de la première année de mise en place, durant la période sèche (mars à septembre), à raison de 15 I/plant/ mois, fournit les mêmes résultats que deux années d‘arrosage [2]. Zaafouri [2, 171 souligne que le nombre des bourgeons floraux [reproduction) chez les individus d‘A. salignu augmen- te avec I’âge. En revanche, le nombre des bourgeons végétatifs (production de phytomasse) diminue. Ainsi, la capacité de production de phytomasse chez les individus d’A. saligna non exploités à Ia fin de la troisième année de leur mise en place n’est que de 25 %. Aussi, 75 des potentialités de cette espèce sont destinées à la reproduction après I’â e de trois ans. II gudrait, enfin, signaler que le coût d’installation d‘un hectare de lantation sylvo-pastorale est évalué à 5 300 di- nars tunisiens (DT , soit à peu près I’équivalent de 2 d O0 dollars améri- coins. Ce coût se répartit comme suit : - élevage de plants en pépinière : 0,2 DT/plant [ 1 500 plants/ha) ;

place des pants P représente un gaspilla-

Scheresse nod, vol. 5, décembre 94

pré aration du sol et mise en place des pLnts : 1 O00 DT/ha ; - entretien et sauvegarde des plants : 500 DT/ha/an (durée 2 ans).

Développement et croissance des espèces

Schoenenberger [18] a eu recours, pour évaluer le comportement des espèces in- troduites dans des arboreta en Tunisie, à une échelle d’appréciation globale du comportement des espèces qui est la sui- vante : 1 ’ état médiocre ; 2, état faible ; 3, état moyen ; 4, état bon ; 5, état très bon. Une telle échelle est plus ou moins sub- ective, aussi avons-nous tenté d‘en amé- ¡¡orer la définition pour apporter plus de précision dans I‘évaluation : - 1, état médiocre. Le taux de reprise est très faible (< 20 % et les individus sont particulièrement c Il étifs : feuillage absent OU très peu abondant et de cou- leur jaune. Théoriquement l’espèce, dans ce cas, n’arrive pas à subsister longtemps ; - 2, état faible. Le taux de reprise est faible (20 à 40 %) et les individus sont chétifs : feuillage généralement vert mais peu abondant. L‘espèce, dans ce cas, ne croît pas mais arrive à subsister assez longtemps ; - 3, état moyen. Le taux de reprise peut $tre soit important soit faible (20 à

80 %), mais les individus sont moyenne ment vigoureux : feuillage vert et asseï abondant. ta croissance de l’espèce es; non négli eable ; - 4 état 9, on. Le taux de re rise reste parfois faible mais les indivi& sont vi-

oureux : feuillage en bon état et abon- gant. La croissance de l’espèce est bonne ; - 5 , état très bon. te taux de reprise peut être faible mais les individus sont très vigoureux : feuillu e en excellent état et très abondant. ghéoriquement, dans ce cas, la croissance de l’espèce està son optimum. Cette méthode d‘évaluation, rapide et peu coûteuse, semble donner une indi- cation assez correcte de l’étut de déve- loppement et de croissance des es- pèces. Cependant, elle ne devrait être utilisée que dans le cas où les espèces ne se prêtent pas à un échantillonnage statistique rigoureux ou pour avoir une idée approximative et d’une manière ra- pide sur I‘état d’une plantation sylvo-

P‘analyse des résultats globaux d’une telle estimation (tableau IV) atteste que l’étut de dévelop ement et de croissan- ce des espèces Jans une même région écologique [conditions de pluviosite si- milaires) dépend de la nature du sub- strat et de I’épaisseur de la couche meuble. C’est en général dans les sols à couche meuble de très faible épaisseur ou les sols salés (phofo 3) que les indivi- dus sont dans un état médiocre ou faible

astorale.

271

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!.I t.

0 -

20 40 60 BO

100 120

O T

20 40 -- 60 -- BO --

100 120

150 -

--

-- - -

ODS 1,l

.- - -

-- -- --

ODY 1,1 _- Oudayet

Oued Smar

I 0 Dépôt éolien 0 Matériau sableux a Matériau sableux a sablo-limoneux Matériau sablo-limoneux 1 0 Croûte calcaire saumonee I:...I Croûte calcaire irrégulière Croûte gypseuse 1

i j

Matériau argileux

Croirte gypseuse de nappe 0 Encroûtement gypseux B Cailloux + gravier Encroûtement nodulaire pulvérulent Harcha ‘i---_imu^lliII^I~~-_IIE--_--^l.~Iy_---DIIu-yII . - - - - - - z ~ - - ” . - - ~ d * u - ~ . L L I - - - u -

150 I GHA 1,l

Ghandri AON 1,l Aouinet

OOT 1 ,I Oued Om CHO 1,l CHO 2,l CHO 3,1 CHO 4,l Tameur Choucha-Ghayadha 1 cl.g

.....

.........

MAF1,l MAF2,l MAF3,l Maayouf

MAR OD2 1,1

Marsa Oued Zeus

Oued Rebaï

........

........ 1 ........ .&.:i.:. ~ .........

ODF 1,l ODF 2,1 ODF 3,1 ODF 4,l Oued EI Fje

Figure 5. Quelques profils pédologiques des planfations sylvo-posforoles éfudiées en Tunisie présaharienne.

(coefficients 1 et 2). L‘étut des espèces est moyen (coefficient 3) dans les sols à couche meuble peu épaisse, i l est bon à très bon (coefficients 4 à 5) dans les sols à couche meuble épaisse à très épaisse (photo 4) et les sols << sans substrat iden- tifié )). En corrélation avec ce qui précè- de, c‘est dans les lits d‘oued et les dé- pressions (à couche meuble épaisse à très épaisse non salée entre O et 80 cm)

des especes, à I‘épaisseur de Ia couche meuble, à Ia nature du substrat et à la position topographique le comporte- ment varie également selon I’espece et la région naturelle. Ainsi, dans les basses laines méridionales, A. saligna, A. /igu&ta et P. aculeata ont, sur sub- strat calcaire à couche peu épaisse (20 à 60 cm), un développement mo en à bon. Le meilleur développement t o n à très bon) de ces espèces est o servé dans les sols profonds (< sans substrat identifié )). Plantés däns des sols à sub- strat gypseux et à couche meuble très peu épaisse (< 20 cm), A. soligna et

ue ces es èces poussent le mieux. ?’il est glo !il alement lié, pour l’ensemble

272

Figure 6. Fréquences re+ latives des épaisseurs de lo couche meuble plantée (en % de la su- perficie) : [A) en Tunisie présaha- rienne ; (5) par région naturelle.

Épaisseur de la couche meuble (cm)

21 a60 y( 61 a100 0

> 100 7 1 i oà20

21 a60

61 à 100

> 100

A

I I

I i O 20 40 60 BO 1 O0

Fréquence (%)

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P. aculeafa se trouvent dans un état de développement médiocre à moyen. Dans cette même région, O. f. barbari- ca se présente dans un état faible à moyen sur les sols à substrat calcaire et à couche meuble peu épaisse (< 60 cm) et dans un état bon à très bon sur les sols c sans substrat identifié )) et les sols à couche meuble épaisse à très épaisse > 60 cm). D'une façon générale, dans 1 es basses plaines méridionales, A. sali- gnu, A. ligulafu et O. f. barbarica ont un develop ement et une croissance

meuble épaisse à très épaisse. Dans la région écologi ue des Matma-

sur sub- strat calcaire a couche meuble peu épaisse (e 60 cm) et remanié par un sous-solage présentent un développe- ment et une croissance moyens. I I semble que cette région soit peu propi- ce aux espèces exotiques, malgré des

récipitations relativement favorables r l95 mm en moyenne d e 1981 à

bons à très 1 ons dans les sols à couche

ta, seules les espèces pantées 7

1990). Ceci pourrait s'expliquer par la sécheresse édaphique engendrée par une fa ib le épaisseur d e l a couche meuble et la richesse des sols en calcai- re actif (> 20 % . Dans la J'fara J. azel (espèce autochto- ne est en bon à très bon etat sur les sols

quelle que soit I'épaisseur de la couche meuble, cette espèce est dans un état faible à moyen. En revanche, sur sub- strat calcaire, C. uze1 est dans un état moyen à bon. II en est de même pour P. laevigafa, autre es èce autochtone. tes espèces exotiques pA. suligna, P. juliflo- ru et P. aculeata) se trouvent dans un état faible à moyen sur les substrats yp- seux et calcaires et dans les so a s à couche meuble très peu épaisse à é ais- se (< 60 cm). Ces espèces ne se Xéve- loppent et ne croissent de manière satis- faisante que sur sols à couche meuble supérieure à 60 centimètres. A. ligulafa se présente dans un état moyen a bon quelles que soient la nature de substrat

sa 1, leux profonds. Sur substrat gypseux,

Photo 2. Technique ¿e préparation du sol pour recevoir des plants dbrbusfes fourragers (même technique quel que soit le type de sol. [Clichés M.S. Zaafouri).

et I'épaisseur de la couche meuble. 4 est de même pour A. salicina et A. 1

II semble que les diverses espèc d'acacias (A. saligna, A. ligulafa, A. : / k i n a et A. cyclops), ainsi qu'A. hc mus C azel, P. laevigafa et P. juliflo se développent et croissent parfaiteme dans Ia région écologique de J'fara, le choix de sol se fait d une manière dicieuse. Par ailleurs, en conditions éc logiques égales, les espèces autoc tones se caractérisent par un meille développement que les espèces ex tiques. Parmi ces dernières, les seulc qui soient capables de résister aL conditions d'aridité édaphi ue acce

Dans Ia région Qcologique de I'Ouart à bioclimat saharien supérieur à hivt doux à tempéré [6] les deux espècc autochtones C. uze/ et P. laevigata I

les quatre espèces exotiques A. ligulufc P. aculeafu, A. salicina et P. juliflor présentent un développement moyen

clops.

tuée sont A. ligulafa et P. acu ? eafa.

Photo 3 . h t de croissance d'A. saligna, âgé ¿e 4 ans, en bioclimat méditerranéen aride inférieur sur sol salé [CE > 7 mS/cm).

Photo 4. État ¿e croissance d'A. sali na, âgé ¿e 4 ans, en bioclima1 médiferranéen aride inférieur sur sol sabTeux épais I60 d 100 cm) et d hori-

v zon imperméable.

Sécheresse n"4, vol. 5, dkembre 94 273

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bon. tes espèces autochtones semblent indifférentes à l'épaisseur de la couche meuble (photo 5) mais sensibles au sub- strat gypseux. Les quatre espèces exo- tiques, en, revanche, ne paraissent en bon état que dans les sols très profonds <( sans substrat identifié >>. A. saligna,

ui représente 65'8 % du nombre total l e s individus plantés dans I'Ouara, se trouve toujours dans un état médiocre à faible independamment de Ia nature du substrat et de I'épaisseur de la couche meuble hofo 61. Ce n'est que dans les

situés dans les lits d'oued que les indivi- dus de cette espèce pourraient se trou- ver dans un état moyen.

sols pro P onds e sans substrat identifié )>

Conclusion

Les caractéristiques géomorphologiques et édaphiques des périmètres sylvo- asto-

le choix peu favorable imposé par le sta- tut foncier des terres de parcours de cette zone. De fait, 82,9 % des périmètres sont situés sur des sols à faibles potentia- lités biologiques (calcaire, g pse, salini-

les moins favo- rables à l'installation et à la croissance des plantations sylvo-pastorales. tes situations des périmètres sylvo-pasto- raux sur les unités géomor hologiques, conséquence de l'as ect P oncier, lais- sent apparaître que 6 7 ,9 % de la super- ficie plantée se caractérise par des sols à couche meuble peu épaisse. Toutes les plantations des Matmata, 71,4 %

raux de la Tunisie présaharienne re P (ètent

té). tes régions écolo iques d y es Matmata et de I'Ouara sembent B

Photo 6. €tot de crois. sonce ¿A. sali na, âgé de 4 ans, en %ioclimol médiferronéen sohorien supérieur sur sol sobleux (( sons substrot identi- fié )) jusqu'à 150 cent;- mètres de profondeur. [Cliché M.S. Zoofouri).

des plantations de I'Ouara et 60'9 % de celles de la J'fara sont situées sur sols à couche meuble peu épaisse. Par ailleurs, dans les basses plaines méridio- nales, 61'5 % des plantations sont ins- tallées sur des sols à couche meuble très épaisse (> 100 cm). Les sols sont géné- ralement d'ap Orts éolien, alluvial ou mixte, peu évo P ués, très riches en calcai- re ou en gypse mais très pauvres en ma- tière organique. tes espèces exotiques, au nombre de douze, représentent 97,4 % des taxons plantés en Tunisie présaharienne, avec une rédominance nette d'A. saligna /72, f%j. C ependant, les fréquences re- atives des espèces varient d'une région écologique à l'autre. tes espèces au- tochtones, réputées résistantes dans de

(Phofo 5. bo t de crois- sance de C. azel, ôgé de 4 ons, en bioclimoi médiferronéen sohorien supérieur sùr sol sableux épais (40 à 60 cm) à subsfrot cokoire. (Cliché M.S. Zoofouri).

274

?

telles conditions écologiques, sont très peu utilisées dans les plantations sylvo- astorales de la zone (2,6 %). Elles sont

plus souvent utilisées dans la région écologique de Ia J'fara et il s'agit princi- palement de C. mel, P. laevigata et A. halimus ssp. schweinfurthii. L'état de développement et de croissan- ce des espèces plantées dans les péri- mètres sylvo-pastoraux de la Tunisie pré- saharienne ,déEend de Ia région écologique. A I echelle de Ia région écolo i ue, il est fonction de l'unité géo-

I'épaisseur de la couche meuble et de Ia nature du substrat. D'une façon généra- le, dans les mgmes conditions écolo- giques (climat et sol , les espèces au-

développement et Ia meilleure croissan- ce (photos 5 et 6). Parmi les espèces exotiques, O. f. Barbarica, A. saligna et A. li ulata ont un bon develop ement et une%onne croissance dans P a région écologique des basses laines méridio- nales. Dans celle des $atma+ar I'échec des espèces exotiques est spectaculaire. II en est de même pour A. saligna dans les périmètres sylvo-pastoraux de la ré- gion de I'Ouara. Dans la J'fara, cette espèce pourrait avoir un bon développe- ment et une bonne croissance dans les sols à couche meuble d'une épaisseur supérieure à 60 cm et dans les lits d'oued non salés. tes espèces exotiques

ui semblent donner satisfaction dans ÌL ré ions écologiques de I'Ouara et de la Q'fara sont A. ligulata, A. salicina, P. juliflora et P. aculeata. A. saligna exi e, pour se develop er et croître nor-

couche meuble d'une épaisseur supé- rieure à 60 centimètres et un horizon im- perméable entre 80 et 1 O0 centimètres de profondeur.

morp i i 7 o ogique et, essentiellement ,de

tochtones semblent d onner le meilleur

ma 4 ement dans la J' P ara, des sols à

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lj&leau LV. État . . de- developpement et de croissance estimé de diverses espèces plantées dans les quatre régions écologiques étd-

Régions BcoIogiques

diées en lunisie présaharienne

J'fara Matmata

Calcaire Gypseux Sans Calcaire Gypseux Sani

Acacia sali na 2à4 3 à 4 384 384 384 3 à 4

Opuntia ficus barbari Atriplex nummularia Atri lex ha/imus* 3à4 - Parkinson ia aculea ta 283 3 à 4 Periploca laevigata* Acacia salicina 364 4 Acacia cyclo s

283 là2 4 2à3 - Ceratonia siliqua*

Acacia /i u 4 afa

CalJigonum azer 3 à 4 2à3 4à5

Prosopis joli P ora

Basses plaines méridionales

2à4 - - 3 - - - - - - - - - - - - - -

2à3 - - - - - - - - - 3

là2 283 - - -

- -

Calcaire Gypseux Sans

3 à 4 3 à 4 2à3 2à3 -

là2 385 2à3 4à5 - 4à5

3 3 - -

Ouara

,alCaire Gypseux Sans

là2 là2 là3 3 à 4 2 à 3 3214 - - -

- - - - 2

2 384 2à3 4 3 2 3 à 4

3à4 2à3 - 4 4

4 3 à 4

- - - -

- 1 - -

1 : état médiocre ; 2 : état faible ; 3 : état moyen ; 4 : bon état ; 5 : très bon état. * Espèce autochtone.

Les situations écologiques d'installation, de dévelo pement et de croissance des Résumé espèces p P antées en Tunisie présaharien- ne sont, ainsi que nous l'avons vu, loin d'être homogènes. Si les conditions cli- matiques sont généralement sévères et non contrôlables, en revanche les condi- tions édaphiques sont plus ou moins fa- vorables. Du choix de situations éda- phiques dépend la réussite des plantations sylvo-pastorales. Ces situa- tions peuvent soit accentuer, soit atténuer l'aridité et, par conséquent, favoriser ou défavoriser l'installation, le développe- ment et la croissance des arbustes, exo- tiques ou autochtones, destinés à la creation des réserves fourragères. Par ailleurs, le statut foncier des terres de arcours de la Tunisie présaharienne n'o P fre que très peu de situations éda- phiques favorables à l'installation et la croissance des espèces plantées. Ce sont, généralement, les terres les lus marginales qui leur sont réservées. four ouvoir réussir et valoriser les arbustes

Fourragers dans cette zone, il faudrait changer complètement le système de leur utilisation ( lantation de grandes bu- perficies actue P lement) et opter pour le système agro-sylvo-pastoral, c'est-à-dire introduire ces arbustes dans le système d'ex loitation de l'agriculteur en tant que E rise-vent, haie vive, limite de pro- priété, etc., et ceci par la vulgarisation, a sensibilisation et l'encouragement.

Cette technique d'agro-sylvo-pastoralis- me, très peu développée en Tunisie pré- saharienne, permet aux arbustes de se trouver dans des situations édaphiques relativement favorables qui sont généra- lement réservées aux cultures vivrières et de rente

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