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Notes du mont Royal Ceci est une œuvre tombée dans le domaine public, et hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

Notes du mont Royal · BIBLIOTHEQUE D E S ANCIENS PHILOSOPHES, CONTENAIT Les Commentaires d'Hi±RocLÈs,fur les Vers dorés de PYTHAGORE; rétablis fur les Manufcrits , &

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Notes du mont Royal

Ceci est une œuvre tombée dans le domaine public, et hébergée sur « No-tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

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www.notesdumontroyal.com 쐰

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BIBLIOTHEQUE D E S

ANCIENS PHILOSOPHES, CONTENAIT

Les Commentaires d'Hi±RocLÈs,fur les Vers dorés de PYTHAGORE ; rétablis fur les Manufcrits , & traduits en François avec des Remarques.

Par .M." D A C I E R , Garde des Livres du ., ,

Cabinet du Roi.

Chez

T O M E S E C O N D . # ^ f ^

Ml A T A R I S , ^***»*&

SAILLANT & NYON , rue Saint-Jean-de-Beauvais.

PISSOT , Quai- de Conty.

DISAINT , rue du Foin. \ [_ <? & >

M. DCC. LXXI . AV E C PRIVILEGE O V R O I.

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COMMENTAIRE D'HIÉROCLÈS

SUR

1 E S V E R S D O R É S

DEPYTHAGORE-J_JA Philofbphie eft la purgation & la perfe&ion de la nature humaine. Elle eft fa purgation, parce qu'elle Ja délivre de Ja témérité 6V de la folie qui vient de la matière, &c qu'elle la dégage de ce corps mor­tel ; &r elle eft la perfection, parce qu'elle lui fait recouvrer la félicité qui lui eft propre, en la ramenant à la reflemblance avec Dieu. Or il n'y a que la vertu Se la vérité qui puiflent opérer * ces deux chofes ; la vertu, en chaflant l'excès des paf-fions. Se la vérité, en diflipant les

Tome II. A

ta Philofo-phie purge 8c

{icrfeâiorme a natutc hu­

mai: c ; & comment.

*Ceft-â di­te , ta purga­tion & la ptr~ feUion de la nature hu­maine. la vertu & la vérité fou:

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1- COMMENT. D'HIéROCLIS

les feules caufes " , ténèbres de l'erreur, &r en redon-liiuics de la i f i- •" • r félicité de nant la rorme divine a ceux qui (ont. l'homme, difpofés à la recevoir.

Pour cette feience donc, qui doit nous rendre purs & parfaits, il eft bon d'avoir des règles courtes & pré-cifes, qui foient comme des apho-rifmes de l 'art, afin que par leur moyen nous puiflions arriver mé­thodiquement &c par ordre à la fé­licité qui eft notre unique fin.

Parmi toutes les règles qui ren­ferment un précis de la Philofophie, les Vers de Pythagore , qu'on appel­le les Vers dorés , tiennent le premier rangj & avec juftice : car ils con­tiennent les préceptes généraux de toute la Philofophie , tant pour ce qui regarde la vie active , que la vie contemplative. Par leur moyen chacun peut acquérir la vérité &: la vertu , le rendre pur, parvenir heu-reufement à. ta reflemblance divine , & comme dit le Timée de Platon , ( qu'on doit regarder comme un maî­tre très exact des. dogmes de Pytha­gore , ) après avoir rétabli fa lanté &: recouvré fon intégrité & fa per-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. J

fe&ion, fe revoir dans fon premier état d'innocence & de lumière.

Pythagore commence par les pré­ceptes de la vertu adive ; car avant L»purption toutes chofes, il faut diffiper & chaf- ^[f^ fer la folie 8c la parefle qui font en piadoa. nous, & enfuite il faut s'appliquer à la connoiflance des chofes divines ; car comme un œil malade, & qui n'eft pas encore guéri de fa fluxion , ne fauroit regarder une lumière éclatante & vive ; de même l'ame qui ne poflede pas encore la vertu , ne fauroit attacher fes regards fur la beauté & la fplendeur de la vé­rité ; & il n'eft pas permis à ce qui eft impur, de toucher à ce qui eftpur.

La Philofophie pratique eft la mère d e la vertu ; & la théorétique, eft la mère de la vérité , comme on peut l'apprendre par les Vers mêmes de Py thagore , où la Philofophie prati­q u e eft appellée , vertu humaine, 8c Vertu hu-l a théorétique eft célébrée fous le

maiue-n o m de vertu divine ; car après avoir v«™ <i»vî-fini les préceptes de la vertu civile ne* p a r ces mots, Pratique bien toutes ces chofes , médite-Us bien , il faut que tu

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4 COMMENT. D'HIéROCLIS

la aimes de tout ton cœur: il continue, ce font elles qui te mettront dans la voit de la vertu divine , & qui te feront mar­cher fur les traces de Dieu.

êftTdir'e ^ ^ a u t ^ o n c P/emiérement être homme d< homme, & enfuite devenir Dieu. remarques!" L'homme , ce font les vertus civiles Le Dieu ,' qui le font ; & le Dieu , ce font les î'tommjïnï- fciences ^"i conduifent à la vertu tiabte à divine. Or dans l'ordre il faut que Dltu' les petites chofes foient avant les ordre de Vy grandes, fi l'on veut faire quelque S&ep'e"! progrès. Voila pourquoi dans ces

vers de Pythagore les préceptes des vertus font les premiers, pour nous apprendre, que c'eft par la pratique des vertus, fi ncccflaire dans la v ie , que nous devons avancer & monter jufqu'à la reflTemblance divine. Et le but & l'ordre qu'on fe propofe dans ces Vers, c'eft de donner à ceux jui les liront le véritable cara&ere Je Philofophe, avant que de les ini­

tier aux autres fciences. pourquoi cet Au-refte, on les a appelles Vers pciïà'XX dorés , pour marquer que dans ce

genre c'eft ce qu'il y a de plus excel­lent & de plus divin : car c'eft ainfl

$

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SUR tES VERS DE PYTHAê. J

que nous appelions l'âge d'or, le fié- L'ss* d'oti

cle qui a porté les plus grands hom­mes , en cara&érifant la différence des mœurs par les propriétés analo­giques des métaux ; l'or étant un mé- for le fm! tal très-pur & fans aucun de ces£ é ^ i ]£ n e

mélanges terreftres qui fe trouvent point, dans les autres métaux qui lui font inférieurs, l'argent, le fer & le cui­vre : c'eft pourquoi il eft plus excel­lent , comme le feul qui n'engendre point de rouille, au-lieu que les au­tres fe rouillent à proportion du mé­lange terreftre qu'ils ont en eux. La rouille donc étant la figure & l'em­blème des vices , c'eft avec raifon que l'âge dans lequel ont régné la iainteté &r la pureté, & qui a été exempt de toute corruption de moeurs, a été appelle l'âge d'or : & c'eft ainfi que ces Vers étant fouve-rainement beaux dans toutes leurs parties, ont été appelles avec juftice ytrs dorés & divins ; car on n'y trou- Arantags ve point comme dans toutes les au- que V" Ver'

r -T - n i o o u t f u r , o u "

i res poches,un vers qui eft beau & tes les »utr« u n autre qui ne l'eft point ; mais ils POïGC*-font tous parfaitement beaux ; ils

A iij

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6 COMMENT. D'HIEROCIIS

repréfentent tous également la pu­reté des mœurs, conduifent à la ref-femblance avec Dieu , & décou­vrent le but trës-parfait de la Phi-lofophie Pythagoricienne , comme on le terra évidemment par l'expli­cation que nous donnerons de cha­cun en particulier. Commençons donc par les premiers.

V E R S I.

Honore premièrement [es Dieux immor­tels , comme ils font établis 6* or­donnés par la Loi.

lapiWeftia ( ] O M M E la piété , qui Ce rapporte vc^'sd" * à la caufe divine, eft la première •c-eft-àdire, & j a guide de toutes les vertus, c'eft »jî*/""««}« avec raifon que le précepte fur la ces itres. piété eft à la tête de toutes les Loix

?|ui fontpreferites par ces vers : Qu'il àut honorer les Dieux de cet uni­

vers félon l'ordre dans lequel ils ou , qut u font établis, & * que la Loi éter-apo'dlus'" nelle, qui les a produits, leur a dif-v.icsremar- tribué avec leur eflence en les pla-ce"é oPi- Ç*nt les uns dans la première fphere mou de u célefte, les autres dans la féconde ,

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. 7

les autres dans la troifieme, & ainfi ^ ' y " ^ " , , de fuite, jufqu'à ce que tous les glo- diJfWM '. bes céleftes ayent été remplis. Car sph«".n'«" . , 7

A o J 1 L qu errent. de les reconnoitre, & de les hono­rer félon l'ordre & le rang où ils ont éré placés par leur créateur & leur père, c'eft obéir à la Loi di­vine , c'eft leur rendre véritable­ment tout l'honneur qui leur eft dû ; comme auffi de ne point trop 11 ne (àut ni relever , ni rabaifler leur dignité "^fftt' ,°j dans les fentimens que l'on a d'eux. Dieux infé-mais de les prendre pour ce qu'ils IKUt** font , de leur donner le rang qu'ils ont reçu , & de rapporter tout l'hon­neur qu'on leur-rend au feul Dieu qui les a créés, 8c qu'on peut appel-ler proprement le Dieu des Dieux, le Dieu fuprême 6c très-bon. En effet le feul moyen que nous ayons de trouver, &c de comprendre la majefté de cet Etre excellent qui a créé le monde, c'eft d'être bien con­vaincus qu'il eft la caufe des Dieux , & le créateur des fubftances raifon-nables de immuables. Ce font ces nu de Die», fubftances, & ces Dieux qu'on ap- J"^!*". pelle* ici D'uux immortels , parce & iuconup!

A iv

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8 COMMENT. oHiÉRocLis-

tibici de ce qu'ils ont toujours les mêmes fcnti-premier mens, & les mêmes penfées du Dieu

qui les a créés ; qu'ils font toujours attentifs & attachés à ce fouverain bien , & qu'ils ont reçu de lui im­muablement & indiviliblement l'ê­tre & le bien être , comme étant

, les images inaltérables & incorrup­tibles de cette caufe qui les a créés ; car il eft digne de Dieu d'avoir pro­duit de telles images de lui-même , qui ne fuflent pas capables de s'al­térer & de fe corrompre par leur Eente au mal , comme les âmes des

ommes , qui font les dernières des fubftances raifonnables, celles qui fonc appellées Dieux immortels, en étant les premières,

payons & Et c'eft pour les diftinguer des aeéri"me$de a m e s des hommes qu'on les appelle l'homme, ici Dieux immortels, comme ne mou­

rant jamais à la vie divine, &c n'oubliant un feul moment, ni leur eflence ni la bonté du père qui les a créés ; car voila les paffions, les a l ­térations auxquelles eft fujette l 'ame de l'homme ; tantôt fe fouvenant d e fon Dieu, & de la dignité dans l a -

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. 9

quelle, e l le a été créée, & tantôt les mettant l 'un & l'autre dans un en­tier oubl i . Voila pourquoi les âmes £met det

i i • A • n nommes , des hommes pourroient être julte- DUUX mor-ment appellées Dieux mortels, com- "/5«&<:oin-

r r , r • s « • ment. me mourant quelquefois a la vie divine , par leur éloigàement de Dieu , & la recouvrant quelquefois par leur retour vers lui ; vivant ainfi dans le dernier (èns d'une vie di­vine, & mourant dans l'autre, au­tant qu'il eft poflîble à une elïènce immortelle de participer à la mort, Mort de ,.a. non point par la ceflation de l'être, me quelle. mais par la privation du bien être : car la mort de l'eflencé raifonnable, c'eft l'ignorance & l'impiété, qui en­traînent après elles le défbrdre & la révolte des paffions : l'ignorance de ce qui eft bon précipitant néceffài- EfcUvagequi rement dans l'efclavagede ce qui eft gnoVanle.1 *"' mauvais; efclavage , dont il eft im-poflîble de s'affranchir, que par le retour à l'Intelligence & à Dieu, qui fe fait par la rémini feence.

Or entre ces Dieux immortels, & Néceffnéd'u-ces Dieux mortels, comme je viens moyen"" n-de les appeller, c'eft une néceffité "e Dieu &

1 *• ' , 1 homme.

A v

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io COMMENT. D'HIéROCLES

qu'il y ait une eflence au-deflus de rhomme, & au-deflbus de Dieu, & qui foit comme un lien & un mi­lieu qui lie les deux extrêmes les uns avec les autres, de manière que le tout de l'effence rail onnable foit bien lié & uni."

* ce font ici * Cet être moyen n'eft jamais ab-au*'!.Ipr!" folument dans l'ignorance de Dieu, bieiiheuteux. & n'en a pas non plus toujours une

connoiflance immuable & perma­nente dans le même degré, mais tantôt plus grande & tantôt moins

stion que grande. Par cet état de connoiflan-

fcuïilcs c e » * l a ' n e c e ^ J a m a ' s abfolument, il eft au-deflus de la nature humaine, & par cet état de connoiflance , qui n'eft pas toujours la même, & qui diminue, ou qui augmente, il eft au-deflbus de la nature divine. Il ne s'eft point élevé au-deflus de la con­dition de l'homme par le progrès de fes connoiflances, & il n'eft pas non

car il eft rei p l u s d e v e n u inférieur à Dieu , & pat la nature, r » .

n a pas ete place dans ce rang mi­toyen par la diminution de ces mê­mes connoiflances ; mais il eft par fe nature un milieu, un être moyen ;

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SUR L E S V E R S 6E PYTHAG. i r

car Dieu q u i a créé toutes chofes, a établi ces t rois êtres , premiers , féconds &c troisièmes, différents en­tre eux pa r leur nature, & fans qu'ils ÏuHTent jamais fe déplacer & fe con- ' ondre les uns avec les autres, ni

par le vice , ni par la vertu : mais étant éternellement par leur eflence, ils font différents par le rang qui leur a été donné ; & ils ont été placés dans cet ordre par rapport aux caufes qui les ont produits ; car com­me l à , c'eft l'ordre qui renferme les trois degrés de la parfaite fageffe, le premier, le fécond, & le dernier ; la fagefle n'étant fagefle , que parce qu'elle produit fes ouvrages dans l'ordre & dans la perfection, de ma­nière que la fageflè, l'ordre, & la sage(re,or<ire perfection fe trouvent toujours en- ££"ku°!* lemble . & ne le leparent jamais ; de même dans cet univers les êtres pro­duits par la première penfée de Dieu, sentiment doivent être les premiers dans le Hcien ruf"* monde ; ceux qui font produits par la i*o/<ire de u féconde, les féconds ou moyens; & ïéedë°^é^é ceux qui reflemblent à la fin des pen & a-erreur. fées, les derniers dans les êtres rai- ^ùe" " " "

Avj

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l i COMMENT. D'HIéROCLèS

fonnables ; car c'eft tout cet arran­gement raifonnable avec un corps incorruptible , qui eft l'image en­tière & parfaite du Dieu qui l'a créé. Les êtres qui tiennent le premier rang dans ce monde, font l'image pure de ce qu'il y a en Dieu de plus éminent. Ceux qui tiennent le mi­lieu , font l'image moyenne de ce qu'il y a de moyen : & ceux qui font les troifiemes& les derniers dans les êtres raifbnnables font la dernière image de ce qui eft le dernier dans la divinité. Et de tous ces trois or­dres , le premier eft appelle ici des Dieux immortels ; le fécond , des Héros doués de bonté & de lumière; & le troifiéme, des Démons terrefires : comme nous le verrons bientôt.

Retournons préfentement aux pre­miers. Qu'eft-ce que la Loi ? qu'eft-ce que l'ordre qui lui eft conforme t & qu'eft-ce enfin que l'honneur ren­du par rapport à cet ordre & à cette Loi ? La Loi, c'eft l'Intelligence qui

-îl- îa* ce a créé toutes chofes ; c'eft l'Intelli­gence divine qui a tout produit a

que c'eft.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I J

de toute éternité, & qui le conferve auffi éternellement.

L'ordre conforme à la Loi, c'eft i/ordre, «e le rang que Dieu Père & Créateur iueceft-de toutes chofes a attribué aux Dieux immortels , en les créant, & qui les fait être les uns les premiers, les au­tres les féconds ; car, quoique, com­me étant les premiers dans tout cet arrangement raifonnable, ils ayent reçu ce qu'il y a de plus excellent, ils* ne laiflent pas d'être différents Ce» une et-entre eux , & ils font plus divins les ^Vfuw. uns que les autres ; & une marque matqu«. de la fupériorité & de l'infériorité des uns à l'égard des autres, c'eft le rang & l'ordre des Sphères céleftes qui leur ont étédiftribuées félon leur eflence & leur puiflance ou vertu , de manière que la Loi ne regarde que leur eflence ,'& que l'ordre n'eft que le rang qui leur a été donné con­venablement à leur dignité ; car n'ayant pas été créés à l'aventure, ils n'ont pas non plus été féparés & placés au hafard , mais ils ont été créés & placés avec ordre , comme différentes parties & différents mem-

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14 COMMENT. D'HiÉnoctès

*anf'"lJ"'1 ^reS * ^ i m ^eU' r^°Ut ' Cl l" ^ ^ ^'e' ' fis'croyoienî: & comme confervant leur liaifon «ue le mon- d a n s i e u r réparation , & dans leur vant&'^nî-union félon leur efpece ; de forte mi- qu'on ne peut même imaginer au­

cun changement dans leur iituation, aucun déplacement, qu'avec la rui­ne entière du monde, ruine qui ne fauroit jamais arriver pendant que la première caufe, qui les a pro­duits , fera immuable & ferme dans Ces décrets ; qu'elle aura une puiflance égale à fon effènee ; qu'elle

Car la bonté pofledera une bonté non acquife , llea 'Âia- mais adhérente & eflentielle-, & que rente de la pour Famour d'elle-même , elle con* ïieSet c en duira toutes chofes à leur bien & à

leur félicité. Car on ne peut trouver d'autre caufe raifonnable de la créa­tion des chofes que la bonté eflen-

Bomé eiiçn- «elle de Dieu ; c'eft Dieu qui eft ïa'reuiecaùr" t o u t D o n P a r & nature , &r ce qui eft de la créa bon n'eft jamais fufceptible d'aucu-Jion. Grande . ' — • l r vérité. n e envie. Toutes les autres cauies

que l'on donne de la création de cet univers , excepté cette bonté , tiennent plus des néceffités & des

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 15

befoins des hommes, que de l'indé­pendance d'un Dieu.

Dieu étant donc tout bon par fa nature a produit les premiers , les êtres les plus femblables à lui ; les, „. # , r . . Les Dieu*

leconds, ceux qui ont avec lui une immortels, reffemblance moyenne ; & les troi- L" "6f.os * c • j 1 A c e i l à d u e ,

iiemes, ceux qui de tous les êtres les Anges. femblables à lui , participent le L"homme* moins à cette reffemblance divine.

L'ordre a été réglé conformément à l'effence de tous ces êtres créés , de forte que ce qui eft plus parfait eft préféré à ce qui eft moins parfait y

non-feulement dans tous les genres > mais auflî dans les différentes efpe-ces ; car ce n'eft ni an hafard que toutes chofes ont reçu leur place, & leur rang , ni par un change­ment de choix & de volonté ; mais ayant été créées différentes par la Loi qui les a produites, elles ont leur rang conforme à la dignité de leur nature : c'eft pourquoi ce précepte , Honore-Us comme ils font placés & dif-pofês par la Loi, doit être entendu non-feulement des Dieux immor­tels , mais auffi des Héros, des An-

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x6 COMMENT. D'HIéROCLèS

ges j & des âmes des hommes ; car dans chacun de ces genres 3 il y a une quantité infinie d'efpeces placées & difpofées félon qu'elles ont plu* ou moins de dignité ; &: voila quelle eft la nature, & quel eft l'ordre ou le rang des eflences raifonnables.

Quelle eft donc la Loi , & quel , eft l'honneur qui en eft la fuite ? ré-

t oP ration. p^ t (jns_ie e n c o r e . La loi eft la vertu immuable de Dieu , félon laquelle il a créé les êtres divins, & les a rangés & placés de toute éternité, fans qu'ils puiffènt jamais changer.

CfteThon-"" E t l'honneur conforme à cette Loi , neur qu"on c'eft la connoiflance de l'eflence de ê«« "fiTpé- c e s ^ t r e s ° iu e l 'o n honore, & la ref-xieurs. femblance que l'on s'efforce d'avoir

avec eux, autant qu'il eft poflible ; car ce que l'on aime, on l'imite au-

. tant qu'on le peut ; & l'honneur

3u'on rend à celui qui n'a befoin e rien, confifte à recevoir les biens

ce que c'eft cju'il nous procure ; car tu n'honores Dieu?"01" pas Dieu en lui donnant quelque

chofe ; mais en te rendant digne de recevoir de lui , & comme difent les Pythagoriciens , Tu honoreras,

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SDR I .ES VERS DE PYTHAG. 17

Dieu parfaitement ,Jî tu fais en forte que ton ame fait fon image. Tout homme q u i honore Dieu par fes dons, c o m m e un être qui en a be-foin, t o m b e fans y penfer dans cette erreur de fe croire plus puiflant & plus grand que Dieu. La magnifi-ta m aSn '6-r o , T, , 0 . a cence de» cence même des dons oc des oflran- don» n'hono. des, n'eft pas un honneur pour Dieu, ".$'v?çc"'t à moins que ce ne (bit un efprit vé- qui ieioff«. ritablement touché qui les rafle of­frir ; car les dons & les victimes des fous ne font que la pâture des flam­mes; & leurs offrandes, qu'un ap­pât pour les facrileges : mais l'efprit véritablement touché, & fuffifam-ment fortifié & affermi dans l'a­mour , unit à Dieu ; & c'eft une né-ceffité que le femblable fe porte vers fon femblable ; c'eft pourquoi on dit ^e .S38e.'f!

que le Sage eft feul facrificateur , «ur."" '*" ju'il eft feul l'ami de Dieu, & qu'il ait feul comme il faut prier; car

celui-là fait feul honorer, qui ne Le reui qm confond jamais la dignité de ceux D ^ 0 " 0 1 "

qu'il honore , qui s'offre le premier comme une hoftie pure , qui rend fon ame l'image de Dieu, & qui

l

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iS COMMENT. D'HIéROCLIS

rcfprit de prépare fon efprit comme un Terril 1 homme, le r , r • . . . i-

faintTcn.pM pie, pour y recevoir la lumière di-deDiiumiere v i n e* Qu'offriras-tu à Dieu de toutes

les chofes terreftres & matérielles qui font ici-bas, qui puifle être fa véritable image ! quel don lui feras-tu , qui puifle lui être intimement uni , comme cela arrive néceffaire-ment à l'efTence raifonnable, qui eft purgée & purifiée ! En effet, comme difent les mêmes Philofophes, Dieu n'a point fur la terre un lieu plus propre pour y habiter, qu'une ame pure. Ce qui s'accorde parfaitement avec cet Oracle d'Apollon Pythien , T'habite avec moins de plaifir dans le brillant olympe , que dans Us âmes des hommes pieux.

Or l'homme pieux, eft celui, qui ayant la connoiflance de Dieu, offre fa propre perfection , comme le plus

Ouet eft grand honneur qu'il puifle rendre l'homme <-> „ . ^ « i • •

pieux. aux caules de tous les biens ; qui par l'ardeur de les acquérir, fe tou-rne iriceffamment vers ceux qui les peu­vent donner, & qui en fe rendant toujours digne de les recevoir, ho­nore parfaitement ceux qui les doo-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 19

nent fans cefle. Tout homme qui veut honorer Dieu d'une autre ma­nière , & nullement par foi-même) & par les fentimens de fon cœur , fait confifter cet honneur en une profufion inutile des biens exté­rieurs, &: cherche à s'acquitter de ce devoir envers lui , non point en lui offrant la fainteté & la vertu , mais en lui donnant des biens tem­porels & périflables -, & ce font des dons qu'un honnête homme même ne fauroit recevoir agréablement, n'étant point donnés avec les difpo-fitions convenables. Et fur cela, voi­ci encore une réponfe d'Apollon Py-thien qui mérite d'être rapportée. Un homme ayant immolé une * hé- * Sacrifice <u

scatombe magnifique fans aucun fen- " " timent de piété , voulut favoir du Dieu comment il avoit reçu fon fa» crifice. Le Dieu lui répondit, la Jîm-ple orge du célèbre Hermionée a été agréable à mes yeux : faifant connoî-tre par là , qu'il préféroit à toute cette magnificence l'offrande la plus chétive, parce qu'elle étoit relevée par les lentimens d'une véritable

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i o COMMENT. D'HIéROCXES

a eali" f P i e t c ' & a v e c *a P i e t é t o u t eft agréa-Dieu fans ble à Dieu , au-lieu que fans la piété i>iété' rien ne peut jamais lui plaire.

. En voila afTez pour le préfent fur la fainteté : mais parce qu'une obfer-vation exa&e & immuable confer-ve la Loi de l'arrangement de cet

Dieu appelle univers, & que c'étoit la coutume du nom de des anciens de nommer ferment , ferment , & , , n i - o • « • i i

pourquoi, v. d un nom mytterieux & ineffable , les Rem. j e gardien de cette obfervation ; c? eft

avec raifon qu'après le précepte des Dieux on met ici le précepte du fer­ment comme une fuite dépendant® &: néceflaire.

V E R S I I .

Refpecte h' ferment avec toute fortt de religion.

J \ | ous venons de faire voir que la Loi eft la vertu de Dieu , par la­quelle il opère toutes choies immua-

ce que e'eft blement & de toute éternité. Et ici , m"«/Hi(r£ en conféquence de cette Loi , nous dès patie dirons que le ferment eft la caufe mentU diVin. qui conferve toutes chofes dans le

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 11

même éta t , & qui les confirme & v- UU*M

Re* aflure, comme étant fermes & fta-mat<iu"" blés par la Foi du ferment, & con-fervant par là l'ordre établi par la Loi , de manière que l'immgable arrangement de tous les êtres créés , neft que l'effet de la Loi qui les a produits , & du ferment qui les maintient & aflure. Car que tous les êtres demeurent difpofés &c ar­rangés par la Loi, c'eft-là le prin­cipal ouvrage & le premier effet du ferment divin, qui eft fur tou t , & toujours gardé par ceux qui penfcnt toujours a Dieu ; mais qui eft fou-vent violé par ceux qui n'y penfent pas toujours, & qui l'oublient quel­quefois. En effet, à mefure qu'ils s'éloignent de Dieu , ils violent le ferment, & ils le gardent à mefure qu'ils s'en rapprochent ; car le fer- serment, ment n'eft ici que l'obfervation des J^"* u>ix Loix divines, & le lien par lequel divines. font attachés au Dieu Créateur , tous les êtres créés pour le connoî-tre ; & parmi lefquels ceux qui font toujours unis à lui, refpeclcnt toujours Uferment, & ceux qui s'en détachent

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i l COMMENT D'HIéROCLèS

quelquefois, fe rendent alors ira* pies envers ce ferment, non-feule­ment en tranfgrefla it l'ordre de la Loi divine, mais auffi en violant la Foi du ferment divin : & tel elt le

sctmmt,inni ferment qu'on peut dire inm & ejfen-fuxfrrér/ai- t'ul aux êtres raifonnables, de le te-fonnabies. nir toujours uniquement attachés à

• leur Père & Créateur , & de ne tranfgrefTer jamais en aucune ma­nière les Loix qu'il a établies.

ie ferment Mais le ferment auquel on a re­humain, cours dans les affaires de la vie civi­

le , eft l'ombre & comme la copie Quelle eft u de ce. premier ; & il mené droit à la

CStUdu8fcr! v e " t e c e u x qui s ' e n fervent comme ment nu- il faut ; car diffipant l'ambiguité & """"• l'incertitude des defleins de l'hom­

me , il les rend clairs & certains j il les fixe, & les force à demeurer tels qu'on les a déclarés , foit dans les paroles , foit dans les actions, d'un côté en découvrant la vérité de ce qui eft déjà fait, & de l'autre en exigeant & aflurant ce qui eft enco­re à faire. Voila pourquoi ilefttrès-jufte de refpeéter fur tout le fer-

serment ai- ment. Le plumier, qui précède par

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SUR. IES VERS DE PYTHAG. ZJ

fon eflènce, eft refpe&able, comme vin, u gage le gardien de l'éternité; &c le fer- de l£«""«. ment humain , qui eft un fecours af- serment hu-furé dans les aflàires de la v ie , doit $£{'%£* être refpecté comme l'image du pre- les affiùrct mier, & comme celui, qui après £ se

vrn«„v,

le ferment' divin, eft le plus fur de- leriusrùrde pofitaire de la certitude & de la ff^de

vérité, &r qui enrichit de mœurs Mœurt ex-très-excellentes ceux qui ont appris clfudà'tt*-à le refpecter. i*a qu'on»

Or le refpecî dû au ferment, ce E . ' e f"' n eft que l'obfervation auffi fidèle & auffi inviolable qu'il eft poflible , de ce qu'on a juré : & cette obferva-tion eft la vertu , qui aflbcie & unit avec la fiabilité ferme & la vérité de J'habitude divine ceux qui le ref-pecîent par une néceffité toute fran­che & toute libre.

L'ineffable fainteté du premier fer­ment peut fe recouvrer par la con-verfion à Dieu, lorfque par les ver­tus purgatives nous guériflbns la rranfgrefllon de ce ferment divin : mais la fainteté & la fidélité du fer­ment humain fe conferve par les vertus politiques ; car ceux qui pof-

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24 COMMENT. D'HIéROCLèS

sans la vertu (edent ces vertus font les feuls qui Se"fidéi«6int P0 '"^111 ê t r e fidèles dans lesfermens dans je fer- de la vie civile; & le vice, père de viC«' e ede l'infidélité & du parjure , foule aux l'inkdéiite. pieds le ferment par l'inftabilité &

l'inconftance des mœurs. En effet, comment l'avare fera-t-il fidèle lorf-qu'il s'agira de recevoir de l'argent

tes vkieux o u de Ie rendre ? l'intempérant ou ne fauroient le lâche peuvent-ils être fidèles «arment! ^ l e i " fermens ? & les uns & les

autres par-tout où ils croiront trou­ver leur avantage, ne dépouilleront-ils pas le refpect du ferment, & ne renonceront-ils pas à tous les biens divins pour des temporels & périf-fables ? Mais ceux en qui la poflef-fion des vertus eft ferme & aflurée,

Moyens de ceux-là feuls favent conferver le «Saluiurefpea qu'exige la majefté du fer-fetment. ment. Or la voie la plus fûre pour

conferver inviolablement ce refpecl, c'eft de n'en uler ni témérairement, & au hafard , ni pour les moindres choies , ni pour mieux aflurer ce que l'on raconte ; mais de le réfer^ ver pour des chofes néceflaires & honorables, & pour les feules occa-

. fions

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• SUR LES VERS DE PYTHAG. îy fions où il ne paraît d'autre voie de occaCon u-latat que par la vérité du ferment le °*Ie f«-Et le feul moyen que tous les affif- ? T ± k tans ioient perfuadés de la vérité de ce que nous aflurons, c'eft de faire en forte que nos mœurs foiert d'accord avec nos fermens, & de ne laifler à notre prochain aucun fujet de foupçonner que nous foyons capables de préférer quelque for­tune que ce puifle être à la vérité , ioit que nous ayons, ou que nous n'ayons pas juré.

Ce précepte , refpeSe le ferment, nous ordonne non-feulement d erre véritables & fidèles dans le fer­ment , mais encore de nous en abf-tenir} car de ne pas trop ufer du ferment, c'eft le plus court moyen d'être toujours fidèles Se véritables. L'habitude de jurer précipite facile- Parîure Baît ment dans le parjure, au-Iieu que *= habitude la rareté du ferment en produit d'or- de |BCC1,

dinaire l'obfervation ; en efièt ou Ion ne jure point, ou fi l'on jure , on eft véritable & fidèle, la langue nes'a-vancant point trop, & ne prévenant point la réflexion par la malheureufe

Tome II. B

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%6 COMMENT. D'HIéROCIIS

habitude de jurer, &: l'efprit ne fe lauTant point féduire & corrompre jar l'emportement des pallions. L'ef-jrit eft conduit & régi par les mœurs îonnêtes ; & !a langue eft tenue en vide par Pabftinence du ferment. Or la fidélité du ferment s'accorde parfaitement avec l'honneur que le premier Vers nous ordonne de ren­dre aux Dieux ; car elle eft la com-

Fidéihé du pagne inféparable de la piété. Àufli conTpTgncin- Je ferment eft-il le gardien de la Loi imparable de divine pour l'ordre & l'arrangement

p'ete° de cet univers. Honore donc cette Loi en obéif-

fant à ce qu'elle ordonne, & ref-•pe&e le ferment en ne t'en fervant point en toutes rencontres, afin que tu t'accoutumes à jurer véritable­ment , par l'habitude de ne point ju­rer ; car ce n'eft pas une petite partie de la piété que la vérité du ferment.

Mais en voila aflez fur les pre­mier* êtres , fur la Loi divine qui a. produit l'ordre &: l'arrangement , & fur le ferment qui eft la luite & la dépendance de cette Loi. Or parce qu'après les Dieux immortels il faut

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S U R IES VERS DE PYTHAG. 17

•honorer l 'être que nous appelions Eue Angéii-Angélique , l'Auteur de ces Vers 2^0

dtf

êUÏ

pourfuit.

V E R S I I I .

Honore enfuite les Héros plans de bonté & de lumière.

C_>E font ici les êtres moyens entre les eflences raifonnables , & qui te­nant la féconde place après les Dieux immortels, précèdent la nature hu­maine , & lient les derniers êtres avec les premiers. Puifqu'ils tien­nent donc la féconde place, il faut leur rendre les féconds honneurs, . en foufentendant auffi à leur égard ces mots du premier précepte, Ho­nore-les comme ils font placés & difpo-fis par la Loi; car toute la vertu & la force de cet honneur confident à Pour hono-connoître véritablement l'elïence de S ™ ^ ^ ceux que nous honorons ; cette con-^nnoître noiflance nous faifant trouver d ' a - ^ " . " , ^ bord fans peine tout ce que nous de-nore. vons dire & faire pour les honorer comme il faut ; en effet comment parlera-t-onconvenablement à ceux

Bij

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x8 COMMENT. D'HIéRO&ëS

que l'on ne connoît point , & com­ment offrira-t-on des préfens à ceux dont on ignore la dignité ? Le pre­mier donc &c le feul véritable hon­neur , à l'égard même de ces Héros frteins de bonté & de lumière, c'eft a connoiflance de leur eflence &

de leur ordre , & le difcernement précis & jufte de leurs emplois, & de la perfection qu'ils contribuent de leur part à cet univers , en con-féquence du rang qu'ils occupent ; car nous devons proportionner en toutes chofes à leur eflence l'honr neur que nous leur rendons, & cette mefure ne peut venir que de la con­noiflance que nous en avons : car lorfque nous connoîtrons la nature & le rang de chaque être, alors feu­lement nous pourrons leur rendre

Aucunenatu- l'honneur qu'ils méritent, & que la " u namr" Loi veut que nous leur rendions. Et humaine,ne nous n'honorerons aucune nature cùke.CGrand inférieure à la nature humaine; principe. m a j s nous honorerons principale­

ment les êtres qui font fupérùurs à ce font les nous par leur eflence, & ceux qui Jâiws.

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SUR IES VERS DE PY'THàG. 19

it nos égaux font diftingués 8c 'es au-deffus de nous par l'émU

étant élevés nence de leur vertu.

De tous les êtres fupérieurs à nous par leur eflènce, le premier & le plus excellent , c'eft Dieu , qui a créé toutes chofes ; & c'eft lui au (H qui doit être honoré par deflus tous, fans aucune comparaifon ni concur­rence. Et ceux qui font après lui, & par lui les premiers dans le monde, qui penfent toujours à lui, qui ex­priment & repréfentent fidèlement en eux tous les biens dont la caufe, qui les a créés, les a faits partici­p a i , & que le premier vers ap­pelle Dieux immortels, parce qu'ils ne meurent jamais , & qu'ils ne quittent jamais la reflemblance qu'ils ont avec Dieu , mais y perfé-verent toujours, & de la même ma­nière ; ceux-là , dis-je , doivent re­cevoir après Dieu les premiers hon­neurs. Les féconds honneurs, & les honneurs moyens font dûs aux êtres moyens, c'eft-à-dire, qui occupent le fécond rang , cV qui font appel-

B iij

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jo COMMENT. D'HiÉROcràs lés ici Héros pleins de bonté & de lu."

D'Où vient la miere, qui penfent toujours à leur lumière dont /-i •„.. • o • r I > i ksAngesfom Créateur, & qui lont tous eclatans «vêtus. de fa lumière qui rejaillit de la fé­

licité dont ils jouiflent en lu i , non pas pourtant toujours de la même manière , & fans aucun change­ment ; car étant unis à Dieu comme moyens , & ayant reçu la grâce d'être toujours tournés vers lui , fans pouvoir s'en détourner , ils mar­chent toujours autour de ce pre-

V. lesrtmar- m { e r e t r e } m a j s a v e c fes efforts qui qu ' ne font pas toujours égaux ; & par la

pleine connoifTance qu'ils ont d'eux-mêmes, ils féparent & réunifient l'intimité immuable que les premiers, êtres ont avec Dieu , en faifant de la fin de l'intimité de ces êtres le commencement de leur initia­tion. C eft pourquoi ils font appel-lés avec raifon, Héros excellents, l'é-

l'eiceiience pithéte qui fignifie excellents , mar-u "bonté"" S u a n t P a r *a r a c u i e qu'ils font pleins dans la lu- de bonté & de lumière, ne tombant roi"c' jamais ni dans le vice ni dans l'ou-jitvtt, bli ; & le terme de Héros , venant Hcrocs, pour d'un mot qui fignifie amour » pour

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SûR LES V E R S DE P Y T H A G . 31

tnarquer que pleins d'amour pour E>«W,

Dieu, ils ne cherchent qu à nous ™^£J?' aider à palfer de cette vie terreftrc que». à une vie divine , & à devenir Ci­toyens du Ciel. On les appelle auffi c"- daimo^ , 1 ,, X\, . 0 en Grec eft bons_ démons, comme Jnltruits oc pour </«mo». favants dans les Loix divines ; & ^"cot. in"

3uelquefois on leur donne le nom 'Anges, comme nous déclarant &

nous annonçant les règles par la bonne vie & la félicité. Quelque­fois auffi , félon ces trois Cens, nous partageons en trois claffes tous ces êtres moyens, ceux qui approchent le plus des êtres célettes & divins, nous les appelions Anges : ceux qui font attachés aux êtres terreftres , nous les appelions H.ros} &r ceux dui tiennent le milieu également éloignés des deux extrêmes , nous les appelions Démons ; comme Pla­ton l'a pratiqué très-fouvent. D'au­tres ne donnent à ce genre moyen qu'un de ces trois noms, en les ap­pel lant Anges , Démons, ou Héros, par les raifons que nous avons di­tes ; & c'eft ainu qu'en a ufc l'Au­teur de ces Vers : il les appelle

Biv

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jz COMMENT. D'HI£ROCL1S

HiérodJ» re- Héros pleins de bonté & de lumière ; caf levé trop ici ., r

r , „, . , ' fa nature an- ils lont a 1 égard du premier genre , Ûtcmal' comme la îplendeur à l'égard du ques. feu, & comme le fils par rapport au

père ; c'eft pourquoi ils font célé­brés comme enfans des Dieux , & avec jufticc ; car ils ne font point nés de race mortelle, mais ils font pro­duits par leur caufe uniforme & fim-p le , comme la lumière vient de l'eflence du corps lumineux, je dis la lumière claire &: pure, après la­quelle on imagine aifément une lu­mière pleine d'ombre , & mêlée de ténèbres. Et à cette lumière obfcure, répond analogiquement letroifiè-me genre d'êtres ; c'eft-à-dire , le genre humain, à caufe du penchant qu'il a au vice & à l'oubli, qui le rend incapable de penfer toujours à Dieu. 11 eft inférieur aux erres, qui y penfent toujours , en ce qu'il cef-ie quelquefois d'y penfer ; voila les ténèbres : mais il eft fupérieur aux êtres fans raifon, en ce qu'il revient quelquefois à y penfer, & qu'il eft quelquefois rappelle à la feience divine, lorfqu'il fe joint aux chœurs

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 3 }

céleftes en dépouillant toutes les af­fections charnelles , & en fe déga­geant de toute la corruption du corps; & voila fa lumière. Alors Pourquoi le»

, r . > ' i_ > _i Saint « doi-celui qui a ete honore de cette gra- «m être h.* ce divine , devient digne de nos ••*<«• hommages & de nos reipeéts, com­me ayant relevé & orne en lui l'é­galité de notre nature, par la par­ticipation à ce qu'il y a de meilleur. Or tout homme qui aime Dieu doit c«u* quî •*.

rr» * 1-1 • ment Dieu • auffi aimer tout être qui a avec Dieu ^mau MM» quelque reffemblance , foit qu'il « qui lui «f-poffede cette reffemblance de toute Giaixf'jtfa-éternité , ou qu'il ne l'ait acquife ciP*« que depuis quelque temps, comme tous les hommes qui fe font distin­gués par l'éminence de leur vertu, & fur lefquels le Vers fuivaht va nous, donner ce précepte.

V E R S I V . Refpecte autfi Us Démons terreflrts, en J? £ * &

leur rendant le culte qui leur efl lé- fur la ,a" • «itimtmtnt AA J & qui ne font gitimementdu. JSTvVlï

Remarques.

I'AUTEOR de ces Vers parlant des âmes des hommes qui font ornées

B v

L

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54 COMMENT. u'Hiikociis. de vérité & de vertu, les appelle Démons , comme pleines de feience & de lumière ; & enfuite pour les diftinguer des Démons qui font tels par leur nature, & qui tiennent le milieu , comme on l'a déjà d i t , il ajoute cette épithete temftres , pour

pyti re a faire entendre qu'elles peuvent con-piutôc cm- verfer avec les hommes , animer ?o»t " « " des corps mortels, & habiter fur la étui qui font terre. En les appellant Démons, il Kem?'V'kl Jes fépare des hommes méchans &

impies qui font trés-ignorans , &

Ear conféquenr très-éloignés d'être )émons; oc en ajoutant l'épithete,

terrejlrts, il les fépare de ceux qui font toujours pleins de lumière & de feience, & qui ne font pas d'une nature à vivre fur la terre, ni à ani­mer des corps mortels ; car ce nom de Démon ttmjlre, ne convient qu'à celui qui étant homme par fa na­ture, ell devenu Démon par l'habi­tude & la liaifon, & favant dans les chofes de Dieu. Le troificme genre eft appelle iîmplemenr & pro­prement urrefire, comme le dernier des fubftances raifonnables, &c en-

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SUR LES VERS DE PYTîHAG. 35

tiérement adonné à la vie terreftre-, car le premier cft cél'.fte , & le fé­cond , celui du milieu, eft éthérien. Ainfi donc , tout les homme* étant urrejires, c'eft-à dire, tenant le troi-fieme & dernier rang parmi les fubf-fances raifonnables ; & n'étant pas tous Démons, c'eft-à-dire , doués de fcience & de lumière, c'eft avec rai* fon que l'Auteur de ces Vers a joint ces deux noms , Démons ttrrejlns , il l'a «m-pour fignifier les hommes fa-es & ^ . H c , vertueux; car tous les hommes ne homme» ra-font pas fages, & tous les fages ne fu"IX

&> "„"j

font pas hommes -, les Héros & les après leur Dieux immortels, qui par leur na- ™nM°î&»x ture font fort fupérieurs aux hom- aux sn^u mes, étant aufïï doués de fagefïè & de vertu.

Ce Vers nous ordonne donc de refpecler & de vénérer les hommes

3ui ont trouvé place dans les ordres ivins, & qu'on peut regarder com­

me égaux aux Démons, aux Anges, &• aux Héros ; car il ne faut pas s'i­maginer qu'on nous confeille ici de refpecler & d'honorer quelque gen­re de Dénions vil & méprifable ,

B vj

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3 6 COMMENT. D'HIEROCXIS

comme l'ufage ordinaire du mot Démon terrejlre pouroit le perfiiader » puifqu'en un mot , tous les êtres inférieurs à la nature humaine ne doivent nullement être honorés par ceux qui font touchés de l'amour de Dieu, & qui fentent leur digni­té & leur noblefle. Nous n'honore­rons même aucun homme, après les êtres fupérieurs, s'il ne s'eft ren­du femblable à eux , & s'il n'eft compris dans le chœur divin. Quel eft donc l'honneur & le refpect qu'on leur doit ? c'eft, dit le Vers, de leur rendre le culte qui leur ejl le-

fjiîe'T'ci ë Sitimemtnt d" i & c e cu^ t e confifte à que l'on doit obéir aux préceptes qu'il nous ont .endre am iai{fes & a les regarder comme des Saines. i . • • i i i P r • i A

Joix inviolables-, a luivre les mêmes fentiers de vie par où ils ont mar­ché , qu'aucune envie n'a pu les empêcher de nous apprendre , & qu'ils ont tranfmis à leurs fuccef-feurs avec mille peines & mille tra­vaux , comme un héritage immor­tel , en confignant dans leurs écrits {>our le bien commun des hommes, es élémens des vertus, & les rè-

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SUR LES V E R S DE P Y ï H A û . $7

gles de la vérité. Obéir à leurs ré-

f les, & y conformer fa vie, c'eft les onorer plus véritablement & plus

fblidement, que fi l'on faifoit fur leurs tombeaux les libations les plus exquifes, & que fi on leur offroit les facrifices les plus fomptueux. Voila quel eft l'honneur qu'on doit aux êtres fupérieurs , honneur qui commençant par le Créateur , & paflant par les êtres moyens, qui font les éthériens &: les céleftes, finit & le termine aux hommes qui ont été vertueux & -gens de bien : mais parce Qu'il faut faire auifi grand état des liaiions qui fe trouvent dans la vie , comme des pères & des parens, qui quoiqu'ils ne foient pas abfolument dans cet ordre de per­fection & de vertu, ne laiflent pas de mériter nos refoeers par la di­gnité de la liaifon que nous avons avec eux, l'Auteur ajoute.

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}% COMMENT. D'HIEROCLES

V H R S V.

Honore aujp. ton père & ta mère, & tes plus proches partns.

Honneur dû J L vient de nous ordonner de ref-meres & aux pe&er & de vénérer les gens de païens. bien, comme des hommes divins qui

jouaient de la félicité; & ici il nous exhorte à honorer notre père & no­tre mère, & ceux qui leur touchent en quelque façon par les liens du fang, quels qu'ils foient, à caufe de la même néceffité de liailon. Car ce que font à notre égard les êtres fu-périeurs , dont les céleftes nous

Nos pères te tiennent lieu de pères, par la liai-nos parens fon quj eft e n t re eux & nous de à notre égard toute éternité ; & les Héros nous Jainw An'w t i e n n e n c ^ c u de parens, c'eft cela

même que font pour nous dans cette vie mortelle nos pères & mères , & leurs proches , qui les touchent de plus près par le fang , & qui par cette raifbn doivent recevoir de nous les premiers honneurs après nos pères & mères. Comment les

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SUR. L E S V E R S DE PYTHAG. J 9

h o n o r e r o n s - n o u s donc ? Sera-ce en réglant n o t r e vie par leurs fenti-m e n s , d e f o r t e que nous ne pen-fions n i n e fanions que ce qui leur fera a g r é a b l e ? Mais de cette ma­nière n o t r e empreflèment pour la vertu , dégéné re ra en empreflèment pour le y i c e , s'il fe trouve qu'ils ioient m é c h a n s & vicieux. D'un autre c ô t é auffi , les mépriferons-nous à cau fe de la connoiflance que nous a u r o n s de leurs vices? mai» comment obéirons-nous par là à la Loi qu 'on nous donne ici ? Pouvons-nous en n'honorant ni nos pères & mères, q u i font l'image des Dieux, ni nos parei ls qui représentent à notre à é g a r d les * Héros , pou-* Les Arg«. vons nous , dis je n'être pas im­pies envers ceux auxquels nous con­venons nous-mêmes qu'ils reflem-blent ? Et cet te vertu que nous croi­rons pra t iquer en défobéiflant à nos pères ôc m è r e s , à caufe de leurs vi­ces , ne produira-t-elle pas un plus grand m a l , qui eft l'impiété ? Que fi au con t ra i re nous leur obéiflbns en t o u t , comment fe peut-il que nrus ne nous éloignions pas de la piété &

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4© GOMMENT. D'HIÉROCIIS

de la pratique des vertus , s'il ar­rive que par la corruption de leurs mœurs, ils ne nous enfeignent pas la vérité & la vertu ? Car fi tout ce que nos pères & mères nous ordon­nent étoit vrai & bon, l'honneur que nous leur rendrions s'accorde-roit parfaitement avec l'honneur & l'obéiûance que nous devons aux Dieux. Mais fi la volonté de nos pères n'eft pas toujours conforme aux Loix de Dieu , ceux qui fe trou­vent dans cette efpece de contradic­tion & d'antinomie , doivent-ils

ce que Ton foire autre chofe que ce que l'on doit faire, pratique tous les jours dan^ lesau-quand 1 hon- l f . . ' «eurdûànos très devoirs, qui en certaines con­tres & me- jonclures fetrouvent incompatibles, corde'pa's" & où il faut néceflairement violer avec la piété, l'un pour fauver l'autre ? car deux

bonnes aétions nous étant propo­ses , l'une bonne & l'autre meil-

De deux leure, il faut néceflairement pré-honnes ac- f< 1 -n j tîons, a faut rcrer la meilleure quand on ne toujours p e u r pas s'acquitter des deux. Ceft choiûr la » , r T . i. i . • v r v meiiieute. une bonne action dobeir a Dieu î

c'en eft encore une bonne d'obéir à fon père & à fa mère. Si ce que Dieu & nos pères exigent de nou$

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SUS LES VEIIS , DE P Y T H A G . +T

s'accorde, &" qu'en leur obéiflant nous tendions à la même fin, c'eft une grande fortune pour nous , & ce double devoir eft indifpenfable. Mais fi la Lo i de Dieu nous ordonne une chofe, &r celle de nos pères une autre , dans cette contradiction , qu'on ne peut accorder, nous de-1„feulesoo-vons obéir à, Dieu en défobéifFantca(!°'»°ù.,e» ^ i * r i i r \ enrans doi-a nos pères dans les ieules choies ou vemdéfobéir ils n'obéiflent pas eux-mêmes aux *!*«"*«"• Loix divines ; car il n'efl: pas poffible que celai qui veut oblerver exac­tement les règles de la vertu s'accor­de jamais avec ceux qui les violent-Dans toutes les autres chofes nous Honn™' !?î , aux pères, eit

.honorerons nos pères & mères de fans bornes tout notre pouvoir , & fans bornes, f*?s ™£ " en les fervant nous-mêmes , & en point cou­leur fourniflant abondamment, tte "o£deDku. de tout notre cœur, les biens dont ils ont befoinj car il eft très-jufte qu'ils fe fervent de ceux qu'ils ont en­gendrés &r nourris. Mais pour ce que c'eft-à dire, nous n'avons pas reçu d'eux, la Loi notre ame' le déclare libre , & l'affranchit d e 3 S £ Ï « & leur puifiance , & elle nous ordonne notre amc d'en chercher le véritable père, de

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4* COMMENT. D'HiÉRbcil* nous y attacher , & de travailler/ particulièrement à nous rendre con­formes à fon image ; &c par ce moyen nous pourons conferver les biens divins & les biens humains : & comme nous ne négligerons pas nos pères fous un vain prétexte de vertu , nous ne tomberons pas non plus par une obéiflance aveugle & infenféc dans le plus grand de tous les maux, qui eft l'impiété.

Que s'ils nous menacent de nous faire mourir pour notre défobéiffan-*

. ce , ou de nous deshériter , il ne faut pas nous effrayer de leurs me-

îTcofpf'" ' n a c e s > m a ' s penfer d'abord fur quoi elles tomberont. Ils ne menacent

îvM^qiSù °lu e c e <ïu'ils o n t c r e e > m a ' s c e 1U* n'ont point eft à couvert de leurs emportemens, ïfc«'3e,ui S u i n e P c u t foa&rir ^ e leur injuftice, Dieu. & qui ne vient point d eux, il faut

le conferver libre & fournis à Dieu. Le véritable honneur que la vertu

iifauto*épar-nous o r ( } o n n e de rendre à nos pè-gnec m nos , , . r corps ni nos res , c elt de n épargner pour leur fer"i'ce°aek ^crv^cç > m n o s corps ni nos biens j nos pcrcs & c'eft de leur être entièrement (pu-mcrcs. nais dans tout ce qui regarde CQS

V

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 4$

deux minifteres ; car il eft féant & juite de ne leur refufer jamais le fervice de nos mains : au-contrai- Pi0, ie fervi-re, plus ce fervice fera pénible, vil, « de nos P?" Se d'efclave , plus nous devons l" &*ruT nous y plaire & nous en tenir ho- rla.' n "?™ Dorés. Encore moins devons-nous agr'a?>"0& leur refufer les biens qui leur font b°notabi& néceflaires, & diminuer leur dépen-fe par un efprit d'avarice ; mais nous devons leur fournir abondamment, & de bon cœur tout ce dont ils ont befoin , en nous réjouiflant, & en nous trouvant heureux de les fervir de nos biens & de nos per-fonnes; car pratiquer ces deux cho-fes avec joie , & d'une franche vo­lonté, c'eft accomplir la Loi delà vertu, & payer les droits à la na­ture. Voila quel eft l'honneur que nous devons à nos pères & à nos mères. Celui que nous devons à leurs proches , 8c qui n'eft que le fécond, fe mefure par le degré de parenté , de forte qu'après nos pè­res & mères nous honorerons plus ou moins nos parens, félon que la nature nous les a plus ou moins unis.

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44 COMMENT. D'HIéROCIIS

V E R s V I.

De tous les autres hommes , fais ton ami de celui gui fe dijiingue pat ft vertu.

PrS«pte$ ru» A PRèS le précepte qui prefcrit le lamine. premier honneur que nous devons A la pateme à la première parenté, & celui qui avon"0avec r e 8 ' e l'honneur que nous devons à Dieu & avec nos pères & mères, & à leurs pro­ie! saiu".& cbe* y & qui eft une dépendance du

premier , voici tout de fuite la Loi

Î|u'on nous donne pour contracter 'amitié. Ceft de cboifîr pour notre

a m i , parmi ceux qui ne font pas de notre famille, celui qui eft le plus honnête homme , & de nous

Amiriê doit joindre à lui pour la communica-chée p'ourTa ^on des vertus , afin que nous faf-vertu.&non fions de l'homme de bien notre pour inte- a m j p o u j . u n e bonne caufe, & que

nous ne recherchions pas fon amitié par aucun autre incérêt ; de forte que ce précepte eft entièrement fem-blable à l'avertiflement qu'on nous a donné fur les gens de bien qui font morts ; car comme là on nous

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suiL LES VERS DE PYTHAG. 45 a dit que nous ne devions honorer &ç vénérer que ceux qui font rem­plis de fcience & de lumière, on nous dit de même ici, que nous ne devons faire nos amis, que de ceux qui ont de la probité & de la ver­tu. Sur ceux-ci, on nous donne le choix , & pour nos pères & leurs proches, on fe repofe fur la nature ; car un père , un frère attirent na-u vertu noa« turellément le refpeâ; mais les au-1',!,."" ""* très, je veux dire les amis, celt la on ia naiu-vertu feule qui en fait le prix , F.?'Jilno!iî

> fL n n • c • 1 » • l i e i D,eu k

comme celt elle qui tait le mente duos pâte™. de ceux qui font morts.

Les êtres qui précèdent ces der­niers , c'eft la nature même qui les rend refpe&ablçs, &rqui nous or­donne de les honorer. Dans le Ciel ce font les Dieux &r les Héros ( les Anges, ) & ici-bas ce font nos pères & nos parens , qui dans une na­ture mortelle nous repréfentent in-ceflamment l'image de la parenté immortelle qui nous lie à ces Dieux & à ces Héros.

Voila quelle doit être la première recherche, & la première acquift-

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4<ï COMMENT. D 'HIéROCLIS

tion d'un ami : quant aux moyens dont on doit fe iervir pour le con-ferver pendant qu'il contribuera à notre véritable bien , ou pour l'abandonner s'il vient à fe cor­rompre & à ne plus obéir aux pré­ceptes & aux confeils qui tendent à (a perfe&ion ; on va nous les enfeigner.

V E R S V U , V I I I & IX.

on pourrait Cède toujours à fes doux avcrlijfemens , que'rceVers, & à fes actions konnnêtes & utiles. Cède à ton ami en lui — . . . , . .. parlant *vec Et ne vitns jamais a haïr ton ami pour douceur, & um légère faute . autant que tu le en lui rendant ° J * toute forte de peUX. bonsfervices. ^llll-mlOrla puifance habite pris de la né-roclèseftplus cejlîtc. profonde.

conduite 0 ^ traite ici comment il faut avoTdoit ^e conduire avec fes amis. Premiè­res "am?j! rement, il faut leur céder & leur

obéir quand ils nous donnent des confeils honnêtes , & qu'ils font quelque chofe pour notre utilité j

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$UR. LES VERS DE PYTHAG. 47

puifque c'eft pour ce commun bien que la Loi de l'amitié nous lie, afin qu'ils nous aident à faire croître en nous la vertu , & que nous les ai­dions réciproquement à la faire croître en eux; car comme compa-... . ,

, „ . r Les amis font gnons de voyage, ix marchant en- aes comp». femble dans le chemin de la meilleu- *"0°™f ui re vie , ce que nous voyons mieux doive'™ s*en-l'un que l'autre , nous devons le traîu" téci; dire & le rapporter à 1 utilité com­mune , en cédant doucement aux bons confeils de nos amis, &r en leur faifant part de tout ce que nous avons d'honnête & d'utile. Et pour ce qui eft des richefles, de la gloire, & de toutes les autres chofes qui réfultent d'un aflemblage pé-riflable & mortel , nous ne de­vons jamais avoir avec nos amis le moindre différent; ce feroit haïr pour une légère faute ceux qui font nos amis pour les plus grands des biens. Nous fupporterons donc nos amis en toutes chofes, comme étant liés à eux par la plus grande de tou­tes les néceffités, par les liens de l'amitié. 11 n'y a qu'un feul point

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48 COMMENT. D'HIéROCIJS. u fcuie cho-où nous ne les fupporterons pas.' doîfPa?fup- N ° u s ne leur céderons nullement , çortec fes lorfqu'ils fe laifleront corrompre ; aau*' & nous ne les fuivrons en aucune

manière , lorfqu'ils quitteront les voies de la fagefle pour rentrer dans un autre train de vie > car nous nous bifferions emporter avec eux loin du but de la vertu ; mais nous ferons tous nos efforts pour redref-fer notre ami , & pour le ramener dans la bonne voie. Si nous ne pou­vons le perfuader, nous nous tien­drons en repos fans le regarder com­me notre ennemi, à caufe de notre ancienne amitié, ni comme notre

ftutCUï?dèr a t m > * caufe de fa corruption. De e» renonçant forte que par cette feule raifon , |»ewun.de n o u s Ie quêterons &: le renonce­

rons , comme incapable de nous aider de fa part à cultiver & à faire croître en nous la vertu, pour la­quelle feule nous l'avions recher­ché. Mais il faut bien prendre gar­de que cette féparation ne dégé­nère en inimitié ; car quoiqu'il ait rompu le premier notre union , nous fouîmes obligés d'avoir un

très-grand

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SUR. LES VERS DE PYTHàô. 49

très-grand foin de rappeller à fon De»ofn en-devoir , fans nous réjouir de la ™', "°îorf_ chute d'un a m i , fans infulter à fon qu'ils Wioi-erreur, à fa faute : mais plutôt en ^ d t u " compatiflant à fon malheur avec venu. douleur & avec larmes, en priant pour l u i , & en n'oubliant aucune des chofes qui peuvent le ramener au falut par le repentir. Or les chofes qui peuvent le ramener , c'eft de n'entrer avec lui en aucun démêlé, ni fur le bien, ni fur la gloire > c'eft de ne pas le priver de notr.e fociété avec éclat &c avec hauteur j c'eft de ne pas triompher de fes malheurs , en les faifant fer-vir à notre ambition & à notre va­nité. Et comme ce qui contribue le plus à nous faire conferver nos amis, ou à nous les faire quitter avec raifon & avecjuftice, ou en­fin à nous mettre en état de les rap­peller à leur devoir par le repen­tir , c'eft de fupporter leurs torts j c'eft de n'entrer avec eux dans au­cune difeuffion trop exaâre de nos intérêts ; c'eft d'avoir de l'indulgen­ce, & de ne pas tout prendre a la

Tome II* C

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5ô COMMENT. n'HiÉRociis -la rigueur ; en un mot , d'avoir une patience auffi grande qu'il eft en notre pouvoir : voila pourquoi l'auteur de ces Vers ajoute, autant

La puiflance qUt tu U peux. Et enfuite, afin que îitedmècJièl n o " s ne mefurions pas la puiflance pat la voion- par la volonté , mais par les forces î« ïw*J"c de la nature, autant que la nécef-u nacute. fité furvenant en peut faire trou-puiiTanceha- ver , il nous avertit que lapujffaace u\£e%t hai>iupà* àe la néceffitê; car chacun

de nou s eft. convaincu tous les j ou rs, par fon expérience, que la nécef­fité lui fait trouver plus de forces 3uil n'avoit cru en avoir. Il faut

onc nous bien mettre dans l'ef-prit , que nous devons fupporter nos amis:, autant que la néceffité nouy fera, voir que nous le pou­vons, & que ce qui nous avoit pa­ru infupportable , nous devons le rendre fupportahle par la néceffité de l'amitié ; car il ne faut pas nous imaginer que le courage & la gé-nérofité ne doivent être employés qu'à fupporter les chofes qu'ordon­nent la violence & la force. Tout ce qui va à cooferver ou à rega*

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SUR IES VERS DE-PYTHàG, J *

gner nos amis , demande & mérite une plus grande patience, comme étant des ordres mêmes de la né­ceffité divine. Or pour les fages, la J ^ ' } , * néceffité de l'efprit eft plus forte force que & plus pniffànte que toute la for- ^ £ £ ce qui vient du dehors. Soit donc hon. que tu regardes la néceffité qui vient des conjonctures & des cir-conftances, fbit que tu confidercs la néceffité de la volonté , cette néceffité libre & indépendante , qui eft contenue dans les bornes de la fcience , 6c qui émane des loir divines , tu trouveras la mefure de la puiflance qui eft en toi , & que ce Vers veut que tu employés pour tes amis, en t'ordonnant de ne pas rompre facilement avec eux , &; de ne pas les haïr pour une légère: faute. En effet ce vers compte pour très peu de chofe tout ce qui ne touche point l'ame : il nous défend de faire de notre ami un ennemi pour de vils intérêts , & il nous ordonne de tâcher par une indiffé­rence entière pour toutes les cho-* les extérieures, de regagner notre.

Ci)

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5* COMMENT. D'HIéROCLëS.

ami, & de nous mettre en état de nous rendre ce témoignage, que nous avons confervé nos amis au­tant qu'il a dépendu de nous ; que nous avons rappelle &c redreflTé ceux qui fe laifloient gagner au

Ne rendre ja- vice ; que nous ne leur avonsdon-«îik \ nos n e a u c u n fuJet ^ rompre avec amis .quand nous; que nous ne leur avons maiCavecCat P a s renc*u 1* pareille, quand ils nous. ont les premiers renoncé à notre

amitié ; car voila ce qu'exige la Loi facrée de l'amitié, Loi qui eft

t'amitié eft dune vertu très-éminente, & qui l'ertus 'îc comme très-parfaite , excelle fur leur principe toutes les autres vertus; puifque la c-cft Ufiété, fin d e s y e r t u s ^ c > e f t i > a m i t i é f &. i e u r

principe, c'eft la piété. Les règles de la piété font pour nous les fe-mences des vrais biens ; & l'habi­tude de l'amité , eft le fruit trés-parfait des vertus. Comme donc il faut toujours conferver la juftice, non-feulement avec ceux qui en afent bien avec nous, mais encore avec ceux qui cherchent à nous faire tort, & cela, de peur qu'en leur ren­dant le mal pour le mal , nous ne

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sus. LES VERS DE PYTIïAG. 5 î

tombions d a n s le même vice ; il faut Amitié, DM auffi tou jours conferver l'amitié , «joh éten-* c'eft-à dire l'humanité pour tous <•«/«" iou$

. f. i l r / - » ' * « homme» \

ceux qui fon t de notre eipece. Or „,»« aïo -nous donnerons la jufte mefure à "™n*at* l'amitié, & nous placerons chacun dans l 'ordre & le rang convena­bles, G nous- aimons les gens de bien, & pour l'amour de Ta natu­re , & pour l'amour de leurs in-bfrâétalent clinations , comme confervant en êtrc aimé* eux la perfection de la nature hu de" ™ûte maine, & fi nous aimons les mé & de leut

chans, dont les inclinations & les ix \à mé. fentimens n 'ont rien qui puifle nous ,c,han' v°a.T

r . , t i "• •• i r- ' a m o u r «

hure rechercher leur amitié, u nous lauacurefcu-Jes aimons , dis-je, pour l'amour de Ie" la nature feu le , qui nous eft com^ mune avec eux. C'eft pourquoi on a fort bien d i t , Le Sage ne hait per­sonne , & U aime Usfeuls gens de bien ; car comme il aime l'homme , il ne ï^jSlge " e . hait pas même le méchant ; & com- ne" p " ° " me il cherche le vertueux pour fe communiquer à lui, il choifit fur tout, pour l'objet de fon affection , le plus parfait ; & dans les melu-

C iij

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54 COMMENT. D'HIéROCIES

\ ' res & les règles de fon amitié , il imite Dieu, qui ne hait aucun homme , qui aime préférablement

„ , , l'homme de bien, &r qui étendant Dleji «end c r i * L fon amour ion amour lur tout le genre nu-Air tout le main, a foin d'en départir à cha-genre hu- . . . . r . . . , . main. <\uc particulier la part qu il mente,

en appellant & unifiant à lui les gens de bien , & en ramenant à

comment leur devoir les deferteurs de la Dieu aime v e r t U p a r l e s l 0 j x (Je fa ju f t i ce i le» méchant. , X" . • ' . o

car c eft ce qui eft proportionné oc utile aux uns & aux autres. C'eft ainfi que nous devons conferver l'amitié pour tous les hommes, en la partageant à chacun félon leur

Belle preuve m e r ' t e & *cur dignité : nous devons de robiiga- pratiquer la tempérance & la juftice îousiMhS^avec t o u s les hommes , & non pas n>«._ feulement avec les juftes & les

temperans, & nous ne ferons pas bons avec les bons , & médians avec les méchans ; car de cette ma­nière tous les accidens auraient le pouvoir de nous changer , & nous n'aurions à nous en propre aucun bien que nous puffions étendre & déployer fur tous les hommes. Que

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sv». LES V E R S Dé PYHAG. 55

fi nous a v o n s acquis 1 habitude de la vertu , il n e dépend pas du pre-tnier venu d e nous la faire perdre : & étant heureufement affermis lur fes fondemens inébranlables , nous ne changerons pas de difpo-fition & de Ientiment avec tous ceux que nous rencontrerons. Ce que nous pratiquons fur toutes les autres vertus , nous devons le pra­tiquer de même fur l'amitié, qui, comme nous l'avons déjà di t , efl de toutes les vertus la plus grande ; puifque l'amitié n'eft autre chofè que l'humanité qu'on déploie en géné­ral fur tous les hommes & en par­ticulier fur les gens de bien; c'eft pourquoi le nom d'humanité} c'eft-à-dire , a m o u r des hommes , lui convient particulièrement. Cela fuf-fitfur cet article ^paflbns aux autres.

0 C iv

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5<f CdMMENT. D'HIÉROCLES

V E R S X"& XL

Sache que toutes as chofes font ainfi : mais accoutume-toi à furmonter & à vaincre ces paffions :

Premièrement, la gourmandife, la pa­rère , la luxure, & la colère.

V OILA les paffions qu'il faut répri­mer & réduire, afin qu'elles ne trou­blent & n'empêchent pas la raifbn. Courage donc , refrénons la folie entière par de bonnes inftru&ions, puifque ces différentes parties fe

îespaffiont prêtent réciproquement des armes-««llPeSÏ". P o u r commettre le péché de fuite, me les mem- & comme par degrés : par exemple , kresdekfo- j>exc£s ^ m j e m a n g e r provoque ua

long fommeil, & les deux enlem-ble produifent une force & une fante , qui portent immodérément à l'amour; & qui irritant la par­tie concupifcible de l'ame , la pouf­fent à l'intempérance. La partie irafcible venant enfuite à fe join­dre à cette partie concupifcible , ne craint aucun dangei4> aucun combat ne l'effraye, elle affronte

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 57

tout pour aflbuvir fes convoitifes , tantôt pour la bonne chère, tantôt pour des maîtreflès, & tantôt pour d'autres voluptés. Accoutume-toi donc à unir cespajfîons en bride, en com­mençant par la gourmandife , afin que ks parties déraifonnables de l'ame s'accoutument à obéir à la raifon, & que tu puifles obferver inviolablement la piété envers les Dieux , le refpeéfc envers tes pa-rens, & tous les autres préceptes qu'on vient de te donner. L'obfer-vation de ces premiers préceptes dépend de ceux-ci ; & on les viole­ra infailliblement , fi les paillons ne font foumifes, & n'obéiflènt à la raifon 5 car d'un côté, ou la co­lère nous excitera contre nos pa-rens, ou la concupifcence nous ar­mera contre leurs ordres ; &r de l'autre côté, où la colère nous pré­cipitera dans le blafphême, ou le défir des richefles dans le parjure. En un mot, tous les maux font caufés par ces. paflions, Iorfque la raifon n'*^as la force de les ranger à leur devoir, & de les foiimettre.

C v

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58 COMMENT. D'HIéROCLES

Voila les fources de toutes les im­piétés , de toutes les guerres qui divifent , des trahifons des amis, & de tous les crimes que l'on com­met contre les Loix. De forte que les méchans font forcés de crier comme la Médée du théâtre.

Les uns ,

Je vois tous les forfaits dont je vais me noircir ;

Mais ma foiblc raifon cédant à ma colère, &c.

Les autres, Je connois tous les maux que ma

main va commettre ; Mais ma raifon cédant à ma cupi­

dité, &c.

Du même,

Tes confeils font très-bons, J'en vois Futilité;

Mais les honteux liens qui capti­vent mon ame,

M'empêchent d'obéir. Car tout ce qui eft capable de

raifon, étant bien difoofé pour fen-

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SUR LES VERS D'HIÊROCLÈS 59

tir ce qui eft beau & honnête, eft toujours éveillé & toujours prêt pour obéir aux préceptes de la raifon, lorfque les penchants de Ces paf-iions, comme autant de mafles de plomb , ne l'entraînent pas dans l'abîme du vice. . Il faut donc que nous fâchions, que nous connoiflîons nos devoirs, &que nous accoutumions, autant qu'il eft en notre pouvoir, nos facultés bru­tales , à obéir à la raifon qui eft en nous ; car les paffions étant ainfi foumifcs , la raifon fera en état d'obferver inviolabkment les pre* miers préceptes » pour léfquels on nous dit ici : Sache que toutes ces thofes font ainfi. Et pour les précep tes fuivans, on nous dit : Mais ac± u ni-f00 fe coutume-toi à vaincre, &c. pour nous reBIe?"i'i°-faire entendre que la partie raifon- u'paffion pat nabk fè règle par l'inftru&ion & rbaUtud». par la fcience ; & que la partie bru­tale fe régit par l'habitude & par des formations, fi l'on peut ainfi par­ler , qui font en quelque façon cor­porelles, fc c'eft ainfi que les hom­mes réduifent & dreûent les ani-

Cvj

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60 COMMENT. D'HIéROCLIS

maux par le moyen de l'habitude Biens que feule. L'appétit donc accoutumé à Lmîerance k contenter d'une mefure jufte & dans le boire fuffifante , rend les autres paflîons L2gêt.lc d u corps plus modérées , & la co­

lère moins bouillante & moins em­portée; de forte que n'étant point violemment agités par les paflîons, nous pouvons méditer avec tran­quillité ce que nous fommes obli-

nirnt qui gés de faire ; & de là nous appre-nai lient de la ° \ «^ L L A

lempéraace. n°ns à nous connoître nous-mê­mes , à connoître ce que nous fom­mes dans la vérité, & à nous ref-pe&er quand nous nous connoif-fons. Et de cette connoiffance , & de ce refpeft, qui en eft la fuite in­faillible , vient la fuite des actions honteufes, c'eft-à-dire, de tous les maux, qui font appelles honteux, parce qu'ils font indécens & indi­gnes d'être commis par une fubk tance raifonnable ; & c'eft de quoi on va parler.

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SUR IES V E R S DE PYTHàG. 6\

V E R S X I I & X I I I .

Ne commets jamais aucune action hon-teuft, ni avec les autres,

Ni en ton particulier; & fur-tout ref-ptcle-toi toi-même.

I L arrive très-ordinairement, ou le« rfeur. que nous faifbns en notre particu- nouYconduî» lier des actions honteufes. parce que fCI" " y.iar* nous les croyons indifférentes, ce u fotiété. que nous n'aurions jamais fait de­vant un au t r e , à caufe du refpect que nous aurions eu pour un té­moin ; ou au contraire , qu'entraî­nés par le nombre, & les complices diminuant la honte de l 'adion, nous commettons avec les autres, ce que nous n'aurions jamais com­mis feuls & en notre particulier. Voila pourquoi le Poète ferme ici ces deux chemins qui peuvent nous conduire à ce qui eft honteux & mauvais ; car fi tout ce qui eft hon- c« qui ett teux eft véritablement à foîr, il n V ^ * « a point de circonftance qui puifie changer par jamais le* rendre digne d'être re- 1,anc

ce,J.COIlC'

cherché. Voila pourquoi il a joint

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61 COMMENT. D'HIéROCLèS

ici les deux, ni avec les autres, ni en ton particulier ; afin que ni la folitu-de ne te porte à ce qui eft indécent, ni la fociété & le nombre des com­plices ne juftifient jamais le crime à tes yeux. Après quoi il ajoute la cau-fequi feule détourne de commettre

te tefpeû de \e mzl.furtout refpecle toi toi-même-., car nous-mêmes r ^ y ^ •" \ _ r CL ^ • nous éloigne » tu t accoutumes a te relpecter toi-dumai. même, tu auras toujours avec toi

un garde fidèle que tu refpeéteras, qui ne s'éloignera jamais de toi, &

Î|ui te gardera à vue : auffi eft-il ou vent arrivé, que beaucoup de

gens, après que leurs amis ou leurs domeftiques les ont eu quittés, ont fait ce qu'ils auroient eu honte de faire en leur préfence. Quoi donc? n'avoient-ils nul témoin? je ne par-

£inUdeiWen k P o m t *c* ^e ^^ e u » c a r Dieu e& penrée des bien loin de la penfée des mécbans : «néchani. Mais, n'avoient-ils pas pour témoin

leur ame, c'eft-à-dire eux-mêmes? N'avoient-ils pas le jugement de leur confcience ; Ils les avoient fans doute : mais fubjugués & afiervis par leurs paffions , ils ignoroient qu'ils les eufîent ; & ceux qui font

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 6$

en cet état méprifent leur raifon, & la traitent plus mal que le plus vil efçlave. Etablis-toi donc toi-même pour,ton garde, & ton fur-veillant ; &c les yeux de l'entende­ment toujours attachés fur ce garde fidèle , commence à t'éloigner du vice. Le refpedl que tu auras pour toi-même deviendra de néceffité un cloignement & une fuite de tout ce qui eft honteux , & indigne d'être commis par une fubftance raifonnable. Et celui qui trouve in­dignes de lui tous les vices, fe fa-De u faite du nuliarife infenfiblement avec la ver- vertu""" U

ta. C'eft pourquoi le Poëte ajoute.

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(?4 COMMENÎ. B ' H I É R O C I È S

V E R S XIV, X V , XVI & XVII.

•Enfuite , obferve la jujlict dans tes actions & dans tes paroles,

Et ne £ accoutume point à te comporter dans la moindre chofejans règle & fans raifon;

Mais fais toujours cette réflexion , que par la dejlinée il eji ordonné à tous les hommes de mourir ,

Et que les biens de la fortune font in~ certains ; & que comme on peut les acquérir, on peut auffi les perdre.

V^ttxMi qui fe refpeéte lui-même, devient ion garde, pour s'empêcher de tomber dans aucun vice. Or il y a plufieurs efpeces de vices : le vice de la partie raifonnable , c'eft la

chaque par- foije ; ce]u{ j e la partie irafcible, tie de 1 ame a , n , . A . . o ' i • -

fei vices, c elt la lâcheté ; & ceux de la partie concupïfcible, c'eft l'intempérance & l'avarice : &r le vice qui s'étend fur toutes ces facultés , c'eft l'injuf-

riniuftice tice. Pour éviter donc tous ces vi-embraire c e s n o u s a v o n s befoin de quatre tous les vi- , , , * , ces, «c $'é- vertus j de la prudence , pour la

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su», LES VERS DE PYTHAG. £5 partie raifonnable -, du courage , tend fur tou> pour la partie irafcible; de la tcn»-',^'}?™1" pérance, pour la partie conçu pifci-ble -, & pour toutes ces facultés en-femblé , nous avons befoin de la juftice, qui eft la plus parfaite de toutes les vertus, & qui régnant dans les unes & dans les autres, *-» juftice la les renferme toutes comme fes- la\l"u"u propres parties. Voila pourquoi cef l le le« «™-Vers nomme lajuftice la première, ' etowtu

la prudence en fuite , & après la prudence, il met les plus excellens effets qui naiffént de cette vertu , &c qui contribuent à la perfection, à 1 intégrité ou à la totalité de la juf­tice » car tout homme qui raifonnc bien, & qui fe fert de fa pruden­c e , a pour fécond dans les chofes louables , le courage ; dans les cho­fes qui flattent les fens, la tempé­rance ; & dans les unes & les au­tres, la juftice : & ainfî la pruden- imprudence* ce fe trouve le principe des vertus ; J? P,inc

1j!*ec &• la juftice leur fin : & au milieu, ia"iTfticc ', font le courage & la tempérance;Uurfin-car la faculté qui examine tout par le raifonnement , & qui cherche

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€6 . COMMENT. D'HI£ROCLè$

toujours le bien de chacun dans toutes les actions, afin que toutes chofes fe faffent avec raifon & dans l'ordre, c'eft l'habitude de la pru­dence , c'eft-à-dire, la plus excel­lente difpofition de notre eflence raifonnable , & par laquelle toutes les autres facultés font en bon état, de manière que la colère eft vail­lante , & la cupidité tempérante ; & que la juftice corrigeant tous nos vices, & animant toutes nos ver­tus , orne notre homme mortel par l'abondance exceffive de la vertu

Ceft de l'ef-de l'homme immortel ; car c'eft ^kJ'vet- originairement de l'efprit divin , tus rayon- que les vertus rayonnent dans l'ame sotre «ne. raifonnable ; ce font elles qui cons­

tituent fa forme, fa perfection & toute fa félicité. Et de l'ame, ces

De lame les vertus rejailliflent par une fecrete rit pa , fui verrasrcjaii-communication , fur cet être in-

ïpn.!furlefenfé, je veux dire , fur le corps

mortel , afin que tout ce qui eft uni à l'eflence raifonnable foit rem­pli de beauté , de décence, & d'or­dre. Or le premier, & comme le guide de tous les biens divins, la

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 67 prudence, étant bien fondée & af- u Frodenc», fermiedans l'ame raifonnable, Fait ÇJe™i5éj qu'on prend le bon parti dans tou- toutfel'bUM tes les occafions ; qu'on fupporte div"u* courageufement la mort, & qu'on fouffre avec patience & avec dou­ceur la perte des biens de la fortu- EfFe" de h

-, , 1 1 . prudence. ne ; car il n y a que la prudence qui puiûe foutenir fagement & avec in­trépidité les changemens de cette na­ture mortelle, & de la fortune qui la fuit. En effet, c'eft elle qui connoît if fortune par la raifon la nature des chofes ; 1^% Une elle lait que c'eft une néceffité in-'«j*p«»*uice difpenfable, que ce qui eft compo- ffl

eotîeûfcUr*

fé de terre & d'eau, le réfolve dans ces mêmes élémens qui le compo­sent; elle ne s'irrite point contrôla néceffité ; & fur ce que ce corps mortel meurt, elle ne conclut point qu'il n'y a point de providence; car elle connoît qu'il eft ordonné par la deftinée , à tous les hommes de mourir , qu'il y a un temps prefix pour la durée de ce corps mortel, & que le dernier moment étant venu, il ne faut pas en être fâché» mais le recevoir, & fe foumettre

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68 COMMENT. D'HIéROCLIS

volontairement , comme à la loi divine ; c'eft ce qu'emporte pro­prement le mot de dejîinée; il figni-» fie, que Dieu même par fesdécrets , à deftiné , a marqué à notre vie mortelle des bornes néceflaires, & qu'on ne peut pafler ; & c'eft le propre de la prudence de fuivre les

- ch^V,. décrets des Dieux , en cherchant Don a ne pas . > ,

mourir, mais non a ne pas mourir, mais à bien à bien mou- m o u r i r # Semblablement, elte n't±

gnore pas la nature des biens de là Fortune ; elle fait qu'ils viennent aujourd'hui, & qu'ils s'en retour* lient demain, félon certaines caufes qui font deftinées & marquées, aux­quelles il eft honteux de réfifter; puifc que nous ne fommes pas les maîtres

Notre eorpt, °e retenir & de conferver ce qui ni no. biens n'eft point en notre puiflance. Or ne dépendent _ . ,_ s ^ ' • * • t

p.rint de certainement , ni le corps ni les nom. biens, en un mot, tout ce qui eft

féparé de notre eflencc raifonnable, n'eft point en notre pouvoir : & comme il ne dépend pas de nous de les acquérir , il n'en dépend pas non plus de les garder autant que nous voulons. Mais de les recevoir

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SUR. LES VERS DE PVTHAG. 69

quand ils viennent, & de les ren­dre quand il s'en retournent, & de les recevoir & de les rendre tou­jours avec beaucoup de vertu, voila ce qui dépend de nous, & voila le >ropre de notre elTence raifonna-)lc, fi elle ne s'accoutume point à G comporter fans règle & fans rai-bn fur tous les accidens de la vie j i au contraire elle s'habitue à fuivrç es régies divines qui ont défini ôç

déterminé tout ce qui peut nous re­garder. C'eft donc en cela fur-tout que ce qui dépend de nous, & qui eft en notre pouvoir a une force extrême ', c'eft que nous pouvons u forcejece bien juger des chofes qui ne dé- Ta^ié. pendent point de nous, & ne pas »nd fur ce nous laifler arracher la vertu de p"ndnp« •• & notre liberté , par l'affection des comment. chofes périflables.

Que dit donc le jugement pru- NOUS devont dent & fage ? Il dit qu'il faut bien [aire fervit à

•ufer du corps & des richefles pen- corpl'sc no» dant que nous les avons , & lesbitas-faire fervir à la vertu : & quand nous fommes fur le point de les perdre, qu'il faut connpître la né-

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70 COMMENT. »'HiÉRocfcès'

ceflîté , & ajouter à toutes nos au­tres vertus celle de la tranquillité & de l'indifférence. En effet le feul moyen de conferver la piété envers les Dieux, & la jufte mefure de la juftice , c'eft d'accoutumer fa raifon à bien ufer de tous les acci-dens, cV d'oppofer les règles de là prudence, à toutes les chofes qui

_ nous paroiflent arriver fans ordre, ta vertu ne „ r . r . . ' ptutetrecon- oc au naiard ; car jamais nous ne fervée fani conferverons la vertu . fi notre ame l e s I «Il 11CS

opinions, n'a les faines opinions. Jamais celui qui s'eft accoutumé à fe comporter (ans règle & fans raifon dans tout ce qu'il fait , ne fuivra les êtres

tootettér* meilleurs que nous; mais il les re­gardera comme des tyrans qui le forcent, &c qui le gênent ; jamais il n'aura d'égard pour ceux avec lefquels il v i t , & jamais il ne fera un bon ufage de fbn corps ni de Ces richefles. Voyez ceux qui fuient la mort , ou qui font poffedés du défit

inîuftices & de conferver leurs richeffes ; voyez dea«huim"ui dans quelles injuftices , dans quels fuient la blafphêmes ils fe précipitent nécef-Z",:Xf Virement, en levant letendard de richeffes.

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SUR. iES V E R S DE PYTHAG. 71

l'impiété contre Dieu, & en niant fa providçnce, lorfqu'ils fe voient tombés dans les chofes qu'ils fuyoient follement, & en failant à leur prochain toutes lottes d'injuf-tices , fans aucun ménagement, pour lui ravir fon bien, & pour rapporter tout à leur propre utili­té , autant qu'il leur eft poffible. Ainfi la plaie que font à ces mal­heureux les faunes opinions, de­vient manifefte, & l'on voit ger­mer de là tous les plus grands maux, l'injuftice envers leurs femblables, & l'impiété envers ceux qui font audeflus d'eux : maux dont eft exempt celui, qui obéiflfant à ce précepte, attend courageulément la mort avec un jugement épuré par la raifon, & ne croit pas que la

Eerte des biens foit infupportable. )e là naiflent tons les mouvemens

& tous les morifs qui le portent à la vertu ; car c'eft de là qu'il ap­prend qu'il faut s'abftenir du bien d'autrui, ne faire tort à perfonne, & ne chercher jamais fon profit par la perte & le dommage de fon pro-

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7 i COMMENT. D'HIéROCLIS

jchain. Or c'eft ce que ne pourra ceux qy| jamais obferver celui qui fe perfua-meraoneiie. de que fon ame eft mortelle, & incapables de qUj accoutumé à fe comporter en fJtti'ce"" tout fans règle & fans raifbn, ne

difcerne point ce que c'eft qu'il y a en nous de mortel & qui a befoin des richefles, & ce que c'eft qui eft fufceptible de vertu & que la vertu aide & fortifie; car il n'y a que ce jufte difcernement qui puiflTe nous porter à la pratique de la ver­tu , oc nous exciter à acquérir ce qui eft beau & honnête ; acquifi-tion à laquelle nous poufle un mou­vement tout divin, qui naît de ces deux préceptes, Connois~ioi toi-mê­me y & rtfpe&e-toi toi-même. Car c'eft

Nos devoir* par notre propre dignité, qu'il faut •doivent fe mefurer t o u s n o s devoirs, & dans melurer par 1 0 notre di«ni- nos actions & dans nos paroles ; & ptécepcTd l'obfervation de nos devoirs n'eft

autre chofe que l'obfervation exacte Laju(iiceem.& inviolable de la juftice. Voila aoUtyoUt. pourquoi la juftice eft mife ici à la

tète de toutes les autres vertus , afin qu'elle devienne la mefure & la règle de nos devoirs, Obferve la

jufliu t

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SUR I E S VERS DE PYTHAG. 75

juflice y dit-il , & dans us actions , & dans tes paroles. Tu ne prononceras donc jamais aucun blafphême, ni dans la perte de tes biens, ni dans les douleurs les plus aiguës de tes maladies , afin que tu ne blefles pas la juftice dans tes paroles : & tu ne raviras jamais le bien de ton pro­chain , & ne machineras jamais la perte Se le malheur d'aucun hom­me , afin que tu ne blefles pas la juftice dans tes actions ; car pen­dant que la juftice fera comme en garniion dans notre ame, pour la garder & la défendre, nous rem­plirons toujours tous nos devoirs, envers les Dieux , envers les hgrrK. mes , & envers nous-mêmes. o N a meilieurc règle , & la meilleure «gif STu* mefure de la juftice, c'eft la pru- ""f"" <•=l* dence ; c'eft pourquoi, après le pré- 'uftice* cepte , Obferve la juflice , il ajoute, Et ne t'accoutume point à te comporter en rien/ans raifon, parce que la /uf- La lu/iieene tice ne peut fubfifter fans la pru p*<« i.:bfifcr dence. En effet il n'y a de vérita- d!uce.a pm* blement jufte que ce que la parfaite prudence a limité ; c'eft elle qui ne

Tome IL D

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74 COMMENT. D'HIéROCLèS .

fe comporte en rien fans raifon ,~ mais qui examine &.confidere avec foin ce que c'eft que ce corps mor­tel , & quelles font les chofes dont il a befoin , 6Vr qui font néceflaires à fon ufage : c'etl elle enfin qui trouve tout vil & méprifable , en compa-raifon de la vertu, & qui fait con-fifter toute fon utilité dans la meil­leure difpofition de l'ame ; dans cette difpofition qui donne à toutes les autres chofes l'ornement & le prix qu'elles peuvent recevoir. Voi­la quel efl le but de ces Vers ; c'eft de taire naître dans l'ame de ceux qui les lifent , ces quatre vertus pratiques, avec leur exacte & vi­gilante obfèrvation , & dans les actions, Se dans let paroles ; car l'un de ces Vers infpire la pruden­ce , l'autre le courage, celui-là la tempérance , & celui qui les précè­de tous , exhorte à oblerver la juf-t ice 'qui s'étend en commun fur toutes les autres vertus : & ce Vers, Que les biens de la fortune font incer­tains , & que comme on peut les ac­quérir > on peut aujfi les perdre , eft

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SUR. LES VER5 DE PYTHAG. 7J

ajouté i c i , pour faire entendre que ratcmpèraA-l'habitude de la tempérance eft or- ££"££' t a

dinairemene accompagnée de la li­béralité , vertu qui règle la recette & la dcpenfe dans les biens de la fortune ; car de les recevoir, & de les dépenfer quand la raifon le veut & l'ordonne , cela feul coupe la racine à la mefquinerie & à la. prodigalité ; & toutes ces vertus viennent de ce principe comme d'une première fource, je veux di­re, de fè refpe&er foi-même : & ce précepte ydefe refpeSer foi-même, eft renfermé dans celui-ci, connois-tol toi-même ,. qui doit précéder tou­tes nos bonnes aâions, & toutes nos eonnoiflances» Ere effet, d'où faurions - nous* que nous devons modérer nos paffions, & connoître la nature des choies ? car on doute fur ce fujec , premièrement, fi cela eft poffible à l'homme ; & enfui te , s'il eft utile. Il paroît même tout t., .

, " ,,, . . . L homme de au contraire, que t homme de bien bien eft rou-çft beaucoup plus malheureux dans "iheul" « cette vie , que le méchant, en ce en cette vie, qu'il ne prend point injuftement ^ j e mé"

D ij

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•jS COMMENT. o'HiiRociès

d'où il ne doit pas prendre, & qu'il dépenfe juftement où il doit dépenfer : Et que pour ce qui re­garde le corps , il eft plus expofé aux mauvais traitemens , en ce qu'il ne cherche point à dominer, & qu'il ne fait pas fervilement la cour à ceux qui dominent : de manière que s'il n'y a pas en nous une fub-ftance qui tire toute fon utilité de la vertu , c'eft envain que nous méprifons les richefles & les digni­tés. Voila pourquoi ceux qui étant perfuadés que l'ame eft mortelle, enfeignent que l'on ne doit pas abandonner la vertu , font plutôt de vains difcoureurs , que de vrais Philofophes ; car fi après notre mort il ne reftoit pas de nous quel­que chofe , & quelque chofe de nature à tirer tout fon ornement de la vérité & de la vertu , telle que nous difons l'ame raifbnnable , jamais nous n'aurions de défirs purs

lefcuifoup- des choCes belles &c honnêtes ; parce çon que la- q u e j e feui foupçon que l'ame eft uiV.emuffé mortelle , amortit &r étouffe tout «out défil de empreflement pour la vertu , 8f """ ' pouffe à jouir des voluptés corpO"

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SUR XES VERS DE PYTHA6. 77

relies, quelles qu'elles foient , & de quelque endroit qu'elles vien­nent. En effet, comment ces gens* là peuvent-ils prétendre qu'un hom­me prudent , & qui fait quelque ufage de fa raifon ne doit pas tout accorder à fon corps, pour lequel feul l 'ame même fubfifte , puif-qu'elle n'exifte pas par elle-même, mais qu'elle eft un accident de tel-Je, ou telle conformation du corps ? Comment fe peut-il que nous aban­donnions le corps pour l'amour de la vertu , lorfque nous fommes perfuadés que nous allons perdre l'ame avec le corps ; de manière que cette vertu , pour laquelle nous aurons fouffert la mort, ne fe trou­vera nulle par t , & n'exiftera point ? Mais cette matière a été ample- if «ut parle* ment traitée par des hommes di-d/pufi»'.8' vins , qui ont démontré invinci­blement que l'ame eft immortelle, & que la vertu feule fait tout fon ornement. Après avoir donc fcellé du fceau de la vérité cette opinion de l'immortalité de l'ame , paflons à ce qui fui t , en ajoutant à ce que

Di i j

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78 COMMENT. B'HIéROCIèS

nous avons déjà établi , que com­me l'ignorance de notre eflence entraîne néccflairement après elle tous les vices , la connoiflance de nous-mêmes , & le mépris de tout ce qui eft indigne d'une nature rai­sonnable , produifent en tout & par tout rpbfervation fûre & raifonnée de nos devoirs ; & c'eft en quoi confifte la jufte mefure de toutes

l'atteetîojv i les vertus en particulier : car pen* Pa i f r ï ï ! d a n t q«e nous regardons & confi-comfiirte- dérons notre eâence comme notre w»U<i«ok"! feule règle , nous trouvons en tou­

tes choies ce qui eft de notre de­voir , & nous l'accomplirTons félon la droite raifon, conformément à notre eâence. Tout ce qui rend l'ame meilleure, & qui la ramené à la félicité convenable à fa na-

c* .i"f t'tft tùre , c'eft véritablement U vertu , mem ue u & la Loi de la Philofophie : & venu. (OUt c e qui n e t e n c} qU'à. Hne cer­

taine bienféance humaine, ce ne ombre de font que des ombres de vertu qui ve£tu' cherchent les louanges des hom­

mes, & que des artifices d'un ef-clave qui le contrefait, & qui met

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SUR t t s VERS D£ PYTHAô. ?<?

tout fon efprit à paroîtrc vertueux, plutôt qu 'à l'être véritablement. En voila aflez fur cet article.

De l'ufage que nous faifons de notre droite raifon, il s'enfuit né»-ceflairement que nous ne nous com­portons point légèrement fur tous les accidens de cette vie qui nous paroiflfent arriver fans aucun ordre* mais que nous les juftifions géné-reufement , en démêlant exacte­ment leurs caufes, & que nous lés fupportons courageufement fans nous plaindre des êtres qui ont foin de nous , & qui distribuant à cha­cun félon fon mérite ce qui lui eft dû , n'ont pas donné la même di­gnité & le même rang à ceux qui n'ont pas fait paroître la même vertu dans leur première vie. Car Rajf<Jn «,„,. comment fe pourroit-il qu'y ayant '« Pri.ago-

• 1 o _ l ' 1 ' riciens ren une providence, & notre ame étant doicmde \ï~ incorruptible par fon eflence , & n*gajw <fc» r l 1 1L ' . conditions. le portant a la vertu ou au vice , par fon propre choix , & fon propre mouvement , comment fe pour­roit-il , dis-je, que les gardiens mê­mes de la Loi qui veut que chacun

D i v

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So COMMENT. fi'HiÉn.oci.i» foit traité félon fon mérite, traitaf-fent également ceux qui ne font nullement égaux , & qu'ils ne dif-tribuaflent pas à chacun la fortu­ne , qu'on dit que chaque homme venant au monde choifit lui-même félon le fort qui lui eft échu ? Si ce n'eft donc point une fable qu'il y ait une providence qui diftribue à chacun ce qui lui eft dû , & que notre ame foit immortelle, il eft évident qu'au-lieu d'accufer de nos malheurs celui qui nous gouverne, nous ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes : &c'eft de là que nous tirerons la vertu Se la force de guérir & de corriger tous ces malheurs , comme les Vers fuivans vont nous l'apprendre. Car trouvant en nous-mêmes les caufes d'une fi grande inégalité , premièrement nous diminuerons par la droiture de nos jugemens l'amertume de tous les accidens de la vie : & enfuite par de faintes méthodes , &: par de bonnes réflexions , comme à force de rames faifant remonter notre ame vers ce qui eft le meil-

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SUR LèS VERS Dî PYTHAG. 81

leur , nous nous délivrerons entiè­rement de tout ce que nous fouf-frons de plus fâcheux & de plus fenfiblé. Car de foufFrir fans con- uprudena» noître la caufe de ce qu'on foufFre, „„" ^ . & fans conjecturer au-moins ce quî noiffions 1» peut vraisemblablement nous met maux. " tre en cet é t a t , c'eft d'un homme accoutumé à fe comporter fans rai-fon &c fans réflexion en toutes chofes; ce que ce précepte nous dé­fend expreflement. En effet il eft im- C t u l } w poffible que cebii qui ne recherche recherchent pas la véritable caufe de fes maux, ^Uu"1*" n'en accufe pas les Dieux , en fou >«»«*. ton»-tenant, ou qu'il n'y en a point, ou riœpiètô* qu'ils n'ont pas de nous le foin qu'ils devroient avoir ; & ces {en-* timens impies n'augmentent pas feulement les maux qui viennent de la première vie , mais encore ils De u pre-excitent l'ame à commettre toutes de

ie«He'qua-fortes de crimes, & la privent du les amcs ont culte de fon libre arbitre , en h te- ™n£î7„ï nant dans l'oubli des eau fes de ce anime* r« qu'elle fouffre ici bas : mais pourcotp,v

lavoir comment il faut philofo-Dv

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Si COMMENT. D'HIéROCLES

pher & raifonner fur ces choies, écoutons les Vers fuivans.

VERS XVIII XIX XX & XXI.

Pour toutes Us douleurs que Us hommes fouffrent par la divine fortune ,

Supporte doucement ton fort tel qu'il ejl, & ne t'en fâche point :

Mais tâche d'y remédier autant qu'il te fera pojjible ;

Et penfe que la dejlinée n'envoie pas la plus grande portion de ces mal­heurs aux gens de bien.

A V A N T que d'entrer plus avant dans l'explication de ces Vers, il faut avertir qu'ici le Poète appelle douleurs, tout ce qu'il y a de fâ­cheux , de pénible , & qui rend le chemin de cette vie plus difficile & plus épineux , comme les mala­dies , la pauvreté , la perte des amis-& des perfonnes qui nous font les plus chères, le mépris dans fa pa­trie; car toutes ces chofes font fâ-cheufes & difficiles à fupporter t

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 8'J

elles ne font pourtant pas de véri­tables maux, &c ne nuifent point à l 'ame, à moins qu'elle ne veuille elle-même felaifler précipiter par el­les dans le vice; ce qui luiarriveroit tout de même de celles qui paroif-fent des biens , fi elle rchifoit d'en faire un bon ufage, comme de la fanté , des richefles , & des digni­tés ; car on peut fe corrompre par tei Hem âa celles-là , comme on peut le fane- ^ n

vt'en^""

tifier par leurs contraires. Or les corrompre, véritables maux font les péchés que *D1£'f™û£ l'on commet volontairement , & fier, par fon propre choix , & avec lcf- )ll?u^ttt-quels la vertu ne peut jamais fe taw« m»». trouver , comme Pinjuftrce , l'in­tempérance , & toutes les autre* choies qui ne peuvent en aucune manière s'unir & s'allier avec le beau : car il n'eft pas poffible qu'à aucun de ces vices on fe récrie , Que cela tft beau ! on ne dira jamais ; Tout ce «font par exemple , Qu'il efl beau d'être fi » « X V injujle ! qu'il efl beau d'être fi intem- eeU eft beau, pérant ! comme nous le dilbns tous ^ "° J ^ les jours des maux extérieurs, Qu'il ou *i ««»n* tjl beau d'être malade de cette manière ! "/ t u£"

D v>

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84 COMMENT. D'HIéROCIES

Qu'il t(l beau d'être pauvre comme un tel! lorfque quelqu'un foutient ces. accidens avec courage & félon la droite raifon. Mais aux vices de l 'ame, jamais cette exclamation ne peut leur convenir, parce que ce font des écarts & des éloignemens de la droite raifon , qui quoique naturellement gravée dans cette a m e , n'eft pas apperçue de l'hom­me aveuglé par fà paffion.

Bcrre preuve Qr u n e marque fûre que la droite tué" que la raifon eft naturellement dans l'hom-droite raifon m e c>eft. q u e i ' in iuf t e où il ne va l i t naturelle- . ' , T. . ' , „ ' .

ment Hansiej point de ion intérêt , juge avec hommes les j u f t j c e & l'intempérant avec t em-çus, perance , en un mot que le mé­

chant a de bons mouvemens dans toutes les chofes qui ne le touchent point, &: où fa pafEon ne le do-

ce qui! ne mine pas. Voila pourquoi tout vi-\lV\u?Jîûcieux P e u t s'amender & devenir pas u droite vertueux, s'il condamne &c profcrit iiiroa. çQ$ p r e m j e r s v i c e s : & pour cela il

n'eft nullement néceflfaire qu'il exiile une prétendue raifon extra­vagante , afin qu'elle foit le prinr-cipe des vices. , comme la droite;

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SUR. I.ES VERS DE PYTHAG. 85

raifon eft le principe des vertus. Car cette droite raiibn fuffit pour Queiemaf*

k r • t rc j ' e v , c e n exl& , Loi lurht dans une tentpoimPat ville pour définir ce qui eft fait fe- eux-même». Ion les ordres , ou contre fes or­dres ; & pour approuver l'un & condamner l'autre on n'a nul­lement befoin d'un principe du mal, foit qu'on le fafle venir du dedans ou du dehors. Il ne faut que le feul principe du bien, qui par fon eflence eft féparé des fubftances raifbnnables, & c'eft Dieu ; mais qui fe trouve auflî au dedans d'el­les, & les gouverne fe'on fon ef-fence par fa vertu, & c'eft la droite raifon. Et voici quelle eft la dif­férence que le Poëte met entre les maux. En parlant des maux volon­taires, il ne dit pas qu'ils foient distribués par la divine fortune ; mais il le dit des maux extérieurs & conditionnels , qui dans cette vie ne dépendent plus de nous , &r qui font les fuites des péchés que nous avons commis autrefois ;. maux cm-i <firc douloureux à la vérité , comme• da.n* !*.f'•*

, , , , . 1. . miete vie .

nous 1 avons déjà dit 5 mais qui

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86 COMMENT. D"HIéR.OCIèS La venu peuvent recevoir des mains de la £?£,£« .vertu de l'ornement & de l'éclat. & de réciat En effet une vie tempérante &r réglée ce«eTie.xdc donne du luftre à la pauvreté ; la

prudence relevé la baûeûe de l'ori­gine ; la perte des enfans eft adou­cie par une jufte foumiffion qui peut faire dire , Mon fils eji mort : & bien , jt lai rendu : ou , je favois

Maux illuf- que je Favois engendré mortel. De ttes pat la * „ , " , vertu, dignes même, tous les autres maux étant tfenvie. illuftrés par la préfence de la ver-

. tu , deviennent brillants, & même dignes d'envie. Cherchons préfen-

_ „ . ft tement ce que c'eft dans ces Vers , Ce que ce» T * que <a divim que la divine fortune, par laquelle «s"veVs'Uns ^es n o m m e s tombent dans les maux

extérieurs ; car fi Dieu donnoit préalablement, & de lui-même, à l'un les richeflTes , de à l'autre la pauvreté , il faudroit appeller cela volontî divine, & non pas fortune : & fi rien ne préfide à ces partages \ mais que ces maux arrivent à l'a­venture & au hafard , &" que l'un foit heureux , comme on parle , & l'autre malheureux, il faut appeller cela , fortune feulement , & noo pas fortune divine.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. %J

Que fi Dieu , qui a foin de nous , diftribue à chacun ce qu'il mérite t

& qu'il ne (bit pas la caufe de ce que nous fommes méchans , mais feu­lement le maître de rendre à cha­cun félon fes œuvres, en fuivant les loix facrées de la juftice, c'eff avec raifon que le Poê'te a appelle ta divine fcp-divint fortune , la manifeftation de qUu°eia

nman£ de fes jugemcns. En ce que celui «fatiou d« qui juge eft un être divin & plein rS '"1* d'intelligence , d'abord le Poète plein du Dieu qui déploie ce ju­gement , a mis l'épithete divine, la première ; & en ce que ceux que Dieu juge, fe font corrompus par leur propre* volonté, & par leur choix , & fe font rendus par là di­gnes de ces châtimens , il a ajouté a l'épithete le fubftantif fortune y

parce qu'il n'arrive point a Dieu de châtier ou de récompenfer préa­lablement les hommes, mais de les traiter félon ce qu'ils font , après qu'ils font deveniïs tels, &r qu'ils en font eux-mêmes la caufe. Ce mélange donc &r cet alliage de notre volonté, & de fon jugement x

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$8 COMMENT rrHiEft.oci.ls-

c'eft ce qui produit ce qu'il appelle* fortune •> de forte que le tout enfem-ble, divine fortune, n'eft autre chofe que le jugement que Dieu déploie contre les pécheurs. Et de cette ma­nière l'union ingénieufe Se artifi­cielle de ces deux mots, aflemble le foin de Dieu qui préfide, & la liberté Se le pur mouvement de l'ame qui choifit ; & elle fait voie que ces maux n'arrivent, ni abfo-lument par la deftinée Se par les • ordres de la providence, ni à l'a­venture & au hafard ; Se que ce n'eft pas notre volonté feule qui di£ pofe du total de notre vie-, mais que tous les péchés que notos commet­tons dans ce qui dépend de nous , font attribués à notre volonté ; Se tous les châtimens qui fuivent ces péchés félon les Ioix de la juftice , font rapportés à la deftinée j Se que

citn donne j e s D j e n s que Dieu donne préala-aax hommes. ~l r r «tes biens blement, Se lans que nous les ayon» pliable- mérités, fe rapportent à la provi­ens Qu'ils dence. Car rien de tout ce qui Ihés!"" mé exifte n'attribue fa caufe au hafard.

Ce mot de hafard ne peut jamais convenir ni s'ajufter avec les pre-

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SUR LES VERS DE PYTHàG. 8<J

mieres eaufes dans aucune des cho-fes qui arrivent , à moins qu'elles n'arrivent par accident , & par la rencontre & l'union de la provi­dence ou de la deftiuée , & de la volonté qui a précédé. Par exem­ple , un Juge veut punir un meur­trier , & ne veut pas punir nommé­ment un tel homme ; cependant il punit cet homme qu'il ne vouloit pas punir , lorfque ce malheureux s'eft mis volontairement dans le rang des meurtriers. La fentence rendue par ce juge contre le meurtrier, eft une fentence antécédente & préalable, &c celle qui eft rendue contre cet homme eft par accident, parce qu'il a pris volontairement le perfonna-ge du meurtrier. Et au contraire ce méchant homme vouloit commet­tre ce meurtre, mais il ne vouloit pas en être puni. Cette difpofition meurtrière eft antécédente en lu i , comme dépendant de fa volonté, & c'eft par accident qu'il fubit les tortures & les fupplices que mérite ce meurtre. Et la caufe de toutes ces chofes , c'eft la loi qui a donné au Juge la volonté de punir les

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5)6 COMMENT. D'HIéROCLèS

méchans , & qui fait tomber la fentence de mort fur la tête de ce­lui qui a commis le meurtre. Penfe la même chofe de l'eflence divine. La volonté de l'homme voulant

• dt DUu. commettre le mal ; & la volonté * des Juges, confervateurs des Loix , voulant à toute force le punir èc le réprimer , la rencontre de ces deux volontés produit la divine for­tune , par laquelle celui qui eft cou­pable de tels ou tels crimes , eft digne de telles ou telles punitions. Le choix du mal ne doit être im­puté qu'à la volonté feule de celui qui eft jugé , & la peine qui fuit la qualité du crime, n'eft que le fruit de la fcience des Juges qui veillent au maintien des Loix &: de la juftice; & ce qui concilie & mé­nage la rencontre de ces deux cho-fes, c'eft la Loi qui veut que tout foit bon autant qu'il eft poffible, &c

loi divine *îu ^ n ' y a*£ " e n ^ e mauvais. Cette p'réexiftante Loi préexiftant dans la bonté infi-dam uijonté m e £ç Di e u n e fouffrc pas que les infime de , , _ .' . . r 71 Disu. mechans loient impunis, de peur

que le mal venant à s'enraciner ne porte enfin les hommes à une en-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. <>r

tiere infénfibilité pour le bien, à un entier oubli du bien , dont la feule juftice de ceux qui veillent à la cônfervation des loix, nous ra­fraîchit nécefTairement la mémoire, & nous conferve le fentiment. La L* iufti« * Loi donc unit & affèmble les deux ; fraîchît"""" ceux qui doivent juger, & ceux qui m(moi , t;{£

. . * A . ', ° . \ nous coniet-

doivent être juges , pour tirer des »e i-. fcmi-uns & des autres le bien qui lui eft ment de u

y-> >-i n. i n vertu. propre. Car s il eft plus avantageux & plus utile d être puni que de ne l'être pas, &r fi la juftice ne tend qu'à réprimer le débordement des vices, il eft évident que c'eft pour aider & pour être aidée que la Loi unit ces deux genres , en prépofant celui qui juge, comme le confer-vateur de la Loi, & en lui livrant comme violateur de la Loi, celui qui commet les crimes, & qui doit être jugé , pour le traiter félon fon mérite ; afin que par les peines &: les fupplices il foit porte à pen-fer à la Lo i , & à s'en rappeller le fouvenir. En effet celui que les hom- vérf_ mes maudifTent & renient dans le t^'c/même mal qu ' i ls f o n t , ils le confeflent Dieu '".e

„ , , . 1 ' , , , , - . nous teuton*

oc 1 invoquent dans le mal quilseaiairamie

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5>i COMMENT. D'HIéROGLES

mat.nousie foufFrent. Par exemple, celui qui ?or"S°cc fait une injuftice , veut qu'il n'y ait mai nous ar- point de Dieu , pour ne pas voir I,vc' toujours pendre fur fa tête la puni^-

tion , comme le rocher de Tanta­le. Et celui qui fouffre cette injuf­tice , veut qu'il y ait un Dieu, pour avoir le fecours néceflaire contre les maux qu'on lui fait. Voilà pour­quoi les injuftes, qui font fbuffrir les autres, doivent être réduits à fouffrir à leur tour , afin que ce qu'ils n'ont pas vu en commettant l'injuftice , ennivrés du défir des richefles, ils le voyent &r l'appren­nent en fouffrant eux-mêmes, in-ftruits & corriges par la douleur que caufent les pertes , s'ils font leur profit de ce châtiment. Que fi par une obftination de leur volon­té dans le. mal ils deviennent en­core plus médians , il peut bien fe faire que le châtiment leur fera inutile à eux-mêmes; mais ils de­viennent un exemple trës-inftruâif pour les fages, & pour ceux qui peuvent fentir & connoître les cau-fes de tous ces maux. Les principa-

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SUR-LES VtRS DE PYTHAG. 9$

les caufes de ce jugement font la tadioite rat-bonté de Dieu , & la Loi qu'il a ^'. ;» «Jta fravée au dedans de nous, c'eft-à- gravèeaude-

i.re la droite raifon , qui eft com- da»»de'">u». me un Dieu habitant en nous, 8c qui eft tous les jours blefl'ée & of-fenfce par nos crimes ; &: la fin de ce jugement , ce font toutes les douleurs, comme dit ce Poëte, qui rendent notre vie plus pénible, & plus laborieufe , foit par les peines corporelles , ou par les afflictions extérieures : fupplices que ces Vers nous ordonnent de fupporter avec douceur , en nous remettant devant les yeux , leurs caufes, en retran­chant ce qu'ils paroifTent avoir de plus nuifible , & en tâchant de les faire tourner à notre utilité. Sur- Vout -<,„. tout ils nous exhortent de nousVOD! «lie rendre dignes des biens divins parla noîre'utiUtÉ fublimité de la vertu. Que s'il fe l " raav* d» trouve des gens qui ne foient çascc"cvlc* capables de former même ce déur j

u'au moins par la médiocrité de c'en à-dire , a vertu , ils afpirent aux biens po- »ux.bi*n*,de

htiques : car voila pourquoi on rioùs ordonne ici de fupporter avec

!

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9 4 COMMEKT. D'HIÉROCLIS

douceur les douleurs, & de tâcher de les guérir.

Or quelle autre voie de guérifon y a-t-il que les recettes qu'on a

couleur rai- déjà données, & qui montrent la àoiïîm <*a- douleur raifonnable que nous doi-ftr tesîfflic-vent caufer nos peines & nos af-{°"l\zàï,°~- fliâîons, & la méthode qu'il faut l t"',[ t l ' l t .& fuivre pour les guérir ? La princi­

pes. p a j e j g c e s r e c e t £ e s ^ c>efa qU e j ) j e u

comme Légiflateur & Juge, ordon­ne le bien , & défend le mal ; c'eft pourquoi iln'eft nullement la caufe des maux : mais ceux qui ont env braffé le vice par un mouvement volontaire, & tout libre, & qui ont mis en oubli la droite railon qui étoit en eux, il les punit com­me médians, félon la Loi qui con­damne le mal ; & il les punit com­me hommes , par la rencontre for­tuite de la Loi avec leur volonté corrompue, rencontre que nous ap-pellons/ôr/K/ze, comme nous l'avons déjà expliqué; car la Loi ne punit

Eas Amplement l'homme comme omme, mais elle le punit comme

méchant; & de ce qu'il eft deve­nu te l , fa propre volonté en efl. la

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SUR LES VERS DE PYTHAG. J J

première caufe. Après donc qu'il eft devenu pécheur, ce qui vient uni­quement de nous, & non pas de Dieu , alors il reçoit le châtiment dû àfes crimes, ce qui vient de la Loi divine , & non pas de nous; car le feul but de la Loi, qui foit di- "«tde'atoi, gne de Dieu, & utile pour nous, me temps di-c'eft de détruire le vice, & de le g,e*5uicu* purger par tous les chatimens de la îhomme. juftice, & de réduire par ce moyen l 'ame, qui s'eft précipitée dans le mal , à rappeller la droite raifon. La Loi étant donc telle , & parlant toujours de même, comme chacun a commis différentes œuvres , il ne reçoit pas toujours le même falai-re ; car cela ne feroit ni jufte ni utile pour nous. La différence des Car pour ao, jugemens vient du différent état du «eutilité, a coupable ; en effet comment traiter £" ^ r a ­de même un homme qui n'eft paspea^ qui»>d lé même ? Il faut donc fupporter dou- £p„m q'u

cannî

cernent la divine fortune, & ne point »' &" nul-fe fâcher d'être puni, & purgé au­tant qu'il dépend du jugement di­vin , par les douleurs & les peines qui paroiffent traverfer la douceur

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9*> COMMENT. D'HIéROCLIS

& la tranquillité de cette vie. Cette réflexion, ce fentiment,, devient la guérifon des péchés déjà commis , & produit le retour à la droite raifon qui eft en nous. En effet ce­lui qui eft convaincu que les maux font le fruit du péché., ne fuira-t-il point la caufe qui l'y précipite; &C îi nous devons nous fâcher dans nos afflictions , c'eft contre nous-mêmes , plutôt que contre Dieu qui ne travaille qu'à couper & qu'à retrancher nos vices par tous les inftrumens de la juftice qui peu­vent nous faire comprendre , &c nous faire reflbu venir quel grand bien c'eft que de ne pas s'éloigner des loix divines , & de ne pas fc corrompre & fe perdre par fa pro-

LM afflîc- pre volonté; car les affligions ne tions ne font p a s diftribuées aux hommes viennent pas , „ r du hafard. a 1 aventure & au halard, s il y a

» un Dieu , &c s'il y a des loix fixes qui nous règlent , & qui amènent fur chacun le fort <jui lui eft dû.

Voila pourquoi il eft très-raifon-nabie, comme il eft dit ici, que la dejlinée n'envoyé pas la plus grande

portion

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STJIL XES VERS DE PYTHAG. $f portion de ces malheurs aux gens de Comment il bien ; car premièrement les gens de t pxJpà«de bien fupportent doucement ces maux «s maux par leur entier acquiefcement au J)/s"ux"eM jugement de Dieu, & dans la vue de uen. de la vertu qu'ils acquièrent par là, ce qui adoucit toutes les amer­tumes de cette vie. Ils ont encore la ferme efpérance que ces maux ne troubleront plus leurs jours , puifqu'il eft certain que les biens divins font réfervés pour les par­faits , qui ont atteint la fublimité de la vertu ; 8c que les biens hu­mains font pour ceux qui ont ac-3uis l'habitude moyenne, c'eft-à-ire la vertu dans la médiocrité. D'ailleurs ils guériront ces maux,

autant qu'il leur fera poflib^, en les fupportant doucement , & en apprenait de cette patience la mé­thode fûre pour les guérir. Car com­ment fe peut-il qu'on fe ferve des > faintes fupplications, & des faints facrifices d'une manière digne de Dieu, quand on eft perluadé que ni la providence ni la juftice ne veillent aux affaires des hommes,

Tome II. E

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98 COMMENT. D'HIEROCLIS Kiet la pro- g^ qU'on ofe nier que notre ame i'ùm«ede * fo" immortelle , & qu'elle reçoive Dieu, c'eft p 0 u r fon partaee ces maux exté-it la Rcii- rieurs, lelon qu elle s en eft rendue gioa. digne par les mouvemens de fa

volonté. Celui qui ne rapporte pas à ces caufes le fort de cette vie

Celui qui ne préfente , d'où tirera-t-il les moyens fonP(°«c a & de le fupporter doucement, & l'art véritable de le corriger & de le guérir? on caufc, eft p - 1 J- -i fans confo- ne lauroit le dire ; car il ne tirera Utiou. jamais de là l'acquiefcemeqt à ces

maux, comme à des chofes indif-tevie fou- férentes, & fouvent même meiL-îeuTs "oui' ^ e u r e s *lue * e u r s contraires , puif-nmis que'ies qu'étant douloureufes & pénibles, bkw' elles lui paroiflent toujours par el­

les - mêmes dignes de toute fon averljjp -, en effet notre nature n'em-braflTe pas ces fortes de chofes com­me éligibles & défirables par elles-mêmes , à moins qu'en les fuppor • tant elle n'en attende quelque bien. Et en cet état qu'arrive-t-il? il ar­rive qu'on fe tache , qu'on fe ré­volte contre fon fort , qu'on aug­mente fes maux par l'ignorance où l'on eft de fa propre nature , &

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SUR LES VERS DE PYTHAG." 99

qu'on n'en eft pas moins puni. Et l'excès du vice vient de cette opi­nion , que le monde n'eft point gou­verné par la providence, ou qu'il en eft mal gouverné ; car c'eft dire, ou qu'il n'y a point de Dieu , ou s'il y en a un, qu'il n'a pas foin de ce monde ; ou s'il en a foin , qu'il eft méchant & injufte : opi­nion qui renferme toutes les injuf-tices enfemble , & qui précipite dans toutes fortes de crimes ceux qui en font prévenus ; en effet corn- £* S[ 'ut™

e" me la piété eft la mère de toutes les i« vertus ;* vertus , l'impiété eft la mcre de ^"jj' tôu» tous les vices. Celui-là donc trou- le* vices, vera feul le remède à tous fes maux»

3ui aura appris à les fupporter avec ouceur 8c patience : Se cela ne

peut venir que de la Philofophie feule qui enfeigne exactement , quelle eft la nature de • tous les êtres, & quelles font les opérations conformes à leur nature : opérations dont l'enchaînement &c la liaifon font le gouvernement de cet uni­vers , par lequel la divine fortune eft diftribuée à chacun : & la part

Eij •

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lI0o COMMENT. D'HIéROCLèS

échue à chacun félon fon mérite ; e'eft ce qu'on appelle ici fort ou défi née, qui dépend de la provi^ dence de Dieu , de l'arrangement & de l'ordre de cet univers, <k de

ta volonté la volonté de l'homme. Car s'il n'y 1eJu°Zl avoit point de providence , il n'y providence, auroit point d'ordre dans le monde, î.-iivaprou. & c'cft cet ordre qu'on peut appel, v«. k r la deftinée. S'il n'y avoit ni

providence ni ordre, il n'y auroic ni jugement ni juftice; il n'y auroit même ni récompenfes ni honneurs pour les gens de bien. Mais y ayant une providence & un ordre cer­tain , il faudrait que tous les honir mes qui naiffent dans ce monde euflent tous les mêmes biens en par­tage , s'ils ne contribuoient de leur part à ce qui fait l'inégalité. Or on voit bien manifeftement qu'ils ne font pas tous également parta-

f és, & par conféquent il eft vifi-le que l'inégalité de leurs volon­

tés étant foumife au jugement de la providence , ne fouffre pas qu'ils ayent tous le même partage , Iç

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SUR LéS VERS DF PYTHàG. io ï

même fort , puifque ce fort doit être néceflairement proportionné au mérite.

Au-refte fi nous voyons la même Hi&octtire-. i | , , , ' i 1 • fuie ici ceux inégalité régner tant dans les ani- <,Uj re t„. maux , dans les plantes , & dans les vo!ent &cc

i <• • . >' î i qui arr ive choies inanimées , que dans les aUx aui-hommes. que cela ne vous trouble "?aux' *a u x

' i- , . plantes pour point : car comme de ce que le meriaprovi-hafard domine fur toutes ces cho- dcDCC- v- ' " r r • c • » i>u remarques. les li intérieures a 1 homme, on ne doit pas tirer de là cette confé-quence , que la providence ne veil­le pas fur nous ; il ne faut pas non plus, de ce que tout ce qui nous regarde eft exactement réglé &c CompafTé , en conclure que la jus­tice & le jugement que Dieu dé­ploie fur toutes ces chofes infé­rieures , eft auffi en elles une mar­que &r une fuite de leur vice ou dé leur vertu. Car premièrement les chofes purement inanimées font comme la matière commune aux animaux & aux plantes , & de plus les plantes fervent de nourriture aux hommes & aux animaux, & une partie des animaux eft deftinée

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ioz COMMENT. D'HIéROCLIS

à nourrir les animaux & les hom­mes ; c'eft pourquoi il eft évident que cela ne fe fait par aucun rap­port à ce que les uns & les autres ont mérité, parce qu'ils cherchent à affbuvir leur faim , ou à guérir leurs maladies, en un mot , à fub-venir à leurs néceffités comme ils peuvent : de forte que la fource diî malheur pour les animaux, ce font nos befoins, auxquels ils fournif-fent -, & au contraire la caufe de ce qu'on appelle le bonheur , c'eft l'affection dont nous nous laiffbns quelquefois prévenir pour eux.

Qu'il n'y a Que fi en pouffant plus loin les au-dcuiii de i • « • ' ' r - >-i nous aucun objections, on nous oppoioit qu il y être qui fe a au-deffus de nous des êtres qui iecire de - *-nous, com- le iervent de nous pour appaiier me nous leur faim, comme nous nous fer-nous fervons , . . . . , - , . des animaux, vons des animaux, il faudrait en v*les rcmac' même-temps avouer que ces êtres

feraient mortels, & faire voir que les corps des hommes feraient def-tinés à leur fervir de pâture : mais il n'y a au-deffus de l'homme au­cun être mortel , puifqu'étant lui-même le dernier des êtres raifon-

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&VK LES VERS DE PYTHAG. 10}

nables, & par là immortel, il vient par néceffité dans un corps mortel, & que prenant un infiniment qui eft de même nature que les ani­maux , il vit fur la terre : il ne peut donc y avoir audefïùs de nous d'ê­tre qui fe ferve de notre miférable corps pour afîbuvir fa faim, ni qui en abufe en aucune manière contre l'ordre, par l'envie de fè remplir. Les bornes du pouvoir que la juf- ^lie"" f"" tice &r l'ordre donnent fur nous aux n'om que le êtres fupérieurs , c'eft de faire pour nous&[icddu nous tout ce qui peut diminuer nos Wen. vices en cette vie , & nous rappel-ler à eux ; car ils ont foin de nous comme de leurs parens , quand nous venons à tomber. De là vient qu'on dit avec raifon que la pu­deur, la punition, Se la honte qui détournent du m a l , n'en détour­nent , &: ne convertirent que les homme feuls ; en effet l'animal rai-fonnable eft le feul qui fente la juf-tice. Puifqu'il y a donc une aufïï grande différence de nous aux ani­maux fans raifon , il doit y en

Eiv

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104 COMMENT. D'HIERoctls

avoir une- auflî grande de notre manière de vivre à la leur ; car la Loi de la Providence eft propor-tionnnée à la nature de toutes cho-fes , & chacune à l'honnneur d'y avoir part à proportion de ce qu'elle eft, & de ce que Dieu l'a faite. Pour ce qui eft des âmes des hommes, il paroît que c'eft Dieu lui-même qui les a créées, & que les êtres

me erreur fans raifon , il les a laiflc faire à kTrimar- l'a. nature feule qui tes a formés y ues. & c'cft le fentiment de Platon &

de Timée le Pythagoricien , qui té-noient qu'aucun être mortel n'étoit digne de ibrtir des mains de Dieu même, & que les âmes des hom­mes étoient toutes tirées du même tonneau , que les Dieux du monde, lès Démons & les Héros ; c'eft pour­quoi la providence s'étend fur tous les hommes, & fur chacun en par­ticulier. Leur éloignement de leur véritable patrie, leur penchant vers les chofes d'ici bas, leur vie poli­cée dans cette terre d'exil, 8c leur retour au lieu de leur origine, tout'

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sus. LES VERS DE PYTHAG. iof

cela eft réglé par la providence, qui ne devoit pas avoir les mêmes foins de ce qui n'a qu'une vie anima­le ; parce que ce qui n'eft qu'animal n'eft point defcendu ici pour n'a­voir pu fuivre Dieu, il eft incapa­ble d'obferver une police fur la terre, comme n'étant point une plante célefte, & il n'eft pas d'une nature à être ramené à aucun être Erreur v. le* qui lui foit conforme. Voila qui Rem"*»", iuffit pour le préfent contre ceux qui fe plaignent, & qui fe fâchent inceflamment des accidens qui arri­vent dans cette v ie , & qui nient la providence de tout leur pou­voir; mais il eft jufte de leur dire encore, que de fupporter douce- Fruîts <& i* ment les chofes fâcheufes , non-Patieace" feulement cela s'accorde parfaite­ment avec la raifon , mais aufli qu'il les adoucit pour le préfent, & les guérit entièrement pour l'a­venir. Et vous, malheureux, qui vous fâchez & qui vous empor­tez, que gagnez-vous par vos em-portemens , que d'ajouter à vos douleurs le plus grand de tous les

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io6 • COMMENT. D'HiÉRocLis

maux qui eft l'impiété , & de les aggraver par cette penfée , que vous ne les méritiez pas > car le malade qui fe fâche de fon état , ne fait qu'augmenter fa maladie; c'eft pourquoi il ne faut pas nous fâcher de cette diftribution , fous prétexte qu'elle n'eft pas jufte, de

Eeur que par cette révolte pleine de lafphêmes nous n'empirions notre

condition. Prenons encore la chofe par cet

autre côté. Si quelqu'un ayant reçu la pauvreté pour fon partage, la fupporte avec douceur, outre que cette douceur le rend inacceffible au chagrin & à la triftefle, il trou­ve encore par ce moyen quelque confolation & quelque adoucif-fement ; car d'un côté fon bon ef-prit n'étant point bouleverfé & confondu par l'affliction , lui fait trouver les moyens de gagner hon­nêtement fa vie ; & de l'autre côté fes voifins frappés d'admiration pour fa patience li pleine de raifon &: de fagefle , contribuent tout ce qu'ils peuvent pour le foulager.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. ïOJ

Mais celui qui fe fâche & qui s'ir­rite , comme les femmes les plus foibles, en premier lieu il ajoute volontairement & de fon bon gré la trifteffe & le chagrin à fon mal ; & inceflamment colé à fa mifere & attaché à la déplorer, il devient par là incapable de fe procurer par fon travail la moindre reflburce, & fe met hors d'état d'être foulage par fes voifins, à moins que quelqu'un par compaffion ne lui jette quelque chofe comme une aumône. Mais alors la difpofition même de celui qui foulage, ne fait qu'augmenter la trifteffe & le chagrin de celui qui fe trouve dans cette extrême néceffité.

De tout ce qu'on vient de dire, il refaite qu'il Faut fupporter dou­cement les accidens de la vie; & autant que nos forces le permet- La comp­tent , tâcher de les guérir, en rap- «on de notre portant leur caufe à nos penfées cfufede'oui corrompues ; & en nous perfua- nos m»ux. dant qu'y ayant certainement une providence, iln'eftpas poffible que celui qui devient homme de bien

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io8 .COMMENT. D'HiÉROcrès" /bit négligé , quoiqu'il porte fur fon corps les marques de fes an­ciens péchés qui ont attiré fur lui la colère divine : cardes le moment qu'il acquiert la vertu , il diflipe fa douleur & fa triftefie ,'Sc il trou­ve le remède à tous fes maux, en tirant de lui-même le fecours con­tre la triftefle, & de la providen­ce , la guérifon de tous fes maux. En effet, comme nos péchés & le jugement divin qui les punit, atti­rent fur nous tous ces fléaux, il eft raifonnable auffi que notre vertu & la Loi de la providence, qui dé­livre de tous maux celui qui s'eft appliqué au bien , les retirent &c les éloignent.

Voila combien on peut tirer de ces vers mêmes de préceptes qui contribuent à former en nous les clémens de la vertu ; car ils décou­vrent les raifons très-.-véritables de la providence, de la deftinée & de notre libre arbitre : raifons par lefquclles nous avons tâché d'adou­cir dans ce difeours la douleur ,. que caufe d'ordinaire l'inégalité

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 109

apparente de tout ce qu'on voit dans cette vie , & de démontrer que Dieu n'eft point l'auteur des maux.

Que fi on joint ce que nous ve­nons de dire à ce qui a déjà été d i t , on tirera de tout ce traité une grande preuve de l'éternité Se de l'immortalité de l'ame ; car pour pratiquer la juftice, pour mourir courageufement , pour être defin-térefle, Se n'être nullement ébloui de l'éclat des richeffès , ou a befoin d'être perfuadé que l'ame ne meurt point avec le corps. Et pour fup-porter avec douceur la divine for­tune , & pour pouvoir la corriger & la guérir , il paroit néceflaire que l'ame ne foit pas née avec le corps. Et de ces deux chofes d e ^ j , * ^ * Féternité de l'ame & de fon im- n«cefraire,« mortalité, on tire cette démonf- ^ u°' j£ tration, que l'ame eft fupérieure à remarques. la naiflance & à la mort , qu'elle eft plus excellente que le corps , Se qu'elle eft d'une autre nature, étant par elle-même de toute éternité ; car il n'eft nullement poflible x ni

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i io COMMENT. D'HIéROCIIS

«ne le peut que ce qui eft né depuis un certain parlui-me- * • / ! . . • me, mais il temps , exilte toujours , ni que ce le peut par a qUi n ' a jamais commencé, périfle ; volonté de * ' r, • r > r < « Dieu. v. les par coniequent , puiiqu après la emar . mort du corps l'ame exifte encore,

qu'elle eft jugée , & qu'elle reçoit la punition ou la récompenfe de la vie qu'elle a menée > & qu'il eft impoffible que ce qui a commencé dans le temps fubfifte toujours, il eft évident que l'ame eft de toute éternité avant le corps : par-là il fe trouve que l'ame eft un de ces

Sa reflem- ouvrages éternels de Dieu qui l'a bUnce avec créée ; & de là vient la reflemblan-™s

eT foenm ce qu'elle a avec fon Créateur. Mais

éternité, comme nous en avons déjà fuffi-«âcesdqû"ei.famment parlé, il eft temps d'exa-£ a reçues, miner h. fuite.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. m

VIRS X X I I X X I I I & X X I V .

/ / fe fait parmi les hommes plufîeurs fortes de raifonnemens bons & mau­vais.

Ne les admire point légèrement, & ne les rejette pas non plus :

Mais fi Von avance des fauffttès, cède doucement, & arme-toi de patience.

.LA volonté de l'homme ne per- DW aiff-liftant pas toujours dans la vertu ni {"'s l"^ dans le vice, produit ces deux for- nemens des tes de difcours ou de raifonne-hommes' mens 3 qui tiennent de ces deux états, Se qui portent les marques de ces deux difpofitions contraires, où il fe trouve fucceffivement. De là vient que de ces raifonnemens, les uns font vrais, & les autres font faux ; les uns bons, les autres mau­vais : & cette différence demande de notre part un difeernement juf-te, qui eft le fruit de la fcknce , afin que nous choififlions les bons , & que nous rejettions les mauvais > & encore afin que nous ne tom­bions pas dans la mifologie, ou la

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t u COMMENT. D'Hiikôciès haine des raifonnemens, parce qu'fl y en a de mauvais que nous con­damnons ; & que nous ne les re­cevions pas auffi tous fans diftinc-tion , fous prétexte qu'il y en a de bons que nous recevons. Car par la haine des raifonnemens en géné­rai, nous nous privons nous-mêmes, de ceux qui font bons; & par un entêtement fans diftin&ion , nous nous expofons à être blefles par les mauvais , fans que nous y prenions garde. Apprenons donc à aimer les raifonnemens , mais avec un dif-cernement jufte, afin que l'amour que nous aurons pour eux , les fafle naître, & que notre difeerne-ment nous fafle rejetter ceux qui feront mauvais. De cette manière nous accomplirons le précepte de Pythagore ; nous n'admirerons point les raifonnemens qui font mau­vais , & nous ne les recevrons point fans examen , fous prétexte que ce font des raifonnemens '; & nous ne nous priverons pas non plus de ceux qui font bons, fous prétexte que ce font des raifonnemens tout

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Sun: LES V E R S DE P Y ï H A G . r i f

comme les mauvais. Car première­ment , ni ces derniers ne doivent être recherchés comme raifonnemens, mais c o m m e vrais; ni les autres ne doivent être rejettes non plus com­me raifonnemens, mais comme faux. En fécond lieu nous pouvons Lesraif(jnfl^ dire h a r d i m e n t , qu'il n'y a que les mens vrai», raifonnemens vrais qui foientdes rai- ^'ifîj"1!: fonnemens ; car ils font tes fêuïsqni ce nom. confervent la dignité de leflence raifonnable ; ils font les produc­tions de I'ame qui*eft foumifè à ce qu'il y a de très-bon, & qui a recouvré tout fon éclat & tout fon hiftre r au-lieu que les raifonne­mens faux ne font pas même effec­tivement des raifonnemens ; puifque portant au vice & à la faufleté ou à l'erreur , ils ont renoncé à leur dignité & à leur noblelïë, 8c ne r ° j • j . Fan* râi-lont proprement que des cris d une fonnemens ame deftituée de raifon , & que fes w foi?t <tu<r

paffions aveuglent & confondent. a« Sois de Ne les reçois donc pas tous, dit le ''ame infcn" r> . . J r » . fée 8c cot-

Poete , de peur que tu nen reçoi-toropue. ves auflî de mauvais , & ne les re­jette pas tous non plus, de peur que

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Modération te douceur qu'il faut garder dans les difputcs.

ï i 4 COMMENT. D'HIéROCIIS

tu n'en rejettes de bons ; car il eft éga­lement abfurde & indigne de l'hom­me de haïr & de rejetter les bons v raifonnemens, à caufe des mauvais, & d'aimer & recevoir les mauvais, à caufe des bons. 11 faut donc louer les bons, & après les avoir reçus, les méditer, & chercher jufqu'où ils pouffent la vérité qu'ils démon­trent : pour les mauvais, il faut déployer contre eux toutes les for­ces que la feience de la Logique peut fournir pour difcefner la vé­rité & le menfonge. Et quand nous fommes en état de confondre la faufleté & l'erreur, il ne faut le faire ni avec véhémence, ni avec infulte, ni avec des airs méprifans: mais il faut démêler la vérité , & réfuter le menfonge avec des repon-fes pleines de douceur. Et com­me dit le Vers , Si l'on avance des faujjetês, cède doucement ; non pas en accordant ce qui eft faux , mais en l'écoutant fans emportement & fans aigreur ; car ce mot, cède dou­cement , ne marque pas qu'il faille accorder ce qui eft faux , (te y don-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I I 5

ner fon confentement ; mais il ex­horte à lécouter avec patience , & fans s'étonner qu'il y ait des hommes qui fe privent malheureu-fement de la vérité ; car l'homme eft naturellement fécond en opi- L-bomme

nions étranges & erronées, quand produit na-il ne fuit pas les notions communes £""££££;, félon la droite raifon. Ce n'eft donc étranges & pas , dit ce Vers , une chofe bienettonée* furprenante & bien merveilleufe

3u'un homme qui n'a jamais appris es autres la vérité, & qui ne l'a

pas trouvée de lui-même , tombe dans la démence & dans Torgueil, &c avance des opinions contraires à la vérité. Au contraire, ce fe- Car poar fa. roit un miracle très-furprenant, firok.iin'ya n'ayant jamais voulu rien appren- moyens ,ap-dre , ni rien chercher , il rencon- prendre de»

r • t 1 • 1 autres , ou troit fortuitement la vente , eom- troUver de me quelque Dieu qui lui apparoî- foi-mèmejSt

. ' * ,, l , „ r r pourtrou-troit tout d un coup, de même que «t , il faut dans les tragédies. Il faut donccherch"' écouter avec quelque forte de corn- ^""Jn'ine

paffion & d'indulgence ceux qtii a induigen-avancent des faufletés, &r apprendre j°anc"t

qàe'* par cette expérience de quels maux faunes

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I l 6 COMMENT. D'HIéROCIIS

lions nous fommes délivrés, nou£ qui étant de même nature que ces? malheureux, & par conféqtient fu-jets aux mêmes paffions & aux mêmes foibleffes , avons heureufe-ment pris pour contrepoifon la. fcience, qui a guéri cette infirmité. Et ce qui contribue le plus à nous donner cette douceur néceflairc dans les difputes, c'eft la confiance qui fe trouve dans la fcience ; car

ït par con- une ame bien préparée & bien dref-g 'û ne1 ai" fée à combattre contre les renverfe-vient ordi- mens de la vérité , fupportera les ÔÛcT/'dé- fauflfes opinions fans émotion & fiance & de fans trouble, comme ayant prémé-

dite tout ce qui peut être avance in s'inrttui- contre la vérité, en s'inftruifant de faut de l a v é - • / • / A *~\ > rL J ^'

rite, on aP- la vente-même. Qu elt-ce donc qui prend à ré- pourra troubler un homme fi bien futer tout ce . n , n • i •

qui u com- înftruit ? q u eft-ce q u i p o u r r a lui p a -bac- roître inextricable & indifloluble î

Toutes les difficultés qu'on lui op-pofera ne ferviront .au contraire, s'il eft véritablement fort, qu'à lui fournir les idées qui ont déjà fou-vent triomphé de tout ce qui eft faux. Ce n'eft donc point de la

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SPR LES V E R S DE PYTHAG. I i-f

feule vertu morale que l'homme favant t irera la tranquillité & fa fermeté ; ce fera auflî de la confiance

3u'il a en Ces forces pour ces fortes e combats. Voilà ce qu'on peut dire

fur le jufte difcernement des rai-fonnemens , qui eft le fruit de la icience ; & pour ce qui concer­ne l'habitude que l'homme favant doit acquérir de ne fe laifler jamais tromper en quoi que ce puifle être , le Poè'te ajoute immédiatement ce qui fuit.

VERS X X V , XXVI, &ç XXVII,

Ohferve bien en toute occafion ce que je vais te dire :

Que ptrfonne, ni par fes paroles, ni par j\s actions ne te féduife jamais,

Et ne te porte à faire ou à dire ce qui nejl pas utile pour toi.

V^E pécepte s'étend fur tout, fk il fignitie la même chofe que celui qu'il a déjà donné dans l'onziemç & le douzième Vers ;

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n 8 COMMENT. D'HIéROCLIS

Ne commets jamais aucune action honttufe , ni avec les autres , ni en ton particuli:r, & refpecie toi fur tout toi-même \ car celui qui a appris à fe refpecter foi-même, & qui ni feul ni avec les autres, n'oferoit com­mettre la moindre action honteu-fe , mais qui en éloigne de lui la penfée même, à càufe de la raifort qu'il a au dedans de lui , & à la­quelle il s'eft donné en garde , ce­lui là feul eft en état d'obéir à ce précepte , Que perfonne , ni par fes paroles , ni par fes actions ne te fédui-

contiTiiien fi- En effet celui-là feul eft incapable u. dignité eft de fe laifler tromper & féduire , d-a'refiduit. qui connoiflant fa noblefle & fa di­

gnité , ne fe laifle ni adoucir par des flatteries, ni intimider par des me­naces , quelques efforts que faflent pour cela fes amis ou fes ennemis ; car ce motperfonne , comprend tous les hommes quels qu'ils foient, un père, un tyran , un ami , un enne­mi. Et les différentes manières de tromperie viennent ou des paroles ou des actions; des paroles de ceux qui flattent ou qui menacent, &c

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SVK LES VERS DE PYTHAG. I 19

des actions de ceux qui offrent des préfens, ou qui étalent des peines &c des fupplices. Il faut donc avoir fon ame bien munie & bien forti­fiée par la droite raifon contre tou­tes ces chofes, afin qu'elle ne puifle jamais être ni amollie ni aflujettie par aucun de tous les accidens qui peuvent arriver du dehors, agréa­bles ou triftes. Car la droite raifon ayant établi dans l'ame la tempéran- r, „ .

7 „ , r j r j La tempérai»-ce & la rorce , comme deux gardes ce & la for-vigilans Se incorruptibles, nous con- g^dfr*-fervera en état de n'être jamais fé- in­duits ni par les attraits des chofes agréables , ni par les horreurs des chofes terribles,; & c'eft ce qui pro- ce qui pr<* duit cette exade juftice que le Poète d

uUfti(!j

cxaaQ

nous a déjà ordonné de pratiquer dans nos aclions & dans nos paro­les. Ainfi perfonne , qui que ce puifle être, ne nous perfuadera ja­mais de commettre la moindre ac­tion , ni de proférer la moindre parole qui ne s'accorde avec la droite raifon ; car fi nous nous ref-pedons fur tout nous-mêmes , il eft évident que perfonne ne nous pa-

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n o COMMENT. D'HIEROCLIS

roîtra plus refpedtable ni plus re-» -doutable que nous, pour nous por­ter à faire ou à dire ce qu'il ne faut pas : l'un Se l'autre font nui-fibles à l'ame ; & tout ce qui lui eft nuilible nous eft nuifible ; puif-

3ue l'ame, c'eft nous. C'eft pourquoi faut bien entendre =ce mot , ce qui

rieft pas utile pour toi t en rapportant ce pronom , toi, à ce que tu es v6j ritablement ; car fi tu entends bien ce précepte , Que ptrfonne ni par J"es paroles , ni par fes actions , ne te fi-duife jamais ,& ne te porte à faire ou à dire ce qui nefi pas utile pour toi, & que tu fois proprement l'ame rai-fonnable, .tu ne fouffriras jamais, Jfi tu es fage , aucune des chofes qui pourraient te blefler , toi qui es l'effènce raifonnable ; car tu es pro-

Toute cette prement l'ame. Ton corps, ce n'eft doctrine elt * . -i n. » «. • o 1 pufe du pre-pas to i , il elt a t o i ; & toutes les jnierAicibia-chofes extérieures ne font ni to i , de de Platon, . , . , n , , . , -Où elle en ad- ni a toi , c ett-a-dire a ton corps. entablement £ n djftinguant & en féparant expliquée. . r v i

ainn toutes ces natures, tu ne les confondras jamais j tu trouveras vé­ritablement ce que c'eft que l'ef-

fence

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sua. IES VBRS DE PYTHàG. u t

iènce de l'homme ; & en ne pre­nant pour elle , ni le corps , ni ce qui eft hors du corps , tu ne te mettras point en peine pour ce corps , ni pour ce qui appartient au corps, comme pour toi-même > afin que ce foin mal entendu ne _ t'entraîne point dans l'amour du corps & dans l'amour des richef-fes; car pendant que nous ignore­rons abfolument ce que nou» fom-mes , nous ignorerons auflï les cho-fes dont nous avons foin ; & nous aurons plutôt foin de toute autre chofe que de nous-mêmes , dont nous fommes cependant obligés de prendre le premier foin.

En effet fi l'ame eft ce qui fe fert du corps , fi le corps tient lieu d'inftrument à l'ame, &c fi toutes les autres chofes ont été inventées en faveur de cet inftrument, & pour foutenir fa nature , qui s'é­coule & qui dépérit, il eft évident que le principal &f le premier foin doit être pour ce qui eft le premier ordre dts & le principal; & le fécond, pour £»,« ^ a l ce qui tient le fécond rang. C'eft avoir.

Tome IL F

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n i COMMENT. D'HIéROCLES

pourquoi le fage ne négligera pas fa fanté; non qu'il donne le p r e ­mier rang au corps, &c qu'il le pren-

ce qu'on ne pour fon principal , mais pour do(erdansfc ^ t e i î ' r e n e t a t ^ e f ° U r n ' r à tCUS foi"deau C les befoins de l'ame , afin qu ' i l fanté. obéiffè à tous fes ordres fans a u -ce qu'on cun empêchement. Et enfin fon doit fe pro- troifieme foin fera pour tout ce foin des cho- q'U n eH: que le troineme y oc il gpu-f« extéiieu- yernera avec prudence & écono­

mie les chofes extérieures pour la, confervation de l'inftrument, qui eft fon corps. Son premier, ou pour mieux dire , fon unique foin fera donc pour fon ame, puifque le foin

TOUS nos qu'on a après elle des autres cho-uïïP1în«les, n'eftque pour elle, & ne tend à lame. qu'à fa confervation, Se à fon uti­

lité. Or tout ce qui eft hors de la vertu , c'eft ce que le Vers exprime ici par ces mots , ce qui nejlpas utile pour toi. Si la vertu t'eft utile., tout ce qui n'eft point vertu te fera inu­tile & pernicieux. Celui-là donc nous confeille de faire autour de nous comme un rempart , pour ^onferver les vertus, & les défea-

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SUR LES VERS DEPYTHAG. 125

dre, qui nous dit que nous ne de­vons jamais obéir à ceux qui font tous leurs efforts pour nous éloigner de la vertu , de quelques actions , ou de quelques paroles qu'ils ac­compagnent leurs perfuafions &c leurs inftanccs. Par exemple, qu'un tyran , foit qu'il faffè de grandes promeffes , ou qu'il les effectue , foit qu'il tâche de nous ébranler par des menaces, ou de nous for­cer par des fupplices : qu'une pei-fonne amie , cachant fon mauvais deflèin fous les apparences & les démonftrations de la plus tendre amitié , ne nous éloignent jamais de ce qui eft utile à l'ame. Or les feules chofes qui lui foient utiles, ce font la vérité & la vertu. Tu fe- tes rcu?« ras donc hors d'atteinte à toutes les l ^ ™ 1 ' " fraudes ,' & à toutes les trompe- fonda vérité ries , fi connoiffant ta propre effen- & vertu' ce, ce qu'elle eft, & à qui elle ref-femble, tu as toujours tout le foin poffible d'entretenir cette reffem-blance, & fi tu regardes comme le plus grand malheur qui puiflè t'ar-river, la plus grande perte que tu

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124 COMMENT. D'HIIROCIES

fsptutgran puifles fitire , tout ce qui pourra «•e perte que i'e£aCer ou l'altérer. Et il n'y a que 1 homme • » n_ -i * . * . puiffe faite, ce qui nelt pas utile pour toi qui éîreVref*' î*""6 t e fa*re Per(fre cette reflem-fembUnce blance divine. Puis donc que tout vim* *ÏM ç e 3 u ^ P e u t e n t r e t e n i r en nous cette

reflemblance , nous eft utile ; que pourra-t-on nous offrir qui foit af-

?am kmon- lez fort pour nous faire renoncer à de n'eft <ti-cet ouvrage tout diyin? Sçront-ce cnedenout '. . , fit -, , Faite reno»- les nepefles qu on promettra de ceriu tef-nous donner, ou qu'on menacera divtiie. de nous oter l mais nous avons ap­

pris de la droite raifon à les rece­voir, & jà Jes rendre. D'ailleurs pous connoiffons l'inconftance , Qc l'incertitude de tous ces biens paf-fagers. Car quoi, quand même je ne les perdrois pas d'une certaine manière, & que je les défendrois courageufement contre l'ufurpa-tion & l'injuftice, un voleur ne me les enlevena-t-il point ? ne les perdrai-je point par un naufrage ? $c quand je les garantirais des vo­leurs , &: des périls de la mer, combien d'autres voies ouvertes à JU perte des biens ? Imaginons-en

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Suk' lÉs VERS DE PYTHàG. il$

donc nous-mêmes une bien raifon-nable pour l'amour de la vertu ; c'eft de faire un échange de toutes- f«« *** iios richefles contre une pauvreté tjjre eft rai-volontaire , accompagnée de l'hoii- fonnabie. nêteté , en nous dépouillant de tous nos biens par des motifs très- juftes, & en achetant la vertu à un prix beaucoup plus haut que celui qu on nous offfe pour nous obliger d'y renoncer;

Mais on étalera à nos yeux les tortures & la mort : il eft bien aifê de répondre à ces menaces, que fi nous favoris bien nous garder nous-mêmes , ces fupplices ne tomberont point fur nous , & qu'ils ne regar­dent que notre corps. Or le corps mourant ne fôuffre rien qui foit contre la nature ; car naturelle-* ment il eft fujet à la mort, il peut être brûlé, coupé, & il eft expofé à mille gênes , & à mille tor­tures , qu'une maladie peut encore plus lui faire fouffrir qu'un tyran. Pourquoi fuyons-nous donc ce qui n'eft pas en notre pouvoir de fuir , & que ne confervons-nous plutôt

Fiij

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tz6 COMMENT. D'HI£R.OCIJS

ce qui eft en notre pouvoir de conferver ? Ce qui eft mortel, quoi que nous faffions , nous ne le garan­tirons jamais de la mort à laquelle la nature l'a condamné ; & ce qui eft immortel en nous, c'eft-à-dire, notre ame, &r nous-mêmes , nous pouvons l'orner & l'embellir par la vertu , fi nous ne nous laiûons pas effrayer, & amollir par la mort

Mort fouf- dont on nous menace. Que fi nous unTCe la fouffrons pour une bonne caufè, cajfeeftécia-aiors n o u s ornerons, & nous illuf-tte. trerons la neceflite de la nature

par la fermeté , &: la droiture de notre volonté & de notre choix. Voila les plus grandes choies qu'un homme puifle préfenterà un autre, pour le îeduire & pour l'effrayer : mais ce qui eft au dedans de nous, eft libre , &r ne fe laiffe jamais af-fujettir par perfbnne, fi nous ne le voulons, & à moins que par un amour déréglé pour le corps, & pour les chofes extérieures, nous ne trahif-fions & n'engagions notre liberté, en vendant les biens de l'ame pour le vil prix d'une vie momentanée,

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SUR Ï.ES VERS DE PYTHAG. 127

&• de quelques biens qui doivent certainement périr. Ce précepte nous exhorte donc à faire en toutes rencontres les chofes qui peuvent feules aflurer en nous la vertu , & la fceller de manière, qu'elle ne puifTe nous être ravie, ni par la violence, ni par la fraude. Paflbns préfentement aux autres préceptes, qui ont une liaifon fenGble avec le précepte précédent.

V E R S X X V I I I X.X.IX X X X .

Confulte & délibère avant que d'agir , afin que tu ne faffes pas des actions folles ;

Car cefl d'un mifêrable de parler , & d'agir fans raifon , &fans réflexion :

Mais fus tout ce qui dans la fuite ne t'affligera point , & ne t'obligera point à le repentir.

I iA confultation fagc & prudente confuitation produit les vertus, les perfectionne ^c

tefmperr""

& les conferve ; de forte qu'elle eft nourrice, & la mère, la nourrice & la garde ^"^,.d" des vertus : car lorfque nous coiv

F iv

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ï i 8 COMMENT. D'HIéROCLES

fui tons tranquillement en nous-mêmes quelle vie nous devons fui-vre, la vertu fe fait choifir par fa

Eropre beauté. Après ce choix, l'ame ien affermie par cette même con-

fultation , foutient toutes fortes de combats & de travaux pour la ver­tu ; &r déjà accoutumée à la pof-feflion des chofes belles, & honnê­tes , elle conferve fon jugement fain &r entier , dans les troubles même des calamités les plus fâ-chcufcs, fans que tout ce qui vient du dehors pour la troubler & Fefrrayer , puiffè l'obliger à fe dé­mentir , & à changer d'opinion , jufqu'à fe perfuader qu'il y a une autre vie heureufe que celle qu'elle a choifie de fon mouvement, après l'avoir jugée la meilleure, &r la plus excellente. De-là vient qu'il y a trois effets fenfibles de la fàge con-

Trobbeau» fultation. Le premier , c'eft le choix eftu de u je ia meilleure vie ; \e fécond, la ftge&ftnfi pratique de ce cette vie quon a *le- choifie ; & le troifieme, la garde

fûre & exacte de tout ce qui a été fagement délibéré. De ces trois

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SUR tEs VERS DE PYTHàG. 119

effets le premier eft la raifon , qui précède l'exécution de ce que nous voulons faire, & qui pofe, pour ainfi dire, les principes des actions. Le fécond eft la raifon, qui accom­pagne l'exécution, & qui accommo­de &: ajufte par avance chaque ac­tion avec les principes qui la pré­cèdent. Et le troifieme c'eft la rai­fon , qui fuit l'exécution , &r qui examinant chaque aclion qu'on vient de faire , juge fi elle a été faite à propos, 8c comme il faut : car en toutes chofes on voit briller la beauté de la confultation fage &• prudente. Tantôt elle enfante les vertus, tantôt elle les nourrit & les perfectionne, & enfin elle veille à leur confervation : de forte qu'elle eft elle-même le commencement, le milieu , Se la fin de tous .les biens ; & que c'eft en elle que fè trouve la délivrance de tous les maux, & que ce n'eft que par elle feule que nous pouvons perfection­ner les vertus. Car notre nature étant raifonnable , & par confé-quent capable de délibérer & de

Fv

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130 COMMENT. D'HIEROCLèS

confulter, & fe portant par fa vo­lonté , & par fon choix à prendre un bon , ou un mauvais confeil ; fi elle choifit bien , alors la bonne vie , qu'elle embraflTe, conferve fon eflence : au-lieu qu'un choix fait fans raifon , la corrompt autant

La téméthê <JU'^ c& e n ^llu Or l a corruption ou le défaut de ce qui eft immortel c'eft le vice, Î O T M Ï *

d o n t l a m e r e e f t l a témérité , que dre le vice ce Vers nous ordonne de fuir ; afin

que nous ne fajjîons pas des actions fol­les. Et les actions folles, ce font les actions malheureufes & mauvai-les ; car de parler ou d'agir fans raifon & fans réflexion , c'eji d'un miférabk , c'eft-à-dire, c'eft le pro­pre d'un malheureux. Que 11 tu confultes avant que d'agir, tu ne commettras jamais de ces actions infenfées qui ne peuvent qu'affliger enfuite ceux qui ont agi témérai­rement , & fans confulter : car le repentir montre évidemment le vi­ce du choix, dont l'expérience a fait fentir le dommage. Comme au contraire les fuites de la bonne confultation montrent la bonté &

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I J I

la fureté du choix , en montrant par les a&ions même l'utilité qui en réfulte. Je dis l'utilité , non du corps ni des chofes extérieures , mais de nous-mêmes , l'utilité qui ne regarde que nous, à qui on or­donne jci de confulter avant que d'a­gir , & de ne faire que les actions qui ne nous affligeront point dans la fuite ; c'eft-a-dire , qui n'affligeront point notre ame. Car que lert-il à l'homme d'amalfer de grandes ri-cheflTes par des parjures , par des meurtres, & par toutes fortes d'au­tres mauvaifes actions? que lui lért-jl d'être riche au dehors , lorfqu'il laifle fon ame dans la pauvreté, &c dans la difette des feuls biens qui Jui font utiles ? & d'être encore lur cet état fi malheureux d'une infen-fibilité qui augmente fon mal ; ou fi la confcience le ramené au fen-timent de fes crimes, de fouffrir dans l'ame des tortures infinies par les remords qu'elle y caufe , de craindre nuit & jour avec des frayeurs mortelles les fupplices des pnrçrs , & de ne trouver d'autre

F vj

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IJZ COMMENT. D'HIÉROCLJS

. remède à fes maux que de recourir au néant ? car voila le funefte état où il s'en: réduit. Il tâche de gué­rir un mal par un autre mal, en

ie mfchant cherchant dans la mort de l'ame cherche a.™ j a c o nf0 i a t ion de fes crimes, & il la mort de „ . »

ramïiacon-ie condamne lui-même a netre ftiU«imMe r*en aPF& 1* mot* y pout fe dérober & la ceiTa- aux peines que l'idée du dernier ju-fraye.t,/" gement lui fait envifager. En effet le

méchant ne veut point que l'ame foit immortelle , de peur de ne vivre dans 1 autre vie que pour y

en wndam- fouffrir : dans cette penfée il pré-jiamfoname vient la fentence de fon juge , & co^erT1 ' fe condamne lui-même à la mort, quelque Me comme étant jafte que l'ame cri-îajuflke. m i n e ] ] e n'exjfte plus j & en cela ce

malheureux précipité dans le vice par fa témérité, & par fa folie ; rend contre lui-même une fentence conforme à fon excès & à fes cri­mes.

Mais il n'en eft pas de même des juges des enfers ; comme ils for­ment leur jugement fur les règles de la vérité, ils ne prononcent pas que l'ame doit n'être plus, mais

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SUR LES VERS DE PYTHàG. I J J

qu'elle doit n'être plus vicieufe; &cat fci Pf-ils travaillent à la corriger & à j » * ^ la guérir, en ordonnant des pei- •?» peine» a» nés pour le falut de la nature, dej^^'. même que les Médecins, qui parp°"tu«» des incifions, & par des cautères,temp'"

f;uériflent les ulcères les plus ma­ins. Ces juges puniflent les crimes

pour chafler le vice par le.repentir ', & ils n'anéantiffènt pas l'effènee de l'ame , & ne la reduifent pas à. n'être plus ; au contraire ils la ra­mènent à être véritablement par la Îiurgation de toutes les paffions qui a corrompent. Car l'ame eft en

danger de fe perdre, & d'anéantir ion eflènce , lorfqu'en s'éloignant de Ton bien, elle le précipite dans ce qui eft contre fa nature ; & lorf-qu'elle retourne à ce qui eft félon la nature , elle retrouve toute fon eflTencc, & recouvre cet être pur qu'elle avoit altéré & corrompu par le mélange des paffions. C'eft pourquoi il fcaut tâcher fur toutes chofes de ne pas pécher ; & quand on a péché il faut courir au devant de la peine, comme au feul reraeV

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I j 4 CoMMENÏ. D ' H I É R O C L ^ S

de de nos péchés , en corrigeant notre témérité, &r notre folie par le fecours falutaire de la prudence

innocence & de la raifon. Car après que nous perdue par le r , , . A , t . » péché & re- lommes déchus de notre innocence couvrée par p a r j e péché , nous la- recouvrons le repentir, r , r . » & par le bon par le repentir , & par le bon ulage ufage des q u e n o u s faifons des punitions dont châtimensde II . i « • r < Dieu. Dieu nous châtie pour nous relever. Le repentir Le repentir eft le commence-™nce"enV ment de la Philofophie ; la fuite de u fagefle. des paroles & des aâ ions infen-

fées , eft la première démarche d'une vie qui ne- fera plus fujette au repentir; car celui qui confulte fagement avant que d 'agir , ne t om­be point dans des malheurs & dans des chagrins imprévus & involon­taires, & il ne commet point fans y penfer , de ces actions dont il craint les fuites & les iflfuês ; mais il difpofe du préfent, &r fe prépare à tout ce qui peut arriver contre fon a t tente ; c'eft pourquoi ni l'ef-pérance de ce qu'on appelle des biens ne le fait renoncer à fon vé­ritable b ien , ni la crainte des maux ne le porte à commettre le mal ;

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 135

mais ayant fon efprit toujours atta­ché aux règles que Dieu prefcrit, il règle fur elles toute fa vie.

Mais afin que tu connoiffes bien certainement que c'eft d'un mifé-rable de parler & d'agir fans rai-fon , vois Médée qui déplore fes malheurs fur nos théâtres. La vio­lence d'un amour infenfé l'a pouf-fée à trahir fes parcns, & à fuivre un étranger; enfuite méprifée par cet étranger, elle trouve fes maux infupportables ; & dans cette pen-fée , elle s'écrie :

Que les foudres du Ciel viennent frapper ma tête.

Après quoi elle fe porte aux a&ions les plus atroces. En premier lieu , c'eu follement & fans raifon qu'elle prie que ce qui eft fait ne foit pas fait ; & enfuite , en véritable in-fenféc & furieufe, elle tâche de

• guérir fes maux par d'autres maux ; car elle croit effacer le commence­ment de fes malheurs par une fin encore plus malheureufe, en cou­vrant par le meurtre infenfé de fes enfans, fon mariage fait fans

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.!}<> COMMENT. D ' H I é R O C I è S

réflexion , & avec une précipita­tion aveugle.

Si tu veux encore, regardé l'A-gamemnon d'Homère. Ce Prince châtié & puni , de n'avoir fu don­ner un frein à fa colère , s'écrie en pleurant,

C'eftunVers „ , / • / • • _ / /• du isliv. de Helas ! je fuis perdu t mes forces riUade. m'abandonnent.

Et dans le mauvais état de fes affai­res , il éteint par un torrent de lar­mes , le feu de fes yeux que la co­lère avoit allumé dans fa profpé-rité.

Telle eft la vie de tout infenfé» Il eft poufle & balotté çà & là par des pallions contraires : infupporta-ble dans fes joies, miférable dans fes triftefles, fougueux & hautain quand il efpere, lâche & rampant quand il craint ; en un mot, com­me il n'a point la généreufe aflu-rance que donne la fage conful-tation, il change de fentiment avec la fortune.

Afin donc de ne pas donner au public de ces fortes de feenes , prenons la droite raifon pour guide

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svtL LES VERS Dé PYTHAG. 157

dans toutes nos adions , en imi­tant Socratc qui dit en quelque en­droit , Vous fave{ que ce neji pas c'eft dans le d'aujourd'hui que j'ai accoutumé de fXTt'aaîiuî ri obéir à aucun des miens qu'à la rai- ici le partage fon , qui me paroît la plus droite & la ^hièvet plus jujie t après que je lai bien txa- plfc«ion ^ minée. Par ce mot, aucun desmitns , aiù'aimè?' il entend tous fes fens. En effet, tou- ment nefc-tes ces chofes qui nous font données fo»io«r. "' pour fervir à la rai fon , comme la Lei partions colère , le défir, le fentiment, le données pou» corps même , qui eft pour lervir Iaubn» d'inftrument à tontes ces facultés » toutes ces chofes font à nous , & non pas nous : & il ne faut obéir à aucune, qu'à la feule droite raifon, comme le dit Socrate, c'eft-à-dire à la partie raifonnable qui eft dif-pofée félon fa nature. Car c'eft la feule qui puiflfe voir & connoître ce qu'il faut dire & faire. Or obéir à la droite raifon, & obéir à Dieu , c'eft la même chofe; puifquela partie raifonnable éclairée de l'irradiation qui lui eft propre & naturelle, ne veut que ce que veut la loi de Dieu : & l'ame bien difpofée félon Dieu,

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i } § COMMENT. D'HiÉRbciis

eft toujours d'accord avec Dieu s tout ce qu'elle fait, elle le fait en regardant toujours la divinité & la lumière éclatante qui l'environnent-

Hiérocièsa Au-lieu que l'ame qui eft difpofée ^socra'" ^ U l i e manière toute contraire , & cWdaTs"" qui regarde à ce qui eft fans Dieu , tlbu'dc AI" ^ P ' e ' n ^ e ^'nebres, emportée çà

& là à l'aventure , elle erre fans tenir de route certaine, deftituée

Dieu & i*en- qu'elle eft d'entendement, Se dé-hfeuiTTegie chue de Dieu , qui font la feule «Je tout ce véritable règle de tout ce qui eft kULlte" beau & honnête.

Voilà les grands biens , & les biens infinis que produit la con-fultation fage Se prudente, Se les grands maux qui viennent nécef-fairement de la témérité & du dé­faut de réflexion. Mais confulttr avant que d'agir , outre tous ces grands biens , dont nous venons de parler, en produit encore un trës-

urage con- confidérable ; c'eftqu il réprime tous du'ropi-"" l e s rnouvemens de l'opinion, qu'il nion, & «- nous ramené à la véritable feien-kiennce.U c e > & nous fait mener une vie qui

ne peut manquer d'être très-déli-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. i?<j

cîeufe, puifqu'elle eft très-bonne & très-jufte. C'eft ce que la fuite va faire voir.

V E R S X X X I & X X X I I .

Ne fais jamais aucune des chofes que tu ne fais point ;

Mais apprends tout ce qu'il faut fa-voir , & par ce moyen tu mèneras une vie tris- délicieufe.

i_JE ne point entreprendre les cho­fes que nous ne favons pas, cela nous empêche feulement de faire des fautes : mais d'apprendre ce qui mené à la bonne vie , outre que cela nous empêche auffi de" faire des fautes, il nous dirige & nous fait réuflîr dans tout ce que nous entreprenons. La connoiflance de notre propre ignorance réprime la témérité qu'excite l'opinion ; & l'acquifition de la fcience allure le fuccès de toutes nos entreprifes. Ces deux chofes font très-belles , Con­naître que nous ne favons pas , & ap­prendre ce que nous ignorons ; & elles

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*4o GOMMENT. D'HiHRoctâsr font fuivies d'une vie très-bonne &-très-délicieufe : & cette vie très-délicieufe n'eft que pour celui qui eft vuide d'opinion & plein de icien-ce , qui ne s'enorgueillit d'aucune des chofes qu'il lait, & qui veut apprendre tout ce qui mérite d'être

ces quinze appris. Or rien fie mérite d'être gne^îont'' appris que ce" qui nous ramené à une recapitu- la reflcmblance divine ; que ce qui matte de™ n o u s P o r t e * confulter avant que tous les pré d'agir, afin que nous ne faffions l%lyt°a pas des avions folles ; que ce qui

nous met hors d état d'être fédu'its & trompés par qui que ce (bit, ni par fes paroles, ni par fes actions ; eue ce qui nous rend capables de faire îa différence des raifonnemens que nous entendons ; que ce qui nous fait fapporter la divine fortune, & qui nous donne le moyen de la cor­riger ; que ce qui neus enfeigne à ne craindre ni la mort, ni la pau­vreté , & à pratiquer la juftice ; que ce qui nous rend tempérant ïur tout ce qu'on appelle les plaifirs } que ce qui nous inftruit des loix de l'amitié & du refpeét que nous de­vons à ceux qui nous ont donné la

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su*, LES VERS BE P^THAG. 141

vie ; que ce qui nous montre l'hoo-neur ôc le culte que nous devons rendre aux êtres fupérieurs.

Voila quelles font les chofes que ce Vers nous dit , qu'il faut ap­prendre, & qui fomtfuivies d'une vie trés-délicieufe ; car celui qui J^"'* fc. fe diftingue par fa vertu , jouit de blet comme voluptés qui ne font jamais fui- £/"'" °>l" vies du repentir, & qui imitent la confiance & la ftabilité de la vertu qui les procure; puifque toute volup­té eft naturellement la fuite d'une adion quelle qu'elle foit, La v p - ^ ^ g j lupté ne fubfilte point par elle-l'effet d'une même ; mais elle arrive quand nous*aion" faifons telle ou telle action. .Voila

Îtourquoi la volupté fuit toujours a nature de l'a&ion. Les aâions u volupté

les plus mauvaifes produifent les J ^ l T S plus mauvaifes voluptés ; & les raaion qui meilleures avions produifent aufïiu ttoialu

les voluptés les meilleures ; de for­te que le vertueux n'efl pas feule­ment au defTus du vicieux par la beauté de l'aâion ; mais il le fur-

Îiaffe encore par le genre de la vo-upté, pour laquelle feule il fera-

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141 COMMENT. D'HiÉRocxès

ble que le vicieux s'eft précipité dans le vice.

En effet, autant qu'une difpofi-tion eft meilleure qu'une autre dif-pofition , autant une volupté eft préférable à une autre volupté ; ainfi, puifque la vie vertueufe dans laquelle reluit la reflemblance avec Dieu, eft véritablement divi­ne ; & que la vie vicieufe eft bru­tale & fans Dieu, il eft évident

t» volupté que la volupté du vertueux imite approdWe ' a volupté divine, en fuivant Tén­ia volupté tendement, & Dieu même : &c que '>ine' la volupté du vicieux ( je veux bien

employer pour lui le même terme ) n'imite que des mouvemens empor­tés & brutaux ; car les voluptés Se les triftefles nous changent & nous tirent de notre état. Celui donc qui puife où il faut, quand il faut , & autant qu'il faut , eft heureux ; & celui qui ignore ces juftes bor­nes eft malheureux. Ainfi donc la vie vuide d'opinion eft feulement exempte de faute -, & celle qui eft pleine de feience eft toujours heu-reufe & parfaite, & par conféquent

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 145

elle eft très-délicieufe en même temps, & très-bonne.

Ne faifbns donc jamais ce que nous ne favons pas faire ; & ce que nous favons , faifons-le quand il faut. L'ignorance produit les fau­tes ; & la connoiflance cherche l'op­portunité ; car plufieurs chofes très-bonnes d'elles - mêmes deviennent mauvaifes quand on les fait mal à propos. Ecoutons donc ce précepte avec ordre : en ce qu'il nous ordonne de réprimer & de retenir nos actions, il travaille à nous rendre exempts de faute; & en ce qu'il nous com­mande d'apprendre, non pas tout , mais ce qui mérite d'être fu , il BOUS excite aux adions honnêtes & vertueufes ; car ce n'eft pas à être L'exemption exempt de faute que cônfifte le bien £ fau te ,ne

vivre , mais a faire tout ce qu il bonne vie. faut. Pour l'un il fuffit de purger l'opinion ; mais l'autre ne peut être que le fruit de la feience.

Or de l'un & de l'autre, c'eft-à-dire de vivre exempt de faute, & de bien vivre, voici l'avantage qui t'en reviendra , tu mèneras une

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i44 COMMENT, D'HIéROCIIS

vie trh-diliàiufe. Quelle eft cette vie délicieufe ? Elle n'eft autre que la vie qui jouit de toute la volupté qui vient de la vertu , & dans la­quelle fe rencontrent & le bon ôc l'agréable, Si nous délirons donc ce qui eft beau , cV en même-temps ce qui eft agréable, quel fera le com-pofé, finon ce que dit le Vers, une vie très délicieufe ! Car celui qui .eboifit l'agréable avec le honteux, quoique pour un peu de temps il foit chatouillé par l'appât du plaifir, ce qu'il y a de honteux le jette bien­tôt dans un repentir très-amer, Au-lieu que celui qui choifit le beau avec le pénible, quoique d'abord il foit rebuté par le travail, le beau adoucit & diminue bientôt fa pei­ne ; & enfin-, avec la vertu, il jouit de tous les fruits de la volupté pure.

Bm*démon-En effet, qu'on fafle avec plaifir P

lrotnrPHuër-quelque chofe de honteux, le plai-

ie beau ac- fir pafle, & le honteux demeure. pe'iT,geftde Q«'on faflTe quelque chofe de beau, préférable au avec mille peines §c mille travaux, comj'a aéde tes peines paflent, & le beau refte piaiGr. fçuL D'où il s'enfuit néceflairement

que

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SUR r i s VERS DE PVTkAc. 14 J

que la roauvaife vie eft trës-trifte & trës-amere, & que la bonne vie au-contraire, eft très-délicieu(è.

Cela fuffit pour rintelligence de Le Ma *• ces vers : mais comme le foin du pa, indiSè-corps n'eft pas indifférent pour la " l Pout !a

•ertection de 1 atne, voyons ce que l'ime. c Poëte ajoute.

VERS XXXIII, XXXIV & XXXV.

/ / ne faut nullement négliger la fanté du corps.

Mais on doit lui donner avec mefure le boire & le manger, & les exercices dont il a befoin.

Or /'appelle mefure ce qui ne t'incom­modera point.

V>E corps mortel nous ayant été donné comme un infiniment pour la vie que nous devons mener ici-bas , il ne faut ni l'engraifler par un Quel eft te traitement trop indufgent, ni l'a- (£ZZZ maigrir par une diète trop rigou- <iu corP$. reufei car l'un & l'autre excès pro-duifent les mêmes obftacles, & em­pêchent l'ufage qu'on en doit tirer.

Tome IL G

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I4<? COMMENT. o'HiÉRoctis Ceft pourquoi on nous exhorte ici d'en avoir un foin modéré ,-& de ne le négliger , ni lorfqu'il s'em­porte par l'excès de l'embonpoint, ni lorsqu'il eft matté par les mala­dies , afin que confervé dans l'état où il doit être naturellement , il puifle fournir à toutes les fonc­tions qu'exigera de lui l'ame qui le conduit, & fe porter par- tout où elle ordonnera ; car l'ame eft ce qui fe fert du corps, & le corps eft ce qui fert à l'ame. L'artifan eft donc obligé d'avoir foin de l'inftru-ment dont il fe ferjj car il ne faut

ϻas vouloir feulement fe fervir de ui, mais il faut auffi en prendre

tout le foin raifonnable .& nécef-faire pour le tenir toujours en état d'exécuter nos ordres. Et parce que par fa nature il eft toujours dans la génération & dans la corruption, OC que la replétion &c l'évacua­tion l'entretiennent & le noufrif-fent, tantôt Ja nourriture rempla­çant ce qui dépérit en lui, & tan­tôt les exercices évacuant & em­portant ce qui y abonde , il faut

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SUR LES VERS DE PYTHAG.

cette jufte mefure , c'eft la raifon d°£ êtarre £"

qui accorde l'habitude du corps, ™\coa" avec les opérations intellectuelles . . . " A . S-inté couve-

de 1 ame , & qui par ce moyen a inMe & foin de la fanté convenable & féan- pj^" 0

aulie

te au Philofophe. ' °op ,e' Cette railon choifira donc les

exercices & les aliments qui n'en-graiflent point trop le corps, & qui auffi ne l'empêchent point de fui-vre les mouvements intellectuels ; car elle n'a pas foin d'un corps fim-plement, mais d'un coros, qui fert auxpenfées de l'ame. C'eft pourquoi elle rejette le régime athlétique, par­ce qu'il n'a foin que du corps fans l'ame, & elle fuit tout foin fuper-flu du corps, comme entièrement contraire à la lumière intelligents de l'ame. Mais le régime qui, par la bonne habitude qu'il procure au corps, peut le plus contribuer aux difpofitions néceflaires pour appren­dre les ïciences, & pour fournir à toutes les actions belles & honnê-

Gij

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148 COMMENT. D'HIéROCLIS

tes, c'eft celui que choifira l'hom­me qui veut embrafTer la vie de la raifon : car c'eft à celui-là qu'on dit ici ; Or /appelle mefure ce qui ne t'incommodera point.

Que la mefure du foin que tu auras de ton corps ne t incommode donc point , toi qui es une ame raifonnable. Tu es obligé, toi qui es le gardien de tous les préceptes qu'on vient de te donner , tu es obligé de choifir le boire &ç le manger, & les exercices qui ren­dent îe corps obéiflant aux ordres de la vertu , & qui ne portent point la partie brutale à regimber & à fè cabrer contre la railon qui la con­duit ; mais cette mefure du foin qu'il faut avoir du corps, doit être

soin outre réglée avec beaucoup d'attention 1 t'émis ' a & de prudence , comme la pre-raufcde tow mierecaufe de tous fes mouvements rocm°dété- déréglés ; car le cheval ne devient & l é s- vicieux , 8c ne fe rend le maître,

que lorsqu'il eft trop nourri , &: mal drefie par l'Ecuyer.

En parlant de la mefure qu'il faut fuivre pour le corps, le Poète

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SuA LES VERS ni PYTHàô. 145

a mis le boire avant le manger, parce qu'il eft plus difficile de s'en défendre , qu'on eft plus porté à en abufer & que le boire trouble zxcitr\atfr davantage la bonne habitude du « * =°™-corps : en efîèt un homme fansy pren- "boire. que dre garde paflTera infiniment cette" d*n«Je ta»a-jufte mefure , plutôt en buvant,8e*' qu'en mangeant ; & il met au troi­sième rang les exercices , parce, qu'ils corrigent la replétion que la nourriture a caufée, & préparent le corps à fe nourrir plus faine-ment ; car ces deux chofes ne font qu'un cercle entr'elles , & fe fuc-cédent naturellement ; la nourriture & l'exercice ; l'exercice & la nour­riture. La bonne nourriture donne \ lieu au bon exercice, & le bon exercice , à la bonne nourriture. Or la mefure de l'un Se de l'autre n'eft pas la même pour celui-ci & pour celui-là, chacun ayant foin de fon corps félon fes vues particulières, & félon l'ufage qu'il en veut tirer 1 car tout homme tâche d'accommo­der fon corps à la profeffion qu'il a embraflee. Le lutteur le drefle à

G iij

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tfo. COMMENT. D'Hiiiioetls, tous les mouvements de la lutte; Te laboureur, aux travaux des champs j. &: un autre le forme à une autre forte de fervice. Que fera donc le Philofophe ? Dans quelle vue, & à quel deflein aura-t-il foin de fon corps , & de quel art voudra t-il le rendre l'inftrument? 11 eft vilible que c'eft de la Philofophie, & de toutes fes œuvres» 11 ne le nourrira donc, & ne l'exercera en tout & par-tout, qu'autant qu'il eft polïï-ble à ce corps de devenir un inftru-

ii faut rendre n i e n £ j e prudence & de faeefle , fon corps un y, r . . , P iaitrumem ayant toujours loin principalement t $!"/'"? & préalablement de l'ame, & pour

1 amour d elle leulement, du corps > car il ne préférera jamais la partie qui fert à celle qui s'en fert, com­me il ne négligera pas non plus ab-folument la première , à caufe de l'autre ; mais il aura foin du corps dans l'ordre &r le rang convena­bles , comme d'un infiniment dont il rapporte la fanté & le bon état à la perfeftion de la vertu de celle qui s'en fèrt. Voila pourquoi il ne le nourrira pas de toutes Fortes d'à-

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ci.

SUR i ïs VERS DE PYTHAG. 15*

liments,mais feulement de ceux dont il faut le nourrir; car il y en a qui ne doivent point lui être préfentés, par­ce qu'ils appefantiflent le corps , & entraînent l'ame dans toutes fortes d'affecïions terreftres & charnelles : & c'eft de ces aliments que le Potte parle à la fin, quand il dit; Mais vc; 1*7.9 abjlienS'toi de tous les aliments que nous avons nommés, en traitant des expiations & de la délivrance de l'ame, & fers-toi pour cela de ton jugement.

11 rejettera donc entièrement tous ces aliments ; & pour ceux dont il peut fe nourrir, il en réglera la

3uantité & le temps ; & , comme it Hippocrate , il examinera la

faifon, le lieu, l'âge & autres cho­ies femblables, ne lui permettant . x>int de fe remplir fans examen &c ans réflexion de tout ce dont il peut

: e nourrir ; & n'ordonnant pas le même régime indifféremment au. jeune & au vieux, au fain & au malade, à celui qui ne vient que d'entrer dans l'étude de la Philoîb-phie, & à celui qui y a déjà fait un très grand progrès , ou qui eft

Giv

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ï J I COMMENT. v'HiiKomtïs Médire vy- parvenu à la perfection. La mcfure dorique. pytliagorique comprend toutes ces

enofes dans ces mots que le Poète ajoute, ce qui ne t incommodera point ; car par ce peu de mots, il rapporte au loin du corps tout ce qui tend. &• qui contribue à la félicité phi--lofophique : & après ce qu'il a dit de la fanté de l'ame , il ajoute qu'il ne faut nullement négliger la fanté du corps ; de forte que là il nous enfeigne ce qui fait la vertu de J'ame qui fe fert du corps; & ici ce qui fait la fanté & qui procure la confervation du corps, qui fert d'inftrument à l'ame. Joins donc ces deux chofes, & tu trouveras, qui que tu fois, toi, à qui ce pré­cepte s'adreife , qu'il faut prendre là pour jnfte mefure du foin qu'on prend du corps , ce qui ne t'incom­modera point ; c'eft à-dire , ce qui n'empêchera pas l'intention Philo-fophique , & qui pourra aider l'a­me à marcher dans le chemin de la vertu.

En difant la mefure du boire & du manger, il bannit également le

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SVR LES VERS DE PYTHAG. 15$

défaut & l'excès , & il ne reçoit & n'embrafle que ce qui tient le milieu , & qui eft modéré : & ce n'eft que par cette modération qu'on parvient à maîtrifer la gour-•mândife, la parefle, la luxure, 8c la colère. En effet la mefure dont on parle ici, réprime tout excès en ces Fortes de chofes, & exclut tout ce qui incommode , qui rabaifle, & entraîne l'ame qui fe porte vers l'intelligence, c'eft-à-dire vers Dieu ; car il raut que l'ame qui s'élève vers l'intelligence jouifle d'une en­tière tranquillité , qu'elle ne foit point agitée par la violence des paffions, & que toutes les chofes inférieures lui /oient ioumifes ; afin que fans trouble elle puifle médi­ter les chofes d'enhaùt. Voila la me­fure qui ne t'incommodera point ; c'eft elle qui te rendra maître de tes paffions , qui confervera ton corps, qui te découvrira la vertu de l'ame , oc qui ne détruira ni n'altérera la bonne habitude de Pinftrument ta amrim. dont elle fe fert ; car c'eft une par- ' , £ ^ ^ X tie de- la vertu que de favoir con- deiayem».

G v

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ï 5 4 COMMENT. D'HIéROCLèS

feiver fon corps, & le rendre pro­pre à tous les ufages que la Philo-Fophie en doit tirer.

Mais parce que le foin du corps ne confme pas feulement dans le boire & le manger ; & qu'il a be-fi in de beaucoup d'autres chofes, comme d'habits, de fouliers , de meubles, & de logement ; & que dans toutes ces chofes il faut auflï

f arder la jufte mefure qui bannit gaiement & le luxe & la malpro­

preté , le Poète ajoute avec rat­ion.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I $ j

VERS XXXVI, XXXVII, XXXVIII & XXXIX.

accoutume toi à une manière de vivre propre & fans luxe.

Evite de faire ce qui att're lenvie.

Et ne dipenft point mal-à-propos , com­me celui qui neconnoîtp.'tnt ce qui ejî beau & honnête :

Mais ne fois pas non plus avare Sr mefquin. La jujle mefure tjl excel­lente en toutes ckofes.

v E n'eft pas feulement dans le boire 6c dans le manger que la me­fure eft bonne , dit l'auteur de ces Vers ; mais aufli dans toutes les au­tres chofes ; comme également éloi­gnée & du défaut & de l'excès ; car en tout on peut pafler doublement cette jutte mefure , fbit du côté de la magnificence, foit du côté de la jrtefquinerie ; & l'une ôV l'autre font blâmables , indignes des mœurs dti Philofophe , & fort éloignées de cette médiocrité qa'il faut garder

Gvj

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J$6 COMMENT. D'HIéROCLIS

dans tout ce qui regarde le corps. Ea ?r£Pd"vi°nt e ^ e t ^a P r oP r e t e pouflee à un certain iuxe'& moi- point devient luxe & molleffe, & fimpiickédt'a ^ïnplJcité outrée dégénère en génete en mefquinerie & en fàleté. «Tea &!«!? P o u r n e P o m t t o m ^ e r donc dans

le premier défaut par la propreté, ni dans le dernier par la (implicite, tenons le milieu , en évitant les vices voifins de ces deux vertus , & en les prenant toutes deux pour le correctif l'une de l'autre. £m-braflbns la vie lîmple, qui ne foit point mal-propre, Ô£ la vie propre ». qui ne tienne point du luxe. Par-là nous garderons la jufte mefùre dans tout ce qui concerne le corps ; nous aurons des habits propres , mais fans magnificence} une maifon pro­pre , mais fans luxe; de même dans nos ameublements & dans tout le rcfte : car l'ame raifonnable com­mandant au corps, il eft de la juf-tice & de la btenféance que tout ce qui concerne le corps, fôit ré­glé par la raifon , qui perfuadée que tout doit répondre à fa digni­té , ne fouffire ni la malpropreté ni

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SVK LES VERS DE PYTHàG. 157

le luxe. Pour s'éloigner donc de la magnificence, elle a recours à la limplicité, & elle fe jette dans la propreté pour éviter ce qui eft vi­lain & difforme.

Par exemple, elle veut qu'on ait des habits qui ne foient pas d'une étoffe très-fine, mais propre ; de la vaiflelle qui ne foit ni d'or ni d'ar­gent , mais d'une matière commu­ne & propre ; une maifon qui ne foit ni embellie de marbre & d'au­tres pierres de grand prix , ni d'une grandeur & aune beauté fuper-flue, mais proportionnée à fon ufa­ge. En un mot la propreté dans toute la manière de vivre exclut le luxe, comme de nul ufage , &r re­çoit la fimplicité, comme fuffifant Feule à tous les befoins.

En effet, les habits, la maifon , les meubles font principalement à nôtre ufage, lorsqu'ils (ont propres &.qu'ils nous font proportionnés ; car pourquoi un grand plat pour une petite portion î & pourquoi auffi un plat mal-propre' qui gâte ce«e portion, & qui nous en dé-

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158 COMMENT. D'Hiânocii»

goûte ? Qu'eft-il befoin d'une grande" maifon pour un homme qui n'en remplit qu'un petit coin? & à quoi fert auflî une maifon mal propre, qu'on ne fauroit habiter ? De mê­me en toutes chofes tu trouveras toujours des deux côtés, que tout eft inutile & de nul afage, hors ce qui joint la fimplicité a la pro-

« n'y a plus prêté ; car dès que tu pafles la me-oSb

0°nnrS^ès fa»5 du befoin , tu te jettes dans

qu on paiie , ' '

lamefuredu limmenlne du d*hr. befow. çcft po u rq l T O j ^ mefure fi bien

toutes les choies néceflaires pour la vie , que tu les 1 enfermes dans ce jufte milieu , qui eft également éloi­gné des deux excès contraires Ac' coutume-toi donc , dit le Poè're , à une manière de vivre ,p'"p'(. Mais en-fuite voyant que cette propreté pou­voir nous jetter dans le luxe , il ajoute , & fans ux.. Il auroit dit Amplement, accoutume toi à une manière de vivre qui fait fans luxe. Mais il a vu que cette (implicite pouroit nous faire tomber dans le jfordide : c'eft pourquoi il a joint les deux, propre t & Jàns luxe j en pré-

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SUR LES VERS DE PYTHAG» 15^

venant la chute d'un & d'autre cô­té , par le contrepoids de l'un & de 1 autre , afin que des deux il en re­faite un genre de vie mâle & di­gne de l'animal raifonnable.

En réglant ainlî notre vie , nous tirerons de là encore un très grand bien, c'eft que nous éviterons l'en­vie qui fuit toujours ce qui eft ou­tré , îi par rien de trop nous n'exci­tons pas contre nous nos propres Citoyens ; de forre que tantôt ils fe plaignent de notre mal ptopreté}. que tantôt ils nous acculent d'ê­tre prodigues, & tantôt ils nous reprochent d'être fordides & vi­lains; en effet ce deux excès attirent également le blâme de la part de ceux avec qui nous vivons. Et c'eft £»v'*. p«* ce que fignifie ici proprement le *' mot d'envie ; car en nous difant , Evite de faire ce </ui atvrt lenvie , i l veut dire, ce qui attire un blâme raifonnable de la part des hommes. Or la raifon & le (èntiment géné­ral des hommes blâment dans la manière de vivre, le luxe & la far kté > & dans la dépenfe, la ptodv-

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itfo COMMENT. D'HIEROCLèï

galité & la mefquinerie : ainfi ,' que l'honnêteté & la médiocri­té dans toutes les chofes exté­rieures montrent la bonne difpo-fîtion de notre ame, & faflènt voir que la jufte mefure eft en tout ce qu'il y a de meilleur ; car il faut, autant qu'il eft poffible, que celui qui aime le repos, s'abftiennc de tout ce qui eft fujet à l'envie, &c qu'il n'irrite pas cette envie com­me une bête féroce , afin que fans aucun trouble il poifle s'avancer dans l'étude de la vertu.

Nous vivrons à couvert de l'en­vie , en embraflant un genre de vie fimpU & propn , & en évitant

Maux qui ré le fafte de ceux qui ignorent en gn'or'ànt/de" < îu o i confiftent l'honnêteté & la «'q""Cefte bienféance : d'où il réfulte deux iiête.t&hon Sranc^s maux , une dépenfe & une

épargne hors de faifon, dont l'une eft Blâmée , comme orgueuil, &

rfffîibTr"- l'autre , comme bafiefle Ces deux i»*. extrêmes font évités par la libéra­

lité, vertu qui confifte à donner &c à recevoir, qui trouve toujours, & dans la recette ôç dans la dépenfe ce

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SUR IES V l R S DE PYTHÀG. l6l

qui eft honnête &: féant , & qui accorde toutes les chofes extérieu­res avec la droite raifbn.

Voila les réflexions profondes que ce Philofophe nous donne dans ces Ve s, fur l'ufage que nous de­vons faire de notre corps & de toutes les chofes extérieures , afin que par leur moyen on voie bril­ler dans toute notre conduite la beauté de la vertu.

Le précepte fuivant n'eft qu'un fommaire de tout ce qu'il vient de dire.

V E R S XL.

Ne Jais que les chofes qui ne pouront te nuire, & raïfonne avant que de les faire.

C ' E S T un précepte qu'il nous a déjà fouvent donné , tantôt en nous difant ; Mais fais tout ce qui Ven ip. dans la fuite ne t'affligera point; tan­tôt i Or j'appelle mefure ce qui ne t'in- Ve" }4* commodera- point ; en un autre eo-dro i t ; Que ptrfonne ni parfes paro-

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rCi COMMENT. D'HIéROCIJS

Vers îr & ' M ni par fes actions ne te fnduife ja-»«. mais t & ne te porte à faire , ou à dire

ce qui ritfi. pas utile pour toi. Et ici il nous remet devant les yeux tous ces préceptes par cette recapitula­tion fommaire, en nous conseillant de nous abftenir de tout ce qui peut nous nuire, & de faire tout ce qui peut nous fervir. • Or on fait facilement la diftinc-tion de ces deux fortes d'actions , quand on raifonne avant que d'a­gir , & que l'on confidere ce qui eft taifable, & ce qui ne l'eft pas ; & il eft temps de raifonner & de con-fulter quand tout eft encore en fon entier, & qu'on n'a pas encore mis la main à l'œuvre : oc quand il dit ici, Us chofes qui nepouront te nuire , nous l'expliquerons comme nous avons expliqué plus haut le précep­te qu'il a déjà donné, quand il a dit, ce qui ne t'affligera point : en ex­pliquant ce toi, ce qui eft vérita­blement l'homme, l'eflence raifon-nable, c'eft-à-dire l'homme qui a embrafle la fageffe, & qui fait tous fes efforts pour fc rendre fembla^

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SUR IES VERS DE PYTHAG» itfj

ble à Dieu ; car cet homme inté­rieur eft bleue par tout ce qui eft contre la droite raifon , par tout ce qui eft contre la Loi divine , par tout ce qui empêche la reflerti-blance avec Dieu , & qui détruit en nous fon image. Et toutes ces L« ehofej chofes viennent ordinairement d u ^ j ^ " ^ . commerce de ceux avec qui nous trieur, c'eii-vivons, & du foin que nous avons ^ ' o i etie* du corps, auquel nous fommes liés, viennent. & de l'ufage que nous faifons des richefles qui n'ont été inventées que comme un fecours pour le corps , careiiesfont & qu'on a appellées par cette rai- t^!?*' * on dun mot qui marque qu elles chofis pour

doivent fervir aux befoins du corps. T^"* Il faut donc, dit le Poëte, que

celui qui eft embrafé de l'amout des biens divins, prenne bien garde de ne fe laifTer jama:s perfuader de faire ce qui ne lui eft pas utile , qu'il n'accorde jamais à fon corps ce qui lui fera nuifible à lui-même, & qu'il ne reçoive & n'admette rien oui puiffe le détourner de l'étude de la fagefte , & dont il ait bientôt i fe repentir. Nous devons préve-

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I&4- CoMMïMt. D'HIÉROCLÈS

nir toutes ces ehofes par le raifbn-nement qui précède 1'aclion, afin que l'examen que nous ferons de toutes nos a&ions, après les avoir faites , puifle nous procurer un agréable reffbuvenir; & c'efl: à quoi il travaille dans les Vers fuivants.

VERS XLI, XLII, XLIII, XLIV & XLV.

Ne laijfc jamais fermer tes paupières aufomnttil après ton coucher >

Que tu n'ayes examiné, par ta rai/on , toutes tes actions de la journée.

En quoi ai-je manqué? qùai-je fait? qu'ai-je omis de ce que je dtvois faire?

Commençant par la première de tes allions, continue ainfi de fuite.

Si dans cet examen tu trouves que tu ayes fait des fautes, gronde t- en fc-véremtnt toi-même ; Ji tu as bien fait i réjouis-t-en»

V^oAND tu es parvenu en cet en^ droit, raflembïe dans ta mémoire, tous les préceptes qu'on vient de te

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SUR. u s VERS DE PYTHAG. 165

donner ; afin que dans le tribunal Avant <jae intérieur de ton ame , les regardant co"c?e™7,ïî comme des Loix divines , tu puiffes f»«t repaffcf x* • TA \> 1 toutes les raire Jurement 1 examen de tout ce Loil.1iTincl, que tu as bien ou mal fait ; car autrement * 1, 1 n . cet examen

comment 1 examen de nos actions feta tain, pou roi t- il nous mettre en état de nous gronder ou de nous louer, fi le railonnement qui les précède nç nous avoit remis devant les yeux certaines loix & certaines règles félon lefqu elles nous devons régler notre vie, & qui doivent être pou): nous comme un but divin , auquel nous dirigions tout le lècret de no­tre confeiençe. Pythagore nous or­donne de faire cet examen tous les jours, fans y manquer j afin que Faffiduité du fou venir le rende plus fur & plus infaillible. Et il veut que nous le faffions le foir avant que de nous endormir ; afin que tous les foirs après toutes les actions de la journée , nous nous rendions un compte exad devant le tribunal de la conférence, & que cet examen

•fèvere de nos difpontions, foit corn-me un cantique que nous chantions

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t$6 COMMENT. D'HIER oci i S

t'examen de ^ D j e a ^ n o t r e coucher. En quoi cioni eil û/-/« Manque r qu ai-je fait r qu ai-jt comme na om-s j e ce „ut ] t gtyois faire f p a f cantique * J , . J

chance â ce moyen nous réglerons toute no-ico^he".otte t r e v ' e ^ u r * e s réglés <3U" n o u s o n t

été prefcrites; & nous conforme­rons notre raifon qui juge, à l'en­tendement divin , qui a fait la Loi.

Pnër iaP*eine Car, que dit le Légiflateu r ? Que SuIJaeur'«le nous devons honorer les êtres fii-îlc™ ituîa- P e r i e u r s félon l'ordre & le rang de tionPdeU tou- leur eflence ; qu'il faut avoir beau-Hié'tociès'ia' c o u P ^ e confidération & de refpeét faiciui-mê- pour nos pères & nos mères , &c me' pour tous nos pareils ; rechercher

Se aimer les gens de bien ; dominer nos paffions éV nos affe&ions ter-reftres j nous refpedter nous-mêmes en tout &t par tout ; pratiquer la juftice; reconnoître la brièveté de cette vie, &c l'inftabilité des richef-fes } recevoir avec foumiffion le fort que le jugement divin nous envoie ; ne nous plaire que dans les penfées dignes de Dieu ; & ra­mener inceflamment notre efprit à ce qu'il y a de meilleur ; n'aimer & n'embrafler que les raifonnements

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 167

<jui méritent véritablement ce nom ; nous mettre hors d'état d'être fur-

Îiris & fubjugués, pour conferver e précieux dépôt de la vertu ; con-

fulter avant que d'agir, afin que le repentir ne foit pas le fruit de tou­tes nos démarches ; nous purger de toute opinion, rechercher la vie de la (cience, & accorder notre corps, & toutes les chofes extérieures aux fonctions de la vertu.

Voila les Loix que l'entendement divin impofe aux âmes. Dès que la raifon les a reçues , elle devient

Îour elle-même un garde très-vigi-ant. En quoi ai-je manqué ? quai-je

fait? dit-elle tous les jours, en rap-pellant par ordre toutes fes actions bonnes & mauvaifes. Et à la fin de cet examen, fi elle trouve qu'elle ait paffé la journée fans violer au­cune de ces Loix , elle fe fait une couronne des fruits de la joie divine. Et fi elle fe furprend dans quelque faute, alors elle fe châtie par les fëveres corrections du repentir ., comme par des remèdes aftringents. Voila pourquoi, dit le Poète, il

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i<?8 COMMENT. D'HIEROCLIS

faut chafler le fommeil pour don-, ner le temps à la raifoo de faire cet examen. Le corps lupportera fa­cilement ces veilles, n'étant point entraîné dans la néceffiré de dor­mir , à caufe de fon régime tem­pérant & fage qui fait que les paf-fions les plus nécejïaires font ibu-miiès À l'empire de fa raifon.

Ne laiffe donc jamais fermer tes paupières au fommeil après ton tou­cher , que tu nayes examiné par ta rai­fon toutes tes actions de la journée. Et quel eft cet examen ? En quoi ai-je manqué ? quai je fait ? quai-je omis de ce que je devois faire? car nous pé­chons en deux manières, ou en faifant ce que nous ne devons pas faire, ce qui eft exprimé par ce mo t , en quoi ai je manqué ? qu ai-je fait ? ou en ne faifant pas ce que nous devons ; ce qui eft exprimé mot à mot dans ce Vers , Quai je omis de ce que je

Snd]°& dtvois faire ? C a r a u t r e c h o f e eft

foutes de omettre le bien, & autre chofe com-«ommillion. m e t t r e [Q m a l . ^ e f t u n e fcute

d omiffion, & l'autre une faute de commiûîon. Par exemple, il faut

toujours

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 169

toujours prier , & il ne faut jamais blafphémer. Il faut nourrir fon père & fa mère, & il ne faut pas Us mal­traiter. Celui qui ne pratique pas les deux premiers points de ces deux préceptes, ne fait pas ce qu'il faut ; & celui qui commet les deux der­niers péchés, fait ce qu'il ne faut pas ; quoiqu'on puifle dire que ces deux Çéchés font en quelque manière ^""«qûe égaux, en ce qu'ils précipitent dans >« ?lch" Ja tranfgreffion de la même loi. fonté6*«-

Le Poëte nous exhorte donc à faire un examen de toutes les ac­tions de la journée, depuis la pre­mière jufqu'à la dernière , par or­dre, fans oublier celles du milieu. Ce qui eft exprimé par ce mot con­tinue ainfi de fuite : car louvent il arrive qu'une tranfpofition féduit le jugement, & rend excuiable par le dérangement de la mémoire , ce qui feroit fans excufe, s'il étoit dans fon rang. D'ailleurs cette ré- * cauï dcs

capitulation de la vie que nous qui a gra-avons menée pendant le jour . nous vent les pf-

C * 1 • 1 r . • 1 ' cbes.

rafraîchit la mémoire de toutes nos Tome II. H

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i<7» COMMENT. D'HIéROCLèS

L'examen de actions paflees, & réveille en nous "dénc/rè- I e Sentiment de notre immortalité. veille le fou- Et ce qu'il y a ici d'admirable , nmmoruii. c ' e f t 9 u e l e P o ë t e e n n o u s ordon-té. nant d'examiner chaque a&ion ,

n'ajoute point à cet examen , En quoi ai-je bien fait ? qu ai-je fait de ce que je devois faire ? Mais il porte tout d'un coup notre mémoire à ce qui peut le plus humilier notre or-gueuil, en faifant lui-même l'exa­men de nos fautes. En quoi ai je manqué} qu'ai je fait , &c. Et il nous

Notre Juge ,' , • .. \ • n. o _ > très jufte & a donne un juge tres-jufte & tres-très-naturei. naturel, q*i eft notre confeience Ô£ confdence la droite raifon, en nous établif-guidée par u f a n t nous - mêmes pour juges de ciroite tai- » A J • • fon. nous-mêmes , nous-mêmes, dis-je ,

que nous avons appris à refpe&er particulièrement ; car qui eft-ce qui peut reprendre quelqu'un , comme chacun peut fe reprendre foi-même î Ce qui eft libre, fe fervant de fa li­berté , rejette les avertiflfements & ies corrections des autres , lorfqu'il ne veut pas obéir ; mais la con­feience , qui agit au dedans de nous,

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SDR LES VERS DE PYTHAG. 171

eft néceflairement forcée de s'écou­ter elle-même. Voila le gouverneur que Dieu nous a donné ; voila no­tre précepteur, notre pédagogue ; voila celui que la raifon nous don­ne pour Juge de toutes les actions de notre journée Ce n'eft que de lui qu'elle reçoit les informations & la fentence, afin que pronon­çant lui-même fur kii-mêrne, il fe condamne ou s'abfolve par fon fuf-frage , félon qu'il mérite d'être con­damné ou abfous ; car après que dans fa mémoire , comme dans un écrit il a lu tout ce. qîi'il a fait, alors regardant la Loi comme l'exemplaire qu'il devoit fuivre, il prononce & fe déclare lui-même par fon jugement, digne de louan­ge ou de blâme : & cette pratique comment journalière fait de celui qui l ' o b - ^ ^ j . ferve la véritable image de Dieu , table image en ajoutant, & en retranchant tousdeD,eu' les jours quelque chofe , jufqu'à ce qu'elle foit portée à fa perfection , &r qu'on y voie éclater toute la beauté de la vertu. C'eft elle qui achevé & qui perfectionne l'hom-

Hij

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171 COMMENT. D'HIéRQCIJS

me de bien, autant qu'il çft poffi-ble. Et ç'elt là que finit la première

Êartiede ce petit traité, le Poète fe âtant de palier aux préceptes qui

tendent à faire de l'homme un Dieu,

VERS XLVI , XLVII, XLVIII 8ç

XL1X.

Pratique tien toutes ces chofes , médi­te-les bien ; il faut que tu Us aimes de tout ton coeur.

Ce font elles qui te mettront dans la voie de la vertu divine.

J'en jure par celui qui a tranfmis dans notre ame le facré quaternaire ,

Source de la nature dont le cours ejl éternel,

V O I C I ce que j'ai déjà dit dans la préface, que la Philofophie con­templative fait l'homme femblable

Ceft-i-dire, à. Dieu , par l'irradiation de l'en-par les tçhdement & de la vérité ; & qu'au-ïunîï«e ,e moins dans ce qui nous regarde, les dont r-emen. petites chofes doivent néceflfaire-dement a»- r

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SUR. ifcs V E R S D ï PYTHàG. 17 $

tuent précéder les grandes > en effet il 'k^*^1" eft plus aifé de conformer la vie bu- Lotie "tplu mairie aux règles de la raifon, qu'il ne l'eft de la porter à ce qu'il y a de plus divin & de plus fublime ; ce qui ne fe peut qu'en la rappel-lant toute entière à la contempla­tion.

D'ailleurs il eft impoflible que nous poffèdiorts la vérité fans trou­ble , n nos facultés animales ne font entièrement foumifes aux vertus morales félon la loi de l'entende­ment j en effet Pâme raifonnablè tenant le milieu entre l'entende­ment & ce qui eft privé de raifon , elle ne peut être invinciblement at:

tachée a cet entendement, qui eft au-deffùs d'elle, que lorfque pure & dépouillée de toute affection pour les chofes qui font au-deflotis, elle s'en fert avec pureté; & elle fera pure fi elle ne fe laifle point em­porter par ce qui eft fans raifon , & par ce corps mortel, & fi elle n'en a foin que comme de chofes qui lui font étrangères , en ne s'y appliquant , en ne s'y attachant

Hiij

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174 COMMENT. D'HIéROCLIS

qu'autant que le permet la Loi de T thagore Dieu , qui nous défend de tâ-"- j^f „• c ^ e r e n a u c u n e manière de la dé-famai" pet- lier, & qui nous ordonne d'atten-mis de fe dre qU e Q j e t l v j e n n e lui-même nous tuer. V. les . * , . . , temarques. tirer de cette captivité.

Une telle ame a donc befoin de deux fortes de vertu ; de la vertu politique ou pratique qui règle & modère la fureur qui la porte vers les chofes d'ici-bas ; & de la vertu contemplative qui la porte & l'é­levé vers les chofes d'enhaut, Se qui l'unifle avec les êtres fupérieurs. Entre ces deux vertus, le Poëte a mis deux vers qui font comme deux bornes qui les féparent. Le pre­mier , Pratique bien toutes ces chofes » m édite-les bien; il faut que tu les ai­mes de tout ton cœur, eft comme la fin & la conclufion très-propre de la vertu politique. Et le dernier, Ce font elles qui te mettront dans la voie

Seconde par- Je fa vertu divine eft Comme le tiède ce irai- o .. « L. i i _ té i le com- commencement , oc une très-belle mencemenc e n t rée de la feience contemplative\ des préceptes «- ._ deiaviecoE. en efret ce commencement promet tenipiative. ^ celui qui s'eft délivré de la vin

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SUR. IES VERS DE PYTHAG. 175

brutale , & qui s'eft purgé j au­tant qu'il eft poffible, de l'excès des paffions ; & qui par là , de bête qu'il é to i t , eft devenu homme ; il lui promet , dis-je , que la fuite d'homme qu'il eft, le rera devenir Dieu , autant qu il eft poffible à la nature humaine de participer à l'ef-fence divine.

Or , que cela nous déifie, & que ce l'oit la fin de la vérité contem­plative ; c'eft ce qui eft évident par ces vers qu'il met à la fin de ce trai té, comme une conclufion ad­mirable qui ne laifle plus rien à dé-firer : Et quand après avoir dépouillé ton corps , tu feras reçu dans l'air pur & libre , tu feras un Dieu immortel -, incorruptible , & que la mort ne domi­nera plus ; car c'eft une néceffité que nous obtenions cet heureux réta-bliflement , c'eft à-dire, cette glo-rieufe apothéofe par la pratique conftante des vertus, & par la con-noiflance de la vérité ; & c'eft ce Dam fon .

. . r i > commenta»» que ce livre lacre nous montre clai- te fur le déc­rément , comme nous le verronsnict Vc"' dans la fuite.

H iv

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jy6 COMMENT. D'HIéROCLIS .

Pour le préfent, retournons aux Vers que nous devons expliquer j & examinons fi ces mots pratiquer,

Méditer , méditer & aimer, en parlant des pré-aimo." ' ceptes déjà donnés, fignifient autre

. chofe qu'appliquer fon amè- toute eatiere à la pratique des vertus ; car notre ame étant une fubftance raifonnable a nécenairement trois

Trois facut- facultés ; la première , celle par la~ ««aei»me. q U e i | e n o u s apprenons, & ceft à

celle-là qu'on ordonne de méditer; la féconde , celle par laquelle nous nous rendons maîtres de ce que nous avons appris, & le mettons en pratique} c'eft à celle-là qu'on ordonne d'exercer & de pratiquer ; &£ la troifieme, celle par laquelle nous aimons ce que nous avons appris , & ce que nous pratiquons ; & c'eft celle-là qu'on exhorte à aimer tou­tes ces chofes.

Tomeslesfa- Afin ^ o n c q u e n o u s ayonS toutes cultes de no- , r , , , L ' • p tre ame doi- les racultes de notre ame ranonna-vent être ap- D i e tendues & appliquées à ces pré-pliquêes a la , * i j • • pratique de ceptes des vertus, on demande ici «^précep- <je j a fa c uité intelligente , la médi­

tation j de la faculté active, la pra-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 177

tique & l'exercice; & de la faculté qui embrafle & qui aime, on en exige l'amour, afin que par leur moyen nous acquérions les vérita­bles biens , que nous les confer-vions par l'exercice , & que nous ayons toujours pour eux l'amour inné dansnos cœurs. Et cette difpofi- J-'amonr*

,,A r • ' 1 la vertu mue non ne manque pas d être fuivie de dans nos , l'efpérance divine qui fait brillercœuM-dans nos âmes la lumière de la ï™°™$? vérité , comme il nous le promet rance, «c lui-même, en nous difant, Elles te ™£™"U

mettront dans la voie de la vertu divi­ne ; c'eft-à-dire , elles te rendront femblable à Dieu par la connoif-fance certaine des êtres : car la con-noiflance des caufes des êtres, des chofes, dis-je , qui font première­ment dans l'intelligence de Dieu leur créateur , comme les exemplaires éter­nels , mené au degré le plus fubli-me de la connoiflance de Dieu, qui eft fuivie de la parfaite reffèmblan-ce avec lui. Et c'eft cette reflèm-blance qu'on appelle ici vertu di­vine , comme fort fupérieure à la

Hv

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178 COMMENT. D'HIéROCLèS

vertu humaine, qui la précède , 6c qui en eft comme le fondement.

La première partie de ces Vers fe termine donc par l'amour de la Philofophie, & de tout ce qui eft beau & honnête ; cet amour mar­chant le premier, eft fuivi de la connoiflance de la vérité ; & cette connoiflance nous mené à la par­faite reflemblance avec la vertu di­vine , comme on le fera voir dans la fuite. La ncceffité de l'union, ou de l'alliance de toutes ces chofes eft confirmée ici par ferments ; car le Poëte jure avec beaucoup de fer­veur , que la vertu humaine étant parfaitement acquife , nous conduit a la reflemblance avec Dieu. Et quant au précepte qu'il nous a don-

ie Poëre juf- né dés l 'entrée , refpecle le ferment j il jL l f après nous ordonne par-là de nous abfte-avoit défen- nir du ferment dans les chofes ca-mJlf"' f u e l l e s > & d o n t l'événement eft in­

certain ; parce que ces fortes de cho­fes font petites , & fujettes au chan­gement i c'eft pourquoi il n'eft ni jufte, ni fur de jurer fur elles : car il ne dépend pas de nous de les faire

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SUR LES V E R S DE P Y T H à G . 179

réuffir. Mais fur les chofes dont on parle ici, qui font néceffaire-ment liées enfemble, & d'une très-grande conséquence , on peut jurer 1 ûrement, & avec toute forte de bienféance & de juftice : car ni leur inftabilité ne nous trompera, puif-qu'étant liées par la loi de la nécef-h té , elles ne peuvent ne pas arri­ver ; ni leur obfcurité & leur baf-fefle ne les rendent indignes d'être fcellées par le témoignage & l'inter­vention de la divinité. Et fi la ver­tu & la vérité fe trouvent dans les hommes , encore plus fe trouvent-elles dans les Dieux.

D'ailleurs ce ferment devient ici un précepte, qu'il faut honorer ce­lui qui nous enfeigncla vérité, juf- C'ea une «-qu'à jurer par lu i , s'il eft néceffai- "« ;° p T u t

r e , pour confirmer fes dogmes, & l'auteur de u à ne pas dire feulement de lu i , / / ^ ^ fa dit ; mais à aflurer avec con- i'hom:iequi fiance , Les chofes font àinfi, j'en jure qîÎM'ènfci-par tui-même. Et en jurant fur l'union gne<

néceflaire de ces habitudes très-parfaites , il entre dans le fond de k Théologie, & fait voir mani-

Hvj

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l 8 o COMMEKT. D'HIÉROCLÈS

feftement que le quaternaire , qui eft la fource de l'arrangement éter­nel du monde, n'eft autre que Dieu même, qui a tout créé. Mais com­ment Dieu eft-il le quaternaire? c'eft

ce livre eft c e q l i e tu apprendras du livre facré p " "' que l'on attribue à Pythagore, & car pieu eft j a n s l e q u e l Dieu eft célébré Com­mute , 8c l'u- i * 1 j i_ r* t~ nicé produit me le nombre des nombres. Car li tous lesuom- routes chofes exiftent par fes dé­

crets éternels , il eft évident que dans chaque efpece d'êtres, le nom­bre dépend de la caufe qui les a produits. C'eft là que fe trouve le premier nombre, & de là il eft ve-

car tes Grecs nu à nous. Or l'intervalle fini du après dix te- n o m D r e , c'eft le dix ; car celui qui viennent a ' , < -1 « un. c'eft ia veut compter davantage, après le même chofe j { x r e v j e n t à. u n , deux, trois, & en latia « e n • n t r î J • • François; car compte amu la leconde dixaine urdecimac j u f q u ' i v jnp- t & la troifieme di -«wtjfneftque ' / l ç> > .

dix & un. xaine de même julqu a trente ; & ainfi à toutes les dixaines jufqu'à cent. Après cent il revient encore de même à un , deux , trois ; & ainfi l'intervalle du dix toujours ré­pété , va jufqu'à l'infini. Or la puif-iance du dix, c'eft le quatre î car

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Î O

SUR LES VERS DE PYTHAG. 18 I

avant qu'on parvienne jufqu'au dix accompli & parfait , on découvre toute la vertu & toute la perfec­tion du dix dans le quatre.

En effet T en aflemblant les nom- i bres depuis un jufqu'à quatre, cette 2 addition fait dix ; puifqu'un , deux 3 trois, quatre font dix : & le quatre 4 eft un milieu arithmétique entre l'un & le fept, parce qu'il furpafle l'un, du même nombre qu'il eft furpafle par le fept, & ce nombre c'eft le trois, quatre étant au-deflus d'un , comme fept au-deflus de quatre. Or les vertus & les proprié­tés de l'un & du fept font très-bel­les & très-excellentes : car l'unité , comme principe de tout nombre, renferme en elle la puiflance de tous les nombres ; & le fept, com­me vierge Se fans mère, a en fé­cond la vertu & la perfection de l'unité, puifqu'il n'eft engendré par aucun nombre contenu dans l'in­tervalle du dix , comme le quatre eft produit par deux fois deux , le fix par deux fois trois , & le huit par deux fois quatre, le neuf par

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182 COMMENT. D'HIEROCIIS

trois fois trois , & le dix par deux fois cinq ; & qu'il n'en engendre non plus aucun dans cet intervalle, comme le deux produit le quatre , le trois le neuf, &c le ciriq le dix; &: le quatre tenant le milieu entre l'unité incréée & le fept fans mère, a feul reçu les vertus & puiflances des nombres produifants & pro­duits qui font renfermés dans le dix, étant produit par un certain nom­bre , & en produifant auffi un au­tre : car le deux répété produit le quatre, & le quatre répété produit le huit.

Ajoutez que la première figure folide le trouve dans le quatre , car le point répond à l'unité, & la ligne au deux , parce qu'en effet d'un point on va jufqu'à tel autre point, ce qui fait la ligne ; & la fuperficie repond aux trois , car le triangle eft la plus fimple des figu­res re&ilignes : mais lalolidité eft le propre du quatre, parce que c'eft dans le quatre que fe voit la pre­mière pyramide, dont le trois fait la bafe triangulaire, & l'unité fait la pointe ou le fommet.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I 8 J

D'ailleurs il y a quatre facultés pour juger des choies , l'entende­ment , la fcience, l'opinion , &r le fentiment ; car toutes chofes fe ju­gent par l'une de ces quatre facul­tés. En un mot, le quatre embrafle & lie tous les êtres, les éléments , les nombres, les faifons, les âges, les fociétés ou confréries : & l'on ne fauroit nommer une feule chofe qui ne dépende du quaternaire com­me de fa racine. En effet, comme nous l'avons déjà dit, le quatre eftle créateur & la caufe de toute cho­fe. Le Dieu intelligible eft la caufe Par ce Dieu du Dieu célefte & fenfible. La e^?e

a*£"" connoiflance de ce Dieu a été tranf- ««<*. i« ««'» mife aux Pythagoriciens par Pytha- omvers" gore même, par lequel l'auteur de ces Vers jure ici , que la perfec­tion de la vertu nous mènera à la lumière de la vérité : de forte qu'on peut fort bien dire que ce précepte, Re/ptSe le ferment, eft particulière­ment obfervé à l'égard des Dieux éternels , & qui (ont toujours les mêmes ; & qu'ici on jure par celui qui nous a enfeigné le nombre.

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184 COMMENT. D'HIéROCIèS

Bel éloge de quaternaire, qui véritablemenrri'é-pythagore. t o j t p a s j u nonibre de ces Dieux,

ni des héros par leur nature, mais feulement un homme orné de la reflèmblance avec Dieu , &: qui confervoit dans l'efprit de fes dif-ciples toute la majefté de cette image divine. C'eft pourquoi ce Poète fur de chofes fi grandes jure par lui, pour marquer tacitement par là l'extrême vénération qu'a-voient pour lui fes difciples , oc la grande diftinftion que ce Philofo-phe s'étoit acquife par les fciences qu'il leur avoit enfeignées.

La plus grande de ces fciences, c'eft la connoiffance du quaternaire qui a tout créé. Mais parce que la première partie de ces Vers a été brièvement expliquée ; que la fé­conde confifte dans une promefle ferme & ftable, que le facré nom du quaternaire eit connu par une efpérance qui ne peut tromper ; & que ce divin quaternaire a été ex­pliqué, autant que le permettoient les bornes que nous nous fommes prefcrites, paflbns aux autres cho-

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SUR IES VERS DE PYTHàG. î%$

Ces auxquelles ces Vers nous appel­lent : mais faifons voir auparavant avec quelle ardeur & quelle pré­paration nous devons nous y por­ter , & quel befoin nous avons en cela du fecours des êtres fupérieurs.

V E R S XLIX , 1.

Mais ne commence à mettre la main à [oeuvre,

Qu'après avoir prié les Dieux a"ache­ver ce que tu vas commencer.

JL'AUTEUR deces Vers décrit en peu chêfes n&eP. de mots les deux chofesqui concou-flit"P.out

rent ablolument a nous raire obte- obtenir u» nir les véritables biens. Ces deux ye

,nîJable*

chofes font le mouvement volon­taire de notre ame , ôc le fecours du ciel ; car quoique le choix du bien foit libre, & dépende de nous, cependant, comme nous tenons d e . Dieu <;ette liberté & ce pouvoir, ^"de noué nous avons continuellement befoin liberté, & que Dieu nous aide , qu'il coopère qiîni°noûi avec nous, &r qu'il achevé ce quea,v"nsb=r°'n

• . j ^ , - , l . de fon fe-

nous lui demandons. Car ce qui cours.

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i8<î COMMENT. D'HIéROCIJS

vient de notre part relTemble pro­prement à une main ouverte & ten­due pour recevoir les biens ; & ce que Dieu contribue de la fienne, eft comme le magafin ou la fource des dons qu'il nous fait. L'un eft ce qui cherche les biens, & l'autre eft ce qui les montre à ce qui les cher­che comme il faut : & la prière eft un milieu entre notre recherche & le don de Dieu. Elle s'adrefle à la caufe qui nous a produits, & qui, comme elle nous a donné l'être, nous donne auflî le bien être.

Or comment quelqu'un recevra-t-il ce bien être, fi Dieu ne le don­ne? & comment Dieu , qui feul le λeut donner, le donnera-t-il à ce-ui, qui étant le maître de (es mou­

vements , ne daigne pas feulement on travaille le demander} Afin donc que d'un envain.iîon c o t e n o u s n e faflj0ns pas notreprié-ne prie ,8c - , r r

onprieinuti-re feulement, mais que nous lap-Jientt"tâiîien Puyo n s de l'a&ion ; & que de l'au­

tre côté nous ne nous confions pas non plus entièrement dans notre a<5Hon, mais que nous demandions aufli pour elle le fecours du Ciel,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 187

& que nous joignions ainfi la prière £'* à l'action , comme la forme à la „"•

.'aâioo rfoft •tre animce parlaprkrc,

matière, ce Poé'te, pour nous por- fc '» P/*"» , , , ' r r r • pat l'aûion.

ter a demander ce que nous rai-fons, & à faire ce que nous de­mandons , a dit en ne faifant qu'une feule chofe des deux , Mais ne com­mence à mettre la main à lœuvre , qu'après avoir prié les Dieux d'achever ce que tu vas commencer.

En effet il ne faut ni entrepren­dre les belles chofes, comme s'il dépendoit de nous d'y réuffir, fans le fecours de Dieu , ni nous con­tenter non plus des fimples mots de la prière, fans employer de notre part le moindre effort pour obtenir ce que nous demandons\ car en agif- Agir fan» fànt ainfi , ou nous n'embraSerons Sî,evét«î qu'une vertu impie, & fans Dieu , '"P'*. * s'il eft permis de parler ainfi, ou *"*D,eu* nous ne proférerons qu'une prière dénuée d'action. Or ce qu'il y a d'impie dans le premier parti rui­nera entièrement l'eflence de la ver­tu ; & l'inaction du dernier détruira absolument l'efficace de la prière. Et comment peut-il y avoir rien

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l88 COMMBWÏ. D'HIÉRGCIJS

Rien n'eft jg t>eau dans tout ce qui n'eft poirtt qui eà fait fe- fait félon la règle de Dieu ? Et Com­ité" Ditu66'6 m e n t Ce W* fe t ' t ^e^°n C e t t e f^"

gle,n'a-t-il pas befoin du fecotrrs de ce même Dieu , pour s'ac­complir & pour exifter ? Car la vertu eft l'image de Diea dans l'ame raiforrnable. Or toute image •a. befoin de l'original pour exifter : mais c'eft inutilement que nous pof-fédons cette* image, fi nous n'avons continuellement les yeux attachés fur cet original, dont la reflem-blance fait feule le bon & le beau.

Si nous voulons donc acquérir la vertu active, il faut prier ; mais en priant il faut agir ; &c voila ce qui fait que nous regardons toujours la divinité & la lumière qui l'envi­ronne : ce qui nous excite à la Philofophie, c'eft d'agir toujours en adreflant toujours nos prières à la première caufe de tous les biens. Car lafource de la nature dont le coûts eft éternel, le facré quaternaire , eft la caufe première, non feulement de l'être de toutes chofes, mais de leur bien être, ayant répandu, éVr femé

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SUR LES VERS ©E PYTHàG. 189

dans cet univers le bien qui lui eft propre, comme une lumière incor­ruptible & intelligente. L'ame qui s'attache à cette caufe, & qui s'eft purgée elle-même comme l'çeuil , pour rendre fa vue plus claire & plus fubtile, eft excitée à la prière L'application par Ion application aux bonnes ceu- âutrap rt» vres; & par la pléaitude des biensà >>?""<:• qui réfultent de la prière elle aug­mente fon application ,"en joignant aux paroles les bonnes a&ions, en affurant ôV fortifiant ces bonnes ac­tions par cet entretien divin. Trou* yant en partie, & s'ingérantipar elle-même , & en parcie éclairée d'en-haut, & comme illuminée, elle fait ce qu'elle demande par des prières, & elle demande par des prières ce qu'elle rait. Et voila quelle eft cette union fi néceflaire de la prière &ç de l'action.

Mais quels font les avantages qui nous reviennent de ces deux moyens unis ? C'eft ce que nous allons voir dans la fuite.

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Avantages

i^o COMMENT. D'HIéROCIES

V E R S L I , L U , L U I .

Quand tu te ferai rendu cette habitude familière ,

Tu connoîtras la conjlitution des Dieux immortels, & celle des hommes ,

Jufquoà s'étendent les différents êtres , & et qui les renferme , & qui les lie.

I iA première chofe que l'auteur qui tevïen- promet à ceux qui pratiqueront le mou de vie- précepte qu'il vient de donner , non & de la c'eft la connoiflance des Dieux, la P"«e- feience théologique, &r le difeer-

nement jufte de tous les êtres qui découlent de ce facré quaternaire, avec leur différence félon leurs gen­res, & leur union pour la confti-tution de cet univers; car leur ordre & leur rang cft exprimé ici par ce mot de conjlitution. Jufquoà ils s'é­tendent, c'eft leur différence fpécia-le ; & ce qui les renferme & les lie, marque ce qui les unit félon le genre. En effet les genres des fubftan-ces raifonnables, quoique féparées par leur nature, fe réunifient par le

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 191

même intervalle qui les fépare. Et de ce que les unes font premières, car c« An-ies autres moyennes, &: les autres mmtoVm™ dernières, c'eit ce qui les fépare en pieu & même-temps & qui les unit ; car {-homme Ve-par ce moyen ni les premières ne monte ipieu deviendront moyennes ou demie- moye" c"e

res ; ni les moyemnes, premières ou Let naturel dernières ; ni les dernières ne devien- ne fe c.°'>fon-, . drout jamait.

dront moyennes ou premières : mais elles demeurent éternellement dis­tinguées & féparées félon leur genre, f»ar les bornes que leur créateur eur a données. Et par là nous en­

tendons ce mot , jufquoù s'étendent les différents êtres : & pour entendre de même celui qui fuit, & ce qui Us renferme, & qui les lie , exami­nons-le de cette manière:

Cet univers ne feroit point par­fait , s'il ne renfermoit en lui-même les premières, les moyennes, & les dernières parties , comme le commencement, le milieu, & la fin de tout cet aflemblage, &r de cette compofition. Ni les premières parties ne feroient premières , fi elles n'étoient fuivies des moyen­nes & des dernières ; ni les moyen-

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I^A COMMENT. D'HIéROCLIS

nés ne feraient moyennes, fi elles n'avoient aux deux côtés les deux extrêmes ; ni les dernières, enfin, ne feraient ce qu'elles font , fi elles n etoient précédées par les moyen­nes & par les premières.

Tous ces différents êtres fervent enfemble à la perfection du tout : & c'eft ce qu'on veut marquer ici en difant, & ce qui Us renferme , & les lie Us uns avec les autres. Comme différents par leur efpece, ils font féparés; mais comme membres d'un feul & même tout , ils le réunif-fent & fe raffemblent ; & par cette féparation , cVr par cette union raf-femblces, ils remplirent & achè­vent toute la conftitution & tout l'arrangement de cet ouvrage di­vin : conftitution que tu connoî-îras, fi tu viens à te rendre fami-

eeft à-dire, licrs les biens dont il a déjà parlé. Us œuvref O n n e P e u t &ne mention des deux par ta prati- extrêmes , que les moyens ne fe ?".** '"*préfentent à l'efprit tout auffi t ô t ; pourquoi a c'eftpourquoi il fe contente" de di-ne parie r e } £ a conflit ut ion des Dieux immor-êttt!! " tels & celle des hommes. Car les pre­

miers

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SUR. IES VERS DE PYTHàô . 19 J

miers êtres font liés aux derniers moyen», qui par les êtres moyens ; & les der- ^ ^ ^ niers remontent aux premiers par bouté & de la médiation des héros pleins ^ ^ T a u e bonté & de lumièreica.r voila le nom- Us Ange», bre & le rang des êtres raifonna-bles, comme nous l'avons dit au commencement , en faifant voir que les premiers dans cet univers ce font les Dieux immortels, après eux les Héros bienraifants , & les derniers , les démons terreftres , qu'il appelle ici hommes mortels. Or comment il Faut connoître chacun de ces genres, c'eft ce qui a déjà été dit des l'entrée ; c'eft d'avoir une connoiflance de feience de tous ces ,1 D>y a que êtres que la tradition nous a appris i« Phiiofo-à honorer; & cette connoiflance saintsfqui de feience ne fe forme que dans »/«"la c°n-ceux qui ont orne la vertu pratique fden.ee. par la vertu contemplative , ou que la bonté de leur nature a fait pafler des vertus humaines aux ver­tus divines ; car de connoître ainfi les êtres comme ils ont été établis & conftitués par Dieu même , c'eft s'élever à la reffemblance divine.

Tome II. I

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194 COMMENT. D'HIéROCLèS

Mais parce qu'après l'arrangement de ces êtres incorporels ou immaté­riels vient la nature corporelle, qui remplit ce monde vifible , & qui

• eft foumife à la conduite de ces fub-d^nl^Te" ftances raifbnnables, ce Poëte mon-une fuite &.' tre tout de fuite que le bien de la îwé5enia fc>ence naturelle ou Phyfique fera connoiflance le fruit de ces connoiflances que de Dieu, j>on a u r a apprjfes a v e c ordre.

VERS LIV, LV.

Tu connoîtras encore félon la juflice , que la nature de cet univers tjl par tout femblable ;

De forte que tu riefpcrcras point et qu'on ne doit point efpcrer, & que rien ne te fera caché dans ce monde.

ta nature ici \-i& nature en formant cet univers neft autre far la mefure & proportion divine, que Dieu. ^ ^ ^ ^ ^ ^ y ^ j ç à foi-

même proportionnellement en dif­férentes manières ; & de toutes les différentes éfpeces qui y font ré­pandues , il en a fait comme une image de la beauté divine , en

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su*, LES VERS DEPVTHAG. ï^y communiquant diverfement à la comment copie, les perfections de l'original ; Unë'im"pé d« car elle a donné au ciel le mou- '» •>»»" di* vement perpétuel ; & à la terre, la v,ne* fiabilité. Or ces deux qualités font autant de traits de la reffemblance divine. Il a donné au corps célefte, d'environner l'univers ; & au corps terreftre, de lui fervir de centre. Or dans une fphere, le centre & la circonférence peuvent être re­gardés à différents égards , comme ion commencement & fon princi­pe. De là vient que la circonféren­ce eft variée d'une infinité d'aftres & d'êtres intelligents ; & que la terre eft ornée de plantes & d'ani­maux qui n'ont eu en partage que le fentiment feul. Entre ces deux for­tes d'êtres fi éloignés l'un de l'au­tre , l'homme tient le milieu , com­me un animal amphibie, étant le dernier des êtres fupérieurs, & le premier des inférieurs ; c'eft pour­quoi tantôt il s'unit aux immortels, & par fon retour vers l'entende­ment & la vertu, il recouvre le fort qui lui eft propre} & tantôt il fe

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iy6 COMMENT. D'HIéROCLIS

replonge dans les efpeces mortel­les , & par la tranfgreffion des Loix divines, il fe trouve déchu de fa dignité. En effet comme le dernier

te mot Grec des fubftances raifonnables, il ne "fkri^7u~ P e u t n* penfer & connoître tou-tciiigtntc. jours de même : autrement il ne fe­

rait pas hommç, (nais Dieu par fa nature ; ni connoître toujours , quand même il connoîtroit diffé­remment quelquefois •, car cela le mettrait au rang des anges : au-lieu que c'eft un homme qui par la ref-lemblance peut s'élever à cç qu'il y a de meilleur, ôç qui par fa na­ture eft inférieur aux Dieux immor­tels , & aux héros pleins de bonté & de lumière, c'eft- a-dire , aux deux

genres qui occupent le premier $c : fécond rang, Comme il eft infé-

l'hommcell . > n° v au deUojsde neur £. ces êtres par ne çonnoitre Dieu & des p a s t o u j o u r s & par être quelque-Anges, & au- U 1 1 » - O ' J !•

deiiusdetous fos dans 1 ignorance & dans lou-oÛMaraifo" kU de fon eflence , & de la lumière

qui defcend de Dieu fur lui ; de même par n'être pas toujours dans cet oubli & dans cette ignorance, il eft au-dçJTus des animaux fans

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su*, IES VE*.S DE PYTHAG. I<)7

fai fon, & des plantes , & il fur-pafle par fon eflence toute la na- fbommea*. ture terreftre & mortelle, comme <!«<•'"drtoa-pouvant par fa nature retourner "«eu", "as vers fon Dieu , effacer fon oubli "«"«"«•

Î>ar la réminifcence, recouvrer par 'inftru&ion ce qu'il a perdu, &

guérir fa fuite & fon éloignement au ciel , par une fuite , & par un . éloignement tout oppofé.

L'efTence humaine étant donc telle, il lui convient de connoître la constitution des Dieux immor­tels , & celle des hommes mortels, c'eft-à-dire , l'ordre & le rang des êtres raifonnables , de connoître que la nature de cet univers eft fem-blable ; c'eft-à-dire , que la fubftan-ce corporelle, depuis le haut jtif-qu'au b a s , eft honorée d'une ref-femblance analogique avec Dieu* & enfin de connoître toutes ces chofes , félon la jufiiee , c'eft-à-dire, comme elles font établies par la Loi , comme Dieu les a créées, & de la manière qu'elles font réglées & rangées par fes Loix, tant les corporelles que les incorporelles >

liij

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î«)8 C O M M E N T . D ' H I é R O C I J S

Tom les ou- car c'eft d e l 'un & de l 'autre d e c e s î>"euCdoWentdeux ouvrages de Dieu qu'il faut «tre connu» entendre en commun ce précepce «fÊip/k^ °iui ordonne de les connaître félon la non de ce jufiief. taot* En effet il ne faut pas que par un

zèle aveugle & infenfé , nous nous ingérions de tranfporter des uns aux autres la dignité des êtres comme il nous plaît ; mais en fuivant les bornes de la vérité , il faut les con­naître félon la jujlice , & comme la Loi de leur création les a établis & diftingués. Et de ces deux connoif-fances, je veux dire, de celle de l'ouvrage incorporel de Dieu, &c de celle de l'ouvrage corporel & vifible, il nous en revient un avan-

«vv1en*gdequta§e très-précieux , c'eft que nous coiinoi (Tance riefpirerons point ce qu'il ne faut pat

tv™T>efpértr>& i"u n'y aura îhn de ca~ c'eft à dire chê pour nous dans ce monde ; ca r d e eie'VTde0u c e q u e l'eflence des êtres nous eft Wiyfique. cachée , d e là v ien t que nous efpi~

tons ce qu il ne faut pas efpcrer\ & q u e nous n'avons que des penfées vai­nes , qui ne peuvent s'exécuter. Comme fi un homme efpere de de*

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SOR I.ES V l R S DE P Y T H A G . l<)t>

venir un des Dieux immortels, ou un des Héros pleins de bonté & de lumière , il ne connoît nullement les bornes de la nature, & ne met aucune différence entre les êtres pre­miers , féconds & derniers. D'un autre côté, fi par une honteufe igno­rance de l'immortalité adhérente à notre ame , il fe perfuade que fon ame mourra avec fon corps, il at- L'âme ne tend ce qu'il ne faut point atten-Peut ,mourW. are , & ce qm ne peut arriver : tout de même celui qui s'attend qu'après fa mort, il fe revêtira du corps d'une bête, &r qu'il devien­dra animal fans raifon , à caufe de fês vices ; ou plante, à caufe de fa

f icfanteur & de fa ftupidité , celui-à prenant un chemin tout contraire

à ceux qui transforment I'efïencede l'homme en quelqu'un des êtres fu-périeurs , & la précipitant dans quelqu'une des fubftances inférieu­res , fe trompe infiniment, & il igno- Notre ame reabfolumentlaformecfTentiellede ne P e m i*-

1 mail chau-notre ame qui ne peut jamais chan- ger. ger ; car étant & demeurant tou­jours l'homme, elle eft dite deve-

1 iv

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Ce que c*é-toic que la iDctcmpfy

ÎOO COMMEWT. D ' H I É R O C L J S

nir Dieu ou béte par le vice, ou par la vertu , quoiqu'elle ne puiflTe être ni l'un ni l'autre par fa nature,

coie <ie' ty- m a j s feulement par la reffemblancc avec lun ou 1 autre. Et un mot, celui qui ne çonnoît pas la dignité

fS£Toepu de chacun des êtres , mais qui y

nions vaines, ajoute ou en diminue j celui-là fait vttbivoUs! de Ion ignorance un fonds d'opi­

nions vaines , & d'efpérances , ou de craintes frivoles , a*>lieu que tout homme qui diftingue les êtres félon les bornes que leur a données leur Créateur , qui les connoît comme ils ont été créés, & qui me-fure Dieu , s'il eft permis de parler ainn*, par la connoiflance de foi-même ; celui-là obferve exactement le précepte qui ordonne de fuivrc Dieu : il connoît la plus excellente mefure, & fe met en.état de ne pouvoir jamais être trompé ni fur-pris.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 201

V E R S LVI, LVII, LVIII, L I X , L X & LXI.

Tu connaîtras aufjî que Us hommes s'attirent leurs malheurs volontaire­ment , & par leur propre choix.

Mijerables qu'ils font ! Ils ne voient ni n'entendent que les biens font près d'eux.

Il y en a tris-peu qui fâchent fe déli­vrer de leurs maux.

Tel eji le fort qui aveugle les hommes , & leur oie Fefprit. Semblables à des cylindres,

Ils roulent çà & là, toujours accables de maux fans nombre ;

Car la fune fie contention nie avec eux , & qui les fuit par-tout, les agite fans qu'ils s'en apperçoivent.

Au-licu de la provoquer & de tirriter , ils devroient la fuir en cédant.

.L'ORDRE des êtres corporels & in­corporels étant bien connu, l'eflen-ce de l'homme auffi très-exa&ement connue ; on connoît ce qu'elle^eft,

I v

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to i COMMENT. D'HIéROCLES

Se à quelles paffions elle eft fujetre, & l'on fait qu'elle tient le milieu entre les êtres qui ne tombent ja­mais dans le vice, & ceux qui ne peuvent jamais s'élever à la vertu. Voila pourquoi elle a les deux pen­chants que ces deux liaifons lui inf-pirent, tantôt vivant là d'une vie intelligente, & tantôt prenant ici des afte&ions toutes charnelles : ce qui a fait dire avec beaucoup de

vivre au raifon par Heraclite. que notre vie monde, c eft „ . r „ * ' . . mourir. eft la mort, & notre mort, la viej Mourir au c a r l'homme tombe & fe précipite monde, c'eft , , , . , , . , r r

vivre. de la région des bienheureux, com-Mort de me dit Empédocle le Pythagoricien, l'homme.

——— Banni du céUJIe fèjour, Errant & vagabond, agité des furies De la difeorde en feu.

SeThomme. Mais ^ Y remonte & recouvre fon ancienne habitude, s'il fuit les cho-fes d'ici-bas , & cet affreux féjour où demeurent, comme dit le même Poëte,

cette der- Le meurtre, la colère, & mille ejfaims

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SUR IES VERS DE PvraAG. 20 j

Et dans lequel ceux qui y tombent. corde admi-

Errent à l'abandon dans les noires a.Yec " que

die faint

campagnes , Je a n ,» l ' l e , ' " tout le mono*

De l'injure & du deuil. '£j^L. Celui qui fuit ces triftes campagnes de l'injure, eft conduit par ce bon Prairie de u défir dans la prairie de la vérité ; & vérité, s'il la quit te, la chute de Ces ailes le précipite dans un corps terreftre,

Où il boit à longs traits f oubli de fort bonheur.

Et c'eft à quoi s'accorde le fenti- Dans le phe ment de Platon , qui en parlant de ^ P;14x* cette chute de l'ame, dit, Mais lorf. que n'ayant plus la force de fuivre Dieu, elle ne voit point ce champ de la vérité ; que par quelque malheur, remplie de vice & d'oubli , elle s'appe-fanùt / & qu appefantie, elle vient à perdre /es ailes & à tomber dans cette terre, alors la Loi Renvoie animer un animal mortel. Et fur le retour de l'ame dans le lieu d'où elle eft def-cendue, le même Platon di t , L'hom­me qui afurmonté par fa raifon le dé"

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a<H COMMENT. D'HIéR-OCLêS

fordre & le trouble qui lui viennent du mélange de la terre , de l'eau , de Vair & du Jeu , reprend fa première forme, & recouvre fa première habitude ; parce qu'il retourne fain & entier à l'ajlre qui lui avait été afjîgnè. Il y retourne fain, parce qu'il eft délivré des paf-fions qui font autant de maladies ; & cette guérifon ne lui vient que par le moyen de la vertu pratique : & il y retourne entier, parce qu'il recouvre l'entendement & la feien-ce comme fes parties eflentielles j ce qui ne lui arrive que par le moyen de la vertu contemplative.

D'un autre côté le même Platon enfeigne pofitivement que c'eft par la fuite des chofes de ce monde, que nous pouvons guérir & corri­ger l'apoftafie qui nous, éloigne de Dieu ; & il établit que cette fuite des maux d ici-bas n'eit que la Philofo-phie, marquant par-là que ces for­tes de pallions ne fe trouvent que dans les hommes feuls , & qu'il n'eft pas poflible que les maux foient bannis de cette terre, ni qu'ils puiflent approcher de la divinité,

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sua. IES VERS DE PYTHAG. 205

mais qu'ils font toujours autour de c'eft un pat la terre que nous habitons, & s'at- ton'dam ie tachent à la nature mortelle,com-Tnéeteie, me venant de la néceflîté feule ; car \°™' vèytf ' les êtres qui font dans la génération i*™ <** p1*-& dans la corruption , peuvent être lon' affectés contre la nature > & c'eft Le principe là le principe de tous les maux : & de ,l°a*J'!ï

r r- • • t r » maux, c eit pour enleigner comment il huit les de pouvoir fuir, Platon ajoute ; C'eft pourquoi il ^ t r e

a f f n t faut s'enfuir d'ici-bas au plus vite : or turc. s'enfuir , c'eft travailler à reffembler à Au "".T"*' n - ••! n rrt, i i t droit déjà «•

Dieu , autant qu il ejt pojjiblc a l nom- t j , me ; & reffembler à Dieu , c'eft devenir jufle & faint avec prudence. Car celui qui veut éviter ces maux, doit com­mencer par dépouiller cette nature mortelle , n'étant pas poflîble que c-eft ce ^ ceux qui y font engagés & embour- feintPauiap-bes ne loient remplis de tous les ae pésM* maux que la néceflîté y fait ger­mer.

Comme donc notre éloignement de Dieu , & la perte des ailes qui nous élevoient vers les chofes d'en-haut , nous ont précipités dans cette région de mort où tous les maux habitent ; de même le dépouille-

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io6 COMMENT. D'HiÉnociis ce monrje eft ment de toute affection terreftre , de" m'ofî!"1 & Ie renouvellement des vertus ,

comme une renaiûance de nos ailes pour nous guinder au féjour de la

fe Cill 'i a~ v ' e ' ° " ^e t r o u v e n t ^es véritables v"" * biens, fans aucun mélange de maux,

nous remeneront à la félicité divine; car l'effènce de l'homme, tenant le milieu entre les êtres qui contem­plent toujours Dieu , & ceux qui font incapables de le contempler, peut s'élever vers les uns & fè ra-baiflèrvers les autres, parce qu'à cau-fe de cette nature amphibie, elle eft également portée à prendre la ref-femblance divine ou la reflemblance

rir^ft de* ' b r u r a I e » ^e 'on qu'eue reçoit ou re-Dïeu? jette l'entendement & le bon eiprit.

Celui donc qui connoît cette li­berté, & ce double pouvoir dans la nature humaine , connoît auffi comment les hommes s'attirent tous les maux volontairement, & com­ment ils font malheureux & mi-férables par leur propre choix ; car tantôt pouvant demeurer dans leur véritable patrie, ils fe laiflTent en­traîner à la naiffançe par le déré-

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SUR IES V E R S DE PYTHAG. 207

élément de leurs défirs ; & tantôt v ?JPPerie

o ~ . , , naillance , pouvant le détacher promptement îoriquei'ame de ce miférable corps , ils s'cnfon- <»uittc ,e ?izl

t * j _ pour venir cent volontairement dans tous les animer un embarras, & dans tous les défor- "W.mo,r', dres des panions. Et c eu ce que le artez parié Poète veut faire entendre , quand dfcet" "^ ., j . . . . , ' . * nion de la

il d i t , ils ne voient m n entendent que création de Us biens font près deux. JeTorT"'

Ces biens font ici la vertu & la ^."iem qui vérité. Ne pas voir qù ils font près d'eux , font près de c'eft n'être point portés par eux- "H

0£ £,'»££" mêmes à les chercher : & ne pas en- u. tendre qu'ils font pris d'eux ; c'eft ne pas écouter les avertiflements, & ne pas obéir aux préceptes que les au­tres leur donnent; car il y a deux Deux moyen» moyens pour recouvrer la feience, Pout/"?"-1. } S,- n « • 'vrerUfcitDs 1 un par 1 inftruction, comme par ce. l'ouie ; & l'autre par la recherche , comme par la vue. Les hommes font donc dits s'attirer leurs maux par leur propre choix , lorfqu'ils ne veulent ni apprendre des autres, ni trouver d'eux-mêmes , comme entièrement privés de fentiment pour les véritables biens, & par là entièrement inutiles} car tout nom-

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208 COMMENT. D'HIéROCLèS

me qui ne voit point par lui-même, & qui n'entend point celui qui l'a­vertit, eft entièrement inutile & défefpéré : mais ceux qui travail­lent à trouver d'eux-mêmes, ou à apprendre des autres les véritables biens, ce font ceux-là dont le Poëte dit qu'ils fçavtnt fe délivrer de leurs maux , & qui par la fuite des tra­vaux &r des peines qu'on trouve ici-bas, fe tranfportent dans un air

Ceux qui pur & libre. Le nombre en eft très-

îtu ™tU d°r" Ve™ ' c a r *a pIuPar t f ° n t "léchants » /ieci"0font

Uen fournis à leurs partions, & comme petit nom. forcenés par le penchant qu'ils ont

vers la terre , oc ils s'attirent eux-mêmes ce mal, pour avoir voulu s'éloigner de Dieu , & fe priver eux-mêmes de fa préfence, & fi on lofe dire, de fa familiarité, dont ils avoient le bonheur de jouir pen­dant qu'ils habitoient une lumière pure. Cet éloignement de Dieu eft défigné par le fort qui aveugle les hommes, & qui leur ôte l'efprit.

En effet, il eft également impof • fible que celui qui eft vuide de Dieu ne foit pas infenfë, & que l'infenfé

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SUR IES VERS DE PYTHAG. îoy

ne (bit pas vuide de Dieu ; car c'eft une néceffité que le fou fbit (ans Dieu , & que celui qui eft fans Dieu foit fou; & l'un & l'autre , fan, °"eu > & comme n'étant point excités à l'a- l'homme mour des véritables biens, font acca- £'£ blés de maux fans nombre, pouflcs d'un malheur dans un autre malheur, comme des cylindres, par le poids de leurs actions impies ; ne fâchant que faire , ni que devenir , parce

Jju'ils fe gouvernent fans raifon & ans réflexion dans tous les états de le fo" f<f

la fortune ; infolents dans les ri- ^os uTêtut chefles, fourbes & perfides dans la deiafo"1»»' pauvreté , brigands s'ils ont la force du corps , blasphémateurs s'ils font valétudinaires & infirmes ; ils pleu­rent & fe lamentent s'ils n'ont point d'enfants ; & s'ils en ont, ils tirent de là des prétextes de guerres , de procès, & de gains injutles & des­honnêtes. Pour tout dire en un mot , il n'y a rien dans la vie qui ne porte au mal les infenfés * car ils font Tout tourne preflesde tous côtés & réduits à ^ ^ l'étroit par le vi£e qu'ils ont em- metoùttour-braûe volontairement , & par l e££ W e B "*

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n o COMMENT. n'HifRocLÈs refus qu'ils font de voir la lumière divine , & d'entendre ce qu'on leur dit des véritables biens ; & abîmés dans les affrétions charnelles , ils fe laiffent emporter dans cette vie comme par une violente tempête.

i» feule dfli- La feule délivrance de tous ces VoTmJx, m a U X C'eft l e r e t O U r à D i e U i & CC

c-eft le reto'ur retour n'eu que pour ceux qui ont a Dlcu" les yeux & les oreilles de l'ame tou­

jours ouverts & attentifs , pour re­couvrer les véritables biens -, & qui, par la faculté qu'ils ont de fe rele­ver , ont guéri le mal attaché à notre nature. Or ce mal attaché à notre nature, Se qui eft en même-temps un mal acquis, c'eft l'abus que nous faifons de notre liberté; car pour ufer de cette liberté, nous tâchons toujours de difputer contre Dieu , & d'aller tête baifTée contre fes loix , fans prendre garde aux grands maux que nous nous fai­fons nous-mêmes , par cette mal-heureufe opinion de croire pouvoir réfifter à Dieu, mais voyant feu­lement d'une vue trouble & confufe que nous pouvons fecouerlejougdes

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SUR. IES VERS DE PYTHAG. n i

loix divines. En effet voila ce qu'on Le» hommes appelle ufer d'une liberté pleine & ne croient fX^ , „ r ' , , . avoir de la lans bornes, que doler s éloigner liberté, de Dieu , & entrer avec lui dans q ^ " " " une funefte contention, en difpu- couert le tant opiniâtrement contre l u i , & jj^fj" lo£ en refufant de lui céder. S'il nous qu'ils com-dit, Tu ne feras point cela , c'eft cela ^ ' S e T * même que nous voulons faire : & s'il nous d i t , Fais cela , c'eft ce que nous ne voulons pas ; comblant ainfi la mefure de nos iniquités, & nous précipitant des deux côtés dans une milere infinie par cette j^f ' ,^!" double tranfgreflîon de la Loi de tndcuxm*-Dieu, en ne faifant pas ce qu'elle nit,M-ordonne, & en faifant ce qu'elle défend. Funefte con-

_ , | tcntion née Quel remède trouverons-nous avec nom, »

donc à cette funefte contention qui l e hai\Ju. n. J- • • o 'o co,P« d* F**

elt dite ici , <X nove compagne , & ché. nie avec nous ? qui eft excitée par ce malheureux germe qui eft en nous, toujours oppofé à la nature ; &" qui par cette raifon, comme un mal domeftique , nous bleffe & nous tue fans que nous nous en ap-percevions ? Que faut-il lui oppofer î

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i i i COMMENT. D'HIÉROCLES

Comment arrêter fa furie ?

Certainement il n'y a d'autre digue à oppofer à cette faculté qui nous précipite en bas, que de pratiquer , de méditer, 6z d'aimer, tous les préceptes qui nous mettront fur Us voies de la vertu divine ; car voila la délivrance de nos maux, qui eji connut de Jïpeu de gens. Voila ce qui nous fait voir & entendre les biens qui font pris de nous : voila ce qui nous dé*-livre des malheurs que nous nous attirons volontairement : voila ce qui retranche cette infinité de trou­bles & de pallions qui nous acca­blent ; & par conféquent voila le feul chemin pour éviter cette coiv tention impie : voila le falut de l'ame , & la purgation de cette difeorde effrénée , & le retour à Dieu ; car le feul moyen de cor­riger par la faculté qui nous relevé, le penchant qui nous rabaiiïe, c'eft de ne point augmenter ce penchant, & de ne.point ajouter maux fur maux ; mais devenus obéiflants & fournis à la droite raifon, c'eft de fuir

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SUR. LES VERS DE PYTHàG. Z I J

cette mauvaife contention, en nous jettant dans la contention toute bonne, c'eft-à-dire, en ne combat- contention tant plus pour défobéir à Dieu, toute bonne; combattant au contraire pour lui obéir de toutes nos forces. Et ce conv bat ne doit pas être appelle contention, mais acquiefcement à la volonté de Dieu , retour à fa loi divine, & foumiflîon volontaire & parfaite , Quelle <?oit oui retranche tout prétexte à la folle toLmZ à qéfobéiffance , &ç à l'incrédulité : B«u-car je crois que toutes ces chofes font lignifiées par ces Vers.

En effet, pour marquer que les hommes embrafient le vice par leur ;

propre choix, le Poëte dit , Tu con­naîtras que les hommes s'attirent leurs malheurs volontairement. Voila pour­quoi il faut les appeller malheureux èç miférables ; puisqu'ils fe précipi­tent dans le vice par le choix de leur volonté. Pour faire entendre, qu'ils refufent opiniâtrement d'é- coûter les bons préceptes qu'on leur donne, il dit qu'ils ne voient , ni n'entendent que les biens font près d'eux. Et pour marquer qu'il efl: poffil?lç

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a:4 COMMENT. n'HiiROciis

de fe délivrer de ces maux , où l'on s'eft jette volontairement, il infère cette réflexion, Il y en a tris-peu qui fâchent fe délivrer de leurs maux ; faifant voir par-là , que puifque cette délivrance eft l'effet de notre

L'efdavtge volonté , l'efclavage du péché l'eft doioPéuiceeft a u ^ P a r conféquent. Après quoi il

ajoute la caufe de l'aveuglement, & de la furdité de ces âmes qui fe précipitent volontairement dans le vice. Tel eft le fort, dit-il, qui aveugle Us hommes, & leur été l'efprit ; car 1 eloignement de Dieu nous jette néceflairement dans la folie , ôc dans le choix téméraire & fans ré-

ii l'appelle, flexion. Et c'eft cet eloignement que c£ft"a- qu'il défigne ici par ce mot de fort, ™ eiiç-mê- qUi n o u s bannit du chœur des ef-"oiSI'com- prits divins par le malheureux pen-me dn i'a dé-chant vers cet animal particulier jawpjqu. gj- mortel.. Il nous montre encore

les fuites funeftes de ce choix té­méraire & inconfidéré ; & il nous enfeigne comment nos péchés font en même temps volontaires & in­volontaires ; en comparant la vie du fou au mouvement du cylindre ,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. H J

qui fe meut en même-temps & en rond & en droite ligne, en rond par lui-même , &" en droite ligne par fa chiite, Car comme le cylindre v. lei reniai n'eft plus capable du mouvement iue*' circulaire autour de fon axe, dès qu'il eft gauchi, & qu'il s'éloigne de la ligne droite ; de même l'ame ne conferve plus de véritables biens, dés qu'elle eft déchue de la droite raifon, & de l'union avec Dieu : mais elle erre autour des biens ap­parents, &r elle eft emportée hors du droit fil, balottée par fes affections charnelles -, ce qu'il explique par ces • mots, Ils roulent çà & la , toujours accablés de maux fans nombre.

Et parce que la caufe de ce fort qui ôte l'efprit aux hommes, & de leur éloignement de Dieu, c'eft l'a­bus qu'ils font de leur liberté, il enfeignedans les deux Vers fuivants, comment il faut réformer cet abus, & fe fervir de cette même liberté pour retourner à Dieu : car pour in­firmer que nous ne nous attirons nos malheurs que parce que nous le voulons, il dit, La funejle contention

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1x6 COMMENT. B'HiéRocxls née avec eux , & qui les fuit par-tout î les agite fans qu'il* s'en apperçoivent Et immédiatement après, pour faire voir que le remède eit en notre puiiïa.nce , il ajoute : Au lieu de la provoquer, & d* l iriter , ils de\ raient la fuir en cédant. Mais s'appercevant en même temps , que nous avons

S£T&& préalablement befoin du fecours de faire avant Dieu pour éviter les inaux , &

pour acquérir les biens, il ajoute tout d'un coup une efpece de prière, & fait vers Dieu un retour & un élan , feul moyen d'attirer fon Ce-cours,

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V E R

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 117

VERS LXII, LXIII, LXIV, LXV, LXVI, LXVII.

Grand Jupiter y père des hommes, vous les délivreriez tous des maux qui les accablent,

Si vous leur montrit\ quel ejt le démon dont Vs fe fervent.

Mais prends courage, là race des hom­mes ejl divine.

La facrce nature leur découvre les myf-teres les plus cachés.

Si elle t'a fait part de fes fecrets, tu viendras aifément à bout de toutes les chofes que je t'ai ordonnées.

Et guétiffant ton ame, tu la délivreras de toutes us peines, & de tous ces travaux.

X-iE s Pythagoriciens ont accouru- car le mot, mé de défigner Dieu, père & créa- *•£ *",* teur de cet univers, par le nom de ¥£%um Jupiter, qui dans la langue origi-du.I"ot'.<•"> nale eft tiré d'un mot qui lignifie la y"ytef" vie. Car celui qui a donné l'être & la

Tome II. K

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ziS COMMENT. D'HIéROCLèS

vie à toutes chofes, doit être ap­pelle d'un nom tiré de fes facultés. Et le nom de Dieu, celui qui lui eft véritablement propre , c'eft ce­lui qui convient le plus à fes opéra­tions , & qui marque le plus évi­demment les œuvres. Aujourd'hui parmi nous les noms qui nous pa-roiflent les plus propres , le hafard & la convention des hommes les produifent bieil plutôt que la pro­priété de leur nature ne les fait trouver, comme cela paroît par une infinité de noms impofés contre la nature des êtres, à qui on les donne, Se à qui ils conviennent aufïï peu que fi l'on appelloit un méchant homme, homme de bien ; ou un im­pie , homme pieux. Car ces fortes de noms n'ont point la convenance que les noms doivent avoir , en ce qu'ils ne marquent ni l'eflence, ni les vertus des chofes auxquelles on les impofe. Mais cette convenance, &

Mais c"«(t de cette propriété de noms doivent être u"nomsq"ee recherchées fur-tout dans les chofes fauroient «• éternelles ; &r parmi les éternelles, primer 1er- ^ans les divines; & parmi les divi­

nes , dans les plus excellentes.

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sua LES VERS DE PYTHAG. J.I 9

Voila pourquoi le nom de Jupiter eft dans le fon même un fymbole & une image de l'eflence qui a tout créé : en effet ceux qui les premiers ont impofé les noms, ont fait par la fublimité de leur fagefle, comme les excellents Statuaires ; par les noms mêmes ils ont exprime, com­me par des images animées , les vertus de ceux à qui ils les ont don­nés ; car ils ont rendu les noms dans leur fon même le fymbole de leurs penfées, les images très reffemblan-tes, &r très-inftruétives des fujets fur lefquels ils ont penfé.

En effet ces grandes âmes, par leur application continuelle aux chofes intelligibles, comme aby-mées dans la contemplation , & devenues , pour ainfi dire, groffes de ce commerce , quand les dou- comment les leurs les ont prifes pour enfanter nom"b<£s leurs penfées, elles fe font écriées chofes onc en des termes, & ont donné aux <té,uyem*Sé

chofes des noms qui par le fon mê­m e , & par les lettres employées pour les Former , ont exprime par­faitement les efpeces des chofes

Kij

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n o COMMENT. D'HIéROCLèS

nommées, & ont conduit à la con-noiffance de leur nature ceux qui les ont bien entendus : de forte que la fin de leur contemplation a été pour nous le commencement de

' l'intelligence. C'eft ainfi que le créa­teur de toutes chofes a été appelle par ces grands génies, tantôt du nom de quaternaire , & tantôt dix nom de Jupiter, par les raifons que nous avons marquées.

Or ce qu'on lui demande ici par cette prjerç, c'eft ce qu'il répand fur tous les hommes, à caufe de fa bonté infinie : mais il dépend de nous de recevoir ce qu'il donne fans cefle. Il a été dit plus haut:

Vers 4». Ne commence à mettre la main à lœu~ vre, qu'après avoir prié les Dieux , pour faire entendre que les Dieux font toujours prêts à donner les biens, mais que nous ne les rece­vons que lorfque nous les de­mandons, & que nous tendons la

, 1.1.1 «, main à cette diftribution divine. En t a v é r i t é K J - • . | . i

u venu dé- effet ce qui eft libre ne reçoit point 'ouKndVïer- *es véritables biens, s'il ne le veut ; lence de & ces véritables biens font la vérité u»ew. fyr i a v e r t u ^ qU^ découlant toujours

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SUR. LES VERS DE PYTHàG. m

de l'eflence du créateur, éclatent toujours, & de la même manière , aux yeux de tous les hommes. Et ici ces Vers pour la délivrance de nos maux, demandent, comme une chofe néceflaire, que nous connoif- l! /aut

rcon;

f. ' • ' " / * • i n noitre Ion ci­llons notre propre eflence : car c eft fence, pour ce que fignifie ce Vers, Quel eft le l°£™ % démon dont Us fe fervent ; c'eft-à-dire f« maïu. quelle eft leur ame. En effet de ce retour vers nous-mêmes, de cette connoif-fance de nous-mêmes , dépendent néceflairement la délivrance de nos maux, & la manireftation des biens que Dieu nous offre pour nous ren­dre heureux. Ce vers fuppofe donc, que fi tous les hommes connoif-foient qui ils font, &r quel eft le dé­mon dont ils fe fervent, ils leroient tous délivrés de leurs maux : mais C e j a eft ^ cela eft impoffible \ en effet il ne fe poinMe. à peut qu'ils s'appliquent tous à la corruption* Philofophie , &- qu'ils reçoivent de l'homme, tous enfcmble tous les biens que Dieu offre inceflamment pour la perfection de la félicité.

Que refte-t-il donc, finon qu'il faut que ceux-là feuls prennent cou-

K iij

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2 H COMMENT. D ' H I é R O C I è S

rage, qui s'appliquent à la fciencé qui feule nous découvre nos vérita­bles biens, les biens qui nous font propres ; car ce font les feuls qui feront délivrés des maux attachés à cette nature mortelle, parce qu'ils font les feuls qui fe font adonnes à la contemplation de ces biens.

ta facrfe na-C'eft pourquoi ils méritent d'être tiitç , c'eft la m j s a u n o m D r e des ê t r e S divinS . parce que comme étant înltnuts par la facree H o u K nature, c'eft-à-dire, par la Philofo-misre vient phie , & comme mettant en prati-aeDicu. q u e t o u t e $ i e s r e g i e s du devoir. comment on Q u e fi nous avons auelque cota-fait con.iot- ^ « • * •. .

ne le com- merce avec ces hommes divins , mereequon n o u s j e ferons connoître en nous ap-bommesdi- pliquant fans relâche aux bonnes VJBS. œ u v r e s , & aux connoiiTances in ­

tellectuelles , par lefquclles feules l 'ame eft guérie de i'es pall ions, & délivrée de tous les travaux d"ici-b a s , tranfportée dans un ordre & dans Un état tout divin.

Pour abréger , voici quel eft le fens de ces Vers. Ceux qui fê con-noiiTent eux-mêmes font délivrés de toute affection mortelle. Mais pour-

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SUR IES VERS DE PYTHAG. I I J

quoi tous les hommes n'en font-ils pas délivrés , puilqu'ils ont tous le pouvoir inné de connoître leur ef-fence ? C'eft parce que la plupart, comme on l'a déjà dit, s'attirent leurs malheurs volontairement, en refufant de voir & d'entendre que les biens font près d'eux. Le petit nombre eft de ceux qui connoiflent la délivrance de leurs maux, en connoiflant quel eft le Démon dont ils fe fervent : & ce font juftement ceux qui par la Philofbphie ont purgé toute la folie des pallions , &c qui fe font retirés de ces lieux terreftres , comme d'une prifon étroite où ils croupiffbient.

Comment donc le Poète dit-il à Jupiter, Père des hommes, vous tes délivreriez tous des maux qui les acca­blent , fi vous leur montriez quel eft le Démon dont ils fe fervent ? Eft-ce

λour faire entendre qu'il dépend de ui de ramener tous les hommes à

la vérité, même malgré eux, & qu'il refufe de le faire , ou par né­gligence , ou à deflein, afin qu'ils demeurent éternellement dans

K iv

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i i 4 COMMENT. D'HIéROCLIS

F efclavage ? Mais c'eff ce qu'on ne peut entendre même fans impiété. Le Poète veut plutôt enfeigner par-là que celui qui veut parvenir à la félicité, doit recourir a Dieu com­me à fon père j car Dieu eft le Créateur de tous les êtres, Se le père des bons. Celui donc qui fait en quoi confïfte la délivrance des maux, qui fedélivre des malheurs que les nommes s'attirent volon­tairement , & qui évite la funefte contention par une fuite volontai­re , celui-là en implorant le fecours de Dieu , s'écrie Jupiter , père dis hommes ! Il a déjà fait l'action d'un fils, en appellant Dieu fon père , & il fait cette réflexion, que fi ce qu'il fait de lui-même , tous les hommes le faifoient comme lui , ils feraient délivrés comme lui de tous leurs maux : mais trouvant en-fuite que cela n'arrive point, non par la faute de Dieu, s'il eft permis de parler ainfi, mais par la faute des hommes, qui s'attirent volon­tairement leurs malheurs, il fe dit à foi-même , mais prends courage , toi qui as trouvé le véritable che-

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SUR 1ES ViKS DE P Y T H A G . 11 5

min pour te délivrer de tes maux : & ce chemin , c'eft le retour que la facrée Philofophie nous fait faire vers les biens que Dieu nous pré­fente fans cefle , & que la plupart Notiom des hommes ne voient point, par- n°™™iks"â ce qu'ils fe fervent mal des notions «>« tw rai-communes que Dieu a comme plan-fo,ulable-tées dans tout être railbnnaple , afin qu'il fe connoiflfe lui-même.

Mais parce que pour montrer quelque chofe à quelqu'un, il faut néceflai rement que les a étions de deux perfbnnes concourent ; car comment montreriez-vous quelque chofe à un aveugle , quand vous lui préfenteriez mille fois ce que vous voudriez lui montrer ? ou comment le montreriez-vous à ce­lui qui a.des yeux., fi vous ne lui prélentiez ce que vous voudriez qu'il vît ? Ces deux choies font donc néceflaires. De la part de celui qui montre , il faut un bien préfenté ; Car ,e m o t » 0 1 1 • » f • < * montrer,

& de la part de celui a qui on mon- fuppofe nt-tre. il faut des veux capables de ceU»,rement

voir ; a£n que d un cote 1 objet, & fe». de l'autre la vue concourent en-

K v

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n6 COMMENT. D'HIéROCLèS

femble, & que rien ne manque pour bien montrer.

Cela étant, faifons cette hypo-thefe, que tous les hommes feroient délivrés de leurs maux, li Dieu , qui les a créés, leur montrait & leur enfeignoit à fe connoître eux-mêmes , & à connoître quel eft le Démon dont ils fe fervent ; mais nous voyons cependant que tous les hommes ne font pas deli-

pi:uptéfeme v r £ s j e [eur m a u x - Dieu ne montre li: l'isn a tous . . 1 1 1 i« hommes ; donc pas a tous les hommes éga­rais îi ne L i e m e n t m a j s a ceux-là feulement nioture pa< i . ' . ,

tous, parce qui concourent de leur part a cette Mi'toui'ki1 délivrance, & qui veulent bien ou->eux ou- vrir les yeux pour voir & contem-v"ts" pler ce que Dieu leur montre , 6c

pour le recevoir. Par conféquent Dieu n'eft pas la caufe de ce qu'il ne montre pas à tous lés hommes; mais ce font ceux qui ne voient ni n'entendent que les biens font près d'eux, & voila pourquoi nous di-fons qu'ils s'attirent leurs malheurs volontairement. La faute en eft à celui qui choifit , & Dieu n'en eft nullement coupable , expofant fans

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. 1*7

cefTe les biens aux yeux de tous les hommes , autant qu'il eft en lui ; mais ne les montrant pas toujours à tous, parce que dans la plupart les yeux de l 'ame, feuls capables de voir ces biens offerts fans cefle, font fermés, & toujours baiffés vers la terre par la malheureufè habi­tude qu'ils ont contractée de s'at­tacher toujours à ce qu'il y a de mauvais. Et cette explication que nous donnons à ces vers, s'accorde avec la vérité , & confirme le fens des Vers qui précédent.

En effet, s'il dépend de Dieu d'at­tirer tous les hommes à la vérité, même malgré eux , pourquoi les accufons-nous de s'attirer leurs mal­heurs volontairement, & par leur faute ? Pourquoi leur conieillons-nous de ne pas exciter la conten­tion , mais de la fuir en cédant ? Pourquoi leur ordonnons-nous de fupporter doucement les accidents qui leur arrivent, & de faire leurs efforts pour les corriger & les gué- il n'y a plut rir ? Car tout chemin à la vertu par ^ " ' ï e ' u -l'infttu&ion, eft entièrement fermé breatbiue.

Kvj

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nî COMMENT. D'HIéROCIèS

fi on ôte le libre arbitre. Nous ne devons ni pratiquer, ni méditer, ni aimer le bien, fi c'eft à Dieu feul à nous délivrer du vice & à nous remplir de la vertu, fans que nous y contribuions de notre part.

Mais de cette manière la caufe des vices des hommes retomberoit fur Dieu même. Que fi Dieu n'eft nullement l'auteur des maux, corn-

Notre floi- me on l'a déjà démontré , il eft évi-bknmn"ie"t ^ent c l u e n o t r e éloignement des que de nous, biens vient uniquement de nous-mêmes, mêmes, qui ne voyons ni n'enten­

dons qu'ils font près de nous & en nous, félon les notions que la nature nous a communiquées en nous créant : & la feule caufe de cet aveuglement & de cette fur-dité , c'eft la trifte contention , mal que nous embraflbns volontai­rement ; mais au-lieu de l'augmen­ter & de la Iaifler croître, nous devons la fuir en cédant , ap­prendre à nous délivrer de nos maux, & trouver le chemin pour retourner à Dieu ; car par ce moyen la lumière de Dieu, & notre vue

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 119

concourant enfemble , font cette 11 faut qaefa parfaite manière de montrer, qui££"&nAt« opère la liberté de l 'ame, fa déli- vue concou-vrance de tous les travaux d'ici-bas, y" *" *** le fentiment vif des biens céleftes, & le rappel dans fa véritable patrie.

Ce Poète ayant donc ainfi traité de la vérité & de la vertu, & ayant terminé les préceptes de la vertu par l'examen qu'il veut qu'on fafle la nuit, & poufle les efpérances de la vérité jufqu'à la liberté de l'ame , n va «pU-&: à la délivrance de tous fes maux, «£j* c^ ^ e

il parle dans la fuite de la pureté corpsTuml-qui donne des ailes au corps lumi- "*••• neuxj & il ajoute ainfi une troi-fieme forte de Philofophie aux deux premières.

*5 BH*BB 7*

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2jo COMMENT. D'HIéROCLES

VERS LXVIII, LXIX & LXX.

Mais abjliens toi des viandes que nous avons défendues dans Us purifica­tions ,

El dans la délivrance de Vame, fais en le jufle difcernement & examine bien toutes chofes ,

En te laijjant toujours guider & con­duire par l'entendement qui vient d'enhaut, & qui doit tenir les rênes.

Autre erreur JL,'E S S E N C E raifonnable , ayant rkienV qT r eÇu de Dieu fon Créateur, un corps donnoient à conforme à fa nature, eft defcen-cÔ™ rpïri- due ici-bas, de manière qu'elle n'eft «»«• ni corps, ni fans corps ; mais étant v. ki remat- j n c o r p o r e u e e n e a pourtant fa for­

me déterminée & finie par le corps. Comme dans les aftres, leur partie fapcrieure eft une effcnce incorpo­relle , & l'inférieure une eflence corporelle : le Soleil même, eft un tout compofé de corporel & d'in­corporel , non pas comme de deux parties , qui ayant été féparées , fe foicnt unies enluite; car par-là elles

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SUR. LES V E R S DE PYTHAG. 231

fe fépareroient encore ; mais com­me de deux parties créées ensem­ble , & nées enfemble avec Subor­dination , de manière que l'une guide , & que l'autre fuit. Il en eft de même de tous les autres êtres raifonnables, tant des héros que des hommes, car le héros eft une ame raifonnable avec un corps lumi­neux , & l'homme pareillement eft une ame raifonnable avec un corps immortel créé avec elle. Et voila quel étoit le dogme de Pythagore, que Platon a expliqué long-temps après lui, en comparant l'ame ai- c'cft dam le vine , & l'ame humaine à un char ^"p."' .1** ailé qui a deux chevaux & un co­cher qui le conduit.

Pour la perfection de l'ame, nous avons donc befoin de la vérité &c de la vertu ; &r pour la purgatiôn de notre corps lumineux, nous avons befoin de nous nettoyer de toutes les fouillures de la matière, de re­courir aux faintes purifications, & de nous fervir de la force que Dieu nous a donnée pour nous exciter à fuir ces lieux.- Et c'eft ce que les

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232 COMMENT. D'HIEROCLèS

vers précédents nous enfeignent. Ils retranchent les fouillures de la ma­tière par ce précepte , Abjlitns-toi de toutes les viandes que nous avons dé­fendues. Ils nous ordonnent de join­dre à cette abftinence, la facrée purification & la fource divinement mfpirée, ce qu'ils font entendre un peu obfcurement par ces termes, & dans les purifications & dans la dé­livrance de tame , &c. & enfin ils travaillent à rendre la forme de l'efTence humaine, entière & par­faite , en ajoutant, en te laijfant tou' jours guider & conduire par l'entende­ment qui vient denhaut, & qui doit tenir les rênes. Car par-là le Poëtc re­met devant les yeux toute l'eflence humaine , & diftingue Tordre & le rang des parties qui la compofent. Ce qui mené, eft comme le cocher; & ce qui fuit & obéit, eft comme le char. Ces Vers apprennent donc à ceux qui veulent entendte les fymboles de Pythagore , & leur obéir , que c'eft en pratiquant la vertu, & en embraflant la vérité & la pureté, qu'il faut avoir foin

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SUR LES VERS DE PYTHàG. I J J

de notre ame & de notre corps lu- corpiiomi-mineux, que les oracles appellent rJbtU de\»-le char fubtil de tame. "»•

Or la pureté dont il parle ici, s'é­tend jufqu'aux viandes , aux breu­vages , & à tout le régime de notre corps mortel , dans lequel eft le corps lumineux qui infpire la vie au corps inanimé, & contient & renferme toute fon harmonie ; car le corps immatériel eft la v ie , c'eft lui qui produit la vie du corps ma- vie animais tériel, par laquelle notre corps mor- f/^™ ,**/ tel eft complet, étant compofé de mineux de la vie immatérielle, & du corps ma- [e ému°<£ez

tériel; & l'image de Vkomme, qui eft proprement le compofé de l'eflènce raifonnable & du corps immatériel.

Puifque nous fommesdonc l'hom­me , & que l'homme eft compofé de c.tA.^ire, ces deux parties, il eft évident qu'il rameraiion-doit être purgé & perfedionné dans 2 w o $ u e

fes deux parties, & pour cet effet, rpiriwei. il faut fuivre les voies convenables à chacune de ces deux natures;car il faut pour chacune une puigation différente. Par exemple, pour l'ame Purgati„n <je raifonnable, par rapport à fa faculté l'auw.iueiic.

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2J4 COMMENT. D'HIéROCLèS

de raifonner & de juger , fapurga-u fcicnce, tion , c'eft la vérité qui produit la vcrïté" ' * Science ; & par rapport à fa faculté

de délibérer & d'opiner, c'eft la con-fulration : car étant nés pourcontem-

Pourquoi p l e r ^es chofes d'enbaut, & pour ré-n.ms avons gler celles d'ici-bas ; pour les premië-befoin de la i r • J 1 ' • ' vérité & de r e s n o u s avons beloin de la vente , u vertu. & pour les dernières nous avons be-

foin de la vertu civile, afin de nous appliquer entièrement à la contem­plation des chofes éternelles, & à la pratique de nos devoirs. Et dans les deux nous éviterons les orages qu'excite la folie, fi nous obéiflbns exactement aux Loix divines, qui nous ont été données ; car c'eft juf-tement de cette folie que nous de­vons purger notre eflence raifonna-

c'eft-à-dire, b le , parce que c'eft par cette même q j elleeit v e - r , . c . u ' j r i mie ici basfe r ° h e q u elle a eu du penchant p o u r revèrird'un ] e s chofes d'ici-bas. Mai s parce q u ' à corps morrel , . ,rn ' . <

& cortupri- no t r e corps l u m i n e u x , ser t a t t ache ble- un corps m o r t e l , il faut auffi le pur ­

ger de ce corps cor rupt ib le , &r le délivrer de ces fympaties qu'il a

purga'iondu contra&ées avec lui. Il ne refte donc îuT fpit'" 1 u e ^ pu rg a t ion du corps fpirituel,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 255

& il faut la faire en fuivant les ora­cles facrés & la fainte méthode que l'art enfeigne. Mais cette purgation eft en quelque façon plus corporel­le ; voila pourquoi elle emploie toutes fortes de matières pour gué­rir en toutes façons ce corps vivi- u l'appelle, fiant, & pour 'l'oblieer par cette v''v'#"",v opération a le leparer de la matière, prétendoicnt & à s'envoler vers les lieux heureux ??•" ÏÏZ*

, r • f / i - • - 1 • - fp"»"daon-

ou la première félicite lui avoitnoit îavieau donné place ; & tout ce qui fe fait ^P»"1"*-

?>our la purgation de ce corps, fi on e fait d'une manière digne de Dieu, Pr«ftiee$doU

& fans aucuns preftiges, fe trouve bâSnu'des conforme aux règles de la vérité & expiations «e de la vertu ; car les purgations de ^"J.1"6*-

l'ame raifonnable & du char lu- c'eft-i-dire, mineux , fe font afin que ce char du £°r?* '«"•"

1 • • , 1 ' rituel.

devenu aile par leur moyen, ne re­tarde plus fon vol vers les lieux cé-leftes.

Or ce qui contribue le plus à faire naître ces ailes, c'eft la médi- £ « f " '»~

' 1 ame * pet-

tation , par laquelle on apprend peu dues par fon à peu à fuir les chofes terreftres ; ^ " " h o -c'eft l'habitude des chofes immaté- f« tendîtes. rielles Se intelligibles; c'eft le dé-

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1 } 6 CoMMINT. D ' H I É R O C I È S

pouillement de tçtutes les feuillure? qu'il a contractées par fon union avec ce corps terreftre & mortel. En effet, par ces trois chofes il revit en quelque façon, il fe recueille, il

S t ' eft rempli de la force divine, & il fe réunit a la perfection intelligente de l'ame.

Mais , dira-t-on, en quoi , & comment l'abftinence de certaines viandes contribue-t-elle à de fi gran­des chofes ? Certainement pour ceux qui font accoutumés à le féparer de toutes les chofes mortelles, s'ils s'abftiennent encore abfolument de certaines viandes , & fur-tout de celles qui relâchent l'efprit, & qui portent ce corps mortel à la géné­ration , il ne faut pas douter que ce ne foit un grand fecours, & une grande avance pour leur purgation. Voila pourquoi dans les préceptes fymbouques on ordonne cette abfti-

tefensmyfti- nence , qui dans le fond & dans le que n'exclut fèns myftique a véritablement un lit'inL™ fcn5 principal, & plus étendu, mais

qui à la lettre ne laine pas d'avoir le fens qu'elle préfente, & de dé-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I$J

fendre pofitivement ce qui eft nom­mé dans le précepte. Comme lors­qu'on dit, lu ne mangeras point la matrice de (animal, cela pris à la lettre, nous défend de manger une certaine partie , qui eft très-petite : mais fi nous pénétrons le grand fens caché dans cette profondeur Pythagoriquc , par cette image pal­pable & fenfible , nous appren­drons à renoncer entièrement à tout ce qui regarde la naiflance&la géné­ration. Et comme nous nous abftien» drons véritablement, & à la lettre démanger cette partie, nous pra­tiquerons avec le même foin tout ce que ce précepte renferme de plus caché pour la purgation du corps lumineux.

Semblablement dans ce précepte, tu ne mangeras point le cœur, le fens principal eft que nous évitions la colère ; mais le fens littéral, &c fubordonné, c'eft que nous nous abftenions de manger cette partie défendue.

Nous expliquerons de même le précepte qui nous ordonne de nous

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2}8 COMMENT. D'HiÉRocLàs abjlenir de la chair des bêtes mortes ; & nous entendrons que ce précepte veut nous éloigner généralement de toute nature mortelle , & nous empêcher de participer à toutes les chairs profanes, &c qui ne lont pas propres aux facrifices : car dans les

Dans tous les p r ( i c ep t e s fymboliqueS il cft jufte fyniboiiquM d'obéir &c au fens littéral, & au iifauc f«;vi;efens c a c hé. Et ce n'eft que par la rai, & le pratique du lens littéral que Ion fensmyfti- parvient à celle du fens myftique ,

qui eft le plus important. De même nous devons entendre

ici que ce Vers nous donne dans ces deux mots les femences &f les princi­pes des meilleures œuvres. Abfiiens-

SOHS ce mot toi, dit- i l , des viandes : ce qui eft la de vianda, même choie que s'il difoit, Abltiens-cft compris , , >• „ ' J ..

tout ce qui toi des corps mortels v corruptibles. ed mottei & Mais parce qu'il n'eft pas poffible corruptible. , > 1 n • ^ 1 -i •

qu on s abiuenne de tous, il ajoute, que nous avons défendues , & il indi­que les lieux où il en a parlé, c'eft dans ks purifications, & dans la déli­vrance de Came ; afin que par l'abfti-nence des viandes défendues , on augmente la fplendeur du char cor-

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SUR LES VtRS DE P Y T H A G . 1J^

porel, & qu'on en ait un foin qui ccft Mise, convienne a une ame purifiée, & ?u

uei

cjrpi'aP.i" délivrée de toutes les fouillures de me. la matière. Et le jufte difeernement de toutes ces chof es, il le laifle à l'entendement , qui étant la feule faculté qui juge, eft auffi feul ca­pable d'avoir du corps lumineux un foin qui réponde à la pureté de l'a-me. Voila pourquoi il a appelle cet entendement, le cochtr, le condu&eur, qui tient les rênes , comme créé pour conduire le char. 11 eft ap­pelle entendement, parce que c'eft la faculté intelligente ; & il eft appelle conducteur OXL cocher, parce qu'il gou­verne le corps, & qu'il le conduit. Or l'œuil de l'amour eft ce qui si l'œuii de euide le cocher : car quoique ce foit I'»m.°l,r

une ame intelligente, ce n eft pour- entende tant que par cet ceuil de l'amour mei" • ' qu elle voit le champ de la vente j nous mai & par la faculté , qui lui tient lieu ^ t î g * de main, elle retient le corps qui de u vêtit;. lui eft attaché ; & le conduifant avec fagefTe, elle s'en rend la maî-treffe , & le tourne vers elle : afin que toute entière elle contemple la

ne notre e-il De

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%\o COMMENT., D'HIéROCLÊS

divinité, &c qu'elle le conforme en­tièrement à Ion image.

Voilà quelle eft en général l'idée Toutes CM j e c e t t e a)jf t in e n c e dont o n parle abftinence» . . ' . r ( endent à i c i , & tous les g rands b iens a u x -purger rame q u e j s e u e t â c h e d e nous c o n d u i r e . de toute at-T i z - > > 1 / - • i • feaionchar- T o u t e s ces cho ies o n t e t e dé ta i l l ées wUe- dans les préceptes facrés qui ont

été donnés fous des ombres & des voiles. Quoique chacun de ces pré­ceptes ordonne une abftinence par­ticulière , comme des fèves pour les légumes, des chairs mortes pour les animaux ; qu'on y marque I'efpece, c o m m e , tu ne mangeras pas le rouget, pour les poifions ; ni un tel animal, pour les animaux terreftres $ ni un tel oifeau , pour les volatiles ; 8c qu'enfin on descende jufqu'à parti-ticularifer certaines parties, com­m e , tu ne mangeras point la tête, tu ne mangeras point le cœur ; c ependan t dans chacun de ces préceptes l'au­teur a renfermé toute la perfection de la purification; car il ordonne bien telle ou telle chofe à la lettre, pour Pabftinence corporelle, à caufe de certaines propriétés & vertus

phyfiques}

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SOR. u s VERS DE PYTHAG. 141

phyfiques ; mais dans chaque pré­cepte il infinue la purgation de toute aftè&ion charnelle , & accoutume toujours l'homme à fe tourner vers foi-même, ôc fe tirer de ce lieu de génération & de corruption , èV à s'envoler dans les Champs Elyfées, & dans l'air le plus pur.

Et parce- que les Pythagoriciens vouloient que le progrès de cette abftinence le fît avec ordre , voila d'où vient qu'on trouve dans leurs écrits des fymboles qui femblent d'abord le contredire ; car ce pré­cepte , Abjiiens-toi de manger le cœur, paroît contraire à cet autre, Abjliens-toi de manger les animaux : à moins qu'on ne dite que le premier, Ab-fiiens-toi de manger le cœur, s'adrefle à ceux qui commencent ; & que le dernier , Abjliens toi de manger les animaux, eft pour les parfaits : car l'abftinence d'une partie de l'animal eft fuperflue & inutile, lorfque l'a­nimal entier eft défendu.

C'eft pourquoi il faut bien pren­dre garde à l'ordre de la gradation que l'auteur a faite. Abjliens-toi des

Tome II. L

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144 COMMENT. D'HIéROCLIS

viandes , dit-il : Enfuite , comme fi quelqu'un lui demandoit de quelles viandes ? il répond , que j'ai défendues. Et après cela encore il répond com­me aune lèconde queftion : En quels endroits les Pythagoriciens ont-ils parlé de ces viandes ? & dans quels traité^ en ont-ils ordonne l'aDfti-nence ? C'eft , dit-il, dans les puri­fications , & dans la délivrance de'

Les purgi- famé, infinuant adroitement par l à , tioos doivent • • ' j o prêteru que les purgations p récèden t , Qc jciivrance q u e [a délivrance de l'ame fuit.

aine. Q f | e s p U r g a t j o n s £Je l ' a m e r a j _ fonnab le , ce font les Mathémat i ­ques : & fa dél ivrance, qui la tire en h a u t , c'eft la Dialectique , qu i eft l'infpe&ion intime des êtres. Voila pourquoi l'auteur a dit au fingulier, dans la délivrance de l'ame , parce que cette délivrance fe rap­porte à une feule feience > & il a ait au plurier, dans les purifications,^ILTCç que les Mathématiques renferment plufieurs feiences. A toutes les cho-fes donc qui ont été dites en par­ticulier fur l'ame , pour fa purga-tion , & pour fa délivrance , il en faut.joindre pour le corps lurci-

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S U R IES VERS DE PYTAAG. 14}

neux de toutes femblables, & qui leur répondent analogiquement , & par proportion. Ainii il faut né-ceflairement que les purgations, qui fe font par le moyen des fciences, foient accompagnées des purgations myftiques des initiations, ôc que la délivrance,qui fe fait par la Dialecti­que, foit fuivie de l'introduction à ce qu'il y a de plus fublime & de plus élevé. En effet voila proprement les chofes qui purgent, & qui per­fectionnent le char fpirituel de l'a- chat de ,.a. me raifonnable , qui le dégagent me purgé r« de la feuillure , &r du défordre de I]^! '* Pac la matière , &: qui le rendent pro- l'infpeaion pre à converfer avec les efprits purs. de$my '""' Car il ne fe peut que ce oui eft impur touche à ce qui eu pur. Et comme il faut néceflaire-ment orner l'ame de feience &r de vertu , afin qu'elle puifle être avec les efprits toujours doués de ces qua­lités; de même il faut rendre pur le corps lumineux, & le dégager de la matière, afin qu'il puifle fou-tenir la communication avec les corps lumineux. Car c'eft la reflem-

Lij

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*44- COMMENT. D'HIéROCLèS

blance qui unit toutes chofes , au-lieu que la diflemblance défunit èV fépare celles qui le trouvent les plus unies par leur fituation.

Et voila quelle eft la mefure que les Pythagoriciens ont donnée de la Philolbphie très-parfaite pour la pef-

vcVhamm* Pçftion de l'homme entier . cette entier, ceft- ,. „ , à-dire, dt melure propre c< proportionnée: rame & du c a r celuiciiii n'afoin que de l'ame. & corps rpirj- , . > . * ' tuei, qui néglige le corps, ne purge pas

l'homme entier. Et d'un autre côté celui qui croit qu'il ne faut avoir foin que du corps, fans penfer à l'ame, fans qu'elle loit purgée à part , & par elle-même , il fait la même faute. Mais celui qui a foin des deux, fe perfectionne tout en­tier ; & de cette manière la Philo­lbphie fe joint à l'art myftique, comme travaillant à purger le corps lumineux. Et fi cet art fè trouve dénué de l'efprit philofbphique , vous verrez qu'il n'aura plus la même vertu : car de toutes les cho­fes qui achèvent notre perfc&ion , les unes ont été inventées par l'ef-prit philofbphique , Ôc les autres

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 245

ont été introduites par l'opération myftique, qui s'eft conformée à cet efprit.

J'appelle opération myftique la L'opération, faculté purgative du corps lumi- toujours être neux ; ann que de toute la Philofo- conforme i phie la théorie précède comme l'ef-prit, & que la pratique fuive, com­me l'a été ou la faculté. Or la pra­tique eft de deux fortes , politique ou civile , & myftique. La première

j 1 r i- 1 La ctitma*' nous purge de la rolie par le moyen mesurées des vertus, & la féconde retran-ùitrodakes che toutes les penfées terreftres par purgr"de le moyen des cérémonies facrées. tou"s ' "

Les loix publiques font un bon ?eftre" ' " échantillon de la Philofophie civile, & les facrifices des villes le font de la Philofophie myftique. Or ce qu'il y a de plus fublime dans toute la Philofophie, c'eft l'efprit contem­platif; l'effrit politique tient le mi­lieu ; & le dernier, c'eft le myftique. Le premier, par rapport aux deux autres, tient la place de l'œuil ; & les deux autres, par rapport au pre­mier , tiennent lieu du pied , & de la main : mais ils font tous trois

L iij

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1^.6 COMMENT. D'HIéROCLIS

fi bien lies enfemble , que l'un des trois , eft toujours imparfait & prefque inutile fans l'opération

ta contem- des deux autres. C'eft pourquoi il ïcVt'u" '&*» raut toujours joindre enfemble la pureté dei- feience qui a trouvé la vérité, la j'onrsmat- faculté qui produit la vertu , & cher enfem- c e H e qui procure la pureté, afin que

les actions politiques foient rendues cedà-dirt, conformes à l'intelligence qui con-^r/déiaRe-duit, & que les actions faintes ré­gion, v.les pondent à l'une & à l'autre. K«m«qu«. V o i k k g n d e j a ph i l cfo p h J e p y _

thagoricienne, que nous devenions tout ailés, pour arriver aux biens

Erreur des divins ; afin que lorfque le moment pythagori- de la mort viendra, laiflant dans corp'smonei. cette terre le corps mortel, & dé­

pouillant fa nature corruptible , nous foyons prêts pour le voyage célefte, comme athlètes des (acres combats de la Philofophie : car alors nous retournerons dans notre ancienne patrie, & nous ferons déi­fiés , autant qu'il eft poflible aux hommes de devenir dieux. Or c'eft ce que nous promettent les deux Vers fuivants.

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SUR IES VERS CF PYTHAG. 147

V E R S L X X I , L X X I I .

Et quand après avoir dépouillé tort corps mortel, tu arriveras dans l'air le plus pur ,

Tufiras un Dieu immortel, incorrup­tible , Ù que la mort ni dominera plus.

V O U A la fin très-glorieufe de tous nos travaux ; voila, comme dit Platon, le grand combat, & la grande efpérance qui nous eft pro-

Ïtofée; voila le fruit très-parfait de a Philofophie; c'eftlà l'œuvre l e f t ^ J ^

plus grand & le plus excellent de l'amour, l'art de l'amour, de cet art myfti-q u e , d'élever & d'établir dans la pofleffion des véritables biens, de délivrer des rravaux d'ici-bas, com­me du cachot obfcur de la vie ter-reftre, d'attirer à la lumière célefte, & de placer dans les ifles des bien­heureux ceux qui ont marché par les voies que nous venons de leur enfeigner. C'eft à ceux-là qu'eft ré-fervé le prix ineftimable de déifi­cation } car il n'eft permis de parvc-

L iv

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44,8 COMMENT. D'HIéROCLèS

nir au rang des Dieux , qu'à celui qui a acquis pour l'ame la vérité &r la vertu ; & pour fon char fpiri-tuel, la pureté.

En effet devenu par là fain & en­tier , il'cft rétabli dans fon premier état> après qu'il s'eft recouvré lui-même par fon union avec la droite raifon, qu'il a reconnu l'ornement tout divin de cet univers, Se qu'ir a trouvé l'auteur & le créateur de toutes chofes, autant qu'il eft pof-fible à l'homme de le trouver. Par­venu donc enfin, après la purifica­tion , à ce haut degré cù font tou-

c'eftà-dire, jours les êtres dont la nature n'efl: i"' ne .vic.n: pas de defeendre dans la eénéra-basanimer tion, il s unit par les connoiliances de'iMiip& ^ c c t o u t> ^ s'élève jufqu'à Dieu totrupcibles, m ê m e .

Mais parce qu'il a un corps créé avec lui, il a befoin d'un lieu où il foit placé comme dans le rang des aftres ; & le lieu le plus conve­nable à un corps de cette nature,

Erreur des c'eft le lieu immédiatement au-def-p.vhigori- fous de la Lune, comme étant au-

deflus des corps terreftres & cor-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 249

ruptibles ; & au-deflbus des corps céleftes, lieu que les Pythagoriciens appellent Vœttr pur : xther, comme immatériel & éternel , & pur , comme exempt des pallions terref. très.

Que fera donc celui qui y eft ar­rivé ? Il fera ce que ces Vers lui promettent, un Dieu immortel, ren­du femblable aux Dieux immor­tels , dont on a parlé au commen­cement ; un Dieu immortel, dis-je , non par nature -, car comment fe pourroit-il que celui qui n'a fait du progrès dans la vertu que depuis un certain temps, & dont la déifi­cation a commencé , devînt égal aux Dieux de toute éternité ? cela eft impoffible, &: c'eft pour faire cette exception, & pour en marquer la différence, qu'après avoir dit , tu feras un Dieu immortel, il ajoute , incorruptible , & que la mort ni domi­nera plus, afin qu'on entende une déification qui ie fait par le feul dépouillement de ce qui eft mor­tel i une déification qui n'eft point un privilège attaché a notre nature

L v

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i$o COMMENT. D'HIéROCLIS

ce, & à notre eflence, mais qui arrive peu à peu , & par degrés ; de ma­nière que c'eft une troiiieme efpece de Dieux. Ils font immortels quand ils font montés au ciel, &r mortels quand ils font defcendus fur la ter-

CefV.vdire r e > & e n cc^ toujours inférieurs aux Anges. ' aux héros ornés de bonté & de lu­

mière. Ceux-ci fe fouviennent tou­jours de Dieu , & ceux-là l'oublient quelquefois ; car il ne fe peut que le troifieme genre, quoique rendu parfait, foit jamais au-deflus du fé­cond , où égal au premier ; mais demeurant toujours le troifieme , il devient femblable au premier, bien que lubordonné au fécond ; car la reflemblance que les hom­mes ont par la liaifon , ou l'habi-

Dans les An- tude avec les Dieux céleftes, fe trou-6"' ve déjà plus parfaite & plus natu­

relle dans les êtres du fécond rang, c'eft-à dire, dans les héros.

Ainfi il n'y a qu'une feule cVr même ReffèmMan- perfection qui eft commune à tous ce avec Dieu, ] e s ê t r e s raifonnables , c'eft la ref-Ja pertiûion r , , r-v. . . . . de ous «rres lemblance avec Dieu qui les a crées; laifonnabies. m a i j v o i c j c c qUi fait la différence j

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 2 J I

ce t t e perfection fe trouve toujours , & toujours de même dans les céleftes; e l l e le trouve toujours, mais non pas Qu'il a âp. toujours de même dans les éthériens {£lj^£î£ q u i font fixes & permanents dans l e u r état ; & elle ne fe trouve ni Dam i« An-toujours , ni toujours de même dans gtSé

les éthériens fujets à defcendre & Damiesame» à venir habiter la terre. Si quelqu'un "• on"ne,#

s'avifoit de dire que la première & l a plus parfaite reflemblance avec D i e u , eft l'exemplaire & l'original des deux autres , ou que la féconde l'eft de la troifieme, il diroit fort b ien : Notre but n eft pas feulement de reflembler à Dieu , mais de lui reflembler en approchant le plus près qu'il fe peut de cet original tout parfait, ou d'arriver à la fé­conde reflemblance. Que fi ne pou­vant parvenir à cette plus parfaite reflemblance, nous acquérons celle dont nous fommes capables, nous avons comme les êtres plus parfaits, tout ce qui eft félon notre nature ; & nous jouiflons des fruits parfaits de la vertu, en cela même que nous connoiffons la mefure de notre eflen-

L v j

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i j i COMMENT. D ' H I é R O C I è S

ce;&"quenouslafupportonsfansnous plaindre : car le comble de la vertu , c'ell de fe tenir dans les bornes d e la création , par lefquelles toutes chofes ont été diftinguées & ran­gées félon leur efpece, & de fe fou-mettre aux Loix de la providence , qui ont diftribué à chaque chofe le bien qui lui eft propre félon fes facultés & ks vertus.

Voila le commentaire que nous avons ,jugé à propos de faire fur ces Vers dores; c'eft un fommaire des dogmes de Pythagore, qui n'eft ni trop étendu ni trop fuccinft. Il ne falloit ni que notre explication imi­tât la brièveté du texte ; car nous y aurions laiffé bien des obfcurités, & nous n'aurions pu faire fentir la raifon & la beauté de tous les pré­ceptes -, ni qu'elle embraflat non plus-toute cette Philofophie ; car cela eût été trop vafte &: trop étendu pour un commentaire ; mais il a fallu proportionner, autant qu'il a été pof-lible, le commentaire au fens que ces Vers renferment, en ne rappor­tant des dogmes généraux de Py-

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SUR IES VERS CE PYTHAG. î J J

thagore , que ce qui pou voit conve­nir & fervir à l'explication de ces Vers ; car ces Vers dorés ne font proprement que le caractère très-parfait de la Philofbphie , l'abrégé de fes principaux dogmes, &: les élé­ments de perfection que des hom­mes qui ont marché dans la voie de Dieu , & que leurs vertus ont élevés dans le ciel au comble de la félicité , ont laiûes à leurs dépen­dants pour les inftruire, éléments qu'on peut appeller à bon droit la plus grande & la plus belle mar­que de la noblefle de l'homme , & , £ . qui ne iont pas le ientiment d un d'un corps particulier , mais la doctrine de tout <"» plus d'au-r _ . ' . . . . loriïc que le facre corps des Pythagoriciens , ceux dur. & comme lé cri de toutes leurs al- £,au"

icuU" femblées. C'eft pourquoi il y avoit une Loi qui ordonnoit, que chacun, tous les matins à fon lever , & tous les foirs à fon coucher , fe feroit lire ces Vers , comme les Oracles de la doctrine Pythagoricienne ; afin que par la méditation continuelle de ces préceptes, il en fit voir en lui l'ef-

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254 COMMENT. D'HIéROCLIS , &c.

prit vivant & animé. Et c'eft ce qu'il faut que nous t'aillons , nous auffi, pour éprouver & pour (èntir enfin toute l'utilité qu'ils renferment.

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ÎS&vS»; ™ sr^~ 'îSè'sî55; « ^ o * •**..\«

REMARQUES S UR

LES VERS DORÉS

DE PYTHAGORE, E T

SUR LES COMMENTAIRES

D ' H I É R O C L È S .

JLL N chajfant l'excès des pajjîons.] Il ne dit pas , en chajj'ant, en détruifant lespa.Jp.ons j mais en chajfant l'excès des pajjîons ; parce que les Pythagoriciens tenoient que les pallions font utiles, & qu'il n'y a que l'excès de vicieux ; vérité que les Platoniciens & les Pé-ripatéticiens ont reconnue.

Or il n'y a que la vertu & la vérité ui puijfent opérer ces deux chofes. ] arce qu'il n'y a que la vertu qui i.

Page i.

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a$6 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

puifle purifier, & que la vérité qui puifle éclairer, & par conféquent per­fectionner & rétablir en nous la reflem-blance divine.

Page i. Et en redonnant la forme divine à ceux qui font difpofés à la recevoir. ] Il y avoit ici une faure confidérable dans le texte , tiquéèç îx^r*, ce qui ne faifoit aucun fens, au-moins que je pufle entendre. L'excellent manus­crit de la Bibliothèque de Florence, confulté par M. le Docteur Salvini, qui a eu la bonté de m'en envoyer toutes les différentes leçons qu'il en a extraites avec un très-grand foin, m'a tiré d'embarras , en me faifant voir qu'Hiéroclès avoit écrit TO~« tù<$vâ>( *X<M't » à ceux qui font bien dtfpofés , c'eft-à-dire à ceux que la pratique des vertus a rendus capables de rece­voir cette forme divine , & dé reflem-bler à Dieu.

Parmi toutes les règles qui renfer­ment un précis de la Philofophie. } II paroîr par ce paffage, que du temps d'Hiéroclès il y avoit plufieurs ouvra­ges de cette nature, où l'on travâilloit à enfeigner la Philofophie en abrégé

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ï T S D R J L E S C O M M . D ' H I ê R O C . 2 5 7 & par aphorifmes. Nous en connoif-fons deux excellents, celui d'Epiétete & celui de l'Empereur Marc-Anto-nin : le premier plus méthodique que l'autre.

Les Vers de Pythagore. ] Ces Vers ne font pas de Pythagore même, puifqu'on y jure par Pythagore dans le XLVI Vers. Ils font d'un de fes difciples; les anciens les attribuent à Lyfis. Ils portent le nom de Pytha­gore , non feulement parce qu'on y explique fes fentiments, mais encore parce que les premiers difciples de Pythagore ne mettoient jamais leur nom à leurs ouvrages, qu'ils attri-buoient tous à leur maître, pour lui faire honneur, & pour lui marquer leur reconnoiflfance.

Se rendre pur. J Une feule lettre défeétueufè corrompt tellement le tex­te de ce paifage, qu'il n'eft pas in­telligible ; car que veut dire J£ iauror *«t<*p«' *"•»*«<«»? Ce n'eft pas-là l'u-fage du verbe àve^cLvur. Le manufcrit de Florence lit fort bien ^ «*UT«V Kxf»fiv À7re*â€at : Çyfe ipfumpurwn re-

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a j 8 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

cipiat, & qu'il fe rende pur, qu'il re­couvre fa première pureté.

Et comme dit le limée de Platon. ] C'eft-à-dire, le dialogue que Platon a compofé, & qu'il a appelle Timèe, parce qu'il fait expliquer par Timée la doclrine de Pythagore, telle qu'elle eu expofée dans le Timée de Locrés, qui eft un traité de l'ame du monde & de la nature, fait par Timée mê­me , difciple de Pythagore, & que Pla­ton nous a confervé & expliqué dans fon di?.logue qui porte ce nom. Hié-roclès reconnoît ici avec juftice que ce dialogue de Platon eft une expli­cation très-exaéte du Timée de Lo­crés , qui de tous les difciples de Py­thagore étoit celui qui avoit le mieux expofé la doétrine de ce Philofophe. Ce Timée étoit de Locrés, la mieux policée des villes d'Italie; Socrate vante fanaiflTance, fes richefles, les grands emplois qu'il avoit eus dans fon pays; & il lui donne cette grande louange, qu'il étoit parvenu à la plus fublime perfection de toute la Philo-fophie, c'eft-à-dire, tant delà Philo-

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ET SUR LEsCoMM.D'HlÉROC. 2f9

fophie pratique, que de la Philofophie contemplative.

Après avoir rétabli fa famé &* fort intégrité. ] On chercheroit inutilement dans le Timée de Platon ces paroles , comme elles font rapportées ici. Hié-ro^îès ne fait qu'un feul & même

f iatfage de deux paflages de Timée ; e premier eft à la page 42 , où Pla­

ton dit, Et il ne mettra fin a fis chan­gements & à fis travaux , que s'étant attaché à fuivre le période du même &* du femblable qui ejî en lui pour le gui­der , &* qu'ayant furmontépar la raifon cet amas de fouillure infinfée qu'il a contra&é pat la contagion des éléments (c'ejl-â-dire du corps) il ne foit re­tourné àfon premier état, &c. i/ç ri rSif 7rpû)T»{ ^ «p/ç**c dqUone ufec f£<«C. Et l'autre efl à la page 44. Que fi la bonne nourriture quife fuit parlé-ducat ion, vient àfonfecours, alors évi­tant la plus dangereufe des maladies, il devient entier & fain, »*.«iX»p« iyiiç Tt wwrtàw; , T»V f/.ryiç't* â.TtoQvyw vorc*, yiyvtrai. On ne fauroit dire fi c'eft à deflein qu'Hiéroclès a joint ces deux

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x6o R E M . SUR LES VERS DE P Y T .

partages, ou fi les citant de mémoire il ne s'eft pas trompé.

Se revoir dans fon prunier état £ in­nocence &* de lumière. ~\ Le grec de Platon dit, retourner à la forme de fa première & plus excellente habitude. Ce qui n'eu autre chofe que fon prr , ier état d'innocence & de lumière où il étoit par fon union avec Dieu. L'in­nocence fe recouvre par la pratique des vertus; & la lumière, par la con­templation.

Ne fauroit attacher fes regards. II manque ici un mot dans le texte, è moins qu'on ne répète en commun le mot i% cîârrt, du premier membre de la comparaifon ; ce qui n'eu pas du ftyle d'Hiéroclès. Iîeureufement j'ai trouvé ce mot fuppléé à la marge d'un Hiéroclès que M. l'Abbé Renau-dot m'a prêté, & où. l'on voit écrit par une main inconnue mais fçavante, à/Jixxvor. Je rre doute point que ces notes marginales n'ayent été tirées de quelques bons manuferits ; car j'y ai trouvé des leçons excellentes. Celle-ci eu confirmée par le manuferit de

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ET SUR LES CûMM. D ' H I É R O C . 2 6 1

Florence, qui même préfente une au­tre leçon bien remarquable. Voici le paflage entier comme il eft dans ce .manufcrit : cvru -\vx^ f** «?'T,'V •M*T»--

fj.tvvri TO T « Jtiit IvoTrlpiÇifxi xctX7\o(

à/jiixarot. De même l'ame qui ne pof-fede, pas encore la vertu , ne fauroit attacher fes regards fur la beauté & fur lafplendeur de la divinité. Ce qui me paraît préférable à la leçon du texte imprimé.

La Philofophie pratique efl la mère Page ,. de la vertu ; & la théorétique efl la mère de la vérité. ] Il n'étoit pas diffi­cile de corriger cet endroit. La leçon que j'ai fuivie, àhnfelaç eTè » JtcçHTM», eft confirmée par l'exemplaire conféré fur les manufcrits. Le manufcrit de Florence ne paraît pas bien fain dans ce paflage ; ce qu'il y a de meilleur , c'eft qu'au-lieu de tç-', il lit *T/ , d'ailleurs. Ainfi il ne faudrait pas fé-parer cette période de celle qui la précède, mais traduire de fuite, d'ailr-leurs, la Philofophie pratique, &Y.

Il faut donc premièrement être hom­me. ] C'eft ainfi qu'il faut lire dans le texte comme il eft imprimé, vpurcr

Page

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Page e.

162 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

cuv avffaiTrov J'tî ytviaQxt, & non pas etyafov, homme de bien ; car dans le langage des Pythagoriciens, être hom­me, c'cft être homme de bien; les méchants, les vicieux ne font pas des hommes. Le manufcrit de Flo­rence lit auffi a*fç<mc*, Se non - pas àyetfor.

Pour nous apprendre que c'efl par la pratique des vertui que nous devons avan­cer. ] Il y avoit ici une faute confi-dérable dans le texte, •ntafa.yuXSf H/xctç arno T»( wtp/ rer j9/or f/.tytç-H( %ptlciuçt

frc. Ce mot fjuyiçrtiç ne peut avoir ici aucun fens raisonnable. Dans le ma­nufcrit de Florence il y a «piT«ç, par l'ufage des vertus de la vie, &c. ce qui eft excellent.

Honore les Dieux immortels. ] Il fe préfente d'abord ici une queftion : favoir, pourquoi dans ces Vers Py-thagore ne parle que du culte qu'on doit rendre aux Fils de Dieu , & qu'il ne dit pas un mot de celui qu'on doit à Dieu même qui les a créés. Cela vient à mon avis de ce que Pythagore fuivoit les Egyptiens, & que les Egyptiens ne partaient jamais du pre-

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ET SUR LES CoMM. D ' H I Ê R O C . l6j

mier principe,qu'ils regardoient com­me environné de ténèbres qui le ca-choient. wpaTW «p^w » dit Damafcius, rKoVec, uvtf irctrau tânn*, O-KOTOç uyvuç-er. Le premier principe, c'eft-à-dire, Dieu Père & Créateur de tous les êtres , eji élevé au-deffus de toute penfée : cV/ï une obfcurité inconnue & impénétrable. Et l'on prétend que les Egyptiens avoient fuivi en ce point la Théo­logie d'Orphée, qui difoit, Je ne vois point le premier être, car il eji envi­ronné d'un nuage qui le dérobe à mes yeux.

Ne connoiflant donc point ce pre­mier être, ils ne pouvoient, félon leurs principes , lui aflîgner un culte; mais ils enfeignoiçnt que le culte qu'on ren-doitaux Dieux & aux Anges, fe rap-portoit & fe terminoit à Dieu qui les avoit créés.

Qu'il faut honorer les Dieux de cet univers. ] Par ces Dieux, Hiéroclès entend ce que les Païens appelloient les douze grands Dieux, qu'ils regar­doient comme les enfants & comme les

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a<>4 REM. SUR LES VERS DE P ï T .

premiers nés du Dieu Créateur de toutes chofes, & auxquels ilsrendoient un culte fupérieur à celui qu'ils ren-doient aux Anges & aux autres es­prits. Et cette erreur des Païens ve-noit d'une vérité dont ils avoient quelque légère idée, mais qu'ils ne développoient pas aflez. Ils entre-voyoient feulement qu'au-deffus des Anges & de tous les efprks bien­heureux, il y a voit des Dieux qui pro-cédoient du Père.

Et que la Loi éternelle qui les a produits, leur a dijîribué. ] La Loi éter­nelle eft ici la providence, la volonté divine, Dieu même qui a tout créé. Mais je ne dois pas oublier ici une leçon bien remarquable , que préfente le manufcrit de Florence ; au lieu de fitfjMvfyixh fo'/xeç , la Loi qui les a créés, on y lit J^KfjaovfyiKtç Xcycç, la parole ou le verbe qui les a créés : ce qui s'ac­corde fort bien avec ces paroles de

T o S Platon dans l'Epinomis : Le ferle très-divin a arrangé &" rendu vijible cet univers.

En les plaçant les uns dans la pre­mière Sphère. J Car les Pythagoriciens

enfeignoient

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ET SUR LES CoMM.D'HiÉROC. X6$

enfeignoient que Dieu, après avoir créé les Dieux inférieurs & les âmes des hommes , les avoit distribués les uns & les autres dans les différentes fpheres des deux. On peut voir le Timée.

Comme aujfi, de ne point trop rele- p 7-

ver ni rabaijfer.'] Ce paflage étoit fort obfcur dans le texte. Un petit mot ajouté à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits l'a rendu clair. Au lieu de ij /.*»T« mtfai^w tir ù^leu/, il faut lire it, ro fjaht, &c. Ce fécond TÔ répond au premier TO' >«'p. J'ai vu enfuite avec plaifir cette addi­tion de l'article TO , confirmée par le manuferit de Florence.

De leur donner le rang qu'ib ont reçu, & de rapporter tout l'honneur qu'on leur rend, au fcul Dieu qui les a créés. ] Voici deux grandes vérités qui ont été connues des Païens ; la première, que les différents efpritsque Dieu a créés, Se qui font entre Dieu & l'homme , doivent être honorés, de manière qu'un zèle mal entendu Se fans connoiffance ne nous porte pas à les élever au-deffus de ce qu'ils

Tome II. M

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266 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

font, & que l'ignorance & l'impiété* ne nous obligent pas non plus à les rabaiffer. Et la féconde, que tout l'hon­neur que nous leur rendons fe rap­porte à Dieu, comme à celui à qui ils doivent comme nous leur être.

Et qu'ils ont reçu de lui immuullî-jnent & indivifdlement l'être & te bien être. ] J'avois ajouté ces derniers mots, & le bien être. Ce- qui s'eft trouvé enfuite à la marge de l'exemplaire de M. l'Abbé Renaudot, & confirmé par le manufcrit de Florence, qui même au lieu de à/j.tçiç-ai, a lu «yue/*w7«ç,

, c'eft-à-dire, fans qu'on puifle fe plain­dre, ni leur porter envie.

P»S- s- Car il ejï digne de Dieu d'avoir produit de telles images de lui-même. ] Voici un grand principe avoué par les Païens mêmes, qu'il eu digne de Dieu d'avoir produit des images de lui-même, femblables à lui, & inca­pables de s'altérer & de fù corrompre.

Qui ne fujjent pas capables de s'al­térer &• defe corrompre par leur pente au mal. ] Les Païens imaginoient ces Dieux immortels, enfants du Dieu fu-prême, comme des febftances qui te-

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ETSUfe LES CoMM. D*ftlÉRÔC. 1&J

ïiant delà pureté incorruptible de leur origine, ne pouvoietit s'altérer , ni (è corrompre par la pente au mal, & en cela bien au-deflus des Anges & des autres efprits bienheureux, qui ont pu iè corrompre. On voit là un rayon de vérité ; car en effet Dieu a engendré un fils qui n'a point connu le péché : mais ce rayon de vérité eft demeuré obfcurci & accablé fous d'épaifles té­nèbres , que les yeux de ces Philofo* phes n'ont pu percer.

Et c'eft pour les dijHnguer des hom­mes. } Ce paflage eft corrompu dans les éditions; mais le manuferit de Flo*

• rence l'a parfaitement rétabli, en cor­rigeant tt%li y<£p «mefwç-oAw, &c. au lieu de xj JUIÎTI wjè« «rrWWç-eAifr, qui dit tout le contraire.

Voilà pourquoi les âmes des hommes pourraient être juftement appellées des Dieux mortels.'] Voici une idée qui me paroît grande & noble ;" les âmes dés nommes peuvent être appellées des Dieux mortels : Dieux, en ce qu'elles peuvent s'unir à Dieu ; & mortels, en ce qu'elles peuvent s'en éloigner. t a même chofe peuj être dite des

Mij

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258 REM, SURI.ES VERS D E P Y T .

Anges, car les Anges ont pu auffi s'éloigner de Dieu.

Fag. ?. C'c/? l'ignorance & l'impiété, ] Au lieu de «™«, folie, j'ai corrigé *>*'?'* > ignorance, l a fuite même prouve la néceflîté de cette correction, If yàf Tn'àynijL, &c. l'ignorance de ce qui eji bon.

Non point par la cejjkt'wn de Vitre, mais par la privation du bien être. ] Telle eft certainement la mort des eflencesraifonnablesqui ont été céées; mais cela n'empêche pas qu'elles ne foient d'une nature à pouvoir mou­rir abfolument, & être anéanties; car leur immortalité ne vient que de la volonté de Dieu.

Quife fait par la reminifcence. ] Du dogme de la création des âmes avant les corps, les Pythagoriciens, & après ,eux les Platoniciens, tirpjent celui de Ja reminifcence, qui en eft une fuite riéceffaire; car fi l'ame a exifté avant le corps, elle a dû avoir toutes les notions; & par conféquent, ce que

, nous apprenons dans toute la vie, n'eft qu'un'çeflouvenir de ce que nous

.: ayons publié :. mais .ç'eft de quoi il a

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ET SUR LÉS CoMM. D 'HIÈROC. 26*0

été aflez parlé dans la vie de Platon. Oeft une nécefilté qu'il y ait une

effènce au-dejfus de l'homme &" au-deflous de ,Dien. ] Les Anges font donc au-deflus de l'homme, félon Hiéroclès j & cela eft vrai. Ce fentiment d'Hié-roclès eft plus conforme à la faine doftrine, que celui de Tertulfien, qui a cru que l'homme étoit au-deflus des Anges, parce qu'il a été créé à l'i­mage de Dieu : mais cela ne convient Îas moins aux Anges qu'aux hommes.

1 eft fi vrai que l'homme eft inférieur aux Anges, que Jéfus - Chrift lui-même , pendant qu'il a été homme, eft dit dans l'écriture, inférieur aux An­ges. Qui modico quàm Angeli minoratus eft. S. Paul, Heb. i , 7 , 9 . Comme homme, il étoit inférieur aux Anges; & comme Dieu, il étoit fervi par ces mêmes Anges. Et Angtli miniftra-bant ei. Math. 4 , I I . Marc. 1 , 1 3 .

Qui lie les deux extrêmes les uns avec les autres.] Il y a dans le texte T« -srpcç a^^ll^* fwJniuv. L'exemplaire de M. l'Abbé Renaudot ajoute à la marge lemotaxja, qui eft très-né-ceffaire, T« ccpxa trpoç ctXXtfXa rwaVIcr,

M iij

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270 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

& c'eft ainfi qu?a lu le manufcrit de Florence,

De manière que le tout de l'ejfence raifonnabki ] Dans le manufcrit de Florence, au lieu de *e>i*»t TH ù-MC» on lit T»1S \eynt>>t J^nfuu^ylaç, de la créa­tion raifonnable, de la produtlion rai-fonnable'y c'eft-à-dire , de la produc­tion des êtres doués d'intelligence & de raifon.

rag. ie. Mais tantôt plus grande, & tantôt moins grande. I Quoique les Anges ïbient des fubftances plus parfaites que les hommes, & qu'ils ayent plus d'intelligence, ils ne font pas leur lu­mière à eux-mêmes, & ils ne voient que félon qu'il plaît à Dieu de les éclairer. Mais il me femble qu'on ne peut pas inférer de là que la connoif-îance qu'ils ont de Dieu n'eu pas ,immuable&permanente, c'eft-à-dire, qu'elle n'eu pas toujours la même, & qu'elle augmente & diminue ; car Dieu a fixé en eux cette connoiffan-ce, de manière qu'elle peut bien aug-* menter, mais qu'elle ne peut dimi­nuer. Il y a deux chofes dans la con-noiffance J il y a la ccmnoifiance &

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉBOC. 171

l'éleflion , ou le choix : la première dépend de l'intelligence, qui eft tou­jours la même dans les Anges ; & l'autre dépend de la volonté, qui n'eft pas toujours la même dans les Anges, non plus que dans les hommes; car ayant été créés libres, ils ont pu chan­ger , comme le prouve la chute des Anges rebelles, qui ont perdu la grâce par leur orgueil. Mais cette queftion , fi dans les Anges la connoifTance a pu diminuer comme l'innocence, doit être laiflee aux Théologiens.

Il ne s'eft point élevé au-dejfus de la condition de l'homme. ] Il veut dire que cet être moyen (les Anges) n'a été créé ni dans la condition de l'hom­me , au-deflus de laquelle il fe foie élevé par le progrès de fes connoifTan-ces, ni dans celle des Dieux, delà» quelle il foit déchu par Ton oubli & par la diminution de fes connoiflan-ces ; mais qu'il a été créé tel, fupé-rieur à l'homme, & inférieur à Dieu. . Ni par le vice ni par la vertu. ] Il eft très-vrai que les Anges ne peuvent s'élever à la nature divine par l'émi-rence de leur vertu ; mais il n'eft pas

Miv

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272 REM. SUK LES VERS DE P Y T .

vrai qu'ils tiennent de leur eflence le privilège de ne pouvoir jamais àé-cheoir, & devenir même inférieurs à l'homme par le vice. Hiéroclès a ou­blié la chute du premier Ange re­belle. Et Job connoiflbit mieux la nature Angélique, quand il a dit, Ecce

?°h. char. 4. ÎM' ferviunt à non funtjlabiles , &* in •'• dngelis fuis reperit pravitatem.

tau. ». Car comme là s c'eft V ordre.] Là, (?eû à-dire, dans les caufes qui ont pro­duit les êtres; c'eft-à-dire, en Dieu, dans les raifons qu'il a eu de créer, &c.

De même dans cet univers les Êtres produits par la première penfée de Dieu, doivent être Us premiers. ] Les Païens ont voulu pénétrer non - feulement l'ordre de la création , mais encore la caufe Se la raifon de cet ordre , & & voici ce qu'en penfoient les Pytha­goriciens : comme la fagefle deDieu eft inféparable de l'ordre & de la per­fection , ils concevoient que Dieu a voit créé avant toutes chofes les fubftan-ces raifonnables : que fa première pen­fée avoit créé d'abord ce qu'il y a de plus grand parmi les fubftances, c'eft-à-dire, fes enfans les Dieux im-

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ET SUR LES CoMM. D'HlÉROC. 2 7 3

mortels ; que fa féconde penfée avoit créé les fubftances moyennes, c'eft-à-dire, les Héros, (les Anges) & que la troifieme penfée avoit créé les troifiemes & dernières fubuances, c'eft-à-dire , les âmes des hommes : Et dans ce fentiment on voit l'opi­nion de la plupart des Pères Grecs & Latins, qui ont tenu que les Anges & les autres efprits bienheureux ont été créés les premiers, & avant la créa­tion du monde , ce qui a fait dire par faint Grégoire de Nazianze, «paVer fXiV tnotî Tœç iyïthlta.ç, «Tyvayusiç ^ ci/pa-

tioiç, ij ro Ivveo'jW* fp^cv M. IL penftt

premièrement les vertus angéliques &• cckflcs, & cette penfée fut leur pro­duction : expreflîon très - conforme à celle dont fe fert ici Hiéroclès. Le refte n'eu qu'erreur j car tant s'en faut que les âmes des hommes ayent été créées avant le ciel & la terre, que l'ame du premier homme eft le dernier des ouvrages de Dieu, comme nous l'apprenons de l'hiftoire de la créa­tion, Gen. 1 & 2. L'ordre de Dieu n'eu pas toujours l'ordre que les hom­mes connoiflent. L'Eglife même n'a

Mv

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574 R £ M ' S U R LES VERS DE P Y T .

encore rien décidé fur le temps de la création des Anges.

Et ceux qui rejfemhknt à la fin des penfées. ] Ce n'eu pas que les Py­thagoriciens conçuflent par-là aucune

!ïmpuififance , aucun affoibliflement dans les dernières penfées de Dieu; car ils n'ignoroient pas que Dieu agit toujours avec la même force & la même perfection ; mais c'eft qu'ils penfoient que Dieu n'étant lui-même qu'ordre, n'a pu que fuivre l'ordre dans fes penfées , dans fes opérations. Dans le Timée, on voit de même que la création de l'homme a été la dernière penfée de Dieu.

Car c'efl tout cet arrangement rai-fonnable avec un corps incorruptible. } Ceft-à-dire,. que cette création des fubftances raisonnables & revêtues d'un corps incorruptible, faite avec cet ordre , eft l'image de la divinité entière, comme la remarque fuivante va l'expliquer.

Eft l'image entière &* parfaite du Dieu qui Va créé.] I l y a dans le

' Grec, E(î Vimage du Dieu entier qui VA créé, Hiéroclès veut dire que Dieu

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ET SUR LES CoMM. D'HIÈROC. 1J $

s'eft repréfenté tout entier dans la création de ces fubftances. Les pre­mières , qui ont été produites par fa première penfée , font l'image de ce qu'il y a en lui de plus excellent j car les fils de Dieu doivent pofle-der éminemment les perfections du père. Les fécondes, qui font l'effet de la féconde penfée, font l'image moyen­ne de ce qu'il y a en lui de moyen ; car Dieu n'a communiqué aux fécon­des fubftances que des perfections modifiées, fi l'on peut parler ainfi , & il ne les a pas faites égales à fes enfants. Enfin les troifieroes & der­nières fubftances, qui font l'ouvrage de la troifieme penfée, font l'image de ce qui tient le dernier rang dans la divinité ; car il a fait les hommes moindres que les Anges. Ainfi on trouve, fi on l'ofe dire, Dieu entier dans ces trois différentes fubftances , Dieu leur ayant départi avec ordre & avec mefure toutes les perfections, & les remptiffant toutes félon leur nature.

Et qui les fait être les uns les pre* pag, ,3. miers, &• les autres lesficonds.} Voici

M vj

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Pag. 15.

176 RF.M. SUR LES VERS DE P V T .

une erreur que les Pythagoriciens avoient prife des Chaldéens, qui fai-foient plusieurs ordres de Dieux; ai myaLt, 01 vctpoi, 01 jxt/roi, 01 vsrtficaa-fxici, eî lyKcc/xiet, & plufieurs autres, qu'il falloit tous honorer félon leur ordre & leur rang, comme dit Jamblique dans fon traité des myfteres, feét. y , c . z l . <edvv <fi TifM'riov x*9' m txaç-ct

tlîJlX* TCtfyr. Car quoique, comme étant les pre­

miers dans tout cet arrangement rai­sonnable. ] J'ai ajouté au texte le mot «fKjnrei, qui me paraît y manquer, ti yaç IL, uç «pa)T«i tv ireati TW XcyiKi*

f taxer/J.<? ; fans cela , le paflage eft in­intelligible, au-moins pour moi. Nous avons déjà vu que par cet arrangement

' raisonnable, Hiéroclès entend la pro­duction des êtres doués d'intelligence & de raifon, & qui eft faite avec or­dre , comme on l'a expliqué.

Et ils font plus divins les uns que Us autres.'] C'eft une erreur groffiere des Païens. Ce plus ou ce moins ruine la divinité. Ceft l'erreur des Gentils, dit faint Jean Chryfoftôme , d'adorer la créyure &* de faire leurs

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ET SUR. LES CoMM. D'HIÉROC. 1"]J

D ieux plus grands ou plus petits. Si le Fils ou le Saint-Efprit eji moindre en quelque chofe, il n'eji pas Dieu. Cela ne peut être penlé que des Anges & des autres eiprits bienheureux, dont il y a divers degrés, & qui étant tous de même nature , font pourtant fupé-rieurs les uns aux autres, & ont plus de pouvoir les uns que les autres.

Comme différentes parties (y dijfe-rens membres d'un feul tout qui efl le Ciel, &* comme confervant leur liaifon dans leur Réparation, Çyc. ] Comme les Pythagoriciens prétendoient que l'u­nivers, qu'ils appellent ici le Ciel, étoit un animal vivant & animé, ils concevoient que toutes fes parties, quoique féparées , confervoient leur liaifon, & confpiroient à former ce tout, dont la divifion & le défaut d'harmonie auroit détruit l'unité. Il en étoit donc félon eux de l'univers comme du corps de l'homme: ce corps eft compofë de différents membres qui font joints & unis enfemble avec une telle proportion , que malgré leur fé-paration, ils confervent la liaifon né-ceffaire pour recevoir l'efprit & la

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r»{. IJ.

27s REM. sur», IES VERS DE PYT.

vie. Tout ce que dit ici Hiéroclès eft expliqué au long dans le Timée de Platon.

Ruine qui ne peut jamais arriver pendant que la première caufe, qui les a produits, fera immuable.'] Voilà fur quels fondements les Pythagoriciens fondoient l'éternelle durée du monde. Il riefi pas d'un être tout bon de fe porter à détruire fon ouvrage qui efi très-beau & très - parfait ; & Platon expliquant ces paroles dans fon Timée, dit, Tout ce qui a été lié efi d'une nature à être défuni ; mais il n'efi pas d'un Créateur infiniment bon , de détruire fon ouvrage, lorfque cet ouvrage n'a rien de mauvais en lui. Ces Païens ne con-cevoient pas que la fin & la ruine du monde eft une des marques les plus fenfibles de la bonté de Dieu, & que c'eft au contraire cette fin qui con­duit toutes chofes à leur bien & à leur félicité.

Non feulement dans tous les genres. ] Cela ne peut être penfé que des deux derniers genres, c'eft-à-dire, des Anges & des hommes ; mais c'eft une fuite de l'erreur dont j'ai déjà parlé, qui

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É R O C . Ij?

établiffoit différents ordres de Dieux. Mais ayant été créées différentes par

la Loi qui les a produites.} C'eft un fujet de conteftation entre les Théo­logiens» Le plus grand nombre eft contre l'opinion d'Hiéroclès, & pré­tend que tous les Anges ont été créés de même nature, de même efpece ; mais que la Loi qui les a créés de même nature, ne leur a pas donné à tous la même dignité. Ainfî leur di­gnité ne vient pas de leur efTence, comme Hiéroclès le dit ici ; elle vient du don de Dieu. On peut voir ce qui eft remarqué fur la page xj. Ce fen-timent d'Hiéroclès n'eu vrai que des Anges & des hommes comparés les uns aux autres ; les Anges font plus parfaits.

Car dans chacun de ces genres ,ilya une quantité infinie d'efpeces. } Quel aveuglement de concevoir dans le pre­mier'genre, c'eft-à-dire dans l'ordre divin, une quantité infinie d'efpeces, -c'eft-à-dife, une quantité infinie de Dieux. Cela n'eft vrai que des Anges & des hommes : l'Ecriture fainte nous enfeigne qu'il y a un nombre infini

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28o REM. SUR LES VERS D E P Y T .

d'Anges, Daniel, 7 , ro. millia mil-iium minijîrabant ei , £r iecies millies centena millia, On peut voir l'excellent traité du P. Petau , de Angelis, liv. 1, chap. 14, dans le troifieme tome de fes dogmes théologiques.

Sans qu'ils puiffent jamais changer. ~] C'eft-à-dire, fans qu'ils puiffent jamais prendre la place les uns des autres. Un homme ne peut devenir Ange, ni un Ange devenir Dieu. Oportet enint illa effe quod funt, &" quodjaêlafunt, dit Methodius dans S. Epiphane.

Pag. 16, E* l** rejfemblance que Von s'efforce d'avoir avec eux. Il y a une faute dans le texte, ^ » «peç àvriv ««?« J'wa.fxw tfy/j.cla><riç. Il faut lire, ij n vfèç àwr», CJ'C. <wpo« aura, c'eft-à-dire, «rçèf T« fila, yiv», avec ces êtres divins, avec les Dieux : & c'eft ainfi qu'on lit dans le manufcrit de Florence.

Car ce que l'on aime, on l'imite. ] Au lieu de ces mots, à ?£f ày»*£ nç, car ce que l'on aime, lé manuf­crit de Florence préfente ô >ap <*>«-T«e/ T/ç ; ce que l'on aime, ce que l'on honore-, & je préfère cette leçon.

Pag. 17. Affermi dans l'amour. ] Car fans

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ETSUR LEsCoMM. D'HlÉaOC. l 8 t

l'amour tout efl imparfait & inutile ; c'eft pourquoi Platon a dit après Py-thagore, que l'amour efl le moyen le plus fur & le plus efficace que les hom-mts puifjènt avoir pour parvenir à la félicité. Dans le banquet.

Lajîmple orge du célèbre Hermione'e PaB- '*» a été agréable à mes yeux. ] C'eft ce que Perfe a exprimé admirablement par ces Vers :

Compofitum jus fafqut anima, fanSofque rueffut Mentis, & incodumgenero/optQushoneflo , H*c ccdo aimoveam ttmplis , &farre litabo.

Que la Religion &• la Jufticefoient bien gravées dans mon efprit ; que lafain-teté remplijfe tous les coins de mon amt ; £r que la gênérofité & l'honneur ayent fortement imprimé dans mon caur toutes leurs maximes. Si j'apporte toutes ces bonnes difpofitions dans les temples , avec de la jîmple orge, j'obtiendrai des Dieux tout ce que je leur demanderai. Pag. t0.

Et que c'était la coutume des anciens de nommer ferment d'un nom myflé-rieux &* ineffable. ] J'ai fuivi ici la correction du fçavant Anglois Jean Pearfon, qui m'a paru très-certaine ;

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a.82 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

il dit ttym > ferment, au-lieu de •g«t«r, avec des ferments. Hiéroclès ne dit pas, comme l'a cru t'interprète Latin, que les anciens nommoient le gardien de cette obfervation, avec des ferments ineffa­bles; car cela étoit très-contraire à leurs maximes, & à la doctrine qu'on enfeigne ici : mais il dit qu'ils nom­moient ce gardien le ferment , d'un nom tout myftérieux & ineffable , «Tî à»eppj»TMv. Et la véritable explica­tion de cet endroit d'Hiéroclès doit fe tirer d'un partage de Diogene Laër-ce, qui écrit que Pythagore dilbit que le ferment ejl tout ce qui ejl jujle, &• que par cette raifon Jupiter ejl appelle du nom de ferment oçxtîv rt vvcti tï i'inaMv itj fia. ThVo Li'.i owuv htytfcit. Jupiter étoit appelle du nom myfté­rieux de ferment, parce qu'étant très-jufte & très-fidele dans fes promenés, il conferve pour l'éternité , l'ordre & l'arrangement qu'il a établis par fa Loi. Voila une grande idée : la re­marque fuivante va l'expliquer.

Pageio. A ow dirons que le ferment efl la. . caufe qui conjcrve toutes ckofes. ] Voici une vérité fublime, & qui donne une

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£T SUR LES COMM. D ' H I Ê K O C . 2&J

très-grande idée de la majeflé de Dieu, & de l'immutabilité de l'ordre qu'il a établi dans la nature. Dieu a créé toutes chofes dans l'état qui étoit le meilleur pour chacune ; voilà la Loi efficace qui a tout produit, & qui a placé chaque chofe dans le rang qu elle doit avoir ; mais cela ne fuf-fifoit pas, il falloit encore que cha­que chofe demeurât & perfévérât dans ce même état : & qu'eft-ce qui pouvoit les y maintenir ; c'étoit le ferment divin, qui eft une fuite néceflfaire de la' Loi. Dieu a donc voulu faire un pacte avec fa créature, & s'afTujettir, pour ainfi dire par ce ferment, à garder de fon côté, invio-lablement ce pacte, & l'ordre qui en efl la fuite. Et tous les êtres raifonna-bles ont fait en lui & par lui le même ferment, & contracté une obligation d'obéir toujours à la Loi divine, fans jamais s'en écarter. Dieu en créant, jure par lui-même , comme parle l'E­criture , Dieu a juré par lui-même, 8c la créature fait le même ferment, en lui & par lui ; car la même Loi qui crée, lie ce qui eft créé. Voila pour-

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284 REM. SUR LES VERS DE P Y T ;

quoi ce ferment eft appelle plus bas J inné £r ejfentiel à toutes les créatures raisonnables, parce qu'il eft né avec elles , & qu'il eft de leur efTence. Comme elles ont juré en lui, elles ne gardent leur ferment qu'en fe tenant attachées à lui. Cela eft parfaitement beau , & l'on ferait un livre, fi on vouloit approfondir toutes les véri­tés, que ce principe renferme, & les grands dogmes théologiques qu'il pouroit éclaircir. Nous allons voir qu'il n'y a que Dieu qui foit fidèle dans fon ferment, & que les créatures font fujettes à le violer.

N'cft que l'effet de la Loi qui les a produits, & du ferment qui les main­tient &• qui les ajfure. ] J'ai ajouté ces derniers mots, Gr du ferment, &c. qui paroiffent très-néceflaires ; car il n'eft pas feulement queftion de la Lo i , mais du ferment : la Loi crée, & le ferment afllire. La fuite le prouve

Pa8.e **• aflëz. Je lis, rS" <P»fjLieveyixcîi rl/uv ^ epxsu KecraCfCaiov/Jiiycu , &C.

Non feulement en tranfgrefant Vor-dre de la Loi divine , mais ai'fjî en vio­lant la foi du ferment divin. ] J'ai fui-

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 2 8 /

vi ici la note marginale que j'ai trou­vée à l'exemplaire de M. l'Abbé Re-naudot, où il y a, où pôw rS Jtiov VO/J.CV retour} ahXa >y TU Jt'iw eg«a Triait <a»^a£(tivçvr* , cela eft plus fort que de faire fervir tà^a, aux deux, & au ferment & à la Loi,

Mais ce ferment auquel on a recourt dans les affaires de la vie civile, efi Vombre, & comme la copie de ce pre­mier. ] Comme par le ferment divin, Dieu aflfure & conferve dans fes ou­vrages, l'ordre que là Loi éternelle Ôc immuable à fon égard y a établi , de même les hommes par le moyen du ferment humain , qui eft né du pre­mier, & qui en eft la véritable image, aflurent & confervçnt l'ordre entre eux dans les affaires civiles. De ma­nière que fi le ferment ' divin eft le gardien de l'éternité, le ferment hu­main eft le dépofîtaire de la vérité , & le garant de toys les deffeins, & de toutes les entreprifes des hommes, & le moyen qui les unit & les aflbcie ,?yec la vérité & la fiabilité de Pieu. Il n'y a rien de plus grand & de plus profond que cette idée.

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a 8 6 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

Et il mené droit à la vérité ceux qui s'enjervent comme il faut ] La défini­tion qu'Hiéroclès fait ici du ferment humain, eft admirable. Ce Païen étoit bien éloigné d'approuver ou de tolé­rer dans le ferment les équivoques & les rédactions mentales, que Cicéron appelle perjurio latebras, puifqu'elles ruinent la nature du ferment, & que par leur moyen le ferment, au-lieu de rendre clairs & certains les defleins de celui qui jure, & de mener à la vérité , rend au contraire ces deffeins plus obfcurs & plus cachés, & fur-prend la bonne foi par le menfonge, à qui il donne tous les dehors de la vérité.

Page xi. Le premier qui précède par [on ejfence efl refpeilahle comme le Gardien de l'é­ternité. ] Parce qu'il conferve toutes chofes dans l'état où elles ont été créées par la Loi ; & que fi les êtres demeurent comme ils ont été difpofés & arrangés par la Loi , c'eft le prin­cipal ouvrage, & le premier effet du ferment divin. Comme les Pythago­riciens croyoient cet état éternel, ils regardoient avec raifon ce ferment comme le gardien de l'éternité, en ce

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 287

qu'il conduit toute la nature à l'éter­nité qui fuivra le temps.

Et qui enrichit de mœurs très-excel-ientes ceux qui ont appris à Le refpecler. ] On dira contre Hiéroclès , que les bonnes mœurs précèdent l'obfervation du ferment humain ; mais il ne faut pas prendre le change. Hiéroclès a raifon ; car il regarde l'obfervation du ferment humain comme la fuite & l'effet de l'obfervation du ferment di­vin. Il faut être fidèle à Dieu avant que d'être fïdele aux hommes ; & l'ob­fervation du dernier fermenc vient de celle du premier : ainfi il n'eft pas poffible que le ferment foit refpeclé comme il faut, fans que les mœurs foient innocentes & faintes. Que doit-on donc juger des mœurs de ceux qui ont méprifé le ferment, qui en ont fait un appât pour tromper & fur-prendre, & qui ont ofé dire, Quid eft jusjurandum ? emplaftrum œris alieni : Qu'eft-ce que le ferment ? Une em­plâtre pour guérir les dettes.

Et cette observation eft la vertu quf ajjocie &* qui unit. ] J'ai fuivi ici le manuferit de Florence qui met un point

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288 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

après «rr«f«W/iç-e{, & qui continue TtçiifH «Tt xiyfreu u w-pcç ro fxm/xov , & c . eVYuçpcïlcve-a. JùvafJW. Cela eu très-bien dit ,que Vobjervation du ferment ejl la vertu qui unit; frc. c'en-à-dire , que

. l'obfervation exaéte du ferment fait de l'homme fidèle la véritable image de Dieu ; car Dieu obferve volon­tairement le ferment divin. L'homme qui obferve le ferment humain, imite cette ftabilité de Dieu & fà vérité.

Ceux qui le refpeclent par une nèctf-fité toute franche.] Car c'eft une né-céffité qui ne détruit pas la liberté, au-con:raire,elle la confirme. Je dois refpecter le ferment ; mais c'eft par une volonté qui eft toujours libre.

page 13. Lorfque par les vertus purgatives nous guériffons. ] J'ai fuivi le manufcrit de Florence, qui au-lieu de •ya.^a.Qwriv Mfiitvti, l i t TrctpaÇcuriv w/jLévoif.

Page if. Au-lieu que la rareté du ferment en , produit d'ordinaire l'obfervation. ] C'eft ce qui a fait dire par faint Auguftin, que plus l'homme s'éloignera du ferment, plus il fera éloigné' du parjure : Nam tantb long LUS àperjurio, quanta longé à jurando.

L'efprk

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Vefprit eft conduit 6* régi. ] 11 y a P»8e- **• une faute dans le texte ; car que veut dire TW /*ir yttf 0 irçiïreç oftùtu, ;tp»ç-6ç «r ? Hanc enim ( mentem ) primus regel, probus exiftens : au-lieu de *§Sra , premier, il faut lire, Tp»'»oç, mœurs. Les mœurs honnêtes redrejjent Vefprit, & l'habitude de ne point jurer refrène la langue 6* Za tient en bride. La certi­tude de cette correction n'a pas befoin de preuve. Elle eft confirmée par les manufcrits. Celui de Florence lie fort bien, é rpoVoç cpa-rirVu , les mœurs honnîtes retiendront l'efprit, s'en ren­dront maitrejfes.

En ne t'en fermant point en toutes rencontres, afin que tu t'accoutumes à

jurer véritablement, &c.} C'eft dans l a même vue que l'Auteur de l'Ecclé-fïaftique dit, Jurationi non ajfuefcat os tuum, &* nominatio Dd non fit ajfîdua in ore tuo. Sicut enimfervus excruciatus toto aie, à livore non minuitur,fic omnis jurans &* nominans nomen Domini, à peccato non purgabitur. Que ta bouche ne s'accoutume point au ferment, & que le nom de Dieu ne foit pas continuelle­ment dans ta bouche '9 car comme un ef-

Tomt IL N

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2po R E M . SUR LES VERS DE P Y T . '

clave qui ejl battu de verges pendant tout un jour, ne peut être fans meurtrif-furesi de même celui qui jure à tout pro* pos , ne peut être fans-péché.

F»ge 17. Puifqu'ib tiennent donc la féconde place , il faut leur rendre les féconds honneurs.]Dieu a voulu que les Anges fuflfentfes rniniftres, il s'en fert au gou­vernement de l'univers ; il leur a com­mis la garde des hommes, & leur a donné la protection des. villes, de* provinces » des royaumes. Ce font eux qui préfentent à Dieu nos prières, nos larmes. Il eft donc permis de les ho­norer , & de les prier. Les Païens. prefque toujours fuperftitieux, avoient outré ce culte ; c'eft pourquoi faint Paul, en écrivant aux Coloffîens, leur-dit, chap. 2 , ir. 18. Que nul ne vous ravijfe le prix de-votre courfe, en affec­tant de paraître humble par un culte fu-perjîitieux des Anges. C'eft ce culte outré que les Anges rejettent, comme-nous le voyons dans les livres faints 5 car ils fe fouvienneat, qu'ils tiennent

' lieu defervitéurs Gr de rniniftres, étant envoyés pour exercer leur minijiere en faveur de ceux qui doivent être les héri-

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IÈTSUR LES CoMM.D'HléROC. 291

tiers du falut. Hiéroclès tâche ici de régler ce culte, en ordonnant de le proportionner à- la dignité & à l'ef-îènce de ceux à qui on le rend ; & de le rapporter toujours à Dieu. Et cela eft très-furprenant dans un Païen.

C'eft la connoijjance de leur ejfence 6* T*&e 1,#

de leur ordre , fs" le difcernement précis €r jufle de leurs emplois, ] C'eft fur quoi les Pères Grecs & Latins , & tous les Théologiens ne font pas d'ao cord. L'opiniçn qui paraît la plus vraisemblable , c'eft que l'eflence des Anges eft la même , & que leurs em­plois & leur dignité font différents; & que par conféquent on doit pro­portionner le culte & l'honneur qu'on leur rend à la gloire qu'ils ont reçue 5 mais toutes ces queftions de l'eflence* de l'ordre & des emplois des Anges» font admirablement traitées dans les trois livres du P. Petau , de Angetis*.

De leurs emplois,] Les emplois des Anges font d'être les ferviteurs & les Miniftres de Dieu, & d'aller par-tout exécuter fes ordres , de porter à Dieu les prières des hommes, & aux hom­mes les fecours de Dieu ; de veiller

Ni j

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2$z REM. SUR LES VERS DE P Y T . -

à la garde des particuliers, des famil^ les, des villes, des Provinces, des Royaumes.

Et nous n'honorerons aucune nature inférieure à la nature humaine. ] Grand principe qui ruine une infinité de reli­gions , oh l'on rendoit un culte aux cieux, aux aftres, à des animaux, à des plantes, &c. Rien ne mérite le culte des hommes que ce qui eft plus noble & plus élevé que l'homme.

Pagei . Qui exprimant & représentent fidè­lement en eux les biens, £rc. ] Le mot de l'original eft remarquable, itmmÇé-fjLtvoi, car le Fils de Dieujeft la vérita­ble image du Père. C'eft pourquoi Jamblique dit vaça<Puî/Â.ct fl îfçurtu Ta ctvTO'&ctTCifOi , etvrcycveu , J£ (JUïïO<BIZTO— peç ftoiï, 7ua< ru( à yttjéiï. Et il ejl l'exem* plaire du Dieu, qui n'a d'autre père que lui-même, du Dieufeul bon. Et plus bas, et7io de tv eveç rotnev o uvrctp%>tç Jtt(, taxnov «|«X«/x4* > fu X) «t«T6w*Twp j£ «.vrâpxiu;. De ce Dieu, qui eft unique, s'eft produit le Dieu qui eft Jon principe à lui-même; c eft pourquoi il eft fon père, & n'a de principe que lui. Ou il fem-bleque les Païens ayent reconnu deux

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ET SUR LES COMM. D 'HIÉROC. 2p J

perfonnes le Père & le Fils en un feul Dieu. Auffi voit-on dans Julius Fir-micus, ces mots très-remarquables ti­rés de la Théologie des Egyptiens. Tu tibi Pater ùr Filius. Seigneur vous êtes votrt Peret &* vous êtes votre Fils.

Mais y perféverent toujours, &• delà même manière. ] J'ai ajouté ces mots au texte , parce qu'ils font à la marge de l'exemplaire conféré fur les manuf-crits, & dans le manufcrit de Florence, a*À aiti Xj utravToïC »' tVTti <PiahXcvaiv,

De la félicité dont ilsjouijfent en lui. ] p*se '"•' Ou par lui ; félon le manufcrit de Flo- ' » rence, qui au-lieu de r»<sreèt *VTOV, lit 7» wap ttvrn.

Et par la pleine connoiffance qu'ils ont d'eux-mêmes, ils féparent 6r réu­nirent l'intimité immuable, Crc ] Je ne crois pas qu'il y ait dans tous les livres des anciens Philofophes, un paffage plus difficile que celui-ci. J'ai été fort long-temps fans l'entendre; & ce qui eft encore plus rare, bien convaincu que je ne l'entendois point. J'ai cher­ché inutilement du fecours dans les interprêtes. Ils expliquent au long ce qu'on entend, & ne difent jamais, ou

Ni i j

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2£4 R E M - S U R L E S VERS D ï P Y T ,

que très-rarement, un mot fur ce qui «ft obfcur & difficile. Pour moi qui me fuis fait une loi d'attaquer les plus grandes difficultés t & de les réfoudre » ou d'avouer qu'elles font au-deflus de ma petite capacité, & de ma foible intelligence, j'ai médité long-temps fur celle-ci, & à plufieurs reprifes, toujours fans beaucoup de fruit. Enfin dans un moment plus heureux, il m'a femblé qu'un rayon de lumière a dif-fipé ces ténèbres. Hiéroclès pour faire voir la différence qu'il y a entre les premiers êtres, enfants du Dieu fuprê-me,, & qui font appelles Dieu* im­mortels, & les êtres moyens, qui font les Héros pleins de bonté & de lu­mière , c'en-à-dire, les Anges, fe fert d'une comparaifon empruntée des cér rémonies des initiations aux myftèr res. Il y avoit deux fortes d'initiés, les premiers & les plus avancés étoient ceux qu'on appelloit ImMoit, c'eft- à-dire, ceux qui étoient admis à l'inf-peétion des chofes les plus fecretes de la Religion ; & les autres étoient ceux qu'on appelloit Amplement ftvç-«e > c'eft-à-dire , ceux qui n'étoient qu'ad-

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 2$$

mis à la profeffion, & qui ne commen­çaient , s'il faut ainfi dire, leurs con-noiflfances, qu'où finiflbit la plénitude de la connoiflance des premiers. Hié-roclès compare donc avec beaucoup d'efprit & de raifon aux premiers , k ces intimes , les premiers êtres, les Dieux immortels, ou les fils de Dieu, parce qu'ils font unis à lui intimement, & toujours participants de fa lumière, & que rien ne leur eft caché. Et les êtres moyens, les Héros, c'eft-à-dire les Anges, il les compare aux (Impies initiés qui viennent immédiatement après les autres, & qui font toujours attachés à leur profeffion j mais avec des efforts & des progrès, tantôt plus, grands, tantôt moins grands, & qui ne commencent à connoître qu'où finit la plénitude de la "eonnoiflance des premiers. Comme ces fimples initiés font moyens entre les parfaits & les autres hommes; de même les Anges font moyens entre les premiers erres, les Dieux immortels , & les derniers, c'eft-à-dire, les âmes des hommes. Et Hiéroclès dit fort bien que ces êtres moyens féparent & réunifient l'inti-

Niv

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i5><5 REM. SUR LES VERS DE P V T .

mité que les premiers ont avec Dieu : ils la féparent, parce qu'ils font entre les premiers êtres & les derniers, qui font les hommes ; & ils la réunifient, parce qu'ils fervent comme de canal a la lumière divine qui vient par eux les éclairer, quoique foibiement , & avec la modification convenable & néceflaire. Cela me paroît très-beau , & explique admirablement la nature & le miniftere des Anges.

L'épitkete quifîgnifie excellents, mar~ quant par fa racine , qu'ils font pleins de bonté &" de lumière. ] C'eft pourquoi Héfychius marque àyavci, <i?p6<r<|>»*w~5 * ùaft.'Trçcl, Qu-rwoi : Ce mot ùyavoî, figni-Jîe bons, éclatants, lumineux. La bonté éloigne le vice, & la lumière exclut l'oubli j & ces deux qualités convien­nent parfaitement aux Anges.

Et le terme de Héros venant d'un mot quijîgnifie amour. ] rfgw*, Héros, pour tfiTK, amours. Platon en donne la même étymologie dans fon Cratyle ; mais elle n'eft pas bien fure, non plus que toutes les autres qu'en ont don­nées les Grecs, qui fe contentoient fouvent d'une légère reffemblance,

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 2 p 7

ou de la moindre allufion. Il y a plus d'apparence que le mot de Héros vient du Chaldaïque Aris qui fignifie un homme vaillant & redoutable.

On les appelle aujjî bons Démons , P»ge %o. comme inftruits &favants dans les Loix divines.] Cette étymologie eft plus vrai-femblable que l'autre. Jcti/jievtç, o) Jtoiy tPeul/A.oviç rivii oPrtt, ont* tymuçoi , dit Hezycb. Saint Auguftin dit la même choie, & il ajoute qu'il n'y a que les Païens qui fe foient fervis de ce mot bons Démons, pour dire les Anges. Dans la Religion Chrétienne, ce mot Démon eft toujours pris en mauvaife part, pour le mauvais Ange, le malin efprit.

Et quelquefois on leur donne le nom <f Anges. ] Ange ne veut dire autre chofe que celui qui annonce; ainfi c'eft un nom d'office, c'eft-à-dire qui mar­que l'emploi, & non pas l'eflence. Les Anges ne biffent pas d'être ordinai­rement appelles de ce nom , quoiqu'ils n'annoncent pas toujours; car c'eft là leur deftination, leur fonction.

Car ils font à l'égard du premier genre tomme la fplendeur à ï'égard du feu. ]

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208 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

Hiéroclès en voulant enfeigner aux hommes quelle eft la véritable eflence des Anges, afin qu'ils proportionnent leur culte à leur dignité , relevé trop ici cette nature, en difant qu'elle eu comme la fplendeur à l'égard du feu ; car fi cela étoit, ils feroient auffi par­faits que leur caufe, & ils font bien éloignés de cette perfection. Mais peut- être que ce paflage doit être ex­pliqué plus favorablement, & qu'Hié-roclès a voulu dire que les Anges font tout brillants de la lumière qui rejail­lit de Dieu fur eux ; qu'ils n'ont que par participation la lumière dont Dieu eft le principe & la fource. Et c'eft dans ce fens que faint Grégoire de Na-zianze a dit tvrmç ûvoç-w-aev XafJUffôrurti cTtuTfpeU , Xurcvçyoi mç trçuTHf X«/u«p<ir T»T6î. Ainjî ont été créées les fécondes fplendeurs, minijîres de la première ; car il n'y a que Jéfus-Chrift qui fbit vé­ritablement la fplendeur de la gloire de fon père; auffi les Anges n'ont-ils jamais été appelles dans l'Ecriture, Fils de Dieu. Au-refte il eft aifé de voir qu'Hiéroclès fait ici les Anges corporels : il leur donne un corps dé-

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ET SUR LES CôMM. D ' H ï É R O C . ÎÇ?

lié & fubtil, de manière que compa­rés à Dieu, ce font des corps, & comparés aux hommes ce font des efprits. C'étoit là l'opinion la plus gé­néralement reçue de fon temps. La plupart des Pères & des Théologiens ont fuivi le fentiment contraire , & ont enfeigné que les Anges étoient incorporels, & de purs efprits. Et c'eft le fentiment de l'école.

Je dis la lumière claire & pure, après Page 51 ; laquelle on imagine aifément une lumière pleine d'ombres, &" mêlée de ténèbres. ] Cette idée eu belle. Les Anges comme plus éclairés de Dieu que les hommes, font à l'égard de ces derniers, comme la lumière pure & nette auprès d'une lumière fombre & mêlée d'obfcurité ; car le corps remplit l'ame de ténèbres.

Il eft inférieur aux êtres qui y pen-fent toujours, en ce qu'il cejfe quelquefois d'y penfer. ] Tout ce paflage eu fort embrouillé dans les éditions. Le ma-nufcrit de Florence m'a tiré d'embar­ras , en fuppléant quelques mots qui manquent au texte. Voici le paflfage entier comme il y tu écrit, Tw A«V du VCUVTUV carotoi'VoiMvef rSwe-re fxti ttuv,

N vj

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3 oo REM. SUR LES VERS DE P Y T ;

Ta» Je tXcyuy <xmtefe»>£ù>ç T » werr wur *j wflT« «peç «m ^e/av tmçà/Attp araxa.-y^tTirfxt, &c. Dans la traduction j'ai ajouté ces mots, Voilà [es ténèbres, voilà fa lumière, pour faire mieux en-: tendre la penfée d Hiéroclès.

Et qu'il ejl quelquefois rappelle à la fcience divine , lorfqu'il fe joint aux choeurs céleftes."] Car il faut que l'hom­me foit uni aux chœurs céleftes, c'eft-

• à-dire, qu'il foit fanétifié , pour être véritablement rappelle à la fcience di­vine.

Alors celui qui a été honoré de cette grâce divine, devient digne de nos hom­mages & de nos refpetls. ] Hiéroclès enfeigne ici bien clairement que ce qui fait les Saints, c'eft cela même qui les rend dignes de nos hommages. Grande vérité.

*»6e a- Comme ayant relevé & orné en lui l'égalité de notre nature par la partici­pation à ce qu'il y a de meilleur. ] Car les Saints étoient hommes comme nous ; mais ils ont relevé & orné cette égalité de nature par la grâce dont Dieu les a faits participants. Au-refte, le manufcrit de Florence corrige fore

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ET SURLESCOMM. D'HIÉROC. JOt

bien ce partage , en lifant, ûs iè r~ç <f)Jirê»ç tg-er rtf ?S «pf/rlcrsç fitrcvirlx xca-fjLiia-aç. L'égalité de notre nature, c'eft-à-dire, ce que la nature lui avoit donné de commun avec nous.

Soir qu'il pojjède cette rejfemblance de toute éternité. ] De toute éternité vé­ritablement , & à la lettre comme le Fils de Dieu; ou de toute éternité, c'eft-à-dire, avant le temps comme les Anges , qui ayant été créés de Dieu avant le temps ou avec le temps, font regardés comme éternels.

Les appelle Démons. ] Après qu'elles ont dépouillé ce corps mortel & cor­ruptible ; car c'eft alors feulement qu'elles font pleines de fcience & de lumière, comme il va le montrer dans la fuite.

Il ajoute cette épithete terreftres , pour faire entendre qu'ils peuvent con-verfer avec les hommes.'] Je crois qu'Hié-roclès fe trompe ici. Il auroit expli­qué ce Vers de Pythagore plus Ample­ment , s'il avoit dit que par ce mot, xar*xJorUvi <P*i[jiovctf, il entend les dé­funts , ceux qui font morts après avoir mené une vie pure & fage. Il les ap-

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302 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

pelle «Tai/xerat , Démons, à caufe de la lumière dont ils font éclairés, & pour les diftinguer des Démons qui font tels par leur nature, c'eû-à-dire des Anges, il ajoute Karaxfovicvç ,fub-terramos , qui font fous la terre, c'eft-à-dire qui font defcendus dans le tom­beau ; car c'eft ce que fignifie propre­ment le mot KttTttxflvtcç. Je ne me fou-viens pas de l'avoir jamais lu pour dire celui qui vit fur la terre, les Grecs ont toujours dit en ce fens-là , lirtxfo-tio( ; Homère , ùvfçivjTomv l-mxf^lct-CIY, au-lieu qu'ils ont toujours employé Kctraxflncs pour dire , celui qui eft fous la terre , qui ne vit plus. Appa­remment Hiéroclès n'a ofé l'expliquer ainfi, de peur de choquer le dogme de Pythagore qui enfeignoit que les âmes des défunts n'alloient pas fous la terre, mais dans l'^Ether, ou au Soleil, & leur corps délié dans la Lune. Mais cette crainte étoit mal fondée ; l'opinion de Pythagore ne l'empêchoit pas de fe fervir d'un mot reçu parl'ufage, pour dire Amplement les morts. Virgile n'a pas eu cette

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ET SUR LES COMM. D'HIEROC. 305

crainte, quand il a mis ce Vers dans la bouche de Junon ,

Et nunc magna mùfub terras ibit imago.

Quoiqu'elle parle dans le fentiment dé Pythagore. J'ofe dire que c'eft le véri­table fens du Vers Grec Du-refte, tout ce qu'Hiérodès dit ici eft admi­rable.

Qu'ils peuvent converfer avec les hom- PaEe î*» mes , animer des corps mortels , &* ha­biter fur la terre. ] Si Hiéroclès a vou­lu dire ici que les âmes des défunts peuvent revenir animer des corps, comme de favants hommes l'ont pré­tendu, il s'éloigne certainement du dogme de fon auteur, qui dit formel­lement dans les deux derniers Vers, Et quand après avoir dépouillé ton corps mortel, tu arriveras dans l'ceter pur, tu feras un Dieu immortel, incorruptible ; €f que la mort ne dominera plus. Hié­roclès a donc parlé ici de la nature des âmes des hommes, qui peuvent venir ici-bas animer des corps mortels. Qui peuvent, c'eft-a-dire, qui font d'une nature à pouvoir ; & comme il s'expli-

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304 REM. SU,R LES VERS DE P Y T .

que lui-même à la fin, qui font fujettes à defcendre & à venir, habiter la terre.

EJi devenu Démon par l'habitude & par la liaifon. ] Par Vhabitude, c'eft-à-dire, par la pratique confiante des vertus, & par la liaifon, c'eft- à-dire, par fon union avec les Êtres fupérieurs, & par eux avec Dieu d'où il tire toute fa lumière ; car voila ce qui fait les Saints.

Et fçavant dans les chofes de Dieu. ] J'ai fuivi ici le manufcrit de Floren­ce , qui après ces mots eyjtvti fiytvofAtvip J'aifjiovi, que je viens d'expliquer, ajou­te , ièf Seul/Aon T« Jtcv % eV/ç-ti/Mri, ce qui eft très-beau.

Page 3f. Qui ont trouvé place dans les ordres divins. ] Hiéroclès veut qu'on ne ren­de ce culte aux Saints qu'après leur mort \ car ce n'eft qu'après leur mort qu'ils font récents dans les ordres di­vins.

En un mot tous les êtres inférieurs à la nature humaine ne doivent nullement être honorés. ] L'Homme même ne doit être honoré de ce culte, dont il eft ici queftion , qu'après que par fa vertu il s'eft élevé au-deffus de l'homme.

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ï T- SUR LES COMM. D'HiÉROC. $0$

Et qui [entent leur dignité Gr leur no-blejje. ] Car après les Anges, l'homme eft la plus noble de toutes les créatu­re*.

Et s'il n'eji compris dans le chœur di- Pa8e **• vin. J Ce qui fe faifoit alors par les cé­rémonies publiques des villes, ou par le fufrrage des peuples.

Ne laijjent pas de mériter nos refpeBs Page J7« par la dignité de la liaifon que nous avons avec eux. ] Il y avoit une faute confidérable dans le texte , T» «|/ijt T!T« ap»<r«»ç, par la dignité de l'ufage dont ils font. Cela ne peut être foufferr. Hiéroclès n'a jamais pu dire que nos pères & nos parents ne méritent nos refpects qu'à caufe de l'ufage & del'u* tilité que nous en retirons, & du be-e foin que nous en avons. L'exemplaire conféré furies manufcrits , fournit à la marge la véritable leçon , ^tVi»?, liaifon , au-lieu de *p»'««c, ufage. Le manufcrit de Florence la confirme, & & la fuite même la prouve & la fup -pofe néceflairement ; car on lit quel­ques lignes plus bas oi avrir TW T*; v%wtui irâfxmr, à caufe de la même ne-(ejfité de liaifon.

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306 REM. SU» LES VERS DE P Y T .

Car ce que font à notre égard les êtres fupérieurs dont les eéleftes nous tiennent lieu de pares, Cs"c. ] Voici une belle idée des Pythagoriciens : Nos pères font à notre égard l'image de Dieu ; & nos parents font l'image des An­ges & des autres efprits bienheureux , & comme on doit honorer les Anges après Dieu, de même nous devons honorer nos parents après nos pères.

Page j>. Mais de cette manière notre empref-fement pour la vertu dégénérera en em-prejfèmem pour le vice. ] Il y a Ample­ment dans le texte, ethut âx irtftrp&Bti'n wpèç xetx/eef ewcvf'ii. Mais de cette ma" niere notre emprejfement dégénérera en vice. L'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits fupplée à la marge cvrut «t

w«p<Tpa<sr«W » rîfv aptruy eu-Kwlç wjc't x«» xiftf vnwim; & c'eft ainfi qu'on lit dans le manufcrit de Florence.

Page}). Qu'ils reff'emblent. ] Car s'ils ne leur reflemblentpas par la-vertu, ils leur reffemblent au-moins par le rang qu'ils occupent à notre égard ,. & par la liai-fon que nous avons avec eux.

page 40, Car deux bonnes atlions nous étant propofées, tune bonne & Vautre meil-.

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . JO7

leure, il faut nécejkirement préférer la meilleure. ] Voici une décifion bien remarquable dans un Païen : De deux actions qui font ordonnées , l'une bonne & l'autre meilleure, fi on ne peut les accorder & les accomplir toutes deux, il n'eft pas permis d'a­bandonner la meilleure pour pratiquer la bonne ; car cela eft contraire à la piété & à la Loi de Dieu, qui nous ordonne de tendre à la perfection. Dans ces rencontres, ce qui eft bon cette d'ê« tre bon , quand le meilleur fè préfente.

De nous déshériter. ] Au-lieu de Pa8e4»» jB/eu iXKergtdtn, qui eft dans le texte, & qui ne fignifie rien, ou du moins, qu'on ne peut expliquer qu'avec pei­ne , le manufcrit de Florence lit » *hiftv a*&oTçûSnv, qui eft fort naturel & fort intelligible.

Mais penfer d'abord fur quoi elles tomberont. ] Voici une belle explica­tion du précepte qui nous eft donné dans l'Evangile, de ne point craindre ceux qui ne peuvent tuer que le corps, & de ne craindre que celui qui peut tuer, le corps & l'ame.

C'eji de n'épargner pour leurfervice Page 4a*

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308 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

ni nos corps ni nos biens. ] Le texte de ce paiTage n'eu pas fain dans les éditions ; mais il l'eu dans le manus­crit de Florence qui lit /U»T« e-u/xâruv

• (fti^c/jnyovç Mfieiç , fjunt Xffffjutrw > «*^' îxovTctç eiVTCiç i7rortTcl%icu uç •arrêt Tôt Tctavrct.

Au contraire, plus cefervicefera vil; & d'efclave, plus nous devons nous y plaire Sr nous en tenir honorés. ] Le manufcrit de Florence lit fort bien tout ce paflage , irçlmu y*f pi-n tit «T» avTovpyieti Jtyvrrtieai vmiïopinr wap*/-rtiffiai, ec«/0-^*jucviii' St jÂ.ct'KKm ceuTti, crtt et» /xet^'hov t7wteuç ytvHTctt K, e^ouXoifrpt-mic,. K«M fjJnt cur/etç <Pu.isramfji,m( <J><i<Ta)-XetJç ynificu. Au-refte le même Hiéro-clès dans forr traité, comment on en doit ufr avec [on père (y fa mère , ex­plique en quoi confine ce fervice bas & lervile, que l'on doit rendre à {"on père & à fa mère , & il en donne ces exemples, comme de leur laver les pieds, défaire leur lit, de fe tenir près d'eux pour lesfervir, &'c. £ we'/aç ûTTW/4*'»

KJ ti'Ktvm ç-epto-eu , Kj <zruyaçm>a.i SictKovcu-

(JLtl'OVÇ.

C'eji accomplir la Loi de la vertu,

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ET'SURLES COMM. D'HIÉROC. jOp

Êr payer les droits à la nature. ] Dans la Loi de la vertu eft comprile celle de la piété. Hiéroclès explique ici admirablement le précepte de Pytha-gore. Platon n'avoit pas oublié un précepte fi nécelTaire, & fi indifpen-fable : voici ce qu'il en dit dans 1 on­zième livre des Loix. La crainte de Dieu eft le fondement de ce qu'on doit à fis parents. Quefi les Dieux prennent plaîifir aux refpeils que l'on rend à leurs images, qui ne font que des repréfenta-tions mortes de la divinité, à plus forte raifonfe réjouijjent-ils des honneurs qu'on rend à [on père &* à fa mère, qui font les images vivantes de Dieu, Plus ils font vieux, plus ces images vivantes de la divinité, qui font dans la maifon , comme des tréfors très-précieux, ont de

force & d'efficace pour faire defcendre toutes fortes de bénédictions fur les en­fants qui leur rendent le culte qui leur tji dû; 6r pour faire tomber fur leur tête les plus affreufes malédictions, quand ils le leur refufent. Comme Pythagore & Platon avoient été en Egypte , il y a bien de l'apparence qu'ils avoient eu çonnoiflance de la Loi que Dieu avoit

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3 i o REM.SURLESVERS-DEPYT.

Dcutéron. v. donnée à fon peuple : Honore ton père

Et maudit fait quiconque n'honore fort père Cr fa mere.

Page 4}. Selon que la nature nous les a plus ou moins unis. ] Après ces paroles, le manufcrit de Florence ajoute, «TâXei» rfl »Xl Kj. Vm TOUTttV TUS açtTaç Ud ia-WOT*

fxtnvrtii. Il efl évident que fur toutes ces chofes-là même, la vertu demeure libre & indépendante. Mais je croirois que ce feroit une glofe, qui auroit enfin paffé dans le texte ; car il ne s'agit pas ici de l'indépendance de la vertu- -

Parmi ceux qui ne font pas de notre famille ; ] Car pour ceux de notre fa­mille , la nature feule fuffit pour nous les faire refpe&er & aimer.

Pa8e 4f • Car comme là on nous a dit que nous ne devions honorer &" vénérer que ceux qui font remplis defcience £r de lumière. ]

Tout ce raifonnement d'Hiéroclès me paroît parfaitement beau , & une démonftration très-forte. Comme par­mi ceux qui font morts , nous ne de­vons honorer que ceux qui fe font diftingués par leur vertu, & que la grâce divine a élevés à la gloire ; de

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 311-

même parmi les vivants, après nos proches, nous ne devons aimer & ref-pecter que les gens de bien. Il y a un fi grand rapport, & une analogie fi parfaite à notre égard entre les êtres intérieurs, que ce que nous devons aux premiers eft la mefure & la règle de ce que nous devons aux derniers. Nos pères font l'image de Dieu ; nos parents repréfentent les Anges, &nos amis font l'image des Saints. Nous ne faurions donc nous méprendre fur ces devoirs de la vie civile, puifqu'ils font des fuites & des dépendances des devoirs de la Religion. C'eft la vie célefte qui doit régler la vie terreftre.

Cède toujours à ces deux averti/Jè* p ^ . ments. ] Ce Vers de Pythagore pour-roit aufli être explique de cette ma­nière : Cède à ton ami en lui parlant avec douceur, & en lui rendant toute forte de bons fervices. Mais l'explica­tion qu'en donne Hiéroclès, cft plus* profonde ; & on ne peut pas doutée que ce ne fût là le fens que lui don-noient tous les Pythagoriciens.

Car c'ejl haïr pour une légère faute. J Pa£c4>' Ainfi donc Pythagore appelle faute

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312 REM. SUR LES VERS DE P Y T ,

légère, tout ce que notre ami, notre prochain , fait contre nous, & qui ne touche point l'aine, mais qui regarde feulement le bien , la gloire, & tous les autres intérêts toujours vils 8c méprifables. Voila une régie bien par­faite pour un Païen & pour un fiécie comme celui-là, où les plus inftruits ne connoiflbient d'autre Loi que d'ai­mer celui qui aime, de haïr celui qui hait, de donner à celui qui donne , & de refufer à celui qui ne donne point; car c'eft-là le précepte qu'Héfiode en-feigne quelque fiécle avant Pythagore.

Pa«e j. (?eJl de n'entrer avec lui en au­cun démêlé. ] J'ai fuivi ici le ma-nufcrit de Florence » qui eft plus fain que le texe imprimé; on y lit rS fiurt wip< ;fcp»yt*«T«n , \xnrt wip» <Po%*ç ctvTU /««pipis-}-*», /if rS /AJI ttp Vf€tl T»Ç Kcivwlaç OWTOV CLTtSÇ-tfUV , fAtufi QiXcri-

l*ictv taon* •nciusya.i tm nuivcu <tvçv-

%Uv. Cela eft clair & net. Sage so. • Car chacun de nous eft convaincu tous

les Jours par fon expérience, que la né-cejftté lui fait trouver plus de forces qu'il n'ayoit cru en avoir. ] Pour bannir la foibleffe 8c la parefle qu'une volonté

corrompue

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 5 I }

corrompue nous infpire fur nos devoirs les plus eflentiels, il n'y a rien de plus utile que cet avertiffement , La puiffànce habite près de la néceffité. Rendons-le feulement fenfible par un exemple qui le mette dans tout fon jour. Il arrive tous les jours que nous refufons de faire pour notre amende­ment certaines chofes, alléguant pour excufe, que nous ne le pouvons j qu'il arrive le lendemain une néceffité in-difpenfable de faire des chofes encore plus difficiles, nous en venons à bout : ce n'en donc pas la puiffànce qui nous a manqué, mais la volonté. Sans écou­ter donc cette volonté foible ou cor­rompue, allons chercher la force dans le voifinage de la néceffité, c'eft-à-dire, faifons ce que nous ferions dans la néceffité là plus preffante. Un gout­teux dans fon lit, eft perfuadé qu'il ne peut marcher ; que le feu prenne à fa chambre , il fe lèvera , & il marchera. Pour recouvrer toutes nos forces, il faut les chercher où elles font, c'eft-à-dire près de la néceffité. Cela eu parfaitement beau & fore fceuf.

Tome U< O

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314 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

Pageji. Cette nécejjité libre & indépendante qui ejl contenue dans les bornes de la

Jcience. ] 11 dit qu'elle eft renfermée dans les bornes de la fcience, parce qu'on peut apprendre toute fon éten­due , & s'inftruire de tout ce qu'elle exige de nous.

Tu trouveras la mefure de la puiffan-ce qui ejl en toi. ] L'exemplaire conféré fur le manufcrit a lu ,ftirew, au-lieu de /LUTje*, & cela eft confirmé par le manufcrit de Florence.

r»ge5». Car la fin des vertus, f?efl$amitié\ &* leur principe, c'eft la piété. ] Voici une décifion tirée de la plus lubUme. Philofophie. U'amitié eft la fin .des vertus, parce que lesvertus ne ten­dent qu'à nous elçvçr, & à nous, unir aux êtres qui peuvent nous rendre heureux; & la piété eft fon principe, çon feulement parce que Dieu eft l'au­teur de l'arnifié » comme, dit. Platon , Se çQiïime nous le (avons encore plus certainement de l'Ecriture fainte j mais encore, parce que de. délirer cette union dans laquelle confifte notre fé-.

' licite, c'eft un des effets de ta piété. Ainfi la pietéeft là femenceties vertus $

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ET SUR LES COMM. D'HIÊROC. 3IÇ

& les vertus portent ce fruit très-par­fait, & très-défirable , qui eft l'amitié.

Et Ji nous aimons les méchants, & pour l'amour de la nature feule. ] Le vice ne détruit point les liaifons de la nature : un homme a beau être mé­chant, la nature ne foufrre pas qu'il foit absolument étranger à un autre homme. Il faut donc remplir tout ce que demande cette liaifon ; & parcon-féquent, il faut aimer ce méchant, 8c lui faire du bien, à caufe de la nature qui l'a lié à nous. Voila un grand principe; mais d'où Pythagore l'avoic-il tiré, dans un fîécle de ténèbres, dans un Gécle où le peuple même le plus inf-truit >.ap[ès avoir reçu de Dieu ce pré­cepte , Tu aimeras ton prochain comme toi-même, l'avoit comme anéanti par les bornes très-étroites qu'il donnoit à ce mot de prochain que Dieu avoit étendu fur tous les hommes ? Il l'avoit tiré du fein de la divinité même. Dieu étant connu, la liaifon que nous avons avec les hommes ne peut être incon­nue , ni les devoirs qu'exige cette liaifon, ignorés.

Car tomme il aimeThomme, il ne Page j$. Oi j

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516 REM. SUR LES VERS DE P V T .

hait pas même le méchant.] Voici la raï-fon du mot qu'il vient de rapporter, le fage ne hait perfonne, &G. & j'ai fuivi ici la leçon que préfente le manufcrit de Florence, qui me paroît meilleure que celle du texte imprimé: on lit dans ce manufcrit ù( fxiv >«p TOV »vffU7rov «fiXa», càfl rèr xovtcv fc^pèr rijtreu , ûç <T« TOV ttptTti tttMAa-fj.nfi.lvov Çirriàv wpe t notvuviar , TOV £y*fov «X VCIVTUV ix\iytrait.

Et dans les mefures &• les règles de fon amitié, il imite Dieu. ] Voila la véritable règle. De la connoiflance de Dieu fe tire la connoiflance de tous nos devoirs ; & de fon imitation leur accompliflement. Dieu ne hait aucun homme ; car comme Platon l'a démon­tré , la haine des hommes eft incom­patible avec la juftice. Dieu hait le mal, mais il ne hait pas les perfon-nes, il préfère feulement l'une à l'au­tre; & la vertu eft toujours la raifon de fon choix. Faifons de même, & il n'y a plus ni haine ni vengeance, & nous aimerons tous les hommes avee fubordination.

Et en ramenant à leur devoir les dé-ferteurs de la vertu, par les loix de fa,

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ST SUR LES CoMM.D'HjÉROC. 3 \f

jujiice. ] Pythagore avoit donc com­pris que les châtiments dont Dieu pu-r nit les méchants, font des effets de fon amour; car Dieu châtie ceux qu'il ai­me. Mais cela n'eu vrai que des châ­timents de cette vie : les Pythagori-» ciens pouflbient ce principe trop loin, car ils croyoientque les peines de l'au­tre vie n'étoient pas éternelles.

Car nous pratiquerons la tempérance & la jujiice avec tous les hommes. ] Voici une belle preuve de la néceflîté d'aimer tous les hommes, c'eft que le caractère de toutes les vertus eft d'être toujours ce qu'elles font, & d'étendre fur tous les hommes le bien qu'elles produifent. Un homme jufte & tem­pérant , eft toujours tempérant & jufte ; & il ne dépend pas des injuftes & des intempérants de le faire changer. Il en eft de même de l'amitié : celui qui a cette vertu, n'aime pas feulement les gens de bien , il étend cette humanité fur les vicieux même ; car autrement cette vertu cefleroit d'être en lui. Cela me paroît admirable. Quand David dit à Dieu , Cum eitclo eleclus eris, &

Oiij

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318 REM. SûR LES VERS DE PYTW

cum perverfo pervertiris. Vous fere% bon avec les bons, & méchant avec les me-*, chants : il veut faire entendre feule­ment que notre corruption empêche Dieu de nous donner les mêmes mar­ques de fa bonté, & l'oblige d'inter­rompre le cours de fes grâces, pour nous ramener à lui.

*»I«M' Cejlpourquoi le nom d'humanité» c'ejl-à-dire, d'amour des hommes , lui convient parfaitement.] J'avois corrigé ce paffage en lifant, liwrpiiru, au-lieu de Iwtçrçliru & je l'ai trouvé enfuite dans le manufcrit de Florence.

»H* T'- Pour commettre le péché de fuite, &» comme par degrés. ] Rien n'eft plu» approfondi ni plus vrai que cette gra­dation. Nos paffions fe prêtent réci­proquement des armes , pour nous faire commettre le péché de fuite. La bonne chère produit la parefle (le fom-meil,) & les deux enfemble, enfan­tent le luxe, qui tenant la partie iraf-cible de l'ame toujours prête à s'en­flammer , aiguife la colère, & brave les plus grands dangers pour aflbuvir fes convoitifes.

rage «o. Et de-là nous apprenons à nous con-

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ET SUR LESCOMM. D 'HIÉROC. 3 19

naître nous~mtmes. ] Voila le chemin bien marqué pour arriver à la perfec­tion. De la tempérance vient le repos des paflîons ; du repos des partions, U méditation , la connoiflance de nous-mêmes; delaméditation,la connoiflan­ce de nous-mêmes, le refpeâ que nous nous devons ; & de ce refpeft, la fuite des vices, & de tout ce qui eft honteux. Cela eft d'une vérité très-fenfible.

Qui eft la plus parfaite des vertus, Page «Jt« &* qui régnant dans les unes comme dans les autres, les renferme toutes. ] Il y a dans le texte imprimé à, fià.irw£v Aptw 9tpjt*TiK»( tm aAXw, &c. & dans le manufcrit de Florence on lit, •nmrm ttftrm Kj /xirgm iripuKTuûlt, &c. qui ren­ferme toutes les vertus & toutes les me-fures. Mais M. Salvini Docteur à Flo­rence , homme très-fçavant, & qui a eu la bonté de m'envoyer toutes les différentes leçons d'un des plus excel-* lents manufcrits qui foient dans l'Eu­rope , préfère la leçon du texte impri­mé , & m'a communiqué fur cela une penfée qui me paroît très-belle & très-ingénieufe. Il prétend que «f«* swûr , eft ici le terme diapafon, dont les mu-

O i v

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j 2 o REM. SUR LES VERS D E P Y T ;

ficiens fe fervent pour exprimer le toi» qui renferme les fept intervalles de la voix, & que nous appelions oBave : & il eft perfuadé qu'Hiéroclès com­pare ici à cette oétave, la juftice ; par­ce que la juftice eft la plus parfaite des vertus, & qu'elle les renferme toutes , comme l'oéïave eft la première & la plus parfaite des confonnances, 8c & renferme tous les fons. Toutes les vertus fe trouvent dans la juftice» comme tous les fons dans l'octave; c'en pourquoi Theognis a dit,

H' ft c\ixteietut>i ev^diit KSU ifttn V(r.

ha juftice eft en général toute vertu •• Dans cette vue il auroit fallu traduire, qui eft la plus parfaite des vertus , &* & qui, comme l'oétâve de la mujîque renferme tous les fons, renferme de mi­me toutes les autres vertus.

Et au milieu font le courage &* la tempérance.] Le même M. Salvini re­tient ici la leçon du texte, «T/« pla-cr, qu'il préfère à celle du manufcrit de Florence h /*«'«•» ; il change feulement une lettre, & lit <Ti« ^icrn', perfuadé qu'Hiéroclès perfifte dans la même

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 32I

méthaphore, empruntée de la mufi-que, & que comme il a appelle la juftice «Tiocwaa-ev, il appelle ici le cou­rage & la tempérance, J'ui/Mg-ar, pour dire que dans le concert des vertus, le courage & la tempérance tiennent le milieu.

Et qui cherche toujours le bien de cha- P*6e 'f • cun dans toutes les acTwns, Le manus­crit de Florence lit ici ^ ri ixâç-ov irçirQofcv Iv rciïs irp*£taiv, ce qui eft

Eréférable à la leçon du texte imprimé, .a prudence cherche ce qui eft bon &

féant à chacun dans toutes les actions ; car la bonté des a étions.n'eft pas tou­jours la même pour tout le monde ; elle change félon l'état & la qualité de ceux qui agiflent. Autre eft la va­leur d'un Général ; autre celle d'un fïmple Officier, & ainfi des autres.

Et que la juftice corrigeant tous nos vices, &* animant toutes nos vertus. ] Dans ce paflage j'ai plutôt fuivi le fens .que les mots, qui me paroiflent cor­rompus dans le texte Grec ; car je n'entends point ij T»? fuutwrim T»S à.'koyUç tliixtrfM ; cela n'eft pas même .Grec. Je crois qu'il faut corriger £ tnt

Ov

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322 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

fnutuavniv Tatç atXoytetf areXtr^cu, m o t à mot, & que la la jujiice emporte nos vices. C'eft ce que lignifie ihxU-feu , comme Hefychius l'a remarqué, àn*.i-efat, dit-il, Ifyxiojeu. Le manufcrit de Florence fournit ici une leçon qui mérite d'être examinée; car elle pré-fente un beau fens, ç rw J W / M - I W ttîi ttYcthoyictf ifte-J-ai ; &• que la jujiice fe proportionnant à chaque fujet, &c. car la juuice n'eu jufte que lorfqu'elle .fuit la proportion.

Et de l'ame ces vertus rejailliffent fur cet être infenje. ] Et voila comment ce corps mortel eu orné & embelli par les vertus qui font les perfections de l'ame ; leur beauté rejaillit fur lui.

Page «7. Et de la fortune qui la fuit. ] Car la fortune n'eu qu'une fuite de cette na­ture mortelle. Que cette nature foie abforbéé , la fortune n'a plus de lieu.

Que ce qui eji compofé de terre &* d'eau. ] Les Pythagoriciens ne «net­toient que ces deux éléments pour la

• formation de l'homme, & l'on trouve dans Homère l'origine de cet te opi­nion ; mais fous ces deux éléments, il comprenoient les deux autres ; car

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ET SUR LES COMM. D'HlÉROC. 323

fous la terre, étoit compris le feu; & fous l'eau, étoit compris l'air. Dans la vie de Pychagore nous avons vu que ce Philofbphe combattoit l'erreur de ceux qui pour la formation des ' êtres, n'admettoient qu'un élément. '

Or certainement m le corps ni les „ „ „ , biens, en un mot tout ce qui ejtfepare de notre ejfence raifonnable, ] C'eft une vérité confiante; on en voit la preuve dans Epiétete qui a fondé fur ce prin­cipe toutes lés règles admirables qu'il nous a données.

C'eft que nous pouvons bien juger des chofes qui ne dépendent point de nous. ] Dans l'exemplaire conféré fur les ma­ri ufcrits, il y a à la marge nfreu, au-Heu de ygnv<u , & dans le manufcrit de Florence, nf'mn, ce qui eft la même chofe, & ce fens eft très-bon ; car des faines opinions vient le bon ufage : & par conféquent ce qui dépend de nous étend fon pouvoir fur ce qui n'en dépend pas. Cela me paroît fort beau.

Jamais il n'aura (tégard pour ceux P*g*W avec lefquels il vît. ] Au-lieu de (ni ryt» Çwrav -, des vivants, il faut lire comme dans le manufcrit de Florence, oureTwc

O vj

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3 24 REM*SUR L E S VERS D E P Y T .

cvÇûvTur, de ceux avec lefquels il vit > Se c'eft la leçon que j'ai fuivie.

Page 71. Or c'eft ce que ne pourra jamais faire celui qui fe perfuade quefon ame ejl mor­telle. } Hiéroclès décide formellement ici que ceux qui croient l'ame mortelle; ne fauroient pratiquer la juftice. Mais ne fe pourroit-il pas qu'un homme » quoique perfuadé que l'ame périt avec le corps, croiroit pourtant qu'il y a en cette vie pour l'ame une forte de perfection, qui confifte dans la juftice & dans la pratique des vertus ; & que de cette perfection dépendent tout loti bonheur & tout fon jepos ? Cela le pourroit fans doute ; & Simplicius l'a établi dans fa préface fur Epiétete. Mais quand même , dit-il, onjuppofé-roit l'ame mortelle 6* pèriffabû avec le corps, celui qui vivra félon ces maximes, recevant par ce moyen toute la perfe&ion dont il ejl capable, &}ouiJfant du bien qui lui ejl propre , il fera nécessairement

'• très-heureux. Mais il faut avouer que les exemples en feroient rares ; & que pour un homme qui croyant mourir tout entier,ne laifferoit pas de marcher datis les fentiers de la juftice, il y en

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . ^2f

auroit des millions qui s'en éloigne* roient. Comment cela ne feroit - il point, puifque malgré la certitude de l'immortalité de l'ame, & des peines préparées aux méchants -, nous ne laif-fons pas d'être corrompus & injuftes ?

A e difcerne point ce que deji qu'il y a en nous de mortel. ] Le manufcrit de Florence ajoute ici ces deux mots, (MiJ'etfjiS( Xeyei&fjwoç, qui manquent au texte, Se qui font très-néceflaires pouf le(èns. Voici le pafTage entier, T< juw iç-t TO aireJySinur i/xSv /x»</\x/uâç; to^oiÇô* fjitvx, à/ TO T<£» XfKfjLolTO* JW/xerev, & c

Car c'e/l par notre propre dignité qu'il p e 7ti

faut mefurer tous nos devoirs, & dans nos actions &• dans nos paroles. ] Voila un grand précepte, & un précepte qui feul, s'il étoit bien obfervé, empê­cherait les hommes de tomber dans les baflefles & dans les indignités où ils tombent tous les jours ; & qui les dégradent de leur dignité , & pour cette vie & pour l'autre.

Cejl pourquoi après le précepte , oh- yage 7*1 ferve la juflice, il ajoute. ] Il y avoir dans le texte une faute que le manuf­crit de Florence a corrigée j Uw ti

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326 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

fttuuoawm àrxiïv Vxiyayt, &C. Le ma-nufcrit lit fort bien ïftv rS; cette faute, quoique légère & très-facile à corri­ger , n'a pas laiffé d'induire en erreur l'interprète Latin.

Page7y. Pour faire entendre que l'habitude de la tempérance eft ordinairement accom­pagnée de la libéralité.] La libéralité eft la fille de la tempérance } car elle ob-ferve toujours la jufte mefure, & ban­nit également le trop, & le trop peu*

page7f . Car on doute fur ce fujet; première­ment fi cela eft poffible à l'homme, & enfuite s'il ejt utile. ] Voila les malheu­reux doutes que les hommes ont for­més dans tous les fiécles. Comme ils font naturellement portés à l'injuftice, ils ont cherché à fortifier ce penchant par la raifon ; & s'oubliant eux-mêmes, ils ont tâché defe convaincre, & de convaincre les autres, que la pratique des vertus eft ou impoflîble a l'hom­me , ou inutile. C'eft donc en foi-même qu'il faut chercher les réponfes à ces faux raifonnements, en fe con-rtoiffant foi-même , e*eft-à-dire, en connoiflânt fa liberté, & en diftin-guant ce qu'il y a en nous de mortel,

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Ï T SUR LES CoMM. D'HIKROC. 327

& ce qu'il y a d'immortel. Notre ame eft immortelle & libre : elle eft libre, donc la pratique des vertus n'eft pas impoffible : elle eft immortelle, donc la pratique des vertus lui eft utile.

Sont plutôt de vains difcoureurs , que de vrais Philofophes. ] Ce que dit ici Hiéroclès eft certain, & une marque de fa certitude, c'eft qu'il eft parfai­tement d'accord avec la doctrine de faintPaul, 1. Corinth. chap. xv. ir. 2 0 , 30 , & 32. Alioquin quidfacient f quid baptifantur pro mortuis ,fi omnino mortui non refurgunt ? &r.

Et pouffe à jouir des voluptés corpo- p»6e 7«» relies. Car ceux qui ont ce foupçon » fe difent, Manducemus & bibamus, cras enim moriemur. Mangeons & bu­vons , car demain nous mourrons. Saint Paul nous munit contre ces difcours réducteurs , en nous difant , Nolite feduci, corrompunt bonos mores coUo* quia mala. Ne vous laiffiç pas féduire , les mauvais entretiens corrompent les bonnes moeurs.

En effet comment ces gens-là peuvent-ils prétendre? ] Il va prouver ce qu'il a avancé, que ceux qui foutenant que

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328 REM. SUR LES VERS D E P Y T ;

l'ame eft mortelle, enfeignent pour­tant qu'il faut pratiquer la vertu, font de vrais difcoureurs ; car à quoi bon pratiquer une choie qui nuit à l'ame pendant cette vie, puifqu'elle la prive de fes plaifirs, & qui lui eft inutile après fa mort, puifqu'elle n'eft plus ? Voila ce qui fuit néceffairement de ce faux principe.

Mais cette matière a été amplement traitée par des hommes divins. Il parle de Socrate & de Platon. Cette opi­nion que l'ame n'eft qu'une harmonie & un accident de telle ou telle con­formation du corps, & par conféquent, qu'elle périt avec le corps, eft admi­rablement refutée dans le Phédon, de l'immortalité de l'ame ; & on y établit folidement, qu'elle eft immortelle, & que la vertu fait fon bonheur.

ï>age 78. Et qui la ramené à la félicité con­venable à fa nature. ] J'ai ajouté toute cette ligne, qui eft très-néceffaire, & que j'ai trouvée à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & enfuite dans le manufcrit de Florence, xai wfs( TW <jiwjl Trfnrcwciv euÇuïav «b-iT»V tuàyti, .TSTO îrruç, &c.

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XT SUR LES COMM.D 'HIéKOC 329

Mais que nous les juftifions ginérm-fement, en démêlant exactement leurs caufes. ] Ceci me paroît parfaitement beau- Quand nous remontons aux caufes de tous les accidents qui nous arrivent dans cette vie , nous les juf­tifions ; car nous trouvons qu'ils n'ar­rivent point au hafard, & qu'ils ne viennent ni du caprice ni de l'injuflice des êtres fupérieurs, & que ce font les fruits de nos péchés & de nos crimes.

N'ont pas donné la même dignité &• Page 7?; le même rang à ceux qui n'ont pas fait paroître la même vertu dans leur pre­mière vie.] Il y a dans le texte impri­mé , à ceux qui n'ont pas fait les mê* mes progrès dans la vertu, rm% //»' ô/xoiuç 7rpeCfC»«)T«c. Cela paroît d'abord faire un beau fens : cependant il eft cer­tain que le paffage eft corrompu. Cela n'avoit pas échappé à Marc Cafau-bon : le fens, & ce qui fuit plus bas , Ta lH wfoCivTMç ta*.*, les maux de la première vie, l'avoient conduit à la véritable leçon JTM)«/M O/JU'IUI; TfoCtSto-xiraç , ceux qui n'ont pas fi bien vécu, dans leur première vie. Ht c'eft la leçon que j'ai trouvée dans l'exemplaire coa-

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330 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

féré fur les tnanufcrits, & dans le manufcrit de Florence. Les Pytha­goriciens , pour rendre raifon de l'inégalité des états & des conditions dans cette vie, & de tous les maux qu'on y fouffre, avoient recours à la

firemiere vie qu'ils fuppofoient que es âmes avoient menée dans leur

fphere, avant que de defcendre fur la terre pour y animer des corps, & au choix qu'elles avoient fait ; & c'étoit une fuite très-naturelle de leur doc­trine. Il faut avouer même que par là ils abrégeoient bien des difputes & des difficultés. Il auroit été ridicule d'alléguer pour raifbn le progrès que les âmes font dans la vertu pendant cette vie; car l'inégalité des condi­tions , & fouvent les maux mêmes précédent ce progrès. C'eft ainfi. qu'Iamblique, pour fauver les Dieux du reproche d'injuftice dans la diftri-bution des biens & des maux, a dit, que les Dieux étant infiniment élevés au-deflus de nous, connoiflent toute la vie de l'ame, & tout ce qu'elle â fait dans fa première vie ; & que s'ils infligent quelque peine, ils ne s'é-

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ETSURLESCOMM.D'HIéROC. 331

loignent pas en cela de la juftice ; mais ils ont égard aux péchés qu'a commis dans fa première vie l'ame de ceux qu'ils puniflent, liv. 1 v, chap. 1 v. Au­jourd'hui nous n'avons pas befoin de recourir à ces raifons plus fubtiles que folides, nous qui favons que l'inéga­lité des rangs & des conditions eft un bien , & non pas un mal ; que le bon­heur & le malheur des hommes ne fe mefurent pas ainfi par des chofes paf-fageres & périflables, & que tous les hommes étant originairement pé­cheurs, tous les maux qu'il plaît à Dieu de leur envoyer, ne peuvent être que juftes.

Et qu'ils ne àiftribuaffent pas à cha- Page»* cun la fortune qu'on dit que chaque hom­me venant au monde choifit lui-même félon le fort qui lui eft échu.'] Pour l'in­telligence de ce pzflage, il ne faut que rapporter ici le fentiment des Pytha­goriciens, comme il eft expliqué dans le x livre de la République de Pla­ton , qui dit,- qu'un Prophète après avoir pris du fein de la première par­que , tous les forts, monta fur un trône ; & s'adreflant à toutes les âmes, il leur

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332 REM. SUR LES VEKS DE P Y T .

dit, Choififièf vous-même votreDémon. (votre Ange) Que celle qui aura lèpre-mier fort choijîjje la première le genre de vie qu'elle mènera par les Loix delà né-cejfité, &ainjî des autres, &c. La faute entjl à celle qui choijît, Gr Dieu n'eJL point coupable.

Celui qui nous gouverne. ~\ Dans le manufcrit de Florence , au-lieu de fmwrtoc, oh lit «fieraMWTcç; & e'eft la véritable leçon.

Par de' faimes méthodes, &* par de bonnes réflexions.] J'ai fuivi ici l'e­xemplaire conféré fur les manufcrits , à la marge duquel on lit T*Îç îepaîi fjnjé<?ott, i) T«7ç «pfaeiç vcvftriffwn ; & j'ai enfuite trouvé cette leçon con­firmée par le manufcrit de .Florence.

Jage Si. Et la privent du culte defon libre ar­bitre. ] Car tout homme qui fe per-fuade que les maux lui viennent d'une caufe étrangère, & fur laquelle il n'a aucun pouvoir, oublie fa liberté, & n'en fait plus aucun ufage.

En la tenant dans l'oubli des caufes de ce qu'elle fouffre ici-bas. C'eft le fens de ce paflage. Le texte imprimé dit,

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 333

&c. ce qui ne peut faire que difficile­ment un bon fêns : & le manufcrit de Florence corrige fort bien, T £ wp«ç-'-ylvtti x«f «Kow«ç airïetc, &c. en hùfai-fant rapporter ce qu'elle fouffre à des eaufesqui lui font cachées.

A moins qu'elle ne veuille elle-même. "] p gJ; J'ai fuivi ici la leçon que m'a préfentée la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, où j'ai trouvé iflty pour hff, qui ne fait aucun fens, & le mot iyatfSr ajouté après fournir»» ; ce qui manquoit vifiblement, & c'eft ainfi qu'a lu le manufcrit de Florence.

Car il n'eji paspojjible qu'à aucun de ces vices onfe récrie, Que cela ejl beau ! J Voila une belle règle pour diftinguer la vertu du viee, & les véritables maux de ceux qui ne le font que de nom. Il n'eu pas poflîble de s'y tromr per.

Parce que ce font des écarts, &* des page î+; éloignements de la droite raifon. ~] Cette idée eft jufte Se belle. Hiéroclès pofe ici la droite raifon, comme un but auquel l'homme vife ; mais l'aveugle qui ne le voit pas s'en éloigne, - En parlantdu maux volontaires, H Page r» ;

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534 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

ne dit pas qu'ils foient diftribuès par la divine fortune. ] Car ce font des pé­chés qui viennent de nous, & nulle-; ment de Dieu.

Mais qui peuvent recevoir des maint de la vertu, de l'ornement £r de l'éclat. ] Car de tous les maux de là vie il n'y en a pas un feul que la vertu ne puiffe convertir en bien.

>4{e8*. Etji rienne préjïde à ces partages. ] Le texte étoit fort corrompu par le changement d'une feule lettre ; car que peut lignifier ici ù / • /JDHÏ'IV tm-ç-cflitreu TW Ttieiiruv xi%«w ,fîn aUtem nihil, hujufmodi nominibus imperat , comme a traduit l'interprète Latin j c'eft-à-dire,, fi rien ne préfîde à ces noms. Il ne s'agit pas ici de noms, au-lieu de hl%tvv, noms, j'avois corri­gé X»£IMV , forts, partages; Hefychius XHÇSMç *X»pov8/x/aç , lAiçù-fxât, Hiéro-clès s'en eft fouvent fervi ; mais long­temps après cette remarque faite, j'ai trouvé cette conjecture confirmée par le manufcrit de Florence, avec Cette différence pourtant, qu'il a mis par le datif, i) J-i /x»JV t7Mç-«T«7 rctïç rf* rotofoux £»%mv i Que fi rien ne préfide

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ET SUR LES COMM. D ' H I É B O C . 3 3 Ç

au partage, à la diftribution de toutes ces chofes.

En ce que celui qui juge ejî un être page 8» divin & plein a*intelligence. ] Le texte eft fi corrompu, qu'il n'étoit pas pof-fible d'en tirer un beau fens, ni un fens intelligible. Le manufcrit de Flo­rence m'a tiré de peine en me préfcn-tant ce paflage tel qu'Hiéroclès l'a-vo i t écrit , * fin* fiTor J£ vctço* tç-« TO xpivcv, &C. M (T« eiKtlf wfooifim naKwtreu TO Kfiri/xmov, &c. D'un côté, en ce que ç'efl Dieu qui jugé, Grc. &• de l'autre côté, en'ce'que celui qui eft jugé, &"c. cela eft très-clair. Tout ce qu'Hiéro­clès dit ici pour expliquer cette divine fortune, me paroît très-beau & très-profond.

Parce qu'il n'arrive point à Dieu de châtier , ou de récompenfer préalable­ment les hommes. ] Car ces mots, pu­nition & récompenfe, fuppofent né-çeflaîrement ou vices ou vertus._Ce que dit ici Hiéroclès ne touche point $ cette vérité, que Dieu nous pré­vient par fès grâces, puifqu'il recon-noît que tout le bien que nous fai-fons, nous ne le faifons qu'en ufant

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336 REM. SUR LES VERS DE Ï » ï T .

du don de Dieu, & qu'il die dans la page fuivante, que Dieu nous donne des biens préalablement, & fans que nous les ayons mérités.

Dejorte que le tout enfemble, divine Fortune, n ejî autre chofe que le juge-, ment que Dieu déploie contre les pé­cheurs. Il y a du divin en ce que ce jugement vient de Dieu , qui fuit les Loix de fa juftice; & il y a de la for­tune, en ce que nous nous l'attirons par nos crimes., & qu'il dépendoic de nous de l'éviter, C'eft la fortune qui fait tomber fur nous ce jugement qui n'étoit pas donné contre nous. Afl'emble le foin de Dieu qui préjîde, ;&* la liberté &" le pur mouvement de Uame qui choifît 3 H y a dans le texte, & la liberté &• Fimmortalité de l'ame qui choifit. ït n'y a perfonne qui ne fente, qu'il n'eft pas question ici de l'immor­talité de l'ame, mais de fa liberté. Il faut donc qu'il y ait faute au mot âfelvetrw, & je ne doute pas qu'Hiéro-clès n'eût écrit amlfjutrov , le pur mouvement. La même faute eft pour­tant dans le manuferit de Florence.

pjgess. Et que oes maux ri arrivent ni abfo-

lument

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 337

lumentpar la defiinée, ni &c. ] Ils n'ar­rivent pas abfolument par les ordres delà providence, car notre volonté y a part ; & ils n'arrivent pas non-plus à l'aventure, puifqu'ils arrivent en conféquence des ordres de Dieu.

Et que ce rfejlpas notre volonté feule Page JI. qui difpofe du total de notre vie.] Car ïi elle en dhpofoit, nous commettrions le mal, & nous n'en ferions pas punis. Nous difpofons du mal, mais nous ne difpofons pas des punitions qu'il atti­re : le mal vient de nous, & la puni­tion vient de Dieu ; & voila l'aflem-blage qui conftitue la divine Fortune, -& qui allie les- accidents de la fortune avec les ordres & les décrets de Dieu.

E,t que les biens que Dieu donne préa­lablement , &fans que nous les ayons mé­rités , fe rapportent à la providence. J Hiéroclès reconnoît ici que Dieu pré­vient les hommes par des grâces » & ces grâces antécédentes, il les attri­bue aux décrets de Dieu, à la Provi­dence. Cela eft remarquable dans un Païen ; & ce n'eft pas de la Philofo-phie Païenne qu'il a tiré ce principe.

Tomt II. P

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338 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

t>ag*$o. Penfe la même chofe de l'ejfence di­vine.] Dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits, au-lieu du mot eù<rî«ç ejfence, je trouve à la marge iirtç-ao-i*t, penfe la même ckofe du gouvernement divin; c'eft-à-dire de la providence; mais le manufcrit de Florence retient eùa-taç.

Page 90. N'efi que le fruit de la fcience des Juges.] Il y. avoir une faute groffiere dans le texte, «s TW T<J» ^iiojxum vofx.oqu'h.a.iurwv li»tç-ti[ji.nv, Au-lieu de r£v «çwjUffw , de ceux qui Jont jugés, il faut lire comme dans le manufcrit de Florenee, rw iep»r«'TW, de ceux qui jugent, des Juges,

Car s'il efi plus utile d'être puni, que de ne l'être pas. ] Socrate a fait dans Platon une démonstration admirable de cette' vérité.

Et Ji la jujîice ne tend qu'à réprimer le débordement des vices.} Il y a dans le texte s <f/«» jWwle». Ce qui pouroit être expliqué de cette manière, & Ji la jufiice ne punit que pour réprimer, &*c. mais j'ai mieux aimé fuivre le ma-•Bufçrit de Florence qui a lu » «M«?»

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ET SUR LES CoMM. D'HtéROC. 3 3P

frxhru ,Ji lajufiice ne regarde, ne vife, **&>*• &c.

Car celui que les hommes maudijjent & renient dans le mal qu'ils font, Us le confefiènt & l'invoquent dans le mal qu'ils fouffrent. ] Voici une grande vérité , & qui jette un grand jour fur l'injuftice & la corruption des hommes. Ils ne veulent pas qu'il y ait de Dieu quand ils font le mal, afin d'être délivrés & vengés.

Comme le Rocher de Tantale. "] On parle bien plutôt du rocher de Sifyphe que du rocher de Tantale. La fable célèbre la faim Se la foif de Tantale au milieu des eaux & des fruits; & c'eft ainfî qu'Homère en parle dans l'onzième livre de l'Odyf-fée. Hiéroclès ne Ce trompe pour­tant pas, & il faut que la fable ait va­rié; car Platon parle du rocher de Tantale dans le Cratyle, ou de ceT°«*• f<ip-rocher qui pend fur fa tête, il tire l'ér tymologie de fon nom.

Enyvrés du déjtr des richejfes. ] Il ne met qu'une caufe de l'injuftice des hommes, celle qui eft la plus ordinaire

P ij

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340 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

& la plus commune, l'avarice ; & {bus celle-là, il comprend toutes les autres.

p*se*4- Et n les punit cemme homme par la rencontre fortuite de la Loi, avec leur volonté corrompue. ] Car ce n'eu que par hafard que la Loi faite contre les méchants en général tombe fur un tel homme qui s'eft rendu méchant par fa volonté & par fon choix. En effet la Loi veut punir le pécheur, & non pas un tel pécheur : ainfi, la rencontre de la Loi, avec la volonté corrompue de celui qui a commis le crime, eft pu­rement fortuite , & par accident.

p a £ e , t ' Car comment traiter de même un homme qui n'efl plus le même ] Comme Dieu récompenfe le pécheur qui fe convertit, il punit le converti qui retombe dans le péché. Ce n'eft que la perfévérance dans le vice ou dans la vertu, qui aft récompenfée ou pu­nie. L'exemplaire conféré fur les ma-nufcrks, & le manufcrit de Florence ajoutent ici au texte un mot, fià/j.ilrctv-r* , qui me paraît fort bon, TCV y£p pi Te/oCVsv tfictfjt.HntvTçt vSç, Sec. Car com­ment traiter de même un homme, qui n'tjl pas demeuré le même ?

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ET SU£ LES ÇoteM. D ' H I É R O C . $ 4 *

autant qu'il dépend du jugement di- page ?j; vin. ] Il parle ainfi pour faire enten­dre que le jugement divin laifle quel­que chofe à faire à la volonté de l'hom­me* Dieu veut corriger le pécheur par fes châtiments, mais le pécheuf demeure quelquefois endurci. • Qui puijj'ent nous faire comprendre &*

nous faire reffouvenir quel grand bien c\ft. ] Il y a dans le texte Amplement, &* nous faire reffouvenir des Loix divi­nes. ] Mais j'ai fuivi ici la reftitution que j'ai trouvée à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, qH il y a )è) àva/xi/ÀVWKiffat aov tiv epse iya.fcv (A.* à^lç-eiffeu twy Jiioif ytfjLur. Ce qui eft confirmé par le manufcris de Florence,

Car premièrement lès gens de lien- page>7; fupportent doucement. ] Comme ce que Pythagore dit dans ce Vers, que la plupart de ces malheurs n'arrivent pas aux gens de bien , paroît démenti par Pexpérience qui fait voir tous les jours • les gens de bien en butte aux plus grands malheurs, HiérocLès va expli­quer le dogme de fon maître, & en établir la vérité , en montrant que

P iij

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342 REM. SU*, LES VERS DE P Y T .

pour les gens de bien , ces maux chan­gent de nature. Tout ceci me paroît parfaitement beau.

Puifqu'il tjî certain que les biens di­vins font rèfervés pour les parfaits. ] Pythagore croyoit donc qu'il y avoit des biens proportionnés à chaque de­gré de vertu ; c'eft-à-dire que la mé­diocrité de la vertu ne produifoit que les biens humains qui refultent de la pratique des vertus civiles, & que la fublimité de la vertu unifiant à Dieu, procuroit les biens divins, c'efl-à-dire tous les biens dont Dieu eft la fource.

Car comment fe peut- il qu'on feferve des faintes fupplications, & des faints facrifices d'une manière digne de Dieu f J Cela ne fe peut j car dès ou'on ne reconnoît en Dieu ni proviqence ni juftice, on n'affilie aux cérémonies de la Religion que par coutume , & par grimace ; ce qui eft très-indigne de

. Dieu. page?g. " Et qu'on ofe nier que notre amefoit

immortelle , 6* qu'elle reçoive. ] J'ai corrigé ce paflage en répétant la néga­tive pi, qui y manque vifiblement, quoiqu'elle ne paroifie ni dans l'exenv-

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ET SUR LES CdMM. D 'HïÉKOC. 343

plaire conféré fur les manufcrits, ni dans le manufcrit de Florence.

Opinion qui renferme toutes les injuf-tices enfemble. ] Dans le manufcrit de Florence, au-lieu de wtareJ'*7r»( «//-««ç , toute forte d'injufiice, il y a. 7rwT«er«7r»i àvtCiictt, toute forte d'im­piété.

Au- refiefi nous voyons la même iné- fi%t 1 galité régner, tant dans les animaux, que dans les plantes. ] Voici une objection que les libertins faifoienc contre la Providence. Ilsdifoient, puifque nous voyons les animaux , & les êtres ina­nimés auffi différemment traités que les hommes, il faut donc néceffaire-ment ou que la Providence ne s'éten­de pas plus fur les hommes que fur les animaux ; ou fi elle s'étend fur les uns comme furies autres, on doit con­clure de là que les animaux font auffi la caufe de l'inégalité qui régne parmi eux ; & par conséquent, qu'il y a dans les animaux des vertus & des vices , puifqu'il n'y a que les vertus & les vi­ces qui attirent ce fort différent. Les Pythagoriciens répondoient fort bien à cette objection , comme on le verra

P i v

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344 R E « . sttR LES VERS DE P Y T ;

dans la remarque fuivante. La Pro­vidence s'étend fur les animaux & fur les hommes, mais d'une manière dif­férente,

fageioi; Il ne faut pas non plus de ce que tout ce qui nous regarde. ] Ce paffage, qui eu d'une obfcurité impénétrable dans le texte, devient clair & intelligible par le changement d'une feule lettre, & par. une bonne ponctuation. Au-lieur de«r<T«, il faut lire o&ft, & ponctuer ainfi tout le paflage, ev/c tV ttttlrm / /*» £, xpltriç, i) a'peTÏf , à, xttxiaf IxXoyj-vfjLU , tirti rot Kaff ùpcç , OVTUç mc^lGimeih Comme le hafard qui domine fur les animaux , ne conclut rien contre nous , de même la providence qui veille fur nous, & qui règle notre fort félon notre mérite, ne conclut rien pour établir la vertu ou le vice des animaux. Hiéroclès reconnoît que la providence de Dieu s'étend fur tout ; mais que chaque chofe y a part, félon ce qu'elle eft, & ce que Dieu l'a faite. Voici comme il s'en explique lui-même dans fon traité de la provi­dence. Iln'ejipasjufieque les êtres fant raîfon ayent l'honneur d'avoir la, mêtnet

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E T SUR LES CoMM.D'IîlÉROC. 34J

part à la providence que les êtres raison­nables : il fitffit aux premiers que l'ef-pece foit çonjervée. Voua le degré de providence qui leur convient, que leur ejpecefoit immortelle, & qu'elle fubfifie toujours. Mais pour nous, fi la provi­dence détend pas fes foins fur chaque in­dividu , de manière que tout ce qui nous arrive foit réglé par la providence, nous n'avons pas la part qui nous eft dut de ce foin de Dieu; car, ajoute-t-il, Dieu, nous a créés un certain nombre, il n'a pas créé une feule ame de laquelle nous ayons une partie, & dans laquelle nous allions nous remêler; mais il a créé chaque ame circonfcrite, &" féparèe des autres ; au-lieu qu'il a tiré tous les ani­maux de la même majfe : ainji une pro­vidence générale fuffit à cette majfèpour faire quelle ne périjji point, &• ce qui regarde chaque partie, chaque animal,: peut fort bien être abandonné au hafard j mais pour nous, il convenoit que la pro­vidence réglât ce qui regarde chaque ame en particulier; car ce n'ejî pas une necef-fuéque la mort des animaux & des plan' tes foit réglée comme, celle des hommes fthn leur mérite ipuifque les animaux ne

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34<î REM. SUR LES VERS DE P Y T .

viennent pas à la vie comme nous. Ces paroles d'Hiéroclès peuvent fervir de commentaire à tout ce qu'il dit ici y mais en voulant réfuter l'erreur des li­bertins , il eft tombé dans une autre erreur, qu'il auroit pu corriger s'il avoit confulté la véritable lumière qui nous apprend , qu'il ne tombe aucun pafjereau fur la terré fans la volonté de Dieu ; & qu'il ri y a pas un feul pajfe­reau qui Jbit mis en oubli devant Dieu ; & par conféquent, que la providence ne s'étend pas feulement fur l'efpece, mais auffi fur chaque animal ; & c'efi ce que long-temps avant Pythagore, Homère même avoit connu, comme on peut le voir, par un paffage du xxi livre de l'Iliade. Si la providence s'étend fur le plus petit des animaux, à plus forte raifon s'étend-elle fur chaque homme.

Car premièrement les chofes pure­ment inanimées font comme la matière commune aux animaux £r aux plantes.] Ce paffage étoit fort embrouillé dans les éditions. Le manufcrit de Floren­ce ôte tout l'embarras en fuppléant ce qui manque au texte. wf»Ter ftw

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ET SUR LES COMM. D'HiiRoc. 347

Ta ci-^vXa. euT»ç tyMtrat àç tcenm fait QUTOÏÇ à ÇûIClÇ * ITTMTCt Tse QUTO. %l»OlÇ ^

ivjmiroii KCIVH rfcQn vfenarau : ^ tviot fi £»'«», £»Mç T« « ivjçûmoti j car j?re-mie'rement les chofes inanimées font def-tinées pour être la matière commune aux plantes &* aux animaux. Les plantes le font pour fervir de nourriture aux ani~ maux &" aux hommes, Gr les animaux font deftinés à être la pâture d'autres animaux, &• à nourrir l'homme, &" à lefoulager. Voila comme Hiéroclès explique les différents degrés de pro­vidence que Dieu déploie fur tous les êtres crées , à proportion de leur di­gnité & de leur noblefle, en n'ayant pour les uns que des vues générales, & en honorant les autres d'un foin particulier; de manière que la provi­dence , qui s'étend fur les êtres inani­més , fur les animaux & fur les plan­tes , n'étant qu'une fuite de celle qu'il étend fur l'homme, tout eft en faveur de l'homme. Ce qui arrive contre ces vues & contre ce foin de Dieu pour l'homme, comme ldrfque quel­qu'un eft dévoré par les bêtes, cela ne détruit point cette Loi de la pror

P vj

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348 REM. SUR LES VERS DE PYTV

vidence, & arrive par des raifons particulières qui la confirment. Tout ce qu'Hiéroclès dit ici ferait parfaite­ment beau, s'il n'avoit pas trop li­mité la providence de Dieu fur les êtres inférieurs à l'homme. . Cela ne fi fait par aucun rapport à ce que les uns &* les autres ont mérité.'] Quand un animal efl dévoré par un au­tre animal, ou qu'il fert de nourriture à l'homme, ce n'eft pas que l'animal dévoré ait démérité, & que l'animal qui le dévore ait mérité en aucune manière. La feule caufe de cette dif­férente fortunei ce font, comme il le dit lui-même dans le livre de la pror vidence > nos différents choix $ les be-foins qu'ils ont defe manger les uns les autres pour fe nourrir, &* mille acci­dents divers & fortuits qui les forcent à périr fans mefure ni règle, avant le ter­me que la nature leur avoit marqué', de manière qu'ils ne font point punis d'une première vie qu'ils ayent menée, Gr qu'ils, né doivent point attendre de jugement fur ce qu'ils font, ou qu'ils foujfrenu. On voit clairement par là qu'Hiéro­clès établit que la providence n'a. foia

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ET SUR LES CoMM. D'HIÈROC. 3 4 9

des animaux & des plantes qu'en gros, & qu'en particulier il les laifle gou­verner au bafard. Erreur qui a déjà été aflez combattue. Pi8« '•*•

Que fi m pouffant plus loin les objec­tions y on nous oppofoit. ] Voici un autre retranchement des libertins : Ils di-foient que les Dieux fe fervoient des hommes, comme les hommes fe fer­vent des animaux, c'efl-à-dire, qu'ifs fe nourriflbient de chair humaine, & par conféquent que le hafard domi-noit auffi fur les hommes, & que les Dieux n'étendoient pas fur eux ce foin

f>articulier,puifqu'ilsfouffroient qu'on es immolât fur leurs autels , & qu'ils

s'en nourriflbient. Hiéroclès répond fort bien à cette objection, en fui-vant les principes de Pythagore, & en faifant voir que fi les Dieux fe nourriflbient de la chair des hommes, ils ne feraient pas Dieux , & qu'ils feraient mortels ; car comme Homère même l'a reconnu, tout ce qui fe nour­rit d'aliments terreflres eft mortel ; or au-deflus de l'homme il n'y a aucun être mortel ; il n'y a que ce corps que l'homme a révêtu ici-bas, qui doive

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3J0 REM. SUR L'ES VERS DE P Y T .

néceffairement mourir. Il n'y a donc point de Dieu qui fe nourriffe de chair humaine j & par conféquent ces vic­times humaines ne prouvent rien con­tre la providence. Par ce principe Hiéroclès bat en ruine les facrifîces barbares des nations.

Et prenant un infiniment qui ejl de mime nature que les animaux. ] L'hom­me par Ton corps eft de même nature que les animaux ; c'eft dans ce fens que Salomon a dit, Unus interitus ejl hominis Çyjumentorum, & aqua utriuf-que conditio. Eccléfiaft. m , i p .

Les bornes du pouvoir que lajuftice &* l'ordre donnent fur nous aux êtres fupé-rieurs. ] Voici un beau principe. La juftice de Dieu & fa providence n'ont donné aux êtres fupérieurs, que le dé-fir §c le pouvoir de nous faire du bien. Mais, dira-t-on, les Pythagoriciens, & les Platoniciens n'ont-ils pas recon­nu que l'air eft plein de mauvais An­ges , qui ne cherchent qu'à nous faire du mal? Cela eft vrai.. On n'a qu'à voir ce qui eft rapporté dans la vie de Platon ; mais ces mauvais Anges fë font dégradés par leur chute, & ils ne

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E T SUR LES COMM.D'HIéROC. 3J*I

font plu? fupérieurs à l'homme ; ils nous furpaflent en pénétration & en fubtilité, mais nous les furpafTons en raifon. D'ailleurs ces mauvais efprits n'ont pas le pouvoir de nous faire le mal qu'ils veulent.

Car ils ont foin de nous comme de leurs PaBe **'• parents, quand nous venons à tomber. ] Auffi Platon dit que dans le combat que nous avons à foutenir contre ces puiffances, Us Dieux Gr les bons Anges viennent à notre fecours. x. liv. des Loix.

Et que les êtres fans raifon, il les a laijféfaire à la nature feule. ] Car ils s'i-maginoient que fi Dieu les eût créés ) ui- même, ils auroient été immortels, tout ce qui vient immédiatement de Dieu devant être immortel de fa na­ture. Vaine fubtilité de ces Philofo-phes. Dieu n'a-t-il pas créé les Cieux? Les Cieux parleront. Dieu a créé le corps de l'homme de la matière qu'il avoit déjà créée ; & il a impofé à fes ouvrages lés Loix qu'il a voulu. „.„ .

Ht que Les âmes des nommes etotent toutes tirées du même tonneau que les Dieux du monde, les Démons & les

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'$$2. REM.-SUR LES VERS DE P V T .

Héros. ] C'eft ce qui eft expliqué dans le Timée de Platon, où il eu dit que

om '2 'p '41 'Dieu après avoir donné ordre aux Démons & aux intelligences infé­rieures de créer les corps des hom-s mes, dont il fe réfervoit le droit de créer les âmes, il retourna au premier tonneau, «•» TOV Trçirrtfev xparSpa , où il avoit mêlé Vame de l'univers, &* qu'il y mêla Vame de Vhomme, des reftes qui y étoient , 6* qu'il la fit de la même ma­nière, non pas à la vérité fi parfaite ; mais du fécond &* du troifieme rang. Voila dans quelles ténèbres d'erreur la vaine curiofité & l'hiftoire de la création mal entendue , ou mal con­çue , jettoient ces Philofophes trop fubtils. Dans la vie de Pythagore j'ai tâché d'expliquer l'opinion de ce Philofophe fur la nature de Famé, & d'en découvrir la fource.

Car ce qui n'ejî qu'animal, n'efi point defcendu ici pour n'avoir pufuivreDieu.] Voici les propres termes de Platon, dans fon Phèdre, où il dit, que pen­dant que Vame peut fuivre Dieu, elle eft toujours heureufe ; mais lorfque ne pouvant plus le fuivre, elle le perd de

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ET SUR LES COMM. D'HIÊROC. Jj'J

vue ; que malheureufement remplie dé vice & d'oubli , elle iappeÇantit, £r qvl appesantie elle laijfè couler fes ailes, & tombe dans cette terre ; alors la Loi de la necejjité l'ajfujettit, Grc. Hiéro-clès s'en fert pour rendre raifon de te qu'il a avance, que la providence s'é­tend fur toutes les chofes, à proportion de ce qu'elles font, & que par cette raifon elle a plus de foin de l'ame de l'homme que des animaux,* car l'ame eft defcendue du Ciel, & elle y peut remonter, & elle eft capable de mener ici-bas une vie "policée, ce que les animaux ne fauroieht faire. Il eft donc certain que Dieu a plus de foin des hommes que des animaux, puifque les hommes viennent du Ciel ,& qu ils font l'ouvrage de Dieu, au-lieu que les animaux ne font que l'ouvrage de la nature, que leur ame & leur corps ne font qu'un compofé des éléments»

Comme n'étant point une plante cé-lefîe.} Il appelle l'ame une plante cé-leftei parce qu'elle a fon origine dans le Ciel, au-lieu que les animaux fonc une plante terreftre.

Il n'ejtpas d'une, nature à être rameni

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Pageio*.

Pige 107.

3 J4 REM. SUR LES VERS DE "Pitrt. à aucun ajhe.'] Car ils fuppofoient q u e la partie la plus divine de l'àme r e -tournoit au Soleil, & le corps fubtil à la Lune; au-lieu que les animaux retournent à la terre d'où ils ont é té tirés.

Car d'un côte fon bon efprit n'étant point bouleperfé. ] Dans le texte, au-lieu de ro fvfittxvrjcu, il faut lire, re* fA*, &c. comme dans le manufcrît de Florence.

Mais alors la difpojîtion même de ce­lui qui foulage, ne fait qu'augmenter la trijhjjè &• le chagrin. ] Car il n'y a point d'homme, s'il n'a perdu tout ientiment d'honneur, qui ne fbit af­fligé de devoir à la feule humanité un fecours qu'il doit s'attirer par fâ vertu & par ion courage. L'aumône des­honore , mais le foulagement attiré par l'admiration & par l'eftime fait honneur.

page 10*. En tirant de lui-même le fecours con­tre la trijlejfè. ] Car il tire de lui-même la penfée, que les maux ne lui arri­vent que parce qu'il les a mérités par fes crimes ; qu'en changeant de vie, il changera d'état, &c.

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E T SUR LES CoMM.D'HliROC.Jjy

Une grande preuve de l'étermté de Page H*; Vame. On voit ici manifeftement que les Pythagoriciens appelioient l'ame éternelle, quoiqu'ils la fuppofàffent créée. Ainfi cette éternité ne peut être entendue à mon avis, que d une création avant le temps, ou avant le corps ; ou bien ils l'ont appellée éter­nelle par rapport à fon principe, & à fa fource, qui eft Dieu.

Et pour fupporter avec douceur la di­vine Fortune, & pour pouvoir la corri­ger, & la guérir.} Car il a prétendu prouver que le jugement que Dieu dé­ploie fur les pécheurs eft l'effet des

• péchés commis dans l'autre vie , & que par conféquent l'ame a exifté avant le corps. Voila l'embarras ou jettoit ces Philofophes l'ignorance du péché originel. D'ailleurs il n'eft nul­lement néceflaire que l'ame foit éter­nelle, pour fupporter les maux que Dieu lui envoie, & pour les guérir par fa converfion Qu'elle foit créée après la conception, ou en même temps, elle a toujours la même vertu qu'elle tire de fon Créateur.

Car il n'eft nullement poffîble, ni que

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3J"6 REM. SUR LES VERS DE f ï T -

ce qui efi né depuis un certain temps, exijie toujours. ] Oui , qu'il exifte ton-

• jours par lui-même f par fa n a t u r e ; mais il peut exifter toujours p a r la volonté de celui qui l'a créé 5 & telle eft la condition des Anges auflî-bien que celle de l'ame. Et Platon même a reconnu cette vérité , que l'im­mortalité des Anges n'eft pas un effet de leur nature, mais un privilège de pure grâce. On peut voir ce qui a été remarqué dans fa vie.

Page m. Et encore afin que nous ne tombions pas dans la mifologie.] Hiéroclès fuit ici la penfée de Socrate, qui dans le Phédon de Platon déplore le malheur des hommes qui à force d'entendre dis­puter les ignorants, & contrediretour, fe perfuadent qu'il n'y a pas des rai-fbns claires , (olide & fenfiblesj & s'imaginent que tout eft incertain. Comme ceux qui à force d'être trom­pés par les hommes , tombent dans la mifantropie , ils tombent de même dans la mifologie à force d'être trom­pés par les faux raifonnements, c'efl-à-dire, qu'ils conçoivent une haine abfolue pour toutes les raifons gêné-

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JI ET SUR LES CbMM. D'HiÉROC. J ^

*• raieraient, & n'en veulent écouter au-i cune ; difpofition très commune. Com-i: bien voit-on de gens, par exemple, t: qui décrient la Philofophie dès qu'ils

voient un faux Philofbphe j & la : Théologie, dès qu'ils entendent les

erreurs d'un mauvais Théologien f Cette extrémité eft très-funefte, mais celle qui lui eft oppofée, & qui con-fifte à recevoir tout ce qu'on dit, ne i'eft pas moins. Il faut garder le jufte milieu, examiner toutes chofes, & retenir ce qui eft bon.

Nous pguvons dire hardiment qu'il Page u 5. rfy a que les raifonnements vrais qui foient • des raifonnements. 3 Quelle vé­rité & quelle grandeur dans cette dif-tinétion. Tout raifonnement faux n'eft pas un raifonriement ; car il n'eft pas la production de la raifon foumife à Dieu, & nourrie de la vérité. Que ceci eft mortifiant pour ces Philofo-phes inlènfés qui ofent difputer contre les principes les plus certains & les plus inconteftables i Tous leurs rai­fonnements ne font, comme dit ici Hiéroclès, que des cris d'une ama

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3 j"8 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

privée de raifon, & qui n'a plus la vérité pour guide.

page u4. Il ne faut le faire ni avec véhémence, ni avec infulte, & avec des airs mépri-fants.] Que ces règles qu'Hiéroclès prelcrit ici pour la difpute font belles î qu'elles font Chrétiennes!

Page 1 if. Car l'homme ejl naturellement fé­cond en opinions étranges £r erronées, &c. ] C'eft une grande vérité , & qui devroit tenir les hommes dans une grande défiance d'eux - mêmes ; dès qu'ils s'abandonnent à leurs lumières , & qu'ils ne fuivent pas les notions communes félon la droite raifon , ils tombent dans l'erreur. Mais quelles font ces notions communes f ce font celles qui ont été dans tous les temps, & qui font confirmées par une auto­rité connue. Voila les feules qu'on peut fuivre en fuivant la droite raifon.

Pi&ut. N°us qui étant de même nature que ces malheureux. ] Il y a une grande douceur & une grande équité dans ce fentiment. Etant hommes, & par con-féquent infirmes rnous pouvions tom­ber dans les mêmes erreurs. Que la

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ET SUR LES COMM. D'HIÈROC. 3 fO

joie donc d'en être délivrés nous inf-pire de la douceur & de la compaf-îîon pour ceux qui y font encore.

Et ce qui contribue le plus à nous don­ner cette douceur , Ji necejfaire dans les difputes* c'eji la confiance qui fe trouve dans la fcience. ] Ce principe eft cer­tain, Un ignorant qui ne peut répon­dre aux objections qu'on lui fait, s'ai­grit & s'échauffe , au-lieu que celui qui eft véritablement favant, comme il ne trouve rien qui l'embarraffe, par­ce qu'en s'inftruifant ,'il a cent fois détruit tout ce qui pouvoit combat­tre la vérité, il eft toujours doux , modefte, & tranquille ; & tel étoit Socrate dans fes difputes : jamais il n'a dit une injure aux difputeurs les plus injuftes & les plus outrés. D'où venoit cette douceur ? de fa profonde fcience. - Toutes les difficultés qu'on hùoppofe- p»Be n*. ra. ] J'ai fuivi ici le texte imprimé, parce qu'il me paroît faire un très-beau fens, & qui répond admirable­ment à ce qu'Hiéroclès vient de dire, que le véritable favant a prémédité tout ce qui peut combattre la vérité.

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$6*o REM. SUR LES VERS D E P Y T .

•Cependant je fuis obligé de dire que le manufcrit de Florence lit ce pafla-ge tout autrement. Le voici tout en­tier, -vl evv raça%a TSTOU Uç ahvTov or; riVeç fi «;fct/pcu QavritÇta T*g«£w rare» j

tç 7rfoxa.TityÛYiç-tu rrav ~\,iviPc( : Qu'eft'Ce qui le troublera , comme étant indiffb-luble ? Quelles nouvelles difficultés pour­ra- t- on lui oppofer, qui Vembarraffent, lui qui a déjà triomphé de tout ce qui èji faux? '

Et pour ce qui concerne l'habitude que Vhomme favdnt doit acquérir, de ne fe laijjer jamais tromper. ] Il y a ici une faute confidé'rable au texte, w«ç< «Te T»ç iiremm àvt^emuririt îfyùiç. Il faut lire comme dans le manufcrit de Florence , wtpi fi T»i fui w/xvrw

ra^eiio. Et toutes les chofes extérieures ne font ni toi, ni à toi ; mais, &c. ] Rien n'eft plus vrai ni plus folide que cette dif-tin&ion. Notre ame, c'en nous ; notre corps eft à nous 5 & tout le refte n'eft ni nous, ni à nous, mais à ce qui eft à' nous. Platon en a fait une démonf-tration fenfible dans le premier Alci-biade j & c'eft fur ce principe qu'E-

pittete

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fcT SUR LES COMM. D 'HIÉROC. 3 61

piâete a fondé toute fa Philofophie. De quelques allions, Zf de quelques P»Be"J'

paroles qu'ils accompagnent leurs per-fuafions.'] J'ai ajouta de quelques paro­les : en fuivant l'exemplaire conféré fur les manufcrits. Le manufcrit de Florence fupplée auflï le même mot, & lit ainfi tout le partage, «P* ««» «r tçyav » \oym T»ç çrpo? T» yîîpn tKrçwrovtUi

Et que je les défendrai courageufe- Page it«; ment. ] Le texe dit, &* que je appor­terai courageusement leur perte. Mais il me paroît qu'il ne s'agit pas ici de fùpporter la perte des biens, plutôt quand elle arrive d'une manière, que quand elle arrive d'une autre. Au-lieu de vntfM'nt*, je lis «WOK**J», qui fait un très-beau fens. Les manufcrits ne font ici d'aucun fecours.

Ne les perdrai-je point par un nau­frage ? ] j ' a i ajouté ces mots tirés du manufcrit de Florence , qui lit cupai-firtrcti ; va.va.yiov ttZrtt où TrctfcaptieiTcu.

Imaginons-en donc nous-mêmes une p*6-"*« bien raifonnable pour Vamour de la ver­tu. ] Puifque les biens font fi périfîa-bles , Se qu'il y a tant de manières de

Tome II. Q

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3<?2 REM. SUR LES VERS DE P Y T , -

les perdre malgré nous, mettons-nom à couvert de ces pertes, en imaginant une perte plus noble que toutes les. autres ; une perte dont la vertu nom tienne compte; c'eft-à-dire, une perte volontaire pour de bonnes œuvres. Cette idée eft d'une grande beauté,

Et en achetant la vertu à un prix faauçQup plus haut que celui qu'on nous, offre pour nous obliger d'y renoncer, jj Ç'eft encore une très-belle idée : Ce­lui, qui donne tout fon bien pour 1% vertu, n'a garde d'être tenté d'y re­nonce? pour des offres , & des recom-penfes; car il: a plus donné pour l'a» voir, que les autres ne peuvent lui offrir pour le porter à y renoncer. Celui qui quitte tout , quitte plus, qu'on ne lui peut donner. S'il avoit ce qu'on lui offre, U le donneroic çncore.

Que fi nous [avons bien nous gar­der nout-mlmes. ) Ou à la lettre,fi nous /avons, bien garder c4 qu,i eft nous, I«e

,. : manufcrit de Florence, au-lieu de vi k/xw , lit fort b'içn *o nfxiii ; ce nous , c'eft-à-dire, notre ame.

p*Se u*. ftous ne le garantiront JAWÙ & lç«

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E T SUR LES COMM. t>'Hi£aoc. 36$

mort. ] Le mot du texte, IÇuvau eft cor­rompu. Il «ft pourtant dans les manuf-crits : je crois très-certaine la correct tion de M. le Docteur Salvini, qui . corrige IH-S-STM , garantir, fauver.

Que fi nous la fouffronspour une bonne caufe. ] Hiéroclès reconnoît ici que la bonne caufe fait feule le mérite, de la bonne mort, & il en donne la raifon. . Rien ne peut annoblir de illuftrer la néeefCté de la nature, c'eft ainfi qu'il appelle la mort, que la fermeté & la droiture de la volonté & du choix.

De forte qu'elle eft elle-même le cem- page ltfi • meneement, le milieu, & la fin de tour les biens. J J'ai fuivi dans ce paflage le manuferit de Florence, qui dit plus que le texte imprimé. Voici comme il a lu , M« «gftl*. ri à) ftÀcm ^ rtXwrw tinta TUY ttycëriïv, xj iv roajrn wa-feu rm etmtXXetyw rw maum, ièf / t« reaitnt l*A-nc nfxiv ituçotyintfyeu a£ tir jSt «ptrôr

Comme au contraire les fiâtes de là Pâgeijo; bonne confultation. ] J'avois corrigé «bfovx/c$, au-lieu de «CevXMf. La fuite du difeours le demandoit vifiblement. ^ Je l'ai enfuite trouvé à la marge de

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5 64 REM. SUR I.ES V E S S B E P V T .

l'exemplaire conféré fur les manuf-erits, & dans le manufcrit de Flo­rence.

p*ee '}». Pourfe dérober aux peines. ) Le mar nufcrit de Florence a fort bien rétabli ce paflage; car au-lieu de <$wy** qui ne peut avoir lieu ici, il lit <j>u>?> pàuréuiter, pour fuir.

Page, i j i. • Rend contre lui-mime une fentence conforme à fis excès 6r àfes crimes. ] Car il condamne fon ame à n'être plus. Le manufcrit de Florence, au-lieu de tltôruç àfjurfiqL, lit titora* fxm Tp!ar» &c. rend unefentence proportion­née àfes ctfmes. Cela revient au même fens..

Et ne la réduifent pas à n'itre plus ; au contraire, ils la ramènent à être vé­ritablement. ] J'ai fùivi ici la leçon que m'a préfemée la marge de l'exemr plaire conféré lut les manufcrits, & qui m'a parur préciçufe -, au-lieu de • fAaXXev iirxrctyovTiç, on lit, *KK- tu T» -

i tîvcti /u*XA«c îirtaettyovrtt ; & je vois avec plaifir cette addition confirmée par le manufcrit de Florence.

Page i)j- • Dans ce .qui eft contre fa nature. J San; le texte, au-lieu de /<« T»« «»f

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KT étJR LES C ô M M . U ' H I é R O C . jfcy

•re (M vraça $ w » ifcTpcwâs, il faut l i r e» <T(« T»C t7< Te /M X«TC( Qvtrlt titrpantït,

.ou effacer la négative, fi on veut con,-ferver *«?«. Cette faute eft dans les .inanufcrits.

Mais ayant fort efprit toujours attarVi&! •J*'1

cke' aux régies que Dieuprefcrit ] Dans le manufcrit de Florence, au-lieu de irçoç twi JtiûVt; ttatvovxf , aux tégles dif fines, il a irgotràr ftif, à Dieu*

Que Us foudres du ciel viennent frap~ per ma tête. ] C'eft un vers de la Médée d'Euripide. Voici le pafiage entier:

Al ai , il* fio$Kt<ptt>>âcs ^X»| tùfsim

* ( " , ipiâ: Shti&T* xcct**or*tft*>,

Car elle croit effacer, ùfc. Ces trois Page ')r« lignes ne (ont point dans le texte im­primé ; je les ai trouvées à la marge de l'exemplaire conféré fur les manus­crits, & l'on voit manifeftement qu'el­les font d'Hiéroclès, & de plus très-néceflaires, T»V T!!{ àCcux/aç «f »V «£«-

9rpowiTi~ç&x'hM 7ra.l<Po7roi1ctv ttpvvpirti. C e qui eft parfaitement bien dit, & plus*

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"%66 R E M . BUK LES VERS DE P Y T ;

Jieureufement exprimé en Grec que je •n'ai pu le rendre en François. Mot à mot, principium temeritatis àelert putat fine pejori, Jhdtam filiorum pro~ creationem , infana eorum occifioneper­mutons. Et voila comme font les hommes, dès qu'ils ont une fois agi fans réflexion, ils ne cherchent qu'à couvrir leurs fautes par d'autres fautes fouvent plus grandes. Le manuferk de Florence confirme l'addition de ces trois lignes,

, ,7, • Dt n'obéir à aucun des miens qu'à l* raifon. ~\ Ce paflage de Criton eft fort beau, & il fuffit feul pour faire voir qu'on perd fouvent des. chofes très-folides quand on ne traduit pas ces-Philofophes aflez littéralement.

Peurfervir à la raifen."] J'ai fuivi encore ici la correction que m'a fournie la marge de l'exemplaire conféré fur les manuferits, & que j'ai enfuite trou' vée confirmée parle manuferit de Flo­rence , au-lieu de wfè? tw»pwt'«r vit >.c?i)tnv, ils ont lu tous deux wpc« ô«»pf-•«•iav TH Mym» evo-if., pour fervir à Vef-fence raifonnable. Hiéroclès dit fort bien que les pallions font données

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ET SUR tEsCOMM. D'HlÉROC. 36^

tomme les ?ides de la raifoh ; mais il faut qu'elles foient fes fervahtes & Don pas fes maîtrefles.

Et les grands maux qui viennent né- page ijfc cejfairement de In témérité &" du défaut de réflexion. ] Ceci eft encore ajouté au texte dans le manufcrit de Flo­rence , où on lit il) T»« ivavrUi JW}-t-ïtai ta x«w«, & les maux qui viennent de la difpojîtion contraire.

Ceft qu'il réprime tous les mouve- *»#» Ht* ments de l'opinion ; £r nous ramené à la véritable fci nce. ] L'opinion ne s'ap-puyant que fur des vraifemblanceS peu approfondies, eft comme un fable mouvant ; mais la fciencè fe repofanc fur le certain & fur le vrai, a des fon­dements fixes. Socrate & Platon , pat une comparaifon très-jufte, ont rendu très-fenfibles la différence qu'il y a entre la fcience & l'opinion. Dédale faifoit deux fortes de ftatues ambu-hntes , dont les unes avoient un maî­tre reflfort qui les arrêtoit quand on vouloit, & les autres n'en avoient point, de manière qu'elles s'échap-poient & alloient toujours jufqu'à la 'fin de leur corde, fans qu'on pût les

Q i v

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368 REM. SUR LES VERS DE PYT;

fixer. Us comparoient donc l'opinion à ces ftatues qui n'étoient point ar-; rêtées ; car l'opinion ne s'arrête point, & n'a rien qui la fixe. Mais quand elle eft liée & fixée par le raifonne-ment tiré des caufes que la lumière de Dieu nous découvre, alors cette opi­nion devient fcience , & elle eft fixe & fiable, comme I'étoient les ftatues à qui on avoit ajouté ce maître ref-fort.

Page i4o. Qui ne s'enorgueillit d'aucune des cho-fes qu'il fait. ] Voila l'écueil des fa-yants, car la fcience enfle. Mais pour peu qu'on fit de réflexion, on fe trou-veroit bien petit de s'enorgueillir d'une chofè qui eft fi bornée, même dans les plus favants.

Or rien ne mérite d'être appris que le qui nous ramené à la rejjèmblance di­vine. ] Qu'on vante après cela toutes les feiences dont les hommes font fi entêtés, & qui les rendent fi vains: voici un Païen qui reconnoît comme Socrate , que rien ne mérite d'être appris, que ce qui nous rend l'image de Dieu, & qui forme Dieu en nous.

Que ce qui enfeigne à ne craindxe ni

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ET SUR LES COMM. D'HlÉROC. 3 6 9

la mort, ni la pauvreté. ] Il manquent ici un mot dans le texte; & j'ai trouvé ce mot heureufement fuppléé à la mar­ge de l'exemplaire conféré fur les manuferits, & dans le manuferit de Florence» ^ T»V feanircu ^ ntriat àqoCixr

, La volupté ne fubjîjle point par ellef Page 141, même s mais eUe arrive quand nousfai-fqns telle ou telle aftion. ] C'eft un point de la dodtone de Pythagore, qui a démontré le premier, que la .volupté n'a point d'eflence, ceft-à-4ire , qu'elle n'exifte pas par elle-même , & qu'elle n'eft que la fuite & le fruit d'une aétion. On trouvera cette matière admirablement traitée dans le Philebe de Platon, où Socrate parle des Pythagoriciens , quand il dit «pc ittçl îiS'ovHi eux èmtti«.fAw w$ «t; yt- Tom.i.p.j,

.fwiç iç-iv , waïa. cTt ûVK «$•> ro «ajaVav ifeviK, Kof/^oi ryitç M rntç au retrrer ràr bsyw v;rixye.ovfi f*mù*iv ifMv, iîç e/V .%4w> «/t«"'« N'ayvns-rnous pas entendu direde.la volupté, qu'elle ejl toujours une génération , &* qu'il n'y a en aucune façon nulle ejfence de la volupté ; car c'eft ce que quelques gens polis & habii

Q v .

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3 yo REM. SUR LES VERS DE PY T .

les tâchent de nous démontrer, & il faut leur en avoir de Fobligarion.

Mais il lefurpajfe encore par le genre de la volupté pour laquelle fiule ilfemble, &*c. ] Que cela peint bien l'aveugle­ment des hommes ! Le vicieux, s'a­bandonne au vice pour l'amour de la volupté, & la volupté dont il joait, eft infiniment inférieure à celle dont il jouirait s'il s'appliquoit à la vertu ; & c'eft ce qu'il va prouver d'une manière très-folide.

t»geni. Or il eft évident que la volupté du vertueux imite la volupté divine. ] Cet argument eft d'une force invincible: Puilque la volupté fuit toujours la nature de l'aétiorv qui la fait' naître, il ne fe peut que celle qui naît de la vertu ne fbit infiniment au-deffus de toutes celles que le vice peut procu­rer, & qu'elle n'approche de la vo­lupté divine. Ainfi, de l'aveu même d'un Païen, ceux qui fuivem Dieu ont des plaifirs mille fois plus grands que ceux qui fuivcnt les attraits du monde.

N'imite que des mouvements emportés G* brutaux.} Car elle, ne peut imiter que ce qui la caufe.

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ET SUR LEsCoMM. D'HiÉROC. 37 î Car les voluptés 6* Us trifiejfes nous

changent, &" nous tirent de notre état.] Il veut dire qu'elles nous élèvent juf-qu'à nous faire reffembler à Dieu, ou qu'elles nous dégradent 8cnous rabaif-fent jufqu'à nous rendre femblables aux bêtes : & cela eft vrai.

Celui donc quipuife où il faut, quand il faut, & autant qu'il faut, ejt heu­reux. ] Ces trois conditions font né-ceflaires pour le bonheur ; car les meilleures chofes même deviennent mauvaifes , quand elles font faites fans mefure, où il ne faut pas, Se quand il ne faut pas, comme Hiéro-clès va l'expliquer.

Et la connoijfance cherche VopportU' v „ t „ -nité. ] Pythagore avoit fait un pré­cepte de l'opportunité, & ii eufeignoit •qu1 il y avoit certains temps que der voient obfèrver fur toutes drofes ceu* qui vouloient s'adreffer à Dieu. Si par ce précepte il vouloit dire fim-|>lement qu'il y avoit de certains temps favorables & privilégiés pour s'adrefc fer à Dieu, & pour lui demander des" grâces, il avoit connu une grande vérité j car l'Ecriture feinte nous ap*

Q vj

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37 * REM. SUE LES VERS DE PYT-

ifa. 49. «• prend qu'il y a tempus acceptabile, au-s. Paul 1. quel Dieu exauce. Auffi David a p -coiimh. TI. p en e DieUj adjutor in opportunitatibus , gf. xx. xo. Qui ne manque pas de recourir dans le

temps opportun : Ec c'eft peut-être fur cette vérité connue, que les Pytha­goriciens appelloient la première cau-ie, le premier principe, c'eft-à-dire, Dieu, opportunité. Mais il y a plus d'apparence que Pythagore ne s'etoie pas tenu dans des bornes fi fages , &

:j qu'il avoit pouffé cette recherche de V opportunité, jufqu'à une obfervation fuperftitieufe des temps, des jours & des moments propres pour les facri-fices & pour les autres opérations théurgiques, & qu'il avoit tiré cette fuperftition des Chaldéens.

Car ce riefi pas à être exempt de faute que conjljîe le bien vivre, mais à faire tout ce qu'il faut.} C'eft un prin­cipe très-vrai. La bonne vie ne con­flue pas à ne faire ni bien ni mal, mais à faire le bien ; & par conféquent un homme qui pafleroit fa vie fans faire aucun mal, ne laifleroit pas d'être coupable , parce qu'il n'auroit pas fait Je bien qu'il eft obligé de faire j & que

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feT SUR LES CûMM. D'HIÉROC. 37J

de ne pas faire le bien, c'efl: un très-grand mal.

Or de Hun & de Vautre, c'e/i-à-dire, de vivre exempt de faute &• de bien vi­vre. 2 J'ai fuivi l'exemplaire confère T fur les manufcrits, qui au-lieu de « <T« T»' aiM.cra.vw, qui ne fait aucun fens, lit h <ti T» fii à/xctp'eLvuf. Et cette le­çon eft confirmée par le manufcrit de Florence. , Elle rfeft autre que la vie. ] J'ai en­core fuivi ici la leçon de l'exemplaire conféré fur les manufcrtis,T<ç <Pi nn-oç 5 /xivo( c àmo T»ç «ptr»; , &c. qu'eft-elle que la feule vie, &c. Le manufcrit de Florence lit tit, ef« OUTOç » pi /JU/VCC. Sec. ce qui eft la même chofe. ' Qu'on fajfe quelque chofe de beau avec Page '4*3 mille peines &* mille travaux, J J'avois ajouté ces deux lignes au texte, parce qu'elles y manquoient vifiblement, 6 qu'elles me paroiflbient très-né-cefTaires. J'ai vu enfuite avec plai-fir qu'elles font ajoutées à la marge dé l'exemplaire conféré furlesmanufcrits, »i <T« wfttrleiro TI /JUT* vovtv KaXov, e (À,fV 7r$rof vafthft, Ta ft KAXCV /j.tm j

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| 7 4 &E M ' sv&tES VERS DE Py-f *

& qu'elles font de même dans le ma-nufcrit de Florence. Il n'y a rien de plus beau & de plus vrai que ce prirw cipe cPttiéroclès.

?agei4î. Comme la première taufe de tous Jet mouvements déréglés.'] Le foin outré du corps eft la première caufe de fous

t*od.«xii. fes défordres. Auffi eft-il dit , Le peu-' pie s'ajjit pour manger & pour boire, &•

ils fe levèrent pour jouer : Et fedit po-pulus manducare & bibere, &furrexe-, runt ludere.

Car le cheval ne devient vicieux , & nefe rend le maître] On feroit trompé Ici fi on n'avoit devant les yeux le pafiage de Platon qu'Hléroclès ne fait que copier, & où Platon , par ce cheval, veut lignifier le corps. Voici le

tom. j . p pacage comme il eft dans fon Phèdre, >47« À?''?*" >*P < **ï Keatiui lirvot fj.trl%at,

lui ym p'raw tt ij j&otiwuv, tn fin xeiKuf J T«5"p«j«/*«yeç VJTO rte* itviixw ; car ce cheval qui eft vicieux regimbe fr/è cabre t tendant vers la terre, 6* tirant en bas par. fon poids, s'il rieft bien nourri par VEcuyer.

Parce qu'il eft plus difficile de s'en défendre, qu'on eft plus porté à en abu-_

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ET SUR LES ÔOMM. D*îîlÉR.OC/37/

fer. ] C'eft fans doute par cette raifon que l'Auteur de l'Eccléfiaftique a dît du boire feul, Sanitas ejl anima & cor-pori fobrietas potûs : Lafobriété dans le boire eft lafantéde l'ame & Au cor pi.

Dont il rapporte la famé & le bon f*&*1* état à laperfekim de'fa vertu de celle qui s'en fer t. ] Voila une règle bien fage , de n'avoir dans le foin du corps d'autre vue, que de rendre l'ame en quelque façon plus parfaite, en met­tant l'inftrument dont elle fe (en en état d'obéir à fes ordres, & d'exécuter ce que la vertu demandera.

Car il y en a qui ne doivent point lui Page ijtf être préftntési parce qu'ils *ppefantif> fent le corps. ] Voila h raifon du choix que Pythagore fàifoitdes aliments, h fente du corps, & k pureté de l'ame; comme cela a été expliqué dans fà vie,

Qui fe porte vers l'intelligence, c'eft-à-dire vers Dieu. J'ai préféré ici la leçon du texte imprimé, w tr^U rew ^tw iirttyopttvnt -\oxir, à celle du ma-nuferit de Florence, qui ne met que wf« TBV }•«» , &c. L'ame qui je porte - <i ytrs Dieu.

Car en tout on peutpaffer doublement Page ijjt

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^y6 REM. SUE LES VERS DE VYTI

cette jufte mefure. ] Dans le texte im* primé il y a on peut pajfer infiniment, ùfjurrfi* iro\xi : mais j'ai fuivi le m a -nufcrit de Florence, qui lie «/uerpi'a JW», on peut pajfer doublement ; c'efï-à-dire, en deux façons, ou du côté de la magnificence , ou du côté de k mefquinerie, comme Hiéroclès s'ex­plique fort bien,

page IJ*. rjm rnaifon propre, mais fans luxe. ) Ces mots manquoient au texte im­primé. Le manuferit de Florence les a heureufement fuppléés, en ajoutant après i/Attvuv tK^vyifÀMitt *a.J-aftîav , ^ffvtrltir, ces quatre mots o!*w Ipoiuç tajaçutv, ijçuirlof.

Pour s'éloigner donc delà magnificén-, ce, elle a recours à lajîmpliçité.] Le texte étoit corrompu en cet endroit. L'e­xemplaire conféré fur les manuferits l'a corrigé en Hfant JCTWW , pojfefjion , acquifition ; au-lieu de K-rlan, qui ne lignifie rien ici. Le manuferit de Florence lit encore mieux srgk xiww, &c.

•.—. - Des habits gui ne (oient pas d'une Page i j 7. . £ 3 . J r

etojfe très-fine, mais propre. ] i/xtiru* Unie*, ne fignifie pas ici de méchants

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . J Jj

habits , comme l'a cru l'interprète Latin, qui a traduit vefiimenta quidem nequaquam viUa ; mais il lignifie des habits d'une étoffe fine r & par con-féquent magnifique & précieulè. C'eft ainfi qu'Homère dit en parlant de Ca-lipfo dans le i . livre de l'Odyffée*

Atlm 3^ if/ùfin tpZpf ftiyx 'l»ine îiifcfit

Elle prit une robe éclatante, d'une étoffe très-fine &" tris-agréable.

Car dis que tu pajjès la mefure du Page lft4

befoin, tu te jettes dans Vïmmenjité du défir. ~\ J'ai fuivi ici le manufcric de Florence, qui au-lieu de ùwtptC» , & TrpoîX -f, lit à la féconde perfonne v7rtfiCtiç, & Tt^S^fif, ce qui eft infini-, ment mieux.

Si par rien de trop nous n'excitons Page «r* pas contre nous nos propres Citoyens. ] Il eft vifible qu'il faut corriger le tex­te , en y ajoutant la négative /A» » de cette manière, -rUf /x»/tV iyav pi w-vaxvriç. Cette faute eft pourtant dans le manufcrit de Florence/

Et c'eft ce quifignifie ici proprement k mot d'envie.} Ce mot eft fouvent

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37$ REJ*. SUR LES VERS E»E Pvf *

pris en ce fens-là- dans les auteurs Grecs, & quelquefois dans les auteurs Latins ; mais en notre Langue il ne fignifie jamais que cette paflîort qu'excite le bien des autres , quand il nous paroît outré. Il a fallu pour­tant l'employer ici dans le premier fens pour faire entendre le Vers de Pythagore , & l'explication que lui donne Hiéroclès.

frfeife. Et quand il dit ici , les chofes qui ne pourront te nuire. ] Il manquoit ici au texte une ligne entière que j'ai trouvée heureufement fuppléee à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & enfuite dans le manuf-crit de Florence : Voici lepaifage en­tier , rgafreéùfet /•' W*XIK Tb A' ÏE MH BAA"*H , e£ T»ç <iiuwifxtfct <êç à, Tfc A

2E, Sec. Cela eft très-néceffaire pour le fens.

Car cet homme intérieur eft blejfé. ] Il y avoit une faute grofllere dans le texte, TJTM «IV faivtir; car cet homme-là voit, frc. H faut corriger rSrcr fi fa*.7r1tir ; car cet homme intérieur eft blejfé. Et c'eft ainfi que je l'ai trouvé "dans la marge de l'exemplaire conféré

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ET SUm-EsCOM«.D'HiiROC. ffp

fur les manufcrits. Le manafcrit de Florence Ht T*T» / • 0KÀr1*.

A'e laiffe jamais fermer tes paupières P«s« »<3I aufommeil, après ton coucher.] Pour­quoi le Poète attend-il à la fin de la journée pour nous faire examiner ce que nous avons fait, & pourquoi ne nous avertit-H pas de penfer dès le matin à ce que nous devons faire f U femble que cela feroit plus fur. Si «oos en croyons Porphyre, il manque quel­que chofê à ce texte ; car il écrit que Pythagore recommandoit d'avoir foin fur-tout de deux moments de la jour' fiée, de celui où on fe levé, & de celui où on fe couche; du premier, pour penfer à ce que l'on doit faire pendant le jour ; & de l'autre, pour le rendre comte de ce que l'on a fait, & pour le premier il difoit,

JJpir* fti> i{ untit fti>J<ppênt iitwmtmrmt, Ev fiix» minuit) • / u ifutn ify* n«

Premièrement, dès que tu feras éveillé; penfe à tout ce que tu dois faire le jour. Je croirois donc qu'il faudroit ajouter

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g8o REM. SûR LES VERS K E T ï T J

ces deux vers au texte, immédiate* ment avant le quarantième ,

Et ne laijfe jamais fermer tes paupières, ùrc. Il y a beaucoup d'apparence que l'Empereur Mârc-Âurele avoit tiré de ce précepte de Pythagôfe, cette belle réflexion qu'il fait au commencement de foh fécond livre : Il faut fe dire le matin quand on fe levé ; aujourd'hui j'aurai affaire à un importun ,à un in­grat , &c.

Que tu riayes examiné par ta raifpn.} Dans la plupart des exemplaires, ce vers de Pythagore eft écrit,

tlfit tSt ifitfirSt ifym rfis tieuni ImMéîr,

Avant que d'avoir repajje trois fois tou­tes tes aSlions de la journée. MaisHié-roclès a lu autrement;

rifit tût ifttfitî» ïyytn \tyle*e!hti \r.xni.

Avant que d'avoir examiné par ta rai-fon, &c. Et il ne parle nullement dans fbn commentaire de ces trois fois, ce qu'il n'auroit pas oublié, fi c'eût été la véritable leçon. En un mot, le

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£T*tfB LES CoMM. c'HlÉROC. 3$I

comrnentaire d'Hiéroclès prouve qu'il faut lire comme il a Lu. Les Pytha­goriciens n'obligeoient point du tout à répéter trojs fois cet examen,. Une feule bonne fois fuifit.

Comme un but divin. J Dans le texte Pa8e •'*• imprimé il n'y a que comme un but j ut irçot riva atceoy ; mais le manuferit de Florence fupplée le mot qui man­que ><•>£ wgèj nmt ftTar e*<r*âr. . Et il veut que nous lefajjions le fo'ir

avant que de nous endormir. ] Ce paf-fcge eft corrompu dans le texte im­primé. Le manuferit de Florence le reftitue de cette manière, srpoç irwlfa» J>i if wgeç ûsrfov rftvofMvuf , cwaç eu uç

•ro iripis T W fit)nfjLtfi*£y wjMeÇfaw ri T»ç cwij'iffwç *fL!fiÇpi(Mt </N«aç-*p»o».

Aux fondions de IçL vertu. ] J'ai fuivi P»g« 1*7. le xexte imprimé, dont le fens paroîc fort bon > wpeç rm T»; *çtjit tvîpyiictr. Je fuis pourtant obligé d'avertir que le manuferit de Florence lit wp« -m w( àpiçTi< £«*»<; /rvrlçytictY , au% allions de la meilleure vie.

En rappellant par ordre toutes fe$ oBions bonnes 6" mauvaifes. ~\ Le texte jmprimi dit mot à mot, & rappellent,

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jfia REM. SUR LES VERS DE P Y T .

far ordre le fouvenir pour Vamour de ta vertu , iL u WÇw TW fjorifAnt itetKttfjf 6<£rm «jrrwç wvixee. Hiéroclès veut-il nous dire que cet examen fe fait pour faire croître la vertu ? Qui en doute ? mais il fe fait auflî pour retrancher le vice» J'ai donc fuivi ici la correction du favant Meric Cafaubon, qui au-lîeu de «tprrïç tin**, corrige ôp»T»ç ^ Han'iaç; rappelle le fouvenir defes vertus & de fes vices ; c'eft à dire de (es ac­tions bonnes & tnauvaifes. La fuite le demande néceflairement, Hiéroclès a lbuvent joint ces deux termes.

En quoi ai-je manqué? Qu*ai-jéfait, dit-elle, tous les jours ? Ces derniers mots, dit-elle tous Us j«urs , man-quoientau texte imprime; & je les ai trouvés dans le manufcrit de Flo­rence, où on lit , J«fxà "hlyw ngoç ttuniv, w?! w«pé£w, &C.

Pour donner le temps à la raifon de faire cet examen."] Selon le texte im­primé il auroit fallu traduire , par Vempreffement que la-raifon doit avoir défaire cet examen. Mais dans le ma­nufcrit de Florence i au-lieu vpofv/A.!ç fS hc-ywfjuiu i on lit irgofwi*lf -ry TH<

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^T SUR LES COMM. D 'HIÉROC. }8 j

*o>/<r ou.Ce quieft élégamment dit,& fait un très-beau fens. C'eft comme s'il difoit xpour ne pas manquer à Pheurt affignèe par la raifon , pour faire cet examen. On fait que v^aJwyJnt fignifiç proprement, un temps marqué.

ùu en ne faifant pas ce que nous de­vons. ] Dans le texte imprimé, les pa­roles font tranfpofées, t ri (M H» *tiHr*VTK- Il eft évident qu'il faut lire » Te1 Jtev (+n ir»iir*vTtf. Et c'eft ainfi qu'on lit dans le manufcrit de Flo­rence.

Celui qui ne fait pas les premiers points de ces deux préceptes. ] Il faut néceflai-rement corriger le texte, & lire ô »î» Td wpeTtp* fii -roiuv , T<* cTwrcc /+» irotffl car il s'agit des fautes d'omiffion & de commiflîon; c'eft pourquoi Hié-roclès ajoute, que ces deux péchés font en quelque manière égaux, &c Cela eft fènfible, & c'eft ainfi qu'on lit dans le manufcrit de Florence. . Quoiqu'on puiffe dire, que ces deux

péchés font en quelque manière égaux. ] Yoila en quoi les péchés d'omiffion , êç ceux de commiflîon peuvent être dits égaux,( c'eft, qu'ils tranfgreûent

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584 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

tous deux la Loi de Dieu qui les défend, & que par là ils méritent la peine due aux tranfgreflîons.

rage 171. Alors regardant la Loi comme fe-xemplaire qu'il devoit fuivre, il pro* nonce &fe déclare. | J'ai fuivi l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & le manufcrit de Florence où ce paflage eu plus fain & plus entier que dans le texte imprimé. Voici comme on y l i t , TOTIKçÎVU irpii wctçtuPtiyfjLet «.VOCM-w»f rcv vifior, ij 4"4»'€*TCU > & c .

Page 171. Fait de ce/wj qUl Vobferve, la vérita­ble image de Dieu.] Au-lieu de w pwfts'twy, du texte, il faut lire nécef-

fairement roV pwjuevw, comme on lit à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits.

Page 17*» Fait l'homme de bien par l'acquifition des vertus. ] Il y a dans le texte im­primé , par la nature des vertus, <ftà TSç w «piT»? $tlm'c, ce qui peut avoir un bon fens ; mais j'ai préféré la leçon -qu'on trouve à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Florence, KT»VMC, acquijition, au-lieu de qvo-tut, nature.

Pagei7f. Or que cela nous déifie, &* que ce foit.

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ET SURLEsCoMM.I»'HliRoC. 385*

fou là la fin. ] J'ai fuivi le manufcrit de Florence, qui rétablit fort bien ce panage , en lifant OTI JV ^eo~, TSTO TSç yiOifnriKMi àxtifelaf to irtçan.

On demande ici de la faculté intelli- page 17^ genre , la méditation. ] Il s'eft gliffé dans le texte imprimé une faute con-fidérable, TW hriiufr.*iwi, il faut cor­riger TM (t&éTtiv y comme on lit à la marge de l'exemplaire conféré furies manufcrits, & dans le manufcrit de Florence. Tout ce qu'Hiéroclès dit ici des trois facultés de l'ame, eft par­faitement beau.

Et cette difpojition ne manque pas d'être fuiv'u de l'efpérance divine qui fait refplendir dans nos âmes la lumière de la vérité. ] Voici une belle grada­tion : La méditation, la pratique, & l'amour des vertus, produifent dans nos cœurs l'efpérance divine ; & cette efpérance y fait luire la vérité ; car l'efpérance en Dieu eft toujours ac­compagnée de lumière : c'eft pour­quoi Caint Paul plus éclairé que tous Rom*r' ** les Fhilofopbes , a dit de cette efpé­rance, qu'elle ne confond point.

Par ù connoiffànce certaine des êtres.] Pase ^rt* Tome IL R

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386 REM. SUR LES V E B S DE P Y T , Au-lieu de w v*iïv, qu'on lit dans le texte imprimé , il faut lire comme dans le manuferit de Florence, rw Shwv.

Car le PoUte jure ici avec beaucoup de ferveur.[J'ai encore faivi ici le manuf­erit de Florence-, où au-lieu deJWre-T«7'/Z&'Mç iixvwiv , il jure avec ordre , &* de fuite ; ce qui ne fignïfîe rien ici > on lit «TiK,rtT«/*ei'wç v/xvwiv, impensè ju­rât-, Il jure avec ferveur. Il veut dire, que le Pôëte rempli de la vérité & de la certitude de de qù'ïi enfèigne, juref

-Sec. 1 So. Que le quaternaire qui efi la fource

de Varrangement éternel du monde, n'eft Mtre que Dieu mime qui a tout créé. ] On a vu dans h vie de Pythagore, que •ce Philofophè ayant appris en Egypte le nom du véritable Dieu, ce nom myftérieux & ineffable, Jehovah, & Voyant que dans la langue originale il étoit compôfé de quatre lettres, l'a<-Voit traduit en fa langue par le mot , Tetrablys, le quaternaire, & en avoit •donné la véritable explication , en difant qu'il 'fignifioit proprement , (ource de la nature qui coule toujours j car c'eftee que figninele mot original»

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ET SUR LES COMM. D'HIÊROC. 387

Ses premiers difciples conferverenc cette tradition dans toute fa pureté ;. mais ceux qui leur fuccéderent, ayant perdu apparemment l'idée du véri­table nom, du nom original que P y-thagore avoit traduit & expliqué , & ne concevant plus comment le Te-traElys, le Quaternaire, pouvoit ligni­fier de fi grandes chofes, allèrent s'i­maginer que c'étoit la vertu de ce nombre quaternaire qui opéroit tou­tes ces merveilles : & tranfportant ainfi au nom traduit toute la vertu que le nom original attribuoit à celui à qui il étoit donné , ils conçurent que ce nombre étoit le véritable principe, & le créateur des êtres. Deux chofes les confirmèrent dans cette penfée ; la premiere,les vertus qu'ilsprétendoient trouver dans ce quatre, qui renferme toute la puiflance du dix, & par-là tous les nombres ; & la féconde , le nom même de Dieu, qui dans pref-que toutes les langues fe trouve de quatre lettres. Cela une fois pofé, il ne faut pas s'étonner des fuites qu'eut cette belle découverte. Bientôt on crut que toute la nature n'étoit que

Rij

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388 REM. SUR LES VERS DE P y r .

l'effet de la vertu des nombres ; & cett.e doctrine fit de fi grands progrès, que faint Auguftin même ne jugea .pas indigne de lui d'y entrer, & de .croire, non pas que les nombres étoient des principes, mais qu'ils renfermoient des myfteres infinis. Il en trouve de grands dans le trois, dans le quatre, dans le fix, dans le fept, dans le qua­rante , &c. On peut voir fur cette matière, Pétri Bungi numerorum myf-teria , où ce favant auteur prétend démontrer l'accord parfait qu'il trouve entre les nombres de l'Ecriture fainte, & l'Arithmétique Pythagoricienne.Ce n'eft pas ici le lieu d'entrer dans cette difcuffion; je me contenterai de dire, que les nombres principes font de vé­ritables chimères ; car, comme Arif-tote l'a fort bien dit , les nombres ne peuyent jamais être des principes d'ac­tions & de changements. Ils peuvent être fignificatifs , & marquer certai­nes caufes ; mais ils ne font jamais ces caufes-là.

C'eji ce que tu apprendras du Livrt /acre qu'on attribue à Pythagore. ] Ce kivre écoit un traité des Dieux, & es

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Ï T SUR LES COMM. D 'HIÉROC. 3g<?

traité étoit appelle facré îipcç >,é>eç. On prétend que Pythagore y avoit expli*

3ué le fentiment d'Orphée, qui a voit it que VeJJènce du nombre étoit le prin­

cipe des chofes , £r la racine des Dieux &* des Géniesi Hiéroclès ajoute * que Von attribue à Pythagore ; parce qu'en effet cela étoit contefté, les uns l'at-tribuoient à Pythagore, & les autres à fon fils Telauges. Voyez Jambliqùe, chap. XXVIII : pour moi je fuis per* fuadé que ce Livre, & celui d'Orphée*' étoient des ouvrages poftérieurs à Pythagore.

Dieu eft célèbre comme le nombre des nombres. ] Dieu eft un ; comme tous les nombres procèdent de l'unité, de même tous les êtres procèdent de Dieu. Maisc'eft mal raifonner, que de dire* que parce que Dieu eft un, c'eft l'unité qui a tout produit par la vertu atta­chée àce nombre. Je ne m'amuferai pas à réfuter toutes les chimères qu'Hié-roclès débite ici. Tout ce qu'il dit des nombres dans ces trois pages, n'eft tout au plus que curieux, & ne mené à la connoiflance d'aucune vérité for lide.

Rii ;

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5po REM. SUR LBS VERS DE P Y T ;

Page iti. Et le fept comme Vierge , (s" fans mè­re- ] Le fept ne produit aucun nombre dans l'intervalle du dix, & n'eft pro­duit par aucun des nombres que cette intervalle renferme. Voila pourquoi les Pythagoriciens le comparoient à Minerve, & lui donnoient même ce nom, parce que Minerve eft Vierge, & fans mère. Voila une des belles & excellentes propriétés du fept ; c'eft-à-dire , voila de profondes rêveries que les Pythagoriciens donnoient , comme de grands myfteres.

Page 18}. D'ailleurs il y a quatre facultés pour juger des chofes. ] On ne fauroit ni imaginer aucune autre faculté au-delà de ces quatre, ni rien trouver qui ne foit du reflbrt de l'une d'elles ; car comme Ariftote l'a reconnu dans le premier livre de l'ame, chap. 2. Tou­tes chofes fe jugent, les unes par l'entende­ment , les autres par la feience , celle-ci par l'opinion , celle-là par lefentiment. xpiyêTai de Ta vçcty [/.enct , Ta fj.iv v», T« «T« miçif*»i, iâ J"i £<&$ , ta. «/*« *»• rj-wu. Le même Ariftote enfeigne aufli, que l'entendement répond à l'u­nité , la feience au deux , l'opinion au

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ET SUR LES COMM. D ' H I é R O C . j o l

trois, ou, ce qui efl la même cfrojè, à la., fuperficie, &" le fentimeni; au quatre , ou à la figure folide : Ses paroles font re­marquables j vovv fiiv TO ev, tTriç-iftw «TJ ràtfûo, Sec. rov ft T« \%mi£'av âg/^à» cft av , ulrfritriv «Tè ilv T? ç-epeaC. Plu* tarque dit la. même chofe dans le l e t

livre des opinions des Philofaphes ; chap. m j & il en explique les rai-fons : mais dans Plutarque, le fenti-ment n'a point de nombre qui lui ré-» ponde ; e'eft pourquoi Théodore A a,i* cile a eu railon de croire qu'il y a unç lacune dans le texte , & qu'il y mann que une ou deux lignes , où Plutar­que avoit expliqué de quelle .manière le fentiment répond au quatre , ôç avoit fait voir que comme le qi^tre renferme le trois., le fentjment rqn-V ferme de même les trois autres f§çu]r t é s , l'entendement, la feience, & l'opinion. -

En un mot, le quatre emhraje & lif tous les êtres,les éléments rles nombres;•» lesfai/ons, les âges , tes foçiétés, &"c;j Le quatre comprend les éléments , parce qu'il y en a quatre ; les rtofnr bres, parce qu'ils font tous renfermés

R i v

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3p2 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

dans la vertu du quatre, qui com-pofe le nombre parfait dix, comme on ra expliqué. Il comprend aufli les faifons & les âges, parce qu'il y a quatre âges & quatre faifons. Mais comment le quatre renferme-t-il auflî les fociétés ? C'eft ce que nous apprend Théon Philofophe Platonicien, dans fon livre de locis Mathematicis in Tim* Plat. cap. wipt TfTpetKTtiof iij <PtKâ<Tesî où Il d i t , t'Ctfo'/U» J*t TlTfCtKTVÇ , i TUV xoivot-Viiï* y apX» jUtf, ^ cïcf /xevctç avffamos ,' j W ç «Te ÔÎKOç , rpraç «Te1 tui/xit, TfTpaYef» waMs. ro yà.% ifveç lie TCVTW avyKtna.1. Lefeptieme quaternaire ejî celui des fo­ciétés $ le fondement ; & comme l'un. de ce quaternaire , c'eft l'homme ; te deux, c'eft la mai/on ; le trois, c'eft le bourg ; le quatre, c'eft la ville : car voila ce qui compofe chaque nation. Il veut dire que dans le quatre fe trouve tout ce qui compofe les nations diffé­rentes ; car elles ne font qu'un com­pofe d'hommes, de maifons, de bourgs & de villes. t La connoijfance de ce Dieu. ] J'ai fuivi ici le manufcrit de Florence, ou au-lieu de h rcthur yviïrK, on lk i TOU\

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ET SUR LIS CoMM. D'HliaOC. 39 5

TOV yfSa-iç , La connoijfance de ce Dieu intelligible , c'eft-à-dire , du quater­naire. La fuite prouve la néceflité de cette reftitution

Par lequel Vauteur de ces Vers jure ici. ] L'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits, & le manufcrit de Florence, ont rétabli ce paflage très-corrompu dans le texte imprimé, où on lit or à. m» ivi/juvoi, ce qui ne veut rien dire , il faut corriger et $ cw îwe/*wT«/, par lequel il jure ; car voila de quoi il s'a­git.

Et qu'ici oh jure par celui qui nous a Pageir^ tnfeigné le nombre quaternaire.] Il veut dire, que l'auteur de ces Vers a par-iàitement obfervé le précepte , ref-pe&e le ferment, à l'égard des Dieux j car il n'eft pas juré par eux ; mais il a juré par un homme , qui n'étok pas Dieu.

Qui véritablement n'étok pas du nom.' bre de ces Dieux, ni des Héros par leur nature. Je ne trouve rien de plus no­ble , ni de plus grand que cet éloge qu'Hiéroclès fait de Pythagore , en difant qu'il n'étoit pas un des Dieux,, mais, un homme femblable à Dieu,

Rv

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394 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

& qui confervoit dans l'efprit de (es difciples toute la majeflé de cette image.

Ùejî pourquoi le Poète fur des chofes fi grandes , jure ici par lui, pour mar­quer. ] Hiéroclès revient toujours au ferment qu'il prétend que l'auteur fait dans ce V ers par Pythagore lui-même, comme par celui qui avoit donné la connoiffance du quaternaire facré. J e m'étonne qu'après cette explication fi formelle, a autorifée, & fi conforme aux fentiments que les Pythagoriciens avoient pour leur maître, le favant Seldenus, dans fon traité de Diis Syris, ait cherché une explication très-diffé­rente & très-éloignée. Premièrement, voici comme il rapporte le paffage,

O'u fia tn àfctiipa $ojc<* n*p«iô»Tct 11-

n«y«v iiii.au Quitus fit^fiar ïx«itriu.

Et il l'explique, Non j'en jure par le quaternaire qui a tranfmis à notre ame lafourcequi comprend les racines de la nature éternelle; c'eft- à-dire, j'en jure par le créateur de l'univers. Il fait TI-rgtarvt mafculin, & il explique, ces

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E T SUR LES CoMM. D'HlâROC. 3 9 /

racines pi ô!/**-»-», les quatre élémentr. Cette explication eft înfoutenabje & contraire à toute l'antiquité. On n'a qu 'à voir ce que Jamblique écrit dans la vie de ce Phijofophe, cnap. xxvnr . On attribue un tel ferment aux Pytha* goriciens, parce qu'ejfeB'mment ib n'or '/oient-par rejpeil nommer le nanidePyr thagore, comme ils éioient fart rttferve's, à nommer les ~Dieux par leurs noms $ mais j.ls k défignoient. en le nommant l'inventeur an quaternaire. Ceta n'emr pêcbojt pas qu'ils ne jurafljçnt auïfi par Je quaternaire ; rnais.qe p'eû pas. une jraifon ppjjir changer le feçs de.ce.yers,

Que.le-facré nom i\iguflternqfre eft ççnnu.pour .une # f f qu} ne peuç tromper. ] Ce p a i l l e .eu tr.ès7jcprjorriT pu dans le texte, ou du-moins j'a­voue que je ne l'entends point. i'igogaV-Ti{ n,e fait aucun fens, t$c 'itfoqctfntç j COJijrne vcxn lit dans les rnanuicrfjs , S ^ ça^r^ijfôir-; car qu^ MffitAf îefaçréinterprète dç quMWJWrJ{W. cqn* nu far m» ef^erance qui ne ttoinpe pointt Encore une fois, je ne l'entends point. Je crois qu'lïiérçxçlès fiyçut écrit Xep*

R vj

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35)6 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

hfacrénom. Hiéroclès regarde le mot même du quaternaire, comme un mot fàcré, à caufè du Dieu qu'il défigne, & des vertus infinies que ce nombre renferme ; & il dit que ce nom ejl connu par une efpèrance qui ne peut tromper 5 parce que c'étoit Pythagore lui-même qui l'avoit enfeigne à fes difciples, & que Pythagore éroit un homme in­capable de tromper.

Et que ce divin quaternaire a été ex­pliqué, j Car il a tâché de faire voit par les vertus de ce nombre, comment il étoit la fource de la nature, & la

* caufe de la création. Mais Pythagore l'avoit encore plus folidement expli­qué, en faifant voir que c'étoit l'ex­plication du nom ineffable dont on a parlé.

fâge igf. Cependant, comme nous tenons de Dieu cette liberté, nous avons conti­nuellement befoin que Dieu nous aide.] .Voici un Païen qui reconnoît que quoi*-que nous fbyons libres, comme c'èft de Dieu que nous tenons cette liber-

. t é , nous avons toujours befoin qu'il nous aide à nous en fervir pour faire le bien j car de nous-mêmes, BOUS nfc

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fcT SUR LES C O M M . D ' H I É R O C . J 9 7

pourrions qu'en abufer , & elle ne îerviroit qu'à nous perdre. ' Et qu'il achevé ce que nous lui de' mandons. ] Il y a une faute groffiere dans le texte imprimé ; car que veut dire ^ TtXmtriut T£» eùtftrriï*, de la per­fection , ou de l'accompliff'emtnt dts chofts fenjîbles, ou comme l'interprète Latin a traduit, rerum perfeSione quot finfus moverit. Il en impoffible que cela fafle aucun fens. Au-lieu du mot mie-Jirtm, des chofes fenjîbles. On Ht à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, eufiftvrm, des chofes que nous avons ehoifies , ou entreprises. Et c'eft ainfi qu'on lit dans le manut crit de Florence; mais je fais perfuadé

3u'Hiéroclès avoit écrit «trufinm, es chofes que nous demandons. Il dit que

nous avons befoin que Dieu achevé & accomplifle ce que nous lui deman­dons par nos prières, c^en-à-dire tou­tes nos bonnes oeuvres, & tout le bien que nous faifons. Et une marque fûre

3ue c'eft la véritable leçon ; c eft que ans la page faivante Hiéroclès a

écrit de même fAtiJ1» wgcç TW fcrSà-n' T»V ùnruJirTm^tf^oifuitffaai employer de

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3p8 R E M . SUR LES V E R S D E P y T -

notre part le moindre effort pour obtenir ce que nous demandons.

Pagei87. Ni nous contenter non-plus des (im­pies mots de la prière.'] Il y a une faute dans le texte imprimé, >&yi<rfxc7ç ne veut rien dire ici ; il faut lire xôyoti, comme dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Florence.

Ou nous n'embrajfèrons qu'une vertu impie & fans Dieu. ] Rien n'eft plus vrai. Agir fans prier, eft impie ; & prier fans agir, eft inutile : car Dieu veut que nous opérions avec lui. Ce feul principe diffipe & détruit une in­finité d'illufions & d'erreurs qui fe font malheureusement renouvellées dans notre ficelé.

Et VinaBion du dernier détruira ah' folument l'efficace delà prière.] Il n'y a rien de plus vrai, ni de plus ïênfible; & je ne yois pas pourquoi Cafàubon a voulu corriger ce paflage , en lifant 4v%*c pour lu^ïç, détruira la vigueur de Vame. Rien n'eft plus éloigné du fens d'Hiéroclès.

ç»ge iSS. Or toute image a befoin de Vorigind pour cxijler, J Comme ce n'eft pas k

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•ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 399

propre de l'original d'agir pour for­mer la copie , & qu'il fuffit qu'il ibit vu , on pouroit dire que Dieu étant connu, l'homme pouroit par fes feules forces en tracer en lui l'image. Mais il n'en eft pas de Dieu comme des autres originaux, ni de la vertu comme des autres copies. La vertu ne fe forme dans l'ame que par la coopé­ration de fon original ; puifqu'il eft la fource de tous les biens & de la lu­mière. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, ôWe manufcrit de Flo­rence , ont lu ytru-if , production., naif-fance, au-lieu de iirfcctrn , exijîence.

Mais c'eft inutilement que nom poffé-àons cette image. ] La leçon du texte imprimé m'avoit paru fort bonne, ièj taiS n nrùfjittw, ce que nous avons acquis eft inutile : mais j'ai trouvé à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, *£««* ifuîtri inû/xtvor , ce que nous avons acquis ne fuffit pas : Et enfin j'ai vu que le manufcrit de Florence a lu ij «vu «pat? TW XT4>/X«« ; ce qui m'a paru la véritable leçon ; c'eft elle que j'ai fuivie, parce qu'elle fait un très-beau fens. Il ne fuffit pas

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4ôo REM. SUR LES VERS DEPYT*

d'avoir acquis cette image, fi Von ne regarde continuellement, &C Il n'en eft pas de notre ame, & de Dieu, comme des autres originaux, & des autres copies. La copie d'un ori­ginal une fois faite, conferve toujours fa reffemblance indépendamment de l'original qu'elle repréfente j mais notre ame a beau être l'image de Dieu, cette image fe perd bientôt , & s'ef­face, fi nous n'avons continuellement cet exemplaite devant les yeux ; car c'efl cet original qui perfectionne tour jours fa copie , & qui l'entretient.

Que d'agir toujours en aàrejjant toit-jours nos prières. } Il manquoit ici quelque chofe au texte imprimé. L'e­xemplaire conféré fur les manuferits avoit à la marge fin» rS tZ fow^-a» itk wpfc'rirç atriaç, & c ce qui approche de la véritable leçon que préfente le ma-nuferit de Florence , /*«•* rS «fowt** wgè« TW wfthtiv etlrlav, car il s'agit ici de la prière jointe à l'aétion.

V»l« i*?. Et qui s'efl purgée elle-même comme l'œil. ] J'ai fuivi la leçon de l'exem­plaire conféré fur les manuferits, qui eft confirmée par le manuferit de Flo?

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ETSURLESCOMM. D'HlÉROC. 401

rence, ittwM efW- rfÇa**, au-lieu de icurràç J^ieto-fM^etTol..

C'ejl la connoijfance des Dieux, ta Page i>« fcience Théologique, 6* le difeernement jujle de tous les êtres. ] Voila en quoi Pythagore faifoit confifter la fcience Théologique , à connoître Dieu , & les êtres raifonnables qu'il a créés, & l pratiquer tout ce que cette con-noifiance exige néceffairement. Que les hommes feroient heureux, s'ils fe renfermoient encore dans ces bornes!

Jufqu'où ils s'étendent, c'e/i leur dif­férence fpéciale. J Les fubftances rai­fonnables , voila le genre commun Îui renferme toutes les efpeces, les

)ieux, les Anges, les hommes. C'eft là ce que Pythagore appelle c-vç-urw, qui renferme l'ordre & le rang qu'el­les occupent, f T« tKetç-et fUeyimu, juf qu'où chacune d'elles s'étend; car ces efpeces font différentes r les Dieux ne fe confondent point avec les Anges » ni lés Anges avec les Dieux, ou avec les hommes; ni enfin les hommes avec les Anges ou avec les Dieux : chacun de ces êtres a fes bornes marquées. $ TI »P<*THT*J , ce qui les renferme &" les-lie

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402 REM. SUR LES VERS D E P Y T -

c'eft-à-dire, ce qui les réunit, Se qu i fait de ces efpeces différentes u n fèul & même genre , 8c un feul tout , de manière que la dernière etpece remonte à la première parfon milieu* Je me fuis arrêté pour expliquer ce paffage de Pythagore, & a confirmer l 'explica­tion qu'Hiéroclès lui a donnée , parce que Saumaife l'a fort mal expliqué dans fa préface fur la verfion Arabi­que du Tableau de Cébès.

?«gei;t. Ni les moyennes premières ou der­nières. ] J'ai ajouté ces mots qui man­quent vifiblement au texte , & qui font fuppléés à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manuferits, oCit ta fAiaa rrfUTci » t<nca.r<t.

Page 191. Et par cette féparation, & par cette union raffemblées , ils remplirent &" achèvent toute la conjîitution &• tout l'arrangement de cet ouvrage divin. ] Car par leur féparation ils rempliffent & achèvent cet ouvrage divin , en ce

3ue par là l'univers eft rempli & orné e créatures intelligentes qui font fa

perfection : & par leur union , ils le rempliffent & l'achèvent encore,en ce que par là tout remonte à Dieu,

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 4OJ

& que c'eft Dieu qui remplit tout, qui aime tout, & qui perfectionne tout.

Que la tradition nous a appris à ho- p»8eï??l norer. ] Il appelle tradition , ces vé­rités que les Egyptiens avoient appri-fes aux Grecs, & qu'ils avoient re­çues du peuple de Dieu & des an­ciens Patriarches. Platon parle de mê­me de ces traditions. Il faut donc croire J ?*"^" , ces traditions qui font Jî fûres & Ji an- tom. *. ?. ciennes, &" ajouter foi au témoignage fl7' des Légiflateurs qui nous les ont tranf-mifes, à moins que nous ne voulions les accufer d'être fous. Et dans un autre en­droit; Dieu , comme nous l'apprenons Dan» le v» de l'ancienne tradition , ayant en lui le t'ori,.".1-0!** commencement, le milieu, &* la fin de 7M« toutes chofes, &c.

Et cette connoijfance defcience ne Je forme que dans ceux. ] Ce paflage eft défectueux dans le texte imprimé, & il paroîc entier dans le manufcrit de Florence, où au-lieu de KOTfMwruv, on lit no-ftovriv 'ryftrtrcu, & au-lieu de IxtTiç-âvmv, on trouve f*triç-afj.é*eiç. Ma traduction le fait affez entendre.

De ces êtres incorporels. 1 II y a dans

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'404 &EM. SûR LES VERS DE P Y T .

le texte, de ces êtres immortels : mais au-lieu de àfmarer, immortel , l ' e ­xemplaire conféré fur les manufcrits * & le manufcrit de Florence, lifenc àrûfjutTêv, incorporel ; & c'eft la véri­table leçon. Quand il appelle ces êtres raifonnables incorporels, il parle du corps terreftre & groffier ; car il leur donnoit un corps fubtil, comme or» le verra dans fa fuite.

**# i?4. La nature en formant cet univers fur la mefure & proportion divine. ] Com­me Hiéroclès vient de marquer les vé­ritables bornes de la Théologie , il marque ici celles de la Phyfique , & il infinue qu'on doit fe contenter de ne pénétrer dans cette fcience qu'autant qu'il faut, pour favoir que Dieu a créé cet univers, & lui a communi­qué différents traits de fes perfections. Que toutes fes parties font fubor-données les unes aux autres par la même loi qui les a établies ; & que l'homme tenant le milieu entre les êtres fupérieurs & les êtres inférieurs, peut par le mouvement de fa volonté, s'unir aux uns ou aux autres, & par­ticiper à la nature de la bête > ou à

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B T SUR LES CoMM. D'HIÉROC. £0 j*

celle de Dieu. Pythagore ramenoit donc la Phyfique a la morale; & c'eft ce que Socrate a fuivi.

jDe là vient que la circonférence. ] v*p f?f» Hiéroclès veut dire à mon avis, que la circonférence, & le centre pouvant être regardés comme le principe de la Sphère de l'univers, Dieu n'a né­glige ni l'un ni l'autre, & a voulu qu'ils fuflfent variés & ornés félon leur nature, & qu'ils portaflent les marques de fa gloire & de fa puiffance.

C'eft pourquoi tantôt. ] Au-lieu de «Tio( vfiïrov i*lr, qui eft dans le texte imprimé , j'ai lu JV «en /x«V, comme on lit dans l'exemplaire conféré fur les manuferits, & dans le manuferit de Florence.

Vers V'entendement î* la vertu. ] J'ai ajouté ces derniers mots, &* la vertu, parce qu'ils paroifient dans le manuf­erit de Florence.

Car ainfi il neferoitpas homme. ] Le texte eft fort bien corrigé dans le ma­nuferit de Florence, etiruyetp w îv ?K ivffimot. Si l'homme penfoit & con-noiflbit toujours de même, il ne feroit pas homme, mais Dieu ; car il n'y a

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4o5 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

que Dieu qui ait ce grand avantage par fa nature.

Page i?7. L'ejf'ence humaine étant donc telle. ] J'ai fuivi ici la leçon que j'ai trouvée à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, où l'on a fuppléé ces deux mots, Tomiirrictiirn, qui manquent au texte ; «•po<r»KM eue T>T ao pwsriV» wriq. To»aW»i oa(r»t. Et c'eft ainfi qu'on lie dans le manuferit de Florence.

rage i?8. Car de ce que Vejfence des êtres nous eft cachée, de là vient que nous efpérons, ère. ] Hiéroclès combat ici vifible-ment l'erreur de ceux, qui prenant trop grofliérement la doclrine de Py-thagore , fe flattoient que l'homme pouvoit devenir Dieu, ou fe perfua-doient qu'il pouvoit devenir bête, ce que la loi de la création ne peut fouf-frir : mais c'eft de quoi on a aflez parlé dans la vie de Pythagore, & dans celle de Platon.

2*gei??. Car étant , & demeurant toujours l'homme, elle eji dite devenir Dieu ou bête par le vice ou par la vertu. ] On ne peut dire plus clairement que toute cette métempfychofe de Pythagore n'étoit qu'une figure pour faire enten-

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ET SUR LES COMM. B'HlâRoC. 4O7

dre que l'homme devient femblable aux bêtes par le vice, ou à Dieu par la vertu ; & qu'il ne peut être ni l'un 711 l'autre par fa nature.

Et qui mefure Dieu, s'il ejî permis de parler ainji, par la connoiffance dç foi-même. ] C'en l'explication littérale du texre imprimé, A£ v*f*/Atfpuv rpr Jtov TJT tçLvrSyvdvtt, Ce qui peut faire un affez bon fens ; car mefurer Dieu par la connoiffance de foi-même, c'efl en fe confidérant comme le dernier des êtres raifonnables, voir Dieu fi fort au-deffus de foi, que l'on con-noiffe fnanifeflement qu'il n'eu pof-fible ni que la créature s'élève juf-qu'à Dieu, ni que Dieu iè rabaiffe jufqu'à la créature. Les bprnes de tous ces êtres font marquées, & ne fe con­fondent jamais. Voila tout ce que je puis dire pour juflifier le texte. Cer-pendant, comme c'efl plutôt par la connoiffance de Dieu que nous de­vons parvenir à la connoiffance de •nous-mêmes, je crois que le manufcrit de Florence nous rend la véritable leçon de ce paffage, A£ -arapa/xiTpw T£ JIK TW IcéuT» •ymriy. Et qui mtjùre la

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408 REM. sua LES VERS DE P Y T .

connoijfance de foi-même par la con-noiffance de Dieu. Pour être libre & dégagé de ces efpérances folles, & de ces craintes extravagantes , le feul moyen, c'eft de juger de fon eflence par la connoiflance, qu'on a de l'ef-fence de Dieu. Cette eflence de Dieu étant bien connue, nous fait voir & fentir que notre ame ne peut jamais changer : ai-nfi voila cette prétendue métempfychofe bannie,

pageioo. Etfe met en état de ne pouvoir ja­mais être trompé ni furpris. ] Il n'y a perfonne qui puifle entendre les mots du texte , ^ ân^ivenirov «WTWç iv^xm/ti. J'ai fuivi la correction de Ca-faubon , qui a lu J£ iv^çerrarirou tçeac •rvyXaxii. Il acquiert l'habitude introm-pable, s'il étoit permis de parler ainfi: mais je viens de m'appercevoir que le manufcrit de Florence nous redonne la véritable leçon , T « àvi%ieir*Tmou h.vicPci ru^xàvu. Spem nancijcitur in-fallibilem , 6* qux numquam vana fit. Il fe met enpojjèjpon d'une efpèrancequi ne peut jamais être vaine ,& qui ne le confondra jamais.

Page 101. Ce qui a fait dire avec beaucoup de

raifort

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ET SUR LES CoMM. D'HiÉRoC. 409

raifon par Heraclite, que notre vie efi la mort, & notre mort la vie. ] Je n'ai ofé hafarder le mot d'Heraclite, com­me Hiéroclès le rapporte ; car il dit à la lettre, que nous vivons leur mort, & que nous mourons leur vie ; c'eft-à-dire, que pour les âmes, ce que nous appellons mourir, c'eft leur vie; & ce que nous appelions vivre , c'eft leur mort ; que notre vieeft leur mort, & notre mort leur vie. Ce qui eft une fuite néceflaire du dogme de la préexif-tence des âmes ; car pour une ame qui feroit dans le Ciel, defcendre ici pour y vivre, ce feroit mourir j & mourir, ce feroit vivre. Mais indépendamment de ce dogme, le mot d'Heraclite ; ne laifTe pas d'être vrai ; car venant au monde , & y prenant les affections charnelles, c'eft alors que nous cef* fons proprement de vivre, & que nous mourons ; au-lieu qu'en dépouillant ces mêmes affections, & mourant au monde, nous recommençons à vivre, parce que nous vivons en Dieu, en qui feul eft la vie.

Dans les noires campagnes de VInju- *8ei0J» re. ] Dans ces Vers d'Empédocle,

Tome IL S

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41 o REM. SUR LES VERS DE P Y T .

l'Injure eft ici uneDéefTe; c'eft la Déef-fe A té, le Démon de difcorde & de ma­lédiction , la Déefle de l'injure, dont Homère fait un affreux portrait dans le xix livre de l'Iliade, où il dit que Ju­piter la précipita du ciel en terre , où fon unique emploi eft de nuire, & de. faire du mal.

Tom. j . p. Dans la prairie de la vérité.'] C'eft *•»*• de cette prairie de la vérité, que Pla­

ton dit dans fon Phèdre, que la partie la plus noble de l'ame tire toute fa nourriture ; c'eft là où elle fènt renaître les ailes qui lui font reprendre fon vol. Je ne fais fi c'eft Pythagore ou Socrate qui a imaginé cette prairie de la vérité. Elle eft bien oppofée aux campagnes de l'injure. Dans celle-là tout eft cha­rité & lumière ; & dans celle-ci, tout eft ténèbres, malédiction & horreur.

Où il boit à longs-traits l'oubli de fon bonheur. ] Le Vers d'Empédocle eft mal rapporté dans le texte, au-lieu de mtwtx àptMftk , il faut lire ttïuvci «.fjLtaftii , privé de la vie bien-heureufe ; & c'eft ainfi qu'il «ft écrit à la marge de l'exemplaire conféré fur les manuferks.

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ET SUR tES CoMM. D'HléRoC. 411 Parce qu'il recouvre Ventendement &• Page 104;

la fcience. ] Il n'eft parlé dans le texte que de la fcience ; farce qu'il recouvre la fcience : mais 1« pluriel qui fuit, comme fis parties effenttellef, fait bien ' voir qu'il manquoit ici un mot. L'e­xemplaire conféré fur les manufcrits l'a heureu(è.ment fuppléé ; car au-lieu d e c XoK wpoç cTi T!T T»< ivtiç-ifjtnç, &c. il met ô&ozKiiçoç eT« t^ voiï ij iviç-ti/jui;, »ç ciKtluy fjuiçSt , èna.\i-\ti. Ainfi partiet ejfentielles eft fort bien dit au pluriel, parce qu'il y en a deux, l'entendement & la fcience. . '

FA qu'il n'eft pas pojjible que les maux foitnt bannis de cette terre, ni qu'ils puijfent approcher de la divinité. ] Le manufcrit de Florence préfente ce paflage tout autrement ; car il ajoute une ligne entière, «*x' w<F «voxirfM T « noua fumro? , tvrt tr -isTç tlvm ( TIIV jtt» xntafaffmm ^vx** tfywrea « TI? «•WJUœTOç ; ) car il n'eft pojjible, ni que les maux foient bannis de cette terre , ni qu'une ame qui eftfortie du corps fans être purgée, fait reçue parmi la Dieux. Si c'eft là véritablement comme Hié-roclès avoit écrit, il n'a pas rendu le

Sij

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'4i2 RgM. sus. LES VERS D E P Y T .

paflage de Platon tel qu'il eft ; car Platon n'y parle nullement de l'ame;

Tora. i. p. Voici les propres termes , £w' dr 'ï*' enroM^foU TU Keutx JWCTW , o> ©eotPwp*,

vwtvAVTiov yetf T* ri? aya'ïif eût aveu etvayiai, WT tv jtoii uura. nFfvrjai, rof ft JVHTW <f>WJI' *à Tôt'/» T6f TOWfll' mpiTTcXll 1% CLVO.-

î-xiTç. Le mot aura, marque certainement que Platon continue à parler des maux.

Page îo;. G'eft devenir jujie & faim avec pru­dence. ] Ces paroles dç Platon font re­marquables. Lorfque la prudence n'eft pas de la partie, il n'y a ni juftice ni fainteté.

p 107. M* s'enfonc^nt volontairement dans tout le défordre des pajjîons. ] Il y a dans le texte imprimé , T«7ç à.fM^ifxv\aK wr iretjw, ce qui ne peut rien fignifier qui convienne ici. L'exemplaire con­féré fur les manufcrits, & le manuf-erit de Florence rétabliflent fort bien ce texte, en lifant reue àfMTflcut iSt wetfav.

p 108. Car tout nomme ?"' ne voit point par luUmême, ou qui n'entend point celui qui l'avertit, eft entièrement inutile &• défefpéré.'] Hiéroclès rapporte ici les propres termes de deux versd'Hçfîode

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ET SUR LîsCoMM.D'HléROC. 4 1 3

dans fon Poème des oeuvres & des jours. Les voici ,

O'f c\t xi f*îi dùics îoty 1 fiir «»o»

ptXCUOff y

E \ Bift* fiuXMiTttt i «A* «cV àxfKtts iix.f •

C « cloignement de Dieu eji déjigné Pagetefc ici par le fort qui aveugle les hommes , & qui leur ôte l'efprit. ] Le manufcrie de Florence a fort bien rétabli ce paf-f a g e , au-lieu de ces mors TOV yàp àvo 5"«eC XwpitrfAof j8«V?e»T« Tœî cppivaç » wp&s y»r vtvrif J'KXÔÎ, on lit tcv yàp àmo ftau

%cùpia-fAov » Rameur» ruç Qçivctç fÀOiga yw «T»*.o7. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, a lu comme le manufcrit de Florence, » fc'ha.-Acwa. T«V qplpaç (AoTfct. Mais au-lieu de ajap/a-ftà', il lie Xapio-plvov, ce qui eft vicieux,' & il reçoit » Ttfcç ym vtv<rn; ce qui eft né manifeftement de la glofe appofée fur le mot /j.o7fu , pour faire entendre que ce fort n'eft autre chofe que le pen­chant qui nous précipite vers la terre. Et cette glofe eft tirée du texte d'Hié* roclès même, comme il s'eftexpliqué dans la fuite, p . 2651 du texte Grec , TffVgcç TO fj.tpiy.et èj Jvwrev £5av rivfii,

S iij

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4.14 REM. SUR LES V E R S D E P Y T .

Car c'eft une nècefjité que le fou fat fans Dieu, €r que celui qui ejl fm Dieu foit fou. ] C'eft ce qui a fait dire à David dans le pfeaume 1 3 . Dixit injtpiens in corde fuo , non ejl Deus. Vinfenfé a dit en fon cœur , il n'y t point de Dieu.

Pouffes d'un malheur dans un autre malheur , comme des cylindres par le poids de leurs aBions impies. ] Voici un paffage où il a fallu corriger le texte & le commentaire ; car il n'eft pas poffible de s'en tirer autrement. Aa-lieu donc de e)<P* «uXmfpe/ç , il iâut lire dans le texte ei /«' itilxnttfti, & dans Hiéroclès ôïcv xvtovffei : car ce font les méchants qu'il compare à des cylindres, & non pas leurs actions. Développons la comparaifon pour rendre cette correction plus fènfible. Les Stoïciens , pour accorder la des­tinée avec la liberté, difoient que la nature , par l'enchaînement des cau-fes, agifloit fur l'homme , & le portoit à telles ou telles inclinations; mais qu'enfuite c'étoit lui-même > qui par fa propre volonté , & par fa détermi­nation , fuivoit ou modéroit ce mou-

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£T SUR LES COMM. D ' H I É R Ô C . 41 f

Vetnent qui lui étoit imprimé, & ils fe fervoient de cette coaiparaifon que Cicéron rapporte dans fon fragment de la deftinee, comme il l'a tirée de9 livres de Chryfippe : Ut igkur, inquit, qui protrudit cylindrum , dédit ei pr'm-cipium moùonis, volubilitatem auttm non dédit ',Jlc vifum objeclum imprimet illud quidem &" quajifignabit in animo fuamfpeciem , fed ajjenfio nofira eritin poteftatu E-aque, quemadmodum in cy-lindro dittum eft , extrinfecus pulfa , quod reiiquum eft, fuapte vi &" nature, movebitwr. On peut voir Aulugeifë, livre vi , chap. 11. Chryfippe avoit tiré fans doute cette comparaifon de ces Vers de Pythagore ; mais il me fem-ble qu'il n'en avoit pas bien pris Fef-prit. Pythagore ne compare pas gé­néralement tous les hommes à des cy­lindres j car le fage qui règle fes in­clinations , & qui les foumet à la Loi , ne peut être comparé à un cylindre, qui dès qu'il a reçu le mouvement, roule fans pouvoir jamais s'arrêter paf lui-même. Mais il leur compare les méchants, qui dès qu'ils font efclaves

S iv

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41 6 REM. SUR LES VERS DE P T T .

du péché , font entraînés par leur, propre poids dans le précipice.

Frs»*o>. Qui ne porte an mal les infenjes. J Au-lieu de ô /u» «gèç tancît, qui ne l i ­gnifie rien, il faut lire comme dans le manufcrit de Florence, ô p» «poç <*<pep-pvV xaxcu. Tout efl occaiîon de mal aux înfenfés.

. - Or le mal attaché à notre nature, & f»ge no. . „ . , 3.

qui ejt en même-temps un mal acquis , c efl l'abus que nous faifins de notre li­berté. ] Cet abus efl un mal naturel, en ce qu'il a fa racine dans ce corps mor­tel j & il efl en même-temps un mal ac­quis , en ce que pouvant l'arracher & l'extirper, nous le nourriflbns & le laif-fons croître. Cela nie paroît fort beau.

Par cette malheureufe opinion , de croire pouvoir rèjîjier à Dieu. ] Il ne dit pas,par rejîfter à Dieu; vmispar cette opinion de croire pouvoir réfljler, SOKUV. Car Dieu efl' toujours le plus fort j & lorfque nous refufons de faire la volonté de Dieu , Dieu accomplit en nous la fienne.

- Et qui efl excitée par ce malheureux germe qui efl en nous. ] Hiéroclès décrit ici admirablement le mal qui réfide en

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ET SUR LES CoMM. D'HlÉKOC.417

nous ; cette Loi de péché dont parle faint Paul, qui eft dans les membres de notre corps, & qui combat contre la Loi de l'efprit.

De fuir cette mauvaife contention, en nom jettant dans la contention toute bon- Vi„ tlli

ne. ] Il femble qu'Hiéroclès faffe allu-fion ici au célèbre paffage d'Héfiode, qui dit au commencement de fon Poè­me des œuvres & des jours, que dans ce monde il y a deux contentions; l'une, que les fages approuvent ; 6* l'autre qui eft très-mauvaife, &• qui n'aime que les guerres &* les combats. L'explication que ce Philofophe donne par-là à ce paffage , en fuivant les vues de Py-thagore, convient parfaitement à ce Poëte, qui donne des préceptes de morale dans fes leçons économiques.

En rond par lui-même, Cr en droite ligne par fa chute.] Comme, le cy lin- Pagen^ dre ne commence pas fon mouvement par lui-même,& qu'il demeure en repos, s'il n'eft pouffé ; de même notre ame ne fe perd, que lorfqu'elle eft excitée par l'objet qui la détermine. Voila en quoi fon mouvement eft involontaire dans fon principe, comme celui du

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4.18 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

cylindre. Mais comme le cylindre, dès qu'il eft une fois pouffé , fe meut en rond par fa propre figure j de même notre ame, dès qu'elle eft mue par l'objet, fe tourne de telle ou telle manière par elle- même, fans que rien de dehors contribue à ce mouve­ment , & voila comment il eÛ volon­taire. C'eft ainfi, je penfe, qu'Hiéro-clès a pris la penfée de Pythagore : mais la comparaifon ne paroît pas en­tièrement jufte ; car dès que le cylin­dre eft pouffé, il ne dépend plus de lui de ne pas rouler; au-lieu que no­tre ame a beau être mue, elle peut être toujours maîtreffe de fes mouve-mens. Cela n'eft vrai que de ceux qui font efclaves du vice.

Car comme le cylindre n'efi plus ca­pable du mouvement circulaire autour de fon axe, dès qu'il eft gauchi. Si j ' en ­tends bien ce texte d'Hiéroclès, il compare l'ame qui demeure attachée à la droite raifon , il la compare à un cylindre qui eft bien droit, & qui par conféquent (è peut toujours mouvoir en rond , & conferver le mouvement circulaire, à caufe de & figure , qui efl

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ET SUR LES COMM. I>'HlÉROC. 4IO

telle qu'elle doit être ; au-lieu que l'ame, qui s'éloigne de la droite rai-fon, eft comme un cylindre tortu qui n'eft plus capable du mouvement cir­culaire, parce qu'il n'eft pas droit, & qu'il n'a pas la figure qu'il doit avoir. Mais je doute qu'Hiéroclès ait bien pris le fens de la comparaifon de Pythagore , qui comme je l'ai déjà dit, n'a pas comparé les hommes en général au cylindre, les bans au cy­lindre droit, & les méchants au cy­lindre tortu, qui n'eft plus même un cylindre ; mais il compare tous les méchants au cylindre, qui étant une fois mu, eft entraîné, & roule par fon propre poids.

Et de l'union avec Dieu. 1 Au-lieu de r*'««ç> je crois qu'il faut lire com­me dans l'exemplaire conféré fur les manuferits, ^uç-aa-wç.

Et eft importé hors du droit jft. ]' Dans l'exemplaire conféré fin: les ma­nuferits , on lit ij tKQfçtrcti lit tu^-tûf avftmiuiït -»p9«-»oetw<n«, &c. mais au-lieu de tV tvjùm , je crois qu'il faut lire «»' tifueu;, ce qui répond à ri *çjw hoytv wirvmtnur»,

S vj

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4io REM. SUK LES VERS DE P V T ;

Page il*. &J^ moyen d'attirer fon ficours. ] J'ai luivi ici le texte imprimé, à, fatr-ft!»i xhiav, & la feule caufe dufecours • ce qui fait un très-beau lens. Je fuis pourtant obligé d'avertir que le ma-nufcrit de Florence lit % j8o» e/«ç aïrit-<nr, pour lui demander fon fecours.

JP*eeii8. ^l 'e nom ^e Dieu qui lui efl véri­tablement propre. ] Tout ce qu'Hiéro-clès dit ici du nom de Jupiter, ou de Çtk en tiré du Cratyle de Platon, où Socrate dit que n'y ayant point d'au­tre Dieu que Jupiter qui foit la caufe de la vie des hommes & de tous les animaux, c'en à bon droit qu'il a été appelle £«î. «ti/*£o»'v« oiïv ègfwç we/Aet-

Tom. i. p. r^Jai eoTfif, r&fth *tf*t <f' if Çw « * jraffi TO/ç Couru v»ctf%u.

Aujourd'hui parmi nous les noms qui nous paroiJJ'ent les plus propres, le ka-

fard & la convention des hommes les produifent bien plutôt, &c. ] C'en une difpute célèbre parmi les Philofophes, fi les noms font impôfés par la nature, <fwu, ou par la (impie convention des hommes, fta-u, & c'en la matière du Cratyle de Platon. Hiéroclès fuit ici l'opinion la plus fage, qui eft, que les

}?&.

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 421

premiers nomenclateurs très-inftruit8 de la nature des êtres, comme éclai­rés de Dieu même, ont donné aux . chofes leur véritable nom ; au-lieu que ceux qui font venus après, déchus de cette connoiflance, n'ont donné que des noms faux, ou impropres que le hafard leur a fait trouver, ou dont ils font convenus entre eux.

Que fi on appelloit un méchant hom­me , homme de bien ; &* un impie,' homme pieux. ] L'exemplaire conféré fur lés manufcrits, a lu hyàjut, au-lieu de tiyajit » & Eôxe'Cioç , au-lieu de Et»-e£»«. Ainfi il faudroit traduire, que fi on appelloit un méchant homme, Aga-thon ; &" un impie , Eufebe. Et cette leçon eft confirmée par le manufcrit de Florence. Il eft certain au'Agathon & Eufebe, font des noms d'hommes : mais ce qui m'empêche de déférer ici à l'autorité de ces manufcrits, c'eft qu'Hiéroclès ne parle pas des noms qu'on donne ordinairement. Au con­traire , il veut faire voir la fauffeté des noms par une comparaifon tirée de ceux qu'on pouroit donner , & qu'on ne donne pourtant pas ; car ni

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Tom. i,.p-

422 REM. SUR LES VERS D E F Y T .

Agathus ni Eufebe , ne font pas d e s noms propres, ce font des adjeéfcifs ; & ce qui me confirme dans cette p e n -fée, c'eft que ce paflage paroît t i r é d'un endroit du Cratyle de P la ton , où il y a Agathus & Eufebes ; & n u l -

w " lement Agathon & Eufebius. Page 11 ?. Car ceux qui les premiers ont impo-

fè les noms, ont fait par la fublimité de leur fagejfe. ] Voici un grand éloge des premiers nomenclateurs. Il faut qu'ils ayent été doués d'une fageffe fublimc, pour avoir exprimé par les noms la nature des chofes qu'ils ont nommées. Mais cet éloge ne convient qu'en partie aux Grecs ; il eft dû tout entier aux Hébreux qui ont fait con-noître mieux que tous les autres peu­ples du monde , la nature des chofes, par rimpofition des noms. Auffi l'E­criture fainte dit d'Adam , que U nom qu'il donna aux animaux étoit leur vé­ritable nom , parce que ce nom mar-quoit leurs propriétés, & leur nature. Et c'eft ce que Socrate avoit bien connu.

Comme les excellents ftatutùres. ] C'eft-à-dire , que comme les excel-

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É R O C 4 2 J

lents ftatuaires ont tâché par la no-bleffe, & par la majefté de leurs figu­res , d'exprimer les vertus & les pro­priétés de leurs originaux, les pre­miers nomenclateurs fe font efforcés de même de rendre les noms, les vé­ritables images des cbofes.

Car ils ont rendu les noms dans leur fon mime, lesfymbolts de leurs penfées ; £r ils ont rendu Uurs penjies, les images très-rejfémblantes &• très-injlru£lives des fuj et s fur UJquels ils ontpénfè. ] Ce partage avoit été jufqu'ici inintelligi­ble; mais il eft rendu intelligible & clair dans l'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits, & dans le manufcrit de Flo­rence , qui ont lu, T« yùf Iv TM 4>«fT cvc/taru, tvfifWK» tm tv Tir 4u/k!* y»wu» cè7r«/f>«'ÇûfTo, ra( <P% ventru^ ait ai, yvo-

iwoKiuvTo. Cela explique admirable­ment ce qu'ont fait ceux qui ont don­né aux choies leur véritable nom. Ils ont tellement embrafle & connu les fujets qui ont fait l'objet de leurs pen-fées, que ces penfées font devenues les images véritables & reffemblantes de ces objets, images mftruclives,

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424 R ê M . SUR LES VERS D E P ï T .

c'eft-à-dire, capables de les faire con-noîtré; & qu'enfuite ils ont e x p l i q u é & rendu ces penfées par des n o m s qui les ont parfaitement repréfentées.

En effet ces grandes âmes par leur ap­plication continuelle, aux chofes intelli­gibles.] Hiéroclès fait voir ici t rès-clairement que l'enthoufïafme , ou l'infpiration néceflaire pour donner

<aux chofes leur véritable nom , ne peut venir que de Dieu, & de la mé­ditation des chofes divines. Ce qui eft très-vrai, & s'accorde parfaitement avec l'Ecriture fainte. Tout ce pafiage eft parfaitement beau.

Qui par lejon mime, & par les let­tres employées pour les former.] Il pré­tend que les noms que ces hommes di­vins , ces premiers nomenclateurs ont donnés, ont été les images parfaites des chofes nommées , non-feulement par leur fignification & leur énergie, mais encore par leur fon & par leur figure. Ce qui s'accorde avec ce que les Hé­breux ont écrit de leur Langue, que les figures de fes lettres n'étoient point par accident, mais qu'elles étoient formées de telle & de telle manière ,

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ET SUR LES COMM. D'HiÉROC. 42$"

par des raifons certaines qui conve-noient à chaque caraétere. Dans le Cratyle de Platon, Socrate tâche de prouver la même chofe des lettres Grecques dans la formation des mots.

Et conduit à la connoijfance de leur *»ge «•» nature, ceux qui les ont bien entendus. ] Voila ce qui fait dire par Philon Juif,

Sue le commun des hommes impofe es noms bien différents des chofes,

de manière qu'autre eft la chofe nom­mée, & autre le nom qu'on lui a don­né ; mais que dans les livres de Moïïè , les noms font les expreflîons très-vives & très-fenfibles des chofes, de manière que la chofe même paife dans le nom, fans qu'il y ait la moindre différence.

De forte que la fin de leur contem­plation a été pour nous le commence­ment de l'intelligence. ] Cela eft par­faitement bien dit, & peut être ap­pliqué généralement à tous ceux qui ont étudié la nature, les moeurs, Sec. & qui nous ont fait part de leurs tra­vaux. La fin de leur contemplation a été le commencement de notre intel­ligence ; mais cela eft encore plus vrai des Ecrivains facrés. La fin de

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426 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

leur contemplation a été le commen­cement de notre inftru<5tion ; car après qu'ils ont été pleinement inftruits, ils ont commencé à nous inftruire.

Oeft ainfi que le Créateur de toute chofe a été appelle par ces grands génies, tantôt du nom de quaternaire, ] Ce qu'Hiéroclès dit ici eft encore plus Vrai, quand ce qu'il appelle ici qua­ternaire, eft connu pour le tetragram-maton ineffable , ou le Jehovah des Hébreux comme je l'ai expliqué.

Qui découlent toujours de l'ejfènce du Créateur. ] Le manufcrit de Florence, au-lieu de clcleu;, de l'ejfence, lit eùriaç, de la caufe qui a tout créé.

page tu. Quel eft le Démon dont ils fe fervent, c,eft-à-dire, quelle eft leur ame. ] Com­me les Pythagoriciens enfeignoient que chaque homme avoit un Démon , un Ange pour gardien, & qu'il l'avoit choifi lui-même, on aurait pu croire qu'ici, quel eft le Démon dont ils fe fervent, fignifîoit quel eft le Démon qu'ils ont choifi pour leur guide & leur conducteur. Mais Hiéroclès s'é­loigne de ce fentiment, & avec rai-fbn. On pouroit connoître ce con-

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 4 2 7

dufteur, fans être pourtant délivré de fes maux, au-lieu qu'on ne peut con-noître fon ame, fans parvenir à cette délivrance; car connoître fon ame, c'eft connoître que Dieu l'a créée libre, qu'il a mis tous les biens devant elle, & qu'il dépend d'elle de les embraffer, en fuivantles infpirations de Dieu.

Dépendent néeejfairement la déli­vrance de nos maux.«J Au-lieu de «7WT«>W , qui eft dans le texte, j'avois corrigé Atia-w. Mais l'exemplaire con­féré fur les manufcrits, & dans le ma-nufcrit de Florence, m'ont fourni la véritable leçon, ùvo^wyw, qui dit la même chofe pour le fens, & qui ap­proche plus du mot du texte.

Mais cela eft impojjible ; car il ne fe peut qu'ils s'appliquent tous à la Philo-fophie. ] Il ne faut donc pas s'étonner que félon la doflrine de ces Philofo-phes , le nombre de ceux qui fe déli­vraient de leurs maux fût fi petit , puifque cette délivrance étoit l'ou­vrage de la Philofophie. Quelle mifè-re ! Si Hiéroclès avoit lui-même ou­vert les yeux, & vu les biens qui étoient près de lui, il auroit connu

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428 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

une voie bien plus facile & plus fure J" il aufoit connu que le falut n'eft n u l ­lement le fruit de l'étude & du f à -voir ; & que le plus ignorant p e u t y parvenir comme le plus favant. I l n'a qu'à croire, & qu'à vivre felort cette foi. Il n'a pas befoin d'autre Philofophie.

Page m. Et dans un état tout divin. ~] Le Grec dit, 6* dans un fort tout divin. Sort , dans les auteurs Grecs, comme chez les Hébreux, fignifie fouventpartage.

Page 1x4. Mais ceft ce qu'on ne peut entendre , même fans impiété. ] Le texte imprimé dit » T«CT« {MV dJ* îeiov imvet7v. Mais c'eft ce qu'on ne peut penfer même fans impiété. Et c'eft ce qui m'avoit paru abfurde, car une impiété pour être impiété n'a pas befoin d'être profé­rée , c'eft aflez qu'on la penfe. Le ma-nufcrit de Florence a bien lu à mon avis, ivetluv, entendre; car cela dit une grande vérité, qu'il y a des cho-fes qui rendent impies ceux qui n'ont fait feulement que les entendre.

Page xi*. Mais ce font ceux qui ne voient ni n'entendent que les biens font près d'eux.] Cela s'accorde avec ce que Jéfus-;

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ET SUR LES ÇoMIVJ. p'HlJÊROC. 4 2 9

Chrift dit à fes difciples. Awre\-vou$ toujours des yeux fans voir , &* des oreilles fans entendrt ? S, Marc v i n , 18. Mais ces yeux & ces oreilles» c'cftà Dieu de nous les ouvrir.

En effet, s'il dépend de Pieu d'atti- Page n-n rer tous les hommes a la vérité même malgré eux. ] Hiéroclès ne nie pas qu'il dépende de Dieu d'attjrer à lui les hommes ; mais il nie qu'il puifle les attirer malgré eux : & en cçla il eft conforme à la faine doctrine, Dieu ne force perfonne, dit faint Jean Chry-foflome, mais il attire ceux qui le veu- nom. 43.-lent. OTI p.» Qcu'hcfJ.ivoH; lu (ïtaÇnai i ^«oç, « M * (ècvto/jLivcit; th.*u. Ceux qui le veu­lent ; c'eft-à-dire , ceux qui fuivent volontairement fes infpjrations, Ainfi quand Jéfus-Chrift, dit dans faint Jean , Nemo potefi venire ad me, nifi pater, qui mifit me, traxerit eum. Per* fonne ne peut venir à moi ,Jî mon père, qui m'a envoyé, ne Vattire. Il ne parle pas d'une violence faite par force , comme l'ont mal cru ceux qui veu­lent détruire notre libre-arbitre ; mais il parle d'un fecours donné à la vo­lonté. \\ eft même impoffible & con-

•«. 44»

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43° REM. SUE LES VERS DE P Y T .

tradictoire, que l'homme foit attiré à la vérité malgré lui , parce qu'il eft impoflîble qu'il y foit attiré fans l'ai­mer ; & l'aimant , il faut qu'il s'y porte néceflTairement, mais d'une né-cefiïté libre & indépendante , qu'Hié-roclès a fort bien connue , & qu'il

Page 88. & appelle nécejjité de l'ejprit, mille fois *'• plus forte que toute la violence qui

vient du dehors, qui n'a nul empire fur la volonté. Il eft fi vrai que notre ame fe porte auffi volontairement , qu'infailliblement, à ce qui la charme, que la plus grande violence n'eft pas capable de l'en empêcher.

Nous ne devons ni pratiquer, ni mé­diter , ni aimer le bien, fi c'eji à Dieu feula nous délivrer du vice. ] Hiéro-clès poufîe trop loin la coopération de l'homme dans l'œuvre de fa régé­nération ; car il eft certain que c'eft Dieu feul qui nous donne la vertu, & qui nous délivre du vice. Il eft vrai que nous y contribuons de notre part; mais ce que nous y contribuons vient de lui : ainfi c'eft Dieu feul qui fait tout en nous ; & lorfque nous y prêtons notre volonté , c'eft Dieu

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ET SUR Lfes COMM. D'HiÉROC. 4 } 1

feul qui l'excite & la détermine , en nous taifant aimer le bien qu'il veut que nous faflîons. Nos actions font nôtres, parce que c'eft notre volonté, notre libre-arbitre , qui les produit ; & elles font aufll à Dieu, à caufe de fa grâce qui fait que notre libre-arbitre les produit.

A7 aimer le bien. ] Il y a dans le texte imprimé une faute que le manuf-crit de Florence a corrigée , *) ïpwT» -rlfiffcu TW KaLKuf. Il faut lire, ^ «J»TI vijee-fai ta. Kctha.. •

L'ejfence raifonnable ayant reçu de Dieu fin créateur, un corps conforme à

'fa nature. ] Voici une autre erreur des Pythagoriciens , qui croyant l'ame fpirituelle, ne laiflbient pas de lui donner une efpece de corps fubtil & lumineux, parce qu'ils ne pou voient concevoir qu'une chofe finie & ter­minée , pût être fans corps. L'avan­tage que nous pouvons tirer aujour­d'hui de cette erreur , car les er­reurs des Païens ne laiffent pas de nous conduire à la vérité, dont elles font les-enfants bâtards ; c'eft que de l'aveu même de-ces Philofophes, l'ame peut être revêtue d'un corps fpirituelj &

Pagcijo.

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432 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

c'eft là l'efpérance des Chrétiens, après la réfurre&ion ; car comme il y a un corps animal, il y a auflî un corps fpirituel. S. Paul, i. Corinth. x v .

De manière qu'elle n'eft ni corps , ni fans corps. ] Elle n'eft pas corps, parce qu'elle eft revêtue d'un corps délié & fubtil, qui la finit & la détermine. Voila le fens de cette rêverie des Py­thagoriciens.

Comme dans les ajlres. ] Car ces Phi-lofopfaes croyaient que les cieux & les aftres étoient animés. On peut voir dans la vie de Platon l'origine de cette erreur.

Et nées enfemble avecfubordination. ] fageiji. Le manufcrit de Florence, au-lieu de

h raf ai trv [A-rrupyXOTU* , a lu n l%u «•o/*-TrtqmoTw. Mais j'aime mieux la leçon du texte imprimé. On lit de même dans la page fuivante, T»V T J | » .

Car le Héros eft. une ame raisonnable, avec un corps lumineux. ] Les Pytha­goriciens croyoient que les Dieux & les Anges avoient auffi un corps.

Avec un corps immortel né avec elle. ] On ne peut pas douter que ce ne fût là l'opinion de Pythagore , que ce

corps

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ET SUR LES COMM. D'HlÉROC. 4 3 3

corps fubtil & délié de l'ame, étoit né avec elle; car cela paraît par quel­ques paflages du Timée : & c'eft pourquoi Platon dit dans le Phèdre, àydvca/Tov TI tpov , foop pif 4"/t'"' j *&* «Te cS/jLct, TOV «111 / e ^péfcc T « U T « a-t//*-7Tt$uKc-ru. Un animal immortel qui a une ame, mais qui a aujjî un corps, & tous deux unis, &" comme fondus enfemble dès le commencement* Il femble pourtanc qu'il y a eu des Pythagoriciens dans la fuite, qui ont tenu que l'ame ayant été créée toute fpirituelle, s'étoit in-finuée dans l'ame corporelle K c'eft- à-dire qu'elle s'étoit revêtue d'un corps délié & fubtil , qu'ils concevoient comme un extrait des globes céleftes. On n'a qu'à voir Jamblique v n r , 6 ; mais c'eft peut-être s'arrêter trop long-, temps fur ces vifions.

En comparant Vame divine & l'ame humaine à un char ailé , qui a deux chevaux & un cocher qui le conduit. ] Voici le partage de Platon con\me il eft dans le Phèdre. Pour donner une idée de l'ame divine & de l'ame humai­ne , il lit ïo«K« /» T» ^vfAifiiru JVtt/Ufi ivra-vlifou Çtvyoïç ri Kj mioX'-v 3"wr /*eV eut

Tome IL T

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434 REM» SUR LES VïRS DE P Y T ,

îltltol è) iitïoXot iravjîç, auroi T« àya.fu ^ ?£ ùyafav. ro JV T«V »X\uv fj.t/uiKTa.1. itj 7rgUTo» fJ.n* îtfjwr o oiçzuv <rovù»çitPc( tinoyti, « T « T»K i w f # o (*tr aura tuxXii rt iç, iyetfci , Kj è* roioûrm ' c <Pt 1% iVxvTHtv ij lvx*rtfi(. £*A*w» / » j£ (Tug-Ko->« t£ «car«i)ç » w«gi »/*«{ HViè%tirtf. Elle rejjemble à un char ailé qui a deux che­vaux (y un cocher nés enfemble. Les chevaux &* les cochers des Dieux font tous bons, comme venant de bons ; & ceux des autres font mêlés. Et premiè­rement celui qui nous gouverne conduit le char. L'un de fes chevaux efl bon &* docile, & vient de tels ; Êr Vautre ve­nant de tout contraires, eji aujjî con­traire ; c'efl-à dire rebelle &• defobéif-

fant. Voda pourquoi notre char eji né" cejfairementjî difficile à conduire. L ' e x ­plication de cette image fe prçfente naturellement. Le cocher, c'eft l'en­tendement , la partie fpirituelle de J'ame ; le char, c'eft le corps fubtil que Pâme régit ; les deux chevaux, c'eft la partie irafcible , & la partie concupifcible. Ces deux chevaux du char des Dieux font tous bons, parce que ni l'excès, ni le vice n'approchent

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ET SUR LES COMM. D'HiÉROC. 43 $•

de la divinité. Mais au char de l'ame humaine, l'un eu bon Se docile , c'eft la partie irafcible, qui fert & obéit à la raifon; Se l'autre eu méchant & rebelle, c'eft la partie concupifcible, qui foule aux pieds la raifon, & ne connoît point de frein.

Ce qu'ils font entendre an peu obscu­rément par ces termes, & dans les puri­

fications , &• dans la délivrance de l'a­me. ] Cela eu un peu obfcur en effet; mais on ne laiiTe pas de le pénétrer. La vérité & la vertu font les purga-tions de l'ame intelligente ; ,1'abfti-nence de certaines viandes nétoie des feuillures dé la matière, & empêche le corps fubtil de l'ame de fe mêler, & de fe confondre avec ce corps terrèftre & mortel ; les purifications achèvent d'emporter & de purger les tâches que ce corps fubtil a contractées ; & la force divinement infpirée, c'eft à-dire, le pouvoir que Dieu nous a donné, & qu'il fortifie par fon fecours, de nous détacher de ces lieux . Se de les fuir, achevé cette délivrance de l'a­me , qui eu le but de la Philofophie»

Que c'eft en pratiquant la vertu, 6* T i j

Pigetj i .

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4? 6 REM. SUR LES VERS DE PYT»'

enembrajfant la vérité & la pureté, qu'il faut avoir foin de notre ame &• de notre corps lumineux. Ç'eft le fens du paffage d'Hiéroclès; car il vient de dire que pour la perfection de l'ame, c'eft-à-dire, de la partie fpirituelle de l'ame, on a befoin de la vérité & de la verr tu ; & pour la purgation de la partie corporelle, c'eft-à-dire du corps lu­mineux , on a befoin de la pureté. . Que les Oracles appellent le char

a8Cl '3 ' fubtil de l'ame. ] Par ces Oracles, il entend quelques vers attribués à Or­phée , ou bien il donne ce nom aux dogmes mêmes de Pythagore. Au-refte l'opinion que ces Philofophes avoient de ces chars eft bien difficile à éclaircir; car ils en parlent fort obfcurément. Ils enfeignoient qu'ils étoient différents félon la dignité des âmes. On peut voir l'irïftruétion Théo­logique de Proclus, art. 204. Jambli-que en parlant des chars des Démons, y , 12, dit qu'ils ne font tirés, ni de la matière, ni des éléments, ni d'au­cun autre corps qui nous foit connu. Et lorfqu'il parle des chars des âmes j il paroît qu'ils concevoient ces chars

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ET SURLEsCoMM. D'HtÉROC. 4 J ?

comme un extrait , & une quintef-fence des globes céleftes. Proclus dit que le char de toute ame particulière eft immatériel, indivifible , & impaf-iible. Dans la vie de Pythagore, je crois avoir découvert l'origine de cette opinion. • Or la pureté dont il parle ici.'] J'ai fuivi le manufcrit de Florence, dans lequel, au-lieu de ?5T» » *a.J*friç, on lit «UT» i kafaçertii.

Car le corps immatériel eft la vie, c,eft lui qui produit la vie du corps ma~ tériel. ~\ Voici le fens de cette rêverie de Pythagore > qui paroît d'abord fort difficile & fort obféure* Nous Venons de voir qu'ils enfeignoient que l'ame, avant que de venir animer ce corps mortel , avoit un corps fpirituel &c lumineux ; & comme ce corps mortel a une forvî de vie, ils concevoient que cette forte de vie étoit l'effet du corps lumineux qui le rempliflbit, & qu'ainfi ce corps mortel compofé de la vie & de la matière, étoit la véritable image de l'eflence humaine, c'eft-à-dire, de l'ame & du corps fpirituel.

Par laquelle notre animal mortel eft T i i j

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43S REM. SUR LES VERS D E P Y T .

complet, étant compofé de la vie imma­térielle , &" du corps matériel. ~J L e ma-nufcrit de Florence nous a r e n d u ce paflage comme Hiéroclès l 'avoit écrit ; car au lieu de TO1 Jturor i^S* o-Sf**., comme il y a dans le texte i m p r i m é , on lit dans ce manufcrit, re' ftn-rcr »/*5r %iïor ; & au-lieu de I* T»{ £*.»yev Ça?(, on lit, m T»ç àuXeo Çm( ; car ils regar-doient la vie du corps animal, comme une vie en quelque façon immatérielle r

puifqu'elle étoit l'effet du corps lumi­neux de l'ame.

Et l'image de l'homme.} Ce corps mortel étant compofé du corps maté­riel, & de la vie immatérielle, c'efi-à-dire, de la vie que lui communiquoit le corps fubtil, étoit regardé par les Pythagoriciens comme l'image de Pe£ fence humaine, c'eft-à-dire, de l'en­tendement & du corps immatériel ; & d'un autre côté ils regardoient auflî ce corps immatériel & fubtil , comme l'image du corps mortel, comme étant moulé fur la figure de ce corps. Image eft un terme réciproque qui peut fer-» vir à l'original, & à la copie.

Et que l'homme ejî tompofè de,ces

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feT SUR 1ES CoMM. D'îîlÉROC. 4.3 0

deux parties."] Au-lieu de «v -pwweç <f«-«Tia TatTT« , il faut lire, ô eTè *v}-p*wc* T«ÙT« , comme dans le manufcrit de Florence. Ces deux parties de l'hom­me , c'eft-à-dire de l'ame , font l'ef-fence raifonnable, l'entendement, & le corps immatériel & lumineux, com­me il vient de l'expliquer.

Et à la pratique de tous nos devoirs. ] Paee t}<g

*w <ft In^ejufrwvMKTMci, il faut lire comme dans le manufcrit de Florence, l£r /« w c f j ^ f w •nommât.

Parce que c'ejipar cette même folie qu'elle a eu du penchant pour les ckofes d'ici bas. ~] Au-lieu de \mi ^ T«UTK« wgfl»x')-E» î» T» ymeii, il faut lire com­me dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits , & dans le manufcrit de Florence, IVH1 £J TOUTI/ nçoo-tàjt ty tîç •yivtTiv vivait- Mot à mot , parce que c'ejl par cette même folie qu'elle s'efi précipitée dans le penchant pour la naif fonce , c'eft-à-dire, parce que cette fo­lie Va portée à venir ici bas pour y naU tre,&y animer un corps mortel&* cor-ruptible.

Il ne refle donc que la purgation du corps fpirituel. ] Hiéroclès emploie ici

T iv

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44° REM. S U E L E S V E E S D E P Y T .

-\VXI*OV râpa, dans un fens oppofé à celui que faint Paul lui donne dans la jere epître aux Corinth. car ce Phi-lofophe le met pour le corçsfpirituel, pour le corps lumineux de l'ame, qu'il oppofé au corps matériel, au corps ter­reftre ; au-lieu que faint Paul le met pour le corps mortel & terreftre, o p ­pofé au corps fpirituel qu'il appelle mw/jutrutt*, & qui n'eft que ce même corps mortel & terreftre glorifié. Au refte Hiéroclès n'a rien dy: de la pur-" gation du corps matériel, parce qu'elle eft comprife dans celle du corps fpiri­tuel j & que d'ailleurs cette purgation ne fe fait point pour le corps matériel, mais pour l'autre qui lui donne la vie..

Page >JJ> Et à lafacrée méthode que l'art en-feigne. ~\ C'eft la leçon du texte impri­mé , x) rmç 'itfaît TîXVCIIç. Dans le ma-nufcrit de Florence, on lit ^ Ta7s tm it'pw "TtXvaif : peut-être faut-il corriger jà T«7{ TW Uftuy rixratiç ,& àla méthode de l'art des facrificateurs.

Mais cette purgation ejl en quelque façon plus corporelle. ] Porphyre avoit parlé de cette matière dans fan traité, i»*p* «vwfew T»î •tyxpt, de regrejjà aniz

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 441

mœ . du retour des âmes au lieu de leur origine. Et faint Auguftin réfute ad­mirablement cette méthode de purger la partie fpirituelle de l'ame par l'art théurgique, comme une méthode très-impie. Je rapporterai le paflage pour l'expliquer.Hancartem, dit-il,dans le chap. 9 , du liv. x de la Cité de Dieu, utilem dicit ejfè mundandœ parti anima, non quidem intelleftuali, qua rerum in~ telligibilium percipitur veritas , nullas habentium Jimilitudines corporum, fid fpiritali, qua corporalium rerum caplun-tur imagines. Hanc enim dicit per quaf-dam confecrationes theurgicas, quas te-letas vocant, idoneam fieriatque aptam fufceptioni fpirituum &• angelorum ad videndum Deos. Ex quibus tamtn theur-gicis teletis fatetur intelleHuali anima nihil purgationis accedere , quod eam faciat idoneam ad videndum Deum fuum & perfpicienda ea quœ verèfunt. Ce paflage ne peut être mieux expli­qué que par tout cet endroit d'Hié-roclès ; car on voit que ce que faint Auguftin , après Porphyre, appelle la partie fpirituelle de l'ame, fpiritalem animai partent > eft ce qu'Hiéroclès

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442 REM. SOR LES VERS D E P Y T .

nomme, après les Platoniciens & les Pythagoriciens, imvf*ciTixcr £ ^rrrlct

4v/t*( vufjut ,.& 4 <"oi> r£/uut. Le char fpirituel (yfubtil de l'ame ; /e cor/?j /«-mineux de l'ame, & /c corps animal* Au refte Porphyre, en ordonnant de purger cette partie fpirituelle , ou ce corps fubtil de l'ame , par ces initia­tions, & par ces expiations, ordon-noit auffi comme Hiéroclès, de pur­ger la partie intellectuelle par la con-noiflTance de la vérité. Pythagore avoir pris des Chaldéens cette double pur-gation, & les Chaldéens l'avoient fans doute mal imaginée fur les facrifices des Juifs, où ils voyoient des céré­monies qui regardoient la purification du corps. Quoi qu'il en foit, il eft cer­tain que cette fuperftition étoit fort en vogue dans toute l'antiquité} car c'é-toit elle qui faifoit aller les Païens dans tous les coins du monde, pour fe faire initier aux myfteres de leurs faux Dieux.

Et tout ce qui fe fait pour la purga-tion de ce corps , fi on le fait d'une ma­nière digne de Dieu, & fans aucunsptef-

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 443

tiges.] Car parmi les Païens, ilyavoit des vagabonds & des charlatans qui contrefaifoient les cérémonies de leur Religion, en employant les fortiléges & les preftiges pour jetter de la pou­dre aux yeux. Voyez Jamblique x, 2 ; où il dit fort bien , que dans tous les arts, on voit pulluler de faux arts qui les contrefont ; mais que ces faux arts font plus oppofés aux vrais, qu'à toute autre chofe j car il n'y a rien de plus oppofé à ce qui eft bon dans un genre, que ce qui eft mauvais. Hiéroclès & Porphyre défendoient de s'adrefler à ces fortes qe gens, & ils vouloient qu'on allât à ceux qui avoient les véritables rites, aux véritables facrincateurs.

Et ilfe réunit à la perfeSlion inteU pag.i}«. ligente de l'ame.'] Cette perfection intel­ligente de l'ame, n'eft autre que l'en-rendement divin, c'eft-à-dire Dieu.

Mais, dira-t-on, en quoi, & comment Vabjlinence de certaines viandes comri-bue-t-elle à défi grandes çhofes ? ] Ce paflage étoit défectueux dans le texte imprimé. Le manufcrit de Florence l'a rétabli, en ajoutant le mot ùwox»* Se en préfentant ainfi le paflage en-

T v j

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444 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

t ier, TI eut h irluf (içufjurrw tnro%n -»ç« rauTx tv/j£ei\eiTo av ; c eft une objec­tion qu'Hiéroclès fe fait faire , & il répond enfuite en montrant que ce précepte a deux fens , le l i t téral, & le figuré , ou le myflique.

Par cette image palpable &ferifîble. ] Ai tro'ç inte aufmS JkPaxfia-ip. Il eft évident qu'il manque un mot à ce tex­te. J'avois fupplée ptfeiK , par cette partie palpable Qrfenfible. Mais l'exem-

f>laire conféré fur les manuferits, & e manuferit de Florence m'ont fourni

la véritable leçon, vetfaJ'tiyfjiarot, par cette image palpable & fenfible.

Nous apprendrons à renoncer à tout ce qui regarde la naijfance &• la géné­ration. ] C'eft-à-dire, à toutes les cho-fes de cette vie ; car c'eft le fens que les Pythagoriciens donnoient au mot ytvtfit, naijfance, génération. L'inter­prète Latin s'y eft fbuvent trompé, en l'expliquant de l'amour. S'il avoit lu feulement quelques chapitres de Jamblique, qui parle fbuvent de >EWI« & de ymo-icvçyct /uo7pa, il n'auroit pas fait cette faute.

Et comme nous nous abjliendroni vé-

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ET SUR LES COMM. D*HlÉROC. 4 4 ^

ritablement. ] Il y avoit une faute grof-fîere dans ce paffage , qui, comme Ca-faubon l'a fort bien vu , doit être ponctué , & lu de cette manière , ij â( h figufjutffi TKTS eu wçtxroitro/xija., cvruç iv roiç rS eaiyoïuïoZi Kcftaçriott, &c. Le fécond terme de la comparai-fon ourut, manquoit, & cela caufoit ici une obfcurité fi grande, qu'il ne feut pas s'étonner fi l'interprète Latin n a fait qu'une traduction aufli défec-tueufe que l'original.

Il eji jujie d'obéir b au fens littéral, Pa8e *»*:

& au fens caché.] C'eft un précepte que Pythagore avoit tiré de la Théo­logie , & de la pratique des Egyptiens & des Hébreux. Dans les préceptes fymboliques , il ne faut ni méprifer la lettre pour s'attacher au fens ni né­gliger le fens caché pour s'attacher à la lettre.

Or l'auil de l'amour ejî ce qui guide le cocker. J C'eft une belle idée. L'en­tendement qui n'eft pas conduit par l'œuil de l'amour r ne peut qu'être rempli de ténèbres ; car ce n'eft que l'amour qui nous conduit à la vérité.. Et comme dit Socrate , l'amour tend

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44<5 REM. SUR LES VERS DE P T T T .

toujours à l'immortalité , & i l eft le plus grand fecours que Dieu aie don­né aux hommes pour les faire par­venir à la vie très-heureufe.

Toutes ceschofes ont été détaillées dans les préceptes facrés qui ont été donnés fius des ombres Gr des voiles. ] I l parle des Symboles de Pythagore, dont j'ai donne un recœueil.

Page 141. Mais dans chaque précepte, il infi­me la purgaàon de toute ajfeStion char-nelle. ] Ainfi chaque Symbole en par­ticulier tend à la même fin, que tous les fymboles en général. Il en étoir de même de toutes les cérémonies \è-gales des Juifs. '

*ageî4i. Que les purgations précédent, &* que la délivrance de l'ame fuit. ] Fui/que l'ame, pour être délivrée, doit être pure, c'eft une néceffité que fa déli­vrance foit précédée par les purga­tions , les purifications. Toute cette idée des Pythagoriciens eft emprun­tée de ce que la véritable Religion a toujours enfeigné & pratiqué ; car comme faint Denis l'a très-bien ex­pliqué dans fon traité de la Hiérar­chie , il y a la purgation, X«T«^KJ

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ET SDR LES COMM. D 'HIÉROC. 447

Villumination, çUTIF/Mç ; & la perfec­tion , rtteiug-iç. La purgation, ce font les premiers éléments de la Religion , & les rites ou cérémonies, par lef-quels elle purge l'ame des fouillures, & de la contagion des chofes terref-tres ; l'illumination, lorfque l'ame eft admife à la connoiflance des vérités les plus importantes & les plus fubli-roes; & la perfection , lorfque l'ame étant purgée & éclairée , eft reçue à l'infpeclion , & à la participation des plus faints myfteres. Voila ce que les Païens ont connu ; mais ils l'ont mal expliqué , en rapportant tout aux fciences, & à la dialectique. Les fcien-ces & la dialectique peuvent bien éclairer l'ame jufqu'à certain point ; mais elles ne peuvent ni la perfection­ner, ni la délivrer.

Et fa délivrance qui la tire en haut ; c'eft la dialectique. ] Car après que l'ame s'eft purgée de toute erreur

Îiar les fciences mathématiques, qui 'ont accoutumée à ne chercher que ce qu'il y a de ptas folide & de plus vrai, la Dialectique, qui eft la partie la plus précieufe de la Philofophie, &

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44 8 REM. SûR LES VERS DE P Y T .

qui feule fait diftinguer la vérité d'a­vec le menfonge, la fixe, & lui fait embrafler fon véritable bien. On peut voir ce qui a été dit de la Dialecti­que dans la vie de Platon.

Qui eft l'infpe&ion intime des êtres ] Hiéroclès fe fert ici d'une expreflîon qui mérite d'être expliquée, car outre qu'elle eft très-belle , elle met fon fentiment dans un très-grand jour. Il appelle la Dialectique, mm'Ulca -rut Htm, l'infpeftion des êtres , en fe fer-vant d'un mot emprunté des myfteres, pour faire entendre que les fciences Mathématiques font auprès de la Dia­lectique , comme les initiations ; & que la Dialectique, eft comme l'inf-peftion intime des objets de ces fcien­ces. Or dans les myfteres, l'infpection des chofes facrées ne s'accordoit aux initiés, qu'un an au moins après leur initiation aux petits myfteres , qui n'étoient qu'une préparation pour les derniers, pour les grands. Cette pën-fée eft très-délicate, & relevé par­faitement le mérite de la Dialectique* Voila pourquoi auffi il l'appelle la dé­livrance de l'aine, dont les fciences

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E T SUR LES CoMM. D ' H I É R O C . 4 4 0

Mathématiques ne font que la purga-tion.

Parée que cette délivrante fe rapporte à une feule fcience. ] Ces paroles man-quoient au texte ; elles donnent la raifon pour laquelle le Poète a dit au fingulier, la délivrance de Vante. Et elles font heureufement fuppféé'es à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & autorifées par le ma-nufcrit de Florence, Sri m ptav \m-çifxi» aùr» -tiXtl, quia ad unam fcien-tiampertinet'i mais cela ne fuffit pas encore, il faut ajouter de plus , & il a dit au pluriel, à, vï.tiJw'tucSs, &c.

Ainfi il faut nécejfairement que les purgations qui fe font par le moyeit des fckncts, Grc. ] Voici l'explication de ce qu'il vient de dire, qu'il faut em­ployer pour le corps fpirituel de l'a me, des moyens qui répondent analogi­quement à ceux qu'on emploie pour l'ame même. Pour purger l'ame or» emploie les fciences, & pour l'élever à fa véritable félicité , on emploie la Bialeélique. Pour purger le corps fpi­rituel , il faut les initiations qui ré­pondent analogiquement aux £cienr

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ces ; & pour l'élever & lui faire pren­dre l'eflfor vers fa véritable patrie , il faut l'introduction à ce qu'il y a de plus facré , l'infpection intime des myfteres, ce qui répond à la Dialec­tique. Voila pourquoi il eu dit dans la fuite, que la Philofophie doit tou­jours être accompagnée de la Reli­gion. C'eft le véritable fens de ce paflage qui étoit fort obfcur.

P»g«M5> £)e mime, il faut rendre pur le corps lumineux, Gr le dégager de la matière. ~] Ils prétendoient que cela fe faifoit par les pùrgations, fous lefcjuelles ils corr.-prenoient les veilles, les jeûnes, les luftrations, & fur-tout les facrifkes par le feu. C'eft pourquoi Jamblique écrit, que notre feu matériel imitant la vertu du feu célefte, emporte tout ce qu'il y a de terrejîre dans les facrifices , purge tout ce qui efi offert, le dégage des liens de la matière , 6* par la pureté de la nature, il Vunit avec les Dieux ; 6* par ce même moyen il nous délie des liens de la naifjance &* de la génération, nous rend Jemblables aux Dieux, & propres à être honorés de leur amitié; & élevé à l'immortalité, notre nature matérielle*

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ET SUR LES COMM.D'HlÉROC.4J-I

Ce paffage fert de commentaire à celui d'Hiéroclès ; & il eft de plus très-re­marquable , en ce qu'il fait entrevoir, de quelle manière ces Philofophes concevoient que le feu purgeoit le char fubtil de l'ame. Ils s'imaginoient que c'étoit par fympatie , & qu'en agiffant fur les choies offertes, il agif-foit fur celle que ces chofes repré-fentoienr.

Mais celui qui a foin dès deux, fe page m. perfectionne tout entier. ] Il manque quelque chofe ici au texte imprimé, j'ai fuivi la leçon que m'a préfentée la

. marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & qui s'eft trouvée confir­mée par le manufcrit de Florence , Ihcç nXwurai.

Et de cette manière, la Plùlofophia fe joint à l'art mjjlique, comme tra­vaillant à purger le corps lumineux. J Hiéroclès infinue ici clairement, que les cérémonies royfiiques de la Reli­gion , ne font introduites que pour le corps. Si l'ame étoit feule, elle n'au-roit befoin que de la Philofophie, c'eft-à-dire, de la connoiffance de la vérité. Mais comme elle a un corps

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qui doit être lumineux & fpirituel, on a befoin auffi des cérémonies qui le purifient, & qui s'accordent avec les purifications de l'ame , dont elles font une" image & une repréfentation. Il n'eft pas néceflaire de réfuter une erreur fi fenfible. Quand l'ame feroit feule, ayant péché , elle auroit befoin d'être purgée & purifiée ; mais par une purgation qu'Hiéroclès a malheu-feufement ignorée*

Vous verreq qu'Un aura plus la mime vertu. ] Car n'étant pas fondé fur la raifon & fur la vérité , ce n'eft qu'un vain phantôme , qui plein des prefli-ges de l'illufion, ne produit que l'er­reur , & que le menfonge.

P*ge i4f ; Les Loix publiques [ont un bon échan* tillon de la Philofophie civile. ] Car les villes, les royaumes, en un mot toutes les fociétés, ont befoin des mêmes re­mèdes que l'ame. Elles ont befoin de pratiquer les vertus, & d'acquérir la pureté. Les Loix facilitent la prati-

?|ue des vertus, en ordonnant ce qu'il aut faire, & ce qu'il faut éviter j &

les facrifices conduifent à la pureté, en purgeant toutes les penfées terreftres,

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É R O C 4j ,jj

& en confumant par un feu divin tou» tes les affedions charnelles, comme la victime eft confumée par le feu.

L'efprit politique tient le milieu; &* le dernier c'eft le myjiique. ] Gaj l'ef-prit politique va à perfectionner l'ame par la pratique des vertus ; & l'efprit myftique né tend, félon Hiéroclès , qu'à purifier le corps lumineux & fpirituel. Le dernier finira, au-lieu que l'autre ne finira point.

Le premier, par rapport aux deux au­tres, tient la place de l'a>uil.~\ Car c'eft l'efprit contemplatif, qui ayant connu la néceffité de la vertu & de la pureté, a ordonné hs moyens qui procurent l'une & l'autre.

Et les deux autres , par rapport au premier, tiennent lieu du pied &" de la main.'] L?efpritpolitique'ou civil tient lieu de main ; 3c le myftique tient lieu de pied.

Que l'un des trois eft toujours imr parfait, &" prefque inutile, fans l'opé­ration des deux autres. Cela eft trèsr beau, & très-vrai. La contemplation eft inutile & infruclueufe fans la pu­reté & fans la pratique des vertus. La

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4 / 4 REM. SUR I,ES V E R S D E P Y T .

pratique des vertus l'eft de même fans la contemplation, & fans la pureté; & enfin la pureté eft vaine, G. la con­templation ne l'anime, & ne la dirige, & fi la pratique des vertus ne l'ac^ compagne, & ne la foutient.

Et que les allions faintes répondent à Vune & à l'autre. ] Ce paflage eft très-obfcur, & très-difficile. L'exem­plaire conféré fur les manufcrits m'a mis feul fur la voie, en lifânt -r» fy» eçyor. En voici le fens , fi je l*ai bien compris. Le Poète vient de d i r e , qu'il faut joindre enfemble la méditation, la pratique des vertus, & les cérémonies de la Religion. Et ici il en donne la raifon, afin, dit-il, que les afHons, qui réfultent de la pratique des ver­tus , répondent à l'intelligence qui les produit ; & que les cérémonies qui nous purifient, répondent à cette même intelligence , & à la pratique des vertus; c'eft-à-dire, afin que la Politique & la Religion conformes à l'intelligence divine, concourent éga­lement à nous rendre agréables à Dieu; Ce qu'aucune des trois ne peut faire feule ; car la méditation ne peut rien

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 4J#5

fans les oeuvres, ni les oeuvres fans la religion, comme Hiéroclès vient de l'expliquer. Ta «ipev ïpycv, eft. aufll dans le manuferit de Florence.

Laijfant dans cette terre ce corps mor- P»6« l*e-

tél. ] Voila une erreur confidérable des Pythagoriciens, fur le corps mortel ; ils ne concevoient point que ce corps terreftre, pût être glorifié, & devenir fpirituel ; & à la place de corps, ils donnoient à l'ame une autre forte de corps, un corps fubtil & lumineux. Mais ce qui n eft qu'une erreur dans le fens des Pythagoriciens, devient une vérité dans le fens des Chrétiens. L'ame après la mort fera reçue dans le ciel avec un corps fpirituel & incor­ruptible. . Voila, comme dit Platon, le grand combat. ] C'eft un paflage du Phédon, tome 2 , p. 114. Mais dans les éditions de Platon, il y a wtXov ?*f ro ufx»r, $) » ixvrk fMyâxn, car voila un grand prix £r une grande efpérance. Hiéro­clès , au-lieu de àf\o*, prix, a lu «>»V, combat.

Après qu'il s'eft recouvré lui-même Page 14*» par jbn union avec la véritable raifon.]

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4 5 ^ R E M . SUR LES V E R S D E P Y T .

J'ai fuivi le manufcrit de Florence ; qui a rétabli ce paflage, & qui au-lieu de ^*à T»ç TSV epfl»c hôyuv ivm-tuç, Sec. a lu <Ti« TH( wpeç rot epBov boyov ivae-tuc à7rsXu.£àv ixuTov. Ce qui eft très-beau : j'ai hafardé cette expreflîon , après qu'il s eft recouvré lui-même , pour ren­dre toute la force du Çrec.

Et qu'il a trouvé l'auteur & le créa­teur de toutes chofes y autant qu'il eft pojfible à l'homme de le trouver. ] Voici le paflage comme il eft dans les édi­tions, li, TCV <P»[/.iovpymov rouJ^i laZftan-roç *%evpàv. Et voici comme il eft dans le manufcrit de Florence que j'ai fuivi dans ma traduction , i, TOV <f»-fjucvpyov •nî'Tra.vïot x«l« TO J'wctlot àf8p»9r(j»

Parvenu donc enfin après la purifica­tion. ] Le manufcrit de Florence refti-tue encore heureufement ce paflage ; car au- lieu de 7fcro cTt ytvifjitvet, ùç oio'r rt fx.{\% T»? KclQafg-w, on y lit rSle JV yvofAtvcç «4e H-*}*- r*v *à6etçrir.

Il s'unit parfes connoijfances à ce tout.] Page 148. il y a <jans le t e x t e i m p r i m é reuç juir

yvûfiTif iv TÇ! TrawTi , ce qui ne fait aucun fens. L'exemplaire conféré fur

les

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 45-7

les manufcrits, m'a voit tiré d'embar­ras, en lifant reui fxif yvolawi Irâhea T«tr«ni. Ce qui fait un fens merveil­leux, J'ai trouvé enfuite la même le-: çon dans le manufcrit de Florence.

Et le lieu le plus convenable à un corps de cette nature, c'eji le lieu qui eft im­médiatement au-dejjous de la Lune. ] Par ce paffage on voit que Pythagore avoit corrigé la vifion des anciens Théologiens d'Egygte , qui, comme je l'ai expliqué dans la vie de Pytha­gore, croyoient qu'après la première mort, c'eft-à-dire , après la répara­tion de l'ame & du corps terreftre Se mortel, l'ame , c'efl-à-aire l'entende- ' ment, & fon char fpirituel, s'envo-loit au-deffous de la lune ; que celle qui avoit mal vécu refloit dans le gouffre appelle Hecaté, ou le champ de Proferpine ; & que celle qui avoit bien vécu, alloit au-deffus : & que là arrivoit enfin la féconde mort, c'eft-à-dire, la féparation de l'entendement, & du char fubtil ; que l'entendement fe réunifient au foleil, & le char fub­til reftoit au-deffus de la lune. Ni Lyfis, ni Hiéroclès ne parlent nulle-.

Tome II. V.

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4f8 R E M . SUR LES VEBS DE P Y T .

ment ici de cette dernière réparation : ils reconnoiffoient que la première ; & ils difent qu'après la mort, les âmes, ijifëparables de leur char fubtil, vont immédiatement au-deflous de la lune, c'eft-à-dire, dans la terre pure, dont Çlaton parle dans le Phédon,& qu'ils plaçaient au-defius de notre terre, dans le ciel, ou l'sether, & juftement au-deûous de la lune.

Comme étant au~dej[us des corps ter-reftres &• corruptibles, &" au-dejfous des corps célefies. ~\ Il prétend que ce lieu au-defîbus de la lune, convenoit à ces âmes, à caufe de leur rang ; car étant inférieures par leur nature aux Dieux, & aux Anges , & fupérieures à tous les autres êtres terreftres, elles doivent habiter un lieu fupérieur à la terre, & inférieur aux aftres. Il n'y a perfonne qui ne voie le peu de folidité de cette raifon. Les bienheureux habitent la même région que les Anges, & que Dieu même.

Un Dieu immortel.~\ C'eft-àdire, un être fur lequel la mort n'aura plus de pouvoir.j & par là femblable à Dieu ; & par conféquent Pythagore

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ST SUR LES COMM. iî'HifRoc^yjjr

ne connoiflbit point la féconde mort ; c'eft-à-dire, la féparation de l'enten­dement , & du char fubtil de l'ame.

Et ceux là Voublient quelquefois. ] P»ge*J<* Ou i , pendant qu'ils font revêtus de cette nature mortelle. Mais après qu'ils Pont dépouillée, & qu'ils font glorh fiés, ils ne l'oublient plus.

Car il nefe peut que le troifieme gen­re, quoique rendu parfait, foit jamais ni au-dejjùs du fécond, ni égal au pre­mier. ] Ce paflage étoit entièrement corrompu & défectueux dans le texte imprimé , w >«p JS} TO1 tflrov yivot T I -Ktmjiv, $ TS /MVCV yireire i» Tflrw, cet

• v,ou, marque vifiblement qu'il man­quent quelque chofe. L'exemplaire con­féré fur les manuferits, l'a heureufement fuppléé & corrigé, comme je l'ai trou­ve dans le manuferit de Florence , ou yotp J1» TO Tflrw ytvcç TtMiujtr n TM jxiaou -yivotro if XçÎÏTÏOV , » T » TTfoirf tTtti, àxXa. iL fxtror TpiToF ôfMitncu rtf 7Tf»Tif ytm. Nunquam enim tertium ge-nus, etiam perfeQum , Jùperius evadtt fecundo, aut tzqua.lt primo, fed tertium manens ajjimilabitur primo, fubordina-tum fecundo. Hiéroclès dit que les êtres

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sjob REM. SUR LES VERS D E P Y T ;

du troifieme rang, c'eft-à-dire , les hommes, après même qu'ils ont re­couvré leur perfection , ne peuvent pourtant pas être élevés au-defTus des êtres du (ècondrang, c'eft-à-dire, des Héros, des Anges, ni devenir égaux aux premiers, c'eft-à-dire, aux Dieux immortels ; mais demeurant toujours ce qu'ils font par la loi de leur créa­tion , c'eft-à-dire, le troifieme genre des fubftancesraifonnables, ils devien­nent femblables au premier à propor­tion du rang qu'ils tiennent, cette reflemblance que tout doit avoir avec Dieu, étant différente félon les dif­férents rapports, & les différentes liai-fons.

p*geiji. Qui font fixes & permanents dans leur état. ] C'eft-à-dire , qui confer-vent toujours leur nature angélique, & ne defcendent point dans cette terre, pour y animer des corps terref-tres & mortels.

Que la plus parfaite rejfèmblance avec Dieu, efl Vexemplaire & l'origi­nal des deux autres ; &* que la féconde Vefl de la troifieme. ] Il ne faut rien changer ici au texte. Hiéroclès ne

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E f SUR 1ES C O M M . D ' K I È R O C . 46*1

pouvoit rendre plus fenfible la diffé­rence qu'il met entre toutes ces ref-femblances, qu'en difant que la fé­conde, c'eft-à-dire, celle des Anges» celle que les Anges ont avec Dieu > & la troifieme, celle des hommes, ne font que les copies de la première, c'eft-à-dire, de celle que les Dieux immortels ont avec le Dieu fuprême; & que la troifieme, n'eft que la copie de la féconde, c'eft-à-dire , la copie de la copie, & par conféquent plus éloignée de la vérité, & des vérita­bles traits de l'original, comme n'é­tant qu'au troifieme rang, & comme dit Platon, rpor» «V à\»ft!*(. Mais cette Théologie d'Hiéroclès n'eft pas entièrement faine, & elle eft mêlée de vérité & d'erreur. L'erreur confifte en ce qu'il conçoit l'homme comme l'i­mage des Anges j car l'homme n'a été fait à l'image d'aucun être créé ; il a été fait à l'image de Dieu : & la vérité fe trouve, en ce qu'il enfeigne que la première & la plus parfaite reffem-blance eft celle des Fils de Dieu j car le Fils de Dieu, le Verbe, eft la plus parfaite reffemblance du Père , &

Yiij

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462 REM. SUR LES V E R S D E P Y T .

l'homme eft l'image du Verbe ; & comme parle feint Athanafe, il eft l'i­mage de l'image, ««w imôtoç, & par là l'image de Dieu> mais l'image de Dieu moins parfaite. Du refle , tout ce qu'Hiéroctès, & les Pythagoriciens penfbient de ces différents degrés de reuemblaace que les Anges & les tiommes ont avec Dieu , n'eft vrai que pendant la vie de ces derniers ; car après leur mort ils deviennent égaux aux Anges , félon la promefle de notre Seigneur, qui dit lui-même,

s.L«Cxx.$8. Nequemim ultra moripoterunt; tequa-les enim Angelis Jknt, cùmfint F'ûxï refurreStionis. Car ils ne pourront plus mourir , parce qu'ils font égaux aux Anges, étant des enfants de réjurreBion,

Que fi ne pouvant parvenir à cette plus parfaite rejfemhlance, nous acqué­rons celle dont nous femmes capables.'] Ce paflage eu parfaitement beau ; mais il étoit défectueux dans le texte , où on lit feulement « «Te1 airoMmiiMiiu rovruv rvyKayoïxtv , ^ ro TIXUCV T»ç àft7»t tv TOUT» , &c. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, l'avoit heureufèment reuitué, en fuppléant ce qui manquait.

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ET SUR LES COMM. D'HlBROC. 4(5 J

E t c'eft ce que j'ai trouvé enfuite con­firmé par le manufcrit de Florence , OÙ on lit , « </V «•nohMtirifMfct redrair Tvyxetvoiftiv oT(, ( l'exemplaire lit oîet() J^vvatfjujet TvX*à > «ÙTO TSVO T* xaeta <fvr0 Xoyitv, ^ TOV TtXtio* T»« «ftr»ç ir rôtirai, &c. Quo^ /î perfeftiores ittas Jimilitudi-nes ajfèqui minime valeamus , eamquè ipfam adipifcamur, cujus capaces fumus, iUud ipfum quodfecundùm naturam nof-tram efi habemui, & eo ipfo perfeblum virtutis fruSum carpimus , quoi &c. Hiéroclès confole ici l'ame qui fou-haiteroit de reflembler à Dieu, & il lui fait voir , que bien qu'elle ne piaffe parvenir à la plus parfaite ref-femblance qu'ont avec lui les êtres fu-périeurs, c'eft-à-dire, les Dieux im­mortels , enfants de cet être fuprême, & les Anges, fi elle a toute celle dont elle eft capable, il ne manque rien à fon bonheur, parce qu'elle a comme les êtres plus parfaits, tout ce qui lui eft propre, & qui convient à fa nature.

Qui ont marché dans la y oie de Dieu.] p»se * s u Le texte imprimé dit, qui ont marché dans la loi de Dieu, ûwarir ftîor ripo*. Mais l'exemplaire conféré fur les ma-

Y iv

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464 REM. SUR LES VERS DE P Y T ;

nufcrits a lu, W TW Jùxt oï/tw, &c. & le manufcrit de Florence, m tut if» T»V Jtiar oifxw , &c. par cei«r ç«i cnr déjà marché dans la voie de Dieu.

Et comme le feul cri de toutes leurs ajfemblées. ] Ou de toutes leurs écoles, ou de tous leurs auditoires ; car l'école de Pythagore étoit appelle ép/*«*«W, & fes difciples hf/xxm.

Une loi qui oràonnoit que chacun tous les matins àfon lever -, Gr tous les foirs à fon coucher. ] Nous voyons dans Cicéron , dans Horace, dansSénéque & ailleurs , que beaucoup de gens obéiflbient à cette loi. Galien dans fon traité de la connoiflance, & de la cure des maladies de l'a me , nous af-fure que tous les jours il lifoit, matin & foir, les Vers de Pythagore f & qu'après les avoir lus, il les récitoit par cœur : & c'eft d'après cette loi que faint Jérôme a dit, Duorum ttm-pcrum maxime habendam curam, mane &" vefperi, id ejl eorum qux aôluriji-mus, &• eorum qux geflérimus.

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T A B L E D E S

PRINCIPALES MATIERES contenues dans ces deux volumes.

. / Y B A R I S , Scythe , DifcipLe de Pythagore , fon javelot, Tom. I. 181.

Abftinencesde Pythagore, T . 1.164.' tirées de la Loi des Juifs , 161. avoient deux fens, le propre & le figuré. 167. Tom. II. 117.

Abftinence de certaines viandes, à . quoi utile , Tom. II. 137. elle ten-

doit à purger l 'ame, £40. faite avec ordre , 1 4 * .

Abus de notre liberté , fes effets fu-neftes , T. II. z 1 o , 115.

Accomplir les loix de la vertu, ce que c'eft, T. II. 4. 308 , 309.

Accufer, nous ne devons accufer de nos malheurs que nous-mêmes, T. II.

80. A&ion : de deux bonnes actions il faut

V v

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466 Table des Matières.

toujours choifir la meilleure, T . II. 40. la raifon, 106 , 107.

Adion doit être animée par la pr ière , & la prière par l'aâaon, T . I I . 187.

Adorer nuds pieds, quel fymbole , T . I. 165. Adorer ajjis, quel fymbole, T . I. i6j. Adultère, fource des plus grands mal­

heurs , T. I. 88. JEter, le lieu convenable au corps lu­

mineux félon les Pythagoriciens, Tom. IL Z49. 460.

Afflictions, ne viennent pas du ha' zard, T . II. 96.

Agamemnon,fon caractere,T. II. 136. Agir fans raifon & fans réflexion, c'eft

d'un miférable & d'un infenfé , T. II. IZ7. 130.

Agir fans prier, vertu impie, TH. 187. 398.

Agriculture, fon éloge, Tom.1.2 64. Ahiiniç fe dit des Martyrs, & non des

Juges qui affilient à leur martyre, T . I. 195.

Aigreur dans les difputes , vient de foiblen'e & de défiance, T . II. 116.

Ailes de l'ame , leur perte & leur re-nauTance, T. II. zo j . 106.

Ailes du corps lumineux , T . IL 119.

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Table des Matières. 46J

Aliments, choix des aliments, T. II.

Ame, conçue par les Pythagoriciens comme un compofé de deux par­ties , Tom. I. 108.

Comment tirée des quatre élémens fé­lon Timée , T. I. 116. de l'JEter chaud & froid, 116. moulée fur le corps, i i 3 .

Partage de l'ame en entendement & ame, d'où pris, T. I. î i j .

Elle ne peut jamais changer de nature, T.1.158.

Ame nombre fe mouvant foi-même , & comment , T. I. 198. Dieu n'a point fur la terre de demeure plus agréable qu'une ame pure, T. II. 18.

Ames des hommes , dès qu'elles font unies à Dieu, doivent être hono­rées, Tom. I. 118.

Ame de l'homme , fes panions & fes altérations , Tom. II. 8.

Ames des hommes peuvent être appel-lées Dieux mortels, & comment, T. II. 9. Mort de l'ame,quelle,?, z<58.

Ame ne doit être foumile qu'à Dieu ; T. II. 41. elle ne peut fournit dé l'in-

Vvj

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4<>8 Table des Matières:

juftice des hommes, T o m . I I . 41I tout ce qui ne touche point l'ame compté pour peu de choie, T . II . 51. ceux qui croyent l'ame mortelle,in-capables de pratiquer la juftice , 72. 314. le feul foupçon que l 'ame eft mortelle , étouffe tout défir de ver­tu , y 6. enferme toutes les injusti­ces , 99.

Tout ce qui ne nuit point à l 'ame, n'eft pas un mal, T. II. 83 .

Ames des hommes tirées du même tonneau que les Dieux du monde, quel fentiment,T.II .104,3 S i-D'où vient la reflemblance de l'ame avec Dieu, n o . née avant le corps fé­lon les Pythagoriciens, 110. 355. éternité de l'ame , comment doit être entendue, 3 5 5. comment l'ame peut être attachée à l'entendement, 173. elle ne peut mourir avec le corps, 199. la.forme eflentielle, 199. fa chute , 103. L'ame compa­rée à un char ailé qui a deux che­vaux & un cocher , 1 3 1 . explica­tion de cette image, 434. purga-tion de l'ame, quelle , 233 , 454. revêtue d'un corps fpirituel feloa

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Table des Matières. 469

les Pythagoriciens, Tom. II. 130. Avantage qu'on peut tirer de cette erreur , 431 , 431. doit être ornée de fcience & de vertu , 2 4 5 .

A m e de l'homme le dernier des ouvra-ges de Dieu, T. II. 175.

A m e , immortelle & libre , confé-quence néceflaire de cette vérité , T . Il»317. Première vie de l'amefé­lon les Pythagoriciens , T. II. 330.

Ame , plante célefte, T. II. 353. Ame des bêtes , Tom. I. 143 Ôrfedy.

nullement diftindle de la matière , 146.

Ami : belle définition de l'ami, T. I* 154.

Préceptes de Pythagore fur le choix des amis, & fur les moyens de les conferver. 154, 156. Amis, l'image des Saints, 154. Tom. II. 44 , 45.

Choix des amis, quel, T. II. 44. Amis compagnons de voyage, 47. Con­duite qu'on doit avoir avec {es amis, 46 & 47. haïr fes amis pour une légère faute, ce que c'eft, 47. la feule chofe où il ne faut pas les fupporter, 48.

Amitié, eflence de l'amitié parfaite­ment connue par Pythagore , T. L

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470 Table des Matières.

154. But de l'amitié, Tom. I. 15 <>. bel exemple d'amitié chez les Py­thagoriciens ,1566» fuiv. Amitié doit s'étendre fur tous les hommes, avec quelle fubordination , 158. doit être recherchée, pour la ver­tu , Tom. 11. 44. c'eft pour le bien commun que l'amitié nous lie, 47. la plus grande des nécefliws, ibid. milieu qu'il faut garder en renon­çant à l'amitié de quelqu'un , 48.

Amitié, la fin des vertus , & leur principe la piété,T. II. 51, 3 14. elle doit s'étendre fur tous les hommes, même fur les méchants, T. II. 5 j . Belle preuve de l'obligation d'aimer tous les hommes, 54, 517.

Amitié, n'eft autre chofe que l'hu­manité, T. II. 53.

Amour des femmes pour leurs maris, & des maris pour leurs femmes, renferme tous les devoirs, T. 1.9 5.

Amour, l'œil de l'amour. V. œil. Amour des hommes, la plus grande

vertu de l'homme , T. I. 160. Amour des véritables biens inné dans

nos cœurs , Tom. II. 177. produit l'efpérance , & l'efpérance la vé-« " > 177 > 385«

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Table des Matières. 471

Sans l'amour tout eft imparfait, T. II. 2 8 0 , 1 8 1 .

Amour tend à l'immortalité, T . H. 445 » 446.

Analogie entre les êtres fupérieurs & les inférieurs, T. II. 311.

Anarchie, le plus grand malheur des Etats, Tom. I. 87.

Anaximene, reproche qu'il faifoit aux Philofophes, T. 1.59.

Ancée, un des aïeux de Pythagore , 7Z > 73-

Ancres , quelles font les bonnes an­cres , T. I. 94.

Anges, leur nature, T. II. 10, 270, ;

&c. pourquoi ainfi appelles , 3 1 . Erreurs des Pythagoriciens , 32 , 299. s'ils font tous de même natu­re , 277. leur dignité un don de Dieu. 279 Ayant été créés libres, s'ils ont pu changer, 271. fi leur connoiflance peut diminuer, ibid. leur miniftere , & le culte qui leur eft dû, 290. comparés aux (impies initiés , 295. corporels , félon Py­thagore , 298 .

Animal raifonnable, le feul qui fente la juftice, T. II. 10$.

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47* Table des Matures.

Anneau, Ne porteras un anneau étroit l quelfymbole, Tom. I. 239.

Antipodes connues par Pythagore , 189.

Aphorifmes de la Philofophie , leur utilité : Tom. II. 2. la Philofophie étoit enfeignée par Aphorifmes, 2J<J, Z57-

Apollon Hyperboréen, Tom. I. 181. Apollonius de Tyane nioit la liberté

de l'homme , T. I. 299. Apothéofe comment obtenue , T . II.

Application aux bonnes œuvres porte a la prière, T. II. 189.

Apprendre ce qui mérite d'être ap­pris , T. II. 140.

Anftote a mis le premier la raifon en règles , Tome L u i .

Ariftote refuté, T. I. 198. cité, T. II.

"Arithmétique, regardée comme mer-veilleufe , T. I. 197.

Arpentage, les premiers éléments de la Géométrie ,201 . fort ancien & connu par Homère, ibid.

Arrangement raifonnable , ce que c'eft, Tom. II. 274.

Art d'expliquer les fonges mis en règle

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Table des Matières. 47 3

par les Egyptiens , Tom. I. 178. Afiemblage qui conftitue la divine

Fortune , Tom. II. 337. Aftres pour les fupérieurs, T. I. 187. Até , DéerTe de l'injure , T. II. 410. Athéniens , pudeur des jeunes Athé­

niens, Tome I. 151. Athlètes des facrés combats de la Phi-

lofophie , Tom. II. 146. Avare ne peut être fidèle au ferment,

T . II. * 4 . S. Auguftin expliqué , T . II. 441.

trouve des myfteres infinis dans les nombres, T. II. 388.

Aumône attirée par la feule compa$-fion , deshonore celui qui la re­çoit , T . I. 107, 354.

Autel d'Apollon à Délos , jamais ar-rofé de fang, Tom. I. t o i .

B

\j Ain , marque les délices, T. I.

Beau, tout ce qui ne peut s'unir avec le beau, eft ou vice ou péché, T. II. 83.

Beau accompagné de peine, préférable

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474 Table des Matière?.

au honteux accompagné de plaifir, Tom. II. 144.

Rien n'eft beau, que ce qui eft fait félon la règle de Dieu, T . II 188.

Belette, fymbole des Rapporteurs, Se pourquoi, Tom. 1. 282.

Bellérophon rongeant fon coeur , T . I. 2JJ.

Bêtes, de pures machines , T .1 .145. Biens de la vie peuvent nous corrom­

pre , & les maux nous fan&ifier, Tom. II. 8$.

Biens politiques , T . II. 93. Biens qui font près de nous, & en

notre pouvoir , T . II. 207. Bœuf, fait de pâte, de myrthe, d'en­

cens & d'autres aromates.T. I. 203. Boire, excès plus aifé à commettre

dans le boire, que dans le manger, Tom. II. 149.

Bois, Ne coupe^pas du bois dans le cke-min, quel fymbole , Tom. I. 255. & 256.

Bonne foi de quelle néceflîté,T. I. 8<T. Bonne vie , en quoi cqnfifte , T . II.

3 ? 2 ,

Bonté acquife , & bonté eflentielle, leur différence, T . II. 14.

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Tablt des Matières. 475

Bonté de Dieu, c'eft fon efïence, T. II* 14.

Bonté de Dieu, la feule caufe de la création des «très. ibid.

Bornes , il riy a plus de bornes , dès. qu'on paûe la rnefure du befoin , T. II. 158.

Brachmanes, leur vie , Tom. I. 191. Brouiller le lit, quel fyrnbole , T . I.

151 , 251. C

C^Ampagnes de l'injure, Tom. I I , 103 , 409.

Caufe , la bonne caufe fait feule le mérite delà bonne mort,T. II. 3^3.

Cautionnement défendu par les Sages, Tom. I. 137 , 138.

Céder doucement, ce que ce mot fi-gnifie , Tom. II. 114, 115.

Cérémonies facrées introduites pour purger de toutes les penfées ter­restres , T. II. 145.

Cérémonies myftiques ne regardent que le corps félon les Païens, T. II. 451.

Cervelle de palmier, Tom. I. 17S. Çhalcodryjlte, nom des nourrices de

Bacchus, T . I. 66.

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47.6 Table des Matières.

Chaldéens, leurs fuperftitions fur les jeurs heureux & malheureux, T . IL 371-

Champs Elyfées, où placés, T . 1.117. Chandelle , N''appliquer-pas la chan­

delle contre le mur, quel fymbole , T . I. 187.

Char fubtil de l'ame , T. 1.108 , V26 fourni par la lune. 116V

Char de l'ame purgé par les initiations & par l'inipection des myfteres , Tom. IL 24 j .

Charlatans dans la religion des Païens,. T . II. 44}..

Charondâs, fes loix les plus remarqua­bles, T. I. 215 , 116.

Chauflure, fymbole de l'action, T . I.

Chemin , il eft dangereux dans la vie de tenir phtfieurs chemins,T. 1.93.

Chemin publie , les opinions du peu­ple, T. I. 234.

Chemin marqué pour arriver à la per­fection, Tom. IL 319.

Cheval, devient vicieux, quand il eft trop nourri & mal dreue par PE-cuyer , T . II. 148.

Chiffres appelles Arabes, ne font que les lettres Grecques> Tom. I. 193.

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Table des Matières. 477

Cliofes , les meilleurs chofes faites mal à propos, deviennent mauvaifes , Tom. II. 143.

Chryfippe, partage de Chryfippe rap­porté parCiceron, T. II. 415.

S. Jean Chryfoftome cité, T.II . 176, 419.

C i e l , féjour de la vie, T . II. zo6. Cœur pour la colère , T . II. 137. Coffre de cyprès, ce qu'il lignifie,

Tom. I. 160 , z6i. Commerce avec les hommes divins jpa-

roît par les bonnes œuvres,T. II. 122. Concurrents dans un état, qui ils doi­

vent imiter , Tom. I. 90. Conditions néeeffaires pour le bon­

heur, Tom. II 371» ConnoifTahce de foi-même, Sç le mé-

Etris de tout ce qui eft indigne, eurs effets, T . II. 78.

ConnoifTance de notre ignorance, fes effets, T. II. 139.

Connoiffances des caufes des êtres mè­ne à la connojfTance de Dieu,T. II, 177 :

Connoiffance de fcience , comment &en qui elle fe forme , T. II. 195.

Connoiflance de la nature, une fuite de la connoiffance de Dieu, T. II,

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47? Table des Matières.

194. Avantage qui revient de la connoiflânce des ouvrages de Dieu, Tom. II. 198.

Connoiflânce de Dieu produit la con­noiflânce de nous-mêmes,T. II. 407.

11 y a deux chofes dans la connoiflân­ce , la connoiflânce & le choix , T. II. 170.

Connoitre, fe connoître foi-même, & fe refpe&er foi-même , produi-fent en nous un mouvement tout divin , T . II. 71. doivent précéder toutes nos actions & toutes nos connoiflances,75.

Connoître félon la juftice, ce que c'eft, T. II. 197.

Confcience, juge très-jufte & très-na­turel, T. II. 170.

C'eft de lui que la raifon reçoit les in­formations, T. II. 171.

Confeil, eft facré, Tom. I. S9. Conftitution des Dieux, & des hom­

mes , Tom. II. 197. Confultation fage, la mère des vertus,

T. II. 117. fes trois effets, 1 zS. &c. la délivrance de tous les maux, 1 19* La perfection des vercus. Ibid.

Confulter avant que d'agir,T. II. 130» fes effets, 134. i}8l,

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Table des Matières. 47 <>

Contemplation doit être toujours ac­compagnée de la vertu & de la pu­reté, Tom. II. 146. 45 3.

Contention funefte née avec nous , notre compagne, & le fruit du corps de péché, T. II. 111. fa fuite, 111, 2.Z4- 2 1 8 .

Contention toute bonne,quelle, T . II.

Contradiction dans les devoirs , ce qu'elle exige, T. II. 41.

Coopération de l'homme dans l'œuvre de fa régénération, T. II. 430.

Coq, le fymbole des gens de bien qui veillent pour nous, T. 1.245. Nour-rijje^ le coq, & ne timmole^ point, ' quel fymbole. 146.

Corps, foin du corps à quoi comparé, T. I .83.

Corps comparé à un inftrument, T . I.

Corps ne doit pas être négligé , T. IL 145. toujours dans la génération & la corruption, 146. 11 doit être rendu un inftrument de fagefïè , 150. fa confervation eft une partie de la vertu ,153 . médiocrité dans tout ce qui le regarde, 155,156. erreur des Pythagoriciens fur cç

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4*o- TabU des Matières.

corps mortel, 14^. 4 5 5 . regarda comme l'image de l ' â m e , & com­ment , Tom. II. 4 j 8.

Corps lumineux des Dieux & des Hé­ros, T. I. 119. des â m e s , 1 27,118. la purgation de ce dernier , T. II. 2 } } , 134. appelle char fubtil de L'ame, 23}. infpire la vie au corps mortel, 23 3 , 438. doi t être rendu pur , 145. comment l'image du corps mortel, 4J7.

Corruption de notre cœur la feule eau-, fe de tous nos maux , T . I I . 107.

Couper du bois , & porter de l'eau, regardés comme la dernière mi-fere , Tom. I. 256.

Couronne des fruits de la joie divine, Tom. II. 1^7.

Coutume remarquable des Egyptiens, T. I. 205. fon origine, ibid. paflee aux Indes, où elle eft encore au­jourd'hui , 104.

Coutumes des mêmes fur les éôcki, T. I.» 221.

Coutume des Hébreux fur les femmes prifes à la guerre, T. I 247 , 148.

Coutume des Hébreux & des Grecs fur les Prifonniers faits à la guette, T. I. i$6.

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TahL des Matières. 4S1

C o u v r i r fes pieds , ce quec'eft, T. !•

Créa t ion , ordre de la création félon les Pythagoriciens, T. I. 116.

C e qui eft créé, ne peut exifter tou­jours par fa nature, Tom. II. $ 5 £.

C r é e r , pour Dieu, c'eft penfer Se vou­l o i r , Tom. I. i i $ .

Créophyle , hôte d'Homère, T.1.7^. Cr ime capital fous Tibère & fous Ca-

racal la ,T. I. i$6. • Crotoniates, leur ancienne vertu, T.I .

8z . Vi&oite fignalée qu'ils rem­portent fur les Sybarites, 173.

Cul te doit être proportionné à la di­gnité des êtres qu'on honore, T. L 117. doit toujours fe rapporter à D i e u , ibid. ne doit ètte rendu à aucune nature inférieure à l'hom­m e , 118.

Cure des vices ne fe doit faire qu'eri particulier , T. I. 175.

Cylindre , fon double mouvement, Tom. II. 214, 115.

Cylon , Auteut des perfécutions con­tre Pythagore , T. I. 114, 225.

Tome II.

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«f.8z Table des Matures.

D

J jAmafius , Ecrivain du 6e. fiecle j T. I. z o i , zoz. T. II. z<îj.

Damo, fille de Pythagore , fes Com­mentaires fur Homère , T . I . zi8. fon refpeâ pour les derniers ordres de fon père , 2 1 9 .

Damon de Cyrene , T. 1.5 9. David, les Pfeaumes de David , T. II.

414. Dédale, fa ftatue de Vénus, Tom. I.

130, 144. fes différentes ftatues, Tom. II. 3(37.

Déification qui fe fait peu à peu, & par degrés, T. II. 149 ,150 .

Délivrance de nos maux, quelle, T. II. z io . dépend de la connoiffance de nous-mêmes , z z 1.

Démêlés fur les biens & fur la gloire , défendus aux amis , T. II. 47.

Démons terreftres, les Saints, T . II. 33. &c.

Démon pris toujours en mauvaife parc dans la Religion Chrétienne, T . II. z97.

Démon pour l'ame , T. II. zzi . 4Z<f. Denis , S. Denis dans fon Traité, de

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Table des Matières. 48$

la Hiérarchie, T. II. 446. Dépenfe hors de faifon, blâmée com­

me orgueil, T. IL 160. Dépôt de la vertu doit être conferve,

Tom. II. 167. Deftinée , fa propre lignification, T. II. 68. Deftinée , n'envoie pas la plus grande

portion des maux aux gens de bien , & comment, T. II. 96 , 97.

Devins, par la fumée de l'encens , Tom. 1. 177.

Devoirs, nos devoirsfe mefurentpar notre dignité , Tom. I. 173 , 174. T. II. 72,315.

Devoirs incompatibles , comment il faut s'y conduire , T. II. 41 , 41.

Devoirs de la vie civile , fuites & dépendances des devoirs de la Re­ligion, T . II. 3 11.

Deux, employé pour fignifier le mon­de vifible , Tom. I. 107 , 110.

Dialectique, la délivrance de l'ame , F. II. 141 , 447. la partie la plus

{>récieufe de la Philofophie, 447. 'infpeéfcion des êtres, & comment,

448. Dicéarchus , Tom. I. 59.

Xi j

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484 Table des Matières.

Dieu, fource de tout bien , T. I. 90; fa fagefTe incompréhenfible, 105. appelle quaternaire & unité , 1 0 7 , & 112. unique , 116. crée des images de lui-même , 116. fa bonté feule caufe de la création, 1 i l , fa toute-puiffance, 149. lien commun qui lie tous les hommes , 15 9. il ne hait perfonne ,158 ,159 . appelle le même , 189. la caufe des Dieux, Tom. H. 7. il a dû produire des images de lui-même t % > 166.

Dieu tout bon par fa nature, T . II. 14. . appelle du nom de ferment, &c pourr quoi, IO. z83.

Ceux qui aiment Dieu, doivent aimer tout ce qui reflemble à Dieu , T. " - Î 3 -

Dieu étend fon amour fur rout le genre humain , T. II. 54.

Comment il aime les méchants. Ibid. 11 eft bien loin de la penfée dzs mé­

chants, T. II. 6t. Dieu prévient les hommes par fes

grâces, T. II. 88 , 537. Dieu renié quand on fait le mal, &

confeffé quand on le fouffre, T. II. 9 i , ?J9v

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Table des Matières. 48 j

Dieu & l'entendement, la feule règle de ce qui eft beau, T. II. 138.

Dieu le nombre des nombres , T. II. 180, 389. 11 préfente les biens à tous les hommes , mais il ne les montre pas à tous, 226. il n'attire pas les hommes à la vérité malgré eux, 227, 419. Il n'eft pas l'auteur des maux, 226. fa lumière & notre

: vue doivent concourir enfemble, 229.

Dieu appelle la perfection intelli­gente de l'ame, T. II. 236. Il s'eft repréfenté tout entier dans la créa­tion des fubftances raifonnables „ 1 7 4 . 175-

Dieu Père & Fils un feul Dieu , T . II. 293.

Le nom de Dieu fe trouve de quatre lettres dans la plupart des Langues,

Dieu étant connu, nos devoirs envers les hommes ne peuvent être igno­rés, T. II. 315.

Dieux immortels , les fils de Dieu , fubftances immuables & inaltéra­bles , T . II. 7. 166. ne perdent ja­mais ayec Dieu, 29. &c.

Xi i j

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4&6 Table des Matières.

Doivent être honorés félon leur ordre & leur rang, T . IL 7.

Dieu, pour homme femblableà Dieu, T. II. 4.

Dieu célefte & fenfible-, ee que c'eâ , T. II. 18}.

Difficile, les chofes difficiles contri­buent plus à la vertu, que les agréa­bles , Tbm. I. 94.

Dignité, notre dignité la règle de no» devoirs, T. 1.17 j , 174. T . II. 7 1 , j z j . Celui qui connoît bien fa di­gnité , eft incapable de fe laiflèr fé-duire , T. II. 118.

Difcernement qu'il faut faire des tii-fonnements , T. II. n i , 114.

Difciple de Dieu, quel peuple a mé­rite ce titre , Tom. I. 58.

Les premiers Difciples de Pythagor© attribuoient leurs ouvrages à leur maître , T. I. n i .

Difcours eft inutile , dès qu'on en ôte la liberté, T. I. 174.

Difpofitions à la vertu & au vice , & d'où elles viennent, T. I. 195.

Difputes, la douceur & la modération qu'il faut y garder, Tom; II. 114, H J . & 3 3 0 .

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Table des Matières. 487

Diflemblance défunit & fépare tout, Tom. II. 244.

Divination, partie de la morale, T. I. 175. Les deux fortes de divination reçues par Pythagore , 176. leur ancienneté. Ibid. Ce que c'eft que la divination ,178 . divination par les fonges, ibid.

Divine fortune, ce que c'eft, Tom. II. $6, 87. & i$6.

Divifer dans le chemin, quel fymbole > Tom. I. 257.

Dix, intervalle fini du nombre, T. IL 180. La puiflance du dix c'eft le quatre, & comment, ibid.

Dominer , il faut dominer nos paf-fions, Se nos affe&ions terreftres, Tom. IL 166.

Dons, & victimes des foux, T. IL 17. La magnificence des dons n'honore

pas Dieu, ibid. Douleurs,l'étendue de ce mot,T.II.8 2. Douleur raifonnable que nous doi­

vent caufer les affligions, T. II. 94. Doures malheureux, doutes des hom­

mes , T . II. 326. Droits communs entre les hommes Se

les bêtes, Tom. I. 159. Xiv

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488 Table des Matières.

E

J l C h o j le fymbole des lieux déferts , T. I. 175. Quand Us vents foufflent, adore l'écho, quel fymbole, 274,

Eccléfiaftique expliqué , T. I. 185. cité , Tom. IL 189. 375.

Education , mauvaife éducation des enfants, fource de tous les défor-dres, T. I. 91.

Egalité n'engendre point de guerre , . T. I. 86. Egypte, inftruit la Grèce , T . I. 5 8.

quand ouverte aux Grecs , 68. Egyptiens , d'où avoient tiré leur fa-

geiïe , T. I. 5 9. exceptés de l'abo­mination que les Juifs avoient pour les Etrangers , 67. Jaloux de leurs fciences, 78. les auftérités qu'ils en-joignoient avant que d'initier dans leurs myfteres , 78 , 97. pourquoi metroient des fphynx à la porte de leurs Templps ,105. leurs trois for­tes de ftyle , ibid. leur dogme fur la nature de l'ame, 125,116. premiers auteurs de l'opinion de la Métem-pficofe ,132. abhorroient les fèves 3

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Table des Matières. 489

& pourquoi, 166. très-foigneux de leur fanté, ibid. fe purgeoient deux fois le mois , 167. attachés à la devination , 1 j6. ne parloient ja­mais du premier principe, & pour­quoi , T. II. 161 , 263. leur an­cienne Théologie fur la mort, T . IL 459.

Elément, un élément feul ne peut rien produire, T. I. 193.

Empédocle, Vers d'Empédocle, T. II. 2 0 1 , 2 0 3 .

Enfance, lage le plus agréable à Dieu, T. I. 91.

Enfants, devoirs des enfants envers leurs pères, T. I. 306.

Employés aux prières publiques, T. I.

Entendement, partie intelligente de l'ame, fourni par le Soleil félon les Pythagoriciens , T. I. 116.

Entendement, appelle le cocher, T. IÏ.

* " • . . Entreprifes, ce qui en afïùre le fuccès,

T. II. 139. Envie prife pour blâme , T. II. 159,

377-Epargne hors de faifon, blâmée com-

X v

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jrfço Table des Matières,

me baflefle , Tom. I I . 160'. Epicure , le dernier des Philofbpheî

qui ont fait fecte, T . I. 6 %. le tempj qui s'écoula depuis Tha ïe s Jufqu a lui , ibid.

Epreuves des Religieux d 'où tirées, T. I. 97.

Efclavage qui vient de l'ignorance, T. II. 9.

Efclavage du péché , eft volontaire, . T. II. 214.

Ecrivains facrés , la fin de leur con­templation, a été le commencement de notre inftrucHon y T . I I . $18.

Efpéranee en Dieu toujours accom­pagnée de lumière, T . II. $85.

Efprit eft le feul qui voit, qui entend, &c.T. I. 108.

Efprit politique tient le miliea entre le contemplatif & le myftique , T. IL. Z 4 *'

Efprit touché & affermi dans l'amour, unit à Dieu, T. II. 17. le faint tem­ple de la lumière de Dieu , 1 8 .

Efprits, appelles, vapeur chaude , T. I.

Efl*éens,Philofophes des Juifs,T. 1.97. Euence moyenne entre Dieu , &

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Table des Matières. 49 î

l'homme, fa néceffité, T. II. 9. fort état & fes qualités, 10.

Eflences raifonnables , leur ordre Se leur rang, T. IL 11, 11. &c.

Eflence , l'attention à notre eflence produit l'accompliflement de tous nos devoirs, T. II. 78.

Eflence de l'homme, ce que c'eft, T. II. 120 , 1 21 .

Etres, qui étant nos égaux , fe font élevés par l'éminence de leur vertu , T. IL 29.

Etres céleftes , éthériens, & terref-tres, T. IL 34, &c.

Etres fupérieurs ne fe nourriflent point, de chair humaine, T . IL 103.. 350. n'ont que le pouvoir de nous faire du bien , 103, 350.

Etres moyens partagés en trois clafles, T . IL 31.

Etres différens , jufqu'où s'étendent, & ce qui les renferme , & qui les lie , T. IL 190. premiers comment liés aux derniers , 191.

Eufebe combat la faufle doctrine de la deftinée, T. 1.199.

Examen de fa confeience , comment doit être~"fait, T. IL 164. doit fe

Xvj

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jjfCft Table des Matières.

faire tous les foirs , 165. il eft com­me un Cantique chanté à Dieu à notre coucher , 166. doit être fait de fuite & par ordre , 169. il réveil­le en nous le fouvenir de l'immor­talité, 170.

Excellence confifte dans la bonté & dans la lumière , T. II. 30.

Excès plus aifc à commettre dans le boire que dans le mangée , T . II. 149. tout excès doit être banni com­me le défaut, 151 , 153.

Exercices , emportent l'excès de la nourriture , T. II. 14.6. la mefure en doit être réglée. 147. leur choix,

• 147 , &c. Exemption de faute ne fait pas la

bonne vie, T. II. 143.

F

J r A b l e , l'appanage de la Poèïie, T. I. 137.

Fables d'Homère & d'Héfiode con­damnées par Pythagore, T . I. 147. facultés de l'ame , T. II. 176 , 177.

?pâtre facultés poiar juger des cho-es, 183., 390.

Faire, il ne faut jamais faire ce qu'on

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Table des Matières. 4^3

ne fçait point, T. II. 139. 143. Farine , ne point facrifier fans farine ,

quel fymbole , T. I 164. Favoris des Rois comparés aux doigts

de la main, & pourquoi, T. I. 199, - 2 0 0 .

Faufletés , écouter avec compaflîon & indulgence ceux qui en avancent, T. II. 115.

Fautes, ce qui empêche de faire des fautes , T. II. 139.

Faute légère d'un ami, jufqu'ou elle peut s'étendre, T. II. 311 , 312.

Femmes leurs véritables ornements, "T. I. 84. difficiles à ramener à la modeftie quand elles font accou­tumées au luxe, ibid. Refufe^ les armes que vous prête une femme, quel fymbole, 282.

Fer, N'ôte^pas lafueur avec ikfer , quel fymbole, T. 1.285. -AP'appliqueras le fer fur les traces de l'homme, quel fymbole , 285, 286.

Feu des facrifices , comment purgeoit l'ame félon les Païens, T. II. 450, 451.

Fèves, abftinence des fèves, ce qu'elle /ignifioit, T. I. 165. pourquoi ab­horrées des Egyptiens , 166.

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494 Tablt des Matières.

Fidélité des Pythagoriciens dans leurs promefTes , T . 1. 161.

Figure , la première figure folide fe • trouve dans le quatre , T . II . 181 . Fils de Dieu, la véritable image du

Père, T. II. 292. Flambeau , n'efface^ point la trace du

flambeau, quel fymbole, T . I. 2 } 8. Flûtes condamnées par Pythagore , &

pourquoi, T. I. 208. pourquoi re-jettées par Minerve, ibid.

Fontaines tjetter des pierres aux fon­taines , quel fymbole , T . I. 2 8 5 , 284.

Force doit être cherchée dans le voi-fînage de la néceûlté , T . II. 313.

Fortune n'efl: qu'une fuite & une dé­pendance de la nature mortelle, T. II. 67. }2 2. V. Divine fortune.

Fou, le fou eft fans Dieu, T . IL 209. le fou fe perd dans tous les états de la vie , ibid. '

Fous comparés au Cylindre , T . II. 2 0 9 , 2 1 4 , 4 1 4 , &c.

Fréquentation des vicieux défendue, T, I. 215.

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Table des Matures. 49}

CjAbaonites , comment traités par Jofué , T. I. 256.

Galien lifoit tous les matins & tous les foirs les Vers de Pythagore, & les récitoit par cœur , T. II. 466.

Gens de bien , comment foutenus dans les maux de cette vie, T. II. 97. il faut recherchée & aimer les gens de bien , 166.

Gentils ont imité les règles des Na*-zaréens, T. I. 98.

Géométrie née en Egypte , & ce qui la fit inventer , T. I. 101. per­fectionnée par Pythagore, ibid.

Germe malheureux qui eft en nous , T. II. 211 , 416.

Glaive aigu pour les tangues médi-fantes , T. I. 259. Détourne^ de vous le glaive affilé, quel fymbole , ibid. •

Gloire véritable, gloire quelle, T. I. 89.

Gourmandife , fes fuites funeftes , T. II. 5<ï.

Grecs , quand commencèrent à phi-lofopher, T. 1.5 8. pourquoi Us al-

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49<? Table des Matières.

loient chercher la fagefle en Egyp­te , 60. ils n'ont eu aucun com­merce avec les Juifs, 62. , 65.

Saint Grégoire de Nazianze , T . II. 273 , 298.

Gryphons, qui gardent les mines d'or, T. I. 291.

H

Hi l Aine accompagne la cra inte , T. I.

Harmonie, l'étendue de ce mot félon Pythagore, T. I. 170. mélange des qualités, 194.

Hazard, ce que c'eft , T. II. 86. do­mine fur les animaux, 101 , 344.

Hébreux , donnent aux vicieux les noms des bêres , T. I. 135. feuls bons nomenclateurs, T. II. 4 2 1 , 4*4;

Hécate, gouffre où reftoient les âmes qui avoient mal vécu, T . I. 116.

Heraclite, T. I. 106. beau mot de lui, T. II. 202.

Bermionée , le fimple orge d'Her-mionée, T. II. 19.

Hermodamas , premier Précepteur de Pythagore, T. I. 76.

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Tahlt des Matières. 497

Héros , nom donné aux Anges, T. I. ii(5. tiennent la féconde place, & comment ils doivent être nonorés, T . II. 27. tout éclatans delà lumiè­re qui rejaillit de Dieu fur eux, 3 o. pourquoi appelles Héros & ce qu'ils font pour nous, }o , 31. pourquoi appelles bons Démons & Anges, ? 1. ame raifonnable avec un corps lu­mineux , 2 3 1 . l'origine de ce mot, 297.

Héfiode expliqué , T. I. 249 , 268 & 284. cite , T. II. 412 , 417.

Hiéroclès , il y a eu plufieurs Auteurs de ce nom , T. I. 289.

Hiéroclès, Stoïcien, beau mot de lui , T. I. 292.

Hiéroclès de Bkhinie, le perfécuteur des Chrétiens , fes ouvrages, T. I. 293 ,294.

Hiéroclès d'Hillarime , Athlète, & enfuite Philofophe, véritable Au­teur de ces commentaires, & très-différent du perfécuteur, T. I. 294. preuves de cette différence, 296, 297 & 302 .

Hiftoire du Philofophe , T. I. 302 , 303. fes ouvrages, 304, bon mot

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49 8 Table des Matières.

de lui fur Socrate , 307 ,308. paf-fage remarquable de fon Traité dé la Providence, T. II. 344, 345.

HieroclèsAuteur des Contes plaifants, différent du Philofophe, T. I. 308.

Hiéroglyphes des Egyptiens, T. I. 105. Hippafus ne peut être le bifaïeul de

Pythagore, T. I. 73. Hipocrate a fuivi les Principes de

Pythagore, T. I. 196. Hiftoire d'un Pythagoricien , T. I.

156. de Mulias & de fa femme Tymicha, 168. des Sybarites & des Crotoniates, 171.

Hiftoriens , les premiers Hiftoriens auflî amoureux de la fable que les Poètes , T. I. 137.

Homère a connu la grandeur du nom de père , T . I. 8 5. il fuit la Théolo­gie des Egyptiens fur la nature , 113. fes idoles, ce que c'étoit , 1 1 7 , 118. les divinations qu'il a con­nues, 176.

Homère cité , T. II. 377 , 410. Homme créé pour contempler , T . I.

8 i . partage de l'homme en trois parties , d'où tiré, 119 , 130. ex­pliqué par une comparaison, 130 , »5».

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Table des Matières. 459

Homme malheureux par fa faute , T . I . 16p.

Hommes vicieux défignes par des vaif-feaux à déshonneur , T. I..Ï45.

Homme, pour homme de bien, T. II. 4,161.

Hommes en quoi inférieurs aux Anges, T. II. 31. honorés de la grâ­ce divine , méritent notre cuire , 3 3 , 300. leur ornement la vérité ÔC la vertu , 33 , 34.

Homme devenu Démon , & com­ment, T. II. 34. 304.

L'homme n'eft rappelle à la fcience divine qu'après fa mort, T . II. jz , 33. 300.

Hommes qui ont trouvé place dans les chœurs divins , T. II. 3 5, 304. l'honneur qu'on leur doit, Se en quoi il connue , 36.

L'homme de bien fouvent plus mal­heureux en cette vie , que le mé­chant , T. II. 75.

L'homme eft méchant volontaire­ment , T. II. 95. fécond en opi­nions étranges & erronées quand

• il s'abandonne à lui-même , 115. Homme intérieur comment bleue >

T. II. \6y

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5 oô Table des Matières.

L'homme, animal amphibie, & com­ment , T. II. 195 , 106. le dernier des êtres fupérieurs, & le premier des inférieurs , 195. au-deiTus de

. toute la nature terreftre & mortel­le , 197. malheureux volontaire­ment , 20(J.

Hommes qui fuient la corruption du iiecle, font en petit nombre, T . II. 208. ils embraflent le vice par leur propre choix , 2 1 3 . comment peu­vent devenir Dieux , 247 , 248. après leur mort demeurant toujours inférieurs aux Anges félon les Py­thagoriciens , 250.

Un homme ne peut être étranger à un autre homme, T. II. 315.

L'homme ne peut être attiré à la vé­rité malgré lui, T. II. 223 , 429. il n'eftpas l'image des Anges, 463.

Honneur qu'on rend aux êtres fupé-rieurs, en quoi confifte , T . II. \6.

Honorer Dieu, ce que c'eft , T . II. Ibid. le feul qui le fait honorer, 17.

Honteux ne peut changer par les cir­constances, T. II. 61.

Huile pour les louanges, les flatte­ries , T. I. 244.

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Table des Matures. 501

Humanité, il faut conferver l'huma­nité pour tous les hommes, T . II.

Hirondelles, fymbole des grands par­leurs , T. I. 1 3 5. Ne nourrijfe^ pas les hyrondelles, quel fymbole, ïbid*

I

J Amblique , cité, T. II. 176, 389, 395 » 433 , 43<> > 44î >45°-

Javelot de Pythagore, fur quoi ima­giné, T. I. 181.

Idole , ce que c'étoit dans le langage d'Homère & de Pythagore , T. I. 1 1 7 , 118.'

Saint Jean, paflage de l'Evangile fé­lon S. Jean, expliqué, T. II. 419.

Ignorance de la caufe de nos maux jette dans l'impiété , T. II. 81.

Ignorance de ce qui eft féant & hon­nête , les maux qu'elle produit, T. II. 160.

Ignorance, fonds inépuifable d'opi­nions vaines, & d'efpérances , & de. craintes frivoles , T. II. zoo.

Images de Dieu défendues par Pytha­gore , T. I. 119 , 110. pourquoi défendues fur les anneaux , 2.3 j .

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501 Table des Maliens.

Image , lignification de ce mot dans le langage de Pythagore, T . 1.117, î I 8 .

Comment nous devenons l'Image de Dieu, T. II. 171. cette image de Dieu s'efface bientôt, fi fon original ne l'entretient, & ne la conferve, T . II. 400.

Immortalité de l'ame crue par les Egyptiens, T. I. 114. immortalité adhérente à notre ame , T . II . 199.

Impiété mère de tous les vices , T . IL <)<). il y a de l'impiété à entendre même ce qui eft impie , 4 1 8 .

Impur, ne peut toucher à ce qui eft pur , T. II. 14j.

Indépendance, la perte des hommes t

T. I. 88. Inégalité de conditions , d'où procè­

dent , félon les Pythagoriciens , T . II. 79 , 330. elle eft un bien , 5 3 1 .

Inégalité qui règne dans les animaux, & les plantes même , fa caufe , 'T. II. 101 , 143.

Initiés, étoient de deux fortes ,T. I I . 294.

Jnjuftice embrafle tous les vices , 8c s'étend fur toutes les facultés d e l'ame, T. II. 6 4 , 6y.

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Table des Matures. j o J

Innocence perdue par le péché fe re­couvre par le repentir, T. II. 134. & par la pratique des vertus, 260.

Infenfé , fon caractère , X. II. 135, 136 , vuide de Dieu , 208. tout tourne en mal aux infenfés, T. II. 209.

Intelligence a fon fiege dans le cer­veau, T. I. 195.

Jours heureux & malheureux, fuperf-tition très-ancienne, T. I. 149.

Irradiation de l'entendement divin dans nos âmes, T. II. 172.

Ifaïe expliqué, T. I. 251. Ifles des bienheureux, T. II. 247. Ifocrate cité, T. I. 228. Jugement de Dieu contre les pécheurs,

compofe la divine fortune, & com­ment , T. II. 87 , 336.

Jugement féduit par une tranfpofition dans l'examen de fes péchés, T. II. 169.

Juifs. Ils n'avoient aucun commerce avec les étrangers , & leur rigueur pour eux, T. I. 62 ,63 . imbus de la iuperftition de la métempfycafe , T. I. 142.

Julius Firmicus, cité, T. II. 293.

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504 T-abk des Matières.

Juftice, rien ne peut fubfîfter fans elle, T. I. 86 , 87. la plus parfaite des vertus, & elle les embrafïè toutes, T . IL 65. leur fin, ibid. elle renfer­me tous les devoirs, 71. elle doit être obfervée dans les actions & dans les paroles, ibid. ne peut fub­fîfter fans la prudence, 7 3. la juftice de Dieu nous rafraîchit la mémoi­re , & conferve en nous le fenti-ment de la vertu, 91. Ce que pro­duit l'exalte juftice ,119 .

Juftice comparée à l'octave de la Mu-fique , T. IL 310.

Juftice n'eft que proportion , T. IL 321.

Juftifier les accidents de cette vie ,' comment, T. IL 79. 329.

K

J\ .AT«^OV«» eP*JfteWî,.T. IL j o i . klt-fxcç , nom donné à l'Univers par

Pythagore, & pourquoi, T. I. 189, 190,

L

JLActance , fentiment de Ladance réfuté, T. I. 61.

Langue

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Table des Matières. 50 j

Langue eft tenue en bride par l'abfti-nence du ferment T. Il 16. elle ne doit pas devancer la réflexion, 15 , 16.

Léon, Roi de Phlius, T. I. 80 Liaifons , d'où procèdent tous nos

devoirs , T. 1. 1 $ 3 , 158. Liaifons différentes qui le trouvent

dans la vie, & les devoirs qu'elles exigent, T. II. 37. &c.

Libanais. Lettres manufcritcs de Li-banius, très-dignes de voir le jour, T. I. 311.

Libations par l'oreille comment doi­vent être entendues, T. 1. 179.

Libéralité , vertu qui règle la recette & la dépenfe, T. II7 5. quelle ver­tu & en quoi elle confwe, 160, 161. fille de la tempérance, 316»

Liberté, fans la liberté , il n'y a plus ni vertu, ni vice, T. I. 300. T. II. tiy. ufage que nous faifôns de notre liberté , T. II. m . elle vient de Dieu , & a befoin de fon fecouts, T. II. 18 j , 396.

Lin asbefte , T. 1.191. Livre théologique de Pytfugore * ap­

pelle Livre facrit T. II. 388 , 389. Tome IL Y

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yetf TaSU des Madères.

Logique, anciennement elle ne fai-lbit pas partie de la Philofophie, T. I. 109. ce qui l'a produite, ibid.

Logique de Pythagore , quelle, T. I. xio. enfeignée par exemples * & non par règles , ibid.

Louange, le parcage des Dieux,T.I. 89 , ço.

Loi ancienne n'eft que la volonté de Dieu, T. 1. 117. loi éternelle la vertu immuable de Dieu ,150 . •

lioi éternelle, ce que c'eft, T . II. 11,

Loi fore ancienne fur les viâines, T. I. zbi.-

'Loi remarquable pour le maintien • des loix, T. I. Z17, z i 8 . •Loi finguliere fur les tutelles, T. 1.

115 , 1 \6. Loix, les couronnes des villes, T. I.

Loifacrée de l'amitié, ce qu'elle exi­ge , T. II. 5A. • .

La Loi veut que chacun fo't traité fé­lon fon mérite, T. II. 79 , 80.

Loi divins préexiftant dans la bonté infinie de Dieu, T. II. 90. fon bût

• . digne de Dieu & utile à l'homme, 5>j. -

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Tabk des Modères. 507 Loix que l'entendement divin impofe

aux âmes , T. II. 167. Loi de l'entendement, T. II. 17J. Loi qui crée, lie ce qui eft créé, T. IL

18} . Loix publiques , échantillon de la

Phitofbpnie-pratique , T. II. 145. Lumière incorruptible & intelligente',

T. II. 189. Luxe doit être banni comme la mal­

propreté , T. II. 15-4,1)8. Lyre, Ne chanter que Jur la lyre, quel

fymbole, T.I. zj j .

M

JVlAgie, fille de l'idolâtrie, T. I. 179. née en Perfe & nourrie en Egypte, ibid.

Main gauche, la main fufpeâe de vol, T« I. i.84. Ne mangt^pas de la main gauche, quel fymbole, ibid.

Mal-,- le mal n'exj&e point par lui-même, T. II. 85.

Mal attaché à notre nature eft naturel iC acquis, T. II. z i o , 416. le mal vient de nous, & la punition vient de Dieu, 357.

- Malheux » le plus grand malheux de Yij

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508 Table des Matières.

v , l'homme , T'. II. 113 , 124. Manger de fort Juge , quel fymbole,

Tom. I. 175 , 276. Marâtres défendues , T. I 115. Marc Aurele , cité, T. II. 3 80. Mariage regardé par Pythagore, com-, me un aâe de Religion,T. I. 218. Mathématiques dégagent l'efprit des

chofes fenfibles.T. 1. 210. Purea-tion de lame , T . II. 142. elles font auprès de la dialectique com­me les initiations , 448. Décou­verte de Pythagore , T . I. 201 , 202 .

Matiete ne tombe point fous la fcien-ce , T. I. 185 , 186. ce que ceft que la matière félon Pythagore , 186 , pourquoi appellée autre, 189.

Matrice de l'animal défendue , & pourquoi, T. I. 240. fens myftiqtie de ce mot , T. II. 236, 237.

Maux , les péchés font les véritables maux , T . II. 8 3.

Maux volontaires, & maux extérieurs, T. II. 85. -

Maux illuftrcs par la préfence de la Vertu, T. II. 8£. nous pouvons con-

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Table des Matières. 509

verrir les maux «n biens, T. II. 5 3. le fruit du péché, 96. fouvent meil­leurs que les biens , 9 8 .

Maux viennent de la néceflîté feule , T. II. 205. principe de tous les maux, ibid. les hommes tâchent de guérir leurs maux par d'autres maux, 135.

Méchants , comment doivent être aimés, T. II. 5 3,54. punis, ils de-viennent un exemple inftru£tif pour les fages , 9 1 . punis comme hom­mes & comme méchants, & com­ment , 94. cherchent dans la mort de l'ame la confolation de leurs cri­mes , 131. leur juftice en fe con­damnant eux-mêmes à la mort , ib.

Medée infenfée & furieufe, T. IL }i $•. '

Médecine , la plus fage des chofes humaines , T . I. 107.

Melamphylus, Ifle quand appellée Sa-mos, T. I. 71.

Mer , appellée larme de Saturne , T. I. 191.

Mercure, tout bois n'eft pas propre à faire un Mercure, T . I. 96,

Mefure jufte des aliments & des exer-Yii j

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j.1© Table des Matières.

ciçes, T. II. 147. ce qui n'incom­mode point l'ame r 148. elle n'eft pas la même pour tout le monde, 149.

Mefure Pythagoriqne , T. II. 15 2. la mefure du befoin pafTée , il n'eft plus de bornes , 158 .

Merempfyco'fe, opinion plus ancienne que Pythâgore, T. 1. I J I . reçue par les Pharifiens, 135. fecret de cette fiction, 154. enfeignée crne-mént par un mehfonge pieux ,139.

. reçue des Juifs, 141. ce que c'é-: toit, T. II. 200, 406. Midi, Ne dorme^ pas à midi, quel

fymbole , T. I. 151. Miel , oblation du miel, T. 1.66. Milieu entre la malpropreté & le

luxe, T. II. 156. Milieu qui fépare & qui unit, T. IL

192. Milon Crotoniate , fon équipage bi­

zarre , T. 1. 17$. Miroir trompeur, T. 1.170. Ne vous

regarde^ pas au miroir à la clarté du flambeau, quel fyrhbole, 271.

Mifologie , haine des difcours, corn-. - bien dangereufe , T. II. 111,1 ii»

3S6. "..

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Table des Matières. 511

Mnemarchus , père de Pythagore, T. I. 73. fa profeflîon , ibid.

Mochus, T. I. 77. Mœurs, caraclérifées par les métaux 9

T. II. 5. Monde, animal vivant & intelligent,

T. I. 189. T. IL 14. ruine du mon­de , erreur des Pythagoriciens, ibid. ce que c'eft que le. monde, 100, fuite de ce monde combien nécef-faire, 204. les maux n'en fçauroierit être bannis, ibid. une région de mort, 105.

La fin du monde conduit toutes cho-fes à la félicité , T . IL 178.

Montrer, ce qu'il faut pour montrer, . T. IL 115. Morale de Pythagore, T. 1.152. Sec. Morale comprife ibus le nom général

de Phyfique , T. 1. 152. renfermée en préceptes pu fentences , ibid. perfectionnée par Socrate, 152 , 153.

Mort , féconde mort félon les Egyp­tiens .quelle, T. I. iz<ï. inconnue à Pythagore, 128. la crainte de la mort précipite dans beaucoup d'in-

. juftices, 70 , 71. Y i v

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j i z - Table des Matières.

Mort foufFerte pour une bonne caufe, T. H. 12<î.

Mort de l'homme, quelle, T . II. 202. Mourir, il faut chercher non à ne

pas mourir, mais à bien mourir, T. II. 68.

Mouvement de l'ame comparé à celui du cylindre, T. II. 417.

Mufes, bâtir un Temple aux Mufes , ce que c'eft , T. I. 86.

Mufemuetteadorée par Numa,T. 1.99. Mufique véritable & parfaite, T. I.

207. remède pour la fanté, ibid. fin de la Mufique, 207 , 208.

Mufique agréable à Dieu , X. I. 280. Myfteres , les petits étoient une pré­

paration pour les Grands , T. IL 448.

N

J^IAiflance , lorfque l'ame vient animer le corps, T. II. 107.

Naiffance, génération , ce que les Py-thagoriciens entendoient pat ces mots, T. II. 444.

Nature , elle ne fouffre pas qu'un homme foit étranger à un antre homme , T. I. 158. modeftie de la

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Table des Matières. 51 j

nature doit être imitée, 249. lacon-noiffance de la nature eft une fuite de la connoiiïance deDîeu, 171,171.

Aucune nature inférieure à la nature humaine ne mérite notre culte', T. II. 18 , 56. payer les droits à la nature, ce que c'eft, 43.

Nature pour Dieu, T. II. Ï94. Nature facrée , pour la Philofophie,

T . H. m . Nazaratus, un Mage , T. I. 79. ' Nazaréens, T. I. 98. Néceflité de l'efprit, fa force , T . II.

51.430. . Néceflité libre & indépendante, T. II. . 51. confirme la liberté, 288. elle

eft dans les bornes de la fcience ,

Néceflité de la Nature , comment il* luftrée, T. II. 116.

Neige , pour les naturels mous & lâches , T. I. 118. N'écriveipasfur la neige, quel fymb le, ibid.

Nombres , comment employés par Pythagore, T. 1. 110. Nombre pair, 6- nombre impair, quels fymboles , 161.

Dieu, le nombre des nombres, T. II. 180. Y v

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^ 14 Table des Matières. Nombres, peuvent être fignificatifs ,

mais jamais principes, T. II. 3S3. Noms changés pour des événemens

extraordinaires, T. I. 74. Noms , viennent plutôt du bazard &

de la convention des hommes , que de la nature , T. II. z 18 ,410. quels font les noms convenables , ibii. fàgeiïè de ceux qui ont les premiers impofé les noms aux choies , 2 1 9 . comparés aux ftatuaires, x 19 ,42 z , comment ils ont donne ces noms, 413 ,414 .

Notions communes, naturelles à tour être raisonnable, T. 11.1 a 5. ce que

. c'éft, 358. Nourriture , fa jufte mefure, T. II.

1 4 7 , 149. La nourriture & l'exercice doivent fe

fuccéder, T. II. 149. . Nous, nous devons être nos gardes &

nos furveillants, T. II. 63. Nous, c'eft l'âme, T. II 1 xo, &c.

Q UBéiflance aveugle & infenfée ;

précipite dans l'impiété, T. 11. 41. Oeuil de l'amour guide le cocher s

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Table des Matières. . 51 j T. H. 139 , 445. ce n'eft que par cet œuil que l'on voit le champ de la vérité, T. II. 445.

Oeuvres, néceflité des bonnes œuvres , ; T. II. 189. Offrandes des fous , appât pour les

facrileges, T. 11. 17. Offrandes ne doivent pas être trop . magnifiques, T. I* 94. 0(Mt*ciw Se ô/Mtxeoi, T. II. 466. Ongles , N* fi pas faire Us ongles pen­

dant lefœrificc , quel fymboïe , T. I. i6S.

Opération myftique doit être toujours . conforme à la raifon , T. II. 145. Opinion opppfée à la feience, T. II.

13 8.. plaies que font les fauiles opi­nions, 71.

Opportunité , dogme de Pythagore mr l'opportunité » T. 1. 149. elle

. doit être recherchée en tout, T. II. 143. Dieu appelle opportunité ,371.

Or, le feul métal qui ne fe rouillé point, T. 11. 5.

Oracles d'Apollon Pythie» , T. IL 18 , 19:

Ordre, ce que c'eft, T. II. 1 ) , 15. Oreille, Sacrifier awçortillts ,faite des

Yvj

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516 Table dés Madères.

libations par Us oreilles , quel fym-bole , T. I. 179.

Orge avec du fel, répandu fur la tête des victimes , T. 1. Z64.

Orphée, fa théologie, T . II. 163 • fon lentiment fur les nombres, 389.

Ourfes polaires , appellces Us mains de Rkee , T. I. 191. •

Ouvrages de Dieu doivent être con­nus félon la juftice, T. IL 198.

Ouïe ne doit pas juger de la Mufique, Sç pourquoi , T. I. zo6.

P

JT Ain, comment fait en Grèce & à Rome, Tél . 341.

Palmier, la grande utilité de cet arbre, T. I. 178. fes bourgeons appelles cervelle caufent de grand maux de tête , quand on en mange , ibid.

Paquets, Unir fes paquets toujours prêts, quel fymbole , T. I. 254.

Parents, l'honneur qu'on leur doit, T. II. 43.

Parjure naît de l'habitude de jurer, T. II. z$. Parthenis, mère de Pythagore, T. I. . 74.pQurquoi^ppelléeP^A««>ibid.

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Table dti. Matures. 517

Pâmons de l'ame plus craelles que les tyrans , T. I. 9 3. les parties & com­me les membres de ta folié, T. II. 5 6. fources de toutes les injuftices, 58. il n'y a que l'excès de vicieux, 155. elles fe prêtent des armes , 518. données comme des aides de la raifon , 367.

Patience, jufqu'où elle doit être portée avec nos amis , T. II. 5 o. fes traits , xfa'

Pauvreté volontaire, T. II. 11 j . Péchés d'omiffion & de commiûlon ,

T. IL 168. en quoi égaux , 169. comment volontaires, & involon­taires, 114.

Peines de l'autre vie, crues tempo­relles par Pythagore , T. I. m & T. II. 13 3.

Peines volontaires, les remèdes du péché , T. 11 13 3 , 134.

Penchants des pâmons , autant de matfès de plomb, T. II. 59.

Penchants de l'homme, d'où ils pro­cèdent, T. II'. 101. &c.

Penfée de Dieu eft la production des êtres, T. II. 11 , 271.

Père , vénération due a ce nom, T. I.

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$18 Tablé des Madères. 8.5 & T. II. 38. nos pères & no*

{>arens nous repréfenrent Dieu & es Anges, T. 11. 39. la feule occa-

fîon ou l'on peut défobéir à fon , père, 41. honneur qu'on doit à fon

père & à fa mère eft fans bornes, : tbid. en quoi il confifte, ibid. ridi­

cule des pères fut l'éducation des enfans , 1 . 1 . 9 1 .

Perfe, cité , T. II. i 8 i . Perfévérance dans le vice ou dans la

vertu, feule punie ou récompen­s é e , T. II. 340. '

Perte la plus grande que l'homme puifle faire, T. II. 114.

Perte des biens raifonnable, quelle , T. II. 125 , 361. pertes dont- là vertu nous tient compte, 362.

Petau, le Père Petau cite , T. II. 280, '. *9'i.

Pétri Bungi numtrorum myfteria, T. IL ?38.

Phalaris tyran de Sicile & né à Crète , . fa cruauté , T. I. 213. Philofophe, dififérence du Philofophe • aux autres hommes, T. 1. 81. les

Philofophes ne connoîtront jamais parfaitement l'ame des bêtes, 14e". premiers Philofophes prétendus

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Table des Matures. 511>

magiciens, & pourquoi ,180. Mé­decins ,191.

Philofophie comprife fous le nom général de Phyfique, T. I. 184. eft la fcience de la vérité des chofes qui exiftent, 185. la purgation 8c la perfection de la nature humai­ne, T. IL 1. la Philofophie prati­que eft mère de la vertu , & la contemplative mère de la vérité , 3. leurs effets , 1,171. 174.

Philoftrate expliqué, T. I. 179. fes fables 8c fes chimères fur la vie d'A­pollonius , 3 0 0 .

Phyfique peu cultivée avant les fept fages , T. I. 185. Phyfique de Py-thagore , Hid. &c. bornes de la

. Phyfique, T. H. J 7 8 . Piété , fans la piété rien n'eft agréable

à Dieu, T. II 10. la première , la guide & la mère des vertus, 6.99.

Pieux, quel eft l'homme pieux, T. II. 18.

Planettes appellées Us Chiens de Pro-ferpine , 'T. 1. 195.

Platon, cité, 103 , jufqu'à 181 , 509 , - 3*8, 3*i > 3 * 8 , 3 5 1 , 351,J56,

360, 367, 3 7 4 , 4 1 1 , 4 x 0 , 4 1 1 ,

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5*e Table des Matières.

4*5 > 43 J > 44(8 » 45 5 » 4^0 , 4<fJ-

Pléiade , appellée Lyre des Mufes , T. 191.

Platarque, les contes ridicales qu'il fait des Juifs, T. I. 64 &c. Lacune remarquable dans Platarque, T. II. 391.

Poids & mefures connus en Grèce long-temps avant Pythagore, T. I. 109.

Point, le point répond à l'unité, T. II.

Poiûons, Ne mange^ pas les poisons qui ont la- queue noire , quel fym-bole, T. I. 240.

Politique, l'étude dès premiers Sages, T. I. 59 , 111.

Porphyre, T. I. 199. fon ouvrage du retour des âmes* T. II. 440 , 441.

Pourceau de pâte , T. I. 203. Pouvoir, ce qui eft en notre pouvoir ,

& ce qui n'y eft pas, T. II. 68 , 69. jufqu'où s'étend la force de ce qui eft en notre pouvoir , 69. 323.

Prairie de la vérité , T..1I. 203 , 410. Pratiquer, méditer, aimer, T. II. 176. Preftiges doivent être bannis des ex­

piations, T. II. 235.

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Table des Matières. 511

Prière, néceffité de la prière, & fa difficulté , T. I. 147. milieu entre notre recherche & le don de Dieu, T. II. 186. doit être accompagnée de l'adion, T. II. 186, 189.

Principes des vertus viennent de la nature, & leurs progrès de l'éduca­tion, T. I. 196, 197.

Prifonniers de guerre, à quoi réduits, T. I. i$6.

Proclus , ion inftruûion Théologi­que, T. II. 436.

Progrès décuple , s'il a été connu par Pythagore, T. I. 100. &c.

Proportions harmoniques comment trouvées par Pythagore, T. I» 104.

Propreté outrée devient luxe & mol-lefTe, T. II. 156. fes bornes , 157.

Proferpine, champ de Proferpine , T. I. 116.

Providence, le compofé de la Loi éter­nelle , & du ferment divin, T. I. 151. elle diftribue à chacun ce qui lui eft dû , T. II. 79. nier la pro­vidence & la juftice de Dieu , c'eft anéantir la Religion, 98. s'étend fur toutes chofes à proportion de leur dignité, 104, 153. fur les

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fil Table des Matières. animaux en général , T. II. 343 , 344, ?4*-

Prudence mère des vertus, T. I. 174, T. II. 65. guide de tous les biens, 67. fes effets , ibii. la règle & la mefure de la juftice, 73. elle veut

. que nous connoiffions la caufe de nos maux , 8 1 . elle cherche ce qui eft féant à chacun, 311. fans elle il n'y a ni juftice ni fainteté ,411 .

Puiflance , ne doit pas fe mefurer par la volonté, mais par les forces de la

• nature, T. II. 50 , 311. elle habite près de la néceffité, 5.0.

Punitions , dont Dieu châtie, & l'u-fage qu'on en doit faire, T. II. 13 4.

Purgation doit précéder la contem­plation , T. II }. & la délivrance

. de Pâme , 141 & 447. Purgationsprifes des Chaldéens & des

Hébreux , T. II. 441. Purgation, illumination, & perfec­

tion , les trois dégrés, T. II. 447. Pyramide, la première pyramide dans

le quatre, T. II. 18t. Pythagore n'a jamais été en Judée , • T. I. St. Ion origine, fa patrie, 72. 1. Sec. le temps où.il a vécu, 75. &c.

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Toile des Matières. 513 changea le nom de Sage en celui de Pfulofophe, T. f. 81. il enfeignoit toujours dans les Temples, & pour­quoi , 92. comment il éprou-voit ceux oui fe préfentoient pour être fes diiciples, 96,. 97. exigeoit un filence de cinq ans .qu'il redui-foit quelquefois à deux , y%. fes Difciples partagés en deux clafles , 100. eftimoit la Mufique , IOJ. imite les trois fortes de ftyle des Egyptiens, 106,107. fes purgations de l'âme, 109. le myftere de»fes nombres, 110. fa théologie , 116. Sec. fon idée fur la création, 1 îx.&cc. fon opinion fur l'ame des bêtes, 144. &c. fafuperftition furie temps de la prière , & des opérations Théurgiques , 148 , 149. juftifié fur le reproche de dureté pour les autres hommes, 157, 158. fa re-connoittance & fon amitié pour fon maître Phérécyde , 159. fesabfti-nences, 164. fon erreur fur la pre­mière vie des âmes, 169. fournis à la raifon, 171. fa févérité trop gran­de , & ce qui l'en corrigea, 174. prétendu grand devin, 177. ce qu'il

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j 14 Table des Matières.

faut croire de fa magie &' de {es miracles, T. I. 180. &c. de fa cuifle d'or,, de fort aigle, de fon ourfe, 181. de l'empire qu'il avait fur les bètes, & qu'Orphée lui avoit tranfmis , ibïd. de fon javelot , 182. ennemi de l'oftentation & du fafte, 18 j . fa defcente. dans les en­fers , fur quoi fondée , 1 8 3 , 1 8 4 . fon fyftême fur la matière bien dif­férent de celui des atomes , 188. fes découvertes dans la Phyfique , 165). &c. s'il immola aux Mufes une hécatombe , 101 , 203. il n'offrit jamais de facrifice fangiant, ibid.Canon de Pythagore, 205,106. fentiment bien particulier qu'il avoit fur la Mufique, 106, i0.7. fes rraités de politique, de phyfique & de morale, 112. chefs-d'œuvre de fa politique , 1 1 1 , 213. grands hommes lbrtis de fon école , 1 1 4 , 2 15. fa femme & fes enfans , 2 1 8 , 2i9.fi Pythagore avoit écrit ,119 , 2 20. fes paroles paflbient pour des oracles , 2 2 2 . refpeâ; qu'on avoit pour lui, 222 , 223. perfécutions qu'il eut à fouffrir, 223 , 224. fa

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Table des Matières j i j

mort à Metapont, T. 1.226. on lui érige une ftarue au milieu de Ro­me , 227. durée de fon Ecole , 118.. fa lettre à Hiéron eft fuppofée , 229 , fes vers dorés -, leur éloge , T. II. 2. fon ordre dans fes précep­tes , 4. d'où il avoir tiré ion 7e-traclys, 386.

Pythagoriciens , leurs biens mis en commun, T. I. 102. regardés com­me morts , quand ils quittaient leur profeflion , 102. leur vie ? 10j . &c.

Derniers Pythagoriciens, leurs vifions, T. I. 14. leur erreur fur les dieux , T. II. 6,7 Se 1 j . fur les peines de l'autre vie, . 132 , 133. ils défen-doient de fe tuer, 174.

Q V^/Ualités , les fécondes qualités

tonr les maladies, T. I. 19 3. Quaternaire, nom de Dieu , ce qu'il

fignifie, T. I. 112. &c. fource de l'arrangement du monde, 180. la véritable fignification de ce mot , 184. d'où Pythagore avoit tiré cet­te idée, 3.864

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j i £ Table des Matures.

Quatre, milieu arithmétique entre an & fept , T. II. 181. renferme la première figure folide , 181. la première pyramide, ibid. fon éten­due , ibid. Se 391. comment ren­ferme les fociétés , ibid.

R R

Abbins, idée qu'ils ont prife de Pythagore , T. I. 1 3 1.

Raifon mife en règles par Ariftote , T. I. 111.

Raifon fe règle par l'inftruéHon, & la paffion par l'habitude , T . II. 59..

Raifon, eft la loi naturelle gravée au dedans de nous , T. II. 93. elle eft

, . naturellement dans, l'homme , 94. c'eft Dieu, & comment, 137..

Raifonnement, l'abus du raifonne-ment a produit la Logique , T. I.

; < i'.I.Ii : • ' , Raifonnemens tiennent, de la difpofi-' «ion de l'àme, T. II., 113. doivent

être bien examinés, ï 14. les vrais font les feuls qui méritent ce nom, 11 $ , 3 57. les faux ne forit que des abois d'une ame infenfée , 1 1 3 .

Ràifonner avant que d'agir, X.XÎ. k6u

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Table des Madères. 527

R.iifons de la Providence & de notre l iberté, T. II. 108.

Rats d'or, T. I. .203. Recouvrer, fe recouvrer foi-même,

T . II. 248. Régime athlétique , mauvais , T. II.

147 , celui qu'on doit choifir, 148. Règles les plus dures aux plus parfaits,

T . I. 337-Belle règle poui distinguer la vertu du

vice, T. II. 83 , 333. Relâchement une fois reçu, n'a plus

de bornes, T. I. 161. Rcminifcence , fuite dé la création

des âmes avant les corps, T.II. 2.68. Renaiflance de l'homme , T. II. 101. Repentir , monrre le vice du choix,

T . II. 130. le commencement de la fagetfe ,134.

Refpect fuit l'amour, T. I. 175. Refpeér. de nous-mêmes, nous éloi­

gne du mal, T. II. 61. ReflTemblance avec Dieu, acquife, ou

effentielle & éternelle, T. II. 33. la perfection de tous les êtres rai­sonnables , 250. fes difFérens de­grés , 462, &c. •*

ReiTeroblance unit toutes ehofes T. II

*4J » 244-

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5 18 Table des Matières.

Révéler les fecrets de l'Ecole , l'ori­gine de ce proverbe, T. I. i<î8.

Riche au dehors, T. II. 131. RichelTes , ne font qu'un fecours pour

le corps, T. II. itfj; Rocher de Tantale, T. II. 9 1 , $39. Rognures des ongles & des cheveux,

ce qu'elles fignifient, T. I. 148. Rompre le pain , Ne rompe^ pas le

pain t quel fymbole, T. I. 341. Rôtir, Nerotifje^pointcc qui eflbouilli,

quel fymbole , T. I. 157. Rouget, Ne.mange^pas le rouget, quel

fymbole, T. I. 140. Rouille, l'emblème des vices, T. IL 5.

S

^Acrifices des Païens ne fe rappor-toient qu'aux Dieux corporels, T. I. m.

Sacrifices qu'on faifoit aux Saifons , T..I. »j'«.

Sacrifices doivent réunir lés familles, T. 1.169 , 170 .

Sacrifices, échantillon de la Philofb-phie myftique, T. II. 145, 451.

Sage , feul facrificateur, feul ami de Dieu, T. II. 17. le fage ne hait per-fonne, $}. Sagcffe

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Table des Matières. $29

Sagefle, ordre & perfection infépara-b les ,T . IL i i .

Saints, idée que les Pythagoriciens en ont eue, T. II. 3 3 , 35 , '36. le culte qu'ils veulent qu'on leur rende , 36 , joo.

Salière fan&ifioit la table, T.I . 16$. . fuperftition fur les falieres renver­sées , fort ancienne, ibid.

Salomon , Proverbe de Salomon ex-

dué, T. I. 184. , Do&eur de Florence cité,

T. II. 319 , 320, 363. Salut, la fin très-glorieufe de tous

nos travaux, T. II. 247. l'ouvrage le plus grand de l'art de l'amour, 247. n'eft nullement le fruit de l'é­tude & du favoir , 428.

Santé convenable &: féante au fage, T. II. 147.

Saumaife repris , T. II. 401. Science , il faut ou l'apprendre des

autres, ou la trouver de foi même, T. II. 115. deux moyens pour la recouvrer, 2 o 7. le frui t de la vérité, 234. fource de douceur dans les dif-putes , 359. différente de l'opi­nion , 3 6j. Les Sciences peuvent

Tome II. Z

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5J0 Table des Matures.

éclairer l'ame , mais non pas la pu­rifier ni la perfectionner, 447.

Sèche , poiflbn, fes propriétés , T. I. 280, z8 1- Ne mange^poi lafecht , quel fymbole, ibid.

Secours de Dieu toujours néceffàire pour faire le bien , T. II. 187. né-ce(Taire avant tout, 2 16.

Sel, le fymbole de la juftice, T. I. \6%.

Sddenus de d'us Syriis 3 repris , T. II. Î94-

Semblable connu par le femblable , faufleté de ce principe d'Empédo» cle, T. I. 145.

Sentiments d'un particulier n'ont pas tant d'autorité que ceux d'un corps, T. II. 153. .

«Sept, le fept pourquoi appelle vierge, & fans mère, T. II. 181. Minerve, 39°-

Serment divin , gardien de Péternité, T. 1.15 o. comment lie la créature, ibid. d'où Py thagore avoir tiré cerre idée , 151. ce que c'eft, Ti II. 10. lien qui unit tout à Dieu , 21. inné & effentiel à toutes les créa­tures , i l . gage de l'éternité, 13.

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Table des Matières. j 31

fuite néceffaire de la Lo i , 283. Serment, tout ce qui eft jufte , T. I.

160. Serment humain , l'image du ferment

divin , T. I. 160. T. H. 185. fon obfervarion maintient l'ordre & la juftice , 160. fa nature & fon but, 22 , le dépositaire de la certitude & de la vérité , 13. fes effets, ibid. occafions où il eft permis ou dcfen»-du, 15. la rareté en produit l'ob-fervation , ibid. fidélité du ferment compagne inféparable de la piété , 16. défendu dans les petites cnofes, & pourquoi, 178. belle définition du ferment humain, 22 , 185. une fuite de celle du ferment divin , 187. comment elle nous afTocie à la Habilité de Dieu, 287, 288.

Serpent, l'emblème de l'ennemi, T. I. 283.

Service rendu à nos pères , plus il eft vil, plus il eft honorable , T. II. 43 , 308.

Silence de cinq ans ordonné par Py-thagore, T. I. 98. réduit quelque­fois à deux , ibid. la feule voie de l'inftruétion , 99. donne à l'ame la docilité, ibid. Zi j

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ç j t ~7tf£/e </« Matières.

Simplicité outrée, devient mefquine* rie & faleté , T. II. 15 6.

Simplicius fur Epictete , cité , T . II,

Société comment conduit au vice, T. II. 61

Socrate, homme divin , T . II. 318, fon fentiment fur la métempfy-cofe , T. I. 141. cité, T . II. 137.

Soin, le premier foin doit être celui de nous mêmes, T . II, m . ordre des foins que nous devons avoir, m ,

Soin du corps , quel doit être , T. II. 14y. foin outré du corps , la pre­mière caufe de fes dérèglements, 148. il doit tendre à rendre l'ame plus parfaite, 150, 375.

Soin de l'ame & du corps perfectionne l'homme entier , T. II. 144.

Solitude, comment conduit au vice, Tom. II. 61. "

Sommeil, long fommçil blâmé , T. ' II. 56 , 318. examen avant le fom-

meil, i£8. Songes font partagés en divins & hu­

mains , T. I. 178. art de les expli­quer , ibid. expliqués par tous le? particuliers, ibid,

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Table des Matières* 5 3 f

Sort, celui qui ne rapporte pas fon fort à fa véritable caufe, eft fans confolation , T. II- 98.

Sott, pour éloignement de Dieu , *t. II. 214-.

Soumiffion à Dieu volontaire & pat-faite, T. H. 11j .

Splendeurs, fécondes fplerideurs , ce que c'eft,T. II. 298.

Stoïciens, comment ils accordoient la deftinée avec la liberté , T. II. 414*

Sueur pour le gain fait par fon tra­vail , T . I . 285. Ce/? un crime d'ôter La futur avec le fer y quelfymbole, ibid.

Supérieurs doivent être honorés, T. I.

Sybarites, leur grandeur & leur ri-cheflTe, T. I. 17}.

Symbole, fon double fens, T. I. 107, 168. fa force , 108.

Symboles, le berceau de la morale , T. I. 230. en ufage en Egypte , en Judée , en Arabie , 231. il faut

• obéir à leur double fens, T. II. 2 3 8. préceptes facrés donnés fous des ombres & des voiles , 240. leur contradiction apparente, comment

Ziij

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j - 34 Toile des Matières, Conciliée , 2.41 , &c.

tSfut 4"/t""* > comment employé par Hiéroclès, T . II. 439 , 440.

J. Able , la table étoit facrée -y T . I. 160. il étoit défendu de ramafler ce qui en étoit tombé, ibid.

Tantale , fon rocher, T. II. 9 1 , 339* Tarcynéens, quelle nation, T . 1.191. Témérité, mère des vices, T . I. 174.

T. II. 130. Tempérance, vertu de tout âge & de

tout fexe, T. I. 89. les biens qu'elle produit, T . II. 60 , mère de la li­béralité, 75.

La tempérance & la force , deux gar­des vigilants & incorruptibles, T . II. 119.

Temps , la fphere du dernier c ie l , & pourquoi, T. I. 190.

Ternaire , vénération renfermée dans le ternaire , ce que cela fîgnifie , T. I. 171 , 173. ^

Terre , centre de l'Univers » T . II. 195.

Tertullien repris, T. II. 169. Trrp«*t«5ç de Pythagore , T. II. 387 ,

388.

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Tabli des Matières. jf 3 J

Thaïes le feul des Sages qui s'appli­quât aux méditations philosophi­ques , T. I. 58. il n'eut point de maître de fa nation , 59. fes con-noi(Tances, 68. fonda la feue Ioni­que , ibid.

Théano, femme de Pythagore, un beau mot d'elle, T. I. iij>.

Théologie de Pythagore , T. I. 1 itf, &c. fcience théoïogique, en quoi confifte, T. II. 401.

Théon Philofophe Platonicien T. IL 35,1.

Timée cité, T. I. 140. Timée de Platon , explication du Ti­

mée de Locres, T. II. i j 8 &c. Timon accufe Pythagore de vanité,

T. I. 183. Tombeau , Ne donner^ pas fur le tom­

beau , quel fymbole , T. I. i%6. Tonnerre, quel ligne, T. I. 170. Tournoiement ordonné dans les

prières, & ce qu'il fignifioit, T . I. z66, 16-j.

Tout reffemble au nombre , l'expli­cation de ce mot, T. I. 198.

Traces , Efface^ de dejfus la cendre les traces du pot, quel fymbole, T. I.

Ziv

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53$ Table des Matières. 2 $8. N'applique^ pas le far far les traces de [homme , quel fymbole , 185 , 286.

Tradition , comment venue aux Grecs , T. IL 403.

Tranfgreflîon de la Loi de Dieu fe fait^en deux manières, T . IL 211.

Triangle, la plus fimple des figures re-âihgnes , T. IL 18 2.

Tribunal de l'aine , de la confcience , T. IL 16$ , 166.

Trinité , la fainte Trinité inconnue à Pythagore , T . I. 273.

Troupeau , pour la multitude , T . II. 2 8 1 , 282.

Tuer, fe tuer foi-même , injuftice reconnue des Païens , T . I. 2 J5.

V

V Ache de pâte offerte en facrifice par les Bramens, T . L 104. origine de cette coutume , ibid.

Vents pour les féditions , les révoltes, les guerres, T. L 275.

Vénus , la même étoile que Vefper, . T. L 189. Vérité , en s'inftruifant de la vérité

on apprend à réfuter ce qui la com­bat , T. IL 116.

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Table des Matières. Ç}j

Vérité & vertu, leurs effets , T. II. i , i. découlent toujours de l'eflen-ce du Créateur , 220 , 2 2 1 . pour­quoi néceflaires, 232 , 233. >

Vers de Pythagore, pourquoi appelles dorés, T. II. 4. éléments de perfec­tion , 253 . oracles de II doctrine Pythagoricienne . ibid. il étoit or­donné de les lire tous les foirs à fon coucher, ibid. leur véritable Au­teur , 257. deux Vers qui man-quoient au texte rapportes ,373 .

Vertu, il n'y a de véritable force, que dans la vertu , T. I. 94.

Vertu divine & vertu humaine, T. II. 3, vertu divine , ce que c'eft, 177.

La vertu nous lie à nos amis, & la . nature à nos parents , T. II. 45. Vertu feule fait le prix des amis &

des Saints , T. II. ibid. Vertus qui tiennent le milieu T. II.

65 & 321. leur ordre , 65. de l'Ef-. prit divin elles rayonnent dans no-, tre ame , & de notre ame fur le

corps, 66, 322. les ailes de l'ame, 2 0 3 , 2 0 5 .

Nou9 devons faire fervir à la vertu nos corps & nos biens, T. II. 69. elle

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5$8 Table des Matières.

ne peut être confervce fans les fai­nes opinions, 70. tout eft vil 8c méprifable au prix de la vertu, 74. elle ferait inutile, fi lame étoit mortelle, y6 , 77. ce que c'eft que la vertu, 7 j . ombres de vertu, ibii. la vertu donne de l'éclat aux maux de cette vie , 8<>. tout ce qui n'eft pas vertu eft inutile à l'ame ,120 . elle fe fait choifir par fa propre beauté , n 8 . image de Dieu dans l'ame , 188. le comble de la vertu, 151. rien ne peut la faire changer, 317. il eft faux que la pratique des vertus foit impoflible, 317. la ver­tu ne fe forme en nous que par la coopération de fon original , 399.

Venueux, il eft au-defïus du vicieux par le plaifir même, T. II. 141.

Viandes , ce mot comprend tout ce qui eft mortel & corruptible , T. II. 138.

Vice, père de l'infidélité, T . II. 24. de la fuite du vice naît la vertu, 6 3. vices de chaque partie de l'ame, 64 les vices font des écarts & des éloignements de la droite raifon, 8 4 , 333.

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Table des Matières. 559

Vicieux, tout vicieux peut s'amender, T. II. 84. ne fçauroit être fidèle au ferment, 2.4.

Victimes artificielles offertes à la place des naturelles, T. I. 102.

Vie , cette vie comparée aux aflem-blées d'Olympie, T. I. 81. premiè­re vie des âmes félon les Pythagori­ciens , Se fes fuites, 169. T. II. 81. opinion reçue en Judée, T. I. 169. bonne vie en quoi confifte , T. II. 144. vie délicieufe , quelle, ibid. vie doit être réglée fur les règles de Dieu ,135.

Vigne, N'offre^ point aux Dieux d* vin de vigne non taillée , quel fym-bole , T. I. i6}.

Villes ont befoin des mêmes remèdes que lame, T. II. 451.

Vinaigre, pour le fiel de la fatire , T. I. 247, Eloignez de vous le vinai~ grier, quel fymbole , ibid.

Virgile expliqué,T. I.118.T.H. 302, 3 0 } .

UlyflTe , pourquoi refufa l'immorta­lité, que Calypfo lui oflfroit, T. l.</ 5 *

Un, deux, quel fymbole, T. I. 272. Union des citoyens , rempart contre

la tyrannie, T. I. 8<ï.

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54° Table des Matières*

Unité , principe de tout nombre J renferme la puiflànce de tous les nombres , T. II. 18 i.

Univers , comment une image de la beauté divine , T. II. 195. formé fur la mefure & proportion divine,

Volonté de l'homme influe fnr la Pro­vidence, & comment, T. II. JOO.

Volupté n'exifte point par elle-même, & eft l'effet d'une action, T. I. 16}. T. II. 141, de deux fortes, & à quoi comparée, T. I. 163 , 164.

Volupté , qui naît de la vertu, ftable comme la vertu même, T. II. 241. elle fuit toujours la nature de ce qui la produit, ibid. la volupté du vo­luptueux imite la volupté divine j Mi-

Utile , il eft plus utile d'être puni en cette vie, que de ne l'être pas,T. II. 91. les feules chofes utiles à l'ame,

Y

Y Vrefle, l'apprentiflage de la mai nie, T. I. 195.

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Table des Madères. 541

Z

i .Aleucus T fes loix les plus remar-• quables, T. I. 216. &c. Zamolxis, efclave de Pythagore, de­

vient un grand Législateur , T. I.

Zenon d'Elée , imagina quelques fyU logifmes, T . I. 2 10.

Zodiaque, fon obliquité démontrée par Pythagore , T. I. 189.

Zones , imaginées par Pythagore , T. I. 190 , 191.

Zoroaftre , plus ancien que Pytha­gore , T. 1.79. fes livres de magie, 179.

F'(n de la Table des matières.

Remarque oubliée au bas de ta page 205 de la Vie de Pythagore.

Il fit un Injlrument de la muraille de fa, chambre, avec des pieux qui tenaient lieu de chevilles, &c. ] Plulîeurs Auteurs anciens ont rapporté cette expérience de Pythagore , comme très-certaine.

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54* Gaudentios dan? fon Introduction harmonique , pages i j . & 14. Nico-machus dans fon Manuel harmoni­que, liv. 1. Macrobe, liv. z. chapitre 1. Bocce , liv. 1. de la Mufique chap. 10. & Jamblique, chap. 16 de la Vie de Pythagore. Les modernes fe font partagés fur ce fujet. Le Père Mer-fenne dans le 4'. liv. de l'Harmonie, & dans fes Obfervations Phyfiques & Mathématiques ; & le P. Fabri dans /à, Phyfique, tome 1, liv. i, foutiennent que cette expérience cft faufle.

Le Père Kircher aflure qu'il l'a faite lui-même, & qu'il l'a trouvée très-véritable : voici fes propres paroles/ Mufurg. Univerfal. lib. 4. Mujicam Py-thagoricam, dit-il, ad malkos conjlitu-tam diverfis in loris coram diverfis Prin-cipibus tanto cumplaufu & admiration* exhibuimus^ utejus repetitione vixfatiari poffe viderentur. Nous avons fait en dif­férents lieux devant plufieurs Princes , & gens de la première qualité répreuve de la Mufique Pythagoricienne aux mar­teaux , avec tant d'applaudijfement & defucces, que pleins d'admiration ils ne pouvaient fe laffer de la faire répéter.

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54J Le Père Gafpard Schot dans fon

liv. de la Magie univerfelle, part, i , liv. 6 ^ & dans faMéchanique hydrau-licopneumatique , part, i , approuve ce que dit Rircher, & blâme ceux qui ont ofé accufer de faufleté cette expérience.

Il ne m'appartient pas de vuider ce différent ; c'eft à ceux qui font pro­fonds dans la Mufique. Je me conten­terai de dire qu'il eft arrivé très-fou-vent que des chofes qu'on a cru fauf-fes dans les Anciens, fe font trouvées très-vérirables. En même-remps j 'a­vouerai que je n'aurois pas cru que de cette expérience il eût pu réfulter une Mufique auffi agréable que celle du Père Kircher. Ce Père me paroît beaucoup enchérir fur Pythagore , qu i , fi je ne me trompe, ne cherchoit pas dans cette Mufique l'agrément qui flatte l'oreille, mais feulement les proportions des tons & les raifons de ces proportions.

F I N.

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E R R A T A Pour les Œuvres de Pythagore. Préface ,pag. xxvj. Jufques à l'arrivée

du Rédempteur la voie du falut leur devoit être cachée, ajoute^, ou pour parler plus correctement, le moyen deftiné par le Seigneur au falut des hommes leur étoit ificonnu ; car ils pouvoient avec le fecours de la grâ­ce l'obtenir, quoiqu'ils ne connuf-fent pas clairement & diftin&ement quel étoit le moyen deftiné par la Providence pour l'opérer.

Tom. 1, pag. 142, ligne 2J. les Juifs, lifes^y des Juifs.

Tom. II,pag. 388. Saint Auguftin a cru... que les nombres renfermoient des myftercs infinis , ajoute^, fi l'on en croit l'Auteur du myftexe des nombres.

Pag. 4^0, ligne 27. après le mot vient, ajoute^ les mots fuivants, non-feule­ment de nous, mais encore*

Ligne 28. après le mot nous , ajoute^, & avec nous ;

Pag, 43 1 , lig. 2. efface^ E t , metteç, C'eft lui qui.

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