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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

Notes du mont Royal ← admire la Thrace , où , fans agriculture , Le paifible habitant fournis à la naturel, Ne connaît de tréfors ni de bonheur parfait Que icelui de s’aimer

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Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

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L’IL’IADE

FHOMERE

TOMESECOND

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L’lLlADE

D’HOMERE,EAÏVER&

Par M.1e BARON DE BEAUMANOIRi . .

TOMESECONDÀPrix 3 liv. le volume broché.

A P A R I S ,l La veuve DUCHESNE, Libraire, rue S. Jacques.

M É R I GOT le jeune, quai des Augufiins.Chez BE L I N , Libraire, rue S. Jacquesô

E S P R I T , Libraire, au Palais Royal.HARDOUIN, Lib. mèdes Prêtres-S.-Gcrmain.

fiamflà-r-fl-zp’ M. DCÇ. LXXXI.

Av:c.Approbation à Privilége du Roi.

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71: 1,1. I A DEËWUHOMERE

CHANT TREIZIEME;

f ’ . Î. l

Tome Il. i K

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mARGUMENT DU TREIZIEME CHANT.

NE P TU NE furieux de voir les Grecs repoufis dans

leur: retranchemens , prend la forme de Calcbas 3 il va

trouer les deux Aime ê leur infiltre un courage invin-

cible, Les Grecs fi rallient ,- le combat recommenceavec plus de fureur. Jupiter de fin côte’ ranime l’audace

de: T rayent 5 Idomene’e des délions incroyables de

Valeur: il tu: Ortlzyone’e , Afin: , Alsatboüs; gendre

d’Anchifi. Énée vient pour enlever le corps de fin;

beau-fare 6’ [initient un combat finglant contre Ido-

mene’e ; autre.combat entre Méne’las à He’lenus , dans

lequel ce dernier e]? bleflE’. Me’ne’las tue Pyfimdre ,- les

. Troyens ont du d’eYàvantage à.l’aile gauche, mais

Heâor triomphe à la droite, à contre les Ajax 6’ contre

leur: troupes, malgré toute leur bravoure. Jupiter envoie

un figne favorable aux Grecs 5 Hec’lor n’en efl point

quye’ : il continue le combat.

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D’HOMERE.

CHANT TREIZIEME.JUPITER (aussi: de voir les Grecs en proie IAu triomphe éclatanfdu défenfeur de Troie,

Sur un peuple plus doux 6C moins ambitieux

Ce pere des humains va repofcr les yeux.

Il admire la Thrace , où , fans agriculture ,

Le paifible habitant fournis à la naturel,

Ne connaît de tréfors ni de bonheur parfait

Que icelui de s’aimer se (c nourrir de lait.

sur les débats des dieux, Jupiter plus tranquilleJouit’ de voir l’Olimpe à (es ordres docile, .

A il

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4 L” I L’ I A D nLorfque le dieu des mers contre lui courroucé

Arrive en Samothrace, ou fur un mont placé, I

Il contemple à loifir les rives du Scamandre,’ Les vaill’eaux menacés d’être réduits en cendre.

Aufli-tôt il defcend avec rapidité,

Faif’ant trembler fous lui le mont qui l’a porté;

En trois pas feulement près Eques il arrive,Entre dans (on palais fitué fur la rive,

Palais d’or 8c d’airain, mais dont les fondetnens,

Pofés au fond des mers, (ont à l’abri des tems:

La , des mains des Tritons’il reçoit fou armure,

Son laper-be trident, l’effroi de la nature;

’Attele les courfiers, de (andain fur les Hors

Il va toucher les bords d’Imbre 85 de Ténédos.

Au’ moment qu’il paroit fur les liquides plaines,

De joie on voit bondir les pefantes baleines;L’onde, à l’afpeél: du dieu qui lui donne la loi,

Semble avec intérêt reconnoître (on roi.

Il arrive 8c defcend près de cette caverne,

Cteufée au fonddes mers , voifine de l’Aveme;

C’eft-là que l’immortel , pour triompher encor,

Aux pieds de fes’ courfiets met des entraves d’or.

Cependant les Troyens vers la Hotte ennemie

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I

b’ H o M a a a. - 5JMarchoie’nt avec dellein d’y porter l’incendie,

Quand Neptune en fureur, fous les traits de CalcaS,

Vers le camp Atgien daigne tourner les pas;Il s’adrell’e aux Ajax , guerriers dont la vaillance

Des chefs 8e des foldats avoit la confiance:

u Intte’pides guerriers, dit-il, d’autres moyens I

ne Sont faits pour arrêter la courre des Troyens.

a» Sur la gauche voyez. ces vaillantescohortes

a Soutenir leurs allants de défendre nos portes. v

sa Sur ce poile aujourd’hui j’ai l’efprit en repos, t

- Puifqu’il cit hors d’infulte 8c couvre nos vaillants.

Voici le lieu fatal où le dieu du tonnerre.Favorife d’Heé’tor l’audace téméraire 5.

Mais fi quelque autre dieu, de (on bonheur jaloux,

» Venoit vous fecpnder 8: combattre avec vous,

u Ce redoutable Hector que Jupiter protege,n Setoit bientôt forcé d’abandonner le litige.»

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ale

av

8

Il dit, de de l’on fceptre il frappe ces guerriers,

Qui, dans le même mitant, s’arment de boucliers;

Une force divine a pallé dans leurs veines ,

De leurs fougueux coutfiers ils ont nm les rênes.

Neptune difparoît, [e perd fous l’horifon ,

Semblable à l’épervier, tombant dans un vallon-

Sut l’oifeau qu’il pourrait de l’on aile léger-e.

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,6 L’ I L I la D EAjax, fils d’O’r’le’e, approche de (on fret:

Et lui dit : sa Cher ami, fous les traits de Calcas,n C’ell un dieu qui m’invite à chercher les combats;

a: Cet immortel a pris la forme d’un augure

Ila Pour éloigner de nous tout foupçon d’impollure:

8Mais je l’ai reconnu fans peine à fa fierté,

Plus encore à l’ardeur dont je fuis traiifporté.

a: Ce feu divin, mon frere, a pall’é dans mon aine;

n Le defir de combattre 8e m’agite 8: m’enflamme.

a, Mes mains fans le vouloir s’arment de javelots,

a. Et mes pieds plus légers le plaignent du repos. u

Ainli les deux Ajax, pleins d’une ardeur guerriere, ï

S’enivrcnt de l’efpoir d’une viétoire entiere.

Neptune cependant le place aux dernierstangs

Pour ranimer encor l’ardeur des combattans;

Afioiblis , épuifés , fans craindre les reproches

Des valeureux Troyens ils fuyoient les approches.

Ce dieu dont la puill’ance annonce des fuccès,

Auprès des généraux trouve un facile accès;

Il parle à Mérion , à Teucer, Pénele’e,

A Thoas , Antiloque, ardens dans la mêlée:

se Quelle honte pour vous, dit-il, jeunes guerriers ,v De voir fur votre front flétrir tant de lauriers!

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D’Honaan. 7Se peut-il que la Grece en héros fi fertile

Ait, porté dans (on (un une race inutile!

Et que vous n’ayez plus cette ancienne vertu-s

De votre déshonneur le moment en venu.

Qui l’eût. jamais peul-é que dans cette journée

Onzeût vu des Troyens l’audace couronnée

Attaquer nos-remparts, menacer nos vaifl’eaux,

Ces Troyens qu’on chafl’oit ainfi que des troupeaux

De biches ’85 de faons qu’un feule bruit épouVante?

Quel [peaucier en ce jour à mes yeux le ’prél’entel

Que peut avoir produit un li grand changement!Servitiez-vous Achille en fou tcll’entiment?

Des torts d’Agamemnon vous n’êtes point coupables;

Pourquoi donc voulez-vous en être refponl’abl’es à

C’elk à vous, Argiens, c’eût à votre valeur

A réparer du fort l’inconliante rigueur.

Si je vous connoill’ois moins braves que fideles,

Vous ne me verriez pas emballer vos querelles ,’

Je plaindrois. feulement l’état où je vous vois

Sans daigner jufqu’a vous faire entendre ma voix.

Ranimez votre efpoir , votre premier courage, ’

Prenez le-fer en main ô: volez au carnage; l

Quand la terrent cit vaine il faut la furmoriter,Il n’en point de périls qu’on. ne Quille domptera et

A iv

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S L’ILI-Ann’Il a dit, 8: des Grecs la valeur prefque éteinte

Se rallume Be des cœurs a banni toute crainte;Déjales bataillons Après d’Ajax réunis

De Minerve de de Mars vont mériter le prix;

On voit des rangs ferrés le rempart formidable,

Des. dards, des javelots l’affemblage effroyable:

Déja le bouclier foutient le bouclier,

Le cafque joint le eafque; a; l’attirail guerrier

Ne. forme qu’une malle énorme , menaçante,

Portant de tout côtés la mort 8e l’épouvante.

’Ajax en: le premier à prendre l’on ell’or,

Et fes vaillans foldats bravent le fier Heétor;

Cc héros fut les Grecs avec fureur s’élanCe ,

Et dans le même inflant le carnage commence. Q

.Tel qu’un roc orgueilleux, au retour du printems,

Du haut d’un mont aride épanche les torrens, * .-

Fait tètentit les bois de defcend dans la plaine, zRoulant avec éclat les cailloux qu’il; entraîne

Quand le premier vallon le force à s’arrêter;

.Tel lHeétor fur les Grecs vient fe précipiter;

Mais trouvant un obllacle, il s’étonne, il s’arrête; --

u Braves Troyens, dit-il, voilà votre conquête,

n Arrêtez vos regards’fur ces nombreux vaillent:

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D”H o sans a. 9u Qui doivent être enfin le prix de vos travaux.

a Ces bataillons ferrez me caufent peu d’alarmes,

u Ils vont fe difperfer fous l’effort de ’mes armes,

a» Quand nous avons fut-tout l’avantage fur eux

u D’attendre nos fuccês de la faveur des dieux. u

r

Ce dilëours des Troyens flatte. l’ardeur guerriere,

Et leur fait efpérer une viétoire entiete. i

Déiphobe au combat s’avancele premier, l-

Préfentant devant lui fon large bouclier;

Mérion qui le voir a l’attaquer s’applique ,

Soudain d’un bras nerveux le frappe de fa pique

Qui fur le bouclier fe brife en mille éclats; r

Etonné , furieux, dans un tel embarras

Ce malheureux guerrier, que la valeur rall’ure ,

Va chercher dans fa teutonne lance plus frire.

Cependantll’e’ combat s’échauffe , fe pourfuit,

Et Teucer a plongé dans l’éternelle nuit qL’imprudentv Imbrius, quand l’époux d’Andromaque A

Fait tomber fous fes coups vaillant Amphimaque,Filsllchéri de. Neptune, dont tous les talens’Honoroient fa’j’e’unell’e ’85 j’fiattoient fes parens.

Le dieu des-mers touchédeîcetteëmort funeliel,

Des plus vaillans’ guerriersnvawranimer le relie;

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3

Io " L’ I: L IVAï-D a.

De-la-fur les vailfeaux il dirige fes pas,

Et va joindre les rois fous les traits de Thora:Lorfque dans fou chemin il trouve Idomenée

Gémillànt fur Argos 8c fur fa deflinée.

n Eh quoi l lui dit Neptune , eh quoi! chef des Crétois ,

a Ce moment répond-il a vos premiers exploits l ...a: Des Grecs, fage Thoas, on cunn’oît-la vaillance;

u Et fi de Jupiter la cruelle vengeanceEn faveur d’llion n’eût détruit nos moyens,

Vous nous verriez bientôt triompher des Troyens. :5

Neptune lui réporad z u O brave Idomenée!

n Terminons dignement cette grande journée:n Si quelqu’un d’entre vous cherche à fe dégager

a Du lien qui l’encha’me en fuyant le danger,

a Qu’il foi: fans balancer l’objet de notre rage

, a Et l’appas des vautours errans fur ce rivage.

n Endoll’ez votre armure de marchez formes pas,

u Venez me feconder au milieu des combats;à La’force’téunie enchaîne la viéloire, v

a: Que ce jour foit enfin celui de notre gloire. Ê»

Il a dit, se foudain il entre dans les rangs.Tandis qu’ldomenée , en. ces marneur prellans,

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DÎHOMgnr. .11Vole le revêtir de [a brillante armure,

Et choifir à (on gré la lance la plus frire.

Prêt à joindre Neptune il trouve Mérion: ’I

a). Braye guerrier, dit-il, en cette occafionn Quel accident fâcheux rallcntir’vorre audace?

a Au moment du combat cils-ce iCi votre place?

u Si cÎefl: moi, cher ami, que vous veniez chercher,en Me voici, je fuis prêt , hâtons-nous de marcher; a:

n Sur moi, dit Mérion, quelle cil votre peuféc il ,

a J’attaquois De’iphobc, 8c ma lance brillât: h

u Me force de venir chercher en nos vaiÊeauX

sa Une lance plus forte 8; d’autres javelots; n

u Qui pourra mieux que moi, répond le roi de Crue,

u Donner à Mérion les armes qu’il (ouhaite a

u Dans mes tentes allez choîfir des javelots -,

u Des lances 8: des dards, dépOuilles des héros

a: Que mon bras triomphant, à l’égal du tonnerre,

n A dans le champ de Mars couché dans la paument. a»

I t V ) v iMerlan obéir, 8: dune pique armé,

Du nombre des Troyens il n’ell plus alarmé.

Soudain ces deux guerriers , pleins d’ardeurg de courage,

Suivis de la terreur, (e livrent au carnage.

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12 l .L’ILIADE’,, Ami, de quel côté faut-il porter nos coupsî

,, Dit le vaillant Crétois, tranfporté de courroux;

,, Où marcher a où faut-il enfin que je me rende

a: Pour donner du recours au lieu qui le demandez.,, Les deux Ajax au centreôc le jeune Teucer,, Forment un mur d’airain qu’on ne peut renverfcr.

,, [adroite en [on entier cil allez défendue

. c uvrir nos vai eaux ’une in u e i ’, Pour ou 0 (T I d, f lt m revue.,, La gauche cil donc l’endroit où nous devons porter

,, Un recours aulli prompt que facile, à Teucer. »

Il dit, 8c Mérion double le pas, arrive ,

Quand les cris des Troyens, font retentir la riveA l’afpeft des deux rois qu’ils ne foupçonnoient pas

Pouvoir paroître encor à de nouveaux combats.

Tels les vents échappés de leurs voûtes profondes

fibranlent les rochers 8: foulevent les ondes,I S’engoufïrent dans la plaine 8: couvrent les vallons

D’un torrent de pouffiere à: d’épais tourbillons ,.

Tels (ont les combattans au fort de la mêlée,

Conduits par Mérion , Neptune, Idomene’e.

Neptune de Jupiter, chacun de leur côté,

Infpirenr la fureur 8c la témérité.

Jupiter d’Hion retardoit la conquête,

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D’HoMERE. 13jEt menaçoit les Grecs d’une entiere défaite

Quand Neptune attentif à. protéger Argos

Du moindre mouvement profitoit à propos.

Ces dieux ont partagé. la fuprême puill’ance’,

Jupiter mit les cieux fous (on’obe’ifl’ance,

Et (on frere Neptune eut l’empire des mers,

Avec des droits communs fur la terre 8C lesairs.Déja le dieu de l’onde a’ fous la forme humaine

Porté dans le combat la fureur qui l’entraîne;

Lorfque ces dieux, rivaux dans leur ambition,

Combattent à la fois pour 8: contre Ilion.

Dans (on premier tranfport le fier Idomenée

Fait mordre la pouffiete au jeune Othryonée,

Prince dont la valeur, d’accord avec l’amour,

L’attira chez Priam pour embellir (a cour.

Il flattoit (on efpoir de la main de’Callandre

’ Quand on le vit toucher aux rives du Scamandre,

Portant fur (es vaifl’eaux le don accoutumé;

Digne de ce héros 8è d’un cœur enflammé,

Il marchoit au combat lorfque [a deflinée -

Le livra fans retour au Fer d’ldomenées

Ce malheureux amant f’oupire , étend les bras ,

Mais ne peut arriver que dans ceux du trépas:

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14 iL’ILI’ADEProjets évanouis, illufions flatteufes l

Promeflès de l’amour, que vous êtes trompeufes!

L’imprudent Alias, pour venger cette mort,

Abandonnant (on char, fait un dernier effort;Il laifl’e l’es courfiers dans l’arene, il s’élance,

Quand le roi des Crétois Il: perce de fa lance.

Tel périt Afius, intrépide guerrier;

Mais toujours trop avide à euei’llir le laurier.

Son écuyer veut fuir, de telle cil-l’on envie,

QuandJe fer d’Antiloque a terminé fa vie;

Ses fuperbes courfiers, écumans, pleins d’ardeur ,

Se rangent à l’inflant fous la main du vainqueur.

Pour venger Afius, le dard de Déiphobe

Menace le Crétois , qui le voit, s’y dérobe;

Mais le trait meurtrier achevant [on efl’or,Antiloquell’évite, il retraire Hypfénor.

Flatté’d’un plein fuccès , Déiphobe s’écrie:

,, En vengeant Afius j’aivengé la Patrie;

,, Ton ame aux (ombres bords peut (e glorifierj,, D’avoir (uivi de près un illuilre guerrier. a.

Au del’rinrd’Hypfénor les Argiens en armes

Enlevent le cadavre Se fendillent les armes. ’

Cependant le Crétois porte par-tout la mort,

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D’Homr’ar. I;Le jeune .Alcatoiis (ubit les ctmps du fort ;

GendreLdu vieux Anchife , époux d’Hyppodamie,

Dont les rares talens embe’lifl’oient la vie,

Dans le fein du bonheur le valeureux époux

Attaque Idornenée 8; tombe fous (es coups. -

Hyppodamie, hélas l n’avais-tu tant de charrues

Que pour les inonder d’intarili’ableslarmesl

Déiphobe orgueilleux, r: croyant un héros,

Menace le Crétois qui lui parle en ces mots:

,, Si la mort d’un guerrier flatte ton ame altiere,

,, Sous mes coups, trois des tiens ont mordu la pouliiere.

,, Ofe me défier, approche connais-moi;,, Au nom’ d’Idomenée ondoit trembler d’efi’roi;

,, D’un fils de Jupiter je tiens mon origine,,, De Minos, roi de Crête de d’eiTence divine, p ’

,, Naquit Deucalion d’un légitime amour, V’

,, Et c’en ce roi paillant qui’m’a donné le jour.

,, Ofe donc contre moi, certain de ta défaite, l

,, Montrer dans un combat ta valeur indifcrete ,, ,

Déiphobe à. ces mots déja moins furibond,

Balance d’attaquer ou de prendre un feemd;

. Valeureux en tout toma, il craint Idornenéei, a l

Et (on PCIW. remake) demander Énée,

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I6 L’ILVIADEQui, fuyant par dépit Priam de [es enfuis ,

Se tenoit aux combats toujours aux derniers rangs;Déiphobe le joint de lui dit : a: Fils d’Anchii’e,

,, La gloire d’un triomphe en tes mains cil remife;

,, Va. cours à la vengeance, Acathoiis en: mort:

,, De ce frere fi cherallons venger le fort;,, Il porte dans (on cœur le fer d’Idomenée. ,,

Il dit 8e dans les rangs il vole avec Énée ,

Si-rôt que le Crétois apperçoit le guerrier

Qu’il reconnaît Énée à. (on grand bouclier;

Il s’emprell’e à former une attaque nouvelle.

Entouré de héros , (andain il les appelle :

,, Je vois le fils d’Anchife , amis, [écoutez-moi, V

,, Dit-il 5 c’eii ma vieilleflè de non pas mon eii’roi

,, Qui cherche du recours : feeondez mon courage ’

,, Qui pourroit fuccomber fous le fardeau de l’âge. n

A ces mots Antiloque , Apharis, Mérion

Donnent preuve au Crétois de leur afl’eétion.

Le’fils d’Anchife aufli demandeten diligence

Le fecours d’Agénor cdnnu par (a vaillance,

Et celui de Pâris avec leurs bataillons ,Que l’on’voit arriver travcrfant les filions;

Tels qu’un nombreux troupeau , fartant du pâturage,

Suit

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Il mer en fûtete’ le corps d’Alcatoiis,

D’HOMERE.’ I7Suit toujours le bélier pour fe mettre à l’ombrage ,

Quand le berger fe plait à le confidérer,

Cherchant un clair ruill’eau pour s’y défaltérer:

Tel Énée à ’l’afpeéi: d’un fecours formidable,

Guidé par fa valeur. fe croit plus redoutable.

Et déja dans les airs les traits (ont confondus:

Dans ce défordre affreux le valeureux Énée,

Pour viétime d’abord choifit Idomenée ,

Lance le javelot qui fe perd dans les airs;Tandis que le Crétois, par mille exploits divers,

Malgré le poids des ans, fignale (on courage,

Et [fur (on ennemi conferve l’avantage:

Mais le Crétois vainqueur , on cherche à l’accabler,’

Par prudence wifi-tôt, on le voir reculer.

Déiphobe faifit ce moment favorable,

Lance un dard qui s’égare de couche fur le fable

Afcalaphe, de Mars le fils digne de chéri,

Et (de la gloire encor l’illulire favori.

Dans l’Olimpe en repos le fier dieu de la guerre,

Soumis aux volontés du maître du tonnerre,

L’efprir loin des combats 8c fur (on trône aliis,

Ignoroit le defiin de (on malheureux fils.Afcalaphe expirant, Déiphobe s’avance

T orne Il. B

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’18 L’ILIADEPour faifir du héros de le calque 8th lance ,Quand Mérion l’atteint 8: lui perce le bras.

Il tombe; alors Polite attaché fur l’es pas,

le foutient, le releve, 8c ce généreux frere

L’éloigne fur (on char des horreurs de la guerre.

Cependant au combat Énée a de fes traits

Fait delcendre au tombeau le fuperbc Apharès.

Thoon découragé voudroit prendre la fuite

Lorfque Antiloque encor fur lui le précipite,Le renverfe , ô: déja prêt à le dépouiller,

Les Troyens près de lui viennent le rallier.

Ses jours font en danger, mais Neptune s’avance,-

Et du fils de Nellor embrall’e la défenfe;

Adamas, qui le voit, l’imprudent Adamas,

Digne fils d’Alius , fur lui tourne l’es pas.

Conduit par fa valeur , ce jeune téméraire

Ne comptoir pas trouver un pareil adverfaire;

Sa lance au premier coup fe brife dans fa main,Et d’un bruit éclatant fait retentir l’airain.

’Adamas voudroit fuir le coup qui le menace

Quand Mérion le frappe de l’érend fur la place;

Il fe débat encoreà l’égal d’un taureau,

Qui, malgré l’es liens , le défend du couteau :

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D’ H o M E R E. 19Mais c’en eli fait, il touche à fou heure derniere,’

Et le coup redoublé lui ravit la lumiere.

Le brave Déipure ell: , malgré fes efforts,

Sous le fer d’Hélénus defcendu chez les morts.

Ménélas, pour venger le fang de Déipure ,

Se préfente au combat, 85 déja fou armure

A repoull’é le trait par Hélénus lancé,

Et foudain par le fieu Hélénus ell: blell’é;

Agénor le faifit, l’entraîne du carnage,

Prend foin de fa biell’ure de bientôt le foulage:

En arrachant le trait le fang ell plus vermeil,Et d’un tilfu de fronde il fait un appareil.

Du flanc des bataillons on voit .fortir nyandre , ’

Dont les cris menaçans au loin fe font entendre;Aux coups de Ménélas ce guerrier vient s’offrir ,

Et, malgré fon courage , on le verra périr.

Cet imprudent! guerrier, trop jaloux de fa gloire , lPréfente à Ménélas une infigne viéloire ;

Soudain leurs javelots font lancés fans elfet

Quand nyandre en fureur veut remplir fou objet.Il faifit une hache de fur le fils d’Atre’e

Il porte le tranchant d’une main allurée ,

Le cafque en retentit, le panache brillantBi)

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’20 L’ILIADESous le coup (e détache. 86 tombe étincelant; l

Ménélas de nyandre acheve la défaite.

En lui lançant le trait qui lui perce la tête,

Enleve (a dépouille 6: s’écrie : a: O Troyens!

u Qui n’employez ici que de lâches moyens!

sa N’étoit-ce point allez de m’enlever Hélene

. u Sans vouloir de inon rang abreuver cette plaine?

n Et vous, maître des dieux , ne rougilTez-vous pasa D’avoir vu fans dépit l’affront de Ménélas a n

Il a dit, près des ficus le guerrier va (e rendre,

Il dépofe en leurs mains les armes de nyandre.

Le fier Harpalion , fils de Pylémenès;

Pourfuivoit Ménélzs, 8c flatté du fuccès ,

Hardi , préfomptueux, dans l’ardeur qui régate ,

Il croit déja le voir aux portes du Ténare.

Les javelots partis de l’une a; l’autre main

Sont encor fans effet quand Mérion fondait:

Suit le guerrier qui fuir, le perce de (a lance;

Ses parens, (es amis marchent en diligence

Pour enlever le corps de ce jeune imprudentQue le malheureux pere accompagne en pleurant.

Hcûor étoit au centre, ignorant que Neptune

Des Troyens à la gauche éloignoit la fortune :

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D’ H o M E a E. a:Cerf-là que le héros , à l’égard du dieu Mars ,

S’éroit couvert de gloire en forçant les remparts:

’Mille vaillans guerriers feecÎndoient (on courage,

Et toujours fur les Grecs il avoir l’avantage.

Les Ajax feulement, ainfi que deux taureaux

Liés au même joug, remplillent leurs travaux,

Traçant à pas tardifs le fillon dans la plaine,

Malgré le chaud du jour 86 (a brûlante haleine;

Ainfi les deux Ajax marchant d’un pas égal,

Portoient le joug pelant de ce combat fatal.’

Le fils de Télamon, au fort de la mêlée ,

Se préfenroit par-tout; mais le fils d’Oïlée, .

Toujours ferme en (on rang parmi les Locriens,Employoir l’indullrie à charger les Troyens.

Ses Locriens drell’és à manier la fronde ,

Le dard, le javelot, d’une ardeur fans feeqnde,

Lanceur fur l’ennemi mille-traits à la fois ,

Et forcent les Troyens d’arrêter leurs exploits.

L’un fur l’autre d’abord chacun le précipite ,

Et tous dans leur Frayeur veulent prendre la faireLorl’que Polydamas, du défordre étonné,

Dit au fils de Priam de lauriers couronné:

sa Prince, lorfque le ciel vous donna la vaillance,

B iij

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’22 L’ILIADE’

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Ne pouvoit-il encor y joindre la prudence?Ses libérales mains partagent (es préfens;

A l’un c’elt le courage, à l’autre les talent.

Souffre: donc , cher Heélbr, qu’en mon aine alarmée

Je mette fous vos yeux les périls de l’armée:

Voyez nos bataillons vaincus de toutes parts

Regagner en fuyant la breche des remparts.Arrêtez, 85 des chefs confirltez la l’agech ,

Pour obvier foudain au danger qui nous prell’e.

Il en: d’autant à craindre , après nos vains exploits,

Que fi la Renommée éleve encore (a voix

Vers l’illulire guerrier dont la valeur fommeille,

Il viendroit triompher li la gloire l’éveille. u

Heétor qui (eut le poids d’un avis important:

Polydamas, dit-il , oui vous ferez content;Allez , mettez vos (oins à défendre les portes,

Je vais de mon côté rallier nos cohortes. u

Il part 8c de (a voix les terribles éclats

Ont déja près de lui rallemblé les foldats:

Son panache éclatant s’agite fur (a tête,

Tel qu’un chêne ébranlé par les vents , la tempête.

Parmi tant de guerriers il demande Hélénus ,,

Déiphobe, Adamas 8; le fier Afius:

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D’HOMERE. . 23De la Parque les uns avoient été la proie;

Quand les autres blelÎés étoient alors dans Troie.

Heâor, dans fa douleur, fait approcher Paris ,Qui de (es bataillons foutenoit les débris:

a» Malheureux, lui dit-il, que l’amour d’une femme

n A rendu criminel 8c n’a fait qu’un infâme;

u Parmi tant de héros, dis, que font devenus(sa Afius, Déiphobe , Adamas, Hélénusz n

a Ils font blelTés, dit-il , les autres ne (ont plus;

sa Mais pour moi, toujours prêt à montrer mon courage,u Vous n’avez qu’à me fuivre au milieu du carnage. ’3-

I-IeCtor à la valeur excite le foldat,

Et marche avec (on frere au milieu du combat.

Tels que les tourbillon): précédés de nuages

Annonceur aux mortels les plus affreux orages,

Bientôt les aquilons, la foudre 8: les éclairs i lEmbrafent la nature 8: foulevent les mers;Tels fur les pas d’Heéror les nombreufes phalanges l

Ont fait contre les Grecs des ravages étranges: îHeétor force les rangs 8:: marchant le premier,Il cherche "vers la flotte à s’ouvrir un (entier.

x ,Le fils de Télamon l’infulte se le menace.

» Approche, lui. dit-il, viens amarrer ton audace ,

B. iv

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24 L’ILIADE D’HOMERE;

a, Si le maître des dieux ne combattoit pour toi,

n Tu n’oferois jamais paroître devant moi.

sa ’Renonce à ton projet ô: celle de prétendre

sa A joindre nos vailTeaux pour les réduire en cendre;

n Tu n’auras d’autre fruit de ton ambition

Que celui de rentrer dans les murs d’llion :

sa Heureux fi tes chevaux, dans leur courfe légere,

Pour tromper nos regards, te couvrent de poulfiere. »

Il a dit, quand foudain l’oifeau de Jupiter

Sur la gauche paroit planant au (tin de l’air.

Les Grecs comblés de joie à cet heureux préfage,

Font de leurs cris perçants retentir le’tivage.

u Audacieux Ajax , dit Hector furieux,a: PuilTé-je être aulii fût d’habiter dans les cieux

a. Que ce jour finira le deliin de la Grece,a: Que le ciel remplira mes vœux 8c fa promell’e;

sa Et que mon javelot, en terminant tes jours,n Je te verrai fervir de pâture aux vautours, a

Il dit , se fur Ajax fa rage le lignale;

On combat, mais entre eux la valeur ell: égale:

Le bruit des boucliers, les cris tumultueuxFont trembler le rivage 8c la voûte des cieux.

Fin du :rciïicmc’C’ï’tam.

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L’I L I A DE

D?HOMERE.

CHANT QUATORZIEME. .L

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:-ÂRGUMENT DU QUATORZIEME CHANT.

LES Grecs [ont toujours repouflE’s. Agamemnon ,’

Diomede à Uli e flirtent pour voir ce qui jà page à

rencontrent Nejlor qui leur annonce une deflzite totale.

4gamemnon propofe de s’embarquer pendant la nuit à

de prendre la fuite. Ulzfl’e s’emporte contre cet avis ê

lui en repre’jênte les dangers. Agamemnon promet de

fi rendre à un confiil qui lui paraîtroit meilleur: Dio-mede le donne à il efl généralement accepte’. Neptune

vient fous la forme d’un vieillard raflurer Agamemnon.

Junon voyant Jupiter filf Ida occupé de fivorijèr les

Troyens, forme le defl’Ein de le fe’duire ; elle je pare

de tout ce qu’elle croit pouvoir injpirer de l’amour.

Elle appelle Vénus à la prie de lui prêter fit ceinture.

Junon, après s’en être parée , va trouver le’dieu du

, jàmmeil, dans les antres de Larmes ; elle [et prie d’en-

dormir Jupiter : le Sommeil veut s’en defendre , mais

enfin il cede aux inflances de Junon. Pendant queJupiter efl endormi, Neptune va féconder les Grecs g le

combat recommence. Ajax , arme’ d’une roche énorme,

renverfe Hellor , qui tombe évanoui ,° on l’emporte fia!

le bord du Scamandre 6’ les Troyens [ont repoufle’s-

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L’ILIADED’HOMERE.

42--- 1 --------:a-CHANT QUATORZIEME.

AUPRÈS de Machaon, plongé dans la rriflcfië,

Neflor veilloit toujours au dcflin de la Grecs. ka: Des combattans, dit-il, ami, j’entends les cris,

Seroir-cc les [accès du frere de Pâris?

Je brûle de trouver UliITc’ôC Diomcdc.

Mettez-vous dans le bain que prépare Hécamcdc;

E

uv

8

8Rendez à la nature un bien qu’elle a perduüTandis que notre (on cfi: encore fafpcndu:

» Pour remplir mes devoirs je pars en diligence. a»

Soudain. il prend en main [on bouclier, [a lance,

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28 L’ILIAnnIl arrive, étonné de voir les Grecs prellés

Dans une étroite enceinte , 8c les murs renverfés.

Ainfi que l’océan , à l’afpcâ des tempêtes,

Noircit, étend (es eaux, rend res ondes muettes,’

Confcrve la balance 8: (e tient en reposAttendant l’ouragan qui foulevc les flots;

Ainfi le vieux Nefior dans (es delieins héfiteA décider (on choix (ut les plans qu’il médite.

Le projet de combattre alarme (a raifonQuand (on cœur le conduit auprès d’Agarnerrmon I

Qu’il trouve fur (es pas 85 qu’Ulich précede ,

Toujours accompagné du vaillant Diomede.

Aux cris des combattans ces héros Furieux

S’avançoienr quand Nelior le préfcnte à leurs yeux.

a Eh quoi l lui dit Article, Hector plein de (a gloire

u Marcheroit-il toujours de victoire en victoire:Fuyez-vous devant lui a Pour combler tous mes maux8

8Dois-je voir le Troyen embrafer nos vaifreaux?.3Dans le cœur du foldat n’ai-je donc plus d’afyle ?

sa Et tous nos. généraux feroient-ils pour Achille! sa

u Jupiter, dit NePror, qui nous a menacé,u Ne peut anéantir ni changer le palle’.

a Nos remparts (ont détruits: les Troyens dansleur rage

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D’HOMERE. 29Montrent dans les combats leur force a: leur courage;

On n’entend que des cris dans cetiacharnement:

Le ciel pour ordonner tonneroit vainement.

Pour arrêter le mal fi cruel dans (a courfe,Prudent Agamemnon, il n’efl; d’autre refoutu:

Que d’oppoÀl-et foudain au fer des ennemis,

De tous vos généraux les plus (ages avis. a,

a: Neflor, répond Atrîde, il feroit téméraire

De fuivre nos projets quand le ciel cit contraire:Il ne nous relie plus qu’à fréter nos vaiflëaux,

Et de nous préparer à traverfer les flots. sa

u Ulifre à ce propos jette un regard févere

Sur!Atride 8e lui dit enflammé de Icolere:

Prince, de cet avis ne rougillëz-vous pas?

Vous que la gloire appelle au milieu des combats?

Vous, fier Agamemnon, que le ciel a fait naître

Pour régner fur Argos; Qui peut vous reconnaîtrez

iVous , fuperlre , arrogant , Vous enfin , roi des rois,

liroit-ce donc à vous à nous donner des loix?Si la gloire vous parle 85 fi l’honneur vous touche,

Cet avis devoir-il fouir de votre boucliezAu moins [oyez prudent ; qu’il refit: en votre cœur,

Pour ne point du foldat alarmer la valeur:

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30 L’ILIADEu Car au premier dépit que vous feriez entendre,

» Vous le verriez bientôt Fuir les bords du Scamandre,

Et les Troyens alors pourfuivant leurs travaux,Viendroient porter la flamme aux pieds de nos vailT eaux.

y Voilà l’événement de ce confeil funefle ,

Que la raifort condamne 8: qu’UlilÏe détefle. sa

Atride jlui répond: u Dans un malheur pareil,

sa Je veux bien avant tout confulter mon confeil. a

n Partez, chers compagnons, déja l’avis d’UlilÎc

sa M’éclaire fur le mien 8: je lui rends juliice;

i» Mais j’invite à la fois les jeunes 8: les vieux

n A mettre en liberté leurs avis fous mes yeux:

a: Je le defire UliiTe, en refpeétant le vôtre. n

n Superbe Agamemnon , je n’en connois point d’autre ,

a» Lui répond Diomede, 8c lui donne ma voix;

a Fumer-elle entraîner celle de tous les rois!

a Soutenons le combat, 8c malgré nos bleflures ,

Couvrons-nous à l’initaut de nos fortes armures, -

a; Et longeons qu’à la guerre il ne Faut qu’un moment

aPour des brillans fuccès changer l’événement.

Marchons, marchons, amis , notre feule préfenccUtu

n Peut fixer des deliins la fatale inconfiance. uU

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D’ H o M a R a. 3 IA peine Diomede a donné [on avis

Que tous les fentimens (e trouvent réunis;

Agamemnon faifi d’un tranfport magnanime ,

Pour mériter des rois 8c l’amour 8C l’efiime, I

S’élance vers le camp, 8c trouve fur les pas .

Un vieillard qui l’arrête en lui tendant les bras:

» Atride, lui dit-il, cannois en moi Neptune

u Qui du fier Ilion va changer la fortune;3Achille, qui (e plait à nourrir (on courroux,

u Ne mettra plus d’obiiacle entre la gloire Be nous.

S’il s’applaudit du fort qui menace la Grecc,

billons-le fans regret plongé dans la mollefle;

sa Et loin de réclamer les feeours d’un ingrat,

Imitons (on courage au moment du combat.u Nous verrons les Troyens Percés dans leur battiere,

a Eprouver les horreurs d’une défaite entiere,

se Et nos foldats flattés du droit des conquérans,

Frapper, fouler aux pieds les morts 8c les mourans. pA:

Il dit, il part , il vole 8: d’une voix tonnante,

Il ranime des Grecs la valeur chancelante;La terre s’en émeut , la mer en a frémi,

Et la terreur la porte au camp de l’ennemi.

Junon qui l’appcrçoit du plus haut de la nue,

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32 L’ILI’ADE ,Sent renaître l’efpoir dans (on am: abattue;

Mais Jupiter jaloux d’une telle union ,

Du fommet de l’Ida veille (in Ilion,

Et laifl’e la décile en proie à (es alarmes.

,, Quoi l ne puis je, dit-elle, employerd’autres armes

,, Que celles que je tiens de ma divinité,,, Trop forbles. pour répondre à ma témérité?

,, Que faire! Que tenter! dans mon ardeur extrême!,, Avons plutôt recours à l’art, au flratagême,’

,, Et (ou: l’appas trompeur des charmes les plus doux,

,, Rappellons dans nos bras un inconfiant époux;,, Qu’il y trouve à la foislle feu de la tendrell’e,

,, Et le fommeil qui fait une amoureufe ivrell’e. u

Soudain elle defcend au palais de Vulcain ,

Palais que ce dieu même a confirait de fa main;Séjour délicieux, retraite confacre’e

.Aux defirs de Junon 8: des dieux ignorée.C’elt-là que la décile, au gré de (es’fouhaits,

Va des ’lptél’ens de Flore embellir (es attraits; x

C’efi-là que dans le bain avec art elle apprête

Ce qui peut de l’amour affiner la conquête.

Son beau corps, dont l’éclat flatte 8c charme les yeux,

Se couvre de parfums les plus délicieux;

’ Déja

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D’HOÏM’ERE. 33;Déja (a belle main dirige: l’a parure,

î Et joint l’effort de l’art aux dons de la nature.

lei, c’en: une boucle ajuitée à defl’ein

De fixer les regards égarés fur (on fein; ’ a. , e.

Et là, c’cfl: une, toufi’enattifiement nouée. K . . ’Ç v

De rubis, de brillaus, de perles. entourée; in ..

Que faudroit-il de plus pour enflammer un cœur!

Mais Junon veut encore un voile à la pudeur;

Du travail de Minerve une robe éclatante ’ YVa couvrir l’es beaux bras 85 (a taille éic’g’aniei" ’

Sa mante efi un till’u de métaux précieux I V p

Qui jette autant d’éclat que le flambeau. des cieux; r

Deux groupes de brillans pendent à (es oreilles ’

Dont les contours divins font autant de merveilles; ”Sa chaufi’ure aiufiée avec plus d’agrément.

Donne làlfon pied léger. un nouvel ornement... U

Sous un voile entr’ouvert ou. le defir s’égare . . - ’ ..

L’amour tirer] (cerce du. luccès qu’il prépare; ’- l p

Enfin furie .crvyftal- fes.,regards.arré’tés,..,3 l; T1,; j

Elle voit Jupiter au rein des voluptés. ,51"! ... .7 A

Mais ce n’el’t point allez, elle defire encore. 4

lesrtalens de.Vénus qu’à regret elle ignore;

Elle appelle Cypris qui fe rend. à (a voix a;a) Ma fille, dit Junon, pour la premiere fois

Tome Il. C

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’34. ”L’II.IADEa: J’attends de ma rivale un léger facrifice; ’

u Oublions nos débats, Junon te rend juftice.’

sa Nos cœurs faits pour s’aimer, moins jaloux qu’abufés,

u Ont été malgré nous trop ’long-tems divifés;

sa Mais par ta cornplaifance ou ton amour fincere, ’

u Prouve-moi que Vénus chérit encor (a mere. s.

sa Déefl’e, dit Cypris , vos ordres font ma loi; ü

u Comptezflfur les bienfaits qui dépendront de moi;

n Diéteznmoi les moyens de prouver ma tendrefl’e. s-

Junon , pour mieux tromper la crédule déclic ,

Diliimule l’objet de (on nouveau deil’ein ,

Et reprend avec elle un air doux 8: ferein.

s. Ma fille", c’eil: alliez ; je puis donc-fans contrainte

Te peindre de mon cœur 8e l’efpoir de la crainte:

s L’intérêt de Thétis m’appelle au fond des mers;

ss Prête-moi tes attraits vainqueurs de l’univers,

a» Joints à ceuxvde Junon , ces puiflantes amorces,

u Que tu fais employer même dans les divorces.ss L’Océan 8: Thétis du charme des’amours’

ss Ont depuis fort long-tems interrompu le’lcouts;

n Les foins qu’ils m’ont donné dès ma plus tendre enfance

Ont mérité mon zele de ma tecomr’oifl’ance. I

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3’

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n’Ho Man’s. 3;Je veux, pour m’acquitter, rallumer dans leurs cœurs

De l’amour conjugal les fideles ardeurs.

Parle , dans mes projets que faut-il que j’el’perei s

Vénus le rendra-t-elle aux delirs de la mere a sa

u. Déclic, les appas de la reine des cieux

Suffil’ent pour’lancer des traits vié’corieux;

Mais li quelque ornement manque à votre parure;

Je puis avec plailir y joindre ma ceinture. ’De ce philtre enchanteur qu’en vos mains je remets 4

Apprenez le pouvoir pour juger des effets:’ Le charme lédu’éteut, le delir ,V la tendrel’l’e ,’

L’ardeur du fentiment 85 l’a délicatell’e,

Le plailir l’ans mélange ô: ce’ljeyne lai quoi

Qui fait naître l’amour , qui nous’tient fous la loi;

Cet entretien fleuri, ce charmant badinage ,Ces lectets révélés dont l’amOur fait ulage;

Ce courroux alleété, ce fourire flatteur

Et ce caprice enfin qui bannit la langueur.Mais ce divin tilTu n’eli; connu’de performe,

Sous la foi du (coter Vénus vous l’abandonne; ’

Tenez-le adroitement caché dans votre fein,

Allez, il rempliralvotre augullze del’l’ein. u

Junon flatte Vénus, la catell’e , l’embtalI’e ,

C ij

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k’ ’ .’36 .t.’ I L I A D s ï

Prend le divin préfent 8c le met en l’a place.

la O ma fille l ô Vénus ! mes delirs l’ont remplis,

’ss Je vole en confiance au l’éjour de Thétis. s.

Elle a déja. franchi laferrile Pietie , :

Et l’e voit aux confins des plaines d’Ematie;

Elle approche, elle entend le fifilement des flotsQui viennent l’e brifet aux pieds du mont Athos

Dont la cime élevée au-dell’us de la nue

N’offre que des glaçons. l’ur l’a .valie étendue:

Là , dans un antre obl’cur le frere de la mort,

Le pailible Sommeil s’all’oupit 56 s’endort,

Mais Junon le réveille. s: Acheve, lui dit-elle,

,,.De combler les l’ouhaits d’une tendre immortelle;

,, Apprends que Jupiter, d’un amour fans égal,

,, Veut abjurer l’erreur dans le. lit conjugal.

,, Sommeil ! maître des dieux, de la , nature entiere ,’

,, J’implore ton l’écours, [exauce maïpriere:

,, Lorfque ce dieu’l’o’umi’s à force de ,delirs L , l

,, S’enivrera d’amour dans le.l’ein des’plaifirs, ’ ’

,, C’eli alors qu’il te ’faurtul’er avecadrell’e

,, Que l’époux vigilant ne trouve dans mes bras,, Qu’un all’oupilleinent à l’égal du trépas:

’ ,, Du charme l’ouverain d’endormir la tend-telle.-

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D’HOMERE. 37

o . . l,, J’ai fur ton amitié fondé mon el’pérance,

,, Compte fur les effets de ma reconnoill’ance. s.

sa Ah! déell’e’! mon zele se mon empreli’ement ’

,, Seroient allez payez du" précieux moment

,, Qui préfente à mes yeux Junon 8c tous l’es charmes;

,, Mais l’on dil’cours me livre aux plus vives alarmes.

,, S’il falloit l’ur l’Olimpe ou dans le l’ein des flots,

,, Même l’ur l’univers étendre mes pavots, ’

,, Déell’e, je ferois prompt à vous l’atisfaire;

,, Mais je dois refpec’ter le,maître du tonnerre:

,, son ordre près de lui ne m’a point appellé ,

,, Et je crains le malheur dont je fus accablé,, Lorl’qu’à votre delir je me rendis fans peine .

,, Pour l’ervir vos fureurs contre le fils d’Alcmene.

,, Eh ! comment télilier , en des momens li doux,

,, Aux charmes de Junon tombant a mes genoux a,, Redoublant malgré moi l’es inl’tantes prieres,

,, Du rouverain des dieux je ferme les paupieres;,, J’y répands mes pavots; mais quel en cil le fruité

,, La divinité veille 8: le charme eli: détruit. u

sa Jupiter eq courroux frappe, tonne, menace,,, Et l’ul’cite la haine a punit mon audace;

,, Tandis qu’en [a fureur il fuit pat-tout mes .pas,’

’ C iij

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38 L’ILIAD’I-Zsa La l’ecourable Nuit me reçoit dans’l’es bras.

Arrête , Dieu vengeur, dit-elle, je l’ordonne;

u Tu cannois mon pouvoir, obéis 8c pardonne. sa.

a! A cet ordre l’uprême où les dieux l’ont fournis,

A: Le cœur de Jupiter dans le calme eli remis. n

u Garde-toi, me dit-il , d’une pareille ofl’enl’e,

a Sans quoi tu connaîtras jul’qu’où va ma vengeance. n

sa Après avoir couru cet imminent danger,je Voudriez-vous, déclic, encor m’y replonger! ’

sa Qu’a de commun ici le fujet qui me guide

a, Avec le l’entiment qui m’armoit contre Alcide?

sa Jupiter devl’on fils protégeoit la valeur,

sa Et le fort d’llion entre moins dans l’on cœur;

sa Cette raifon l’ulHt à votre inquiétude.

sa Sommeil, Junon vous aime 86 craint l’ingratitude l

u Déja mon front rougit d’éprouver un refus;

sa Mais non, tout me rall’ure 86 je n’en parle plus:

s Occupons-nous plutôt de ma reconnoill’ance,

L’objet de verre amour fera la récompenl’e

Due aux foins emprell’és que vous aurez pour moi ,

Pafithée à l’inlhnt vous donnera l’a foi. a.

Le Sommeil enchanté d’une telle ptomefl’e,

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D’HOMERE. 39N’attend, pour le livrer à l’ardeur qui le preflè, J

Que le ferment du Stix prononcé par Junon,

Qui, fans autre intérêt, en attelle le nom.

Soudain loin de Lemnos, 86 couverts d’un nuage;

Ces dieux du mont Ida découvrent le rivage;

Lieu charmant où les prés, les fleurs 85 les tuillëaux

Fertilifent la plaine 8: parent les côteaux.C’efi’-là qu’un pin fameux, chéri de la nature;

Eleve jufqu’au ciel [a confiante verdure :

Le Sommeil, attiré par fan ombrage frais,

Se cache adroitement fous (es rameaux épais.

Ce dieu, pour mieux ourdir (a trame ténébreufe,’

De l’oifeau de la nuit prend la figure hideufe,

Et d’un œil attentif il obferve en tous lieux

Les dangereux regards du rouverain des dieux.

Sur la cime d’Ida Junon choifit (a place;

Du ciel jufqu’à la terre elle remplit l’efpaCe :

Jupiter qui la voit, étonné, fatisfait ,

Brûle déja d’amour pour ce divin obier. . -a Que vois-je l lui dit-il , ma furprife en: extrême.

a De retrouver ici la décile que j’aime; ’

sa Mais, quoi 1 Junon fans fuite en des lieux inconnus. .2

u Votre du: , vos cormiers. que font-iladevenuse w

C iv.

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au .L’IILIADEa Ils attendent mon ordre au plus prochain rivage:

a.J’ai voulu fans témoins vous porter mon hommage

s Avant que de partir pour les lointains climats,u Où mon zele me force à conduire mes pas.

L’Océan’ 65 Thétis demandent ma préfence,

I» Vous (avez les motifs de leur indifl’érence;

Je veux les diHiper 85 porter à jamaisp: Dans leurs cœurs défunis l’innocence 6c la paix. u

in Eh quoi ! vous me quittez au moment où mon ame

w Se livre toute entiere à la plus vive flamme!w L’Océan à: Thétis ont-ils. des droits fur vous

aQui puill’enr balancer les defirs d’un époux!

u L’amour qui le nourrit du tranfport qui m’anime

Verra-t-il lans regret échapper (a viélime?

a: Vous pourrez à loifir former d’autres projets

sa Quand vous aurez rempli de plus grands intérêts.

a: Il me faut , dans le rein d’une époufe chérie ,

a; Rappeller ces momens les plus beaux: de ma vie,

a Ces momens où l’I-Iymen remit entre mes bras,

2Pour la premiere fois, Junon 86 l’es appas.

J’abjure pour’jamais ces flammes infideles

a Dont on me vit brûler pour de fimples mortelles.a Alcmene, Sémélé, Larône , Io, Cérès,

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DÎH on M E n z; 4E;, N’ont rien de comparable à vos divins attraits:

,, Dans mes embrailèmens venez, belle décile,

,, Cueillir avec l’amour les fruits de ma tendrefl’e. a)

,, Fils de Saturne , attends, nos defirs [ont d’accord;

,, Mais fufpends fur l’Ida ton amoureux tranfport:

,, L’univers nous obl’erve de je rougis d’avance,

,,I De prêter à l’Hymen les traits de l’indécence. I

j pour nous livrer à nos ardens defirs ,lieu que Vulcain confacre à nos plaifirs.

" v V ,, Que me Font les regards des mortels, du ciel même;

,, Mes defirs l’ont prell’ans, mon amour cit extrême a

;, J’ai prévu vos Frayeurs, 86 ce nuage d’or

,, Couvrira nos amours , que craignez-vous Encore aIl dit, 8c dans l’inflant l’indulgente nature

Forme un lit nuptial de fleurs de de verduresOù l’heureux Jupiter, dans les bras de Junon ,

A force de tranfports, mérite (on pardon.

Le Sommeil qui les voit dans cette douce ivrelTe,

Vole pour accomplir le vœu de. la déclic;

Sur ce lit de plaifir il répand l’es pavots ,

Et laine ces époux plongés dans le repos.

Soudain au camp des Grecs il va trouver Neptune:

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42 L’ILI’ADI’,, Dieu des Grecs , lui dit-il, notre gloire elt commune;

,, Jupiter endormi dans les bras de Junon

,, Aux fureurs de Neptune abandonne Ilion. u

Il dit, 86 vers Lemnos tournant l’on vol rapide ,

Il a déja franchi les bornes de l’Elide.

Neptune fans tarder ranime les foldats:

;, Amis, préparez-vous à de nouveaux combats;,, Souffrirez-vous qu’Hetïtor fur l’avenir tranquille

,, Artende les l’uccês de l’abfence d’Achille? .

,, Ce héros défarmé fixe-t-il vos exploits!

,, Et comptez-vous pour ’rien la valeur de vos rois?

,, Elle feule fullir pour décider Bellonne; ’,, Mais écoutez encor l’avis que je vous donne:

,, Vous , rois qui m’entendez , veillez fur vos guerriers ,

,, Donnez aux plus vaillans les plus grands boucliers,

,, Les plus lourds javelots , les lances les plus fortes,,, Et formez-en foudain de nombreul’es cohortes ,

,, Dont la fagelTe jointe à l’intrépidité

,, Réparent du deliin l’inflexibilité. n

Neptune exprime ainli l’ardeur qui le poll’ede.

Ulill’e , Agamemnon 86 le fier Diomede,

Amiens, quoique blellés, volent de rang en rang, s

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D’ H o . M E a a. 43Et l’échange le fait à Ü tête du camp.

Chaque l’oldat s’emprell’e à choilir (on armure ,

Et l’ordre s’accomplir fans le moindre murmure.

De Neptune déia le redoutable fer

Etincelle d’un feu plus brillant que l’éclair;

Le bouclier en main 86 la lance levée ,

Il conduit au combat l’élite de l’armée,

Dont la bouillante ardeur précipite les pas,

Et lui fait affronter un glorieux trépas.

Mais l’intrépide Heétor, animé par la gloire,

Veut des mains de Neptune arracher la victoire:Il s’avance, 86 foudain de mille cris divers

Les Grecs 86 les Troyens Font retentir les airs.De l’une 86 l’autre part le foldar s’abandonne ,

Dans ce tumulte affreux, aux fureurs de Bellonne.

Ni les flots irrités dans leurs mugill’emens,

Ni l’Erna furieux dans les ernbrâlcmexis;

Le chêne renverlé par le feu du tonnerre ,

Qui s’éclate en tombant 86 fait trembler la terre;

Ni de Borée enfin le fouille impétueux

Qui déchire les airs. dans les teins orageux,

N’ont rien de comparable au choc des deux armées,

De carnage, d’horreurs 86 de tan-g affamées;

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44. L’ILIADE*Le javelot d’Heâor fend à airs le premier,

Et du vaillant Ajax atteint le bouclier,

Dont la forte texture amortit 86 rejetteLe trait qui du héros préparoit la défaite.

Ce fils de Télamon s’avance avec fureur,

Et d’une roche énorme arme l’on bras vengeur:

ne Péris , fils de Priam, dit-il, 86 qu’au Tartare

sa A defcendre avec toi ta race le prépare. sa

Aulli prompt que l’éclair le rocher el’t lancé,

Heétor le fuit en vain , il en elt terrallë.

Tel qu’un chêne orgueilleux menacé de la foudre

S’abat au premier coup qui le réduit en poudre;

De les rameaux épars il s’exale une odeur

Qui fait rétrograder le craintif voyageur:a Ainli l’on voit Heé’tor tomber dans la’pouliiete

Au milieu des débris de l’on armure .entiere,

Dont l’acier le brifaut, les terribles éclats ”

Ont porté la frayeur dans le cœur des foldats.

Les Grecs qui du moment (entent la conféquence ,

Marchent pour enlever Heâor enldiligence;Mais Énée, Agénor, Polidamas, Glaucus,

Le brave Sarpédon , près ,d’Heéltor accourus,

Font tête à l’ennemi, tandis qu’en la défaite

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b’ H o M E R E. 4gLe héros gémiffant ordonne la retraite;

Son char qui le dérobe au malheur qui le luit ,

Sur la rive du Xanre à l’infiant le conduit.

Tous les cœurs l’ont déja plongés dans la trillell’e;

Chacun à le lervir le difpofe 86 s’emprell’e;

L’eau dont il en: baigné glui rend par la fraîcheur

De l’ufage des feus une faible lueur.

Mais on cannoit bientôt àtl’on regard farouche ,

Aux flots d’un fang’épais qui ferrent de la bouche,

Que la nature encore cil: prête à fuccomber,Et dans le même état on le voit retomber.

La défaire d’Heétor enflamme le courage

Des Grecs déja flattés d’un li grand avantage;

Les Troyens conflernés, mais plus vaillanslencor ,

Ne volent au combat que pour venger Heétor.

Le premier trait lancé par le fils d’Oi’lée .

Du jeune Stanius tranche. la deliinée; . 6.

Polidamas qui voit ce guerrier expirant,Attaque Proténor 86 lui perce le flanc; ’

Puis d’un air fatisfait 86 d’un ton ironique: " ’

a Argiens, c’ell ainli que ma valeur s’explique,

a; Dit-il , 86 vous verrez plus d’un Grec de renom

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46 L’ILIADEa: Sous mes coups redoublés defcendte chez Pluton. u

L’ami de Proténor, Ajax dans la colere , ’

Lance à Polidamas la fleche meurtriete

Que le Troyen évite, 86 qui du même effort

Va percer Archeloque 86 lui donne la mort,

a: Polidamas, dit-il, je triomphe fans gloire,u Terrall’er un Troyen n’ell: point une victoire:

a, Le fort qui te dérobe à l’effort de mon bras

a Te rejoindra bientôt au frere d’Acamas. a:

r . . . .Frappé de ce difcours, Acamas en furie

Tombe fur Promachus, le renverfe 86 s’écriet,.

n Infolens Argiens qui vantez vos exploits,a» De ce bras triomphant connoill’cz tout le poids;

a) Vous allez éprouver ce qu’un Troyen. peut faire

a Quand il venge à la fois la patrie 86’l’o’n frere. n

Pénelée indigné du dilcours d’Acamas,

Le javelot en main, tourne fur lui les pas,’Lui décoche le :ttait , mais: la ’fleche lancée

S’égare dans (les airs 86 bleffe lllionuée;

Digne fils de Phorbas , l’on,uuique héritier,"

Aulii riche en vertus qu’inrrép’ide guerrier;

Pénelée attentif au lecours? qu’on lui prête ,

Sailit Illimitée. 86 lui’ltranche ll’têtc,

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D’HOMERE.’ ’47

Dont le crâne àl’inllanr percé de part en part , .

Eli porté l’ur .l’a lance en guil’e d’étendard.

a Vous, Troyens, qui voyez cette tête l’anglante,"

a Allez, dit Pénelée ,r aux rivages du Xante; "au Allez à l’es parens témoigner vos regrets

8Sur la perte d’un fils qu’ils ne verront jamais. i

Les Troyens repoull’és aux pieds de leurs murailles,

Portent leurs cris au ciel l’ur le l’orr des batailles.

Filles de Jupiter, ô Mules! peignez-moiLes malheurs d’Ilion, l’on trouble, (on effroi.

Ajax l’ur Hirfius portant l’es coups terribles.

Peignez-moi’gle fuccès des armes invincibles

D’Antiloque attaquant Phalcès 86,.Me’rmerus,

Expirans ales pieds l’ous le abattus;

Hypotion, Morys, tampans dans la pouliiereSi-tôt que Mérion entre dans la carriere;

Prothoon , Périphete, aux rives de la mer ,Pourl’uivis 86 tombant l’ous les coups de Teucer.

Enfin d’Hipéronor peignez-moi la blell’ure

Que lui fait Ménélas au défaut de l’armure;

Mais du fils d’O’ilée, ô Mules! c’ell: à vous

De nombrer les Troyens expirans fous les coups,

A- .4

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’48 L’ILIADE D’H 0M aux;

De vanter ce héros. li connu dans la GrecePar l’on art, l’es talens’, l’a force 8c l’a ’virell’e.

’ - ’ . ? .Fin, du. qua’torïieme Chant. .

L’ILIADE

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L’ILIADME

FHOMERE

r- 1.-:CHANT QUINZIEMEJ

:I

Tom: Il; ’ * ’ D

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’ W’ARGUMENT DU QUINZIEME CHANT.

JUPITER, à fin re’veil, voit que les Grecs flint vain-lgueurs à que Neptune ejl à leur tête ; il reconnaît’artifice de Junon : il ne peut retenir fit fureur. Il lui

rappelle le châtiment dont il l’avait autrefois puni, ê

la menace de lui en faire jubir un plus terrible. Junonl’appaijè : Jupiter lui ordonne de remonter au ciel, Ôde lui envoyer Iris Ô Apollon. A [on arrivée dansI’Olimpe Junon afl’emble taus’ les dieux, (5’ par des

dijcours pleins d’udrqfl’e , elle veut les irriter contrey Jupiter ; Mars en efl jè’duit , ê dans fin refleutiment,

il je jette fitr fis armes pour aller contre les Troyens:Minerve le retient. Cependant Junon déclare à Iris 6’à Àpollon l’ordre de Jupiter ; ils partent ê arrivent

enfimble auprès de lui : il envoie Iris porter àNeptune l’ordre de fi retirer du combat, ê Apolloncelui d’aller ranimer Hec’ior. Neptune repond fierementà Iris qu’il ’n’a point d’ordre à recevoir de Jupiter, 6’

qu”il efi jbn égal. Rej’lexion d’Iris fur le droit d’afnefl’e.

Apollon trouve Heêior revenu de [à de’fiiillance ,° il lui

rend fes forces ê le ramene au combat. Le dieu marchedevant lui ê renverjè une partie delà muraille. LesTroyens rentrent dans le retranchement ê parfila: lesGrecs jufqu’à leurs vaifl’eaux qu’ils tâchent d’embrafir.

Ajax fait des exploits prodigieux” pour les défendre.

Liane?

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’L’II L I A’D E-

’D’HOMERE. ron? eueëagxgCHANT QUINZIEME.

Les Troyens repoull’és, pour regagner leurs chars ,1,

Avaient déja franchi les foliés, les remparts,

Quand au fein de l’amour Jupiter qui l’ommeille,’

A l’aide des pavots, en l’url’aut le réveille;

Ses regards l’ont tournés d’abord fur les Troyens,

Il les voit fur leurs chars loin des murs Argiens:

A la tête des Grecs il voit aulli Neptune,

Partager leurs travaux, rappeller la fortune.Plus loin il voir Heétor griévemenr blell’é,

Attendant le trépas dont il ell: menacé.

’ D ij

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f5: t.’ I L r A n au Téméraire Junon, dit-il, ton artifice

a Du malheur des Troyens te rend all’ez complice

u Pour devenir l’objet de mon rell’entiment.

As-tu donc oublié le julie châtiment

Que, malgré tous les dieux jaloux de te défendre;

EJe te fis éprouver en te fail’anr del’cendre

Dans l’el’pace des airs enchaînée au deliin! 8

u Je punis ton audace 86 l’odieux dell’ein

u D’envahir avec eux ma place l’ouveraine,

n Pour mieux armer ton bras contre le fils d’Alcmene 5

Après ce châtiment, ingrate, l’ouviens-toi

Que tes charmes trompeurs languiront près de moi. n

La déell’e fril’l’onne 86 la bouche tremblante

Laill’e échapper ces mots diétés par l’épouvante :

a. Je jure à vos genoux , ô l’ouverain des cieux!

p Par le ferment du Stix rel’peété par les dieux;

tu Par ce lit nuptial fi cher a ma tendrell’e,

n Et par le front l’acré du dieu qui m’intérellè,

a: Que le maître de l’onde, en protégeant Argos,

u Ne m’a point attiré dans l’es valles complots:

et Et li des Grecs enfin il a pris la défenl’e,

on Je nepartage point l’a défobéill’ance. u

Jupiter adouci par ce philtre enchanteur,Réprime le courroux qui s’éleve en l’on cœur.

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D’HOMER’E. 53.sa Déell’e, lui dit-il, Neptune vous contemple,

3, Et l’era toujours prêt à fuivre votre exemple;

,, Mais li vos l’eutimens l’ont purs 86 fans détours;

,, Cherchez à me prouver que vous m’aimez toujours.

,, Remontez dans l’Olimpe, 86 dans cet inflant même

,, Portez à tous les dieux ma volonté l’uprême;

,, Qu’Iris 86 qu’Apollon l’e rendent près de moir.

’ ,, Pour recevoir mon ordre 86 calmer mon effroi,,, Sur le danger d’HeéÏor -, le dieu de la lumiete À

,, Va lui tendre l’a force 86 l’a vertu premiere,

,, Ils marcheront enfemble a de nouveaux travaux,, Pour repoulI’er les Grecs jul’que dans leurs vailreaux;

,, Ainli toujours fidele a remplir ma promell’e, 1

,, Je veux venger Achille aux dépens de la Grece.

A ces mots la décile, en proie a l’on dépit g: n et

Le cache dans l’on cœur, mais foudain obéit. ’ ’ fr

Elle a touché l’Olimpe’, 86 la troupe immortelle

Se leve a l’on al’peél: 86 vole au-devant d’elle;

Thémis qui la premiere a vu couler’les pleurs;

Lui verre le neâar pour calmer. l’es douleurs.

a Déefl’e, dit Thémis , quelle afl’renl’e triftell’el...

a Jupiter auroit-il trahi votre tendrell’eî a

D iij

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54 L’ I L I A D Ea. Ne.connoifl’ez-vous point l’inflexible fierté

’,; Dit Junon, qui du dieu regle la volonté?

,, La Jullice en l’on cœur ne trouve plus d’afyle

,,-’ Quand l’ur l’es grands projets le ciel paroit tranquille,

,,1 Occupé l’ur l’Ida de l’es dell’eins cruels , ’

,, Il l’e plaît à troubler les dieux 86 les mortels;

"., Tour l’Olimpe en courroux blâme un pareil empire

,,rS’an’s qu’aucun immortel ol’e le contredire :

’,, Le louverain mépris regne l’eul en l’on cœur.

4,, Foibles dieux ! à quoi l’err une vaine fureur?

,, L’orgueilleux Jupiter, en l’es defirs extrêmes,

Ï,:,’7’A- bravé l’on époufe 86 vous bravewvous-mêmes;

,, Déja, par un’dellein qu’on ne peut concevoir , ’

,3» Il prétend vous loumettte à l’on entier pouvoir.

,, Du l’ommetlde l’Ida l’ans celle il vous contemple,

,, Tremblez, obéill’ez : vous, Mars, donnez l’exemplei

,, Al’calaphe n’ell plus , 86 malgré vos’ennuis ,

5, Renoncez à venger un li malheureux fils. n

A ce difcours le dieu, tranl’porté de colere,

5e frappe les genoux, gémir, l’e dél’el’pere: ’

. ,, Afcalaphe n’el’t plus ! dit-il, ô Jupiter!

’,, A venger un tel fils qui pourroit m’arrêter a a.

Il a dit, 86 laill’ant échapper’quelques larmes,

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n’ H o’ n a a a. 5 gCe dieu, fans différer , le couvre de l’es armes ;

La terreur 86 la faire attelent l’es courfiers

Quand Minerve s’oppol’e àrl’es proiers guerriers,

Le retient, 86 foudain l’ailit d’une main frire

Son large bouclier, l’a lance, l’on armure.’

a: Arrête, lui dit-elle , arrête ne crois pasVoler malgré les dieux à de nouveaux combats I

Veux-tu de Jupiter troubler l’ordre l’uprême A

Et nous voir accablés de l’on courroux’eXtrême! *

Infiruits de l’es defl’eins, nous devons redouter

Le poids de l’a fureur au moment’d’éclarer.

Des Grecs 86 des Troyens dédaignant la querelle ,

Il viendra s’en venger l’ur la troupe immortelle-s

Que le trépas d’un fils, quoiqu’il fait accablant,

sa Eteigne pour toujours ce courroux impuill’ant.

Des guerriers ’plus fameux, des héros , des monarques,

Sont tombés comme lui fous le cil’eau des Parques. t

E

l:

A ces mots le dieu Mars enchaîne l’a fureur

Dont la caul’e toujours germe au fond de l’on cœur,

lend la reine des cieux, ’aliil’e l’ur l’on trône,

Fait appeller Iris 86 le fils de Latôue ’Pour leur communiquer l’ordre de Jupiter ,

Que , fans autre réplique, il faut-exécuter.

’ D ir

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,36 L’ I t. t A a n aIls l’ont déja partis lorl’que, d’un vol rapide,

On les voit arriver l’ur la cime de l’Ide 3

Ils trouvent Jupiter dans un nuage épais,Entouré de parfums l’ous un feuillage frais,

Où ce dieu, l’arisfait de leur obéili’ance,

En faveur de Junon le porte à la clémence.

.a vole, Iris, lui dit-il, auprès du dieu des mets,in Dis-lui qu’il l’e dil’pol’e à traverl’er les airs

a» Pour venir près de moi l’oudain prendre l’a place s,

a Que je veux bien encor pardonnerIl’on audace;i) Que par les droits du l’ang je lui donne la loi ,

u Et qu’il cit dangereux de s’égaler à moi. a.

Iris d’un vol rapide , 8g l’emblable à la grêle,

Du haut du mont Ida, la brillante immortelle.Tombe près de Neptune, occupé fans délais

’A conduire à leur fin l’es étonnans projets.

La décile l’infiruir de l’ordre qui l’amene.

u c’en all’ez , dit Neptune, 86 je. plains votre peine -,

a. L’orgueilleux Jupiter me croit apparemment

sa Sans réferve fournis à l’on commandement.

sa Les trois fils de Saturne ont partagé le monde;a. Neptune pour la part eut l’empire de l’onde,

a Pluton dans ce partage eut celui des enfers,

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D’HOMrrtE. 57.Et Jupiter commande aux cieux 86 dans lestairs.

8Qu’il dirige à l’on gré l’on brillant héritage;

sa Qu’il y tienne les dieux dans un dur efclavagc;Qu’il y commande en maître à’l’es foibles en’faus;

a Mais qu’il me laill’e en paix régler les élémens. a.t

aa Dieu desimers, dit Iris, faut-il que je prononcea Au l’ouverain des dieux votre altiere réponl’ee

Ne pouvez-vous calmer votre aveuglepfureuta

Souvent le repentir ell: digne d’un grand cœur;

Sur les pas des aînés marchent les euménides,

Br

aa Craignez donc d’éprouver leurs vengeances perfides. u

a. Eh-bien, répond Neptune, Iris, c’éroit à vous;

Par vos l’ages confeils , d’appail’er mon courroux 3’

’Mais je vous charge aulii, divine mellagere,

.De porter ma réponl’e, au maîtredu tonnerre:

Dites à Jupiter que dans tous mes projets

e

lew

8

sa Je ne l’uivrai jamais que mes l’euls intérêts;

Qu’étant indépendant par mon droit de naillîtnce,

aa’Je ne reconnois point l’a l’uprêtne’ puillance;

,Que s’il perfilie encor à défendre Ilion,

aa Le triomphedes Grecs fait mon ambition;.n Et s’il me croit fournis à l’on ordre l’uprême,

a Le paillant dieu des mers ne penl’e pas de même. n

2

8

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58 L’ Il L I a D EEn finill’ant ces mots, armé de l’on trident,

Le dieu l’c cache au fonds du liquide élément.

O départ malheureux ! l’ablence dc-Neptune

Des Grecs en un inflant fait changer la fortune.

Jupiter l’atisfait s’approche d’Apollon

Et lui dit: u Dieu du jour, Neptune avec raifort”a: Se rend à mes defirs, reconnoît ma puill’ance , I

a. Et vient de le prouver par l’on obéill’ance.

Toi, mon fils, de l’égide arme ton bras vengeur,

et Et dans le cœur des Grecs va porter la’terrcur’,

’w Va ranimer d’Heé’tor la force 86 le courage, ’

a: Dans le camp ennemi va porter le ravage:a C’ell à moi l’eul à mettre un terme à leurs travaux,

a: Qu’I-leétor poulie les Grecs jul’que l’ur leurs vaill’ eaux. se

Il a dit, Apollon armé de l’on égide

’Abandonne l’Olimpe, 86 dans l’on vol rapide,

Égal à l’épervier, il a dans l’on ’el’l’or

De l’air franchi l’el’pacc, 86 joint le camp d’Hcé’tor. 4.

Le Troyen, qui touchoit à l’on heure dernierc,

Entr’ouvre cependant l’es yeux à la lumicrc;

Il voit , il reconnoîtl l’es fideles amis,

Et l’afpeét d’Apollon ranime l’es el’prits.

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à

D’HOMERE., 59a: Quoi ! dit le dieu du jour, Heâor loin des alarmes

a Pour défendre Ilion n’ofe prendre lesr armes?

vaOu n’a-t-il en effet qu’un courage impuilïant u?

Hefitor à cette voix ouvre un œil lmguilîant:

Ah! qu’entends- je ! cil-ce un dieu qui me parle 66au m’éclaire?

BIgnore-t-il qu’Ajax , dans l’attaque derniere ,

u M’a d’une roche énorme atteint se renverfé,

a! Et de ce coup affreux mortellement bleflè’? n

v Heôtor, reprends courage 8: que rien ne r’éronne;

a Je vole à ton feeours, dit le fils de Larone:

n Connois le dieu du jour que le maître des dieux

a: Mande pour foutenir tes exploits glorieux.

a: Va de tes bataillons ranimer la vaillance;

a: Je te fuis au combat, marchons en diligence:a: Je vais à tes côtés enchaîner le deflin,

., Et jufques aux vaiflèaux te montrer le chemin. ,,

Il a dit, lorfqu’Heôtor des feus reprend l’ulàge :

Le dieu lui rend fa force 8: (on premier courage;Il monte fur [on char de guide (es courfiersVers l’endroit défendu par fes braves guerriers.

Les Grecs à [on afpefl: (ont rams d’épouvante

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250 L’ILIADEQuand Thoas joint l’éclat à (a voix éloquente.

’,, Quel prodige 1 dit-il, Hector, le fier Hector,

,, Echappe aux coups d’Ajax 8: reparaît encor?

,, Quel dieu veilles fur lui 3 c’el’t Jupiter lui-même;

,, C’elt lui qui le protege. En ce danger extrême

,, Il nous faut, chers amis, pefer tous nos moyens,

,, Et je puis fans rougir vous propofer les miens;,, Ils tendent à prévoir une entiere défaite

,, En réglant figement notre prompte retraite.

,, Que le corps de l’armée, en bon ordre , à propos,

,, Rentre dans nos remparts pour couvrir nos vailreaux,

3, Confervons avec nous une troupe aguerrie,,, Intrc’pide, vaillante, 86 fur-tout bien choifie;

,, Et que nos combattans toujours viêtorieux,,, Affrontent s’il le faut la colere des dieux. ,,

Tout le monde applaudit, la retraite ordonnée;

On voit les deux Ajax, Teucer, Idomene’e ,,

Appeller auprès d’eux Mégès ô: Mérion,

Et former à l’infiant un nombreux bataillon.

Ce partage achevé, le telle des cohortes

Rentrent dans les remparts, en défendent les ports.

Les Troyens, ranimés d’une nouvelle ardeur ,,

Brûlent de fignaler leur zele de leur valeurï

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D’HOMERE.’ 6:Bientôt le dieu du jour 8c l’époux d’Andromaque

Ont fait tous les apprêts pour’commencer l’attaque.

Déja ce dieu brillant va, l’égide à la main,

Dans un nuage épais porter un coup certain;

Le Grec, qui voit le choc, l’attend avec courage

Quand mille cris confus annoncent le carnage.Tant qu’aux mains d’Apollon l’égide elt (ans vigueur,

La viCtoirei incertaine augmente la frayeur.Mais les Grecs éblouis au moment qu’il s’agite,

Reculent de frayeur, prennent enfin la fuite;

Le Troyen qui fur eux précipite [ès pas,

Immole Itichius avec Arféfilas.

Iafus l’Athénien meurt fous les coups d’Énc’e,’

De même que Médon, digne fils d’O’r’lée;

Polites à fou tout triomphe d’Echius

Quand le fer d’Agénor fait périr Clonius.

Comment nombrer les Grecs, dans l’attaque premiete,

Sous le fer des Troyens couchés dans la poufiiere.

Tandis que les vainqueurs dépouillent les vaincus,

Dans l’appas du butin l’ardeur ne regne plus;

Heétor qui s’abandonne à l’horreur du carnage,

Par fa voix menaçante arrête le pillage:

,. Vous, Troyens, leur dit-il, la victoire à (a fin

un... MQM .- ...- gang-mu

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62 L’ILIADE,, Vous laiflera jouir d’un immenfe butin;

,, Ne rougilrez-vous pas d’immoler votre gloire

,, Au moment décilif d’une grande victoire 2

,, Les Grecs (ont en, déroute, achevez vos travaux,5, Pourfuivez-les fans cell’ e aux pieds de leurs vaill’eaux;

,, Qui défobéira, de ma main, je le jure ,’

,, Del’cendra chez les morts privé de fépulture. ,,

Heétor, le glaive en main , charge les bataillons

Et toujours les pourfuir de lillons en fillons;Tandis que d’Apollon la puiflance divine

De la muraille entiere acheve la ruine:Les foliés qui déja (ont comblés de débris

N’oppofent plus d’obllacle au frere de Pâris; .

Ainli qu’un foible enfant, dans les jeux de (on âge,

Cherche à tout imiter, approche du rivage ,,Et de mille cailloux l’un fur l’autre entafl’és,

Il éleve un palais entouré de foliés

Dont la folidité fuit l’infiant qui s’écoule,

Car à peine confiruit l’édifice s’écroule;

Ainfi le dieu du jour détruit en un moments

Des murs par l’art conflruits 8: plus folidement.

Alors le vieux Nellor, pere de la patrie,Lev: les mains au ciel, le conjure a; s’écrie:

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n’Homngue. 63Q, O paillant Jupiter l ô toi qui dans Argos

,, Encouragea les Grecs à traverfer les flots!,, Sage divinité! que devient ta promefl’e

,, De ramener un jour nos vailÎeaux dans laGrecer,, Cependant fous tes yeux, même fous ton appui,,, Heétor d’embrâfement nous menace aujourd’hui. ,,

Jupiter du vieillard exauce la priere

Et (andain lui répond par un coup de tonnerre;

Le Troyen orgueilleux explique en fa faveur

Ce refpeétable augure, de de la même ardeur

FranchilÎant à grands cris la muraille détruite,

Des Grecs en leur retraite acheve la pourfuite.Les généraux Troyens donnent du haut des, chars

Les ordres de ferrer les Grecs de toutes parts î

Cependant leurs vailÎeaux, environnés de troupes,

Etoient encor munis de guerriers fur les poupes,Les Troyens triomphans 8c les Grecs confierués ’

A l’honneur du combat [ont toujours acharnés.

Patrocle cependant , quoique éloigné d’Achille ,

Donnoit encor des foins à l’on cher Eurypile

Quand, par des cris perçans, le héros alarmé

Regarde de voit d’Heétor le projet confommé.

Les Grecs fur leurs vailleaux, les phalanges Troyennes, h

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354. L’îIlLIADBAccablant de leurs traits les troupes Argiennes,

Il (e frappe le fein plongé dans la douleur. t .

a Cher ami, lui dit-il, quel tourment! quel malheur!8Les Grecs (ont en déroute; il faut que je vous quitte

8Pour remplir un projet qu’en feeret je médite.

Vous êtes fans danger ; près du fils de Thétis

eJe vais rifquer encor quelques lèges. avis,2Je vais le conjurer par mes cris, par mes larmes,

8Au nom de l’amitié de reprendre les armes;

sa Elle a fur tous les cœurs des droits airez puiHÊms

sa Pour donner plus de force à mes foibles accons. a.

En finilTant ces mots Patrocle le retire.

La valeur fur les Grecs a repris (on empire.L’ordre mis dans les rangs arrête les Troyens

Quand Heétor a recours à de nouveaux moyens:

Il va combattre Ajax, 8c l’on audace vaine

Trouve toujours entre eux la vié’toire incertaine.

Tandis que ces héros difputent le terrain ,

Le brave Calétor paroit la torche en main;’Ajax le fait périr fous le coup qui l’accable,

Et la torche en tombant s’étouffe dans le fable.

Le trépas du héros faifit le cœur d’Heétor,

Il commande à l’infiant d’enlever Cale’tor;

Et

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13’ H o M a R a. 6;Et pour venger la mort d’un parent qu’il regrette,

Son trait part l’urgAiahmais la fleche indifcrete

Se détourne en, (on cours pour frapper Lycophron,L’écuyer &l’amidu fils de Tél-amati. ’

Le valeureux Ajax , tranl’porté de colere,

Voir Teucer de lui dit, dans la douleur amereiu Près de roi niés regrets feront-ils fuperHus a

u Teucer, canidé-toi, Lyc0phron ne ’vit plus.

’5’ J’ai perdu mon ami, mon compagnon fidele ,

’1’ u -Que ne puis-je le (nivre en la nuit éternelle!

u Il meurt du fer d’Heétor, cher Teucer 5 à ce nom

u Que te fervent les traits que tu. tiens d’Apollon a

Teucer à ce. propos tend (on arc redoutable ,

En dirige le trait toujours inévitable ,Quand Apollon, qui veille à la gloire d’Heétor, x1

D’trtne’main: invifible en arrête l’efl’or.

La corde en [a détente cil: par l’effort brifée,

La fléché tombe aux pieds faute d’être lancée.

u Ajax, dit-il alors, ai-je tort de trembler2Quand je vois Jupiter prêta nous accabler?

sa Oui je crains , dit Ajax , qu’une main immortelle

u A fer-vit les Troyens ne fait toujours fidele;se Mais, Teucer , laine-là ton arc, tes javelots,

sa Que les dieux, tu le vois, condamnent au repos g.

Tome Il. Ev

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66’ ’L’ILIADÉ

u Vole te revêtir d’une armure guerriere,’

n Et reviens fur mes pas rentrer dans la cartiere. a

Senfible à cet avis, Teucer ne tarde pas

A vêtir (on armure 8c marcher aux combats.

Heâor qui de Teucer a vu tomber la fleche,V’A rejoindre les liens à l’inflant (e dépêche.

u Amis, dit-il , voyez les infignes faveursu Que le ciel vous promet pour embrafer vos Cœurs! au

qui: de (on côté, d’une ardeur intrépide,

’Anirne (es guerriers contre unedeliin perfide:

n Fiers Argiens, dit-il, Heétot fur nos vailleaux

n Nous enleve l’el’poir de rentrer dans Argos

n Si nous ne fignalons ici notre courage.sa Plutôt périr cent fois dans l’horreur du carnage!

u S’il nous faut foutenir l’honneur de nos ayeux,

sa Préférons a la faire un trépas glorieux. se

Dans le cœur du foldat cette leçon s’imprime

Quand au gré du deltin le combat le ranime.Schédius cit tombé fous la lance d’Heétor;

max porte le trait fur le fils d’Anrénor.

Laodamas, Othus, que trop de zele anime, ’Du fier Polydamas (ont ’aufli la viétime.

Mégès voulant venger (on brave compagnon, -

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il

’ Dans le front de d’Olops il enfonce fa pique.

D’HOMERE.. ’62Menace le guerrier, quand la main d’ApollonDu javelot lancé détourne la vîtell’e i

Pour aller de Præfmus terminer la vieillefl’e; u:Le malheureux guerrier le reçoit dans le cœur,-

Et [a riche dépouille en: le prix du vainqueur.

A pourfuivre Mégès -, d’Olops alors s’attache” et

De fou c’afquebrillant renverfe le panache; ’

Le combat (e fondent entre ces deux guerriersQuand Ménélas vers eux dirige fes courfiers;

.Par fes cris menaçans fa vengeance s’explique, 3

Ce malheureux guerrier faitun nouvel effort,

Mais il tombe foudain dans les bras de la mort.Ménélas veut enCor s’emparer. de l’es armes,

Quand Heétor l’apperçoit du milieu des alarmes;

Et voyant en danger (on ami, fou parent,Vole avec Ménalipe de le. trouve expirant.

v Ménalipe, dit-il , marchons a la vengeance,v Le ciel combat pour nous de j’en ai l’ali’uran’c’e.’u.’

Mais Ajax qui l’entend encourage les fiensr

n O vous! chers compagnons! pour vaincre les Troyens

v Ne prenons déformais que notre honneur pour guide,

v Cet honneur n’entre pas dans une ame’ timide 5 .

Bi)k

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68 L’AI L,.I a D asa Le fort aux valeureux prépare des (accès,

n Le lâcheprès de lui ne trouve point d’accès.

u En écoutant Heétor il vous feroit entendre

Qu’il va nous l’accager 8c nous réduire en cendre; a

En donnant confiance à ces honteux propos,

Il’nous faut renoncer à rentrer dans Argos.

n Pour détourner le coup quelle elt notre relfource,pu Si ce n’ell d’arrêter le torrent dansla couriez sa

Ménélas au combat pour retourner encor

Prodigue la louange au fils du vieux Nellor.sa Vous, vaillant Antiloque,- ami de la viétoire,

v Lailferez-vous ternir aujourd’hui votre gloire?

sa Ne verrai-je donc pas, à l’exemple des rois’,

u Ce jour, ce jour fatal, marqué par vos exploits?»

Antiloque a ces mots, plein d’une ardeur guerriere,

’Arme l’on bras vengeur , leve la tête altiere;

A (on front menaçant , à la témérité,

Le perfide Troyen recule épouvanté.

Cependant Ménalipe ale entrer dans la lice

Sans prévoir qu’à grands pas il court au précipice;

En effet il périt : ainli que le chall’eur

Sur le chevreuil blelré le jette avccfureut ,

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D’H’OMB-RE. r 62

Tel Antiloque ardent veut enlever (a proieLorfqu’il voit accourir le défenfeur de Troie;

A (a démarche fierc, à [es cris menaçans,

Il jette la terreur parmi les combattans.

Le guerrier à l’inüant s’arrête 6c (e retire;

Mais Tel qu’un lionceztu fur l’agneau qu’illde’chîre,

lift toujours attentif à prévoirlle danger;

Lorfqu’il entend les ehiens 85 .qu’il voit le berger,

Il renonce à Et: proie 8.: prend fondain la fuite,Tel’Antiloque hum voit Hcétor a: l’évite.

I L’acharnement cil; grand, cependant les Troyens,

Pour approcher la flotte,jont trouvé des moyens.

Jupiter attentif à remplir (a promeffe,Imprime. anar cénure des Grecs la terreur, la foiblelre,

Tandis que des Troyens il ranime l’ardeur;

Attendant quezla Grece éprouve (a. faveur. l

Il veut du haut Ida, qu’Heâor couvert de gloire,

Par un embrafement termine fa viétoire;

MaisLfi-tôt que la Hamme obfcurcira, les airs,

Il prépare aux Troyens de (huîtres, revers.

Huit-or (a: les vaiflÎeaux a porté l’épouvante;

La terreur va fouir de fa bouche éeumautel:

Sous [es larges fourcils [es yeux étincelans

E

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l

r

76 L’ILIyADlGAnnonceur aux Troyens (es projets violens.’

Son panache bêtifié fur (on cnfque s’agite,

Tout (e relient enfin du deiTein qu’il médite;

Et ne voulant porter que des coups aiTure’s,

Il s’élance au milieu des bataillons ferrés.

Le Grec, fans s’ébranler, (carient avec courage

Le choc d’un ennemi, fier, écumant de rage;

.Tel qu’on voit un rocher, fur le bord de la mer,S’élever jufqu’aux.cieux 8: braver Jupiter,

Son front réfifle au choc d’une horrible tempête,

Et dédaigne les Hors qu’à (es pieds il arrête:

Mais Hector ennuye’ d’unvrriomphe douteux,

Serré de près les Grecs de Tel mêle avec eux.

Tel preflë par la Faim. un lion en furie. ITombe fur un troupeau paiflânt dans la prairie,

Soudain à foniafpeâ le timide berger

Prend la Fuite être mer à l’abri du danger,

Quand le fier animal, plus carnafIier encore,

Sur le premier taureau [e jette 8; le dévore; I r

Tel au milieu des Grecs Heéror, dans (a fureur,Renverfe Périphès de lui perce le cœur;

Toujours les Argiens fi: batteur en retraiteEt déja des vaifieaux l’enceinte en: imparfaite;

Près de leurs. pavillons ils redoublent d’efforts,-

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D’ H o M a a a; 71:Arrêtés par l’honneur, la crainte de les remords.

Neilor qui de la Grece elt le dieu tutélaire,

Admire encor aux rois (a touchante priere :,

u Chers amis, leur dit-il, foyez toujours guerriers;a Gardez-vous de porter l’opprobre en vos foyers;

a Dans les événemens rappellez-vous fans celle

" CC qui peut dans vos cœurs émouvoir la rendrelTea

u Hélas L que vous’diroient vos femmes ,. vos. enfans,

Vos peres généreux, vos illulltes parens,à:En vous voyant couverts de honte 8: d’infamie!

3Entendez parma voix la nature qui crie :«Vous,4Grecs, jadis vainqueurs , redoublez vos efforts;

u Et pour nous , foutenez vos belliqueux. rranfports. u.

Ces mots ont dans les cœurs ranimé la Vaillance. ,’

Quand Minerveldes Grecs prend encor la défenfe ,3

Déchire le bandeau qui leur couvre les yeux,

Et leur fait vois Hector moins fort qu’audacieux;Le fils de Télamon , armé d’une maline ,

Va défendrela flotte en (à val’te étendue,

Exhortant le (oldat à former des rempartsAutour de leurs vaill’eaux’, de leurs corps , de leurs dards.

A l’exemple d’Ajax , Heéror plus intrépide ,

Porte dans tous les rangs la fureur qui le guide;

* E in

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72’ L’ILInDa’?

Jupiter qui toujours feeonde (es moyens,A Triompher d’Ajax. anime les Troyens.

Le combat recommence ainfi que le carnage e

On croiroit , à les voir montrer tant de courage,Qu’ils n’auroienr point encore eiTuyé de combats à ’I

D’une fureur égale , ils volent au trépas:

Le Troyen en l’attaque de le Grec en défenfe ,

L’un le livre au triomphe de l’autre à l’efpe’rance.

Cependant c’eflpI-leé’tor, armé de [on flambeau

Qui monte le premier fur le fameux vailleauSur lequel Protéfile avoit perdu la vie

Au moment de toucher aux rives de Phrigie.C’ei’t-là que les guerriers, fans dards, fans javelots,

Vont décider du fort d’Ilion 8: d’Argos.

L’une enfin pour toujours doit triompherde l’autre,

Mais hélas ! Argiens, quel efpoir eft le vôtre! IDéja le fier Hector fur la poupe affermi

Et la torche à la main, menace l’ennemi;

sa Vous, Troyens, leur dit-il , portez par-tout la Hamme ,

» Secondez la fureur qui dévore mon urne;

Ce grand jour va tarir la fource de vos pleurs

Et mettre fans retour un terme avec malheurs. a.a

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D’Ho’MEnE. 73.Tandis qu’un même efpoir flatte les deux armées,

Les Troyens [ont munis de torches enflammées.

Ajax, le fier Ajax, fur le tillac monté,

Voir le danger, l’attend fans en être allaité.

tO vous l Grecs, leur dit-i1, cette grande journée

a: Doit enfin mettre un terme à notre deilinée;

a: Puifque vous n’avez plus de tours ni de remparts,

a Mettez-vous à l’abri fous lesidrapeaux de Mars:

u Il faut vaincre ou mourir, 8e dans doue furie ,sa Regardçz’ vospvaiil’eaux comme une vautrebparrie. u

Il dit, dans l’ardeur de (es bouillans rranfports,Déja douze Troyens defcendent chez les morts.

. .iéFirz du qàirzgz’em: Chant.

n

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L’I L IAD’E

DHOMEREpt

CHANT SEIZIEME.

se ’ tel

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Ë- , l 3L

ARGUMENT DU’SEIZIEME CHANT.

PATROCLE , conflerne’ de la deflzite de: Grecs,je prijente devant Achille, le vifàge baigné de larmes,

pour tacher de le fléchir ; Achille (Il inébranlable:

triais il lai prête fis armes-È [ès troupes pour le rem-

placer dans. les combats. Patrocle s’arme tandis que

Autome’don attele les courfiers ê qu’Âchille palle lui-

même fis troupes de je difivojèr à combattre. On fait

des libations à Jupiter. Patrocle, à la tête des Tire]:

filiens , fondfitr les Troyens, qui , croyant que c’ejl

’Achille, prennent la faire. Heêlor cf! emporté par fis

chevaux. Patrocle , malgré l’ordre d’AcItiIle , pour-

fiiit les Troyens jufqite [bas leurs mitrailles , et le:auroit forcées s’il n’eût e’te’repowfi’par Apollon. HeEZor

ranimé par ce dieu, marche contre Patrocle ; le cornât:

t recommence avec plus de fureur: trois fois Patrocle efl

triomphant , à la quatricme il efl deyËzrnze’par Apollon ,

bleflè’ par Euphorbe ê tae’ panifiât" , auquel il prédit

en expirant fit malhearcujè dejline’e.

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lll

CHANT s E1 ZI-EME,’

Tueur s que du vaill’eau le fort-Hi incertain,"Patrocle vers Athille’ cil Ar’ongéiîde’. chagrin; Il 1* ’

Une fource de pleursrino’nde fou vvifdgee’

Tel que fur cuti rocher on’voi’t pendantl’orage ’ a.

Les eaux s’accumuler par’la’force des vents,

Et changer’fa’furface en dewaflès rotrens;

Tel on voirrce guerrier au milieuvdes alarmes", - - 1Le front couvert d’ennuis, les yeux baignés de larmes,

Quand Achille lui dit: a» Patrocle, quels. malheurs

w Te font .ainfi gémir de ’lverfer tant de pleurs a: v

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78 ” L’IL-IADE’”

se Un enfant que l’on veut arracher à fa mere, i

a Qui s’attache à fan foin de qui (e défefpere,

u En cherchant un appui dans res débiles doigts,

n Ed le parfait tableau du trouble ou je te vois.n Dans ton emprefl’ement, dans ta douleur mortelle

a! Viendroîs-tu’m’annoncer. que la Parque cruelle

a! A fini les deflins des auteurs de nos jours?u Ménel’rius, Pélée. . . i . ah l parle fans détours;

a: Dis, que le fort des Grecs, malgré leur injullice;

r a Occupe tes efprits 8c fait [cul ton fupplice. u

Patrocle dont la voix s’éteint dans les fanglots,

Cherche à fe faire entendre 6c s’exprime en ces mots:

a: Invincible héros, vrai foutien de la Grece,

u Pouvez-vous condamner ou traiter de foibleffe

u La douleur que je fens de voir tantale lauriersn Se flétrir fur le front de nos braves guerriers!

sa Tous nos chefs font blelTés, Diomede , Euripile,

sa UliîÎe, Agamemnon, quand vous, cruel Achille,

a Vous goûtez fans remords le barbare plaifir

u D’infulter à leurs maux 86 de les voir périr. . .3

à (Ciel ! garantis mon cœur d’un courroux fi funelle )!

a Achille l de nos Grecs fauvez-au moins le relie 5sa La patrie aux abois demande un défenfeur,

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D’Homsrtn. p794. ne Et celui qu’elle appelle en dédaigne l’honneur

n De Pélée de Thétis tenez-vous la naifiance!

a: Non , vbus préféreriez la gloire a la vengeances

a, A votre dureté je vous croirois formé

, » Du débris d’un rocher par les Hors animé,

n Ouplutôr- que Thétis, par un finiiire augure,

n .A fournis le héros aux loix de la nature.

n Si l’amour de la gloire cil pour vous fansea’ppas ,

Eh bien l de votre ami daignez guider les pas!Daignez le revêtir de l’éclat de vos armes, s

a: Et que l’ombre d’Achille appaife nos alarmes:

a! Soudain à cet afpeéh les Troyens effrayés i

se se croiront trop heureux de gagner leurs foyers,a! Tandis que nos guerriers, a l’abri du carnage, inx Sous les drapeaux d’Achille auront plus de courage. si

Il dit mais il ignore, en fou bouillant tranfport,Que cet efpoir flatteur le conduit à la mort.

s» Glenn, dit Achille, infulter aima gloire,un Et d’un oracle vain rafraîchir ma mémoire?

a Thétis, en m’annonçant l’arrêt de mes dellzins,

s N’a point, de Jupiter confulté les deileins.

u Apprends que mon efprit n’admet point les preiliges;

a Je confer): à t’armer, ami, fi tu l’exiges :

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8o .L’ILIADE’u Mais ne t’abùfe pas fur les droits de mon cœur,

sa La feule Btiféis peut calmer ma fureur.

u Aurois-je varans trôuble un fimple fils d’Atte’e

a S’arroger un pouvoir fur le fils de Pélée!

sa Je hais Agamemnon, je le hais fans retour» Depuis qu’il m’a ravi l’objet de mon amour.

sa Je mettrai cependant’un terme à ma.vengeance,

a Peut-être à mon courroux ,A jamais à ma clémence.

sa Les Grecs l’éprouveronr ,i de j’attends en repos

se Que,la flamme 8c le fer menacent. mes’vaiil’eaux.

A punir des ingrats mon cœur trouve des charmes;a: Mais l’infiant eft pteflant, Patrocle , prends mes armes,

a Je me rends à tes voeux,’va, conduis aux combats

u Mes fiers Thelïaliens ,. qu’ils marchent fur tes pas.w Si destGrem aujourd’hui lavaient eû’éteinte’;

,, S’ils font trop toilettés dans une, étroite enceinte;

,; S’ils ont contre le fort ’épuifé leurs moyens 1 v

,, Sans avoir ralenti l’audace des Troyens, V

,, Leurgdéfaite,.Patrocle , eût été moins facile

’,, Si l’on eûttvu briller le bouclier d’Achille.

,, Sous mes coups redoublés le Xante dans l’es flanc:

,, N’aurpit pu contenir les morts 8: les inourans.

a, Ce fameux Diomede en tous lieux fi terrible,,, Près du vaillant Heétor n’clt donc point invincible!

,, Du

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, D’HoMEnE; 81: «

.

;, Du fier Agamemnon je n’entends plus la voix

,, Quand le fils de Priam parle par fes exploits.

,, Patrocle, c’efl à toi de frapper mes oreilles

,; Par le bruit éclatant de tes rares merveilles;

,, Vole au champ de Bellonne, 8: pard’heureux travaux,

,, Du progrès des Troyens garantis mes vaiHèaux.

,, Mais’lorfqu’à tes defirs, ami, je m’abandonne,

,, Sois fur-tout attentif à l’ordre que je donne;

,, Sitôt que l’ennemi cqnnoîrra la terreur,

,, Content de (a déroute, appaire ta fureur:,, Reviens ,’lailTe les Grecs 85 le cruel Atride

,,’ Se nourrir des remords de leur complot perfide

,, Pour qu’un inflant de gloire amene les efprits

,, A rendre à mon amour ma chere Briféis. y

,, Maislfi de Jupiter la puillanee fuprêxne,

,, Couronnanr tes fuccès, les portoit à l’extrême,

,, Modere ton ardeur, Patrocle, «Se garde-toi p p,, De prétendre aux lauriers qui ne (ont dûs qu’à moi;

I5, Alors laille aux Troyens le deflin des batailles,-

’,, Et crains de les pourfuiere aux pieds de leurs roumaines;

,, Grains , te dis-je: les dieux, protee’reurs d’llion ,

,, Pourroienr bien mettre un Frein à ton ambition.,, Mes vaifl’eaux à l’abri, laine les deux armées

,, S’acharner, le détruire; 8c de fang affamées ,1

Tome Il. i F.

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32 L’ILIADE,, Puifl’ai-je voir enfin le glaive meurtrier î-

., Des Grecs 6c des Troyens immoler le dernier! a

Cependant fur (on bord ,I Ajax par (a vaillance,Cppofe à l’ennemi la force 8: la confiance.

(De, mille traits lancés (on cafque retentit,

Et, malgré [es efforts, (on bras s’appefantit,

A. peine foutienbil le poids de (on armureQuand (a valeur l’entraîne à forcer la nature:

De torrens de [nelu- (on corps cit inondé

Sans accurer le ciel qui l’a mal (econdé.

70 Mufes! des Troyens peignez-nous la Furie,Dites qui du vailÏeau prépara l’inCendie:

Ditesic0mment Hector , enflammé de courroux,

Fait tomber fur Ajax (es plus terribles coups;VEtcomment le Troyen , malgré [a réfiiiance,’

Vient, l’approche, le Frappe 8: lui brife fa lance.

I ’Ajax, qui ne feint plus qu’un tronçon dans (a main.

S’en prend à Jupiter de ce coup inhumain , lEt [oumis à ce dieu , gémit 86 fc retire.

. Auflî-tôt les Troyens fondent fur le navire,

Lanceur fur le tillac leurs brandons allumés,Et l’on voit à l’infiant leurs agrêts enflammés. i

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’D’HOMERE. 83fichille qui de loin apperçoit l’incendie,

Se frappe les genoux, le lamente 86 s’écrie:

n Ah ! Patrocle, il cit temps d’en arrêter le cours;

u Ma Hotte cil: menacée, elle attend le feeours

n D’un guerrier tel que toi : le danger cit extrême,

u Le moment efl: prenant, 86 je vai par moi-même

u Former les bataillons que tu dois commander.

u Je te laine, arme-toi... . u Patrocle , fans tarder,Chantre les brodequins, endofle la cuirafle, yPrend déja du héros la fiere 8: noble audace,

Saifit le bouclier, 8c (e couvre à l’inflzmt

Du calque formante d’un panache, éclatant.

Mais lorfqn’en (on ardeur tout lui paroir facile .ç

Il n’ol’e f: charger de la lance’d’Achille;

,Ccttelance terrible au milieu des combatsBit un trop lourd fardeau pour l’effort de [on brasé

Du centaure Chiron cÎe’toit le grand ouvrage,

Dont Pelée 8: (on fils pouvoient [culs faire ufage.

Soudain Autome’don, l’élite des guerriers

Et l’ami de Patrocle, attele (es courfiets,

Xanthe avec Balius, nés fur l’humide empire

Des volages amours de Podarge de Zéphire;

Ces faperbes courfiers, dans leurs freins écumans,

h F ij.1.

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84 L’ILIADEVont bientôt égaler la vîtefi’c des vents.

Pédaze, quoiqu’iiTu d’une race mortelle,

I Par (es hennifl’emens demande qu’on l’attele :

On le place, 8C déja par [a célérité

il partage l’honneur de la rivalité.

Dans le camp cependant l’ardeur fils de Pelée

De (es valeureux chefs convoque l’afl’emble’e;

Mille 8: mille foldats quittent leurs pavillonsEt forment à l’inflant de nombreux bataillons:

Tels des loups attroupés a; repus de carnage -

Traverfent les forêts 8c gagnent le rivagePour étancher la (oif dont ils [ont dévorés;

Tels’les Thefl’aliens: de la gloire enivrés,

Brûlent de fignaler l’ardeur qui les anime

Pour mériter d’Achille de l’amour 8c l’eliime.

Cinq bataillons [ont prêts à marcher aux combats

Et leurs chefs (ont nommés pour diriger leurs pas.

Méneflius choifit la premiere phalange, V

Sous la loi d’Eudorus la feeonde le range,

Les autres fous Phænix , nyatidre, Alcyme’don,

Annoncent leurs exploits par leur ambition.

n Tout eli prêt, dit Achille. Amis, fi votre audace

a Fit toujours fuccéder l’effet à la menace,

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D’ H o’- M E a a. 85j

a Les voilà, ces Troyens, les voilà, combattez,n Bannii’l’ez vos foupçons trop louvent répétés,

» Et le reproche amer qu’en (ecret vous me faites

u D’avoir pour quelque teins fur pendu vos conquêtes.

a! Achille , difiezsvous, quel puili’ant coup du ciel

Vous force à. vous nourrir d’amertume 6c de fiel?

Quand verrons-nous finir cette injulie colere

8

3

uUQui nous fait renoncer aux honneurs de la guerre!2Attachez au repos de valeureux guerriers

a Par vous accoutumés à cueillir des lamiers;

Tels étoient vos defirs , tels étoient vos murmures:

3Mais je veux oublier ces. mortelles injuresa Puil’qu’enfin en ce jour ,. dociles à ma voix,

u Vous allez les laver par de nombreux exploits..sg’.:

ï Soudain à ce difcours le corps d’armée enfemblë’

Se rapproche, s’unit, (e ferre, enfin refi’emble ’

A ces murs élevés fur d’épais fondemens U

En e’tat de braver l’effort des élémens, i

Dont la pierre enri’es joints parfaitement unie.

Prouve de l’ouvrier le foin 8: l’indufirie;

t’De même des guerriers les bataillons épais ü

Préfentent aux Troyens une malle de traits. -

Patrocle, AntomédOn, Paris tarder davantage;I

u.F Il]

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86 .1.’ I L 1 A D rBrûleur de leur donner l’exemple du courage. .

Achille cependant, pour accomplir (es vœux ,

Va chercher dans fa tente un vafe précieux,Digne préfent du ciel, qu’il reçut de fa mere

Pour orner les autels du maître du tonnerres.

Lotfque par lui, vainqueur de tant de nations,Il portoit fou encens de fes libations :À

Cette coupe avec foin par le foufte épurée

Hi remplie à l’infiantde la liqueur facrée ,

Puis s’adreH’ant au ciel : u Puiffant maître des dieux!

1’» Dit-il, fur nos defiins daigne jeter les yeux!

la. Souverain protecteur des (elles de Dodone ,

a Je cours à la vengeance 86 c’eft toi. qui l’ordonne.

l.Paille donc ta faveur couronner les exploits

a. D’un guerrier vertueux dont mon cœur-a fait choix:

Donne au bras de Patrocle une force nouvelle ,a: Egalc tes bienfaits à l’excès de fou zele; y

Qu’Heétor en le voyant fier , courageux ,

Doute toujours du choix à faire. entre nous deux;W

Et qu’enfin ce héros, du milieu’des alarmes,

Rapporte près de moi fcs lauriers ,8: mes armesua

Jupiter à Patrocle accorde les lauriers ,1

, .Mais non le’doux cfpoir de revoir fes foyers.

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Il

n’Hourttr. 87Achille fe failit de la coupe fartée,

Tandis que de carnage de de gloire enivréeL’orgueilleufe phalange annonce avec éclat

L’impe’tueux defir de voler au combat;

Tels qu’au bord d’un chemin, des frélons fédentaires,

Troublés dans leurs repos par les jeux téméraires

D’indociles enfans, forment des tourbillons

Et fur les voyageurs dardent leurs aiguillons t"

Tels les Theffaliens , pleins d’ardeur , de courage;

D’un fuccès éclatant fe retracent l’image. ’

se lllufites compagnons, dit Patrocle, fougez n ln Que, fous lesétendards où vous êtes rangez,a» C’eii du fils de Thétis’qu’il faut venger la gloire;

a Qu’à fon cafque, à fon nom , vous devrez la viéioire’,

au Et qu’un nouveau laurier- fur ,fa tête placé .

au Faire- rougit .lesl’Grecsde l’avoir olfenfé; V Ë

. l ’.t . ’Il dit ,Ales bataillons à fou Ordre obéiffentv

I Et déja de clameurs les deux camps retendirent.A l’armure d’Achille , à l’afpeét des guerriers,

Les fuperbes Troyens reculenreifraye’s.’

Patrocle dans les rangs foudain fe précipite;

. Les premiers renvetfés, le telle prend la fuira.Le héros, en portant du fecoiirs. au vaillent»,

Fit

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88 L’ILI’ADERencontre Pyrechme’s de le met au tombeau;

Il foule aux pieds les morts pour gravir le navireQue la flamme déja commençoit à détruire.

Il ’tall’ute les Grecs, fait étouffer les feux

Dont l’épaule fumée obfcutciffant les cieux

Infpiroit la terreur 3 mais les flammes éteintes,

Il jette fes regards fur ces trilles enceintes:’Ainfi qu’un voyageuryqui fe croit dans la nuit,

Lorfqu’un nuage épais remplit l’ait , l’obfcurcit;

Mais fi-tôt que lesxvents ont diflipé l’orage,

La lumiere renaît pour briller davantage.

z Toujours. fur le vailfeau le combat fe fondent;«Une’égale valeur l’anime ô: l’entretient.

Ajax à vaincre Heâor dans fa rage s’applique,

Et’choilîi le moment de lui lancer fa pique 5

Mais toujours attentif, le fuperbe guerrierOppofe à tous les traits fon large bouclier.

Cependant le Troyen, d’une terreur fubite,

S’élançe du navire 85 foudain prend la fuite ;

Tandis que les foldars par les Grecs renvetfe’s,

Dans un défurdre’affreux franchiffent les foliés.

Les chats de les courfiets font erransvdans’ la plaine;

Ccnnoilfaiit ni chemins, .ni la main qui les mene;

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I

D’HOMERE. 89L’épouvante les fuit, 85 l’on voit après eux

S’élever dans les airs des tourbillons poudreux.

Patrocle fuit Heé’tot ; En écuyer habile

Il franchit les foliés fous les courfiers d’Achille: ,.

Sur un corps de Troyens au carnage échappé

Il,’tombe avec fureur, quand fon efprit frappé

Du cruel fouvenir fi contraire à fa gloire,De ne point afpiter à l’entiere viéizoire.

Cependant il ne peut fe refufer encorL’efpoir de (on triomphe à la fuite d’Heél-or.

Il tenverfe à fes piedstdes cohortes entieres;

Il fait voler par-tout des javelots, des pierres;La pitié dans fon cœur a perdu tous fcs droits

Quand. Telior, effrayé de fes brillans exploits,

A l’abri de fon char fe tenoit en arriete,

xi Efpérant éviter fa fureur meurtricte:

Patrocle , qui-le voit, lance un dard affuré

Qui dans fa bouche ouverte avec force cil entré.’Ainfi que le dauphin que l’hameçon attire ,

se trouve à la merci du pêcheur qui le tire,

Tel cil; de ce guerrier le fidele portraitQui rénd à fou vainqueur de fon ame 801e trait.

Sarpédon pénétré d’une douleur amere

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99 L’ILIADEDe voir tant de Troyens couchés dans la poufiîere.

Et (es fiers bataillons fuyant de tous côtés, iS’écrie: n O Lyciens l ô lâches l arrêtez;

a Quand l’heureux Sarpe’don s’emprelTe à vous défendre,

a. De (es nombreux (accès vous devez tout attendre;

a En bravant ce vainqueur on va voir entre nousa Qui des deux fait porter les plus terribles coups.»

Il a dit, 8(- foudain de (on char il s’élance,

Et, le glaive à la main, vers Patrocle il s’avance

Jupiter , qui prévoit les fuites du minbar;Gémit’, le défefpere en ce cruel état;

Il va trouver Junon a: lui dit: n O décile!a: Qui veillez (ans relâche au deflin’cle-I la Grecc!

Voyez l’affreux carnage ô: mon fils Sarpédon 2

aPrêt à perdrel le jour fous les murs d’llion !’

huant-r41 qu’à (on fort Jupiter l’abmdonne?

tOu que dans ce combat la gloire le couronne au

u Le defiin, dit Junon, cl! feu! à prononcerS’il vous faut le défendre ou bien y tenancer-

n Vous [avez que le çiçl abAndoxmerà la! Parque.

Le droit de s’emparer du fujet , du monarque;a Sarpédou cit fournis aux. arrêts". duÏdçüinî: I

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D’HOMERE. 91u LaifTez-le donc combattre, 8: s’il court à (a fin,

Ordonnez à la mort, fi telle cit votre envie,Que-(es relies fanglans (oient portés en Lycie, 8

EAfin que (es parens , dans un lugubre deuil,s Elevent au héros un fuperbe cercueil. n

p -Elle a dit, ée le dieu qui lance le» tonnerre

L’abandonne au defiin , 8: déja fut la. terre

Un nuage de fang prévenant fes décrets ,

En inondant la plaine annonce (es regrets;Ce prodige" nouveau, ce finiftre préûge,

Des braves combattans n’éteint point le courage.

De Patrocle déja. le javelot lancé

Va frapper Trafimede, il en cit renverfé;Celui deISarpédon à s’élancer facile ,

Porte le coup mortel fur un. coutfiet d’Achille,

Pédale, qui le cabre 8c tombe fur le char fQuand les deux immortels fe jettent à l’écart:

I L’effieu criezôc la guide encoreembarralrée

E3 par Automédon foigneufement briféel

Mais Patrodo’en Fureur approche fou rival ,Qui d’un dard acéré reçoit’lescoup fatal;

tll fléchit fur fou char 6e (e débat encore,

Mugit comme un taureau que le lion dévore.

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92 L’ILIADE.Dans les derniers accens il appelle Glaucus:

a Cher ami, lui dit-il, Sarpe’don ne vit plus;

u Mon ame cependant s’arrête fur ma bouche

Pour t’exprimer encor le defir qui me touche :

Appelle à ton recours mes braves Lyciens,

ce Enleve ma dépouille en proie aux Argiens.

u Quelle honte pour moi li dans cette journée

en Les armes de Glaucus devenoient leur trophée ! a)

Mais Patrocle arrachant le glaive de fou flanc,Fait fouir à la fois 8e [on ame 8: (op Gang.

Le malheureux Glaucus gémit dans (a trifielle

De ne pouvoir remplit le vœu qui l’intételle.

Dans res derniers defirs Sarpéclon ignoroit-

Que Teucer fur Glaucus ayant lancé le trait-

L’avoit atteint au. bras; il foupire 8: s’écrie:

,, Apollon ! que l’élan de mon ame attendrie

,, S’eleve jufqu’à toi ! daigne entendre mes vœux

,, Si ton penchant te porte à faire desheureux!,, Grand dieu ! dont les-rayons raniment lainature,’

,, Viens adoucir mes maux 8c guérirma blelTurel,, Accorde à ma valeur-la puilTance- d’agir1 ’

,, Contre un guerrier cruel que je voudrois punit! neA l’infianr Apollon exauce’fa priere,

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D’HOMERE. 9;Et lui tend fa vigueur 8: (a vertu guerriere; VLa blefl’ure efl: fermée 8: le fang prend l’on coursç

Il a vu Fuir Ideé’tor, il vole à [on fecou’rs;

Tandis que (a phalange à le battre confiante,Défend de Sarpédon la dépouille fanglante.

u Fils de Priam, dit-il, ingrat! quand vous fuyezu Vous mettez dans l’oubli vos vaillans alliés;

v Regardez Sarpé’don étendu fur le fable :

n Ce Roi des Lyciens, guerrier recommandable.eVoyez de l’es foldats les généreux efforts J

u Pour difputer aux Grecs l’es armes 8c [on corps. si 1

Hector à ce difcours rappelle (a cohorteEt près de Sarpc’don [on ardeur le rranfporte.

Patrocle à [on approche a ranimé les ficus lQuand d’une ardeur égale il brave les Troyens.

a Vous, Grecs qui m’entendez, dit-il, votre courage

sa D’un glorieux butin vous offre le partage;

r a Ce roirqui le premier menaça nos rempartsu Vient d’éprouver enfin la pointe de mes dards. 4 l

a: il ne vous manque plus, au milieu des alarmes;a Que l’honneur d’enlever de (on corps 8c l’es armes. u V

Déia les deux partis , tranfporte’s de Fureur, I yAutour de Sarpédon fignalent leur valeur.

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’94 iL’I-LIADEJupiter qui les Voir , par des nuages fombres,A’l’égal de la nuit a fait régner les ombres ,

Afin que cent guerriers, par les deflins choifis,Puiflent être immolés aux manes de (on fils.

Sarpédon cit couvert de fang 8c de pouliiere 5

A peine connoît-on (on armure guerriere’:

Sa cohorte-’Lemprell’ée à lui fervir d’appui,

Sans craindre le trépas , combat autour de lui.

Semblables aux ell’ains de mouches aguerries

Qui viennent s’abreuver du lait des bergeries, I

L’un fuit la main du pâtre aétif à le chalTer,

Quand l’autre lui fuccede 8c vient le remplacer.

Le fouverain’ des dieux, dans (on ame éperdue,

Sur (on fils Sarpe’don jette toujours la vue:

’ Dans (es vafles defi’eins il délibere entier

S’il doit livrer Patrocle au javelot d’Heétor,

Ou s’il faut que les Grecs , pour expier leurs crimes,

Immolent à [on fils de nouvelles viaimes;

Maisle dieu fe réfout à ce dernier parti.

Quand Patrocle en (on cœur l’a déja prefl’enti.

Pour la. (econde fois il.voit Heé’tor en fuite,

’ Il monte (uni-on chat, (e met à fa’poùtfuite:

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D’ H o M a a a. 9;T out tremble devant lui ; fous (es coups redoublée

Troyens de Lyciens (ont enfin immolés.

Jupiter fatisfait dit au fils de Latone:u A tes foins généreux mon aine s’abandonne;

u Va ,. cours au même inflant aux plaines d’llion,

l sa Du pillage des Grecs enleve Sarpédon:

u Baigne (on corps glacé dans les eaux du Scamandte,

u Invite le Ïommeil 8c la mort à s’y rendre.

u Que de parfums divers l’on corps (oit embaumé

en Pour être, par les liens avec pompe inhumé,

a Que la Mort , le Sommeil à qui je le confie,

u Après tous ces honneurs, le portent en Lycie. a:

A ces mots Apollon, le Sommeil 8: la Mort,’A remplir ce devoir fignalent leur tranl’port.

Mais Patrocle, aveuglé du fuccès des. batailles,

"A poulTé les Troyens aux pieds de leurs murailles;

Son bras (e baigne encor dans le fang des vaincus,Et de l’ordre d’Achille il ne le fouvient plus.

Quand Apollon, placé fur les remparts de Troie,

Voit approcher Patrocle, 8c le voit avec joie.Déja lerfier guerrier trois fois monte à l’allaut,’

Et trois fois Apollon brille. (on javelot.

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96 L’ILIanEv Retire-toi, lui dit le dieu de lumiere,u N’erere point jouir d’une viétoire entiere;

n Tu n’entreras jamais dans les murs d’llion: .

sa Imprudent, mets un Frein à ton’ambition. n

Patrocle, intimidé d’avoir un tel émule,

Abandonne l’all’aut, prend Fes rênes, recule:

Quand aux portes de Scés Heéior cil: arrêté,

Rougillint en Fecret de tant de lâcheté. ’

Il délibere encor s’il doit combattre Achille

Ou s’il doit préférer à rentrer dans la ville.

Le guerrier indécis, Apollon n’attend plus

A le montrer à lui Fous les traits d’AFe’us.

» Fils de Priam , dit-il, qui peut donc vous abattre

sa Au moment’du triomphe, au moment de combattre! ,

a Si le ciel, comme à vous , m’eût donné la valeur,

De ces Grecs en ce jour je (crois le vainqueur.n Ce Patrocle effrayant n’eli que l’ombre d’Achille,

a: Et pour le vaincre, Heéior, tout vous fera Facile:C’en: de vous que dépend le Falut d’llion;

v Allez 8: méritez le Fecours d’Apollon. n

A ces mots le héros cede au Feu qui l’entraîne,

Et déja (es courfiers l’ont conduit dans la plaine.

Apollon fut les Grecs fait régner la terreur

Quand

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D’HOMERB: ’93Quand aux cœurs des Troyens il porte la valeur.

Heâor qui Fur l’on chat à Patrocle Fe montre,

Ordonne à Cébrion d’aller à Fa rencontre.

Si-tôt que l’écuyer afpire à l’approcher,

Patrocle au même infiant le failît d’un rocher;

Le lance avec Fureur , vl’atteint à la vifiere, Î

Et Cébrion du coup tombe dans la poufliere. iPatrocle triomphant veut (e jeter Fut luiQuand Hector vient défendre un généreux ami :-

On croit voir deux lions affamés de carnage

Se dinuter un Faon en proie à leur courage.

Les Troyens 8c les Grecs Font de nouveaux efforts,l

Et cent braves guerriers dchendent chez les morts;Mais Heé’tor qui triomphe en Ce moment de gloire .

Des relies du guerrier couronne (a vié’toire.

Patrocle qui veut joindre à Fes faits éclatans

L’honneur de’Fe mêler parmi les combattans;

Trois Fois que ce héros a fait tomber fa lance ,

.T rois. illufires guerriers "ont Fervi Fa vengeance.

Mais , hélas ! c’en eli: fait, le cruel Apollon

Le Frappe 8: le punit de (on ambition;Il tombe de ne voit plus qu’une Faible lumierez’

Son canue avec éclat tombe dans la pouliiere;

Ce canue, l’ornement du plus vaillant des rois ,

Tome Il, G ’

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98 L’I.LIADE’D’:H’0MERE.’

Ell de poudre Fouillé pour la premiere Fois.

Patrocle de (es mains laide tomber Fa’ lance,

Son arc, Fes javelots, quand Euphorbe s’avance,

Jeune guerrier drefl’é dans les travaux de Mars,

A dompter les courtiers, à conduire les chars,Ce fils de Panthoüs, qu’un vain eroir anime,

Veut être le premier à Frapper la viétime.

Il a blairé Patrocle den’ofe cependant,

Par frayeur , approcher du héros expirant,

Quand Heâor qui le voit lever Fa tête altiere,

Soudain du coup mortel termine Fa. carriere.

Peu content du triomphe, a (on ambition,il voudroit joindre encor le fier Auromédon,

’ lQui dégage [on char avec autant d’adrelle

Que les,divins courfiers lignaient leur vitelle,

Fin du fiiïieme Chant. I I

un

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..... -..-

J L’ rI.L I me’ un (mon a .

CHANT Dix-surmena:ù

4’

ÎGii

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W.ARGUMENT DU DIX-SEPTIÈME CHANT.

PATROCLE, étendu [in le fihle, 1’le donne uncombat finglont pour défendre [on corps. Méne’las tu:

Euphorhc qui vouloit l’enlever , à va chercher [in

pour mieux jôutenir l’attaque 5 ils arrivent au moment

qu’Hec’Zor, après avoir dépouillé Patrocle , alloit lui

trancher la tête , mais il [à retire : Glaucus lui reproche

jà retraite. Hec’Zor revient au combat couvert des armes

d’Achille ; les Grecs fiant repouj’œ’s : Aida: les ranime l

Fêfirit un grand carnage des Troyens. Énée arrive excité

par Apollon, Ô le combat recommence. Les chevaux’d’Achillc pleurent la mort de Patrocle. Me’ne’las va

chercher Jmiloquc pour l’engager d’aller apprendre d

’idchillc la mort de [on ami g il le trouve en chemin :j

il revient auprès’du corps de Patrocle qu’il enleva avec

le fémurs de Mérion. Les Troyens flatulent fir aux,

mais les deux Aime [battement leurs efl’orts ê daman

le teins à Mérion 6’ à Ménc’los de l’emporter.

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’7’ w - "v z,

vuflj Nia r t * Î Î." l

..,. ......»....

.L’ILIADED’HOMERE,

«fifi-:2»,a vCHANT DILX-SEPTIEMEr

MÉNÉLAS , pénétré de la mort du guerrier,

S’empreffi: à le couvrir de (on grahd bouclier;

Kinfi que la geniiTe , au cri de la nature,Vole à tous les befoins de fa progéniture,

Premier fruit de l’amour qui dirige [on cœur;

Tel Ménélas et! prompt à montrer (on ardeur.

Euphorbe, en le voyant, lui dît: n O fils d’Atrc’eÊ

b A défendre mes droits ma main efl: préparée;

a Cette riche dépouille appartient au vainqueur;

- J’ai porté le premier le glaive dans fou cœur.

CH)

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192 L’VILIADEj: Je prétends qu’Ilion fait témoin de ma gloire;

Tremble de me ravir le fruit de ma-viëloire. a: l

a. O paillant Jupiter ! dit Ménélas, ô dieux!

aVerrez-vous fans dépit ce jeune audacieux,

Qui furpaflë en fureur le lion, la panthere,’

a [errer fur Méne’las un glaive téméraire! A

u Cruel fils de Panthus ! crains le même deliin’w

. Que ton frere infolent éprouva de ma main. u

Mais l’orgueilleux Troyen répond au fils d’Atréeà

u ’Imprudent ! c’eût donc toi dont lalmain allurée

a Dans le flanc de mon frere a porté le trépas!

si Ne crois point échapper à l’efiort de mon bras;

3» Ce cher Hipéronor qui des nœuds d’himenée

a Avoir vu depuis peu favflamme couronnée,

a) Quoi, barbare l c’efi toi qui l’a mis au cercueil

Pour remplir (einiaifon de larmes Be de deuil!»

Il a dit, 8: (oudain le frappe de (a lance;

Maisfon débile bras trompe (on efpérancei

,Lorfque de Méne’las le dard en (on entier

’Atteiut, perce le front de ce jeune guerrier;sur le fable il étale-aux regards de l’armée

Sa lblonde chevelure artificment bouclée:

Tel que d’un olivier le jeune 8c verd rameau

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P5.*

n’H o M s a r. 1’033- S’éleve avec orgueil fur le bord d’un wifi-eau ,ï

Et cede molementau (enfile du Zéphire

Quand le lier Aquilon, ferrant de [on empire;Entraînant avec lui les vents impétueux,

Vient-troubler l’univers par un ravage afireux;

L’olivier renverfé, (on tronc 85 (on feuillage

Se brifent par éclats de couvrent le rivage, -

De même on voit Euphorbeaux pieds de Ménélas; v

Sous les traits de Mentés, d’Heétor fuivant les pas,

’Apollon l’arrêra dans (a courre inutile:

b Tu fuis en vain, dit-il, les prompts courliers d’Achille,

Ils ne rempliroient point tes vœux ambitieux; au3Celle "de les pourfuivre 8e détourne les veux

a Vers l’endroit où tu dois fignaier ta vaillance : IÜ: Euphorbe chez Pluton te demande vengeance si.

Ce guerrier téméraire aux pieds de Ménélasl, a.

lPrès du corps de Patrocle, a trouvé le trépas: si

Aux regards des Troyens que (on audace arrête r:

l I . .L . A - .. Menelas le difpofe à ravir (a conquête , . . ..Sur Euphorbe il s’élance afin de dépouiller -;. Ï il

Et. l’armure de les dards du malheureux guerrier». v

Heétor dans tous les rangs, fait palier [on courages ,.

Dans lecteur du foldat qu’il trouve en (on Paflagi’è.

. G à.

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lof lL’ILIADEDe fa terrible voix Ménélas étonné,

Héfite en fan projet de relie conflernési

Il ne fait quel parti dans (on trouble il doit prendre;La raifon dans [on cœur cherche à. le faire entendre.

a Les manes de Patrocle implorent mon appui,sa Dit-il, puis-je ronger à m’éloigner de lui l.

a» Seroit-ce la frayeur r je n’en fuis point capable,

u Non. 85 de ce dépôt je deviens refponfable;

a, Et puifque Jupiter protcge les Troyens,a: Employons contre Hector d’autres bras que les miens;

a Ajax en: près de moi, que puis-je avoir à craindre:

à. De mourirfur Patrocle, 8c mourir fans me plaindre. si

Mais tandis qu’agité de ces penfers divers, i il

Les Troyens de leurs cris font retentir les airs 5Ménélas attentif voit Ajax de l’appelle z

a Cher ami, lui dit-il, dans ma douleur mortelle,w Et ,malgré tous mes foins, me faut-il voir encor

a Les armes de Patrocle entre les mains d’HeCtor?

en Non, lorique jufqu’à toi ma voix le fait entendre;

a Je verrai les Ajax voler pour les défendre. sa

Ce’dilcouts frappe Ajax, dans (on premier effort,

Des relies de Patrocle on voit changer le fort.Hector s’était déja faifi de (on armure,

Il voulant gifqu’au bout aggraver [on injure,

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D’H o M a a a; le;De fa tête il alloit en (épater le tronc ’ ’

Quand Ajax [e difpofe à parer cet affront;Heâor à (on afpeét s’arrête 8: le retire,

Voyant qu’à (es delirs l’armure peut fufiîre,

Il charge l’un des ficus du glorieux butin h wPour annoncer d’avance un triomphe certain:

a: Va, dit-il, ajouter à ma gloire panée lu Celle que doit me faire un fi riche trophée. si

Il monte fur fon’char quand Ajax, peu furprisDe l’effroi qu’il infpire au frere de Pâris,

Des relies de Patrocle entreprend la définie.

Mais Glaucus fuit Heaor, 8c rompant le fileuceï

in O vous! fils de Priam, dit-il, en ce revers ,a) Arrêtez 85 (ouïrez mes reproches amers;

u Votre valeur efl loin de votre renommée ;a» Et vous n’êtes point fait pour conduire une armée:

w N’ayant que des Troyens peut défendre Ilion ,

a: Comptez-vous fatisfaire à votre ambition a

sa De tous vos alliés n’attendez plus le zele

a: Qu’ils ont mis r fervir votre injufie querelle;

n N’efpérez pas du moins que mes fiers Lyciens

a Combattent déformais contre les Argiens.

i2 Quand le grand Ëarpédon, l’honneur de la Doit a

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106 L’ILIABE"A trouvé le trépas aux plaines de Phrigie;

aIlPuisuje voir fans dépit se fans être étonné

Le corps de ce ,hétosaux Grecs abandonné!

Ce fils de Jupiter, ce défenfeur de Troie, 8

Des chiens 8: des vautours cit peut-être la proie. av

Quand celui de Patrocle encore en. fûreté

tRelie au pouvoir des Grecs par votre lâcheté,

a. Ilrnous ravit l’efpoir, dans ce malheur étrange;

aDe faire des deux cerps une honorable échange s

,, Mais du vaillant Ajax le terrible regard,, Vous a fait à l’inüant monter fur votre char. ,,’

f ;, Glaucus, répond Heétor, je vous croyois florilège

’,, Pour d’ofer fans égard acculer mon courage.

,, Vous, brave Lycien que je vantai toujours v,, Pour l’efprit, les talens, quel! infolent difcours!

5, ouvez-vou i orer ne uivant ’oécurrence ,P s n q , f l,, Il faut à la valeur oppofer la prudence?

» ,, e vous éloivnez as de ’e vous ferai voirN a p . 1,, Qu’Hcéior eii toujours prêt à remplir (on devoir.

,, Vous m’infultez, Glaucus,’ vous me rendrez" jufiice.

,, Vous Tro eus, retournez 8: rentrez dans la lice;’

,, Combattez 8: fougez qu’il faut vaincre ou mourir.

,, Je vous lailTe un infiant pour aller me couvrir

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:7.

D’H o M E ne. ’ 107

Q, Des dépouilles d’Achille, ornement de ma gloire,

,, Elle doit aujourd’hui couronner ma viétoire:

,, Vous me verrez bientôt, combattez. . . . ,, Il a dit ,Et déja vers les murs (on projet s’accomplit.

Soudain il reparoît couvert de cette armure

Qui jadis de Pélée avoit fait la parure,

Digne préfent des dieux, dont la tendre Thétis;-

De l’aveu de Pélée, avoit orné fou fils.

Jupiter en pitié regarde Cette audace, -

Et balance la tête en ligne de menace.

Il fi: dit en lui-même z ’,, 0 prince infortuné!

,, A quels affreux deliins te vois-je condamné!

,, Ardent, préfomptueux 85 jaloux de ta gloire,

d ,, Tu crois toujours marcher de viétoire en viéioire.

,, Patrocle’cependanr, fur le fable étendu,

,, Va d’un ami terrible échauffer la vertu.

,, De quelques vains honneurs tu dois jouir encore;,, M415 ne te flatte pas que l’objet qui t’adore,

,, Andromaque, jamais reçoive de tes mains

,, Cette armure, le fruit de tes coups inhumains. ,,x

i Il a’dit’, 8c: foudain la redoutable armure. I

’A. pris du corps d’Heétor l’empreinte 8: la mefurc;

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log t.’ I IL r a n xfardent: foif du fang a pall’é dans l’on cœur; il

Il ne refpire plus que haine 8c que fureur.in Alliés, leur dit-il , que la gloire rafl’emble,

’ a Recommençonsl’attaqueôc matchons tous enfemble;

a: Contre ce fier Ajax redoublons nos efi’orts

à Pour ravit de Patrocle de l’armure 8: le corps:

a Celui qui l’obtiendra des mains de la viétoire

a Eli: fût de partager le’burin 8; ma gloire. u

Soudain à ce difcours les guerriers animés;

D’une nouvelle ardeur fe fentent enflammés. i

Ils ne s’attendaient pas qu’Ajax pour le défendre g

’Aux rivages des morts les feroient tous defcendre.

ÇA leur approche Ajax appelle Méne’las:

u Cher Prince, lui dit-il, ne vous effrayez pas;a Patrocle inanimé dans nos cœurs vit encore ,

a: Pour défendre [on corps [on ame nous implore :’

a. Appellons,’oppofons nos plus vaillans guerriers

u A ce corps hériilé de darda-de boucliers. n

a Vous, chefs, dit Ménélas, défenfeurs desAtrides,’

"a. Venez troubler Heâor dans les complots perfides.

a Pour entourer Patrocle éloignez tous vos chars ,

a Que vos (culs boucliers lui fervent de remparts. a

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12’ H o M sa a z. 10gIl n’a point achevé que le fils d’Oi’lée

’Arrive le premier fuivi d’Idomenée:

A peine Mérion entend-il Ménélas

Qu’il vole accompagné d’intrépides foldats;

Les Troyens animés par l’époux d’Andromaque

S’avancent à grands pas 8: commencent l’attaque;

Les Grecs couvrent Patrocle . 8c loin de reculer,Ont déja foutcnu le choc fans s’ébranler.

Jupiter occupé du compagnon d’Achille,

Contient l’effort Troyen de le rend inutile;

Et voulant fur [on corps étendre l’es bienfaits,

Il le dérobe aux yeux fous un nuage épais.

On eût dit qu’à l’infiant le dieu de la lumiere

mon fous l’horifon terminer fa cartiere :

Cependant on le bat; chacun de fan côté ’ r. ?

Fait preuve de courage 8: de témérité.

Hector fait fes efforts pour enlever fa proieQuand ,Ajax la dif’pute au défenfeur de Troie;

’Et les Thefl’aliens, couverts de boucliçrs, I

A défendre le corps font toujours les premiers:

Cependant loin du bruit les fiers courfiers d’Achille

Se tenoient, dans le camp fans chercher d’autre aryle,

Pleurant [ut le defiin du meilleur des amis

. 4...- .-- A. ,-r

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no L’ILIannQui venoit d’expirer peut le" fils de Thétis."

Sur eux A’utomédon agite envain les rênes,

Les invite à partir, les prieres font vaines;Ni la voix ni la mainn’ont de pouvoir fur eux,

Et le foin du guerrier devient infruétueux: v

Semblables. aux chevaux qu’un marbre repréfente g

Ils ne connoifi’ent plus l’ardeur ni l’épouvante;

La tête fans relions, les’yeux baignés de pleurs,

Ils (e livrent entiers à leurs vives douleurs.

Jupiter qui les voit prend pitié de leur peine

Et leur dit: u Chers courfiers , de la main qui vous mens

a: Recevez des leçons, de ne vous croyez pas ,.

sa Sur votre rang divin, à. l’abri des combats;

a» De fervir un mortel vous rougiffez peut-être;

alaLes dieux ainfi que vous reconnoifiem un maître:

Gardez-vous de trouver votre fort rigoureux ,De tous les ’êrres l’homme cit le plus malheureux.

8

va

Sur-vos fens agités reprenez donc l’empire ,’ .

idiot n’aura jamais le droit de vous conduire. 0.

2

8

Il a dit, a; fondait) les courfiers ranimés

N’écoutent que l’ardeur dont ils (ont enflammés:

vils. ont déja repris leur audace premiere,’

Et fecouant en l’air leur fuperbe crinière, ’ .

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n’H o M a a la: ’III.Si-tôr qu’Automédon fait entendre (a voix

Ils brûlent de Voler à de nouveaux exploits;

Tantôt dans le combat ils montrent leur adrefl’e,

Tantôt dans le bcfoin ils doublenrleur viteflë,

Combattre 8c les guider cil pour Automédon

Une tâche’trop forte. Il voit Alcimédo’n

Qui l’approche lui dit :4" Votre, entreprife ef’t grande

n De guider des courfiets lo’tfque Mats vous commande:

n Efpérez-vous’d’l-Ieétor’ arrêter les fuccès,

u ’Ne pouvant’approcher ni lancer aucuns traits a

3:0 cher’Alcimédon! quelle rencontre heureufel

a: La Victoire déja ne parort plus doutcufe ;

y l . ’ ’sa Si-tôt que mes contfiers’rafl’emblés fous ta main

a... Laifl’eront à” mon bras l’avantage certain

sa De joindre dansles rangs fa force à ma vaillance. si

Aufli-tôt’ de (on char .Àtitomédon s’élance,

En remet la, conduite au (age Àlcimédon

Pour n’avoir plus d’obfiaclciàfon ambition. ’

AîCC’ nouvel afpeét Hcétor appelle Énée:

a Cher ami; lui’dit-il , quelle grande journée!

sa Je vois le char d’Achille 8c (es divins courfiers

a: Engagés fmsprudeiice en de nouveaux (entiers;

I.

l

z

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une L’ILranii.a. Un autre eonduâeur peu fait a les conduite

l n Ne prendra pas fur eux un fi puifTanr empirene Que je ne puifl’e enfin trouver l’heureux moment

u De, joindre à mes exploits ce triomphe éclatant. a

Automédon qui voit Heé’tor avec Énée

Tourner fur lui les yeux, devine leur penfée s

,, Alcirnédon, dit-il , cher ami, (cuvions-toi

,, De tenir au combat tes courfiers près de moi;,, En forte que toujours, fi ma valeur m’entraîne,

,, Je fente la chaleur de leur divine haleine.

3, Des furprifes d’HerStor pour arrêter le cours,’,,’ Viens, Ajax, c’en: de toi que j’attends du’fecours:

,, C’en: ici, lui dit-il, qu’un devoir plus utile .

,, Nous appelle à veiller fut les courfiers d’Achille. a

Il dit, (on javelot fur Arétus lancé

L’atteint à la cuirafl’e, il en cil: renverfé ;

Hcétor" lance le lien, Automédon l’évite,

Et déja ces guerriers qu’un vain fuccès irrite ,

S’approchent l’un de l’autre, de le glaive à la main;

De leurs coups redoublés font retentir l’airain :

Lorfque les deux Ajax , que la fureur infpire ,

Levent déja le bras 5 mais Hector (e retire.

Emmenanr à fa-fuitc Énée et Cromiusaf: .Automédoa

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D’HOMERE. 113’I

lutomédon faifit les armes d’Arétus:

a.» 0 Patrocle l dit-il, ami, c’eft à ton ombre g

sa Que j’offre ce trophée en ta demeure fombre. si

Cependant les Troyens dans leurs bouillans tranfports,

Pour enlever leur proie, employoient leurs efforts,Quand le maître des dieux qui fans relâchel’obferve. v

L’immuablc deflin , donne l’ordre à Minerve

De voler près des Grecs ; elle defcend des cieuxAu milieu d’un nuage épais de lumineux;

Sous les traits de Phœnix la favanre déefi’e;

Pour donner fon avis à Ménélas s’adreli’e:

,, Roi de Sparte, dit-elle, il Prince ! c’eft a vous

,, A porter aux Troyens les plus terribles coups.,, Du trépas de Patrocle Achille inconfolable

,, De l’es relies fanglans vous rendra refponfable;

,, C’efi pour vous qu’il périt, ne l’abandonnez pas;

,, Et d’un feu fans égal embrafez vos foldats. sa

,, Refpeétable Phoenix, répond le roi de Sparte;

’,, Quoi! pouvez-vous penfer que jamais je m’écatt!

,, De tout ce que je dois aux mânes des héros

,, Pour ma caufe tombés dans les bras d’Atropost

,, Quand Hector a pour lui le maître du tonnerre;

,, C’en; à nous de fléchir 8c ramper fur la terre; ,.

Tome Il. H

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114 L’ILIADE’,, Mais fi Minerve encor devenoit notre appui,

,, Je pourrois des Troyens triompher aujourd’hui. a

De ce difcours flatteur la dédie contente.kDu cœur de Ménélas a banni l’épouvante;

Attaché fur Patrocle il y veut expirer,

Et rien de cet ami ne peut le (épater.

Cependant Jupiter préparant les orages;’A déia fous fes pieds raflèmblé les nuages;

Il veut que le Troyen paille encor une fois

Se couvrir de lauriers par de nouveaux exploits.

Du plus (ombre nuage il obfcurcit la plaine lEt porte dans les coeurs une frayeur foudaine;Il vomit à la fois la foudre 8e les éclairs

Quand l’aquilon fougueux vient déchirer les airs;

Des bataillons entiers fuyant leur defline’e,Entraîneur Mérion ainfi qu’Idomenée:

’Ajax défefpére’ s’adrefle à Ménélas:

u Ah ! prince, lui dit-il, quoi? ne voyez-vous pasm Que Jupiter combat, 8: du haut de (a gloirea Veut encore aux Troyens accorder la viékoire?

u Du corps de notre ami pourquoi nous féparer au Non, à vaincre ou mourir il faut nous préparer.

n Si du fort de Patrocle on inflruifoit Achille,

L .- 1

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n’ H o M in n a: Il;u Croit-on qu’en (es vaiflëaux il refieroit tranquille!

u Mais comment l’en inflruire en ce prenant danger;

u Quel feroit le guerrier qui voudroit s’en charger!

Le ciel qui nous a mis au milieu des ténebres

u Donne au moins un délai pour nos devoirs fianebres. nj

ù t Les difcours du héros font arrofés de pleurs

Quand le maître des dieux, fenfible à [es douleurs,

Diflipe le nuage .8: répand la lumiere. ra. Le ciel, reprit Ajax, exauce ma priere.

eOù feroit Antiloque 3 à fes foins généreux

u Nous pourrions confier nos delfeins 8c nos vœux;Un Il eft aimé d’Achille, 8: l’honneur l’intéreffe

u A l’initmire du fort d’un ami de la Grece. n.

Ménélas va partir 8c rappelle aux guerriers

Les vertus de Patrocle ainfi que fes lauriers;Sa valeur, fes talens, fou caraé’rere aimable,-

Ènfin cette amitié toujours recom’mandable.

,, Ces refies, leur dit-il , dans vos, bras font remis,, Et vous les défendrez de ceux des ennemis. ’,, Î

.A l’inflant Méne’las, que l’amitié provoque,

S’élance en tous les rangs pour chercher Antiloque 5

*Semblable a l’épervier qui parcourant les airs, l

Dirige [es regardiez; mille endroits, divers, a

H ü l

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116 L’ILrann3A fuivre (on gibier quand (on aile il déploie,

il la, ferre à l’infiant qu’il tombe fur fa proie: «a

Demé’me Ménélas, en Ton premier offrir ,

’A déja’ découvert le fils du vieux Nefior.-

p ,n Cher ami, lui dit-il, que devient notre gloire

sa Quand lemaître des dieux nous ravit la victoire!9’» Patrocle ne vit plus! nous avons tout perdu;

u Faut-il le voir encor fur le fable étendu!

u Patrocle ne vit plus! 8e le divin Achille,.c- Ignorant ce malheur, dans fa tente cit tranquille!k» Allez , volez vers lui, ranimezvlfes tranfports ,a Qu’il vienne d’un ami défendre au moins le connut

lntiloque , frappé de l’affreufe nouvelle,

Gémit, verfe des pleurs, fait éclater fou zele ;

Et ne pouvant s’étendre en regrets fuperflus,

De (es armes foudain charge Laodocus.

.. v . x ,v Méne’las fatisfait retourne en diligence

4 Près du corps de Patrocle, où déja fa préfence

RafÏurant les guerriers il leur dit z u Chers amis,’ÏLÏAntiloque cit allé chez le fils de Thétis ,

sa Qui tranquille enfon camp ,cfans cour-fiers de fans armes;

’p Ne viendra pristi-tôt terminer nos alarmes 5

Q a .

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n’ H o M a ne, 117a: Mais dans l’inflant fatal privés de (on recours, W

n C’elt à notre valeur qu’il faut avoir recours)»

sa Sans doute, dit Ajax; réuniflbns nos foi-ces; IIlDe l’efpoir banniflbns les trompeulës amorces.

8Mérion, chargez-vous. de tranfporter. le corps

Tandis que’les Ajax, par de nouveaux efforts.u Vont du fils de Priam en défendre l’infulte:

a» Mérion, lamez-nous au milieu du tumulte. a;

Aufli-tôt le guerrier, aidé par Ménélas,

En pliant fous le poids, précipite fes pas.

Les fuperbes Troyens, furpris de tant d’audace ,t

Font (accéder aux cris la fureur , la menace;’ L’acharnement redouble 8e le carnage el’t grand

Quand la même valeur vole de rang. en rang.

Tel qu’un embrafernent au centre d’une ville

Vient troubler l’habitant jufque dans l’on afyle ,1

La flamme au gré des vents propage fes progrès

Pour détruire en un jour les maifons, les palais;

Tels on voit les Troyens difperfés dans la plaine

Porter par-tout le feu de leur rage inhumaine:Quand les Grecs en fuyant regagnent leurs vaillent:

.Mc’rion , Ménélas , ainfi que deux taureaux ,

H13!

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118 L’ILIADE D’HOMERE.

Entraîneur le cadavre au-delà des bartieres;

Tandis que les Ajax, peut-être téméraires,

Ayant à leurs côtés leurs plus vaillans foldats,

D’une commune ardeur foutiennent les combats.

Fin du dix-jèptiem: Chant.

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’L’,I L I AD E

D’HOMERE.

E V -.CHANT DlX-HUITIEMEæ

-- ’ r1

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ARGUMENT DU DIX-HUITIÈME CHANT.

A la nouvelle de la mon de Patrocle , Achille pleureê je livre au dq’fejjæoir. Thétis du fein des mers vient

pour le renfiler ; elle l’invite à fiszendre la vengeance

de fin ami jufqu’à ce qu’elle lui ait apporté des arme:

faites de la main de Vulcain. Ce héros ne peut contenir

fit firman Sans armes il s’avance fur le fqflè’par ordre

de Junon à montre aux ennemi; ; à fin’ajfiec’? il:

. font fiztfis d’épouvante â prennent la faire. Les Tire];

filiens lavent le corps de Patrocle 6’ répandent le:parfums pre’eieuxfiir je: bleflirres. Vulcain reçoit. V (au:

dans [à forge divine à s’emprefle àrravailler aux armai;

d’Achille. Defiription du bouclierr

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L31 L I A D ED’HOMERE.

CHANT DIX-HUITIÈME.Osmium Antiloque arrive au camp d’Achille.Sur les événemens, ce héros moins tranquille,

Auprès de les vaill’eaux, dans lès penfers divers,

S’occupoit en fecret de la reine des mers.

a Eh quoi l fe difoit-il, quel accident funel’to

au Auroit des Grecs ici ramené ce qui telle!a! Ma mere m’a prédit que des Thelfaliens

au Le plus cher périroit fous le fer des Troyens.

sa Julie ciel l le peut-il qu’l-Ieétor en fa vengeance .

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123 L’ILIADE:n De Patrocle eut puni la défobe’ill’ance! n

Tandis qu’il réfléchit Antiloque paroit,

S’emprelfe à révéler (on important fecret: t

se Achille , lui dit-il , quelle affreufe nouvelle!

sa Patrocle ePc defcendu dans la nuit éternelle a

u Etendu fur le fable, on le difpute encor ,w Mais les armes déja (ont dans les mains d’Heétor. n

f

A ce difcours Achille, en fa douleur amere,S’attache les cheveux, fe roule fur la terre;

Ses vêtements fouillés, (on front, fes bras meurtris,

Ses foupirs étouffés de (es lugubres cris

Etonnent les regards, attirent les captives,Qui, toujours près de lui confiantes, attentives,

*’A ce cruel afpeét, difiicile a prévoir,

Ne peuvent écouter que le lfeul défefpoir :

Leurs voiles déchirés, leur main de leur co’e’li’ure

l Arrachent les joyaux qui forment leur parure

Quand leurs cris redoublés font retentir les airs

Pour les porter foudain à la reine des mers.

La divine Thétis inquiete, éplorée,

Se hâte de quitter l’empire de Nérée :

Les nymphes, en voyant cette déell’e en pleurs ,

S’emprefl’ent autour d’elle à calmer les douleurs.

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»D’ H o M un 1:. 123se O vous l leur dit Thétis, vous filles immortelles,

n Écoutez, prenez part armes peines cruelles:

a. Trop malheureufe merci hélas ! dans mon amour

n Au plus grand des héros j’avois donné le iour;

u Mes» mains, nies tendres mains ont conduit fa jeunell’e

n De même, qu’une fleur qu’on cultive fans celle : ’

a: Complaifante à fetvir fa folle ambition, Isi J’approuvai (on départ vers les murs d’llion,

u Malgré l’arrêt fatal dont ie fuis défolée,

u Arrêt qui le condamne à ne plus voir Pélée.

u O deliin! devois-tu, pour comble de malheurs,sa En limitant fes jours, les remplir de douleurs:sa Après l’affront d’Achille, accroître l’es alarmes

au Et me livrer enfin a d’éternelles larmes! a

La fenfible décile, en achevant ces mots,8’ élance de l’abyme 86 paroit fur les flots;

Son char, accompagné des trilles Néréides ,

Roule fur l’océan, fend les plaines liquides:

’ La mer à (on afpeél: frémit, ouvre (on fein,

Et la porte bientôt vers le camp Phrigien.

La décile defcend, couverte d’un nuage,

Et fa troupe de (on char l’attendent au rivage,

Elle aborde fou fils, le (être dans. [es bras.

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i211. L’I.LIADBa Quels (ont donc tes malheurs? que] cil ton embarrai

n De Jupiter, dit-elle, as-tu lieu de te. plaindre!sa Et lorfqu’il t’a vengé, qu’aurois-tu donc a craindre?

u Les Argiens pouillés jufque fur leurs vailTeaux

u Ne peuvent ignorer la caufe de leurs maux. a

a Hélas! répond Achille, ah Thétis! ah ma merci

a: Le ciel fur fes bienfaits a verré (a colere i

Patrocle ne vit plus, je dois lui reprochersa De m’avoir enlevé mon ami le plus cher.

Patrocle, qui faifoit le. bonheur de ma vie;Périt 8e par Heétor fou armure en: ravie l. il

Ce chef-d’œuvre de l’art, digne préfent des dieux, 8

a Dont mon pere honora mon bras victorieux.Falloit-il que le ciel vous unît à Pélée

Pour vous faire éprouver ma trille deliinée!

sa Votre fils vous cit cher, il n’ell point immortel;

Peut-il être pour vous un tourment plus cruel l

se Ah l Thétis! loin des foins, des peines, des alarmes,

u Vos yeux feroient exempts de verfer tant de larmes:

se En proie à mes ennuis, je ne defire encor lsa De conferver mes jours que pour frapper Hetîtoru»

a La décile des mers ,’ a ces motsvattendtie ,

a Laifl’e échapper des pleurs, le regarde 86 s’écrie:

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3!

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il

D’Homnrtr. la;O mon fils ! ô mon fils ! veux-tu par ce .chEin

Défefpérer ta mer: &Jui percer le feinp

Le dellin a parlé, fi ton rival fuccombe ,

Je te vois fans tarder defcendre dans la tombe. se

» Patrocle ne vit plus! . . .. ô divine Thétis!

Permettez la vengeance à votre augulte fils.Déeffe ! peu touché de l’air que je refpire , ,-

Je confens à périr pourvu qu’l-Ieétor expire.

Par moi,-par mon courroux , renonçant aux lauriers;J’aurai fait immoler tant d’illullres guerriers!

Mais non, dans l’avenir, que diroit-on d’Achille a

Il a vu les combats dans fa tente tranquille.Dans immortel dépit je dis avec raifon:Périlfe la’.difcorde 8e fou fatal poilon;

Puifl’ent les jultes dieux la bannir de la terre

Ainfi que l’arrogance , ainfi que la colere!

Colere, qui d’abord plus douce que le miel;

Prend infenfiblement l’amertume du fiel ,

Ecarte du l’entier la raifon égarée;

Tel je fus,’tel je fuis.contre le fils d’Atrée :

Mais forcé malgré moi d’oublier le pall’é,

Je dois braver la mort dont je fuis menacé.

g Le .l’ang de mon ami me demande vengeance;

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126 (L’I .1. un E’ ,7sa [566313111 périras fi j’en crois ma vaillance,

a Dull’ai-je au même infiarit defcendre chez Pluton,

,, Le trépas à ce prix fait mon ambition. -

,,h Le fils de Jupiter, le valeureux Alcide ,

,, Ell: tombé fous le fer de la Parque homicide;

,, Le. cifeau peut s’ouvrir. fur le fils de Thétis:

,, Mais avant d’arriver a ce terme indécis,

,, Je vole au champ de Mars pour y cueillir encore,, Des lauriers arrofése par la premiere- aurore.

,, Dans mon fougueux tranfport je veux pour cette fois,, Qu’Andromaque frémilTe au bruit de mes? exploits.

,, Le dell’ein en eft pris, je veux le latisfaire.

u O Thétis ! pardonnez fi j’ai pu vous déplaire;

a. Je veux que le Troyen le fouvienne à. jamaisu Qu’à l’abfence d’Achille il doit tous’fes fuccès. a

n Thétis, qui ’de (on fils connoît la violence,

a Avec lui cependant, paroit d’intelligence:

u Achille ! lui dit-elle, ô mon fils ! c’efi à vous

sa A pefer fagement les fuites du courroux;n Lorfqu’a votre fiareur il n’elt plus de’remede,

a Je ne fautois’blâmer l’ardeur’qui vous” polTede;

u Quand le ciel vous forma pour l’honneur des humains ,7

u Il a mis en effet votre fort dans vos mains.

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D’Honn’nz; ra7sa Aux yeux d’un vrai héros la vie a peu de charmes ,

3Mais l’inflant el’r prell’ant de vous êtes fans armes;

sa Heétor, le fier Heétor qui s’en ell revêtu , ’

D’un redoutable orgueil fe fait une vertu.

v sa O mon fils ! mon cher fils l laill’ez-moi l’avantage

8De modérer au moins ce généreux courage,

u Pour remplir vos defirs je vole chez Vulcain.

a» Quand l’aurore ouvrira les portes du matin ,

en Vous me verrez alors vous porter une armure;u Chef-d’œuvre de fan art, rival de la nature.

a: Allez, Nimphes des mers , ornement de! ma cour,a» Au palais de Nérée attendre mon retour. u

Elle a dit , 8: [andain les Nimphes obéichnt, jEt les flots fous le char bouillonnent 8: mugifiënt.

Thétis embrafl’e Achille 86 lui fait les adieux,

Et fut l’ aile des vents elle s’envole aux cieux.

Des Grecs épouvantés répandus fur l’es rives

L’Hélefponr contemploit les bandes fugitives,

Et le corps deaPatrocle, en proie à la fureur,on ignore toujours quel fera le vainqueur.Heétor avoit trois fois fatisfait à (a gloire,

Et les Ajax trois fois rappellé la viétoire; i

L’obl’tacle cit pour Hector un objet de courroux

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128 L’IL’IADIQui le rend du triomphe encore plus jaloux:

De même qu’un lion, dans la faim dévorante ,

S’occupe de fa proie 8e bannit l’épouvante.

En vain mille bergers volent autour de lui,

Il trouve en (a valeur un vigoureux appui,Et telle triomphant. Tel Heé’tor en fa rage

A la fin fur les Grecs auroit eu l’avantage lSi la légere Iris, par ordre de Junon ,N’eût defcendu des cieux fur les champs d’llion a

Elle plane dans l’air, fut-la tente d’Achille,

Et lui dit : u Fier guerrier, je vous trOuve tranquillese Quand les telles fanglans du meilleur des amis

u Sont bientôt au pouvoir du frere de Paris.a! Ne rougirez-vous pas d’une honte pareille?

sa Soufi’rez , vaillant héros, que ma voix vous réveille; l

sa Par l’ordre de Junon je defcends près de vous,

a Sacrifiez aux dieux un injufte courroux. n

Iris, ignorez-vous qu’en cette conjonâure

Hoâor s’elt revêtu de ma brillante armure 2

Quel moyen de combattre avant la fin du joutr Quand Thétis m’a ptefcrit d’attendre [on retour!a

sa Du bouclier d’Ajax je m’armerois fans peine

u S’il n’était vers Patrocle occupé dans la plaine. a.

a Qu’importe

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’D’HOMBRI. 129sa Qu’importe votre armure; Achille, paroifl’ez,

sa Et je vois les Troyens à vous fuir emprell’és:

u Votre afpeét feulement fufiira pour abattre

sa Le "courage d’Heétor fatigué de combattre. u

Elle a dit, 8e foudain elle s’envole aux cieux.

Cependant le héros ardent, audacieux,

Brûle de fignaler la valeur qui le guider,La décile Pallas le couvre de l’égide,

Et d’un nuage d’or ceint le front, du guerrier.

Son calque étincelant dans les airs va briller; .ïels on voit les fignaux d’une ville ’embrafe’e

N’élever dans le jour qu’un torrent de fumée:

Mais fi-tôt que la nuit couvre d’un voile épais

La furface des mers se les champs de Cérès,

Alors de l’incendie on apperçoit les flammes,-

Leur éclat jette au loin la terreur dans les aines;’ Mais il fort de’fignal 8e découvre les tours

. Où le peuple voifin doit porter [on recours;Tel cil le front d’Achille en fa vive lumiere.’

Le héros cit déja monté fur la barriere ;’

La , fidele aux leçons qu’il reçut de Thétis,

De (a voix feulement il trouble les efprits:Pallas tonne avec lui ,’ quand la flamme brillante.

Tome Il. ’ ’ I

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13’0- .L’ILIADBDans le cœur des Troyens a porté l’épouvante.

Les cris, accompagnés de lances 8c de dards, I

Font déjà reculer les courfiers 8e les chars;

Douze’chefs font tombés dans la première attaque

Malgré tous les efi’orts de l’époux d’Andromaque.’

Tandis qu’aux. mains des Grecs Patrocle en fûreté

Ell foudain dans le camp fur un char tranfporté

Par l’ordre de Junon 5 le foleil dans fa courfe

N’étend plus (es rayons du midi jufqu’à l’ourfe,

- Et la nuit qui s’approche ordonne le repos

Aux guerriers fatigués de foins 8e de travaux.

Les Troyens, occupés de leurs exploits célebres,’

Combincnt leurs projets au milieu des ténebres ,

Et forçant la nature à vaincre le fommeil, ’

Près dû fils de Priam all’emblent un confeil.

De fonder l’avenir dès fa plus tendre enfanICe

Le fier Polidamashpofl’édoit la foienCe.»

De même âge Qu’Heâor, toujours. dans. lbs propos

Il montre fa fagell’o 8e s’exprime en ’ces mot-s :

u Amis ,, voici l’infiant ou nous devons réfoudre

se Si nous devons lancer ou redouter lafoudre.sa D’Achille furieux le retour imprévu

à.

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r,, Nous avons peu d’el’poir; le (cul qui telle encore,

’ ,, Rejoindra les vailreaux en toute diligence. si

D’HOMER’E. 131:,, Va changer la fortune j Ilion cil vaincu. ’,, Déjà trop éloignés ’de nos fortes murailles, ’

g, Pour les joindre il nous faut ’ell’uyer des batailles.

,, A la tête des Grecs Achille en. fa fureur

,, Saura des bataillons ranimer la valeur.

,, C’en: de gagner nos murs au lever de l’aurore:

,, Alors, environnés de foldats, de remparts ,3

,, Nous pourrons éviter’les ravages de Mars.

,,.Déja je vois Achille, au milieu de la plaine,

,, Faire tomber’nos chefsfous fa rage inhumaine;

,,.Heureux, heureux alors les ’timides’guerriers

,, Qui l’auront préférer la fagell’e aux lauriers;

,, Voilà, mes chers amis, ce que le ciel m’infpire; -

,, Il ne m’a point trompé , puiflîcz-vous y foufcrire.

,, Si vous vous décidez ll’uivre mes avis,

,, Je puis vous all’urerque le fils de Thétis,

,, En voyant les Troyens dans l’eurs’murs’ en défenl’e,

Heétor à la fureur prêt à s’abandonner, ’

Lui dit : n,Polidamas, joie-tu me donner,, Un confeil fi pervers, fi contraire à ma gloire ;’

,, Et fur-tout en ce jour marqué par ma vi&oire3

Iij

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132 L’ I L I A D E,, Cache mieux tes frayeurs, 8c ne t’avife pas

,, De les faire palier dans le cœur des foldats:

’,,.ÀSut nos projets guerriers garde un profond filence,

,, Sans quoi je punirois ton aveugle imprudence.

,, Vous, Princes, éloignez ces funeflzes avis,

,, Qui feroient de regrets 8: de honte fuivis.,, Qu’à [ou polie chacun [e tienne (ans murmure;

,, Que chacun librement prenne fa nourriture:

,, Cella nous de veiller à la tête du camp,

,, Tandis que le foldat peut dormir dans [on rang.,, Mon efpoir ell: le même, 8: s’il el’c vrai qu’Achille

,, A paru devant vous, j’en ferai plus tranquille ,,, Puifqu’au lever du jour j’efpere avec éclat

,, Signaler contre lui mon bras dans un combat. a

’ A ce brave difcours les Troyens applaudifl’ent ,

Et d’un frivole efpoir tous les cœurs le rempliHEnt.

Cependant chez les Grecs, à l’ombre de la nuit,

Patrocle étoit l’objet qu’on honoroit fans bruit;

Satisfait de le voir éloigné des alarmes,

Achille l’inondant. de foupirs 8: de larmes,

. Le ferre dans [es mains au milieu des (anglets:

Tel qu’un lion fanglant de retour des hameaux,Après s’être re’pu de’meurtre 8c de carnage, t

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’n’ Ho M a ni z; 133Cherchetfes lionceaux dans for: antre fauvage, -

Etonné, furieuxde ne plus les trouver,

Du fang des raviffeurs veut encor s’abreuver:.

Par l’es-rugifl’emens exprime fa colere

En cherchant en tous lieux le challeur téméraire;

Telles font du héros les mortelles douleurs.

sa O dieux 1 s’écrioit-il, quelles (ont tes rigueurs!

,, Ménellius, hélas l je trompois ton attente

,, Quand tu livrois Patrocle a mon ame’ contente;

,, Je te promis de rendre à res heureux; foyers,, Ce tendre fils couvert de gloire 8c de lauriers :j,, Il eût fait le bonheur d’un pere en fa vieillelïe ,

,,’ Et le fort m’a forcé de trahir ma promçffe. l

,, Ainfi le roi des cieux, dans (es décrets divins,

,, Se plaît à fe jouer des projets des humains;

’,, Il veut dans (a rigueur que ma tête immolée

,, Ne retourne jamais au féjour de Péle’e.

,, Je te promets, Patrocle, 8: je le jure encor.,, D’apporter à tes pieds le cadavre d’Heâor,

,, Et que (in: ton bûcher douze princes de Troie.

,, De la flamme avec toi feront encor la proie;,-, Relie jufqu’à ce tems fur ton lit étendu

,, Par mes braves foldats fans «ne défendu a

’ ’ a iij

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i341. il]: .L I a D E,, Mes captives en pleurs, au milieu des ténebres,

,, Vont honorer ton corps de leurs himnes funebres. .5

Il dit, pleure, commande , de fes gardes fondait:’Pofent fur les trépieds douze vafes d’airain .

Qu’on remplit à l’inftant d’huile odoriférante;

La flamme monte au cieux a: la chaleur s’augmente:

La blelfure lavée.& le corps embaumé,

La vapeur fe répand , l’air en eli parfumé.

Dans les cieux cependant le maître du tonnerre

De (a fille Thétis écoutoit la priere ’Que la fiere Junon appuyoit de (es vœux.

a: Ils (ont déja remplis , dit le maître des dieux;

u Achille va combattre : on fait que, pour la Greceu Envers 85. coutre tous votre cœur s’intéreffe. u

A ce reproche amer la décile répond:

a. Quoi 1 toujours inflexible , 8c la fage Junon

u DÎaucun relTentiment ne fera point capable

a! Quand le plus vil mortel peut punir (on femblablc!

v Etmoi, fille du ciel, femme de Jupiter,si Dans mon jade courroux il faudra m’arrêter?

Le perfide Troyen m’infulte 6c vous adore ,

Et je refpe’âetois un peuple que j’abhorre a . ..:

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D’H-O. M a a tu. 13;Ihétis a pris [envol pendant cet entretien,

Et la décile arrive au palais de Vulcain ,yPalais qu’il éleva ide fes mains immortelles .

Par-tout étincelant de flammes éternelles.

Le dieu dans ce moment occupé de projets; ’

Faifoit gémir l’enclume, «agitoit (es foufilets;

Ce jour il fabriquoit vingt trépieds magnifiques

Sur leurs roulettes d’or, dont les refl’orts uniques

litoient tels, que tous feuls’ils marchoient dans les cieux,

Jufqu’au palais augulie où s’alÎetnbletit les dieux. , a

L’ouvrage s’achevait quand ,Charis, .an épaule, ..

De remplir (on devoir, Nimphe toujours jaloufe,A l’afpeël: de Thétis, accourt auprès de lui

Pour annoncer l’honneur qu’il reçoit aujourd’hui.

a! Tu cannois mon refpeét pour la tendre immortelle,

Dit Vulcain -, va,’Chatis, 8c vole au-devant d’elle,

8-Et tandis qu’occupée à. remplir ton devoir,

a Je vais me préparer à la bien recevoir. a 3 . v

pouvert du ,noit épais de (a forge enflammée,

Il plonge dans le bain fa figure enfumée’, .* V.

Couvre (on corps hideux d’un riche vêtement,d

Et donne à [a démarche un nouvel agrément.

I iv

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5:36 L’ I L I A D El Thétis au même imitant à l’es yeux fe préknte:

i: Déeffe, lui dit-il , que mon amenefi: contente!

u Quel deflein vous conduit en ces horribles lieux

n Rarement honoré des vifites des dieux?a Qu’attendez-vous de moi 2 parlez, tendre immortelle;

w Et Comptez fermement fut l’ardeur de mon zele. a

Thétis à ce propos lailTe échapper des pleurs:

a O Vulcain l lui dit-elle, apprenez mes malheurs;’ a Des déclics je fuis la plus infartunée,

a» A d’éternels regrets par le fort condamnée.

n Jupiter a voulu qu’un amour mutuel

a: Unit ma defiinée à celle d’un mortel;

a: Péle’e en fan palais, courbé fous la vieilleflë,

n Abandonne à mes foins le fruit de ma tendreffe:a» Ce fruit que le d’efiin veut conduire au tombeau

u Va bientôt allumer le funebre flambeau.

a Ce valeureux guerrier , outragé par Atride,

a: Se tenoit éloigné de ce prince perfide;

a Dans [on reflentiment il cherche à l’accabler:

a Les prieras , les dons, tien ne peut l’ébranler,

a Aux larmes d’un ami ce héros trop fenfible

a: Lui prête en frémiflant fon armure invincible;

a Patrocle obtient encor fou char 8c fes ceurfiera

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t’D’H’OMER’E.’ i 137

fi Pour voler au combat (e couvrir delauriers.u Il part accompagné de nombreufes cohortes

sa Et déja d’llion il menace les portes,

u Quand Heétor, fecondé par le fier Apollon;

n Le forcent à defcendre au féjour de Pluton.

a Mon fils gémit de voir conché dans la pouffiere

u Un ami fans vengeance. Ah l Vulcain ,tma prietesa Aura-r-elle fur vous le pouvoir que j’attends 3

a J’embrall’e vos genoux, écoutez mes accens :

a Reprenez vos travaux , 8e fenfible à mes larmes,

sa Forge: pour ce cher fils de fi terribles armes,

sa Que ce vaillant guerrier, dans fou ambition,a: Paille éctafer Heôtor fous les murs d’Ilion. n

p Déefl’e, dit Vulcain, à l’inflant je vous jure

a: Que je vais travailler à cette riche armure,v Qui fera déformais , en fartant de mes mains,

sa L’étonnement des dieux a: l’effroi des humains.

u Thétis en: fatisfaite, 8C foudain d’une nue

a: Entourant (es attraits, fe’ldérobe à fa vue. u

Déja le feu s’allume 8: les métaux font prêts,

Le dieu prend fes marteaux, agite les foufilets;Le vent en ell: réglé, violent ou paifible,

Pour rendre le métail plus doux 85 plus fufiblc.

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138 L’ILLADE-Il remplit l’es fourneaux d’argent, d’or 8c d’airain , ”

L’encltune de le marteau frémiflënt fous fa main,

’A fes coups redoublés les voûtes retentil-l’ent,

Sous [es habiles mains les métaux obéilfent. -

Il a déja formé ce large bouclier

Dont la’furfacev entiere cil d’un brillant acier;

On voir trois cercles d’or fur la circonférence

Et des emblèmes mis de diftance en difiance’:

Le. foleil y paroit, de la tette 85 les mers,Il repréfente encor mille fujets divers.

On’voit le. dieu du jour, régulier dans fa coutfe,’

Erendanr fes rayons du midi jufqu’à l’ourfe.

De la lune en fou plein la confiante pâleur,

L’aurore boréale en fa rouge couleur,

Tous les alites enfin, ainfi que les Ploy’ades’,

Et le fier Orion pourfuivant les Hyades.

Sur fou enceinte immenfe on voit douze tableaux

Retraçant des humains les plaifirs a: les maux.

Q 4 v aî L’un préfente une où la foi conjugale

’A déja préparé la fête nuptiale; w- l

La brillante jeunefl’e orles tendres amans

Chanteur fur leurs pipeaux cesrprécieux momens: - -

La populace encor au plaifirentraînc’e,

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.. D’H o n E n. I 1’39

Au l’on des infirurnens joint les chants d’himene’e.

Sur l’autre on voit grouppé le juge de le plaideur

Occupés d’un procès qu’on plaide avec chaleur ;.

L’un affirme un délit quand l’autre le dénie ,

Un témoin appellé, l’autre le contrarie: -Chacun foutient fou droit, les efprits font en feu,

En fortctquc du fait on éloigne l’aveu. ’ LL’allemblée cil bruyante, on s’échauffe, on s’infultè,

Quand la voix des hérauts appaife le tumulte;

Les juges en repos, fur leurs lièges allîs,

Font palier tour-à-tour leurs fuprêmes avis,

Et celui qui le mieux fait pencher la balance;D’un ou deux talens d’or reçoit la. récompen e.

La gugrre en: le fujet d’un troifieme tableau

De lances, de dards , Mars y drell’e un faifceau:

Les yeux étincelans, il regarde une ville,

Défendant les remparts. L’ennemi plus habile

De divers bataillons entoure les foliés

Qui déjà. de raflant pareillent menacés;

Tandis que les vieillards, les femmes , la jumellea Obfervent des remparts les piégcs qu’on leur cire-ile:

Dégouttante de fang Bellonne a leurs côtés

. Trouble des allaillans les projets concertés.

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140 L’ILIADECeux-ci, par le moyen d’une embufcade utile ,

Tâchent d’intercepter tout fecours à la ville; .

Sur le revers d’un tertre adroitement cachés,

Et fur la rive encor les regardslartachés,

On attend les troupeaux ferrant du pâturage

Pour venir s’abreuver au plus prochain rivage:

on croit les voir fuivis de deux jeunes bergers,Au fou du chalumeau traverfant les; vergers’,

Et la troupe déja quittant (on embufcade ,

8e lever, s’élancer, franchir la paliilade.

Le tumulte s’accroît quand les bergers furpris

’Aux poiles avancés font entendre leurs cris;

On le fuit, on s’approche 8c le combat s’engage,

Et déjales mourans flottent fur le rivage :’ L’un frappe les fuyards ou fait des prifonniers

,Quand l’autre fur le fable étend plufieurs guerriers.

x Par l’ouvrier divin cette emblème n’ell faire

Que pour tracer de Mars la peinture parfaite. ’

Plus loin on voit un champ éloigné des forêts

Dont l’ardeur laboureur va lever les guerets;

Déja le foc en main conduifantfa charrue,

Il trace des fillons, droits, à perte de’vue tv

Le maître qui l’attend à la fin d’un rayon

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a

i

D’HOMErtn; 141;.De le récompenfer faifit l’occafion.

l Content de fou travail, veut qu’une coupe pleine, .

En étanchant fa foif, foulage encor fa peine;

Le mûre encouragé retourne fur fes pas,

Redouble fes eEotts attendant le repas.

De tableaux en tableaux l’ouvrier plus fidele’

Au mente la fraîcheur de fa tracelimmortelle.

g )Ici les champs couverts au milieu de l’été

.Préfentent de Cérès la libéralité;

On voit des moifl’onneurs les nombreufes familles

Porter fut les épis leurs tranchantes faucilles.

Chacun a [on emploi; quand l’un fait un faifceauL’autre fur les débris va traîner le rateau;

En monceaux réguliers les gerbes entalfées

Ne redouteront point la pluie de les rofées.Le poll’ell’eur’du’champifur fou fceptre appuyé

Flatte les’moifl’onneurs, de loin d’être ennuyé,

Il attend le moment ou, fous un chêne antique .

A l’abri du foleil en un repas. rufiiquc,

De mers bien apprêtés de d’un vin pur de frais;

Ils paillent à loifir s’abreuver à longs traits.

Dans un autre tableau font les fêtes d’automne;

On y voit les côteaux que le pampre couronne:

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242 ,L’ILIADIESur un fond d’or brillant les raillas empourprés

De la (leur qui les couvre étoient encor parés.

Les foliés indiqués d’une teinte plus (ombre

Font briller la nature à la faveur de l’ombre!

On arrive en chantant en ce riant féjour,Et le cœur y refpireÎ 8: la joie 8: l’amour.

De jeunes vendangeurs rempliflënt leurs corbeilles

Des préfens de Bacchus qu’ils détachent des treilles;

Tandis que des enfims, qui danfant devant eux,

Tireur de leur guittare un [on mélodieux; iToujours dans le plaifir la folâtre jeunelle,

Par (es chants 8c [es cris, montre (on allégrelÎe.

Ici l’artille adroit repréfente un troupeau

De genilles, de bœufs, traverfant un ruillëau;

Un taureau les conduit au (ein du pâturage:

On croit les voir marcher, s’éloigner dulrivage;

Quatre bergers , fuivis de leurs chiens vigoureux,Dirigent leurs regards’fut ce troupeau nombreUX;

Quand on voit tourd-coup deux lions redoutables,Méprifanr du mur-mules crimes formidablest

- L’attaquer, le faillir, -l’égorger , l’entraîner

Malgré le cri des chiens prêts à (e déchaîner:

La irienne 86 les bergers volent à fa défenfe;

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b’ Hro mata n. - 143Mais en vain, les lions avec plus d’allurance

Du taureau mugiflânt ont, déchiré le flanc

Pour alfouvir leur faim 8: de chairôcz’ de (mg.-

’Sur un autre tableau c’elt un vetd pâturage, .

Un ruilieau qui Àferpenre, auberge: fous l’ombrage ,

Des oifeaux dans lesiairs ,’des moutons bondillànsl,

On croit de Philomcle entendre les accens. iPlus loin le dieu (avant a , d’une main hardie, r

A des-êtres danfans donné ptefquel la vie:

Leur dartre figurée en: telle que jadis

Dédale l’inventa quand (on cœur fur épris

De l’aimable .Arianne. On y voit des bergeres

Ayant tous les atours au plailîr nécelraires;

Leurs fideles amans les tiennent par la main,Et l’amour y refpire unfair doux 8C ferein:

De même qu’un potier dont la roue e02 le guide

Lui donne à volonté foin mouvement rapide ,

Ainfi d’un pied léger les danfeurs à leur gré

Du cercle en fa vîtelTe ont fixé le degré;

Le plaifir qui les fait vieht y conduire encoreDes fauteurs voltigeans fur les tréfors de Flore.

Enfin ce grand ouvrage enjfon tout limité

Préfentoit aux regards l’océan irrité. l

. t fl’: e k

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144 L’ILIADE D’HoMERE.

Quand le divin artille a tout mis en [a place,Sur l’enclume il (e plaît à forger la cuiralle,

Les bolIines, le calque de (on panache d’or,

Et fondait: vers Thétis il a pris (on cirer.

r

Fin de dix-flairieme Chant; l

L’ILIADI

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L’ I L I A D E1

D’HOM’ER E:

.2 » v à lCHANT DIX-NEUVIEME: î

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U " WARGUMENT DU DIX-NEUVIEME CHANT.

- THÉTIS apporte à [on fils les armes que Vulcaina forgées ,° Achille les voit avec tranfport. Il témoigne

à fa mere la crainte où il ejl que, pendant le combatou va s’engager, le; corruption ne s’empare du corps

de Watrorle 3 Thétis promet de l’en garantir à luiordonne d’aflemhler les Grecs. Achille va lui-mêmeappellertous les généraux à leur déclare que [a colerea]! appuyée. Agamemnon lui dit qu’il reconnaitja faute6’ qu’il va la réparer ; il lui fait apporter le: pre’finr

9,301402 lui a de’ja afin de jà part : Achille): faitpeu’d’attention t9 ne parle que de marcher au combat.

(gifle .vçutjplutcït que les troupes réparent leur: forces.êleurï-ora’anne d’aller prendre leur nourriture. Il va de

fin tâté, avec les principaux chefs, dans la tented’Atride prendre le: preyens defline’r pour Achille ; onles’expofe au milieu de l’aflemhle’e. Agamemnon fait

égorger une viflime qu’il fait jeter dans la mer. Lesprefins [ont portés dans la tente d’Àchille. Br-ifè’is en

chemin vole près du corps de Patrocle 6’ l’arrojè de

larmes. Les généraux preflent en vain Achille de prendre

quelque noarriture ; il ne veut vivre que de [a douleur.Jupiter lui envoie Minerve ; il prend je: armes , montefia fin char ê reproche la mort de Patrocle z? fis che-vaux : Évite lui répond, Ô prédit à Achille qu’il

éprouvera bientôt le même fin? ,- Achille je plaint de[on audace à lui prédire une chofi dont il e’toit irgflruit ,

il entre en fureur ê fe met à la tête de je: troupes.

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"Tl

IL’IL’IA’DE

D’ H ,0 M E R E.

CHANT DIX-NEUVIEME.Dam fur l’horifon l’aurore au teint vermeil

D’un cercle radieux annonçoit le foleil y

Quand la reine des mers, dans la tente d’Ach’illeg

Apporte le travail de l’ouvrier habile;

Ellev voit ce héros, en proie à. (es douleurs;

Etcndu fur Patrocle 8e l’inonder de pleurs:

Ses guerriers confierne’s autour de lui géminent

Et de leurs cris plaintifs les échos rettntiflënt.

n Achille, lui dit-elle, ô mon fils i ton «ripoit

à Ne doit-il pas renæ’tre au moment de me voiri -

K il

- - «- .A-a -sfl

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148 L’ILIADEx A ta perte cruelle il n’ell plus de remede,’

.1 Que la raifon enfin à ta douleur fuccede.

n La gloire près des’Grecs te rappelle aujourd’hui;

sa Prends cette arme divine 8c deviens leur appui. aï

Le fardeau dans fa chûte à. l’égal du tonnerre, V

Par [on bruit éclatant, a fait trembler la terre;D’une plus noble ardeur les guerriers font faifis ,

Et de [on feu brillant les yeux [ont Éblouis.

Achille à cet alpeél: lent renaître en [on aine

fia rage , fa fureur, fa belliqueufe flamme;Ce; héros fatisfait, d’un œil étincelant

Edn’temple avec tranfpott lei-Ice’llelle préfent; à

,, O ma merci dit-il, cette brillante armure,, Ell l’ouvrage d’un dieu maître de la natures.

,, Je vais la revêtir pour voler au combat,,, Et’ma gloire déja prend un nouvel éclat.-

,, Une. crainte mialarme 8: me retient encore; ’

,, Ce corps fi ’rcfpectable 8e que la Grece honore;

Déja froillé, traîné loin des murs id’Ilion,

Sera peut-être en-vproie- à la corruption. u

,, sur cet objet,imon fils, éloigne toute crainte,

,, Je. le garantiraide cette’horrible atteinte

,, Dût-il reflet ici durant un licol; entiergj g, .i t

l a

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D’HOM’ERE.. 142,’, Va près d’Agamemnon, va lui facrifier

r., Ton aveugle colere 8e rendre à la patrie,, L’éclat qu’elle a perdu dans les champs de Phrigie:

,, Pars 8c vole au combat. n Elle a dit, 8e fondait) ’

Elle couvre le corps d’un heaume ,fouverain.

Achille tau même inflant ranime fou courage;

Raffemble (es guerriers, vole fur le rivage;

Jufqu’au camp argien fait entendre fa vain... aEt l’on voit accourir les foldats 8e les rois.

Ulilfe 8e Diomede, appuyés fur leur lance,Ont déja des deux camps traver’fé la diliance 3.

"Le feul Agamemnon dont la blell’ure encor

De (a marche pénible afl’oiblill’on l’effor,

Ârrive le dernier, de malgré fa difgrace ,

ll’préfide au confeil où foudain il prend place."

Déja de toutes parts les Grecs fontréunis.

1: Puilfant Agamemnon ! dit le fils de Thétis,

8J’abjure mon courroux ; rougillons qu’une femme

ai Ait femé la difcorde &vla haine en notre aine:8Mai-s quand j’ai triomphé d’un aveugle tranfport ,1

J’attends du fils d’Atrée un généreux effort.

a: Unill’onsnos vertus, nous aurons l’avantage»

- De venger tant de Grecs couchés lin ce rivage. ’

K iij;

2

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aïe L’ILIAD:ne Ordonnez, commandez à vos braves guerriers

h De venir fur mes pas moilTonner des lauriers :

no Vous verrez les Troyens, vaincus dans les batailles;

u Trop heureux d’arriver aux pieds de leurs murailles;

a Et ce terrible Heétor, qui vous a fait trembler,u Expircr fous les coups dont je vais l’accabler. a-

ll a dit, 8e les Grecs font éclater leur joie

De marcher avec lui fous les remparts de Troie;Mais Atride afpirant à de nouveaux exploits,

Fait du haut’de [on trône entendre encor la voix.

sa O guerriers l animés d’une ardeur fans pareille,

a Daignez à ma défenfe ici prêter’l’oreille!

u Quand le maître des dieux a nourri mes erreurs; ’

n C’ell: à’ lui que la Grece a dû tous (es malheurs.

a La fille de ce dieu, cette horrible furie,se Até (dont les mortels [entent la barbarie)

En portant dans mon cœur (on funelle poil’on;

si Et flattant mon efpoir , égara ma raifon.

3Jadis elle habita le féjour du tonnerre ,

a: Dont elle defcendit pour défoler la terre:u Jupiter fut l’objet de fa méchanceté

u Lorfque devant Junon il siéroit trop vanté

a Qu’un mortel avant peu dans Thébes devoit naître;

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.1), H o MIE in E. 151:3Qui fur tous (es voifinsk devoit régner enlma’itre,

eEt devoit furpafTer par (es nombreux exploits

n Les travaux réunis des héros à: des rois.

uvJunon , pour s’allumer de ce fait incroyable,

Fait jurer par le Stix fou époux redoutable;

Le dieu n’eut pas plutôt prononcé le ferment

3Qu’elle hâte Eurillhée en (on enfantement lTandis qu’elle retient Hercule,au (du d’Alctnenc;

Si-tôt que d’Eurifihée elle a fini la peine,l

Son triomphe affuré, elle remonte aux cieux

a Et dit à Jupiter, en préfence des dieux:

a J’apporte à mon époux une grande nouvelle;

u Il el’c ne, ce héros, il cit né, lui dit-elle,

a Thebcs s’en glorifie. Euriühe’e en ce. jour

D’un époux qu’elle adore a couronné l’amour: i l

Petit-fils de Perfe’c , il peut en affurancc

Du rang de Jupiter honorer fa naillËmce. u

u Le’fouverain des dieux de fureur tranfporté;

,, Dans ce hardi complot croit reconnoîtte Até:

à Enflammé de courroux de voir le fils d’Alcmene.

,, Fruflré du premier rang, dans (on pouvoir fuprême

,, Il précipite Até du haut du firmament

A . . ’ ..a Pour etre«des mortels à. jamais le tourment; r

K iv

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I5: L’I Le: A’D n’-

a C’eft du maître des dieux , c’elt d’Até la Furia

u Qui troubla malgré moi le repos de ma vie.

tJe fus -inju(le, Achille; eh! comment réparer

u Tantde torts ! . . . cher ami, c”efl de vous honorer;

De vous ofliir les dons prélentés par Uliflè ,

Et dont je fais encor un entier ’factifice. a

. » Illul’tre Agamemnon, dit le fils de Thétis;

A vos ordres encor vous me verrez fournis;EJe vais montrer Achille au milieu du carnage e

PuifTent tous vos guerriers imiter mon courage:n Je ne refufe point vos faperbes préfens ,

u Mais pour les accepter il cit un autre temsl;n Marchons... Sois moins prenant, répond alors UlilTe,’

a (in foldat fatigué tu dois ce facrifice;

a Àttends que par les dons de Cérès, de Bacchus;t

3Ils raniment leurs fens de fatigue abattus,sa Tandis qu’Agamemnon peut en notre préfence.

u Accomplir les effets de fa munificence;n Un monarque s’honore, en réparant (es torts,

a Par de riches préfens 86 de nombreux frétois. il

4 t iln UliŒe, dit Article, ô toi de qui la GrcceRcfpeac les avisdiëtés par lai-3565H2

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I)

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a:

D)

n’-H o M a ne. 15’;

Je m’empreffe à les fuivre en donnant un moment

A A fatisfaire Achille 6: remplir mon ferment;

Va chercher les préfens, amenelles captives,

Et fur-tout Briféis, tandis que fur ces rives

Un pompeux factifice, en face d’llion ,

Scellera pour jamais notre réunion. p

sa. Avant mut, dit Achille, allons à la viétoire;

.Il fera teins après d’illulrter notre gloire

Par notre attachement, par nos foins mutuels,De concourir enfemblc aux vœux des immortels;

Puis-je trop-tôt céder à mon ardeur guerrierc

Pour venger nos héros couchés dans la pouliieteia . .1

Vaillant Agamemnon! fi du fils de Thétis

Il vous plairoit encor écouter les avis ,

Ce feroit de voler à l’inflant dans la plaine;

De prévenir Hector dans fa marche incertaine;

De l’attaquer fondain, afin que nos foldatsv

Trouvent à leur retour un abondant repas:Pour moi, je n’ai befoin une de ma feule armure

Et dulfangl- des Troyens pour toute nourriture. a»

a, Achille, dit Uliflè, une trop vive ardeurEû quelquefois l’écueil d’une infigne valeur:

Mes confeils [ont toujours fondés fut la prudence;

J1..- g

5.--

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Ij4. L’ILIADEa Je la dois à mon âge, à mon expérience.

se Faut-il palier les jours en des combats fanglans,

a Et, pour venger les morts, épuifer les vivanszv» Ils méritent les foins, les pleurs de la patrie,

u Sans nous priver pour eux des befoins de la vie:

a leur cendre fumante accordons des tombeaux,u Mais lainons nos guerriers prendre quelque repos.»

Il dit, 8: ne voit plus que l’objet qui’le guider

Il marche fiérement Vers la tente dsAtride,

Suivi de Mérion, des deux fils de Nefior ,

D’un nombre de guerriers, a; de Mégès encor.

f à Pour charger les préfens, amis, que lion m’entende,’

si Dit-il. u On obéit à l’infiant qu’il commande.

Les uns chargent leurs bras des vafes, des trépieds,Et d’autres près d’Achille amenent leszcourfiersi.

Lorfque des talens d’or UlilTe en la flagelle

Vient lui-même d’Attide accomplir la promelTe ;

Les captives encor, ainfi que Brife’is,

Arrivent à leur tout près du fils de Thétis.

soudain Talthibius qu’un faim devoir anime,

Aux pieds d’Agamcmnon préfente la viaime

pCe roi des Grecs alors prend le couteau facre’,

Et s’adreirant au ciel z a Dieu toujours révéré si

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i.

n’HlonertE. V155.. ,, Dit-il, ô Jupiter! redoutable au parjure!

,, Vous Terre , vous Soleil, pere de la nature,,, Daignez tous confirmer le ferment que je fais,, D’avoir deIBriféis tefpeété les attraits;

,,.Touché de les malheurs, j’ai gardé le filence

,, Sur tout ce qui pouvoit alarmer fa confiance. siIl frappe la-viétime après ces vœux offerts

Lqrfque Talthibius la plonge au fonds des mers.

Se levant à (on tout: n Chers amis, dit Achille,;, Sur l’infulte du roi mon cœur efl plus tranquille;

,, Je connois aujourd’hui que ce trouble odieux-

,, Elevé parmi nous eli l’ouvrage des dieux;

,, Et lori:un tout ici m’appaife 8: me Aralliure,

,, Allez dans. vos repas contenter la nature. a:

Il a dit, 8: foudain tous les Grecs à ces mots,

Pour hâter leur retour, "volent fur leurs vailTeaux;«Achille’refle (cul 8c déja fou amante,

Au milieu du cortege, en: conduite en fa tente.Cependant Briféis, attentive en tous lieux ,

Suri le corps de Patrocle a jetté fesibeaux yeux:

Elle quitte fa troupe 8e près de lui s’avance ,

De [on premier tranfport cede à la violence,

Sur lui le précipite 8: le ferre en les bras,

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356 L’ I L r A D EEt dans [on défefpoir oubliant fes appas;

Elle meurtrit fou fein, déchire fa parure ,

Arrache avec dépit les nœuds de (a coëffure , r

Jette des cris perçans accompagnés de pleurs,

Et joint à fespregrets (es mortelles,douleurs.

,, O généreux guerrier l ô Patrocle l dit-elle ,

,, L’amitié t’a conduit dans la nuit éternelle.

,, Le voile de la mort dont tes yeux (ont couverts

,, Ajoute encor l’horreur à mes tourmens divers;

,, Ah ! quandfiniront-ils ces troubles fariguinaires!,, Par eux j’ai vu périr mon époux, mes trois fretta

,, Captive dansces lieux, tu ne dédaignas pas,, De plaindre le pouvoir de mes faibles appas;,, A de honteux liens quand je fus condamnée ,

,, Tu me fis efpe’rer un heureux himene’e ,

,, En m’afiurant qu’Achille afpirant à ma main ,

,, Mettroit enfin le terme à mon cruel deliin.,, Toujours l’efpoir me fuit, mais toujours malheureulèi

, ,, Je n’oublîrai jamais ta pitié généreufe. .

Embralfint le cercueil, elle a fini ces mots -

Sans arrêter le cours des pleurs de des fanglots,

Quand fa troupe, affaîtant une douleur commune-h

Pleure moins le guerrier que (En propre infortune.

Cependant tous les rois, de retour fur leurs un;

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D’Ho’Mnnn: 152Veulentforcer Achille à prendre fou repas.

sa Princes, dit ce héros,’j’ai dompté la nature

,, Et je renonce enfin à toute nourriture,,, A pleurer mon ami ce jour eft confacré,.,, C’en: la feule amitié’qui me guide à fou gré. si,

Les Atrides, Nefior, Uliffe, IdomenéeSejoignent à. Phénix près du fils de Pélée 5’

Leurs« prieres , leurs foins , loin de le raffurer ,

Irritent fa douleur il ne veut que pleurer.,, Ton image , dit-il , à mes feus fe préfente,

,, Je. te Yvoisl,*cher Patrocle, occupé dans marante ,-a, Empreffé près de moi, n’avoir d’autres plaifirs

,, Que ceux ide fatisfaire à mes ardens defirs:

,, Ç’étoit toi qui toujours me donnoistmon. armure;

,, Mais, hélas! tu n’es plus: ton ombre aux fornbres bords

,, . M’or’donne de defcendre avec toi chez les morts;

,, Je t’y fuivrois bientôt fi je n’avois encore l

,, A punir. ton Vainqueur, cet Heétor que j’abhorre.

,, Ôn veut en vain forcer ici ma volonté,

,, Je ne veux me nourrir que de ma cruauté;

,, De la mort de mon fils, de celle de Pelée,

,, Mon ame en ce moment feroit moins affligée. si 1

Il verfe encor des pleurs en achevant ces mots, . 1

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158. L’ILI’ADEEt les rois font touchés des larmes du héros.

Cependant Jupiter du haut de l’empirée

Ecoure les foupirs du vaillant fils d’Atrée

Et du divin Achille; il (appelle Pallas :a» Vers les Grecs, lui dit-il , je veux guider tes pas;

sa Achille fut toujours l’objet de ra tendreffe ,

a. Peux-tu le voir fans trouble accablé de t ineffei

u Près des liens languiffant faute de fe n°111113

w Dans cet affreux état le verrons-nous périr a

a: Déeffe, .vole au camp de prends foin de fa vie,Va philtrer dans fou cœur le neé’tar, l’ambroifie; . 8Qu’au milieu des combats , 8: toujours fous ta main,

Il ne puiffe éprouver les horreurs de la faim. w

Minerve qui des airshfranchit l’efpace immenfc;

Près du fils de Thétis arrive en diligence,

Le regarde, l’approche 8c déja dans fou fein

A vetfé l’ambroifie’ 8c le nectar divin.

Mais tandishque les rois près d’Achille méditent,

Les Grecs de leurs vailfeaux fortent, fe précipitent:

Tels qu’après l’aquilon qui foufile dans les airs

De la neige formée on voit les champs couverts,La terre brille alors d’une clarté nouvelle;

De même des guerriers que le devoir appelle

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D’HOMERE. 159;.Les cafques, boucliers, cuiraffes, javelots,

Jettent un feu brillant jufques fur leurs vaiffeaux.’

Achille qui frémit de douleur 86 de rage,

Brûle de retourner au milieu du carnage.

Lotfqu’il voit qu’à marcher les bataillons font prêts;

Il s’apprête au combat à la face des Grecs:

Se couvre fans tarder de fa nouvelle armure ,De fou cafque brillant, prend en main fa chauff’ute;

Et charge enfin fon bras du divin bouclierSur lequel refplendit l’argent, l’or 8: l’acier. o

Des bienfaits de Vulcain pour mieux goûter les charmes;

Il cherche .à fe mouvoir fous le poids de fes armes,

Qui, loin de le gêner dans tous fes mouvemens ,

Au contraire, il fe fent plus léger que les vents.

Enfin il prend en main cette lance terrible ,

Ouvrage de Chiron a: toujours invincible. I

.Alcime, Automédon font aufii les premiers 4 -.

difpofer le char, à guider les courfiers,Ces courfiers immortels qu’un feu divin allume,

Rongeur déja leur frein , le blanchiffent d’écume;

Automédon les tient: Achille fur fou charDevient du rallîment le fuperbe étendard.

Dans fou brillant éclat 8c fa figure altiere

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160A. L’ILIADEOn l’eût pris pour le dieu qui répand la lumiere.’

Mais le héros voyant l’ardeur de fes guerriers,

Il s’adreffe en ces mots à .fes divins courfiers:

sa Soyez , fiers compagnons, à mes ordres dociles; V

r Rendez dans tous les cas vos mouvemens utiles:u Quand le def’tin d’Achille en vos mains en: remis;

a) Ne l’abandonnez point aux mains des ennemis. q

( ’A l’inflant un prodige étonne l’affemblée,

Junon l’avoit permis pour le fils de Pélée;

, Un des. divins courfiers prend la parole.& dit;En inclinant la tête: u Achille, en votre-efprit ’

rRéfumez nos devoirs pour agir 8c’conn’oître I

u Que nous partagerons l’honneur de notre maître;

sa Et’que malgré le’fort volant de rang en rang,

sa Nous le ramenerons fans défordie en fou camp;

v Si Patrocle expira viétime de fa’gloire,’

Apollon près d’Heétor entraînoit la viétoire g

n Mais le jour qui s’approche où , fous l’effort d’un dieu,

a Je vous verrai périr en ce funefie lieu,u ’Eulfé-je de zéphii: les ailes , la vîteffe,

sa Je ne pourrois vous faire une telle promefe;n Il dit, 8: perd fondain le don de s’exprimer. si

u Courficr, lui répondsil, as-tu cru m’alarmer!

v Non Q

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D’HOMERE.la Non, je n’ignore point que la Parque cruelle

u .Ne refpeétera pas le fils d’une immortelle;

u Mais avant d’arriver à ce terme fatal,

w Je verrai fous mes pieds mon odieux rival. a;

i A l’inflant des courfiers il agite les rênes ,

r6:

Et du champ de la mort il. traverfe les plainesoî ’

P , . zFin l du dix-neuvicme 67140:..4

E11

Tome Il. EM

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tr. I A a D ÏI il O M E R E.)

j C H A-N’T’. KV 1 N G T 1 EM

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a AARG’UMENT DU VINGTIEME CHANT.

P END4 NT que les deux armées je mettent enbataille , Thémis aflemble les dieux par ordre de Jupiter;

il leur dia: je: volontés è leur permet de prendre unpaïtÏ-entre les Grecs’bu les T rayeras .- è leur arrivée,

hideux armées je choquent’avec’plus de fluera. le

tonnerre gronde : Neptune ébranle la terre jujèue: dans

fis fougem’ens 5 Pluton a]? airant èu’ellene s’entr’ ouvre ê que le jè’jour du amârés n’en foi:

éclairé. Apollon excite Énée contre Achille 5 les dieux

ËËEÏËM peur être fieâateurs du combat : les deux

guerrier: fLPmVQW’ïxJ’W; (fade-[69.1415 menaçants 5. ils

je chrirênit ’a’VECqullreuÏ. Mimi; enlevb’Ëne’e nuirio-

..;..-.. .5gaga?! va tombetjôïs...ltrcouppsïdî4flrille ,- le

de Pe’le’e s’en dédommage en immolant à [à douleur

plufieurs chefs des T rayer): : Polydore , le plus jeunedes enfin: de Priam, a]? une de fis m’aimes. Hec’Zor

vient pour venger la mort de joli frere ; Achille ejlprêt à lui ôter la vie quand Apollon , pour le fiaver,

l’ enveloppe d’un nuage. Achille poufiit vivement les

Troyens jufqu’aux pieds de leur: murailles : il en fuit

un efflux carnage.

fil

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L’ I L I A DED’HOMEREtïff

CHANT VINGXTIEMsEÜ

lsous le même drapeau tous les Grecs réunis

Marchoient au champ de Mars fous le fils d: Thétis;

Les Troyens dans l’ardeur (me rien ne: peupabattreu.

Formant leurs bataillons. 36, brûlent de combattre;v:

Thémis , fur l’ordre exprès de convoqùer lesîdieuxg

S’cinpreH-cid’obéir au fouveraîn’ des cieux. "

L’ordre en: dëia. porté dans l’exc’icl,lfi1r la terre; "

Où quelques "immortels prenbiént barri à la guetté ;l’

1-15

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168 L’ILIADE.Que la divine armure a jette’ dans (on cœur;

On croit voir dans Achille un dieu couvert de gloireMarchant à l’ennemi conduit par la viâoire:

Le tumulte commence-au moment où-les dieux,Pour défendre Ilion , (ont defcendus des cieux.

La .Difcordc à leur tête annonce le carnage

Quand Pallas a Vole des remparts au rivage

Portant aux cœurs des Grecs (a belliqueufe ardeur.

Le dieu Mars des Troyens ranime la valeur;Du hautides tours déja [a voix le fait entendre,

Et la terreur la porte aux rives du Scarnandrer: pMais la foudre qui gronde 8: qui tombe en éclatsInfpire laÎ frayeur , même au dieu des combats.

D’un coup’dehfon trident Neptune en (a coleta

ÇA (enlevé (es-flots Fait trembler la terre;

Le vieux Pluton, qui. (en: ébranler (es lambris;

Au fouverain des dieuztifair entendre (es cris;Il crain’tide Voir bientôt fesvoûres entr’ouvertcs g

Et du réjour des morts les routes découvertes

Préfenter aux vivans cet arpea: odieux

Abhoîrr’l des-mortels 28e craint même des dieux.

Dans un tumulte afireux ou regne le carnageNeptune a. d’Alelon provoqué le courage .5

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n’ H o M E ne. 169Mars attaque Pallas; la décile des bois I

Sur la fiere Junon épuife (on carquois:

Latone atteint Mercure 8: Vulcain fuit le Xante;Ainfi q voit par-tout le trouble de l’épouvante.

Achille cit furieux de n’avoir point encor

i Mefuré (a valeur contre celle d’Heétor.

De cet ardent defir rien ne le dédommage ,

VIC’ell: lui (cul qu’il attend pour alibuvir (a rage;

Il le cherche pat-tout. . . . Cependant Apollonl’rès d’Énée avoit pris les traits de Lycaon ,

Un des fils de Priam. a: Écoute, fils d’Anchife,

u Souviens-toi que ta gloire à ta valeur foumife

u Doit être d’immoler à ton ambition

ne Le redoutable Achille aux remparts d’llion. n

u Je ne m’en défends pas, tel étoit mon courage;

a. Dit Énée, de fur lui j’aurais eu l’avantage

a Si la fiere Pallas, toujours à (es côtés,

a; N’eût oppofé la Force à mes (ans révoltés.

sa; Je me fouviens du jour où , fans l’être (uprême,-

a Je perdois a leurs pieds l’honneur, le diadème:

a, Qui pourra contreiAchille ofer fe mefurern Quand Jupiter pour lui vient de (e déclarer 2

au A le combattre, ami, je prendrois l’alinrance- * ’

v1»

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170 L’ILIAD’EÆu Si le ciel entre nous confervoit. la balance. a

sa Eh quoi ! dit Apollon, n’el’t-il point d’autres dieux

sa Qui puifÏent feeonder ton zcle ambitieux?

a: As-tu donc oublié que tu defcends d’ARrée

Quand Achille en iliii du fang du vieux Nétée!

La reine des amours t’a porté dans (on flanc, 2

u Rends-toi digne en effet de cet illuilre (mg. uÉnée à ce difcours va tenter la fortune.

Junon, qui l’apperçoit, joint Pallas, joint Neptune

Et leur dit : u Immortels, j’apperçois Apollon

S’approcher près d’Énée, il lui (et: de feeond;

Unifons nos efforts 85 longeons à défendre

8

3

3Achille tant de fois vainqueur près du Scamandre. se

u Non, laifl’ons ce héros diriger Les exploits, à

u’ Dit Neptune, un guerrier cil jaloux de (esedroits;u Maçons-nous feulement fur quelqu’autre éminence

u D’où-nous puiflions juger l’attaque de la. défeni’ezi

a: Si le fort contre lui prend un malheureux cours,a ’11 fera rems alors d’aller à (on feçours. n

Il dit, de tous ces dieux marchent d’un pas rapide.

Pat Neptune conduits fur le rempart d’Alcide; IUn nuage a l’infini: les cache à tousiles yeux. à. r

l

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n’, H o Meaux a. .17:Tandis que des Troyens les favorables dieux

Allembloicnr leur confeil fur une autre colline

,Que le Xante baignoit de [on onde divine.

Le camp brilloit d’éja du feu des boucliers,

’Et la terre trembloit fous les pieds des courfiers.’

Au milieu de l’arene on voit le fils d’Anchil’e

- D’un (accès alluré flatter (on entreprife, l

Et le fils de Thétis, d’un air plus dédaigneux,

Sembloit devoir attendre un combat glorieux;Énée agite en l’air (on bouclier immeni’e,

Contre forr’adverfaire à grands pas il s’avance,

Achille le regarde 8e lui parle en ces mots:

au, Téméraire, ell-ce à toi d’attaquer un héros?

’ a Dis-moi, qui t’enhardit a qui t’engag’e àparoître

u Devant moi, que jadis tu reconnus pour maître?

Je ravageai l’anell’e , fusàtrop heureux

D’échapper a mes coups par le .fecours des dieux.

i Mais ne te flatte point que ces dieux tutélaires8Protégeront toujours tes.,ptojcts téméraires;

Évite le trépas, il, en en: tems. encor,

a Et cede le, combat au valeureux Heétorr 23’

a Vaillant "fils de Thétis,Ïdes infultes pareilles

a .Pouttoient bien d’un: miam-r étonner les oreilles a

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171 t.’ I L tr A n au’ Mais moi qu’un vain orgueil ne peut épouvanter,

u Devant vous fans frayeur j’ofe me préfenter;

sa Vous (avez ma naillance de je controis la vôtre,u Du fang des immortels nous for-tons. l’un de l’autre:

u Je Puis fils de Vénus, vous l’êtes de Thétis,

à L’une des deux bientôt pleurera fur (on fils. u

Il dit, 85’ le trait vole au bouclier d’Achille,

Qui neifait fur l’acier qu’un effort inutile;

Achille cependant en a [cuti l’effet, A

Et s’étonne en voyant le l’accès imparfait.

Il controit le danger plus grand qu’il l’imagine

De mefurer (on bras contre une arme divine: aSoudain il tend l’on arc , lance un dard dont l’acier;

Va de (on ennemi percer le bouclier;Mais le .Ttoyen l’évite en s’inclinant alte’rre ;’ ’

Achille alors fur lui leve le cimeterre : AÉnée en la frayeur recule quelques pas IEt d’une roche énorme il a chargé (on bras, ’

Neptune qui le voit au moment de faiperte

Près des divinités figement fe’ concertes l h

u Déefl’es,’ leur dit-il, je vois avec douleur

a L’imptudenr fils d’Anchife en.proie a (on vahïqueur 3

poll en; chéri des dieux, de Jupiter lui-mêmez.. FI a

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n’:H ou M a a a. :73a Veut un jour fur (on front placer le diadéme.

n Du (mg de Dardanus ce vertueux guerrieru De cerïillullzre nom fera-HI; le dernier?

e Non, le maître des dieux autrement en ordonne,

à A remplir les defirs Neptune s’abandonne. la. 2

in Dieu des mers, dit Junon, fuivez. votre-delà,u Sauve-i les d’Éné’e’pu’ lainez-le périr; V

a Mais pourl l’allast Lmoil’nous nous (brumes liées

u D’indill’olubl’e’s’ nantis moindres (actées ,h

u D’élËig’ii’e’ti’îi [ou récdiirs lc’mien il a

u Des, remparts’jd’llion xdu’ moindre Troyen ,3

sa Quand mêrqe nous verrions dole fer de les’flamrtier

o Einbralerzëe frapper les enfant? de les femmes"!

Neptune’à’ diÎcotirs’volepp’rè’s des guerrier-s.)

Parmi les’javelot’s,’lËs’boucliers; I v lD’un-voile .ép’ai’s”:l’o’udâin:’co’uvre’l’es yeux d’AÇhille- ”

Pour tranfpôtter’vÉné’e’aux de la ville: l’ ’

la, le dieu’ Le découvre luij parle en. ces:l» Ofe-tu’,”fils”d’Ânchii’e ,’ attaquer Sun héros l

a Plusivàl’eur’eû’xiqhe’toiÏplus’habile à]; guerre,

a Et toujoursfrfous l’appui :dil maître du tonnerre!

a Attends, ppurffignalerg ta’jufie ambition ,1 - v -- .

052146 CF. Vaillant guerrier defcendcchcz Pluton. a"

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174 ’ .I.’ Ï 1: [AS-D.” il: I

Il dit, ’ôcpl’e quittant, près d’Achille il s’avance î

Il déchirerl’e voile de garde le filencet i ’Dans (es premiers regards Achille cit-étonné

De trouver a (es pieds le dard abandonné.u Tu m’as donc échappé , dit-il , guerrier timide; r.

u Malgré l’appui desqdieux 3 fuis l’elïroi qui te guide,

a. C’efl: unpfoible’ennemi qui ne paroitra plus V ’

u Et. déja je le mets au nombre des vaincus. w .a.) Du. léjour de Pluton pour remplit! les abîmes ,

sa Je trouverai bientôt allez d’autres victimes.;n. H

Fiers 8e vaillans guerriers, dit-il a l’es-’foldats,

au: Autmilieu du carnage ofez fuivre’ mafias; ’

u Approchezï les Troyens à fi peu de diÊance - Q

I u QuepvousApuillieztoujoursvous (clivât; dela lance;

a Fondez-les vivementfde .fillonspen [filigranai .se Queïne puis-je tout’l’e’ul forcerpl’eu’rs bataillons! -. i

a. Mais (mica allure; que le divin , . «Lù» A.la’têtc des Grecs trouvera tout facile:5 57 si 4 I

a.) Je. rendrai les Troyensiîtémoins Cigale; exploits, asa Et malheurà celui qu’appzl’inftant j’apperçlois, a m

Reflet derfon côtéirail’emble les cohortes" ’ ’ "

Et mer au. premier rang «(est troupes les plus’forteSr’ "

se Braves Troyens, dit-il, faits pour (but farmonter’,"

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D’Homsrtn: I7;sa Achille devant moin’efl: point à redouter. ,u Le ciel ne répond point à des difcours frivoles,a Je dois donc épargner d’inutiles paroles;,, Et s’il faut que l’effet réponde à votre efpoir,’ l

,, Pour le mieux confirmer, Troyens, vous allez voir l5,, Ôu’Heâor en (a valeur, querien ne peut abattre.,,kSait penfer, fait agir 8: fur-tout mieux combattre. l,, Quand le. fils de Thétis auroit le cœur d’acier, i,; La flamme aupbout du bras, j’aie le défier. u i

A ces motsles, Troyens pouffant des cris terribles,-Font brillet’dan’s les rangs leurs lances invincibles, ’

Lorfque le dieu du jour s’approche près d’Heétor i

Et lui dit: u Fier guerrier , n’eit pas teins encor t l,, De mefurer ton bras contre celui d’Achille; I t

,, Au centre de l’armée, attends de fois tranquille. si

Ce difcours d’Apollon’étofine le héros, I

Mais enfin le décide a relier en repos.p. 4 . a . a A .1, a

Achille cependant que ce retard irrite ,Dans les rangs des Troyens (andain. (e précipite. , Î

Le jeune Iphition cit déja le premier

Qui reçoit dans. le fein le redoutable acier; vLe fier Démoléon fur Achille s’élance,

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176 L’ILtanl’tÏMais ce vaillant guerrier cil tombé fous (a lance; ’ A

Leçgrand Polydamas , qui s’ell: mal défendu,

Se roule en géminant fur le fable étendu;

De même qu’un taureau , près des aurels d’hélice;

Mugit a l’appareil du pompeux facrificer

L’imptudent Polydo’rîe,.àlla fleur de l’es ans,

Pour montrer (on audace, efi entré dans. les rangs; -Digne fils de Priam ,. objet de (a ’tendrell’e, I

Il ne fait que l’ardeur d’une aveugle. jeunell’e;

Quand le fils de Thétis leve fur lui ’le.bras

Et le met à l’inflant aux portes du trépas. I AIl voit fou flanc ouvert, de de (es mainstte’mblantes.

Il reçoit en mourant. l’esentrailles langlantes. I

Heâor qui voit tomber fon’frere au rang des morts;

Oubliant Apollon, (e livre à les tranl’ports”, Tl i

Ill’a- percé les rangs; mais le fils de Pélée V ’

L’apperçoit accourant au fort de la. mêlée: - -

,, Le voila; (e dit-il, celui dont la fureur :- I Ë,, A frappé mon ami pour me percer le cœur;

,, Approche, ajoute-t-il, approche, téméraire,

,, Paillé-je dans l’on rang all’ouvir’ ma colere !-- *

’ l

t

u Ta valeur, dit Heélor, fléchira devant moi

a Si le ciel veut celle: de combattre pour to:- n

Le traie

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a

D’H o M’ r a a. Ï Î77

Le trait part à l’inflant, mais la (age Minerve. ,

Près du fils de Thétis de Ce coup: le préferve r ’ 1 3

Quand Achille en fureur levé un bras meurtrier; l K?”

D’un nuagetApollo’n a couvert le. guerrier ;Î - 7 .Achille tu fois à le percer 9’3PPliqueÏ --

Et trois fois dans la nue.il enfonce (a piqua. - - ÏL’ardent fils de Pélée, irrité de le voir v l a :

Encore par les dieux trompé dans (on-cfpoi-r,

fi a. a;

Va porter dans les rangs l’horreur l’épouvante;

Driops en: accablé fous l’armure fanglante.

Les deux fils de Bias, ainfi que Démachus,

Sont renverfés du char de déja ne font plus."

’Alailor menacé croit obtenir fa grace,

.Tombanr a t’es genoux-qu’avec. zélé ail embrafl’e;

Son âge, (a beauté parloient en (a faveur

Quand Achille inflexible a rempli la fiir’eur.

Il combat Malins; d’une rage pareille”

Et fait palier le ’dard deil’un’e’tà l’autre oreiller

Échéclus cil atteint du fer enfanglanté

Lorfque Deucalion veut fuir épouvanté;

Mais Achille le fuit, par (on cafque il l’arrêt.

Et de (on cimeterre il lui tranche la tête.

’Ainfi que dans un champ, fur l’aire faire exprès

Tome Il. ’ M.«&t

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r78 L’ILIAD’E’ D’H o MER n.

Qudnd on vent dépouiller» les épis de Cérès ,

On voitlles bœufs: foulant les gerbes entaflées,

Ne une; Tous leurs pieds-que des pailles framées;

Tel fous le char d’Acbilleâc les pieds des courfiers V

On (eut brifer’les os d’un millier de guerriers :

Rien n’arrête [à courfe , de toujours plus terrible,

Tout tombe, tout fléchit fous (on bras invincibles

g En du vingtieme Chant.,nrirk-I’5’ I

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L’ILIADEDHOMERE

Ë àCHANT-VINGT-UNIEME;

a; j

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WARGUMENT DU VINGT-UNIEME CHANT.

(LES Troyens jour enric’rcmcnr, dcflzits ; une partie

fi précipite dans le Xanre : Achille les y pourfuit 6’

en fait un grand carnage. Il y fait douïe illujlrcs’ pri-

fbnnièrs qu’il promet d’immolei’jur le bûcher il: Patrocle.

Il’ tue Lycaon , fils de Priam ,’ ainji qu’Afleiopè’e,

geizc’ral des Péoniens. Le Xante irrite; fi débarde 6-

ycut le filmcrgcr ; -Ncptune ê; Pallas viennent leprotégea: LevXantc appelle le .S’imoi’s à [on fémur: ,-

Junon envoie Vulcain pour les mettre en feu ê les”c0nfimer :’ ils demandent grau: à cette défie Ô lu

prient de rappelle: Vulcain 3 elle’jè ilaifl’e fléchir. Il

’s’e’l’cve combat dans l’Olz’mpe entre l’es-dieux. Murs

intrigue Minerve ; elle leprenvcrjè : Neptune veut fimcfizrcr avec Apollon qui refitjè le combat. Diane l’ac-

cujè de lâcheté , mais Junon la punit de fou audace.

lAchille continue fis ravages. Priam du haut d’une tour

voitfis troupes en dcfirdre ; il fititpuvrir les portes pour

fivanfir leur retraite. Apollon excite Age’nor contre

Achille ,- le crédule guerrier l’attaque : mais navrement

qu’il va être immolc’ à la fureur de fin ennemi Jpallon

l’enleve 6’ prend lui-même la figure d’Age’nor pour

tromper Achille en fuyant devant lui. Cet artifice donne

le teins aux T rayons de rentrer dans la ville.

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L’ I L I AiD ED’HQMERE.

w- . flèm- zzæ.CHANT VINGT-UNIEME.L ES Troyens en déroute , 86 faifis d’épouvante,

Sont déja tcpoufrés au rivage du Xante,

Lorfqu’un nuage épais élevé par Junon

Augmente, la. terreur 8c la confufiong.

Les foldats fugitifs à travers les broufraillès

Vont fe couvrir de honte aux pieds de fours murâmes:

Maïs ceux (tout là valeur féconde res efforts IDu tranquille-Scamandre. enfanglàntent Ies’ bords. ’

Leskhonimcs , les chevaux tombent, (ë précipitent-I

Et les flots fous 1:va poidls gémirent 86 s’agitent-

M fifi

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182w L’ILIA’DETels qu’on voit dans les champs ces infectes rongeurs

Fuir le feu qui s’allume au gré des moilfonneurs,

Obfcurcir le rivage , 85 de l’onde courante

Ternir en un imitant la furface brillante:Tels on voit les Troyens fous le fer d’un héros

S’entafl’ef couvrir l’immenfité des eaux;

Et le fleuve bientôt arrêté dans (a courre,

Gonflé par les torrens, remonter vers (a fource.

Achille peu touché du cri des malheureux,

S’élance fur les flots 86 s’y plonge avec cuir;

Son bras devient par-tout l’inflrument de (a rage ,

Et fou cœur s’afl’ouvit d’horreur 8: de carnage.

,Iant de fang répandu fous le fer du’vainqueur

Du limpide Scamandre a changé la couleur;Les Troyens échappés à la lance d’Achille

Sous les rochers voifins vont chercher un aryle:Tel qu’au premierafpec’t du vorace dauphin

Chaque habitant des eaux fait (on cruel" defiin.

Las enfin de carnage, Achille fur (es armes

Se repof’e un imitant, gémit, répand des larmes.

0 cruel (ouvenir! Patrocle, tu n’es plus!

Ton ombre fe préfente à mes (eus. abattus:

Viens-tu par cette image augmenter mon filPPlÎCca

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11’ H o M a u. LIS;Ta .gémifl’ante voix demande un (acrifice; h

Oui, le fang Fumeta, je m’en faisane loi,

Le tombeau de Patrocle efl un autel pour moi. lSoudain douze Troyens (ont tirés des abymes

Et conduits au bûcher pour fervir de victimes;

Mais bientôt la fureur ranime le héros

Et lui fait regretter cet initiant de repos.

’ Tandis qu’il fait la mort fur (a valle étendue

Le jeune Lycaon [e préfente à (a vue;r, i ade cher fils de Priam qui de’ja les mers l x Ç.Jufqu’aux bords de Lemnos avoit porréides fers 5

Quand le fils de Jafon , par un moyenlutile,A Force de. préfens, l’obrinr des mains d’Achille:

A peine échappe-bila [on malheureux fort

Que (on. ambition le conduit à la mort. tDu. milieu du tumulte, 85 des cris , 8: des larmes:

,Cet imprudent guerrier le retiroit fans armes lQuand le longueur Achille, en tous, lieux attentif a

D’ans’ce jeune guerrier reconnoît (on captif. - n

u Eflc-ce donc LvCaon, dit-il, cit-ce (on ombrea; Échappe’e a Pluton en ’faidemèurdùfombre à "

sa Toi, qui’dep’uisï’dix’joutèrenlèvd de Lemnosl l:

s. Par ordre d’Ér’ion-ôc conduira timbres; v

M iv .

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4.184 , 13111:1 A D È’ ii.

u Le ciel a donc pour roi fait un n’ouveau’miracle,

n Et ta bouillante ardeur ne trouve point d’obliacleà

u Trairre, je n’emploierai d’autre bras que le mien "

n Pour punir les complots d’un perfide Troyen. a

. D’une main Lycaon ful’pend l’arme d’Achille ,

Et tombant à (es pieds: au Mon ame plus tranquille;

a: Dit-i1, croit la pitié la vertu d’un héros;

a) Elle a parlé pour moi dans les murs de Lemnqsg

a» Pol-idore cit déja par votre main cruelle.

a: Sous mes yeux, defcendu dans la nuit éternelle:

v Ce frere nia-t-il pas airbuvi le courrouxtu Du héros qui me voit embralier les genoux;a Les deux ’fils de Priam 8c de Laothoe’e

sa N’ont-ils pour ennemi que le fils de Pelée:

un Écoute ma priere en te jurant encor ’w Que Lycaon n’efl: pas du même .yfaug qu’Heâoq

u Quoique fils de Priam, deux. meres différentes

u Noùs ont donné le. jour. Que res armes ûnglantes

ne Du vainqueur de Patrocle abregent les exploitsa

a», Et donne-moi la vie une feconde fois. sa.

sa Non, non, tu périras a d’un fang, que je déreûq

si Il me faut). Patrocle immoler ce qui relie;u L’ombre de ce. guerrier gémit aux. (ombrât holà-l

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D’ H o M E n a. 185la Du moment de pitié qui fufpend mes tranfports:

au Cetteppitié toujours guida mon ame altiere ,

» Mais le fang diun ami rejette ta priere. la Quoi! ne rougis-tu pas d’un fi lâche entretien;

a Et, pour craindre la mort, faut-il être Troyen?sa Quand le fils de Thétis peut la voit fans la: craindre;

n Viens apprendre à mourir, 8: mourir fans te plaindre;

sa Patrocle cit au tombeau, va. le joindre. . . 8c foudain

u De fon glaive fanglant il lui perce le fein.a Va nourrir de ton fang les habitans de l’onde,

u Du relie d’llion je veux purger le monde;

a. Puiil’e donc en ce jour ce glaive meurtrier

a. Des perfidesTroyens immoler le dernier! u

Il dit, l’onde mugit, la rive cil: inondée ,

Et le Xante en fureur vomit Aliéropée.,

Achille qui le voit Çorrir du fein des Hors,

S’avancer jufqu’à lui tenant deux javelots: l

n Quel es-tuæ lui dit-il,-ôc quelle eft ton audace! n

a Le fils de Pélégon ne craint point la menace;

un Aufli vaillant qu’Achille, il defcend d’Axius,

a. Fleuve dont le pouvoir égale Ache’loüs.

ça Afiérope’e enfin peut braver ta colere ’

a Quand il venge à la fois le. Scamandrc ô; [on peut

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186 IL’IL’IADBsa Ton air audacieux enflamme mon courroux;n Tremble, fils de Péle’e, expire fous mes coups. a. l

Soudain (es javelots (ont lancés fur Achille , 4Dont l’un ne fait en l’air qu’un effort inutile :

Mais l’autre mieux conduit par les mains d’Arrbpos,

Enfanglante l’armure 85 le bras du héros.

Achille furieux, fur lui le précipite

Et le Force à defcendre aux rives du Cocyte.

Trop imprudent guerrier l dit-il , étoit-ce à toia» De me vanter, ta race 8: ,t’e’galer à moi!

Si du fleuve .Axius tu tiens ton origine,Mes égaux font des rois &nna race efl divine.

l:Tu croyois par ton rang 8: ta témérité

Avoir (ut moi des droits à l’immortalité;

Mais le fils de Thétis cil plus grand , ce me femble,

Que le valle océan de les fleuves enfenible. n

Aflérops expirant, les fiers Péoniens

I .Sont plongés dans les flots ainfi que les Troyens.

Le Xante courroucé du fort d’Aftérope’e, t

Fait entendre fa voix. u Vaillant fils de Pélée,

u Dit-il, que t’ai-je Fait pour porter dansmon (du

" La filmât qui te guide 8:. le fer afiàllinl

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D’HOMEnn. 187n Mon cours cit arrêté par ces monceaux imnienfes 4

,, D’hornmes 8: de chevaux, de calques 8c de lancés;

,, L’océan, qui m’attend , gronde s’il ne reçoit,

g ,, Dans (es gouffres profonds, l’hommage qu’on lui doit.

,, A ta jufle Fureurtant de rang doit fuflire,,, Fais donc régner la paix dans mon humide empire. ne

,, Pardonne, dieu puill’ant, fi je défobéis;

,, Tes ordres (ont des loix: mais le fils de Thétis,,, Confiant dans l’es projets 8: jaloux de (a gloire,

,, Verra-t.il de (es mains échapper la viétoire? ,,

Il dit, 85 fur les flots (on bras toujours vainqueur

Rend le Scamandre encor témoin de (a fiireur;

Mais du fleuve en courroux les ondes (e foulevent,Et leurs mugillëmens jufques aux cieux s’élevent.

Les morts 86 les mourans fur les flots agités,

Loin des funefles bords (ont déja trani’portés.

Achille ne voit plus qu’une plaine liquide,

Qui le met au pouvoir de ce fleuve perfide;D’un orme qu’il rencontre il faifir les rameaux

L’ébranle, le fouleve de, l’étend fur les eaux:

Il en forme un efquiF pour regagner la plaine;Mais du flot qui le fuit il (e dérobe a peine ,

’Qu’un autre lui fuccede, de fans celle arrêté,

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:388 L’I L r A meIl cherche (on [alut dans légéreté.’

Tel que le villageois , guidé par l’induflzrie;

Pour améliorer [a flérile prairie ,

Cherche par des canaux 8: de nouveaux détours

’A guider les effets d’un torrent dans (on cours.

S’il détourne le flot , un autre le devance,

Et (es foins rebutés épuil’cnt (a. confiance.

’Ainfi le fier Achille, au moment d’échapper,

Par un nouveau torrent le (en: encor frapper;Il le combat en vain, la force l’abandonne,

Et la vague écumante à la fin ’l’environne.

’., O Jupiter ! dit-il, n’ell-il point quelque dieu

,, Qui puifl’e me tirer de ce funefle lieu?

,, Et vous, tendre Thétis, votre fils vous implore;

,, S’il tient de vous la vie, il vous demande encore

,, La gloire de périr fous les coups d’Apollon,

,, Mais que ce fait, décile, aux dépens d’Ilion.

,, Vous me l’avez promis, ô parole lactée!

,, Serez-vous fans effet pour le fils de Pélée!

,, Quand Heétor préparoit le cii’eau d’Atropos

,, Pourquoi le défarmer a je mourois en héros;

,, Mais fi du Xante ici je deviens la viétime ,

,, Quel Opprobre pour moi l grands dieux! quel cil mon.

., crime: a

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D’HOMERE. 189A peine a-r-il fini que Neptune 8: Pallas

Paroifl’ent a l’es yeux. u Quel cil: ton embarras!

u Dit Minerve : le ciel fenfible à ra priere

,,v Arme pour ton feeours une (age guerriere.

,, Connois en moi Pallas, cannois le dieu des mers;,, Qui fous la forme humaine ont traverfé les airs;

,, A la voix de Neptune on verra dil’paroître

,, Cette onde qui (effraie de dont il efl: le maître.,, Si la terre déja s’afi’ermit fous tes pieds,

,, Va, pourfuis les Troyens jufques dans leurs foyers;,, La viüoire t’appelle, 8: de cette journée

,, Du valeureux Hector dépend la deflinée. sa.

Achille fans tarder faifit (es javelots

Et fend rapidement la furface des eaux.Il a déja par-tour répandu l’épouvante

Et les corps des Troyens retournent vers le Xante)Ce fleuve, en géminant, par (es lugubres cris.

’Appelle à (on (cœurs les eaux du Simoïs.

a: 0 mon fre’re l dit-il, (ouflrirons-nous qu’Achille

,, Vienne troubler des dieux la demeure tranquille!

,,, Oppoi’ons un obltacle à (on ambition , I,, Et’qu’il foit englouti fous les murs d’llion;

,, Que le’même intérêt en ce jour nous rairemble g

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196. «L’ILIADE,, Unifi’o’ns nos efl’orts de nos torrens cnfemble,

,, Qu’ils brifent les rochers de traînent avec eux

,, Les arbres, les monceaux de tant de malheureux.,, Renverf’ons, s’il [e peut, l’ordre de la nature

s, Pour qu’Achille en nos flots trouve l’a fépulture. u

Déja le Simoi’s inonde (es vallons,

Change les eaux dquante en infeé’tes limons,

Fait mugir, l’élément qu’il tient fous (a puifl’ance

.Et fouleve le flot qui lui fait réfiliauce.

Mais la reine des cieux attentive, fondainAu féjo’ur immortel fait appeller Vulcain.

u O mon fils ! dit Junon, vois le fleuve Scamandre,, Jui’qu’au camp argien s’élancer 8e s’étendre; i l

,, Vois le fils de Pélée en proie à (a fureur,

,, C’eli à toi d’appaifer le trouble de mon cœur;

,, Vole au l’ecours des Grecs, que les vents te feeondent,

,, Qu’ilsdeliéchent les champs que les fleuves inondent;

,, Que tes feux dévorans , fur leurs funel’tes bords,

,,. Calcinent les rochers 8c confirment les morts. ,,

Déja les aquilons ont défolé la terre

Et Vulcain a rempli les defirs de (a mere; ILe fleuve cit repoull’é, mais c’ell: en vain qu’il fuit,

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D’H o M un. a. .19:Il ne’peut échapper au dieu qui le pourfuit.

Laflamme l’environne 8c (es ondes bouillantes

Jettent fur les rochéts leurs vafes écumantes;

Les faules,’vles cyprès, les ormes enflammés

Sont dans le même inflant détruits 8c confiimés:

Les flots (ont entraînés, la rive (e découvre,

Et la terredéja fe calcine 8c s’entr’ouvre.

,, 0 Vulcain! dit le Xante ,’ appaireront courroux;

i ,, De mon faible pouvoir fi les dieux (ont jaloux,;, Daigne éteindre tes feux, refpeéte mon aryle,

,, l’abandonne Ilion à la fureur d’Achille.

,, Termine un châtiment que j’ai trop mérité,

,, Je fuis allez puni de ma témérité. ,,

Tel qu’on voit a l’autel la graille des genilTes

Frémir fur les trépieds des pompeuxfacrifices, I

De même on voit le Xante enfes bouillonnemens ’

Exprimer l’es regrets par (es gémifl’emens.

,, O Junon Ldir le fleuve , exauce ma priere, ,

,, Souveraine des cieux, de la nature entierel,, DéeIÏE,’prends-pitié de l’état ou! je fuis! ’

,, Viens éteindre la. haines: les feux de ton fils.

,, Vaincu’par les remords où’mon aine cit en proie,

5. Je ne lm’oppofe plus à la perte de Troie. ’

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.192 L’ILIrbaïA ces cris douloureux la décile foudain ’ l

Fait enchaîner les vents de rappelle Vulcain.

Le Scamandre efl: tranquille de fan onde enflammée aN’éleve dans les airs qu’une épaifl’e fumée. »

Les cadavres fanglans dont les flots font couverts

Vont fervir de pâture aux habitansdes mers,

Et la vague à (on tout, errante 8: Fugitive,Va baigner les côteaux de l’une de l’autrerive.’

Junon , qui rendla paix auJS’camandre orgueilleux

Voit’un trouble nouveau s’élever dans les, cieux: p N

Ainfi qu’au champ de -Mars les dieux les déciles p

Sarment, pour foutenir leurs vœux A; leurs promell’esi

Pour eux la majefté n’a plus qu’un vain éclat, ’

Et Jupiter charmé les excite au combat. ’v

Les uns pour Ilion font éclater leur z’ele; l

Et les autres d’Argos protégea: la querelle;

Mais bientôt la Difco’rde échaufl’e’les efprits

Et l’Olimpe déja retentit-de leurs’cris.î J

adlhMars attaque Pallas. ,, Orgueilleufe’ décile l .,, Div-il , fi j’ai long-terris, méprifé ta foiblefl’e, j ’

,, C’étoit pour mieux choifit le préceiux moment

,, De venger mon outrage de remplir mon ferment. ;,Déjo.

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D’H o M sur. :93Déja l’on javelot s’émoull’e l’ur l’égide

Quand la fiere Pallas courroucée, intrépide ,

D’unle’norme rocher arme (on bras vengeur

Et le rend l’inflrument de l’a julie fureur. cLe dieu, malgré l’on art, l’a force 6c. [on armure ,-

Chancelle, tombe enfin , de de l’ahchevelute ’ I

Les fuperbes rameaux étendus dans les camps . L rSe l’ouillent de poull’lcre 8: couvrent l’ept arpens;

Vénus, qui l’apperçoit, ofi’re au dieu de la guerre,

Les impuill’ans efforts d’une ardeur téméraire.

Minerve la renverl’e à: lui dit : ,, Souviens-toi ,

,, Qu’il ell: trop dangereux de s’égaler à moi. ,i,”

Cependant Apollon provoqué par Neptune

N’a que de faibles bras pour fixer la fortune;

Sur le l’ort qu’il attend les yeux toujours ouverts,

Par la fuite il échappe au puil’l’ant dieu des mers.

Diane, qui l’arrête, inl’ulte à l’a retraite;

De la témérité Junon peu fatisl’aire ’

Attaque avec fureur la déell’e des bois,

La renverl’e, de l’ailir l’on arc 86 l’on carquois;

Tandis que dans les cieux chacun vole a la gloire;Achille à l’es côtés enchaîne la viéioire. «

Le vieux Priam, alIis au plus hautdes remparts;

Tome Il. ’ N

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594 1311.1111):Voir l’es fiers bataillons rompus déroutes parts;

Gémill’ant il s’écrie: ,, Ouvrez, ouvrez les portes,

,, Rappellez dans nos murs ces nombreul’es cohurtes

,, Prêtes à fuccomber fous le fer-du vainqueur,

,, Qui porte devant lui. la mort de la terreur;’,’, La retraite achevée ,’ alors fermez l’enceinte,

., Où nous ferons enfin l’ans cl’poir mais lins crainte. ,’,’,

. Aux ordres de Priam le foldat obéit

Lorl’que le dieu du jour, que le zele conduit,

Pour l’auver Ilion d’une entiere défaite,

.Veut lui-même à l’on gré diriger la retraite.

Aux progrès du Vainqueur il oppole Agénor,

’ Jeune 8c vaillant guerrier, digne fils d’Anténor;

Mais ce Troyen toujours aulli vaillant qu’habile,

Intrépide au combat, tremble devant Achille.

3, Malheureux l le dit-il, quel fêta ton dellinz

,, Tu prévois le danger 8: tu cours a ta fin.’,, Agénor , cil-ce toi 2 non . . . le fils de Pélée

,, N’eltqu’un mortel heureux; mon aine rall’urée

,, Ne voit en lui qu’un roi digne de ma valeur. ,;

Telle on voit la panrhere, a l’alpeé’t du chaulent,

Livrée au mouvement d’un naturel timide.

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D’HÔMERE. 19;,Suivre fans balancer la frayeur qui la guide;S’élanccr 8c courir, traverl’er les guerers ’

Pour chercher un al’yle au milieu des forêts;

Mais l’e voyant par-tout l’ans celle pourfuivie,

Elle attend 8c s’apprête à défendre l’a vie: ’

C’en: ainfi qu’Agénor, dompté par l’a valeur,

S’enflamme au l’eul alpeét du fuperbe vainqueur:

a) Achille, lui dit-il, je viens troubler ta joie;"a: C’elt le fils d’Anténor, c’efl le vengetir de Troie

a. Qui vient dans un combat, fous les yeux de Junon;s. Voir le fils de Thétis’del’cehdre chez Pluton. n,

Le trait part de ne fait qu’un effort inutile

Contre le bouclier du redoutable Achille.

Ce héros furieux tonne, love le bras,Na frapper,;’Apollon pour l’ortir d’embarras

D’Agénor a l’inflant prend, les’traits , la figure;

Jette aux pieds du vainqueur l’a lance , l’on armure I

Et tournant vers les murs l’es pas précipités,

,11 va conduire Achille en des lieux écartés.

Tantôt c’el’t dans la plaine de tantôt vers le Xantcr ..

Que le dieu devant lui fait marcher l’épouvante;

Le héros qui le fuit, li-tôt qu’il veut frapper,

Noir fous le fer vengeur l’ennemi s’échapper.

Nil!

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196 L’ILIADE D’HOMERE.

Mais tandis qu’Apollon ul’e de liratagéme

Les malheureux Troyens, dans un défordre extrême,

Regagnent leurs foyers pour attendre en reposOu l’infiant de leur gloire ou la fin de leurs maux.

Fin du vingt-anime Chant.

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L’ILIADE.’

.DHOMERE ’Ë

CHANT VINGT-DEUXIÈME.-

Nij

4 .

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E2 , 4 ’ J-ARGUMENT DU VINGT-DEUXIÈME CHANT.

r

LES Troyens fin: rem-refit dans leurs murs ; Hcc’lor

jeu! demeure à la porte pour attaquer Achille : Priaml’appcrfoir du haut des remparts à tâche, ainjt’ qu’He’-

cube , par fis larmes 6’ fis prieras , de l’engager àrentrer dans (a ville. Lié à fou dcjlin , Heêîor ç]! incarna

râble. Il attend Achille 5 cependant, d fin approche , laterreur s’empare de [on urne, il fuir 6’ gagne la plaines.

Achille je met à [à pourjuite ; ils font pendant troisfois le tour des murailles. Tous les dieux s’intc’nflencà ces hc’ros ; Jupiter voudroit fiuwr Hcéîor, Mncrves’y appelé , à? Apollon , qui le protégeoit , l’abandonne."

Jupiter pcfë dans [es balances les dchinc’cs de cesguerriers. Minerve s’approche d’Achillc pour lui annoncer

(a viëloire fur [on ennemi, à prenant la taille 6’ lestraits de Déiphobe , elle joint Heâor ,1 ce héros trompé V

par l’cfpoir que flan frerc vient à fin fémurs , s’arrête

peur combattre A drille .2 le combat commence avccfizreur.Hcéîor ne voyant. plus Déiphobe auprès de lui , recon-

naît l’artifice de Minerve ; il rappelle tourjÔn courageê s’élance fur Achille I’e’pc’e à la main , mais Achille

le perce de fit pique entre le cafquc à la cuirafl’c,Hcêîor en mourant le conjure de rendre fin corps dPriam ,- fis prieras flan rejettc’cs. Achille arrache pur-pcs pieds le corps d’Heêlor èjàn char 6:1: traîne «nousde fan camp. Défifioir de Priam, d’Hc’cubç ê 4’441 v

humagne. ’

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. p , 4n’mI1’nu hum r w

h"J"’I"HMIIWH mm

L’ I L IAÏDI UHOMEREgCHANT VINGT-DÉUXIEMEÀ f

Las Troyens fugitifs, vaincus dans les bataille; , JouiŒoicnt du répos au [du de leurs murailles;

Hcâor chez qui la crainte a trouvé peu-d’accès, -

Se tenoit fiércmcnthors les portes de Scès. ISous (a forme, Apollon [admît devant Achillè :

a: Arrête, lui dit-il , ta pourfulite inutile-5u Crois-m qp’à [a fureur rien né puiflè échapper;

u Pas mène un immortel? Je donc me frèppètk; A Les Troycns dans" leurs murs, fans «(boit-,1 métis fans

a crainte, ’ ’ * ’ a D: ton fa: meunier ne craigncnâ pins l’atteiàtet.

N iv.

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"ado t.’ 1,1. I Aï n .1:

a» Cruel lilpourrfignaler tes tranl’potts furieux-

îb Il ne te manque plus que d’attaquer les dieux. a.

e u [Apollon , c’eft donc vous qui , jaloux de ma gloire .

Cl»- Yeneg des mains d’Achille arracher la viétoitea a

’: Et .malgte’ ma valeur je ne puis, dieu cruel!

r v- În’eAÎÎOUVÎt mon courroux, vous êtes immortel. u

z ,Il brave cependant le dieu de la lumiçre,

Vole tel qu’un courficr qui rafe la poufiiere:

Son glaive , (on armure 8; (du cargue éclatans,Jettent de tous. côtés des feux’étincelans,

* l Le vieux Priam afiié, 8c dévorant fa’peine,

cPortoit du haut des murs les regards fut thliplaine;Les armes du hérosf qui brillent à fes yeux

remouillent autant que le flambeau des, cieux.

Il cherche Heétor pat-tout, il le voit , il l’appelle;

Mais; le guerrier cit fourd à la voix paternelle,

Occupé du projet d’attendre (on rival.

’ a9 Mon fils, ne rifque point un. combat inégal,

a Dit Priam; je t’invite à rentrer. dans la ville:

a Sois-docile à malvoix, crains. la.fureur d’Achilleg A

sa No m’a-t-il pas encore allez caullé d’ennuis,

u En traînant au. tombeau mes pareils à; mes filai

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D’: H o. M E n E. estu En barreur aux humains,.puiŒe-t-il dans fa rage

u De (on fang odieux inonder le rivage!

sa Cher Hector i ta préfence a pour moi des douceurs;

n Viens donc, viens donc , mon fils ,», appaifcr mes doua

u leurs! lu Rentre dans nos remparts quand le ciel (e déclarer,

sa Sauve au moins nos foyers d’un ennemi barbare;

a Mets un frein, s’il (e peut, à (on ambition, »

sa Et d’un pere deviens la confolation.

a Sur deux fils égarés dois-jeipleurer encore!

a» Que font-ils devenus! Lycaon, Polydore,

sa Sous la main du vainqueur ont-ils finir leurs jours;

a: Condamnezà (ervir de pâture aux vautours! l

a Dans ce défordre affreuxappaife ta calere, I

Mon fils, 85 prends pitié de ton malheureuit pare;fi

.Accable’ de malheurs 8: fous le poids. des ans2

a Que veut-tu donc offriràfe’s regards mOurans et

Ses enfans immolés, traînés dans la poufiîere,

üEt peur-être le tien e’crafe’ (ut la pierre, ’

Près d’He’cube tes fœurs maudiflànt leur defiinr

a Du foldat eflte’ne’ devenir le butin; l a

E

sa Nos palais’emhrafe’s 8c peut-être moi-même

"a Mallarmé, fans égards aux droits du diadème.

Mon corps en pourriture 6: mon fang pluse’pais

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202 L’ILranra Airouviront la faim des chiens de. mon palais.

a Il cit beau de mourir, même à la’fleur de l’âge ,

I n Quand on a dans les camps fignalé (on courage;

u Mais un faible vieillard, en l’es derniers momens;

en Bit-il fait pour fub’ir de fi cruels tourmens!

u N’en ai-je point allez éprouvé dans ma vie e-

» Verni-je encor mon fils oublier [a patrie! na

Il dit, 8: de fureur arrachant l’es. cheveux,

Fait retentir les airs de [es cris douloureux. .

He’cube veut aufiî, par l’es larmes ameres,

Donner plus de pouvoir à (es vives prieur.

a O mon fils i lui dit-elle, en découvrant [on (en; z

a Vois mon cœur palpitant fur ton cruel delfein;

a A triompher d’Achille cit-ce à toi de prétendre!

a. Près d’une mere en pleurs hâte-toi de retendre. -

a Daig’ne fur moi .jette’r un regard attendri .

u Ou viens percer], cruel, le fein qui t’a nourri l.sa Je crois, te voit déja couché fur la poufiiere

se Malgré les foins aâifs du dieu de la lumiere.

a. Je vois le glaive prêt à terminer tes iours , une Je crois te voir enfin l’aliment des vautours;

u Et ta femme 8: ta mere au milieu des alarmesa Ne pouvoir atteler ton cercueil de leurs larmes. a

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D’HOMERE. au;Tous ces difcours (ont vains, le guerrier imprudent

Ne refpite qu’Achille 8c fans crainte l’attend;

L Il le voit arriver, il fe met en défenfe

Et rappelle en (on cœur l’efpoir de la vengeance.’

a Fier Heétor, fe dit-il, que dois-tu préférer l

sa D’acceptet le combat ou de te retirer!

a Eh quoi! de la terreur cannois-tu les approches!n Eh quoi! tu fléchirois fans craindre les reproches:

a Quand de’Polydamas tu blâmas les avis ,

u Je le vois, je l’entends t’accabler de mépris.

u Il n’eft pas de Troyen dont l’infolente audace

n N’osât te condamner 85 t’infulter en face:

a Voilà donc ce héros f1 vanté parmi nous,

v Ditoit-on, le voilà tranquille en l’on courroux;

n Non, fubilfons plutôt une mort glorieufe ,. Mais entre Achille 8: moi la viétoire’ ePr douteurs;

8Je pourrois fans rougir lui’propofer la paix

tPour unir Ilion’à la Grece à jamais.

Rendons-lui, s’il le faut, pour éteindre fa haine,

a Avec tous (es tréfors, la malheureufe Hélene;

a pMais que dis-je a l’effroi (emble entrer dans mon cœur

p Et vouloir me forcer à connaître un vainqueur.

v Quelle erreur me réduit E ah je cannois Achille,-

a Avec lui tout. traité. deviendroit inutile.

A. n-.--4--- ... ..- Aumul

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204. b L’ILI’ADEa) Non, marchons au combat ce (aphone qui de nousse Doit du fort en ce jour éprouver le courroux. ne

Tandis qu’il réfléchir Achille en fa préfence

’Agite avec tranfporr fon bouclier, fa lance 5

Son panache éclatant flotte au milieu des airs,

Et le feu de (es yeux imite les éclairs.

Il a pris du dieu Mars la démarche terrible,Lorfqu’HetEtor étonné de l’armure invincible,

Pour la premiere fois a fenti dans (on cœurUn trouble, un froid mortel qu’infpire la frayeur. I

Il en veut triompher quand (on ame glacée

Le force à reculer ; mais le fils de Pélée

Le prefi’e,’ le pourfuit : ainfi qu’au fein de l’ait

Le rapide épervier, aufli prompt que l’éclair,

Jettant des cris perçans, ouvrant un bec avide,S’élance, atteint, faifit la colombe timide.

Attaquant a: fiiyanr, on voit les deux rivauxProlonger la muraille 8: gagner les côteaux.

Près du figuier fauvage ils ont guidé leur courfe

Où du fleuve Scamandre on voit la double fource,

Dont l’une ne jettanr que de bouillantes eaux,

Eloigne de (on lit 8: l’herbe 8c les rofeaux,Quand l’autre en fa fraîcheur roulant une onde claire,

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,n’.H o M E Rire ne;Prodigue aux habitans leur boifi’on ordinaire;

C’en-là qu’on verra fait un vaillant combattant

Pourfuivi par un autre encore plus vaillant.

Déja’les deux guerriers, franchifl’anr la barriere;

Trois fois ont fait le tout de l’immenfe carriere;

Jupiter attentif interroge les dieux

Sur le fatal defiin d’un combat furieux.

u Verrous-nous , leur dit-il, ce guerrier magnanime ,n Cet Heé’tort, d’un héros devenir la. viétirne?

a Lui qui toujours fournis aux vœux des immortels,a: De grailles 8cv d’encens honoroit nos autels.

a Divinités du ciel, délibérons encore

u S’il ne doit plus revoir le lever de l’aurore. n

» Eh quoi l répond Minerve , eh quoi ! le dieu des dieux

n Balance fur le fort de ce peuple odieux?a Le defiin a parlé, c’en: à nous d’y foufcrire ,

sa Et pétille à jamais Hector 8: fon empire!

a Pour un vil intérêt, grand dieu i voudriezsvous

a» Rallumer en ce jour la difcorde entre nous 2 nx

A» Je ne m’en défends plus, Minerve, 8c fur le Xante

a Allez porter foudain la mort 8: l’épouvante; n

Lotfque le dieu du jour, qui gémit de fou fort,h

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106 L’ILrane’Pour fauver le héros fait un dernier efforts

Il vole près dellui dans la funefie enceinteEt cherche a ranimer l’on ardeur prefqu’éteinte:

Mais le maître des dieux confulte le Defiin,’

Prend fes balances d’or, 8c dans chaque badinEt d’Heé’tor 8: d’Achille a mis la defiinée,

Mais du côté d’Heétor la fleche cit inclinée.

’Apollon [e retire 8; la fiere Pallas

.Vers le héros qu’elle aime a dirigé (es pas.

sa Vaillant fils de Thétis,’dit-elle, en ta furie

à. Tu vas remplir l’inüanthle plus beau de ta vie;

sa Heétor, le fier Heétor Va tomber fous tes coups

a Quoique de Jupiter cmbrafl’ant les genoux.

u Le dieu du jour encore implore (a clémence,u Mais il fe flatte en vain 8: j’en ai l’afi’urance.

la Achille, prends haleine, arrête ici tes pas,a Je vais flatter Hector du fuccès des combats. vs

A ces mots le guerrier en tranfportéhde joie

Et donne enfin relâche au défenfeur de Troie.

Tandis qu’il le repofe 86 qu’il refpire au frais

Pallas de Déiphobe a pris l’air 8c les traits,

Et s’approchant d’Heétor: u Mon frete, lui ditaelle;

a l

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son

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sillonnas. 101I» Acquéreur, s’il le peut, une gloire immortelle;

t p Achille vous pourfuit aux pieds de nos remparts;» Marchons enfcmble . allons , faifons voler nos dards. a

a! O toi , répond Heétor , Déiphobe, ô mon frere!

n C’ell de ton amitié la preuve la plus cherc; ’

sa Abandonné de tous, fans efpoir de fecours,

a Je cherche Déiphobe 8: le trouve toujours. u

I ,, Priam , amis, parens, repartit la déclic,’,, Auprès d’eux, malgré moi , me retenoient fans celle;

,, A leurs foins ’vigilans j’ai fu me dérober,

,, Qu’Achille fous nos coups puill’e enfin fuccomber!

,, Marchons. . . . Ils [ont déja loin des murs de la ville

,, Et près de l’ennemi. Tremble, cruel Achille,

t ,, Dit HeélorÎ je rougis d’avoir fui devant toi,

,, Mais l’honneur me rappelle enfin 8c connaisvmoi.’

,, Cependantl’ul’pendons un inflant notre attaque, v

,, Ecoute le ferment de l’époux d’Andromaque.

,, Je jure a: je promets à la face des dieux

,, Que fi dans le combat je fuis allez heureux,, De te voir à mes pieds couché fur la pouliiere,

,, De. ne m’approprier que l’armure guerriere

,, Que tu tiens de Vulcain, 8c de lailYer aux Grecs

,, Ton corps . pour recevoir leurs foins 8: leurs regrets: a

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208- L’I’Lransî,, Réponds à ce ferment 85 (oyons-y fideles. ,;

Achille entre en fureur. ,, Puill’ances immortelles!

,, Dit-il, panifiez-moi li j’ouvre feulement.

,, La bouche pour former un li lâche ferment.

,, Plein de mépris pour toi , je te jure au contraire,,, D’une haine implacable, un exemple févere.

,, Ah! plutôt l’on verroit 8c le loup 8: l’agneau

,, S’entt’aimer, s’abreuver dans le même ruiITeau,

,, Les hommes, les lions, d’une ardeur mutuelle,

,, Se jurer l’un à l’autre une amitié fidele,

1,, Que de me voir jamais, aux dépens de mon cœur,.

,, Traiter avec Heétor du prix de ma fureur.

,, Arme-toi feulement, ranime ton courage,,, L’invincible Pallas t’abandonne à ma rage;

,, Quand Patrocle ell tombé fous ton fer meurtrier.,, Cruel l voilà ton crime à: tu vas l’expier. sa

Il dit 8: le trait part, Heâor baille la tête,Et le fer loin de lui dans la terre s’arrête;

Mais Pallas le remet aux mains de l’on héros,

A l’infu du Troyen, qui lui parle en ces mots:

,, Fier Achille , dit-il , que devient ton adrel’l’et

,, Tu fais mal profiter des foins d’une déclic:

n Compte l’ur ta valeur, Minerve t’a trompés- ,

u Elle

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15’ H o M a a z. 5202in Elle guidoitton dard, il ne m’a point frappé :,

u C’el’t-là , c’ell dans mon foin qu’il faut porter ta lance;

u Mais li le ciel encor trahit ton -elpétance,-; ,u» Puillai- je voir le mien pluslagernent lancé ; ’ ’

o. De toute (a longueur dans ton; cœurenfoncél f,

n Quelle feroit ma joie ,- envt’arrachant la yin», P f.

sa. De finir les. malheurs dont gémit ma patrie; ,5 g».

En achevant ces mots , fon traitpart ,’ mais envajngLe divin bouclier le repoull’eloudain’t plan; ,3 ,1 s

Le fier IHeélor, qui.v’oit (on eŒorttinutile,’ I Ï , -7

Frémir de perd l’efpoir de triompher d’AchilleL t

Il appelle fou frere, il ell: lourd a la voix.

» Déiphobe, dit-il, Heétor ell aux abois; . t.a) Sans dards, fans javelots je me vois fans défenfe:

sa Arrive prpmptement, viens me prêter tablature..."

Mais ne le voyant plus il connoît fouetteur, V»; aEt déja le foupçon Çfl.’Çntté .dans fou cœur.. a

a! Ta trahifon, dit-il , Minerve, eli fana-égales. ; g» C’en enflait, 85’ je toucheïâ mon heure fatale:..

u Jupiter, Apollon, qui combattoient pour moi, ,.u Ont changé pour, Achille);trahi-lient1 ma foi 5 k;

à. Mais puifqu’il faut périr , au moins ayons la gloire I

p De lui faire acheter, de fou fang la nuançât

A ces mots il s’élance, de le glaive à la; main; a;

Tome Il, -

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au) i131 L Il a bi È.Il fi: flatté âc’ja d’un triOmphe certain.

i Il vole , tel que l’aigle , à travers les nuages;

Non comme d’infcüet la airs de fes ravages,

S’il voit dans la prairie un tendît agneau ’paifi’ant ,"’

Il 5nd d’un aile agflè ce l’enlcve à l’inflant:

.Tcl, armé ée (th glaive. Heëtot par: a; s’élance, i’A 1. mime a défia (accédé lYFpérance. ’

a’thille-, qui l’attend; cherche des yeux l’endrôit

Où [a main chair frank: a: déja l’appuçoit;

Un vuiâc Ïëparoît (on calque 85.13 calmira,

C’clklàîhquelnâe la mon il a fixé la place:

Il frappe 8’: fous le coup on voit rombcr Hcfior

Dans les Bras du trépas , mais il rcfpire encor.

-ïA.chille triomphant hagarde a: s’écrie:

bilelëŒh de Pat:ch Illaprès ta perfidieu Pouvbiè-tu déformais au: croire en fâretc’

a) Lorfqu’lkchillc dCVOÎtiFlrnÎl.’ ra cruauté?

u Té ir’oil’à fous mes pieds Enfin en ma puifl’an’ce ; ’ i

n É: ne mêttraipôinf de boni: à. mai vehgeanceï

u (a mahatma: Patrocle en mon cœur vit ranima;au Menthe !- tu Mais-’dèipâtnrclanx vautours. au l’

n’IIÀClfillC! dit Hcàôr, d’une voix affaiblît,

in N’éfi-æcfiom MME: de m’arraclæzla vit.

(J

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D’.HOMË’RE; au

B sans vouloir aux oifeaux abandonner mon corpsà: Qu’acheteroir Priam de feshnombreux .tre’fors!

» Sois jolie, dit Heétor , guerrier, je t’en conjure;l

sa Ne ferme point l’oreille au cri de la nature:

n Ta’vcngeance en: remplie , accorde à mes parens

y Le droit de difpofer de mes relies fanglans. a, 1

»r Qu’ofcs-tu demander; non, lui répond Achiile;

nVa porter aux enfers ta prier: inutile;sa N’emprunte point la voixi de tout ce qui m’en: cher

à Pour fléchir ma rigueur, rien ne peut me toucher.’» Je voudrois; . . j’en frémis! . . dans’ma fureur extrême .

u En place des vautours, te dévorer moi-même.

u Quanleécube, Priam le ciel, le dieu des mon:u Viendroient pour ra rançon m’offrir tous leurs tréfors;

a Non, te dis-je, jamais ta» pitoyable more Na N’ornera ton tombeau de l’urne funéraire. o

a On reconnoît Achille là tant de cruauté,

h Dit Hector expirant, mais le ciel irrité

n Vengeur ce: amont ; le dieu de lalmiere’ la Portera dans ton flanc la flache meurtriererln

En achevant ces mors il a fermé les yeux.

Un Meurs, dir- Achille, murs, guerrier maladies 5

O i) ’

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3212 ,L’ I I. 17A nesa Sous les coups du défini. s’il faut que je fuccombc,

a: J’attendrai [ans frémir qu’un dieu m’ouvre la tombe. ,.

* Il a dit, joint Hector 8c le foulant aux pieds,

Il. arrache le trait fous les yeux des guerriers 0Qui dans le même inflant s’avancent 86 l’entourent 2.

Soudain, pour voir Hector, tous les autres accourent;

Les uns avec furptife admirent (a beauté, IQuand les autres, plus fiers, pouffent la cruauté

.- Jufqùïà frapper encor le cadavre immobile

En ligne du mépris que lui portoit Achille. Ip a? Eii-ce là,vdi(ent-ils, cet Heétor, héros

a: Qui, la flamme à la main, menaçoitnos vailTeaux!

p Qui toujours fur nos, pas vainqueur , couvert de gloire ,

(tv’Des liens du triomphe enchaînoit la victoire? a: .

N’ayant plus de rival, Achille’n’atrend pas. i

’A rainurer l’ardeuride (es vaillansfoldats.

u Chers amis, leur dit-il , l’infiant cit favorable;

n L’attaque d’llion n’ait plus fi formidable .

n Depuis que j’ai-’vaincu ce valeureux guerrier

a: Couvert de mon armure 8: de mon: bouclier.sa flanchons, efcaladons ces fuperbes murailles;a: Mais , que dis-je a Patrocle attend [es funérailles,

en Il nous demande encor des devoirs 66 des pleurs,

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D’H 0M a alu. 3213u Allons fur (on cadavre épancher nos douleurs.

u oui tant que je vivrai, moins fenfible à la gloire»;

,- Son image. fera préfen-te à ma mémoire. *

a: Guerriers . empreffezêvous à. charmer mon ennui;

u Sufpendons les combatsôc volons près de lui. n

Avant tout, le héro: fe potteven fa furie

A l’excès du mépris 85 de la barbarie; t V

Du malheureux cadavre il a percé les pieds; ’ t

Et foudain liun fur l’autre étroitement liés, l

Il l’attache’à (on char, dépôt de Ton armure,

Lama: fouiller au loin fa longue chevelure,Anime fes courfiers dociles à fa Voix,

Ètltra’ine indignement le plus vaillant des rois.

son front toujours empreint de lalvertu guerriere,"Ses blonds cheveu; épars rampent dans la pouflîcre:

r

Hécube jufqu’alots, livrée agies douleurs ,.

Se nourrillbit d’efpoir 86 répandoit despleurs ;

Mais à l’afpeélr d’un. fils traîné fur le rivage . a v

Ses fanglors, les foupits fe transforment enrage:

Elle frappe (on foin, arrache (es cheveux, 4Mais le char; triomphant le. dérobe à les yeux. ” u

Priam poulie des, ;cris,. gémit, verre des larmes ,

Et répand dans les cœurs. de mortelles aldrme’s; Ï. a.

0

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314, :1311. r a n. a, Quand le peuple cil influoit de la mort du héros; .

L’air bientôt retentit de cris 8: de fanglots; lDans l’affreux défefpoir qui déchire les armes

On croiroit Ilion dévoré par les flammes.

Priam, qui ne fent plus qu’un importun. defir;

f ,Veut aller . . . . (es parens l’empêchent de fortin

u Chers amis , leur diteil , qu*avez-vous donc à craindre à

a! Pourquoi tant d’intérêt 8: pourquoi me contraindre!

si Quand j’ai perdu. mon fils que dois-je redouter:

u Je vais trouver Achille 8c me faire écouter;

se Embraffant les genoux de ce guerrier farouche;

a Les (on: les plus touchans fouiront de ma bouche;a) L’impuiffante vieillerie a des droits fur les cœurs,

oISur-tout lorfqu’on la voit livrée à (es douleurs.

o Je lui rappellerai, (uivant les del’tinées,

sa Son pere, lainli que moi, courbés fous les années;

S’uccupant de fou fils, de (ce faitsïglorieux;

Cette image peut-être expofée à lès yeux l

g .

u Le rendra mon. cruel. 0 décile de l’onde!

a As-tu formé, son fils pour le malheur du monde!

a Achille, pour’le mien, fut mes tendres enfans ra. A [10115.16 trépas à la fleur de leurs ans.

n Hector z mon cher Beaux! tu, me. reliois encore

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lui-Ho nuiras: "mene Et tu ne verras plus lestayons de Peindre! v

. u Ma tcndfçlll: pour toi prit naillimco au berceau

u Et ta perte cruelle a creufe’ mon tombeau. 1se Ah 1 la Parque du moins m’eût paru moins févere

a En terminant res jours dans les bras de ton peregî

’,, Alors Priam , Hécube, Andromaque 8:.th fils

,, Auroient verfé’des pleurs fut tes relies chéris.a h

A ces trilles accens (on époufe éplorée .

Redouble de [anglors-, à: la vue égarée, , p à

,, Malheureufe l dit-elle, ou fuis-je en ce mutuels-ri

,, Puis-je encore, furvivre à mon cruel tourment!,, Cher Heétor l. n’es plus , toi qui faifois ma gloire;

,, L’orgueil de ta famille Eh liqui pourra le croire,, Que casera; qui (en défendoit mon a,, Suecombe fous lerpoidsde (on ambition; ,,’-r. i’ ’

La ferifible A-ndromaque’en roll palais tranquilleü

ligneroit les deltins d’Heâor ô: d’Achille;

Loin du trouble 8:4 du bruit», pour chartrier. ië’a’ennuis,

Elle brodoit des fleurs a: regardoit (mils. - ’

Ses femmes préparoient dans le bofq’uet de More 17.

Un bain5pour le retour d’un qu’elle adore;

Elle ne prévoit peinturas [on Frivole côché; a 7 iQu’Achillc triomphant le tient en lbnÇpOtwoir.’

O. in

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:316 .L’fI I. r la onEntiere â.-fon époux, de fus foins occupée,

Nul intérêt-plus grand n’entroir dans fa penféei

Cepénilant les clameurs. de les’cris redoublés-

jettent froid mortellfurhfes fensËaCcablés’;

.Elle piétés l’inflant une oreille attentive.

Quand ellé-voit entrer’fit fidele captive. I

a Quel augure funeflc accable meslefprits!

a Parle , que fait Heétdr a, je tremble , je frémis;I

»’Lui fans celle occupé, fort de fa patrie,

uil’ou’rroit-il s’éloigner à l’infrant qu’elle a

sa Ceuhé’ros qui toujours fignalalfa valeur h

i Soudain hors du palais elle le précipite, "-

Montee fur les rem parts. gardes. de. fans. fuite ,

Et là, jettant par-tout des regards curieux,Quel fpeétacle ’ctueljfehpréfeute à fesvyeux l I

Elle appei’çoit Heétor- traînéjdans-la pouillas;

fit 1c.fils’ de Thétis levant (a tête altiere;.. , »

Elle poutre des cris, s’arrache les cheveu!

Et (es yeux, font couverts d’un voile ténébreux;

Elle tombe 56 déja les forces l’abandonnent g I

Et decl’affreufe mort. les ombres l’environnentr

Soudain de la Primaire on appelle les. fleurs,

Qui! ’

.4a. N’a-t-il pas fuccombé fous les coups d’un vainqueur a u

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ln’ H o MIE. a a. 517Qui viennent s’occuper de (es vives’douleurs,

La ferrent dans leurs bras, 8: d’une main hardieDélaçant le corfet, la rendent à’la, vie.

j Ce n’elt que pour. gémir qu’elle reprend fes feus,

Et fa .voix ne rend plus que de. foibles accens.

n Quel alite, cher Heélzor, nous donna la naiffance

n Pour répandre fur nous fa maligne influence!n Toi, fils infortuné du Prince d’llion, ’

u Et moi nourrie à Thebcs 8: fille d’Etion;

ça Cher époux, tu defcends dans les abymes [ombres

:- En ce cruel état pour effrayer les :ombres.

sa Quand tu remplis mon cœur 8: mon palais de’deuil

a Je ne puis de mes pleurs arrofer ton cercueil.sa. Il ne me telle plus, pour comble de mifete,a» Qu’un jeune enfant privé des recours de [on pure;

,, Quel deflin ! Ah 1 pourquoi le ciel qui nouspourfuir,,Î Ne nous plonge-t-il point dans l’éternelle nuit 2?

,, Que deviendra ce fils dans fes’,longues détreffes!

,, Il n’aura plus de toi ni (ecout’slniucarell’cs. I y

,,lAllianax , hélas! ton auteur oublié, v,, Tu traîneras pat-tout uniront humilié;

p En vain pourjfoulager ton. affreufe Vinifere

,3 Solliciteras-tu les amis de ton pere: Iu Tu n’en éprouveras que dédain, que mépris

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:18 L’ILÎADE D’HOMERE:

,, Quand on cil malheureux on trouve peu d’amis;

,; Eh quoi! rc diront-ils, trompé dans les conquêtes; -

5, Hcâor n’aflille plus aux felüns, à nos fêtes:

,, A quoi te fervira le fumom glorieux,, D’Afiianax et’aqurès la colcre des dieux 5. A

".Nom qui te fur donné pour honorer ton par;,, Connu par (es vertus, les talens à la guerre;,, Qui toujours le premier à courir les hafards,

,, Eroit [cul défoulent de nos vafles remparts.

,, C’efl: en vain , cher Heâor, que la tendre Andromaquc

,5 Préparoit ton triomphe au retour de l’attaque.

,, Du riche vêtement qu’elle avoir préparé

V ,, Elle ne verra pas [on époux décoré.

,, Troyelrs, quand la douleur s’emparech nos amer

,, Livrons ces vêeemens à la fureur des flammes. a

.: Si des telles fanglnns le vainqueur cit jaloux,

,, Cette pompe funebrc dl un devoir pour nous. ,i’

Dans (a vive douleur elle trouve des charmes ç

A vloir de les Troyens les yeux baignés de larmes;

’ Anima: lignifie roi rdéfcnfeul de la ville: ,

Fin du vingt-deuxicme Chant;

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* «1:1 L 1 ADME

DHOMEREÏ

CHANT VINGT-TRÔISIEME; y

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WAïRGUMENT DU VINGT-TROISIÈME CHANT; ’

T A NDIS que la mort d’HeéZor plonge Troie dans

la douleur ,y Achille fondant en larmes, trois fais pro-

mais fini char autour du lit de Patrocle il il ordonneun repas funebre :v il aflijle à celui qu’Agamemnorz

donne à tous les généraux. 4ccable’ deehdouleur , il ,va

fier le rivage 6’ s’y endort ; l’ombre de Patrocle lui

apparaît : l’aurore le retrouve pleurant autour de la

de’pouillede fin ami. On va clausules forêts couper le I

bois pour le bûcher ,- il s’e’leve : on y dénofè les refles

de Patrocle? Pour honorer fou-trépas , :46lzille 6’

compagnon: l’on: «routier: de leurs cheveuu;.on égorge un

gaz-nil "En-25;; luic’limes 6’ l’on met le feu au bûcher.

Achille invoque les vents , il leur ofli’e des libations 5’

les conjure de venir allumer le feu qui doit confirmerPatrocle ; le lendemain il fait répandre du vin fur lebûcher qui fume encore : on ramage les oflèmens de

Patrocle à on lui une un tombeau. Achille termine le:

funérailles par des jeux 6’ des combats.

kamisJe

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1; I L I A D E D’HOMERE;

a

CHANT VINGT-TROISIEME.

TANprs qu’à la douleur les Troyens (ont en. proie,

t Tous les Grecs; dans leur camp,lfont éclater leur joie;

Et prcllle’snelc. la faim, ils gagnent leurs vailreaux,

Contents de voit finir la guerre 8c les travaux:Mais du filslclc Thérisles inflances nouvelles.

Reriennenr près de lui "les cohortes fidcles.

on Olvous ! qui partagez ma gloire Bernes douleurs;

a Dit-il, anion ami rendons quelques honneurs;n Après. avoir pleuré les trilles dellinées

- sa Nous pourrons ranimersnos forcesyépuifc’cs. a

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C

a

au 1.’ I i. 1 A n aAinli leur parle Achille; à l’infiant les guerriers

Trois fois autour du corps promeneur leurs courtiers:A leurs gémillëmens Thétis mêle fes larmes ,

Celles qu’ils ont verfe’ ruilTellenr fur leurs armes.

Achille emballe encor ce corps inanimé,Et lui dit, dans l’ardeur dont il cil confumé:

a Cher Patrocle il jouis, dans les demeures (ombres;a. D’y voir ton allaflin errant parmi les ombres.

sa J’ai rempli ma mamelle, Hector- cit à tes pieds,

. a: Sanglant, couvert de boue 5 a: douze autres guerriers

u Auprès de ton bûcher attendent que leurs ames

» S’cnvolent chez Pluton àJa faveur des flammes. a

l Il a dit, a: foudain plus furieux encor,Près du lit de Patrocle il fait traîner Heâor:

On amene avec lui les viâimes fanglanres,Les taureaux égorgés ée les brebis bêlantes;

Puis ayant prépare’vle funebtc repas,

Il invite au fellin les chefs 6e les foldats.Près du corps (le-Patrocle il veut relier en armes, A

lDédaignant le repas pour fe nourrir de larmes:

Toujours les yeux fixés fur cet objet fi cher,

A fa douleur amer: on voudroit l’attacher;

On balance un inflantyenfin on le décider

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D’HOMnan. au;A l’entraîner de force en la tente d’Atride;

Qui, le voyant toujours inquiet, éploré,

Veut le conduite au bain d’avance préparé; .

Il’ne veut rien entendre, 8: (on cœur inflexible

Confirme (on refus par un ferment terrible. n

se Je jure devant toi, puint maître des dieux,

,, Que ces foins importuns me feront odieux

., Tant que de mon ami, le corps que je révere,, Demeurera privé de l’honneur funéraire.

,, Atride , fecondez cet augulte delTein

,, Si vous voulez me voir affilier au fellin;3, C’eli à vous d’ordonner, mais je defire encore

’,, Que le bûcher fait prêt demain avant l’aurore;

,, Et mes devoirs rémplis, ma feule ambition

,, Ell de porter. la flamme aux remparts d’Ilion. ,;

11a dit a: les Grecs, flattés de cette gloire,Vont. goûter en repos le fruit de leur viétoire.

KChille cependant ordonne à (es foldats

De jouir du fommeil après tant de combats.

labre dansfes defirs, il va fur le rivageToujours de (on ami fe retraçantl’imagc:

Ses longs gemmeuse», les roupies, fes (anglets;

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324. ,"L’" Ie- L* I TA D t

Se confondent encor avec le bruit des flots;

Cependant il fuccombe aux tourmens qu’il endure

Et la reine des mers l’endort ace murmure:

Il goûte du fommeilles premieres douceurs N

Qui calment un, irritant (es mortellespdoulcurs ,*

Quand l’ombre de Patrocle à les yeux le préfente

Et porte dans [on cœur le trouble 6c l’épouvante :-

Il recoupoit les traits, 6c fa taille ô: fa voix,

Sa preflance fuperbe au milieu des exploits. ’

,, Achille, lui dit l’ombre, après tant de confiance

,, A me prouver ton zele acquis par ma vaillance,,, Se peur-il que Patrocle, errant aux [ombres bords;,, Ne trouve plus en toi ces généreux, tranfports ’

,, Dont ton cœut’pour moi (cul ne fur jamais avare!

,, Hâte-toi de m’ouvrir les portes du Ténare. ’

,, Ai-je, en perdant le jour, perdu ton amitié 3,, Mes relies, cher Achille, implorent ta pitié!

,, Tu leur fais cependant la plus cruelle injure.,, En les laill’ant’encor privés de fépulture.

,, Je fuis toujours errant’aux bords de l’Acheron ’

,, Attendant mon entrée au féjoilr de Pluton.

,, Rcfpeé’table guerrier, fi mon ombre t’ell: chere;

,, Accorde à la pitié cette faveur derniere! i ’,, Achille, embralÎe-moi’l, fais de nouveaux eforts; Ï

u FM

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D’HOMIERE.’ un;;, Pour que je paille enfin franchir les (ombres bords.,, Tu vas périr, Achille, à: la mort te menace,

,, Sous les murs d’llion tu dois prendre ma place. I

,, Souviens-toi , cher ami, de ces heureux momens

,, Que nous pallions enfemble 8c de nos fentimens

,, Tant de, fois exprimés au palais de ton pere;

,, Et li même au tombeau mon amitié t’ell cherc, l

,,’D’uuc oreille attentive entends mes derniers vœux ,

» ,’, Je dois tout cfpérer de ton cœur généreux:

- b , . , . ..,, Fais qu une urne commune, en recevant nos cendres;,, Réunifl’c à jamais deux amis aulii tendres. ,,

’,, lift-cc toi , cher Patrocle, eflace toi que j’entends!

Q, Dois-je en croire mon cœur ou l’erreur de mes fensl

,, Ton image à mes yeux fe préfente fans celle;,, Ta voix touchante encor m’agitewôc m’intérefl’e; ’

,, Nous ne ferons, ami, qu’un (cul 8: même deuil;

,, Et nos cendres feront dans le même cercueil.

,, Approche de mon fein, goûtons encor les charmes

,, De confondre un moment n05 fermensôe nos larmes. g

A lui tendre les bras oomme il le préparoitLe phantôme- (andain s’échappe 85 difparoît.

r

Dans Ce tranprrt des feus Achille le réveille,A la voix qu’il entend il prête encor l’oreille; i

Tome Il. P.

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226. L’ILIAD’ISan trouble 8c fa’ftàyeut s’expriment par des cris

Qui près de lui bientôt attirent les amis.

a. Julie ciel ! leur dit-il , croirai-je que, les ombre!n S’échappent quelquefois de leurs demeures (ombres;

a: d’ai vu, j’ai vu Patrocle, ah i j’en frémis d’effroi ,

,, M’adtelltr la parole a: s’approcher de moi. u ’

V A les cris douloureux la troupe cil conflernée. . ..

l’aurore cependant de rofes couronnée

Des prés. qu’elle arrofoit faifoit briller l’émail

Quand Atride aux foldats commande le travail.’ Déja mille guerriers dans les forêts voifmes

Dégagent des fenriers les ronces, les épines;

Lutherie: orgueilleux fous la hache abattusParmi’les arbrilreaux (ont déja confondus:

Ils ont fait en tombant retentit les rivages IEric roidir: s’apprête à couper leurs branchages.

Chacun charge les-bras de ces pelain rameaux,Errlestroncs’ (ont traînés à force de chevaux;

Mérionles comme , et (ans plaindre [a peine,

Il fraie-ile chemin qui conduit à la plaine r

Achille les attend , Occupé de chercher

Le Meule. plus commode à formerIun bûcher.

C’en au; pou-prépare encor le maufolée

I..l

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n’H o M n a a; 127Delliné pour Patrocle de le fils de Pélée.

Tandis que le bûcher occupe mille bras,

Achille près de lui rufemblè les (dans, ,

Et defire les voir revêtus de leurs armes

Pour orner le convoi, pour les baigner de larmes

Il veut que le cercueil par lès princes porté

Reçoive les honneurs qu’il a tant mérité ;

Et tic-leur amitié pour lui donner le gage,

De leurs cheveux Coupés les rois lui font hommage.

Achille fait la pompe, 8e parmi les fanglots VI Au fleuve Sperchius il adrell’c’ les mors:

ss Puifl’ant fleuve l dit-il, à tes vœux, fi mon peut

v Promit ma chevelure au retour de la guerre,a: Ainfi qu’une hécatombe 8e les préfens divers

ss Que lui faifoit pour toi la décile des mers,

sa Dell-in cruel! hélas! quelle ell: ta barbarie!

se Je ne reverrai plus mon pore 8e ma patrie;s. Je trahis le ferment dont il étoit lié

s. Pour mettre cette offrande aux pieds de l’amitié. Q

Il a dit en tremblant, mais (a main le rallure,Pour cOuptet fans regret la blonde chévelnre;

La dépouille cl! remife aux mains de les hérauts

Eu faifant éclater fis cris de les (anglets.

* 13 il

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.218 L’ILIADEA cet afpeôt touchant tous les cœurs s’artendriirent

Er d’accens douloureux les rives retendirent.

sa Vous, Atriçle , ordonnez, dit-il, à vos foldatsi .

a: Après tant de travaux, de prendre leurs repas;a. Que nos chefs feulement a: les Grecs nécelTaires

u A conduire avec foin. les pompes funéraires

V sa Demeurent» avec nous: pour remplir ce devoir

Servez-vous, s’il le faut, d’un abfolu pouvoir. u

Tout le monde obéir 65 la troupe choilie

De plaire à ce héros fi’gnale (on envie.

Sur la place tracée on a fait approcher,

Tous les bois fullifans pour drelTer le bûcher: f

Le cercueil du héros couronne l’édifice vE: le fils de Thétis préfide au (acrifice.

On brûle autour du corps des. parfums précieux

Dont la douce vapeur s’éleve jufqu’aux cieux.

Le Feu prend au bûcher quand les himnes commencent

Et (andain à pas lents les victimes s’avancent

Déja fous le couteau-tombent quatre courfiers

Et l’on immole encor douze illuflres guerriers;

sa Patrocle un: Achille , ombre que je révere!

sa J’ai rempli mes fermens 3 86 pour te fatisfaire

n Si dans cette holocaufle Heé’tor n’efl: point comprist

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D’HOVMERE’. 229

uiEnvers lui je tiendrai ce que je t’ai promis. a.

Le ciel qui l’entendoit dédaignoit (es menaces

Quand du prince Troyen la décile des graces

Nuit 8: jour s’empreffoit à parfumer les chairs,

Et d’un nuage épais obfcurcifroit les airs ,

Pour garantir le corps de la vive lumiereQui propage l’efptit 8: détruit la matiere.

Achille cependant commence à s’alarmer

i De voir que le bûcher retarde à s’enflammer tv i

Ilinvite Borée, il invite Zéphire, ’A quitter promptement leur ténébreuié empires,

Leur offre un facrifice 85 leur promet encor nPlufieurs libations dans une coupe d’or.

Iris du haut des cieux’ entendoit la priere

Du malheureux Achille, a: d’une aile légere

Elle franchit les airs jufqu’au palais des vents

Qu’elle réduit bientôt par (es tendresaccens. ’

a Doux Zéphire, dit-elle, impétueux Borée,

n Allez près des vaifreaux de la Grece éplorée

u Par vos fou-files puilTans enflammer le bûcher

u Élevé par Achille a l’ami le plus cher. u

. a En achevant ces mots la décile s’envole»;

Lotfque les vents fournis aux volontés d’Eole-,P ü;

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".230 ..L’:ILIADEEmpreffés d’obéir, par lui (ont déchaînés

Pour arriver aux lieux qui leur font defiinés;

Ils traverfent les mers, diflipent les nuages,

Dans les airs, fur les flots ils portent leurs ravages,Mais d’un fouffle rapide, en modérant le cours,

Le bûcher n’en reçoit qu’unutile (recours.

Déja le feu s’allume se la flamme brillante é

A porté jufqu’aux cieux fa lumiere éclatante.

Achille géminant , dans (es lugubres cris

Semble un pere éperdu qui pleure fur fan fils.

- Cependant la douleurdont fon ame eft atteinteCede au plaifir de voir la flamme prefque éteinte;

Le brafier fe confume 86 les vents fatisfaits

Partent pour retourner en leurs fombres palais.r

Les voiles de la nuit ont fait place à l’aurore

Qui s’éloigne à regret de l’amant qu’elle adore;

Le bruit des animaux 8c la clarté du jour n

Eveillentr le foldar pour chanter fou retour.Le tumulte s’accroît quand le fils de Pélée

De tous les généraux convoque l’affemblée.

si Cher; amis, leur dit-il , nous pouvons approcher,

V a: La Heaume le permet, éteignons le bûcher;

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n’.H o M a a s. 1231n Patrocle cit confumé, c’eü à nous d’entreprendre

n La recherche des os pour les réduire en cendre:

-n Ne les confondons pas, 86 dans cette urne d’or

u Reiiferinons avec foin ce précieux tréfor.

a. Il y repofera jufqu’au tems où les ombres

.3 Voudront me recevoir en leurs demeures (ombres;u En l’honneur du héros ne fougeons feulement

uï’Qu’à conflruire en ces lieux un fimple monument

a» Pour recevoir cette urne à nos cendres commune,

Gage’ de nos fermcns 8c de notre infortune. a k

Les Grecs, pour fatisfaire a-fes defirs prelfans,

’Jettent le vin facré fur les charbons ardens, ,

Et les os calcinés font par leur induflrie

Broyés, réduits en poudre 85 l’urne enfin remplie.

L’inl’tanr «si! précieux, 65 pour d’autres momens

On prétend du tombeau jette-r les fondemens.

Ë Ces devoirs achevé-s , Achille aux jeux funebres

Invite fans tarder les Grecs les plus célebres,

Quand mille fpeé’tateurs, pour lui faire leur cour,

Le (cercle étant formé , fe placent à l’entour. ,

Une captive aimable au vainqueur deltinéeAu milieu de l’arene’ cil en pompe amenée; .

Piv

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agi .L’,ILIADE.-On y conduit des charades armes, des trépieds. ’-

Des vafes , des taureaux, des fuperbes courfiets.

sa Achille alors fe leve 8e dit: u. O fils d’Atrée!

n Et vous , Grecs, qui voyez la pompe préparée,

Ce n’ell plus le moment d’attaquer des remparts,

a Mais celui du triomphe à la courfe des chars.Guidé par mes courfiers, j’aurais encor la gloire,

De remporter ici» la premiere viâoire;

Mais toujours pénétré de ma vivedouleur,

v D’un l’accès glorieux j’abandonne l’honneur. a

Il ordonne à l’infiant que les courfes commencent;

Et déja les rivaux près. du cirque s’avancent. V

Rumele el’c le premier, Diomede le fuit

Pai- les courfiers d’Énée dans le cirque conduit a

Après eux Méne’las, Mérion, Antiloque

Que le fage Nellor par ce difcours provoque:

,, Mon fils , toi que. les dieux ont figement doué Ï

’,, De ce rate talent par Neptune avoué;

,, Mes courfiers ont perdu leur vîtelfe premiere .,, Me diras-tu a n’importe, entre dans la carrierei

,, Le talent quelquefois fupplée à la vigueur,

n Un pilote des, vents fait braver la. fureur: az

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DÎHOMB’R E. ’23;

,, Je cannois" le terrain , ajoute à ton adrelfe,, A l’amour du triomphe, encor plus de fagell’e.

,, Tiens toujours tes regards fur la borne attachés,

,, Tu verras deux cailloux luifans 8c rapprochés,

,, C’ell; le terme qu’Achille a mis. a la carriere -,

,, Contente-toi , mon fils, d’effleurer cette pierre,,, Voilà le (cul. écueil qu’il te faut éviter :

,, Sur la gauche à; l’infiantrprends foin de te porter;

,, Et pour yl parvenir d’un courfier tiens la guide

,, Quand l’autre. fera, libre en fa courfe rapide.

,, Il ne faut, mon cher fils, rien donner au hafard,, Crainte de renverfer ou de brifer ton char a,, Si tu fuis lesiavis que ton pere te donne ,,, Il te promet des jeux la premiere couronne.

,, Il a dit, 8: foudain il rentre dans les rangs. ,,

Tandis que fur leurs chars les’rivaux ’afpirans

Ont fait parler le fort fans aucune équivoque ,Le nom ’forti du cafque el’t celui d’Antiloque.

Eumele cil le fecond fuivi de Ménélas;

Mérion, Diomede ont après eux le pas: , iIls entourent Achille , de, la borne indiquée , l.

Phoenix, juge des jeux, prend fa place marquée.

Ou donne le lignifiât déja les rivaux

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534.. L’ILIADEDe leurs fouets , de leurs cris animent leurs chevaux;Les chats en leur vîtel’fe, 8e roulent a: bondiffent ,’

Et, du bruit des coutfiers les rives retendirent.La pouillera s’éleve ainfi qu’un tourbillon

Qui tourmente la plaine au faufile d’Aquilon.

De ces rivaux jaloux qui parcourent l’enceinte

Les cœurs (ont agités d’efpéranee êt- de crainte.

Eumele cit le premier, Diomede le fait ,Le ferre de fi près qu’aumoment- on eût du:

Que (es ardens confient, en inondant lapiaine, ’ v-

MQuilloientnauliî lechar de leur bouillante haleine.-

Apollon irrité fait tomber de fa main

Le fouet qui rend déja le triomphe incertain;

Les chevaux ralentis dans leur courût premiete

Font gémir le guerrier clef: voir en strierez

. Minerve au même. inflant ranime leur ardeurEt fur le char d’Eumele a porté fa. fureur;

Elle a brifé l’ellieu, le char tombe 8: s’arrête

Quand le fier Diornede à le poulier s’apprête.

Cependant Ménélas se le fils de Nefior

Du triomphe jaloux le difputent encor:Antiloque a cédé le prix a Diomede,

Mais ce defir éteint, un’autre lui; fuccede.

Lorfqu’il voit Ménélas dans le fond d’un ravis

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n’H o un ne. ’23;Dc’ia le devancer dans cet étroit Chemin?

Il vole 84 dans (on cœur l’accufant d’artifice,

Il veut le, «renvetfer au fonds du précipice ,

Quand Ménélas. s’écrie : a Arrêtez vos chevaux ,

a Les dangers feront-ils les fruits de nos travaux?a: Ofezgvous, fous l’apmæd’un fol efpoir de gloire,

u D68 mains d’un fils d’Atrée arracher la victoire?

.” Votre aveugle fureur va nous perdre tous deux. t

A ces mots. Antiloque en devient plus fougueux.

ll-frappe fra courliers, il fe fait un panage,Et fur le fils d’Atrée il a pris l’avantage,

n Jeune préf’omptueux, nous verrons qui de nous

a: A mérité le prix dont ton coeur cit jaloux

a: Quand je rappellerai ta Fraude 8c ton injure. a .-

aa Voudtasrtu l’aggraver en devenant- parjure?

a Dit Ménélas-gl a; vous, rues ’fideles courfiers, V

n A venger. cet affront ferez-vous les derniers!

U

sa Plus jeunes, plus légers que ceux du téméraire,

a Votre feç’ours ici me devient nécellÎaire. n

Soudain d’un pas rapide ils. ont pris, leur effor,

Et bientôt ont atteint le fils vieux Nellor.

Tous les Grecs attentifs, 8: qui bordoient la lice,Pel’oienr leurs fentimens aux poids de la jultice.

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335 L’IL’IA’DE

Idomenée, allis.fur un tertre avancé;

Apperçoit un des rois près la borne placé;

Si-tôt qu’il reconnoit le char de Diomede,

Au plaifir qu’il relient l’étonnement fuccede.

a Me trompai-je, dit-il, dois-je en croire mes feus!u Eumele le premier, doué des grands talens,

sa Déja ne paroit plus dans la valle Carriere;

u Sans doute que fou char brifé , dans la pouliîere ;

: Aura de ce guerrier arrêté les exploits, ’C’ell DiOmede enfin, oui-e’ell lui que je vois. ne Ï

n Vous êtes dans l’erreur, dit le fils d’O’i’lée;

,, Par l’injure des terris votre vue en: troublée r t

,, A peine pouvez vous dillinguer les objets ,,, Reconnoill’ez Eumele a l’es ’brillans fuccès. a

Le prince des Crétois, jaloux de le confondre, "D’un ton peu mefuré s’emprell’e de répondre:

u Chacun a (ou avis 6e veut avoir raifon. n

’,, Quoi i déja la difcorde a filtré. Ton .poifon ,,

.,, Dit Achille, étonné d’un débat fi frivole;

’,, Permettez qu’entre vous je prenne la parole.

,, Eh quoi! vaillans guerriers, vous ne rougill’ez pas

,, De vous livrer fans honte a de pareils débats il

,, Pour vous mettre d’accord je demande une .rreve;

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D’ H o M E R E. 237,, Et que vous attendiez que la courfe s’acheve;,, L’étrange différend qui fubfilte-entre vous

,, Finira quand les chats feront plus près de nous. a;

A peine a-t-il parlé que le fils de Tydée

Par fa courfe légere étonne l’all’emblée :

Toujours le fouet en main il frappe fes courfiers

Qui volent fans lailfer de traces fous leurs pieds.

Ses rivaux éloignés , près du terme il arrive,

Il defcendj Sténélus demande la captive ,

La préfente au héros avec le trépied d’or.

Celui qui vient après ell le fils de Nellor;Ménélas, qui le fuit, le plaint de l’artifice

Dont le fils de Neltor s’elt fervi dans la lice :

Mérion à fou tout reproche à fes courfiers

D’être par leur foiblell’e arrivés les derniers.

se Lâches, vous vous rendez après cette journée

a: Indignes des faveurs du brave Idomenée. u

Enfin le fils d’Admete, Eumélus à pas lents,

Traîne (on char brifé parmi les ,concurrens;

Mais Achille plaignant le fort du fils d’Admete:

a: Il cit; trop. malheureux, dit-il, 8: je fouhaiten Qu’on lui marque fa place au moins au fecond prix 5’

u Braves guerriers, j’attends fur cela votre avis. a

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238v L’I L La D tTous le cercle applaudit à ce trait de juliice.

Quand le fils de Ntlior veut rentrer dans la lice:a Achille, lui dit-il, plus jaloux de me; droits,a. De ces funebres jeux j’interpelle les loix:

en Je demande le prix, répandez Vos largefiës

se Sur ce cher fils d’Adtndte , et tant d’autres richelfes

p Que vous pouvez omit pour le dédommager

a Du droit victorieux que je veux m’arroger;

se Et fi quelqu’un ofoir le dil’puter encore,

a Qu’il tremble d’allumer un feu qui me dévore.

Achille en fouriant écoute avec plaifir

L’impétueux tranfport d’un glorieux defir.

se Ton artérite, dit-il , ne fera peint trompée Ë

a Je donne à tout rival l’arme d’AftÉropée,

u Qui de tous mes exploits ell le plus glorieux,se Et j’otdonne à l’infiânt qu’on l’apporter en Ces lieux. a! i

Q

Ménélas irrité du difcours d’Antiloque,

A lui faire raifon en ces mots le provoque:

si O Vous! chefs de la Grèce, un dépit fans. égal

sa Me force à démafquer- un. orgueilleux rival:

sa Pour juger qui de nous a mérité la gloire

a; De remporter ici le prix de la victoire;

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r 0’ H o M E n E. 239n De tout ce que j’ai fait, bien loin de me cacher,

a: Je voudrois des témoins de n’en veux point chercher.

u Antiloque , approchez, j’en appelle à vans-même ,

u Attellez donc ici devant l’Êrre fuprême,

a: Sur vos braves courtiers ofez porter la main ,

» Pour jurer que l’honneur ne vous rem-ache rien;

u Jurez au dieu des mers qu’à tort je vous accule

n De n’avoir au triomphe employé que la rufe. n a

A ce mfle difcours Antiloque répond:

u L’honneur ne rougir pas de demander pardon.

u A mon âge on fait peu l’avis de la prudence,

p Et ma grande jeunefl’e a befoin d’indulgence.

a Pour rappeller d’Atrid’e a: du fils de Thétis

n L’el’cime a: les bontés, j’abandonne le prix;

a Et pour mieux leur prouver combien; je les honore ,«

à Puiiîai4je faire un don plus précieux encore! u

A ces mots Méne’las , de plaifir tranfporté,

Lui dit: n Crois-ru. me vaincre en généralité?

a Non, un jeune guerrier qui demande indulgence,a. Par ce trait vertueux fait oublier l’ofi’enfc;

u Et pine fenfible encor à cette loyauté, aa Qu’il reçoive d’Arride un prix tant difputé. ni

Antiloque étonné de l’arête magnanime

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240 ’L’IL’IA’D’È.

Du rage Ménélas, en redouble d’eilime;

Mérion à fouteur reçoit deux taleras d’or.

Les partages finis, Achille veut encor

Couronner (es bienfaits 85 fa munificence; ,Ij Il approche Nellor qui gardoit le filence:

a: Mon pere, lui dit-il , mon cœur fera content

a: Si vous daignez encor recevoir en préfent

eCette coupe brillante, elle aura l’avantagea D’être de l’amitié l’afTurance 8c le gage.

8Dans ce jour folem’nel, fans l’outrage du teins,

Elle feroit à vous par vos tares talons. u

sa En libéralité votre aine fie déploie: ,.a» Ah l mon fils, dit Neftor, c’eft le comble a ma joie;

sa Mais, hélas! mon cher fils, je n’ai point mérité,

eCe glorieux prêtent dont je fuis enchanté. l

Inutile aux combats, courbé fous la vieillelië ,j

Je n’ai plus des beaux ans les talens de l’adrelle;8

Speéiateur de vos jeux 55 fans les partager,s»- Je trouve un vrai plaifir à m’en dédommager

8Par l’heureux fouvenir de ma gloire palliée

Acquife avec éclat aux jeux d’Amarynnée.

a Quatre fois en un jour j’y montrai mes miens,

a Et je dûs mes fascés au feu de mon printcms.

l l u CCHC .

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D’HOM’ERE. 241;’,, Cette difiinâion que j’éprouve fans celle

,, Montre que vous (avez honorer la vieillelre.,, Comblé de vos bienfaits, puiKent les julles dieux

,, Répandre leurs faveurs litt vos. jours glorieux! ,,

Achille fatisfait d’un éloge femblable,

Einbralre avec tranfporr le vieillard vénérable.

Du celle cependant on apporte les prix.

,, Volez, braves guerriers , dit le fils de Thétis;

,, Un vigoureux taureau, fartant du pâturage,

,, Du vainqueur au combat doit être le partage,

,, Et ce vafe d’argent cil le prix du vaincu. ,,l

Ce mot de l’affemblée ell à. peine entendu

Qu’Epe’us aux longs bras, à la taille effrayante,

Aux yeux des fpeétateurs hardiment [e préfente ,

Du taureau fe faifit 8c dit d’un ton hautain:

,, Malheur à qui voudra l’attacher de ma main!

,, Qu’il vienne , je l’attends. ,, Quand le fier Euryale

Qui jadis aux combats d’une ardeur fans égale

Aux celles des Thébains avoit été vainqueur,

Veut à ce pugilat fignaler [a valeur;

Diomede le joint, lui prête la ceinture,ses deux forts bracelets 8: voilà fou, armure.

Dans le cirque avancés déja ces deux rivaux

Tome Il. Q

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242 L’ILIADEL’un fur l’autre à l’ envi marchent à. pas égaux.

A leurs cris menaçans quand les échos répondent

Dans leur premier effort les celles le confondent;Le combat (e foutient, fous leurs coups redoublés

Ces deux braves rivaux fe trouvent accablés.

rDe torrens de fileur la terre cit inondée,

Les membres (ont meurtris , quand le: vaillant Épée

Recule, 8: s’élançant avec plus de fureur,

D’un fuperbe rival demeure le vainqueur.

Telle du fein des. flots une vague orageufe

Renverfe le dauphin fur la rive fangeufe ,De même dans le choc Euryale tombant

Etale fur le fable un corps pâle 8c fanglant.

Épéus à l’inliant tend les bras, le relave ,

Et par ce trait humain le pugilat s’acheve;

Les amis d’Eutyale accourent près de lui

Pour l’enlever du cirque 8c lui fervir d’appui:

A peine fondent-il la douleur qui l’accable;

Les pieds mal allurés (e traînent fur le (able ,

Sa tête "cit chancelante de difibrme cules traits,

Et de (a bouche oucverte il forr’un rang épais.

Après le jeu du celle on propofe la lutte ;’Ajax prétend au prix, Ulifl’e le difpute:

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x

I. D’ H 0 turf-31mn. :343La gloire fur leur front prend uninouvcl éclat-u: p”

Et déja ces rivaux préparent le combat: w,

Ils s’entourent tous deux d’unetlargetceinture l .,

Pour foutenir des reins la fragile firuc’iure.

On choifit fur l’arene un. polie avantageuxÎ , .. .v ,

Pour donner plus d’aŒette à leur corps vigoureux; ’

Ils fondent l’un furl’autre; étroitements’unill’ent,

Et d’un fang comprimé les veines (e grofiîlieute’ a

l Leurs pieds plus affermis, inclinés dedilians ,ï .. --

De la malle en repus femblent les arcboutants. 3’ v.

Ainfi que les étais qu’on met avec prudence

Pour foutenir d’un mur la prompte décadence;Déja pour s’ébranle: ils font de vains.cfi’ort8’,;..Î; .’.’

Et leurs doigts-accrochés s’impriment fur leurs. corps.

Çes légcres douleurs deviennent infenfibles A a”Tant ils font tourmentés ’dæ-fecoufl’es terribles, -’

Après tous les .moyensïl’lm paril’autre employés.- v î

On s’étonne de voir la terrefous leurs:;pieds:;..- a. Ï

Mais le prudent Ajax divan fils de tLaertet’rl.l’y

,, Prince , faut-il ici courir à nette parez) :5.-,, Ulifl’e , c’eli jaffez a ,, 85 d’unbras fans égal L1 5,21

Le faififfant au corps, enleve (on rival; a a: a: -Î A .

Mais UliŒe employant fan adreI-Te ordinaire; ’ ï

Lui frappe les jarrets le couche par terre :. IQîi

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f.

344 L’ILIADEEn tombant fur Ajax le peuple par des crisExalte fon adrelfe de lui donne’le prix.

’A l’inilant fur leurs pieds, le combat recommence

Quand Ulille à [on tout fur fou rival s’élance; ’

Il veut le. foulever , mais accablé du poids,

Ilsœetombeut enfemble. une feconde fois.Prêts à recommencer l’inconfolable Achille. ’ "

r ,Ordmme de finir un combat inutile;sa Le. l’accès-cit égal, les prix feront égaux, .

v a: Dituil,’féparez-vous 8c cherchez le repos. .

DeLla courfe aluni-tôt on ouvre la carriere

Et déja’ttrois rivaux vont franchir la batriere.

«’Ajax g fils d’Oilée, de le fils de Nelior,

.Vont difputer le prix au. brave Uliire encor:Ils partent à la fois quand ’Ajax les devance;

MaisiUlilTe le fuira- fort peu de diliance. .,Tel qu’un fufeau’qui file ou la foie ou le lin, i

De l’habile ouvriere eiltoujours dans la main,

n’els du fils de Laerte en fa courfe légere

Les pistonnent-les pas tracés dans la pouifiere.

A leur commune ardeur chacun abandonné

Alloit toucher le but qui leur étoit donné.

UliiTe, qui fe voit trompé dans (a vîtelfe ,

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D’HOMERË.- 24;;Implore le fecours de la fage déclic Ia Minerve, ah ! lui dit-il , invincible Pallas!si Dans ce. moment flatteur ne m’abandonnez pas. sa v

La décile à l’infiant, fenfible à fa priere,

Le fait voler d’un trait au bout de la carriere; t

Mais Ajax, engagé dans un chemin. gliil’ant,

Fait pour le futmonter un effort impuiifant. Ï lPar le fang des taureaux la terre étoit trempée,

Et danslfa chût: il voit (on attente trompée. I iLe. fpeé’tateur oifif fait éclater l’es ris

Quand le héros gémit d’avoir le recoud: prix;

Arrivé le dernier ,. Antiloque en fa rage

Accufe le deûin de lui fairelun outrage.s. La jeunelÎe, dit-il , n’attendrit point les dieux, . .

sa Je l’épreuve en voyant mes rivaux plus heureux; ï

se Qui l’eût dit a qu’à. (on âge UliITe auroit la gloire

a) Sur Ajax de fur moi d’emporter la viâoire

v Nous qui ne céderions, pour la légéreté,

u Qu’au (cul fils de Thétis la fupériorité. n.-

Achille, fatisfait de ce difcours honnête, -Lui donne un talent d’or, de dans l’inflant s’apprête:

A procéder au prix de l’arc, du bouclier,

Quand le fier Diomede clic encor le premier.’Q in

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246 .L’ILtanEA montrer [a valeur -, mais Ajax fe préfente ,

(C; fils. de Télamon dont l’ardeur eft confiante:

V Déjaces fiers rivaux de boucliers couverts,

Leurs javelots lancés ont fillonné les airs.

.Trois fois ils ont volé fans aucun avantage

Lorfque celui d’Ajax trouve enfin un pafiâge,

Et du fier Diomedc atteint le bouclier,Le perce, de fans’efiet le redoutable acier

S’amortit.,Diomede a d’une main plus frire I

Frappé le cou d’Ajax au défaut de l’armure;

Ses jours [ont menacés, on n’entend que des cris,

Et Diomede enfin. a remporté le prix.

rAchille lui remet cette brillante épée

Ravie’en.’un combat au brave Alliéropée ,

Jeune de vaillant guerrier, digne fils :d’Axius,

Expirant- fur le Xante au nombre des vaincus.Du fils de Télamon la blelfure eli légete.

Du dil’que cependant on ouvre la cartiere;

Ce poids énorme, encor dépouille .d’Etion ,

De nouveaux concurrens devient l’ambition:

Polipete Idéja fuivi de Léontée

Provoque le courage 8: d’A’jax de d’Épée.

Ce difque renommé promettoit aux vainqueurs

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D’HOMERE. 242Tout le fer convenable aux focs des laboureurs.

Épée cil le premier qui du poids formidable!

Veut, à Force de bras , le détacher du fable;

Il l’approche, le prend, l’enlevel avec vigueur

Et fait l’étonnement déja du fpeflateur.

Léontei vient après qui fouleve la malle

Avec facilité, quand Ajax le (urinaire;

Mais le fier Polipere, encor plus vigoureux;Saifir le difque énorme, 8c de fou bras nerveux Î

Le lance dans les airs avec force 86 fans peine. lDe même qu’un’berger appliqué dans la plaine ’

A ranger (on troupeau, la houlette" à la main , i. .

Lanceun faible cailloux pour corriger fonzchien. l.

Polipete éloignant les rivaux de fa gloire , vReçoit enfin le prix des mainsde.’ la victoire." :2 c-

Acllille ordonne encor, pour finir les travaux; Î K

Qu’on plante dans le fable un mât de fes vaiHEaux,

Au haut duquel il veut qu’uneil’tendre colombe,

Liée 85 battant l’air, fous la. fleche (uccombe.

Teucer 8: Mérion lignaient leur tranfport,

Cependant le premier cil trahi par le fort. ,’Il n’a point d’Apollon imploré l’afliflance ,

Et ce dieu le punit de l’on indifférence;

Car du trait dans les airs détournant le moyen,

in

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5.48 L’ILrADE b’HOMERE.

La fleche de Poireau va couper le lien,La colombe s’échappe ,ç 6c planant avec peine,

Sur le chemin à prendre eft encore incertaine:ÀTout le. monde s’étonne 66 (andain Mérion

Implore avec ferveur le fecours diApollon;’

.Tend [on arc 8e le trait ,’ en traverfant la nue, i

Fait tomber à Tes pieds la colombe étendue.

Le prix du javelot en: un vafe de HeursQui ne peut éprouver dulfoleil les rigueurs.

Atride le premier veut entrer dans la liceQuand Achille. lui dit: au Chacun vous rend juflice;

n Nouf’mettons votre and-telle au rang de vos vertus:-

Le prix vous cil: acquis , prince , n’en doutez plus.»

a Je veux, répond Article, aux fêtes folernnelles

a: Décorer nos feliins de ces fleurs immortelles.»

Fin du. vingt-tramera: Chant.

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L’ILIADEDHOMERE

hgzr X a 4w

CHANT VINGTfQUATRIEMEs

a I J à

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r

ARGUMENI DU VlNGT-QUATRIEME CHANT.

A POLLON indigne’des fureurs exercée: par Achillefur le cadavre d’Heélor , je rend à l’aflemhle’e des dieux

â leur reproche leur inqulice ; Jupiter en efl touché:il appelle T he’tis (5’ lui ordonne d’aller difpofirr fin fils

à rendre le corps d’Hezîlor. Il envoie en même-terrisIris à Priam afin que ce pere infbrtune’ porte à Achille

une fanfan capable de l’appaijer. Il obéit g il part avecun héraut dont le char portoit les préfins defline’s peur

Achille: il rencontre Mercure envoyé par Jupiter pourle conduire le nieflager celejle endort les fentinellesdes Grecs ê fait pe’ne’trer Priam dans la tente d’AchiIle.

Le roi de Troie tombe aux genoux de ce héro: Ô leconjure de lui rendre le corps de fort fils g Achilletouche’ae la vieillefle de lÏhumili-ation de Priam,lui accorde demande: à va pour aider lui-mêmeà tranfporter le cadavre d’Het’Îor fur le char qui lui

cf! dejline’. Il invite Priam , ainfi que fin he’raut , à

je repofir ; il leur fait préparer de: lits fomptueux.. Mercure les réveille avant le jour, prwj-e leur départ

à les accompagne jufiju’aux bords du Scarnandre ; il:[ont d’aperçu: du haut d’une tour par Caflandre : Hécube,

àAndrorrzaque à He’lene ,fuivies de tout le peuple ., vont

au-devant de Priam. Leur defljpozr. On arrive aupalais ; le corps d’Heâ’or efl mis jar un lit. On drefle

for: bûcher, à après avoir fait je: funérailles, on lui

éleve un tombeau. il

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zk, lçflefllI

ce.7 t; l”- Tu N l .xv .. l ’ i iLa IL I. A D E

D’IH OMBRE.

CHANT VINGT-QUATRIEMÈ.

LE coucher du foleil a mis fin aux travaux

Et chacun dans (a tente a cherché le repos;

Mais Achille, toujours plongé dans la amerri,

Se nourrit de fanglots, gémit, veille fans celle.

L’image de Patrocle en: gravée enxlfon cœur,

Ses graces, les talens , (a bonté, la valeur;Et (a tendre amitié s’offrent à. (a mémoire. l

Il le rappelle encor les combats où fa gloire

Acquit un nouveau lulire en mille endroits divers, r

Dans les champs de Bellonne ainfi que fur les mers aS’il étouffe un iufiant les fanglots dans (a bouche,

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2j: ’ L’ILIAD’E

Il inonde de’pleursle héros qui le touche.

Chaque jour à Patrocle il porte un foin nouveau,Et d’un fidele hommage honore (on tombeau.

Quand Heétor dans le camp, privé de fépulture

Et livré par Achille au mépris, à l’injure,

Par trois fois chaque jour, dans (es fougueux tranfports,

Autour du monument il fait traîner le corps;

Mais pour le garantir d’un traitement perfide.

Apollon attentif le couvre de l’égide.

Dans les cieux cependant tous les dieux attendrisDu malheureux dellin d’un de leurs favoris,’

Pour enlever Heétor auroient mandé Mercure,

Sans ’Junon 8c Pallas qui. partageoient l’injure :

Ne pouvant oublier l’infulte de Pâris ’

Dans la pomme accordée aux charmes de Cypris;

Mais la douzieme aurore à peine cil: arrivée

Qu’Apollon fe préfente à l’augufle affemble’e.

a Dieux cruels! leur dit-il, quels feront les mortelsu Qui voudront déformais encenfer vos autels ’

r Quand le pieux Heétor , pour vous rendre propices;

a» Les aura vainement orné de factifices?

u Vous le voyez fans trouble errant aux (ombres borda

v Sans vouloir, fans ofer difpofer de (on corpst

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D’HOME’RE. ’25;

u Pourquoi ne pas le rendre à (on malheureux petc ,’

a A fa fidcle époufe, à [on fils, à fa mere,

a: Emprefl’c’s de jouir de ces relies chéris?

. u Mais vous ne protégez que le fils de Thétis;

a Ce barbare mortel dont la fureur , la rage,, sa Tel qu’un lion féroce au milieu du carnage,

se Sans nul refpeét humain, fans pudeur, fans pitié,

u Sacrifieroit [on pere à fa folle amitié.

sa A moins que d’habitei’ des régions déferres,

a: Tous les hommes font faits pour éprouver des pertes.

n On a beau fe livrer aux plus vives douleurs,a» La main du tems fuflit pour efl’uyet les pleurs;

aMais ce guerrier fougueux ne connaît d’autres charmes

se Que de remplir les cœurs de mortelles alarmes :

sa Dans fa haine implacable il fait traîner encor

a Autour d’un vain tombeau le cadavre d’Heétor.

a Plus on cil: à l’es pieds plus il cil inflexible,

sa Et par gloire il infulte une terre infenfible. a

sa Vous, dieux qui l’entendez, dit la fiere Junon;

u Je vous vois pénétrez du difcours d’Apollon;

Mais fans vouloir blâmer fa juliice 8c (on zele, *3

Songez que cet Heétor cil fils d’une mortelle :1

v Tandis que [on rival, digne fils de. Thétis,

a

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2H. L’ILIADEa. De la faveur céleile a mérité le prix.

a Des amours de Pélée il reçut la naiffance;

sa Cet hymen folemnel fait en notre préfence ,

a De l’aveu d’Apollon, qui parmi tous les dieux

n De (a lire tira des fous mélodieux. sa

se Implacable Junon, calmez votre colere,9! Lui répond fiérement le maître du tonnerre:

Je fais que ces héros, par eux, par leurs parens,

I» Sont faits pour recevoit des honneurs dili’érents;

u Mais la vertu d’Heé’tor me fera toujours ’chere,

sa .Ses hommages pieux avoient-droit de me plaire.

Seroit-ce donc airez de plaindre fes malheurs?à!

8Non, 6c de tous les dieux il attend des faveurs.v .a.Combien , pour nous fléchir, d’agneaux 8e de geniffes

eOnt inondé de fang l’es pompeux facrifices!

Dons [actés que les dieux exigent des mortels ,

: Pour remplir leurs devoirs dans lCS’ÎQDIS folemnels.s-

Je veux , fans écouter un débat inutile ,

, Attacher le Troyen à la fureur d’Achille 3

Dans ce digne projet j’engagerai Thétis

ne A calmer, s’il (e peut, le courroux de fan fils. a:

-0 g3

Jupiter a parlé, lorfqu’Iris déja prête,

’ S’élance dans les airs femblable à la tempête -,-

4

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D’ H o Mv’E.R E. 2;;

Elle franchit les monts de l’Imbre 8c de Samos,

Et le précipitant, elle agite les flots.Elle a déja touché l’empire de Nérée,

Où la tendre Thétis de Nimphes entourée," ’

Déploroit de l’on fils le malheureux deliin’

Qui de l’es jours brillan’sïle’ conduit à la fin.

Iris de Jupiter lui rendvl’Ordr’e’ fuprêmea ’

sa Eh quoi! répond Thétis, dans m’aidoùle’ur extrême,

u Dans mes trilles ennuis ,”dans mes tourments cruels,

u, Oferai-je paroître aux yeux-des immortels? ’

u J’obéis cependant au maître du tonnerre , ’

n Je veux approfondir cet étonnant myl’tere, v

r . . .Soudain d’un voile’obeur’ elle couvre l’es yeux

Et prcil’e l’on départ pour arriver aux ’cie’ux. V ’

Elle a touché l’Olimpe, la troupe immortelle

Se leve avec tranl’port 8e vole au-devantïd’elle :

Elle avance 8c s’afliedauprès de Jupiter

Lori’que Junon s’approche 8c vient lui ’prél’enter

La divine ambroifie 5’ à l’inflant la décile  A Ë-

A porter la liqueur fur les levres s’eniprelïc ,” .’

Et Junon (’e retire. Alors ile dieu des» dieux

Prend la parole dit : n Ma fille, dans les cieuxin Depuis neuf jours entiers*je ne fuis point tranquille,

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’ 256 L’ I L r A n a. u Chacun a [on projet fut Heétor, fur Achille:

a: Mercure par mon ordre alloit voler au campn Pour enlever d’Heétor le cadavre fanglant;

a) Mais voyant votre fils peu jaloux de l’a gloire ;

en Par l’inhumanité couronner fa viétoire ,

a: J’ai voulu qu’une mere, attendrill’ant- (on cœur ,’

a Aillc fur mon avis appaifer (a fureur;s. Qu’il rende , s’il ne veut allumer ma coleta,

u Le cadavre d’Heétor à l’on malheureux pers:

n Je vais charger Iris d’aller dans llion

fi Ordonner à Priam d’en payer la rançon.»

La décile obéit, 8: dans (on vol agile ,’

Elle arrive à. l’inliant dans la tente d’Achillc;

Elle y voit le héros, entouré de foldats,

’ Plongés dans la douleur, apprêtant un repas:

Une tendre brebis venoit d’être immolée

En l’honneur de Patrocle 8: du fils de Pélée,

Quand la reine des mers s’approche près deilui.

n Quoi l je vous trouve encore en ce mortel ennuiesa Dit Thétis ; pouvez-vous montrer tant de foibleii’e 2 ’

n Serez-vous infenlible à ma vive tendrell’e?

u Ne pourrai-je en ce jour, appail’ant vos fureurs,

v Vous tappeller des dieux les infignes faveurs àsa Bannill’cz

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a,u n Bannill’ez ce courroux lorfqu’il vous déshonore,

D’HOMERE. a)";

a! Et joui’fl’ez des jours qui vous relient encore.

ss Si les vœux d’une mere ont perdu tous leurs droits ;

s. Mon fils , c’eli Jupiter qui parle par ma voix.

v Votre aveugle courroux, votre haine cruelle,

a) Excitent la rumeur de la troupe immortelle:sa Abandonnez Heélcor au prince d’Ilion,

n Qui viendra de (on corps vous payer la rançon. n

n Je confens d’obéir quand ma mere l’ordonne,

s: Mais c’eli: à vous, déefl’e, à qui je l’abandonne. a:

Pendant cet entretien de la mere 6c du fils

Au palais de Priam vole la jeune Iris,

Qui trouve ce vieillard toujours dans les alarmes,Souillant l’es vêtemens de pouliiere 8c de larmes.

Dans fa douleur, Iris qui le voit aux abois,Pour ne point l’efi’rayer, daigne adoucir l’a voix.

ss C’ell; le maître des dieux’ qui près de vous m’envoie

ss Pour’adoucir les "maux où vous’étes en proie;

ss A’llez,’dit-elle, allez près du fils de Thétis

sa Dans un efpoir flatteur réclamer votre fils:

ss Portez-lui la rançon fans témoins 8c fans faire; ,1;

u Un héraut de vos chars aura l’eul la conduite.

n Préparez vos préfens malgré le jour qui fuit,

Tome Il. Rtu...

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258 L’ILIADEs. Et pour votre départ ne craignez point la nuit.

n. Les dieux veillent fur vous, 6c fans doute Mercure

v Viendra vous indiquer la route la plus frire;ss Et li vous redoutiez Achille en l’a fureur,

ss Ne craignez rien; le calme eli entré dans l’on cœur. a

- La déell’e s’envole de Priam, l’ans attendre,

’Appelle l’es deux fils d’une voix douce 8e tendre,

Leur ordonne à l’inflant de préparer les chars;

Mais non dans l’appareil qu’il faut au champ de Mats:

Il va chercher Hécube 85 la trouve agitée,

Inondant de l’es pleurs l’a demeure enchantée.

’ ,, Chere époul’c, dit-il , l’ordre de Jupiter

,, Va prell’er mon départ pour aller racheter

,, Le cadavre d’Heé’tor; à cet ordre docile

,, Je vais me tranl’porter dans la tente d’Achille.

,, Me jetter à les pieds chargé de mes tréfors,

,, Pour m’arrêter, Hécube, épargnez vos efforts. s.

La reine’à ce dil’cours l’e leve échevelée:

,, Je te verrois aller chez le fils de Pélée

,, Eprouver des mépris, peut-être le trépas. . . .

,, Non, ton époul’e en pleurs ne le foufftita pas ;

,, Que devient ra raifon 2 que devient ta prudence?,, Avec l’indigne Achille es-tu d’intelligence?

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D’H.0.M-ER E; 259;, De fléchir ce,barbare aïe-"ru te flatter? il,, Ce cruel ennemi que rien ne peut dompter,,, AŒalfin de tes fils, ne peur-il pas de même

,, Te prendre pour viâime en (a fureur extrême!, ,, A l’abri de (es coups 8c de tant de forfaits; -

,, Romans-nuas à pleurer dans ce trille palais.3, Cédons en sémillant à notre defline’e

5; Qui voulut qu’un héros, fruit rie-nôtre hymenëep *

,, Après mille travaux, ne terminât [es jours,

,, Que pour fervir de proie aux avides vautours, .3,, Achille, que ne puis-je , en l’àrdeur qui m’égare à.

,, M’abreuver de ton fang, ronger ton gaur barbare! ,.

,, Par un préfige affreux croyez-vous m’arrêterai

’,, Dit Priam : cimmd j’entends l’ordre de Jupiter

,, Quand je le tiens des foins d’une (âge décile,

,, Le prefiige n’en: donc ïquferreur 8: que Foiblelie; Il

,, J’obéirai fans crainte &ii’a’i fait mes apprêts; v

,, Pour me rendre à l’inflant àu. rivage des’Grençsr .

,, Quand on a tout perdu la inort n’en; poinr eruindreg

,, Acciible’ de douleurs, Je ferai moins, à. plaindre . i

,, Si je puis expirer fur le corps de mon fils. ,,

En achevant ilonvrc un coffredevgrànd’ prix; li a

I Il en rire à fou gré .vingritapis magnifiques; ’ IR ij

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e60. LglLiIADEADes vafes , des trépieds 8: de riches tuniques,,v

Une coupe fuperbe avec dix talens d’or,

Tous objets deflinésà la rançond’Heétor.

Cc malheureux vieillard, jouet de la fortune,Écarrepdes Troyens une foule importune.

a: Allez pleurer Heétor, dit-il, dans vos maifons,

A; Hélas ! vous en avez d’affez fortes raillons; I

lL A mon âge jern’ai que. les forces humaines ,

n Et ne puis fourmi: qu’on aggrave mes peines. n -

par" ces mots levieillard repoullànt [es amis,

Entre encor en fureur contre [es autres filsQui cherchoient Ïufpendre un départ qu’il defirei

a: Pour mefaire obéir un ordre doit fuliire,

u Dit-il, de tous côrés je jette mes regards 1w Sans pouvoir découvrir mes courfiers ni mestchars g.

u il appelle (les. fils dontla lenteur l’irrire,

sa Délphobe, Pâris ,I Hippotoüs, Pélite,

n Que mon fort cit affreux! ô pere infortuné!

à De tout ce qui m’ell cher je fuis abandonné;

u J’ai perdu de mes fils les plusrecommandables; h

a: A remplir leurs devoirs conflans, infatigables,w L’intre’pide Troile 8: le braveIMeltlor, H

a Et pour tout dire enfin, le valeureux Heétor; il

n

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n’Homana,’ "netu i0 Mars ! dans ma douleur qu’à peine je furmonte 4

p Devois-tu me lailÎer ceux qui feront ma honte ë "’

Des lâches rumeurs dont les honteux deliins a

Sont de couler leurs jours aux danfes, aux feliins;8Loin de venger un frere ; ames lâches, timides, ç

u Pour conduire mes pas je prendrai. d’autres guides:

J’attends ici mes. chars, allez les commander,.

8

oa Et je ne devois pas deux fois les demander.

a» Hippotoiis, Pâris, Agathon , Antiphone,

a Déiphobe, Héle’nus, faites ce que j’ordonne. o

Les ordres du vieillard foudain exécutés,Le char, pour le tréfor, arrive à (es côtés.

Le héraut qui l’attend le charge en diligence

Quand celui de Priam au même infiant s’avance;

Le vieillard veut lui-même atteler (es courfiers

Qui font déja trembler la terre fous leurs pieds;

Hécube, qui gémit, prend la coupe (actée v l

Et foudain la remplit de la liqueur pourprée :.

sa Puifque tien , cher époux, ne peut vous retenir.

a: Sans trouble 8: fatisfait pailliez-vous revenir!

Portez , pour. obtenir un voyage» profpere ,

Cette libation au maître du tonnerre ;

Qu’il iconduife vos pas fous un préfage heureux; lR il;

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2’63, L’ILIAD’n

u Que (on aigle parodie à la voûte des cieux,

"-5318 quoi n’écoutez point une aveugle efpétance. sa

a) La voix de Jupiter alfermir ma confiance ,

S: Dit Priam, il (n’accorde un généreux appui,

n Et fans celle mes vœux s’élevent jufqu’à lui. a:

Soudain il prend la coupe : u O dieu que je révereIÏ .

n De ta ville facrée exauce la priere!a Fais qu’auprès d’un héros qui m’a perfécuté

sa Je trouve plus d’efpoir 8: moins de cruauté!

Et pour nous ralrurer fur ta faveur divine,Qu’un préfage vifible encor nous illumine. a

Jupiter du vieillard daigne exaucerples vœux

Et (on aigle à l’inflant vole, defcend’des cieux;

Son aile déployée, on le voit dans la. nue

Des palais de Priam embralÏer l’étendue:

’A ce divin afpeét les Troyens étonnés

Du prompt départ du roi ne font plus confiernés.

Déja Priam s’avance 8: (on char magnifique

Deufon vade palais a franchi le portique , VPrécédé du héraut qui portoit la rançon ,

Il s’éloigne déja des remparts .d’llion:

De (es fluets en pleurs la foule l’accompagne

Quand Jupiter le voit travcrfer la campagne;

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MD’HOMERE. 263Il appelle Mercure 8: lui dit : u Va, mon fils,ss Guider le vieux Priam chez le fils de Thétis;

a: ’Hâtc-toi de partit. u Au même inflant Mercure

Saifit l’es ailes d’or qu’il met à fa chaulTure,

s’élance 8c prend en main (on feeptre fans pareil

Qui dirige les vents 8: provoque au fommeil.

Il a franchi les airs 8: déja le repofe ,Sur les bords malheureux que l’Hélefpont arrofe,

Pour changer de figure, en prenant à la foisLes traits de la jeunelre 8e la fierté des rois.

Déja l’aftre du jour, caché par les montagnes;

bu voile de la nuit noirciŒoit les campagnes,Le vieillard invité par la fraîcheur des eaux

Prés du tombeau d’Ilus abreuvoit (es chevaux,

Quand foudain à (es yeux Mercure fe préfente.

Son cœur à cet «me cit faifi d’épouvante;

Le melfager des dieux, voyant fou embarras,Le raffut-e de lui dit: a Où tournez-vous vos pas,

sa Vieillard qui voyagez pendant la nuit oblcure,

sa Conduil’anr des tréfors, fans gardes, fans armure?

ss Ne redoutez-vous point l’amont des ennemis,

ss Si près de leurs vaill’eaux 85’ du fils de Thétis! l

» Mais non 5 dans la frayeur dont vorre am: cit atteinte

V R iv

1 t

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9.64; L’IL’IADÈ’

n Sur les événemens bannilfez toute crainte :

Je crois d’un pore en vous reconnoître les traits,

Et vous pouvez d’un fils attendre des bienfaits;

p Je vais guider vos pas... O puiil’ance infinie!

n Répond alors Priam dans (on ame ravie;

8Seriez-vous près de moi le meii’ager des dieux?

a Les mortels ne font pas fi’grands, fi généreux. sa

ss Au plaifir que je feus n’en doutez point , mon pere;

sa Vous avez près de vous quelque dieu tutélaire;

u Où voulez-vous aller, 8: quels (ont vos deffeins!ss Ces tréfors feroientvils l’hommage des Troyens

sa Que vous allez offrir à la fureur d’Achille?

a: Mais ne croyez-vous pas la démarche inutile

u Pour de [a main cruelle arracher votre fils? la

De ce difcours, Priam, avec raifon furpris:

ss Pardonnez, lui dit-il, ma demande importune;BPuifque vous connoill’ez toute man infortune,

sa Plaignez-vous le deliin du malheureux Hcélrot a

ne Ses relies outragés (ubfilient-ils encor a a

sa De ce vaillant guerrier la gloire 8: les merveilles,

n Dit Mercure, cent fois ont frappé mes oreilles j ’1

w Au tems ou nous avions fufpcndu nos exploits 3

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fi D’ H o M a a: a. 26;-» Je fuis patent d’Achille 85 fournis à fes loix:

u Mon pere eli un vieillard comme vous tefpeélzable,

u Àffable , généreux, en tout votre femblable.

,, Je commande la nuit dans ce polie avancé,,, Et demain d’un allant vous êtes menacé.

,, Le corps de votre fils n’a point trouvé ’d’al’yle,

,, Il cil toujours couché près la tente d’Achille,

,, Et l’on admire encor fa fraîcheur, fa beauté,

,, Il paroit fommeillant en parfaite famé: ’

,, On croiroit que le ciel, fidele en fa promefl’e ,1

,, Protege , après fa mort, le vainqueur de la Grece. si,

a: Sans doute, dit Priam, ce phénomene heureux .’,, Qui conferve mon fils efi: l’ouvrage des dieux.

,, Généreux inconnu , qui voyez ma mifere ,

,, Conduifez vers Achille un trop malheureux pere« ,, De ma reconnoillanee acceptez un préfent ,

,, Ce vafe précieux 8: . . . je ferai content. a

,, Priam, fur cet alitant je garde le filence ,”,, Et, pour en dire airez, gardez la récompenfe. ,,

Mercure au même inflant s’élance fur le char,

wEt les rênes en main, il conduit le vieillard.Il fend déja les airs. Tandis qu’il s’achemine

11’

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.266 VL’ILIADEIl imprime aux courfiers la vitale divine.

De [on (ceptre touchant les gardes endormis,

Il parcourt à fou gré le camp des ennemis;A la fin il arrive à la tente d’Achille,

Pour forcer (on enceinte il trouve tout facile.

Mercure ayant rempli le mellage des dieux

Prend la main du vieillard 85 lui fait (es adieux,Puis s’élançant du char 3 ,, Reconnoill’ez Mercure,

,, Dit-il, de qu’à ce nom votre cœur fc rafl’ure.

,, Tombez aux pieds d’Achille, embrall’ez les genoux,

., Et poux mieux parvenir à calmer l’on courroux,

,, Parlez-lui de Thétis, parlez-lui de Pélée,

,, Et bientôt vous verrez fa vengeance immolée. ,,

Il a dit, de s’envole au féjout immortel.

Priam encouragé, dans (on état cruel,

Efpe’rant voir la fin de (es mortelles peines,

Du char a fan héraut abandonne les rênes;

Il entre, 8: trouve Achille achevant un repasl Dont les mets fomptueux ne le confoloient pas :

’Alcime, Automédon le fervoient en filence ,

’ Et la douleur régnoit, lorfque Priam s’avance ,

Se jette aux pieds d’Achille de lui baife les mains

Teintes du fang d’Heétor 8: de tant de Troyens.

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D’HOMERE. 267Déja’l’étonnement a faifi l’all’emblée;

On recule, on regarde , 8: le fils de Pélée

Qui croit le reconnoitre, en eli plus afi’eéizé,

Lorfque Priam lui dit : sa Héros fi refpeété I

sa Des hommes 8c des dieux, fi vaillant, fi févere,

» En ce moment fongez que vous avez un pere

a. Accablé comme moi fous le fardeau des ans,

sa Et qui peut-être encore éprouve mes tourmens.

u, Forcé de foutenir une guerre cruelle ,a: Eloigne’ de [on fils, il gémit , il l’appelle;

a» Au moins dans l’es malheurs ce fils refpite encor,

a: Son efpoitvle foutient, de je n’ai plus Heétor.

n O Priam! ô Pélée ! ô peres déplorables!

sa Notre bonheur fut grand, nos malheurs (ont l’emblables;

n J’avois cinquante enfans avant quesle dieu Mars

sa ’Eût fait près de nos murs flotter fes étendards:

a. Viétimes de laguerre.& de (a barbarie,

a Prefque tous ont péri défendant leur patrie.

sa Par la faveur du ciel il me relioit encor

a. Le plus vaillant de tous, le malheureux Heétor,

ai Qui trop préfomptueux de (a valeur guerricre,

La Aux pieds du grand Achille a mordu la pouliiete.

sa Je viens chargé d’ennuis 8: de riches tréfors

a» Embrail’er vos. genoux pour obtenir Ïfon corps.

If

, a

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i

268 L’ILIannsa Achille ! au nom des dieux calmez votre colete,

sa Et que mes cheveux blancs vous rappellent un pere. .

sa Plus malheureux que lui, plus malheureuxicent fois,sa D’avilit a vos pieds la Inajcfté des rois ,

sa Puifquc le fouverain de la valie Phrigie, »sa Le fils de Dardanus, s’abaill’e 85 s’humilie

sa A venir, profietné devant les ennemis,a Ballet la main d’un Grec meutçrier de les fils. sa

Achille du vieillard contemplant la mil’ere,

.Dans fon cœur alfeé’té (c retrace fan pere;

Il en devient fenfible, de déja plus humain,

Il foupire, gémit,’ le poulie de la main:

Se regardant tous deux, ils répandent des larmes;

Pour les cœurs malheureux la douleur a des charmes,

Tel étoit fou pouvoir, quand l’un pleure (on fils

L’autre pleure l’on perc en les cruels ennuis.

Accablés, confiernés, enfin le fier Achille

’ Le releve 85 lui dit : n Priam, [oyez tranquille,

sa Refpeétons les deliins de celions de gémir ,

au Qu’ils (oient toujours préfens à notre fouvenir 1.

a» Les dieux dans leurs faveurs ainli que dans leurs haines

sa Prodiguent aux humainslesplaifirs de les peines;

sa Aux pieds de Jupiter deux vafes (ont remplis. l

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D’HOMERE, 259]n L’un contient le bonheur 86 l’autre les ennuis.

n Quel mortel Fur jamais plus heureux que mon pere!

u Il eut toujours pour lui la Fortune profpere;u Honneur, richcŒe, amour, roi d’un peuple fameux;

» Tendre époux de Thétis , tout remplilToir [es vrrux:

u Son bonheur cit palle , les ennuis, la trillefle ,n Le del’rin de (on fils accablent (a vieillelle.

,, Vous, Priam , vous aviez des états floriITans,

,, Une époufe chérie, un grand nombre d’enfans;

,, Vous paroifliez heureux. Par le fort des batailles

,, Vous avez vu les Grecs menacer vos murailles,

,, Vos enfans maillâmes, 8: pour dernier malheur,

,, Le plus cher de vos fils au pouvoir d’un vainqueur:

,, Supportez les revers du (on: inexorable; v,, Ah Priam l levez-vous, ce fpeâacle m’accable. u

,, Non, feignent, à vos pieds je telle proüerne’,

,,’ A ce dernier effort je me fuis condamné

,, Tant que mon fils fera l’effroi de la nature, I

,, Etendu près de vous privé de fépulture;

,, Exaucez ma priere 6: rendez-moi ce corps,, Que je viens vous payer par d’immenfes tréfors. ,; -

A’chille avec Priam prendvunl ton plus févere.

U1, Vieillud, ne Croyez point appaifer ma colere

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270 L’ I L I A D a,, Par vos difcouts touchans ni même par vos pleurs ,

,, Capables cependant d’attendrir tous les cœurs:

,, Je ne vous rends Heétor qu’au defir de ma mere’,

,, Quaux vœux de Jupiter 85 du dieu tutélaire

,, Qui vous fervit de guide de qui par fou pouvoir,, Des gardes vigilans a furpris le devoir.,, Levez-vous 8: craignez, en aigtil’l’ant Achille,

,, Qu’aux volontés des dieux il ne foi: indocile. ,,

Le vieillard obéit à cet ordre précis;

Alcime, Autome’don 8: le fils de Thétis

Vont chercher les préfens qu’en la tente on apportes

Le cadavre d’Heétor en: placé fur la porte

Crainte que le vieillard, à ce cruel al’peét,

Se porte contre Achille à manquer de refpeôe.

Aux honneurs du cadavre alors on le difpofe ,’ Pour le purifier de parfums on l’ancre , I

Sur le char qui l’attend en pompe il cil: porté

Quand Achille s’écrie en (on cœur agité:

,, Patrocle l chez les morts que ne puis-je defcendre,, Pour me jufiifier en te feulant entendre »

,,( Que fi le corps d’Heétor à Priam cit remis,

,,.C’elt par l’ordre des dieux 85 celui de Thétis. ,;

Il a dit oc foudain il entre dans (a tente:

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D’ H o M E a E. 271:,, Sage Priam, ditnil, j’ai rempli verte attente;

,, Je vous rends votre fils, il cil: en sûreté,

,, Vous pouvez déformais partir en liberté:

,, Cependantiattendez le lever de l’aurore

,, Sans rifquer les dangers qui vous fuivroient encore.

,, Prenez votre repas ; après tant de travaux,, La nature’afl’oiblie a befoin de repos:

,, Elle exige des foins , s’en défendre en: un Crime,

,, Allez, Automédon, immoler la victime. ,,

A l’inflant il revient 8C préfente un agneau

Quand Achille lui-même enfonce le couteau; ,Les membres font grillés 8: le repas commence:

Priam refuf’e tout 8: garde le filence,

Promenant ("es regards fur le fils de Thétis,

Qu’il compare en feeret a [on malheureux fils. V

D’un! même étonnement Achille le regarde

Quand le vieillard lui dit : ,, Le moment le retarde,, D’aller goûter, feigneur , un paifible repos,

,, Mon âge en a befoin après tant de fanglots. ,,

. ,, Mes ordres (ont donnés 8: des lits magnifiques

,, Vous attendent tous deux fous mes riches portiques.

,, Priam, il faut ici demeurer inconnu,,, Les Grecs me blâmeroient de vous avoir reçu; r

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wpv. fifi

272 L’ILIADE,, Sur les relies d’HetËtot ayant droit de prétendre,

,, Peut-être voudroient-ils me forcer à les rendre.

,, Enfin combien faut-il vous accorder de jours,, Pour vos derniers devoirs fans en troubler le cours?

5, J’engagerai les Grecs à fufpendre les armes

,, Pour vous laill’et le tems de répandre des larmes:

,, Oui, vous. les obtiendrez en recevant la foi,, Que je jure à l’honneur en préfence d’un rois. ,,

,, Cette faveur cil grande a: bien digne d’Achille.’

,, Il fait que les forêts (ont bien loin de la ville.

,, En comprenant le teins des devoirs,jdes honneurs,,, Neuf jours confécutifs (ont confacrés aux pleurs;

,, Et le bûcher conflruit au fein de nos murailles,,, Nous employerons encor deux jours aux funérailles :’

., Tous ces devoirs remplis, nous ferons les premiers

u, A paraître au combat pour cueillir des lauriers. ,,

Achille du vieillard prend la main de la ptell’e I

Comme un figue certain de remplir (a promefle.Priam 86 (on héraut attendent le foleil,’

Dans le lieu préparé vont goûter le fommeil,

Et le fils de Thétis retiré dans fa tente,

Repofe fur le fein de (a, fidele amante. p.Dans

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n’HOMERn." 27gDans les cieux, [ut la terre 8c même au fond des mers ,

Le fommeil de pavots a rempli l’univers.

Mercure veille (cul fur la rente d’Achille ,

-Defcend fous le portique où Priam cit tranquille;

S’approche du vieillard : ,, Quoi ! dit-il, vous dormez z

,, Quand vos divers projets ne [ont point confommés!

,, Si le fier roi des Grecs apprend votre arrivée

,, Il vous tiendra,captif chez le fils de Pélée;

,,’Vos enfants , Ilion, avec tous leurs tréfors,’

,, Pour racheter leur roi feroient de vains efforts. ;,

A ces mots le vieillard (e leve d’épouvante,

Eveille (on héraut , ils fortem- de la tente ;

Ils attelent leurs chars, (e dérobent [ans bruit;

En traverfant’ le camp Mercure les conduit:

Dès qu’ils (ont arrivés fur les bords du Scamandre .

Le dieu les abandonne de [andain va le rendreDe (on aile légereiauprès de Jupiter.

Les rénebtes fuyoient, Priam (ans s’arrêter,

-Doubloit toujours le pas ,- s’éloignoit de la rive

Quand (a fille Callàndre, inquietre, attentive ,

Du haut des tours par-tout dirigeant res regards;Apperçoit de Priam les courfiers 8c les chars:A l’afpeét du cercueil elle verre des larmes’

T ont: II. S

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274 L’ILIADEEt par fes cris perçans excite les alarmes;

Sa voix vole par-tout 8c déja le foldar

Arrive 85 fe difpofe à matcher au combat. ,,, Allez, Troyens, dit-elle, 8: franchiriez les portes, l,, Marchez accompagnez de nombreufes cohortes;

,, Venez, fuivez mes pas pour honorer encor

,, Les telles glorieux du malheureux Heétot. ,,

A ces mots hors des murs, plongé dans la trilielfe,

A recevoir fou roi tout Ilion s’empreffe;

Et déja’clans la plaine, allez loin des remparts,

On arrive, on s’arrête ,- on entoure les chars:

On voit au même infiant 8c l’époufe a: la mer:

S’élancer à grands cris fut le char funéraire,

S’arracher les cheveux 8c ferrer dans leurs bras

Ce corps inanimé qui ne les entend pas.

On eût parlé le jour dans ce tranfport frivole,

Mais le (age Priam prend enfin la parole:,, Tarill’ez, mes enfans, la fource de vos pleurs

,, Pour aller dans nos murs épancher nos douleurs. ,,

A (ces mots à l’inflant’la foule fe déploie

Et les chars librement s’acheminent vers Troie.

On arrive au palais, le corps cil dépofé’

Sur un lit d’appareilllaux regards expofé;

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D’HOMERE. 27;Bientôt un chœur nombreux, par des accens funebres,

Chante de ce héros les viétoites célebres :

Andtomaque du deuil ordonne les apprêts

Et vient auprès d’Heétor exprimer fes regrets;

,, Cher époux! lui dit-elle, hélas! ta del’tinée

,, A d’éternels fanglots m’avoir donc condamnée! .

,, Tu defcends chez les morts à la fleur de tes ans;n

a Que deviendront, Priam, ta femme, tes eparens,,, Et je dis plus encor, le fruit de nos carell’es i

., Ce fils que tu comblois d’amour .86 de tendrefl’es!

,,’ Ilionn’aura plus d’appui, de défenfeur,

,, Et nous allons tomber dans les fers du vainqueur.,, Nos guerriers mafiacrés, les femmes fugitives ,

,, Et, fuivant leur deltin, errantes ou captives,,, En proie aux ravilfeurs, leurs bras chargés de fers,,,’ Je les fuivrai peut-être au bout de l’univers.

,, Je verraiicevcher fils dans les bras de fa mere

,, Partager les horreurs qui fuivenr la mifete.

,, Dans quel deuil vas»tu mettre 8: fujets de parens!

,, Cher époux ! rends la force à mes’fons expirans;

,, Heétor , dans ma douleur je trouve encor des charmes

,, En te prenant la main pour l’arrofer de larmes. sa

Androma’que fe tait quand Hécube à (on tout

. ’ Fait parler à la fois la douleur &Il’amour.

Sij-

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376 r.’ I t. 1 A n ilsa O le plus cher des fils l cher Pleâor ! lui dit-elle;

u Tu connois les effets de l’amour paternelle;

u C’en: afl’ez pour juger de l’état ou je fuis,

a: En voyant au tombeau le plus cher de mes fils:in Hélas! qui ne croiroit qu’une nouvelle aurore,

sa En ranimant tes traits, tu refpires’encore;

u Mais non , toujours livrée à mesyvives douleurs;

a Rien ne fautoit tarir la fource de mes pleurs. a

Hélene enfin paroit les yeux baignés de larmes,

Qui , jointes aux foupirs, embéliffoient les charmes;

Dans fa douleur plaintive elle joint la pitié’A tous les fentimens qu’infpire l’amitié.

Tant de cris, tant de pleurs déchirent mes entrailles,

Dit Priam ; vous, Troyens , fongez aux funérailles:

’Allez au mont Ida couper dans les forêts

Les chênes, les ormeaux , les fapins, les cyprès;

Onze jours font fixés par le divin Achille

Où le dieu des combats doit me lainier tranquille. v

Tout le monde obéit, les hommes, les chevaux

Marchent en diligence aux funebres travaux;

Neuf jours font employez à couper, à détruire,

A former les faifceaux, enfin ’à les conduire:1’

r- -4

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D’HOMERE. T 9.72Mais la dixieme aurore on fait tout approcher,

Et dans le fein des murs on conflruit le bûcher.

’On y place le corps, les Troyens le parfument,

Le bûcher allumé, les flammes le confument;

Le brafier cit éteintfôe les os calcinés

,, Sont portés dans les lieux qui leur. font defiinés:

Attendant le tombeau qu’avec art on éleve,

Le feüin le prépare 6c la pompe s’acheve.

Fin du fécond Ô dernier Volume.

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ü --.. gis-gin.TABLE DES CHANTS

DU SECOND VOLUME.

Cru NT treizieme. . . l . . l . Page t---.i.Quatorzieme. si .’ * . I . . ’ a;-- Quinzieme. . ï . . . i . 49’- Seizieme. - . a . . . . 75-- Dix-feptieme. . . . . , 99- Dix-huitieme. . . a 0 . ’ . 119-- Dix-neuvieme. . .- . . . r45- Vingtieme. .’ . C i. . t .i l . 16;--- lVingbuniemC. . . . . . 179--- Vingt-deuxieme. . ’ . . . . 197-- Vingt-troifieme. . . ’ . . . l 219--- Vingt-quatrieme. . . . . . . 2.49

E R R A T A.Page 4. . . ver: 7. . . Eques. [lfiï . . . Egues.

7.....11...gue........qui.30......9... artez.... .. .Parlez.-.71......t;...L’une.......L’un.77......z...vers.........Prés.101.....16...fe.........fa.jn6.....r;...doit........dtît.J69. .. .4. . . ainfi voit. .. . . ainfi l’on voit.238.....13...Le.. ......Ce.28t.....io...Les........Le.272...... 8...rois........roi.Idem. . . . 19. . . attendent. . . . . attendant.157w. r; 01161. C’était toi qui toujours réglois ma nourriture.

-,.-v-t...h........,

ErzLx

mWfizme

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i.

APPR’O sa TlON.

J’AI lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux,L’Iliade d’Homere, rruduflian nouvelle , en vers , par Manfieur leBuron de Beaumanoir. C’en: le fruit des.loifirs d’un Militaireeflimable, 8c déja connu très-avantageufement dans la Répu-blique des Lettres : Je crois que ce nouvel hommage rendu auPrince des Poètes feta reçu favorablement du Public. A Paris,ce s DéCembre 1780. DE SANCY.

PRI’VILEGE DU ROI.

LOUIS , PAR 1A cucu DE DIEU, R01 DE France ET DENAVARRE, à nos amés 8c féaux Confeillers, les Gens tenansnos Cours de Parlement , Maître des Requêtes ordinaires de notreHôtel, Grand-Confeil , Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux,leurs Lieutenans Civils 8c autres nos JnRiCiers qu’il appartiendra:SALUT. Notre amé le Sieur * ’f- * Nous a Fait exporter qu’ildefireroit faire imprimer ô: donner au Public un Ouvrage intitulé :L’Iliade d ’Hamerè , traduflion nouvelle, en vers, par M. le Baron deBeaumanoir, s’il nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Permif-fion pour ce nécefi’aites. A ces Causes , voulant favorablement

’ traiter l’Expofant , Nous lui avons permis 8e permettons par cesPréfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois quebon lui femblera, & de le faire vendre , 8c débiter pat-tout notreRoyaume, pendant le tems de cinq années conféeutives, àcomp-ter du jour de la date des Préfentes. FAISONS défenfes à tous lm-primeurs, Libraires 8c autres perfonnes de quelque qualité 8:condition qu’elles foient, d’en introduire d’imprellion étrangeredans aucun lieu de notre obéiffance. A LA CHARGE que ces Pré-fentes feront enté ilirees tout au long fur le Regifire de la Com-munauté des Imprimeurs 8c Libraires de Paris , dans trois mois dela date d’icelles 5 que l’imprefiion dudit Ouvrage fera faire dansnotre Royaume 8: non ailleurs , en bon papier 8c beaux caraâeres;que l’lmpétrant fe conformera en tout aux Réglemens de la Librai-rie , 8c notamment à celui du to Avril in; , se à l’Arrêt de notreConfeil du go Août 1777 , âpeine de déchéance de la préfentePermillion; qu’avant de l’expofet en vente , le manufcrit qui aurafervi de copie à l’imprellion dudit Ouvrage , fera remis dans le

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Page 283: Notes du mont Royal ← admire la Thrace , où , fans agriculture , Le paifible habitant fournis à la naturel, Ne connaît de tréfors ni de bonheur parfait Que icelui de s’aimer

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même état ou l’Approbation y aura été donnée, ès mains de notre

trè,s- cher 8: féal Chevalier Garde des Sceaux de France le fleurHUE DE MlROMENlL ; qu’il en fera enfuit: remis deuxExemplaires dans notre Bibliothèque publique, un dans celle denotre Château au Louvre, un dans celle e notre très-cher" 8cféal Chevalier Chancelier de France ile fient de M A U PEOU,&un dans celle dudirfieurH U E DE M 1R0 ME NlL ; le toutà peine de nullité des Préfenres: ou courant] defquelles vousMANDONS 84 enjoignons de faire fouir ledit Expofaut &Ies ayaus-califes, pleinement 8c pailiblement, fans foulïrir qu’il leur fait faitaucun trouble ou empêchement. VOULONS qu’à la copie des Pré-

fentes , qui (en imprimée tout au long, au commencement ou àla fin dudit Ouvrage, foi fait ajoutée comme àl’original. Çou-MANDONS au premier notre Huiflier ou Sergent fur ce requis, defaire pour l’exécution d’icelles , tous aéras requis a: nécellÎrircs ,

fans demander autre permiflion , a: nonobllanr clameur de Haro,Charte Normande, 8c Lettres à ce contraires ; Car rel cil notre

l iglaifir. Donné à Verlailles le trente-unieme jour du mois deécembre l’an de grnce mil fept cent quatre-vingt, 8: de notre

chne le feptieme. . t ’ .I Par le Roi en fort Confeîl. LE BEC UE.

Regiflre’ fur le Regiflre XXI de la Chambre Royale à Syn.dicalc des Liàraircr à Imprimeur: de Paris, N°. ne! ,fol. 47.1.;confornu’mertt aux difèofiiion: Énonce’es dans la préfemc Parmiflîon,

. à à la charge de remettre à luditt Chirmbre les huit Exemplairesprefcrit: par l’article CVIII du Règlement de 172.3. A Paris,

ce Jeux Janvier 178 r. -FOURNIER.

.2De l’lmprimcrie de .V AL A E, rue des Noyers.

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