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Centre d’Etudes de Politiques pour le Développement (CEPOD) 04, avenue Carde X rue Calmette - Dakar - Sénégal TEL : 33 823 34 27 - FAX : 33 821 83 12 Email : [email protected] / site internet : www.cepodsn.org Renforcement de capacités Note sur la crise de l’euro et le franc CFA NOTES DE VEILLE sur les approches, méthodes, stratégies politiques, programmes et projets de développement Le franc CFA est lié à l’euro selon une parité fixe de- puis l’avènement de la monnaie unique européenne en lieu et place de monnaies nationales telles que le franc français, il y a une dizaine d’années. Cela signifie que le franc CFA reproduit exactement les variations de l’euro par rapport aux autres monnaies comme le dol- lar ou le yen. De 2000 à maintenant, l’euro a beaucoup fluctué par rapport au dollar. En fait, elle s’est appré- ciée. Sa valeur a augmenté de 50% en 2008-2009 par rapport à 2000. Plus récemment, une crise financière s’est déclenchée en Grèce. Elle affecte négativement l’euro. Dans la première semaine du mois de Mai 2010, la valeur de l’euro est tombée à son nouveau le plus bas depuis 14 mois plus tôt soit 1. 2534 dollars. Elle est remontée à 1.3064 dollars la semaine suivante avant retomber plus bas encore à 1.2328 dollars la semaine d’après. Il apparaît clairement que ces fluctuations de l’euro n’ont rien à voir avec les fondamentaux des économies de la zone UEMOA, de l’économie sénégalaise en par- ticulier. Notamment, quand elle s’était appréciée de 50% sur la période 2000-2009, la compétitivité dans la zone UEMOA était affectée négativement d’autant, toutes choses étant égales par ailleurs. La chute de l’euro observée ces dernières semaines a pour effet d’amoindrir cette perte de compétitivité. Mais les fluctuations de l’euro à la hausse et à la baisse sont à considérer dans l’ensemble comme des chocs externes pour lesquels les pays de la zone CFA n’ont aucune parade en raison du lien rigide du franc CFA à l’euro. Il en sera ainsi tant que ce régime de change du franc CFA ne sera pas modifié. Une alternative consis- terait à délier le franc CFA de l’euro, en le rendant pu- rement flottant ou en passant par une phase transitoire vers plus de flexibilité du régime de change. Le taux de change doit être le reflet des fondamentaux de l’éco- nomie. Une mesure d’accompagnement du régime de change actuel a été de viser un objectif d’inflation proche du taux d’inflation de la zone euro. C’est ainsi que la zone UEMOA a retenu le taux de 3% contre 2% en zone euro. Des pays membres de l’UEMOA arrivent même à réaliser des performances avec des taux d’inflation moins que 2% certaines années. Cela aide à rapprocher les conditions économiques dans les zones euro et UEMOA. Pour autant les fondamentaux diffèrent d’une zone à l’autre. Par exemple, les asymétries liées à l’évolution des termes de l’échange, aux mouve- ments de capitaux et au taux d’intérêt sur la dette contribuent à créer et à maintenir cette différence. Pour donner une illustration des effets des fluctuations de l’euro sur la compétitivité dans les économies de la zone CFA, prenons le cas du riz local produit dans la Vallée du Fleuve Sénégal. Comme on le sait, beaucoup d’investissements ont été réalisés dans le passé pour développer la riziculture et faire face au volume im- portant d’importations de riz de Thaïlande et d’autres provenances. Actuellement, le Sénégal importe an- nuellement quelque 800 000 tonnes de riz et dépense à l’occasion des montants colossaux de précieuses de- vises. Le riz local de la Vallée et le riz importé se livrent une rude concurrence sur le marché sénégalais. Le riz im- porté semble avoir le dessus pour le moment vu la hausse régulière des quantités importées pendant que la production du riz local a tendance à stagner. Ici, je mets en avant l’hypothèse que l’euro a eu le temps de jouer un rôle particulièrement négatif contre le riz local au

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Centre d’Etudes de Politiques pour le Développement (CEPOD)04, avenue Carde X rue Calmette - Dakar - Sénégal

TEL : 33 823 34 27 - FAX : 33 821 83 12Email : [email protected] / site internet : www.cepodsn.org

Renforcement de capacités

Note sur la crise de l’euro et le franc CFA

NOTES DE VEILLE sur les approches, méthodes, stratégiespolitiques, programmes et projets de développement

Le franc CFA est lié à l’euro selon une parité fixe de-puis l’avènement de la monnaie unique européenne enlieu et place de monnaies nationales telles que le francfrançais, il y a une dizaine d’années. Cela signifie quele franc CFA reproduit exactement les variations del’euro par rapport aux autres monnaies comme le dol-lar ou le yen. De 2000 à maintenant, l’euro a beaucoupfluctué par rapport au dollar. En fait, elle s’est appré-ciée. Sa valeur a augmenté de 50% en 2008-2009 parrapport à 2000.

Plus récemment, une crise financière s’est déclenchéeen Grèce. Elle affecte négativement l’euro. Dans lapremière semaine du mois de Mai 2010, la valeur del’euro est tombée à son nouveau le plus bas depuis 14mois plus tôt soit 1. 2534 dollars. Elle est remontée à1.3064 dollars la semaine suivante avant retomber plusbas encore à 1.2328 dollars la semaine d’après.

Il apparaît clairement que ces fluctuations de l’euron’ont rien à voir avec les fondamentaux des économiesde la zone UEMOA, de l’économie sénégalaise en par-ticulier. Notamment, quand elle s’était appréciée de50% sur la période 2000-2009, la compétitivité dansla zone UEMOA était affectée négativement d’autant,toutes choses étant égales par ailleurs. La chute del’euro observée ces dernières semaines a pour effetd’amoindrir cette perte de compétitivité.

Mais les fluctuations de l’euro à la hausse et à la baissesont à considérer dans l’ensemble comme des chocsexternes pour lesquels les pays de la zone CFA n’ontaucune parade en raison du lien rigide du franc CFA àl’euro. Il en sera ainsi tant que ce régime de change dufranc CFA ne sera pas modifié. Une alternative consis-terait à délier le franc CFA de l’euro, en le rendant pu-rement flottant ou en passant par une phase transitoire

vers plus de flexibilité du régime de change. Le taux dechange doit être le reflet des fondamentaux de l’éco-nomie.

Une mesure d’accompagnement du régime de changeactuel a été de viser un objectif d’inflation proche dutaux d’inflation de la zone euro. C’est ainsi que la zoneUEMOA a retenu le taux de 3% contre 2% en zoneeuro. Des pays membres de l’UEMOA arrivent mêmeà réaliser des performances avec des taux d’inflationmoins que 2% certaines années. Cela aide à rapprocherles conditions économiques dans les zones euro etUEMOA. Pour autant les fondamentaux diffèrentd’une zone à l’autre. Par exemple, les asymétries liéesà l’évolution des termes de l’échange, aux mouve-ments de capitaux et au taux d’intérêt sur la dettecontribuent à créer et à maintenir cette différence.

Pour donner une illustration des effets des fluctuationsde l’euro sur la compétitivité dans les économies de lazone CFA, prenons le cas du riz local produit dans laVallée du Fleuve Sénégal. Comme on le sait, beaucoupd’investissements ont été réalisés dans le passé pourdévelopper la riziculture et faire face au volume im-portant d’importations de riz de Thaïlande et d’autresprovenances. Actuellement, le Sénégal importe an-nuellement quelque 800 000 tonnes de riz et dépense àl’occasion des montants colossaux de précieuses de-vises.

Le riz local de la Vallée et le riz importé se livrent unerude concurrence sur le marché sénégalais. Le riz im-porté semble avoir le dessus pour le moment vu lahausse régulière des quantités importées pendant que laproduction du riz local a tendance à stagner. Ici, je metsen avant l’hypothèse que l’euro a eu le temps de jouerun rôle particulièrement négatif contre le riz local au

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bénéfice du riz thaïlandais parmi entre autres dégâtscollatéraux de ses fluctuations vis-à-vis du dollar. Cetterelation de cause à effet provient du fait que le francCFA est accroché à l’euro selon une parité fixe et ri-gide.

Sur la période 2000-2009, en effet l’appréciation del’euro de 50% par rapport au dollar a rendu le riz local50% plus cher comparé au riz thaïlandais qui est,comme le sait, côté en dollars. Cet effet prix sur lacompétitivité du riz local représente un coup dur, à lalimite insurmontable, qui peut anéantir tous les effortsconsentis pour le développement de la filière riz au Sé-négal. Au-delà, c’est l’objectif de l’autosuffisance ali-mentaire qui se trouve en face de sérieuses contraintes.

Plus généralement, tous les produits qui sont de po-tentiels candidats pour se substituer à l’importation demême que les produits destinés à l’exportation sont pé-nalisés par la situation d’un euro « fort ». Il peut s’agird’un euro fort par rapport au dollar comme cela a étéle cas avec l’appréciation de l’euro depuis 2000. Il peuts’agir tout simplement d’un euro fort par rapport auxfondamentaux des économies de l’UEMOA ou del’économie sénégalaise en particulier.

Il existe un indicateur appelé taux de change effectifréel d’équilibre. Il correspond à la situation réelle del’économie d’un pays, aux fondamentaux de cette éco-nomie. La comparaison avec le taux de change effec-tif réel découlant de la parité fixe avec l’euro permet demesurer l’ampleur des distorsions causées à l’écono-mie par le régime de change fixe.

Au Sénégal, les Services Officiels, notamment la Di-rection de la Prévision et des Etudes Economiques(DPEE), utilisent le taux de change effectif réel telqu’il découle du taux avec l’euro comme l’indicateurde compétitivité.

La question de la comparaison de ces types d’indica-teur a été traitée par l’auteur à l’occasion des Journéesde l’Economie Sénégalaise de 2005. Le graphique ci-après représente le taux de change effectif réel (TCER)du groupe de pays africains de la zone franc ainsi quele taux de change bilatéral réel (TCBR) vis-à-vis de laFrance. La période couverte est celle de 1972 à 1993,c’est-à-dire jusqu’à la veille de la dévaluation du franc

CFA du 12 janvier 1994.

Le taux de change réel : Application aux donnéesZone Franc sur la période 1972-1993

Il apparaît sur la base du graphique ci-dessus que letaux de change effectif réel (TCER) ne rend pascompte pas de la situation de sur-évaluation du CFAsur la période 1987-1993. Le taux de change bilatéral(TCRB) vis-à-vis de la France non plus. Or comme onle sait, il y avait à l’évidence une situation de sur éva-luation au point que la situation était devenue intena-ble. C’est ainsi que le franc CFA a été dévalué de 50% en monnaie étrangère: une nouvelle parité 1 FCFAancien = 2 FCFA nouveau [(1-2)/2 = -1/2]

Par conséquent, il y a besoin de recourir à un autre ins-trument de mesure de la compétitivité dans le contextede la zone CFA, du Sénégal en particulier.

L’indicateur alternatif qui est proposé est le taux dechange effectif réel d’équilibre. Pour le même groupede pays et sur la même période, le résultat est porté surle graphique ci-après où l’inverse de l’indice destermes de l’échange représente l’évolution de l’ERER.La situation de surévaluation sur la période 1987- 1993est mise en relief par l’écart entre le taux de change

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réel d’équilibre (ERER) d’une part et le taux de changeeffectif réel (TCER) ou le taux de change bilatéral réel(TCBR) d’autre part.

Flexibilité croissante des régimes de change: unetendance lourde.

Durant l’ère du système de Bretton Woods, les régimesde change fixes était la règle avec très peu d’excep-tions telles que le flottement de la monnaie canadienneà cette époque. Les pays développés du monde occi-dental maintenaient des taux de change fixes vis-à-visdu dollar US considéré comme valeur de référence.Des modifications de taux de change (dévaluations ouréévaluations) étaient autorisées selon des règlesstrictes définies par l’article IV des Statuts du FondsMonétaire International (FMI).

Les pays en développement ont eu la même approcheet la plupart d’entre eux avaient leur monnaie accro-chée à une monnaie de référence (le dollar US, la livresterling ou le franc français). Quand le système Bret-ton Woods des parités fixes a pris fin en 1973, les prin-cipales monnaies ont commencé à fluctuer entre elles.Mais pour les pays en voie de développement, ils n’ontpas laissé flotter leurs monnaies aussitôt. Le processusde libéralisation des changes a été graduel mais il sem-ble suivre une tendance lourde.

1. La période 1975-1996

Excepté quelques uns, les pays en développementn’ont pas eu recours tout suite au régime de changeflottant de leurs monnaies. Mais à partir du milieu desannées 1970, la plupart d’entre eux ont commencé àquitter le régime traditionnel de change fixe et à setourner de plus en plus vers des régimes de change quioffraient plus de flexibilité. En 1976, les cas de régimesde change fixe représentaient 86% du total à comparerà 14% de régimes de change plus flexibles.

En 1989, ces chiffres devenaient 66% et 34% respec-tivement. La tendance s’est poursuivie par la suite ets’est même accélérée pour les régimes de change plusflexibles. En effet, le nombre de régimes de changefixe est descendu 45% du total en 1996, tandis que lenombre des régimes de change plus flexibles a sensi-blement augmenté jusqu’à atteindre 55% du total1. Le

régime de change fixe prend généralement deuxformes : un rattachement à une seule monnaie ou unrattachement à un panier de monnaies. Un accrochageau DTS (Droits de Tirage Spéciaux) par exempleconstitue une forme de panier de monnaies que nom-bre de pays ont utilisée. Au départ en 1976, le ratta-chement à une seule monnaie était la catégoriedominante de régime de change (environ trois quartsdes régimes de change fixe), principalement les ratta-chements au dollar US et ceux au franc français dansle cadre de la Zone franc. En 1996, il ne représentaitque les deux tiers, ce qui correspond à un doublementdu nombre de rattachements à un panier de monnaiesy compris les rattachements au DTS. Ce qui estconvenu d’appeler les « currency boards » et les dol-larisations renvoie à deux formes de régimes de changefixe qui portent le label de « hard pegs » (régimes dechange fixe purs et durs).

Le régime « currency board » applique des règles quiimposent que l’offre de monnaie soit couverte par lestock de réserves. La dollarisation va jusqu’à autoriserl’usage de la monnaie de référence dans les transac-tions intérieures sur le territoire du pays en question,remplaçant de facto partiellement ou entièrement lamonnaie locale. A côté des régimes de change fixe, lesrégimes de change dits plus flexibles sont devenus larègle dans les pays développés mais ils ont aussi gagnéen importance et sont de plus en plus adoptés par lespays en développement sur la période sous revuecomme indiqué plus haut.

Dans ce type de régime de change, le taux de changene sert pas d’ancrage nominal. Les deux principalessous catégories sont le régime de change flottant libre« free float » et le régime « managed float ». Celui-cin’a pas toujours une définition très précise. Il couvreles régimes de change compris entre la lisière des ré-gimes de change fixe et celle des régimes de changelibre. En tous les cas, la politique à la base du « mana-ged float » ne comporte pas d’engagement tendant àmaintenir le taux de change fixe. Parmi les régimes dechange dits plus flexibles, le « managed float » a décrud’une proportion de 56% en 1976 à 40% en 1996 pen-dant que le régime de change flottant libre a connu uneexpansion, sa proportion dans le total étant passé de36% à 56%. Il est à noter qu’en excluant les pays de la

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Zone CFA, les régimes de change en Afrique se répar-tissaient comme suit en 1996 : 14 régimes de changefixe et 25 régimes de change dits plus flexibles dont20 régimes de change libre (« free float »).

2. Quelques autres développements à partir de 1997

La libéralisation des régimes de change dans les paysen développement s’est poursuivie pour le reste des an-nées 1990 et la décennie suivante. Elle a concerné no-tamment les pays émergents. On peut classer lesdifférents épisodes en distinguant le régime de changequi prévalait au moment du passage au régime dechange libre. L’Argentine est le seul cas qui est passédu régime de « currency board » au régime de « freefloat » sur cette période. Ce changement de régime dechange a eu lieu en 2002.

D’autre part, trois pays sont passés d’un accrochage àune monnaie de référence à un régime de change libre.Il s’agit des Philippines en 1997, de l’Egypte en 1999et du Salvador en 2001. De son côté, la Thaïlande aabandonné l’accrochage à un panier de monnaies etadopté un régime plus flexible à savoir le « managedfloat » en 1997 dans le contexte de la crise asiatique.D’autres pays sont allés au régime de change libre enabandonnant le régime dit de bande, qu’il s’agisse debande horizontale ou de bande « fluctuante ». Il s’agitde : Indonésie (1997), Israël (1997), Tchécoslovaquie(1997), Slovaquie (1998), Equateur (1999), Hongrie(2000), Pologne (2000), Sri Lanka (2001) et Venezuela(2002). Le Brésil et la Turquie qui expérimentaientun accrochage qui est moins rigide que le régime dechange fixe classique et qui est connu sous le libelléde « crawling peg » sont passés au régime de changelibre en 1999 et 2001 respectivement.

Enfin pour ce qui est de la Chine, elle a été l’exceptionconfirmant la règle en optant, sur une décennie durant,pour le régime de change fixe de sa monnaie accro-chée au dollar. Mais le 22 juillet 2005, la Banque Cen-trale chinoise a décidé de laisser la monnaie chinoises’apprécier de 2.1% et pour la suite d’adopter le « ma-naged float ». Cela signifie que la monnaie est laisséelibre d’évoluer selon les forces du marché mais de ma-nière encadrée. Ainsi la monnaie chinoise est libre d’al-ler à la hausse ou à la baisse dans une amplitude

maximale de 0.3 % autour du taux de clôture de lajournée précédente.

1 Source: IMF World Economic Outlook, October1997

Mamadou Ndong

Economiste Principal, CEPOD