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Notes du mont Royal Ceci est une œuvre tombée dans le domaine public, et hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

Notes du mont Royal · Pieavet BIBLIOTHEQUE DES ANCIENS PHILOSOPHES, CONTENANT Les Commentaires d'HiÉROCLÈs,fur les Vers dorés de PYTHAGORE 'y rétablis fur les Manufcrits , &

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Notes du mont Royal

Ceci est une œuvre tombée dans le domaine public, et hébergée sur « No-tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

Google Livres

www.notesdumontroyal.com 쐰

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BIBLIOTHEQUE DES

ANCIENS PHILOSOPHES*

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Pieavet

BIBLIOTHEQUE DES

ANCIENS PHILOSOPHES, CONTENANT

Les Commentaires d'HiÉROCLÈs,fur les Vers dorés de PYTHAGORE 'y

rétablis fur les Manufcrits , & traduits en François avec des Remarques.

Par M. D A C I E R , Garde des livres du Cabinet du Roi.

T O M E S E C O N D .

A PARIS, SAILLANT & NYON , rue Saint-Jean-de-

Beauvais. PISSOT , Quai de Conty. DESAINT , rue du Foin.

Ch«

= » ï ^ M. D C C . L X X I .

AFEC PRIVILEGE DU R 0 T.

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f ^ î ^ f e i ' d ^ t e j i ^ ^ H ^

COMMENTAIRE DHIÉROCLÈS

SUR

L E S V E R S D O R É S

DEPYTHAGORE-J_jA Philofophie eft la purgation & L» pbiiofo-la perfe&ion de la nature humaine. Ltfcaiom« Elle eft fa purgation, parce qu'elle «natureh». la délivre de la témérité & de la Toïnmeiw.. folie qui vient de la matière, & qu'elle la dégage de ce corps mor­tel ; & elle eft la perfection, parce qu'elle lui fait recouvrer la félicité qui lui eft propre, en la ramenant * Ceft-à di-à la reflemblance avec Dieu. Or il ">*«"•**• ny a que la vertu oc la venté qui fiaion <u u puiffent opérer * ces deux chofes ; ~'"n" *"" la vertu, en chaflant l'excès des paf- tl vertu & fions; & la vérité, en diffipant les la yéiu* fane

Tome II. A

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i COMMENT. D'HIéROCIES hi1?ahÀ .ténèbres de l'erreur, & en redon-ftHcicé de nânt la forme divine à ceux qui font l'homme, difpofés à la recevoir.

Pour cette fcience donc, qui doit nous rendre purs & parfaits, il eft bon d'avoir des règles courtes & pré-cifes, qui foient comme des apho-rifmes de l'art, afin que par leur moyen nous puiffions arriver mé­thodiquement & par ordre à la fé­licité qui eft notre unique fin.

Parmi toutes les règles qui ren­ferment un précis de la Philofophie, les Vers de Pythagore , qu'on appel­le les Vas dorés , tiennent le premier rang, & avec juftice : car ils con­tiennent les préceptes généraux de toute la Philofophie , tant pour ce qui regarde la vie active , que la vie contemplative. Par leur moyen chacun peut acquérir la vérité &" la vertu, fe: rendre pur, parvenir heu-reufement à la reflemblance divine, & comme dit- le Timée de Platon , ( qu'on doit regarder comme un maî­tre très exact: des dogmes de Pytha­gore , ) après avoir rétabli fa lancé çf recouvré fon intégrité & fa per-

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SUR. LES VEKS DE PTTHÀG. J

fe$k>n, fe revoir dans fon premier état d'innocence & de lumière.

Pythagore commence par les pré­ceptes de la vertu active > car avant La purgïnon routes chofes, il faut diffiper & chaf- ff\?^' fer la folie & la parefle qui font en ruùon. nous, & enfuite il faut s'appliquer à la connoiffance des chofes divines; car comme un œil malade, & qui n'eft pas encore guéri de fa fluxion , ne fauroit regarder une lumière éclatante & vive ; de même l'ame qui ne poflede pas encore la vertu , ne fauroit attacher fes regards fur la beauté & la fplendeur de la vé­rité ; & il n'eft pas permis à ce qui eft impur, de toucher à ce qui eft pur.

La Philofophie pratique eft la mère de la vertu ; & la théorétique, eft la mère de la vérité , comme on peut l'apprendre.par les Vers mêmes de Pythagore, où la Philofophie prati­que eft appellée , vertu humaine, &T v<fw •>«• la théorétique eft célébrée fous le"1*"1'' nom de vertu divine ; car après avoir Vett" dé­fini les préceptes de la vertu civile 0e* par ces mots, Pratique bien toutes ces chofes, médite-les bien , il faut que tu

Aij

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6 COMMENT. D'HIéROCIèS

repréfentent tous également la pu-çeté des moeurs, conduifent à la ref-femblance avec Dieu , & décou­vrent le but très-parfait de la Phi-

—- lofophie Pythagoricienne, comme ©n le verra évidemment par l'expli­cation que nous donnerons de cha­cun en particulier. Commençons donc par les premiers.

V E R S I.

Honore premièrement les Dieux immor­tels , comme ils font établis & or­donnés par la Loi.

Lapîétécftia (^OMME la piété , qui fe rapporte £ët?us.des * à la caufe divine, eft la première •c'eft-à-dire, & j a guide de toutes les vertus, c'eft 'ftDucmfc avec raifon que le précepte fur la cet îtrts. piété eft à, la tête de toutes les Loix

?iui font preferites par ces vers : Qu'il aut honorer les Dieux de cet uni­

vers félon l'ordre dans lequel ils ou , <pu u font établis, & * que la Loi éter-1"rîÉtl" nelle, qui les a produits, leur a dif-v.iestemac- tribué avec leur effènee en les pla­cées opi- Çant les u n s dans k première fphere nion de la célefte, les autres dans la féconde %

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SUR LES VERS BE PYîHAG. ?

les autres dans la troifierne. & ainfi *ftfjt»ut!on . r . • r ,\ i . d e s Dieux es

de iuite, juiqu a ce que tous les glo- diffirtmes bes céleftes ayent été remplis. Car sP^erei»n'en

de les recônnoitre, & de les hono­rer félon l'ordre & le rang où ils ont été placés par leur créateur & leur père, c'eft obéir à la Loi di­vine , c'eft leur rendre véritable­ment tout l'honneur qui leur eft dû ; comme auflî de ne point trop il oe faut ni relever , ni rabaifler leur dignité £Î2fler' i« dans les (èntimens que l'on a d'eux. Dieu» inft-mais de les prendre pour ce qu'ils r,eu"' font, de leur donner le rang qu'ils ont reçu , & de rapporter tout l'hon­neur qu'on leur rend au feul Diett qui les a créés, & qu'on peut appel-ler proprement le Dieu des Dieux, le Dieu fuprême & très-bon. En effet le feul moyen que nous ayons de trouver, & de comprendre la majefté de cet Etre excellent qui a créé le monde, c'eft d'être bien con­vaincus qu'il eft la caufe des Dieux, & le créateur des fubftances raifon-nables & immuables. Ce font ces Fils de Die», fubftances, & ces Dieux qu'on ap- fuWUn«»

. , . . _ . . Sx r immuables * pelle ici Dieux immortels , parce & iucoimj-

A iv

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8 COMMENT. D'HIéROCIIS

titiff de ce qu'ils ont toujours les mêmes fcnti* premier mens, &; les mêmes penfces du Dieu lue. . , , ,. ,-\ r

qui les a crées -, qu ils lont toujours attentifs & attachés à ce fouverain bien , & qu'ils ont reçu de lui im­muablement &r indiviiïblement l'ê­tre & le bien être , comme étant les images inaltérables & incorrup­tibles de cette caufe qui les a créés} car il eft digne de Dieu d'avoir pro­duit de telles images de lui-même, qui ne fuflent pas capables de s'al­térer & de fe corrompre par leur Eente au mal, comme les âmes des

ommes, qui font les dernières des fubftances raifonnables , celles qui font appellées Dieux immortels , en étant les premières.

raffîom & Et c'eft pour les diftinguer des *e"i"meSde a m e s ^es h ° m n o e s qu'on les appelle l'homme, ici Dieux immortels, comme ne mou­

rant jamais à la vie divine, & n'oubliant un fcul moment, ni leur eflence ni la bonté du père qui les a créés ; car voila les paffions, les al­térations auxquelles eft fujette l'ame de l'homme ; tantôt fe fouvenant de fon Dieu, & de la dignité dans la-

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SUR LES VERS.DE PYTHAG. 9

quelle elle a été créée , & tantôt les mettant l'un & l'autre dans un en­tier oubli. Voila pourquoi les âmes *™"m£et

des hommes pourroient être jufte- DUUX mor-ment appellées Dieux mortels, corn- j ^ t * comr

me mourant quelquefois à la vie divine , par leur eloigncment de Dieu , & la recouvrant quelquefois par leur retour vers lui ; vivant ainfi dans le dernier fens d'une vie di­vine , & mourant dans l'autre, au- . tant qu'il eft poffible à une eflenec immortelle de participer à la mort, Mott de , v non point par la ceflation de l'être, me quelle. mais par la privation du bien être : car la mort de Peflence raifonnable, c'eft l'ignorance & l'impiété, qui en­traînent après elles le défordre & la révolte des pallions : l'ignorance de ce qui eft bon précipitant néceflai- Efeiavagequi rement dans l'elclavage de ce qui eft gnoûn/e. '" •mauvais; efclavage , dont il eft im-poflîble de s'affranchir , que par le retour à l'Intelligence & à Dieu, qui fe fait par la rémini feence.

Or entre ces Dieux immortels, & NéceBMc?*; ces Dieux mortels, comme je viens moyen*" n-de les appeller, c'eft une néceflîté "e Dieu k

lL A 1 homme.

A V

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io COMMENT. D'HIéROCIJS

qu'il y ait une eflence au-deffus de l'homme, & au-de0bus de Dieu, & qui foit comme un lien & un mi­lieu qui lie les deux extrêmes les uns avec les autres, de manière que le tout de l'eflence raisonnable foit bien lié & uni.

* ce font les * Cet être moyen n'eft jamais ab-auucscfprlts folument dans l'ignorance de Dieu , bkuheuieiu. & n'en a pas non plus toujours une

connoiflance immuable & perma­nente dans le même degré, mais tantôt plus grande & tantôt moins

setoo que grande. Par cet état de connoiflan-f ïaïi '" c e » *lu* n e ce^c Jama*s abfolument >

il eft au-deflus de la nature humaine, & par cet état de connoiflance, qui n'eft pas toujours la même, 8c qui diminue, ou qui augmente, il eft au-deflbus de la nature divine. Il ne

' " s'eft point élevé au-deflus de la con­dition de l'homme par le progrès de fes connoiflances, & il n'eft pas non

Cit ii eft tet plus devenu inférieur à Dieu , & n a pas ete place dans ce rang mi­toyen par la diminution de ces mê­mes connoiflances ; mais il eft par fa nature un milieu, un être moyeu}

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SUR IES VERS DE PYTHàG. I t

ear Dieu qui a créé toutes chofes, a établi ces trois êtres , premiers , féconds & troifiemes, différents en-tre eux par leur nature, & fans qu'ils puiflent jamais f e déplacer & fe con­fondre les uns avec les autres, ni par le vice, ni par la vertu : mais étant éternellement par leur eflence, ils font différents par le rang qui leur a été donné > & ils ont été placés dans cet ordre par rapport aux caufes qui les ont produits ; car com­me là, c'eft l'ordre qui renferme les trois degrés de la parfaite fageffe, le premier, le fécond, & le dernier ; la fageffe n'étant fageflè , que parce qu'elle produit fes ouvrages dans l'ordre & dans la perfection, de ma­nière que la fageffe, l'ordre, & la sageflï.onfre perfection fe trouvent toujours en- j ^ p ^ ^ " femble . & ne fe féparent jamais ; de même dans cet univers les êtres pro-duitspar la première penfée de Dieu, stntmrcnt doivent être les premiers dans le riciem'rÔ?*' monde; ceux qui font produits par la p°r<i'e * [* féconde, les féconds ou moyens; & 5^ 'erûfc ceux qui reffemblcnt à la fin des pen * «Terreur-

A vj ftes, les derniers dans les êtres rai-v- "reBM*"

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14 COMMENT. D'HIéROCIèS

* J-un fiui bres * d'un feul Tout, qui eft le Ciel, «"'"Voient & comme confervant leur liaifon ^e k mon- d a n s i e u r féparation , & dans leur van'&IC»S- union félon leur efpece ; de forte mé' qu'on ne peut même imaginer au­

cun changement dans leur lïtuation, aucun déplacement, qu'avec la rui­ne entière du monde, ruine qui ne fauroit jamais arriver pendant que la première caule, qui les a pro­duits , fera immuable & ferme dans (es décrets ; qu'elle aura une

"^ puiflance égale à fon eflence ; qu'elle car la bome pofledera une bonté non acquife , WenVifH- mais adhérente & eflentielle; &• que rente de la pour l'amour d'elle-même , elle con-tie"fc! e en duira toutes chofes à leur bien & à

leur félicité. Car on ne peut trouver d'autre caufe raifonnable de la créa­tion des chofes que la bonté eflen-

Bomé eiien- tielle de Dieu ; c'eft Dieu qui eft îâ'feukcai'f"tout D o n P a r fa nature, & ce qui eft de îa créa- bon n'eft jamais fufceptible d'aucu-tion. Grande • -r i r vérité. °e envie Toutes les autres caufes

que l'on donne de la création de cet univers , excepté cette bonté , tiennent plus des néceffités & des

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I J

befoins des hommes, que de l'ittdé-pendance d'un Dieu.

Dieu étant donc tout bon par fa nature a produit les premiers, les êtres les plus femblables à lui ; les , _, , , ~ , . Les Dieu* féconds, ceux qui ont avec lut une immortels, reflemblance moyenne -, & les troi- ^ "4d

r,™ * fiemes, ceux qui de tous les êtres k« Anges. ' femblables à lui , participent le L"bo,nni"» moins à cette reflemblance divine.

L'ordre a été réglé conformément à l'eflence de tous ces êtres créés, de forte que ce qui eft plus parfait eft préféré à ce qui eft moins parfait, non-feulement dans tous les genres, mais aulfi dans les différentes efpe- • ces ; car ce n'eft ni au hafard que toutes chofes ont reçu leur place, & leur rang , ni par un change­ment de choix & de volonté ; mais ayant été créées différentes par la Loi qui les a produites, elles ont leur rang conforme à la dignité de leur nature : c'eft pourquoi ce précepte, Honore-Us comme ils jont placés & dif-pofis par la Loi doit être entendu non-feulement des Dieux immor­tels , mais auû! des Héros > des An-

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1-6 COMMENT. D'HIéROCLèS •

ges , & des âmes des hommes ; car dans chacun de ces genres, il y a une quantité infinie d'efpeces placées & difpofées félon qu'elles ont plus ou moins de dignité ; & voila quelle eft la nature, &quel eft l'ordre ou le rang des eflfences raifonnables.

Quelle eft donc la Loi , & quel , eft l'honneur qui en eft la fuite? ré-

°P rat,on- pétons-le encore. La loi eft la vertu immuable de Dieu , félon laquelle il a créé les êtres divins , & les a

— frangés & placés de toute éternité, .fans qu'ils puiflent jamais changer.

fifteq"w" E c l'honneur conforme à cette Loi , ncur qu'on c'eft la connoiflance de l'eflence de 1™ "pé- c e s ^ t r e s q«e l'on honore, & la ref-rieuts. fembJance que l'on s'efforce d'avoir

avec eux, autant qu'il eft pofïïble ; car ce que l'on aime, on l'imite au­tant qu'on le pent ; & l'honneur ju'on rend à celui qui n'a befoin ie rien, confifte à recevoir les biens

Ce que c'eft qu'il nous procure ; car tu n'honores ou honorer * ,-». r . . . . Bieu. pas Dieu en lui donnant quelque

chofe ; mais en te rendant digne de recevoir de lui , & comme difent

I les Pythagoriciens , Tu honoreras

£

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 17

Dieu parfaitement ,fi tu fais en forte que ton ame fait fon image. Tout homme qui honore Dieu par ks dons, comme un être oui en a be-foin, tombe fans y penfer dans cette — erreur de fe croire plus puiflant & plus grand que Dieu. La magnifi- La m a f» î f f -r o 1 0 1 i?- cence des cence même des dons &" des orfran- dons n'hono-des, n'eft pas un honneur pour Dieu, ^ Vlr^u à moins que ce ne fbit un efprit vé- qui Uioffie. ritablement touché qui les rafle of­frir ; car les dons & les victimes des fous ne font que la pâture des flam­mes; & leurs offrandes, qu'un ap­pât pour, les facrileges : mais l'efprit véritablement touché, & fuffifam-ment fortifié & affermi dans l'a­mour , unit à Dieu ; & c'eft une né-ceffité que le femblable fe porte vers fon femblable; c'eft pourquoi on dit jre %*e.'fi que le Sage elt leul lacrincateur , teur.

Î^u'il eft feul l'ami de Dieu, & qu'il ait feul comme il faut prier; car

celui-là fait feul honorer , qui ne ie feul qui confond jamais la dignité de ceux pj^ 0 " 0 1 " qu'il honore , qui s'offre le premier comme une hoftie pure , qui rend fon ame l'image de Dieu, §c qui

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li COMMENT. D'HIEROCIèS

L'efpritde prépare fon efprit comme un Tertf-1 homme , le r , r r . . . . . . faintTcmph pie, pour y recevoir la lumière di-deDiiu?1"" vine* Qu'offriras-tu à Dieu de toutes

les chofes terreftres & matérielles qui font ici-bas, qui puifle être fa véritable image ! quel don lui feras-tu , qui puifle lui être intimement uni, comme cela arrive nécefiaire-ment à l'eflence raifonnable, qui eft purgée & purifiée ! En effet, comme

~~ difent les mêmes Philofophes, Dieu n'a point fur la terre un lieu plus propre pour y habiter, qu'une ame pure. Ce qui s'accorde parfaitement avec cet Oracle d'Apollon Pythien, J'habite avec moins de plaifir dans le brillant olympe , que dans les âmes des hommts pieux.

^ Or l'homme pieux, eft celui, qui ayant la connoiflance de Dieu, offre fa propre perfection, comme le plus

Quel eft grand honneur qu'il puifle rendre jieux!™6 aux caufes de tous les biens \ qui par

l'ardeur de les acquérir, fe tourne inceflaniment vers ceux qui les peu­vent donner, & qui en fe rendant toujours digne de les recevoir, ho­nore parfaitement ceux qui les don*

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su», LES VERS DE P^THAG. 19

nent fans cefle. Tout homme qui veut honorer Dieu d'une autre ma­nière, & nullement par foi-même, & par les fentimens de fon cœur, fait confifter cet honneur en une profufion inutile des biens exté­rieurs , & cherche à s'acquitter de ce devoir envers lui i ndh point en lui offrant la fainteté &, la vertu , mais en lui donnant des biens tem­porels & périflables ; & ce font des dons qu'un honnête homme même ne fauroit recevoir agréablement, n'étant point donnés avec les difpo-fitions convenables. Et fur cela, voi­ci encore une réponfe dîApbllon Py-thien qui mérite d'être rapportée. Un homme ayant immolé une * hé- **«"#«& catombe magnifique fans aucun fen- "'u_Jf"''• timent de piété , voulut favoir du Dieu comment il avoit reçu fon fa-crifice. Le Dieu lui répondit, lafm-ple orge du célèbre Hermionee a été agréable à mes yeux : faifant connoî-tre par là , qu'il préféroit à toute cette magnificence l'offrande la plus chétive, parce qu'elle étoit relevée par les fentimens d'une véritable

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20 COMMENT. D'HIéROCLèS

«eablë ¥ P*Ct^ ' ^ a V e C *a P ^ tOU E e ^ a S r e a * i

Dieu fan» ble à Dieu j au-lieu que fans la piété fiité* rien ne peut jamais lui plaire.

En voila aflez pour le prcfent fur la fainteté : mais parce qu'une obfer-vation exafte & immuable confer-ve la Loi de l'arrangement de cet

t>ien appelle univers, & que c'étolt la coutume ï£>£°™ a& ^ e s a n c ' e n s de nommer ferment , pourquoi, v. d'un non» myftérieux & ineflàble, les Kem. ] e gardieri-de cette obfervation ; deft

avec raifon qu'après le précepte des Dieux on met ici le précepte du fer­ment comme une fuite dépendante &: néceffaire.

V E R S I I .

RtfpecU le ferment avec toute forte de religion.

s j \ | ous venons de faire voir que la Loi eft la vertu de Dieu , par la-

, quelle il opère toutes chofes immua--ce que c ft blement & de toute éternité. Et ici , mnJmttr en conféquence de cette Loi , nous dès parie dirons que le ferment eft la caufe ment"cu/ii», qui conferve toutes chofes dans le

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; 7[rU*t* fi»-

SUR IES VERS DE PYTHAG. I I

même état, & qui les confirme & v lc!e Re"

aflure , comme étant fermes & fta- "t*^""' blés par la Foi du ferment, & con-fervant par là l'ordre établi par la Loi , de manière que l'immuable arrangement de tous les êtres créés, n'eft que l'effet de la Loi qui les a produits , & du ferment qui les maintient & aflure. Car que tous les êtres demeurent difbofés & ar­rangés par la Loi, c'eft-là le prin­cipal ouvrage & le premier effet du ferment divin, qui eft fur tout, & toujours gardé par ceux qui penfent toujours à Dieu 5 mais qui eft fou-» \ vent violé par ceux qui n'y penfent pas toujours, & qui l'oublient quel­quefois. En effet, à mefure qu'ils s'éloignent de Dieu , ils violent le ferment, ôc ils le gardent à mefure qu'ils s'en rapprochent ; car le fer- serment, ment n'eft ici que l'obfervation des J'?1^, u>« Loix divines, & le lien par lequel divines, font attachés au Dieu Créateur , tous les êtres créés pour le connoî-tre ; & parmi lefquels ceux qui font toujours unis à lui, refpecîent toujours leffrmtnt, & ceux qui s'en détachent

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Sans la vertu il n'eft point de fidélité dans le fer ment. Vice, père di l'infidélité.

le* vicieux \ ne fauroient) être fidèles au feiment.

Moyens de conferver refpeâ dû a ferment.

14 COMMENT. D'HIéROCLIS '

ledent ces vertus font les feuls qui puiflent être fidèles dans les fermens de la vie civile} & le vice, père de l'infidélité & du parjure , foule aux . pieds le ferment par l'inftabilité & l'inconftance des mœurs. En effet, comment l'avare fera-t-il fidèle lorf-qu'il s'agira de recevoir de l'argent ou de le rendre? l'intempérant ou le lâche peuvent-ils être fidèles à leurs fermens ? & les uns & les autres par-tout où ils croiront trou­ver leur avantage, ne dépouilleront-ils pas le refpeâ du ferment, & ne renonceront-ils pas à tous les biens divins pour des temporels & périf-fàbles ? Mais ceux en qui la poflef-fion des vertus eft ferme & aflurée, ceux-là fculs favent conferver le refpeft qu'exige la majefté du fer­ment. Or la voie la plus furepour conferver inviolablementce refpeét, c'eft de n'en ufer ni témérairement-, & au hafard, ni pour les moindres chofes , ni pour mieux affurer ce que l'on raconte ; mais de le réfer-ver pour des chofes néceflaires & honorables, & pour les feules occa-

fions

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I 5

fions où il ne paroît d'autre voie de occaiîonfcu» fàlut que par la vérité du ferment. ,e où 'e f"~ T- 1 r* 1 1 tr-r- n>«ni non

Et le ieul moyen que tous lès aflii- eue permis, tans foient perfuadés de la vérité de ce que nous aflurons, c'eft de faire en forte que nos mœurs foient d'accord avec nos fermens, &: de ne laiflèr à notre prochain aucun fujet de foupçonner que nous foyons capables de préférer quelque for­tune que ce puifle être à la vérité , foit que nous ayons, ou que nous n'ayons pas juré.

Ce précepte , reJpeSe le ferment, nous ordonne non-feulement d être véritables & fidèles dans le fer­ment , mais encore de nous en abf-tenir-, car de ne pas trop ufer du ferment, c'eft le plus court moyen d'être toujours fidèles & véritables. L'habitude de jurer précipite facile­ment dans le parjure , au-lieu que çe !'• la rareté du lerment en produit d or- T dinaire l'obfervation ; en effet ou l'on \ ne jure point, ou fi l'on jure , on eft \ véritable & fidèle, la langue ne s'a-vançant point trop, & ne prévenant point la réflexion par la malheureufe

Tome IL B

Parjure naft "habitude

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Fidélité ferment , cbmpagoe imparable Jp piété.

x6 COMMENT. D'HIéROCIIS

habitude de jurer, & l'efprit ne fe laiflant point féduire & corrompre jar l'emportement des paffions. L'ef->rit eft conduit & régi par les mœurs îonnêtes ; & la langue eft tenue en jride par l'abftinence du ferment. Or la fidélité du ferment s'accorde parfaitement avec l'honneur que le premier Vers nous ordonne de ren­dre aux Dieux ; car elle eft la com<-pagne inféparable de la piété. Auflî le ferment eft-il le gardien de la Loi divine pour l'ordre & l'arrangement de cet univers.

Honore donc cette Loi en obéif-fant à ce qu'elle ordonne, & ref-pe&e le ferment en ne t'en fervant point en toutes rencontres, afin que tu t'accoutumes à jurer véritable­ment , par l'habitude de ne point ju­rer ; car ce n'eft pas une petite partie de la piété que la vérité du ferment.

Mais en voila aflTez fur les pre­miers êtres, fur la Loi divine qui a produit l'ordre & l'arrangement , Se furlefermentquieftlaluite & la dépendance de cette Loi. Or parce qu'après les Dieux immortels il faut

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SDR XES VERS DE PYTHAG. 17

honorer l'être que nous appelions Etre Angflï-Angélique , l'Auteur de ces Vers t '"' pourfuit.

V E R S I I I .

Honore enfuite les Héros pleins de bonté & de lumière.

V_ E font ici les êtres moyens entre les eflènces raifonnables, & qui te­nant la féconde place après les Dieux immortels, précèdent la nature hu­maine , & lient les derniers êtres avec les premiers. Puifqu'ils tien­nent donc la féconde place, il faut leur rendre les féconds honneurs„ en foufentendant auffi à leur égard. ces mots du premier précepte, Ho­nore-les comme ils font placés & difpo-fés par la Loi; car toute la vertu & la force de cet honneur confident à Pour hoiw-connoître véritablement l'effence de £ u

rt ~^ î

ceux que nous honorons ; cette con-cyimoîtce noiflance nous faifant trouver d a - ^ X h l bord fans peine tout ce que nous de- note, vons dire & faire pour les honorer comme il faut ; en effet comment parlera-t-onconvenablement à ceux

Bij

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it COMMENT. D'HIéROCLIS

que l'on ne connoît point, & com­ment offrira-t-on des préfens à ceux dont on ignore la dignité ? Le pre­mier donc & le feul véritable hon­neur , à l'égard même de ces Héros Îtleins de bonté & de lumière, c'eft a connoiflance de leur eflence &

de leur ordre , & le dilcernement précis & jufte de leurs emplois, & de la perfection qu'ils contribuent de leur part à cet univers , en con-féquence du rang qu'ils occupent ; car nous devons proportionner en toutes chofes à leur eflence l'hon­neur que nous leur rendons, & cette mefure ne peut venir que de la con­noiflance que nous en avons : car lorfque nous connoîtrons la nature &c le rang de chaque être, alors feu­lement nous pourrons leur rendre

Aucunenam- l'honneur qu'ils méritent, & que la *à u fn«uree Loi veut que nous leur rendions. Et humaine,ne nous n'honorerons aucune nature "ùh"cGrand inférieure à la nature humaine} principe, mais nous honorerons principale­

ment les êtres qui font fupéri. urs à ce font les nous par leur eflence, & ceux qui t>aiws.

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SûR LES VERS DE VYTHâG. i$

étant nos égaux font diftingués & élevés au-deflus de nous pat l'émi-nence de leur vertu.

De tous les êtres fupérieufs à nous par leur eflTence, le premier & le plus excellent , c'eft Dieu , qui a créé toutes chofes \ & c'eft lui auQl qui doit être honoré par deflus tous, fans aucune comparaifon ni concur­rence. Et ceux qui font après lui, Ô£ par lui les premiers dans le monde, qui penfent toujours à lui, qui ex­priment & repréfcntent fidèlement en eux tous les biens dont la caufe, qui les a créés, les a faits partici->> pans, & que le premier vers ap­pelle Dieux immortels, parce qu'ils ne meurent jamais , &r qu'ils ne quittent jamais la reffemblancé qu'ils ont avec Dieu , mais y perfé-verent toujours, & de la même ma­nière ; ceux-là , dis-je , doivent re­cevoir après Dieu les premiers hon­neurs. Les féconds honneurs, & les honneurs moyens font dûs aux êtres moyens, c'eft-à-dire, qui occupent le fécond rang , & qui font appel-

Biij

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30 COMMENT. D'HIéROCIJS

lés ici Héros pleins de bonté & de îtt-r>'oaTknt la miere, qui penfent toujours à leur leiAngeifont Créateur, & qui font tous édatans met.». de | a lumière qui rejaillit de la fé­

licité dont ils jouiffènt en lu i , non pas pourtant toujours de la même manière , & fans aucun change­ment ; car étant unis à Dieu comme moyens , & ayant reçu la grâce d'être toujours tournés vers lui , fans pouvoir s'en détourner , ils mar­chent toujours autour de ce pre-

v.ietrtmat- nrier être, mais avec des efforts qui ,UM' ne font pas toujours égaux ; 6c par la

pleine connoiflance qu'ils ont d'eux-mêmes , ils féparent & réunifient l'intimité immuable que les premiers êtres ont avec Dieu , en faifant dc la fin de l'intimité de ces êtres le commencement de leur initia­tion. C'eft pourquoi ils font appel-lés avec railbn, Héros excellents, l'é-

rexcellence pithéte qui lignifie excellents , mar-""bomé "& <îu a n t P a r & racine qu'ils font pleins dam la lu- de bonté & de lumière, ne tombant """'• jamais ni dans le vice ni dans l'ou-Hp«« , bli ; & le terme de Héros , venant H<rocs, pour d 'u n mot qui fignifie amour , pour

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$ua LES VERS DE PVTHAG. J l

marquer que pleins d'amour pourE>««*, amours. V.

remar-Dieu, ils ne cherchent qu'à nous,"™ aider à pafler de cette vie terreftre qu«. à une vie divine , & à devenir Ci­toyens du Ciel. On les appelle auffi Ga!'r

d<timol , ' ., XK. • o e n G r e c e f t

bons démons , comme înltruits & p0ur </«mon, favants dans les Loix divines ; & JJ?™ ,ia" quelquefois on leur donne le nom d'Anges, comme nous déclarant & nous annonçant les règles par la bonne vie & la félicité. Quelque­fois auffi, félon ces trois fens, nous partageons en trois clafles tous ces êtres moyens, ceux qui approchent le plus des êtres ccleltes & divins , nous les appelions Anges : ceux qui font attachés aux êtres terreftres , nous les appelions Héros ; & ceux qui tiennent le milieu également éloignés des deux extrêmes , nous les appelions Démons ; comme Pla­ton l'a pratiqué très-fouvent. D'au­tres, ne donnent à ce genre moyen qu'un de ces trois noms, en les ap-pellant Anges , Démons, ou Héros, par les raifons que nous avons di­tes ; & c'eft ainh qu'en a ufé l'Au­teur de ces Vers : il les appelle

Biv

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-}i COMMENT. D'HIéROçIIS

Hiécodês te- Héros pleins de bonté & de lumière ; car levé tropjci ., - r , , > la nature aa- us iont a 1 égard du premier genre , f nJ.' c o m m e la fplendeur à l'égard du $Mes. feu 3 & comme le fils par rapport au

père ; c'eft pourquoi ils font célé­brés comme enfans des Dieux , & avec juftice ; car ils ne font point nés de race mortelle, mais ils font pro­duits par leur caufe uniforme & (im­pie , comme la lumière vient de ïeflence du corps lumineux, je dis la lumière claire & pure, après la­quelle on imagine aifément une lu­mière pleine d'ombre, & mêlée de ténèbres. Et à cette lumière obfcure, répond analogiquement le troisiè­me genre d'êtres ; c'eft-à-dire , le genre humain, à caufe du penchant qu'il a au vice & à l'oubli, qui le rend incapable de penfer toujours à Dieu. 11 eft inférieur aux êtres qui y penfent toujours, en ce qu'il cef-fe quelquefois d'y penfer ; voila fes ténèbres : mais il eft fupérieur aux êtres fans raifon, en ce qu'il revient quelquefois à y penfer, & qu'il eft quelquefois rappelle à la fcience divine, lorfqu'il fe jqint aux chœurs

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 3 j

céleftes en dépouillant toutes les af-fe&ions charnelles, & en fe déga­geant de toute la corruption du corps; & voila fa lumière. Alors -Pourquoi u»

t • • 1 1 1 • j Saints doi-celui qui a ete honore de cette gra- vent eue no­ce divine , devient digne de nos noï4»' hommages & de nos relpeéks, com­me ayant relevé & orne en lui l'é­galité de notre nature, par la par­ticipation à ce qu'il y a de meilleur. Or tout homme qui aime Dieu doit ceux qui af.

m • A1 • T-.- ment Dieu, aufli aimer tout être qui a avec Dieu aiment tou't quelque reflemblance , foit qu'il cequiiuiref-poflede cette reflemblance de toute GMIUT pria-éternité , ou qu'il ne l'ait acquife dPe« que depuis quelque temps, comme tous les hommes qui fe font diftin-gués par l'éminence de leur vertu, & fur lefquels le Vers fuivant va nous donner ce précepte.

V E R S I V .

Refpecle aujjî les Démons terrejires, en qui LTvécù leur rendant le culte qui leur efl lé- f"r u. ter" •

IA J & qui ne font gitimement du. p£s. v ; i„

Remarques.

I'AUTEUR de ces Vers parlant des âmes des hommes qui font ornées

Bv

L

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34 COMMENT. D'HiÉROciis.

de vérité & de vertu , les appelle Démons , comme pleines de fcience & de lumière ; & enfuite pour les diftinguer des Démons qui Font tels par leur nature, & qui tiennent le milieu , comme on l'a déjà d i t , il ajoute cette épithete terrejlres , pour

pythagore a £" r e entendre qu'elles peuvent con-piutôc em- verfer avec les hommes , animer rZduT des corps mortels, & habiter fur la ceux qui fom terre. En les appellant Démons, il Rem?'V'les les fépare des nommes médians &

impies qui font très-ignorans , & par conséquent très-éloignés d'être Démons; &: en ajoutantTépithete, ttrreftres, il les fépare de ceux qui font toujours pleins de lumière & de fcience, & qui ne font pas d'une nature à vivre fur la terre, ni à ani­mer des corps mortels ; car ce nom de Démon terrejlre, ne convient qu'à celui qui étant homme par fa na­ture , eft devenu Démon par l'habi­tude & la liaifon, & favant dans les chofes de Dieu. Le troificme genre eft appelle fimplement & pro­prement urrejlre, comme le dernier des fubftances raifonnables, & en-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. ff

, tiérement adonné à la vie terreûre ; car le premier eft célefte, & le fé­cond , celui du milieu, eft éthérien. Àinfî donc, tout les homme* étant ttrrejlns, c'eft-à dire, tenant le troi-fîeme & dernier rang parmi les fubf-tances raifonnables ; & n'étant pas tous Démons, c'eft-à-dire, doués de fcience & de lumière, c'eft avec raiç fon que l'Auteur de ces Vers a joint ces deux noms , Démons terrejlres , il l'a «m-pour fignifier les hommes fages & i 'ïfier'Ts vertueux ; car tous les hommes ne hommes fa-font pas fages, & tous les fages ne fûe'u , Vqu"i font pas hommes ; les Héros & les après leur Dieux immortels, qui par leur na- "n^Tgauï ture font fort fupérieurs aux hom- aux Anges. mes, étant auffi doués de fagefle & de vertu.

Ce Vers nous ordonne donc de refpecler & de vénérer les hommes

3ui ont trouvé place dans les ordres ivins, & qu'on peut regarder com­

me égaux aux Démons, aux Anges, & aux Héros ; car il ne faut pas s'i­maginer qu'on nous confeille ici de refpe&er & d'honorer quelque gen­re de Démons vil & méprifable ,

Bv j

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3<î COMMENT. D'HIéROCLIS

comme l'ufage ordinaire du mot Démon ttrrtjlre pouroit le perfuader > puifqu'en un mot , tous les êtres inférieurs à la nature humaine ne doivent nullement être honorés par ceux qui font touchés de l'amour de Dieu , &r qui fentent leur digni­té & leur nobleffe. Nous n'honore­rons même aucun homme, après les êtres fupérieurs, s'il ne s'eft ren­du femblable à eux , & s'il n'eft compris dans le chœur divin. Quel eft donc l'honneur & le refpecl: qu'on leur doit ? c'eft, dit le Vers, de leur rendre le culte qui leur eft lé~

fifo'ifcuhë g'^imtment dû ; & ce culte confîfte à que Ton doit obéir aux préceptes qu'il nous ont lenrfre aux iajfl£s, &r a les regarder comme des

loix inviolables; à fuivre les mêmes fentiers de vie par où ils ont mar­ché , qu'aucune envie n'a pu les empêcher de nous apprendre , & qu'ils ont tranfmis à leurs fuccef-feurs avec mille peines & mille tra­vaux , comme un héritage immor­tel , en confignant dans leurs écrits pour le bien commun des hommes t les élémens des vertus, & les rè-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. $7

gles de la vérité. Obéir à leurs ré-

f les, &: y conformer fa vie, c'eft les onorer plus véritablement & plus

folidement, que fi l'on faifoit fur leurs tombeaux les libations les plus exquifes, & que fi on leur offrait les facrifices les plus fomptueux.

. Voila quel eft l'honneur qu'on doit aux êtres fupérieurs , honneur qui commençant par le Créateur , 6c paflant par les êtres moyens, qui font les éthériens &: les ccleftes, finit & fe termine aux hommes qui ont été vertueux & gens de bien : mais parce qu'il faut faire auffi grand état desliaifons qui fe trouvent dans la vie , comme des pères & des parens, qui quoiqu'ils ne fpient pas abfolument dans cet ordre de per­fection & de vertu, ne laiffènt pas de mériter nos refpefte par la di­gnité de la liaifon que nous avons avec eux, l'Auteur ajoute»

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3 8 COMMENT. D'HIER ociis

V E R S V.

Horion aujji ton père & ta mère, & tes plus proches parens.

Honneur dû J L vient de nous ordonner de ref­aux perei 8c -*- , , , mères «c aux pecter & de vénérer les gens de puens. bien, comme des hommes divins qui

jouiflentde la félicité; & ici il nous exhorte à honorer notre père & no­tre mère, & ceux qui leur touchent en quelque façon par les liens du fang, quels qu'ils foient, à caufe de la même néceffité de liaifon. Car ce que font à notre égard les êtres, fu-périeurs , dont les céleftes nous

Nos pères & tiennent lieu de pères, par la liai-nos parens fon quj eft e n t re eux & nous de reprefentenr T . , a notre égard toute éternité ; & les Héros nous pieu & les t j e n n e n t i j e u de parens ; c'eft cela £unis Anges. „ r r '

même que lont pour nous dans cette vie mortelle nos pères & mères , & leurs proches , qui les touchent de plus près par le fang , & qui par cette raifon doivent recevoir de nous les premiers honneurs après nos pères & mères. Comment les

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son LES VERS DE PYTHAG. J<*

honorerons-nous donc ? Sera-ce en réglant notre ' vie par leurs fenti-mens, de forte que nous ne pen-fions ni ne faffions que ce qui leur fera agréable î Mais de cette ma­nière notre empreflement pour la vertu, dégénérera en empreflement pour le vice, s'il fe trouve qu'ils loient méchans & vicieux. D'un autre côté auffi , les mépriferons-nous à caufe de la connoiffance que nous aurons de leurs vices? mais comment obéirons-nous par là à la Loi qu'on nous donne ici ? Pouvons-nous en n'honorant ni nos pères & mères, qui font l'image des Dieux, ni nos parens qui repréfentent à notre à égard les * Héros , pou- * ta Angts. vons-nous , dis-je n'être pas im­pies envers ceux auxquels nous con­venons nous-mêmes qu'ils reflèm-blent ? Et cette vertu que nous croi­rons pratiquer en défobéiflant à nos pères & mères, à caufe de leurs vi­ces , ne produira-t-elle pas un plus grand mal, qui eft l'impiété ? Que fi au contraire nous leur obéiflbns en tout, comment fe peut-il que nous ne nous éloignions pas de la piété &

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40 COMMENT. D'HIéROCLES

de la pratique des vertus , s'il ar­rive que par la corruption de leurs mœurs, ils ne nous enfeignent pas la vérité & la vertu ? Car fi tout ce que nos pères & mères nous ordon­nent étoit vrai & bon, l'honneur que nous leur rendrions s'accorde-roit parfaitement avec l'honneur & l'obéiflance que nous devons aux Dieux. Mais fi la volonté de nos pères n'eft pas toujou s conforme aux Loix de Dieu , ceux qui fe trou­vent dans cette efpece de contradic­tion & d'antinomie , doivent-ils

ce qne ron faire autre chofe que ce que l'on doit faire, pratique tous les jours dan lesau-quand I non- • / . neuraûànoj très devoirs, qui en certaines con­tre» & me- jondures fe trouvent incompatibles, cordeVs* & où il faut néceffairement violer «ree la piété. rUn pour fauver l'autre ? car deux

bonnes aérions nous étant propo-fèes, l'une bonne & l'autre meil-

De deux leure, il faut néceflairement pré-nonnes ac- ri i - i i j tions, il faut rerer la meilleure quand on ne ,h°,rur,i P e u t P a s s ' a c q u i t t e r des deux. C'eft meilleure, une bonne aclion d'obéir à Dieu ;

c'en eft encore une bonne d'obéir à fon père & à fa mère. Si ce que Dieu & nos pères exigent de nous

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sus its VERS DE PYTHAG. 41

s'accorde, & qu'en leur obéiflant nous tendions à la même fin , c'eft une grande fortune pour nous, & ce double devoir eft indifpenfable. Mais fi la Loi de Dieu nous ordonne unechofe, & celle de nos pères une autre , dans cette contradiction , qu'on ne peut accorder, nous de-Les feules «rê­vons obéir à Dieu en défobéiflant l$°™f0lt' à nos pères dans les feules chofes où ventdcrobéir ils n'obéiflènt pas eux-mêmes aux iie«»p«e»-Loix divines ; car il n'eftpas poffible que celui qui veut obferver exac­tement les règles de la vertu s'accor­de jamais avec ceux qui les violent. Dans toutes les autres chofes nous "°n"«! ?» _ 0 1 aux pères, eie honorerons nos pères & mères de fans bornes tout notre pouvoir, & fans bornes, ^"s ^ ** en les fervant nous-mêmes , & en point «m-leur fourniffant abondamment, & "oTideDie* de tout notre cœur, les biens dont ils ont befoin; car il eft très-jufte qu'ils fe fervent de ceux qu'ils ont en­gendrés & nourris. Mais pour ce que c'eft-à dire, nous n'avons pas reçu d'eux, la Loi n°"e ame". le déclare libre , & l'affranchit de °'b

ei" peerTe

r<£ leur puiffance, & elle nous o rdonne no"e am<u

d'en chercher le véritable père, de

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4 i COMMENï. D'HiÉRociis

nous y attacher , & de travaille* particulièrement à nous rendre con­formes à fon image ; & par ce moyen nous pourons conferver les biens divins & les biens humains : & comme nous ne négligerons pas nos pères fous un vain prétexte de vertu » nous ne tomberons pas non plus par une obéiflance aveugle & mfenfée dans le plus grand de tous les maux, qui eft l'impiété.,

Que s'ils nous menacent de nous faire mourir pour notre défobéiflan-ce , ou de nous deshériter, il ne faut pas nous effrayer de leurs me-

fc wrofc " ' n a c e s > m a ' s penfer d'abord fur quoi elles tomberont. Ils ne menacent

r?mêâ"toMÛ c l " e c e qu'ik o n t c r e e ï m a i s c e <lu* n'ont point eft à couvert de leurs emportemens, vient'ut*11" <ll" n e P e u t fouS™1" de leurinjuftice, Dieu. & qui ne vient point d eux, il faut

le conferver libre & fournis à Dieu. Le véritable honneur que la vertu

iifautn*fpar-nous o r f j o n n e j e rendre à nos pè-gner ni nos _ , , , . ' corps ni nos res , c elt de n épargner pour leur fitv'c?"^ k ferv'ce » m n o s corps ni nos biens ; nos pères & c'eft de leur être entièrement fou-meres. j ais dans tout ce qui regarde ces

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 4$

deux minifteres ; car il eft féant & julle de ne leur refufer jamais le fervice de nos mains : au-contrai- pimieferv». re, plus ce fervice fera pénible, vil, « de "os

é^ & d'efclave , plus nous devons bié «Tvit, nous y plaire & nous en tenir ho- P}"* n n.ou5

, ' •£ . 1 doit paronre nores- fcncore moins devons-nous agréabie & leur refufer les biens qui leur font honotaUt. nécenaires, & diminuer leur dépen-fe par un efprit d'avarice ; mais nous devons leur fournir abondamment, & de bon cœur tout ce dont ils ont befoin, en nous rêjouiflant, & en nous trouvant heureux de les fervir de nos biens & de nos per­sonnes ; car pratiquer ces deux cho-fes avec joie, &' d'une franche vo­lonté, c'eft accomplir la Loi delà vertu, & payer les droits à la na­ture. Voila quel eft Phonneur que nous devons à nos pères & à nos mères. Celui que nous devons à leurs proches, & qui n'eft que le fécond, fe mefure par le degré de parenté, de forte qu'après nos pè­res & mères nous honorerons plus ou moins nos parens , félon que la nature nous les a plus ou moins unis.

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44 COMMENT. D'HIEROCIJS

V E R S V I .

De tous tes autres hommes , fais ion ami de celui qui fe dijiingue par fa vertu.

Préceptes fut J\ PRèS le précepte qui prefcrit le l'amitié. premier honneur que nous devons A la parenté a. la première parenté, & celui qui avonj°avec r e 8 ' e l'honneur que nous devons à Dieusc avec nos pères & mères, & à leurs pro­ie! sa"u".& c h e s > & 9 u i e f t u n e dépendance da

premier, voici tout de fuite la Loi qu'on nous donne pour contracter l'amitié. C'eft de choifir pour notre a m i , parmi ceux qui ne font pas de notre famille, celui qui eft le plus honnête homme , & de nous

Amitié doit joindre à lui pour la communïca-chée p^uru ^oa <^es vertus , afin que nous faf-vettu, & non fions de l'homme de bien notre pout mte- a m j p Q u r u n e b o n n e caufe > & que

nous ne recherchions pas fon amitié par aucun autre intérêt ; de forte que ce précepte eft entièrement fem-blable à l'avertiflement qu'on nous a donné fur les gens de bien qui font morts > car comme là on nous

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SUR: LES VERS BE PYTHàG. 45

3 dit que nous ne devions honorer 6f vénérer que ceux qui (ont rem­plis de fcience & de lumière, on nous dit de même ici , que nous ne devons faire nos amis, que de ceux qui ont de la probité & de la ver­tu. Sur ceux-ci , on nous donne le choix , & pour nos pères & leurs proches, on fe repofe fur la nature} car un père , un frère attirent na- tavertunous turellement le refpeék ; mais les au- ^ 7 ^ ? * très, je veux dire les amis, c'eft laCefiunatu-vertu feule qui en fait le prix , "e $"oi^u comme c'eft elle qui fait le mérite àoos païens, de ceux qui font morts.

Les êtres qui précèdent ces der­niers , c'eft la nature même qui les rend refpeétables , & qui nous or­donne de les honorer. Dans le Ciel ce font les Dieux & les Héros ( les Anges, ) & ici-bas ce font nos pères §c nos parens , qui dans une na­ture mortelle nous repréfentent in-ceflamment l'image de la parenté immortelle qui nous lie à ces Dieux & à ces Héros.

Voila quelle doit être la première recherché , & la première acquifi-.

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4<J COMMENT. D'HIéROCIJS

don d'un ami : quant aux moyens dont on doit fe lervir pour le con-ferver pendant qu'il contribuera à notre véritable bien , ou pour l'abandonner s'il vient à fe cor­rompre & à ne plus obéir aux pré­ceptes & aux confeils qui tendent à fa perfe&ion ; on va nous les enfeigner.

V E R S V I I , V I I I & IX.

o» pourrait çeje toujours à/es doux avtrtij/ïmens t

iquecceVers, & à fes aciions honnnêtes & utiles. Cède à ton tant en lui — . . . , , -parlant avec Et Ut VltTlS jamais a haïr tOTl atnipOUf douceur, ù une légère faute . autant que tu le en lui rendant 9 •> " t toute forte de ptltX. bons fervices. c ^ o S l " Or la puifance habite près de la né-roclèseftpluï CeJJÎCC. profonde.

conduite O N traite ici comment il faut qu'ondoie fe conduire avec fes amis. Premié-fts'amis? rement, il faut leur céder & leur

obéir quand ils nous donnent des confeils honnêtes , & qu'ils font .quelque chofe pour notre utilité >

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SUR. LES VER5 PE P Y T H A G . 4 7

puifque c'eft pour ce commun bien que la Loi de l'amitié nous lie, afin qu'ils nous aident à faire croître en nous la vertu , & que nous les ai­dions réciproquement à la faire croître en eux; car comme"Compa-Iefam.jron gnons de voyage, & marchant en- d« compa-iemble dans le chemin de la meilleu f °°"d e . re vie, ce que nous voyons mieux doivent s'en-l'un que l'autre , nous devons le"fa"r'

éJX dire & le rapporter a 1 utilité com­mune , en cédant doucement aux bons confeils de nos amis, & en leur faifant part de tout ce que nous avons d'honnête & d'utile. Et pour ce qui eft des richefles, de la gloire, & de toutes les autres choies qui réfultent d'un aflemblage pé-riflable & mortel , nous ne de­vons jamais avoir avec nos amis le moindre différent ; ce feroit haïr pour une légère faute ceux qui font nos amis pour les plus grands des biens. Nous apporterons donc nos amis en toutes chofes, comme étant liés à eux par la plus grande de tou­tes les néceffités, par les liens de l'amitié. Il n'y a qu'un feul point

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août.

48 COMMENT. D'HiÉnocLÈSi ' t

ta feule cho- où nous ne les fupporterons pas.' do°tV»°fup-Nous n e l e u r céderons nullement, portée fes lorfqu'ils fe laifleront corrompre ;

& nous ne les fuivrons en aucune manière , lorfqu'ils quitteront les voies de la fagefle pour rentrer dans un autre train de vie ; car nous nous taillerions emporter avec eux loin du but de la vertu ; mais nous ferons tous nos efforts pour redref-fer notre ami , & pour le ramener dans la bonne voie. Si nous ne pou­vons le perfuader, nous nous tien­drons en repos fans le regarder com­me notre ennemi, à caufe de notre ancienne amitié, ni comme notre

faut'ga^dér1 ami , à caufe de fa corruption. De en renonçant forte que par cette feule raifon , ouewJrl.de n o u s Ie quitterons & le renonce­

rons , comme incapable de nous aider de fa part à cultiver & à faire croître en nous la vertu, pour la­quelle feule nous lavions recher­ché. Mais il faut bien prendre gar­de que cette féparation ne dégé­nère en inimitié ; car quoiqu'il ait rompu le premier notre union , nous fommes obligés d'avoir un

très-grand

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STTR tES VERS 'D^ PYTHAG. 49

très-grand foin de rappeller à fbn Devoir» e». devoir , fans nous réjouir de la *„" ?°îorr. chute d'un ami, fans infulter à fon <!uil,*'él<jj" erreur, à fa faute : mais plutôt en min'V'u compatiflant à fbn malheur avec venu. douleur & avec larmes , en priant pour lu i , & en n'oubliant aucune des chofes qui peuvent le ramener an falut par le repentir. Or les choies qui peuvent le ramener , c'eft de n'entrer avec lui en aucun démêlé, ni fur le bien, ni fur la gloire ; c'eft de ne pas le priver de notre fociété avec éclat & avec hauteur ; c'eft de ne pas triompher de fes malheurs, en les faifant fer-vir à notre ambition & à notre va­nité. Et comme ce qui contribue le plus à nous faire conferver nos amis , ou à nous les faire quitter avec raifon & avecjuftice, ou en­fin à nous mettre en état de les rap­peller à leur devoir par le repen­tir , c'eft de fupporter leurs torts ; c'eft de n'entrer avec eux dans au­cune difcuflîon trop exade de nos intérêts; c'eft d'avoir de l'indulgen­c e , & de ne pas tout prendre a la

Tome IL C

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50 COMMENT. D'HIéROCIèS

la rigueur ; en un mot , d'avoir une patience auffi grande qu'il eft en notre pouvoir : voila pourquoi l'auteur de ces Vers ajoute, autant

ta puiffance qUc tu U peux. Et enfuite, afin que "rel""»?" n o u s n e mefurions pas la puiffance pat u voiou- par la volonté , mais par les forces !»'forc'sP<ié de ^a nature, autant que la nécef-u nature. flte furvenant en peut faire trou-Puiffanceha ver , il nous avertit que la puiffance u'né«fficéde nabltl Pr*s dt ia nécefftù ; car chacun

de nous eft convaincu tous les jours, par fon expérience, que la necef­fité lui fait trouver plus de forces 3u il n'avoit cru en avoir. 11 faut

onc nous bien mettre dans l'ef-prit , que nous devons fupporter nos amis , autant que la neceffité nous fera voir que nous le pou­vons , & que ce qui nous avoir pa­ru infupportable , nous devons le rendre (upportable par la neceffité de l'amitié ; car il ne faut pas nous imaginer que le courage & la gé-nérofité ne doivent être employés qu'à fupporter les chofes qu'ordon­nent la violence & la force. Tout ce qui va à conferver ou à rega-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 51

gner nos amis , demande & mérite une plus grande patience, comme étant des ordres mêmes de la né- # ceffitc divine. Or pour les fages, la J^f,^ * nccefflté de l'efprit eft plus forte fo'« 'iuc . & plus puiflante que toute la for- ijeut'du ae-ce qui vient du dehors. Soit donc ho«« que tu regardes la néceffité qui vient des conjonctures & des cir-conftances, foit que tu conlideres la néceffité de la volonté , cette néceffité libre & indépendante , qui eft contenue dans les bornes de la fcience , &: qui émane des loix divines , tu trouveras la mefure de la puiflànce qui eft en toi, &: que ce Vers veut que tu employés pour . tes amis, en t'ordonnant de ne pas rompre facilement avec eux , & de ne pas les haïr pour une légère faute. En effet ce vers compte pour très peu de chofe tout ce qui ne touche point l'ame : il nous défend de faire de notre ami un ennemi pour de vils intérêts , & il nous ordonne de tâcher par une indiffé­rence entière pour toutes les cho-fes extérieures, de regagner notre

Cij

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51 COMMENT. ' D'HIéROCLIS.

ami, & de nous mettre en état de nous rendre ce témoignage, que nous avons confervé nos amis au­tant qu'il a dépendu de nous ; que nous avons rappelle & redrefle ceux qui fe laiflbient gagner au

Nerenrfre}a- vice; que nous ne leur avons don-«me 'à no$ n ^ aucun fujet de rompre avec amis, quand nous; que nous ne leur avons maieavecenI P a s r e n du la pareille, quand ils nous. ont les premiers renoncé à notre

amitié ; car voila ce qu'exige la Loi facrée de l'amitié, Loi qui eft

L'amidé eft d une vertu três-éminente, & qui l*rt'usde,& comme trës-parraite , excelle fur leur principe toutes les autres vertus ; puifque la ç-eft upiété. fin d e s v e r m s ^ dc& i-amicié, & leur

principe, c'eft la piété. Les règles de la piété font pour nous les fe-mences des vrais biens ; & l'habi­tude de l'amité , eft le fruit trës-parfait des vertus. Comme donc il faut toujours conferver la juftice, non-feulement avec ceux qui en ufent bien avec nous, mais encore avec ceux qui cherchent à nous faire tort, & cela, de peur qu'en leur ren­dant le mal pour le mal, nous ne

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SUR tEs VERS DE PYTHAG. J J

tombions dans le même vice ; il faut Amitié, «ne „ . r i, • • i humanitéqul

aufli toujours conlerver 1 amitié , aoit téten-c'eft-à dire l'humanité pour tous f".fat t0"s

. f. . ' r « les nomme» j ceux qui lont de notre elpece. Ur mais diffi-nous donnerons la jutte mefure à «mmeW' ' l'amitié, & nous placerons chacun dans l'ordre & le rang convena­bles , fi nous aimons les gens de

. bien, & pour l'amour de la natu-, , re , & pour 1 amour de leurs m-bien doivent clinations , comme confervant en iz" ?,imés

. A _ . , . . pour l'amour eux la perrection de la nature nu- de u nature

. maine ; & fi nous aimons les mé- & de leut

chans, dont les inclinations & les Et les mé-fentimens n'ont rien qui puifle nous ,c,hans foa.t

r . , , . ^ . r . , ~ 1 amour de taire rechercher leur amitié, il nous la nature feu­les aimons , dis-je, pour l'amour de Io ' la nature feule, qui nous eu: com­mune avec eux. C'eft pourquoi on a fort bien dit , Le Sage ne hait per-fonne, & il aime les fculs gens de bien ; car comme il aime l'homme, il ne J'i**8',^. hait pas même le méchant ; & com- ne." p

me il cherche le vertueux pour le communiquer à lui , il choifit fur tout, pour l'objet de fon affedion , le plus parfait ; & dans les mefu-

C iij

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Dieu (tend ion amour fur tout le genre hu­main.

Comment Dieu ,-iime les mechans.

Bette preuve de l'obliga­tion d'aimer lousleshom-

54 COMMENT. D'HIéROCIIS

res & les règles de fon amitié, il imite Dieu, qui ne hait aucun homme , qui aime préférablement l'homme de bien , & qui étendant fon amour fur tout le genre hu­main, a foin d'en départir à cha­que particulier la part qu'il mérite, en appellant 8c unifiant à lui les gens de bien , &: en ramenant à leur devoir les deferteurs de la vertu par les loix de fa juftice ; car c'eft ce qui eft proportionné & utile aux uns & aux autres. C'eft ainfi que nous devons conferver l'amitié pour tous les hommes, en la partageant à chacun félon leur mérite oc leur dignité : nous devons pratiquer la tempérance &r la juftice avec tous les hommes, &- non pas feulement avec les juftes & les tempérans, & nous ne ferons pas bons avec lès bons , & médians avec les méchans ; car de cette ma­nière tous les accidens auraient le pouvoir de nous changer , & nous n'aurions à nous en propre aucun bien que nous pufïïons étendre & déployer fur tous les hommes. Que

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SUR IES VERS SE PYHàG. y$

fi nous avon*; acquis 1 habitude de la vertu , il ne dépend pas du pre­mier venu de nous la faire perdre : &c étant heureufement affermis fur fes fondemens inébranlables , nous ne changerons pas de difpo-fition & de fentiment avec tous ceux que nous rencontrerons. Ce que nous pratiquons fur toutes les autres vertus, nous devons le pra­tiquer de même fur l'amitié , qu i , comme nous l'avons déjà d i t , eft de toutes les vertus la plus grande ; puifque l'amitié n'eft autre chofe que l'humanité qu'on déploie en géné­ral fur tous les hommes & en par­ticulier fur les gens de bien; c'eft pourquoi le nom d'humanité ; c'eft-à-dire, amour des hommes , lui convient particulièrement. Cela fuf-fit fur cet article, paflbns aux autres.

C iv

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'5<> COMMENT. D'HiEROctls

V E R S X & XL

Sache que toutes ces chofes font ainfi : mais accoutume-toi à furmonter & à vaincre ces paffions :

Premièrement, la gourmandife, la pa~ rejft, la luxure, & la colère.

V OILA les paffions qu'il faut répri­mer & réduire, afin qu'elles ne trou­blent & n'empêchent pas la raifon. Courage donc , refrénons la folie entière par de bonnes inftrudions, puifque ces différentes parties fe

ie« paffions prêtent réciproquement des afmes ti^sTcom- P o u r commettre k-féché de fuite, me les m<:m-.&: comme par degrés: par exemple, bresdtiafo- j ' e x c £ s d a n s [c manger provoque un

long fommeil, & les deux enfenv-ble produifent une force & une fanté , qui portent immodérément à l'amour; & qui irritant la par­tie concupifcible de l'ame , la pouf­fent à l'intempérance. La partie irafcible venant enfuite à fe join­dre à cette partie concupifcible , ne craint aucun danger ; aucun combat ne l'effraye, elle affronte

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st?R LES VERS DE PYTHAG. 57 tout pour aflbuvir fes convoitifes , tantôt pour la bonne chère, tantôt pour des maîtrefles, & tantôt pour d'autres voluptés. Accoutume-toi donc à tenir ces pajjions en bride, en com­mençant par la eourmandife , afin que les parties déraifonnabies de l'ame s'accoutument à obéir à la raifon, & que tu puiffès obferver inyiolablement la piété envers les Dieux , le refpeéfc envers tes pa-rens, & tous les autres préceptes, qu'on vient de te donner. L'obfer-vation de ces premiers préceptes-dépend de ceux-ci ; &c on les viole­ra infailliblement , fi les paffions-ne font foumifes, & n'obéiflent à la raifon ; car d'un côté, ou la co­lère nous excitera contre nos pa» rens, ou la concupifcence nous ar­mera contre leurs ordres ; & de l'autre côté, ou la colère nous pré­cipitera dans le blafphême, ou le defir des richefles dans le parjure.. En un mot, tous les maux font caufés par ces paffions, lorfque I*

. raifon n'a pas la force de les ranger à leur devoir, & de les foutnettre-

C v

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58 COMMENT. D'HIéROCIJS

Voila les fources de toutes les im­piétés , de toutes les guerres qui divifent , des trahifons des amis , & de tous les crimes que l'on com­met contre les Loix. De forte que les méchans font forcés de crier comme la Médée du théâtre.

Les uns ;

Je vois tous Us forfaits dont je vais me noircir ;

Mais ma faible raifon cédant à ma colère, &c.

Les autres,

Je connois tous les maux que ma main va commettre ;

Mais ma raifon cédant à ma cupi­dité y &C.

Ou même,

Tes confeilsfont très-bons, j'en vois Vutilité ;

Mais les honteux liens qui capti­vent mon ami,

M'empêchent d'obéir. Car tout ce qui eft capable de

raifon, étant bien difpofé pour fen-

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SUR LES VERS D'HIéROCLES 59

tir ce qui eft beau & honnête , eft toujours éveillé & toujours prêt pour obéir aux préceptes de la raifon, lorfque les penchants de fes paf-fîons, comme autant de mafles de plomb , ne l'entraînent pas dans l'abîme du vice.

Il faut donc que nous fâchions, que nous connoiflîons nos devoirs, &que nous accoutumions, autant qu'il eft en notre pouvoir, nos facultés bru­tales , à obéir à la raifon qui eft en nous ; car les paffions étant ainfi foumifes , la raifon fera en état d'obferver inviolablement les pre­miers préceptes, pour lefquels on nous dit ici : Sache que toutes ces chofes font ainfi. Et pour les précep­tes fuivans , on nous dit : Mais ac- La rajfon fe

coutume-toi à vaincre, &c. pour nous «gleparriii-taire entendre que la partie railon- uPaffionpar nable fe règle par l'inftruétion & l'bibiwd.. par la fcience ; & que la partie bru­tale fe régit par l'habitude & par des formations, fi l'on peut ainfi par­ler , qui font en quelque façon cor­porelles. Et c'eft ainfi que les hom­mes réduifent & dreflent les ani-

Cvj

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Go COMMENT. D'HIéROCIJS

maux par le moyen de l'habitude Biens que feule. L'appétit donc accoutumé à tempérance ^ contenter d'une mefure jufte & dans le boire fuffifante , rend les autres paffions Lng«.k du c o r P s P l u s modérées , & la co­

lère moins bouillante & moins em­portée; de forte que n'étant point violemment agités par les paffions, nous pouvons méditer avec tran­quillité ce que nous fommes obli-

Krns qui gés de faire ; & de là nous appre-nailfent de la, ° « n^ a

umfétance. n o n s * nous connoitre nous-mê­mes , à connoître ce que nous fom­mes dans la vérité, & à nous ref-{>eéter quand nous nous connoif-bns. Et de cette connoiflance , &

de ce refpeâ:, qui en eft la fuite in-iàillible, vient la fuite des actions honteufes, e'eft-à-dire, de tous les maux, qui font appelles honteux., parce qu'ils font indécens & indi­gnes d'être commis par une fubf-tance raisonnable., & c'eft. de quoi ©a va parler.

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su», LES VERS DE PYTHAG. 6t

V E R S X I I & X I I L

Ne commets jamais aucune action hon~ ttufe , ni avec Us autres,

Ni en ton particulier ; & fur-tout ref-ptcle-toi toi-mime.

1 L arrive très-ordinairement, ou l e* dèur5

c -r • voies qui'

que nous rations en notre particu-nousconduî-lier des actions honteufes, parce que fc°r .au *"**• nous les croyons indifférentes , ce u foàété. qufe nous n'aurions jamais fait de­vant un autre, à caufe du refpeéfc que nous aurions eu pour un té­moin ; ou au contraire , qu'entraî­nés par le nombre, & les complices diminuant la honte de l'action, nous commettons avec les autres* ce que nous n'aurions jamais com­mis feuls & en notre particulier. Voila pourquoi le Poëte ferme ici ces deux chemins qui peuvent nous conduire à ce qui eft honteux & mauvais ; car fi tout ce qui eft hon- c* qui f * teux eft véritablement à fuir, il n'y %^s ne

a. point de circonftànce qui puifle changer par les circont» _ t

cherché. Voila pourquoi il a joint jamais le rendre digne d'être re- tance^

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6i COMMENT. D'HIéROCL^S

ici les deux, ni avec les autres, ni en ton particulier ; afin que ni la folitu-

, de ne te porte à ce qui eft indécent, ni la fociété & le nombre des com­plices ne juftifient jamais le crime à tes yeux. Aprësquoiilajoutelacau-fe qui feule détourne de commettre

le refpea de Je mal furtout rtfpecle toi toi-même-y car nous-mêmes r ? Jr s r CL ^ • nous éloigne fi tu t accoutumes a te relpecter toi-dumai. même, tu auras toujours avec toi

un garde fidèle que tu refpe&eras, qui ne s'éloignera jamais de toi , & qui te gardera à vue : auffi eft-il fouvent arrivé, que beaucoup de gens , après que leurs amis ou leurs domeftiques les ont eu quittés, ont fait ce qu'ils auroient eu honte de faire en leur préfence. Quoi donc n'avoient-ils nul témoin? je ne par­

a d e la*" ' e P ° i n t *Cl ^ e ^ e U ' C a r ^ ' e U ^ fencêe'dts bien loin de la penfée des méchans : méchans. Mais n'avoient-ils pas pour témoin

l eu rame , c'eft-à-dire eux-mêmes? N'avoient-ils pas le jugement de leur confcience? Ils les avoientfans doute : mais fubjugués & aflervis par leurs paflîons , ils ignoroient qu'ils les eufTent ; & ceux qui font

•>

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suk LES V E R S DE PYTHAG. 6j

en cet état méprifent leur raifon, & la traitent plus mal que le plus vil efclave. Etablis-toi donc toi-même pour ton garde, &ton fur-veillant ; & les yeux de l'entende­ment toujours attachés fur ce garde fidèle , commence à t'éloigner du vice. Le refpeél: que tu auras pour toi-même deviendra de néceffité un éloignement & une fuite de tout ce qui eft honteux , & indigne dêtre commis par une fubftançe raifonnable. Et celui qui trouve in­dignes de lui tous les vices, fe fa- Deia fuite du miliarife infenfiblement avec laver- »«*naît u

tu. C'eft pourquoi le Poète ajoute.vcrtU"

^

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^4 CoMMEKT. û'HlEROClis

V E R S XIV, X V , XVI &£ XVIL

Enfuitt , obferve la jufiice dans tes actions & dans ta paroles,

Et ne £ accoutume point à te comporter dans ta moindre chofefans règle & fans raifon;

Mais fais toujours cette réflexion , que par la deflinée il eji ordonné à tous les hommes de mourir ,

Et que les biens de la fortune font in­certains ; & que comme on peut les acquérir, on peut auffi les perdre.

C>ELUI qui fê refpecte lui-même, devient fon garde, pour s'empêcher de tomber dans aucun vice. Or il y a plufieurs efpeces de vices : le vice de la partie raifbnnable , c'eft l a

chaque par- f0] j e . c e j u j <je i a partie irafcible, lie de I ame » , / , . , * • . o r i • ta vices, c eft la lâcheté ; & ceux de la partie

concupïfcible, c'eft l'intempérance & l'avarice : & le vice qui s'étend fur toutes ces facultés , c'eft l'injuf-

nnhiftice t'ce. Pour éviter donc tons ces vi-embrafle c e s n o u s a v o r j S befoin de quatre-

tous les vi- , , , * , «e», & s'é- vertus ; de la prudence , pour l a

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SUR LES VERS DE PYîHAG. £5

)artie raifonnable ; du courage , tend fur te» )ourla partie irafcible; de la tem-c? J" k'"'"

r , r • . . _ . tes de 1 amc >erance, pour la partie concupiici->le; & pour toutes ces facultés en­semble , nous avons befoin de la

juftice, qui eft la plus parfaite de toutes- les vertus, & qui régnant dans les unes & dans les autres, tj» juftice 1* les renferme toutes comme fes dVsVnw'è* propres parties. Voila pourquoi ceeIle„lc« «m-\r r r t • n- f _ l • biafletoute». Vers nomme la juftice la première, la prudence en fuite , & après la prudence, il met les plus excellens effets qui naiflent de cette vertu , & qui contribuent à la perfection, à 1 intégrité ou à la totalité de la juf­tice ; car tout homme qui raifonnc bien, & qui fe fert de fa pruden­ce, a pour fécond dans les chofes louables , le courage ; dans les cho­fes qui flattent les fens, la tempé­rance -, & dans les unes & les au­tres, la juftice : & ainfi la pruden- tapni<kn«, cefe trouve le principe des vertus; 'e •ptl"<jjpe.e &: la juftice leur fin : Se au milieu, ujùnice ', font le courage & la tempérance;leut fin-car k faculté qui examine tout par le raifonnement , & qui cherche

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66 COMMENT. D'HIéROCIèS

toujours le bien de chacun dans toutes les actions, afin que toutes chofes fe faflent avec rail on & dans Tordre, c'eft l'habitude de la pru­dence , c'eft-à-dire, la plus excel­lente difpofition de notre eflence raifbnnable , & par laquelle toutes les autres facultés font en bon état, de manière que la colère eft vail­lante, & la cupidité tempérante; & que la juftice corrigeant tous nos vices, & animant toutes nos ver­tus, orne notre homme mortel par l'abondance exceffive de la vertu

c*ç/t de l'ef-de l'homme immortel ; car c'eft q"e

c fc"ver-or'S'naircment c 'e l'cfprit divin , tus rayon- que les vertus rayonnent dans l'ame nwret'me. raifbnnable ; ce font elles qui cons­

tituent fa forme, fa perfection & toute fa félicité. Et de l a m e , ces

De Yame ia vertus rejaillirent par une fecrete «"us rqa'J-communication , fur cet être in-

fenfé, je veux dire , fur le corps mortel , afin que tout ce qui eft uni à l'eflence raifonnable foit rem­pli de beauté , de décence , & d'or­dre. Or le premier, & comme le guide de tous les biens divins, 1&

lilfcnt fui le corps.

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. 67

prudence, étant bien fondée & af- La rru'&oee, fermie dans famé raifonnable, fait '.e Ça'mk,r',

j 1 L • 1 Scie guide de

quon prend le bon parti dans tou- romiesbien» tes les occasions ; qu'on fuppotte divins-courageufement la mort, & qu'on fouffre avec patience ô\r avec dou­ceur la perte des biens de la fortu-Eff"e" dc '*

t . . , , , . prudence.

ne -, car il n y a que la prudence qui puiffe foutenir fagement &c avec in­trépidité les changemens de cette na­ture mortelle, & de la fortunequi la fuit. En effet, ceftelle qui connoît t» fortune par la raifon la nature des chofes ; fàitk "ne elle fait que c'eft une néceffité in- dépendance difpenfable, que ce qui eft compo- motteiïe"'" fé de terre & d'eau , le réfolve dans ces mêmes élémens qui le compo-fent; elle ne s'irrite point contre la néceffité ; & fur ce que ce corps mortel meurt, elle ne conclut point qu il n'y a point de providence -y car elle connoît qu'il eft ordonné par la deftinée , à tous les hommes de mourir, qu'il y a un temps prefix pour la durée de ce corps mortel, & que le dernier moment étant venu, il ne faut pas en être fâché, mais le recevoir, &: fe foumettre

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6% COMMENT. D'HIéROCIJS

volontairement , comme à la loi divine ; ceft ce qu'emporte pro­prement le mot de dijlinét ; il ligni­ne , que Dieu même par fes décrets, a deftiné , a marqué à notre vie mortelle des bornes néceflaires, & qu'on ne peut paffèr ; & c'eft le propre de la prudence de fuivre les

finnhà"nehp« d e c r e t s des Dieux , en cherchant *ioutit,m»iinon à ne pas mourir, mais à bien i_ bi» mou- m o u r i r . Semblablement, elle n'i­

gnore pas la nature des biens de la Fortune ; elle fait qu'ils viennent aujourd'hui, & qu'ils s'en retour­nent demain, félon certaines caufes qui font deftinées & marquées, aux­quelles il eft honteux de rélifter; pûif-que nous ne fommes pas les maîtres

Notre corpt, de retenir & de conferver ce qai ni no$ bien* n'eft point en notre puiflance. Or ne dépendent .. • • 1 • i

joint de certainement , ni le corps ni les nom. biens , en un m o t , tout ce qui eft

féparé de notre effence raifonnable , n'eft point en notre pouvoir : & comme il ne dépend pas de nous- de les acquérir , il n'en dépend pas non plus de les garder autant q u e nous voulons. Mais de les recevoir

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 6y

quand ils viennent, & de les ren­dre quand il s.en retournent, & de les recevoir & de les rendre tou­jours avec beaucoup de vertu , voila ce qui dépend de nous , §c voila le propre de notre eflence raifonna» ble , fi elle ne s'accoutume point à fe comporter fans règle & fans rai-fon fur tous les accidens de la vie j fi aucontraire elle s'habitue à fu ivre les règles divines qui ont défini & déterminé tout ce qui peut nous re­garder. C'eft donc en cela fur-tout que ce qui dépend de nous, & qui eft en notre pouvoir a une force extrême ; c'eft que nous pouvons taforcej<:ce bien juger des choies qui ne dé- a" nous™»-*-pendent point de nous, & ne pas tcnd <}ir g? nous laifler arracher la vertu de peidp» : as notre liberté , par l'affection des comment. chofes périflables.

Que dit donc le jugement pru-NOUS devons dent & fage? Il dit qu'il faut bien [fv

efery^ ufer du corps & des richeffês pen- corps'«c np» dant que nous les avons , & les b'ens-faire fervir à la vertu : & quand nous fommes fur le point de les perdre, qu'il faut connaître la né*

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70 COMMENT. D'HIéROCLèS

ceflîcé , & ajouter à toutes nos au­tres vertus celle de la tranquillité & de l'indifférence. En effet le feul moyen de conferver la piété envers les Dieux, & la jufte mefure de la juftice , c'eft d'accoutumer fa raifbn à bien ufer de tous les acci-dens, & d'oppofer les règles de la prudence, à toutes les chofes qui

. nous paroiffent arriver fans ordre, ta vertu ne „ t . » peutêtrecon- oc au nalard ; car jamais nous ne î"VfaiD«ns confèrverons la vertu , fi notre ame opinions, n'a les faines opinions. Jamais celui

qui s'eft accoutumé à fe comporter fans règle & fans raifon dans roue ce qu'il fait , ne fuivra les êtres

la Die'uir ' meilleurs que nous ; mais il les re­gardera comme des tyrans qui le forcent, & qui le gênent ; jamais il n'aura d'égard pour ceux avec lefquels il v i t , & jamais il ne fera un bon ufage de foh corps ni de fes richefles. Voyez ceux qui fuient la mort , ou qui font pofledés du défir

îniumees & de conferver leurs richefles; voyez deif^m"ui d a n s quelles injuftices , dans quels fuient u blafphêmes ils fe précipitent nécef-Saie,nt8îetUI fairement, en levant l'étendard de richefles.

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SURXES VERS DE PYTHAG. 71

l'impiété contre Dieu , Se en niant fa providence, lorfqu'ils fe voient tombés dans les chofes qu'ils fuyoient follement, cV en faifantà leur prochain toutes lortes d'injuf-tices , fans aucun ménagement , pour lui ravir fon bien , 6c pour, rapporter tout à leur propre utili­té , autant qu'il leur eft poffible. Ainfi la plaie que font à ces mal­heureux les faufles opinions, de­vient manifefte, & l'on voit ger­mer de là tous les plus grands maux, l'injuftice envers leurs femblables , & l'impiété envers ceux qui font au deflus d'eux : maux dont eft exempt celui, qui obéiflant à ce précepte, attend courageufement la mort avec un jugement épuré par la raifon, &c ne croit pas que la perte des biens foit infupportable. De là naiffènt tous les mouvemens & tous les motifs qui le portent à la vertu ; car c'eft de là qu'il ap­prend qu'il faut s'abftenir du bien d'autrui, ne faire tort à perfonne, & ne chercher jamais fon profit par la perte & le dommage de fon pro-

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yi COMMENT. D'HiéRoci^s chain. Or c'eft ce que ne pourra

ceux qui jamais obferver celui qui fe perfua-me moneûe. de que fon ame eft mortelle , & incap-bies de qUj accoutumé à fe comporter en fuâice?" tout fans règle & fans raifbn, ne

difcerne point ce que c'eft qu'il y a en nous de mortel & qui a befoin des richeflTes, & ce que c'eft qui eft fufceptible de vertu & que la vertu aide &c fortifie ; car il n'y a que ce jufte difcernement qui puiffè nous porter à la pratique de la ver­tu , & nous exciter à acquérir ce qui eft beau &c honnête; acquifi-tion à laquelle nous pouûe un mou­vement tout divin, qui naît de ces deux préceptes, Connois-toi toi mê­me , & refpectc-toi toi-même. Car c'eft

Nosdevoirt par notre propre dignité, qu'if faut doivent fe mefurer tc>us n o s devoirs . & dans meiurer par . _ _ 1 0 notre digni- nos actions & dans nos paroles ; ce tér&eptftnd l'obfervation de nos devoirs n'eft

autre chofe que l'obfervation exacte iajufticeem.& inviolable de la juftice. Voila nosdevoîts. pourquoi la juftice eft mife ici à la

tète de toutes les autres vertus , afin qu'elle devienne la mefure & la règle de nos devoirs, Obferve la

juflicc ,

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SUR. LES VERS DE PYTHàG. 7$

jujlice , dit-il, & dans tes actions, & dans us paroles. Tu ne prononceras donc jamais aucun blaiphême, ni dans la perte de tes biens, ni dans les douleurs les plus aiguës de tes maladies, afin que tu ne bleflcs pas la juftice dans tes paroles : & tu ne raviras jamais le bien de ton pro­chain, &r ne machineras jamais la perte & le malheur d'aucun hom­me , afin que tu ne bleues pas la juftice dans tes actions ; car pen­dant que la juftice fera comme en garnilon dans notre ame, pour la garder & la défendre, nous rem­plirons toujours tous nos devoirs , envers les Dieux , envers les hom­mes , & envers nous-mêmes. Or la meilleure règle, & la meilleure regic'eTu" mefure de la juftice, c'eft la pru- •}K^te de Ia

dence ; c'eft pourquoi, après le pré- ,u '" ' cepte , Obferve la Juftice , il ajoute, Et ne t'accoutume point à te comporter en rien fans raifon , parce que la juf- La lufticc ne tice ne peut fubfiuer fans la pru pe« ["Miter 1 1* rr M • J 1 • 'an! ,a pru­

dence. En effet il n y a de venta-dence. blement jufte que ce que la parfaite prudence a limité ; c'eft elle qui ne

Tome IL D

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74 COMMENT. D'HIéROCLèS

fe comporte en rien fans raifon ,' mais qui examine & confidere avec foin ce que c'eft que ce corps mor­tel , & quelles font les chofcs dont il abefoin , &: qui font néceflaires à fon ufage : c'ell elle enfin qui trouve tout vil &: méprifable, en compa-raifon de la verni, & qui fait con-fifter toute fon utilité dans la meil­leure difpofition de l'ame ; dans cette difpofition qui donne à toutes les autres chofes l'ornement & le prix qu'elles peuvent recevoir. Voi­la quel eft le but de ces Vers ; c'eft de faire naître dans l'ame de ceux cjui les lifent , ces quatre vertus pratiques, avec leur exacte &c vi­gilante obfervation , & dans les actions, & dans les paroles ; car l'un de ces Vers infpire la pruden­ce , l'autre le courage, celui-là la tempérance , & celui qui les précè­de tous , exhorte à oblierver la juf-tice qui s'étend en commun fur toutes les autres vertus : & ce Vers, Que Us biens de la fortune font incer­tains , & que comme on peut Us ac­quérir, on peut aufp. les perdre } eft

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 7 y

ajouté ici, pour faire.entendre que Latfmpcrjn-l'habitude de la tempérance eft or- ^ t f u

dinairement accompagnée de la li­béralité , vertu qui règle la recette & la dépenfe dans les biens de la fortune; car de les recevoir, ÔVrde les dcpenfer quand la raifon le veut & l'ordonne , cela feul coupe la racine à la mefquinerie & à la prodigalité ; & toutes ces vertus viennent de ce principe comme d'une première (burce, je veux di­r e , de fe refpe&er foi-même : & ce précepte, de fe refpecier foi-même, eft renfermé dans celui-ci, connois-toi toi-même, qui doit précéder tou­tes nos bonnes actions, &c toutes nos connoiflfances. En effet, d'où faurions-nous que nous devons modérer nos paillons, &r connoître la nature des choies ? car on doute fur ce fujet, premièrement, fi cela eft poffible à l'homme; & enfuite, s'il eft utile. Il paraît même tout Vhommt d au contraire, que l'homme de bien Wen eft rou-eft beaucoup plus malheureux dans î£Jî5,e!?r"

sux

cette vie , que le méchant, en ce en «ne Vje, qu'il ne prend point injustement $£,,'' mé"

D i j

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•j6 COMMENT. D'HiéRociis

d'où il ne doit pas prendre , & qu'il dépenfe juftement où il doit dépenfer : Et que pour ce qui re­garde le corps , il eft plus expofé aux mauvais traitemens , en ce qu'il ne cherche point à dominer, & qu'il ne fait pas fervilement la cour à ceux qui dominent : de manière

Sue s'il n'y a pas en nous une fub-ance qui tire toute ion utilité de

la vertu , c'eft envain que nous méprifons les richefles & les digni­tés. Voila pourquoi ceux qui étant perfuadés que l'ame eft mortelle, enfeignent que l'on ne doit pas abandonner la vertu , font plutôt de vains difcoureurs , que de vrais Philofophes ; car fi après notre mort il ne reftoit pas de nous quel­que chofe , & quelque chofe de nature à tirer tout fon ornement de la vérité & de la vertu , telle que nous difons l'ame railbnnable , jamais nous n'aurions de défirs purs

te feul foup- des chofes belles & honnêtes ; parce ÇOn que l'a- n u e i e çeu\ foupçon que l'ame eft me elt mot- T . . • o < rr telle,étouffe mortelle , amortit & étouffe tout tout défit de empreflement pour la vertu , 8p v'"a' poufle à jouir des voluptés corpp*

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 77

relies, quelles qu'elles foient , &C . de quelque endroit qu'elles vien­nent. En effet, comment ces gens-* là peuvent-ils prétendre qu'un hom­me prudent, Se qui fait quelque ufage de fa raifon ne doit pas tout accorder à fon corps, pour lequeî feul l'ame même fubfifte , puis­qu'elle n'exifte pas par elle-même , mais qu'elle eft un accident de tel­le, ou telle conformation du corps î Comment fe peut-il que nous aban­donnions le corps pour l'amour de la vertu , lorfque nous fommes perfuadés que nous allons perdre l'ame avec le corps ; de manière que cette vertu , pour laquelle nous aurons foufrert la mort, ne fe trou­vera nulle part, &r n'exiftera point ? Mais cette matière a été ample- Hveutparte* ment traitée par des hommes di- j ' PU'OB. vins , qui ont démontré invinci­blement que l'ame eft immortelle, & que la vertu feule fait tout fon ornement. Après avoir donc fcellé du fceau de la vérité cette opinion de l'immortalité de l'ame , paflbns à ce qui fuit, en ajoutant à ce que

D iij

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78 COMMENT. D'HIéROCLèS-

nous avons déjà établi, que com­me l'ignorance de notre eflence entraîne néceflairement après elle tous les vices, la cpnnoiflance de nous-mêmes , & le mépris de tout ce qui eft indigne d'une nature rai-fonnable, produifent en tout & par tout l'obfervation fûre & raifonnée de nos devoirs ; & c'eft en quoi confifte la jufte mefure de toutes

rwwwîon à les vertus en particulier : car pen-prodÙ^â" dant que nous regardons & confi-compHiTe- dérons notre eflence comme notre? «« devoir"! feule règle , nous trouvons en tou-

îes choies ce qui eft de notre de­voir , & nous l'accompliiTons félon la droite raifon, conformément à notre eflence. Tout ce qui rend l'ame meilleure, & qui la ramené à la félicité convenable à fa na-

C£•''"Meeft t u r e ' c e ^ v c r i t ablement U vertu , mlm Se U & la Loi de la Philofophie : Se venu. t o u t c e q U i n e t e n c j qU>^ u n e c e r _

taine bienféance humaine, ce ne ombre de font que des ombres de vertu qui vcnu* cherchent les louanges des hom­

mes, & que des artifices d'un ef-clave qui le contrefait, & qui met

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 7p

tout fon efprit à paraître vertueux, plutôt qu'à l'être véritablement. En voila aflez fur cet article.

De l'ufage que nous raifons de notre droite raifon , il s'enfuit né-ceflairement que nous ne nous com­portons point légèrement fur tous les accidens de cette vie qui nous paroiflfent arriver fans aucun ordre ; mais que nous les juftifions géné-reufement , en démêlant exaéte-ment leurs caufes, &c que nous les fupportons courageufement fans nous plaindre des êtres qui ont foin de nous , & qui diftribuant à cha­cun félon fon mérite ce qui lui eft dû , n'ont pas donné la même di­gnité & le même rang à ceux qui n'ont pas fait paraître la même vertu dans leur première vie. Car Raic,n fl[W comment fe pourroitil qu'y ayant '« Pyiugo-une providence, & notre ame étant doienr de i*i-incorruptible par fon eflence , & négaiité des r- ^ ' i • conditions. le portant a la vertu ou au vice , par fon propre choix , & fon propre mouvement , comment fe pour-roit-il, dis-je, que les gardiens mê­mes de la Loi qui veut que chacun

Div

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So COMMENT. D'HiÉROciis

foit traité félon fon mérite, traitaf-fent également ceux qui ne font nullement égaux , & qu'ils ne dif-tribuaflent pas à chacun la fortu­ne , qu'on dit que chaque homme venant au monde choifit lui-même félon le fort qui lui eft échu ? Si ce n'eft donc point une fable qu'il y ait une providence qui diftribue à chacun ce qui lui ell dû, &: que notre ame foit immortelle, il eft évident qu'au-lieu d'àccufer de nos malheurs celui qui nous gouverne, BOUS ne devons nous en prendre qu'à nous-mêmes : & c'eft de là que nous tirerons la vertu & la force de guérir & de corriger tous ces malheurs , comme les Vers fuivans vont nous l'apprendre. Car trouvant en nous-mêmes les caufes d'une fi grande inégalité , premièrement nous diminuerons par la droiture de nos jugemens l'amertume de tous les accidens de la vie : & enfuite par de faintes méthodes , &: par de bonnes réflexions , comme à force de rames faifant remontée notre ame vers ce qui eft le meil-

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SUR. IES VERS Dï PYTHAG. 8r

leur , nous nous délivrerons entiè­rement de tout ce que nous fouf-frons de plus fâcheux & de plus fenfible. Car de foufFrir fans con-imprudence noître la caufe de ce qu'on (buffre, *"', ^n-& fans conjecturer au-moins ce qui notifions la peut vraifemblablement nous met- "aux. "^ tre en cet é t a t , c'eft d'un homme accoutumé à fe comporter fans rai-fon & fans réflexion en toutes chofes ; ce que ce précepte nous dé­fend expreftement. En effet il eft im- Ceax . M poffible que celui qui ne recherche recherchent pas la véritable caufe de fes maux, 5ê'kuriBfe

n'en accufe pas les Dieux, en fou "»»<«, tom-tenant, ou qu'il q'y en a point, ou ICpiet"' qu'ils n'ont pas de nous le foin qu'ils devroient avoir : & ces fen-timens impies n'augmentent pas feulement les maux qui viennent de la première vie , mais encore ils De la pn-excitent l'ame à commettre toutes £"«11!™ ûe fortes de crimes , & la privent du i« âmes ont culte de fon libre arbitre , en la te- ™n£tenï nant dans l'oubli des caufes de ce animer le»

Jp'elle foufFre ici bas : mais pourcotp*' avoir comment il faut philofo-

D-v

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8i COMMENT. D'HIéROCLIS

pher & raifonner fur ces chofes» écoutons les Vers fuivans.

VERS XVIII XIX XX & XXI.

Pour toutes Us douleurs que Us hommes fouffrent par la divine fortune ,

Supporte doucement ton fort tel qu'il eji >& ne £ en fâche point :

Mais tâche d'y remédier autant qu'il te fera pojfible ;

Et ptnfe que la définie n'envoie pas la plus grande portion de ces mal­heurs aux gens de- bien.

A V A N T que d'entrer plus avant dans l'explication de ces Vers, il: faut avertir qu'ici le Poète appelle douleurs, tout ce qu'il y a de fâ­cheux , de pénible,, & qui rend le chemin de cette vie plus difficile & plus épineux , comme les mala­dies , la pauvreté, la perte des ami* & des perfonnes qui nous font les plus chères, le mépris dans fa pa­trie ; car toutes ces ehofes font fô-cfcieufés & difficiles à fupporter t

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SUR LES VERS" Dé PYïIïAG. . tç

elles ne font pourtant pas de véri­tables maux, &c ne nuifent point à l ame , à moins qu'elle ne veuille elle-même fe laifler préci piter par el­les dans le vice ; ce qui lui arriveroit tout de même de celles qui paroif-fcnt des biens , fi elle refufoit d'en faire un bon ufage, comme de la fanté , des richeflès, & des digni­tés; car on peut fe corrompre par Les «CM d* celles-là , comme on peut le fane- ^ ' " J ^ " tifier par leurs contraires. Or les corrompre » véritables maux font les péchés que no£\™&£-l'on commet volontairement , & fer. par fon propre choix , & avec lef- \Z?\c?vé<i-quels la vertu ne peut jamais fe table» auu*. trouver , comme l'mjuftice , l'in­tempérance , & toutes les autres choies qui ne peuvent en aucune manière s'unir & s'allier avec le beau : car il n'eft pas poffible qu'à aucun de ces vices on fe récrie , Que cela efi beau ! on.ne dira jamais ; ramceiaas par exemple , Qu'il efi beau d'être fi™ <"£^ injufie ! qu'il efi beau d'être fi inttm- cela efi ktau, perant ! comme nous le difons tous ^ "" $ ^ les. jours des maux extérieurs , Qu'il ou du moin». efi beau d'être malade dt cette manière ! "^wT* "BC

D vj

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84 COMMENT. D'HIéROCLè*

Qu'il c[ï beau d'être pauvre comme uiz tel! lorfque quelqu'un foutient ces-accidens avec courage & félon la* droite raifon. Mais aux vices de l 'ame, jamais cette exclamation ne peut leur convenir, parce que ce font des écarts & des éloignemens de la droite raifon , qui quoique naturellement gravée dans cette ame , n'eft pas apperçue de l'hom­me aveuglé par fa paffion.

*tîie preuve Q r u n e marque fiire que la droite rué, que 1» raifon eft naturellement dans l'hom-

eft°MrureBe? m e » C e f t < l U e l'*13)11**6 > ° " ** n e V a

raem dans les point de fpn intérêt , juge avec piu'^rrom' juftice , & l'intempérant avec tem-fiu. pérance , en un mot que le mé­

chant a de bons mouvèmens dans toutes les chofes qui ne le touchent point, & où fa paffion ne le do-

ce qu'il ne mine pas. Voila pourquoi tout vi-fes'Hn'avoi't cieux peut s'amender & devenir yas la droite vertueux, s'il condamne &r profcrit xaifoa. ^e$ p r e m j e r $ v i c e s : &r p o u r e e ] a {\

n'eu nullement néceflaire qu'il exifte une prétendue raifon extra­vagante , afin qu'elle foit le prin­cipe des vices } comme la droite

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SUR LES VERS DE PYTHAG, 85:

raifon eft le principe des vertus. Car cette droite rai Ion fuffit pour Que.,enîaî*

1 T • / er 1 le vice n exil-tout, comme la Loi lurat dans une tcmpoimpar ville pour définir ce qui eft fait fe- ex-mêmes. Ion les ordres, ou contre fes or-" dres } & pour approuver l'un & condamner l'autre on n'a nul­lement befoin d'un principe du mal, foit qu'on le fafle venir du dedans ou du dehors. 11 ne faut que le feul principe du bien, qui par fort eflence eft féparé des fubftances raifonnables, &r c'eft Dieu ; mais qui fe trouve auflî au dedans d'el­les, & les gouverne félon fon ef-fence par fa vertu, &c c'eft la droite raifon. Et voici quelle eft la dif­férence que le Poète met entre les maux. En parlant des maux volon­taires , il ne dit pas qu'ils foient diftribués par la divine fortune ; mais il le dit des maux extérieurs & conditionnels , qui dans cette vie ne dépendent plus de nous , & qui font les fuites des péchés que nous avons commis autrefois ; maux cta-i dire douloureux à la vérité, comme lia."t Ia.i"e*

., . , . , . . . mieie vie.

nous lavons déjà dit 5 mais qm

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86 COMMENT. Dl-IiÉRociis la vertu peuvent recevoir des mains de Iat îwment v e " " de l'ornement & de Féclat. & de l'éclat En effet une vie tempérante & réglée «twvfe? c donne du luftre à la pauvreté ; la

prudence relevé la bafiefle de l'ori­gine ; la perte des enfans eft adou­cie par une jufte foumiffion qui peut faire dire , Mon fils ejî mort : & bien y je l'ai rendu : ou , je favois

Maux jlluC uut j e Pavais engendré mortel. De très p« u ' » . ° , vertu,dignes même, tous les autres maux étant d'envie. illuftrés par la préfence dé la ver­

tu , deviennent brillants, & même dignes d'envie.-Cherchons préfen­

ce que c'eft t e m e n t c e °tue ce& dans ces Vers, ue la divine que la divine fortune , par laquelle

«s ve7s.dims *es h ° m i l T e s tombent dans les maux extérieurs ; car fi Dieu donnoit

firéalablement, & de lui-même, à 'un les richeffês , de à l'autre la

pauvreté , il faudroit appelter cela volonté divine, & non pas fortune i & fi rien ne préfide à ces partages; mais que ces maux arrivent à l'a­venture & au hafard , & que l'un foit heureux , comme on parle , & l'autre malheureux, il faut appeller cela , fortune feulement , Se non pas , fortune divine.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 87

Que fi Dieu, qui a foin de nous, diftribue à chacun ce qu'il mérite, & qu'il ne (bit pas la caufe de ce que nous fommes médians , mais feu­lement le maître de rendre à cha­cun félon fes œuvres, en fuivant les loix facrées de la juftice, c'eft avec raifon que le Poète a appelle u divine for*

. . . ,, x « -r n • 1 ""ie n eft ici divine fortune, la manirettation de ouL. u ma,,i» de fes jugemens. En ce que celui &'«»<"»d"

• . ' °n A j - • * o 1 • (ugemens de

3m juge eft un être divin & plein bleu, 'intelligence , d'abord le Poëte

plein du Dieu qui déploie ce ju­gement , a mis l'épithete divine, la première; & en ce que ceux que-Dieu jugé, fe font corrompus par leur propre volonté, & par leur choix , & fe font rendus par là di­gnes de ces châtimens , il a ajouté à l'épithete le fubftantif fortune r parce qu'il n'arrive point à Dieu de châtier ou de récompenfêr préa­lablement les hommes, mais de les. traiter félon ce qu'ils font , après qu'ils font devenus tels, & qu'ils en font eux-mêmes la caufe. Ce mélange donc & cet alliage de notre volonté, & de fon jugement *

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88 COMMENT DHIéROCLèS

c'eft ce qui produit ce qu'il appelle fortune; de forte que le tout enfem-ble, divine fortune, n'eft autre chofe que le jugement que Dieu déploie contre les pécheurs. Et de cette ma­nière l'union ingénieufe & artifi­cielle de ces deux mots, aflèmble le foin de Dieu qui préfide , & la liberté &c le. pur mouvement de l'ame qui choifit ; "& elle fait voie que ces maux n'arrivent, ni abfo-lument par la deftinée &" par les ordres de la providence, ni à l'a­venture & au hafard ; & que ce n'eft pas notre volonté feule qui di£ pofe du total de notre vie ; mais que tous les péchés que nous commet­tons dans ce qui dépend de nous , font attribués à notre volonté ; & tous les châtimens qui fuivent ces péchés félon les loix de la juftice ,.-font rapportés à la deftinée ; & que

D!e0iio1!!!! ^ s biens que Dieu donne préala-aiix hommes, o r - i «les biens blement, oc ians que nous les ayons préalable- mérï tés , fe 'rapportent à la provi-, fans qu'ils dence. Car rien de tout ce qui payent me- e x i f t e ^attribue fa caufe au hafard.

Ce mot de hafard ne peut jamais convenir ni s'ajufter avec les pre-

mes,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. &•?

mieres caufes dans aucune des cho-fes qui-arrivent , à moins qu'elles n'arrivent par accident , & par la rencontre & l'union de la provi­dence ou de la deftinée , & de la volonté qui a précédé. Par exem­ple , un Juge veut punir un meur­trier, & ne veut pas punir nommé­ment un tel homme ; cependant il punit cet homme qu'ilnevouloitpas punir , lorfque ce malheureux s'eft mis volontairement dans le rang des meurtriers. La fentence rendue par ce juge contre le meurtrier, eft une fentence antécédente & préalable, & celle qui eft rendue contre cet homme eu par accident, parce qu'il a pris volontairement le perfonna-ge du meurtrier. Et au contraire ce méchant homme vouloit commet­tre ce meurtre, mais il ne vouloit pas en être puni. Cette difpofitioa meurtrière eft antécédente en lui, comme dépendant de fa volonté, & c'eft par accident qu'il fubit les tortures & les fupplices que mérite ce meurtre. Et la eaufe de toutes ces chofes , c'eft la loi qui a donné au Juge la volonté de punir les

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JJO COMMENT. D'HiERôctis

méchans , &c qui fait tomber la fentence de mort fur la tête de ce­lui qui a commis le meurtre. Pcnfe la même chofe de l'eflence divine. La volonté de l'homme voulant

» dt Dieu, commettre le mal ; & la volonté * des Juges, conservateurs des Loix, voulant à toute force le punir &c le réprimer , la rencontre de ces deux volontés produit la divine for­tune , par laquelle celui qui eft cou­pable de teis ou tels crimes , eft digne de telles ou telles punitions. Le choix du mal ne doit erre im­puté qu'à la volonté feule de celui qui eu jugé , & la peine qui fuit la qualité du crime, n'eft que le fruit de la feience des Juges qui veillent au maintien des Loix & de la juftice; & ce qui concilie & mé­nage la rencontre de ces deux cho-fes , c'eft la Loi qui veut que tout foit bon autant qu'il eft poflible, &

• H'vine 9 U ^ n'y a " " e n ^ e m a u v a ' s - Cette pédante Loi préexiftant dans la bonté infi­ni!:11 de "" n ' e ^C ^ ' e U ' n e f°lTffre Pas < lu e *eS

pieu. méchans foient impunis, de peur que le mal venant à s'enraciner ne porte enfin les hommes à une en-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 51

tiere infenfibilité pour le bien, à un entier oubli du bien , dont la feule juftice de ceux qui veillent à la confervation des loix , nous ra­fraîchit néceffàirement la mémoire, & nous conferve le fentiment. La £? iuftict * Loi donc unit & affemble les deux ; fraîchit "a ceux qui doivent juger , & ceux qui mémoire, & , . • A . ' , < - > ' . K nous confct-

doivent être juges , pour tirer des Ve 1* lenti-uns & des autres le bien qui lui eft ment d* **

»-. • • 1 / 1 1 n YïHiU

propre. Car su elt plus avantageux & plus utile d être puni que de ne l'être pas, & fi la juftice ne tend qu'à réprimer le débordement des vices, il eft évident que c'eft pour aider & pour être aidée que la Loi unit ces deux genres , en prépofant celui qui juge, comme le confer-vateur de la Loi, &r en lui livrant comme violateur de la Loi, celui qui commet les crimes, Se qui doit être jugé , pour le traiter félon fou mérite ; afin que par les peines & les fupplices il foit porte à pen-fer à la Loi , &r à s'en rappellcr le fouvenir. En effet celui que leshom- . , ,

!•/*« o • 1 1 Grande vert-mes maudiflent ce renient dans le r». cemême mal qu'ils font, ils le confeflent ui,-u ' i " ' 0 „ . ' 1 , . ... nous renions ce 1 invoquent dans le mal quilsen£aifaiuu

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tivc.

92 COMMENT. D'HiiRocils-

mal, nous le fouffrent. Par exemple, celui qui io°rnrq£°cc fait une injuftice , veut qu'il n'y ait mai nous ar- point de Dieu , pour ne pas voit1

toujours pendre fur fa tête la puni­tion , comme le rocher de Tanta­le. Et celui qui fouffre cette injuf­tice , veut qu'il y ait un Dieu, pouf avoir le fecours néceffaire contre lçs maux qu'on lui fait. Voilà pour­quoi les injuftes, qui font fouffrir les autres, doivent être réduits à fouffrir à leur tour , afin que ce qu'ils n'ont pas vu en commettant l'injuftice , ennivrés du défir des richefTes, ils le voyent &: l'appren­nent en fouffrant eux-mêmes, in-ftruits & corrigés par la douleur que caufent les pertes , s'ils font leur profit de ce châtiment. Que fi par une obftination de leur volon­té dans le mal ils deviennent en­core plus médians , il peut bien fe faire que le châtiment leur fera inutile à eux-mêmes ; mais ils de­viennent un exemple très-inftruélif pour les fages, & pour ceux qui peuvent fentir ôc connoître les cau-fes de tous ces maux. Les principx-

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SUR LES V t R S DE P-YT3AG. 5>J

ks caufes de ce jugement font la ta droite rai-bonté de Dieu, & la Loi qu'il a *• « J ^ gravée au dedans de nous, c'eft-à- gravéeaude-dire la droite raifon, qui eft corn- dî"'d<!D0U». me un Dieu habitant en nous , Se qui eft tous les jours bleflée & of-fenfée par nos crimes ; & la fin de ce jugement, ce font toutes les douleurs, comme dit ce Pocfte, qui rendent notre vie plus pénible, & plus laborieufe , foit par les peines corporelles , ou par les afflictions extérieures : fupplices que ces Vers nous ordonnent de fupporter avec douceur, en nous remettant devant les yeux , leurs caufes, en retran­chant ce qu'ils paroiffènt avoir de plus nuifible , & en tâchant de les faire tourner à notre utilité. Sur- Nous non-tout ils nous exhortent de nousvons «•« rendre dignes des biens divins par la n°""Cutiiirf fublimité de la vertu. Que s'il fe les m a V x **

i ,• . cette vie. trouve des gens qui ne loient pas capables de former même ce défir ; qu'au moins par la médiocrité de c'eft à-dire, la vertu , ils afpirent aux biens po- fux.bic.n!,de

litiques : car voila pourquoi on jipus ordonne ici de fupporter avec

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94 COMMENT. D'HIéROCIèS

douceur les douleurs, & de tâcher de les guérir.

Or quelle autre voie de guérifbn y a-t-il que les recettes qu'on a

Wilenr rai- déjà données, & qui montrent la doivent'CM- douleur raifonnable que nous doi-f« les afflic-vent caufer nos peines &c nos af-fe°naSia°So°-Aidions, & la méthode qui l faut ifuj.ï°'le.& fuivre pour les guérir? La princi-

r pale de ces recettes , c eft que Dieu comme Légiflatcur tk Juge, ordon­ne le bien , & défend le mal ; c'eft pourquoi il n'eft nullement la caufe des maux : mais ceux qui. ont em-brafle le vice par un mouvement volontaire, & tout libre, & qui ont mis en oubli la droite railon qui écoit en eux, il les punit com­me médians, félon la Loi qui con­damne le mal ; &: il les punit com­me hommes, par la rencontre for­tuite de la Loi avec leur volonté corrompue, rencontre que nous ap­pelions fortune, comme nous l'avons déjà expliqué ; car la Loi ne punit pas Amplement l'homme comme homme, mais elle le punit comme méchant; & de ce qu'il eft deve­nu te l , fa propre volonté en eft la

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 575

première caufe. Après donc qu'il eft devenu pécheur, ce qui vient uni­quement de nous, & non pas de Dieu , alors il reçoit le châtiment dû à fes crimes, ce qui vient de la Loi divine , & non pas de nous ; car le feul but de la Loi, qui (bit di- But de la toi,

j r>v o . -i • qui eft en mê-gne de Dieu , & utile pour nous, me temP« *-c'cft de détruire le vice, &r de ^e &ufueUlcu* purger par tous les châtimens de la îhomme. juftice, & de réduire par ce moyen l 'ame, qui s'eft précipitée dans le mal , à rappeller la droite taifon. La Loi étant donc telle , & parlant toujours de même, comme chacun a commis différentes œuvres , il ne reçoit pas toujours le même falai-re ; car cela ne feroit ni jufte ni utile pour nous. La différence des Car pour no. jugemcns vient du différent état du tumiiir?, n coupable ; en effet comment traiter foît r«Ôm-de même un homme qui n'eft pasre»ff quand le même ? Il faut donc fnpporur dou- ^ n i quand cernent la divine fortune, & rie point '' '«« mal-fc fâcher d'être puni, & purgé au­tant qu'il dépend du jugement di­vin , par les douleurs & les peines qui paroiflent traverfer la douceur

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9.5 COMMENT. D'HiÉROciès

& la tranquillité de cette vie. Cette réflexion, ce fentiment,, devient la guérifon des péchés déjà commis, Se produit le retour à la droite rai Ton qui eft en nous. En effet ce­lui qui eft convaincu que les maux font le fruit du péché, ne fuira-t-il

goint la caufe qui l'y précipite ; & nous devons nous fâcher dans

nos afflictions, c'eû contre nous-mêmes , plutôt que' contre Dieu qui ne travaille qu'à couper &c qu'à retrancher nos vices par tous les inftrumens de la juftice qui peu­vent nous faire comprendre , & nous faire reffbuvenir quel grand bien c'eft que de ne pas s'éloigner des loix divines , & de ne pas fe corrompre & fe perdre par fa pro­

ies afflic- pre volonté; car les affli&ions ne tions ne [ollt p a s diftribuées aux hommes viennent pas , . , r du .hafard. a 1 aventure & au halard, s il y a

un Dieu , ôc s'il y a des loix fixes qui nous règlent , & qui amènent fur chacun le fort qui lui eft dû.

Voila pourquoi il eft très-raifon-nable, comme il eft dit ici, que la dejlinie ri envoyé pas la plus grande

portion,

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sua. XES VERS DE PYTHàG. $7 portion de ces malheurs aux gens de comment il bien ; car premièrement les gens de Ja

ftpïu

rpâ„qde bien fupportent doucement ces maux cci maux par leur entier acquiefeement au ^"'ZTI-.M jugement de Dieu , & dans la vue <fc tiea. de la vertu qu'ils acquièrent par là , ce qui adoucit toutes les amer­tumes de cette vie. Ils ont encore la ferme efpérance que ces maux ne troubleront plus leurs jours ,

, puifqu'il eft certain que les biens divins font réfervés pour les par­faits , qui ont atteint la fublimité de la vertu; & que les biens hu­mains font pour ceux qui ont ac­quis l'habitude moyenne, c'eft-à-aire Ix vertu dans la médiocrité.

D'ailleurs ils guériront ces maux, autant qu'il leur fera poflible, en les fupportant doucement , & en apprenant de cette patience la mé­thode fûre pour les guérir. Car com­ment fe peut-il qu'on fe ferve des faintes fupplications, & des faints facrifices d'une manière digne de Dieu, quand on eft perfuadé que ni la providence ni la juftice ne veillent aux affaires des hommes,

Tome II, E

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5>8 COMMENT. D'HiÉRociis vier iapro- &• qU 'o n 0fe n i e r q u e notre ame j'ilftîce de * foit immortelle , & qu'elle reçoive Dieu, c'eft pour fon partage ces maux exté-decruire cou- x . r ,L °, . , , n J te la Reii- rieurs, lelon qu elle s en eit rendue gion. digne par les mouvemens de fa

volonté. Celui qui ne rapporte pas à ces caufes le fort de cette vie

Celui qui ne préfente, d'où tirera-t-il les moyens fo«Pro"tTf, de le fupporter doucement, & l'art véritable de le corriger & de le guérir? on fan«Vonfo- ne fàuroit le dire ; car il ne tirera îaûou. jamais de là l'acquiefcement à ces , , , maux, comme à des chofes indif-Maux de cet- r> o r A •• te vie fou- rerentes , <k louvent même meu-Tm ""u1 l e u r e s <\ue l ç u r s contraires, puifc I«H" que'ies qu'étant douloureufes & pénibles, bk»s. e]i e j j u j paroijQTent toujours par el­

les - mêmes dignes de toute fon averfion ; en effet notre nature n'env brafle pas ces fortes de chofes conv? me éligibles & défirables par elles-mêmes , à moins qu'en les fuppor-tant elle n'en attende quelque t ien , Et en cet état qu'arrive-t-il? il ar­rive qu'on fe fâche , qu'on fe ré^ vol te contre fon fort ; qu'on aug­mente fes maux par l'ignorance où l'on eft de fa propre nature , &ç

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. 9$

•qu'on n'en eft pas moins puni. Et l'excès du vice vient de cette opi­nion , que le monde n'eft point gou­verné par la providence, ou qu'il en eft mal gouverné ; car c'eft dire, ou qu'il n'y a point de Dieu , ou s'il y en a un, qu'il n'a pas foin de ce monde ; ou s'il en a foin , qu'il eft. méchant & injufte : opi- v nion qui renferme toutes les injus­tices enfemble , &c qui précipite dans toutes fortes de crimes ceux qui en font prévenus; en effet com- j ; 8 SJ* ;,,"1»8" me la piété eft la mère de toutes les les vertus ,& vertus , l'impiété eft la mère de J^de w« tous les vices. Celui-là donc trou- les vice», vera feul le remède à tous fes maux, qui aura appris à les fupporter avec douceur & patience : & cela ne peut venir que de la Philofophie Feule qui enfeigne exa&ement , quelle eft la nature de tous les êtres, & quelles font les opérations conformes à leur nature : opérations dont l'enchaînement & la liaifon font le gouvernement de cet uni­vers , par lequel la divine fortune eft distribuée à chacun : & la part

£ ij

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'roo COMMENT. D'HI£R.OCLIS

échue à chacun félon fon mérite} c'elt ce qu'on appelle ici fort ou dtfi née, qui dépend de la provi­dence de Dieu , de l'arrangement & de l'ordre de cet univers, & de

ta volonté la volonté de l'homme. Car s'il n'y MueTur'u » v o i t Poi»f de providence , il n'y providence, auroit point d'ordre dans le monde, *u'nvipCtou & c'eft cet ordre qu'on peut appela v«. 1er la deilinée. S'il n'y avoit ni

providence ni ordre, il n'y auroit ni jugement ni juftice; il n'y auroit même ni récompenfcs ni honneurs pour les gens de bien. Mais y ayant une providence &c un ordre cer­tain , il faudroit que tous les hom­mes qui nauTent dans ce monde çuflent tous les mêmes biens en par­tage , s'ils ne contribuoient de leur part à ce qui fait l'inégalité. Or on voit bien manifestement qu'ils ne font pas tous également parta­gés, & par conféquent il eft vifi-. pie que l'inégalité de leurs volon­tés étant foumife au jugement de la providence , ne fouffre pas qu'ils .ayent tous Je même partage , lç

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SUR LES VERS DF PYTHAG. iài

même fort , puifque ce fort doit être néçeflairement proportionné au mérite.

Au-refte fi nous Vjovons la même Hiérociès te-. i , . , , •'.r'. t • fuce ici ceux inégalité régner tant-dans les ani- qUi fe fer-maux , dans les plantes ,'& dans les voieut .de ce

t. /• • , . '.' .*j i qu' arrive choies inanimées , que-.dans les aux am-hommes, que cela ne voûs-irbuble maux. & au»

' T . , plantes pout point : car comme de ce que le nieriapr<m-hafard domine fur toutes ces >ho- dcnce" Y*.1" r f • ri • . 1 . 1 - - remarques. les il intérieures a 1 homme , on. rîe; doit pas tirer de là cette conie- ,-quence, que la providence ne veif-;' le pas fur nous ; il ne faut pas non ' -\y - ' plus, de ce que tout ce qui nous -v" regarde eft exactement réglé &c compafle, en conclure que la juf- " tice & le jugement que Dieu dé­ploie fur toutes ces chofes infé­rieures, eft auffi en elles une mar­que & une fuite de leur vice ou de leur vertu. Car premièrement les chofes purement inanimées font comme la matière commune aux animaux & aux plantes , & de plus les plantes fervent de nourriture aux hommes & aux animaux, &c une partie des animaux eft deftinec

E iij

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ioi COMMENT. D'HIéR.OCIJS .

à nourrir les animaux & les hom­mes ; c'eft pourquoi il eft évident que cela ne fe fait par aucun rap­port à ce que les uns & les autres ont mérité, parce qu'ils cherchent à aflbuvif leur faim , ou à guérir leurs maladies, en un mot, à fub-venir k- leurs néceffités comme ils peuvent : de forte que la fource du malheur pour les animaux, ce font nos -befoins, auxquels ils fournif-fertt ; & au contraire la caufe de ce qu'on appelle le bonheur , c'eft TafFeétion dont nous nous laiflbns quelquefois prévenir pour eux.

<Kilyy f Que fi en pouffant' plus loin les au (Vfliis de • • 0 • ' r • >-i

nous aucun objections, on nous oppoloit qu il y &re qui fe a au-defliis de nous des êtres qui ious'^om-fe fervent de nous pour appaiier me nous J e u r f a j m c o m m e nOUS n o u s f e r , nous fervons , . .. ,- • des animaux, vons des animaux, il raudroit en, v-les rcmar* même-temps avouer que ces êtres

feroient mortels, & faire voir que les corps des hommes feroient def-tinés à leur fervir de pâture : mais il n'y a au-deflus de l'homme au­cun être mortel , puifqu'étant lui-même le dernier des êtres raifoiv

<jues.

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SUR tES VERS Dé PYTHAG. loj

nables, & par là immortel, il vient par néceffité dans un corps mortel, & que prenant un infiniment qui eft. de même nature que les ani­maux , il vit fur la terre : il ne peut donc y avoir au-deffus de nous d'ê­tre qui fe ferve de notre miférable corps pour affouvir fa faim, ni qui en abufe en aucune manière contre l'ordre, par l'envie de le remplir. Les bornes du pouvoir que la juf- ^"ie"" ^ tice & l'ordre donnent fur nous aux n'onc que le êtres fupérieurs, c'eft de faire pour nous filreddu nous tout ce qui peut diminuer nos bien. vices en cette vie, &: nous rappel-1er à eux ; car ils ont foin de nous comme de leurs parens , quand nous venons à tomber. De là vient

au'on dit avec raifon que la pu-eur, la punition , 8c la honte qui

détournent du mal, n'en détour­nent , &c ne convertiflTent que les homme feuls ; en effet l'animal rai-fonnable eft le feul qui fente lajuf-tice. Puifqu'il y a clone une auflï grande différence de nous aux ani­maux fans raifon , il doit y en

Eiv

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J04 COMMENT. DTïIéROCIIS

avoir une auffi grande de notre" manière de vivre à la leur; car la Loi de la Providence eft propor-tionnnée à la nature de toutes cho-fes , & chacune à l'hormneur d'y avoir part à proportion de ce qu'elle eft, & de ce que Dieu l'a faite. Pour ce qui eft des âmes des hommes, il paroît que c'eft Dieu lui-même' qui les a créées, & que les êtres

trne «reut fans raifon , il les a laifle faire à ieTrèmîr- l a nature feule qui les a formés •> lues.. &• c'eft le fentiment de Platon &c

de Tirnée le Pythagoricien , qui te -noient qu'aucun être mortel n'étoit digne de fortir des mains de Dieu* même , & que les âmes des hom­mes étoient toutes tirées du même tonneau , que les Dieux du monde, les Démons & les Héros ; c'eft pour­quoi la providence s'étend fur tous-les hommes , & fur chacun en par­ticulier. Leur éloigneraient de leur véritable patrie, leur penchant vers les chofes d'ici bas, leur vie poli­cée dans cette terre d'exil, & leur retour au lieu de leur origine, tout

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 105

cela eft réglé par la providence, qui ne devoit pas avoir les mêmes ioins de ce qui n'a qu'une vie anima -le ; parce que ce qui n'eft qu'animal n'eft point defeendu ici pour n'a­voir pu fuivre Dieu, il eft incapa­ble d'obferver une police fur la terre , comme n'étant point une plante célefte, &c il n'eft pas dune nature à être ramené à aucun être Erreur.v.re» oui lui foit conforme, Voila qui R«n»riues» fuffit pour le préfent contre ceux qui le plaignent, & qui fe fâchent inceflamment des accidens qui arri­vent dans cette v i e , & qui nient la providence de tout leur pou­voir; mais il eft jufte de leur dire encore, que de fupporter douce- Fruits de r* ment les chofes fâcheufes , non- Pïtiencew

feulement cela s'accorde parfaite­ment avec la raifon , mds aufli , qu'il les adoucit pour le préfent, & les guérit entièrement pour l'a­venir. Et vous, malheureux , qui vous fâchez & qui vous empor­tez, qife gagnez-vous par vos em-portemens , que d'ajouter à vos Couleurs le plus grand de tous les

E v

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io<î COMMENT. D'HIEROCLêS

maux qui eft l'impiété, & de les aggraver par cette penfée , que vous ne les méritiez ^as ? car le malade qui fe fâche de fon état , ne fait qu'augmenter fa maladie; c'eft pourquoi il ne faut pas nous fâcher de cette diftribution , fou* jrétexte qu'elle n'eft pas jufte, de jeur que par cette révolte pleine de Mafphêmes nous n'empirions notre condition. • Prenons encore la chofe par cet autre côté. Si quelqu'un ayant reçu la pauvreté pour fon partage, la fupporte avec douceur, outre que cette douceur le rend inacceffiblc au chagrin & à la trifteffe, il trou­ve encore par ce moyen quelque confolation & quelque adoucif-fement ; car d'un côté fon bon ef-prit n'étant point bouleverfé &c confondu par l'affliéHon , lui fait trouver les moyens de gagner hon­nêtement fa vie ; & de l'autre côté fes voifins frappés d'admiration pour fa patience fi pleine de raifon & de fagefTe , contribuent tout ce qu'ils peuvent pour le foulager.

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SUR. LES VERS DE PYTHAG. toj

Mais celui qui fe fâche & qui s'ir­rite , comme les femmes les plus foibles, en premier lieu il ajoute volontairement & de fon bon gré la trifteffiè & le chagrin à fon mal ; & inceflamment colé à fa mifere & attaché à la déplorer, il devient par là incapable de fe procurer par fon travail la moindre reflburce, &c fe met hors d'état d'être foulage par fes voifins, à moins que quelqu'un par compaffion ne lui jette1 quelque chofe comme une aumône. Mais alors la difpofition même de celui qui foulage, ne fait qu'augmenter la triftefle & le chagrin de celui qui fe trouve dans cette extrême néceffité.

De tout ce qu'on vient de dire, il réfulte qu'il faut fupporter dou­cement les accidens de la vie; & autant que nos forces le permet- La comp­tent , tâcher de les guérir, en rap- r»°n «k »»"' portant leur caufe à nos penfées ^feietoui corrompues ; & en nous perfua- no» "»«• dant qu'y ayant certainement une providence, il n'eftpas poffible que celui qui devient homme de bien

E vj

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io8 COMMENT. D'HIéROCLES

foit négligé , quoiqu'il porte fut ion corps les marques de fes an­ciens péchés qui ont attiré fur lui la colère divine : car dès le moment qu'il acquiert la vertu, il diffipe fa douleur & fa trifteflè, &c il trou­ve le remède à tous fes maux, en-tirant de lui-même le fecours con­tre la trifteflè, & de la providen­ce , la guérifon de tous les- maux.. En effet, comme nos péchés & le jugement divin qui les punit, atti­rent fur nous tous ces fléaux, il e(b raifonnable aufli que notre vertit Se la Loi de la providence, qui dé~ livre de tous maux celui qui s'eft appliqué au bien.,. les retirent &r les éloignent.

Voila combien on peut tirer de ces vers mêmes de préceptes qui contribuent à former en nous les. élémens de la vertu; car ils décou­vrent les raifons très-véritables de la providence, de la deftinée &c de notre libre arbitre : raifons par kfqu elles nous avons tâché d'adoi*-cir dans ee difeours la douleur ,. <jue cajufe d'ordinaire l'inégalité

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S0R LES VERS DE PYTHAG. 105*

apparente de tout ce qu'on voir dans cette vie , & de démontrer que Dieu h'eft point l'auteur des­maux.

Que fi on joint ce que nous ve­nons de dire à ce qui a déjà été dit, on tirera de tout ce traité une grande preuve de l'éternité &: de l'immortalité de l'ame ; car pour pratiquer la juftiçc , pour mourir courageufement , pour être defin-térefle , & n'être nullement ébloui de l'éclat des richefTes, 011 a befoin d'être perfuadé que l'ame ne meurt point avec le corps. Et pour fup-porter avec douceur la divine for­tune , & pour pouvoir la corriger & la guérir, H paroit néceflaire que l'ame ne foit pas née avec le corps. Et de ces deux chofes de j;*},*^* f éternité de l'ame & de fon im- néceffaircJ» mortalité , on fice cette démonf- £** u™ '£ tration, que l'ame eft fuperieure à remarqueu la naiflance & à la mort , qu'elle eft plus excellente que le corps , & qu'elle eft d'une autre nature, étant par elle-même de toute éternité ; car il n'eft nullement poflîble,, ni

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n o COMMENT. D'HiÉRociis-11 ne le peut q u e c e quj eft né depuis un certain «",Um"is il temps , exifte toujours, ni que ce îepeucpatiaqui n ' a jamais commencé, périfle ; volonté de ^ ' r, -r > < 1 Dieu. v. les par conlequent , puilqu après la «cmai<i. mort du corps l'ame exifte encore,

qu'elle eft jugée , & qu'elle reçoit la punition ou la récompenfe de la vie qu'elle a menée ; & qu'il eft impoffible que ce qui a commencé dans le temps fubfifte toujours, il eft évident que l'ame eft de toute éternité avant le corps : par-là il fe trouve que l'ame eft un de cea

s» «Hem- ouvrages éternels de Dieu qui l'a Hance avec créée ; & de là vient la reflemblan-pa'sT ronnt c e qu'elle a avec fon Créateur. Mais ftetnité, comme nous en avons déjà fuffi-™*«s

d"u.el.fammentparlé, il eft temps d'exa-îe a reçues, miner la luite.

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SUR 1ES VflRS DE P Y T H A G . I I I

VERS XXII XXIII & XXIV.

Il fe fait parmi Us hommes plufuurs fortes de raifonntmens bons & mau­vais.

Ne Us admire point légèrement, & ne Us rejette pas non plus :

Mais fî l'on avance des fauffetis, cède doucement, & arme-toi de patience.

J L A volonté de l'homme ne per- D'oûnijr-fiftant pas toujours dans la vertu ni vmraîfo» dans le vice, produit ces deux for- nemem des tes de difcours ou de raifonne-homm"' mens , qui tiennent de ces deux états, & qui portent les marques de ces deux diipofitions contraires, où il fe trouve fucceflïvement. De là vient que de ces raifonnemens, les uns font vrais, & les autres font faux ; les uns bons , les autres mau­vais : & cette différence demande de notre part un difeernement juf-t e , qui eft le fruit de la ference , afin que nous choififfions les bons, & que nous rejettions les mauvais j &r encore afin que nous ne tom­bions pas dans la mifologie > ou la

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t u COMMENT. D'HIéROCLHS

haine des raifonnemens, parce qu'il y en a de mauvais que nous con- * damnons; & que nous ne les re­cevions pas auffi tous fans diftinc-tion, fous prétexte qu'il y en a de bons que nous recevons. Car par la haine des raifonnemens en géné­ral, nous nous privons nous-mêmes de ceux qui font bons-, & par un entêtement fans diftin&ion , nous nous expofons à être bleffés par les mauvais , fans que nous y prenions garde. Apprenons donc à aimer les raifonnemens , mais avec un dif-cernement jufte, afin que l'amour que nous aurons pour eux , les fafle naître, &c que notre difcerne-ment nous fafle rejetter ceux qui feront mauvais. De cette manière nous accomplirons le précepte de Pythagore ; nous n'admirerons point les raifonnemens qui font mau­vais , &: nous ne les recevrons point fans examen , fous prétexte que ce font des raifonnemens ; & nous ne nous priverons pas non plus de ceux qui font bons, fous prétexte que ce font des raifonnemens tout

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SUR LES VERS DE PYTHAû. r i j

comme les mauvais. Car première­ment , ni ces derniers ne doivent être recherchés comme râifonnemens , mais comme vrais; ni les autres ne doivent être rejettes non plus com­me râifonnemens, mais comme faux. En fécond lieu nous pouvons Lcsraifonae» dire hardiment, qu'il n'y a que tes mena vrais. râifonnemens vrais qui foient des rai- '"'"„",[«„ fonncmcns;carils font les (culs qui ce nom. coniérvent la dignité de l'eflcnce raisonnable ; ils font les produc­tions de l'ame qui eft foumife à ce qu'il y a de très-bon, &r qui a recouvré tout fon éclat & tout Ion luftre : au-lieu que les râifonne­mens faux ne font pas même effec­tivement des râifonnemens ; puifque portant au vice oc à la faufleté ou à l'erreur , ils ont renoncé à leur dignité &c à leur noblefle , & ne „ font proprement que des cris d une fonnemens amé deftiraée de raifon , &r que fes "e fo™ fi"e

pallions aveuglent & confondent. aes abois de Ne les reçois donc pas tous, dit le '>rae infm" ~ .. ? r , . fée & coi-Poete y de peur que tu n en rcçoi- rompue. ves auffi de mauvais, & v. z les re­jette pas tous non plus, de peur que

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114 COMMENT. D'Hiénocïis tu n'en rejettes de bons ; car il eft éga­lement abfurde Se indigne de l'hom­me de haïr & de rejetter les bons raifonnemens, à caufe des mauvais, & d'aimer & recevoir les mauvais, à caufe des bons. Il faut donc louer les bons, & après les avoir reçus, les méditer, ik chercher jufqu'où ils pouffent la vérité qu'ils démon­trent : pour les mauvais, il faut déployer contre eux toutes les for­ces que la feience de la Logique peut fournir pour difeerner la vé­rité & le menfonge. Et quand nous fommes en état de confondre la

Modération faufleté &• Terreur. il ne faut le & douceur c . ni quii faut raire ni avec véhémence, ni avec prdçr dan» inftilte, ni avec des airs mcprifans:

mais il faut démêler la vente , & réfuter le menfonge avec des repon-fes pleines de douceur. Et com­me die le Vers , Si l'on avance des faujfetès, cède doucement ; non pas en accordant ce qui eft faux , mais en l'écoutant fans emportement &c fans aigreur ; car ce mot, cède dou­cement , ne marque pas qu'il faille accorder ce qui eft faux, & y don-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I I J

ner fon confentement ; mais il ex­horte à lécouter avec patience , & fans s'étonner qu'il y ait des hommes qui fe privent malheureu-fement de la vérité ; car l'homme eft naturellement fécond en opi-L.honime nions étranges & erronées, quand produit na-il ne fuit pas les notions communes ^"pini™* félon la droite raifon. Ce n'eft donc étranges & pas , dit ce Vers , une chofe bien e t tonc" furprenante &r bien merveilleufe

3u'un homme qui n'a jamais appris es autres la vérité, &r qui ne l'a

pas trouvée de lui-même , tombe dans la démence & dans l'orgueil, & avance des opinions contraires à la vérité. Au contraire , ce fe- Car pour &. roit un miracle très-furprenant, fi voir.iin'y*

, . i . que ces deux n ayant jamais voulu rien appren- moyen?, ap-dre , ni rien chercher . il rencon- prendre des

• r • i i • i autres , ou troit fortuitement la vente , com- tYOUver de me quelque Dieu qui lui apparoî- foi-même,se

. * * i , • * , » r r pourttou-troit tout d un coup, de même que «r, u fam dans les tragédies. Il faut donc ch«cher-écouter avec quelque forte de com- ^"''Jn^"5

paffion Se d'indulgence ceux qui & ioduigen-avancent des faufTetés, & apprendre ^a"c"nt

q^ par cette expérience de quels maux faufilés.

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llS CoMXïEtlT. D'HIé^OCLÈS

nous nous fommes délivrés , nous* qui érant de même nature.que ces malheureux, & par confisquent fii-jets aux mêmes paffioiis & aux; mêmes foiblefles , avons heureufe-mertt pris pour contrepoifon la" fcience. qui a guéri cette infirmité., Et ce qui contribue le plus à nous donner cette douceur néceffàire dans les difputes, c'eft la confiance qui fe trouve dans la fcience; caf

tt par con- une ame bien préparée & bien dref-gr]"rniîe1'"' ^ee à combattre contre les renverfe-vient ordi- mens de la vérité , fupportera les queT'dé- faulfes opinions fans émotion & fiance & de fans trouble , comme ayant prémé-fojble e. ^ . ^ ^ ^ j . c e ^ j p e u t Atre a v a n c ^

in s'inffrui- contre la vérité , en s'inftraifant de faut de la vé- • i • ' A „ y-v » n_ J _ • ïité, on ap- la vente-meme. Qu eft-ce donc qui prend â ré- pourra troubler un homme fi bien tuter tout ce • n , n • t • qui h com- înftruit ? qu elt-ce qui pourra lui pa-bat' roître inextricable & indiflbluble?

Toutes les difficultés qu'on lui op-pofera ne ferviront au contraire, s'il eft véritablement fort, qu'à lui fournir les idées qui ont déjà fou-vent triomphé de tout ce qui eft faux. Ce n'eft donc point de la

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SVR LES VERS DE PYTHAG, I îJ

feule vertu morale que l'homme favant .tirera fa tranquillité & fa. fermeté ;ce fera auffî de la confiance qu'il a en (es forces pour ces fortes pe combats. Voilà ce qu'on peut dire fur le jufte difceinement des rai-fonnemens, qui eft le fruit de la fcicnce ; & pour ce qui concer­ne l'habitude que l'homme favant doit acquérir de ne fe laifler jamais tromper en quoi que ce puiflc être , le Poè'te ajoute immédiatement ce qui fuit. *

VERS XXV , XXVI, & XXVII,

Obferve bien en toute occajîon ce que je vais te dire :

Que perfonne, ni par fes paroles, ni par fus actions ne te féduife jamais,

Et ne te porte à faire ou à dire ce qui riejl pas utile pofir toi.

C_>E pécepte s'étend fur tout, &r il fignitie la même chofe que celui qu ' i l a déjà donné dans ï'onziemç «&r le douzième Vers :

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i i o COMMENT. D'HIéROCIIS

roîtra plus refpe&able ni plus re­doutable que nous, pour nous por­ter à faire ou à dire ce qu'il ne faut pas : l'un & l'autre font mii-libles à l'ame ; &: tout ce qui lui eft nuifible nous eft naifible ; puif-que l'ame, c'eft nous. C'eft pourquoi il faut bien entendre ce nx)t, ce qui ii eft pas utile pour toi} en rapportant ce pronom , toi, à ce que tu es véi ritablement ; car fi tu entends bien ce précepte, Que ptrfonne ni par fis paroles , ni par fes actions , ne te fé-duife jamais , & ne te pont à faire ou à dire ce qui n'ejî pas utile pour toi, & que tu fois proprement l'ame rai-fonnable, tu ne fouffriras jamais, fi tu es fage , aucune des chofes qui pourraient te bleÛer , toi xjui es l'eflènce raifonnable ; car tu es pro-

Toute cette prement l'ame. Ton corps, ce n'eft Prife du pre- pas to i , il eu a toi ; & toutes les m'"Mcibia- chofes extérieures ne font ni t o i , de de Platon, • . -, . , a , ,. , où eiiseitad- ni a toi , c eft-a dire a ton corps. mitabiement £ n Jiftinguaiit & en féparant

ainli toutes ces natures, tu ne les confondras jamais ; tu trouveras vé­ritablement ce que c'eft que l'el-

fence

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SVR. LES VERS DE PYTHAG. t i r

fénce de l'homme; &: en ne pre­nant pour elle, ni le corps , ni ce qui eft hors du corps , tu ne te mettras point en peine pour ce corps , ni pour ce qui appartient au corps, comme pour toi-même ; afin que ce foin mal entendu ne t'entraîne point dans l'amour du corps & dans l'amour des richef-fcs; car pendant que nous ignore­rons abfolument ce que nous fouî­mes , nous ignorerons auflî les cho-fès dont nous avons foin ; & nous aurons plutôt foin de toute autre chofe que de nous-mêmes , dont nous fommes cependant obligés de prendre le premier foin.

En effet li l'ame eft ce qui fe fert du corps , fi le corps tient lieu d'infiniment à l'ame, &c fi toutes les autres chofes ont été inventées en faveur de cet inftrument, 8c pour foutenir fa nature , qui s'é­coule & qui dépérit, il eft évident 3ue le principal & le premier foin

oit être pour ce qui eft le premier ordre da 6c le principal ; & le fécond, pour ' ^ ^ ce qui tient le fécond rang. Ceft avoir.

Tome IL F

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Hl> C0MWJ)NT. D'HliROeilt .

pourquoi le fage ne négligera paf (a fanté; non qu'il donne le pre­mier rang au corps „ & qu'il le pren-

ct qu'on ne pour Ton principal , mais pour ^ofer dansk ^ t e n ' X C î l ^ t 3 l t ^ f O U r m r * t G U S

]£m d/ia les befoins de l'ame , afin qu'il fanté. obéiflTe à tous les ordres fans au-ce qu'on cun empêchement. Et enfin fon doit fe pro- troifieme foin, ferai pour tout cç poferdansle . , „ .r r loin des cho- qui n eft que letroalieme ; Se il gou-j"ti

cxtélieu"yernera avec prudence & écono-mie les chofes extérieures pour la. çonfervation de l'inftrumei>t, qui eft fon corps. Son premier, ou pou* mieux dire , fon unique foin fera, donc pour fon ame, puisque le foin

Tous nos qu'on a après elle des autres cho-£ « # « « ? « , n'eft que pour ellex & ne tend A Tapie. qu'à fa çonfervation, & àfbnutàr*

bté. Or tout ce qui eft hors de la vertu, c'eft ce que le Vers exprime ici par ces mots, ce qui nejipas utile, pour toi. Si la vertu, t'eft utile > tout ce qui n'eu point vertu te fera inu­tile & pernicieux. Celui-là donc nous conièille de faire autour de nous comme un rempart , pour.. ÉonfervcT; les vertus , & les defea-

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SUR.'tES VERS DEPYTHàO, iif

«Ire, qui nous dit que nous ne de­vons jamais obéir à ceux qui font tous leurs efforts pour nous éloigner de la vertu , de quelques adrons, ou de quelques paroles qu'ils ac­compagnent leurs perfuafions & leurs inftances. Par exemple, qu'un tyran,, foit qu'il fafle de grandes promefles , ou qu'il les effectue , foit qu'il tâche de nous ébranler par des menaces, ou de nous for­cer par des fuppliccs : qu'une per-fonne amie, cachant fon mauvais* deflèin fous les apparences & les démonftrations de la plus tendre amitié , ne nous éloignent jamais de ce qui eft utile à Famé. Or les feules chofes qui lui foient utiles, ce font la vérité & la vertu. Tu fe- «•« <*"'« ras donc hors d'atteinte à toutes les fv^fll fraudes , &r à toutes les trompe- font la vérité ries, fi eonnoifïànt ta propre effèn- & ve"*" ce, ce qu'elle eft, 8c à qui elle ref-femble, eu as toujours tout le foiri

Eaffibie d'entretenir cette refièm-lance, & fi tu regardes comme le

plus grand malheur qui puiffè t'ar-river, la plus grande perte que tu

F ij

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Ti4 COMMENT. D'HIéROCLIS

ispiwgranpuifles faire, tout ce qui pourra r e perte que J ' c f f a c e r o u l'altérer. Et il n'y a que 1 homme . , ., ' . • .

juiffe faire, ce qui ne(t pas utile pour toi qui dteftiadref-er P u ' " e t e fa're perdre cette reflem-flmbiiace plance divine. Puis donc que tout Slêu * aV" Ce °1U* PeUt e n t r e t e n J r e n n o u s c e t t e

reflemblance , nous eft utile ; que pourra-t-on nous offrir qui foit ar­

da"" u'm.on- lez fort pour nous faire renoncer à. de n'eft di- c e t ouvrage tout divin ? Seront-ce laTre'ré on-les richefles qu'on promettra de ccr* la tef_ nous donner, ou qu'on menacera icmblance . A • * divin*. de nous oter ? mais nous avons ap­

pris de la droite raifon à les rece­voir , ôc à les rendre, p'ailleurs nous connoiflons l'inconftance , & l'incertitude de tous ces biens paf-fagers. Car quoi, quand même je ne les perdrais pas d'une certaine manière, & que je les défendrois çourageufement contre l'ufurpa-tion &ç l'injuftice, un voleur ne me les enlevera-t-il point î ne les perdrai-je point par un naufrage ? & quand je les garantirois des vo­leurs , &: des périls de la mer, combien d'autres voies ouvertes à ïa perte des biens i Imaginons-en

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SûR IES VERS DE PYTHAG. ii'f

donc nous-mêmes une bien raifon-nable pour l'amour de la vertu ; c'eft de faire un échange de toutes f«*e <*«*

• t. cr „_• • A .. ~' bienjvolon-nos nchefles contre une pauvreté uire eft r a j . volontaire , accompagnée de l'hon- fonaabie. nêreté , en nous dépouillant de tous nos biens par des motifs très juftes, & en achetant la vertu à un pritf beaucoup plus haut que celui qu on nous offre pour nous obliger d'y renoncer*.

Mais on étalera à nos yeux les torturés & la mort : il éft bien aifé de répondre à ces menaces, que fi nous favons bien nous.garder nous-1

mêmes, ces fupplices ne tomberont point fur nous , &r qu'ils ne regar­dent que notre corps. Or le corp* mourant ne fouffre rien qui foit contre la nature ; car naturelle­ment il eft fujet à la mort, il peut être brûlé , coupé, & il eft expofé à mille gênes , &c à mille tor­tures, qu'une maladie peut encore plus lui faire fouffrir qu'un tyran. Pourquoi fuyons-non s donc ce qui ft'eft pas en notre pouvoir de fuir , & que ne confervons-nous plutôt

Fiij

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ixC GOMMENT. D'HIéKOCIIS

ce qui eft en notre pouvoir de conferver ? Ce qui eft mortel, quoi que nous fanions, nous ne le garan­tirons jamais de la mort à laquelle la nature la condamne ; & ce qui eft immortel en nous, c'eft-à-dirc,. notre ame, &• nous-mêmes, nous-

(>ouvons l'orner &c l'embellir par a vertu , £1 nous ne nous laiflons

pas effrayer, & amollir par la mort mon fouf- dorit o n n o u s menace. Que fi nou$ im"Cbo°nne la fouffrons pour une bonne caule JJ rUfC& U'f a ' ° r S nOUS o r n e r o n s > &T nOUS Ulul­ante i u - t r e r o n s k néceffité de la nature

£ar la fermeté , &" la droiture de notre volonté &c de notre choix. Voila les plus grandes chofes qu'un homme puifle préfenter à un autre * pour le Fédaire & pour l'effrayer : mais ce qui eft au dedans de nous, eft libre, & ne fe laiffe jamais af-fujettir par perfbnne, fi nous ne le voulons, &; à moins que par un amour déréglé pour le corps, & pour les chofes extérieures, nous ne trahif-fions & n'engagions notre liberté x en vendant les biens de l'ame pom? le vil prix d'une vie momentanée,

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SUR ÉES VERS DI PYîHAG. ivf

&• de quelques biens qui doivent certainement périr. Ce précepte îïOUS exhorte donc à faire en toutes rencontres les chofes qui peuvent feules aflurer en nous la vertu , 8£ la fceller de manière, qu'elle ne ptsiflè nous être ravie, ni par la violence, ni par la fraude. Pàflons préfentement aux autres préceptes, qui ont une liaifon ïenlîble avec le précepte précédent.

Vifcs xx-vm xxix xxx. Confultt & délibère avant qui d'agir.,

afin que tu ne faffit pas des 'actions • folles j

Car ctfi d'un tniférahie -de parler , €r d'agir fans râifon, •& faits ïéfitschon :

Mais fus tout ce nui dans la fuite ne t'affligera point , & ne t obligera point à te repentir.

J_jÀ confultation fage & prudente coofuitatîon produit ks vertus, tes perfectionne tefm

perr"; •

•& les coafèrve ; de forte qu'elle eft noum«, ec la mère, la nourrice & la garde *"^,.d" des vertus : car lorfque nous con-

F iv

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î i 8 COMMENT. D'HIéROCIIS

fultons tranquillement en nous-mêmes quelle vie nous devons fui-vre y la vertu fe fait choifir par fa propre beauté. Après ce choix, l'ame bien affermie par cette même con­sultation , foutient toutes fortes de combats & de travaux pour la ver­tu ; & déjà accoutumée à la pof-fèffion des chofes belles, & honnfê.-tes , elle confèrve fon jugement fain & entier , dans les troubles-même des calamités les plus fâ-cheufes ,.fans que tout ce qui vient, du dehors pour la troubler & Tefirayer , puifle l'obliger à fe dé­mentir , & à changer d'opinion » jufqu'à fe perfuader qu'il y a une autre vie heureufe que celle qu'elle a choifie de fon mouvement, après, l'avoir jugée la meilleure, & la plus excellente. De-là vient qu'il y a trois effets fenfiblesde la fage con-

Troisbeaux fultation. Le premier , c'eft le choix eftis de u jg j a meiHeure viej le fécond, la eonfultauou . . . •' fage & reniî pratique de ce cette vie qu on a

•bls- choifie ; & le troifieme , la garde fûre & exacte de tout ce qui a été fagement délibéré. De ces trois

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su-R. IES-VERS DE PYTHAG. 129

effets le premier eft la raifon , qui précède l'exécution de ce que nous voulons faire, & qui pofe, pour ainfï dire , les principes des actions. Le fécond eft la raifon, qui accom­pagne l'exécution , & qui accommo­de & ajufte par avance chaque ac­tion avec les principes qui la pré­cèdent. Et le troifieme c'eft la rai­fon , qui fuit l'exécution , & qui examinant chaque action qu'on vient de faire , juge fi elle a été faite à propos, & comme il faut: car en toutes chofes on voit briller la beauté de la confukation fage &: prudente. Tantôt elle enfante les vertus, tantôt elle les nourrit & les perfectionne , & enfin elle veille à leur confervation : de forte qu'elle eft elle-même le commencement, le milieu , & la fin de tous les biens ; & que c'eft en elle que fe trouve la délivrance de tous les /maux, & que ce n'eft que par elle feule que nous pouvons perfection­ner les vertus. Car notre nature étant raifonnable , & par confé-cuient capable de délibérer & de

Fv

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130 COMMENT. D'HIEROCLIS

confulter, & fe portant par fa vov lontc , & par fon choix a prendre un bon , ou un mauvais confeil ; fi elle choifit bien , alors la bonne vie, qu'elle embrafle, conferve fon effence : au-lieu qu'un choix fait fans raifon , la corrompt autant

ta témérité qu'*1 efl: en lui. Or la corruption «m le difauc de ce qui eft immortel c'eft le vice, t?"™£ dont la mère eft la témérité , que dte u vice ce Vers nous ordonne de fuir i afin

que nous ne fa fiions pas des aSions fol­les. Et les actions folles, ce font les aclions malheureufes & mauvai­ses ; car de parler ou d'agir fans raifon & fans réflexion , c'efi d'un mijerable t c'eft-à-dire, c'eft le pro­pre d'un malheureux. Que h tu confultes avant que d'agir, tu ne commettras jamais de ces aclions infenfées qui ne peuvent qu'affliger enfuite ceux qui ont agi témérai­rement , & fans confulter : car le repentir montre évidemment le vi­ce du choix, dont l'expérience a fait fentir le dommage. Comme au contraire les fuites de la bonne confultation montrent la bonté &c

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SUR LES VERS DE PYTHàC* I J I

la fureté du choix, en montrant par les actions même l'utilité qui en réfulte. Je dis l'utilité , non du corps ni des chofes extérieures , mais de nous-mêmes , l'utilité qui ne regarde que nous, à qui on or­donne ici de confulter avant que d'a­gir , & de ne taire que tes actions qui ne nous affligeront point dans là fuitt ; c'eft-a~dirc , qui n'affligeront point nom ame. Car que îert-il à l'homme d'amaffer de grandes ri-chefles par des parjures , par des meurtres, & par toutes fortes d'au­tres tnauvaifes actions ? que lui fert-il d'être riche au dehors, lorfqu'it laifle fon ame dans la pauvreté, &: dans la difette des feuls biens qui lui font utiles ? & d'être encore fut cet état, fi malheureux d'une infen-fibihté qui augmente fon mal ; ou fi la conïcicnce le ramené au fen-timent de fes crimes,, de fouffrir dans l'ame des tortures infinies par les remords qu'elle y caufe , dé craindre nuit & jour, avec des. frayeurs mortelles les fupplices des enfers , & de ne trouver d'autre;

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i j i COMMENT. D'HIéROCXIS

remède à Ces maux que de recourir au néant J car voila le fuoefte état où il s'eft réduit. II tâche de gué­rir un mal par un autre mal, en

le méchant cherchant dans la mort de lame um'orVd?.!* confolation de fes crimes, & il l'am: ia con- ïe condamne lui - même à n'être f Trhn , rien après la mort, pour fe dérober & la ceiVa- aux peines que l'idée du dernier ju-ftayeut/" gement lui fait envifager. En effet le

méchant ne veut point que l'ame foit immortelle , de peur de ne vivre dans l'autre vie que pour y

en S - fouffrir : dans cette peafée il pre­nant foname vient la fentence de fon juge, & conferve" ' ^e condamne lui-même à la mort % quelque uée comme étant jufte que l'ame cri-delajuftice. m J n d l e n'exifte p l u s j & e n c e l a c e

malheureux précipité dans le vice par fa témérité, & par fa folie > rend contre lui-même une fentence conforme à, fon excès & à fes cri­mes.

Mais il n'en eft pas de même des. juges des enfers ; comme ils for­ment leur jugement fur les règles de la vérité, ils ne prononcent pas que l'ame doit n'être plus, mais.

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SUR LES VERS DE PYTHàG. 13 J

qu'elle doit n'être plus vicieufe ; & c" Ie^ fr~ ils travaillent à la corriger & à ôyem'""* la guérir , en ordonnant des pei-1« peines de

1 r 1 » J 1 J l'entei né-nes pour le lalut de la nature , de toicnt que même que les Médecins, qui parp°urui» des incifions, & par des cautères, tem|?,* guériflent les ulcères les plus ma­lins. Ces juges puniflent les crimes pour chafler le vice par le repentir -y & ils n'anéantiflent pas Peflence de l'ame , & ne la reduifent pas à n'être plus; au contraire ils la ra­mènent à être véritablement par la Îmrgation de toutes les pallions qui a corrompent. Car l'ame eft en

danger de fe perdre, & d'anéantir fon eflence , lorfqu'en s'éloignant de fon bien, elle le précipite dans ce qui eft contre fa nature ; & lors­qu'elle retourne à ce qui eft félon fa nature, elle retrouve toute fon eflence, & recouvre cet être pur qu'elle avoit altéré & corrompu par le mélange des pallions. C'eft pourquoi il faut tâcher fur toutes choies de ne pas pécher ; & quand, on a péché il faut courir au devant rie la peine, comme au feul remé-

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134 COMMENT. D"HIéR.OCIJS

de de nos péchés , en corrigeant notre témérité, & notre folie par le fecours falutaire de la prudence

innocence g^ j e j a rajfon. Car après que nous perdue par le r i ; i n i r • pèche 8c re- lommes déchus de notre innocence couvréepar p a r \e peché , nous la recouvrons le repentir, r , r • o i 1 r

& par le bon par le repentir, &r par le bon mage chârimensde CîUe llOUS fa^ons ^es punitions dont Dieu. Dieu nous châtie pour nous relever. Le repentir Le repentir eft le commence-mencemem ment de la Philofophie "; la fuite 4e u fageffe. des paroles Se des actions inferi-

fées , eft la première démarche d'une vie qui ne fera pins fujette au repentir -y car celui qui confulte fagement avant que d'agir, ne tom­be point dans des malheurs & dans des chagrins imprévus & involon­taires, & il ne commet point fans y penfer , de ces actions dont il craint les fuites &C les iflîies ; mais-il difpofe du préfent, & fe prépare à tout ce qui peut arriver contre Ion attente i c'eft pourquoi ni Tem­pérance de ce qu'on appelle des biens ne le fait renoncer a fon vé­ritable bien, ni la crainte des maux ne le porte à commettre le mal >

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SUR rts VERS DE PYTHAG. 155

mais ayant fon efprit toujours atta­ché aux règles que Dieu prefcrit > il règle fur elles toute fa vie.

Mais afin que tu connoiffès bien certainement que c'eft d'un mifé-rable de parler & d'agir fans rat-fon , vois Médée qui déplore fes malheurs fur nos théâtres. La vio­lence d'un amour infenfé l'a pouf-fée à trahir fes parens, & à iuivre un étranger; enfuite méprifée par cet étranger, elle trouve Ces maux infupportables ; & dans cette pen-fée, elle s'écrie ;

Que Us foudres du Ciel viennent frapper ma tête.

Après quoi elle fe porte aux avions les plus atroces. En premier lieu y c'eft follement & fans raiibn qu'elle prie que ce qui eft fait ne foit pas. fait; & enfuite, en véritable in-feniee & furieufe, elle tâche de guérir fes maux par d'autres maux s car elle croit effacer le commence­ment de Ces malheurs par une fin encore plus malheureufe, en cou­vrant par le meurtre infenfé de fes enfans, fon mariage fait (ans.

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i$6 COMMENT. D'HIéROCIJS

réflexion , &: avec une précipita­tion aveugle.

Si tu veux encore, regarde l'A-gamemnon d'Homère. Ce Prince châtié &c puni , de n'avoir fu doiv ner un frein à fa colère , s'écrie en pleurant,

C'eftunVers . . . , -du 10 liv. de Helas s je fais perdu, mes forces liliade. m'abandonnent.

Et dans le mauvais état de fes affai­res , il éteint par un torrent de lar­mes , le feu de Ces yeux que la co­lère avoit allumé dans fa profpé-rite.

Telle eft la vie de tout infenfé. Il eft poufle & balotté çà & là par des paflîons contraires : infupporta-ble dans fes joies, miférable dans Ces triftefles, fougueux & hautain quand il efpere , Tâche & rampant quand il craint ; en un mot, com­me il n'a point la généreufe aflu-rance que donne la fage confuï-tation, il change de fentiment avec la fortune.

Afin donc de ne pas donner an public de ces fortes de feenes , prenons la droite raifon pour guide

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SUR. tES VERS Dé PYTHAG. 137

dans toutes nos actions, en imi­tant Socrate qui dit en quelque en-

• droit , Vous favc{ que ce n'eji pas Ceft dans X« d'aujourd'hui que j'ai accoutumé de ^\\°^L\*e

n'obéir à aucun des miens qu'à la rai- ici le partage fon , qui me paroit la plus droite & la caÛfe de l*êx-plus jujie , après que je lai bien txa- plicanion minée; Par ce m o t , aucun des miens, q "^ue-* ' il entend tous Tes fens. En effet, tou- ment ne fê­tes ces chofes qui nous font données fon

t|ou^.i, ,

pour fervir à la raifon , comme la u> pairiom colère , le défir, le fentiment, le donnée.poi* corps même , qm eft pour lervir Mifon. d'inftrument à toutes ces facultés , toutes ces chofes font à nous , & non pas nous : & il ne faut obéir à aucune, qu'à la feule droite raifon , comme le dit Socrate, ceft-à-dire à la partie raifonnable qui eft dif-pofce félon fa nature. Car c'eft la feule qui puiflTe voir &: connoître ce qu'il faut dire & faire. Or obéir à la droite raifon , & obéir à Dieu, c'eft la même chofe; puifque la partie raifonnable éclairée de l'irradiation qui lui eft propre & naturelle, ne veut que ce que veut la loi de Dieu : & l'ame bien difpofée félon Dieu »

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1}S COMMENT. e'HiÉR.ociis eft toujours d'accord avec Dieu i tout ce qu'elle fait, die le fait en regardant toujours la divinité & la" lumière éclatante qui l'environnent.

HMrodk* Au-lieu que I'ame qui eft dHpoféc '«so™" d'une manière tonte contraire , & diKU 'fe* qui regarde à ce qui eft fans Dieu , cîb™d"A1" ^ P' e i n °k ' en t res , emportée çà

& là à l'aventure , elle erre fans tenir de route certaine, deftitaée

Dieu & l'en- qu'elle eft d'entendement, & dé-lafeSTr îe chue de Dieu , qui font la feule *te tout ce véritable règle de tout ce qui eft £&£ beau &c honnête.

Voilà les grands biens , & les biens infinis que produit la con-fuitation fage & prudente, &: les grands maux qui viennent nécef-iairement de la témérité & du dé­faut de réflexion. Mais confulttr avant que a"agir , outre tous ces grands biens, dont nous venons de parler , en produit encore un très-

ta rage con- confidérable ; c'eft qu'il réprime tous dutaro"i-x *es mouvemens de l'opinion, qu'il nion, ic ra- nous ramené à la véritable feien-uunce.'* c e > & n o u s h*1 mener une vie qui

ne peut manquer d'être très-deli-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. TJ»»

cieufe, puifqw'elle eft très-bonne & très-jnfte. C'eft ce que'la fuite va faire voir.

V E R S XXXI & XXXII .

Ne fais jamais aucune des chofes que tu ne fais point ;

Mais apprends tout ce au il faut fa-voir y & par ce moyen tu mèneras une vie trh-dclicieufe.

\_J E ne point entreprendre les cho­fes que nous ne favons pas, cela nous empêche feulement de faire des fautes : mais d'apprendre ce qui mené à la bonne vie , outre que cela nous empêche aufli de faire des fautes, il nous dirige & nous fait réuflîr dans tout ce que nous entreprenons. La connoiflance de notre propre ignorance réprime la témérité qu'excite l'opinion ; & l'acquifirion de la feience aflure le fuccèsde toutes nos entreprifes. Ces deux chofes font très-belles , Con­naître que nous ne favons pas, & ap­prendre ce que nous ignorons; & elles

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*4o GOMMENT. D'HIBROCLES

font fuiviés d'une vie très-bonne & très-délieieufé : & cette vie trës-délicieufe n'eft que pour celui qui eft Vuide d'opinion & plein de icieh-ce , qui ne s'enorgueillit d'aucune des cnofes quil lait, &r qui veut apprendre tout ce qui -mérite d'être

Ça qu'une appris. Or rien ne mérite d'être gMi'ront1'"appris 4 a e c c QP* n o u s ramené à une recaphu- la reffemblaneé divine ; que ce qui toifrê d«m" n o u s pofte à confulter avant que tou» les pré d'agir, afin que nous ne faffior» "&7aVu".onpas des a&rons folles; que cc qui

nous met hors détat d'être fédùits & trompés par qui que ce foit, ni par fes paroles, ni par fes actions j que ce qui nous rend capables de faire la différence des raifonnemens que nous entendons -, quece qaï nous fait fupporter la divine fortune, & qui nous donne le moyen de la cor­riger ; que ce qui nous enfeigne à ne craindre ni la mort, ni la pau­vreté , &r à pratiquer la juftice -, que ce qui nous rend tempérant fur tout ce qu'on appelle les plaifirs ; que ce qui nous inftruit des loix de l'amitié & du refpecl: que nous de­vons à ceux qui nous ont donné la

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SUR. tes VERS DE PYTHAG. 141

vie > que ce qui nous montre l'hon­neur & le culte que nous devons rendre aux êtres fùpérieurs.

Voila quelles font les chofes que ce Vers nous dit , qu'il faut ap­prendre , & qui font fuivies d'une vie très-délicieufè ; car celui qui fc°'e

u£„s R\. fe distingue par fa vertu , jouit de t>ies comme voluptés qui ne font jamais fui- ^e

v"tu raê" vies du repentir, &rqui imitent la confiance & la fiabilité de la vertu qui les procure; puifque toute volup­té eft naturellement la fuite d'une action quelle qu'elle foit. La v o - ^ g lupté ne fubfilte point par elle- i'eff« d'une même ; mais elle arrive quand nous aa 'on ' faifons telle ou telle, aâion. Voila pourquoi la volupté fuit toujours la nature de l'action. Les actions u volupté les plus mauvaifes produifent l e s ( " ^ « " ï plus mauvaifes voluptés ; & lesraaionqui meilleures aftions produifent aufïi'la *todalt-les voluptés les meilleures ; de for­te que le vertueux n'eft pas feule­ment au defTus du vicieux par la beauté de l'adion ; mais il le fur-

Eaffe encore par le genre de la vo-ipté, pour laquelle feule, il fem-

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«4* COMMENT. D'Hiinocil* -ble que le vicieux s'eft précipité dan» le vice.

En effet, autant qu'une difpofr-t-ion eft meilleure qu'une autre dif-pofition , autant une volupté eft préférable à une autre volupté » ainfi, puifque la vie vertueufe dans laquelle reluit la reflemblance avec Dieu, eft véritablement divw ne ; & que la vie vieteufe eft bru* taie &" fans Dieu,. il eft évident

u volupté que la volupté du vertueux imita pToche de la volupté divine, en fuivant l'en*

u volupté tendement, & Dieu même : & qua >ine' la volupté du vicieux ( je veux bien

employer pour lui le même terme ) n'imite que desmouvemens empor­tés & brutaux i car les voluptés &r les triftefles nous changent & nous tirent de notre état. Celui donc qui puife où il faut, quand il faut , & autant qu'il faut > eft heureux \. & celui qui ignore ces juftes bor­nes eft malheureux. Ainfi donc la vie vuide d'opinion eft feulement exempte de faute -, & celle qui eft pleine de feience eft toujours heu-reufe & parfaite, & par conféquent

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*UR LES VERS DE PYTHàG. 145

elle eft très-dèlicieufe en même temps, & très-bonne.

Ne faifons donc jamais ce que nous ne (avons pas taire ; & ce que, nous favons , faifons-le quand il faut. L'ignorance produit les fau­tes-, &: la connoiflance cherche l'op-Krtunité ; car plufieurs chofes très*

nnes d'elles-mêmes deviennent naauvaifes quand on les fait mal'à propos- Ecoutons donc ce précepte avec ordre : en ce qu'il nous ordonne de réprimer & de retenir nos actions, il travaille à nous rendre exempts de faute; & en ce qu'il nous com-

- mande d'apprendre, non pas tout, mats ce qui mérite d'être fu , il nous excite aux actions honnêtes & vertueufes •, car ce n'eft pas à être L-exempdoa exempt de faute que confifte le bien <!'/*"« ne

r » p1 • „. ,-• fait pas la

vivre , mais a faire tout ce quil bonne yie. faut. Pour l'un il fuffit de purger l'opinion; mais l'autre ne peut être que le fruit de la feience.

Or de l'un & de l'autre, c'eft-à-djre de vivre exempt de faute, &r de bien vivre, voici l'avantage qui t'en reviendra,• tu mtncras un*

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ï<I4 COMMENT. D'HiénocLès vie tres-délidaife. Quelle eft cette vie délicïeufe ? Elle n'eft autre que la vie qui jouit de toute la volupté qui vient de la vertu , & dans la-* quelle fe rencontrent & le bon &c l'agréable. Si nous délirons donc ce qui ett beau , & en même-temps ce qui eft agréable , quel fera le com-pofé , linon ce que dit le Vers, une vie très dilicieufjt ! Car celui qui choifit l'agréable avec le honteux, quoique pour un peu de temps il loit chatouillé par l'appât du plaiiir, ce qu'il y a de honteux le jette bien­tôt dans un repentir très-amer. Au-lieu que celui qui choifit le beau avec le pénible, quoique d'abord il foit rebuté par le travail, le beau adoucit & diminue bientôt fa pei­ne ; & enfin, avec la vertu, il jouit de tous les fruits de la volupté pure.

-Brïiedîmon-En effet, qu'on fafle avec plaifir ™r P , ° e r ^«elque chofe de honteux, le plai-le beau ac- [K pafle, & le honteux demeure. peiT,geftde Qu'on fafle quelque chofe de beau, préférable au a Vec mille peines & raille travaux, comnaUgnr<ie les peines paflènt, & le beau refte pUiût. feul, D'où il s'enfuit néceflairement

que

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Sua IES VERS DE PYTHAG. 14J

que la mauvaife vie eft très-trifte êc trës-amere, & que la bonne vie au contraire, eft très-délicieufe.

Cela fuffit pour l'intelligence d e t e foîn da

TT l . 1 r- • 1 corps n eft

ces vers : mais comme le loin du pasindicé-corps n'eft pas indifférent pour la "•'', POUI îa

perrecuon de 1 arae, voyons ce que famé. le Poè'te ajoute. VERS XXXIII, XXXIV & XXXV.

/ / ne faut nullement négliger lafanté du corps.

Mais on doit lui donner, avec mtfure le boire & le manger, & les exercices dont il a btfoin.

Or /appelle mefure ce qui ne t'incom~ modéra point.

V>È corps mortel nous ayant été donné comme un inftrument pour la vie que nous devons mener ici-bas , il ne faut ni l'engraifler par un Quel eft le traitement trop indulgent, ni Î V ^ S maigrir par une diète trop rigou- <iu corps. reu(e; car l'un & l'autre excès pro-duifent les mêmes obftacles, & em­pêchent l'ufage qu'on en doit 6irer«

Tome II. G

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r\6' COMMENT. DJHIEROCI1$

G'eft pourquoi on nous exhorte ict d'en avoir un foin modéré, & de ne le négliger , ni lorfqu'il s'em­porte par l'excès de l'embonpoint, ni lodqu'il eft matté par les mala­dies , afin que confervé dans l'état où il doit être naturellement , il puifle fournir à toutes les fonc­tions qu'exigera de lui l'ame qui le conduit, & fe porter par tout où elle ordonnera ; car l'ame eft ce qui fe fert du corps, & le corps eft ce qui fert à l'ame. L'artifan eft donc obligé d'avoir foin de l'inftru-ment dont il Te fertj car il ne faut pas vouloir feulement fe férvir de lui, mais il faut auffi en prendre tout le foin raifonnable & nécef-faire pour le tenir toujours en état d'exécuter nos ordres. Et parce que par fa nature il eft toujours dans la. génération & dans la corruption, & que la replétion & l'évacua­tion l'entretiennent & le nourrif-fent, tantôt la nourriture rempla­çant ce qui dépérit en lui, & tan­tôt les exercices évacuant &r em­portant ce qui y abonde , il faut

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SUR IES VERS DE PYTHAO. 147

régler la jufte mefure, & des ali- L* jufte me-ments qui font la replétion , & des fure d" *,l(" exercices qui iront 1 évacuation. Et exercices, cette jufte mefure , c'eft la raifon d™ êtr

re £~

qui accorde l'habitude du corps, niLi. avec les opérations intellectuelles„ . . . . X . Santé conve-

de lame , & qui par ce moyen a n.ibie & foin de la fanté convenable & féan- £??.",au. te au Philoiophe.

Cette railon choifira donc les exercices & les aliments qui n'en-graiflent point trop le corps, & qui auflî ne l'empêchent point de fui-vre les mouvements intellectuels ; car elle n'a pas foin d'un corps Am­plement , mais d'un corps qui fert auxpenfées de l'ame. C'eft pourquoi elle rejette le régime athlétique, par­ce qu'il n'a foin que du corps fans l'ame, & elle fuit tout foin fuper-flu du corps , comme entièrement contraire à la lumière intelligente de l'ame. Mais le régime qui, par la bonne habitude qu'il procure au corps , peut le plus contribuer aux difpofitions néceflaîres pour appren­dre les feiences, & pour fournir à toutes les actions belles & honnê-

G ij

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148 COMMENT. D'HIéROCLèS

tes i c'eft celui que choifira l'honv me qui veut embrafler la vie de la raifon : car c'eft à celui-là qu'on dit ici ; Or /appelle mefure ce qui ne t'incommodera point.

Que la mefure du foin que tu auras de ton corps ne t'incommode donc point , toi qui es une ame raifonnable. Tu es obligé, toi qui es le gardien de tous les préceptes qu'on vient de te donner, tu es obligé de choifir le boire & le manger, &r les exercices qui ren­dent le corps obéiflant aux ordres de la vertu , & qui ne portent point la partie brutale a regimber & à fe cabrer contre la raifon qui la con­duit ; mais cette mefure du foin qu'il faut avoir du corps, doit être

soin outré réglée avec beaucoup d'attention premir?è' a ÔV de prudence , comme la pre-caufede tous mierecaufe de tous Ces mouvements mci fdété- déréglés ; car le cheval ne devient giés. vicieux , & ne fe rend le maître,

que lorsqu'il eft trop nourri , &c mal drefle par l'Ecuyer.

En parlant de la mefure qu'il faut fuiyre pour le corps, le Poctç

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StrtL IES VERS DE PYTHAG. 145*

a mis le boire avant le manger, parce qu'il eft plus difficile de s'en défendre , qu'on eft plus porté à en âbufef & que le boire trouble Exc2iplu«ai-davantage la bonne habitude du « * com-corps : en effet un homme fans y pren- ™boîrV.aqûe dre garde paflèra infiniment cette Jans le mai>-jufte mefure , p lu tôt en buvan t , 6 " ' qu 'en mangeant ; & il met au troi-fieme rang les exercices , parce qu'i ls corrigent la replétion que la nourriture a caufée , & préparent le corps à fe nourrir plus faine-ment ; car ces deux choies ne font qu'un cercle entr'elles, & fe fuc-cédent naturellement ; la nourriture & l'exercice; l'exercice &: la nour­riture. La bonne nourriture donne lieu au bon exercice, &: le bon exercice , à la bonne nourriture. Or la mefure de l'un & de l'autre n'eft pas la même pour celui-ci &r pour celui-là, chacun ayant foin de fon corps félon fes vues particulières, & félon l'ufage qu il en veut tirer: car tout homme tâche d'accommo­der fon corps à la profeffion qu'il a. embraflee. Le lutteur le drefle à

G iij

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,-150 GOMMENT. D'HIèROCLèS

tous les mouvements de la lutte; le laboureur, aux travaux des champs i & un autre le forme à une autre forte de fervice. Que fera donc le Philofbphe ? Dans quelle vue, & à quel deflein aura-t-il foin de fort corps , & de quel art voudra t il le rendre t'inftrument? U eft vilible que c'eft de la Philofophie, & de toutes fes œuvres. Il ne le nourrira donc, & ne l'exercera en tout &c par-tout, qu'autant qu'il eft poffî-ble à ce corps de devenir un inftru-

«fautrendre m e n t J e p r U f j e n c e & de fagefle -fon corps un r , _ , o •»• initrament ayant toujours loin principalement de pr"d"« & préalablement de Tarne, & pour

.1 amour d elle leulement, du corps * car il ne préférera jamais la partie qui fert à celle qui s'en fert, com­me il ne négligera pas non plus ab­solument la première, à caufe de l'autre ; mais il aura foin du corps dans l'ordre & le rang convena­bles , comme d'un inftrument dont il rapporte la fanté & le bon état à la perfection de la vertu de celle qui s'en fert. Voila pourquoi il ne le nourrira pas de toutes fortes d'à-

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6t.

SVR LES VERS DE PYTHAC. - ï J I

liments,mais feulement de ceux dont 41 faut le nourrir; car il y en a qui ne doivent point lui être préfentes, par­ce qu'ils appefantiflent le corps , & entraînent l'ame dans toutes fortes d'affeâ:ions terreftres & charnelles : & c'eft de ces aliments que le Potte parle à la fin, quand il dit; bais vc s «7. abjèiens-toi de tous les aliments q <e nous avons nommés , en traitant des expiations & ds la délivrance de Came, & fers-toi pour cela de ton jugement.

Il rejettera donc entièrement tous ces aliments ; & pour ceux dont il peut fe nourrir, il en réglera la

3uantité & le temps ; & , comme it Hippocrate , il examinera la

faifon, le lieu, 1 âge & autres cho-fes femblables , ne lui permettant point de fe remplir fans examen &

-ians réflexion de tout ce dont il peut fe nourrir ; & n'ordonnant pas le même régime indifféremment au jeune :& au vieux , au fain & au malade, à celui qui ne vient xme d'entrer dans l'étude de la Philofo-phie, & à celui qui y a déjà fait un très grand progrès , ou qui eft

Giv

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ÏJ2 CoMMINT. D'HIÉROCI.IS

Merurep7- parvenu à la perfection. La rrefure thagoti ue. Pythagorique comprend toutes ces

cnofes dans ces mots que le Poète ajoute, ce qui ne t'incommodera point j car par ce peu de mots, il rapporte au foin du corps tout ce qui rend &r qui contribue à la félicité phi­losophique :& après ce qu'il»a dit de la fanté de l'ame , il ajoute qu'il ne faut nullement négliger la fanté du corps ; de forte que là il nous enfeigne ce qui fait la vertu de l'ame qui fe fert du corps ; & ici ce qui tait la fanté & qui procure la confervation du corps, qui fert d'inftrument à l'ame. Joins donc ces deux chofes , & tu trouveras ,. qui que tu fois, toi, à qui ce pré­cepte s'adreffe , qu'il faut prendre là pour jufte mefure du foin qu'on prend du corps , ce qui ne t'incom­modera point ; c'eft à-dire , ce qui n'empêchera pas l'intention Philo-fophique , & qui pourra aider l'a­me à marcher dans le chemin de la vertu.

En difant la mefure du boire & du manger, il bannit également le

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 155

défaut & l'excès , &r il ne reçoit & n'embrafle que ce qui tient le milieu , & qui eft modéré : & ce n'eft que par cette modération qu'on parvient à maîtrifer la gour­mandise, la parefle, la luxure, & la colère. En effet la mefure dont on parle ici, réprime tout excès en ces fortes de chofes, &r exclut tout ce qui incommode , qui rabaiffè, & entraîne l'ame qui fe porte vers l'intelligence, c'eft-à-dire vers Dieu ; car il faut que l'ame qui s'élève vers l'intelligence jouifle d'une en­tière tranquillité , qu'elle ne foit point agitée par la violence des pallions, & que toutes les chofes inférieures lui foient foumifes ; afin que fans trouble elle puifle médi­ter les chofes d'enhaut. Voila la me­

fure qui ne t incommodera point ; c'eft elle qui te rendra maître de tes pallions , qui confervera ton corps, qui te découvrira la vertu de l'ame, êc qui ne détruira ni n'altérera la bonne habitude de l'inltrument ta confe™»-dont elle fe fert ; car c'eft une par- "a L"p«iK fie de la vertu que de favoir con- deUv«tu.

G v

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ï 5 4 COMMENT. D'HIéROCIèS

feiver fon corps, & le rendre pro­pre à tous les ufages que la Philo-lbphie en doit tirer.

Mais parce que le foin du corps ne conhfte pas feulement dans le boire & le manger ; & qu'il a be-foin de beaucoup d'autres chofes, comme d'habits, de fouliers , de meubles, & de logement ; & que dans toutes ces chofes il faut auffî garder la jufte mefure qui bannit également & le luxe & la malpro­preté , le Poëte ajoute avec rair fon.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 155

VERS XXXVI, XXXVII, XXXVIU & XXXIX.

accoutume-toi à une manière de vivre propre & fans luxe.

Evite de faire ce qui attire F envie.

Etntdépenfepointmalà-propos, com­me celui qui ne connoît point ce qui ejl beau & honnête i

Mais ne fois pas non plus avare & mtfquin. La jufle mtfure tjl excel­lente en toutes chofes.

C.E n'eft pas feulement dans le boire & dans le manger que la nie* fure eft bonne, dit l'auteur de ces Vers ; mais auffi dans toutes les au­tres choies ; comme également éloi­gnée & du défaut & de l'excès ; car

. en tout on peut pafler doublement cette jufte mefure , foit du côté de la magnificence, (oit du côté de la mefquinerie ; & l'une & l'autre font blâmables , indignes des mœurs du Philofophe , & fort éloignées de cette médiocrité qu'il faut garder

G vj

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i$6 COMMENT. D'HIéROCIIS

dans tout ce qui regarde le corps. En Propreté ou- effet ] a propreté pouflce à un certain tree,devient . ,r .» , ' 0 n <v o luxe & moi- point devient luxe & mollefle, & leirc,;. ?,'." la (implicite outrée dégénère en limplicicede- r • • o r i «

génère e» melquinene & en lalete. mefquinerie p o u r n e point tomber donc dans « en faleté. , . »

le -premier deraut par la propreté , ni dans le dernier par la (implicite, tenons le milieu , en évitant les vices voifins de ces deux vertus , & en les prenant toutes deux pour le corre&if Tune de l'autre. Em-

• braflons la vie (impie, qui ne foit point mal-propre, & la vie propre, qui ne tienne point.du luxe. Par-là nous garderons la jufte me(ùre dans tout ce qui concerne le corps ; nous aurons des habits propres , mais fans magnificence ; une maifon pro­pre , mais fans luxe; de même dans nos ameublements & dans tout le refte : car l'ame raifonnable com­mandant au corps, il eft de la jus­tice & de la bienfëance que tout ce qui concerne le corps, foit ré­glé par la raifon , qui perfuadêc que tout doit répondre à fa digni­té , ne foufire ni la mal propreté ni

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stfR IES VERS DE PYTHAG. 157 le luxe. Pour s'éloigner donc de la magnificence, elle a recours à fa (implicite, & elle fe jette dans la. propreté pour éviter ce qui cft vi­lain & difforme.

Par exemple, elle veut qu'on ait des habits qui ne foient pas d'une étoffe très-fine, mais propre ; de la vaiflèlle qui ne foit ni d'or ni d'ar­gent , mais d'une matière commu­ne & propre ; une maifbn qui ne foit ni embellie de marbre & d'au­tres pierres de grand prix, ni d'une grandeur & aune beauté fuper-nue, mais proportionnée à fon ufa-ge. En un mot la propreté dans toute la manière de vivre exclut le luxe , comme de nul ufage , & re­çoit la-fimplicité, comme fuffifant feule à tous les befoins.

En effet, les habits , îa maïfon , les -meubles font principalement à notre ufage, lorfqu'ils font propres & qu'ils nous font proportionnés ; car pourquoi un grand plat pour une petite portion î & pourquoi auffi un plat mal-propre qui gâte cette portion, & qui nous en dé-

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158 COMMENT. D'HIéROCIèS

goûte? Qu'eft-il befoin d'une grande maifon pour un homme qui n'en remplit qu'un petit coin ? oc à quoi fert auffi une maifon mal-propre, qu'on ne fauroit habiter ? De mê­me en toutes chofes, tu trouveras toujours des deux côtés, que tout eft inutile & de nul ufage , hors ce qui joint la (implicite a la pro-

« n'y a plu» prêté ; car dès que tu pafles la me-

Î u b o 0 n n p a ( r e ' f u r e d u b e f o i n > t U t e J e t t e S d a i l S

la mefure du l'immenfité du défir. befoin. c , e f t p o u r q U O j } mefure fi bien

toutes les chofes néceflaires pour la v ie , que tu les renfermes dans ce jufte milieu, qui eft également éloi­gné des deux excès contraires. Ac­coutume-toi donc , dit le Poète, à une manière de vivre , propre. Mais en-fuite voyant que cette propreté pou-voit nous jetter dans le luxe, il ajoute , & fans luxe. Il auroit dit Amplement, accoutume-toi à une •manière de vivre qui foit fans luxe. Mais il a vu que cette (implicite pouroit nous faire tomber dans le fordide : c'eft pourquoi il a joint les deux, propre t & fans luxe ; en pré-

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SUR. IES VERS DE PYTHAG. IJ<>

venant la chute d'un & d'autre cô­té , par le contrepoids de l'un & de 1 autre, afin que des deux il en ré-fulte un genre de vie mâle & di­gne de l'animal raifonnable.

En réglant ainfi notre vie, nous tirerons de là encore un très-grand bien, c'eft que nous éviterons l'en­vie qui fuit toujours ce qui eft ou­tré , ii par rien de trop nous n'exci­tons pas contre nous nos propres Citoyens ; de forte que tantôt ils fe plaignent de notre mal-propreté ; que tantôt ils nous acculent d'ê­tre prodigues, & tantôt ils nous reprochent d'être fordides & vi­lains ; en effet ces deux çncès attirent également le blâme de la part de ceux avec qui nous vivons. Et c'eft £«y« » pou« ce que fignifie ici proprement le"""** mot d'envie ; car en nous difant, £viu de faire ce qui attire [envie , il veut dire, ce qui attire un blâme raifonnable de la part des hommes. Or la raifon & le fentiment géné­ral des hommes blâment dans la manière de vivre, le luxe & la fa-letéj & dans la dépenfe, la prodi-

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t6o COMMENT. D'HIéROCLJS

galité &: la mefquinerie : ainfi , que l'honnêteté & la médiocri­té dans toutes les chofes exté­rieures montrent la bonne difpo-fition de notre ame, & faflent voir que la jufle mefure eft en tout ce qu'il y a de meilleur ; car il faut, autant qu'il eft poffible, que celui qui aime le repos, s'abftiennc de tout ce qui eft fujet à l'envie, &f qu'il n'irrite pas cette envie com­me une bête féroce , afin que fans aucun trouble il puhTe s'avancer dans l'étude de la vertu.

Nous vivrons à couvert de l'en­vie , en embraflant nn genre de vie fimpU & propre, Se en évitant

Mauxqnîré le fafte de ceux qui ignorent en '«noranofd»qu°i confiftent l'honnêteté & la « qui eft bienféance : d'où il réfulte deux nêle!*1""1 g rands maux , une dépenfe & une

épargne hors de faifon, dont l'une eft blâmée, comme orgueuil, &

fiftequubé°r"r l'ai»re , comme bafiefle. Ces deux i«é. extrêmes font évités par la libéra­

lité, vertu qui confifte à donner & à recevoir, qui trouve toujours, Se dans la recette & dans la dépenfé ce

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SUR LES V l R S DE P Y T H A G . \&\

qui eft honnête &: féant , & qui accorde toutes les chofes extérieu­res avec la droite raifon.

Voila les réflexions profondes que ce Philofophe nous donne dans ces Vers, fur l'ufage que nous de­vons faire de notre corps & de toutes les chofes extérieures , afin qve par leur moyen on voie bril-.ter dans toute notre conduite la beauté de la vertu.

Le précepte fuivant n'eft qu'un fommaire de tout ce qu'il vient de dire.

V E R S X L .

Ne fais que les chofes qui ne pouront te nuire, & raifonne avant que de Its faire.

C ' E S T un précepte qu'il nous a déjà fouvent donné , tantôt en nous difant ; Mais fais tout ce qui Ven i> dans la fuite ne t'affligera point ; tan­tôt ; Or j'appelle mefure ce qui ne t'in- Ve" '*" commodera point ; en un autre en­droit ,• Que ptrfonne ni par fes para»

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i6i COMMENT. D'HIéROCIèS

. les ni par fes actions ne te féduife Jo­ie, mais, & ne te porte à faire , ou à dire

ce qui ritjt pas utile pour toi. Et ici il nous remet devant les yeux tous ces préceptes par cette recapitula­tion fommaire, en nous conseillant de nous abftenir de tout ce qui peut nous nuire, & de faire tout ce qui peut nous fervir.

Or on fait facilement la diftinc-tion de ces deux fortes d'actions , quand on raifonne avant que d'a­gir , & que l'on confidere ce qui eft raifable, & ce qui ne l'eft pas ; & il eft temps de raifonner & de con-fulter quand tout çft encore en fon entier, & qu'on n'a pas encore mis la main à l'œuvre : ôc quand il dit ic i , les chofes qui nepouront te nuire , nous l'expliquerons comme nous avons expliqué plus haut le précep­te qu'il a déjà donné, quand il a dit, et qui ne t'affligera point : en ex­pliquant ce toi, ce qui eft vérita­blement l'homme, l'efTence raifon-nable, c'eft-à-dire l'homme qui a embraflè la lagefTe, & qui fait tous fes efforts pour fc rendre fembla-

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 16}

ble à Dieu ; car cet homme inté­rieur eft blcfle par tout ce qui eft contre la droite raifon, par tout ce qui eft contre la Loi divine, par tout ce qui empêche la reflem-blance avec Dieu , & qui détruit en nous fon image. Et toutes ces L« chore» chofes viennent ordinairement du {^^"to. commerce de ceux avec qui nousté<ieur,Ceii. vivons, & du foin que nous avons &' ^ù e&l* du corps, auquel nous fommes lies, viennent. &r de l'ufage que nous faifons des richefles qui n'ont été inventées que comme un fecours pour le corps , careiieifom êc qu'on a appellées par cette rai- *pp/" *f'* ion d un mot qui marque qu elles chofes pour doivent fervir aux befoins du corps. {"?£f"*

Il raut donc , dit le Poète , que celui qui eft embrafé dfe l'amour des biens divins, prenne bien garde -de ne fe laifter jamais perfuader de faire ce qui ne lui eft pas utile , -qu'il n'accorde jamais à fon corps, ce qui lui fera nuifibje à lui-même, & qu'il ne reçoive & n'admette rien qui puifle le détourner de l'étude de la fageffe , & dont il ait bientôt à fe repentir. Nous devons préve-

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164 COMMENT. D'HIEROCLèS

nir toutes ces chofes par le raifotî-nement qui précède f a&ion, afin que l'examen que nous ferons' de toutes nos actions, après les avoir faites , pui(Te nous procurer un agréable reflbuvenir ; & c'eft à quoi il travaille dans les Vers {lavants.

VERS XLI , XLII , XLIII, XLIV cV XLV.

Ne laiffe jamais fermer tes paupières au fommeil après ton coucher,

Que tu n'ayes examiné, par ta raij'on , toutes tes actions de la journée.

En quoi ai-je manqué? quai-je fait? qu'ai-je omis de ce que je devois faire?

Commencent par la première de tes actions, continue ainfl de fuite.

Si dans cet examen tu trouves que tu ayes fait des fautes, gronde -l-enfé-vérement toi-même ', fi tu as bien fait, réjouis-t-en.

V^/UAND tu es parvenu en cet en­droit , raiTemble dans ta mémoire tous les préceptes qu'on vient de te

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Su», LES VERS DE PYTHAG. 16$

donner ; afin que dans le tribunal Avant que intérieur de ton ame , les regardant cwi ïK î comme des Loix divines , tu puifles fc"t «paot* faire Jurement l'examen de tout ce[°u"wnei} que tu as bien ou mal fait ; car »»«euient .

. i> i r . . cet ex.tmea

comment 1 examen tte nos actions fetï vain, pouroit-il nous mettre en état de nous gronder ou de nous louer, fi * le raifonnement qui les précède ne nous avoit remis devant les yeux certaines loix & certaines règles félon lefquelles nous devons régler notre vie, & qui doivent être pour nous comme un but divin , auquel nous dirigions tout le fecret de no­tre confcience. Pythagore nous or­donne de faire cet examen tous les jours, fans y manquer ; afin que l'affiduité du fouvenir le rende plus fur & plus infaillible. Et il veut que nous le faflions le foir avant que de nous endormir ; afin que tous les foirs après toutes les actions de la journée , nous nous rendions un compte exact devant le tribunal de la confcience, & que cet examen févere de nos difpofitions, foit corn-tae un cantique que nous chantions

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166 COMMENT. D'HIéROCLèS

L'examen de ^ £)i e u à. notre coucher. En quoi dont eii ai-/e manque r qu ai-je fait r qu ai-je comme nn omls Je u - a f i je iivois fai,t f p a c

cantique J ' , . •* chant* à ce moyen nous réglerons toute no-coucheiT"' t r e V ' e ^ U f " e S re&es Suï n o u s o n t

été preferites; & nous conforme­rons notre raifon qui juge, à l'en­tendement divin , qui a fait la Loi.

pour Épar- Q u , que dit le Législateur ? Que «net la peine ,' ^ , D . « ^V aiiteaeur de nous devons honorer les êtres lu-Sca i"u- P ^ " e u r s fel°Q l'ordre & le rang de tL/de mu- leur eflence ; qu'il f.iut avoir beau-Hiérocfè"'* ' c o u P ^ e confidération & de refpecl: fait îui-mê- pour nos pères &: nos mères , & su' pour tous nos parens ; rechercher

& aimer les gens de bien ; dominer nos paffions & nos affections ter-reftres ; nous refpecter nous-mêmes en tout & par tout ; pratiquer la juitice; reconnoître la brièveté de cette vie, & l'inftabilité des richef-fes ; recevoir avec foumiffion le fort que le jugement divin nous envoie ; ne nous plaire que dans les penfées dignes de Dieu ; & ra­mener inceflamment notre efprit à ce qu'il y a de meilleur ; n'aimer & n'embraûer que les raifonnements

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 167

qui méritent véritablement ce nom ; nous mettre hors d'état d'être fur-pris & fubjugués, pour conferver le précieux dépôt de la vertu ; con-fulter avant que d'agir, afin que le repentir ne foit pas le fruit de tou­tes nos démarches ; nous purger de toute opinion, rechercher la vie de la (cience, & accorder notre corps, êc toutes les chofes extérieures aux fonctions de la vertu.

Voila les Loix que l'entendement divin impofe aux âmes. Dès que la raifon les a reçues , elle devient pour elle-même un garde très-vigi­lant. En quoi ai-jt manqué ? quai-je fait? dit-elle tous les jours, en rap-pellant par ordre toutes fes actions Donnes oc mauvaifes. Et à la fin de cet examen, fi elle trouve qu'elle ait paflTé la journée fans violer au­cune de ces Loix, elle fe fait une couronne des fruits de la joie divine. Et fi elle fe furprend dans quelque faute, alors elle fe châtie par les féveres corrections du repentir , comme par des remèdes aftringents. Voila pourquoi, dit le Poète, il

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i68 COMMENT, , D'HiÉRociis

faut chafler le fommeil pour don­ner le temps à la raifon de faire cet examen. Le corps lupportera fa­cilement ces veilles , n'étant point entraîné dans la néceflité de dor­mi r , à caufe de fon régime tem­pérant & fage qui fait que les paf-fions les plus néceffaires font fou-nùfes à l'empire de fa raifon.

Ne laijfe donc jamais fermer tes paupières au fommeil après ton cou­cher, que tu riayes examiné par ta rai­fon toutes tes actions de la journée. Et quel eft cet examen ? En quoi ai-je manqué ? quai je fait ? qu ai-je omis, de ce que je devois faire ? car nous pé­chons en deux manières, ou , en faifant ce que nous ne devons pas faire, ce qui eft exprimé par ce m o t , en quoi ai je manqué ? qu ai-je fait ? ou en ne faifant pas ce que nous devons ; ce qui eft exprimé mot à mot dans ce Vers , Qu'ai-je omis de ce que je

S £ % devois faire.? Car autre ehofe eft faurcs de omettre le bien, & autre chofe com-coaurftt». m e t t r e k m a l . Y m e f t u n e f a m e

d'omiflion, & l'autre une faute de commiffion. Par exemple, Il faut

toujours

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 169

toujours prier , & il ne faut jamais blafphêmer. Il faut nourrir fon perc & fa mère, & il ne faut pas les mal­traiter. Celui qui ne pratique pas les deux premiers points de ces deux préceptes, ne fait pas ce qu'il faut ; & celui qui commet les deux der­niers péchés, fait ce qu'il ne faut pas ; quoiqu'on puifle dire que ces deux

1 L > r - 1 En quoi on

pèches lont en quelque manière peutdire que égaux, en ce qu'ils précipitent dans '« p|ch« la tranfgreffion de la même loi. ont saux"

Le Poëte nous exhorte donc à faire un examen de toutes les ac­tions de la journée, depuis la pre­mière jufqu'à la dernière , par or­dre, fans oublier celles du milieu. Ce qui eft exprimé par ce mot con­tinue ainfi de fuite : car fbuvent il arrive qu'une tranfpofition féduit le jugement, & rend excufable parle dérangement de la mémoire , ce

3ui leroit fans exeufe, s'il étoit ans fon rang. D'ailleurs cette ré- A«u5de*

. . ° , . . circonltaiiccs capitulation de la vie que nous qui j^ra-avons menée pendant le jour , nous vcnt(espé­ra fraîchit Ja mémoire de toutes nos

Tome II. H

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170 COMMENT. D'HIéROCIJS

fexâmen de a&ions pafleés, &r réveille en nous-

f°^"c°T le fentiment de notre immortalité, veille le fou- Et ce qu'il y a ici d'admirable , rimmotuii- cc& 4 u e ' e P°ë t e en nous ordon-té. nant d'examiner chaque action ,

n'ajoute point à cet examen , En quoi ai-je bUn fait ? quai-je fait dt ce que je devais faire ? Mais il porte çout d'un coup notre mémoire à ce qui peut le plus humilier notre or-gueuil, en faifant lui-même l'exa­men de nos fautes. En quoi ai je manqué? qu'ai je fait , &c. Et il nous

HfcïufteK a donné un juge très-jufte & tres-ttès-naturei. naturel, qui eft notre confcience Se confcience la droite raifon, en nous établie guidée par la fa nt n o u s _ mêmes pour juges de droite tai- ' « l » S • • &„. nous-mêmes , nous-mêmes, dis-je ,

que nous avons appris à refpecW particulièrement ; car qui eft-ce qui peut reprendre quelqu'un , comme chacun peut fe reprendre foi-même ? Ce qui eft libre, fe fervant de fa li­berté , rejette les avertiflements Se les corrections des autres, lorfqu'il ne veut pas obéir ; mais la con­fcience , qui agit au dedans de nous,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 171

«ft néceflairement forcée de s'écou­ter elle-même. Voila le gouverneur que Dieu nous a donné ; voila no­tre précepteur , notre pédagogue ; voila celui que la raifon nous don­ne pour /uge de toutes les actions de notre journée Ce n'eft que de lui qu'elle reçoit les informations & la fentence, afin que pronon­çant lui-même fur Lui-même, il fe condamne ou s'abfolve par fon fuf-frage , félon qu'il mérite d'être con­damné ou abfous ; car après que dans fa mémoire , comme dans un écrit il a lu tout ce qu'il a fait, alors regardant la Loi comme l'exemplaire qu'il devoit fuivre, il prononce & fe déclare lui-même par fon jugement, digne de louan­ge ou de blâme : & cette pratique comment journalière fait de celui qui l'ob- £ £ ££ a . ferve la véritable image de Dieu , table image en ajoutant, & en retranchant tousde Dieu' les jours quelque chofe , jufqu'à ce qu'elle foit portée à fa perfe&ion , &c qu'on y voie éclater toute la beauté de la vertu. C'eft elle qui achevé & qui perfectionne l'hom-

Hij

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j 7 i COMMENT, D'HIéROCIIS

me de bien, autant qu'il eft poffi-ble. Et c'eft là que finit la première

Î>artiede ce petit traité, le Poëcc fe îârant de pafler aux préceptes qui

tendent à faire de l'homme un Dieu.

VERS XLVI , XLVII, XLVIII &

XLIX.

Pratique bien toutes ces çhofes , médi­te-les bien ; il faut que tu les aimes de tout pon cœur.

Ce font elles qui te mettront dans la voie de la vertu divine.

J'en jure par celui qui a tranfmis dans notre ame le facré quaternaire ,

Source de la nature dont le cours ejl éternel,

V O I C I ce que j'ai déjà dit dans la préface, que la Philolophie con­templative fait l'homme femblable

Cett-à-dire, à. Dieu , par l'irradiation de l'en-par Us tendementôc de la vérité ; & qu'au-rayous de j . j - i îumieie , moins dans ce qui nous regarde, les dont î-encen. p e t i t e s chofes doivent néceiTaire-

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SUR IES VERS DF PYIHAG. 17 J

mentprécéder les grandes ; en efFet il v.fa.* '.avéti-n 1 r • / ' J ° f 1 • L- " éclairent

eft plus aile de conformer la vie nu- noire efprit. maine aux règles de la raifon,qu'il ne l'eft de la porter à ce qu'il y a de plus divin & de plus fublime ; ce qui ne le peut qu'en la rappel-lant toute entière a la contempla­tion.

D'ailleurs il eft impoffible que nous poffedions la vérité fans trou­ble , n nos facultés animales rie font entièrement foumifes aux vertus morales félon la loi de l'entende­ment ; en effet l'ame raifonnable tenant le milieu entre l'entende­ment & ce qui'eft privé de raifon , elle ne peut être invinciblement at­tachée a cet entendement, qui eft au-deflus d'elle, que lorfque pure & dépouillée de toute affection pour les chofes qui font au-deflbus, elle s'en fert avec pureté; & elle fera pure fi elle ne fe laifle point em­porter par ce qui eft fans raifon , & par ce corps mortel, &" fi elle n'en a foin que comme de chofes qui lui font étrangères , en ne s'y appliquant , en ne s'y attachant

Hiij

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174 COMMENT. D'HIéROCLSS

Îu'autant que le permet la Loi de

MJ B_._ )ieu , qui nous défend de tâ-m în"étoit c n e r c n a u c u n e manière de la dé­fais pet- lier, & qui nous ordonne d'atten-Bùs de fe ( j r e q u e j j j e u vienne lui-même nous tuer. V. lei . * , . . .

lemarquci. tirer de cette captivité. Une telle ame a donc befoin de

deux fortes de vertu ; de la vertu politique ou pratique qui règle & modère la fureur qui la porte vers les chofes d'ici-bas \ & de la vertu contemplative qui la porte &c l'é­levé vers les chofes a'enhaut, & qui l'unifle avec les êtres fupérieurs. Entre ces deux vertus le Poëte a mis deux vers qui font comme deux bornes qui les féparent. Le pre­mier , Pratique bien toutes ces chofts, médite-Us bien', il faut que tu les ai­mes de tout ton cœur, eft comme la fin & la conclufion très-propre de la vertu politique. Et le dernier, Ce font elles qui te mettront dans la voie

seconde pat- j e fa vtrtu divine , eft comme le lie de ce crai- o v i 11 té -, le com- commencement , & une très-belle mencement entrée de la fcience contemplative i des préceptes „* l

deiaviecon. en effet ce commencement promet mmpiarive. ^ c e i u j qui s'eft délivré de la vie

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SUR IES VERS DE PYîHAG. 175

brutale , & qui s'eft purgé , au­tant qu'il eft poffible, de l'excès des paflîons ; & qui par là , de bête qu'il étoit, eft devenu homme; il lui promet , dis-je , que la fuite d'homme qu'il eft, le fera devenir Dieu , autant qu'il eft poffible à la nature humaine de participer à l'ef-fence divine.

Or, que cela nous déifie, & que ce foie la fin de la vérité contem­plative » c'eft ce qui eft évident par ces vers qu'il met à la fin de ce traité, comme une conclufion ad*-mirable qui ne laifle plus rien à dé­lirer : Et quand après avoir dépouil'i ton corps t tu feras reçu dans l'air pur & librt , tu feras un Dieu immortel, incorruptible, & que la mort nt domi­nera plus; car c'eft une néceffité que nous obtenions cet heureux réta-bliffement , c'eft à-dire, cette glo-neufe apothéofe par la pratique confiante des vertus, & par la con-noiflance de la vérité; & c'eft ce? ' " fon . que ce livre lacre nous montre clai- re fut le déc­rément , comme nous le verrons w,t Vc"-

dans la fuite. Hiv

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iy6 COMMENT. D'HIéROCLIS

Pour le préfent, retournons aux Vers que nous devons expliquer > & examinons fi ces mots pratiquer ,

Méditer , méditer & aimer, en parlant des pré-vm'J""' ceptes déjà donnés, lignifient autre

chofe qu'appliquer fon ame toute entière à la pratique des vertus ; car notre ame étant une fubftance raifonnable a néceiïairement trois

Trois ficui- facultés j la première, celle par la-IM de rame. q u e u e n o U s apprenons, & c'eft à

celle-là qu'on ordonne de méditer ; la féconde , celle par laquelle nous nous rendons maîtres de ce que nous avons appris, &r le mettons en pratique ; c'eft. à celle-là qu'on ordonne d'exercer & de pratiquer ; & la troifieme, celle par laquelle nous aimons ce que nous avons appris , & ce que nous pratiquons ; & c'eft celle-là qu'on exhorte à aimer tou­tes ces cnofes.

Toutes les fa- Afin ^onc Q U C n o u s a y o n s tOUtCS cultes de no- . n . , , * ' . r

tre ame doi- les facultés de notre ame rationna­ient ê«e ap- j-,ie tendues & appliquées à ces pré-pliquées à la , r r " , . ". . pratique de ceptes des vertus , on demande ici «s pricep- ^ j a fa c u i té intelligente , la médi­

tation ; de la faculté a&ive, la pra-

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SUR IES V E R S DE PYTHAG. 177

tique & l'exercice; &: de la faculté qui embrafle & qui aime, on en exige l'amour, afin que par leur moyen nous acquérions les vérita­bles biens , que nous les confer-vions par l'exercice , & que nous ayons toujours pour eux l'amour inné dans nos cœurs. Et cette difpofi- y*mout .«k

HA r • • » la vcrcu mue

tion ne manque pas d être lui vie de dans nos l'efpérance divine qui fait briller cœ"n-dans nos âmes la lumière de la aiTrirpT* vérité, comme il nous le promet rance, & lui-même , en nous difant, Elles " ^ & a a c e U

mettront dans la voie de la vertu divi­ne ; c'eft-à-dire , elles te rendront femblable à Dieu par la connoif-fance certaine des êtres : car la con-noiffance des caufes des êtres ", des chofes, dis-je , qui font première­ment dans l'intelligence de Dieu leur créateur , comme les exemplaires éter­nels , mené au degré le plus fubli-me de la connoiflance de Dieu, qui éft fuivie de la parfaite reffèmblan-ce avec lui. Et c'eft cette refTem-blance qu'on appelle ici vertu di­vine , comme fort fupérieure à la

Hv

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178 COMMENT. D'HIéROCLèS

vertu humaine, qui la précède, 8c qui en eft comme le fondement.

La première partie de ces Vers fe termine donc par l'amour de la Philofophie, & de tout ce qui eft beau & honnête ; cet amour mar­chant le premier, eft fuivi de la connoiflance de la vérité ; & cette connoiflance nous mené à la par­faite reflemblance avec la vertu di­vine , comme on le fera voir dans la fuite. La ncceffité de l'union, ou de l'alliance de toutes ces chofes eft confirmée ici par ferments ; car le Poëte jure avec beaucoup de fer­veur , que la vertu humaine étant parfaitement acquife , nous conduit à la reflemblance avec Dieu. Et quant au précepte qu'il nous a don-

te Poïte juf- né dès l'entrée, refptSe le ferment, il -urld après nous ordonne par-là de nous abfte-avoir défen- nir du ferment dans les chofes ca-ment!f"' belles , & dont l'événement eft in­

certain ; parce que ces fortes de cho­fes font petites, & fujettes au chan­gement ; c'eft pourquoi il n'eft ni jufte, ni fur de jurer fur elles : car il ne dépend pas de nous de les faire

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SUR LES VERS DE PYTHàG. 175

réuffir. Mais fur les chofes dont on parle ici, qui font néceflaire-ment liées enfemble, & d'une très-grande conféquence , on peut jurer lûrement, 6c avec toute forte de bienféance & de jullice ; car ni leur inftabilité ne nous trompera, puif-qu'étant liées par la loi de la nécef-hté, elles ne peuvent ne pas arri­ver ; ni leur obfcurité & leur baf-fefle ne les rendent indignes d'être fcellées par le témoignage & Tinter -vention de la divinité. Et fi la ver­tu & la vérité fe trouvent dans les hommes , encore plus fe trouvent-elles dans les Dieux.

D'ailleurs ce ferment devient ici un précepte, qu'il faut honorer ce­lui qui nous enfeigne la vérité, juf- C'eft une u-qu'à jurer par lu i , s'il eft néceffai- ^ ^ r e , pour confirmer fes dogmes, &c l'auteur de la à ne pas dire feulement de lu i , / / ;é

0In"pa'r

n,lU

la dit ; mais à aflurer avec con- l'homme qui fiance, Les chofes font ainjî, j'en jure „uinrènfei-par lui-mêmt. Et en jurant fur l'pniori gne. néceffàire de ces habitudes très-parfaites , il entre dans le fond de la Théologie, & fait voir mani-

Hvj

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i8o COMMENT. D'HIER OCLèS -

feftement que le quaternaire , qui eft la fource de l'arrangement éter­nel du monde, n'eft autre que Dieu même, qui a tout créé. Mais com­ment Dieu eft-il le quaternaire? c'eft

ce livre eft Ce que tu apprendras du livre facré per u' que l'on attribue à Pythagore, & car pieu eft j a n s lequel Dieu eft célébré Com­mute, & Lu- , * . j i ,-, p Hiré produic me le nombre des nombres. Car li jousiesuom- toutes chofes exiftent par Ces dé­

crets éternels , il eft évident que dans chaque efpece d'êtres, le nom­bre dépend de la caufe qui lésa produits. C'eft là que fe trouve le premier nombre, & de là il eft ve-

car le» crées nu à nous. Or l'intervalle fini du après dix re- nombre, c'eft le dix} car celui qui viennenc à ' , , *. un. c'eft la veut compter davantage, après le même chofe jjjj r e v ient à u n , deux, trois, & en latin « en • r t r 1 1 • • François-, car compte amli la leconde dixaine ""t'TJ* , jufqu'à vingt, & la troifieme di-crt7eu clique ' ,T ™ • r >\ o dix se un. xaine de même julqu a trente ; oc

ainfi à toutes les dixaines jufqu'à cent. Après cent il revient encore de même à un , deux , trois ; & ainfi l'intervalle du dix toujours ré­pété , va jufqu'à l'infini. Or la puif-ïance du dix, c'eft le quatre ; car

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i o

SUR IES VERS DE PYTHAG. 18 I

avant qu'on parvienne jufqu'au dix • accompli &: parfait , on découvre toute la vertu & toute la perfec­tion du dix dans le quatre.

En effet, en affemblant les nom- i bres depuis un jufqu'à quatre, cette z addition fait dix ; puifqu'un , deux 3 trois, quatre font dix : & le quatre 4 eft un milieu arithmétique entre —— l'un & le fept, parce qu'il furpaflfe l'un , du même nombre qu'il eft furpaffé par le fept, & ce nombre c'eft le trois, quatre étant au-deflus d'un , comme fept au-deffus de quatre. Or les vertus &: les proprié­tés de l'un & du fept font très-bel­les & très-excellentes : car l'unité , comme principe de tout nombre, renferme en elle la puiffance de tous les nombres ; & le fept, com­me vierge & fans mère, a en fé­cond la vertu & la perfection de l'unité j puifqu'il n'eft engendré par aucun nombre contenu dans l'in­tervalle du dix , comme le quatre eft produit par deux fois deux , le fix par deux fois trois, & le huit par deux fois quatre, le neuf par

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i 8 i COMMENT. D'HIéROCIJS

trois fois trois , & le dix par deux fois cinq ; & qu'il n'en engendre non plus aucun dans cet intervalle, comme le deux produit le quatre , le trois le neuf, & le cinq le dix > & le quatre tenant le milieu entre l'unité incréée & le fept fans mère, a feul reçu les vertus & puiflances des nombres produifants & pro­duits qui font renfermés dans le dix, étant produit par un certain nom­bre, & en produifant auffi un au­tre : car le deux répété produit le quatre, & le quatre répété produit le huit.

Ajoutez que la première figure folide lé trouve dans le quatre , car le point répond à l'unité , & la ligne au deux , parce qu'en effet d'un point on va jufqu'à tel autre point, ce qui fait la ligne-, & la fuperficie repond aux trois , car le triangle eft la plus (impie des figu­res redilignes : mais lafolidité eft le propre du quatre, parce que c'eft dans le quatre que fe voit la pre­mière pyramide, dont le trois fait la bafe triangulaire, & l'unité fait la pointe ou le fommet.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I 8 J

D'ailleurs il y a quatre facultés pour juger des choies , l'entende­ment , la fcience, l'opinion , &r le fentiment ; car toutes choies fe ju­gent par l'une de ces quatre facul­tés. En un mot, le quatre embrafle & lie tous les êtres, les éléments , les nombres, lesfaifons, les âges, les fociétés ou confréries : & l'on ne fauroit nommer une feule chofe qui ne dépende du quaternaire com­me de fa racine. En effet, comme nous l'avons déjà dit, le quatre eft le créateur & la caufe de toute cho­fe. Le Dieu intelligible eft la caufe Par ce Dîen du Dieu célefte & fcnfible. La $g°££r connoiûance de ce Dieu a été tranf- «««a le «ci, mife aux Pythagoriciens par Pytha- aD,vt"' gore même, par lequel l'auteur de ces Vers jure ici , que la perfec- , tion de la vertu nous mènera à la lumière de la vérité : de forte qu'on peut fort bien dire que ce précepte, RefpeSe le ferment, eft particulière­ment obfervé à l'égard des Dieux éternels, & qui font toujours les mêmes ; & qu'ici on jure par celui qui nous a cnfeigné le nombre

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184 COMMENT. D'HiÉROciis Bel éloge de quaternaire, qui véritablement n'é-Pythagore. t o j t p a s J u n o m b r e ç |e c e s DieUX ,

ni des héros par leur nature, mais feulement un homme orné de la reffemblance avec Dieu , & qui confervoit dans l'efprit de fes dis­ciples toute la majefté de cette image divine. Ceft pourquoi ce Poëte fur de chofes fi grandes jure par lui, pour marquer tacitement par là l'extrême vénération qu'a-voient pour lui fes difciples , & la grande diftinclion que ce Philofo-phe s'étoit acquife par les fciences qu'il leur avoit enfeignées.

La plus grande de ces fciences, c'eft la connoiflance du quaternaire qui a tout créé. Mais parce que la première partie de ces Vers a été brièvement expliquée ; que la fé­conde confifte dans une promeffê ferme & ftable, que le facré nom du quaternaire eft connu par une efpérance qui ne peut tromper ; & que ce divin quaternaire a été ex­pliqué, autant que le permettoient les bornes que nous nous fommes prefcrites, paflbns aux autres cho-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. I&J

fes auxquelles ces Vers nous appel­lent : mais faifons voir auparavant avec quelle ardeur &'quelle pré­paration nous devons nous y por­ter , &" quel befoin nous avons en cela du fecours des êtres fupérieurs.

V E R S XL1X , L.

Mais ne commence à meure la main à l'œuvre,

Qu'après avoir prié les Dieux d'ache­ver ce que tu vas commencer.

JL'AUTEUR de ces Vers décrit en peu chôfeili'cef-de mots les deux chofes qui concou-fair"fP.out

rent ablolument a nous hure obte- obtenir les nir les véritables biens. Cc$ deux ye*

ab,c* chofes font le mouvement volon­taire de notre ame , & le fecours du ciel 5 car quoique le choix du' bien foit libre, & dépende de nous, cependant, comme nous tenons de . Dieu cette liberté & ce pouvoir, ££"£ „<«« nous avons continuellement befoin liberté, & que Dieu nous aide , qu'il coopère qûent°noûi avec nous, & qu'il achevé ce que»vonsb=(oin

nous lui demandons. Car ce qni cours."

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, i%6 COMMENT. D'HIéROCIèS

/ vient de notre part reflèmble pro-; prement à une main ouverte & ten­

due pour recevoir les biens > & ce que Dieu contribue de la fienne,

; eft comme le magafin ou la fource I des dons qu'il nous fait. L'un eft ce | qui cherche les biens , & l'autre eft • ce qui les montre à ce qui les cher-; che comme il faut : & la prière eft | un milieu entre notre recherche 8c I le don de Dieu. Elle s'adreflTe à la | caufe qui nous a produits, & qui ,

comme elle sous a donné l'être, nous donne auffi le bien être.

Or comment quelqu'un recevra-t il ce bien être, u Dieu ne le don­ne? &c comment Dieu , qui feul le {•eut donner, le donnera-t-il à ce-ui, qui étant le maître de fes mou­

vements, ne daigne pas feulement on travaille le demander ? Afin donc que d'un envain, fi oa C($té nous ne faffions pas notre prié-ôn pr'iVinuti- re feulement, mais que nous l'ap-lemenr, fiori payons de l'a&ion } & que de l'au-iie travaille. ' 1 A , * c

tre cote nous ne nous confions pas non plus entièrement dans notre action, mais que nous demandions auffi pour elle le fecours du Ciel,

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 187

& que nous joignions ainfi la prière l'***™ <*»•« , •? n . ' ° 1 r ^ i ê«c animée a 1 action , comme la rorme a la:patiaprjere, matière. ce Poëte. pour nous por- i* '?. p,ietc

, . ' . ' r rc • pat l'aâuaw

ter a demander ce que nous rai- F fons, & à faire ce que nous de- \ mandons, a dit en ne faifant qu'une feule choie des deux , Mais ne com­mence à mettre la main à f œuvre , qu'après avoir prit les Dieux d'achever ce que tu vas commencer. f

En effet il ne faut ni entrepren­dre les belles chofes, comme s'il dépendoit de nous d'y réuffir, fans le fecours de Dieu , ni nous con­tenter non plus des fimples mots de la prière, fans employer de notre part le moindre effort pour obtenir ce que nous demandons ; carenagif- Agit r*» fant ainfi , ou nous n'embraiferons SÏÎB'W'U qu'une vertu impie, & fans Dieu, •«?««. «* >•« n - r i • r fans Dieu*

s il elt permis de parler ainli, ou nous ne proférerons qu'une priete dénuée d'action. Or ce qu'il y a d'impie dans le premier parti rui­nera entièrement l'eflence de la ver­tu ; & l'inaction du dernier détruira absolument l'efficace de la prière. Et comment peut-il y avoir rien

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188 COMMENT. D'HIéROCL^

be"" ^'ac ce ^ e ^ e a U ^ a i î S t O U t CC °1U' n e ^ ?°lQt

quIeàLtfe- fait félon la règle de Dieu ? Et cotn-«ten»>i«JCBlC m e n t ce *lu* & t**1 fel°n ce t te re"

gle, n'a-t-il pas befoin du fecours de ce même Dieu , pour s'ac­complir & pour exifter ? Car la vertu eft l'image de Dieu dans l'ame raifonnable. Or toute image a befoin de l'original pour exifter :

\ mais c'eft inutilement que nous pot j fédpns cette image, fi nous n'avons ; continuellement les yeux attachés ', fur cet original, dont la reflem-

blance fait ïeule le bon & le beau. Si nous voulons donc acquérir la

vertu aétive, il faut prier s mais en priant il faut agir ; & voila ce qui fait que nous regardons toujours la divinité & la lumière qui l'envi­ronne : ce qui nous excite à la Philofophie, c'eft d'agir toujours en adreflant toujours nos prières à la première caufe de tous les biens. Car lafource de la nature dont le cours e/î éternel, le facré quaternaire , eft la caufe première, non feulement de l'être de toutes chofes, mais de leur bien être, ayant répandu, 6V feroé

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SUR LES VERS DE PYTHàG. 1857

dans cet univers le bien qui lui eft propre, comme une lumière incor­ruptible & intelligente. L'ame qui s'attache à cette eau le , & qui s'eft purgée elle-même comme TceuiJ , pour rendre fa vue plus claire & plus fubtile, eft excitée à la prjere L'application par Ion application aux bonnes ceu- œuvr«po"e vrcs; & par la plénitude des biens * U prière. qui réfultent de la prière elle aug­mente fon application , en joignant aux paroles les bonnes actions , en âflurant & fortifiant ces bonnes ac­tions par cet entretien divin. Trou­vant en partie, & s'ingérant par elle-même , &c en partie éclairée d'en-haut, & comme illuminée, elle fait ee qu'elle demande par des prières ?

&c elle demande par des prières ce qu'elle fait. Et voila quelle eft cette Union fi néceflaire de la prière 8ç de l'action.

Mais quels font les avantages qui nous reviennent de ces deux moyens unis ? C'eft ce que nous allons voir dans la fuite.

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ipo COMMENT. D'HIEROCLES

V E R S L I , L U , L U I .

Quand tu te feras rendu cette habituât familière ,

Tu connaîtrai la conjlitution des Dieux immortels, 6* celle des hommes ,

Jufquoù s'étendent les différents êtres , & ce qui les rtnferme , & qui les lie

Avantages 1-|A première chofe que l'auteur <iui revien- promet à ceux qui pratiqueront le rient de l'u- , ,., *. l , « , nion de lac- précepte qu il vient de donner , tion & de la c'eft la connoiffance des Dieux , la priete. f c j e n c e théologique, & le difeer-

nement jufte de tous les êtres qui découlent de ce facré quaternaire, avec leur différence félon leurs gen­res, & leur union pour la confti-tution de cet univers ; car leur ordre &: leur rang eft exprimé ici par ce mot de conjlitution. Jufquoù ils s'é­tendent, c'eft leur différence fpécia-1c ; & ce qui les renferme & les lie, marque ce qui les unit félon le genre. En effet les genres des fubftanr ces raifonnables, quoique féparées par leur nature, fe réunifient par le

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SUR LES VERS DB PYTHAG. 191

même intervalle qui les fépare. Et de ce que les unes font premières , car ce* An-les autres moyennes, & les autres muituTauê dernières, c'eit ce qui les fépare en Dieu & même-temps & qui les unit 3 car [-homme 're-par ce moyen ni les premières ne monte à Dieu li • 1 l 1 • \ pat cet être deviendront moyennes ou derme- moyen. res > ni les moyemnes, premières ou Les naturel dernières ; ni les dernières ne devien- 5e fe C0llfo.n-d ron t moyennes ou premières : mais elles demeurent éternellement dis­tinguées & féparées félon leur genre, par les bornes que leur créateur leur a données. Et par là nous en­tendons ce m o t , jufquoà s étendent les différents êtres : cV pour entendre de même celui qui lu i t , & ce qui les renferme, & qui les lie , exami­nons-le de cette manière:

Cet univers ne feroit point par­fait , s'il ne renfermoit en lui-même les premières, les moyennes, & les dernières parties , comme le commencement, le milieu, & la fin de tout cet affèmblage, & de cette compofition. Ni les premières parties ne feroient premières , fi elles n'étoient fuivies des moyen­nes & des dernières ; ni les moyen-

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I ' J î COMMENT. D'HIéROCLèS

nés ne feroient moyennes, fi elles n'avoient aux deux côtés les deux extrêmes ; ni les dernières, enfin, ne feroient ce qu'elles font , lî elles n'étpient précédées par les moyen­nes cV par les premières.

, Tous ces différents êtres fervent enfemble à la perfection du tout : & c'eft ce qu'on veut marquer ici en difant, & ce qui les renfti me , & les lie les uns avec les autres. Comme différents par leur efpece , ils font féparés} mais comme membres d'un feul & même tout , ils fe réunif-fent & fe raffemblent ; & par cette féparation , & par cette union raf-femblées, ils rempliffent &c achè­vent toute la constitution ôc tout l'arrangement de cet ouvrage di­vin : constitution que tu connoî-tras, fi tu viens à te rendre fami-

c-eft à-dire, liçrs les biens dont il a déjà parlé.

îes œuvres* ®a n e P e u t ^ r c mention des deux par u prati- extrêmes , que les moyens ne fe ?ldes ""' préfentent à l'efprit tout auffi t ô t ; Pourquoi il c'eft pourquoi il fe contente de di-t>f parle r e > La conflitution des Dieux immor-èîte"! " ttk & celle des hommes. Car les pre­

miers

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SUR. IES VERS DE PYTHàG. ig j

.miers êtres font liés aux derniers moyens, qui par les êtres moyens; & les der- £ ? £ , , ^ e «iers remontent aux premiers par bonté & de la médiation des héros pleins de ^Ak'àiw, bonté & de lumière ; car voila le nom- l« Anges. bre & le rang des êtres raifonna-bles, comme nous l'avons dit au commencement , en faifant voir que les premiers dans cet univers ce font les Dieux immortels, après eux les Héros bienfaifants , & les derniers , les démons terreftres , qu'il appelle ici hommes mortels. Or comment il faut connoître chacun de ces genres, c'eft ce qui a déjà été dit des l'entrée ; c'eft d'avoir une connoiflance de fcience de tous ces {I n-y a que êtres que la tradition nous a appris i» thUoia-à honorer ; &: cette connoiflance saints? qui de fcience ne fe forme que dans »yei" u c ° n -

/ i * noiffanccde <eux qui ont orne la vertu pratique fCieac.. par la vertu contemplative , ou que la bonté de leur nature a fait pafTer des vertus humaines aux ver­tus divines; car de connoître ainfi. les êtres comme ils ont été établis Se conftitués par Dieu même , c'eft s'élever à la reflcmblance divine.

Tome II. I

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194 COMMENT. D'HIéROCLèS

Mais parce qu'après l'arrangement de ces êtres incorporels ou immaté­riels vient la nature corporelle, qui remplit ce monde vifible , &r qui eft foumife à la conduite de ces fub-

deT'na r'e" ftances raifonnables, ce Poëte mon-unei heât' tre tout de fuite que le bien de la darcf5enia ftience naturelle ou Phyfique fera connoirtance le fruit de ces connoiflances que ae DKU. j - o n a u r a apprifes a v e c ordre.

VERS LIV, LV.

Tu connoîtras encore félon lajujiice, que la nature de cet univers t fi par tout femblable ;

De forte que tu nefpêreras point et qu'on ne doit point efpirer, & que rien ne te fera caché dans ce monde.

ia mture ici L A nature en formant cet univers ned autre fur la mefure & proportion divine, que D«eu. j , ^ r e n c [ u p a r t o H t femblable à foi-

même proportionnellement en dif­férentes manières ; & de toutes les différentes efpeces qui y font ré­pandues , il en a fait comme une image de la beauté divine , en

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SUR. 1ES VER-S DEPtTHAG. i p j

communiquant diverfement à la Comment copie, les perfections de l'original ; une'im"ged« car elle a donné au ciel le mou-la. be»u" <**-vement perpétuel ; & à la terre, la vwc' fiabilité. Or ces deux qualités font autant de traits de la reffemblance divine. Il a donné au corps célefte, d'environner l'univers ; &c au corps terrëftre, de lui fervir de centre. Or dans une fphere, le centre & la circonférence peuvent être re­gardés à différents égards , comme' Ion commencement & fon princi­pe. De là vient que la circonféren­ce eft variée d'une infinité d'aftres & d êtres intelligents ; & que la terre eft ornée de plantes & d'ani­maux qui n'ont eu en partage que le fentiment feul. Entre ces deux for­tes d'êtres fi éloignés l'un de l'au­tre , l'homme tient le milieu , com­me un animal amphibie, étant le dernier des êtres fupérieurs, & le crémier des inférieurs ; c'eft pour-

3uoi tantôt il s'unit aux immortels, C par fbn retour vers l'entende­

ment & la vertu, il recouvre le fort jqui lui eft propre} & tantôt il fe

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i$6 COMMENT. D'HIéROCLèS

replonge dans les efpeces mortel­les, & par la tranfgreffion des Loix divines, il fe trouve déchu de fa dignité. En effet comme le dernier

Le mot Grec des fubftances raifonnables , il ne ufir fin- P e u C m penler & connoitre tou-tttiigtncc, jours de même : autrement il ne fe-

roit pas homme, mais Dieu par fa nature ; ni connoîtré toujours: , quand même il connoîtroit diffé­remment quelquefois ; car cela le mettrait au rang des anges : au-lieu que c'eft un homme qui par la ref-lemblance peut s'élever à ce qu'il y a de meilleur, & qui par fa na­ture eft inférieur aux Dieux immor­tels , & aux héros pleins de bonté & de lumière, c'eft-a-dire , aux deux genres qui occupent le premier &

comment j e feGond rang. Comme il eft infé-I homme eft • \ A° r

au-deiîbusde rieur a ces êtres par ne connoitre Dieu & des p a s toujours, & par être quelque-Anges, & au- U , ' „ . ^' 0 . S1 7Î dcifusdetous ro s dans 1 ignorance & dans lou-'« an™au

ix bli de fon eflfence , & de la lumière

qui defeend de Dieu fur lui 5 de même par n'être pas toujours dans cet oubli & dans cette ignorance, il eft au-deflus des animaux fans

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 157

raifon, & des plantes , & il fur-pafle par fon eflence toute la na- L'homme au-ture terreftre & mortelle, comme dcfusdetou-

r ^ te la nature pouvant par ia nature retourner terrcftre & "vers fon Dieu , effacer fon oubli mortelle.

{>ar la réminifcence, recouvrer par 'inftrudion ce qu'il a perdu, &

guérir fa fuite & fon éloignement du ciel , par une fuite, & par un éloignement tout oppofé.

L'efl'ence humaine étant donc telle, il lui convient de connoître la conftitution des Dieux immor­tels , & celle des hommes mortels, c'eft-à-dire , l'ordre & le rang des êtres raifonnables , de connoître que la nature de cet univers eft fem-blable ; c'eft-à-dire , que la fiibftan-ce corporelle, depuis le haut juf-qu'au bas, eft honorée d'une ref-femblance analogique avec Dieu ; & enfin de connoître toutes ces chofes y félon la jufiiee, c'eft-à-dire, comme elles font établies par. la Loi , comme Dieu les a créées, & de la manière qu'elles font réglées &: rangées par fes Loix, tant les corporelles que les incorporellesj

liij

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J<>8 COMMENT. D'HIEKOCLIS

T«BS les ou- car c'eft de l'un & de l'autre de ces Diêu"otventdeux ouvrages de Dieu qu'il faut être connus entendre en commun ce précepte « Exp/ic»-' °iui ordonne de les connoîtrefélon la tion de ce jujlicc. *uot* En effet il ne faut pas que par un

zele aveugle & infenfé, nous nous-ingérions de tranfporter des uns aux autres la dignité des êtres comme il nous plaît 5 mais en fuivant les bornes de la vérité , il faut les con-noître félon la jufiice , & comme la Loi de leur création les a établis & diftingués. Et de ces deux connoif-iànces, je veux dire, de celle de l'ouvrage incorporel de Dieu , & de celle de l'ouvrage corporel & vifible, il nous en revient un avan-

KVvien*gdeqia t a g e très-précieux , c'eft que nous counoiffauce riifpirerons point ce qu'il ne faut pal

dcouZë"efpérer>& v*'il n'y aura ritn de ca~ c'eft à dire ché pour nous dans ce monde ; car de

.î?eYdc°u ce que l'eflence des êtres nous eft vhjfi ue. cachée, de là vient que nous efpé-

I rons a qu'il ne faut pas efpèrer\ & que I nous n'avons que des penfées vai-j nés , qui ne peuvent s'exécuter. : Comme fi un homme efpere de de-

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 15)5?

venir un des Dieux immortels, ou 4 un des Héros pleins de bonté & de lumière, il ne connoît nullement les bornes de la nature, cVr ne met aucune différence entre les êtres pre­miers , féconds &: derniers. D'un autre côté , fi par une honteufe igno­rance de l'immortalité adhérente à notre ame , il fe perfuade que fon ame mourra avec fon corps, il at- rarue ne tend ce qu'il ne faut point atten- PCUI ,mou"*. . « • r avec le corps.

are , ix ce qui ne peut arriver : tout de même celui qui s'attend qu'après fa mort, il fe revêtira du corps d'une bête , & qu'il devien­dra animal fans raifon , à caufe de fes vices ; ou plante, à caufe de fa

Îiefanteur &r de fa ftupidité , celui-à prenant un chemin tout contraire

à ceux qui transforment l'effènce de l'homme en quelqu'un des êtres fu-périeurs , & la précipitant dans quelqu'une des fubftances inférieu­res , fe trompe infiniment, & il igno- Notre ame reabfolumentlaformeeffenticllede ne Peu,1 ia-notre ame qui ne peut jamais chan- gtt. ger ; car étant & demeurant tou­jours l'homme, elle eft dire deve-

I iv

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200 COMMENT. D 'HIéROCXèJ

nir Dieu ou bête par le vice,. on fe-que c' " P a r *a vertu , quoiqu'elle ne puiffe piâiempty- être ni l'un ni l'autre par fa nature, cofe de t'y- m a j s feulement par fa reflemblance

avec Lun ou 1 autre. £t un mor, celui qui ne connoît pas la dignité

fonds'd'opi- de chacun des êtres , mais qui y nions vaines, ajoute ou en diminue ; celui-là fait cejfeivoks!""de fon ignorance un fonds d'opi­

nions vaines, & d'efpérances , ou ; de craintes frivoles , au-lieu que

tout homme qui diftingue les êtres félon les bornes que leur a donnée» leur Créateur , qui les connoît comme ils ont été créés, & qui me-fure Dieu , s?il eft permis de parler ainfi, par la connoiffànce de foi-même ; celui-là obferve exactement le précepte qui ordonne de fuivre Dieu : il connoît la plus excellente mefure, & fe met en état de ne pouvoir jamais être trompé ni fur-pris.

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SUR LéS VERS DE PYTHAG. 201

V E R S L V I , LV1I, LVIII, L I X , L X & LXI.

Tu connaîtras auffi que les hommes s'attirent leurs malheurs volontaire­ment , & par leur propre choix.

Miférables qu'ils font ! Ils ne voient ni n'entendent que Us biens font pris d'eux.

Il y en a très peu qui fâchent fe déli­vrer de leurs maux.

Tel ejl le fort qui aveugle les hommes , & leur ôte tefprit. Semblables à des cylindres ,

Ils roulent çà &là, toujours accablés de maux fans nombre ;

. Car lafunefie contention née avec eux , & qui les fuit par-tout, Us agite fans qu'Us s'en apperçoivent.

Au-lieu de la provoquer & de l'irriter t

ils devraient la fuir en cédant.

_L'ORDRE des êtres corporels & in­corporels étant bien connu, l'eflen-ce de Fhomme auffi très-exa&ement connue > on connoît ce qu'elle eft,

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î O I COMMENT. D'HIéROCIIS

& à quelles paffions elle eft fujette, & l'on fait qu'elle tient le milieu entre les êtres qui ne tombent ja­mais dans le vice, & ceux qui ne peuvent jamais s'élever à la vertu, voila pourquoi elle a les deux pen­chants que ces deux liaifons lui inf-pirent, tantôt vivant là d'une vie intelligente, & tantôt prenant ici des affections toutes charnelles : ce qui a fait dire avec beaucoup de

v'"n,IU. a raifon par Heraclite, que notre vie monde, c eft n i r o J i • mourit. elt la mort, & notre mort, la vie; monde'a" car l'homme tombe & fe précipite vivre. ' " de la région des bienheureux , com-Mort de me dit Empédocle le Pythagoricien, l'homme. Banni du cilcjte fijou, r.

Errant & vagabond, agité des furies Di la difcorde en feu.

iuThomme. Mais ^ Y remonte & recouvre Coa ' ancienne habitude, s'il fuit les cho-fes d'ici-bas, & cet affreux féjour où demeurent, comme dit le même Poëte,

Cette der- Le meurtre, la colère, & mille ejfaims criptioa du d

monde iae? ** «*«*«•* »

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sua LES VERS DE PYTHAG. 105

Et dans lequel ceux qui y tombent, corde admî-

Errent à l'abandon dans Us noires """W dit laine

campagnes , J"n ; l u e , ' o ' tgut Le monde

De l'injure & du deuil. fj^U Celui qui fuit ces triftes campagnes de l'injure, eft conduit par ce bon Prai.rie d e l i défir dans la prairie de la vérité ; & vérité. s il la quitte, la chute de Tes ailes le précipite dans un corps terreftre,

Où il boit à longs traits l'oubli de fon bonheur.

Et c'eft à quoi s'accorde le fenti- Dans le v\>& ment de Platon , qui en parlant de ^ £1 4 ' " cette chute de l'ame, dit, Mais lorf-que n'ayant plus la force de fuivre Dieu, elle ne voit point ce champ de la vérité ; que par quelque malheur, remplie de vice & d'oubli , elle s'appe-fantit ; & quappefantie, elle vient à perdre fis ailes & à tomber dans celle terre, alors la Loi l'envoie animer un animal mortel. Et fur le retour de l'ame dans le lieu d'où >elle eft des­cendue , le même Platon dit , L'hom­me qui afurmonté par fa raifon le dé-

I v )

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zo4 COMMENT. D'HIéROCIèS

/ordre & le trouble qui lui viennent dtt mélange de la terre , de l'eau , de tair & du feu y reprend /a première forme , & recouvre /a première habitude ; parce qu'il retourne fain & entier à l'ajlre qui lui avait été ajpgné. Il y retourne fain, parce qu'il eft délivré des paf-fions qui font autant de maladies ; & cette guérifon ne lui vient que par le moyen de la vertu pratique : & il y retourne entier , parce qu'il recouvre l'entendement & la fcien-ce comme fes parties effentielles » ce qui ne lui arrive que par le moyen de la vertu contemplative.

D'un autre côté le même Platon enfeigne pofitivement que c'eft par la fuite des cbofes de ce monde, que nous pouvons guérir & corri­ger l'apoftafie qui nous éloigne de Dieu ; &r il établit que cette fuite des maux d ici-bas n'eu que la Philofo-phie, marquant par-là que ces for­tes de pallions ne fe trouvent que dans les hommes feuls , & qu'il n'eft pas poffible que les maux foient bannis de cette terre, ni qu'ils puiflent approcher de la divinité,

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 105

mais qu'ils font toujours autour de c'eft un v& la terre que nous habitons, &c s'at- n'cfen» Tt tachent à la nature mortelle, com- Théer«e, me venant de la néceffité feule ; car î°™' ^\f ' les êtres qui font dans la génération i»»'e de p1*-& dans la corruption , peuvent être lon' affectés contre la nature ; & c'eft Le principe là le principe de tous les maux: & ^'""Veft pour enfeigner comment il faut les de pouvoir fuir, Platon ajoute ; Cefi pourquoi il ^ " « ^ 1 -faut s'enfuir d'ici-bas au plus vite : or ture. s'enfuir , c'tfl travailler à refftmbler à Au m ê ,™', e l î ' n- -'i n m i < i i droit déjà «•

Dieu , autant qu il tjt pojjible a l nom- te. me ; & reffembler à Dieu , c'eft devenir jufle & faim avec prudence. Car celui qui veut éviter ces maux, doit com­mencer par dépouiller cette nature mortelle , n'étant pas poflible que c-cft ce q^ ceux qui y font engagés•& embour- feintPauiap-1 ,. n / • ° V. , , pelle le corn* bes ne loient remplis de tous les âe jéchc. maux que la néceffité y fait ger­mer.

Comme donc notre éïoignement de Dieu , &" la perte des ailes qui nous élevoient vers les chofes d'en-haut , nous ont précipités dans cette région de mort où tous les maux habitent ; de même le dépouille-

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206 COMMENT. D'HiÉRociis

cemonHeeftment de toute affe&ion terreftre, dêem0?t°n & *e renouvellement des vertus ,

comme une renaiflance de nos ailes pour nous guinder au féjour de la

t e c!î' 'tft* v*e ' ° " ^e t r o u v e n t le s véritables jour e a biens, fans a u c u n mélange de maux,

nous remeneront à la félicité divine; car l'efle'nce de l'homme , tenant le milieu entre les êtres qui contem­plent toujours Dieu , & ceux qui font incapables de le contempler, >eut s'élever vers les uns & fe ra­tifier vers les autres, parce qu'à cau-

: e de cette nature amphibie, elle eft également portée à prendre la ref-femblance divine ou la reffbmblance

ttcfrit de* ' D r u t a ' e » ^elon qu'elle reçoit ou re-Dieu"1 e jette l'entendement & le bon efprit.

Celui donc qui connoît cette li­berté , & ce double pouvoir dans la nature humaine , connoît auffi comment les hommes s'attirent tous les maux volontairement, & com­ment ils font malheureux & mi-férables par leur propre choix ; car tantôt pouvant demeurer dans leur véritable patrie « ils fe laiffent en­traîner à la naiffance par le déré-

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SUR LES V E R S DE PYTHAG. 207

élément de leurs défirs ; & tantôt v ."JftKe

0 r , , . uaiflajice , pouvant le détacher promptement îorfcjuei'ame de ce miférable corps, ils s'enfon- ciuitte lc 5 i c l

• . . r ; , pour vcmc cent volontairement dans tous les aoimer un embarras, & dans tous ks défor- ™,'pî1™

0£'é dres des paffions. Et c'eft ce que le aifei parié Poëte veut faire entendre , quand df ce"e °?'1' • 1 1. . . . , .* l'on o* 'a il d i t , ils ne voient ni n entendent que création de les Biens font pris d'eux. u™"™

Ces biens font ici la vertu & la ^Zln, <,„$ vérité. Nepas voir qùils font près d'eux , (<w près de c'eft netre point portés par eux- "°£ ^ £ 7 mêmes à les chercher : & ne pas en- u. tendre qu'ils font près d'eux ; c'eft ne pas écouter les avertiflements, & ne pas obéir aux préceptes que les au-, très leur donnent; car il y a deux bcUI moyen* moyens pour recouvrer la fcience, Pour,'"?"* 1 un par 1 inftruction, comme par \t, J'ouie ; & l'autre par la recherche , | comme par la vue. Les hommes font donc dits s'attirer leurs maux par leur propre choix , lorfqu'ils ne veulent ni apprendre des autres, \ ni trouver d'eux-mêmes , comme ! entièrement privés de fentiment ' pour les véritables biens, & par là entièrement inutiles; car tout hom-

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2o8 COMMENT. D'HiÉRoctis

me qui ne voit point par lui-même, & qui n'entend point celui qui l'a­vertit, eft entièrement inutile &£ défefpéré : mais ceux qui travail­lent à trouver d'eux-mêmes, ou à apprendre des autres les véritables biens, ce font ceux-là dont le Poëte dit qu'ils fçavent fe délivrer de leurs maux , & qui par la fuite des tra­vaux & des peines qu'on trouve ici-bas, fe tranfportent dans un air

ceux qui pur & libre. Le nombre en eft très-fuientu cor- petit ; car la plupart font méchants, fiecie'roac'en fournis à leurs partions, & comme petienom- forcenés par le penchant qu'ils ont

vers la terre , & ils s'attirent eux-mêmes ce mal, pour avoir voulu s'éloigner de Dieu , & fe priver eux-mêmes de fa préfence, & fi on lofe dire, de fa familiarité, dont ils avoient le bonheur de jouir pen­dant qu'ils habitoient une lumière pure. Cet éloignement de Dieu eft défigné par le fort qui aveugle les hommes, & qui leur ôte lefprit.

En effet, il eft également impof • fible que celui qui eft vuide de Dieu ne lbit pas infenfé, & que Tinfenfé

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fou eft fins Dieu ; 8S [' tomme fi us Dieu cft

V

SUR LES VERS Dé PYTHAG. i o^

ne foit pas vuide de Dieu ; car c'eft une néceffité que le fou foit fans Dieu , & que celai qui eft fans| Dieu foit fou -, & l'un & l'autre, comme n'étant point excités à l'a- j mour des véritables biens, font acca-1 '„*/ blés de maux fans nombre, pouffes d'un malheur dans un autre malheur, comme des cylindres, par le poids de leurs adions impies ; ne fâchant que faire , ni que devenir, parce qu'ils fe gouvernent fans raifon & fans réflexion dans tous les états de Le

r([°?J"j la fortune ; infolents dans les ri- tous uTltx* chefles, fourbes & perfides dans la«kiafimune. pauvreté, brigands s'ils pnt la force du corps, blasphémateurs s'ils font valétudinaires & infirmes ; ils pleu­rent ôc fe lamentent s'ils n'ont point d'enfants ; & s'ils en ont, ils tirent de là des prétextes de guerres , de

Î>rocès, & de gains iniuftes & dei-îonnêtes. Pour tout dire en un mot, il n'y a rien dans la vie qui ne porte au mal les infenfés ; car ils font Tout tourne preflTésde tous côtés & réduits à ^"com-' l'étroit par le vice qu'ils ont em- me tout tour-brade volontairement , & par \ç%™bicai*

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zio COMMENT. D'HIéROCLFS

refus qu'ils font devoir la lumière divine , & d'entendre ce qu'on leur dit des véritables biens ; &r abîmés dans les affections charnelles, ils fe laiflent emporter dans cette vie comme par une violente tempête.

ia feule dUi-j La feule délivrance de tous ces lT

0)"Ziuît I maux c'eft le retour à Dieu ; &: ce c'eftieretoùj retour n'cft que pour ceux qui ont a DKU. / j c s y e u x & j e s o reiHes de J'ame tou-

I jours ouverts & attentifs , pour re-| couvrer les véritables biens ; & qui, j par la faculté qu'ils ont de fe rele-! ver , ont guéri le mal attaché à ! notre nature. Or ce mal attaché à ; notre nature, & qui eft en même-; temps un mal acquis, c'eft l'abus

que nous faifons de notre liberté; car pour ufer de cette liberté, nous tâchons toujours de difputer contre Dieu , & d'aller tête baiflee contre Ces loix , fans prendre garde aux grands maux que nous nous fai­fons nous-mêmes , par cette mal-heureufe opinion de croire pouvoir réfifter à Dieu, mais voyant feu­lement d'une vue trouble & confufe que nous pouvons fecouer lejoug des

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SUR. IES VERS DE PYTHàG. 211

loix divines. En effet voila ce qu'on L« hommis appelle ufer d'une liberté pleine & <« «oient

avoir de la fans bornes, que d'ofer s'éloigner liberté, de Dieu , & entrer avec lui dans II™!?,"1"" une funefte contention, en difpu-couent le tant opiniâtrement contre lui , & j ^ f , , ? " ^ en refufant de lui céder. S'il nous qu'ils co'm-di t , Tu ne feras point cela , c'eft cela ^ " D ^ " même que nous voulons faire : & s'il, nous d i t , Fais cela , c'eft ce que nous ne voulons pas ; comblant ainfi la mefure de nos iniquités, & nous précipitant des deux côtes dans une mifere infinie par cette I o i * ^i?" double tranlgreffion de la Loi deendeuiœa-Dieu, en ne faifant pas ce qu'elle n i""' ordonne , & en faifant ce qu'elle défend. Powft««m-

_ , , tendon née Quel remède trouverons -nous avec nom, &

donc à cette funefte contention qui l e , l r u iVd", n i- • • o ~o co,r» « ré­cit dite ici, <x notre compagne, &c ché. née avec nous ? qui cft excitée par ce malheureux germe oui eft en nous, toujours oppofé à la nature ; & qui par cette raifon, comme un mal domeftique , nous bleife & nous tue fans que nous nous en ap-perçcvions ; Que faut-il lui oppofer î

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i l a COMMENT. B 'HIéROCIES

Comment arrêter fa furie ?

Certainement il n'y a d'autre digue à oppofer à cette faculté qui nous précipite en bas , que de pratiquer , de méditer, & d'aimer, tous les préceptes qui nous mettront fur les voies de la vertu divine ; car voila là délivrance de nos maux, qui ejl connue de fi peu de gens. Voila ce qui nous fait voir & entendre les biens qui font près de nous : voila ce qui nous dé­livre des malheurs que nous nous attirons volontairement : voila ce qui retranche cette infinité de trou­bles & de paflîons qui nous acca­blent ; & par conféquent voila le feul chemin pour éviter cette con­tention impie : voila le falut de l'ame , & la purgation de cette difcorde effrénée , & le retour à Dieu ; car le feul moyen de cor­riger par la faculté qui nous relevé, le penchant qui nous rabaiffè, c'en: de ne point augmenter ce penchant, & de ne point ajouter maux fur maux ; mais devenus obéiffants Se fournis à la droite raifon, c'eft de fuir

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SUR IES VERS DE PYTHAG. i i j

cette mauvaife contention, en nous jettant dans la contention toute bonne, c'eft-à dire, en ne combat- contentîon tant plus pour défobéir à Dieu, tome bonne, combattant au contraire pour lui obéir de toutes nos forces. Et ce conv bat ne doit pas être appelle contention, mais, acquiefcement à la volonté de Dieu, retour à fa loi divine, & foumiflîon volontaire & parfaite ,Qu«He t'oit oui retranche tout prétexte à la folle fôumXon i défobéiflance , & à l'incrédulité : Diew-car je crois que toutes ces chofes font lignifiées par ces Vers.

En effet, pour marquer que les hommes embraffènt le vice par leur propre choix, le Poète dit , Tu con­naîtras que les hommes s'attirent leurs malheurs volontairement. Voila pour­quoi il faut les appeller malheureux ëc mifèrables ; puisqu'ils fe précipi­tent dans le vice par le choix de leur volonté. Pour faire entendre, .qu'ils refufent opiniâtrement d'é­couter les bons préceptes qu'on leur donne, il dit qu'ils ne voient , ni n entendent que les biens font près d'eux. fit pour marquer qu'il eft poffible

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a i4 COMMENT. n'HiÉRociis

de fe délivrer de ces maux , où l'on s'eft jette volontairement, il inlere cette réflexion, Il y en a tris-peu qui fâchent fe délivrer de leurs maux ; faifant voir par-là, que puifque cette délivrance eft l'effet de notre

fefdavage volonté , l'cfclavage du péché l'eft du péché en aufl] p a r conféquent. Après quoi il volontaire. . r r * T i. t *

ajoute la cauie de 1 aveuglement, & de la furdité de ces âmes qui fe précipitent volontairement dans le vice. Tel ejl le fort, dit-il, qui aveugle les hommes , & leur ôte l'efprit ; car l'éloignement de Dieu nous jette néceflairement dans la folie , & dans le choix téméraire & fans ré-

n rappelle, flexion. Et c'eft cet éloignement ué c'eft"a- qu'il défigne ici par ce mot de fort t

nie e elle mê- quj n o u $ bannit du choeur des ef-"oîSI'com- prits divins par le malheureux pen-meon rade-chant v e r s c e t a n imal particulier ia explique. „ , -, l

& mortel. Il nous montre encore les fuites fiineftes de ce choix té­méraire & inconfidéré ; & il nous enfeigne comment nos péchés font en même temps volontaires & in­volontaires ; en comparant la vie du fou au mouvement du cylindre ,

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SUR IES VERS DE PYTHAG. Z I J

qui fe meut en même-temps & en rond & en droite ligne, en rond par lui-même , &c en droite ligne par fa chute, Car comme le cylindre v-les temar-i n'eft plus capable du mouvement i™*** circulaire autour de fon axe , dès

3u'il eft gauchi, & qu'il s'éloigne e la ligne droite ; de même l'ame

ne conferve plus de véritables biens, dès qu'elle eft déchue de la droite raifon, & de l'union avec Dieu: mais elle erre autour des biens ap­parents, & elle eft emportée hors du droit fil, balottée parafes affections charnelles ; ce qu'il explique par ces mots , Ils roulent çà & là , toujours accablés de maux fans nombre.

Et parce que la caufe de ce fort qui ôte l'efprit aux hommes, & de leur éloigneraient de Dieu , c'eft l'a­bus qu'ils font de leur liberté, il enfeignedans les deux Vers fuivants, comment il faut réformer cet abus, & fe fervir de cette même liberté pour retourner à Dieu : car pour in-fïnuer que nous ne nous attirons nos malheurs que'parce que nous le voulons, il dit , La funejle contention

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Secours de Dieu néçef-faire avant couc.

n6 COMMENT. D'HiÉRocrâs

née avec eux , & qui les fuit par-tout, les agite fans qu'ils s'en apperçoivent. Et immédiatement après, pour faire voir que le remède eft en notre puiflance , il ajoute : Au-lieu de la provoquer , & de l irriter , ils devroient la fuir en cédant. Mais s'appercevant en même-temps , que nous avons préalablement befoin du fecours de Dieu pour éviter les maux , & pour acquérir les biens, il ajoute tout d'un coup une efpece de prière, & fait vers Dieu un retour & un élan , feul moyen d'attirer fon fe­cours.

V E R *

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SUR LES VERS DEPYTHAG. 217

VERS LXII, LXIIÏ, LXIV, L X V , LXVI, LXVII.

Grand Jupiter, père des hommes, vous les délivreriez tous des maux qui les accablent,

Si vous leur montriez quel ejl le démon dont Us Je fervent.

Mais prends courage, la ract des hom­mes eji divine,

La facrie nature leur découvre les myf~ teres les plus cachés.

Si elle t'a fait part de fes fecrets, tu viendras aifément à bout de toutes les chofes que je t'ai ordonnées.

Et guérijfant ton ame, tu la délivreras de toutes ces peines, & de tous ces travaux.

J_jEs Pythagoriciens ont accoutu- car le mot, mé de défigner Dieu, père & créa- z^e> *J '" teur de cet univers, par le nom de ter, vient Jupiter, qui dans la langue origi- du.I"oc'|i"> nale eft tiré d'un mot qui fignifie la v"vK?m ° rie. Car celui qui a donné l'être & la

Tome IL K

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a i 8 COMMENT. D'HIéROCLèS

vie à toutes chofes, doit être ap­pelle d'un nom tiré de fes facultés. Et le nom de Dieu, celui qui lui cft véritablement propre , c'eft ce-lui qui convient le plus à fes opéra­tions , & qui marque le plus évi­demment fes œuvres. Aujourd'hui parmi nous les noms qui nous pa-roiflent les plus propres, le hafard & la convention des hommes les produifent bien plutôt que la pro­priété de leur nature ne les fait trouver, comme cela paroît par une infinité de noms impofés contre la nature des êtres, à qui on les donne, &• à qui ils conviennent auffi peu que fi l'on appelloit un méchant homme, homme de bien ; ou un im­pie , homme pieux. Car ces fortes de noms n'ont point la convenance que les noms doivent avoir , en ce qu'ils ne marquent ni l'effènce, ni les vertus des chofes auxquelles on les impofe. Mais cette convenance', &

Mais c'efi de cette propriété de noms doivent être ks'nomsTe6 recherchées fur-tout dans les chofes fauroieuc ex- éternelles 5 &: parmi les éternelles, baç* e dans les divines ; & parmi les divi­

nes , dans les plus excellentes.

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SUR LES VERS DE PYTHAG* I\ 9

Voila pourquoi le nom de Jupiter eft dans le fon même un fymbole" & une image de l'eflence qui a tout créé : en effet ceux qui les premiers ont impofé les noms, ont fait par la fublimité de leur fageffè, commd les excellents Statuaires ; par les noms mêmes ils ont exprimé, com­me par des images animées , les vertus de ceux à qui ils les ont don­nés ; car ils ont rendu les noms dans leur Ion même le fymbole de leurs penfées, les images très-reflemblan-tes, & très-inftruéfcives desfujets fur lefquels ils ont penfé.

En effet ces grandes âmes, par leur application continuelle ' aux chofes intelligibles, comme aby-mées dans la contemplation , &c devenues , pour ainfi dire, groffès de ce commerce , quand les dou- comment les leurs les ont prifes pour enfanter n"^*'']" leurs penfées, elles le font écriées chofes ont en des termes, & ont donné aux"'4"™1'" chofes des noms qui par le fon mê­me, & par les lettres employées pour les former , ont exprimé par­faitement les efpeces des chofes

Kij

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*20 COMMENT. D'HIéROCLJS

nommées, & ont conduit à la con-noiflance de leur nature ceux qui les ont bien entendus : de forte que la fin de leur contemplation a été

{»our nous le commencement de 'intelligence. Ceft ainfi que le créa­

teur de toutes chofes a été appelle par ces grands génies, tantôt du nom de quaternaire , & tantôt du nom de Jupiter, par les raifons que nous avons marquées.

Or ce qu'on lui demande ici par cette prière, c'eft ce qu'il répand fur tous les hommes, à caufe de fa bonté infinie : mais il dépend de nous de recevoir ce qu'il donne iàns cefle. Il a été dit plus haut:

Vcts 4». Ne commence à mettre la main à l œu­vre, qu'après avoir prié les Dieux, pour faire entendre que les Dieux font toujours prêts à donner les biens, mais que nous ne les rece­vons que lorfque nous les de­mandons, & que nous tendons la *

. , . , , , main à cette djftribution divine. En La vérité te. • n i-i • la vertu dé- effet cequi eft libre ne reçoit point '0urCldVî,ef- ^es véritables biens, s'il ne le veut ; fcnce de & ces véritables "biens font la vérité v^"' & la vertu, qui découlant toujours

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SUR LES VERS DE PYTHAC. m

de l'eflence du créateur, éclatent toujours, & de la même manière > aux yeux de tous les hommes. Et ici ces Vers pour la délivrance de nos maux, demandent, comme une chofenéceffaire, que nous connoif-ll faut

reoa:

lions notre propre eflence : car c elt fence, pour ce que lignifie ce Vers, Quel efi le P ° - £ £ démon dont ils fe fervent ; c'elt-à-dire fei maux. quelle ejl leur ame. En effet de ce retour vers nous-mêmes, de cette connoif-fance de nous-mêmes, dépendent nécefîairement la délivrance de nos maux, & la manifestation des biens

3ue Dieu nous offre pour nous ren-re heureux. Ce vers fuppofe donc,

que fi tous les hommes connoif-foient qui ils font, & queleft le dé­mon dont ils fe fervent, ils feroient tous délivrés de leurs maux : mais cela c/i im-cela elt impoffible; en effet il ne fe poinbk, a

, - i l j «• » • caule de la peut qu ils s appliquent tous à la corruption

jhilofophie , &r qu'ils reçoivent de l'homme. tous enfemble tous les biens que Dieu offre inceflamment pour la perfection de la félicité.

Que relte-t-il donc, finon qu'il faut que ceux-là fculs prennent cou-

K iij

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m COMMENT. D'HIéROCLêS

rage, qui s'appliquent à la fcience qui feule nous découvre nos vérita­bles biens, les biens qui nous font propres; car ce font les feuls qui feront délivrés des maux attachés à cette nature mortelle, parce qu'ils lbnt les feuls qui fe font adonnés à la contemplation de ces biens,

ta t&rie M- C'eft pourquoi ils méritent d'être Bu'î' 'k-1* m ' s au nombre des êtres divins, Philofophie ; , . t r i

parce que comme étant întmuts par la iacree &Utou«gï£e nature, c'eft-à-dire, par la Philofo-miere vient phie , & comme mettant en prati-deDieu. qUe toutes les règles du devoir. comment on Que fi nous avons quelque com-laïc connoi- *- i i- • ne le corn- merce avec ces hommes divins , ""vc *i °n n o u s ^e ferons connoître en nous ap-îiomLesdi- pliquant fans relâche aux bonnes vins. œuvres, & aux connoiflànces in­

tellectuelles , par lefquclles feules l'ame eft guérie de fcs pallions, &c délivrée de tous les travaux d"ici-bas, tranfportée dans un ordre 8c , dans un état tout divin.

Pour abréger, voici quel eft la fens de ces Vers. Ceux qui fe con-noiflent eux-mêmes font délivrés de toute affeelion mortelle. Mais pour-

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SUR LES VERS DE PYTHàG. i a j

quoi tous les hommes n'en font-ils pas délivrés , pnifqu'ils ont tous le pouvoir inné de connoître leur ef-fence ? C'eft parce que la plupart, comme on l'a déjà d i t , s'attirent kurs malheurs volontairement, en refufant de voir & d'entendre que les biens font près d'eux. Le petit nombre eft de ceux qui connoiflent la délivrance de leurs maux, en connoiflant quel eft le Démon donc ils fe fervent : & ce font juftement ceux qui par la Philofophie ont purgé toute la folie des pallions , éV qui fe font retirés de ces lieux terreftres , comme d'une prifon étroite où ils croupiflbient.

Comment donc le Poëte dit-il à Jupiter, Père des hommes, vous lis délivreriez tous des maux qui les acca­blent , fi vous leur montriez quel eft le Démon dont ils fe fervent ? Eft-ce )our faire entendre qu'il dépend de ui de ramener tous les hommes à a vérité, même malgré eux, &

qu'il refufe de le faire, ou par né­gligence , ou à deflein, afin qu'ils demeurent éternellement dans

K iv

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- 1 224 COMMENT. D'HIéROCLIS

l'efclavage ? Mais c'eft ce qu'on ne peut entendre même fans impiété. Le Poète veut plutôt enfeigner par­ia que celui qui veut parvenir à la félicité, doit recourir a Dieu com­me à fon père; car Dieu eft le Créateur de tous les êtres, & le père des bons. Celui donc qui fait en quoi confifte la délivrance des maux, qui fedélivre des malheurs que les nommes s'attirent volon­tairement, & qui évite la funeftc contention par une fuite volontai­re , celui-là en implorant ie fecours de Dieu , s'écrie Jupiter , père des hommes ! Jl a déjà fait l'aélion d'un 61s, en appeliant Dieu fon père, 6c il fait cette réflexion, que fi ce qu'il fait de lui-même , tous les hommes le faifbient comme lui , ils feraient délivrés comme lui de tous leu/s maux : mais trouvant en-fuite que cela n'arrive point, non par la faute de Dieu, s'il eft permis de parler ainfi , mais par la faute des hommes, qui s'attirent volon­tairement leurs malheurs, il ledit à foi-même , mais prends courage , toi oui as trouvé le véritable rU."

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 115

min pour te délivrer de tes maux : & ce chemin , c'eft le retour que la facrée Philofophie nous fait faire vers les biens que Dieu nous pré­fente fans cefle , & que la plupart Notion* des hommes ne voient point, par- £amrdicTà ce qu'ils fe fervent mal des notions tout être raî-communes que Dieu a comme plan­tées dans tout être raifonnable , afin qu'il fe eonnoifle lui-même.

Mais parce que pour montrer quelque chofe à quelqu'un, il faut néceûairement que les actions de deux perfonnes concourent ; car coniment montreriez-vous quelque chofe à .un aveugle , quand vous lui préfenteriez mille fois ce que vous voudriez lui montrer ? ou comment le montreriez-vous à ce­lui qui a des yeux, fi vous ne lui préfentiez ce que vous voudriez qu'il vît ? Ces deux chofes (ont donc néceflàires. De la part de celui qui montre , il faut un bien préfenté ; ^J'„moti

& de la part de celui à qui on mon- fuppofe \\è-tre, il faut des yeux capables de « f ^ ™ ^ voir; afin que d'un côté l'objet, & fa. de l'autre la vue concourent en-

Kv

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xi6 COMMENT. D'HIéROCLES

femble, & que rien ne manque pour bien montrer.

Cela étant, faifons cette hypo-thcfe, que tous les hommes feroient délivrés de leurs maux, li Dieu, qui les a créés, leur montroit & leur enfeignoit à fe connoître eux-mêmes , & à connoître quel eft le Démon dont ils fe fervent ; mais nous voyons cependant que tous les hommes ne font pas deli-

picuprêfeate v r£ s j e i e u r m a u x . Dieu ne montre le bien a tous , > i i i les hommes s donc pas a tous les nommes ega« mais ii ne le i e m e n t m a i s a Ceux-là lèulement montre pas i . ' , , , tous, parce qui concourent de leur part a cette P« Mut'lei délivrance, & qui veulent bien ou-yeux ou- vrir les yeux pour voir & contem­

pler ce que Dieu leur montre, & g»ur le recevoir. Par conféquent

ieu n'eft pas la caufe de ce qu'il ne montre pas à tous les hommes; mais ce font ceux qui ne voient ni n'entendent que les biens font près d'eux, & voila pourquoi nous di-fons qu'ils s'attirent leurs malheurs volontairement. La faute en eft à celui qui choifit, & Dieu n'en eft nullement coupable , expofant fans

vent.

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SUR LES VERS DE PYTHAG, 217

cefîe les biens aux yeux de tous les hommes, autant qu'il eft en lui} mais ne les montrant pas toujours à tous, parce que dans la plupart les yeux de l'ame, feuls capables de voir ces biens offerts fans cefle, font fermés, & toujours baiffés vers la terre par la malheureufè habi­tude qu'ils ont contractée de s'at­tacher toujours à ce qu'il y a de mauvais. Et cette explication que nous donnons à ces vers, s'accorde avec la vérité , & confirme le fens des Vers qui précédent.

En effet, s'il dépend de Dieu d'at­tirer tous les hommes à la vérité, même malgré eux , pourquoi les accufons-nous de s'attirer leurs mal­heurs volontairement, &• par leur . faute ? Pourquoi leur conieillons-nous de ne pas exciter la conten­tion , mais de la fuir en cédant î Pourquoi leur ordonnons-nous de fupporter doucement les accidents qui leur arrivent, & de faire leurs efforts pour les corriger & les gue- il n'y a plut rir > Car tout chemin à la vertu par ^ " T ' i ^ , n . . _ r on ote le u-linftrucuon, eft entièrement terme bteatMwe.

. K vj

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228 COMMENT. D'HIéROCLèS

fi on ôte le libre arbitre. Nous ne devons ni pratiquer, ni méditer, ni aimer le bien, fi c'eft à Dieu feul à nous délivrer du vice & à nous remplir de la vertu, fans que nous y contribuions de notre part»

Mais de cette manière la caufe des vices des hommes retomberoit fur Dieu même. Que fi Dieu n'eft nullement l'auteur des maux, com-

Notte «loi- me on l'a déjà démontré , il eft évi-btauvTviem ^ e n t *ïue n o t r e cloignement des que de nous- biens vient uniquement de nous-mêmes, mêmes, qui ne voyons ni n'enten­

dons qu'ils font près de nous & en nous, félon les notions que la nature nous a communiquées en nous créant : & la feule caufe de cet aveuglement & de cette fur-dité , c'eft la trifte contention , mal que nous embraflbns volontai­rement ; mais au-lieu de l'augmen­ter & de la laifler croître, nous devons la fuir en cédant , ap­prendre à nous délivrer de nos maux, & trouver le chemin pour retourner à Dieu ; car par ce moyen la lumière de Dieu, & notre vue

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 119

concourant enfemble, font cette n faut que la parfaite manière de montrer, quip™ù'&notrc opère la liberté de l'ame, fa déli- vue concou-vrance de tous les travaux d'ici-bas, "1" c" e r a" le fentiment vif des biens ccleftcs, & le rappel dans fa véritable patrie.

Ce Poëte ayant donc ainfi traité de la vérité & de la vertu, & ayant terminé les préceptes de la vertu par l'examen qu'il veut qu'on fane la nuit, & poufle les efpérances de la vérité juiqu'à la liberté de l'ame , n Va «pif-& à la délivrance de tous Ces maux, «y c

e f il parle dans la fuite de la pureté corpsTumi-<jui donne des ailes au corps lumi- nettX' neux, & il ajoute ainfi une troi-fieme forte de Philofophie aux deux premières.

3fcX m ttgi

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zjo COMMENT. D'HIéROCLèS

VERS LXVHI, LXIX & LXX.

Mais abjlienstoi des viandes que nous avons défendues dans les purifica­tions ,

Et dans la délivrance de famé, fais-en le jujie difeernement 6r examine bien toutes chofes,

En te laijjant toujours guider & con­duire par l'entendement qui vient d'enhaut, & qui doit tenir les rênes.

Autre erreur J_/E S s E N c t raifonnable , ayant fkiMs^fr r e Ç u de Dieu fon Créateur, un corps «lonnoiem à conforme à fa nature, eft defeen-corf* rpki- due ici-bas, de manière qu'elle n'eft tuef. n i corps, ni fans corps ; mais étant q j " t e n w t " incorporelle elle a pourtant fa for­

me déterminée & finie par le corps. Comme dans les aftres, leur partie fapérieure eft une eflence incorpo­relle , & l'inférieure une eflencc corporelle : le Soleil même, eft un tout compofé de corporel & d'in­corporel , non pas comme de deux parties, qui ayant été féparées, fe foient unies enfuite ; car par-là elles

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 151

fe fépareroicnt encore -, mais com­me de deux parties créées enfem-ble, & nées enfemble avec fubor-dination , de manière que 1 une guide , & que l'autre fuit. Il en eft de même de tous les autres êtres raisonnables, tant des héros que des hommes, car le héros eft une a me raifonnable avec un corps lumi­neux , & l'homme pareillement eft une ame raifonnable avec un corps immortel créé avec elle. Et voila quel ctoit le dogme de Pythagore, que Platon a expliqué long-temps après lui, en comparant l'amc pi- c'eft dam le vine, & l'ame humaine à un char ^p."'^."" ailé qui a deux chevaux & un co­cher qui le conduit.

Pour la perfection de l'ame, nous avons donc befoin de la vérité & de la vertu; & pour la purgation. de notre corps lumineux, nous avons befoin de nous nettoyer de toutes les fouillures de la matière, de re­courir aux faintes purifications, & de nous fervir de la force que Dieu nous a donnée pour nous exciter à fuir ces lieux. Et c'eft ce que les

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i}i COMMENT. D'HIéROCLèS

vers précédents nous .enfeignent. Ils retranchent les fouillures de la ma­tière par ce précepte , Abfiiens-toi de toutes Us viandes que nous avons dé­fendues. Ils nous ordonnent de join­dre à cette abftinence, la facrée purification & la fource divinement infpirée, ce qu'ils font entendre un peu obfcu rement par ces termes , & dans les purifications & dans la dé­livrance de famé , &c. & enfin ils travaillent à rendre la forme de l'eflence humaine, entière & par­faite , en ajoutant, en te laijfant tou­jours guider & conduire par l'entende­ment qui vient denhaut, & qui doit tenir les rênes. Car par-là le Poè'te re­met devant les yeux toute l'eflence humaine, & diftingue l'ordre & le rang des parties qui la compofent. Ce qui mené, eft comme le cocher; & ce qui fuit & obéit, eft comme le char. Ces Vers apprennent donc à ceux qui veulent entendte les fymboles de Pythagore , & leur obéir , que c'eft en pratiquant la vertu, & en embraflant la vérité & la pureté, qu'il faut avoir foin

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 2 $ J

de notre ame & de notre corps lu- corps Jumi-mineux, que les oracles appellent nJbtu'dc'iv le char fubtilde l'ame. . me«

Or la pureté dont il parle ici, s'é­tend jufqu'aux viandes , aux breu­vages , & à tout le régime de notre corps mortel , dans lequel eft le corps lumineux qui inlpire la vie au corps inanimé, & contient & renferme toute fon harmonie ; car , le corps immatériel eft la v i e , c'eft lui qui produit la vie du corps ma- vie animale tériel, par laquelle notre corps mor- £°„"l',J

e '?* tel eft complet, étant compofé dé mineux de la vie immatérielle, & du corps ma- {/™^rT* tériel ; & l'image de l'homme, qui eft proprement le compofé de FefTence raifonnable & du corps immatériel.

Puifque nous fommes donc l'hom­me , & que l'homme eft compofé de c.eft.i_dire, ces deux parties , il eft évident qu'il l'amc raifon-doit être purgé & perfedionné dans ^ ^ J " fes deux parties , & pour cet effet, fpirituei. il faut fuivre les voies convenables à chacune de ces deux natures ; car il faut pour chacune une purgation différente. Par exemple, pour l'ame Purgation & raifonnable, par rapport à fa faculté l'auic ueiie.

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2 34 COMMENT. D'HIéROGIIS de raifonner & de juger , fapurga-

f* fc!en" ? tion , c'eft la vérité qui produit la réritc? ' a Science ; & par rapport à fa faculté

de délibérer & d'opiner, c'eft la con« fultation : car étant nés pour contem-

pourquoi pler les chofes d'enhaut, & pour ré-savons gler celles d'ici-bas ; pour les premiè-veïhel& de" r e s n o u s avons befoin de la vérité ,

" la vertu. & pour les dernières nous avons be­foin de la vertu civile, afin de nous appliquer entièrement à lacontem-

Îilation des chofes éternelles, & à a pratique de nos devoirs. Et dans

les deux nous éviterons les orages qu'excite la folie, fi nous obéiflbns exactement aux Loix divines, qui nous ont été données 5 car c'eft juf-tement de cette folie que nous de­vons purger notre eflènee raifonna-

cefu-dire, b le , parce que c'eft par cette même nuîViCbasVfé Folie qu'elle a eu du penchant pour «vêtir d'un i e s chofes d'ici-bas. Mais parce qu'à ftlorrupti- notre corps lumineux, s'eft attaché ble- un corps mortel, il faut aufïï le pur­

ger de ce corps corruptible ,• & le délivrer de ces fympaties qu'il a

purgafiondu contra&ées avec lui. Il ne refte donc mX fpi" 4 u e k P u r g a t ^ o n du corps fpirituel.,

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SUR LES VERS BE PYTHAG. 235

& il faut la faire en fuivant les ora­cles facrés & la fainte méthode que l'art enfeigne. Mais cette purgation eft en quelque façon plus corporel­le ; voila pourquoi elle emploie toutes fortes de matières pour gué­rir en toutes façons ce corps vivi- 11 l'appelle ,-fiant, & pour 'l'obliger par cette * ' , ; , , opération a fe feparer de la matière, prétendoUnt & à s'envoler vers les lieux heureux lYritueîdorl-où fa première félicité lui avoit nohiavieau donné place ; & tout ce qui fe fait fsmilt' pour la purgation de ce corps, fi on le fait d'une manière digne de Dieu, Preftiges doî-& fans aucuns preftiges, fe trouve J ^ i , a« conforme aux règles de la vérité & «piationi fie de la vertu ; car les purgations de ^'J.1"8*" l'arrie raifonnable &r du char lu- c'eft-à-dire, mincux, fe font afin que ce char a.u c°rP5 fpl* devenu ailé par leur moyen, ne re- " tarde plus fon vol vers les lieux ce-lcftes.

Or ce qui contribue le plus à faire naître ces ailes , c'eft la médi- ,w n " n

q ° e

' lame a per-tation , par laquelle on apprend peu dues par fon à peu à fuir les chofes terreftres ; £» kid.o. c'eft l'habitude des chofes immaté- fes terreftres. rielles & intelligibles; c'eft le dé-

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a j6 COMMENT. D'HIéROCIèS

pouillement de toutes les feuillures qu'il a contractées par fon union avec ce corps terréftre & mortel. En effet, par ces trois chofes il revit en quelque façon, il fe recueille, il

r>i'u. '" 'eft rempli de la force divine, & il fe réunit à la perfection intelligente de Tanne.

Mais , dira-t-on, en quoi , Se comment rabftinence de certaines viandes contribue-t-elle à de fi gran­des chofes ? Certainement pour ceux qui font accoutumés à fe féparer de toutes les chofes mortelles,.s'ils s'abftiennent encore abfolument de certaines viandes , & fur-tout de celles qui relâchent lefprit, & qui portent ce corps mortel à la géné­ration , il ne faut pas douter que ce ne foit un grand fecours, & une grande avance pour leur purgation. Voila pourquoi dans les préceptes fymboliques on ordonne cette abfti-

i.erensmy(ii- nence , qui dans le fond & dans le que n'exclut fens myftique a véritablement un fittélli?"5 fens principal, & plus étendu , mais

qui à la lettre ne laifle pas d'avoir le fens qu'elle préfente, & de dé-

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SUR IES VERS DE PYTHAG. 437

rendre pofitivement ce qui eft nom­mé dans le précepte. Comme lors­qu'on dit, tu ne mangeras point la. matrice de tanimal, cela pris à la lettre, nous défend de manger une certaine partie , qui eft très-petite : mais fi nous pénétrons le grand fens caché dans cette profondeur Pythagorique, par cette image pal­pable &c fenfible , nous appren­drons à renoncer entièrement à tout ce qui regarde la naiflance &la géné­ration. Et comme nous nous abstien­drons véritablement, & à la lettre de manger cette partie , nous pra­tiquerons avec le même foin tout ce que ce précepte renferme de plus caché pour la purgation du corps lumineux.

Semblablement dans ce précepte, tu ne mangeras point le azur , le fens principal eft que nous évitions la colère ; mais le fens littéral, & fubordonné , c'eft que nous nous abftenions de manger cette partie défendue.

Nous expliquerons de même le précepte qui nous ordonne de nous

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240 COMMENT. D'HIéROCLIS

divinité, & qu'elle fe conforme en­tièrement à ion image.

" Voilà quelle eft en général l'idée Tbftu ncM ^e c e t t e abftinence, dont on parle tendent à ic i , & tous les grands biens aux-purger rame q u e i s e n e t £ c n e de nous conduire. de toute at- i _ , , , . f

feâionchar- Toutes ces choies ont ete détaillées «elle- dans les préceptes fâcrés qui ont

été donnés fous des ombres &r des voiles. Quoique chacun de ces pré­ceptes ordonne une abftinence par­ticulière , comme des fèves pour les légumes, des chairs mortes pour les animaux ; qu'on y marque l'efpece, comme, tu ne mangeras pas le rouget, pour les poiflbns ; ni un tel animal, pour les animaux terreftres ; ni un tel oifeau , pour les volatiles -, Se qu'enfin on defeende jufqu'à parti-ticularifer certaines parties, com­me , tu ne mangeras point la tête, tu ne mangeras point le cœur : cependant dans chacun de ces préceptes l'au­teur a renfermé toute la perfection de la purification; car il ordonne bien telle ou telle chofe à la lettre, pour Pabftinence corporelle, à caufe de certaines propriétés & vertus

phyfiques;

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 141

phyfiques ; mais dans chaque pré­cepte il infinue la purgation de toute affe&ion charnelle , & accoutume toujours l'homme à fe tourner vers foi-même, & fe tirer de ce lieu de génération & de corruption , cV à s'envoler dans les Champs Elyfées, & dans l'air le plus pur.

Et parce que les Pythagoriciens vouloient que le progrès de cette abftinence fe fit avec ordre , voila d'où vient qu'on trouve dans leurs écrits des lymboles qui femblent d'abord fe contredire ; car ce pré­cepte , AbjîUnS'toi de manger le cœur, paroît contraire à cet autre, Abftiens-toi de manger les animaux : à moins qu'on ne dife que le premier, Ab-fiienstoi de manger le cœur, s'adrefle à ceux qui commencent ; &: que le dernier , Abjiiens toi de manger les animaux, eu pour les parfaits : car l'abft:nence d'une partie de l'animal eft fuperflue & inutile, lorfque l'a­nimal entier eft défendu.

C'eft pourquoi il faut bien pren­dre garde à l'ordre de la gradation que l'auteur a faite. Abjiitns-toi des

To/ne II. L

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241 COMMENT. D'HIéROCLèS

viandes , dit-il : Enfuite , comme fi quelqu'un lui demandoit de quel/es viandes ? il répond, que j'ai défendues. Et après cela encore il répond com­me aune féconde queftion : En quels endroits les Pythagoriciens ont-ils parlé de ces viandes ? & dans quels traités en ont-ils ordonné l'aofti-nence ? C'eft , dit-il, dans les puri­fications , & dans la délivrance de

va purga- tame, infinuant adroitement par l à , p r f ^ î T q u e les purgations précèdent, & délivrance qUe la délivrance de l'ame fuit. de Kame. Q f j e s p U r g a t j o n s (je lame rai-

fonnable, ce font les Mathémati­ques : & fa délivrance, qui la tire en hau t , c'eft la Dialectique , qui eft Tinfpedion intime des êtres» Voila pourquoi l'auteur a dit au flligulier, dans la délivrance de l'ame, parce que cette 'délivrance fe rap­porte à une feule feience ; & il a dit ftu plurier, dans les purifications,parce que les Mathématiques renferment plufieurs feiences. A toutes les cho^ {es donc qui ont été dites en par­ticulier fur l'ame , pour fa purga-tion , & pour fa délivrance , il en faut joindre pour le corps lurm-

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SUR. IES VERS DE PYTHàG. 14 J

lieux de toutes femblables, & qui leur répondent analogiquement , & par proportion. Ainli il faut né-ceflairemcnt que les purgations, qui fe font par le moyen des fciences, foient accompagnées des purgations myftiques des initiations, & que la délivrance,qui fe fait par la Dialecti­que, (bit fuivie de l'introduction à ce qu'il y a de plus fublime & de plus élevé. En effet voila proprement les chofes qui purgent, & qui per­fectionnent le char fpirituei de l'a- char de ,.a. me raifonnable, qui le dégagent me purgé par de la fouillure , ôc du défordre de tt'X^ la matière , &r qui le rendent pro- l'infpeaion pre à converfer avec les efprits purs. dctmy tcl"" Car il ne fe peut que ce qui eft impur touche à ce qui eft pur. Et comme il faut néceflaire-ment orner l'ame de fcience & de vertu , afin qu'elle puiffe être avec les efprits toujours doués de ces qua­lités; de même il faut rendre pur le corps lumineux, & le dégager de la matière, afin qu'il puifle (ou-tenir la communication avec les corps lumineux. Car c'eft la reffem-

M

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i4<? COMMENT. D'HiéRoctis

(î bien liés enfemble , que l'un des trois , eft toujours imparfait & prefque inutile fans l'opération

la cwitem-1 des deux autres. C'eft pourquoi il vmu"'ecaiJfout toujours joindre enfemole la pu.eié dci- jfcience qui a trouvé la vérité, la 7<>"rVm«- {faculté qui produit la vertu , & <*er enftm- i celle qui procure la pureté, afin que

! les actions politiques foient rendues c'cfta.dire|, conformes à l'intelligence qui con-i,?ri""u ai- duit > & <lue îes actions faintes ré­gion, v.iês pondent à l'une & à l'antre. Ken»,»* V o i , a ^ fin d e ^ phi lofophie p ^

\ thagoricienne, que nous devenions \ tout ailés, pour arriver aux biens

irreur dei ! divins ; afin que îorfque le moment tythagoti- | de la mort viendra, laifTant dans tiens fut le, . t o i '

«otf s mortel, cette terre le corps mortel, & dé­pouillant fa nature corruptible , / nous foyons prêts pour le voyage

célefte, comme athlètes des facrés combats de la Philofophie : car

i alors nous retournerons dans notre | ancienne patrie, & nous ferons déi­

fiés , autant qu'il eft poffible aux ; hommes de devenir dieux. Or c'eft

ce que nous promettent les deux Vers fuivants.

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SUR LES V E R S DF PYTHAG. 247

V E R S L X X I , L X X I 1 .

Et quand après avoir dépouillé ton corps mortel, lu arriveras dans Vair le plus pur ,

Tu feras un Dieu immortel, incorrup­tible , & que la mort ne dominera plus.

V o 11 A la fin très-glorieufe de tous nos travaux ; voila, comme dit Platon , le grand combat, & la grande efpérance qui nous eft pro-

{>ofée ; voila le fruit très-parfait de a Philofophie; c'eft là l'œuvre Icy'J^'i

{«lus grand & le plus excellent de l'amour, 'art de l'amour, de cet art myfti-

que, d'élever & d'établir dans la pofleflîon des véritables biens, de f délivrer des travaux d'ici-bas, corn- ! me du cachot obfcur de la vie ter- ) reftre, d'attirer à la lumière célefte, / & de placer dans les ifles des bien- \ heureux ceux qui ont marché par \ les voies que nous venons de leur" \ enfeigner. C'eft à ceux-là qu'eft ré- I fervé le prix ineftimable de déifi- ;' cation 5 car il n'eft permis de parvc-

L iv

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448 COMMENT. D'HIéROCLèS

nir au rang des Dieux , qu'à celui qui a acquis pour l'ame la vérité & la vertu ; & pour fon char fpiri-tuel, la pureté.

En effet devenu par là fain & en­tier , il eft rétabli dans fon premier état, après qu'il s'eft recouvré lui-même par fon union avec la droite raifon , qu'il a reconnu l'ornement tout divin de cet univers, & qu'il a trouvé l'auteur & le créateur de toutes chofes, autant qu'il eft pof-fible à l'homme de le trouver. Par­venu donc enfin, après la purifica­tion , à ce haut degré où font tou-

c'citàdite. jours les êtres dont la nature n'eft q„i ne vien- ,^s j e defccndre dans la eénéra-rent point ici «. ., - Ç» 1*1 animer tion, il sunit par les connoiflances

à ce tout, & s'élève jufqu'à Dieu même.

Mais parce qu'il a un corps créé avec lui, il a befoin d'un lieu où il foit placé comme dans le rang des aftres 5 & le lieu le plus conve­nable à un corps de cette nature , c'eft le lieu immédiatement au-def-fous de la Lune, comme étant au-deflus des corps terreftres & cor­

des corps mortels te corruptibles,

Erreur des Pythagori­ciens.

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SUR LES VERS DE PYTHAG. 249

ruptibles ; & au-deflbus des corps célcftes, lieu que les Pythagoriciens appellent Yteter pur : ather , comme immatériel èV éternel , & pur , comme exempt des paflîons terref» très.

Que fera donc celui qui y eft ar-1

rivé? Il fera ce que ces Vers lui promettent, un Dieu immortel, ren- I du femblable aux Dieux immor- ' tels, dont on a parlé au commen­cement ; un Dieu immortel, dis-je , non par nature ; car comment fe pourroit-il que celui qui n'a fait du progrès dans la vertu que depuis j un certain temps , & dont la déifi- 1 cation a commencé , devînt égal! aux Dieux de toute éternité? cela] eft impoffible , &c c eft pour faire j cette exception, & pour en marquer j la différence, qu'après.avoir d i t , tu \ feras un Dieu immortel, il ajoute , / incorruptible , & que la mort m tiomi- \ nera plus, afin qu'on entende une . déification qui le fait par le feul dépouillement de ce qui eft mor­tel ; une déification qui n'eft point un privilège attaché a notre nature

L Y

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3.5° COMMENT. D'HIEROCLES

ce, & à notre eflTence, mais qui arrive peu à peu , &: par degrés ; de ma­nière que c'eft une troitieme efpece de Dieux. Ils font immortels quand ils font montés au ciel, & mortels quand ils font defeendus fur la ter-

ceii.'.-dire Ie > & en cela toujours inférieurs aux Anges. ' aux héros ornés de bonté & de lu­

mière. Ceux-ci fe fouviennent tou­jours de Dieu , & ceux-là l'oublient quelquefois ; car il ne fe peut que le troifieme genre, quoique rendu, parfait, foit jamais au-deflùs du fé­cond , où égal au premier ; mais, demeurant toujours le troifieme , il devient femblable au premier» bien que fubordonné au fécond j car la reflemblance que les hom­mes ont par la liaifon , ou l'habi-

ruEs ks Aa- tude avec les Dieux céleftes, fe trou-g c t ve déjà plus parfaite &* plus natu­

relle dans les êtres du fécond rang, c'eft-à-dire, dans les héros.

^ Ainfi il n'y a qu'une feule & même ReflemMan-'i perfection qui eft commune à tous ceavecDieuJies êtres raifonnables , c'eft la ref­is pertiftions r , , TA. . , , . de ous êtresj ' e m b l a n c e a v e c D i e u q u i l es a c r é e s ; laifonnables.j m a j $ y o j c j c e q l tj fat \ z différence i

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SUR LES VERS DE PTTHAG. Z J I

cette perfection fe trouve toujours , &toujours de même dans les céleftes; elle le trouve toujours, mais non pas Qu'il a àp-toujours de même dans les éthériens £„,££" qui font fixes &: permanents dans i leur état ; & elle ne fe trouve ni DLS !« An. toujours, ni toujours de même dans g<r les éthériens fujets à defcendre & tpmieiames avenir habiter la terre. Si quelqu'un tshomm"-s'avifoit de dire que la première 8c \ la plus parfaite reflemblance avec ; Dieu , eft l'exemplaire & l'original ': des deux autres , ou que la féconde j l'eft de la troifieme, il diroit fort ; bien : Notre but n eft pas feulement \ de reflembler à Dieu , mais de lui \ reflethbler en approchant le plus \ prés qu'il fe peut de cet original \ tout parfait, ou d'arriver à la fe- \ conde reffemblance. Que fi ne pou­vant parvenir à cette plus parfaite i reflemblance, nous acquérons celle dont nous fommes capables, nous avons comme les êtres plus parfaits, j tout ce qui eft félon jiotre nature; & nous jouiflbns des fruits parfaits ! de la vertu, en cela même que nous connoiflbnsla mefure de notre eflen-

Lvj

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2 j 2 COMMEWT. D'HIÉROCLES

ce,&quenouslafupportonsfansnous plaindre : car le comble de la vertu, ç'ell de fe tenir dans les bornes de la création , par lefquelles toutes chofes-ont été distinguées & ran­gées félon leur efpece, & de fe fou-mettre aux Loix de la providence, qui ont diftribué à chaque chofe le bien qui lui eft propre félon fes facultés &r fes vertus.

Voila k commentaire que nous avons jugé à propos de faire fur ces Vers dorés; c'eft un fommaire des dogmes de Pythagore, qui n'eft ni trop étendu ni trop fuccinâ. Il ne falloit ni que notre explication imi­tât la brièveté du texte ; car nous y aurions laiflfé bien des obfcurités, & nous n'aurions pu faire fentir la raifbn &r la beauté de tous les pré­ceptes ; ni qu'elle embraflat non plus toute cette Philofophie ; car cela eût été trop vafte & trop étendu pour> un commentaire ; mais il a fallu proportionner, autant qu'il a été pof-lible, le commentaire au fens que ces Vers renferment, en ne rappor­tant des dogmes généraux de Py-

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SUR IES VERS DB PYïHAG. 255

thagore, que ce qui pouvoit conve­nir & fervir à l'explication de ces Vers ; car ces Vers dorés ne (ont proprement que le caradere très-parfait de la Philofophie , l'abrégé île fes principaux dogmes, & les élé­ments de perfection que des hom­mes qui ont marché dans la voie de Dieu , & que leurs vertus ont élevés dans le ciel au comble de la félicité, ont laides à leurs dépen­dants pour les inftruire, éléments qu'on peut appeller à bon droit la plus grande & la plus belle mar­que de la noblefle de l'homme , & Lesrentîmenf, qui ne iont pas le lentiment d un d'un corps particulier , mais la dodrine de tout °°t

,i$

aq£*"'

le façré corps des Pythagoriciens , ceux d'un & comme le cri de toutes leurs af- fe""

cul,elt

femblées. C'eft pourquoi il y avoit une Loi qui ordonnoit, que chacun, tous les matins à fbn lever , & tous les foirs à fon coucher , fe feroit lire ces Vers, comme les Oracles de la dodrine Pythagoricienne ; afin que par la méditation continuelle de ces préceptes, il en fît voir en lui l'ef-

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254 COMMENT. D'HIEROCLèS ; ôcc.

prit vivant &: animé. Et c'eft ce qu'il faut que nous raflions , nous aufli, pour éprouver & pour fentir enfin toute l'utilité qu'ils renferment.

s^i \v j£*

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^^Ï*T~

REMARQUES S U R

LES VERS DORÉS DE PYTHAGORE,

E T

SUR LES COMMENTAIRES

D ' H I É R O C L È S .

JtL N chajfant l'excès des pajjtons.] Il page ,, ne dit pas , en ckajjànt, en détruifant les pajjtons j mais en chajjant l'excès des pajjtons ; parce que les Pythagoriciens tenoient que les pallions font utiles , & qu'il n'y a que l'excès de vicieux ; vérité que les Platoniciens & les Pé-ripatéticiens ont reconnue.

Or U n'y a que la vertu &* la vérité qui puijfent opérer ces deux chofes. ] Parce qu'il n'y a que la vertu qui

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2$6 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

puifle purifier, & que la vérité qui puiflfe éclairer, & par conféquent per­fectionner & rétablir en nous la reflem-blance divine.

Page i. Et en redonnant la forme divine à ceux qui font difpofés à la recevoir. ] Il y avoit ici une faute confidérable dans le texte, tù$viïç îxwr*, ce qui ne faifoit aucun fens, au-moins que je pufle entendre. L'excellent manut crit de la Bibliothèque de Florence, confulté par M. le Docteur Salvini, qui a eu la bonté de m'en envoyer toutes les différentes leçons qu'il en a extraites avec un très-grand foin, m'a tiré d'embarras , en me faifant voir qu'Hiéroclès avoit écrit ro~ç tùqvut t%wa-t, à ceux qui font bien difpofés , c'eft-à-dire à ceux que la pratique des vertus a rendus capables de rece­voir cette forme divine , & de reflèm-bler à Dieu.

Parmi toutes les règles qui renfer­ment un précis de la Pkdofophie. ] Il paroît par ce paffage, que du temps d'Hiéroclès il y avoit plufieurs ouvra­ges de cette nature, où l'on travailloit à enfeigner la Philofophie en abrégé

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ET SURXES COMM. D ' H I É R O C . 2 57

& par aphorifmes. Nous en connoif-fons deux excellents, celui d'Epiétete & celui de l'Empereur Marc-Anto-nin : le premier plus méthodique quj l'autre.

Les Vers de Pythagore. ] Ces Vers ne font pas de Pythagore même, puifqu'on y jure par Pythagore dans le XLVï Vers. Ils font d'un de fes difciples; les anciens les attribuent à Lyfis. Ils portent le nom de Pytha­gore , non-feulement parce qu'on y explique fes fentiments , mais encore

Ïarce que les premiers difciples de ythagore ne mettoient jamais leur

nom à leurs ouvrages, qu'ils attri-buoient tous à leur maître, pour lui faire honneur, & pour lui marquer leur reconnoiffance.

Se rendre pur. ] Une feule lettre déTeétueufe corrompt tellement le tex­te de ce paflage, qu'il n'eft pas in­telligible ; car que veut dire ij lavror kafafir dirolttvoi ? Ce n'eft pas-là l'u-fage du verbe «VeXaJ»/r. Le manufcrit de Florence lit fort bien i, «at-TsV M.fatfir àwflAa'Éflj : &fe ipjumpuntm re-

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a j 8 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

cipiat, & qu'il fe rende pur, qu'il re­couvre fa première pureté.

Et comme dit le limée de Platon. ] C'eft-à-dire, le dialogue que Platon a compofé, & qu'il a appelle Timée , parce qu'il fait expliquer par Timée la doctrine de Pythagore, telle qu'elle eft expofée dans le Timée de Locrés, qui eft un traité de l'ame du monde & de la nature, fait par Timée mê­me, difciple de Pythagore, & que Pla­ton nous a confervé & expliqué dans ion dialogue qui porte ce nom. Hié-roclès reconnoît ici avec juftice que ce dialogue de Platon eft une expli­cation très-exacte du Timée de Lo­crés , qui de tous les difciples de Py­thagore étoit relui qui avoit le mieux expofé la doctrine de ce Philofophe. Ce Timée étoit de Locrés, la mieux policée des villes d'Italie; Socrate vante fa naiflance, fes richefles, les grands emplois qu'il avoit eus dans fon pays; & il lui donne cette grande louange, qu'il étoit parvenu à la plus fublime perfection de toute la Philo-fophie, c'eft-à-dire, tant delà Philo-

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E T SUR L E S C O M M . D ' H I é R O C 2f$

fophie pratique, que de la Philofopbie €ontemplative.

Après avoir rétabli fa fanté &• fon intégrité. ] On chercheroit inutilement dans le Timée de Platon ces paroles , comme elles font rapportées ici. Hié-roclès ne fait qu'un feul & même

Iiaffage de deux paifages de Timée ; e premier eft à la page 4 2 , où Pla­

ton dit, Et il ne mettra fin à [es chan­gements & à fis travaux , que s'étant attaché à fuivre le période du mime Gr" du femblable qui eft en lui pour le gui­der , & qu'ayant furmontépar la raifort cet amas de feuillure injer.fèe qu'il a contraSé par la contagion des éléments ( c'efi-à-dire du corps) il ne foit re­tourné à fon premier état, &c. i*c ri T»{ wp»T»e Kj «piV»{ ÛQUCI-TC l«T«( «£"»«. Et l'autre efl: a la page 44. Que fi la bonne nourriture qui ft fait par l'é­ducation, vient àfonfecours, alors évi­tant la plus danger eufe des maladies, il devient entier &• fain , èxé*x.»pse ô>«s T« w«VTe?.«e , T»V [/.ty'iç'iv à.it6$\jyw verov, yiyvtrai. On ne fauroit dire fl c'eft à defiein qu'Hiéroclès a joint ces deux

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i6o REM. SUR LES VERS DE P V T .

paiTages, ou fi les citant de mémoire il ne s'eft pas trompé.

Se revoir dans fon premier état d'in­nocence &* de lumière. ] Le grec de Platon dit, retourner à la forme de fa première &* plus excellente habitude. Ce qui n'efl autre chofe que fon premier état d'innocence & de lumière où il étoit par fon union aveci Dieu. L'in­nocence fe recouvre par la pratique des vertus; & la lumière, par la con­templation.

Ne fauroit attacher, fes regards. Il manque ici un mot dans le texte, à moins qu'on ne répète en commun le mot i^airtt, du premier membre de la comparaifon ; ce qui n'eit pas du ïlyle d'Hiéroclès. Ileureufement j'ai trouvé ce mot fuppléé à la marge d'un Hiéroclès que M. l'Abbé Renau-dot m'a prêté, & où l'on voit écrit par une main inconnue mais fçavante, «^«^tti'sf. Je ne doute point que ces notes marginales n'ayent été tirées de quelques bons manuferits ; car j'y ai trouvé des leçons excellentes. Celle-ci eft confirmée par le manuferit de

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Ï T SUR LES COMM. D'HIÉROC. 2o"l

Flçrence, qui même préfente une au­tre leçon bien remarquable. Voici le paflage entier comme il eft dans ce manutcric : OVTU 4u/tV M* «J»TW X«T»-/u.smt ro TS Ju* nci/ifi^tfca xàxxtt ùfdiXtivçv. De même l'ame qui ne pof-fede pas encore la vertu , ne fauroit attacher fes regards fur la beauté ù'fur lafplendeur de la divinité. Ce qui me paroît préférable à ta leçon du texte imprimé.

La Philofophie pratique eft la mère Page ,, de la venu ; & la theorétique eft la mère de la vérité. ] Il n'étoit pas diffi­cile de corriger cet endroit. La leçon que j'ai fuivie, ùxffytlaç <f« » ftoçmi*.*, eft confirmée par l'exemplaire conféré fur les manulcrits. Le manufcrit de Florence ne paroît pas bien fain dans ce paffage; ce qu'il y a de meilleur, c'eft qu'au-lieu de V'> il 1" *Tt » d'ailleurs. Ainfi il ne faudroit pas fé-parer cette période de celle qui la précède, mais traduire de fuite, d'ailr leurs, la Philofophie pratique, &v.

Il faut donc premièrement être hom­me. Y C'eft ainfi qu'il faut lire dans se 4

li texte comme il eft imprimé, vfSr^v

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162 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

cvv avffW7rov «fi7 ytotg6a.t, & non pas àyaji*y homme de bien', car dans le langage des Pythagoriciens, être hom­me , c'eft être homme de bien ; les méchants, les vicieux ne font pas des Jiommes. Le manufcrit de Flo­rence lit auffi atfçuvcr, & non pas àyctjor.

Pour nous apprendre que c'efl par la pratique des vertus que nous devons avan­cer. ] Il y avôit ici une faute confi-dérable dans le texte, •nMS'aytiXSt ifxaç emo Tti( vtfi TOI flicr (ityiç-Hf Xùx'otvi;, &"c. Ce mot fjuyiç-its ne peut avoir ici aucun fens raifonnable. Dans le ma­nufcrit de Florence il y a àprri!ç, par Vufage des vertus de la vie, &"c. ce qui eft excellent.

Honore les Dieux immortels.. ] Il re a£C '" préfente d'abord ici une queftion :

favoir, pourquoi dans ces Vers Py-thagore ne parle que du culte qu'on doit rendre aux Fils de Dieu , & qu'il ne dit pas un mot de celui qu'on doit à Dieu même qui les a créés. Cela vient à mon avis de ce que Pythagore fuivoit les Egyptiens, & que les Egyptiens ne partaient jamais du pre-

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ET SUR LES CoMM. D ' H I F R O C . l6$

mier principe , qu'ils regardoient com­me environné de ténèbres qui le ca-choient. îrpwT»v «p ifV, dit Damafcius, ç-noTCt, U7rtf Ttttfta fôtifiv, o-xoTcç ayvccç-or.

Le premier principe, c'eft à-dire, Dieu Père & Créateur de tous les êtres , efl élevé au-deffus de toute penfée : c'eft une obfcurhé ir.connue & impénétrable. Et l'on prétend que les Egyptiens avoient fuivi en ce point la Théo­logie d'Orphée, qui difoit, Je ne rois point le premier être, car il eft envi­ronné d'un nuage qui h dérobe à mes yeux.

Ne connoiflant donc point ce pre­mier être, ils ne pouvoient, félon leurs principes , lui affigner un culte; mais ils enteignoient que le culte qu'on ren-doitaux Dieux & aux Anges, fe rap-portoit & fe terminoit à Dieu qui les avoir créés.

Qu'il faut honorer les Dieux de cet univers. ] Par ces Dieux, Hiéroclès entend ce que les Païens appelloient les douze grands Dieux, qu'ils regar­doient comme les enrants & comme les

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26*4 REM. SUR LES VERS DE PfcT.

premiers nés du Dieu Créateur de toutes chofes, & auxquels ils rendoient un culte fuperieur à celui qu'ils ren-doient aux Anges & aux autres ef-prits. Et cette erreur des Païens ve-noir d'une vérité dont ils avoient quelque légère idée, mais qu'ils ne développoient pas aflfez. Ils entre-voyoient feulement qu'au-deflus des Anges & de tous les efprits bien­heureux , il y avoitdes Dieux qui pro­cédaient du Père.

Et que la Loi éternelle qui les a produits, leur a diflribué. ] La Loi éter­nelle eft ici la providence, la volonté divine, Dieu même qui a tout créé. Mais je ne dois pas oublier ici une leçon bien remarquable , que préfente le msnufcrit de Florence ; au lieu de fn(M&ppyntc<; vè/Mt, la Loi qui les a créés, on y lit /*f»ot/p>«xtç héyct, la parole ou le verbe qui les a créés : ce qui s'ac­corde fort bien avec ces paroles de

Ta.t.p.fis. Platon dans l'Epinomis ; Le Verbe très-divin a arrangé £r rendu vifible cet univers.

En les plaçant les uns dans la pre­mière Sphère. ] Car les Pythagoriciens

enfeignoient

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ET sum.«s COMM.D'HIêROC. l6Ç enfeignoient que Dieu, après avoir créé les Dieux inférieurs & les âmes des hommes, les avoit diftribués les uns & les autres dans les différentes fpheres des cieux. On peut voir le Timée.

Comme auffi de ne point trop rele- Pl. ver ni rabaijfer.] Ce paflage étoit fort obfcur dans le texte. Un petit rapt ajouté à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits l'a rendu clair. Au lieu de ^ /*»« vntfx'^nr tir ùç'HV , il faut lire J$ T<S ph*, &c. Ce fécond TO répond au premier ri yâf. J'ai vu enfuite avec plaifir cette addi­tion de l'article TO , confirmée par le mantifcnt de Florence.

De leur donner le rang qu'ils ont reçu, &* de rapporter tout l'honneur qu'on leur rend,aufeul Dieu qui les a -créés. ] Voici deux grandes vérités qui ont été connues des Païens ; la première, que les différents efpritsque Dieu a créés, & qui font entre Dieu & l'homme , doivent être honorés, de manière qu'un zèle mal entendu & fans connoifTance ne nous porte pas à les élever au-deflus de ce qu'ils

Tome II. M

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z66 REM. SUR LES VERS DE PYI*.

font, & que l'ignorance & l'impiété ne nous obligent pas non plus à ltfs rabaiffer. Et la féconde, que tout l'hon­neur que nous leur rendons fe rap­porte à Dieu, comme à celui à qui ils doivent comme nous leur être.

Et qu'ils ont reçu de lui immuable­ment & indij/ifiblement l'être & le bien être. ] J'avôis ajouté ces derniers mots, & le bien être. Ce qui s'eft trduvé enfuite à la marge de l'exemplaire de M. l'Abbé Renaudot, & confirmé par le manufcrit de Florence, qui même au" lieu de a/L/.«j/ç-w(, a lu ùixlfÀ-^aç, c'eft-à-dire, ians qu'on puifle fe plain­dre,, ni leur porter envie.

Pag. s. Car il ejl digne de Dieu d'avoir produit de telles images de iui-mîme. ] Voici un grand principe avoué par les Païens mêmes, qu'il eft digne de Dieu d'avoir proddit des images de lui-même, femblables à lui, Se inca­pables de s'altérer & de fe corrompre.

Qui ne fitffent pas capables de ? at­tirer drdcfe corrompre par leur pente au mal. ~] Les Païens imaginoient ceis Dieux immc'rteh; enfants <lu Dieu fu-prême, comme des fubftances qui te-

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ST SUR UKS CoMM. D 'HIBROC. \ 6 f

Tiantdela pureté incorruptible de leur origine, ne pouvoient s'altérer, ni fc corrompre par la pente au mal, & en cela bien au-defliis des Anges (k des autres efprits bienheureux, qui ont pu fe corrompre. On voit là un rayon de vérité ; car en effet Dieu a engendré un fils qui n'a point connu le péché ; mais ce rayon de vérité eft demeuré obfcurci & accablé fous d'épaifles té­nèbres, que les yeux de ces Philofo-phes n'ont pu percer.

Et e'eft pour les dijlinguer des hom­mes. ] Ce paflage eft corrompu dans les éditions ; mais le manuferit de Flo­rence l'a parfaitement rétabli, en cor­rigeant wgè? >«tp àvTuPktro*.M, &c. au lieu de J§ f*ir* nçoç àmt^utço^w, qui dit tout le contraire.

Voilà pourquoi les ornes des hommes pourroiem être juflement appellées dis Dieux mortels.'] Voici une idée qui me paraît grande & noble ; les âmes des hommes peuvent être appellées des Dieux mortels ; Dieux, en ce qu'elles peuvent s'unir à Dieu ; & mortels, en ce qu'elles peuvent s'en éloigner. La même choie peut être dite des

Mij

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26*8. REM. SUR LES VERS D E P Y T .

Anges, car les Anges ont pu auffî s'éloigner de Dieu.

r Cejl l'ignorance Gr l'impiété. ] Au lieu de areia, folie, j'ai corrigé à?ni<*, ignorance. La fuite même prouve la néceffité de cette correction, lv yttp TÎT àyvolç., &c. l'ignorance de ce qui ejl bon.

Non point par la cejjàtion de l'être, mais par la privation du bien être. ~\ Telle eft certainement la mort des eflences raifonnablesqui ont été ceées; mais cela n'empêche pas qu'elles ne ibient d'une nature à pouvoir mou­rir abfolument, & être anéanties ; car leur immortalité ne vient que de la volonté de Dieu.

Qui fe fait par la réminifcence. ] Du dogme de la création des âmes avant les corps, les Pythagoriciens, & après eux les Platoniciens, tiraient celui dç la réminifcence, qui en eft une fuite néceffaire; car fi l'ame a exifté avant le corps, elle a dû avoir toutes les notions ; & par conféquent, ce que

, nous apprenons dans toute la vie, n'eft qu'un relïbuvenir de ce que nous avons oublié : mais c'efl de quoi il a

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- ET SUR LES CoMM. D'HiÉROC. 26"p

été aflfez parlé dans la vie de Platon. Cejî une nècefiité qu'il y ait une

ejfénce au-àejfus de L'homme &* au-deff'ous de Dieu. ] Les Anges font donc au-deffus de l'homme, félon Hiéroclès ; & cela eft vrai. Ce fentiment d'Hié* roclès eft plus conforme à la faine doctri ne, que celui de Tertullien, qui a cru que l'homme étoit au-deflus des Anges, parce qu'il a été créé à l'i­mage de Dieu : mais cela ne convient pas moins aux Anges qu'aux hommes. Il eft fi vrai que l'homme eft inférieur aux Anges, que Jéfus-Chrift lui-même , pendant qu'il a été homme, eft dit dans l'écriture, inférieur aux An­ges. Qui modico quàm Angeli minoratus eft, S. Paul, Heb. i , 7 5 9 . Comme homme, il étoit inférieur aux Anges ; & comme Dieu, il étoit fervi par ces. mêmes Anges. Et Angeli miniftra-bant ei. Math. 4 , 1 1 . Marc. 1 , 13.

Qui lie les deux extrêmes les uns avec les autres.] Il y a dans le texte T« <»poç âtax»x<* «waVW. L'exemplaire de M. l'Abbé Renaudot ajoute à la marge le motaxç*, qui eft très-né-ceffaife, TSC ap«a *p«ç *AX»ÎKa rwamltr,

M iij

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* 7 ° REM- SUR LES VERS D E P Y T ;

& c'eft ainfi qu'a lu le manufcrit de Florence.

De manière que le tout de Vejfence raifbnnable.] Dans le manufcrit de Florence, au lieu de *<>>««: t*% is-iaç, on lit TÎ< \vynul4 J*»/Antçy'ietf, de la créa­tion raifonnable, de la produâlion rai-fonnable ; c'eft-à-dire , de la produc­tion des êtres doués d'intelligence & de raifon.

**g. io. Mais tant&t plus grande, Gf tantôt moins grande, J Quoique les Anges Ibient des fubftances plus parfaites .que les hommes, & qu*ils ayent plus d'intelligence, ils ne font pas leur lu­mière à eux-mêmes, & ils ne voient que félon qu'il plaît à Dieu de les éclairer. Mais il me femble qu'on ne peut pas inférer de là que la connoif-îance qu'ils ont de Dieu n'eft pas immuable&permanente, c'eft-à-dire, qu'elle n'eft pas toujours la même, & qu'elle augmente & diminue ; car Dieu a fixé en eux cette connoiflan-ce, de manière qu'elle peut bien aug­

menter, mais qu'elle ne peut dimi­nuer. Il y a deuxehofes dans la con-noiffance j il y a la connoiffance Se

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I T SUR IES CôMM. D'HlÉBOC. I 7 I

l'élection, ou le choix : la première-dépend de l'intelligence, qui eft tou­jours la même dans les Anges ; & L'autre dépend de la volonté, quifl'eft pas toujours la même dans les Anges, Bon plus que dans les hommes^ car ayant été créés libres, ils ont pu chan* ger , comme le prouve la chute des Anges rebelles, qui ont perdu la grâce par leur orgueil. Mais cette queuion , fi dans les Anges la connoiffance a pu diminuer comme l'innocence, doit; être lai fiée aux Théologiens.

Il ne s'efi point élevé au-dejfus de la condition de Vhomme. ] Il veut dire que cet être moyen (les Anges) n'a etécréé ni dans la condition de l'hom­me, au-defius de laquelle il fe foit élevé par le progrès de fes connoiflan-ces, ni dans celle des Dieux , delà-quelle il foit déchu par fon oubli & par la diminution de fes connoiflan-ces ; mais qu'il a été créé tel, fupé-rieur à l'homme, & inférieur à Dieu.

Ni par le vice ni par la vertu. ] Il eu très-vrai que les Anges ne peuvent ^'élever à la nature divine par l'émi-nence de leur vertu ; mais il n'eu pas

Miv

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Î72 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

vrai qu'ils tiennent de leur eflence le privilège de ne pouvoir jamais dé-cheoir, & devenir même inférieurs à l'homme par le vice. Hiéroclès a ou­blié la chute du premier Ange re­belle. Et Job connoiffoit mieux la • nature Angélique, quand il a dit, Ecce

7ot>. chap. 4. Qui ferviunt ei non funtjiabiles, & in '*• Angelis fuis reperit pravitatem.

i\ig. 11. Car comme là s êefl l'ordre.'} Là, c'eft à-dire, dans les caufes qui ont pro­duit les êtres; c'eft-à-dire, en Dieu , dans les raifons qu'il a eu de créer, Sic.

De même dans cet univers les êtres produits par la première penfée de Dieu, doivent être les premiers. ] Les Païens ont voulu pénétrer non - feulement l'ordre de la création , mais encore la caufe & la raifon de cet ordre , & & voici ce qu'en penfoient les Pytha­goriciens : comme la fageflfe deDieu eft inféparable de l'ordre & de la per­fection , ils concevoient que Dieu a voit créé avant toutes choies les fubftan-ces raifonnables : que fa première pen­fée a voit créé d'abord ce qu'il y a de plus grand parmi les fubftances, c'eft-à-dire, fes enfans les Dieux im-

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉKOC. 2J$

mortels ; que fa féconde penfée avoir créé les fubftances moyennes, c'eft-à-dire, les Héros, (les Anges) & que la troifieme penfée avoit créé les troifiemes & dernières fubftances, c'eft-à-dire , les âmes des hommes : Et dans ce fentimerit on voit l'opi­nion de la plupart des Pères Grecs & Latins, qui ont tenu que les Anges & les autres efprits bienheureux ont été créés les premiers, & avant la créa­tion du monde , ce qui a fait dire par faint Grégoire de Nazianze, «arpoTer fJLtv hvciï raç ctyfaKciç fvva/jitlç it cvpct-vioit y ièj re twàtiixac. ifycv M. Il penfûi premièrement les vertus angeliques &* cclejlcs , &* cette penfée fut leur pro-duBion : expreflion très - conforme à celle dont fe fert ici Hiéroclès. Le refte n'eft qu'erreur ; car tant s'en faut que les âmes des hommes ayent été créées avant le ciel & la terre, que l'ame du premier homme eft le dernier des ouvrages de Dieu, comme nous l'apprenons de l'hiftoire de la créa­tion, Gen. i & 2. L'ordre de Dieu n'eft pas toujours l'ordre que les hom­mes connoiflent. L'Eglife même n'a

Mv

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274 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

encore rien décidé fur le temps de la création des Anges.

Et ceux qui rejfemblent à la fin des penfées. ] Ce n'eft pas que les Py­thagoriciens conçurent par-là aucune împuiffance , aucun affoiblifTement dans les dernières penfées de Dieu ; car ils n'ignoroient pas que Dieu agit toujours avec la même force & la même perfection ; mais c'eft qu'ils pcnfoient que Dieu n'étant lui-même qu'ordre, n'a pu que fuivre l'ordre dans fes penfées , dans fes opérations. Dans le Timée, on voit de même que la création de l'homme a été la dernière penfée de Dieu.

Car c'eft tout cet arrangement rai-fonnable avec un corps incorruptible, } C'eft-à-dire, que cette création des fubftances raisonnables & revêtues d'un corps incorruptible, faite avec cet ordre , eft l'image de la divinité entière, comme la remarque fuivante va l'expliquer.

Eft l'image entière & parfaite du Dieu qui Va créé.] Il y a dans le Grec, Eft Vimage du Dieu entier qui l'a créé. Hiéroclès veut dire que Dieu

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ETSUR.LESCOMM.D'HIéR.OC. 275*

s'eft repréfènté tout entier dans la création de ces fubftances. Les pre­mières , qui ont été produites par fa première penfée , font l'image de ce qu'il y a en lui de plus excellent ; car les fils de Dieu doivent pofle-der éminemment les perfections du père. Les fécondes, qui font l'effet de la féconde penfée, font l'image moyen­ne de ce qu'il y a en lui.de moyen ; car Dieu n'a communiqué aux fécon­des fubftances que des perfections modifiées, fi l'on peut parler ainfi, & il ne les a pas faites égales à fes «nfents. Enfin lés trorfiemes & der» nierei fobftaqces, qui font l'ouvrage de la croifrerne penlée^ font l'image de ce q*fi tient le dejpniïr rang dans -la divinité ; car il a fait les hommes «loindiies que les Anges. Ainfi on trouve, fi on l'oie dire, Dieu entier dans ces-trois différentes <ùbftance&, ©ieu leur ayant-départi avec ordre & avescmefùre toutes les perfections, <& les rentpliffarit toutes félon leur nature. t Et qui les fait être les uns les pre- pjg, ,3; miniers, & Us autres Us fecênds.] Voici

M vj

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* a g . 13.

276 RF.M. SUR LES VERS DE P Y T .

une erreur que les Pythagoriciens avoient prife des Chaldéens, qui fai-foient plufieurs ordres de Dieux; «i Trtiyai, o\ votçot, eî /xiroi, 01 v&tpt»fffjiiet, cl iyKoo-fjun, & plufieurs autres, qu'il falloit tous honorer félon leur ordre & leur rang, comme dit Jamblique dans fon traité des myfteres, feâ:. j , C. 2 1 . « a n <fe Tifjuirtov tuA' w tnaç-cf

Car quoique, comme étant les pre­miers dans tout ut arrangement rai-fonnable. ] J'ai ajouté au texte le mot mpwTa, qui me paroît y manquer,

fiwtorfjujii fans cela, le paflage eft in­intelligible, au-moins pour moi. Nous avons déjà vu que par cet arrangement raifonnaUe, Hiéroclès entend la pro­duction des êtres doués d'intelligence •.& de raifon, & qui eft faite avec or-rdre, comme on l'a expliqué.

Et ils font plus divins les tins qut les autres.] C'eft une erreur groffiere des Païens. Ce plus ou ce moins ruine la divinité. Cefl Verreur des Gentils, dit faint Jean Chryfoftôme , .d'adorer la créxure. &*. de faire kuns

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É E O C . 2 7 7

Dieux plus grands ou plus petits. Si le Fils ou le Saint-Efprit eft moindre en quelque chofe, il n'ejl pas Dieu. Cela ne peut être penfé que des Anges & des autres efprits bienheureux, dont il y a divers degrés, & qui étant tous de même nature , font pourtant fupé-rieurs les uns aux autres, & ont plus de pouvoir les uns que les autres.

Comme différentes parties &" diffe-rens membres d'un feul tout qui eft le Ciel, &* comme confervant leur liaifon dans leur Réparation, £rc. ] Comme les Pythagoriciens prétendoient que l'u­nivers , qu'ils appellent ici le Ciel, étoit un animal vivant & animé, ils concevoient que toutes fès parties, quoique féparées , confervoient leur liaifon, & confpiroient à former ce tout , dont la divifion & le défaut d'harmonie auroit détruit l'unité. H en étoit donc félon eux de l'univers comme du corps de l'homme: ce corps eft compofé de différents membres qui font joints & unis enfemble avec une telle proportion , que malgré leur fé-paration, ils confervent la tiaifon né-ceflaire pour recevoir l'efprit ôc là

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Pag. IJ.

278 REM. SUR. LES VERS DE P V T .

vie. Tout ce que dit ici Hiéroclès eft expliqué au long dans le Timée de Platon.

Ruine qui ne peut jamais arriver pendant que la première caufe, qui les a produits, fera immuable.'] Voilà fur quels fondements les Pythagoriciens fondoient l'éternelle durée du monde. Il rieji pas d'un être tout bon de fe porter à détruire [on ouvrage'qui eft très-beau £r très -parfait ; & Platon expliquant ces paroles dans fon Timée, dit, Tout ce qui a été lié eft d'une nature 4 être défuni ; mais il n'eft pas d'un Créateur infiniment bon , de détruire fon ouvrage, lorfque cet ouvrage n'a rien de mauvais en lui. Ces Païens ne .con-cevoient pas que la fin Se la ruine du monde eft une des marques les plus fenfibles de la bonté dç Dieu, &-quc c'eft au contraire cette fin qui con»-duit toutes chofes à leur bien & i leur félicité. •>

Non feulement dans tous les genres, j] Cela ne peut être penfé que des deux derniers genres, c'eft-à-dire, des Anges & des hommes ; mais c'eft une fuitp de l'erreur doac, j'ai déjà parié, qui

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. ijÇ

établiflbit différents ordres de Dieux. Mais ayant été crééts différentes par

la Loi qui les a produites. ] C'eft un fujet de conreftation entre les Théo­logiens. Le plus grand nombre eft contre l'opinion d'Hieroclès, & pré­tend que tous les Anges ont été créés de même nature, de même efpece ; mais que la Loi qui les a créés de même nature, ne leur a pas donné à tous la même dignité. Ainfi leur di­gnité ne vient pas de leur eflènce, comme Hiéroclès le dit ici $ elle vient du don de Dieu. On peut voir ce qui eft remarqué fur la page 17. Ce fen-timenr d'Hieroclès n'eu vrai que des Anges & des hommes comparés les uns aux autres ; les Anges font plus parfaits.

Car dans chacun de ces genres ,ilya une quantité infinie ôHtfptces. ] Quel aveuglement de concevoir dans le pre­mier genre, c'eft-à-dire dans l'ordre divin, une quantité infinie d'efpeces, c'eft-à-dire, une quantité infinie de

: Dieux. Cela n'eft vrai que des Arig«s & des hommes : l'Ecriture fàinte nous

; enfeigne qu'il y a un nombre infini

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280 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

d'Anges, Daniel, 7 , 10. millia mil-lium minijlrabant ei , &• decies millies centena millia. On peut voir l'excellent traité du P. Petau, de Angelis, liv. 1, chap. 14 , dans le troifieme tome de fes dogmes théologiques.

Sans qu'ils puijfent jamais changer. ~] C'eft-à-dire, fans qu'ils puiflent jamais prendre la place les uns des autres. Un homme ne peut devenir Ange, ni un Ange devenir Dieu. Oportet enim Ma efft quoi font, &* quodjaBafunt, dit Methodius dans S. Epiphane.

Pag. i«. &t 1° rejfemblance que l'on s'efforce d'avoir avec eux. Il y a une faute dans le texte, ^ » «p»ç ôWT»V K<CT« J'wet/xn ifyfj.clao-i(. Il faut lire, K, h «peç ùvrà, &C. irpoç aura, c'eft-à-dire, <*gèç tct fiï* yiv», avec ces êtres divins, avec les Dieux : & c'eft ainfî qu'on lit dans le manuferk de Florence.

Car ce que l'on aime, on l'imite. ] Au lieu de ces mots, « >àp àya.<*Ç TIC, car ce que l'on aime, le manus­crit de Florence préfente ô >ap «>«-t*i rit ; ce que l'on aime, ce que l'on honore; & je préfère cette leçon.

T»%. 17. Affermi dans L'amour. ] Car fans

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É R O C . iS l

l'amour tout eft imparfait & inutile ; c'eft pourquoi Platon a dit après Py-thagore, que Vamour efi le moyen le plus fur & le plus efficace que les hom-tnts puiffènt avoir pour parvenir à la. félicité. Dans le banquet.

Lajîmple orge du célèbre Hermibnéé Pa6- ' * a été agréable à mes yeux. ] C'eft ce que Perfe a exprimé admirablement par ces Vers : Compofitum jus f"f<pu animo, fanSofque rtce/fUj Mentis, (f incoûum gmero/o peSus honefto,

'Hac cedo admovcam templu , &farrc litabo.

Que la Religion & la Juftkejoient bien gravées dans mon efprit ; que lafain-teté rempliffe tous les coins de mon ame ; fcr que la générofité &* l'honneur ayent fortement imprimé dans mon cxur toutes leurs maximes. Si j'apporte toutes ces bonnes difpofitions dans les temples , avec de la Jïmple orge, j'obtiendrai des Dieux tout ce que je leur demanderai. pag. H»

Et que c'êtoit la coutume des anciens de nommer ferment d'un nom myfîé-rieux & ineffable. ] J'ai fuivi ici la correction du fçavant Anglois Jean Pearfon, qui m'a paru très-certaine :

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il dit cçiu*, ferment, au-lieu de iytm,' avec des ferments. Hiéroclès ne dit pas, comme l'a cru l'interprète Latin, que les anciens nommoient le gardien de cette obfervation, avec des ferments ineffa­bles; car cela étoit très - contraire à leurs maximes, & à la doctrine qu'on enfeigne ici : mais il dit qu'ils nom­moient ce gardien le ferment , d'un nom tout myftérieux & ineffable , «Tî itto^irm. Et la véritable explica­tion de cet endroit d'Hiéroclès doit fe tirer d'un paffage de Diogene Laer-ce, qui écrit que Pythagore difoit que le Jerment eji tout ce qui efi jufte, &* que par cette raifon Jupiter eji appelle du nom de ferment îçuii T« tTvxi TO tTucaJw itj fia. tvto Ai:t cstiiv T^lytfai, Jupiter éroit appelle du nom myfté-rieux de ferment, parce qu'étant très-jufte & très-fidele dans fes promeffes, il conferve pour l'éternité , l'ordre & l'arrangement qu'il a établis par fa Loi. Voila une grande idée : la re­marque fuivante va l'expliquer.

PaRei0' Nous dirons que le ferment eft la. caufe qui conferve toutes chofes. ] Voici une vérité fublime, & qui donne une

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 283

très*grandeidée de la majeflé de Dieu, & de l'immutabilité de l'ordre qu'il a établi dans la nature. Dieu a créé toutes chofes dans l'état qui étoit le meilleur pour chacune ; voilà la Loi efficace qui a tout produit, & qui a placé chaque chofe dans le rang qu'elle doit avoir ; mais cela ne fuf-mbit pas, il falloit encore que cha­que chofe demeurât & perfévérât dans ce même état : & qu'eft-ce qui pouvoit les y maintenir; c'étoit le ferment divin, qui eft une fuite néceflaire de la Loi. Dieu a donc voulu faire un pacte avec fa créature, & s'aflujettir , pour ainfi dire par ce ferment, à garder de fon côté, invio-lablement ce pacte, & l'ordre qui en eft la fuite. Et tous les êtres raiibnna-bles ont fait en lui & par lai le même ferment, & contracté une obligation d'obéir toujours à la Loi divine, fans jamais s'en écarter. Dieu en créant, jure par lui-même , comme parle l'E­criture , Dieu a juré par lui- même, & la créature fait le même ferment, en lui & par lui; car la même Loi qui crée, lie ce qui eft créé. Voila pour-

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quoi ce ferment eft appelle pins bas ; inné & ejfentiel à toutes les créatures raifonnam.es, parce qu'il eft né avec elles , & qu'il eft de leur eflence. Comme elles ont juré en lui, elles ne gardent leur ferment qu'en fe tenant attachées à lui. Cela eft parfaitement beau , & l'on feroit un livre, fi on vouloit approfondir toutes les véri­tés, que ce principe renferme, & les grands dogmes théologiques qu'il pouroit éclaircir. Nous allons voir qu'il n'y a que Dieu qui foit fidèle dans fon ferment, & que les créatures font fujettes à le violer.

N'eft que l'effet de la Loi qui les a produits , & du ferment qui les main­tient & qui les affure. ] J'ai ajouté ces derniers mots, & du ferment, Grc. qui paroiffent très-néceflaires ; car il n'eft pas feulement queftion de la L o i , mais du ferment : la Loi crée, & le ferment affure. La fuite le prouve

Page 11. afTez. J e Jis 5 rg SufAiooçyiKeiï rôy.cv ^ epxetf KetretCtCetiev/HfVcu , &C.

Non feulement en tranfgrefant l'or­dre de la Loi divine, mais avflï en t>io~ lunt la foi du ferment divin, j J'ai fui-

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ET SUR XES CoM.M. D'HlfeROC. 2%f

vi ici la note marginale que j'ai trou­vée à l'exemplaire de M. l'Abbé Re-naudot, où il y a , où plnv rS fticv nofJLtv ràfyv , aXKu ^ TU Jt'uy «fit» w/ç-;v map&ttlvçrTa., cela eft plus fort que de faire fervir râfyr, aux deux, & au ferment & à la Loi.

Mais ce ferment auquel on a recours dans les affaires de la vie civile, eft Vombre, &• comme la copie de ce pre­mier.] Comme parle ferment divin, Dieu affure & conferye dans fes ou­vrages, l'ordre que fa Loi éternelle & immuable à fon égard y a établi , de même les hommes par le moyen du ferment humain , qui eft né du pre­mier, & qui en eft la véritable image, aflurent & confervent l'ordre entre eux dans les affaires civiles. De ma­nière .que fi le ferment divin eft k gardien de l'éternité, le ferment hu­main eft le dépofitaire de la vérité , & le garant de tous les defleins, & de

. toutes les entreprjfes des hommes, & le moyen qui les unit & les aflbcie avec la vérité & la fiabilité de Dieu. Il n'y a rien de plus grand & de plus profond que cette idée.

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a8 6 REM. SUR LES VERS D E P Y T . r

Et il mené droit à la vérité ceux qui s'en fervent comme il faut. ] La défini­tion qu'Hiéroclès fait ici du ferment humain, eft admirable. Ce Païen étoit bien éloigné d'approuver ou de tolé­rer dans le ferment les équivoques & les reftriétions mentales, que Cicéron appelle perjurio laubras, puifqu'elles ruinent la nature du ferment, & que par leur moyen le ferment, au-lieu de rendre clairs & certains les defTeins de celui qui jure, & de mener à la vérité, rend au contraire ces defleins plus obfcurs & plus cachés, & fur-prend la bonne foi par le menfonge, à qui il donne tous les dehors de la vérité.

Page ti. Le premier qui précède par fon ejfence eft refpeBahle comme le Gardien de l'é­ternité. ] Parce qu'il conlèrve toutes chofes dans l'état où elles ont été créées par la Loi ; & que fi les êtres demeurent comme ils ont été difpofés & arrangés par la Loi , c'eft le prin­cipal ouvrage, & le premier effet du ferment divin. Comme les Pythago­riciens croyoient cet état éternel, ils regardoient avec raifon ce ferment comme le gardien de l'éternité-, en ce

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 287

qu'il conduit toute la nature à l'éter­nité qui fuivra le temps.

Et qui enrichit de mœurs très-excel­lentes ceux qui ont appris à le refpebler. ] On dira contre Hiéroclès, que les bonnes mœurs précèdent l'obfervation du ferment humain ; mais il ne faut pas prendre le change. Hiéroclès a raifon ; car il regarde l'obfervation du ferment humain comme la fuite & l'effet de l'obfervation du ferment di­vin. Il faut être fidèle à Dieu avant tjue d'être fidèle aux hommes ; & l'ob­fervation du dernier ferment vient de celle du premier : ainfi il n'eft pas poffible que le ferment foit refpe&é comme il faut, fans que les mœurs foient innocentes & fàintes. Que doit-on donc juger des mœurs de ceux qui ont méprifé le ferment, qui en ont fait un appât pour tromper & fur-prendre, & qui ont ofé dire, Quid ejl jusjurandum ? emplaftrum xris alicni : Qu'eft-ce que le ferment ? Une em­plâtre pour guérir les dettes.

Et cette obfervation efi la vertu qui ajjocie 6* qui unit. ] J'ai fuivi ici le manufcrit de Florence qui met un point

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a88 REM. SUR LES VEBS DE PVTV v après àiretfonrifiç-cç, & qui continue T»'gwiç <T« hiyvrttt » wpcç TO fxcrifxcy , &C ffwaç/xc^uira J'ùvct/Mf. Cela eft très-bien dit, que l'obfervation du ferment eft là vertu qui unit* Grc. c'eft-à-dire , que l'obfervation exacte du ferment fait de l'homme fidèle la véritable image de Dieu ; car Dieu obferve volon­tairement le ferment divin. L'homme qui obferve le ferment humain, imite cette fiabilité de Dieu & fa vérité.

Ceux qui le refpeBent par une nicef-fité toute franche. ] Car c'eft une né-cëfllté qui ne détruit pas la liberté, au-contraire, elle la confirme. Je dois refpeérer le ferment j mais c'eft par une volonté qui eft toujours libre.

rt't 15. Lorfque par les vertus purgatives nous guérijfom. ] J'ai fuivi le manufcrit de Florence , qui au-lieu de w*p*C«e-»r ia/j.(vn, l i t vctfàCaurw 'loùfjuveiç.

jp*ge if. Au-lieu que la rareté du ferment en produit d'ordinaire l'obfervation. ] C'eft ce qui a fait dire par faint Auguftin, que plus l'homme s'éloignera du ferment, plus il fera éloigné du parjure ••• Nam tantblongiùs àperjurio, quanta longé à jurando.

Vefprît

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ETSTJR LES CÔMM. D'HlÉROC. 2%p

L'efprit efl conduit & régi.] Il y a **&• lf* une faute dans le texte ; car que veut dire rxv {AV yuf o irçureç ofjôifu , ;fcprç-èç âv ? Hanc enim ( mentent ) primUs regel, probus exijiens : au-lieu de «?»TO{ , •premier, il faut lire, rprwoç, mœurs. Les mœurs honnêtes redrejjent l'efprit, &• L'habitude de ne point jurer refrène la langue & la tient en bride. La certi­tude de cette correction n'a pas befoin de preuve. Elle eft confirmée par les manufcrits. Celui de Florence lit fort bien, é rpoV«? xpoTwVu , Us mceurs honnêtes retiendront l'efprit, s'en ren­dront maîtrejfes.

En ne t'en fervant point en toutes rencontres, afin que tu t'accoutumes à jurer véritablement, firc] C'eft dans la même vue que l'Auteur de l'Ecclé-fiaftique dit, Jurationi non affuefcat os tuum, & nominatio Dà nonfit ajjidux in ore tuo. Sicut enimfervus excruciatus toto die, à livorenon minuitur,fic omnis jurons & nominans nomen Domini, à peccato non purgabitur. Que ta bouche ne s'accoutume point au ferment, & que le nom de Dieu ne foit pas continuelle­ment dans ta bouche $ car comme un ef-

Tornc IL N

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apo-ilEM. sus LES VERSX>EPYT\

clave qui efl battu de verges pendant tout un jour, ne peut être fans meurtrif fures; de munie celui qui jure à tout pro­pos , ne peut être fans péché.

rage 17. Puijqu'ils tiennent donc la féconde place , il faut leur rendre les féconds honneurs. ] Dieu a voulu que les Anges fuflent fes miniftres, il s'en fert au gou­vernement de l'univers ; il leur a com­mis la garde des hommes, & leur la donné la proteétion des villes, des provinces ,!des royaumes. Ce font eux qui préfentent à Dieu nos,prières, nos larmes. Il efl donc permis de les ho­norer , & de les prier. Les Païens prefque toujours fuperflirieux, avaient outré ce culte; c'eft pourquoi fàint Paul, en écrivant3cxColaflîensr-leur dit, chap. 2 , f. 18. Que nulne: vous raviffe le prix de votre eourfe, en affec­tant de paroître liumbk par un culte fu-•perfiitieux des Anges.- C'eft ce culte outré «jue les Anges rejettent, comme nous le voyons dans les livres feints; car ils fe fouviennent, qu'ils* tiennent lieu de firviteurs & .de<minifires,-étant envoyés pour exercer leur minifiere en faveur de ceux, qui doivent itre Us hm»

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ET SUR LES COMM. D'HlÉROC. 2.QI

tiers du falut. Hiéroclès tâche ici de régler ce culte, en ordonnant de le proportionner à la dignité & à l'ef-fence de ceux à qui on le rend ; & de le rapporter toujours à Dieu. Et cela eft très-furprenant dans un Païen.

C'eft la connoijjance de leur ejfence & Pase

de leur ordre , &* le difcernement précis & jufle de leurs emplois. ] C'eft fur quoi les Pères Grecs & Latins , & tous les Théologiens ne font pas d'ac­cord. L'opinion qui paroît la plus vraifemblable , c'eft que l'efTence des Anges eft la même , & que leurs em­plois & leur dignité font différents; & que par cenféquent on doit pro­portionner le -culte & FJionneur qu'an -leur rend à la gbire-qu'ils ont reçue-; -mais toutes ces queftians de l'efience, de l'ordre & des emplois des Anges» font admirablement traitées dans les

•trôis^livres du P. Petau, de Angtlis. De Uurs- emplois. ] Les emplois des

tAnges font d'être les ferviteurs & les Miniftres de Dieu , & d'aller par-tout exécuter fes ordres , de porter à Dieu les iprieres des hommes, & aux hom-

,-mes les feoours de Dieu ; de veiller N i j

18.

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2p2 R è M . SUR LES VERS DE P V T .

à la garde des particuliers, des famil­les , des villes, des Provinces, des Royaumes.

Et nous n'honorerons aucune nature inférieure à la nature humaine. ] Grand principe qui ruine une infinité de reli­gions , où l'on rendoit un culte aux cieux, aux aftres, à des animaux, à des plantes, &c. Rien ne mérite le culte des hommes que ce qui eft plus noble & plus élevé que l'homme.

P»Êei>» Qu* expriment £f représentent fidè­lement en eux les biens, Grc. ] Le mot de l'original eft remarquable, ér««crj£«-fjiwot, car le Fils de Dieu eft la vérita­ble image du Père. G'eft pourquoi Jamblique dit w«tç«/ti,r^i« <fè îefftmti Ta «fTewarapoî , ctvrcyacv , ij fJLcvcaeiru--poç ieS", T« 01 TUH à. yftjov. Et il eft l'exem-plaire du Dieu, qui n'a d'autre père que

: lui-même, duDieufeul bon. Et plus bas, ttve CM TH fret rovrtv e «wraep irç jtof» iatner « «Xa/u->j-f > J'to KJ eu,T07r*T#f iL aÙTcLfXiie De ce Dieu, qui eft unique, s'eft produit le Dieu qui eft j'on principe à lui-même; c eft pourquoi il eftfonperç, £r n'a de principe que lui. Où il fem-ble que les Païens ayent reconnu deux

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JET SUR LES CoMM. D 'HIÉROC. 295

Eerfonnes le Père & le Fils en un feut Heu. Auffi voit-on dans Julius Fir-

micus, ces mots très-remarquables t i­rés de la Théologie des Egyptiens* Tu tibi Pater £r Filius. Seigneur vous êtes votre Père, Gr vous êtes votre Fib.

Mais y perféverent toujours ,& delà-même manière, ] J'ai ajouté ces mots au texte , parce qu'ils font à la marge de l'exemplaire conféré fur les manus­crits , & dans le manufcrit de Florence,

De laféticité dont ilsjouiffem en lui. ] pa8e i0i

Ou par lui ; félon le manufcrit de Flo­rence, qui au-lieu de TIT <srg»ç aùrov, lit 7ti w«p aura.

Et par la pleine connoiffance qu'ils ont d'eux-mêmes, ils féparent &* réu-nijfent Vintimité immuable, Grc. ] Je ne crois pas qu'il y ait dans tous les livres des anciens Philofophès, un paflage plus difficile que celui-ci. J'ai été fort long-temps fans l'entendre; & ce qui eft encore plus rare, bien convaincu que je ne l'entendois point. J'ai cher­ché inutilement du fecours dans les interprêtes. Ils expliquent au long ce qu'on entend, & ne difent jamais, ou

Ni i j

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3JJ4 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

que très* rarement, un mot fur ce qui eft obfcur & difficile. Pour moi qui me fuis fait une loi d'attaquer les plus grandes difficultés, & de les réfoudre » ou d'avouer qu'elles font au-deflus de ma petite capacité, & de ma foible intelligence, j'ai médité long-temps fur celle-ci, & à plufieurs reprifès, toujours fans beaucoup de fruit. Enfin dans un moment plus heureux, il m'a fëmblé qu'un rayon de lumière a dif-fipé ces ténèbres. Hiéroclès pour faire voir la dàfFérence qu'il y a entre les premiers êtres, enfants du Dieu fuprê-m e , & qui font appelles Dieux im­mortels, & les êtres moyens, qui font les Héros pleins de bonté & de lu­mière, c'en-à-dire, les Anges, fe fert d'une comparaifon empruntée des cé­rémonies des- initiations aux myftè~ res. Il y avoit deux fortes d'initiés r

les premiers & les plus avancés étoient ceux qu'on appelloit MTCWIC* , c'eft- à-dire, ceux qui étoient admis à l'inf-peétion des chofes les plus fècretes de la Religion ; & ks autres étoient ceux qu'on appelloit Amplement JUVç-«K , c'eft-à-dire, ceux qui n'étoient qu'ad-

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ETTSUR LESCOMM. D'HIÉROC. 2$f

mis à la profeffion, & qui ne comroen-çoient, s'il faut ainfi dire, leurs con-noififances, qu'où finififoit la plénitude de la connoiffance des premiers. Hié-roclès compare donc avec beaucoup d'efprit & de raifon aux premiers , à ces intimes , les premiers êtres, le* Dieux immortels, ou les fils de Dieu, parce qu'ils font unis à lui intimement, & toujours participants de fa lumière, & que rien ne leur eft caché. Et les êtres moyens, les Héros, c'eft-à-dire les Anges, il les compare aux {impies initiés quL viennent immédiatement après les autres, & qui font toujours attachés à leur profeffion ; mais avec des efforts & des progrès, tantôt plus grands, tantôt moins grands, & qui ne commencent à connoître qu'où finit la plénitude de la connoiflance des premiers. Comme ce* fimples initiés font moyens entre les parfaits & les autres hommes ; de même les Anges font moyens entre les premiers êtres, les Dieux immortels , & les derniers, c'eft-à-dire, les a mes des hommes. Et Hiéroclès dit fort bien que ces êtres moyens féparent & réunifient l'inti-

Niv

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396 R E M . SUR LES VERS DE P Y T .

mité que les premiers ont avec Dieu : ils la féparent, parce qu'ils font entre les premiers êtres & les derniers, qui, font les hommes ; & ils la réunifient , parce qu'ils fervent comme de canal à la lumière divine qui vient par eux les éclairer, quoique foiblement , & avec la modification convenable & néceflaire. Cela me paroît très-beau , & explique admirablement la nature & le miniftere des Anges.

Uépïthete quïjignifie excellents, mar­quant par fa racine , qu'ils font pleins de bonté & de lumière. ] C'eft pourquoi Héfychius marque iyauot, vp&QfotTç , }jt(jt.7Tçcl, quTtnoi : Ce mot iyavol,(igni- -, fie bons, éclatants, lumineux. La bonté éloigne le vice, & la lumière exclut' l'oubli ; & ces deux qualités convien­nent parfaitement aux Anges.

Et le terme de Héros venant d'un mot quijîgnifie amour. ] rfçws, Héros, pour ifortf, amours. Platon en donne la même étymologie dans fon Cratyle ; mais elle n'eft pas bien fûre, non plus que toutes les autres qu'en ont don­nées les Grecs, qui fe contentoienc fouvent d'une légère reflemblance,.

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ET SUR LES COMM. D'HIÊROC. 297

ou de la moindre allufion. Il y a plus d'apparence que le mot de Héros vient du Chaldaïque Ans qui flgnifle un homme vaillant & redoutable.

On les appelle aufii bons Démons , Page j©: comme inflruits & [avants dans les Loix divines.] Cette étymologie eft plus vrai-femblable que l'autre. fxi/jLovtç, c'i Jtclt

J"uKfxoytç rnîi ofrti, ow ifxmtiçoi , dit Hezych. Saint Auguftin dit la même chofe, & il ajoute qu'il n'y a que les Païens qui fe foient fervis de ce mot bons Démons, pour dire les Anges. Dans la Religion Chrétienne, ce mot Démon eft toujours pris en mauvaife part, pour le mauvais Ange, le malin efprit.

Et quelquefois on leur donne le nom S Anges. ] Ange ne veut dire autre chofe que celui qui annonce ; ainil c'eft un nom d'office, c'eft-à-dire qui mar­que l'emploi, & non pas l'eflence. Les. Anges ne laiffent pas d'être ordinai­rement appelles de ce nom, quoiqu'ils n'annoncent pas toujours; car c'eft là leur deftination, leur fonction.

Car ils font à l'égard du premier genre comme la fplendeur à V'égard du feu. ]

N v.

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£p8 R E M . SUR LES VERS DE P ï T .

Hiéroclès en voulant enfeigner aux hommes quelle eft la véritable eflence des Anges, afin qu'ils proportionnent leur culte à leur dignité, relevé trop ici cette nature, en difant qu'elle eu comme la fplendeur à l'égard du feu : car fi cela étoit, ils feraient auffi par­faits que leur caufe, & ils font bien éloignés de cette perfection. Mais peut- être que ce paffage doit être ex­pliqué plus favorablement, & qu'Hié-roclès a voulu dire que les Anges font tout brillants de la lumière qui rejail­lit de Dieu fur eux j qu'ils n'ont que par participation la lumière dont Dieu eft le principe & la fource. Et c'eft dans ce fens que faint Grégoire de Na-zianze a dit «VTOK iWeç-wav ?>a/ '»poT»Tfç eTnlrtpai , Jwmwçyu rtç <wg«T« **/a<arpé-rmcç. Ainfi ont été créées les fécondes ff tendeurs, miniftres de la première ; car il n'y a que Jéfus-Chrift qui (bit vé­ritablement la fplendeur de la gloire de Ion père j auffi les Anges n'ont-ils jamais été appelles dans l'Ecriture, Fils de Dieu. Au-refte il eft aifé de •voir qu'Hiéroclès fait ici les Anges corporels : H leur donne un corps dé-

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ET^UR LES COMM. D ' H I É R O C . 2^p

Mé & fuhtil, de manière que compa­ré? à Dieu, ce font de? corps, & comparés aux homme» ce font des efprits. C'étoit là l'opinion, la plus gé­néralement reçue de fon temps. La plupart des Pères & dès Théologiens ont fuivi le fenciment contraire, & ont enseigné que les Anges étoient incorporels> & de purs, efprits. Et c'efl le fentiment de l'école. , Je dis la. lumière claire &" pure, après Page j»a

laquelle on imagine aifément une lumière pleine d'ombres, &* mêlée de ténèbres. ] Cette idée eft belle» Les Anges comme plus éclairés de Dieu que les.hommes, font à l'égard de ces derniers, comme la lumière pure & nette auprès d'une lumière (ombre & mêlée d'obfcurité ; car le corps remplit l'ame de ténèbres.

Il eft inférieur aux êtres, qui y pen­sent toujours, m ce qu'il cejfe quelquefois d'y. penfir. ] Tout ce paCtâge eft fort embïouillé dans les, éditions. Lie ma-nuterit de Florence m'a tiré d'embar­ras , en fuppiéant quelques mots, qui manquent au texte. Voici le paflage entier coaome il y eft écrit, Xm jueV dû vevvrm caro'humà^nm Tif WSTI \M vtiï*.

N vj

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3oo REM. SUR LES VERS DE PYT.1

Tw J*l ixcyw àvetÇiCunui ru vert vci!v j£ TTOTI «arpeç rm J-tleu miç^fjuiv àvcauz-MÎirfeti, &c. Dans la traduction j'ai ajouté ces mots, Voilà fes ténèbres,' voilà fa lumière .pour faire mieux en­tendre la penfée d'Hiérodès.

Et qu'il efi quelquefois rappelle à la fcience divine , lorfqii'il fe joint aux chœurs céleftes.'] Car il faut que l'hom­me foit uni aux chœurs céleftes, c'eft-à-dire, qu'il foit fanétifié , pour être véritablement rappelle à la fcience di- ' vine.

Alors celui qui a été honoré de cette grâce divine, devient digne de nos hom­mages &• de nos refpeàs. ] Hiéroclès enfeigne ici bien clairement que ce qui fait les Saints, c'eft cela même qui les rend dignes de nos hommages. Grande vérité.

Page 33. Comme ayant relevé & orné en lui ïégalitè de notre nature par la partici-patioyi à ce qu'il y a de meilleur. ] Car les Saints étoient hommes comme nous ; mais ils ont relevé & orné cette égalité de nature par la grâce dont Dieu les a faits participants. Au-refte, te manufcrit de Florence corrige fore '

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ET SUR LES COMM. o'HlÉROC. ^Ol

bien ce paflage, en lifant, «« T« TJTç

Qviriut; i»-ov Tit T8 KûI/TICCOç (JLtTcvtrict

*eo-/A»Vaç. L'égalité de notre. nature, c'eft-à-dire, ce que la nature lui avoit donné de commun avec nous.

Soit qu'il pojj'ede cette rejfetnblance dé toute éternité, ] De toute éternité vé­ritablement, & à la lettre comme le Fils de Dieu; ou de toute éternité, c'eft-à-dire , avant le temps comme les Anges , qui ayant été créés de' Dieu avant le temps ou avec le temps, font regardés comme éternels.

Les appelle Démons. ] Après qu'elles ont dépouillé ce corps mortel & cor­ruptible ; car c'eft alors feulement qu'elles font pleines de fcience & de lumière, comme il va le montrer dans la fuite.

Il ajoute cette épithete terreftres , pour faire entendre qu'ih peuvent con-verfer avec les hommes.]! e crois qu'Hié-roclès fe trompe ici. Il auroit expli­qué ce Vers de Pythagore plus fimple-ment, s'il avoit dit que par ce mot, KuTetxJovUvç J'al/jLovai;, il entend les dé­funts , ceux qui font morts après avoir mené une vie pure & fage. Il les ap-

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5 02 R E M . S U R L E S V E R S D E P Y T . -

pelle fa.lfj.ovo4 , Démons, à caufe de la lumière dont ils font éclairés, & pour les diflinguer des Démons qui font tels par leur nature, c'eft-à-dire des Anges, il ajoute Kcn*%yoi/i*u( ,fub~ terraneos , qui font fous la terre, c'eft-à-dire qui font defcendus dans le tom­beau ; car c'eft ce que fignifie propre-> ment le mot tuvra,%jlvi!ç. je ne me fou-viens pas de l'avoir jamais lu pour dire celui qui vit fur la terre, les Grecs ont toujours dit en ce fens-là, tvny&o-viùi ; Homère , a.vJçwroww \irt^<,wi-civ, au-lieu qu'ils ont toujours employé x*T*xyltu( pour dire , celui qui eft, fous la terre , qui ne vit plus. Appa­remment Hiéroclès n'a ofé l'expliquer ainfi, de peur de choquer le dogme de Pythagore qui enfeignoit que les âmes des défunts n'alloient pas fous la terre, mais dans l'iEtber » ou. au, Soleil, & leur corps délié dans la Lune. Mais cette crainte étodt mal fondée ; l'opinion de Pythagore ne l'empêchoit pas de fe fervir d?un mot reçu parl'ufage, pour dire amplement les mons. Virgile n'a pas en cette

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Ï T SUR LES COMM. D'HIÉROC. JOJ

erainte, quand il a mis ce Vers dans la bouche de J-unon,

Et nunc magna meifub terras ibit imago.

Quoiqu'elle parle dans le fentiment de Pythagore. J'oie dire que c'eft le véri­table fens du Vers Grec. Du-refte, tout ce qu'Hiéroclès dit ici eft admi­rable.

Qu'ils peuvent converfer avec les hom- Pa6e 34i mes , animer des corps mortels , Gr ha­biter fur la terre. ) Si Hiéroclès a vou­lu dire ici que les âmes des défunts peuvent revenir animer des corps, comme de favants hommes l'ont pré­tendu, il s'éloigne certainement du dogme de fon auteur, qui dit formel­lement dans les deux derniers Vers, Et quand après avoir dépouillé ton corps mortel, tu arriveras dans Pater pur, tu feras un Dieu immortel, incorruptible ; Cr que la mort ne dominera plus. Hié­roclès a donc parlé ici de la nature des âmes des hommes, qui peuvent venir ici-bas animer des corps mortels. Qui peuvent, c^ft-a-dire, qui font d'une nature à pouvoir ; & comme il s'expli-

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304- REM. SUR LES VERS DE P Y T .

3ue lui-même è la fin, qui font fujettes de/cendre &* à venir, habiter la terre. Eft devenu Démon par l'habitude,

Gr par la liaifon. ] Par l'habitude, c'eft-à-dire, par la pratique confiante des vertus, & par la liaifon, c'eft-à-dire, par fon union avec les êtres fupérieurs, & par eux avec Dieu d'où il tire toute fa lumière j car voila ce qui fait les Saints.

Et fçavant dans les chofes de Dieu. ] J'ai fuivi ici le manufcrit de Floren­ce , qui après ces mots «- éo-M £iyarof*.tv» faifjLwi, que je viens d'expliquer, ajou­te , è) J^eùfÀOti tS fau £) Î7riç-»fJietl, ce qui eft très-beau.

tige 3y. Qui ont trouvé place dans les ordres divins. ] Hiéroclès veut qu'on ne ren­de ce culte aux Saints qu'après leur mort ; car ce n'eft qu'après leur mort qu'ils font récents dans les ordres di-vins.

En un mot tous les êtres inférieurs à la nature humaine ne doivent nullement itre honorés. ] L'Homme même ne doit être honoré de ce culte, dont il eft ici queftion, qu'après que par fa vertu il s'eft élevé au-deffus de l'homme.

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ET SUR LES COMM. D'HIÉKOC. 307

Et qui fentent leur dignité &• leur no-blejfe. ] Car après les Anges, l'homme eft là plus noble de toutes les créatu­res.

Et s'il n'eft compris dans le chœur di- Pa8e *'•' vin. j Ce qui fe failbit alors par les cé­rémonies publiques des villes, ou par le fufrrage des peuples.

Ne laiffent pas de mériter nos refpeBs P»se 57* par la dignité de la liaifon que nous avons avec eux. ] Il y avoit une faute confidérable dans le texte , T» «£'f T«{ ;tp*s-«««, par la dignité de l'ufage dont ils font. Cela ne peut être fouffert. Hiéroclès n'a jamais pu dire que nos pères & nos parents ne méritent nos refpe&s qu'à caufe de l'ufage & de l'u­tilité que nous en retirons, & du be-foin que nous en avons. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, fournit à la marge la véritable leçon , *%wwç, liaifon , au-lieu de %pwtoi<, ufage. Le manufcrit de Florence la confirme, & & la fuite même la prouve & la fup-pofe néceflairement ; car on lit quel­ques lignes plus bas «T« «WTW TW IH

*%i(rtws «twtfW, à caufe de la mêmené-tejjîté de liaifon.

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30<5 REM. SUR LES VERS DE P y r .

Car ce que font à notre égard les êtres . fupérieurs dont les céUJies nous tiennent liai de pères, &c. ] Voici une belle idée des Pythagoriciens : Nos pères font à notre égard l'image de Dieu ; & nos parents font l'image des An­ges & des autres efprits bienheureux , & comme on doit honorer les Anges après Dieu, de même nous devons honorer nos parents après nos pères.

Page i?. Mais de cette manière notre empref-fementpour la vertu dégénérera en em-prejjèment pour le vice. ] Il y a Ample­ment dan$ le texte, cth-ecç «v mftTçefatî» irfk **x'i<t* ovrovf». Mais de cette ma­nière notre emprejfement dégénérera en vice. L'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits fupplée à la marge cv-mt £v •7riftTpa.<mttn » rq>v aarrw cunutelç TTçOç Kct-

Htm a-jtwSwi\ & c'eft ainfi qu'on lit dans le manufcrit de Florence.

rage s?. •. Qu'Us reJJ'emùlent. ] Car s'ils ne leur reflemblent pas par la vertu , ils leur reffemblent au*moins par le rang qu'ils occupent à notre égard;, & par laliai-fon que nous avons avec eux.

Page 40. Car deux bonnes actions nous étant propofées, Vune bonne & Vautre mid-

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 507

leure, il faut nécejfairement préférer la meilleure. ] Voici une décifion bien remarquable dans un Païen : De deux aftions qui font ordonnées , l'une bonne & l'autre meilleure, fi on ne peut les accorder & les accomplir toutes deux, il n'eft pas permis d'a­bandonner la meilleure pour pratiquer la bonne ; car cela eft contraire à la piété & à la Loi de Dieu, qui nous ordonne de tendre à la perfection. Dans ces rencontres, ce qui eft bon ceffe d'ê­tre bon , quand le meilleur fe préfente. . De nous deshériter. ] Au-lieu de T*&**'

filou ixKergmrir, qui eft dans le texte, & qui ne fignifie rien, ou du moins , qu'on ne peut expliquer qu'avec pei­ne , le manufcrit de Florence lit » x*»p«i atàcTgiôSrtv, qui eft fort naturel & fort intelligible.

Mais penfer d'abord fur quoi elles tomberont. ] Voici une belle explica­tion du précepte qui nous eft donné dans l'Evangile, de ne point craindre ceux qui ne peuvent tuer que le corps, & de ne craindre que celui qui peut tuer le corps & l'ame.

C'efi de n'épargner pour kurfervice Fa8e 4i*

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308 REM. SUR LES VEKS DE P ï T .

ni nos corps ni nos biens. J Le texte de ce paflfage n'eft pas fain dans les éditions ; mais il l'eu dans le manuf-crit de FJorence qui lit /*»'« aa/julruv Qîifofxwcvç i/ietf , jjLtnt %ç*fx.arruv , aXK ÎKCVTXç afJTOii inrvTvtà.'Xfku tïç 'va.rret t* rotuurtt.

Au contraire, plus cefervicefera vil, £y d'efclave, plus nous devons nous y plaire &* nous en tenir honorés. ] Le manufcrit de Florence lit fort bien tout ce paflage , wpMr« y»f fiirt T»V «PI aùrcvfyieus Jtpamlcur Imiïofxiniv Traçai' Tllo-Qal, hwtrX*ft'WW <?e /xaXKcir cany, ortf «te ftcthXw nrmwts yttttrett K, J^ov^ca-çt->»if(. Keu fjJnt oUffîatç fa.'SreuofÂ.mç <pti<Pu-

*.cù( ytvêrQcu. Au-refte le même Hiéro-clès dans fbn traité, comment on en doit ufer avec/on père &fa mère , ex­plique en quoi confine ce fèrvice bas & fervile, que l'on doit rendre à fon père & à fa mère , & il en donne ces exemples, comme de leur laver les pieds, défaire leur Ut, de fe tenir près d'eux pour lesfervir, &c. $ we/«ç \rrtm-\a.i, £j »x!m ç-optM , ^ <ZB-<*P«ç-W<SM ficotovou-

{XÎVOVÇ.

C'eji accomplir la Loi de la vertu $

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ET SUS LES CoittM. D ' H I É R O C . $Op

& payer les droits à la nature.] Dans :1a Loi de la vertu efl corapriie celle de la piété. Hiéroclès explique ici admirablement le précepte de Pytha-<gore. Platon n'avoit pas oublié un précepte fi xiéceffaire, & fi indifpen-fable : voici ce qu'il en dit dans l'on-giéme livre des Loix. La crainte de Dieu ejl le fondement de ce qu'on doit à fes parents. Que fi les Dieux prennent plaifir aux refpeiïs que l'on rend à leurs images, qui ne font que des repréfenta-îions mortes de la divinité, à plus forte raifonfe rjjouiffent-ils des honneurs qu'on rend à fon père £y à fa mère, qui font les images vivantes de Dieu. Plus ils font vieux, plus ces images vivantes de la divinité, qui font dans la maifon , comme des tréfors très précieux, ont de force & 'd'efficace pour faire défendre toutes fortes de bénédictions fur les en-

Jantsqui leur rendent le culte qui leur efl dû; & pour faire tomber fur leur tête

. les plus affreufes malédidtions, quand ils

.le leur refufent. Comme Pythagore & Platon avoient été en Egypte, il y a bien de l'apparence qu'ils avoient eu çonnoijTance de la. Loi que Pieu a voit

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3 i o REM. SUR LES VERS DE P Y T .

Deutêron. v. donnée à fon peuple : Honore ton père is. & xxvn. gj, ta mere ^ ajin yUe m vlves long.ttmps :

Et maudit foit quiconque rthonore fon père &" fa mere.

"Page 4j. Selon que la nature nous les a plus ou moins unis. ] Après ces paroles, le manufcrit. de Florence ajoute, /«Ks» ft OT* Kj (TTI TOVTùif T»Ç etÇtTÏ( OLà W7TOT*

(jt,mvrtK. Il ejl évident que fur toutes ces chofes-lâ même, la vertu demeure libre & indépendante. Mais je croirois que ce feroit une glofe, qui auroit enfin paffé dans le texte ; car il ne s'agit pas ici de l'indépendance de la vertu. •

Parmi ceux qui ne font pas de notre famille;] Car pour ceux de notre fa­mille , la nature feule fuffit pour nous les faire refpeâer & aimer.

Pase 4?. Qar comme là on nous a dit que nous ne devions honorer &* vénérer que ceux qui font remplis defeience £r de lumière. ]

Tout ce raifonnement d'Hiéroclès me paroît parfaitement beau , & une démonilration très-forte. Comme par­mi ceux qui font morts , nous ne de­vons honorer que ceux qui fe font diftingués par leur vertu, & que la grâce -divinea élevés à ia gloire; de

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 311

même parmi les vivants, après nos proches, nous ne devons aimer & ref-pe&er que les gens de bien. Il y a un fi grand rapport, & une analogie fi parfaite à notre égard entre les êtres intérieurs, que ce que nous devons aux premiers eft la mefure & la règle de ce que nous devons aux derniers. Nos pères font l'image de Dieu ; nos parents repréfentent les Anges, &nos amis font l'image des Saints. Nous ne fàurions donc nous méprendre fur ces devoirs de la vie civile, puifqu'ils font des fuites & des dépendances des devoirs de la Religion. C'eft la vie célefte qui doit régler la vie terreftre.

Cède toujours à ces deux avertiffè-' p ^, ments.~\ Ce Vers de Pythagore pour­ront aufli être expliqué de cette ma­nière : Cède à ton ami en lui parlant avec 'douceur, &* en lui rendant toute fine de bons fervices. Mais l'explica­tion qu'en 'donne Hiéroclès, éfi: plus profonde ; '& on ne peut pas douter que ce ne fût là le fens que lui don­naient tous'les Pythagoriciens.

Car c'eft haïr-pour une légère faute. "\ Pa6c47«: Ainfi 'donc Pythagore appelle faute

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512 REM. SUR LES VERS DE P Y ! ^

légère, tout ce que ixotre ami, notre • prochain , fait contre nous, & qui ne touche point i'ame, mais qui regarde feulement le bien , la gloire, & tous i „ les autres intérêts toujours vils & méprifables. Voila une régie bien par-» faite pour un Païen & pour un fiécie comme celui-là , où les plus inftruits ne connoiflbient d'autre Loi que d'ai­mer celui qui aime, de haïr celui qui hait, de donner à celui qui donne, & de refufer à celui qui ne donne point j car c'eft-là le précepte qu'Héfiode en-feigne quelque fiécie avant Pythagore.

fage^. Ceji de ri entrer avec lui en au­cun démêlé. ] J'ai fuivi ici le ma-nufcrit de Florence , qui eft plus fain que le texe imprimé; on y lit T » /xirrt frtfi fyHfJHtTur , /j.m-1 wepj /«Ç«ç €tvru f ia.<fepevfcti, àj T » /J.» (<$ ÔQGU rïïç

Koivmlctç, ainov »7rsç-ifi7r, /xtiJ^t QIXOTI-

/Aictv taurS ireuïrj-cu rnv tiuivcu cToç-v-%lxv. Cela eft clair & net.

Page jo. Car chacun de nous eft convaincu tous les jours par fon expérience,.que la né-cejfité lui fait trouver plus de forces qu'il n'avoit cru en avoir. ] Pour bannir la foiblefle & la parefle qu'une volonté

corrompue

3

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. } I $

corrompue nous infpire fur nos devoirs les plus effentiels, il n'y a rien de plus utile que cet avertiflement,

| ï La puijj'ance habite près delà nécejjîté. Rendons-le feulement fenfible par un exemple qui le mette dans tout fon jour. Il arrive tous les jours que nous Tefufbns de faire pour notre amende­ment certaines chofes, alléguant pour excufe, que nous ne le pouvons $-qu'il arrive le. lendemain une néceflïte in-difpenfable de faire des chofes encore plus difficiles, nous en venons à bout: ce n'eft donc pas la puifiance qui nous a manqué, mais la volonté. Sans écou­ter donc cette volonté foible ou cor­rompue, allons chercher la force dans le voifinage de la néceffité, c'eft-à-dire, faifons ce que nous ferions dans Ja néceffité la plus preffanre. Un gout­teux dans fon lit, eft perfuadé qu'il ne peut marcher ; que le feu prenne à fa chambre , il fe lèvera, & il marchera. Pour recouvrer toutes nos forces, il faut les chercher où elles font, c'eft-à-dire près de la néceflîté. Cela eft parfaitement beau 6e fort neuf.

Tome IL O

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j 14 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

rage 51. Cette nécejjité libre ùr indépendante qui ejî contenue dans les bornes de la Jciencc. ] Il dit qu'elle eft renfermée dans les bornes de la feience , parce qu'o# peut apprendre toute fon éten­due , & s'inftruire de tout ce qu'elle exige de nous.

Tu trouveras la mejîire de la fuiflan-ce qui eft en roi.] L'exemplaire conféré fur le manuferit a lu trâgw, aulieude pcrgy., & cela eft confirmé par le manuferit de Florence.

pageji. Car la fin des vertus, àeft Vamitiéj & leur principe, c'eft la piété. ] Voici une décifion tirée de la plus iublime Fhilofopbie. L'amitié eft la fin des vertus, parce que les vertus ne ten­dent qu'a nous élever, & à nous unir aux êtres qui peuvent nous rendre heureux; & la piété eft Ton principe> non feulement parce que Dieu eft l'au­teur de l'amitié, comme dit Platon , & comme nous le ifavons encore plus certainement de l'Ecriture fainte ; mais encore, parce que de défirer cette union dans laquelle confifte notre fé­licité, c'eft un des effets de la piété. Ainfi la piété eft la femence des vertus,

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ET SUR LES CbMM. D'HIÉROC. 315

& les vertus portent ce fruit très-par­fait , & très-défirable , qui eft l'amitié.

Et Ji nous aimons les méchants , Gr pour l'amour de la nature feule. ] Le vice ne détruit point les liaifons de la nature : un homme a beau être mé­chant, ia nature ne foufrre pas qu'il foit abfolunaent étranger à un autre homme. Il faut donc remplir tout ce que demande cette liaifon ; & parcon-féquent, il faut aimer ce méchant, & lui faire du bien, à caufe de la nature qui Ta lié à nous. Voila un grand principe ; mais d'où Pythagore l'avoit-il tiré .dans un fiécle de ténèbres, dans un fiécle où le peuple même le plus inf-truit, après avoir reçu de Dieu ce pré­cepte , Tu aimeras ton prochain comme toi-même, l'avoit comme anéanti par les bornes trè«-érroites qu'il donnoit à ce mot de prochain que Dieu airoit étendu fur tous les hommes ? Il l'avoit tiré du fein de la divinité même. Dieu étant connu, la liaifon que nous avons avec les hommes ne peut être incon­nue , ni les devoirs qu'exige cette liaifon, ignorés.

Car comme il aimeThomme, il ne Page JJ. Oij

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316 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

hait pas même le méchant.] Voici la rai-fon du mot qu3il vient de rapporter, le fage ne hait perfonne, &*«. & j'ai fuivi ici la leçon que préfente le manufcrit de Florence, qui me paroît meilleure que celle du texte imprimé: on lit dans ce manufcrit à; /MV ydp rlv é»f^umev qthSiv , oùfi TOC Kctx.ïv ixîfèr TIJITCU , àç /« T«V ttftrri KiKOfffjbtifjbivc* fynâv Tfc( zaruviar , TCV vyitfov in 7tà.rrm ix,Xiytrat.

Et dans les mefures & les règles de fin amitié, il imite Dieu.] Voila la véritable règle. De la connoiflance de Dieu fe tire la connoiflance de tous nos devoirs ; & de fon imitation leur accompliflement. Dieu ne hait aucun homme ; car comme Platon l'a démon­tré , la haine des hommes eft incom­patible avec la juftice. Dieu hait le mal, mais il ne hait pas les perfon-nes, il préfère feulement l'une à l'att­ire; & la vertu eft toujours la faifon de fon choix. Faifons de même, & il n'y a plus ni haine ni vengeance, Se nous aimerons tous les hommes avec fiibordination.

Et en ramenant à leur devoir les dé-ferteurs de la vertu, par les loix de fa

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ET SUR LES CoirtM. D'HlÉROC. 3 If

pjiice. ] Pythagofe avoit donc com­pris que les châtiments dont Dieu pu­nit les méchants, font des effets de fort amour; car Dieu châtie ceux qu'il ai­me. Mais cela n'eft vrai que des châ­timents de cette vie : les Pythagori­ciens pouflbient ce principe trop loin, car ils croyoientque les peines de l'au­tre vie n'étoient pas éternelles.

Car nous pratiquerons la tempérance êJ* la jujlice avec tous les hommes. J Voici une belle preuve de la néceffité d'aimer tous les hommes, c'eft que le caraflere de toutes les vertus eft d'êtr£ toujours ce qu'elles font, & d'étendre fur tous les hommes le bien qu'elles-produifent. Un homme jufte & tem­pérant , eft toujours tempérant & j ufte ;. & il ne dépend pas des injuftes & des intempérants de le faire changer. Il en eft de même de l'amitié : celui qui a cette vertu, n'aime pas feulement les gens de bien , il étend cette humanité fur les vicieux même ; car autrement cette vertu cefleroit d'être en lui. Cela mè paroît admirable. Quand David dit à Dieu , Cum ekBo eleSus eris, Gr

Oiij

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318 REM. SUR LES VERS DE P ï T .

eum petverfo pervertiris. Vous fere\ bon avec Us bons, & méchant avec les mé­chants : il veut faire entendre feule­ment que notre corruption empêche Dieu de nous donner les mêmes mar­ques de fa bonté, & l'oblige d'inter­rompre le cours de fes grâces, pour nous ramener à lui.

*»««»<• C'ejl pourquoi le nom d'humanité, c'eft-à-dire, d'amour du hommes , lui convient parfaitement.] J'avois corrigé ce paffage en lifânt, htvf*vn, au-Jieu de «r*frf<v« & je l'ai trouvé enfuite dans le manufcrit de Florence.

Fag« i«. pour commettre le péché de fuite, & comme par degrés. ] Rien, n'eft plus approfondi ni plus vrai que cette gra­dation. Nos paffions fe prêtent réci­proquement des armes , pour nous laire commettre le péché de fuite. La bonne chère produit la parefle (le fom-meil, ) & les deux enfemble , enfan­tent le luxe, qui tenant la partie iraf-cible de l'ame toujours prête à s'en­flammer , aiguife la colère, & brave les plus grands dangers pour aflbuvir fes convoitifes.

page ta. Et derlà nous apprenons à nous can-

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IT SUR LES COMM. D'HIÉROC. } I£

métré nous-mêmes.] Voila le chemin bien marqué pour arriver à la perfec­tion. De k tempérance vient le repos des paffions; du repos des pallions,la méditation, la connoiflance de nous-mêmes; de la méditation ,1a connoiffan­ce de nous-mêmes, le refpeft que nous BOUS devons ; & de ce refpect, la fuite des vices, & de tout ce qui efl honteux. Cela eft d'une vérité très-fenfible.

Qui eft la plus parfaite des vertus, page eu & qui régnant dans les unes comme dans les autrts, les renferme toutes. ] Il y a dans le texte imprimé £iàvauriïv «tperwV W«P«KTIR»« T«V ah>.m, &c. & dans le rhanufcrit de Florence on lit, wwS* . v

ttftrw «J fjLtTeur vrtfuxjiKK, &c. qui ren­fermé toutes Us vertus & toutes les me-fures. Mais M. Salvini Docteur à Flo­rence, homme très-fçavant, & qui a eu la bonté de m'envoyer toutes les différentes leçons d'un dés plus excel­lents manufcrits qui foient dans l'Eu­rope , préfère la leçon du texte impri^ me, & m'a communiqué fur cela une penfée qui me paroît très-belle &très-îngénieufe. Il prétend que JY» 7r«w»r, eft ici le terme diapafon, dont les mu-

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320 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

ilciens fe fervent pour exprimer le ton qui renferme les fept intervalles de la-voix , & que nous appelions oBave .* & il eft perfuadé qu Hiéroçlès com­pare ici à cette odtave, la juftice ; par­ce que la juftice eft la plus parfaite des vertus, & qu'elle les renferme toutes, comme l'odtave eft la première & la plus parfaite des confonnances, & & renferme tous les fons. Toutes les vertus fë trouvent dans la juftice, comme tous les fons dans Poétave; c'eft pourquoi Theognis a dit,

H' /f a[iKttneini tvikr&Sln xif ùptr» 'fit,

La juftice eft en général toute vertu : Dans cette vue il aurait fallu traduire, qui eft la plus parfaite des vertus., £ / &qui, comme /'o&avé de la mujîque renferme tous les fons, renferme de mê­me toutes les autres vertus.

Et au milieu font le courage & la tempérance.] Le même M. Salvini re­tient ici la leçon du texte, / /* /«Vw, qu'il préfère à celle du manufcrit de Florence iv /*«•« ; il change feulement une lettre, & lit <fià fxîem ; perfuadé qu'Hiéroclès perfifte dans la même

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ET SUR LES CJOMM. D'HIÈROC. $2\ .

méthaphore, empruntée de la mufi-que, & que comme il a appelle la juftice iTjaVao-c», il appelle ici le cou­rage& la tempérance, JW/xww, pour dire que dans le concert des vertus, le courage & la tempérance tiennent le milieu.

Et qui cherche toujours le bien de cha- P»se <«• cun dans toutes les aBions. Le manuf-crit de Florence lit ici iè, T« «xafç-cu vçce-Qifcv h raïç 7Tfet%talv ; ce qui eft préférable à la leçon du texte imprimé. La prudence cherche ce qui eft bon & féaftt à chacun dans toutes les aétions ; car la bonté des aâions n'eft pas tou­jours la même pour tout le mondej elle change félon l'état & la qualité de ceux qui agifTént. Autre eft la va­leur d'un Général ; autre celle d'un fïmple Officier, & ainfi des autres.

Et que la juftice corrigeant tous nos vices, & animant toutes nos vertus.] Dans ce paflage j'ai plutôt fuivi le fens que les mots, qui me paroiflent cor­rompus dans le texte Grec ; car je n'ehtends point ^ T»V fuuuoa-vvm rnç àioyittç £iix»y*t; cela n'eft pas même Grec. Je crois qu'il faut corriger i TW>

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3 22 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

fnuaoowm T«ç ahcyiaç wrltee-Jai r mot à mot, & que la la juftice emporte nos vicei. C'eft ce que fignifie eurtxlrfcu, comme Hefychius l'a remarqué, «w*i-ffftu, dit-il, t^ihio-Jcu, Le manufcrit de Florence fournit ici une leçon qui mérite d'être examinée ; car elle pré-lente un beau fens, ç T«V J"nuu»wm tn% àrafroylaç ixwjcti ; fo que la juftice fe proportionnant à chaque fujet, Sec. car la juftice n'eft jufte que lorfqu'elle fuit la proportion.

Et de l'âme ces vertus rejaillijfent fur cet être infenfé. ] Et voila comment ce corps mortel eft orné & embelli par les vertus qui font les perfections de l'aine ; leur beauté réjaillit fur lui.

Pagt e-j. Et de Infortune qui la fuit. ] Car la fortune n'eft qu'une fuite de cette na­ture mortelle. Que cette nature foit «bforbée, la fortune n'a plus de lieu.

Que ce qui eft campofë de terre ùf d'eau. ] Les Pythagoriciens ne met-toient que ces deux éléments pour la formation de l'homme > & l'on trouve dans Homère l'origine de cet te opi­nion ; mais fous ces deux éléments, il çompreoeient les deux autres ; car

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Pag: «8.

ET-SUR LES COMM. D'HlÉKOC. 323

fous la terre, étoit compris le feu ; & fous l'eau, étoit compris l'air. Dans-la vie de Pythagore nous avons vu 3ue ce Philofophe combattoit l'erreur

e ceux qui pour la formation des­êtres , n'admettoient qu'un élément.

Or certainement ni h corps ni les hiens, en un mot tout ce qui efl Jeparè de notre ejjènn raiformable. ] C'eft une vérité confiante; on en voit la preuve dans Epi&ete qui a fondé fur ce prin­cipe toutes les règles admirables qu'il nous a données.

Cyi que nous pouvons bien juger des ckofts qui ne dépendent point de nous. ] Dans l'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits, il y a à la marge *prtuy au-lieu. de x?w*t, & dans le manufcrit de Florence, *pW, ce qui eft la même ebofe, & ce fens eil très-bon ; car des fitines opinions vient le bon ufage : & par conféquent ce qui dépend de nous étend fon pouvoir fur ce qui n'en. dépend pas. Cela me paroît fort beau.

Jamais il n^aura et égard pour ceux PaBe7°» avec lefquels il vit. ] Àu-lieu de êrt rSr> ÇÛVTUV j des vivants, il faut lire comme danale manufcrit de Florence, W T I T ^

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3 24 R £ M«S U R LES VERS DE PYT.

rv^âvTUv, de ceux avec le/quels il vit)& c'en la leçon que j'ai fuivie.

Page 7». Or cefi ce que ne pourra jamais faire celui qui fe perfuade que fon ame efl mor­telle. ] Hiéroclès décide formellement ici que ceux qui croient l'ame mortelle ne fauroient pratiquer la juftice. Mais ne fe pourroit-il pas qu'un homme ,. quoique perfuade que l'ame périt avec le corps, croiroit pourtant qu'il y a en cette vie pour l'ame une forte de perfection, qui conflue dans la juftice & dans la pratique des vertus ; & que de cette perfection dépendent tout fon bonheur & tout fon repos f Cela fe pourrait fans doute ; & Simplicius l'a établi dans fa préface fur Epi été te. Mais quand même , dit-il, onfuppofé-roit famé mortelle &* périjfable avec le corps y celui qui vivra félon ces maximes > recevant par ce moyen toute la perfection dont il efl capable, Zrjouiffant du bien qui lui efl propre, il fera nécejfairement trts-heureux. Mais il faut avouer que les exemples en feroient rares ; & que pour un homme qui croyant mourir tout entier, ne laifferoit pas de marcher dans les fentiers de la juftice, il y en

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ET SUR LES COMM. D'HIÉRGC. 3 2 ^

aurait des millions qui s'en éloigne­raient. Comment cela ne ferait - il point, puifque malgré la certitude de l'immortalité de l'ame, & des peines préparées aux méchants, nous ne bif­fons pas d'être corrompus & injuftes ?

Ne difeerne point ce que <?eft qu'il y a en nous de mortel. ] Le manufcrit de Florence ajoute ici ces deux mots, (juJ'apuç Xcyot^ô/xtvcf, qui manquent au texte, & qui font très-néceflaires pour le (èns. Voici le paflage entier, T» /xm tçt TO aireyrikur h/Mov fjuiJ'Ufjmi hoyciÇé-fuvoç, à, ro TV!» XfKfjLttTW ftô/jtmv, &C.

Car c'eflpar notre propre dignité q^U Page ^ faut mefurer tous nos devoirs, $» dans nos actions &• dans nos paroles. ] Voila un grand précepte, & un précepte qui feul, s'il étoit bien obfervé, empê­cherait, les hommes, de tomber dans les baflefles & dans les indignités où ils tombent tous les jours ; & qui les dégradent de leur dignité , & pour cette vie & pour l'autre.

Ceft .pourquoi après le précepte, ob- pagc 7*J ferve la jufïice, il ajoute. ] Il y avoit dans le texte une faute que le manuf­crit de Florence a corrigée, OT» T»

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326 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

JWjsrtW àmtSf hrnyefyt, &c. Le ma-nulcrit lit fort bien îjw T£ ; cette faute, quoique légère & très-facile à corri­ger, n'a pas laifle d'induire en erreui l'interprète Latin.

Page 75. Pour faire entendre que l'habitude de la tempérance eji ordinairement accom­pagnée de la libéralité.'] La libéralité eft la fille de la tempérance ; car elle ob-fêrve toujours la jufte roçfure, & ban-* nit également le trop, & le trop peu.

Paje7f. Car on doute fur ce fujet; première­ment fi cela eft pojfible à l'homme, &* enfuite s'il ejt utile. ] Voila les malheu­reux doutes que les hommes ont for­més dans tous les fiécles. Comme ils font naturellement portés à l'injuftice, ils ont cherché à fortifier ce penchant par la raifon ; & s'ouhliant eux-mêmes, ils ont tâché defe convaincre, & de convaincre les autres, que la pratique des vertus eft ou impoifible à l'hom­me, ou inutile. C'efl donc en foi-même qu'il faut chercher les réponfes à ces faux raisonnements, en. fe con-noiflant foi-même , c'eft-à-dire, en connoi0ànt fa liberté, & en diftin-guanc cç qu'il y a en nous de mortel,

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 3 2J

& ce qu'il y a d'immortel. Notre ame eft immortelle & libre : elle eft libre, donc la pratique des vertus n'eft pas impoffible : elle eft immortelle, donc la pratique des vertus lui eft utile.

Sont plutôt de vains difcoureurs, que de vrais Philofophes. ] Ce que dit ici Hiéroclès eft certain, & une marque de fa certitude, c'eft qu'il eft parfai­tement d'accord avec la doctrine de faintPaul, i.Corinth. chap. xv. f. 29, 30 , & 32. Jliaquin quidfacient? quid baptifantur pro mortuis ,fi omninà mortui non refurgunt ? Grc.

Et pouffe à jouir des voluptés corpo- Pa6c ?*• relies. Car ceux qui ont ce foupçon, (è difènt, Monducemus & bibamus, cras enim moriemur. Mangeons & bu­vons, car demain nous mourrons. Saint Paul nous munit contre ces difcaurs féduâeurs , en nous difent , Nolite feduti » eorrompunt bonus mores collé* quia malt, Ne vous laiffesç pas féduire, les mauvais entretiens corrompent Us bonnes mœurs.

En effet comment ces gens-là peuvent-ils prétendre? ] Il va prouver ce qu'il a avancé, que. ceux qui Soutenant.que

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328 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

l'ame eft mortelle, enfeignent pour­tant qu'il faut pratiquer la vertu, font de vrais difcoureurs ; car à quoi bon pratiquer une chofe qui nuit à l'ame pendant cette vie, puifqu'elle la prive de fes plaifirs, & qui lui eft inutile après fa mort, puifqu'elle n'eft plus ? Voila ce qui fuit nécessairement de ce faux principe.

Mais cette matière a été amplement traitée par des hommes divins. Il parle de Socrate & de Platon. Cette opi-r' nion que l'ame n'eft qu'une harmonie & un accident de telle ou telle con­formation du corps, & par cônféquent, qu'elle périt avec le corps, eft admi­rablement refutée dans le Phédon, de l'immortalité de l'aîne ; & on y établit folidement, qu'elle eft immortelle, & que la vertu fait (on bonheur.

Page 78. Et qui la ramené à la,félicité con­venable à fa nature. ] J'ai ajouté toute cette ligne, qui eft très-néceflaire, & que j'ai trouvée à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & enfuite dans le manufcrit de Florence, zau Trfcç THY Qurtt Wfiirowctp tvÇmacr «V-T»V tvxyiif TSTO crtut, &c.

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ET SUR LES CoMMrD'HlÉROC. J29

• Mais que nous les jujiifions généfeu-fernmt, en démêlant exaBement leurs caufès. ] Ceci me paroît parfaitement beau. Quand nous remontons aux caufes de tous les accidents qui nous arrivent dans cette vie , nous les jus­tifions ; car nous trouvons qu'ils n'ar­rivent point au ha fard, & qu'ils ne viennent ni du caprice ni de l'injuftice des êtres fupérieurs, & que ce font les fruits de nos péchés & de nos crimes.

N'ont pas donné la même dignité 6c page 79. le même rang à ceux qui n'ont pas fait paraître la même vertu dans leur pre­mière vie.] Il y a dans le texte impri­mé , à ceux qui nront pas fait les mê­mes progrès dans la vertu, revçpic/Aoïut wpcCf£i«flT«ç. Cela paroît d'abord faire un beau fens : cependant il eft cer-taia que le paflage eft corrompu. Cela n'a voit pas échappé à Marc Cafau-bon : le fens, & ce q # fuit plus bas, ri <K wfo£io-r»i nttxct, les maux de la. première vie, l'avoient conduit à la véritable leçon;T#Jç/M è/xo'iuç 7rpa£t€»»-xoTttç , ceux qui n'ont pas fi bien vécu dans leur première vie. Et c'eft la leçon que j'ai trouvée dans l'exemplaire cou-

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530 KEM. SUR LES VERS DE P Y T .

fêté Fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Flqrence. Les Pytha­goriciens , pour rendre raifon de l'inégalité des états & des conditions dans cette vie, & de tous les maux qu'on y fouffre, avoient recours à la

f>remiere vie qu'ils fuppofoient que es âmes avoient menée dans leur

fphere, avant que de defcendre fur la terre pour y animer des corps, & au choix qu'elles avoient fait ; & c'étoit une fuite très-naturelle de leur doc­trine. Il faut avouer même que par là iis abrégcoient bkr. des difputes & des difficultés. H auroit été ridicule d'alléguer pour raifon le progrès que les âmes font dans la vertu pendant cette vie ; car l'inégalité des condi­tions , & fouvent les maux mêmes précédent ce. progrès. G'eft ainfi

u'Iamblique, pour fauver les Dieux u reproche d'iàjuftice dans la diftri-

bution des biens &c des maux, a dit, que les Dieux étant infiniment élevés au-deffus de nous, connoiffent toute la vie de l'ame, & tout ce qu'elle a fait dans fa première vie ; & que s'ils infligent quelque peine, ils ne s'é-

l

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 3 31

loignerrt pas en cela de la juftice ; mais ils ont égard aux péchés qu'a commis dans fa première vie l ame de ceux qu'ils puniflenr, Hv. iv, chap. iv. Au­jourd'hui nous n'avons pas befoin de recourir à ces raifons plus fubtiles que folides, nous qui favons que l'inéga­lité des rangs & des conditions eft un bien , & non pas un mal ; que le bon­heur & le malheur des hommes ne fe

v mefurent pas ainfi par des chofes paf* fageres & périffables, & que tous les hommes étant originairement pé­cheurs, tous les.maux qu'il plaît à Dieu de leur envoyer, ne peuvent être que juftes.

Et qu'ils ne dijiribuaffint pas â cha- Pages* cun la fortune qu'on dit qut- chaquehom*. me venant au inonde choif* lui-même félon le fort qui lui tfl échu. ] Pour l'in­telligence de ce paflage, il ne faut que rapporter ici le fentimenc des Pytha­goriciens, comme il eft expliqué dans le ,x livre de la République de Pla­ton , qui di t , qu'un Prophète après avoir pris du (èin de la première par­que , tous les forts, monta fur un trône ; & s'adreflant à toutes les âmes, il leur

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332 REM. SU» LES VERS î>E P YT.

dit, Choifijfa vous-même votre Démon. ( votre Ange) Que celle qui aura le pre­mier fort choifijje la première le genre de vie qu'elle mènera par Us Loix de la né-cijjité, &ainji des autres, &c. La faute tntfi à celle qui choijït, &• Dieu n'ejl point coupable.

Celui qui nous gouverne."] Dans re roanufcrit de Florence , au-lieu de fmt&nec, on lit fioutowicç; & c'eft la véritable leçon.

Par de faintes méthodes, &* par de bonnes réflexions.] J'ai fuivi ici l'e­xemplaire conféré fur les manufcrirs , à la marge duquel on lit T«/« »pa?« lÀtjéfeit, ^ Teut ùffttiç tfivftTMtvn ; & j'ai enfuite trouvé cette leçon con­firmée par le manufcrit de ,Florence.'

?»ge 81. Et la privent du culte de fin libre ar­bitre. ] Car tout homme qui fe per-fuade que les maux lui viennent d'une caufe étrangère, & fur laquelle il n'a aucun pouvoir, oublie fa liberté, & n'en fait plus aucun ufage.

En la tenant dans l'oubli des caufes de ce qu'elle fouffre ici-bas. C'eft le fens de ce paffage. Le texte imprimé dit , Tip vçcç-ifivM hxvfâvweeiv T«ç aiT»'«ç,

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 333

&c. ce qui ne peut faire que difficile­ment un bon Cens : & le manufcrit de Florence corrige fort bien, t$ wpeç-»--eeài htwjttvowat ourlai, &C. en luifai-

fant rapporter ce qu'elle fouffre à des caufes qui lui font cachées.

A moins qu'elle ne veuille elle-même. ] p g Jp J'ai fui vi ici la leçon que m'a préfentée la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, où j'ai trouvé tfity pour txfy, qui ne fait aucun fens", & le mot 4ytfSf ajouté après ftmutr&rtw ; ce qui manquoit vifiblement, & c'eft ainfi qu'a lu le manufcrit de Florence.

Car il rieft paspojjible qu'à aucun de ces vices on je récrie, Que cela efi beau ! ~\ Voila -une belle règle pour diftinguer la vertu du vice, & les véritables maux de ceux qui ne le font que de nom. Jl n'eft pas poflîble de 6'y trom­per.

Parce que ce font des écarts, Gr des p»ge S4. éloignements de la droite raifon. ] Cette idée eft jufte & belle. Hiéroclès pofe ici la droite raifon, comme un but auquel Phomme vife; mais l'aveugle qui ne le voit pas s'en éloigne.

En parlant des maux volontaires, il Page g?.

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334 REM- SUR LES VERS DE P Y T .

ne dit pas qu'ils foient dijlribués par la divine fortune. ] Gar ce font des pé­chés qui viennent de nous, & nulle­ment de Dieu.

Mais qui peuvent recevoir des mains de la vertu, de Vornement Gr de l'éclat.] Car de tous les maux de la vie il n'y en a pas un feul que la vertu ne puifie convertir en bien.

pjje a. Et fi rien ne préfide à ces partages. ] Le texte étoit fort corrompu par le changement d'une feule lettre ; car que peut lignifier ici ù /« fxnflr lm>-ç-ctltireu viïr reuùruv }J%tuv ,jin autem niliil hujufmodi nominibus unperat , comme a traduit l'interprète Latin ; c'eft-à-dire , fi rien ne préfide à ces noms. Il ne s'agit pas ici de noms, au-lieu de llfyw, noms, j'avois corri­gé Xn'fjfw, forts, partages ; Heiychius Xn^itùi K>iHfevefjiîat t [AtfWf/uiï > Hiéro-clès s'en eft fouvent fervi ; mais long­temps après cette remarque faite, j'ai trouvé cette conjecture confirmée par le manufcrk de Florence, avec cette difFétence pourtant, qu'il a mis par le datif, ù <f~* /xw V «MçOTM T*î« T£V TitvlTW Kn£wir; Que fi rien ne préfide

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC; 535 au partage, â la attribution de toutes ces chofes.

En ce que celui qui juge ejî un tire Page 87. divin £r plein £ intelligence. ] Le texte eft fi corrompu, qu'il n'étoit pas pof-fible d'en tirer un beau fens, ni un ' fens intelligible. Le manufcrit de Flo­rence m'a tiré de peine en me préfcn-tant ce paflage tel qu'Hiéroclès l'a-voit écrit, S fjm» fàer ^ rugir èç-i TO wifsv, Se. » /e ouùac Ttfooifîrti KaxôvtTai ri zpttijMrer, &c. D'un côté, en ce que c'eft Dieu qui jugé, &*c. £r de l'autre coté, en ce que celui qui eft jugé, ù~c. cela eft très-clair. Tout ce qu'Hiéro­clès dit ici pour expliquer cette divine fortune y me paroît très-beau & très-profond.

Parce qu'il n'arrive point à Dieu de châtier , ou de récompenser préalable­ment les hommes. ] Car ces mots, pu­nition & récompense, ïuppofent né-«effairenaent ou vices ou vertus. Ce que dit ici Hiéroclès ne touche point à cette vérité, que Dieu nous pré­vient par fes grâces, puifqu'il recon-noît que tout.le bien que nous fài-ibns, nous ne le faifons qu'en ufant

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3 36 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

du don de Dieu, & qu'il dît dans la page fuivante, que Dieu nous donne des biens préalablement, & fans que nous les ayons mérités.

Dejorte que le tout tnfemble, divine Fortune, w'e/Z autre chofe que le juge­ment que Dieu déploie contre les pé­cheurs. Il y a du divin en ce que ce jugement vient de Dieu , qui fuit les Loix de fa juftice ; & il y a de la for­tune, en ce que nous nous l'attirons^ par nos crimes, 8c qu'il dépendoit de nous de l'éviter. C'eû la fortune qui fait tomber fur nous ce jugement qui n'étoit pas donné contre nous. Affèmble le foin de Dieu qui préjîde, |6* la liberté & le pur mouvement de l'ame qui choifit ] Il y a dans le texte, & la liberté £r l'immortalité de l'ame qui choifit. Il n'y a perfonne qui ne lente, qu'il n'eft pas queftion ici de l'immor­talité de l'ame, mais de fa liberté. Il faut donc qu'il y ait faute au mot àfântroy, & je ne doute pas qu'Hiéro-clès n'eût écrit eùrl/juirw , le pur mouvement. La même faute eft pour­tant dans le manufcrit de Florence»

Paie*». Et que ces maux n'arrivent ni abfo-

lument

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STSTJR LES CoMM. D'HléRoC. ïff lument par la deflinée, ni &c. ] Ils n'ar­rivent pas abfolument par les ordres de l'a providence, car notre volonté y a part ; & ils n'arrivent pas non-plus à l'aventure, puifqu'ils arrivent en conféquence des ordres de Dieu.

Et que ce n'efipas notre volonté'feule Page st. qui difpofe du total de notre vie.] Car u elle en difpofoit, nous commettrions le mal, & nous n'en ferions pas punis. Nous difpofons du mal, mais nous ne difpofons pas des punitions qu'il atti­re : le mal vient de nous, & la puni­tion vient de Dieu ; & voila l'aflem-blage qui conftitue la divine Fortune, & qui allie les accidents de la fortune avec les ordres & les décrets de Dieu.

Et que les biens que Dieu donne préa­lablement , &Jans que nous les ayons mé­rités , Je rapportent à la providence. 3 Hiéroclès reconnoît ici que Dieu pré­vient les hommes par des grâces > & ces grâces antécédentes, il les attri­bue aux décrets de Dieu, à la Provi­dence. Cela eft remarquable dans un Païen ; & ce n'eft pas de la Philofb-phie Païenne qu'il a tiré ce principe.

Tome IL P

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338 R E M . SUR LES VEKS D E P Y T .

P»gejo. Penfe la même chofe de l'ejjênce di­vine. ] Dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits, au-lieu du mot evrletç ejfence, je trouve à la marge iviç-arUi, penfe la même ckofe du gouvernement divin ; c'eft-à-dire de la providence : mais le manufcrit de Florence retient ewictç.

pagejo. A e/2 que le fruit de la fcïence des Juges. ] Il y avoit une faute groffiere dans le texte, e)« TW T»V xp/re/xéwuv vc[Jt.oqv'haxix.nv italçii/j.w. Au-lieu de T»V *gnofi.ivw , de ceux qui font jugés , il faut lire comme dans le manufcrit de Florence, rm «pHWTW, de ceux qui jugent, des Juges,

Car s'il efi plus utile d'être puni, qwe de ne l'être pas. ] Socrate a fait dans Platon une démonftration admirable de cette vérité.

Et fi la jujlice ne tend qu'à réprimer le débordement des vices. ] Il y a dans le texte» JVK»0XaV7fi. Cequipouroit être expliqué de cette manière, &• j£ la jujlice ne punit que pour réprimer, &c. mais j'ai mieux aimé fuivre le ma­nufcrit de Florence qui a lu » flxn

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ET SUR LES CoMM. D 'HIÉROC. 3 JP

$Xwr» ,^î Za jufike ne regarde, ne vife, Page?»* £rc.

Car ce/ni que les hommes maudiffent &• renient dans le mal qu'ils font, ils le confejfent. 6r l'invoquent dans le mal qu'ils fouffrent. ] Voici une grande vérité , & qui jette un grand jour fur l'injuftice & la corruption des hommes. Ils ne veulent pas qu'il y ait de Dieu quand ils font le mal, afin d'être délivrés & vengés.

Comme le Rocher de Tantale. ] On parle bien plutôt du rocher de Sifyphe que du rocher de Tantale. La fable célèbre la faim & la foif de Tantale au milieu des eaux & des fruits; & c'eft ainfi qu'Homère en parle dans l'onzième livre de l'Odyf-fée. Hiéroclès ne fè trompe pour­tant pas, & il faut que la fable ait va­rié; car Platon parle du rocher de Tantale dans le Cratyle, ou de ce To< »• {• î>« rocher qui pend fur fa tête, il tire l'é-. tymologie de fon nom.

Enyvrés du défir des richejfes. ] Il ne met qu'une caufe de l'injuftice des hommes, celle qui eft la plus ordinaire

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3 4 ° REM. SUR LES VERS D E P Y T .

& la plus commune, l'avarice ; & fous celle-là, il comprend toutes les autres.

Page M- Et il les punit comme homme par IQ. rencontre fortuite de la Loi, avec leur volonté corrompue. ] Car ce n'eu que par hafard que la Loi faite contre les méchants en général tombe fur un tel homme qui s'eft rendu méchant par fa volonté & par fon choix. En effet la Loi veut punir le pécheur, & non pas un tel pécheur : ainfi la rencontre de la Loi, avec la volonté corrompue de celui qui a commis le crime, eft pu­rement fortuite, & par accident.

page?f. çar comment traiter de même un homme qui n'efiplus le même ] Comme Dieu récompenfe le pécheur qui fe convertit, il punit, le conyerti qui retombe dans le péché. Ce n'eft que la perfévérance dans le vice ou dans la vertu, qui eft récompenfée ou pur nie. L'exemplaire conféré fur les ma-«ufcrits, & le manufcrit de Florence ajoutent ici au texte un mot, ita.ixtiva.v-r T* , qui me paroît fort bon, T«V >«p p.* V0IOVT6V i~ia.fi.uva.vri». wôç, &c. Car com­ment traiter de même, un homme qur fi'eft pas demeuré le même f

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IT SUR LES CoMM. D'HiÉROC. 3 41

. Autant qu'il dépend du jugement di- page ?ji vin. ] Il parle ainfi pour faire enten­dre que le jugement divin laifle quel* que chofe à faire à la volonté de l'hom­me. Dieu veut corriger le pécheur par fes châtiments, mais le pécheur demeure quelquefois endurci.

Qui puijfent nous faire comprendre &• nous faire rejjouvenir quel grand bien «'«/?. ] Il y a dans le texte amplement» 6* nous faire fejfouvenir des Loix divi­nes. ] Mais j'ai fuivi ici la reftitution que j'ai trouvée à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, ou il y a ij àvufAt/tvHTitirfat oiov %v «p<* àyctfcv ft» a iç-aw^oti rw fum vifjwr. Ce qui eft confirmé par le manufcris de Florence.

Car premièrement les gens de lien Page>7. fupportent doucement. ] Comme ce. que Pythagore dit dans ce Vers, que la plupart de ces malheurs n'arrivent pas aux gens de bien , paroît démenti par l'expérience qui fait voir tous les jours les gens de bien en butte aux plus grands malheurs, Hiéroclès va expli­quer le dogme de fon maître, & en établir la vérité , en montrant que

P iij

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3 4 2 REM- SUR LES VERS D é P Y T .

pour les gens de bien , ces maux chan­gent de nature. Tout ceci me paroît parfaitement beau.

Puifqi/il eji certain que les biens di­vins font rèftrvés pour les parfaits. ] Pythagore croyoit donc qu'il y avoit des biens proportionnés à chaque de­gré de vertu ; c'eft-à-dire que la mé­diocrité de la vertu ne produifoit que les biens humains qui réfultent de la pratique des vertus civiles, & que la fublrmité de la vertu unifiant à Dieu, procuroit les biens divins., c'eft-à-dire tous les biens dont Dieu eft la fource.

Car comment fe peut- il qu'on feferve des faintes fupplications, £r des faints facrifices d'une manière digne de Dieu f } Cela ne fe peut ; car dès qu'on ne reconnoît en Dieu ni providence ni juftice, on n'afiifte aux cérémonies de la Religion que par coutume , & par grimace ; ce qui eft très-indigne de. Dieu.

Page 8. Et qu'on ofe nier que notre amefoit immortelle , & qu'elle reçoive. ] J'ai corrigé ce paffage en répétant la néga» tive /*», qui y manque vifiblement, quoiqu'elle ne paroifie ni dans l'exem»

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ET SUR LES COMM. D'HliltOC. 343

plaire conféré fur les manufcrits, ni dans le manufcrit de Florence. • Opinion qui renferme toutes les injuf

tices enfemble. ] Dans le manufcrit de Florence, au-lieu de •matoJ'aaru «<?i-w«ç , toute forte d'injujiice, il y- a Trterrc£a.Tins «Vi£f/oc , toute forte dlim-piété.

Au-tefiefi nous voyons la même iné- Page IOI< galité régner, tant dans les animaux, que dans les plantes. ] Voici une objection que les libertins faifoient contre la Providence. Us difoient,puifque nous voyons les animaux , & les êtres ina­nimés auffi différemment traités que les hommes, il faut donc néceflaire-ment ou que la Providence ne s'éten­de pas plus fur les hommes que fur les animaux ; ou fi elle s'étend fur les uns comme furies autres, on doit con­clure de là que les animaux font auflî la caufe de l'inégalité qui régne parmi eux j & par conséquent, qu'il y a dans les animaux des vertus & des vices , puifqu'il n'y a que les vertus & les vi­ces qui attirent ce fort différent. Les Pythagoriciens répondoient fort bien à cette objection , comme on le verra

P iv

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344 ^ E M ' S V R L E S VERS DE P Y T ;

dans la remarque fuivante. La Pro­vidence s'étend fur les animaux & fur les hommes, mais d'une manière dif­férente.

rageiou II ne faut pas non plus de ce que tout ce qui nous regarde. ] Ce paflage, qui eft d'une obfcurité impénétrable dans le texte, devient clair & intelligible par le changement d'une feule lettre, & par une bonne ponctuation. Au-lieu de»iff, il faut lire «fJV, & ponétuer ainfi tout le paffage, et!«P« tV t*t'«m / /«» à, xp/Viç, ij «peTÎç , iè) Kcw'utt inbeyi-ff-fxot , twtl T « x#y vyux, , cvnui «xp/CwTtft. Comme le hafard qui domine fur les animaux , ne conclut rien contre nous , de même la providence qui veille fur nous, & qui règle notre fort félon notre mérite, ne conclut rien pour établir la vertu ou le vice des animaux. Hiéroclès reconnoît que la providence de Dieu s'étend fur tout; mais que chaque chofe y a part, félon ce qu'elle eft, & ce que Dieu l'a faite. Voici comme il s'en explique lui-même dans fon traité de la provi­dence. Il n'eji pas jufie que les êtres fans raifon ayent l'honneur d'avoir la même

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ET SUR lES COMM. D'HIÉROÇ. 347

part à la providence que les êtres raifon-nables : il fuffit aux premiers que l'ef-pece foit confervée. Voua le degré de providence qui leur convient, que leur efpece foit immortelle, & qu'elle fubjîjîe toujours. Mais pour nous,Ji la provi­dence n'étend pas fes foins fur chaque in­dividu , de manière que tout ce qui nous arrive foit réglépar la providence,.nous navons pas la part qui nous efi due de ee foin de Dieu; car, ajoute-t-il, Dieu nous a créés un certain nombre, il n'a pas créé une feule ame de laquelle nous ayons une partie, & dans laquelle nous allions nous remêler; mais il a créé chaque ame circonfcrite, &* féparée des: autres ; au-lieu qu'il d tiré tous les ani­maux de la même majfe : ainfi une pro­vidence générale fuffit à cette majfe pour faire qu'elle ne périme point, &• ce qui regarde chaque partie, chaque animal, peut fort bien être abandonné au hafard ; mais pour nous, il convenoit que la pro­vidence réglât ce qui regarde chaque ame. en particulier; car ce n'ejl pas une necef-

Jîtéque la mort des animaux &* des plan­tes foit réglée comme celle des hommes félon leur mérite '3puifque les animaux ne.,

P v

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34<î REM. SUR IES VERS DE P Y T .

•viennent pas à la vie comme nous. Ces paroles d'Hiéroclès peuvent fervir de commentaire à tout ce qu'il dit ici ; mais en voulant réfuter l'erreur des li­bertins , il eft tombé dans une autre erreur, qu'il auroit pu corriger s'il avoit confulté la véritable lumière qui nous apprend , qu'il ne tombe aucun pajjereau fur la terre fans la volonté de Dieu ; Se qu*il ri y a pas un feul paffè-teau quifoit mis en oubli devant Dieu ; & par conféquent, que la providence ne s'étend pas feulement fur l'efpece » mais auffi fur chaque animal ; & c'efl ce que long-temps avant Pythagore , Homère même avoit connu , comme on peut le voir, par un paffage du xxi livre de l'Iliade. Si la providence s'étend fur le plus petit des animaux» à plus forte raifon s'étend-elle fur chaque homme.

Car premièrement les chofes pure­ment inanimées font comme la matière commune aux animaux & aux plantes. J Ce paffage étoit fort embrouillé dans les éditions. Le manuferit de Floren­ce ôte tout l'embarras en fuppléant ce qui manque au texte, ittfht» pi»

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ET SUR LES CoMM. D'HlÉROC. 3 4 7

•ta a-\v%ai cvraç tyKtrtcu ùç xcivti v\it ^UTCTç à, Çuoii tmna. ta <J>UT« Çuciçjè. avffcawcif non» *rpc<ptt npoKiirat : ^ m* ft Çùuv, Ç«M«ç T« ij ùvffamoiç ; car pre-tniérement les chofes inanimées font def-tinées pour être la matière commune aux pî:s&m &* i t o animaux. Les plantes le j&âpfmir firvk- de nourriture aux anU mm^yMmmà^rimes, & les animaux j^ i l l l l l l lp i l f illire la pâture d'autres ^s||||llpi?;li:S:?;3urnr l'homme, &* à lé :pl|i§|^| | ;1|Pla comme Hiéroclès ppl | | | l is |>IISi?ents degrés de pro-^îfëïîll | â l Dieu déploie fur tous les É*es crées, 4 proportion de leur di-? gnité & de leur noblefîè, en n'ayant pour les uns que des vues générales, & en honorant les autres d'un foin, particulier; de maniern que la provi-» dence, qui s'étend fur leVêtres inanN mes, fur les animaux & fur les plan­tes , n'étant qu'une fuite de celle qu'il étend fur l'homme, tout eft en faveur de l'homme. Ce qui afrive contre ces vues & contre ce foin de Dieu pour l'homme, comme lorfquequel­qu'un eft dévoré par les bêtes, cela ne détruit point cette Loi de la pra-r

•P vj

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348 RBM. SUR LES VERS DE PYT;

vidence, & arrive par des raifons particulières qui la confirment. Tout ce qu'Hiéroclès dit ici feroit parfaite­ment beau, s'il n'a voit pas trop li­mité la providence de Dieu fur les êtres inférieurs à l'homme.

Cela ne fe fait par aucun rapport à ce que les uns & les autres ont mérité.'}. Quand un animal eft dévoré par un au­tre animal, ou qu'il fert de nourriture à l'homme, ce n'eft pas que l'animât dévoré ait démérite, & que l'animal qui le dévore ait mérité en aucune manière. La feule caufe de cette dif­férente fortune, ce font, comme il le dit lui-même dans le livre de la pro-, vidence, nos différents choix j les be-foins quils ont defe manger les uns les autres pour fe nourrir, &* mille acci­dents divers & fortuits qui les forcent à périr fans mefure ni règle, avant le ter­me que la nature leur avoit marqué; de manière qu'ils ne font point punis d'une première vie qu'ils ayent menée, £r qu'ils ne doivent point attendre de jugement fur ce qu'ils font, &u qu'ils fouffrent. On voit clairement par là qu'Hiéro­clès établit que la providence n'a foin

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ET SUR IES COMM. D'HIÉKOC. 3 4 $

des animaux & des plantes qu'en gros, & qu'en particulier il les laifle gou­verner au hafard. Erreur qui a déjà été affez combattue. P*R«,0î»

Que fi en pouffant plus loin les objec­tions, on nous oppofoit.] Voici un autre retranchement des libertins : Ils di-foient que les Dieux fe fervoient des hommes , comme les hommes fe fer­vent des animaux, c'eft-à-dire, qu'ils fe nourriflbient de chair humaine, & par conféquent que le hafard domi-noit auflî fur les hommes, & que les Dieux n'étendoient pas fur eux ce foin, particulier, puifqu'ilsfouf&oient qu'on les immolât fur leurs autels, & qu'ils s'en nourriflbient. Hiéroclès répond fort bien à cette objection, en fui-vant les principes de Pythagore, & en faifant voir que fi les Dieux fe nourriflbient de la chair des hommes, ils ne feraient pas Dieux , & qu'ils feroient mortels ; car comme Homère même l'a reconnu, tout ce qui fe nour­rit d'aliments terreftres eft mortel; or au-deflus de l'homme il n'y a aucun être mortel ; il n'y a que ce corps que l'homme a révêtu ici-bas, qui doive

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j y o REM. SUR LES VERS DE P Y T .

néceflairement mourir. Il n'y a donc point de Dieu qui fe nourrifle de chair humaine ; Se par conféquent ces vic­times humaines ne prouvent rien con­tre la providence. Par ce principe Hiéroclès bat en ruine les facrifices barbares des nations.

Et prenant un infiniment qui eft de même nature que les animaux. ] L'hom­me par fon corps eft de même nature que les animaux ; c'eft dans ce fens que Salomon a -dit,, [/nui interitus eft hominis & jumentorum, &* aqua utriuf-que conditio. Eccléfiaft. m , 10.

Les bornes du pouvoir que lajuflice Ô* Fordre donnent fur nous aux êtres fupé-rieurs. ] Voici un beau principe. La juftice de Dieu & fa providence n'ont donné aux êtres fupérieurs, que le dé-fir & le pouvoir de nous faire du bien. Mais, dira-t-on , les Pythagoriciens, & les Platoniciens n'ont-ils pas recon­nu que l'air eft plein de mauvais An­ges , qui ne cherchent qu'à nous faire du mal? Cela eft vrai. On n'a qu'à voir ce qui eft rapporté dans la vie de Platon ; mais ces mauvais Anges fe font dégradés par leur chute, & ils ne

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 3 j"I

font plus fupérieurs à l'homme ; ils nous furpaffent en pénétration & en fubtilité, mais nous les furpaflbns en raifon. D'ailleurs ces mauvais efprits n'ont pas le pouvoir de nous faire le mal qu'ils veulent.

Car ils ont foin de nous comme de leurs p*Be 1>ji

parents, quand nous venons à tomber. ] Auffi Platon dit que dans le combat que nous avons à foutenir contre ces puiflances, Us Dieux &* les bons Anges viennent à notre fecours. x. liv. des-Loix.

Et que les êtres fans raifon, il les a laifféfaire à la nature feule. ] Car ils s'i-maginoient que fi Dieu les eût créés Jui-même, ils auraient été immortels » tout ce qui vient immédiatement de Dieu devant être immortel de fa na­ture. Yaine fubtilité de ces Philofb-phes. Dieu n'a-t-il pas créé les Cieux? Les Cieux pafleront. Dieu a créé le corps de l'homme de la matière qu'il avoit déjà créée ; & il a impofé à fes ouvrages les Loix qu'il a voulu. p

Et que les âmes des hommes étoient toutes tirées du mime tonneau que les Dieux du monde, les Démons & les.

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5 J2 Rf.M. SUR LES V£RS DE P Y T .

Héros. ] C'eft ce qui eft expliqué dans le Timée de Platon, où il eft dit que

Tom.*.p.4i. j j j e u a p r e s avoir donné ordre aux Démons & aux intelligences infé­rieures de créer les corps des hom­mes , dont il fe réfervoit le droit de créer les âmes, il retourna au premier tonneau, «w rèr Trgértper xp«T»p«, où il AVO'U mêlé l'ame de l'univers, &" qu'il y mêla l'ame de l'homme, des rejies qui y étaient , Gr qu'il la fit de la même ma­nière, non pas à la vérité fi parfaite ; mais du fécond &' du troifieme rang. •Voila dans quelles ténèbres d'erreur la-vaine curiofité & l'hiftoire de la création mal entendue , ou mal con­çue , jettoient ces Philofophes trop iubtils. Dans la vie de Pythagore j'ai tâché d'expliquer l'opinion de ce Philofophe fur la nature de l'ame > 6 d'en découvrir la fource.

Car ce qui n'ejl qu'animal, n'efi point defeendu ici pour n'avoir pufuivre Dieu.'] Voici les propres termes de Platon dans fon Phèdre, où il dit, que pen­dant que l'ame peut fuivre Dieu, elle eft toujours heureufe ; mais lorfque ne pouvant plus le fuivre, elle le perd de

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ET SUR LES COMM. D 'HIÉROC. 3 £J

vue^ que malheureufement remplie dé vice & d'oubli , eUe fappefantit, &• qu'appefantie elle laijj'e couler [es ailes, 6* tombe dans cette terre ; alors la Loi de la necejjité l'ajfujettit, &c. Hiéro-clès s'en fert pour rendre raifon de ce qu'il a avance, que la providence s'é­tend fur toutes les chofes, à proportion de ce qu'elles font, & que par cette raifon elle a plus de foin de l'ame de l'homme que des animaux; car l'ame eft defcendue du Ciel, & elle y peut remonter, & elle eft capable de mener ici-bas une vie 'policée, ce que les animaux ne fauroient faire. Il eft donc certain que Dieu a plus de foin des hommes que des animaux, puifque les hommes viennent du Ciel, & qu ils font l'ouvrage de Dieu, au-lieu que les animaux ne font que l'ouvrage de la nature, que leur ame & leur corps ne font qu'un compofé des éléments.

Comme n'étant point une plante cé-» Ufte. ] Il appelle l'ame une plante cé~

lejle; parce qu'elle a fon origine dans le Ciel, au-lieu que les animaux font une plante terreftre.

Il n'eft pas d'une nature à être rameni

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35*4 REM* SUR LES VERS DE P Y T .

à aucun ajïre.'} Car ils fuppofoient que la partie la plus divine de l'-ame re-tournoit au Soleil, & le corps fubtil à la Lune; au-lieu que les animaux retournent à la terre d'où ils ont été tirés.

tige io<r. Car à'un côté fin bon efprit n'étant point bouleverfé. ] Dans le texte , au-lieu de ro aufitixvrfeu, il faut lire, -n? f**, &c. comme dans le manufcrit de Florence.

r JC?# Mais alors la difpofition même de ce­lui qui foulage, ne fait qu'augmenter la trijtefjè & le chagrin. ] Car il n'y a point d'homme, s'il n'a perdu tout ientiment d'honneur, qui ne fbit af­fligé de devoir à la feule humanité un fecours qu'il doit s'attirer par (à vertu & par fon courage. L'aumône des­honore , mais le foulagement attiré par l'admiration & par l'eftime fait honneur.

page 108. En tirant de lui-même le fecours con­tre la triflejfe. ] Car il tire de lui-même la penfée, que les maux ne lui arri­vent que parce qu'il les a mérités par fes crimes ; qu'en changeant de vie, il changera d'état, &c.

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. %$$

Une grande preuve de l'éternité de Pageio^ Vame. On voit ici manifeftement que les Pythagoriciens appelloient l'ame éternelle, quoiqu'ils la fuppofaffent créée. Ainfi cette éternité ne peut être entendue à mon avis, que d'une création avant le temps, ou avant le corps ; ou bien ils l'ont appellée éter­nelle par rapport à fon principe, & à fa fource, qui eft Dieu.

Et pour fupporter avec douceur la di­vine Fortune, &* pour pouvoir la corri­ger, &• la guérir.] Car il a prétendu prouver que le jugement que Dieu dé­ploie fur les pécheurs eft l'effet des péchés commis dans l'autre vie , & que par conféquent l'ame a exifté avant le corps; Voila l'embarras où jettoit ces Philofophes l'ignorance du péché originel. D'ailleurs il n'eft nul­lement néceflaire que l'ame foit éter­nelle , pour fupporter les maux que Dieu lui envoie, & pour les guérir par fa converfion. Qu'elle foit créée après "la conception, ou en même temps, elle a toujours la même vertu qu'elle tire de fon Créateur.

Car il n'e/Z nullement pofjîble, ni j«e

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%$6 REM. SûR LES VERS DE PYT*

ce qui efi né depuis un certain temps, exifte toujours. ] Oui, qu'il exifte tou­jours par lui-même, par fa nature ; mais il peut exifter toujours par la volonté de celui qui l'a créé; & telle eft la condition des Anges auffi-bien que celle de l'ame. Et Platon même a reconnu cette vérité , que l'im­mortalité des Anges n'eft pas un effet de leur nature, mais un privilège de pure grâce. On peut voir ce qui a été remarqué dans fa vie.

Page m. Et encore afin que nous ne tombions pas dans la mifologie.~\ Hiéroclès fuit îci la penfée de Socrate, qui dans le Phédon de Platon déplore le malheur des hommes qui à force d'entendre dif-puter les ignorants, & contredire tout, le perfuadent qu'il n'y a pas des rai-fons claires , tolide & fenfibles ; & s'imaginent que tout eft incertain. Comme ceux qui à force d'être trom­pés par les hommes , tombent dans la mifantropie , ils tombent de même dans la mifologie à force d'être trom­pés par les faux raifonnements, c'eft-a-dire, qu'ils conçoivent une haine abfolue pour toutes les raifons gêné-

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. 3 JJ

ralement, & n'en veulent écouter au­cune ; difpofition très-commune. Com­bien voit-on de gens, par exemple, qui décrient la Philofophie dès qu'ils voient un faux Philofophe ; & la Théologie, dès qu'ils entendent les erreurs d'un mauvais Théologien f Cette extrémité eu très-funefte, > mais celle qui lui eu oppofée, & qui conr fifte à recevoir tout ce qu'on dit, ne l'eu pas moins. Il faut garder le jufte milieu, examiner toutes chpfes, & retenir ce qui eu bon.

Nous pouvons dire hardiment qu'il Page «M» n'y a que les raisonnements vrais qui foient aes raifonnements. ~] Quelle vér rite & quelle grandeur dans cette dif-tinétion. Tout raifonnement faux n'eft pas un raifonnement ; car il n'eft pas la production de la raifon foumife à Dieu, & nourrie de fà vérité. Que ceci eft mortifiant pour ces Philofo-phes infenfés qui ofent difputer contre les principes les plus certains & les plus inconteftables ! Tous leurs rai-, fonnements ne font, comme dit ici Hiéroclès, que des cris d'une ame

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35'8 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

privée de raifon, & qui n'a plus la vérité pour guide.

Page 114. -W ne faut le faire ni avec véhémence, ni avec infulte, Gr avec des airs mépri-fants.] Que ces règles qu'Hieroclès prefcnt ici pour la difpute font belles ! qu'elles font Chrétiennes!

Page IIj. Car Vhomme ejl naturellement fé­cond en opinions étranges Sr erronées, &"c. ] C'eft une grande vérité, & qui devrait tenir les hommes dans une grande défiance d'eux - mêmes j dès qu'ils s'abandonnent à leurs lumières , & qu'ils ne fuivent pas les notions communes félon la droite raifon , ils tombent dans l'erreur. Mais quelles font ces notions communes ? ce font celles qui ont été dans tous les temps, & qui font confirmées par une auto­rité connue. Voila les feules qu'on peut fuivre en fuivant la droite raifon.

Paceui. Nous qui étant de même nature que ces malheureux. ] Il y a une grande douceur & une grande équité dans ce gentiment. Etant hommes, & par con-> féquent infirmes, nous pouvions ton»-* ber dans .les mêmes erreurs. Que la

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R . O C . 3?$^

joie donc d'en être délivrés nous inf-pire de la douceur & de la compaf-fion pour ceux qui y font encore.

Et ce qui contribue le plus à nous don-ner cette douceur , fi nécejfaire dans les difputes* c'eft la confiance qui fe trouve, dans la fcience. ] . Ce principe eft cer­tain. Un ignorant qui ne peut répon­dre aux objections qu'on lui fait, s'ai­grit & s'échauffe , au-lieu que celui qui eft véritablement favant, comme il ne trouve rien qui l'embarrafle, par­ce qu'en s'inftruifant, il a cent fois détruit tout ce qui pouvoit combat­tre la vérité, il eft toujours doux, modefte, & tranquille ; & tel étoit Socrate dans fes difputes : jamais il n'a dit une injure aux difputeurs les plus injuftes & les plus outrés. D'où venoit cette douceur ? de fa profonde fcience.

Toutes les difficultés qu'on lui oppofe PaSe »"• ra. ] J'ai fuivi ici le texte imprimé, parce qu'il me paroît faire un très-beau fens, & qui répond admirable­ment à ce qu'Hiéroclès vient de dire , que le véritable favant a prémédité tout ce qui peut combattre la vérité.

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\6ç> R E M . sua LES VERS D E P V ï .

Cependant je fuis oblige de dire que le manufcrit de Florence lit ce parta­ge tout autrement. Le voici tout en­t ier , T» ou» raçafyi TVTO* «ç OKUTOV «F; TI»«ç fi àxvfov QatvTctÇia laçi^u rvror j U irfataTitywriç-cu TTSV -\vsfet : Qu'eft-ce qui le troublera , comme étant indijfo-luble ? Quelles nouvelles difficultés pour­ra-t-onlui oppofer, quiVembarrajJent, lui qui a déjà triomphé de tout ce qui efl faux?

Et pour ce qui concerne l'habitude que l'homme favant doit acquérir, de ne fe laijjer jamais tromper. ] Il y a ici une faute confidérable au texte, *«?« fi TSç *w«fT«» cuifynrtzrimt t%tu>ç. I l faut lire comme dans le manufcrit de Florence , wipi /« T»î <TJ« irârruv

rage uo. Et toutes les chofes extérieures ne font ni toi, ni à toi ; mais, &c. ] Rien n'eft plus vrai ni plus folide que cette dif-tinétion. Notre ame, c'en nous; notre corps efl à nous; & tout le refte n'eft ni nous, ni à nous, mais à ce qui eft à nous. Platon en a fait une démons­tration fenfîble dans le premier Alci-biade j & c'eft fur ce principe qu 'E-

pi&ete

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IX SUR LES COMM. D 'HIÉROC. %6ï

piâete a fondé toute fa Philofophie. De quelques aBions, & de quelques p»8e"5.

paroles qu'ils accompagnent leurs per-fuafions.~] J'ai ajoute de quelques paro­les : en fuivant l'exemplaire conféré • fur les manuferits. Le manuferit de Florence fupplée auffi le même mot, & lit ainfi tout le paflage, eTÎ oîm ctv *çyw u Xoyut TKç wpoç r» %tï(o* *mçmow*c vrtfrtvç irçoa-ttyeiyti TW Trsîpae.

Et que je ks défendrai •courageufe- Page 114. ment. ] Le texe dit, & que je fuppor-terai courageufement leur perte. Mais il me paroît qu'il ne s'agit pas ici de fupporter la perte des biens, plutôt quand elle arrive d'une manière, que quand elle arrive d'une autre. Au-lieu de mra/jitim, je lis «woKXtwi, qui fait un très-beau fens. Les manuferits ne font ici d'aucun fecours.

Ne les perdrai-je point par un nau­frage ? ] J'ai ajouté ces mots tirés du manuferit de Florence , qui lit «<t><«-ttiTiTni ; va.va.yior avra cv nafetiftwereu.

Imaginons-en donc nous-mêmes une p*s-ll-+* Tfien raifonnable pour l'amour de la ver­tu. ] Puifque les biens font fi périiTa-bles, & qu'il y a tant de manières de

Tome IL Q

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5^2 REM. SUR LES VERS DE P Y T ,

les perdre malgré nous, mettons-nous à couvert de ces pertes, en imaginant une perte plus noble que toutes les autres ; une perte dont la vertu nous tienne compte; c'eft-à-dire, une perte volontaire pour de bonnes œuvres. Cette idée eft d'une grande beauté.

Et en achetant la vertu à un prix beaucoup plus haut que celui qu'on nous offre pour nous obliger d'y renoncer. ] C'eft encore une très-belle idée : Ce­lui qui donne tout fon bien pour la vertu, n'a garde d'être tenté d'y re­noncer pour des offres , & des récom-penfes; car il a plus donné pour l'a-? voir, que les autres ne peuvent lui offrir pour le porter à y renoncer. Celui qui quitte tout , quitte plus qu'on ne lui peut donner. S'il avoit ce qu'on lui offre, il le donneroic encore.

Que fi nous favons bien nous gar­der nous-mêmes. ] Ou à la lettre,fi nous favons bien garder ce qui ejl nous. Le rranufcrit de Florence, au-lieu de rè fiftiïv, lit fort bien ri «yu«ç ; ce nous, c'eft-à-dire, notre ame.

rije ni. Nous ne k garantirons jamais de la

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ETSURLEsCOMM. o'HlÉROC. 363

mort. ] Le mot dutexte, l^wvttt efl cor­rompu. Il efl pourtant dans les manus­crits : je crois très-certaine la correc­tion de M. le Do&eur Salvini, qui corrige turur*!, garantir, fauver.

Que fi nous la foujfrons pour une bonne cauje. ] Hiéroclès reconnoît ici que la bonne caufe fait feule le mérite de la bonne mort, & il en donne la raifon. Rien ne peut annoblir & illuftrer la néceflîté de la nature, c'eft ainfi qu'il appelle la mort, que la fermeté & la droiture de la volonté & du choix.

De forte qu'elle efl elle-même le com- page Iia#

mencement, le milieu, &" la fin de tous les biens. ] J'ai fuivi dans ce paffage le manufcrit de Florence , qui dit plus que le texte imprimé. Voici comme i l a l u , »ç içTcfa rt «§ ixle-m à, rtXturw «»«i riïv iytfiSf, t) fv Toorti xutrfxi TW àTttX^etym rSy tuutw, ^ /<* ntùriiç I*.*-vtic hfM9 •trwptymr'fttt lij TW JSV ctprrttr ttXtiuffW.

Comme au contraire les fuites de la Page 150; bonne confultaùon. ] J'avois corrigé tùCcvxlat, au-lieu de dCovxiaç. La fuite du difcours le demandoit vifiblement. Je l'ai enfuite trouvé à la marge de

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3 64 REM. SUR LES VERS DE P Y T ,

l'exemplaire conféré fur les manufr crits, & dans le manufcrit de Flo­rence.

Page 131. Pourfe dérober aux peines. ] Le ma-r nufcrit de Florence a fort bien rétablj ce pa0age; car au-lieu de qv>*f qui pe peut avoir lieu ici, il lit <J>«>?t pour éviter, pour fuir.

Page. i$i. Rend contre lui-même une fentence conforme à fes excès & àfes crimes. ] Car il condamne fon ame à n'être plus. Le manufcrit de Florence, aur lieu de mltui Ù/MTçIç , lit miruç JUIJ» rpv'af, &c. rend une fentence proportion­née àfes crimes. Cela revient au même fens.

Et ne la réduifentpas à n'être plus ; au contraire, ils la ramènent à être vé­ritablement. ] J'ai fuivi ici la leçon que m'a préfentée la marge de l'exemr plaire conféré fur les manufcrits, & qui m'a paru préçieufe, au-licu de ixahhov hrarolyovrti, on lit, aXX* tif rà aveu /xxX>.cv \7ravetyovriç ; & je vois avec plaisir cette addition confirmée par le manufcrit de Florence.

Page 133. Dans ce qui eji contre fa nature.] Pans le texte, au-ljeu de JW T% ùç

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ET SUR LEsCoMft. D'HlÉROÔ. $6?

ïi fjù waçx qvriy IKT^OTIKç , il faut lire , &ht T»ç e/ç ro (Jiti Kcna <$o<rlv t*TpoT?ç, ou.effacer la négative, fi on veut con-ferver w*g«. Cette faute eft dans les • manufcrits.

Mais ayant fon efprit toujours atta*VisiliiJ-ché aux régies que Dieuprefcrit ] Dans le manufcrit de Florence , au-lieu de *-fè« rêve Jiicuç xavovctt, aux régies di*. vines, il a crgeç TCV Jtlv, à Dieu. •

Que les foudres du ciel viennent frap-* per ma tête. ] C'eft un vers de la Méàée d'Euripide. Voici le paflage entier:

Ai «1, Site fttixtfctXàs f».«| oipmue

Bxl>i, 71 Si fcti Çy» «M Kt(J[<&' y

4>cû , <piu ! thttxTU xx7*}wf*lfcca > Bitrat fvytfttt îft\iàtif*i

Car elle croit effacer t &c. Ces trois $*& *JU lignes ne font point dans lé texte im­primé;* je les ai trouvées à la marge de l'exemplaire conféré fur les manuf­crits, & l'on voit mânifeftement qu'el­les font d'Hiéroclès, & de plus très-néceffàires, rnv TÎç ùCCVXUç *çPt*r *?*•".

•wpe*«T«'cf&iikw wtti<P<i7ron<tv apFS/xeyii. Ce.

qui eft parfaitement bien dit, & plus

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'g 66 REM. strR LES VERS DE P Y T .

heureufement exprimé en Grec que je n'ai pu le rendre en François. Mot à mot, principium temeritatis delere futatfine ptjori, fiultam filiorum pro~ ereationem , infana.eorum occifioneper­mutons. Et voila comme font les hommes, dès qu'ils ont une fois agi uns réflexion, ils ne cherchent qu'à couvrir leurs fautes par d'autres fautes fouvent plus grandes. Le manufcric de Florence confirme l'addition de ces trois lignes.

p e I}_ Dt n'obéir à aucun des miens qu'à la raifon. 3 Ce paflage de Criton eft fort beau, & il fuffit feul pour faire voir qu'on perd fouvent des choies très-folides quand on ne traduit pas ces Philofophes âffez littéralement.

Pourfervirà la raifon.'] J'ai fiiivi encore ici la correction que m'a fournie la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & que j'ai enfuite trou­vée confirmée parlemanufcrit de Flo­rence , au-lieu de wgsç vir»fttrta.v T«V *o?nwr, ils ont lu tous deux -pc? ô«»p«-«•/av TÎ)" Myntri twiq., pour fervir à Vef. fence raijonnable. Hieroclès dit fort bien que les pallions font données

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Et SUft LES COMM. D'HiÉRÔC. $6f

tfomme les aides de la raifon ; mais il faut qu'elles foient fes fervantes & non pas fes maîtrefles.

Et les grands maux qui viennent ni- Page M». tejfairement de In témérité &* du défaut de réflexion. ~\ Ceci eft encore ajouté au texte dans le manufcrit de Flo­rence , où on lit *j IH b*rri*t fiafl-etuç ta Kààt*, &* les maux qui viennent de la difpojîtion contraire.

Ceji qu'il réprime tous les motive- P*ge "»«• ment s de l'opinion ; &* nous ramené à la véritable fchnce. ] L'opinion ne s'ap-puyant que fur des vraifemblances peu approfondies, eft comme un fable mouvant; mais la fcience fe repofant fur le certain & fur le vrai, a des fon­dements fixes. Socrate & Platon , par une comparaifort très- jufte, ont rendu très-Jenfibles la différence qu'il y a entre la fcience & l'opinion. Dédale faifoit deux fortes de ftatues ambu­lantes , dont les unes avoient un maî­tre reffort qui les arrêtoit quand on vouloit, & les autres n'en avoient point, de manière qu'elles s'échap-poient & alloient toujours jufqu'à la fin de leur corde, fans qu'on pût les

Q i v

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368 REM. SUR LES VERS DE PYTV

fixer. Ils comparaient donc l'opinion-à ces ftatues qui n'étoient point ar­rêtées ; car l'opinion ne s'arrête point, & n'a rien qui la fixe. Mais quand elle eft liée & fixée par le raifonne-ment tiré des caufes que la lumière de Dieu nous découvre, alors cette opi­nion devient fcience , & elle eft fixe & fiable, comme l'étoient les ftatues. à qui on avoit ajouté ce maître re£-fort.

Page no. Qui ne s'enorgueillit d'aucune des c/zo-fes qu'il fait. } Voila l'écueil des fa-vants, car la fcience enfle. Mais pour peu qu'on fît de réflexion, on fe trou­verait bien petit de s'enorgueillit d'une chofe qui eft fi bornée x même dans les plus fâvants.

Or rien ne mérite d'être appris que ce qui nous ramené à la rejfemblance di­vine. ~\ Qu'on vante après cela toutes les fciences dont les hommes font fi entêtés, & qui les rendent fi vains: voici un Païen qui reconnoît comme Socrate , que rien ne mérite d'être appris, que ce qui nous rend l'image de Dieu, & qui forme Dieu en nous.

Que ce qui enfdgne à ne craindre ni

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉROC. j5p

la mort, ni la pauvreté. ] Il manquoit ici un mot dans le texte; & j'ai trouvé ce mot heureufement fuppléé à la mar­ge de l'exemplaire conféré fur les manùfcrits, & dans le manufcrit de Florence, Xj riv favctrou ^ wtn'aç iqoGUr

La volupté ne fubjîfte point par elle- Page M* mime ; mais elle arrive quand nous fai­sons telle ou telle aclion. ] C'eft un-point de la doélrine de Pythagore , qui a démontré le premier, que la volupté n'a point d'eflfence, c eft-à-dire , qu'elle n'exifte pas par elle-même , & qu'elle n'eft que la fuite & le fruit d'une aétion. On trouvera cette matière admirablement traitée dans le Philebe de Platon, où Socrate parle des Pythagoriciens , quand il dit ctfa Viçi âefovâç owt àwiiccauev «ç au yi- Tom.i.?.j* yitrsç lç-»v y oû<riu <Pt oùx eç-i TO <Betçcnraur

»<f ov»ç , Ko/jtr\,oi ya.% <f» T»eç av TOVTOV ràr

>œyov ITTIX^OVCI fxmvuv è/juv, tic J V X*y* «#•»• N'avons-nous pas entendu dire delà volupté, qu'elle ejl toujoursune génération , £r qu'il n'y a en aucune façon nulle ejfence de la volupté; car cejl ce que quelques gens polis &* habi-

Q y

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370 REM. SUR LIS VERS DE P Y T .

les tâchent de nous démontrer, &• il faut leur en avoir de Vobligaiion.

Mais il lefurpajj'e encore par le genre de la volupté pour laquelle feule ilfemble, &c. ] Que cela peint bien l'aveugle­ment des hommes! Le vicieux s'a­bandonne au vice pour l'amour de la volupté, & la volupté dont il jouit, eft infiniment inférieure à celle dont il jouirait s'il s'appliquoit à la vertu ; & c'eft ce qu'il va prouver d'une manière très-folide.

Page 14 x. ^ r # efl évident que la volupté dit vertueux imite la voutpté divine.] Cet argument eft d'une force invincible. Puifque la volupté fuit toujours la nature de l'action qui la fait naître, il ne fe peut que celle qui naît de la vertu ne foit infiniment au-deflus de toutes celles que le vice peut procu­rer , & qu'elle n'approche de la vo­lupté divine. Ainfi , de l'aveu même d'un Païen , ceux qui fuivent Dieu ont des plaifirs mille fois plus grands que ceux qui fuivent les attraits du monde.

N'imite que des mouvements emportés &• brutaux,] Car elle ne peut imiter que ce qui la caufe.

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 371 Car les voluptés &" les triftejfes nous

changent, &* nous tirent de notre état. ] Il veut dire qu'elles nous élèvent juf-qu'à nous faire refTembler à Dieu, ou qu'elles nous dégradent &nous rabaif-fent jufqu'à nous rendre femblables aux bêtes : & cela éft vrai.

Celui donc qui puife où il faut, quand il faut, &* autant qu'il faut, efl heu­reux.] Ces trois conditions font né-ceflaires pour le bonheur ; car les meilleures chofes même deviennent mauvaifes , quand elles font faites fans mefure, ou il ne faut pas, & quand il ne faut pas, comme Hiéro» clés va l'expliquer.

Et la connoiftance cherche VopportU' v»<„,±,*' nue. ] rythagore avoit tait un pré­cepte de Yopportunité, & il enfeignoic qu'il y avoit certains temps que dé­voient obferver fur toutes chofes ceux qui vouloient s'adreflêr à Dieu. Si par ce précepte il vouloit dire Am­plement qu'il y avoit de certains temps favorables & privilégiés pour s'adref-fer à Dieu, & pour lui demander des grâces, il avoit connu une grande vérité ; car l'Ecriture fainte nous ap-

9. vj

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i .

37* REM* SUR LES VERS DEFYTV

ifa. 4>. 8. prend qu'il y a tempus acceptabile, au-s. Paul i. quel Dieu exauce. Auffi David ap-connth. vi. p e | l e Di e U j f l ^ w o r in opportunitatibus , pr. ix. io. Q«i ne manque pas de fécoùrir dans le

temps opportun : Et c'eft peut-être fur cette vérité connue, que les Pytha­goriciens appelloient la première cau-fe, le premier principe, c'eft-à-dire, Dieu, opportunité. Mais il y a plus d'apparence que Pythagore ne s'étoit pas tenu dans des bornes fi fages, Se qu'il avoit pouffé cette recherche de l'opportunité, jufqu'à une obfervation fuperftitieufe des temps, des jours & des moments propres pour les facri-fices & pour les autres opérations théurgiques, & qu'il avoit tiré cette fuperftition des Chaldéens.

Car ce n'efi pas à être exempt de faute que confifte le bien vivre, mais à faire tout ce qu'il faut.] C'eft un prin­cipe très-vrai. La bonne vie ne con­fine pas à ne faire ni bien ni mal, mais à faire le bien ; & par conféquent un homme qui pafferoit fà vie fans faire aucun mal , ne laifleroit pas d'être coupable , parce qu'il n'auroit pas fait le bien qu'il eft obligé de faire j & que

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 3J$

de ne pas faire le bien, c'eft un très-grand mal.

Or de l'un &* de Vautre, c'eft-à-dire t

de vivre exempt de faute &• de bien vi­vre. ] J'ai fuivi l'exemplaire conféré fur les manufcrits, qui au-lieu de M CT» T« eL/Mtçrâvw, qui ne fait aucun fens , lit h <T* Tijr fx» àfjtetpTclmr. Et cette le­çon eft confirmée par le manufcrit de Florence.

Elle n'eft autre que la vie. ] J'ai en­core fuivi ici la leçon de l'exemplaire conféré fur les manufcrtis, T/ç «Tè ctnoç n /jLtvoç c awo T»ç ap«T»ç , &c. qu'eft-elle que la feule vie, &"c. Le manufcrit de Florence lit 11% <Pl OUTSJ » p» IMVV,* • Sec. ce qui eft la même choie.

Qu'on fajjè quelque chofe de beau avec, Page i ^ mille peines £r mille travaux. ] J'avois ajouté ces deux lignes au texte, parce qu'elles y manquoient vifiblement, & qu'elles me paroiflbient très-né-ceffaires. J'ai vu enfuite avec plai-lîr qu'elles font ajoutées à la marge de l'exemplaire conféré furlesmanufcrîts, t'i fi màrlonô rt jurra voveu *e&tv, à fji.tr iràoi 7x«p»At«> tè cTè icetAev /xtVwj,

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^74 ft£M'SUR LES VERS DE PYT.

& qu'elles font de même dans le ma-* nufcrit de Florence. Il n'y a rien de plus beau & de plus vrai que ce prin­cipe d'Hiéroclès.

Page 148. Comme la première caufe de tousfes mouvements déréglés.] Le foin outré du corps eft la première caufe de tous

ixod. m u . fes défordres. Auffi eft-il dit , Ltpeu­ple s'ajjitpour manger &• pour boire, &• ilsft levèrent pour jouer : Et fedit po-pulus manducare & bibere, fyfurrexe-runt ludere.

Car le cheval ne devient vicieux, & nefe rend le maître"] On feroit trompé ici fi on n'avoit devant les yeux le paflage de Platon qu'Hiéroclès ne fait que copier, & ou Platon , par ce cheval, veut lignifier le corps. Voici le

Tom. 3. p paflfage comme il eft dans fon Phèdre,

lui ym pliruv rt ij (&*çwav, m /*» HetXwt y Ttïfct/JLfJLtvos inro rSv «vifowc ; car ce cheval qui eft vicieux regimbe &fe cabre, tendant vers la terre , £r tirant en bas par fon poids, s'il ri eft bien nourri par VEcuyer.

Parce qu'il eft plus difficile de s'en défendre, qu'on eft plus porté à en abu-

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R Q C . 3 7 /

fer. ] C'eft fans doute par cette raifon que l'Auteur de l'Eccléûaftique a dit du boire feul, Sanitas ejî anima &" cor-pori fobrietas pot us : Lafobriétê dans le boire efl la famé de Vame &* du corps.

Dont il rapporte la famé ùr le bon P»se'f«* état à la perfeSion de la vertu de celle qui s'en fert. ~\ Voila une règle bien fage , de n'avoir dans le foin du corps -

d'autre vue, que de rendre l'ame en quelque façon plus parfaite, en met­tant l'inftrument dont elle fe fert en état d'obéir à fes ordres, & d'exécuter ce que la vertu demandera.

Car il y en a qui ne doivent point lui F»ge M« être préftntés\ parce qu'ils appefantif-fent le corps- ] Voila la raifon du choix que Pythagore faifoit des aliments, la fanté du corps, & la pureté de l'ame; comme cela a été expliqué dans fa vie,

Qui fe porte vers l'intelligence, c'eft' à-dire vers Dieu. J'ai préféré ici la leçon du texte imprime, riv wpcç «t* Jtov lirtryofj.ivnv •\vX^> > à celle du ma-nufcrit de Florence, qui ne met que wft'ç TOV Jtov, &c. L'ame qui fe porte vers Dieu.

Car en tout on peut paffer doublement p»gt i j ».;

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'yj(> REM. SUR L^S VERS DE P Y T ,

cette jufte mefure. ] Dans le texte im­prime il y a on peut paffèr infiniment r

ifjMTyia. TToXXrl : mais j'ai fuivi le ma­nufcrit de Florence, qui lit àfjuTfi'a. JW*.», on peut pajfer doublement ; c'eft-à-dire, en deux façons, ou du côté de la magnificence , ou du côté de la mefquinerie, comme Hiéroclès s'ex­plique fort bien.

Page i j 6. rjne maifon propre, mais fans luxe.} Ces mots manquoient au texte im­primé. Le manufcrit de Florence les a heureufèment fuppléés, en ajoutant après i uaTWv IxKfyc/Jityct xafapiïov , affwrlor, ces quatre mots oncov opclus

Pour s'éloigner donc de la magnificen­ce, elle a recours à lajimplicité.] Le texte étoit corrompu en cet endroit. L'e­xemplaire conféré fur les manufcrits l'a corrigé en lifant «TSWIV, pojfejjion , acquifition ; au-lieu de ut Un, qui ne lignifie rien ici. Le manufcrit de Florence lit encore mieux wg« xTw-jr, &c.

Des habits qui ne foient pas d'une étoffe tris-fine, mais propre. ] i^ânc* mlèr, ne fignifie pas ici de méchants

Page 157.

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ÎT SUR LES COMM. D ' H I É R O C . J 7 7

habits f comme l'a cru l'interprète Latin, qui a traduit veflimenta quidem nequaquam vilia ; mais il fignifie des V habits d'une étoffe fine, & par con-ï féquent magnifique & précieufe. C'eft ainfi qu'Homère dit en parlant de Ca^ lipfo dans le 1. livre de l'Odyffée.

Avm o iftfpett (pùfii fttya imojo Hiftfii A«îT7« xj X't'1"

Elle prit une robe éclatante, d'une étoffé très-fine &* très-agrèable.

Car dis que ta pajès la mefure du Page , ^ befoin, tu te jettes dans Fimmenjité du défir. ~\ J'ai fuivi ici le manufcrit de Florence, qui au-lieu de implÇ» , & Tj-peîX -e, lit à la féconde perfonne ùntplÇiiç, & wpoSXtfç, ce qui eft infini­ment mieux. •

Si par rien de trop nous n'excitons P*S° »f»* pas contre nous nos propres Citoyens. ] Il eft vifible qu'il faut corriger le tex­te , en y ajoutant la négative p.», de cette manière, TO /WHTJV ayw> /*» *»-vottvnç. Cette faute eft pourtant dans le manufcrit de Florence,

Ht c'ejî ce quijîgnifîe ici proprement le mot d'enyie.] Ce mot eft fouvent

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57"S REM. SUR IES VERS DE Pyf.

pris en ce fens-là dans les auteufs Grecs, & quelquefois dans les auteurs Latins ; mais en notre Langue il ne fîgnifie jamais que cette paflîoff qu'excite le bien des autres , quand il nous paroît outré. Il a fallu pour­tant l'employer ici dans le premier' fens pour faire entendre le Vers de Pythagore , & l'explication que lui donne Hiéroclès.

tageitfz. Et quand il dit ici, Us ckofes qui ne pourtont te nuire, j II manquoit ici au texte une ligne entière que j'ai trouvée heureufement fuppléee à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & enfuite dans le manuf-crit de Florence : Voici le paflfage en­tier , r,$ncSJJ* </V TretXlv TS A' 2E MH BA'A'S'H , oÔ Tùù( diuvjôfxtfei «ç ^ rS A 2E, &c. Cela eft très-néceflaire pour le fens.

Car cet homme intérieur ejî blejfé. ~} Il y avoit une faute groflîere dans le texte, TSTOY JV $\hw3 car cet homme-là voit, &c. Il faut corriger rSrov cTe faxaiTrltiv ; car cet homme intérieur efi blejfé. Et c'efl: ainfi que je l'ai trouvé dans la marge de l'exemplaire conféré

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ETSURLEsCOAflH.D'ÏIlÉKOC. J7p

fur les manufcrits. Le manufcrit de Florence lit virer <fe jSxaVJw.

JVe laijje jamais fermer tes paupières Pag* i<* aii,fommeil, après ton coucher. ] Pour­quoi le Poète attend-il à la fin de la journée pour nous faire examiner ce que nous avons fait, & pourquoi ne nous avertit-il pas de penfer dès le matin à ce que nous devons faire ? II femble que cela feroit plus fur. Si nous en croyons Porphyre, il manque quel­que chofe à ce texte ; car il écrit que Pythagore recommandoit d'avoir foin fur tout de deux moments de la jour­née, de celui où on fe levé, & de celui on on fe couche; du premier y pour penfer à ce que l'on doit faire pendant le jour ; & de l'autre, pour fe rendre comte de ce que l'on a fait, & pour le premier il difoit,

Hfir* ftn è| vrroio fctXtÇpttis (imHH»sit(f

£ v futXm immtiuu h/ \t ip.ifri 'ifyu t i»

Mayas,

Premièrement, dès que tu feras éveillé, pehfe à tout ce que tu dois faire le jour. Je croirois donc qu'il faudroit ajouter

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$8o R E M . SûR LES VERS DE PYT' ,

ces deux vers au texte, immédiate-* ment avant le quarantième ,

Mtiè' iïxrsr (taxaient» , &C. t

Et ne laiffè jamais fermer tes paupières ,• tyc.ll y a beaucoup d'apparence que l'Empereur Màrc-Aurele avoit tiré de ce précepte de Pythagore, cette belle réflexion qu'il fait au commencement de fon fécond livre : II faut fe dire le: matin quand on fe levé j aujourd'hui f aurai affaire à un importun , à un in-* grat, &c.

Que tu n'ayes examine'par ta raifon. "j Dans la plupart des exemplaires, ce vers de Pythagore eft écrit t

Tlftt ta» IjfiepttZr \fyot> if 14 'ixtKn iUiXtêtij

Avant que d'avoir repaffé trois fois tou­tes tes aclions de la journée. MaisHié-roclès a lu autrement;

Avant que d'avoir examiné par ta rai­fon i &c. Et il ne parle nullement dans fon commentaire de ces trois fois, ce qu'il n'auroit pas oublié, fî c'eût été la véritable leçon. En un mot, le

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ET SOK LES CoMM. D'HIÊROC. 38J

commentaire d'Jïiéroclès prouve qu'il faut lire comme il a lu. Les Pytha­goriciens n^obligeoient point du tout à répéter trois fois cet examen. Une

. feule bonne fois fuffit. Comme un bjit divin, ] Pans le texte Pa5e lSs*

imprimé il n'y a que comme un but j ùç wçog Tira. pKovi? ; mais le manufcrit de Florence fupplée le mot qui man-Q u e , »ç 7rfoç tira. J*7çy 0-K.cnrw.

Et il veut que nous lefaffîons lefoir avant que de nous endormir. ] Ce paÇ-fage eu corrompu dans le texte im­primé. Le manufcrit de Florence le reftitue de cette manière, wpoç î<rwép«r «Tè à) wgeç VTTVOV Tfnrc/xfvtiy , «Wiç a» wç Tù 7r»fxxç TWV fX(J»/j.tflra>y Trfat^tav TO TDç fUvuJ'Àfiuç *a.J-iÇot[Jier finaç-mim.

Aux fondions de la vertu. ] J'ai fuivi Page 1*7. le texte imprimé, dont le fens paroît fort bon , wpe; tir T»î «çeTiTç iripytictr. Je fuis pourtant obligé d'avertir que le manufcrit de Florence lit ?rpoc rfa TWç apiç-Hç £w»s ryrtçyintr } aux allions de la meilleure vie.

En rappellant par ordre toutes fis a&ions bonnes &* mauvaifes. ] Le texte imprimé dit moy. à mot, &* rappellant

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$134 "&EW. SUR LES VERS DE P Y T .

tous deux la Loi de Dieu qui les •défend, & que-par là ils méritent la peine due aux tranfgrefiîons.

,»agei7i. Alors regardant la Loi comme ré-gemplaire qu'il devoit fuipre, il pro» nonce &fe déclare. ] J'ai fuivi l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & le manufcrit de Florence où ce pafTage eft plus fain & plus entier que dans le texte imprimé. Voici comme on y l i t , TôT* Kçim wpeç Tra.^a.J'tiyfxa. «weCàt-

Page 171. Fafc fa celui qui Vobferve, la venta-ble image de Dieu. ] Au-lieu de TW fyufjLtvuv, du texte, il faut lire nécef-fairçment T«V fyufMvo», comme on lit à la marge de l'exemplaire eonférj fur les manufcrits.

Page 171. . Fait l'homme de bien par l'acquijîtion des vertus. ] Il y a dans le texte im­primé ,par la nature des vertus, fia. T«ç TWK aprrw cpùirtceç, ce qui peut avoir un ' bon fens ; mais j'ai préféré la leçon qu'on trouve à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Florence, «TOVIWç, acquijîtion, au-lieu de qtia-tai., nature,

page «7f. Or que cela nous déifie, £r que ce foit

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*»r

I T SURLESCOMM.D'HIéROC. 387

foit là la fin. J J'ai fuivi le roanufcrit de Florence, qui rétablit fort bien ce paffage /en lifant'foi JV J*oï, rSro T*ç 5"«»pirw«Sç àxtiftlaf ro Trlçctf.

On demande ici de la faculté intelli- page 17 fc gtnte , la méditation, ] Il s'eft gliffé dans le texte imprimé une faute con-fidérable, TW «V<jue*«'av, il faut cor­riger T»V fitterw, comme on lit à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Florence. Tout ce qu'Hiéroclès dit ici des trois facultés de l'ame, eft par­faitement beau.

Et cette difpofition ne manque pas d'être fuiyie de l'efpérance divine qui fait refpkndir dans nos âmes la lumière de la vérité. ] Voici une belle grada­tion : La méditation, la pratique, & l'amour des vertus, produifent dans nos cœurs l'efpérance divine 5 & cette efpérance y fait luire la vérité; car l'efpérance en Dieu eft toujours ac­compagnée de lumière : c'eft pour­quoi faint Paul plus éclairé que tous Rom 'T- *' les Philofophes , a dit de cette efpé­rance, quelle ne confond point. , Par la connoifj'ance certaine des êtres.] p»se irr-

Tome II. R,

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386 REM. SUR LES VERS DE P Y T . Au-lieu de ruv ùAW , qu'on lit dans le. texte imprimé, il faut lire comme dans le manulcric de Florence, tw o>,uv.

Car le Poète jure ici avec beaucoup de ferveur. [ J'ai encore fuivi ici le manuf-crit de Florence , où au-lieu de e!W«-rety fxwux, ofMviriv , il jure avec ordre , &*

. de fuite ; ce qui ne fignifle rien ici, on lit J'ixTtTctfji.imt o/utw/r, impensèju~ rat, il jure avec ferveur. Il veut dire, que le Poète rempli de la vérité & de la certitude de ce qu'il enleigne, jure, &c.

pjg: 1S0. Que le quaternaire qui eji la four ce de l'arrangement éternel du monde, n'ejî autre que Dieu même qui a tout créé. j On a vu dans la vie de Pythagore, que ce Philofbphe ayant appris en Egypte le nom du véritable Dieu, ce nom myftérieux & ineffable, Jehovah, & voyant que dans la langue originale il étoit compofé de quatre lettres, l'a­voir traduit en fa langue par le mot, TetraiTys , le quaternaire, & en avoit donné la véritable explication , en diiànt qu'il fignifioit proprement , Jource de la nature qui coule toujours 5 car c'eft ce que fignifie le mot original.

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ET SUR LES COMM. D'HI^ROC. 387

Ses premiers difciples conferverent cette tradition dans toute fa pureté ; mais ceux qui leur fuccéderent, ayant perdu apparemment l'idée^ du véri­table nom, du nom original que Py-thagore avoit traduit & expliqué , & ne concevant plus comment le Te-traiïys, le Quaternaire, pouvoit ligni­fier de fi grandes chofes, allèrent s'i­maginer que c'étoit la vertu de ce nombre quaternaire qui opéroit tou­tes ces merveilles : & tranfportant ainfi au nom traduit toute la vertu que le nom original attribuoit à celui à qui il étoit donné , ils conçurent que ce nombre étoit le véritable principe, & le créateur des êtres. Deux chofes les confirmèrent dans cette penfée ; la premiere,les vertus qu'ils prétendoienc trouver dans ce quatre, qui renferme toute la puiiTance du dix, 8c par-là tous les nombres ; & la féconde , le nom même de Dieu, qui dans pref* que toutes les langues fe trouve de quatre lettres. Cela une fois pofé, il ne faut pas s'étonner des fuites qu'eut cette belle découverte. Bientôt on crut que toute la nature n'étoit que

Rij

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388 REM. SUR L'ES VERS DE P ï T .

l'effet de la vertu des nombres; & cette doctrine fit de fi grands progrès, que faint Auguftin même ne jugea pas indigna de lui d'y entrer, & de croire, non pas que les nombres étoient des principes, mais qu'ils renfermoient des myfteres infinis. Il en trouve de grands dans le trois, dans le quatre, dans le fix, dans le fept, dans le qua­rante , &c. On peut voir fur cette matière, Pétri Bungi numerorum myf-teria , où ce favant auteur prétend démontrer l'accord parfait qu'il trouve entre les nombres de l'Ecriture fainte, & l'A rithmerique Pythagoricienne.Ce n'eft pas ici le lieu d'entrer dans cette difcuffion ; je me contenterai de dire, que les nombres principes font de vé>-ritables chimères ; car, comme Arif-tote l'a fort bien dit, les nombres ne peuvent jamais être des principes d'ac­tions & de changements. Ils peuvent être fignificatifs , & marquer certai­nes caufes ; mais ils ne font jamais ces caufes-là.

C'eft ce que tu apprendras du Livre facri. qu'on attribue à Pythagore. ] Ce Livre étoit un traité des Dieux, & ce

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ET SUR LES COMM. b'HlÉROC. Jgp

traité étoit appelle fatfré îepcV **W On prétend que Pythagofe y avoit expli* que le fentiment d'Orphée, qui avoit

• dit que VeJJènce du nombre étoit leprin-cipe des chqfes , & la racine des Dieux & des Génies, Hiéroclès ajoute, que l'on attribue à Pythagore ; parce qu'en effet cela étoit contefté, les uns l'at-tribuoient à Pythagore, & les autres àfon fils Telauges. Voyez Jamblique, chap. x x v m : pour moi je fuis per­suadé que ce Livre, & celui d'Orphée, étoient des ouvrages poftérieurs à Pythagore.

Dieu ejî célèbre comme le nombre des nombres. ] Dieu eft un ; comme tous les nombres procèdent de l'unité, de même tous les êtres procèdent de Dieu. Maisc'eft mal raifonner, que de dire, que parce que Dieu eft un, c'eft l'unité qui a tout produit par la vertu atta­chée à ce nombre. Je ne m'amuferai pas à réfuter toutes les chimères qu'Hié-roclès débite ici. Tout ce qu'il dit des nombres dans ces trois pages, n'eft tout au plus que curieux, & ne mené à la connoiflance d'aucune vérité (6: lide.

Riij

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39° REM. SUR LES VERS DE VYT.

page t8i. Et le fept comme Vierge , y fans mè­re.] Le fept ne produit aucun nombre dans l'intervalle du dix, & n'eft pro­duit par aucun des nombres que cette intervalle renferme. Voila pourquoi les Pythagoriciens le comparoient à Minerve, & lui donnoient même ce nom, parce que Minerve eft Vierge, & fans mère. Voila une des belles & excellentes propriétés du fept ; cfeiï-à-dire , voila de profondes rêveries que les Pythagoriciens donnoient , comme de grands myfteres.

Page 185. D'ailleurs il y a quatre facultés pour juger des chofts. ] On ne fauroit ni imaginer aucune autre faculté au-delà de ces quatre, ni rien trouver qui ne foit du reffort de l'une d'elles ; car comme Ariftote l'a reconnu dans le premier livre de l'aroe, chap. 2. Tou­tes chofesfe jugent, les unespar l''entende­ment , les autres par la feience , celle-ci par l'opinion , celle-là par le fentiment. xpiytrai / 1 ta, irçttypanel , TOI JUIC va ,

T « / « tmçifjw , Tel <Tè «Po£tt, Tôt «Pt ect'-

rfia-u. Le même Ariftote enfeigne auffi, que l'entendement répond à l'u­nité, la feience au deux , l'opinion au

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tT SUR LES COMM. D'HIÉROC» }OÎ

trois, ou ,ce qui eji la même chofe, à la fuperfîcie, & le fentiment au quatre , ou à la figure folide : Ses paroles font re-marquâmes ; vow /JM> TO tv, t-mç-^ixto J't T « <f Jo, &c. Tof J** TB IWIWHTOO a^tjfjièf fdçctv , aurftia-iv / è TCV TB ç-tpwu. Plu-tarque dit la même chofe dans le i e t

livre des opinions des Philofophes, chap. 111 j & il en explique les rai-fons : mais dans Plutarque, le fenti­ment n'a point de nombre qui lui ré­ponde; c'eft pourquoi Théodore Mar-cile a eu raifon de croire qu'il y a une lacune dans le texte , & qu'il y man­que une ou deux lignes, où Plutar­que avoit expliqué de quelle manière le fentiment répond au quatre , & avoit fait voir que comme le quatre renferme le trois , le fentiment ren­ferme de même les trois autres facul­tés , l'entendement, la fcience , & l'opinion.

En un mot, le quatre embrajfe &• lie tous les êtres, les éléments, les nombres, lesfaifons, les âges , les fociétés, &<:. ] Le quatre comprend les éléments , parce qu'il y en a quatre ; les nom­bres, parce qu'ils font tous renfermés

Riv

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3<?2 REM. SUR LES V E R S D E P Y T .

dans la vertu du quatre, qui com-pofe le nombre parfait dix, comme on l'a expliqué. Il comprend aufli les faifbns & les âges, parce qu'il y a quatre âges 5f quatre faifons. Mais comment le quatre renferme-t-il auflî lesfociétés? C'eft ce que nous apprend Théon Philofophe Platonicien, dans fon livre de locis Mathematkis in Tim. Plat. cap. ntpi TtTp«*Tu'of à) /«««cTeç, ou i l d i t , {ÇJ^ifiti efè TtTfHKrù(, i riïv x.owoi-riSr ; a^X" H-*v> % °*tv pwàç âvffuvôç~^ tToaç <Te sitce; , rp/af J^t KU/AX , TJTpaç J*t nihiç. ro yctç tfyoç tu rcvrav evyntircu. Lefeptieme quaternaire ejl celui desfo-ciètés ; le fondement ; &* comme lfun de ce quaternaire , c'eft l'homme ; le deux, c'eft la maifon i le trois, c'eft le bourg ; le quatre, c'eft la ville : car voila ce qui compofe chaque nation. Il veut dire que dans le quatre fe trouve tout ce qui compofe les nations diffé­rentes ; car elles ne font qu'un com­pofe d'hommes, de maifbns, de bourgs & de villes.

La connoiffance de ce Dieu. ] J'ai fuivi ici le manufcrit de Florence, où au-lieu de » T«WTW <yvSfit, on lit » TSJ-

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ET SUR LES COMM. D'HiÉROC. 303

reu yvao-ii , La connoijfance de ce Dieu intelligible , c'eft à-dire , du quater­naire. La fuite prouve la néceffité de cette reftitution

Par lequel l'auteur de ces Vers jure ici. ] L'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits, & le manufcrit de Florence, ont rétabli ce paflage très-corrompu dans le texte imprimé, où on lit $r ^ m tTri/juvoi, ce qui ne veut rien dire, il faut corriger îv £ >w inciAwrcu, par lequel il jure ; car voila de quoi il s'a--git.

Et qu'ici on jure par celui qui nous a Pa i*}» enfeignéle nombre quaternaire. ] Il veut dire, que l'auteur de ces Vers a par­faitement obfervé le précepte, ref-pefle le ferment, à l'égard des Dieux ; car il n'eft pas juré par eux ; mais il a juré par un homme , qui n'étoit pas Dieu.

Qui véritablement n'étoit pas du nom~ breaeces Dieux, ni des Héros parleur nature. Je ne trouve rien de plus no­ble , ni de plus grand que cet éloge qu'Hiéroclès fait de Pythagore , en difant qu'il n'étoit pas un des Dieux, mais un homme femblable à Dieu >

R v

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394 REM. S U R ï - E S V E B S D E P V T .

& qui confervoit dans l'efprit de fes difciples toute la majefté de cette image.

Ceft pourquoi le Poète fur des chofes fi grandes , jure ici par lui, pour mar­quer. ] Hiéroclès revient toujours au ferment qu'il prétend que l'auteur fait dans ce Vers parPythagore lui-même, comme par celui qui avoit donné la connoiffance du quaternaire facré. Je m'étonne qu'après cette explication fi formelle, fi autorifée, & fi conforme aux fentiments que les Pythagoriciens avoient pour leur maître, le favant Seldenus, dans fon traité de Diis Syris, ait cherché une explication très-diffé­rente & très-éloignée. Premièrement, voici comme II rapporte le paflage,

O'u fia toi àfct7ifçt •tyoxu mcpaJiiTx 11-S-p*K7Vt ,

Tluyxr ùtmta Qo&i/s (tt^a/utr ï{«vm».

Et il l'explique, Non j'en jure par le quaternaire qui a tranfmis a notre amt la four ce qui comprend les racines delà nature éternelle; c'eft-à-dire, f en jure par le créateur de l'univers. Il fait-re-Tf«HTyç mafculin, & il explique, ces

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ET SUR LES CoMM. D ' H I É R O C J ^ y

ratines fiÇû/xon*, les quatre élément!. Cette explication eft infoutenable & contraire à toute l'antiquité. On n'a qu'à voir ce que Jamblique écrit dans la vie de ce Philofophe, chap. XXVIII.

On attribue un tel ferment aux Pytha~ goriciens, parce qu'effèftivement ils n'o-foientpar refpefl nommer le nom de Py-thagore, comme ils ètoient fort réfervés à nommer les Dieux par leurs noms ; mais ils le défignoient en le nommant l'inventeur du quaternaire. Cela n'em* pêchoit pas qu'ils ne juraflent aufli par le quaternaire ; mais ce n'eft pas une raifon pour changer le fens de ce vers.

Que le facré nom du quaternaire eji connu pour une efperance qui ne peut tromper. ] Ce paifage eft très-corrom-pu dans le texte, ou du-moins j 'a­voue que je ne l'entends point. itçpQ*»-•we ne fait aucun fens, & «ps^amî > comme on lit dans les maoufcrits, n'eft pas.meilleur; car que veut dire le facré interprète du quaternaire e/J con­nu par une efperance qui ne trompe pointf Encore une fois, je ne l'entends point. Je crois qu'Hiéroclès avolï écrit «psJ

«r«» au,-Ueu de t^felrrK- *«p* fl*^»

Rvj

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3P6 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

lefacrénom. Hiéroclès regarde le mot même du quaternaire, comme un mot facré, à caufe du Dieu qu'il défigne, & des vertus infinies que ce nombre renferme; & il dit que ce nom eji connu par une efpérance qui ne peut tromper ; parce que c'étoit Pythagbre lui-même qui l'avoit enfeigné àfes difciples, & que Pythagore etoit un homme in­capable de tromper.

Et que ce divin quaternaire a été ex­pliqué. J Car il a tâché de faire voir par les vertus de ce nombre, comment il étoit la fource de la nature, & la caufe de la création. Mais Pythagore l'avoit encore plus folidement expli­qué, en faifant voir que c'étoit l'ex­plication du nom ineffable dont on a parlé.

*»ge '»î« Cependant, comme nous tenons de Dieu cette liberté, nous avons conti­nuellement hefoin que Dieu nous aide. ] Voici un Païen qui reconnaît que quoi­que nous foyons libres, comme c'eft de Dieu que nous tenons cette liber­té , nous avons toujours befoin .qu'il nous aide à nous en fervir pour faire le bien ; car de nous-mêmes, nous ne

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ET SUR LES CoMM. D'HIÉKOC. 3 07

pourrions qu'en abufer , & elle ne îerviroit qu'à nous perdre.

Et qu'il achevé ce que nous lui de­mandons.] Il y a une faute groffiere dans le texte imprimé ; car "que veut dire ^ TI^MWVIWJ T«V a.lt-JnTm>, de laper-feclion ; ou de l'accompUJJèment des chofes fenjîbles, ou c o m m e l ' i n te rp rè te Latin a tradui t , rerum perfeblione quct fenfus movent. Il eft impoffible que cela fafle aucun fens. Au-lieu du mot aHrJmur, des chofes fenjîbles. O n lit à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits , aiftjlvrw, des chofes que nous avons choijies, ou entreprises. Et c'eft ainfi qu'on lit dans le manuf-crit de Florence j mais je fuis perfuadé qu'Hiéroclès avoit écrit »lntylnmt

des chofes que nous demandons. I l dit que nous avons befoin que Dieu achevé & accomplifle ce que nous lui deman­dons par nos prières , c'eft-à-dire tou­tes nos bonnes oeuvres, & tout le bien que nous faifons. Et. une marque fûre que c'eft la véritable leçon ; c'eft que dans la page fuivante Hiéroclès a écrit de même fini'tv mfit, tm mtîiriv TûV rf" tÙ7nfivt(m ?rg4«|>4pM"»t{tfans.tmployerde,

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35>8 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

notre part le moindre effort pour obtenir ce que nous demandons.

Pag«87. Ni nous contenter non-plus des (im­pies mots de la prière. ] Il y a une faute dans le texte imprimé » *.oyKrfu>7( ne veut rien dire ici ; il faut lire xéyeit, comme dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & dans le manufcrit de Florence.

Ou nous n'embrajfèrons qu'une vertu impie £r fans Dieu. ] Rien n'eft plus yrai. Agir fans prier, eft impie; & prier fans agir, eft inutile : car Dieu veut que nous opérions avec lui. Ce feul principe diffipe & détruit une in­finité d'illufions & d'erreurs qui fe font malheureufement renouvellées dans notre fiécle.

Et VinaQion du dernier détruira ab<* folumeni l'efficace de la prière. ] Il n'y a rien de plus vrai, ni de plus fenfible ; & je ne vois pas pourquoi Cafaubon a voulu corriger ce paflage , en lifant 4v&»« pour lu%»i, détruira la. vigueur de Vame. Rien n'eft plus éloigné du fens d'Hiéroclès.

rage 188. Or toute im'age a befiin de VoHgbtal pour exijttr,. «j Çomsxe ce n'eft pas le

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ETSUR LESCOMM.D'HIéROC. 309

propre de l'original d'agir pour for­mer la copie , & qu'il fuffit qu'il fok vu, on pouroit dire que Dieu étant connu, l'homme pouroit par fes feules forces en tracer en lui l'image. Mais il n'en eft pas de Dieu comme des autres originaux , ni de la vertu comme des autres copies. La vertu ne fe forme dans l'ame que par la coopé­ration de fon original ; puifqu'il eft la fource de tous les biens & de la lu­mière. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, &^le manufcrit de Flo­rence, ont lu yivtt-iv, production* naif* fance, au-lieu de inéç-etcn , exijlence.

Mais c'eft inutilement que nouspojfé» dons cette image. ] La leçon du texte imprimé m'avoit paru fort bonne, >tj e'*iT T» xrd/xtvsv, ce que nous avons acquis ejî inutile : mais j'ai trouvé à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, à, em àeutTro Kr4p-*iov, ce que.nous avons acquis ne fuffit pas '. Et enfin j'ai vu que le manufcrit de Florence a lu ^ eu* «p*« TIJS' «Tw/ievi* ; ce qui m'a paru la véritable leçon ; c'eft fille que j'ai fuivie, parce qu'elle fait un très-beau fens. Il ne fuffit pas

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4 0 0 RF-M«sUR L E s VBRS DE.PYT-

d'avoir acquis cette image, Jî l'on ne regarde continuellement, £rc. Il n'en eu pas de notre ame, & de Dieu, comme des autres originaux, & des autres copies. La copie d'un ori­ginal une rois faite, conferve toujours fa reflTemblance indépendamment de l'original qu'elle repréTente j mais notre ame a beau être l'image de Dieu, cette image fe perd bientôt , & s'ef­face, fi nous n'avons continuellement cet exemplaite devant les yeux ; car c'eft cet original qui perfectionne tou­jours fa copie , & qui l'entretient.

Que d'agir toujours en adrejfant tou­jours nos prières. ] Il manquoit ici quelque chofe au texte imprimé. L'e­xemplaire conféré fur les manufcrits avoit à la marge fxvtà. T« «' «;twt«' T»ç vrfdviit anlaç, &c. ce qui approche de la véritable leçon que préfente le ma-nufcrit de Florence , /«T« T* «W^W^«I wjèç T»V vfûruv aîrittv, car il s'agit ici de la prière jointe à l'aétion.

page 18?. £ r qUi s'eji pUrge'e elle~même comme l'ail. ] J'ai fuivi la leçon de l'exem­plaire conféré fur les manufcrits, qui eft confirmée par le manufcrit de Flo-;

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ET SUE LES CûMM. D ' H I É R O C . 4 0 I

rence, MUTSV JV«-/x»'Ça«-a, au-lieu de

Cefl la connoijance des Dieux , la Page ijoi fcience Théologique, &* le difcernement jufte de tous les êtres. ] Voila en quoi Pythagore faifoit confifter la fcience Théologique , à connoître Dieu , & les êtres raifonnables qu'il a créés, & à pratiquer tout ce que cette con-noiffance exige néceffairement. Que les hommes feroient heureux, s'ils fe renfermoient encore dans ces bornes!

Jufqu'où ils s'étendent, cefl. leur dif­férence fpéciale. ] Les fubftances rai­fonnables , yoila le genre commun Îuï renferme toutes les efpeces, les

>ieux, les Anges , les hommes^ C'eft là ce que Pythagore appelle rvç-wtr, qui renferme l'ordre & le rang qu'el­les occupent, p rt étaç-a cTif&tTcei, juf­qu'où chacune d'elles s'étend ; car ces efpeces font différentes : Les Dieux ne fe confondent point avec les Anges, ni les Anges avec les Dieux, ou avec les hommes; ni enfin les hommes avec les Anges ou avec les Dieux : chacun de ces êtres a fes bornes marquées. »î TI K;<ITHT*< j ce qui les renferme & les lie -y

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402 REM. SUR LES VERS DE PYT*

c'eft-à-dire , ce qui les réunit, & qui fait de ces efpeces différentes un feul & même genre , & un feul tout, de manière que la dernière efpece remonte à la première par fon milieu. Je me fuis arrêté pour expliquer ce paffage de Pythagore, & à confirmer l'explica­tion qu'Hiéroclès lui a donnée, parce que Saumaife l'a fort mal expliqué dans fa préface fur la verfion Arabi­que du Tableau de Cébès.

Page tft. Ni fef moyennes premières ou der­nières. ] J'ai ajouté ces mots qui man­quent vifiblement au texte , & qui font fuppléés à la marge de l'exem­plaire conféré fur les manuferits, et/** T« /*!«•« ffpara » \tKeLTct.

Pageis». Et par cette féparatlon, & par cette union rajfémblées , ils remplirent &* achèvent toute la confiitution Gr tout Varrangement de cet ouvrage divin. ] Car par leur féparation ils rempliffent & achèvent cet ouvrage divin , en ce que par là l'univers eft rempli & orné de créatures intelligentes qui font fa perfection : & par leur union, ils le rempliffent & l'achèvent encore, en ce que par là tout remonte à Dieu ,

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ET SUR LES COMM. D ' H I É R O C . 403

& que c'eft Dieu qui remplit tout, qui aime tout, & qui perfectionne tout.

Que la tradition nous a appris à ho- PaSe '?'* norer. ] Il appelle tradition, ces vé­rités que les Egyptiens avoient appri-fes aux Grecs, & qu'ils avoient re­çues du peuple de Dieu & des an­ciens Patriarches. Platon parle de mê­me de ces traditions. Il faut donc croire f^^ui*!, ces traditions qui font Jï fùres & Jî an- tom. i. p. ciennes, &1 ajouter foi au témoignage **7' des Législateurs qui nous les ont tranf-mifes, à moins que nous ne voulions les accufer d'être fous. Et dans un autre en­droit 1 Dieu , comme nous l'apprenons Dans le vi de l'ancienne tradition, ayant tn lui le t'om.". °p.X* commencement, le milieu, & la fin de 7>s-toutes chofes, &•<;.

Et cette connoijfance de fcience nefe forme que dans ceux. ] Ce paflage eft défectueux dans le texte imprimé, & il paroît entier dans le manufcrit de Florence, où au-lieu de xotrfA.ovvTw, on lit ncffjiovftv lyTinrau, & au-lieu de /*8T<5-avTwc, on trouve piTiç-ctfjt.iroiç. Ma traduction le fait affez entendre.

De ces êtres incorporels. ] Il y a dans

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404 REM. SUR LES VERS D E P Y T \

le texte, de ces êtres immortels : mais au-lieu de iy»vxxef, immortel , l'e­xemplaire conféré fur les manufcrits * & le manufcrit de Florence , lifent irdfMnty, incorporel ; & c'eft la véri­table leçon. Quand il appelle ces êtres raifonnables incorporels, il parle du corps terreftre & groflîer ; car il leur donnoit un corps fubtil, comme on le verra dans fa fuite,

page i<>4. £ f l nature en formant cet univers fur la mefure Sr proportion divine. ] Com­me Hiéroclès vient de marquer les vé­ritables bornes de la Théologie , il marque ici celles de la Phyfique, & il ïnfinue qu'on doit fe contenter de ne pénétrer dans cette fcience qu'autant qu'il faut, pour fa voir que Dieu a créé cet univers, & lui a communi­qué différents traits de fes perfections. Que toutes fes parties font fubor-données les unes aux autres par la même loi qui les a établies ; & que l'homme tenant le milieu entre les êtres fupérieurs & les êtres inférieurs, peut par le mouvement de fa volonté, s'unir aux uns ou aux autres, & par­ticiper à la na:ure de la bête, ou à

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ET SUR. LES CoMM. D ' H I É R O C . 4 0 /

celle de Dieu. Pythagore ramenoit donc la Phyfique à la morale ', & c'eft ce que Soçrate a fuivi.

De là vient que la circonférence. ] Page >>f-Hiéroclès veut dire à mon avis, que la circonférence, & le centre pouvant être regardés comme le principe de la Sphère de l'univers, Dieu n'a né­gligé ni l'un ni l'autre, & a voulu qu'ils fuflent variés & ornés félon leur nature, & qu'ils po.rtaflent les marques de fa gloire & de fa puiflance,

C'eft pourquoi tantôt. ] Au-lieu de £io tffm-ov pir, qui eft dans le texte imprimé , j'ai lu JV «•«'« /u«V, comme on lit dans l'exemplaire conféré fur les manuferks, Çc dans le manuferit de Florence.

Vers V-eniendement 6* la vertu. ] J'ai ajouté ces derniers mots , & la vertu, parce qu'ils paroiflent dans le manuf­erit de Florence,

Car ainfi il ne fer oit pas homme. ] Le texte eft fort bien corrigé dans le ma­nuferit de Florence, otirayàç «« uv %v âvfptmeç. Si l'homme penfoit & con-noifîbit toujours de même, il ne ferpit pas homme, mais Dieu ; car il n'y a .

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4 ° ^ REM. SUR LES VERS DE P Y T .

que Dieu qui ait ce grand avantage par fa nature.

Page 1J7. L'eff'ençe humaine étant donc telle. ] J'ai fuivi ici la leçon que j'ai trouvée à la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, où l'on a fuppléé ces deux mots, Tctuôrvicvtrn, qui manquent au texte ', -arpoff-wteJ ovv TÎT *ufft»9$rii ouviq. roiâvTy oaa-ti. Et c'eft. ainfi qu'on lie dans le manuferit de Florence.

Pfe i?8. Car de ce que Vejfence des êtres nous eft cachée, de là vient que nous efpérons, èfc. ] Hiéroclès combat ici vifible-ment l'erreur de ceux , qui prenant trop groffiérement la dodtrine de Py-thagore , fe flattoient que l'homme pouvoit devenir Dieu, ou fe perfua-doient qu'il pouvoit devenir bête , ce que la loi de la création ne peut fouf-frir : mais c'eft de quoi on a aflez parlé dans la vie de Pytbagore, & dans celle de Platon.

Pagei?9. Car étant , &* demeurant toujours Vhomme, elle ejl dite devenir Dieu ou bête par le vice ou par la vertu. ] On ne peut dire plus clairement que toute cette naétempfychofe de Pythagore n'étoit qu'une figure pour faire entenr

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ET SUR LES CûMM. D ' H I É R O C . 4O7

dre que l'homme devient femblable aux bêtes par le vice, ou à Dieu par la vertu ; & qu'il ne peut être ni l'un ni l'autre par fa nature.

Et qui mefure Dieu, s'il ejî permis de parler ainji, par la connoijfance de foi-même.] C'en l'explication littérale du texte imprimé, $ wapa/xe pàV TOC J-io\ TH é«uT8->f«o-«<. Ce qui peut faire un afîez bon fens ; car mefurer Dieu par la connoiflance de foi-même, c'eft en ie confidérant comme le dernier des êtres raifonnables, voir Dieu fi fort au-defîus de foi, que l'on con-noifle manifeftement qu'il n'eu pof-fible ni que la créature s'élève juf-qu'à Dieu, ni que Dieu ie rabaifle jufqu'à la créature. Les bornes de tous ces êtres font marquées, & ne fe con­fondent jamais. Voila tout ce que je puis dire pour juuifier le texte. Ce­pendant, comme c'eft plutôt par la connoiffance de Dieu que nous de­vons parvenir à la connoiflance de nous-mêmes, je crois que le manufcrit de Florence nous rend la véritable leçon de ce paflage, ^ <mct^a.(xtr^uv T» feu TW ta.vr& yv&irw. Et qui mejure la

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4°8 REM- SUR LES VERS DE P Y T .

connoijfance de foi-même par la con­noijfance de Dieu. Pour être libre & dégagé de ces efpérances folles, & de ces craintes extravagantes , le feul moyen, c'eft de juger de fon elTence par la connoiflTance qu'on a de l'ef-fence de Dieu. Cette elTence de Dieu étant bien connue, nous fait voir & fentir que notre ame ne peut jamais changer : ainfi voila cette prétendue métempfychofe bannie,

Pageioo. Etfemet en état de ne pouvoir ja­mais être trompé ni furpris. ] Il n'y a perfonne qui pui,fle entendre les mots du texte , ^ ùn^avetnircv cnrcirHt ivfxdtu. J'ai fuivi la correction de Ca-faubon , qui a lu ^ àx^a.ita.rirrw e|««c tuyxim. Il acquiert l'habitude introm-pable, s'il étoit permis de parler ainfi: mais je viens de m'appereevoir que le manufcrit de Florence nous redonne la véritable leçon , T»? àvt^a.7retT»rcu h.irifcç rvfxdvu. Spem nancifcitur in-fallibilem , &* qiu numquam vana fit. Il fe met en pojjèfjîon d'une efpérance qui ne peut jamais être vaine, &* qui ne le confondra jamais.

Page 101. Ce qui a fait dire avec beaucoup de

raifort

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ET SUR LES CoMM. D*HlÉRoC. $Op • = raifon par "Heraclite, que notre vie eft la mort, &* notre mort la vie.] Je n'ai ofé hafarder le mot d'Heraclite, com­me Hiéroclès le rapporte ; car il dit à la lettre, que nous vivons leur mort, ù" que mus mourons leur vie ; c'eft-à-dire, que pour les âmes, ce que nous appelions mourir , c'eft leur vie; & ce que nous appelions vivre , c'eft leur mort} que notre vie eft leur mort, & notre mort leur vie. Ce qui eft une fuite néceflaire du dogme de la préexis­tence des âmes ; car pour une ame qui feroit dans le Ciel, defcendre ici pour y vivre, ce feroit mourir ; & mourir, ce feroit vivre. Mais indépendamment de ce dogme, le root d'Heraclite ,' ne laiffs pas d'être vrai ; car venant au monde, & y prenant les affections charnelles, c'eft alors que nous cef-fons proprement de vivre, & que nous mourons ; au-lieu qu'en dépouillant ces mêmes affections, & mourant au inonde, nous recommençons à vivre, parce que nous vivons en Dieu, en qui feul eft la vie. • Dans les noires campagnes de Vlnju- *8* **J*

re. 3 Dans ces Vers d'Empédœle, Tome IL S

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4 1 0 R,EM. SUR LES VjERS DE Pï.T,

l'Injure eft ici uneDéeffe; c'eft la Déef-ie Até, le Démon de difcorde & de ma­lédiction , la DéeiTe de l'injure, donc Homère fait un affreux portrait dans le xix livre de l'Iliade, où il dit que Ju­piter la précipita du ciel en terre , ou. fon unique emploi eft de nuire , & de faire du mal.

Tom. 3. p. Dans la prairie de la vérité. ] C'eft *•»*• 'de cette prairie de la vérité, quePla^

ton dit dans fon Phèdre»que la partie la plus noble de l'ame tire toute fa; nourriture; c'eft là où elle fent renaître les ailes qui lui font reprendre fon vol. Je ne fais f» e'eft Pythagoreou. Socratç qui a irn>giné; cette prairie de la vérité, plie eft bien op^ofée aux campagnes de l'injure. Dans celle-là tout eft char rite & lumière ; & dans celle-ci, tout eft ténèbres, malédiction & horreur, ;. Où il boit à longs-traits l'oubli.,dk

fin bonheur. ] L.e, vers d'Empédocle eft mal rapporté dans le texte, au-lieu de ««#«<: «/A* i>t , il faut lire «îwceç çlfjugjik, privé de la vie bien? keureufe ; & c'eft ainfi qu'il eft écrit à la marge de exemplaire cpnféréfur les marrufcrjtsj. ,

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ET SUR Ï.ES CoMM. D'HIÉROC. 4 I I Parce qu'il recouvre l'entendement &• Page 104;

la fcience.'] Il n'eft parlé dans le texte que de la fcience ; parce qu'il recouvre ù fcience : mais le pluriel qui fuit, tomme fes parties ejfentielles, fait bien voir qu'il manquoit ici un mot. L'e­xemplaire conféré fur les manufcrits l'a heureufement fuppléé ; car au-lieu de « *.«i*»poç /« T»T T»ç ini^i/Miç, Sec. il met i\on\itçot /*' T»T vou ^ tTtiç-ifxtii, «ç e/W«y «j«> , «raTu^u. Ainfi parties ejfentielles eft fort bien dit au pluriel, parce qu'il y en a deux, l'entendement & la fcience.

Et qu'il ri eft pas poffible que les maux foient bannis de cette terre, ni qu'ils puijfent approcher de la divinité, j Le manuferit de Florence préfente ce paflage tout autrement ; car il ajoute une ligne entière, àxx' cvj* «vcXtrfeu râ tceoià J'weeriv , eure ir Jtâî( tJveu ( rtiv (M xtKxJttf/jLww 4 w / t w tfyovrctv lu rS e-ùparoi > ) car il n'eft pojjîble, ni que les maux foient bannis de cette terre , ni qu'une ame qui eftfortie du corps fans être purgée, fait reçue parmi les Dieux. Si c'eft là véritablement comme Hié-roclès avoit'écrit, il n'a pas rendu le

S ij

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'4t2 REM. SUR LES VERS D E P V T *

*; •- paflage de Platon tel qu'il eft; car Platon n'y parle nullement de l'ame,;

Ton», i. JJ. Voici les propres termes , ôxx' oir x76' £iro*.i<rfcu rel xoucà fwctriv, :« ©te/ape,

înrtvavTiov yup n T » ayafqcui u vtu avayit», ttùr Iv Jtôti «UT* iSpis-Jcu , .rôv JV Jvtirth $uW à) rà/J^i ràv timtH 7rtpt7rcXt71% <act-yx.K. Le mot ttvrà, marque certainement que Platon continue à parler des maux,

Pageio;. : Ceft devenir jujîe &" faint avecpru~ dence. ] Ces paroles de Platon font re­marquables. Lorfque la prudence n'eft pas de la partie, il n'y a ni juflice ni îainteté.

P • lis s'enfoncent volontairement dans tout le détordre despajfions. ] Il y a dans le texte imprimé , T«~ç i/jupip.vieut rm vxjS*} ce qui ne peut rien fignifier qui convienne ici. L'exemplaire con-r reré fur les manufcrits, & le manus­crit de Florence rétabliflent fort bien ce texte, en lifant TMC a/m-p/cuc w

•g log# Car tout homme qui m voit point par lui-même, ou qui n*entend point celui qui l'avertit, ejî entièrement inutile Gr défefpèré. ] Hiéroclès rapporte ici les propres termes de deux Ycrsd'Héijode

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Ê-Î^SUit LEïCotoM.D'fcMROC. + \%

dans Ton Foëme des oeuvres & des jours. Les voici,

ti'c e\t xi fort' ttùùe ttif, ftir £%ra iiuuttt,

E'» âvftS jéaAijri»/, ih' etur' £%p'las i'if''

Cet éloi%nement de Dieu eji défigni Page»cï ici par le fort qui aveugle les hommes , & qui leur ôte Ûejprit. ] Le manuferit de Florence a fort bien rétabli ce paf-fage, au-lieu de ces mots rêv >ap taro ^•tou £<*piffjuor $ÂaV)o»T« raç cpfiraç 9 rrfiç yw vtva-ii J'»Xo/, on lit TCK ^«p i-no ^toi? %HpwfAcv i j3x<xWtu<ra raç Ççitaç fxoï^» rvt J'tiXoï. L'exemplaire conféré fur les manuferits, a lu comme le manuferit de Florence, » jfaawWa ràç $p«V«s fjMf*. Mais au-lieu de xvfKr/Aoïi, il lit «prt- ttVor i ce qui eft vicieux ; & il

reçoit h mfe yk vânrn ; ce qui eft né manifeftement de la gîofe appelée fut le mot ftoTpa , pour faire entendre que ce fort n'eft autre chofe que le pen­chant qui nous précipite vers la terre. Et cette glofe eft tirée du texte d'Hié-roclès même, comme il s'eft expliqué dans la fuite, p. 269 du texte Grec, 7«Vg6î T«' fUfinoY ij JvmtY Çiïov vtveti,

Siij

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«j.14- REM« SUR LES VERS DE P Y T .

Car c'eflune nécefjïté que lefoufoit fans Dieu, & que celui qui ejl fans Dieu foit fou. ] C'eft ce qui a fait dire à David dans le pfeaume 13. Durit infipiens in corde fuo , non ejl Deus. L'infenfé a dit en fin coeur, il n'y a point de Dieu.

Pouffes d'un malheur dans un autre malheur , comme des cylindres par le poids de leurs aBiom impies. ] Voici un paffage où il a fallu corriger le texte & le commentaire ; car il n'eft pas

Î)offible de s'en tirer autrement. Au-ieu donc de cliJ'i xux'mPfoiç, il faut

lire dans le texte ei JV mJKivfyci, & dans Hiéroclès oîov xuMceTpo/ : car ce font les méchants qu'il compare à des cylindres, & non pas leurs aélions. Développons la comparaifon pour rendre cette correction plus fenfible. Les Stoïciens , pour accorder la def-tinée avec la liberté » difoient que la nature , par l'enchaînement des cau-fes, agi (Toit fur l'homme, & le portoit à telles ou telles inclinations ; mais qu'enfuite c'étoit lui-même» qui par la propre volonté , & par fa détermi­nation , fuivoit ou modérok ce mou-

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H SUR tÉS C O M M . Tj'HiÉROd. \ t ?

vemetit qui lui étoit imprimé, & ils* fe fervoient de cette comparaifon qus Cicéron rapporte dans fon fragment dé la deftinée, comme il l'a tirée des livres de Chryfippe : Ut igitur, inquit, qpi protrudit cylihdrum, dédit ei prin-cipium motionis ; volubilitatem auteth non dédit ;Jîc vifum objeSlum imprimet illud qùidem &* quajijîgnabit in animo fuamjpeciem , fed ajfenjio nojlra eritin potejiate. Eaque, quemadmodum in çy-iïndro diBum efl, extrinfecus pulfa, quod reliquum eft, fuapte vi 6* naturà movebitur. On peut voir Aulugelle',' livre vr, chap. n . Chryfippe avoit tiré fans doute cette cotnparaifon de ces Vers de Pythagore j mais il me fem-ble qu'il n'en avoit pas bien pris l'ef-prit. Pythagore ne compare pas gé­néralement tous les hommes à des cy­lindres ; car le fage qui règle fes in­clinations , & qui les foumet à la Lo i , ne peut être comparé à un cylindre, qui dès qu'il a reçu le mouvement, roule fans pouvoir jamais s'arrêter par lui-même. Mais il leur compare les méchants, qui dès qu'ils font efclaves

S iv

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416 REM; SUK LES VERS DE F î T .

du péché , font entraînés par leur propre poids dans le précipice,

page**?. Qui ne porte au mal les infenfés.] Au-lieu de i pi <wçk *<auiï, qui ne li­gnifie rien, il faut lire comme dans le manufcrit de Florence, i f*n «pot «Vf*" par xttxco. Tout eu occafion de mal aux infenfés.

Or le mal attaché à notre nature, & Page no . . „ „ . ». qui ejt en même-temps un mal acquis , ç'eft l'abus que nous faifons de notre li­berté. ] Cet abus eft un mal naturel, en ce qu'il a fa racine dans ce corps mor­tel ; & il eft en même-temps un mal ac­quis , en ce que pouvant l'arracher & 1 extirper, nous le nourrirons & le laif-fons croître. Cela me paroît fort beau.

Par cette matheureufe opinion , dt croire pouvoir rèfifler à Dieu. ] Il ne dit pas, par réjîfier à Dieu ; mais par cette opinion de croire pouvoir réfijîer, J'outTv. Car Dieu eft toujours le plus fort j & lorfque nous refufons de faire la volonté de Dieu , Dieu accomplit en nous la fienne.

- iU> Et qui eft excitée par ce malkeureux gtrme qui eft en nous. ] Hiéroclès décric ici admirablement le mal qui réfide en

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ET SUR LES CoMM. D'HlÉROC. 4 1 7

nous ; cette Loi de péché dont parle faint Paul, qui eu dans les membres de notre corps, & qui combat contre la Loi de refprit. : De fuir cette mauvaife contention, en nousjettant dans la contention toute bon- Page l i a , ne. ] Il femble qu'Hiéroclès fafle allu-fion ici au célèbre paffage d'Héfiode, qui dit au commencement de fon Poè­me des oeuvres & des jours, que dans ce monde il y a deux contentions; l'une, que les fages approuvent ; 6* l'autre qui efl très-mauvaife, &» qui n'aime que les guerres &* les combats. L'explication que ce Philofophe donne par-là à ce paffage , en fuivant les vues de Py-r thagore, convient parfaitement à ce Poëte, qui donne des préceptes de morale dans fes leçons économiques. . En rond par lui-même, &* en droite ligne par fa chute.] Comme le cylin- rag«iij; dre ne commence pas fon mouvement par lui-même»& qu'il demeure en repos, s'il n'eu pouffé ; de même notre ame ne fe perd, que lorfqu'elle eu excitée par l'objet qui la détermine. Voila eu quoi fon mouvement eu involontaire dans fon principe, comme celui du

S y

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4 i 8 REM. SUR LES VERS DE P Y T ,

cylindre. Mais comme le cylindre» dès qu'il eft une fois pouffé , fe meut en rond par fa propre figure ; de même notre ame, dès qu'elle eft mue par l'objet, fe tourne de telle ou telle manière par elle-même, fans que rien de dehors contribue à ce mouve­ment , & voila comment il eft volon­taire. C'eft ainfi, je penfe, qu'Hiéro-clès a pris la penfée de Pythagore : mais la comparaifon ne paroît pas en­tièrement jufte; car dès que le cylin­dre eft pouffé, il ne dépend plus de lui de ne pas rouler j au-lieu que no­tre ame a beau être mue, elle peut être toujours maîtreffe de fes mouve-mens. Cela n'eft vrai que de ceux qui font efclaves du vice.

Car comme le cylindre n'eft plus ca­pable du mouvement circulaire autour de fon axe, dès qu'il eft gauchi. Si j 'en­tends bien ce texte d'Hiéroclès , il compare l'ame qui demeure attachée à la droite raifon , il la compare à un cylindre qui eft bien droit » & qui par conféquent fe peut toujours mouvoir en rond, & conferver le mouvement circulaire, à caufe de fa figure, qui eft

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ET SUR LES CoMft. XilhÛROC. 4 1 9

telle qu'elle doit être ; au-lieu que l'ame, qui s'éloigne de la droite rai-fon, eft comme un cylindre tortu qui n'eft plus capable du mouvement cir­culaire, parce qu'il n'eft pas droit, & qu'il n'a pas la figure qu'il doit avoir. Mais je doute qu'Hiéroclès ait bien pris le fens de la comparaifon de Pythagore , qui comme je l'ai déjà dit, n'a pas comparé les hommes en général au cylindre, les bons au cy­lindre droit, & les méchants au cy­lindre tortu, qui n'eft plus même un cylindre j mais il compare tous les méchants au cylindre, qui étant une fois mu, eft entraîné, & roule par fon propre poids.

Et de l'union avec Dku. ] Au-lieu de ç-aViwç, je crois qu'il faut lire com­me dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits, fvç-a'a-tuç.

Et tft emporté hors du droit jîl. ] Dans l'exemplaire conféré fur les ma­nufcrits , on lit ij Uqtçtreu «»' wftUç Mtvjtrrtxaiïç v^oa-ttccfueiiç, &C. mais au-lieu de m tôftiac, je crois qu'il faut lire ««' tôjtietç, ce qui répond à «

S vj

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tage 11S.

4*o REM. SUR LES VERS DE P Y T ;

i»geiis. Seul moyen d'attirer fort Jècours. ] J'ai fuivi ici le texte imprimé, ^ |3«r-JtleK eùriar, & la feule caufe dufecours ; ce qui fait un très-beau fens. Je fuis pourtant obligé d'avertir que le ma-nufcrit de Florence lit i, fknyi'w eutn-fftr, pour lui demander fon fecours.

Et le nom de Dieu qui lui efl véri­tablement propre. ] Tout ce qu'Hiéro-clès dit ici du nom de Jupiter, ou de ?«)« eft tiré du Cratyle de Platon, où Socrate dit que n'y ayant point d'au­tre Dieu que Jupiter qui foit la caufe de là vie des hommes & de tous les animaux, c'eft à bon droit qu'il a été appelle ?««{. Mftfo/yti oiïv èf -âç ovofxi-

«•om. i. p. TÇtg.Jcu ooT«c, T « Jtèt tlveu «T/ e» £j» «M irctvl Tfifç Çua-lt tnreifXU.

Aujourd'hui parmi nous les noms qui nous paroiffènt les plus propres, le ha-fard & la convention des hommes les produifent bien plutôt, &c. ] C'eft une difpute célèbre parmi les Philofophes, fi les noms font impofés par la nature, <pv<r», ou parla fimple convention des hommes, firu, & c'eft la matière dû Cratyle de Platon. Hiéroclès fuit ici l'opinion la plus fage, qui eft» que le?

i&

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ET SUR LES COMM. D'HIÉROC. 42Î

premiers nomendateurs très-inftruits de la nature des êtres, comme éclai­rés de Dieu même, ont donné aux choies leur véritable nom ; au-lieu que ceux qui font venus après, déchus de cette connoiffance, n'ont donné que des noms faux, ou impropres que le hafard leur a fait trouver, ou dont ils font convenus entre eux.

Que fi on appelltrit un méchant hom-, me, homme de bien ; 6* un impie, homme pieux. ] L'exemplaire conféré fur les manufcrits, a lu Ayetyw, au-lieu de fi-yeifcç , & EwriGtcç , au-lieu de EwiC»ç. Ainfi il faudrait traduire, que

Ji on appelloit un méchant homme, Aga-thon ; & un impie , Eufebe. Et Cette leçon eft confirmée par le manufcrit de Florence. Il eft certain qn'Agathon & Eufebe, font des noms d'hommes : mais ce qui m'empêche de déférer ici à l'autorité de ces manufcrits, c'eft qu'Hiéroclès ne parle pas des noms qu'on donne ordinairement. Au con­traire , il veut faire voir la fauffeté des noms par une comparaifon tirée de ceux qu'on pouroit donner , & qu*on ne donne pourtant pas j car ni

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4^2 REM. SUR LES VERS DE P Y T ,

Agathus ni Eufebe , ne font pas des noms propres, ce font des adjectifs ; & ce qui me confirme dans cette pen-fée, ceft que ce paffage paroît tiré d'un endroit du Cratyle de Platon »

Tom. t. p. où il.y a Agathus & Éufebes', & nulr }>4« lement Agathon & Eufebius.

Page 11?. Car ceux qui les f rentiers ont impo-fé les noms, ont fait par Ut Jublimite' de leur fagejfe. ] Voici un grand éloge des premiers nomenclâteurs. Il faut qu'ils ayent été doués d'une fagefîe fublime, pour avoir exprimé pat! les noms la nature des chofes qu'ils ont nommées. Mais cet éloge ne convient qu'en partie aux Grecs j il eft du tout entier aux Hébreux qui ont fait con-noître mieux que tous les autres peu­ples du monde, la nature des choies, par l'impofition des noms. Auflî l'E­criture fainte dit d'Adam , que le nom qu'il donna aux animaux étoit leur vé­ritable nom , parce que ce nom mar-quoit leurs propriétés, & leur nature. Et c'eft ce que Socrate avoit bien connu.

Comme les excellents Jîatuaires. ] C'eft-à-dire , que comme les excel?

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ET SUR LES CoMM.D'HlBROC.423

lents ftatuaires ont tâché par la no-bleffe, & par la majefté de leurs figu­res , d'exprimer les vertus & les pro­priétés de leurs originaux, les pre­miers nomeoclateurs fe font efforcés de même de rendre les noms, les vé­ritables images des chofes.

Car ils ont rendu les noms dans leur fon même, lesfymbohs de leurs penfées ; £r ils ont rendu leurs penfées, les images très - rejjèmblantes &* très-inftruBives desfujetsjur lefquels ils ont penfè. ] Ce paffage avqit été jufqu'ici inintelligi­ble; mais il eft rendu intelligible & clair dans l'exemplaire conféré fur les ma-nufcrits, & dans le manufcrit de Flo­rence , qui ont lu, T* yùf iv T« <j>e«» ovifietrct, «•J/tjSeX* tSv tv ty 4°./t? voiewt *7rtip>a?WT0, T « î / « tone-tiç airàtç, yve-ç-ptàç «««évaç TW yo»^»T»v irgteyfjutTW iweiwno. Cela explique admirable­ment ce qu'ont fait ceux qui ont don­né aux chofes leur véritable nom. Ils ont tellement embraffé & connu les fujets qui ont fait l'objet de leurs pen­fées , que ces penfées font devenues • les images véritables & refTemblantes i de ces objets , images inftruâives t

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424 RêM. SUR LES VERS ï>E PYT.

c'eft-à-dire, capables de les faire con-noître ; & qu'enfuite ils ont expliqué & rendu ces penfécs par des noms qui les ont parfaitement repréfentées.

En effet ces grandes âmes par leur ap­plication continuelle y aux chofes imelli' giblet,] Hiéroclès fait voir ici très* clairement que l'enthoufiafme , ou l'infpiration néceffaire pour donner aux chofes leur véritable nom , ne peut venir que de Dieu, & de la mé­ditation des chofes divines. Ce qui eft très-vrai, & s'accorde parfaitement avec l'Ecriture fainte. Tout ce paflage eft parfaitement beau.

Qui par lejon même, & par les let-ires employées pour les former. ] Il pré­tend que les noms que ces hommes di­vins , ces premiers nomenclateurs ont donnés, ont été les images parfaites des chofes nommées , non-feulement par leur lignification & leur énergie, mais encore par leur fon & par leur figure. Ce qui s'accorde avec ce que les Hé­breux ont écrit de leur Langue, que les figures de fes lettres n'étoient point par accident, mais qu'elles étoient jbrmées de telle & de telle manière ,'

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ET iVK LES C0M*ï. D'ttlÉROC. 4 2 /

par des raifons certaines qui conve-noient à 'chaque caractère. Dans le Cratyle de Platon, Socrate tâche de prouver la même chofè des lettres Grecques dans la formation des mots.

Et conduit à la connoiffance de leur «se*»* nature, ceux qui les ont bien entendus. ] Voila ce qui îàit dire par Philorc Juif,

3ue le commun des hommes impofe es noms bien différents des* chofes,

tîe manière qu'autre eft la chofe non*? mée, & autre le nom qu'oïl lui a don­né j mais que dans les livres de Moïïè • les noms font les expreffions très-vives & très-fènfibles des chofes f de manière que la chofe même paffe dans le nom, (ans qu'il y ait la moindre différence.

De forte que la fin de leur contem­plation a été pour nous le commence­ment de l'intelligence.} Cela eft par­faitement bien ait, & peut être ap­pliqué généralement à tous ceux qui ont étudié la nature, les mœurs, Sec. & qui nous ont fait part de leurs tra­vaux. La fin de leur contemplation a été le commencement de notre intel­ligence ; mais cela eft encore plus vrai des Ecrivains facrés. La fin de

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426* REM. SUR LES VETRS DE PYIV

leur contemplation a été le commen­cement de notre inftruétion; car après qu'ils ont été pleinement inftruits, ils ont commencé à nous inftruire.

Oejl ainjî que le Créateur de toute chofe a été appelle par ces grands génies t tantôt du nom de quaternaire. ] C a qu'Hiéroclès dit ici eft encore plus Vrai, quand ce qu'il appelle ici qua­ternaire , eft connu pour le tetragram-maton ineffable , ou le Jehovah des Hébreux comme je l'ai expliqué.

Qui découlent toujours de Veffènce du Créateur. ] Le manufcrit de Florence, au-lieu de eWaç, de l'ejfence, lit eùriui, de la caufe qui a tout créé.

page M . Quel eft le Démon dont ils fe fervent, c*eft-à-dire, quelle eft leur ame. ] Com­me les Pythagoriciens enfeignoient que chaque homme avoit un Démon , un Ange pour gardien, & qu'il l'avoit choifi lui-même, on auroit pu croire qu'ici, quel eft le Démon dont ils fe fervent, fignifioit quel eft le Démon qu'ils ont choifi pour leur guide &

• leur conducteur. Mais Hiéroclès s'é­loigne de ce fentiment, & avec rai-fon. On pouroit connoître ce con-

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ET SUR LES COMM. ©lIléROC. 427

duâeur, fans être pourtant délivré de (es maux, au-lieu qu'on ne peut con-noître fon ame, fans parvenir à cette délivrance; car connoître fon ame, c'eftconnoître que Dieu l'a créée libre, qu'il a mis tous les biens devant elle, & qu'il dépend d'elle de les embraffer, eft iuivantles infpirations de Dieu.

Dépendent nécejfairement la déli~ vrance de nos maux. ] Au-lieu de iirerayiv, qui eft dans le texte, j'avois corrigé hinv. Mais l'exemplaire con­féré fur les manufcrits, & dans le ma-nufcrit de Florence, m'ont fourni la véritable'leçon, ùvt^uym, qui dit la même "chofe pour le fens, & qui ap­proche plus du mot du texte.

Mais cela eft impojfîble ; car il ne fi peut qu'ils s'appliquent tous à la Philo-fophie-, ] Il ne faut donc pas s'étonner que félon la dodtrine de ces Philofo-phes , le nombre de ceux.qui fe déli-vroient de leurs maux fût fi petit , puifque cette délivrance étoit l'ou­vrage de la Philofophie. Quelle mifè-re ! Si Hiéroclès avoit lui-même ou­vert les yeux, & vu les biens qui étoient près de lui, il auroit connu

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%a8 RBM. SûR LES VERS DE P Y I ' .

une voie bien plus facile & plus (ûre } il auroit connu que le fakit n'eft nul­lement le fruit de l'étude & du ra­voir ; & que le plus ignorant peut y parvenir comme le plus favant. II n'a qu'à croire, & qu'à vivre félon cette foi. Il n'a paS befoin d'autre Philofophie.

?ag« m. Et dans un état tout divin. ~\ Le Grec dit, &* dans un forttout divin. Sort, dans les auteurs Greds , comme chez les Hébreux, fignifie fouventpartage.

Pageii . Mais cejî ce qu'on ne peut entendre, même fans impiété. ] Le texte imprimé dit » TaCV* lÂtï eùJ1' la-ier lirmetîv. Mais c'e/î ce qu'on ne peut penfer mime fans

. impiété. Et c'eft ce qui m'ayoit paru «bfurde i car une impiété pour être impiété n'a pas befoin d'être profé-

-:=% rée, c'eft affez qu'on la penfe. Le ma-nuferit de Florence a bien lu à mon avis, tVeuW, entendre ; car cela dit une grande vérité, qu'il y a descho-fes qui rendent impies ceux qui n'ont fait feulement que les entendre.

, tntxtt. Mais ce font ceux qui ne voient ni n'entendent que les biens font près d'eux."]

I Cela s'accorde avec ce que Jéfus-

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ET sua LES COMM. D 'HIêROC, 425»

Chrift dit à fes difciples. Aure\-vous toujours des yeux fans voir , & des oreilles fans entendît ? S, Marc v m , j 8 . Mais ces yeux & ces oreilles, ç'efl: à Dieu de nous les ouvrir.

En effet, s'il dépend de Dieu d'atti* Page 117; rer tous les hommes à la vérité mime malgré eux. ] Hijérocljès ne nie pas qu'il dépende de Dieu d'attjrer à lui les hpmmes ; maijs il nie qu'il puiflç les ajtirer malgré eux : & en cela il eft conforme à la faine doôrine. Dieu ne force perfonne, dit faint Jean Chry-foftome, mais il attire ceux qui le veu- Hon». 43* lent, tri fjuii (LaSKpiMioUi eu (iictÇtTçU » ftos , ùxxa fiovhppivcii »MMI. Ceux qui le veu­lent ; c'eft-àrdire , ceux qui fuivenj volontairement fes infpirations. Ainfi quand Jéfus-Chrift, dit dans faint J can, Nemo poteft venire ai me, niji pater, qui mifit me, traxerit eum. Per­fonne ne peut venir à moi ,Ji mon père, qui nfa envoyé\ ne Vattire II ne parle pas d'une violence faite par force , comme l'ont mal cru ceux qui veu­lent détruire notre libre-arbitre ; mais il parle d'un fecours donné à la vo­lonté. Il efl même impoffible $ç cofo

TI. 44 .

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430 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

tradiétoire, que l'homme foit attiré à la vérité malgré lui , parce qu'il eft impoflîble qu'il y foit attiré fans l'ai­mer j & l'aimant , il faut qu'il s'y porte néceffairement, mais d'une ne-ceffité libre & indépendante , qu'Hié-roclès a fort bien connue , & qu'il

Pag* st. te appelle néceffité de l'ejprit, mille fois *?• plus forte que toute la violence qui

vient du dehors, qui n'a nul empire fur la volonté. Il eft fi vrai que notre ame fe porte aufli volontairement , qu'infailliblement, à ce qui la charme, que la plus grande violence n'eft pas capable de l'en empêcher. . Nous ne devons ni pratiquer, ni mé­

diter , ni aimer le bien, fi c'eji à Dieu feul à nous délivrer du vice. ] Hiéro-clès pouffe trop loin la coopération de l'homme dans l'œuvre de fa régé­nération ; car il eft certain que c?eft Dieu feul qui nous donne la vertu, & qui nous délivre du vice. Il eft vrai que nous y contribuons de notre part; mais ce que nous y contribuons vient de lui : ainfi c eft Dieu feul qui fait tout en nous ; & lorfque nous y prêtons notre volonté , c eft Dieu

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ET SUR LES CûMM. D'HiÉROC. fâ I

feul qui l'excite & la détermine , en nous faifant aimer le bien' qu'il veut que nous faffions. Nos actions font nôtres, parce que c'eft notre volonté, nôtre libre-arbitre, qui les produit ; & elles font aufli à Dieu, à caufe de fa grâce qui fait que notre libre-arbitre les produit.

Ni aimer le bien. ~] Il y à dans- le texte imprimé une faute que le manuf-crit de Florence a corrigée , /è, epwn rifwfeu riïv KXXSï. Il faut lire, ^ «j«m TIJts-fai ri xa'Kx.

L'ejfence raifonnable ayant reçu de Dieu fort créateur, un corps conforme à fa nature, ] Voici "une autre erreur des Pythagoriciens , qui croyant l'amç fpirituelle, ne laiflbient pas de lui donner une efpece de corps fubtil & lumineux, parce qu'ils ne pouvoienç concevoir qu'une cfe'ofe fin je & ter­minée , pût être fans, corps* L'avan­tagé que nous- pointons tirer aujôur-(Fhûi de téttë erreur ,'.( car; les er­reurs des Païens ne laiflerit pas de nous conduire à là vérité, dont elles font les eftlants têtards ; é'eft tjué de l'ayert tiaêrne de.ces Philofbpbes i l'a'mè peut? êtr^revêtue d'un corps fpirituelj &

Page zjfe

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Pafe *Vi.

432 REM. SUR LES VERS DE P V T .

c'eft U l'efpérançe des Chrétien?, après la réfurreâion ; car comme il y a un corps animal, il y a auflî un corps fpirituel. S. Paul, 1. Corinth. xv.

De manière qu'elle n'eft ni corps, ni fanscorps. ] Elle ri'eft pas corps, parce qu'elle eft «vêtue d'un corps délié & fubtil, qui la finit & la détermine. Voila le fens de cette rêverie des Py-. thagorickns.

Comme dans les aflres.] CarcesPhi-lofophes croyoient que les cieux & les , afires étoient animés. On peut voir dans la vie de Platon l'origine de cette erreur.

Et néçs enjèmble avecjubordination.} Le manufcrit de Florence, au-lieu de lv T«|M tv/AmçoKÔTM , a lu ?r i%ti «•(//*-mQutoTW. Mais j'aime mieux la leçon du texte imprimé. On lit de même dans la page fuivante, T»V T«|W.

Car le Héros eft une ame raifonnahie, avec un corps lumineux.] Les Pytha­goriciens cr.oyoient que les Dieux & lés Anges a voient auflî un corps.

Avec un corps immortel né avec elle. ] On ne peut pas douter que ce ne fût Là l'opiniqn dç JPythagore , que ce

• !. .-,'• .5 ..: •'.') r - .corps

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ET SV.R LES COMM. D ' H I É R O C . 4$$

corps fubtil & délié de l'ame, étoitné avec elle; car cela paraît par quel­ques partages du Timée : & c'eft pourquoi Platon dit dans lé Phèdre, etfclvavTov 11 Çwi», t^w 1*1* -\*>X»v, txp* JV e-Uf** , rov ttitî JV Xfiro* TOSTO. CV[â.~ m<f.vKiriu. Un animal immortel qui a une ame jamais qui a aufii un corps, &* tous deux unis, & comme fondus enfembk dès le commencement. Il femble pourtant qu'il y a eu des Pythagoriciens dans la fuite, qui ont tenu que l'ame ayant été créée toute fpirituelle, s'étoit in­imitée dans l'ame corporelle, c'eft-à-dire qu'elle s'écoit revêtue d'un corps délié & fubtil , qu'ils concevoient comme un extrait des globes céleftes. On n'a qu'à voir Jamblique V i n , 6 ; mais c'en peut-être s'arrêter trop long­temps fur ces vifions.

En comparant Pâme divine & Came humaine à un char ailé , qui a deux chevaux &* un cocher qui le conduit. ] Voici le pa{Tage de Platon comme il eft dans le Phèdre. Pour donner une idée de l'ame divine & de l'ame humai­ne , il lit W« eT» T« ^u/u^J-r» JWt/xti vrn-vfllfw fyiyoïi Tt it/ MoXtv fwv fxiv eut

Tome II. T

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434 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

Ï7f7TCl lèj tivloXoi TtetVTH, tan ci ri àyetfa Kj tç etyajav. rp eTe TUV aXXuy /xe/j.iKTa.1. Xj vrguncv /AW tifiuii h <tçXm W»?i<Pcç ivioxu, eiT* rav îinrw o pev apru itcthéç rt K) àyttjci;, x) « TOICVTW ' c JV 1%

tvetvnav ij ivxvriet. Xet^t7r'1 ^" ^ fiwio-Aeç e£ <tvaiï*-»i » wig/ »/*<xç mu^wiç. EUç rejjemble à un char ailé qui a deux cfte-vaux £r un cocher nés enfemble* Les chevaux (y les cochers des Dieux font tous bons, comme venant de bons j &* ceux des autres font mêlés. Et premiè­rement celui qui nous gouverne conduit le char, L'un de fes chevaux eji bon Qr docile, & vient de tels ; &" l'autre ve­nant de tout contraires, efl aufjî con­traire ; c'ejl-à-dire rebelle &• defobêif-

fant. Voila pourquoi notre char efl né-* cejfairementfi difficile à conduire. L'ex­plication de cette image fe préfentç naturellement. Le cocher, c'eft l'en­tendement , la partie fpirituelle de l'ame ; le char, c'eft le corps fubtil gué l'ame régit; les deux chevaux, c'eft la partie irafcible , & la partie concupifcible. Ces deux chevaux dm char des Dieux font tous bons, parce ^ue ni l'excès, ni le vice n'approchent

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w ET SUR LES COMM. D'HléROC. 435*

de la divinité. Mais au char de l'ame humaine, l'un eu bon Se docile , c'eft la partie irafcible, qui fert & obéit à Ja raifon ; & l'autre eu méchant Se rebelle , c'eft la partie concupifcible, qui foule aux pieds la raifon, & ne connoît point "de frein.

Ce qu'ils font entendre un peu obfcu-rément par ces termes, $» dans lespuri-Jièations, &• dans la délivrance de l'a­me. ] Cela eu tin peu obfcur en effet; mais on ne Iaifle pas de le pénétrer. La vérité & la vertu font les purga-tions de l'ame intelligente ; l'abfti-nence de certaines viandes nétoie des feuillures de la matière, & empêche le corps fubtil de l'ame de fe mêler, & de fe confondre avec ce corps terreftre & mortel ; les purifications achèvent d'emporter & de purger les tâches que ce corps fubtil a contractées ; & la force divinement infpirée, c'eft à-dire, le pouvoir que Dieu nous a donné, & qu'il fortifie par fon fecours, de nous détacher de ces lieux , & de les fuir, achevé cette délivrance de l'a-; nie, qui eu le but de la Philofophie.

Que c'eji en pratiquant la vertu, 6* T i j

Page 151»

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4 J 6 REM. SUR LES VERS DE PYT;

en embrajfant la vérité & la pureté, qu'il faut avoir foin de notre ame &* de notrç corps lumineux. C'eft le fens du paffage d'Hiéroclès ; car il vient de dire que pour la perfection de l'ame, c'eft-à-dire, de la partie fpirituelle de l'ame, on a befoin de la vérité & de la ver­tu ; & pour la purgation de la partie corporelle, c'eft-à-dire du corps lu­mineux , on a befoin de la pureté.

Que les Oracles appellent le char *gc*'*" fubtil de l'ame. ] Par ces Oracles, il

entend quelques vers attribués à Or­phée , ou bien il donne ce nom aux dogmes mêmes de Pythagore. Au-refte l'opinion que ces Philofophes avoient de ces chars eft bien difficile à éclaircir; car ils en parlent fort obfcurément. Ils enfeignoien-t qu'ils étoient différents félon la dignité des âmes. On peut voir l'inftruélion Théo­logique de Proclus, art. 104. Jambli-» que en parlant des chars des Démons, y , 12, dit qu'ils ne font tirés, ni de la matière, ni des éléments, ni d'au-; cun autre corps qui nous foit connu. Et lorfqu'il parle des chars des âmes; il paraît qu'ils concevoient ces chars

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ET SÛR LES COMM . D 'HIÉROC; 43 f

comme un extrait , & une quintef* fence des globes céleftes. Prôclus dit que le char de toute ame particulière eft immatériel, indivifîble , & impaf-> fible. Dans la vie de Pythagore, je crois avoir découvert l'origine de cette opinion;

Or la pureté dont il parle ici.] J'ai fuivi le manùfcrit de Florence, dans lequel, au-lieu de çtwT» 1» «a^apa-rç, on lit «UT» » ka!f«çiïtiÇi

Car le corps immatériel eji la vièi c'eft lui qui produit la vie du corps ma­tériel, ] Voici le fens de cette rêVerie de Pythagore , qui paroît d'abord fort difficile & fort obfcure. Nous venons de voir qu'ils enfeignoient que l'ame, avant que de venir animer ce corps mortel , avoit un Corps fpirituel & lumineux ; & comme ce Corps mortel a une forte de vie, ils concevoient que cette forte de vie étoit l'effet du corps lumineux qui le rempliffoit, & qu'ainfi ce corps mortel compofé de la vie & de la matière, étoit la véritable image de l'effence humaine, c'eft-à-dire, de l'ame & du corps fpirituel.

Par laquelle notre animal mortel eft T iij

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43 S R E M . SUR LES VERS DE P Y T . complet, étant compofé de la vie imma­térielle , & du corps matériel. ] Le ma-nufcrit de Florence nous a rendu ce paflage comme Hiéroclès l'avoit écritj car au-lieu de ro »»TOV ifxSv aSp* » comme il y a dans le texte imprimé, on lit dans ce manufcrit, ro fvtirov ifxSt %iïor ; & au-lieu de lu T»« a^tycu Çmt, on lit, «x T»S âôxou Çmç ; car ils regar-doient la vie du corps animal, comme une vie en quelque façon immatérielle » puifqu'elle étoit l'effet du corps lumi-, neux de l'ame.

Et l'image de l'homme. ] Ce corps mortel étant compofé du corps maté­riel, & de la vie immatérielle, c'eft-à-dire, de la vie que lui communiquoit le corps fubtil, étoit regardé par les Pythagoriciens comme l'image de l'ef-fence humaine, c'eft-à-dire, de l'en­tendement & du corps immatériel ; & d'un autre côté ils regardoient auffi ce corps immatériel & fubtil , comme l'image du corps mortel, comme étant moulé fur la figure de ce corps. Imagé eft un terme réciproque qui peut fer-vir à l'original, & à la copie.

Et que l'homme eft compofé de cet

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ET SUR LÈS CoAtM. b'HlÉROC. 43 Ç>

deuxparties.il Au-lieu de ivJyumo<, fi fut TeuAtt y il faut lire, c «Te «vtp«7re< ToiuTct , comme dans le manufcrit de Florence. Ces deux p~.rties de l'hom­me , c'eft-à-dire de l'ame , font l'ef-fence raifonnable, l'entenden ent, &c le corps immatériel & lumineux, com­me il vient de l'expliquer.

Et à la pratique de tous nos devoirs. ] Page 1}, *w JV lix^e^eW irmrnol, il faut lire comme dans le manufcrit de Florence,

' riïv / « ivtFeXç/Mvur VOHITIKOU Parce que c'eji par cette mime folie

qu'elle a eu du penchant pour les chofes d'ici bas. ] Au-lieu de hrti ^ rttxtttie, &eo»>?ttv lv T» yivtnt, il faut lire com­me dans l'exemplaire conféré fur les manufcrits , & dans le manufcrit de Florence, «W ^ T«UT») vrçtrtàjt T» «î« y mm vivo-». Mot à mot , parce que c'ejî par cette même folie qu'elle s'ejl précipitée dans le penchant pour la naif-fance , c'eft-à-dire , parce que cet[e fo­lie l'a portée à venir ici bas pour y naî­tre, & y animer un corps mortel & cor­ruptible.

Il ne refle donc que la purgation du corps fpirituel.] Hiéroclès emploie ici

T iv

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4 4 ° REM. SUR LES VERS DE P ï T .

•4* '**" r®!**, dans un fens oppofé à celui que faint Paul lui donne dans la iere epître aux Corintb. car ce Phi-lofophe le met pour le corps fpiritutl, pour le corps lumineux de l'ame, qu'il oppofe au corps matérkl,au corps ter­reftre ; au-lieu que faint Paul le met pour le corps mortel & terreftre, op­pofe au corps fpirituel qu'il appelle vvtvfji.ainly, & qui n'en que ce même corps mortel & terreftre glorifié. Au refte Hiéroclès n'a rien dit de la pur-;' gation du corps matériel, parce qu'elle eft comprife dans celle du corps fpiri­tuel ; & que d'ailleurs cette purgation ne fe fait point pour le corps matériel, mais pour l'autre qui lui donne la vie.

Pageijf. Et à la facrée méthode que l'art en* feigne. J C'eft la leçon du texte impri­mé , >èj rciïç îepaTç i-i^va/s. Dans le ma-nufcrit de Florence, on lit ^ T«7ç TKV îepw tt'xya.K : peut-être faut-il corriger if TctïçTSV Upiw rip(y»if ,& àla méthode de l'art des facrificateurs.

Mais cette purgation eft en quelque façon plus corporelle. J Porphyre avoit parlé de cette matière dans fon traité, pepi ârcfcv T«{ 4t,A?« > de ™greJJ* a n ' -

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ET SUR LES CûMM. D'HIÉROC. 44.I

mœ, du retour des âmes au lieu de leur origine. Et faint Auguftin réfute ad­mirablement cette méthode de purger la partie fpirituelle de l'ame par l'art théurgique, comme une méthode très-impie. Je rapporterai le paflage pour l'expliquer. Hanc artem, dit-il, dans le chap. 9 , du liv. x de la Cité de Dieu, utïlem dicit effe mundandœparti anima, non quidem CntelleQuali, qua rerum in-telligibilium percipitur veritas , nullas habentium Jimilitudines corporum, fed fpiritali, qua corporalium rerum capiun-tur imagines. Hanc enim dicit per quaf-dam confecrationes theurgicas, quas te-letas vocant, idoneamfieri atque aptam fufceptioni fpirituum &• angelorum ai videndum Deos. Ex quibus tamtn theur-gicis teletis fatetur intelleSuali anima nihil purgationis accedere , quod eam faciat idoneam ad videndum Deum fuum &" perfpiciehda ea qua verèfunt. Ce paflage ne peut être mieux expli­qué que par tout cet endroit d'Hié-roclès ; car on voit que ce que faint Auguftin , après Porphyre, appelle la partie fpirituelle de V ame, fpiritalem anima partent , eft ce qu'Hiéreclès

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442 REM. SUR LES VERS BE P Y T .

nomme, après les Platoniciens & les Pythagoriciens, wvH/juawKiiV $ Mvlcr

4w »« fSfMt, & 4^»KOV 3-U/J.X. Le cAar fpirituel Ùrfubtil de l'ame ; /c corçw ZM-mineux de l'ame, & le corps animal* Au relie Porphyre, en ordonnant de purger cette partie fpirituelle, ou ce corps fubtil de l'ame , par ces initia­tions , & par ces expiations, ordon-noit aufli comme Hieroclès, de pur-i ger la partie intellectuelle par la con-noiffance de la vérité. Pythagore avoit pris des Chaldéens cette double pur-gation, & les Chaldéens l'avoient fans doute mal imaginée fur les facrifices des Juifs, où ils voyoient des céré­monies qui regardoient la purification du corps. Quoi qu'il en foit, il efl cer­tain que cette fuperftition étoit fort en vogue dans toute l'antiquité i car c'é-toit elle qui faifoit aller les Païens dans tous les coins du monde, pour fè faire initier aux myfleres de leurs faux Dieux.

Et tout ce qui fe fait pour la purga-tion de ce corps , fi on le fait d'une ma­nière digne de Dieuy& fans aucunspref-

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ET SUR LES COMM. D 'HIÉKOC. 44.3

tiges.] Car parmi les Païens, il y avoit des vagabonds & des charlatans qui contrefaifoient les cérémonies de leur Religion, en employant les fqrtiléges & les preftiges pour jetter de la pou­dre aux yeux. Voyez Jambliquex, 2 ; où il dit fort bien , que dans tous les arts, on voit pulluler de faux arts qui les contrefont ; mais que ces faux arts font plus oppofés aux vrais, qu'à toute autre chofe ', car il n'y a rien de plus oppofé à ce qui eft bon dans un genre, que ce qui eft mauvais. Hiéroclès & Porphyre défendoient de s'adreffer à ces fortes de gens, & ils vouloient qu'on allât à ceux qui avoient les véritables rites, aux véritables facrificateurs.

Et ilfe réunit à la perfection inteU pag.jjs,j ligente de l'ame.'] CettejDerfeétion intel­ligente de l'ame , n'eu autre que l'en­tendement divin, c'eft-à-dire Dieu.

Mais, dira-t-on, en quoi, & comment l'abftinence de certaines viandes contri-lue-t-elle à défi grandes chofes ? ] Ce paffage étoit défectueux dans le texte imprimé. Le manufcrit de Florence l'a rétabli, en ajoutant le mot ùnex», & en préfentant ainfi le paffage en-

T v j

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444 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

t i e r , TI eue » t'e/we f&çu(jia.TW ct7ro%» «wgoç T«CT* ffu/x€ûheiro <tv ', c'eft une objec­tion qu'Hiéroclès fe fait faire , & il répond enfuite en montrant que ce précepte a deux fens, le littéral, & le figuré , ou le myflique.

Par cette image palpable &fenfîble. ] Ai ère? TIVOç et'urfinS eTicTa^oVi). I l eft évident qu'il manque un mot à ce tex­te. J'avois fupplée /xepeuç , par cette partie palpable b'fenjible. Mais l'exem-

f ilaire conféré fur les manufcrits, & e manufcrit de Florence m'ont fourni

la véritable leçon, •na.^àyfM.tn, par cette image palpable Gr fenfible.

Nous apprendrons à renoncer à tout ce qui regarde la naijfance &* la géné­ration. ] C'eft-à-dire, à toutes les cho-fes de cette vie ; car c'eft le fens que les Pythagoriciens donnoient au mot ymrit, naijfance, génération. L'inter­prète Latin s'y eft fouvent trompé, en l'expliquant de l'amour. S'il avoit lu feulement quelques chapitres de Jamblique, qui parle fouvent de yivtett & de ymriovgyci fjuiïpet, il n'auroit pas fait cette faute.

Et comme nous nous abjîiendrons ve-*

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ET SUR LES CotoM. D ' H I é R O C . 44JT

ritablement. ] Il y avoit une faute grofc fiere dans ce paflage, qui, comme Ca-faubon l'a fort bien vu , doit être ponétué , & lu de cette manière , tèf ù( Iv jSgWjuewi T £ T « «ù wçoroto-ofJLtJx, tvru( iv TOJç T « eujyouJ-oVç Hctfaça-ioif, &c. Le fécond terme de la comparai-fon evru( , manquoit, & cela caufoit ici une obfcurité .fi grande, qu'il ne faut pas s'étonner fi l'interprète Latin n'a fait qu'une traduction auflî défec-tueufe que l'original.

Il efijujîe d'obéir &• au fens littéral, Pa6« *»H & au fens caché. ] C'eft un précepte que Pythagore avoit tiré de la Théo­logie, & de la pratique des Egyptiens & des Hébreux, Dans les préceptes fymboliques , il ne faut ni méprifer la lettre pour s'attacher au fens ni né­gliger le fens caché pour s'attacher à la lettre.

Or l'ami de l'amour eft ce qui guide le cocher. ] C'eft une belle idée. L'en­tendement qui n'eft pas conduit par l'œuil de l'amour, ne peut qu'être rempli de ténèbres ; car ce n'eft que l'amour qui nous conduit à la vérité. Et comme dit Socrate , l'amour tend.

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44°" REM. SUR LES VERS DE PYT.

toujours à l'immortalité , & il eft le plus grand fecours que Dieu aie don­né aux hommes pour les faire par­venir à la vie très-heureufè.

Toutes ces chofes ont été détaillées dans les préceptes facrés qui ont été donnés fius des ombres fif des voiles. ] Il parle des Symboles de Pythagore, dont j'ai donné un recœueil.

page «41. Mais dans chaque précepte, il infi­me la purgation de toute affiSion char­nelle. ] Ainfi chaque Symbole en par­ticulier tend à la même fin, que tous les fymboles en général. Il en étoit de même de toutes les cérémonies lé­gales des Ju.fs.

fage 141. Que tes purgations précédent, & que la. délivrance de l'ame fuit. ] Puifque l'ame, pour être délivrée, doit être pure, c'eft une néceflité que fa déli­vrance foit précédée par les purga-tions , les purifications. Toute cette idée des Pythagoriciens eft emprun­tée de ce que la véritable Religion a toujours enfeigné & pratiqué; car comme faint Denis l'a très-bien ex­pliqué dans fon traité de la Hiérar­chie , il y a la purgation, wtT«g«-i« j

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ET SDR L'ES CoMM. D 'HIÉROC. 447

l'illumination, qtnurpoi ; & la perfec­tion , nhelwiç. La purgation, ce font les premiers éléments de la Religion , & les rites ou cérémonies, par les­quels elle purge l'ame des feuillures , & de la contagion des chofes terres­tres ; Villumination, lorfque l'ame eft admife à la connoiifance des vérités les plus importantes & les plus fubli* mes; & la perfeSiion , lorfque l'ame étant purgée & éclairée , eft reçue à l'infpection , & à la participation des plus faints myfteres. Voila ce que les Païens ont connu; mais ils Font mat expliqué , en rapportant tout aux fciences, & à la dialectique. Les fcien­ces Se la dialectique peuvent bien éclairer l'ame jufqu'à certain point ; mais elles ne peuvent ni la perfection­ner, ni la délivrer.

Et fa délivrance qui la tire en haut; c'ejl la iiaUBique. ] Car après que l'ame s'eft purgée de toute erreur par les fciences mathématiques, qui l'ont accoutumée à ne chercher que ce qu'il y a de plus folide & de plus vrai la Dialectique , qui eft la partie la plus précieufe de la Philofophie, &

»

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448 REM. SUR. LES VERS DE P * T .

qui feule fait diftinguer la vérité d'à* vec le menfonge, la fixe, & lui fait embraffer fon véritable bien. On peut voir ce qui a été dit de la Dialecti* que dans la vie de Platon.

Qui eft l'infpeSion intime des êtres } Hiéroclès fe fert ici d'une expreffiort qui mérite d'être expliquée, car outre qu'elle eft très-belle , elle met fon ientirrient dans un très-grand jour. Il appelle la Dialectique, mmltlta w Uruv,. VinJpeSlion des êtres , en fe fer-vant d'un mot emprunté des my Itères, pour faire entendre que les fciences Mathématiques font auprès de la Dia­lectique, comme les initiations; & que la Dialectique, eft comme l'inf-pection intime des objets de ces fcien­ces. Or dans les myfteres, l'infpection des chofes facrées ne s'accordoit aux initiés, qu'un an au moins après leur initiation aux petits myfteres , qui n'étoient qu'une préparation pour les derniers, pour les grands. Cette pen-fée eft très-délicate, & relevé par­faitement le mérite de la Dialectique. Voila pourquoi auffi il l'appelle la dé­livrance de Vame, dont les fciences

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Ï T SUR LES CoMM. D ' H I É R O C . 44c/

Mathématiques ne font que la purga-tion.

Parce que cette délivrance fe rapporte à une feule fcience. ] Ces paroles man-quoient au texte ; elles donnent la raifon pour laquelle le Poëte a dit au fîngulier, la délivrance de Vame* Et elles font heureufement fupplééesàla marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & autorifées par le ma-nufcrit de Florence, cri «« /u/av ïtn-ç-tifxtv air» tiXti, quia ad unam fcien-tiam pertinet » mais cela ne fuffit pas encore, il faut ajouter de plus , & il a dit au pluriel, ^ jrtofjrvmttuZç, &c.

Ainfi il faut néceffairemént que les purgatians qui fe font par le moyen de* fcienees, fre,] Voici l'explication de ce qu'il vient de dire, qu'il faut em­ployer pour le corps fpirituel de l'ame, des moyens qui répondent analogi­quement à ceux qu'on emploie pour l'ame même. Pour purger l'ame on emploie les fcienees, & pour l'élever à fa véritable félicité , on emploie la Dialectique. Pour purger le corps fpi­rituel , il faut les initiations qui ré­pondent analogiquement aux feien-

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4^0 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

ces ; & pouf l'élever & lui faire pren­dre l'eflbr vers fa véritable patrie , il faut l'introduction à ce qu'il y a de plus facré , l'infpeélion intime des myfteres, ce qui répond à la Dialec­tique. Voila pourquoi il eft dit dans la fuite, que la Philofophie doit tou­jours être accompagnée de la Reli­gion. C'en le véritable fens de ce paflage qui étoit fort obfcur.

v*i*W< £)e même, il faut rendre pur le corps lumineux, £r le dégager de la matière. J Ils prétendoient que cela fe faifoit par les purgations, fous lefquelles ils com-

firenoient les veilles, les jeûnes, les uftrations, & fur-tout les facrifîces

par le feu. C'en pourquoi Jamblique écrit, que notre feu matériel imitant la vertu du feu célejîe, emporte tout ce qu'il y a de terrejîre dans les facr'ifices, purge tout ce qui eft offert, le dégage des liens de la matière , 6r par la pureté de la. nature, il l'unit avec les Dieux j £r par ce même moyen il nous délie des liens de la naiffanceîf de la génération, nous rend femblables aux Dieux, & propres à être honorés de leur amitié', & élevé à l'immortalité, notre nature matérielle.

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ETSUJR LES CoMM.D'HlÉROC.45'1

Ce paffage fert de commentaire à celui d'Hiérocïès ; & il eft de plus très-re­marquable , en ce qu'il fait entrevoir, de quelle manière ces Philofophes concevoient que le feu purgeoit le char fubtil de l'ame. Ils s'imaginoient que c'étoit par fympatie , & qu'en agiflant fur les chofes offertes, il agif-foit fur celle que ces chofes repré-fentoient.

Mais celui qui a foin des deux, fe page 244; perfectionne tout entier. ] Il manque quelque chofe ici au texte imprimé, j'ai fuivi la leçon que m'a préfentée la marge de l'exemplaire conféré fur les manufcrits, & qui s'eft trouvée confir­mée par le manufcrit de Florence , ÎXcc reXtioi/rat.

Et de cette manière, la Philofophie fe joint à l'art myftique, comme tra­vaillant à purger le corps lumineux. } Hiéroclès infinue ici clairement, que les cérémonies myftiques de la Reli­gion s ne font introduites que pour le corps. Si l'ame étoit feule, elle n'au-roit befoin que de la Philofophie, c'eft-à-dire i de la connoiffance de la vérité. Mais comme elle a un corps

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452 R é M . SUR LES VERS DE P Y T ;

qui doit être lumineux & fpirituel * on a befoin auffi des cérémonies qui le purifient, & qui s'accordent avec les purifications de l'ame, dont elles font une image & une repréfentation. Il n'eft pas néceflfaire de réfuter une erreur fi fenfible. Quand l'ame feroit feule, ayant péché , elle auroit befoin d'être purgée & purifiée ; mais par une purgation qu'Hiéroclès a malheu-feufement ignorée*

Vous verreç qu*il n'aura plus la même vertu.] Car n'étant pas fondé fur ia raifon & fur la vérité , ce n'eft qu'un vain phantôme * qui plein des prefti-ges de l'illufion, ne produit que l'er­reur , & que le menfonge.

P«ge 145. Les Loix publiques font un bon échan* tillon de la Philofophie civile. ] Car les villes, les royaumes, en un mot toutes les fociétés, ont befoin des mêmes re­mèdes que l'ame. Elles ont befoin de pratiquer les vertus, & d'acquérir la pureté. Les Loix facilitent la prati­que des vertus, en ordonnant ce qu'il faut faire, & ce qu'il faut éviter $ & les facfifices conduifent à la pureté, en purgeant toutes les penfées terreftres,

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fcT SUR LES CoMM. D ' H I É R O C 47 J

& en confumant par un feu divin tour­tes les affeétions charnelles, comme la victime eft confumée par le feu.

L'efprit politique tient le milieu ; & le dernier c'eji le myftique. ] Car l'ef­prit politique va à perfectionner l'ame par la pratique des vertus ; & l'efprit myftique ne tend, félon Hiéroclès, qu'à purifier le corps lumineux & fpkkuel. Le dernier finira, au-lieu que l'autre ne finira point.

Le premier, par rapport aux deux au­tres , tient la place de Vœuil. ] Car c'eft l'efprit contemplatif, qui ayant connu la néceffité de la vertu & de la pureté, a ordonné les moyens qui procurent l'une & l'autre.

Et les deux autres, par rapport au premier, tiennent lieu du pied & de la main. ]'L'efprk politique ou civil tient lieu dé main j & le myftique tient lieu de pied.

Que l-un des trois eft toujours im? parfait, &* prefque inutile, fans l'opé­ration des deux autres. Cela eft très-beau , & très-vrai. La contemplation eft inutile & infruclueufe fans la pur jeté & fans la pratique des vertus. L^

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4 J 4 REM. SUR LES VERS DE P Y T .

pratique des vertus l'efi de même fans la contemplation , & fans la pureté ; & enfin la pureté efl vaine, fi la con­templation ne l'anime, & ne la dirige, & fi la pratique des vertus ne l'acr compagne, & ne la foutient.

Et que les a&ions faintes répondent à l'une &* à l'autre. ] Ce paffage eft très-obfcur, & très-difficile. L'exem­plaire conféré fur les manufcrits m'a mis feul fur la voie, en lifant TS «sfo» *çyor. En voici le fens, fi je l'ai bien compris. Le Poète vient de dire, qu'il faut joindre enfemble la méditation, la pratique des vertus, & les cérémonies de la Religion. Et ici il en donne la raifon, afin, dit-il, que les actions, qui réfultent de la pratique des ver­tus , répondent à l'intelligence qui les produit ; & que les cérémonies qui nous purifient, répondent à cette même intelligence , & à la pratique des vertus; c'eft-à-dire, afin que la Politique & la Religion conformes à l'intelligence divine, concourent éga­lement à rïous rendre agréables à Dieu; Ce qu'aucune des trois ne peut faire feule i car la méditation ne peut rien

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ET SUR LES GOMM. D 'HIÉROC. 45* J

fans les œuvres, ni les œuvres fans la religion , comme Hiéroclès vient de l'expliquer, rè «pee tpycv, eft auffi dans Je manufcrit de Florence.

Laijfant dans cette terre ce corps mor- PaP*•*• tel. ] Voila une erreur considérable des Pythagoriciens, fur le corps mortel; jls ne concevoient point que ce corps terreftre, pût être glorifié, & devenir fpirituel ; Se à la place de corps, ils donnoient à l'amç une autre forte de corps, un corps fubtil Se lumineux. Mais ce qui n eft qu'une erreur dans le fens des Pythagoriciens, devient une vérité dans le fens des Chrétiens. L'ame après la mort fera reçue dans le ciel avec un corps fpirituel & incor­ruptible, - Voila, comme dit Platon, le grand combat. ] C'eft un paffage du Phédpn, tome a , p. 114.. Mais dans les éditions de Platon , il y a tttûJv y*$ TO Sfxor-, ^ » ixw'iç /Mtydxti, car voila un grand prix & une grande efpérance, Hiérou

jelès, au-lieu de *îfar, prix, a lu iydv, combat.

Après qu'il s'ejl recouvré lui-même Page 14», farfon union avec la veritabk raifon. ]

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4f6 R E M . SUR IES VERS DE P Y T .

J'ai fuivi le manufcrit de Florence ; qui a rétabli ce paflage, & qui au-lieu Qe fi* T»ç T«V opflwv ho'ywv ivurtaç, &C. a lu <Ptà T»î Trpèç TOV èp8èe *é>ei' ima-tuç «w<i*.«£wV «*0TaV. Ce qui eft très-beau : j'ai hafardé cette expreflîon , après qu'il s'efl recouvré lui-même, pour ren­dre toute la force du Grec.

Et qu'il a trouvé l'auteur & le créa­teur de toutes chofes, autant qu'il efi pqjfible à l'homme de le trouver. ] Voici le paflage comme il eft dans les édi­tions , tt) rlv ftifJLicvpyiKw Tcvfi toù ifaa~ voç tfyvfûv. Et voici comme il eft dans le manufcrit de Florence que j'ai fuivi dans ma traduction , à TOV «PW-(jucypyov <r3'irwliç Kctlâ TO fwctlov àvUfobrif

Parvenu donc enfin après la purïfica* lion* ] Le manufcrit de, Florence refti-tue encore heureufement ce paflage i car au- lieu de IfeVe «Te1 •ytvi/jt.tvoç, ùç oîo'v rt fitld T»V Kct6ctfe-tv, on y lit rS% ft, 'yvéfMYci c\t (jt/l* riv *«fl«g«-ir.

Il s'unit par fes connoiffances à ce tout.] fage *4Î. JJ y a j a n s | e t e x t e i m p r j m ^ Ta7{ ^

yvwiriv tv rij> it«.n\, ce qui ne fait aucun fens. L'exemplaire conféré fur

les

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ET SUR LES COMM. D'HléROC. 4 5 7

les roanufcrits, m'avoit tiré d'embar­ras, en lifant T*~; fj.lv ywowi mîheu rUSmtnl. Ce qui fait un fens merveil­leux, J'ai trouvé enfuite la même 1er con dans le manufcrk de Florence.

Et le lieu le plus convenable à un corps de cette nature > c'ejï le lieu qui ejî im­médiatement au-dejjbus de la Lune. ] Far ce partage on voit que Pytfaagore avoit corrigé la vifion des anciens Théologiens d'Egygte , qui, comme je l'ai expliqué dans la vie de Pytfaa­gore, croyoient qu'après la première mort, c'eft-à-dire, après la/ répara­tion de l'ame & du corps terreftre & mortel, l'ame , c'eft-à-dire l'entende­ment , & fon char fpirituel, s'envo-loit au-deflbus de la lune ; que celle qui avoit mal vécu reftoit dans le gouffre appelle Hecaté, ou le champ de Proferpine ; & que celle qui avoit .bien vécu > alloit au-deffus : & que là arrivoit enfin la féconde mort, c'eft-à-dire, la féparation de l'entendement, & du cfaar fubtil ; que l'entendement fe réuniflbit au foleil, & le char fub­til reftoit au-deffus de la lune. Ni Lyfis, ni Hiéroclès ne parlent nulles

Tome IL V.

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4^8 R è M . SûR L E S V E B S D E P Y T .

jnent ici de cette dernière réparation: ils reconnoiflbient que la première ; & ils difent qu'après la mort, les âmes inféparables de leur char fubtil, vont immédiatement au-deflbus de la lune, c'eft-à-dire, dans la terre pure, dont Platon parle dans le Phédon, & qu'ils plaçoient au-deflus de notre terre, dans le ciel, ou l'aether, & juftement au-deflbus de 1$ lune.

Comme étant au-dejfus des corps ter-rejlres &* corruptibles, £r au-dejfous des corps cêlefies. ~] Il prétend que ce lieu au-deflbus de la lune, convenoit à ces âmes, à caufe de leur rang ; car étant inférieures par leur nature aux Dieux , & aux Anges , & fupérieures à tous les autres êtres terreftres, elles doivent habiter un lieu fupérieur à la terre, & inférieur aux aflres. Il n'y a perfonne qui ne voie le peu de folidité de cette raifon. Les bienheureux habitent la même région que les Anges, & que Dieu même.

Un Dieu immortel. ] C'eft-àdire , un être fur lequel la mort n'aura plus de pouvoir, & par là femblable à Dieu ; & par conféquent Pythagorc

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ET SUR LES COMM. D'HîÊROC.^.J'JJ

ne connoifibit point la féconde mort ; c'eft-à-dire ,1a réparation de l'enten­dement , & du char fubtil de l'ame.

Et ceux là l'oublient quelquefois. "] Pagetrw Oui, pendant qu'ils font revêtus de cette nature mortelle. Mais après qu'ils l'ont dépouillée, & qu'ils font glori­fiés , ils ne l'oublient plus.

Car il ne fe peut que le troifîeme gen­re , quoique rendu parfait, foit jamais ni au-dejfùs du fécond, ni égal au pre­mier. ] Ce partage étoit entièrement corrompu & défectueux dans le texte imprimé , «5 eîp «T» TO1 Tp/ree yivoç •»-teiujiv,'i! TB /juircv yirciro iv TpiTOV. cet S, ou, marque vifiblement qu'il man-quoit quelque chofe. L'exemplaire con­féré fur lesmanufcritSjl'a heureufement fuppléé & corrigé, comme je l'ai trou­vé dans le manufcrit de Florence , où yeif / » TO rp/rs» yevcç Ttteiufiv » TST fjttpw ytvon» âv Kçtïrlw, » Tf» WPù>'T«* la-or, à'AXa. iL jx&ot rflrev 'ojj.oiîna.1 rUf vfmtf y'ivti. Nunquam enim tertium ge-nus, etiam perfeâum , fuperius evadet fecundo, aut cequale primo, fed tertium tnanens àjftmilabitur primo , fubordina-tum fecundo. Hiéroclès dit que les êtres

Vi j

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4.60 REM. SUR LES VERS D E P Y T .

du troifieme rang, c'eft-à-dire , les hommes, après même qu'ils ont re­couvré leur perfection , ne peuvent pourtant pas être élevés au-deffus des êtres du fécond rang, c'eft-à-dire, des Héros, des Anges, ni devenir égaux aux premiers, c'eft-à-dire, aux Dieux immortels ; mais demeurant toujours ce qu'ils font par la loi de leur créa­tion , c'eft-à-dire, le troifieme genre des fubftances raifonnables, ils devien­nent femblables au premier à propor­tion du rang qu'ils tiennent, cette reflemblance que tout doit avoir avec Pieu , étant différente félon les dif­férents rapports, & les différentes liai-fons.

?»geiji. Qui font fixes &* permanents dans leur état. ] C'eft-à-dire , qui confer-vent toujours leur nature angélique, & ne defcendent point dans cette terre, pour y animer des corps terref-tres & mortels.

Que la plus parfaite rejfemblanct avec Dieu, eft l'exemplaire & l'origi­nal des deux autres ; &• que la féconde l'ejî de la troifieme.] Il ne faut rien changer ici au texte. Hiéroclès ne

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ET SUR LES CoMM.D'HlÉROC. 46"!

pouvoit rendre plus fenfible la difFé-rence qu'il met entre toutes ces ref-ièmblances, qu'en difant que la fé­conde, c'eft-à-dire, ceHe des Anges, celle que les Anges ont avec Dieu, & la troifieme, celle des hommes, ne font que les copies de la première, c'eft-a-dire, de celle qae les Dieux immortels ont avec le Dieu fuprême; & que la troifieme, n'eft que la copie de la féconde , c'eft-à-dire , la copie de la copie, & par conféquent plus éloignée de la vérité, & des vérita­bles traits de l'original, comme n'é­tant qu'au troifieme rang, & comme dit Platon , rpcT» «V àxuftigf. Mais cette Théologie d'Hiéroclès n'eft pas entièrement faine, & elle eft mêlée de vérité & d'erreur. L'erreur confifte en ce qu'il conçoit l'homme comme l'i­mage -des Anges ; car l'homme n'a été fait à l'image d'aucun être créé ; il a été fait à l'image de Dieu : & la vérité fe trouve, en ce qu'il enfeigne que là première & la plus parfaite reflem­blance eft celle des Fils de Dieu j car le Fils de Dieu, le Verbe, eft la plus parfaite reflemblance du Père , &

y îij

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462 REM. SUR LES V E B S D E P Y T .

l'homme eft l'image du Verbe ; & comme parle faim Athanafe, il eft l'i­mage de l'image, tîtuh uxcrcf, & par • là l'image de Dieu , mais l'image de Dieu moins parfaite. Du refte , tout ce qu'Hiéroclès, & les Pythagoriciens penfoient de ces différents degrés dé reffemblance que les Anges & les hommes ont avec Dieu, n'eft vrai que pendant la vie de ces derniers ; car après leur mort ils> deviennent égaux aux Anges , félon la promette de notre Seigneur, qui dit lui-même,

s.Lncu. 38. Nequeenim ultra mort poterunt; cequa-les enim Angelis funt, cùmjint Filii refurreSionis. Car ils ne pourront plus mourir , parce qu'Us font égaux aux Anges, étant des enfants de refurreBion.

Que Jî ne pouvant parvenir à cette plus parfaite reffemblance, nous acqué­rons celle dont nous fomw.es capables, "f Ce paffage eft parfaitement beau ; mais il étoit défectueux dans le texte , où on lit feulement «î </V àTobuiroftwit rovTU* tvyitavofjitv , Xj TO T«AN«V TSç âptriiç îv Tovru, &c. L'exemplaire conféré fur les manufcrits, l'avoit heureufement reftitué, en fuppléant ce qui manquoit.

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Et SUR LES COMM. D 'HIÉROC. 45 J

Et.c'eft ce que j'ai trouve enfuite con­firmé par le manufcrit de Florence, OÙ on l i t , e» JV etiroteiirèfJUVBi Tciirar ivyx<iY<ii[Mv oîç, ( l'exemplaire lit oï««) Jvva/juja tu^tiv , «UTO TBTO re KOLT* tpvett

"Xoy-^i $} TO T&tleV T»ç ttglTÎç «V T6WTM ,

&c. Quod fî perfeEtiores illas Jîmilitudi-ms ajjequi minime valeamus , eamque ipfam adipifcamur, cujus capacesjumuî, illud ipfum quodfecundùm naturam nof-iram tft habemus, &• eo ipfo perfcblum • vtrtutis fru£lum carpimus , quod G'c. Hiéroclès confole ici l'ame qui fou-haiteroit de reffembler à Dieu, & il lui fait voir , que bien qu'elle ne puifle parvenir à la plus parfaite rek îemblance qu'ont avec lui les êtres fu< périeurs, ceft-à-dire, les Dieux im­mortels , enfants de cet être fuprême , & les Anges, fi elle a toute celle dont elle eft capable , il ne manque rien à fon bonheur, parce qu'elle a comme les êtres plus parfaits, tout ce qui lui eft propre, & qui convient àfa nature.

Qui ont marché dans la voie de Dieu.] PaEe l* *• Le texte imprimé dit, qui ont marché dans la loi de Dieu, vvo riv Jt7ov vi/xer. Mais l'exemplaire conféré fur les ma-

V i v

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^6^ REM. SUR LES VERS DE V?Tï

nufcrits a lu , tmo *rw ftïca CI(JLOV , &c» & le manufcrit de Florence, «W tSt «T» w ftlea ÔI[MV , &c. par ceux qui ont déjà marché dans la voie de Dieu. > Et comme le feul cri de toutes leurs ajfemblées. ] Ou de toutes leurs écoles, ou de tous leurs auditoires ; car l'école de Pythagore étoit appelle èffjutKtio*, & fes difciples ôf/xànei.

Une loi qui ordonnoit que chacun tous les matins afin lever, &* tous les foirs à fin coucher. ] Nous voyons dans Cicéron , dans Horace, dans Sénéque & ailleurs , que beaucoup de gens ©béiflbient à cette loi. Galien dans ion traité de la connoiifance, & de la cure des maladies de l'ame , nous af» fure que tous les jours il lifoit, matin & foir, les Vers de Pythagore ; & qu'après les avoir lus» il les récitoit par cœur : & c'eft d'après cette loi que faint Jérôme a dit, Duorum um-porum maxime habendam curam, mane, & vefperi, id ejl eorum que aSluriJi-mus, &- eorum que geflèrimus.

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T A B L E D E S

PRINCIPALES MATIERES contenues dans ces deux volumes.

J\B A R I S , Scythe , Difciple de Pythagore , fon javelot, Tom. I. i 8z .

Abftinencesde Pythagore, T. 1.164. tirées de la Loi des Juifs, 16y. avoient deux fens, le propre & le figuré. 167. Tom. II. 117.

Abftinence de certaines viandes, à

3uoi utile > Tom. II. 137. elle ten-oit à purger l'ame , 140. faite

avec ordre , 1 4 1 . Abus de notre liberté , fes effets fu-

neftes , T. II. zio , 115. Accomplir les loix de la vertu, ce que

c'eft , T. II. 4. 308 , 309. Accufer, nous ne devons accufer de

nos malheurs que nous-mêmes, T . II. 80.

Adion : de deux bonnes adions il faut V v

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466 Table des Matières.

toujours choifir la meilleure, T. II. 40. la raifon , 106 , 207.

Aclrion doit être animée par la prière, & la prière par l'aéfcion, T. 11. 187.

Adorer nuds pieds, quel fymbole, T. I. 265. Adorer ajjis, quel fymbole, T. I. 267. Adultère, fource des plus grands mal­

heurs , T. I. 8 8. JEter, le lieu convenable au corps lu­

mineux félon les Pythagoriciens, Tom. II. 245». 460.

Afflictions, ne viennent pas du ha-zard , T. II. 96.

Agamemnon,fon carac"fcere,T. II. 136. Agir fans raifon & fans réflexion , c'eft

d'un miférable & d'un infenfé , T. II. 127. 130.

Agir fans prier, vertu impie, TH. 187.

Agriculture, fon éloge , Tom.I. 264. A0A«r«c fe dit des Martyrs, & non des

Juges qui alïiftent à leur martyre , T. I. 295.

Aigreur dans les difputes , vient de roibleflTe & de défiance, T. II. 116.

Ailes de l'ame , leur perte & leur re-naûlance, T. II. 205. 206.

Ailes du corps lumineux, T. II. 12^.

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Table des Madères. 467

Aliments, choix des aliments, T. II. M1-

Ame, conçue par les Pythagoriciens comme un compofé de deux par­ties , Tom. I. 108.

Comment tirée des quatre élémens fé­lon Timée , T. I. 116. de l'jEter chaud & froid , 1 1 6 . moulée fur le corps, 128.

Partage de l'ame en entendement & ame, d'où pris, T. I. 115.

Elle ne peut jamais changer de nature, T.1.158.

Ame nombre fe mouvant foi-même , & comment , T. I. 198. Dieu n'a point fur la terre de demeure plus agréable qu'une ame pure, T. II. 18.

Ames des hommes, dès qu'elles font unies à Dieu, doivent être hono­rées, Tom. I. 118.

Ame de l'homme, fes paffions & fes altérations , Tom. II. '8.

Ames des hommes peuvent être âppel-lées Dieux mortels, & comment, T . IL 9. Mort del'ame,quelle,9, z68.

Ame ne doit être fourni le qu'à Dieu y T. II. 41. elle ne peut fournir de l'itt-

4Vvj

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468 Table des Matières.

juftice des hommes , Tom. II. 42* tout ce qui ne touche point l'ame compté pour peu de choie, T. 11.51-ceux qui croyent l'ame mortelle,in-capables de pratiquer la juftice ,72. 314. le feul foupçon que l'ame eft mortelle , étouffe tout défir de ver­tu , 7<î. enferme toutes les injufti-ces, 99.

Tout ce qui ne nuit point à l'ame, n'eft pas un mal, T. II. 83.

Ames des hommes tirées du même tonneau que les Dieux du monde, quel fentimentjT.H. 104,3 51 .D'où vient la reflemblance de l'ame avec Dieu, 110. née avant le corps fé­lon les Pythagoriciens, 110. 3^5. éternité de l'ame , comment doit

- être entendue ,355. comment l'ame peut être attachée à l'entendement, 173. elle ne peut mourir avec le corps, 199. la forme efTentielle» 199. fa chute , 203. L'ame compa­rée à un char ailé qui a deux che­vaux & un cocher , 2 3 1 . explica­tion de cette image, 43 4. purga-tion de l'ame, quelle , 2 < 3 , 234... tevêtue d'un corps fpiritueJ félon

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Table des Matières. j^Cçf

les Pythagoriciens, Tom. II. 130. Avantage qu'on peut tirer de cette erreur , 431 , 432. doit être ornée de fcience & de vertu , 1 4 3 .

Ame de l'homme le dernier des ouvra­ges de Dieu, T. II. 273.

Ame, immortelle & libre , confé-quence néceffâire de cette vérité > T. II317. Première vie de l'amefé­lon les Pythagoriciens , T. II. 330.

Ame , plante céïefte, T. II. j 5 y. Ame des bêtes , Tom. I. 143 & fuîv.

nullement diftin&e de la matière , 146.

Ami : belle définition de l'ami, T. I. 154.

Préceptes de Pythagore fur le choix des amis, & fur les moyens de les conferver. 154, 15 6. Amis, l'image des Saints, 154. Tom. II. 4 4 , 45.

Choix des amis, quel, T. II. 44. Amis compagnons de voyage, 47. Con­duite qu'on doit avoir avec fes amis, 46 & 47. haïr fes amis pour une légère faute, ce que c'eft, 47. la feule chofe où il ne faut pas les fupporter, 48.

Amitié, eflence de l'amitié parfaite­ment connue par Pythagore, T. L

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470 Table des Matières.

15 4. But de l'amitié, Tom. I. 1 ij <?. bel exemple d'amitié chez les Py­thagoriciens , 15 6 & fuiv. Amitié doit s'étendre fur tous les hommes, avec quelle fubordination , 158» doit être recherchée, pour la ver­tu , Tom. II. 44. c'eft pour le bien commun que l'amitié nous lie, 47. la plus grande des néceflîtés , ibid. milieu qu'il faut garder en renon­çant à l'amitié de quelqu'un , 48.

Amitié , la fin des vertus , & leur principe la piété,T. II. 51,314. elle doit s'étendre fur tous les nommes, même fur les méchants, T. II. 53. Belle preuve de l'obligation d'aimer tous les hommes, 54, 317.

Amitié , n'eft autre choie que l'hu­manité, T. II. 53.

Amour des femmes pour leurs maris, & des maris pour leurs femmes , renferme tous les devoirs, T. I. 95.

Amour, l'œil de l'amour. V. œil. Amour des hommes, la plus grande

vertu de l'homme , T. I. 160. Amour des véritables biens inné dans

nos cœurs , Tom. II. 177. produit l'efpérance , & l'efpérance la véV rite, 177, 3.85.

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Table des Maliens. 471.

Sans l'amour tout eft imparfait, T. IL -' 2 8 0 , 2 8 1 .

Amour tend à l'immortalité, T . II. 445 » 44<>-

Analogie entre les êtres fupérieurs & les inférieurs, T. II. $11.

Anarchie, le plus grand malheur des Etats , Tom. I. 87.

Anaxifnéne, reproche qu'il faifoit aux Philofophes, T. 1.5 9.

Ancée, un des aïeux de Pythagore ,

Ancres, quelles font les bonnes an­cres , T. I. 94.

Anges, leur nature, T . II. 10, 270, &c. pourquoi ainfi appelles, 31. Erreurs des Pythagoriciens , 32 , 199. s'ils font tous de même natu­re , 177. leur dignité un don de Dieu. 279 Ayant été créés libres, s'ils ont pu changer, 271. fi leur connoiflance peut diminuer, ibid. leur miniftere , & le culte qui leur eftjdû, 190. comparés aux fimplès initiés, 295. corporels , félon Py­thagore , 298.

Animal raifonnable, le feul qui fente la juftice, T. II. 10}.

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47i Table des Matières.

Anneau, Ne porteras un anneau étroit,' quel fymbole, Tom. I. 239.

Antipodes connues par Pythagore » 189.

Aphorifmes de la Philofophie , leur utilité : Tom. II. 2. la Philofophie étoit enfeignée par Aphorifmes, 2 5 6 , 257.

Apollon Hyperboréen, Tom. I. 181. Apollonius de Tyanenioit la liberté

de l'homme , T. I. 299. Apothéofe comment obtenue , T. II.

Application aux bonnes œuvres porte a la prière, T. II. 189.

Apprendre ce qui mérite d'être ap­pris , T. II. 140.

Ariftote a mis le premier la raifon en règles , Tome I. 2-11.

Ariftote refuté, T. I. 198. cité, T. II.

Arithmétique, regardée comme mer-veilleufe , T. I. 197.

Arpentage, les premiers éléments de la Géométrie, 201. fort ancien & connu par Homère , ibid.

Arrangement raifonnable , ce que c'eft, Tom. 11. 274.

Art d'expliquer les fonges mis en règle

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Table des Matières. 47 ;

par les Egyptiens , Tom. I. 178. Aflemblage qui conftitue la divine

Fortune , Tom. II. 3 37. Aftres pour les fupérieurs, T. I. 287. Até, Déefle de l'injure , T. II. 410. Athéniens, pudeur des jeunes Athé­

niens, Tome I. 251. Athlètes des facrés combats de la Phi-

lofophie , Tom. II. 146. Avare ne peut être fidèle au ferment,

T . II. 14. S. Auguftin expliqué , T . II. 441.

trouve des myfteres infinis dans les nombres, T. II. 388.

Aumône attirée par la feule compaf-fion , deshonore celui qui la re­çoit, T . I. 107, 354.

Autel d'Apollon à Délos, jamais ar-rofé de fang, Tom. I. 202.

B

X> Ain, marque les délices, T. I.

Beau, tout ce qui ne peut s unir avec le beau, eft ou vice ou péché, T. II. 83.

Beau accompagné de peine, préférable

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474 Table des Matière'.

au honteux accompagné de plaifir, Tom. II. 144.

Rien n'eft beau, que ce qui eft fait félon la règle de Dieu , T. II 188.

Belette, fymbole des Rapporteurs, & pourquoi, Tom. 1.182.

Bellérophon rongeant fon cœur , T. I. 23 3.

Bètes, de pures machines , T. 1.145. Biens de la vie peuvent nous corrom­

pre , & les maux nous fanctifier, Tom. II. 83.

Biens politiques , T. II. 93. Biens qui font près de nous, Se en

notre pouvoir , T. II. 207. Bœuf, fait de pâte, de myrthe, d'en­

cens & d'autres aromates.T. 1.105, Boire, excès plus aifé à commettre

dans le boire, que dans le manger, Tom. II. 149.

Bois, Ne coupe^ pas du bois dans le che­min , quel fymbole , Tom. I. 255. & 255.

Bonne foi de quelle néceffiré,T. 1.8<f. Bonne vie , en quoi confifte , T. II.

37*-Bonté acquife , & bonté eflenrielle,

leur différence, T . II. 14.

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Table des Matières. 47 5

Bonté de Dieu, c'eft fon efïence, T . II • I 4 ;

Bonté de Dieu, la feule caufe de la création des êtres, ibid.

Bornes , il n'y a plus de bornes , dès qu'on pafle la mefure du befoin , T. II. 158.

Brachmanes, leur vie , Tom. I. 291. Brouiller le Ut, quel fymbole , T . I.

i j i , 252. C

\ ^ Ampagnes de l'injure, Tom. I I ,

Caufe , la bonne caufe fait feule le mérite delà bonne mort,T. II. 363.

Cautionnement défendu par les Sages, Tom. 1. 137 , 238.

Céder doucement, ce que ce mot li­gnifie , Tom. II. 114, 115.

Cérémonies facrées introduites pour purger de toutes les penfées ter-reftres, T. II. 245.

Cérémonies myftiques ne regardent que le corps félon les Païens, T. II. 451- , .

Cervelle de palmier, Tom. I. 178. Chalcodryjlcs, nom des nourrices de

Bacchus, T . I..66,

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4"7<î Table des Matières.

Chaldéens , leurs fuperftitions fur les jours heureux & malheureux, T. II. 37*-

Champs Elyfées, où placés, T. 1.1 i.j. Chandelle , N'appliquer-pas la chan­

delle contre le mur, quel fymbole , T . I. 187.

Char fubtil de lame , T. I. 108 , i2<> fourni par la lune. 116.

Char de l'ame purgé par les initiations & par l'inipecuon des myfteres , Tom. II. 245.

Charlatans dans la religion des Païens, T . II. 44).

Charondas, fes loix les plus remarqua* blés, T. I. zi< , ai6.

Chauflure, fymbole de l'action, T . I. *77- '

Chemin , il eft dangereux dans la vie de tenir plufieurs chemins,T. 1.9 j .

Chemin public , les opinions du peu­ple, T. I. iJ4-

Chemin marque pour arriver à la per­fection, Tom. II. 319.

Cheval, devient vicieux, quand il eft trop nourri & mal dreflç par l'E-cuyer , T . II. 148.

Chiffres appelles Arabes, ne font que les lettres Grecques, Tom. I. 199*

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Table des Matières. 477

Chofes, les meilleurs chofes faites mal à propos , deviennent mauvaifes, Tom. 11. 145.

Chryfippe, paflage de Chryfippe rap­porté parCiceron, T. II. 415.

S. Jean Chryfoftôme cité, T. II. 276,

. 4 1 î > ' , Ciel, féjour de la vie, T . II. 106. Cœur pour la colère , T . II. 237. Coffre de cyprès, ce qu'il fignifie,

Tom. I. 260 , 161. Commerce avec les hommes divins pa-

roît par les bonnes œuvreSjT. II. 222. Concurrents dans un état, qui ils doi­

vent imiter , Tom. 1. 90. Conditions néeeffaires pour le bon­

heur, Tom. II 571. Connoiflance de foi-même, & le mé-

{>ris de tout ce qui eft indigne, eurs effets, T . II. 78.

Connoiflance de notre ignorance, fes effets, T. II. 139.'

Connoiflances des caufes des êtres mè­ne à la connoiflance de Dieu,T. II,

Connoiflance de fcience , comment &en qui elle fe forme , T. II. 193.

Connoiflance de la nature, une fuite de la conn&iflance de Dieu , T. II,

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478 Table des Matières.

194. Avantage qui revient de la connoiflance des ouvrages de Dieu, Tom. II. 198.

Connoifïànce de Dieu produit la con-noiflance de nous-mêmes,T. II. 407.

Il y a deux chofes daas la connoifTan-ce , la connoifTance & le choix , T. II. 170.

Connoître, fe connoître foi-même, & fe refpe&er foi-même , produi-fent en nous un mouvement tout divin , T . IL 72. doivent précéder toutes nos actions & toutes nos connoiffances,75.

Connoître félon la juftice, ce que c'eft, T. II. 197.

Confcience, juge très-jufte & très-na­turel, T. II. 170.

C'eft de lui que la raifon reçoit les in­formations, T . II. 171.

Confeil, eft facré, Tom. I. 89. Conftitution des Dieux, & des hom­

mes , Tom. II. 197. Confultation fage, la mère des vertus,

T. II. 127. {es trois effets,128. &c la délivrance de tous les maux, 129-La perfection des vernis, lbid.

Confulter avant que d'agir,T. II. 130. feseffets, 134. i}8.

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Table des Matières. 479

Contemplation doit être toujours ac­compagnée de la vertu & de la pu­reté, Tom. II. 146. 453.

Contention funefte née avec nous , notre compagne, & le fruit du corps de péché, T. II. 111. fa fuite, 111 , 114. iz8 .

Contention toute bonne,quelle,T. II.

Contradiction dans les devoirs , ce qu'elle exige, T. II. 41.

Coopération de l'homme dans l'œuvre de fa régénération, T. IL 430.

Coq, le fymbole des gens de bien qui veillent pour nous, T.I . Z45. Nour-rijfe^ le coq t & ne l'immole^ point %

quel fymbole. Z46. Corps, foin du corps à quoi comparé,

T. I .83 . Corps comparé à un inftrument, T . I.

196. Corps ne doit pas être négligé , T. II,

145. toujours dans la génération & la corruption-, 146. 11 doit être rendu un inftrument de fagefle , 150. fa confervation eft une partie de la vertu , 15 3 • médiocrité dans tout ce qui le regarde , 155, 156. erreur des Pythagoriciens fur cç

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48 o Table des Matières.

corps mortel, 246. 455. regardé comme l'image dé l'ame, & com­ment, Tom. II.438.

Corps lumineux des Dieux & des Hé­ros ,T . I. 119. des âmes, 127,118. la purgation de ce dernier , T. IL 233, 234. appelle char fubtil de l'ame ,133 . infpire la vie au corps mortel, 23 3 , 438. doit être rendu pur , 243. comment l'image du corps mortel , 4 3 7 .

Corruption de notre cœur la feule cau-fe de tous nos maux , T. II. 107.

Couper du bois , & porter de l'eau , regardés comme la dernière mi-fere , Tom. I. 256.

Couronne des fruits de la joie divine ,' Tom. II. \6-j.

Coutume remarquable des Egyptiens , T. I. 203. fon origine, ib'id. paiTée aux Indes, où elle eft encore au­jourd'hui , 204.

Courûmes des mêmes fur les écrits, T. I. 221.

Coutume des Hébreux fur les femmes prifes à la guerre, T. I 147 , 2 4 8 .

Coutume des Hébreux & des Grecs fur les Prifonniers faits à la guerre, T. I. 256.

Couvrir

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Table des Matières. jj.S t

Couvrir fes pieds , ce que c'eft, T. I* M?-

Création , ordre de la création félon les Pythagoriciens, T. I. 116*

Ce qui eft créé , ne peut exifter tou­jours par fa nature, Tom. II. 3 fé.

Créer, pour Dieu,- c'eft penfer & vou­loir , Tom. I. 1 z 3.

Créophyle, hôte d'Homère, T. 1.7G. Crime capital fous Tibère & fousCa-

racalla, T. I. 23 6. Crotoniates, leur ancienne vertu, T.ï .

82. Victoire fignalée qu'ils rem­portent fur les Sybarites, 173.

Culte doit être proportionné à la di­gnité des êtres qu'on honore, T. I. 117. doit toujours fe rapporter à Dieu, ibid. ne doit être rendu à aucune nature inférieure à l'hom­me ,118 .

Cure des vices ne fe doit faire qu'en particulier, T. I. 175.

Cylindre, fon double mouvement, Tom. II. 114, 415.

Cylon , Auteur des perfëcutions con­tre Pythagore , T. I. 114, 225.

Tome IL

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4 8 * TuBh des Matières.

D

JL/Amàfius , Ecrivain du 6e. fiecle 1 T. I. IO'I » 101. T . II. i é j .

Damo, fille de Pythagore , fes Conv mentaires fur Homère , T. 1.118. fon refpect pour les derniers ordres de fon père ,. a i 9.

Damoft de Cyrene , T . 1.59. David, les Pfeaumes de David , T . II.

414. Dédale, faftacue de Venu», Tom.I .

130, 144. fes différentes ftatues, Toiïi. II. 367.

Déification qui fe fait peu à peu, Se par degrés, T. II. 149 , i j o .

Délivrance de nos maux j quelle, T. II. xio. dépend de la connoiflance de nous-mêmes, 121.

Démêlés fur les biens & fur la gloire , défendus auy amis , T . II. 47.

Démons terreftres» les Saints, T . II. 33. &e.

Démon pris toujours en mauvaifepart dans la Religion Chrétienne, T . II.

Démon pour l'ame , T. II. n i . 416. Denis, S. Denis dans fon Traité de

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Table des Marierez; 4*5 j

la Hiérarchie, T. H. 446. Dépenfe hors de faifon, blâmée com­

me orgueil, T . IL 160. Dépôt de la vertu doic être confervé,

Tom. II. 167. Deftinee, fa propre fignification, T . II. 68. Deftinee, n'envoie pas 1a plus grande

portion àes maux aux gens de bien , & comment, T . II. 96 , 97.

Devins , par la fumée de l'epcens , Tom. 1.177.

.Devoirs, nos devoirs fe mefurentpar notre dignité , Tom. I. 17 j , 174. T . II. 72,315.

Devoirs incompatibles , comment il faut s'y conduire , T. II. 41 , 41 .

Devoirs de la vie civile , fuites & dépendances des devoirs de la Re­ligion, T . II. j u .

Deux, employéjpour fignifier le mort-de vifible , Tom. I. 107 , 110.

Dialectique, la délivrance de l'ame, T. II. 141 , 447. la partie la plus

{>récieufe de la Philofophie, 447. 'infpe&ion des êtres, & comment,

448. Dicéarchus, Tom. I. 55^

X i j

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•4S4 TabU des Matières':

Dieu, fource de tout bien, T. I. 90; fa fagefle incompréhenfible, 105. appelle quaternaire & unité, 107, & 112. unique , 116. crée des images de lui-même , 116. fa bonté feule caufe de la création, 122, fa toute-puiflance, 149. lie» commun qui lie tous les hommes , 15 9. il ne hait perfonne, 15 8 j 159. appelle le même , 189. la caufe des Dieux, Tom. II. 7. il a dû produire des images de lui-même, 8 , x66.

Dieu tout bon par fa nature, T. II. 14. appelle du nom de ferment, & pour­quoi, 20. 283.

Ceux qui aiment Dieu, doivent aimer tout ce qui reflemble à Dieu, T .

Dieu étend fon amour fur tout le genre humain , T. II. 54.

•Comment il aime les méchants. Ibid, 11 eft bien loin de la penfée des mé­

chants , T. II. 61. Dieu prévient les hommes par Cç$

grâces, T. II. 8 8 , 337. Dieu renié quand on fait le mal, &

eonfefle quand on le fouffre , T. II. 9 1 , 339.

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Table dès Matières'. 48 j

Dieu & l'entendement, la feule règle de ce qui eft beau, T. IL 138.

Dieu le nombre des nombres , T. II.' 180, 389. 11 préfente les biens à tous les hommes, mais il ne les montre pas à tous, 226. il n'attire pas les hommes à la vérité malgré eux, 227, 429. Il n'eft pas l'auteur des maux, 226. fa lumière & notre Vue doivent concourir enfemble>:

129. Dieu appelle la perfection intelli­

gente de l'ame, T. II. 236. Il s'eft repréfenté tout entier dans la créa­tion des fubftances raifonnables , 2 7 4 , 275.

Dieu Père & Fils un feul Dieu, T . II . . 19.3 •

Le nom de Dieu fe trouve de quatre lettres dans la plupart des Langues,

j 8 7 / . . Dieu étant connu, nos devoirs envers

les hommes ne peuvent être igno­rés , T. II. 315.

Dieux immortels , les fils de Dieu , fubftances immuables & inaltéra­bles , T. II. 7. 166. ne perdent ja­mais avec Dieu, 29. & c

Xi i j

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r43£ Table its Maiitr'ti.

Doivent être honorés félon leur ordre & leur rang, T. IL 7.

Dieu, pour homme femblable à Dieu, T. II. 4.

Pieu célefte & fenfible , ce que c'eft, T. II. 18}.

Difficile, les chofes difficiles contri­buent plus à la vertu, que Us agréa­bles , Tom. I. 94.

Dignité, notre dignité la règle de nos devoirs,T. 1.173 , 174.T. II, 71 »

. 3 i j . Celui qui connoît bien fa di­gnité , eft incapable defe laiffer fé-duire, T. IL 118.

pifeernement qu'il faut faire des rai-fonnements , T. II. m , 114.

Difciple de Dieu, quel peuple a mé­rite ce titre , Tom. I. 58.

Les premiers Difciples de Pythagore attribuoient leurs ouvrages à leur maître, T. I. zz i .

Difcours eft inutile , dès qu'on en ôtia la liberté, T. I. 174.

Difpofitions à la vertu Se au vice , & d'où elles viennent, T. I. 195.

Pifputes, la douceur & la modération qu'il faut y garder, Tom. IL 114, 115. & 550 .

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Table des Ma tiens. 485»

Diflèmblance défanit & fépare tout , Tom. II. 244.

Divination, partie delatnéralë, T. L * 7$. Les deux fortes dé divination reçues pat Pythagare , 1 7 ? . leur ancienneté. Ibid. Ce que c'eftque la divination ,178 . divination par lés longes i ibid.

Divine fortuné, ce que c'eft , Tom. II*

Divifer dans le chemin, quel fymbolea

Tom. I. 157. Dix, intervalle fini du nombre, T. II.

180. La puiflànce du dix eeft le quatre, & comment, ibid.

Dominer , il faut domine* nos paf-fions , & nos afFedions tecreftres , Tom. II. 166.

Dons, & victimes desfoux, T. II. 17. La magnificence des dons n'honore

pas Dieu, ibid. Douleurs,Pétendue de ce mot,T.H.8 2. Douleur raifonnable que nous doi­

vent caufer les afflictions, T. II. 94. Doutes malheureux, doutes des hom­

mes , T. II. 326. Droits communs entre les hommes 8c

les bêtes , Tom. I. 159. Xiv

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tf.88 Toile des Maliens,

- " ' • ' ' E''

j l C h a , le fymbole de»lieux défense • T. I.. 17 5. Quand les vents foufflent >

adore l'écho, quel fymbole, 274,

Ecclénaftique expliqué , T . I. 185» cité , Tom. II. 289. 375.

Education , mauvaife éducation des enfants, fource de tous les défor-dres, T. I. 91.

Egalité n'engendre point de guerre , T. I. 86. •

Egypte, inftruit la Grèce , T. I. 5 8. quand ouverte aux Grecs , 68.

Egyptiens , d'où avoient tiré leur fa-jjeflTe , T. I. 5 9. exceptés de l'abo­mination que les Juifs avoient pour les Etrangers , 67. Jaloux de leurs fciences ,78 . les auftérités qu'ils en-joignoient avant que d'initier dans leurs myfteres , 78 , 97. pourquoi mettoient des fphynx à la porte de leurs Temples ,105. leurs trois for­tes de ftyle , ibid. leur dogme fur la nature de l'ame, 115,126. premiers auteurs de l'opinion de la Métem-pficofe, 132. abhorroientles fèves,

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Table des Matières. 489

& pourquoi, 166. très-foigneux de leur fanté, ibid. fe purgeoient deux fois le mois , 167. attachés à la devinatiqn, 176. ne parloient ja­mais du premier principe, & pour­quoi , T.'IÏ. 262 , 253. leur an­cienne Théologie fur la mort, T . II. 459.

Elément, un élément feul ne peut tien produire, T. I. 193.

Empédoçle, Vers d'Empédocle, T. IL 2 0 2 , 2 0 3 .

Enfance, l'âge le plus agréable à Dieu, T . I. 92. •

• Enfants, devoirs des enfants envers leurs pères, T. I. 306.

Employés aux prières publiques, T. I.

91- . . . . Entendement, parrie intelligente de

l'ame, fourni par le Soleil félon lea Pythagoriciens , T. I. 116.

Entendement, appelle le cocher, T. II. 239.

Entreprifes, ce qui en allure le fuccès, T. II. 139.

Envie prife pour blâme , T. II. 159 , ' 377-Epargne hors d« faifon x blâmée corrt-

X v

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AfîO Table des Matières.

me baflefle , Tom. II. \6o. Epicure , le dernier des Philofophes

qui ont fait feue, T, I. 6u le temps qui s'écoula depuis Thaïes jufqu a lui, ibid.

Epreuves des. Religieux d'où tirées, T. I. 97.

Efclavage qui vient de l'ignorance, T. IL 9.

Efclavage du péché , eu volontaire , T. II. 114.

Ecrivains facrés > la fin de leur con-. remplation, a été le commencement

de 'notre inflruction , T. II. 318. Efpérance en Dieu toujours accom­

pagnée de lumière, T. II. 385. Efprit eft le feul qui voit, qui entend ,

&c. T. 1.108. Efprit politique tient le milieu entre

le contemplatif & le myftiqae , T. II. 145.

Efprit touché & affermi dans l'amour, unit à Dieu, T. II. 17. le faint tem­ple de la lumière de Dieu, 18.

Efprits, appelles, vapeur chaude , T. I. 194.

EfTéens,Philofophes des Juifs,T. I. 9^. Eflfence moyenne entre Dieu , 9c

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Table des Matières. 491

l'homme, fa néceflïté, T. II. 9. foa état & fes qualités, 10.

Efferices raifonnabies , leur otjdre & leur rang, T. II. 11 , 11. &c.

EfTence, l'attention à notre effence produit l'accomplifTement de tous nos devoirs, T. II. 78.

Eflence de l'homme, ce que c'eft, T . II. n o , m .

Etres, qui étant nos égaux , fe font élevés par l'emmenée de leur vertu , T . II. 29.

Etres céleftes , éthériens, & terref-tres j T . II. 34, Sec.

Etres fupérieuïs ne fe nourriffent point de chair humaine, T. II. 103. 3-50. n'ont que le pouvoir de nous faire du bien , 103, 3150.

Etres moyens partagés en trois clartés, T. II. 31.

Etres dîfFérens, jufqu'où s'étendent, & ce qui les renferme , & qui les l i e , T. II. 190. premiers comment

. liés aux derniers, 191. Eufebe combat la fauffé doctrine de

la deftinée, T. I. 299. Examen de fa confcience , comment . doit être fait, TV II. 164- d 0 " &

Xvj

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492. . Table des Maùtrtù

faire tous les foirs, i ^ . i l e f t conv me un Cantique chanté à Dieu à notre coucher, 166. doit être fait de fuite & par ordre,, 16<>. il réveil­le en nous le fouvenir de l'immor-^ talité, 170.

Excellence confifte dans la bonté & dans la lumière , T. II. 3 o.

Excès plus aifé à commettre dans le boire que dans-le manger , T. II.. 149.,tout excès doit être banni com­

me le défaut, 152, 1 j 3. Exercices , emportent l'excès de la

nourriture , T. II. 146. k mefure en doit être réglée. 147. leur choix,. 147, &c.

Exemption de faute ne fait pas, la bonne vie,. T . II. 1.43,*

F

X Able , l'appanage de la Poëfie ^ T. L 137.

Fables d'Homère & d'Héfiode con­damnées par Pythagore, T. I. 147. facultés de Tarne , T. II. 176, 177.' quatre facultés pour juger des cho­ies, 183 , 390.

Faire, il ne faut jamais faire ce qu'on

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Table dis Matières. 49$ ~

ne fçait point, T. II. i $9. 143. Farine , ne point facrifier fans farine ,

quel fymbole , T. I 264. Favoris des Rois comparés aux doigts

de îa main, & pourquoi, T. I. 199, 200 .

Fauffetés, écouter avec compaffion 8c indulgence ceux qui en avancent, T. II. r 15.

Fautes , ce qui empêche de faire des fautes , T. II. 159.

Faute légère d'un ami , jufqu'où ell« peut s'étendre, T. IL 311, 512.

Femmes leurs véritables ornements , T . I. 84. difficiles à ramener à là modeûie quand elles font accou­tumées au luxe, ibid. Refufe^ les armes que vous prête une femme, quel fymbole, 282.

Fer, N'ôteipas la futur avec tk fer, quel fymbole , T. I. i& 5. N'appliqueras le fer fur les traces de Chommt, quel fymbole , 285, 286.

Feu des facrifices , comment purgeoit Tame félon les Païens, T. 11,450*.

451-Fèves, abftinence des fèves, ce qu'elle

fignifioit, T. I. 165. pourquoi ah-horrées des Egyptiens, 166»

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494 Table des Matîerùé

Fidélité des Pythagoriciens dans leurs , promettes , T . ï . \6x.

Figure , la première figure folide fe . trouve dans le quatre , T. II. 181»

Fils de Dieu, la véritable image du Père, T. II. 192.

Flambeau , n'efface^ point la trace du , flambeau, quel fymbole, T. I. 2} 8.

Flûtes condamnées par Pyrhagore, Se pourquoi, T. I. io>8. pourquoi re-jettées par Minerve, ibid.

Fontaines ,jeuer des pierres aux fou-' laines , quel fymbole, T. I. 283 , 484.

Force doit être cherchée dans le voi-fînage de la néceflité , T. II. 313.

Fortune n'eft qu'une fuite & une dé-

Îendance de la nature mortelle, '. II. 67. 322. V. Divine fortune.

Fou, le fou eft fans Dieu 3 T. II. 109. le fou fe perd dans tous les états de la vie , ibid.

Fous comparés au Cylindre , T. II. 1 0 9 , 4 1 4 , 4 1 4 , &c.

Fréquentation des vicieux défendue , T. I. 215.

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w TaiU des MaiUrei. tyf

G.

I jAbaoni tes , comment traités par Jofué, Tri. 2. $6.

Galien lifoit tous les matins & tous les-foirs les Vers de Pythagore, & le* récitoit par cœur , T. H. 466.

Gens de bien , comment foutenus dans les maux de cette vie, T. IL 97. il faut rechercher & aimer les gens de bien , 166.

Gentils ont imité les règles des Na­zaréens, T . I. 98. '

Géométrie née en Egypte , & ce qui la fit inventer , T. I. 201. per­fectionnée par Pythagore, ibid.

Germe malheureux qui eft en nous , T. II. z n , 416.

Glaive aigu pour lés langues mcdi-fantes , T. I. Z59. Détourne^ de votts h glaive affilé, quel fymbole > ibid.

Gloire véritable, gloire quelle, T. I. 89.

Gourmandife > fes fuites fàneftes , T. II. 5<î.

43recs , quand commencèrent à phi-lofopher ,,T. I. 58. pourquoi ils al-

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496 Table dis Maturéss .

loient chercher la fageflè en Egyp­te , 60. ils n'ont eu aucun com­merce avec les Juifs, 6i, 63.

Saint Grégoire de Nazianze , T. II. 275 , 298.

Gryphons, qui gardent les mines d'or, T. I. 291.

H

X I Aine accompagne la crainte, T. I.

Harmonie, l'étendue de ce mot félon Pythagore, T. I. 170. mélange des qualités , 1 9 4 . ;

Hazard, ce que c'eft , T. II. Z6. do­mine fur les animaux, 101 , 344.

Hébreux , donnent aux vicieux les noms des bêtes , T. I. 135. feuls bons nomenclateurs, T. II. 422 , 4*4;

Hécate, gouffre où reftoient les âmes qui avoient mal vécu, T . I. 116.

Heraclite, T. I. 106. beau mot de lui, T. II. 202.

Hermionée , le fimple orge d'Her-mionée, T. II. 19.

Hermodamas , premier Précepteur de Pythagore, T. I. 76,

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TaBU des Matiertr. 497

Héros , nom donné aux Anges, T. I, 116. tiennent la féconde place, & comment ils doivent être nonorés, T. II. 27. toutéclatans de la lumiè­re qui rejaillit de Dieu fur eux, 3 o. pourquoi appelles Héros Se ce qu'ils font pour nous, 30 , 31. pourquoi appelles bons Démons Si Anges, ? 1. ame raifonnable avec un corps lu­mineux , 23, 1. l'origine de ce m o t , 197.

Héfiode expliqué , T. I. 149, 168 & 284. cite, T. II. 412, 417.

Hiéroclès , il y a eu plufieurs Auteurs de ce nom , T. I. 289.

Hiéroclès , Stoïcien, beau mot de lui » T. I. 292.

Hiéroclès de Bithinie t le perfécuteut des Chrétiens, fes ouvrages, T. I. .*9.3 » 294-

Hiéroclès d'Hillarime , Athlète, Se enfuite Philofophe » véritable Au­teur de ces commentaires, & très-différent du perfécuteur, T. 1.194. preuves de cette différence, 196 , 297 & 301.

Hiftoire du Philofophe , T. I. 302 , j03. fes ouvrages, 304. bon mot

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49 S Table des Matières.

de lui fur Socrate , 307, 308. paf* fage remarquable de fon Traite de la Providence , T . IÎ. 344 , 345.

HiéroclèsAuteur des G>ntes plaifants, difFérenr duPhilofophe, T. 1.308.

Hiéroglyphes des Egyptiens, T. [. 10 j . Hippafus ne peut erre le bifaïeol <le

Pythagore, T. I. 73. Hipocrate a fuivi les Principes <le

Pythagore, T. I. 196; ' Hiftoire d'un Pythagoricien , T. I.

15 6. de Mulias & de fa femme Tymicha, 168. des Sybarites & des Crotoniates , 1 7 1 .

Hiftoriens , les premiers Hiftoriens auflî amoureux de la fable que le* Poètes, T..I. 137.

Homère a connu la grandeur du nom de père, T. I. 8 5. al fuit la Théolo­gie des Egyptiens fur la nature , 113. fes idoles, ce que c'étoit, njj 118. les divinations qu'il a con­nues, 176.

Homère cité , T. II. 377 , 410. Homme créé pour contempler , T. I.

81. partage de l'homme en trois parties , d'où tiré, 119 , 130. ex­pliqué par une comparaifon > 13 0 1

1 3 1 .

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Table des Matières. 4ff Homme malheureux par fa faute ,

T. I. ié% Hommes vicieux défignés par des vaif-

feaux à deshonneur , T. I. 245. Homme, pour homme de bien, T. II.

4 , 161+ Hommes en quoi inférieurs aux

Anges, T. II. 32. honorés de la grâ­ce divine, méritent notre culte r 3 ?, 300. leur ornement la vérité Se la vertu, 33 , 34.

Homme devenu Démon , & com­ment, T. II. 34. 304.

L'homme n'eft rappelle à ta fcience divine qu'après fa mort, T. IL 32, 3 j . 300.

Hommes qui ont trouvé place dans les chœurs divins , T. II. 35, 304. l'honneur qu'on leur doit, & en quoi il conufte , 36.

L'homme de bien fouvent phis mal­heureux en cette vie , que le mé­chant , T. II. 75.

L'homme eft méchant volontaire­ment , T. II. 95. fécond en opi­nions étranges & erronées quand il s'abandonne à lui-même , 115.

Homme intérieur comment bleue ,' T. II. 1*3.

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joo Table des Matières. *

L'homme, animal amphibie, & com^ ment, T. IL 195 , 106. le dernier des êtres fupérieurs,& le premier des inférieurs , 195. au-deflus de toute la nature terreftre & mortel­le , 197. malheureux volontaire­ment, 206.

Hommes qui fuient la corruption du fiecle, font en petit nombre, T. II. 108. ils embraffent le vice par leur propre choix, 113. comment peu­vent devenir Dieux , 247 , 248. après leur mort demeurant toujours inférieurs aux Anges félon les Py­thagoriciens , 1 5 0 . !

Un homme ne peut être étranger à un autre homme, T. II. 315. .

L'homme ne peut être attiré à la vé­rité malgré lui, T. IL 213 , 419. il n'eft pas l'image des Anges, 463.

Honneur qu'on rend aux êtres fupér rieurs, en quoi confifte, T. II. 16.

Honorer,Dieu, ce que c'eft , T. II. 'Ibid. le feul qui le fait honorer, 17. '

Honteux ne peut changer par les cir-conftances, T." II. 61.

Huile pour les louanges, les flatte-y ries , T. I. 244.

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Table des Matières. 501

Humanité, il faut conferver l'huma­nité pour tous les hommes, T. II. .53-

Hirondelles, fymbole des grands par­leurs , T.• I. 1 3 5. Ne nourriffe^ pas les hyrondelles, quel fymbole, ibid*

I

J Amblique," cité, T. II. 176, 389, 395 > 43 3 > 43*» 443 > 45°-

Javelot de Pythagore, fur quoi ima­giné, T. I. i8z.

Idole , ce que c'étoit dans le langage d'Homère & de Pythagore , T. I. 1 1 7 , i z8 .

Saint Jean, partage de l'Evangile fé­lon S. Jean, expliqué, T. II. 419.

Ignorance de la caufè de nos maux jette dans l'impiété , T. II. 81.

Ignorance de ce qui eft féant & hon­nête , les maux qu'elle produit, T . II. ï6O.

Ignorance , fonds inépuifable d'opi­nions vaines, & d'efpérances , Se de craintes frivoles , T. II. zoo.

Images de Dieu défendues par Pytha­gore , T. I. 119 , izo. pourquoi défendues fur les anneaux, 135.

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j ô r Table des Matières.

Image, lignification de ce mot dani le langage de Pythagore, T. 1.117 > 128.

Comment noas devenons l'Image de Dieu , T. II. 171. cette image de Dieu s'efface bientôt, fi fon original ne l'entretient, & ne la conferve, T. II. 400.

Immortalité de l'ame crue par les Egyptiens, T. I. 124. immortalité adhérente à notre ame , T. IL 199*

Impiété mère de tous les vices, T. IL 99. il y a de l'impiété à entendre même ce qui eft impie, 428.

Impur, ne peut toucher à ce qui eft pur , T. II. 14}.

Indépendance, la perte des hommes ," T. I. 88.

Inégalité de conditions , d'où procc-doit , félon les Pythagoriciens, T , IL 79 , 5 30. elle eft un bien , 3 3 1 .

Inégalité qui règne dans les animaux , & les plantes même > fa caufe , T. II. 101 , 243.

Initiés > étoient de deux fortes, T* II . 294.

înjuftice embrafte tous les vices , & • s'étend fur toutes les facultés de

l 'ame, T. IL 6 4 , 65.

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Tabk des Matières. 50}

Innocence perdue par le péché fe re­couvre par le repentir,T. II. 134. & par la pratique des vertus, 160.

înfenfé , fon caractère , T. II. 1 3 5 , 136, vuide de Dieu , 208. tout tourne en mal aux infenfés, T. IL 209.

Intelligence a fon fiege dans le cer­veau, T. I. 195.

Jours heureux Se malheureux, fuperf-tition très-ancienne, T. I. 145.

Irradiation de l'entendement divin dans nos âmes, T . II. 172.

Ifaïe expliqué, T. I. 251. Ifles des bienheureux, T . II. 247. Ifocrate cité, T. I. 228. Jugement de Dieu contre les pécheurs,

compofe la divjne fortuné, & com­ment! , T. H; 87 , 33<J.

Jugement féduit par une tranfpofition dans l'examen de fes péchés, T. II. 169.

Juifs. Us n'avoient aucun commerce avec les étrangess , & leur rigueur pour eux, T. I. 6z, 63. imbus de la luperftition de la métempfycofe , T. I. 142.

Julius Firmicus, cité, T . II. 293.

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5 ©4 Table des Matières.

Juftice, rien ne peut fubfifter fans elle l T. I. 86 , 87. la plus parfaite des vertus, & elle les embrafTe toutes , T. II. 65. leur fin, ïbid. elle renfer­me tous les devoirs, ji. elle doit être obfervée dans les actions & dans les paroles, ibid. ne peut fub­fifter fans la prudence, 7 3. la juftice <îe Dieu nous rafraîchit la mémoi­re , & conferve en nous le fenti­ment de la vertu, 91. Ce que pro­duit l'exacte juftice ,119.

Juftice comparée à l'octave de la Mu-fique,T. II. 3Zo.

Juftice neft que proportion, T. II.

Juftifier les accidents de cette vie ,' comment, T. II. 79. 319.

K

J \ .AT«^6 'H«/ ful/uviç., T. II. 3 O I . Kto-fteiç , nom donné à l'Univers par

Py thagore, & pourquoi, T. I. 18 9, 190.

L

JLA&ance * fentiment de Laétànce réfuté, T. I. 61.

Langue

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Table des Matières. 50$

Langue eft tenue en bride.par Pabfti-nence du ferment T. II16. elle ne doit pas devancer la reflexion , 1 5 , x6.

Léon, Roi de Phiius, T. I. 80 Liaifons , d'où procèdent tous nos

devoirs , T. I. 15 3 , 158. Liaifons différentes qui fe trouvent

dans la vie, & les devoirs qu'elles exigent, T . II. 3 7. &c.

Libanius. Lettres manuferites de Li-banius, très-dignes de voir le jour, T. I. 311.

Libations par l'oreille comment doi­vent être entendues, T. I. 179.

Libéralité, vertu qui règle la recette Se la dépenfe, T. II7 5. quelle ver­tu Se en quoi elle connue, 160, 161. fille de la tempérance, $z6.

Liberté, fans la liberté , il n'y a plus ni vertu, ni vice, T. I. 300. T. IL 117. ufage que nous faifons de notre liberté , T. II. 111. elle vient de Dieu , Se a befoin de fon fecours , T . II. 185, 396.

Lin asbefte , T. 1.192. Livre théologique de Pythagore, ap­

pelle Livre Jacré, T . II. 388 , 389. Tome II. Y

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jotf Table des Matières.

Logique , anciennement elle ne fai-' foit pas partie de la Philofophie , T, I. 209. ce<jui l'a produite, ibid.

Logique de Pythagore , quelle, T . I. 110. enfeignée par exemples > & non par règles , ibid.

Louange, le partage des Dieux, T. I. 8 y , 90.

Loi ancienne n'eft que la volonté de Dieu, T. 1. 117. loi éternelle la vertu immuable de Dieu ,150.

Loi éternelle, ce que c'eft, T. II. 1 1 , 264.

Loi fort ancienne fur les victimes, T. I. 202.

Loi remarquable pour le maintien des loix, T. I. 217, 218.

Loi finguliere fur les tutelles, T. I. 215 , 216.

Loix, les couronnes des villes, T. I.

Loifacrée de l'amitié, ce qu'elle exi­ge , T. II. 52.

La Loi veut que chacun foit traité fé­lon fon mérite, T. II. 79 , 80.

Loi divine préexiftant dans la bonté infinie de Dieu, T. II. 90. fon but digne de Dieu & utile à l'homme, 95-

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Table des Madères. 507

Loix que l'entendement divin impofe aux âmes , T . II. 167.

Loi de l'entendement, T. II. 173. Loi qui crée, lie ce qui eft créé, TV II.

Lcax publiques , échantillon de l i Philofbphie-pratique , T. II. 145.

Lumière incorruptible & intelligente, T . II. 189.

Luxe doit être banni comme la mal­propreté , T. IL 154, 158.

Lyre, Ne chanter que fur la lyre, quel : fymbole, T. \. x 5 j .

M

M A g i e , fille de l'idolâtrie, T. I. . 179. née en Perfe & nourrie en

Egypte, ibid. Main gauche, la main fufpecte de

vol^ T. I. 184. Ne mangeipas de la main gauche, quel fymbole, ibid.

Mal , le mal n'exifte point par lui-même, T. II. 8 j .

Mal attaché à notre nature eft naturel & acquis , T. II. z 10, 416. le mal vient de nous, & la punition vient de Dieu, 337.

Malheur , le plus grand malheur de ' Yi j

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508 Table des Matières.

l'homme , T. II. 123 , 124. Manger de fon Jîege , quel fymbole ,'

Tom. I. 175 , ij6. Marâtres défendues , T. I 215. Marc Aurele , cité, T. II. 3 80. Mariage regardé par Pythagore, com­

me un a&e de Religion, T. I. 218. Mathématiques dégagent l'efprit des

chofes fenfibles, T. I. 110. Purga-tion de l'ame , T . II. 141. elles font auprès de la dialectique com­me les initiations, 448. Décou­verte de Pythagore , T . I. 201 , 2 0 2 .

Matière ne tombe point fous la fcieti-cé , T. I. 185 , 186. ce que c'eft que la matière félon Pytnagore , 186 , pourquoi appellée autre, 189. . -

Matrice de l'animal défendue , Se pourquoi, T. I. 240. fens myftique de ce mot, T. II. 236, 237.

Maux , les péchés font les véritables, maux , T . II. 8 3.

Maux volontaires, Se maux extérieurs, T. II. 83.

Maux illuftrés par la préfence de la vertu, T. II. 86. nous pouvons con-

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Tablé des Matières. <\o$

venir les maux en biens, T. IL 93. -' le fruit du péché, 96. Couvent meil­

leurs que tes biens, 98. Maux viennent de la néceffité feule » • T. II. 105. principe de tous les

maux, ibld. les hommes tachent de guérir leurs maux par d'autres maux, 135.

Méchants , comment doivent être aimés, T. II. 53, 54. punis, ils de­viennent un exemple inftru&if pour les fages , 9 1 . punis comme hom­mes & comme méchants, & com­ment , 94. cherchent dans la mort de l'ame la confolation de leurs cri­mes , 131. leur juftice eh fe con­damnant eux-mêmes à la mort , ib,

Medée infenfée & furieufe, T. II.

Médecine , la plus fage des chofes humaines , T. I. 107.

Melamphylus, Ifle quand àppellée Sa-mos, T. I. 71.

Mer , àppellée larme de Saturne , T. I. 191.

Mercure, tout bois n'eft pas propre à faire un Mercure, T . I. 96.

Mefure jufte des aliments & des exer-YiiJ

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J ï O Table des Matières.

cices, T . H. 147. ce qui n'incom­mode point l'ame , 148. elle n'eft pas la même pour tout le monde, 149.

Mefure Pythagorique , T. II. 151. la . mefure du beibin paffée , il n'eft

plus de bornes, 158. Metempfycofe, opinion plus ancienne

que Pythagore , T . I. 132. reçue par les Pharifiens» 133. fecret de cette fiction, 1.34. enfeignée crue-ment par un menïbflge pieux, 1 j 9. reçue des Juifs , 141. ce que c'e-toit, T. IL zoo, 406.

Midi , Ne dorme^ pas à midi, quel fymbole, T.. I. 151.

Mie l , oblation du miel, T . I. 66. Milieu entre la malpropreté & le

luxe, T. II. 156. Milieu qui fépare Se qui unit, T. II.

192. Milon Crotoniare » fon équipage bi­

zarre, T. I. 173, Miroir trompeur, T. 1.170. Ne vous

regarde^ pas au miroir à la clarté du flambeau, quel fymbole , 1 7 1 .

Mifologie, haine des difeours, com­bien dangereufe , T. II. 111,11 * , 356.

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Table des Matières. 5 i l

Mnemarchus , père de Pythagore, T. I. 7 3. fa profeflion , ibid.

Mochus, T. I. 77. Mœurs , caractérifées par les métaux,

T. IL 5. Monde, animal vivant & intelligent,

T. I. 189. T. II. 14. ruine du mon­de , erreur des Pythagoriciens, ibid. ce que c'eft que le monde , zoo. fuite de ce monde combien nécef-faire, 204. les maux n'en fçauroient être bannis, ibid. une région de mort, 105.

La fin du monde conduit toutes cho-fes à la félicité, T. II. 178.

Montrer, ce qu'il faut pour montrer, T. II. 115.

Morale de Pythagore, T. 1.15 2. &c. Morale comprife fous le nom général

de Phyfique , T. I. 152. renfermée en préceptes ou fentences , ibid. perfectionnée par Socrate , 1 5 2 , 153-

Mort, féconde mort félon les Egyp­tiens , quelle, T. I. 116. inconnue à Pythagore, 128. la crainte de la mort précipite dans beaucoup d'in-juftices , 70 , 71.

Y i v

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512 Table des Matières.

Mort foufferte pour une bonne caufe, T . II. 116.

Mort de l'homme, quelle!, T. II. 2 01. Mourir , il faut chercher non à ne

pas mourir, mais à bien mourir , T . II. 63.

Mouvement de.l'ame comparé à celui du cylindre, T. H. 417.

Mufes, bâtir un Temple aux Mufes , ce que c'eft , T. I. 86.

Mufe muetteadorée par Numa,T. 1.9 9. .Mufique véritable & parfaite, T. I.

207. remède pour la fanté, ibid. fin de la Mufique, 107 , 108.

Mufique agréable à Dieu , T. I. 280. Myfteres , les petits étoient une pré­

paration pour les Grands, T. II. 448.

N

. N Alliance , lorfqtte Pâme vient animer le corps, T. II. 107.

Naiffance, génération , ce que les Py­thagoriciens entendoient par ces-mots , T. II. 444.

Nature , elle ne fouffre pas qu'un homme foit étranger à un autre homme , T. I. 158. modeftie de la

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Table des Matures. * J15 nature doit être imitée, i4j>.lacon" noiflance de la nature eft une fuite de la connoilTance de Dieu, 171,171.

Aucune nature inférieure à la nature humaine ne mérite notre - culte , T. H. 18 , $6. payer les droits à la nature, ce que c'eft, 43.

Nature pour Dieu , T. II. 194. Nature lacrée , pour la Philofophie ,"

T. II. m . Nazaratus, un Mage , T. I. 79. Nazaréens, T. I. 98. Néceflité de l'efprit, fa force , T. II.

n . 4 j o . Néceflité libre & indépendante, T. II.

51. confirme la liberté , 2 8 8 . elle eft dans les bornes de la fcience , S1» 3!4- .,

Néceflité de la Nature , comment ll-luftrée, T. H. 116.

Neige , pour les naturels mous ôc lâches , T. I. 118. N'écrive^ pas fur

. la neige-, quel fymbole, ibid. Nombres , comment employés par

Pythagore, T. 1. 119. Nombre pair, 6* nombre impair y quels fymboles , 1 6 1 .

Dieu , le! nombse des nombres , T. II. 180. Y v

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514 Table des Matières.

Nombres , peuvent être fignificatifs ,, mais jamais principes , T. II. 388.

Noms changés pour des evénemens extraordinaires , T. I. 74.

Noms, viennent plutôt du hazard Se de la convention des hommes , que de la nature, T. II. 218 ,410. quels font les noms convenables, ibid.

. fagefTe de ceux qui ont les premiers impofé les noms aux cbpfes , 1 1 9 . comparés aux ftatuaires, 219 ,42 z , comment ils ont donné ces noms , 425 ,424 .

Notions communes, naturelles à tout être raifonnable, T. II. 125. ce que c'eft, 358.

Nourriture, fa jufte mefure, T . I L 147 > ?49- . ;

La nourriture & l'exercice doivent fe fuccéder, T . II. 149.

Nous, nous devons être nos gardes & nos furveillants, T . II. 6 j .

Nous, c'eft l'ame, T. II 120, Sçc.

O \_/BéilTance aveugle & infenfée ,

précipite dans l'impiété, T. 11. 42. Oeiùl de l'amour guide le cocher,

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Table des Matières, yi$

• T. II. 139 , 445. ce n'eft que pat cet oeuil que l'on voit le champ de la vérité, T. II. 445.

Oeuvres, néceffité des bonnes œuvres, T . II. 189.

Offrandes des fous , appât pour les facrileges, T. II. 17.

Offrandes ne doivent pas être trop magnifiques, T. I. 94.

OfJUtKCUV & C/AOttCCI, T . I I . 4&<7.

Ongles , Ne fe pas faire les ongles pen* dam lefacrifice, quel fymbole, T. I. 16S.

Opération myftique doit être toujours conforme à la raifon , T. II. 245.

Opinion oppofée à la fcience , T. II. 138. plaies que font les faufles opi­nions , 7 1 .

Opportunité , dogme de Pythagore fur l'opportunité , T. 1. 149. elle doit être recherchée en tout ,• T. II. 145. Dieu appelle opportunité , 3 7 1 .

Or j le feul métal qui ne fe rouille point, T. l\ 5.

Oracles d'Apollon Pythien , T. IL 18 , 19.

Ordre, ce que c'eft, T. II. 13 , 15. Oreille, SdcrijUt aux oreilles, faire des

~ Yvj

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51£ Table des Matures. libations par Us oreilles y quel fyin-bole , T. I. 279.

Orge avec du fel, répandu fur la tête des victimes, T. 1. 264.

Orphée, fa théologie, T. II. 163. fon lèntimentfur les nombres, 389.

Ourfes polaires , appellées les mains de Rhee , T. I. 191.

Ouvrages de Dieu doivent être con­nus félon la juftice, T. IL 198.

Ouïe ne doit pas juger de la Mufique, Se pourquoi, T. 1.106.

P

X Ain, comment fait en Grèce & i Rome, T. I. 341.

Palmier, la grande utilité de cet arbre, T. I. 278. fes bourgeons appelles cervelle caufent de grand maux de

' tête , quand on en mange , ibid. Paquets, tenir fespaquetstoujours prêts ,

quelfymbole , T.I , 254. Parents , l'honneur qu'on leur doit,

T. II. 43. Parjure naît de l'habitude de jurer , T. II. 25. Parthenis, mère de Pythagore, T. I.

74.pourquoiappellée./?<y*A<ï«,ibid. .

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Table des Matures. 5.17

Paffions de l'ame plus cruelles qae les tyrans , T. I. 9 3. les parties & com­me les membres de la folie, T. II. 56. fources de toutes les injuftices, 5 8. il n'y a que l'excès de vicieux, 155. elles fe prêtent des armes , 318. données comme des aides de la raifon , 367.

Patience, jufqu'où elle doit être portée avec nos amis , T. II. 5 o. Tes fruits , 105.

Pauvreté volontaire, T.,11. 115. Péchés d'omiffion & de commiffion ,

T . II. 168. en quoi égaux , 169. comment volontaires, & involon­taires ,114.

Peines de l'autre v ie , crues tempo­relles par Pythagore , T. 1. 111 ÔC T. II. 133.

Peines volontaires, les remèdes du péché , T. II 133 , 134.

Penchants des paffions , autant de mafifes de plomb, T. 11. 59.

Penchants de l'homme, d'où ils pro-'. ' cèdent, T. II. 101. &c. * Penfée de Dieu eft la production des

êtres, T . I I . I ï , 171. Père, vénération due à ce nom, T . I .

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5 J 8 Table des Matières.

85 & T . II. 38. nos pères & nos parens nous repréfentent Dieu & les Anges, T. H. 39. la feule occa­sion ou l'on peut défobéir à fon père, 41. honneur qu'on doit à fon père & à fa mère eft fans bornes , . ibid. en quoi il confifte, ibid. ridi­cule des pères fur l'éducation des enfans, T. I. 91.

Perfe, cité , T. II. 181. Perfévérance dans le vice ou dans la

vertu, feule punie ou récompen-, fée, T. II. 340. Perte la plus grande que l'homme

puifle faire, T. II. 114. Perte des biens raifonnable , quelle ,

T . II. 115, 361. pertes dont la vertu nous tient compte, 361.

Petau, le Père Petau cite, T. II. 280,

Pétri Bungi numerorum myjleria, T. II, 388.

Phalaris tyran de Sicile & né à" Crète , fa cruauté , T. 1.113.

Philofophe, différence du Philofophe t aux autres hommes, T..I. 81. les

Philofophes ne connoîtront jamais parfaitement l'ame des bêtes, 146. premiers Philofophes prétendus

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Table des Matures. 519

magiciens, & pourquoi ,180. Mé­decins , 1 9 1 .

Philofophie comprife fous le nom général de Phyfique, T. I. 184. eft la fcience de la vérité des chofes qui exiftent, 185. la purgation & la perfection de la nature humai­ne , T . H. 1. la Philofophie prati­que eft mère de la vertu , & la contemplative mère de la vérité , 3. leurs effets , 1 ,171. 174.

Philoftrate expliqué, T. I. 179. fes fables & fes chimères fur la vie d'A­pollonius , 300.

Phyfique peu cultivée avant les fept lages , T. I. 185. Phyfique de Py-thagore , ibid. &c. bornes de la Phyfique, T . II. 378.

Piété, fans la piété rien n'eft agréable à Dieu, T. II 10. la première , la guide & la mère des vertus, 6. 99.

Pieux, quel eft l'homme pieux, T. IL 18.

Planettes appellées Us Chiens de Pro-ferpine , T. I. 19}.

Platon, cité, 10$ , jufqu'à 1$I , 509 , 318, 3.31, 3 3 8 , 3 5 1 , / 5 i , î j S > 360 > 367> 3 7 4 > 4 l i ,4*«>>"4"»

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5ie Table des Matières.

4*5 > 4 î î > 4 4 8 ,455 ' i4*«i 4^3' Pléiade , appellée Zyrc </« iWa/w ,

T . 11> i . Plutarque, les contes ridicules qu'il

fait des Juifs, T. I. 64 Sec. Lacune remarquable dans Plutarque, T. II.

Poids Se mefures connus en Grèce long-temps avant Pythagore, T. I. 16 ç).

Point, le point répond à l'unité, T . II. 181 .

Poiflbns, Ne manger^ pas les poiflbns qui ont la queue noire, quel fym-bole, T. I. 140.

Politique, l'étude des premiers Sages , T. I. 59 , m .

Porphyre, T. 1.199. fon ouvrage du retour des âmes, T. II. 4 4 0 , 4 4 1 .

Pourceau de pâte , T . I. 203. Pouvoir, ce qui eft en notre pouvoir ,

& ce qui n'y eft pas, T. II. 68,69. jufqu'où s'étend la force de ce qui eft en notre pouvoir , 69. 323.

Prairie de la vérité , T. II. 203 , 410. , Pratiquer, méditer, aimer, T. II. 176. , Preftiges doivent être bannis des ex-t piarions, T. IL 235.

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Table des Matières. 511

Prière, néceflité de la prière, Se fa difficulté , T. I. 147. milieu entre notre recherche & le don de Dieu, T. II. 186. doit être accompagnée de l'â&ion, T. II. 1 %6, 189.

Principes des vertus viennent de la nature, & leurs progrès de l'éduca­tion, T. I. 196, 197.

Prifonniers de guerre, a quoi réduits, T. I. 156.

Proclus, fon inftruétion Théologi­que , T. II. 43 6.

Progrès décuple , s'il a été connu par Pythagore, T. I. zoo. &c,

-Proportions harmoniques comment trouvées par Pythagore, T. 1.^04.

Propreté outrée devient luxe & mol-lefle, T. II. 15 6. fes bornes ,157 .

Proferpine, champ de Proferpine, T. I. 116. *"

Providence, le compofé de la Loi éter­nelle , Se du ferment divin, T . T. 151. elle diftribue à chacun ce qui lui eft dû , T. II. 79. nier la pro­vidence &la juftice de Dieu , c'eft anéantir la Religion , 98. s'étend fur toutes chofes à proportion de leur dignité , 104, 153. fur .les

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$it Table des Matières. animaux en général , T. II. 345.3 544, 346.

Prudence mère des verras,T. I. 174, T. II. <> j . guide de tous les biens, 67. fes effets , ibid. la règle & la mefure de la juftice , 7 3 . elle veut que nous connoiflions la caufe de nos maux , 8 1 . elle cherche ce qui eft féant a chacun , 311. fans elle il n'y a ni juftice ni fainteté , 412 .

Puiflànce , ne doit pas fe mefurer par la volonté, mais par les forces de la nature, T. II. 50,312. elle habite près de la néceffité, 5,0.

Punitions , dont Dieu châtie, & l'u-fage qu'on en doit faire, T. II. 13 4.

Purgation doit précéder la contem­plation , T. II 3. & la délivrance de l'ame, 241 Se 447.

Purgations prifes des Chaldëens & des Hébreux, T. II. 442.

Purgation , illumination, Se perfec­tion , les trois dégrés, T. II. 447.

Pyramide, la première pyramide dans le quatre, T. II. 181.

Pythagore n'a jamais été en Judée , T. 1.6n fon origine, fa patrie, 72.

. &c. le temps où il a vécu, 7 j . &c.

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Table des Matières. 525

changea le nom de Sage en celui de Philofophe, T . I. 81. il enfeignoit toujours dans les Temples, & pour­quoi , 92. comment il éprou-voit ceux qui fe préfentoient pour être fes difciples, 96 , 97. exigeoit un filence de cinq ans , qu'il redui-foit quelquefois à" deux , 98. £es Difciples partagés en deux claiïes , 100. eftimoit la Mufique , 103. imite les trois fortes de ftyle des Egyptiens, 106, ioy.fespurgations de l'ame, 109. le myftere de fes nombres , 110. fa théologie ,116 . Sec. fon idée fur la création, 122. &c. fon opinion fur l'ame des bêtes , 144. Sec. fafuperftition furie temps de la prière , & des opérations Théurgiques , 148 , 149. juftifié fur le reproche de dureté pour les autres hommes, 157, M 8 . fa re-connoiflance & fon amitié pour fon maître Phérécyde , 159. fesabfti-nences, 164. fon erreur fur la pre­mière vie des âmes, 169. fournis à* la raiforti, 171. fa févérité trop gran­de , Se ce qui l'en corrigea, 174. prétendu grand devin, 177. ce qu'il

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514 Table des Matières.

faut croire de fa magie Se de fes ' miracles, T. I. 1So. &c. de fa cuifTe

d'or, de fon aigle, de fon ourfe , 181. de l'empire qu'il avoir fur les bêtes , & qu'Orphée lui avbit tranfmis , ibid. de fon javelot , 182. ennemi de l'oftentation 8c du faite-, 18 3. fa defeente dans les en­fers, fur quoi fondée , 183, 184. fon fyftêmefurla matière bien dif­férent de celui des atomes , 188.

• fes découvertes dans la Phyfique , 189. &c. s'il immola aux Mufes une hécatombe , 202 , 203. il n'offrit jamais de facrifice fanglanr, ibid. Canon de Pythagore, 205,106. fentiment bien particulier qu'il avoir fur la Mufique, 106, 207. fes traités de politique, de phyfique Se

• de morale, 212. chefs-d'œuvre de fa politique , 212, 213. grands hommes forris de fon école, 114, 215. fa femme & fes enfans, 218 , 219.fi Pythagore avoit écrit , 2 1 9 , 220. fes paroles paflbient pour des oracles , 2 2 2 . refpect qu'on avoir pour lui, 222 , 223. perfécutions qu'il eut à fouffrir, 223, 224*. fa

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Table des Matières 51 j

mort à Metapont, T. 1.116. on lui érige une ftatue au milieu de Ro­me, 117. durée de fon Ecole , 118. fa lettre à Hiéron eft fuppofée , 2Z9 , fes vers dorés , leur éloge , T. II. 1. fon ordre dans fes précep­tes , 4. d'où il avoir tiré ion 7«-tra&ys, 386.

Pythagoriciens , leurs biens mis en. commun, T, I. io i . regardés com­me morts, quand ils quittoient leur profeflion , ioz. leur vie , 103. &c.

Derniers Pythagoriciens, leurs vifîons? T. I. 14. leur erreur fur les dieux ^ T. II. 6,1 & 13. fur les peines de l'autre vie , 1 3 1 , 133. ils défen-doient de fe tuer, ^74.

Q (^/Ualités , les fécondes qualités

font les maladies, T. 1.19 3. Quaternaire, nom de Dieu , ce qu'il

fignifie, T . I» 1 iz. &c. fource de l'arrangement du monde, 180. la véritable fignification de ce mot , 184. d'où Pythagore avoit tiré cet­te idée, 386.

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j2<> Table des Madères,

Quatre, milieu arithmétique entre un & fept , T. II. 181. renferme la première figure folide , 181. la première pyramide, ibid. fort éten­due , ibid. & 391. comment ren­ferme les fociétés , ibid.

R R

Abbins, idée qu'ils ont prife dé Pythagore , T. I. 131.

Raifon mife en règles par Ariftote , T. I. m .

Raifon fe règle par l'inftru&ion, & la paflion par l'habitude , T. II. 59.

Raifon, eft la loi naturelle gravée au dedans de nous , T. II. 93. elle eft naturellement dans l'homme , 94. c'eft Dieu, & comment ,137 .

Raifonnement, l'abus du raifanne-ment a produit la Logique, T. I. z 11 .

Raifonnemens tiennent de la difpofi-tion de l ame , T. II. 113. doivent être bien examinés, 114.les vrais font les feuls qui méritent ce nom, 113, 3 5 7. les faux ne font qUe des abois d'une ame infenfée , 1 1 3 .

Raifonner avant que d'agir, T. IL 161.

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Table des Matières. '527

Raifons de la Providence & de notre liberté, T. II. 108.

Rats d'or, T. I. 203. Recouvrer, fe recouvrer foï-même,

T. IL-148. Régime athlétique , mauvais , T. II.

147, celui qu'on doit choifir ,148 . Règles les plus dures aux plus parfaits,

Belle règle pour diftinguer la vertu du vice, T. II. 83 , j i 3 -

Relâchement une fois reçu, n'a plus de bornes, T. I. \6z.

Réminifcence , fuite de la création . des âmes avant les corps, T. II. 168.

RenaifTance de l'homme, T. II. zoi . Repentir , montre le vice du choix,

T. II. 130. le commencement de la fagefle, 134.

Refoeâ: fuit l'amour , T. I. 175. Refpeéfe de nous-mêmes , nous éloi­

gne du mal, T. II. 6%. Reftèmblance avec Dieu, acquife, ou

eflentielle & éternelle, T. II. 3 3. la perfection de tous les êtres rai-fonnables, 250. fes différens de­grés , 461 , &c.

Refifemblance unit toutes chofes T. Il, *43»144«

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<z8 Toile des Madères. • • • ' ' • * ' • Révéler les fecrets de l'Ecole , l'ori­

gine de ce proverbe, T. 1.16$. Riche au dehors, T. IL 131. Richefles, ne font qu'un fecours pour

le corps, T. IL \6\. Rocher de Tantale, T. II. 9 1 , 339. Rognures des ongles & des cheveux,

ce qu'elles lignifient, T. I. 14S. Rompre le pain , Ne rompe^ pas U

pain, quel fymbole, T. I. j41. Rôtir, Ne rôâjfé{ point ce qui ejlbouilli,

quel fymbole , T . I. 15'7. Rouget, Ne mange^pas le rouget, quel

fymbole, T. I. 140. Rouille, l'emblème des vices, T. II. ; .

J>Acrifices des Païens ne fe rappor-toient qu'aux Dieux corporels, T. I. m .

Sacrifices qu'on faifoit aux Saifons , T. I. 158.

Sacrifices doivent réunir les familles, T . 1.*<f<> , 170 .

Sacrifices, échantillon de la Philôfo* phie myftique * T. IL 145, 451.

Sage, feul facrificateur, feul ami de Dieu, T. II. 17. le fage ne hait per-fonne, 55. Sagcffe

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Table des Matières. 519

Sageffè, ordre & perfe&ion infépara-Jbles, T. II. 11.

Saints 4 idée que les Pythagoriciens en ont eue, T. II. 33 , 35 , $6. ie culte qu'ils veulent qu'on leur rende ,36 , ;oo.

Salière fan&ifioit la table, T. I. 163. fupetftition fur les falieres renver-fées, fort ancienne, ibid.

Salomon , Proverbe de Salomon ex­pliqué, T. I. 2.84.

Salvini , Docteur de Florence cité , T. II. 319 , 320 , 363.

Salut, Ja fin très-glorieufe de tous nos travaux , T. II. 247. l'ouvrage le plus grand de l'art de l'amour, 247. n'eft nullement le fruit de l'é­tude & du fa voir, 418.

Santé convenable Se féante au fage» T. II. 147^

Saumaife repris , T. II. 401. Science , il faut ou l'apprendre des

autres, ou la trouver de foi-même, T. II. 115. deux moyens pour la recouvrer, 207. le fruit de la vérité, 2 3 4. fource de douceur dans les dif-putes , 359. différente de l'opi­nion, 367. Les Sciences peuvent

Tome II. Z

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J J O Table des Matières.

éclairer l'ame , mais non pas la pu­rifier ni la perfectionner, 447.

Sèche , poiflon, fes propriétés , T. I. i 8p , z81. Ne mange^pui lafecke >%

quel fymbole, ibid. Secours de Dieu toujours néceflfaire

pour faire le bien , T. II. 187. né-çeffaire avant tout, 216.

Sel, le fymbole de la juftice, T. I.

Seldenus de diis Syriis , repris , T. II. .394-

Semblable connu par le femblable , faïuTeté de ce principe d'Jïmpédo-cle, T. I. 145.

Sentiments d'un particulier n'ont pas tant d'autorité que ceux d'un corps , T. II. 153.

Sept, le fept pourquoi appelle vierge, & fans mère, T. II, 181. Minerve , 39°-

Serment divin , gardien de l'éternité , T. 1.15 o. comment lie la créature, ibid. d'où Pythagore avoit tiré cette idée , 151. ce que c'eft, T. II. 20. lien qui unit tout à Dieu , 21. inné & effentiel à toutes les créa* tures , 2Z. gage de ixteniité, z j .

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Table des Matières. 5 j i

fuite néceflàire de la Loi , 18j . ' Serment, tout ce qui eft jufte , T. I.

\6o. "Serment humain , l'image du ferment

divin , T. I. 16b. T. II. 185. fon obfervation maintient l'ordre & la juftice , 160. fa nature & fon but, zz , le dépositaire de la certitude & de la vérité , Z3. fes effets, ibid. occasions où il eft permis ou défen­du, 15-. la rareté en produit l'ob-fervation , ibid. fidélité du ferment compagne inféparable de la piété, z(î. défendu dans les petites cnofes, & pourquoi, 178. belle définition du ferment humain, zz , z8 5. une fuite de celle du ferment divin , Z87. comment elle nous aftbcie à la Habilité de Dieu, Z87, z88.

Serpent, l'emblème de l'ennemi, T. I. z8 j .

Service rendu à nos pères, plus il eft vil , plus il eft honorable , T. II. 4? > J o 8 \

Silence de cinq ans ordonné par Py-thagore, T. I. 98. réduit quelque­fois à deux , ibid. la feule voie de l'inftru&ioh , 99. donne à l'ame la docilité, ibid. Zij

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j j t Table des Matières.

Simplicité outrée, devient mefquine* ïie §c faleté , T. IL 15 6.

Simplicius fur Epi&ete, cité , T. II,

Société comment conduit au vice, T. II. 61

Sjoerate , homme divin , T. II. 318, fon fentiment fur la'métempfy-cofe , T. I. 141. cité, T. II. 137.

Soin, le premier foin doit être celui de nous-mêmes, T. II. 111. ordre des foins que nous devons avoir,

Soin du corps, quel doit être , T. II. 145*. foin outré du corps , la pre­mière caufe de fes dérèglements, 148. il doit tendre à rendre l'ame plus parfaite. , 1 5 0 , 375.

Soin de l'ame &du corps perfectionne l'homme entier , T. II. 144;

Solitude, comment conduit au vice , Tom. II. 61,

Sommeil, long fommeil blâmé , T, II. 56, 318. examen avant le fom­meil, 168.

Songes font partagés en divins & hu­mains , T. I. 178. art de les expli­quer , ih.id. expliqués par tous'les, particuliers, ibid.

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fable dis Matières. j j j

Sort, celui qui ne rapporté pas fori fort à fa véritable caufe, eft fans confplation, T. IL 98»

Sort, pour éïoignement de Dieu , T* II. 214.

Soumiffion à Dieu volontaire & pat* faite, T. 11. 11 3.

Splendeurs , fécondes fplendeurs , xe que c'eft, T. II. 298.

Stoïciens, comment ils accordoient la deftinée avec la liberté, T. II. 414^

Sueur pour le gain fait par fon tra­vail y T. 1.185. Cejl un crime d'ôter la futur avec le fer t quel fymbole , ibid.

Supérieurs doivent être honorés, T. L

Sybarites i leur grandeur èc léuf ri-chefTe, T. I. 17}.

Symbole, fon double fens, T. I. 107, i<?8l fa force , 108.

Symboles, le berceau de la morale,, T. I. 130. en ufage en Egypte, en Judée , en Arabie, 231. il faut obéir à leur double fens, ï". II. i 3 8^ préceptes facrés donnés fous des­ombres & des voiles , 24a. leur contradiction apparente, comment

2iij

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r 34 Table des Matières.

conciliée , 241 , &c. 2.£/xx 4«W"*> comment employé par

Hiéroclès, T* II. 43 9 , 440.

1 Àble, la table étoir facrée, -T. I. x6o. il étoit défendu de ramafler ce qui en étoit tombé, ibid.

Tantale , fon rocher, T. H. 92 , 3 39. Tarcynéens, quelle nation, T. I. 291. Témérité, mère des vices, T. I. 174»

T. II. 130. Tempérance , verra de tout âge Se de

tout fexe 5X1.89 . les biens qu'elle produit, T. H. 60 , mère de la li­béralité, 75.

La tempérance & la force , deux gar­des vigilants & incorruptibles, T . II. 119.

Temps , la fphere du dernier ciel , & pourquoi, T. 1. 190.

Ternaire , vénération renfermée dans le ternaire, ce que cela fignifie , T. I. 27* , 173-

Terre , centre de l'Univers , T. IL 195.

Tertullien repris, T. II. 269. T«Tpa«Tt)î de Pythagore , T. II. 387 ,

388.

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Tahh des Matures. $ 3 J

Thaïes le feUl des Sages qui s'appli-» quât aux méditations philofophi-ques j T. I. 58. il n'eut point de maître de fa nation , 59. fes con-noiflances, 68. fonda la fedbe Ioni-

2ue , ibid. ano, femme de Pythagore, uri

beau mot d'elle, T. I. 119. Théologie de Pythagore , T. L. 1161

&c. fcience théologique, en qyoi confifte, T. II. 401.

Théon Philofophe Platonicien T. IL

Timée cité, T. I. 140. Timée de Platon , explication du Ti­

mée de Locres, T. II. 258 &c. Timon accufe Pythagore de vanité t

T. I. iS*j. Tombeau , Ne dorme^pas fur le tom."

beau , quel fymbole , T. I. x%6. Tonnerre, q;:s' C-L^, T. I. 170. •Tournoiement ofconné dans les

prières, & ce qu'il fignifioit, T. I. 166, i6y.

Tout retfemble au nombre , l'expli­cation de ce mot, T. 1. 198.

Traces , Efface^ de deffus la cendre les traces du pot, quel fymbole, T. L

Ziv

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y$6 Table des Matière?. 23B. N'applique^ pas le fer fur les traces de f homme , quel fymbole , 285 , i$6.

Tradition , comment venue au* Grecs, T. II. 403.

Tranfgreffion de la Loi de Dieu fe fait en deux manières, T. IL 111.

Triangle, la plus fimple des figures re-ctilignes , T. IL 182.

Tribunal de l'ame, de la confcience, T. IL 16$ , 166.

Trinité , la fainte Trinité inconnue à Pythagore, T. L 273.

Troupeau , pour la multitude , T. II» 2 8 1 , 2 8 2 .

Tuer, fe tuer foi-même ,. injuftice reconnue des Païens, T. I. 2 5 5.

v • V Ache de pâte offerte en facrifice'

par les Bramens, T. I. 204. origine de cette coutun» , ibid.

Vents pour les féditions, les révoltes-, les guerres, T. I. 275.

Vénus , la même étoile que Vefper-, T. I. 189 .

Vérité, en s'inftraifant de la vérité on apprend à réfuter ce qui la com­bat , T. IL 11 S,

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Table des Matières. f 37

Vérité 8c vertu, leurs effets , T. II. 1, 2. découlent toujours de l'efTen-ce du Créateur, 220 , m . pour­quoi néceffaires, 232 , 233.

Vers de Pythagore, pourquoi appelles dorés, T. II. 4. éléments de perfec­tion , 253. oracles de la doctrine Pythagoricienne . ibid. il étoit or­donné de les lire tous les foirs à fon coucher, ibid, leur véritable Au­teur , 257. deux Vers qui man-quoient au texte rapportés ,373.

Vertu, il n'y a de véritable forée, que dans la vertu , T. I. 94*

Vertu divine & vertu humaine, T.II. 3, vertu divine , ce que ç'eft, 177.

La vertu nous lie à nos amis, & la . nature à nos parents , T. II. 45.

Vertu feule fait le prix des amis ÔC des Saints , T. II. ibid.

Vertus qui-tiennent le milieu T. II. 65 & 321. leurwrdre , 65. de l'Ef-prit divin elles rayonnent dans no­tre ame , & de notre ame fur le corps, 66, 322. les ailes de l'âme,-2 0 3 , ÎOJ..

Nous devons faire fervir à la vertu nos corps & nos biens, T. II. 69. elle

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5j8 Table des Matières.

ne peut être confervée fans les fai­nes opinions , 70. tout eft vil & méprifable au prix de la vertu, 74. elle feroit inutile , fi l'ame étoit mortelle, 76 , 77. ce que c'eft que la Vertu, 78. ombres de vertu, ibid. la vertu donne de l'éclat aux maux de cette vie , S 6. tout ce qui n'eft pas vertu eft inutile à l'ame, iid« elle fe fait choifir par fa propre beauté , 118. image de Dieu dans l'ame , 18 8. le comble de la vertu, 45 2. rien ne peut la faire changer, 317. il eft faux que la pratique des vertus foit impolfible, 317. la ver­tu ne fe forme en nous que par la coopération de fon original, 3 99.

Vertueux, il eft au-deftus du vicieux parie plaifir même, T. II. 141.

Viandes , ce mot comprend tout ce qui eft mortel Se corruptible , T. 11. 138.

Vice, père de l'infidélité , T. II. 14. de la fuite du vice naît la vertu , 6 3. vices de chaque partie de l'ame, 64 les vices font des écarts & des éloignements de la droite raifon, 8 4 , 3JJ.

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Table des Matières. 539

Vicieux, tout vicieux peut s'amender, T. II. 84. ne fçauroit être fidèle au: ferment, 24.

Victimes artificielles offertes à la place des naturelles, T. I. 102.

Vie , cette vie comparée aux aflem-blées d'Olympie, T. I. 81. premiè* re vie des âmes félon les Pythagori­ciens , & fes fuites, 169. T. II. 81, opinion reçue en Judée, T. I. 169. bonne vie en quoi confifte , T. II. 144. vie délicieufe , quelle, ibid. vie doit être régtée fur les règles de Dieu ,135.

Vigne, N'offre^ point aux Dieux de vin de vigne non taillée , quel fym-bole , T. I. 263.

Villes OMÎ bcfom des frîciîïcs ïciïïèucS que l'ame, T. II. 452.

Vinaigre, pour le fiel de la fatire , T. I. 147. Eloigne^ de vous le vinai­grier , quel fymbole , ibid.

Virgile expliqué,T. I.ixS.T.II. 302,

Ulytfe , pourquoi refufa l'immorta­lité, que Calypfo lui offroit, T. 1. y 5.

Un, deux, quel fymbole, T. I. 271. Union des citoyens, rempart contre

la tyrannie, T. I. 86.

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$40 Table, des Matièresi

Unité , principe de tout nombre > renferme la puiflance de tous les nombres , T. II. 181.

Univers , comment une image de k beauté divine , T. II. 195. forint fur la mefûre & proportion divine, 404.

Volonté de l'homme influe fur la Pro­vidence, & comment, T. II. 100.

Volupté n'exifte point par elle-même, & eft l'effet d'une a&ion, T. I. 163. T. II. 141, de deux fortes, & à quoi comparée, T. I. 16j , 164*

Volupté , qui nart de la vertu , ftable comme la Vertu même, T. II. 241. elle fuit toujours la nature de ce qui la produit, ibid. la volupté du vo­luptueux imite la volupté divine, 141.

Utile, il eft plus utile d'être puni en cette vie, que de ne l'être pas,T. II. 91. les feules chofes Utiles à l'ame, il}.

Y Vrefle, I'apprentifTage de la ma­nie , T. I. 15 5.

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Table des Matières. 541

Z

^Aleucus , fes loix les plus remaiv quables, T. I. ZîS'. &c.

Zamolxis, efclave de Pythagore, de* vient un grand Légiflateur , T. I, • 214 .

Zenon d'Elée , imagina quelques fyl» logifmes, T. I. 210.

Zodiaque , fon obliquité démontrée par Pythagore , T. I. 189.

Zones , imaginées par Pythagore , T . I. 190 , 191.

Zoroaftre , plus ancien que Pytha» gore, T.. 1.79. fes livres de magie, 179,

Fin de la Table des matières.

Remarque oubliée au bas de la page 205 de la Vie de Pythagore.

Il fit un Infiniment de la muraille de fia chambre, avec des pieux qui tenoient lieu de chevilles, &c. ] Plufieurs Auteurs anciens ont rapporté cette expérience de Pythagore , comme très-certaine,

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54i Gaudentius dans fon Introduction harmonique , pages 15. & 14. Nico-machus dans foi} Manuel harmonie q u e , liv. 1. Macrobe, liv. i . chapitre 1. Boëce , liv. 1. de la Mufique chap. ï O . & Jamblique , chap. 2 6 de la Vie de Pythagore. Les modernes fe font partagés fur ce fujet. Le Père Mer-îenne dans le 4e. liv. de l 'Harmonie, & dans fes Obfervations Phyfiques & Mathématiques ; & le P. Fabri dans fa Phyfique, tome i , liv. 1, foutiertnent que cette expérience eft faufle.

Le Père Kircher aflfure qu'il l'a faite lui-même, & qu'il l'a trouvée très-véritable : voici fes propres paroles; Mufurg. Univerfal. lib. 4. Muficam Py-thagoricam, di t - i l , ad malleos conjlitu-tam diverjis in locis coram diverjis Pria-cipibus tanto cumplaufu & admirations ex/iibuimus, utejus repeùtione vixfatiari poffe viderentur. Nous avons fait en dif­férents lieux devant'piujîeurs Princes , & gens de la première qualité l'épreuve de la Mufique Pythagoricienne aux mar­teaux , avec tant d'applaudiffement & defucchs, que pleins d'admiration ils ne

pouvaient fe laffer de la faire répéter.

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543 Le Père Gafpard Schot dans fon

liv. de la Magie univerfelle, part. 1 , liv. 6 ; & dans fa Méchanique hydrau-licopneumatique , part, i , approuve ce que dit Kircher, & blâme ceux qui ont ofé accufer de faufleré cette expérience.

Il ne m'appartient pas de vuider ce différent ; c'eft à ceux qui font pro­fonds dans la Mufique. Je me conten-terai de dire qu'il eft arrivé très-fou-vent que des chofes qu'on a cru fauf-fes dans les Anciens, fe font trouvées très-véritables. En même-temps j'a­vouerai que je n'aurois pas cru que de cet,te expérience il eût pu réfulter une Mufique auffi agréable que celle du Père Kircher. Ce Père me paroît beaucoup enchérir fur Pythagore , qu i , fi je ne me trompe, ne cherchoit pas dans cette Mufique l'agrément qui flatte l'oreille, mais feulement les proportions des tons & les raifons de ces proportions..

F I N.

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E R R A T A pûur les fèuvres de. Pythagore. PrJface,Pa§- xxvj. Jufques à l'arrivée

da Rédempteur la voie du falut leur Revoit être cachée, ajoute^, ou pour parler plus correctement, le moyen deftinéparle Seigneur au falut des hommes leur était inconnu \ car Us jjouvoient avec le fècours de la grâ­ce l'obtenir, quoiqu'ils ne connuf-fent pas clairement & diftinâement quel étoit le moyen deftiné par la Providence pour l'opérer.

Tom. I, pag. 142, ligne 2 J, les Juifs, tifei, des Juifs.

Tom. II,pag. 388. Saint Auguftin a cru... que les nombres renfermoient des myfteres infinis , ajoute^, fi l'on en croit l'Auteur du rnyftere des nombres,

Pag. 4 3 0 , ligne 27. aprh le mot vient» ajoute^ les motsfuivants, non-feule­ment de nous, mais encore.

Ligne 28. aptes le mot nous , ajoute^, & avec nous ;

FaS' 4 ? ' » ilë' 2' efface^ Et , mettent C'eft lui qui.

Lig. 5 2. après le mot produit, ajoute^ librement.