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Notes du mont Royal Cette œuvre est hébergée sur « No- tes du mont Royal » dans le cadre d’un exposé gratuit sur la littérature. SOURCE DES IMAGES Google Livres www.notesdumontroyal.com

Notes du mont Royal ←  · que. ses. ramona remuent: t même aux: opinions religieufres. -leur.a&iyité a il devenoit impjortantp..cle lpubliçt des vléjritéswt-noralçs faites

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Notes du mont Royal

Cette œuvre est hébergée sur « No­tes du mont Royal » dans le cadre d’un

exposé gratuit sur la littérature.SOURCE DES IMAGES

Google Livres

www.notesdumontroyal.com 쐰

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flâ-

. 1 LES:l ouMÉDITATION-

SUR LES RÉVÔLUTIQNS DES EMPIRES;

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AVIS AUBELIEUR.Le frontifpice doit f: placer en face. de fa.

page xiii.- La planche a en face de la page no , pour forât

fur la droite; 6: afin de n’avoir pas de repli, lîonïfacrifiera la ligne écrite au bas.

La 3 fe glaceraÀJa fin duolume, à; 1maiçrügfi mais tufière am au .45. meut,

U Ô

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[î llano): [a .

Ici fleurit indin une Ville opulente,ici fut le fiest- d’un Empire puiiiËmtIOni l ces

lieux maintenant au d;scrts,yndis une multitude vivante animait leur enceinte auÏ

(firlelr Il ’Ë

N

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a--«q-

*l

L E s R’ U I N E s,o U l

MÉDITATIONSUR LES. RÉVOLUTIONS’ DES ’EMPIRES;

Pæ,M.V0LNEY,onsranïun. flâna-.355 (1,; (litaszîxkâul Je

Député à l’Afl’emble’e’ Nationale de 1789.

ÏIRAI. vivre dans la folimde parmi les ruines; i’interrogerai lesmonumens anciens fur la lingerie des temps poirés ..... Je de-manderai à la cendre des légitiment-s par quels mobiles s’éle-

vent a: s’abaiflènt les Empires; de quelles cailles unifient laprofpérité 8: les malheurs des Nations ; fur quels principesenfin doivent s’établir la paix des faciètés à: le bonheur des

1 hommes. Ch. 1V, pag. 21,.

Nouvelle édition corrigée.

Prix , broché 5 livres, avec trois Planches gravées.

r

A PliRiEh,minimisas), "mais R0 al, *V0 A , uai des uguflins."Chez PLASSAN, mg] de Thon, me des Libraires-

Poitevins, n°. r8.

179Z

,Nl’"Î A ,, , ..t. Lili, il) K3

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T. A B ED155 gammas in: .PARAGRAPI-IE’S.L:.

Page:

I. Le lavage. v 4 w. à . a . gIl. La Méditation. l 3HI. Fantôme. V I Ai ’ ’I u

L’Expofitian. x " lni i Condition de lz’lioiniiie dans l’Uni-

[U i t1

vers. .5Ï ’ e . 1V*i31.!... si 3,37! W. a "fifi; .7 il JitvË:V1. Etat originel de l’homme. g 39. * :1 .m r . . v à . zr i h r - 4 u .xVII. Principes de; Sociétés. a:

If . ’ ’ .’t...l .vl l’i’lm il A 4.l-JIJ.lJ. - * K: 1.. Si .- ’VIH. Jource des maux des Sociétés. 34.;i*.t.,,”’..i... :Ï,i1..:i .2 .. .. Ï

IX. Origine des Gouvernemens .6. des

...I-0î.s- , 37N

i quëaujès gèàaràiesilië’tà

,- l des anciens États. T I ’ i . F 5.;Â confis générales l’évolution: 6’ il

i Tilde la ruine des États. t i 4.7X11. Leçons des temps pafi’s , renou-

Voele’eis fitr les temps grelins. 5’

* I . I a HiX

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fil il Sil En si - M -j .. Page?CITÉ” flûtât idiotifie s’àinÙIïofireÀS-Ï

"à .1 elle? , . « 7g’ XIV. Le grand obfioole en panifiions . N

; nement. h l W UI XV. Leëfiècle nouveau. l I v . 95

XVI. Un peuplepliltt’e à IQIP511975. fertilité "et de? 6’

n de toute loi. - :04; Ia XVIII. fifre; ,Ç’vcçnfiiration desîiyfrans. 10.8

l Xlx. ignzezne’raleiiiçslwtljttiplps. l la

E L5,: refileroit: de la. vérité v I V, v ii5 ËL’l.îf”îËTfl4’55°"Ëi""’

gieufes. I M 1’31

se .. . 13.0511. Qrtgtne L filiation des Xtde’es.3 W" ’,’ lu En: Î...Ht., h” s l -*:

- V. relièieujes. I . 164(à .731 t in Ï tà. Ier- Origine. de l’idç’e de Dieu. Culte des élé-

*Ç.N’.;rttt.1.., -, a f .mens 6’. des plaidâmes pbyfiqnesçde la i

w .,a--

Nature. h » 17°113"th ’bflËme. ’Cultle des-liâtes, ouLSa.

« 4 ’ .2 .tbéifme. y ’ ’ 174

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a 1 n a i: si)a j "7 .- page:5. m.- Tnynmfijunesouhlu .fitnügoluîu

21: idolâtrie. s 1 w; :511, a; t ..ï a) m a; x78

241V. Quatuünle fifilluà 631114.htm!!! plias, 1:3

mynn-JMM; 25 tu? .’ .VlÏI-I W”I .V. Culte myfiiqne à moral, ouiflém de

l’autre monde. 197.V1. Sixième [même Mono: ANIMÉ, ou culte

de l’univers fous divers emblèmes. son

VIL Septième [Menin Culte de PAN! duManne, ennoie, Jelïle’mertt du feu,

principe vital de l’univers. :06V111. Huitième Même. Mona MACHINE.

Culte du Demi - Ourgos , ou du Grand-

Ouvrier. » 0081X. Religion lie Moife , ou culte de l’aine du

mande ( Yen-pita 4 j aux. Religion de Zoroqflre... , V et;XI. Bùdjoifme, ou religion des Sananeens. au.

X11. Brafimtfme , ou fjflême Indien. idem.

X111. Chrillianifme, ou culte allégorique dua tv

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un T: a n n et:.. î page!solen; finsîfesàonts edbalifiiques Je Chiite” *

7. t? en ou Chrifl, 6- d’Yês ouJefizs. .sïi..l’;,f,. et;

CHAR-’ÊKXIH. :Identiteïeiur batèles-religieuse?) gis;

9:1 ’ XXIV. Solution du pour-tine des 1011m9

*tU-.si» ’è-diüions; fier; -.; -..:ï u ,-

s. 54.10 Ils: fun t V " I v"fil a in 4- V «4 (ine a. t î t . l i. lv .u v v ... .. I 1 7- o . a a .4. n A ah Y l ç r .. l .21. i ” ’ i.æu- u w 1 î u -4 ” .7. a il u g t e:. Aune." îv ,. «me vvî -.» lllî’ ’ll ’. t A. yin]

l fi. 1- va L". vu . h ,. .ù... .J .J à... u l t u. ficu g - .v’ fi 1 I muhl

C 1- .v a l,’ "i ’ t xl i. ’ 1 Ii . -. 4l D n- . .4 i I l.- 2! l ’ .1. ..... . .uiu...tp . a vu 1157. iC .4 yal l A J, i.l r . l 1 1 el a. I r3 x’ltle;’4 ...

r .7. l ç t If- .-

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AVERTISSEMENT.

,. ,. 1 .. ..

LE-projetïde cet Ouvrage’remonte à .

(me? époque-i déjà’i reculée , puifqu’il

date-Ide prèsïli’e’ïdix nains. L’on en h voit

des traces lenfi-bles flans la’i préfÀce se

la”. conclufion 7» du Voyage. en JJyrie ,

publié en ’1’ La iédaé’cio’ns s’avan- .

çoit ’Îloirfque les événeme’nsïldé’ 11783

vinrent l’intetio’mpre. L’Auteur- ne

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’x Avanrtissnunnrxficroyant pas que la théorie des vérités

politiques acquittât un citoyen envers.

la fociété , ’voulut y joindre la pratique;

8c dans un temps où les bras, le comptoient

à la défenfe de la liberté, ils’efl’otça de

payer la dette. Depuis lors, les même:

motifs d’utilité qui avoient fufpendu

(on travail , l’ont engagé à le repren-

dre; 8c quoiqu’il n’eût plus le même

mérite-Ique: l» dans; les L çîtconflancéï

auxquellesc lié-l’avoir défilai: i, il... a

Pçpléoqu’filol’s qu’une foule de pallions

nouvelles l prenoient, leurw pell’or a se

que. ses. ramona remuent: t mêmeaux: opinions religieufres. -leur.a&iyité a

il devenoit impjortantp..cle lpubliçt des

vléjritéswt-noralçs faites pour leur fervip

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.AVE-RT’IserEut. ixifrein 8e de L. régulateur’. commun.

LC’cll dans lisette ;intentlon Ïqu’il s’ell:

appliqué à revêtir ces vérités ,’ jufqu’idi

arbitraires, des formes les plus propres

àles promulguer; 8c , quoi qu’en pull-

fent dire les préjugés puifl’ans qu’il n’a

. ,pu éviter de choquer , cet Ouvrage n’efl:

point le fruit» d’un efprit de perturba-

tion, mais d’un autour réfléchi de l’ordre

8c de l’humanité.

Après la leâure , on demanderacomment , en I784 , l’on a eu idée

d’un fait arrivé feulement en 1790.

problème e11 fimpletdans le pre-À mier Plan, le Legylateurvétoit un être

i .iififiif hypothétique; dans celui-ci ,

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xij .AvnnrtssEuENr..l’on y a fubfiitué un Legiflateur exil-

tantgêôcJe fuiet y a gagné l’intérét’de

E13 réalité; N ’ l

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, . .»We---v L,. v ïg - a ,,.

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INVOCATIO’N.

J E vous faine , ruines folitaires, tomébeaux faims , murs filencieux t c’eftvous que j’invoque’; c’ef’t à vous que

j’adrefi’e ma prière. Oui! tandis quevotre afpeél: repoufi’e d’un fecret effroi

les regards du vulgaire , mon cœurtrouve à vous contempler le charme demille fentimcns 8c de mille penfécs. Com- ’

bien d’utiles leçons, de réflexions tou-chantes ou fortes n’offrez - vous pas àl’efprit qui. vous fait confulter ! C’efl:

vous qui, lorfque la terre entière aller.vie le tairoit devant les tyrans, procla.ruiez déjà les vérités qu’ils détellent , 8c

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XÎV a 1’31 .V’...Ô .43. LïTÇÎVÔv Ne”

qui, confondant, la dépouille. des roisÂcelle’du dernier evfclave, attefiiez lefaint dogme de l’ÉGALlTÉ. C’ef’c-dans’ t

votre enceinte se qu’aman-t’folitaire z de la.

LIBERTÉ, j’ai vu fortiredes tombeaux (on, .

ombre; 8c par une faveur inefpérée ,Jprendre ion vol , 8C rappeler mes pasvérsÏ

ma Patrie ranimée. I il:0 tombeaux! que vous” pollédez de

vertus! Vouslépouvanttz çles. tyra’ns;ïvou’s

empoifonnez d’une terreur. fecrète leurs

iouill’ances impies; il: fuient votre inter; lruptible afpeét, 8L les lâches portentloin.

«fiions l’orgueil dolents palais. Vouspunifl’ezz’l’oppreflèurÎ-puifi’ant 2;- vous

vitrez. l’orient cuncuffionnairelavare , 86vous vengez lefoible’qu’il ardépouillïé;

vous comportiez les privations du pauvre jen flétrifl’ant de louois le failerdu: riche;

vous confolez le malheureux enrlui offrantun dernier afyle ; enfin , vous donnez àl’aine ce juile équilibre de force se de

fenfibilitê ,Çqui conflitue la fagcllc , la

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v m....,--...-... f

1mm c a et fol. En«fclénc’e de la" vie; En confidétant qu’il

fait tout vous fefiitùe’r’ , lîhomme réfléchi v

méglige déÏfe ëh’arger de -vâines grandeurs,

"fl’ïhnu’tilesïritlfeflës’: il retient fou cœur

dans les homes ’deïl’équité; &ïcélieàdant, h

’ fpùlfqu’il faut Qu’ilïfoumifl’eïfa carrière,

il-emploie îiàfiàxàs de Ion exifience,6: ufe des biens qui lui font accordés.Ainfi , vous jetez on frein falutaire furl’élan impétueux de la cupidité! Vous

calmez tyl’ardeur fiévreufe des jouifl’ances e

qui troublent les feras; vous repofez Vl’ame de la lutte fatigante des pallions;vous. l’élevezllau -’.defi’us des; vils inté-

rêts qui tourmentent la foule ;A se devos fommets , embrafl’ant la fcène despeuples 8c des tempsg l’efprit ne fe clé-ploie qu’à de grandes affaîtions , 8c ne

conçoit que des idées folides de vertu8c de gloire. Ah! quand le ronge de lavie fera terminé , à quoi auront fervi resagitations , fi elles ne laifiënt la trace de

. llutilité z.

l

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xvj Invocn’ri-ou.0 truincS! je. retournerai vers vous

prendre vos leçons; je me replacerai dansla paix de vos lfolitudesA; 8c là , éloigné

du fpeâacle affligeant des pallions, j’ai-

merai les hommes fur des fouvenirs; jem’occuperai de leur bonheur; 8c le mienle compofera de l’idée de l’avoir hâté. k

LES

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--..q- - a

en ....-.-,-

LES RUINES,0U

MÉDITATION SUR LES ,RÉVOLUTIONS

D E S E M P I R E S.

æzfimzr-gemCHAPITRE PREMIER.Le Voyage.

’ LA onzième année du règne d’Abd-ul-Hamid ,

fils d’Ahmed, empereur des Turcs ; au temps où lesTartares-Nogaïs furent chaires de la Krime’e , à: où

un prince mufulman , du fang de GengiÎ-Khdn , (erendit le vallàl 8L le garde d’une femme chrétienne

81 reine (Ü;

Je voyageois dans l’empire des Ottomans , 8L je

(*) Clan-adire en i784. Le leôleur cf: prié de ne pas perdrevue cette époque. Voyez les notes il lufin du volume.

A

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a CHAPlTREÎÂparcourois les provinces qui jadis furent les royau-mes d’figypte 8: de finie. V i .

Portant toute mon attention fur ce qui concernele bonheur des hommes dans l’état facial, j’entroisdans les villes, 8L j’étudiois les mœun de leur:

habitans 5 je pénétrois dans les palais , 8L j’obfer-

vois la conduite de ceux qui gouvernent; je m’é-cartois dans les campagnes, 6L j’examinois la con.dition des hommes qui cultivent ; & par-tout nevoyant que brigandage 81. dévaflation , que tyarannie 8L que misère , mon cœur. étoit oppreflë de

tuilerie 8; d’indignation.

Chaque jour je trouvois fur ma route des champsabandonnés , des villages. déferrés , des villes en

ruines. Souvent je rencontrois d’antiques monumene ,des débris de temples, de palais 8c de fortereflès ;des colonnes , des aqueducs, des tombeaux : En cefpeélacle tourna mon efprit vers la méditation destemps paires, 8L fufcita dans mon cœur des pen-fées graves 8: profondes.

Et j’arrivai à la ville de Hem, fur les bord;de l’Orontes .- 8L u, me trouvant rapproché decelle. de Palmyre, fituée dans le défert , je réfolus

de connoîrre par moi-même (es monument fi vantés;

En, après trois jours de marche dans des folitudesarides , ayant traverfé une vallée remplie de grottes

8: de fe’pulcres , tout-à-coup, au fortir de cettevallée , j’apparais dans la plaine la (cènede ruines ’

la plus étonnante: c’étoi: un: multitude innombra-

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LaVoracz: 3ble defuperbes colonnes de bout , qui . telles queles avenues de nos parcs , s’étendo’ient à perte de

vue, en files fymmétriques. Parmi ces colonnesétoient de grands édifices; les une entiers , les au-tres à demivécmulés. De toutes parts , la terre étoit

jonchée de (emblables débris , de corniches, dechapiteaux, de fûts , d’entablemens , de pilafirea,tous de marbre blanc , d’un travail exquis. Aprèstrois quarts d’heure de marche le long de ces ruines,nous entrâmec dans l’enceinte d’un mite édifice ,

qui fut jadis un temple dédié au Soleil â & je priel’hofpitalité chez de pauvres payfans arabe! a quiont établi lauré chaumières fur le parvis même du

temple; St je réfolus de demeurer pendant trial-ques jours pour confidéret en détail la beauté de leurd’ouvrages.

. Chaque ion je flirtoit pour vifiter quelqu’undes mahatmas qui couvrent la plaine; Bi un fait.que, l’efprit occupé de réflexions , je m’étois avancé

iuùu’à la P411113? des fr’pulm’s , je montai fiat les

hauteur; qui la bordent, de d’où l’œil domine à.

la fiois l’enfemble des ruines 8: l’immenfité du.défert. 4 Le foleil venoit de fe coucher; un bandeaurougeâtre marquoit encore fa trace à l’horizon loin«

tain des monts de la Syrie: la pleine-lune à Patients’élevoit fur un fond bleuâtre, aux planes rives del’Euphrate; le ciel étoit pur, l’air calme 8L ferein;l’éclat mourant du jour tempéroit l’horreur des té.

nèbret 5 la fraîcheur naifi’ante de la nuit calmoit les

i A a V

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A? CHAPITRE I;feux dola terre embrafe’e; les pâtres avoient retiré.

leurs chameaux 5 l’œil n’appercevoit plus aucun

mouvement fur la plaine monotone 8L grisâtre; unvafie filence régnoit fur le défcrt; feulement à delongs intervalles l’on entendoit les lugubres cris de

quelques oifeaux de nuit 8: de quelques chacalsL’ombre crouloit, 8L déjà dans le crépufcule me:

regards ne diflinguoient plus que les fantômes blan-châtres des colonnes 8L des murs... Ces lieux fo-lit’aires, cette foirée paifible , cette. fcène majefiueufe,

imprimèrent amen efpritun recueillement religieux.L’afpeél d’une grande cité déferte , la mémoire des

temps-palliés, la comparaifon de l’état préfet", tout

éleva.’ mon cœur à de hautes penfées. Je m’affis fur

le”tronc d’une colonne; 8: là, le coude appuyé

fur le genou, la tête foutenue fur la main , tantôtportant mes regards fur le défert, tantôt les fixantfur les-ruines , je m’abandonnai à une rêverie pto-

fonde. I l l l ’ -’(*) Animal alliez femblable au renard , mai’s’moins fin, à d’un

afpeél hideux; il vit de cadavres , à: habite les rocherr 8L: lesruines.

A

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A

La MÉDITATION; 5

«zzz-- same --.:----rC H A P I T R E I I.

La Méditation.

la, me dit-je, ici fleurit iadis une ville opu-lente : ici fut le liège d’un empire puifl’ant. Oui,

Ces lieux maintenant fi défens, jadis une mul-titude vivante animoit leur enceinte; une fouleaâive circuloit dans ces routes aujourd’hui folitai-

res. En ces murs où règne un morne filence ,retentiflbient fans ceflè le bruit des arts 8L lescris d’alégrefiè En de fête: ces marbres amon-celés formoient des palais réguliers; ces colonnesabattues ornoient la maiefié des temples; ces ga-leries écroulées deflinoient les places publiques. Là ,

pour les devoirs refpeëlables de (on culte , pourles foins touchans de fa fubfil’tance , affluoit un peu-ple nombreux : là, une indul’trie créatrice de jouif-

fances appeloit les richeflës de tous les climats; 8:l’on voyoit s’échanger la pourpre de 73m pour le

fil précieux de la Se’rique ;l les fifi-us moëlleux de

Kathemire pour: les tapis faf’tueux de la Lydie;l’ambre de la Baltique pour les perles 81 les par-fms arabes; l’or d’0phîr pour l’étain de Thule’(a)...

r Et maintenant voilà ce qui fubfifle de cette villepuiflànte, un lugubre fquælette! voilàice qui relied’une val’te domination , un fouvenir obfcur 8: vain!

Au concours bruyantqui le prcflbit fous ces por-A 3

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* .

6 .Cnartrlel;tiques, a fuccédé une folitude de mort. Le filencedes tombeaux s’ef’t fubfiitué au murmure des pla-

ces publiques. L’opulence d’une cité de commerce

s’efi: changée en une pauvreté hideufe. Les palais

’ des rois font devenus le repaire des fauves; lesatrOupeaux parquent au feuil des temples, 8L lesreptiles immondes habitent les fanâuaires des dieux...Ah ! comment s’efl’. éclipfée tant de gloire Com-

lment fe font anéantis tant de travaux Ainfi doncpériflènt les ouvrages des hommes! ainfi s’évanouif-

fent les empires 8L les nations.Et l’hifloire des temps pafiës fe retraçoit vivement

à ma penfée ; je me rappelois ces fiècles anciens,où vingt peuples fameux exifioient en ces contrées ;je me peignis l’AÆrÏen fur les rives du Tigre , leKalde’en fur celles de l’Euphrate, le Perfe régnant

ide l’Indus à la Méditerranée. Je dénombrai les royau-

mes de Damas 8L de l’Idumee , de Jémflzlem 8s de

Samarie, 8L les états belliqueux des Philijiin: , 8:les républiqUes commerçantes de la Pheiniciet Cettegyrin me difois-ie , auiourd’hui prefque dépeuplée ,

comptoit alors cent villes puifiântes. Ses campagnesétoient couvertes de villages , de bourgs 8L de ha-

pineaux (b). De toutes parts l’on ne voyoitque champscultivés , que chemins fréquentés , qu’habitatiçn

t prefïées.... Ah! que (ont devenus ces âges d’abon;

dance 8L de vie? Que font devenUes tant de bril.lames créations de la main de l’homme? Où font,-

ils, ces remparts de Maire , ces murs de Babylone,o

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sut"...-

F»....- v..v-.- ...sc.

[ALMËDITATIOIL 7ces palais de Perfe’polis , ces temples de Bulbe]: 8c

. de Je’rulàlem? Où (ont ces flottes de Tyr, ces chan-

tiers d’Arad , ces utteliers de Sidon , 8L cette mul-titude de matelots , de pilotes , de marchands , defoldats P 8c ces laboureurs, 8: ces moirions, 8L cestroupeaux, 8:. toute cette création d’êtres vivansdont s’énorgueilliflbit la face de la terre? Hélas!je l’ai parcourue, cette terre ravagée! J’ai vifité

les lieux qui furent le théâtre de tant de fplendeur;8c je n’ai vu qu’abandon 8L que folitude... J’ai cher-

ché les anciens peuples 6: leurs ouvrages; & je n’en

ai Vu que la trace, femblable à celle que le pieddu puffin: lamie fur la pouffière. Les temples fontécroulés, les palais font renverfés , les ports (ontcomblés , les villes font détruites , 81 la terre nued’habitans n’en plus qu’un lieu défolé de fépulcresm

Grand Dieu! d’où viennent de fi funei’tes révolu-

nous? Par quels morifs la fortune de ces contréesa-t-elle fi fort changé P Pourquoi tant de villes fefont-elles détruites? Pourquoi cette ancienne po-pulation ne ’s’ei’t-elle pas reproduite 8L perpé-

tuée? -Ainfi livré à. ma rêverie , fans celle de nouvel.les réflexions fe préfentoient à ma penfée. Tout ,

continuai-je, égare mon jugement , 8L jette mon Icœur dans le trouble 8L l’incertitude. Quand cescontrées jouiflbient de ce qui compote la gloire 8:.le bonheur des hommes, c’éioient des peuples infi.délais qui les habitoient; c’était le Plte’nz’cièn facrifi-

A s

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8 CHAPITREIIfcateur homicide de Molok , qui ralièmbloit dans lesmurs les richcfiès de tous les climats; c’étoit leKalde’en prof’terné devant un ferpent (*) qui fubju-

guoitkd’opulentes cités, 8L dépouilloit les palais des

rois 8; les temples des dieux; c’étoit le Petfia ado--

ratent du feu qui recueilloit les tributs de cent na.tians; c’étoient les habitans de cette ville mêmeadorateurs du foleil 8: des alites , qui élevoient tant.de monumens de profpérité 8L de luxe.. .. Troupeau)!»

nombreux , champs fertiles, moifi’ons abondantes ,«tolu ce qui devroit être le prix de la pie’te’, étoit»

aux mains de ces idolâtres : 8L maintenant que despeuples croyant 8L faims occupent ces campagnes ,ce n’ef’c plus que folitude 8L fiérilité. La terre ,*

Tous ces mains bénites , ne produit que des ronces8c des abfynthes. L’homme sème dans l’angoiil’e,

8L ne recueille que des larmes à! des foucis; laguerre , la famine , la pcfle l’affaillent tour-à-tour...

Cependant, n’efi-ce pas la les enfans des prophè-tes? Ce mnfulman , ce chrétien , ce juif, ne font-ilspas les peuples élus du ciel, comblés de graces 8:de miracles P Pourquoi donc ces races privilégiéesne jouifiènt-elles plus des mêmes faveurs? Pour-quoi ces terres fanflifiées par le fang de martyrs,font-elles privées des bienfaits anciens P Pourquoien font-ils comme bannis 8L transférés depuis tantde fiècles à d’autres nations, en d’autres pays

(f) Le dragon Bel.

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s.*.v..--LtMiâDI’r-Arron. 9

Et à ces mots, mon efprit fuivant le cours desviciffitudes, qui ont tour-à-tour tranfmis le fcep-’ne du monde à despeuples fi difiérens de" cultes8c de mœurs , depuis ceux de l’Afie antique juilqu’aux plus récens de l’bnrope , Ce nom d’une

terre natale réveilla en moi le fentiment de la patrie,-61 tournant vers elle mes regards, j’arrêtai toutesmes penfées fur la fituation ou je Pavois quit-

tée (*).i .Je me rappelai (es campagnes fi richement cul-tivées, fes routes fi fomptueufement tracées , (esvilles habitées par un peuple immenfe , (es flottesrépandues’fur toutes les mers , les ports couvertsdes tributs de l’une 8! de l’autre Inde ; 8: compa-’tant à l’aétivité de (on commerce, à l’étendue de

. fa navigation, à. la richefiè de les monumens ,aux arts 8L à l’indufirie de les habitans , tout ceque l’Egypte 8c la Syrie purent jadis pofiéder defemblable , je me plairois à retrouver la fplendeurpalliée de l’Afie dans l’Europe moderne: mais bien-

tôt le charme de ma rêverie fut flétri par un der-nier terme de comparaifon. RéfléchifTant que telleavoit été jadis l’aéiivité des lieux que je contem-

plois : qui fait, me dis-je, fi tel ne fera pas unjour l’abandon de nos propres contrées? qui fait fi

fur les rives de la Seine , de la Tannfe ou du Swi-derze’e, la ou maintenant, dans le tourbillon de

(Ü En 1782 , à la fin de la guerre d’Amérique.

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1° CiHAPITREILtant de jouiflânces , le cœur & les yeux ne peu-vent fufiire à la multitude des (nutations; qui faitfi un voyageur comme moi ne s’aflëoira pas unjour fur de muettes ruines, 8L ne pleurera pas fo-litaire fur la cendre des peuples 8L la mémoire de

leur grandeur P sA ces mots mes yeux (à remplirent de larmes 58L , couvrant ma tète du par: de mon manteau ,je me livrai a de (ombres méditations fur les cho-fes humaines. Ah l malheur à l’homme, dis - je dans

ma douleur! une aveugle fatalité (a joue de fadamnée! une néceflité rituelle régit au hafard le

fort des mortels. Mais non : ce font les décretsd’une jufiice célefte qui s’accomplifl’eni l. Un dieu,

myfiérieux exerce fes jugemens incompréhenfibleslSans doute il a porté contre cette terre un anathème»

fecret; en vengeance des races pafiées , il a frappéde malédiélion les races préfentes. Oh! qui oferafonder les profondeurs de la Divinité (a)?

Et je demeurai immobile , abforbé dans une mé-lancolie profonde.

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Îer m,

l

l

a: l’anatomie. udme- gw.gü..e-----.s::::b

CHAPITRE III.LtFantôme.

CEPENDANT un bruit frappa mon oreille , fem-blable à l’agitation d’une robe flottante, St d’une i

marche à pas lents, fut des herbes sèches au fré-

mifianles. lnquiet , je foulerai mon manteau; 81 ,jetant de tous côtés un regard furtif, torttsàscoupà ma gauche, dans le mélange du clair-obtenir dela lune , au travers des colonnes St des ruines d’untemple voirie , il me (ambla voir un fantôme blan-châtre , enveloppé d’une draperie immenfe, tel que

l’on peint les (poches fartant des tombeaux. Je fril-formai ; 8c tandis qu’sgité j’héfitois de fuit ou de

m’aiïurer de l’objet , les graves accent d’une voix

profonde me firem entendre ce difcours:« Jufqu’à quand l’homme importunera-nil les

s cieux d’une injufle plainte? Jurqu’à quand ,» par de vaines clameurs, accufera-t-il le SORT de» les maux? Ses yeux feront-ils donc toujours fer-» niés al: lumière, 8c fou cœur aux intimationsa» de la vérité &Ide la raifort? Elle s’offre par-

» tout à lui , cette vérité lumineufe; & il ne las Avoir point! Le cri de la raifon’frappe (on oreille;

s7 8L il ne l’entend pas! Homme injufle! li tu peux

n un intrant fufpendre le prefiige qui fafcine test) feus! fi ton cœur cil capable de comprendre le

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rz CHAPITRE III.» langage du raifonnement, intertoge ces ruines-l» lis les leçons qu’elles te préfentent!.... Et vous ,

9 témoins de vingt fiècles divers , temples faims!» tombeaux vénérables! murs jadis glorieux, pa-s). roifièz dans la caufe de la Nature même! venez» au tribunal d’un faim entendement dépofer con-

» ne une accufation iniuf’tel venez confondre les» déclamations d’une faufl’e fagefiè ou d’une piété

à) hypocrite , 8L vengez la terre & les cieux de» l’homme qui les calomnie! »

V Quelle cil-elle, cette aveugle fatalité, qui, fairerègle 8c fans lois , fe joue du fort des mortels PiQuelle cil cette néceffité injuf’te qui confond l’iffue

des aélions , fait de la prudence , foi: de la folie?En quoi confifient ces anathèmes célefies fur cescontrées? Où efl cette malédiétion divine qui per-

pétue l’abandon de ces campagnes? Dites , monu-

mens des temps palliés l Les cieux ont-ils changé

leurs lois, 8c la terre fa marche? Le foleil a4;il éteint fes feux dans l’efpace .7 les mers n’élèvent-

elles plus leurs nuages P Les pluies 8L les roféccdemeurent-elles fixées dans les airs? Les montâ-gnes retiennent-elles leurs fources? Les ruilfeauxle font-ils taris? Et les plantes font-elles privéesde femences 8L de fruits P Répondez, race de men-fonge 8c d’iniquitë , Dieu a-t-il troublé cet ordre

primitif 8c confiant qu’il afiigna lui-même à lanature? Le ciel a-t-il dénié à la terre, 8L la terre

à fes habitans , les biens .que jadis ils leur ac-

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l

or

l. a F A N T a M a. I 13cordèrent? Si rien n’ai changé dans la création ,

files mêmes moyens qui exifièrem fublifient encore,a quoi tient-il donc que les races préfentes foientce que furent les races palliâtes? Ah! c’ef’t fanfre-

ment que vous accufez le fort 8L la Divinité!c’efi à ton que vous reportez à. Dieu la caufede vos maux l Dites , race perverfe 8c hypocrite,fi ces lieux font défole’s , fi des cités puifl’antes.

font réduites en folitude , efi-ce Dieu qui en acanfé la ruine? El’t-ce fa main qui a renverfé ces I

murailles,.fapé ces temples, mutilé ces colonnes?ou cil-ce la main de l’homme P Ef’t-ce le bras de

. Dieu qui a porté la fer dans la ville, 8L le feudans la campagne , qui a tué le peuple, incendiéles moifibns’, arraché les arbres 8L ravagé les cul-

tures? ou ef’t-ce le bras de l’homme? Et lorf-qu’après landéval’tation des récoltes , la famine el’c

furvenue, cit-ce la vengeance de Dieu qui l’aproduite , ou .la fureur infenfée de l’homme?Lorfque dans la famine le peuple s’cfl repu d’a-

limens immondes , fi la peflé a fuivi , ef’t-ce laoolere de Dieunqui l’a envoyée, ou l’imprudence

de l’homme? Lorl’que la guerre , la famine 8c la

pelle ont moiffonné les habirans ,. fi la terre cil:reliée déferre, cil-ce Dieu qui l’a dépeuplée?

El’t-ce fou avidité qui pille le laboureur, ra-vage les champs produâeurs, 8: dévafle les Cam.pagnes , ou l’avidité de ceux qui gouvernentPEi’ca

ce fou orgueil qui fufcite des guerres homicides;

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14 CHAPtrlt: 111.ou l’orgueil des rois 8: de leurs minimes? Ell-cela vénalitétde (et (lénifions qui renvetfe la fortune

des familles , ou la vénalité des organes des lois .1Sont-ce enfin fer paillons qui , (ont: mille formes,tourmentent les individus 8: les peuples , ou font-œ les parfilons des hommes? Et fi dans l’angoid’e’

de leurs ’maux ils n’en voient pas les remèdes ,

came l’ignorance de Dieu qu’il en faut inculper,

ou leur ignorance i Cellèz dans , ô mortels , d’ac-

cufer la fatalité du son ou les jugemens de laDivinité! Si Dieu cil bon . fera. t-il l’auteur devotre fupplice P S’il cil juil: , finaud! le complice

de vos forfaits P Non , non , la bizarrerie dontl’homme fe plaint n’efi point la bizarrerie du dei:-tin 5 l’obfcurité où (a raifort s’égare n’efi peint l’obL

curité de Dieu 5 la lburce de (en calamités n’ai!point reculée dans les cieux selle où près de lui.fin la terre: elle n’efi point excitée au Gain de laDivinité; elle réfide dans l’homme même l, il la.

porte en fan coeur.Tu murmures , 8: tu dis : comment des peuples

infidèles ont -ils joui des bienfaits des cieux &dela terre? Comment des races feintes font-ellesmoins fortunées que des peuples impies? Hommefifi-Situé l où efi donc la contradiélion qui te (cauda- ’lité? Où cil l’énigme que, tu. fappofes à la jufiicc A

des cieux P Je remets à toi-même la balance desgraces 8L des peines , des caufes 8l des eEets. Dis:quand ces infidèles obiervoient les lois des cieux;

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cerneront; ildt de la terre I, quand ils régloient d’intelligenttravaux fur l’ordre des faillant & la courfe des aims , Dieu devoit-il troubler l’équilibre du mondepour tromper leur prudence? Quand leurs mainscultivoient ces campagnes avec foin 8! lueurs, de-voit-il détourner les pluies, les rofées fécondantes,

& y faire croître des épines? Quand , pour ferti-

lifer ce fol aride , leur indufirie conflruifoitdes aqueducs , creufoit( des canaux , amenoitl travers les défens des aux lointaines , de-voit-il tarir les foutues des montagnes? devoit-ilentacher les moiflëns que l’art faifoit naître , dé-

vafier les campagnes que peuploit la paix , ren-verfer les villes que fuiroit fleurir le travail , trou-bler enfin l’ordre établi par la fageflë de l’homme?

Et quelle et! cette infidélité qui fonda des empirerpar la prudence , les défendit par le courage, lesnitratât par la joliets; qui éleva des villes purifia.ses , neuf: des ports profonds , deEe’cha des ma-

rais pefiilenticls , couvrit la mer de vailTeaux , laserte d’habitats , 8L, kmblable à l’efprit créateur,

répandit le mouvement & la vie fur le monde?Si telle et! l’impie’td , qu’efi-ce que la vraie croyance?

La faimeté canaille-belle à détruire? Le Dieu quipeuple l’air d’oifeaux , la terre d’animaux, les

ondes de reptiles; le Dieu qui anime la naturearrière , cil-il donc un Dieu de ruinesêrde tom-beaux P Demande-nil la dévaflation pour hommage,8: pour nfacrifiœ l’incendie P’rVeut-il pour hymnes

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16 CHAPIerEIlI.des gémiflèmens , des homicides pourtadorateure;pour temple un monde défert 8L ravagé? Voilàcependant, races fuîmes & fidèles , quels (ont vos

ouvrages! Voilà les fruits de votre piété! Vousavez tué les peuples, brûlé les villes , détruit le s

cultures , réduit la terre en folitude; 8L vous de-mandez le faiaire.de vos œuvres! Il faudra fansdoute vous produire des miracles! Il faudra. reflhf-citer les. laboureurs que vous. égorgez , rele.ver les murs que vous renverrez , reproduire lesmoflions que vous détruirez, rafièmbler les eauxque voué difperfez, contrarier enfin toutes les loisdes cieux 8L de la terre; ces lois établies parDieu même , pour démonl’tration de fa magnificence

8L de (a grandeur; ces lois éternelles antérieuresà tous les codes , à tous les prophètes; ces loisimmuablesque ne peuvent altérer ni les pallions,ni l’ignorance de l’homme; mais la paflîon qui les

méconnaît, l’ignorance qui n’obferve point les cau-

fes ,i qui ne prévoit point les effets, ont dit, dansla fortife de leur cœur: «Tout vient du hafard;» une fatalité aveugle verfe le bien 8c le mal3) fur la terre, fans que.la prudence ou le (avoira) puillënt s’en préferver. » Ou prenant un Ian-

gage hypocrite , elles ont ditE (t Tout vient de» Dieu; il feplaît a tromper la fagefl’e & à confon-» (ire la raifon....v.; » 8L l’ignorance s’efi applaudie

dans fa malignité. « Ainfi,a«t-elle dit, je m’égalerai

a, à la fcience qui me’ blellè; je rendrai inutile la» prudence

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torturons. 17Ayprudence qui me fatigue 8L m’importune; 8c la» cupidité a ajouté: ainli, j’opprimerai le foible ,

t) 8L je dévorerai les fruits de (a peine, 8L je dirai :» de]! Dieu qui l’a décrété, c’elI lejbrt qui l’a voulu. 9

-- Mais moi, j’en jure par les lois du ciel 8L de laterre , & par les lois du cœur humain! l’hypocritefera déçu dans la fourberie , l’injufie dans (a rapa-

cité: le foleil changera (on cours avant que la fouiraprévale fur la fageflè 81 le (avoir , 8l que l’aveugle-

ment l’emporte fur la prudence dans l’art délicat de

procurer à. l’homme (es vraies jouilfances, 8c defonder fur des hales folides fa félicité.

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18 CHAPITREIV..21: i m-F::w. DC H A P I T E I V.

L’Expofition.

Amsr paria le fantôme. Interdit de ce difcouts,8L le cœur agité de diverfes penfées, je demeurailong-temps en filence. Enfin , m’enhardifl’ant à pren.

dre la parole, je lui dis: « 0 Génie des tombeaux-a) & des ruines! ta préfence 8c ta févérité ont jeté

armesfens dans le trouble; mais la jul’tefl’e de ton

. » difcours rend la confiance à mon ame. Pardonne» mon ignorance. Hélas! fi l’homme ef’t aveugle, ce

)) qui fait (on tourment fera-t-il encore (on crime?a) J’ai pu méconnaître la voix de la raifon 5 mais je

» ne l’ai point rejetée après l’avoir connue. Ah! fi’

» tu lis dans mon cœur, tu fais combien il defire la.» vérité; tu fais qu’il la recherche avec paflion....;

» Et n’efl-ce pas à l’a. pourfuite que tu me vois en ce:

3) lieux écartés? Hélas! j’ai parcouru la terre, j’ai

» vifité les campagnes 81 les villes; 8L voyant par-» tout la misère 8L la défolation , le fentiment des

L» maux qui tourmentent mes femblables a profondé-

» ment affligé mon ame. » Je me fuis dit en loupi-’ rant: Ah! l’homme n’el’t-il donc créé que pour l’an-

goilre 8L pour la douleùr? 8L j’ai appliqué monefptit à la méditation de nos maux, pour en décou-

vrir les remèdes. J’ai dit: «Je me féparerai des» focie’te’s corrompues 5 je m’éloignerai des palais

z

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L’EXPOSITION. 59a) cùl’ame fe’dépravc parla fatiété , &Adescab’anes

Ivroù elle s’avilit parla misère. J’irai dans la folitude

.».’vivre parmi les ruines; j’interrogerai les monu-

» mens anciens fur la flagelle des temps paillis 3 j’é-

»voquerai du fein des tombeaux l’efprit qui , jadis0’ dans l’Afie, fit la fplendeur des états .85 lagloire

» des peuples. Je demanderai à laicendredes légis-’» lateurs par quels mobiles s’élèvent Ô s’abaiflènt les

:»* empires; dt quelles caufcs naiflènt la p-rojjze’rite’ Ô

’» les Malheur: des nations; fur quels principes enfinwa) doivent s’établir la paix des facie’tc’s ê le bonheur

vides hommes. n » î r ,Jeune tus; 8L, les yeuxrbaifl’és, j’attendislàré-

ponfei du Génie. La paix, dit-il , 8: le bonheuril defcendent fur celui qui pratique la juflice! 0 jeune

homme! puifque ton coeur cherche avec droiture lavérité , puilque tes yeux peuvent encore, la 1’609an-

’ noitre à travers le bandeau des préjugés, tu prière

’ne fera point vaine: j’expoferai à tes regards cette’ vérité que tu appelles; j’enfeignerai à ta raifon cette

fageflë que tu réclames; te révélerai la flagelle des

* tombeaux 8L la foiencedes tièdes"... Alors s’appro-,,chantde,moi, & pofant (a main fur ma tête: élève-;toi -,’ mortel , me dit-il , 8L dégage tes feus. de la’«pouffièretoù tu rampes.... Et. foudain ,.pénérre’ d’un

feu célefie, les liens qui nous fixent ici-bas me lèm... blèrent le difibudrei Br tel qu’une vapeur légère ,

enlevé par le vol du Génie , je me fentis tranfportédans la région fupérieure. La, du plus hautdssjairs a ’

B a

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’25 Cnlflttnl Incisaillant mes regards vers la terre, j’appercus unefoène nouvelle. Sous mes pieds, nageant dans l’eû-pace ,’ un globe fembiable à,celui de la [nommaismoins gros 8L moins lumineux, me préfentoit l’unede lès faces P); 8L cette face avoit l’afpeé’t d’un

difque- lemé de grandes taches , les unes blanchâtre.

et nébuleufes , les autres brunes , vertes ou grisâtres ;8c tandis’que je m’efforçois de démêler ce qu’étaient

, ces taches: « flemme qui cherches la vérité, me dità) le Génie , recoupois-tu ce fpeflacle? - 0 Génie!

’w répondis-je, fi d’autre part je ne voyois le globe

.4» de la lune, je prendrois celui-ci pour le fieu; canta) il a les apparences de cette planète vue au télef-»» cope dans l’ombre d’une éclipfe: on diroit que ces

et diverfes taches (ont des mers 8L des continent.3) Oui, me dit-il , ce font des mers 81 des con.

-9 tinens , ceux-là même de l’hémifphère que tu.

v» habites ..... ; t-« Quoi ! m’écriai.je , c’efi u cette terre ou vivent

-9 les mortels l... » iOui, reprioil : cet efpace bruneux qui occupe-

irrégulièrement une grande portion du difque , 8:(l’enceint prefque de tous côtés , .c’efl là. ce que

vous appelez le val’te Océan , qui, du pôle dufud s’avançant vers l’équateur , forme d’abord le

grand golfe de l’lnde 8L de l’Afiiquc . , puis fi:

V 0*) Vovea ci à côté la. planche Il . qui repréfente lunetutoirü

..Ie la terre.- . n » , ’ ,

r -4A4 Mlujnllnîmm

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117. fialfyâme. .

11,1I’thlitr ,

L2 , Kirkmir.13 . flâner: .

14. leWafkr

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t’Exrost’rtort. a:prolonge à l’orient à travers les ifles Malaifes-jufqu’aux confins de la Tartan? , hindis qu’àl’ouefi il enveloppe les continens de l’Afrique 8L del’Eurapejufque dans le nord de l’Afie.

. Sous nos, pieds , cette prefqu’ifle de formequarrée cil l’aride contrée des Arabes ; à (a gauche

ce grand continent prefqu’auifi oud dans fou. in-térieur , St feulement verdâtre fur fer bords, cit ,le fol brûlé qu’habitent les hommes noirs (’). Au

nord , par-delà une mer irrégulière 8L longue-ment étroite (’*), (ont les campagnes de l’Europe

riche en prairies 8l en champs cultivés z à (a,droite , depuis la Cafpienne , s’étendent les plaine:

neigeufes 8L nues de la Tartarie. En revenant ànous , cet efpace blanchâtre efl le vafle 8L trilledefen du Gobi , qui fépare la Chine du relie dumonde. Tu vois cet empire dans le terrein lillonnéqui fuit à nos regards fous un plan obliquementcourbé. Sur ces bords . ces langues déchirées 8c,ces points épars font les prefqu’ifles Scies illes des

peuples [Halais , trilles poKefièurs des parfums8L des aromates. Ce triangle qui s’avance au loindans la mer , ef’t la prefqu’ifle trop célèbre de

l’Inde (t1). Tu vois le cours tortueux du Gange: ,les âpres montagnes du Tibet, le vallon fortunéde Kachemire (a) , les défens falés du Perfan ,

(Ü L’Afrique.

l") La Méditerranée.

. B a

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22’ C’HA’PiTRE IV.’

les rives de l’Euphrate 81 du Tigre , 8L le lit encaiflë

du Jaunluîn (ç) , 8L les canaux du Nil folitaire....

( Voyez pl. a. ) .O Génie , dis-ie en l’interrompant , la une d’un

mortel n’atteint pas à ces objets dans un tel éloi-gnement... Aufli-tôt , m’ayant touché la vue, mes

yeux devinrent plus perçants que ceux de l’aigle,-

& cependant les fleuves ne me parurent encoreque des rubans finueux’, les montagnes que desfillons tortueux, & les villes que de petits com-Ïpartîmens femblables à des cafes d’échecs. l

’ Et le Génie me détaillant 8: m’indiquant du

doigt les objets : ces monceaux , me dit-il, quetu apperçois dans cette vallée étroite , que le Nil

arrofe , (ont les relies des villes opulentes , donts’étiorgueillifroit l’antique royaume d’Éthiopie (e).

Voilà les débris de (a métropole, Thèbes aux centpalais (f), l’aieule des cités , monument d’undefiin bi7arre. C’efi là qu’un peuple maintenant

oublié, alors que tous les. autres étoient barbares ,découvroit les élémens des faiences 8L des arts ; 8:qu’une race d’hommes aujourd’hui rebut de lafociété, parce qu’ils ont les cheveux crépus 8L la

paru noire , fondoit fur l’étude des lois de la naturen des fyflêmes civils 8c religieux qui régifiènt encore

l’Univers.’ Plus bas , ces points gris (ont les py- ’

ramides (t) , dont les mufles t’ont épouvanté :

ait-delà , ce rivage (3) que ferrent la mer 8L un[ilion d’étroites montagnes, fut le féiour des peu-

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L’Exttost’rton. 23pies Phéniciens; là furent les villes puiflantesde. Dr , de Sidon , d’Afcalon , de Gage 8L de,Benne. Ce filet d’eau fans ilfue (4.) ell le fleuvedu Jourdain , 8: ces rochers arides furent jadisle théâtre d’événemens qui ont rempli le monde.

Voilà ce défert d’Horeb 8L ce Mont-dinar (5) ,

ou, par des moyens qu’ignore le vulgaire, unhomme profond 8: hardi fonda des inflitutionsqui ont influé fur l’efpèce entière. Sur la plagearide qui confine , tu n’apperçois plus de trace de

fplendeur; 8: cependant ici fut un entrepôt derichelîès. Ici étoient ces pons iduméens (g) , d’où

les flottes , phéniciennes 8L juives , côtoyant laprefqu’ifle arabe , le rendoient dans le golfe per-fique , pour y prendre les perles d’Hévila , 8:l’or de Saba 8L d’Ophir. Oui , c’efl là , fur cette

côte d’Oman 8: de Bahrain , qu’étoit le fiége de

ce commerce de luxe , qui, dans res mouvemens8: les révolutions , fit le deflin des anciens peu-ples : c’efi la que venoient le rendre les aro-mates &. les pierres précieufes de Ceylan , leschâles de Cachemire, les diamans de Golconde ,l’ambre des Maldives , le mufc du Tibet, l’aloës

de Cochin , les linges 8c les paons du continentde l’Inde , l’encens d’Hadramaût , la myrrhe ,l’argent , la poudre d’or 8L l’ivoire d’Afrique : c’eft

de là que prenant leur route , tantôt par la merRouge fur les vaifl’eaux d’Egypte 8L de Syrie ,ces jouilïances alimentèrent fuccefiiiement l’opu-

. B 4

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34 CHAPITRE IV.’:lence de Thèbes , de Sidon , de Memphis 8nde

J Jérufaleni; 8L que tantôt remontant le Tigre 8:i l’Euphrate , elles fufcitèrent l’activité des nations

Àfl’yriennes , Mèdes , Kalde’ennes St Perfes; 8c

que ces richcfiès , félon l’abus ou l’ufage qu’elles

en firent , élevèrent ou renversèrent tour-à-tourleur domination. Voilà le foyer qui fufcitoit lamagnificence de Perfépolis , dont tu appcrçoisles colonnes (8) ; d’Ecbatane (9), dont la (ep-tuple enceinte el’t détruite ; de Babylone (sa) ,qui n’a plus que des monceaux de terre fouillée (Il) ;

Ide Ninive (Il) , dont le nom à peine fubfifie ;de Tapfaque , d’Anatho , de Gerra , 8L de cettedéfolée Palmyre. O noms à jamais glorieux!champs célèbres , contrées mémorables ! combien

voue afpeëi préfente de leçons fublimes l combien

de vérités profondes font écrites fur la furface de

cette terre l Souvenirs des temps patTés , revenezà ma penfée l Lieux témoins de la vie del’homme

au tant de divers âges , retracez-moi les révolutions

de fa fortune l Dites quels en furent les mobiles8: les reliions l Dites à quelles fources il puifa fesfuccès 8L fes difgraceleèvoilez à lui-même lescaufes de fes maux l Redreflèz-le par la vue deserreurs l Enfeignez-lui fa propre fagefiè , &quel’expérience des races pafrées devienne un tableau

d’inflruélion , 8L un germe de bonheur pour le

races préfentes 8L futures! ’-

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«à... . -.. --..... -

w«-.....- p- «-

Connu. ne L’HOMME mus l’Umv. :5

42::fl-.-.-mmuC H A P I T R E V.Condition de l’homme dans l’Univers.

ET après quelques momens de filence , le Géniereprit en ces termes :. Je te l’ai dit, ô ami de la vérité! l’homme re-

porte en vain (es malheurs à des agent obfcurs 6!imaginaires; il recherche en vain à. fes maux des

.caujès myflérie’ufis , étrangères : dans l’ordre gé-

néral de l’univers , fans doute fa condition cilaffujétie à des inconvénients 5 fans doute (on exif-tence el’t dominée par des [méfiances fitpe’rieures g

mais ces puifl’ances ne font , ni les décrets d’un

deflin aveugle , ni les caprices d’êtres fantal’tiques

8: bizarres: ainfi que le monde dont il fait partie,l’homme el’t régi par des lois naturelles , régulières

dans leurs cours , conféquentes dans leurs effets ,immuables dansileur ,efiènce; 8: ces lois , [barcacommune des bien: ê de: maux , ne font pointécrites au loin dans les afires , ou cachées dansdes codes myllérieux : inhérentes à la nature desêtres terrel’tres , identifiées à leur exiflence , en

tout temps , en tout lieu elles font préfèntes àl’homme, elles agiffent fur les feus , elles aver-tili’ent (on intelligence , 8! portent à. chaqueaction fa peine 8L fa récompenfe. Que l’homme

cormoifiè ces lois l qu’il comprenne la nature des

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sô’ CHAPITRE V.’être: qui l’environnent , ê fil propre nature , 8: ilconnaîtra les mateurs de (a deliinée ; il (aura quelles

font les caufes de fies maux , 8: quels peuvent enêtre les remèdes.

Quand la puiflbnce ficrète qui anime l’univers ,forma le globe que l’homme habite , elle imprimaaux êtres qui le campoient des propriétés eflêntielles

qui devinrent la règle de leurs mouvemens indi-viduels , le lien de leurs rapports réciproques ,la caufe de l’harmonie de l’enfemble ; par-là,elle

établit un ordre régulier de caufes 8c d’effets,

de principes 8c de conféquences , lequel , fousrune apparence de hafard , gouverne l’univers 8:fmaintient l’équilibre du monde : ainfie, elle attri-«

hua au feu le mouvement 8: l’aéiivité; à l’airl’élaf’ticité ; la pefanteur 8L la denfité à la ma-

tière; elle fit l’air plus léger que l’eau , le métal

plus lourd que la terre , le bois moins tenace quel’acier; elle ordonna à la flamme de monter , à.la pierre de defcendre , à la plante de végéter;à l’homme , voulant i’expojer au choc de tant d’ê-

tres divers , 8: cependant prejèiwrja vie fragile ,elle lui donna la faculté de finzir. Par cette faculté ,toute aé’tion nuifible à fou exifience lui porta une

fenfation de mal 8L de douleur ,- 8L toute aé’tion

favorable , une feniation de plazfir 8L de bien-être.153J ces fenfations , l’homme , tantôt détourné de,

ct: qui blelÏè les fens, & tantôt entraîné vers cequi les flatte , a été nc’ccflite’ d’aimer 8:. de con-

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--,-fi-1

’ Comma DE L’HOMME mus L’Umv. :7.

faner jà vie. Ainfi , l’amour de fin , le dzfir du 1bien-être , l’aveifion de la douleur .’ Voilà les loiscflèntielIes 6» primordiales impofe’es à l’homme par la

NuTURE même; celles que la puifTance ordonna-’

trice quelconque a établies pour le gouverner ; 8cce font ces lois qui , femblables à celles du mou-vement dans le monde phyfique , font devenues leprincipe fimple 8L fécond de tout ce qui 5’15]! pal]?

dans le monde moral.Telle efl donc la condition de l’homme: d’un

côté , fournis à l’aélion des élémens qui l’envi-

ronnent , il ef’t afibje’ti à plufieurc maux inévi-

tables 5 8L fi dans cet arrêt la NATURE s’efl:montrée févère , d’autre part jufie , 8L même

indulgente , elle a non-feulement tempéré cesmaux par des biens femblables , elle a encoredonné à l’homme le pouvoir d’augmenter les uns

8: d’alléger les autres 5 elle a femblé lui dire:

« Foible ouvrage de mes mains , je ne te dois» rien , & je te donne la vie; le monde où je» te place ne fut pas fait pour toi, 8L cependant» je t’en accorde l’ufage 5 tu le trouveras mêlé

» de biens 81 de maux : c’ef’t à toi de les difiin-

a) guer 5 c’ef’t à toi de guider tes pas dans des» (entiers de fleurs 8L d’épines. Sois l’arbitre de

» ton fort; je te remets ta dei’cinée. »’ -- Oui,l’homme ei’t devenu l’artifan de fa defiinée; lui-

même a créé tour-à-tour les revers ou les fuccèè

de fa fortune; 8L fi , à la. vue de tant de douleurs

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a: CuartrnzV.’dont il a tourmenté fa vie , il a lieu de gémi!de fa faiblefi’e ou de (on imprudence , en confi-dérant de quels principes il efl parti , & à quellehauteur il a fit s’élever , peut-être a-t-il plus droit

encore de préfumer de. fa force 8: de s’enorgueillitde fou génie.

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nm 0316m1. ne vacante: a,

C H A P I T R E .V 1.État originel de l’homme.

DANS l’origine , l’homme formé mai de Corp!fit d’efprit , le trouva jeté au hafard fur la terreconfufe 8L fauvage : orphelin délaifTé de la par].fiance inconnue qui l’avoir produit , il ne vit pointà les côtés des être: defcendus des cieux , pourl’avenir defi belota: qu’il ne doit qu’à [a fan: ,

pour l’inflruire de devoirs qui naiflènt uniquement

de je; bejbins. Semblable aux autres animaux ,fans expérience du pafl’é , fans prévoyance de

l’avenir , "il erra au fein des forêts , guidé feu-r1eme!" & gouverné par les affections de (a nature:-par la douleur de la faim , il fut conduit auxalimens , ê: il pourvut à fa fubfifiance; par les in-

-temp(ries de l’air, il defira de couvrir fan corps ,Bi il il: fit des vêtement ; par l’attrait d’un plaifir

puiflànt , il s’approcha d’un être femblable à’lui ,

8: il perpétua ion efpèce.....

Ainfi , les impreflîons qu’il reçut de chaqueobjet , éveillant (es facultls , développèrent pardegrés (on entendement, & commencèrent d’inf.

truire fa profonde ignorance ; fes heroins (bici-tèrent (on induf’trie , l’es dangers formèrent (on i

courage 5 il apprit à dif’t-inguer les plantes utilesdes nuifibles , à combattre les élément , à. faifir

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l

3o C H A r r T a E V I.une proie , a défendre (a vie; 8L il allégea fa

misère. jAinfi , l’amour de foi , l’averjion de la douleur,

le defir du bien-être , furent les mobiles fimples8L puifiàns qui retirèrent l’homme de l’état jau-

vage 8L barbare où la NATURE l’avoir placé-g 8:

r lors que maintenant fa vie efl (entée de jouifl’ang.

ces , loriqu’il peut compter chacun de les jourspar quelques douceurs , il a le droit de s’ap-plaudir 8L de le dire : « C’efi moi qui ai produit» les biens qui m’environnent; c’efl moi qui fuis

» l’artifan de mon bonheur ; habitation sûres,y vêtemens commodes , aliment. abondants 8L (ains,» campagnes riantes , côteaux fertiles , empiresK» peuplésttout cil mon ouvrage 5 fans moi ,» cette terre livrée au défordre ne feroit qu’unà) marais immonde , qu’une forêt fauvage , qu’un

- » défert hideux. » Oui, homme créateur , reçoismon hommage l Tu as mefuré l’étendue des cieux,

calculé la maffia des aîtres , faifi l’éclair dans les

nuages, dompté la mer 8L les orages , ’aflèrvi tousI les élémens. Ah ! comment tant d’élans fublimes fe

font-ils mélangés de tant d’égarement!

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Paritaires pas Soc1érrâs.’ 3:

ggàm-muC,HAPITRE VILPrincipe: de: Sociétés.

C EPE NDAN’: , errans dans les bois 8: aux bordsdes fleuves , à la pourfuite des fauves 8: des poif-fans, les premiers humains , chafièurs 8: pécheurs,invefiis de dangers , allaillis d’ennemis , tourmen-tés par la faim , par les reptiles , par les fauves,,fentirem leur faible-jà individuelle 5 8: , mils d’unlayoit: commun de sûreté , de d’un fintiment réci-

proque des mêmes maux, ils unirent leurs moyensEn leurs forces; & quand l’un encourut un péril,plufieurs l’aidèrent 8L le fecoururenr; quand l’un

manqua de fabfifiance , un autre le partagea defa proies: ainfi , les hommes s’aflbcièrént pouraffurer leur clarifient! , pour accroître leur: facultés ,

pour protéger leur: jouijartcesl ; 8L l’amour de foildevint le principéde la jociété.

Infiruits enfuite par l’épreuve répétée d’accidens

divers , par les fatigues d’une vie vagabonde ,par les foucis de difertes fréquentes , les hommesraifonnèrenr en eux-mêmes , 8! le dirent z « Pour-» quoi confumetj nos jours à chercher des fruits» épars fur un fol avare P Pourquoi nous épuifer» à pourfuivre des proies qui nous échappenta! dans l’onde 81 les bois? Qtie ne raffemblons-

a nous fous notre main les animaux qui nous

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.3: CHAPITRE VILa» fubfiantent ? Que n’appliquons-nous nos foins

2 à les multiplier 8: à les défendre P Nous nous

:9 alimenterons de leurs produits ; nous nousa vêtirons de leurs dépouilles , 8L nous vivronsa exempts des fatigues du jour 81 des foucis dus). lendemain. u Et les hommes , s’aidant l’un 8:

l’autre , faifirent le chevreau léger , la brebistimide ; ils captivèrent le chameau patient, letaureau farouche , le cheval impétueux; 8: s’ap-plaudiflànt de leur’ indufirie , ils s’aflirent dans

la joie de leur ame , 8L commencèrent de goûterle repos 8L ’aifance; & l’amour de jbi , principede tout raifonnement , devint le moteur de tout art5* de toute jouiflance.

Alors que les hommes purent couler des joursdans de longs loifirs , ’& dans la communicationde leurs penfe’es , ils portèrent fur la terre , furles cieux , à: fur leur propre exiflence des re-gards de curiofité ê! de réflexion ; ils remarque-irem le cours des (airons , l’aélion des éléments ,

les propriétés des fruits & des plantes , 8: il:appliquèrent leur efprit à multiplier leurs jouif-lances. Et dans quelques contrées , ayant obiervéque certaines femences contenoient fous un petits-4volume une fubiiance faine , propre à le tranf-porter 6l à fe conferver , ils imitèrent le procédé

de la Nature :. ils confièrent à la terre le riz ,l’orge 8: le bled ; qui fluaifièrent au gré de leurefpérauce 5 8L ayant trouvé le moyen d’obtenir

dans

,4

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Paritaires nias Sourires; 33dans un petit tafpace , 8: flirts déplacement , beau-c0up de fibfiflances ê de longues profilions» , il!le firent des demeures fédentaire; ; ils confirui-firent des maifons , des hameaux , des villes 5formèrent des peuples , des nations 5 8: l’amourde foi produifit tous les développemens du génie 8c

de la puifiânce. j VAinfi , par l’unique fecours de fes facultés ;l’homme a fu lui.même s’élever à .l’étonnante,

hauteur de fa fortune préfente. Trop heureux ,fi , obfervateur (crapuleux de la loi imprimée à.fou être , il en eût fidellement rempli l’unique 8c

véritable objet l Mais, par une imprudence fa-tale , ayant, tantôt méconnu , tantôt tranfgrefiëfa limite , il s’el’t lancé dans un dédale d’erreurs.

8E. d’infortunes 5 8L l’amour de foi , tantôt déréglé 5

8: tantôt aveugle , cil devenu un principe, fécond decalamités.

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(I

l”

34’. ."CVHÀAPITRE VIII.

«gaza-m-æz-üsæ)CHAPITRE V111.

l source de: maux des Sociétés.

EN effet , à peine les hommes purent-ils dé-velopper leurs facultés , que jàifis de l’attrait des

oblat qui flattent les feus , ils fe livrèrent à desdelirs effrénés. Il ne leur fuflit plus de la mefuredes finjittiorts douces que la NATURE avoit atta-chée à leur: vrais Influx: pour les lier à leur envi]:

une? z non contens des biens que leur offroit laterre , ou que produiroit leur induflrie , ils vou-lurent entailër les jouifiânces , 8L convoitèrentcelles que. pofiédoient leurs femblables 5 8L. unhommefort s’éleva contre un homme faible, pour lui

ravir le fruit de fa peine 5 8L le flaible invoqua unautre faible pour refifler à la violence ; 8L deuxforts fe dirent : « Pourquoi fittiguer nos bras à» produire les jouiflânces qui le trouvent danssa les mains des faibles? Untfibns-nous , 81 dépouil-

» loris-les; ils fatigueront pour nous , 8L nousa jouirons fans peines. t) Et les forts s’étant aflb.ciés pour l’oppreflion , les faibles pour la réfijl

tance , les hommes le tourmentèrent réciproque-ment 5 8L il s’établit fur la terre une difcordegénérale 8c funefie , dans laquelle les pallions (e

produifant fous mille formes nouvelles , n’ontcefi’é de former un enchaînement fucceflif de

malheurs,

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Sonner: pas MAUX pas SOCIÉTÉS. . 35

9 Ainfi , .ce même amour de foi qui , modlrl 8Eprudent , étoit un principe de bonheur 8L de par,fiaion ; aveugle 8L dejbrdonne’ , fe transforma en.un poifon corrupteur; &kla Cupiditd ,’ fille 8:oomPagne de l’Ignorance , cf: devenue la caufl: de

tous les maux qui ont défole’ la terre. I .-- Oui , l’IGNORANCE 8l la Cumm’rfi! voilà la

double (parce de toue les tourmens de la vie de,l’homme! C’efl par elles que le faifant devfauflëc

idées de fou bonheur , il a méconnu ou enfieint

la lois de la Nature dans les rapports de lui-même aux objets extérieurs , 8L que , nuifant à.

v fou exifience" ", il a viol! la; morale individuelle .-c’efl par elles que fermant fin cœur à la compaf-k

fion , 8L (on efprit à l’équité ;, il a1 vexé , affligéî

fou femblable , 8L violé la morale fociale. Panl’ignorance 8: la cupidité 7, l’homme s’efi armé

contre l’homme , la famille contre la famille ,la tribu contre la tribu , 81 la terre el’t devenueun théâtre fanglant de difcorde 8L de brigandage :par l’ignorance 8L la. cupidité , une guerre fe-crete ,fermentant au fein de chaque état , adivifé le citoyen du citoyen 5 8: une même fo-ciété s’el’t partagée en oppreflëurs 8c en oppri-

més , en maîtres 8L en efclaves : par elles , tantôt

inlblens 8: audacieux , les chefs d’une nation onttiré feu fers de (on propre foin , 8L l’avidité mer-

cenaire a fondé le defpotifme politique; tantôthypocrites & rufés , ils ont fait defcendre du ciel

C a

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86 -’CHApt’rkeVIII.des pouvoirs menteure , un joug facrilége’; & lacupidité crédule a fondé le defpotifme religieux :per’ellee enfin * fe (ont dénaturées les idées du

bien du mal , du iufle 8L de l’injufle , du viceG: dela’vemt’; à les nations fe [ont égarées dans

un labyrinthe d’erreurs &- de calamités. La cu-pidit’ei’rde l’homme & (on ignorance .’ voilà les

génie: malfiufizns qui ont perdu la terre l voilà leèdécrets du fifi! qui ont renverfé les empires ! voilà

les ànathêmes cames qui ont fiappé ces mursiridié glorieux , 8L converti la fplendeur d’une ville

poPuleufe , en une folitude de deuil 6L de ruines!.. .Mais puifque ce fut du fein de l’homme quefortirent tous les maux qui l’ont déchiré , ce fut"

aufli là qu’il en dut trouver les remèdes , 8:c’el’t-là qu’il faut les chercher. -

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me w..-- Av

ORIGINE pas Gouven. n une Lors. 37:

CHAPITRE 11x.. -, Origine des Gouverncntens 6* des Loi;.; w g ;- »

En effet, il arriva bientôt que les hommes; fruit,gués des maux qu’ils fe caufoient réciproquement ,,foupirèrenti après la paix ; 8:, réfléchifiânr l’unique

infortunes 8L leurs gaules, il; (e dirent :1 «:Nous,[nouai-nuirons vmutaelletnen’tïpar nos paflions; 8eà) pourwouloir chacun toutleny’ahir , il réfulte gag9 nul’ne pofsède; ce; que l’un ravit aulpurd’hui ,

» on le.lui enlève demain , 8L notre cupidité. real

D tombe fur nous- mêmes. EtabliKms.-,noua des,)) arbitres qui jugent nos prétentions,: &zpaeifienlt) noc’difcordes. Quand le fort s’élevera-cont’rezh.

. t) foible , l’arbitre le réprimera , 8L il difpnfetafdet9) nos bras pour comenir la violence ;.».,&v.;la-vi’e-a» 8L les, propriétés de chacuntde- nous (croîtrions

5) la garantie 8c la, prateéliOn "communes , Gambas

à jouirons tous des biens de-laTnànIre.»»yi ; rEt illfe’ forma au fein des fociéte’s damnations,

tantôt expreflès 8L .tantôt tacites, qui devinrent larègle desvaéiions des particuliers ,-la myure de leurs

Jeux; la loi de leurs nappons réciproques-5 8:quelques hommes furent prépofés pour les faire obier.

ver , 8! le peuple leurrlconfia la balance pour, pelerles droits , St. l’e’pe’e pour punir les tranÆrçflîqltr.

C 3

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38’ 12”7c HAP-ÎT tu: 1X. ’ . 3Alors. s’établit entre les individus un heureux

idqluilibrev de. forces si d’aflion ,- quiiifi-t la. sûreté”

commune. Le nomIdefll’equitc’QSL. de la jujlice fut

reconnu 8L révéré fur la terre; chaque hommepouvant-jouir en paix des fruits de (entravai! , lelivra tout entier aux ’mouvemeus de fou ante 58: l’àaivité , fulcité’e ’ Br entretenue parla réalité ou

par l’èfpoir des jouill’andes’»; fit éclore îoutès let;

richefresïde l’art 8nde lai nature ;’ les champé (à

couvrirent de moflions, «les vallons de boumant",-les coteaux: de fruitsï,- la ’mer’ de vaill’eaux, 8c

l’homme’futiheur’eux ’&’puilliint7fur"laÏtërfeèe ï 7

v Ainfi’ leivdéfordre loti imprudence’avôit pro-ï

duit, (a propre fageli’e le répara; Stuce’tielagelië

tan-lui futencore l’effet desvloirde la nature dunel’organifation de fort-être. [Ce fut pour affurer (etfouillâmes-qu’il refpeâa cellestd’autrui si 8L7! la au

pidite’ ltrouva fou correëlif damai l’amour. e’claire’ de

fifi-Interne: .t - " H -» l -ï l I à’- flint? l’amour deifoiymobile’e’ternel detou’t iu-’

leÎdlI-g cit devenu larbafe nécelTaire de toute un);ciation ; &’-c’el’c de l’obfervation de cette loi naturelle

qu’axdépenduæ le (onde toute nation. Lesloisfaflices

de conventionnelles annelles tendu vers (on but 8crempliifes indications z-Chaque homme, mû d’uninfiinëb paillant, a, déployé toutes let facultésï defon’ètre ; 8c de la multitude des fi’licites particulière:

o’éi’tHco’mpofée la fe’licite’ publique. Ces lois ,, au

contraire, ontêelles gêné l’effor de l’homme vers

a i,

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am-.- fifi

a

ORIGINE pas Couvent nuons Lots. 39(on bonheur P Son cœur. privé de (es vrais mobilesa langui dans l’inaélion , 8: l’accablernent des in:

dividus a fait la fatum publique. j ’ - ’Or, comme l’amour de foi , impétueux a:

voyant, porte fans celle l’homme contre fou fent-blable , 8C tend par conféquent à diflbudre la facie’tc’,

l’art des lois 8L la vertu de leurs agent ont été detempérer le conflit des cupidités, de maintenir l’é-

quilibre entre les forces,sd’affurer à chacun (onbien-être, afin que, dans le choc de fociété à fo-ciété , tous les membres portafiènt un même intérêt

à la confervationlôt à. la défenfe de la cita]: pu-

blique. 1La fplendeur 81 la profpérité des empires ontdonc eu à l’intérieur, pour caufe efficace , l’équité

des gouvernemens 8L des lois; 8: leur puitfancerefpeélive a eu à l’extérieur , pour mefure , le nom-

bre des intéreflës, 8: le degré d’intérêt à la chofe

publique.D’autre part, la multiplication des hommes, en

compliquant leurs rapports , ayant rendu la démar-cation de leurs droits difficile; le jeu perpétuel despallions ayant fufcité des incidens non prévus;les conventions ayant été vicieufes , infuflifantes ou

nulles; enfin, les auteurs des lois en ayant tantôtméconnu St tantôt diflimulé le but; 8L leurs mi-nil’tres, au lieu de contenir la cupidité d’autrui,

s’étant livrés à la leur propre: toutes ces caufetont jeté dans les focie’tés le trouble 8L le défordre;

C 4

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to "r CHAPITRE 1x;8: le vice des lois 8L l’injullice des gouvernement;dérivés de la cupidité 8nde l’ignorance, (ont de-

venus les mobiles des malheur, des Peuples & de

x la fubverfion des états. -

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Cursus ennemi. DE LA PROSPÉRITË , doc. A!

gagm3::GDC H A P I T R E X.Caujès générales de la projpérité des anciens États.

ET telles , ô homme! qui demandes la fageli’e ,telles ont été les *caufes des révolutions de ces an-

ciens états dont tu contemples les ruines l Sur quel-que lieu que s’arrête ma vue , à quelque temps que

le porte ma penfe’e, par-tout s’offrent à mon efprit

les mêmes principes d’accroiliëment ou de deiiruc-tion, d’élévation ou de décadence. Par-tout , fi un

peuple efi puiflant, fi un empire profpère , c’eflque les loi: de convention y [ont conformes aux loi:de la. Nature; c’eût que le gouvernement y procureaux hommes l’ujagc refpeélivement libre de leursfacultés , la sûreté égale de leurs petfonnes de leurs

propriétés. Si, au contraire, un empire tombe enruines ou le diflbut , c’efl que les lois font vicieufes

ou imparfaites , ou que le gouvernement corrompules enfreint. Et fi les lois 8L les gouvernemens,d’abord liges 8: julies , enfuite le dépravent , c’eil:

que l’alternative du bien 81 du mal tient à la na-ture du cœur de l’homme , à la fuccellion de. les

penchans , au progrès de les connoiliànces , à lacombinaifon des circonfiances & des événemens ,comme le prouve l’hifloire de l’efpèce.

Dans l’enfance des nations , quand les hommesvivoient encore dans les forêts, fournis tous aux

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4,2 ’GHAPITREOX;mêmes befoins , doués tous des mêmes facultés , il;

étoient tous prefqu’égaux en forces; 8L cette éga-

lité fut une circonf’tance féconde en avantages dans

la compofition des fociétés : par elle , chaque indi-

vidu le trouvant indépendant de tout autre, nulne fut l’efclave d’autrui , nul n’avoit l’idée

d’être maître. L’homme novice ne connem-

fait ni fervitude , ni tyrannie; muni de moyensfuffifans à fon être, il n’imaginoit pas d’en em-g

prunter d’étrangers. Ne devant rien, n’exigeant

rien , il jugeoit des droits d’autrui par les liens,8c il le faifoit des idées exaëles de juflice : igue-grant d’ailleurs l’art des jouiflànceq , il ne (avoit pro-g!

(luire que le nécefiaire 5 8c faute detfuperflu , lacupidité relioit aKoupie : que (in elle ofoit s’éveiller,

l’homme attaqué dans l’es vrais befoins", lui réfil’toit

avec énergie, 8L la feule opinion de cetteïréfiflance

entretenoit un heureux équilibre. lAinfi , l’égalité originelle , à défaut de convention ,’

maintenoit la liberté des perfdnnes, la sûreté despropriétés , 8L produifoit les bonnes mœurs âLl’or-J

dre. Chacun travailloit par foi. 8L. pour foi; 8L lemur de l’homme occupe; n’erroit point en defi’rs cou;

pables : l’homme avoit peu de [jouifliancesgmaiçfes befoins étoient fatisfaits : 8; Comme la Natureindulgente les fit moins étendus que Ifeslforces , letravail de fes mains produifit bientôt l’abondance;l’abondance, la population : les arts (e développèà

rem, les cultures s’étendirent , 8L, la. terre , couverte

de nombreux habitans,fc partagea en divers domaines.

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CAUSES cessent peut PROSPÉMTÉ, au. 1.3

» Alors que les rapports des hommes fe furentcoulpliqués , l’ordre intérieur des fociétés devint

plus difficile à maintenir. Le temps 8! l’induflrieayant fait naître les richeflès, la cupidité devintplus aâive; 8c parce que l’égalité, facile entre les

individus, ne put fubfiller entre les familles , l’éoguilibre naturel futïrompu: il fallut y fupple’er parun équilibre ’faélice; il fallut préparer des chefs,

établirvdes lois, 15L dans l’inexpérience primitive ,

ildut arriver qu’occafionnés par la cupidité, elles

empâtent le caraflère; mais diverfes circonflancesconcoururent a tempérer le défordre 8L à faire auxgouvernemens une nécefiité d’être jufies. ,e En effet , les états, d’abord faibles, ayant àredouter deslennemis extérieurs , il devint impor-tamarix, chefs de ne pas opprimer les fujets : endiminuant l’intérêt des citoyens à leur gouvernement,

ils enflent diminué leurs moyens de refiflance; ilsenflent facilité les invafions étrangères, 8: , pour

des iouiKances fuperflues, compromis leur propre

exifienoe. 5 pA l’intérieur, le caraélère des peuples repouflbit

la tyrannie. Les hommes avoient contracté de troplongues habitudes. d’indépendance ; ils avoient trop

pende befoins, &Ïun fentiment trop préfcnt deleurs propres forces.A Lesgétats étant reflèrrés, il étoit difficile de dia

virer ,les citoyens pour les opprimer les uns par les«autres : ils fe communiquoient trop aifément , 8L

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’44 CHAPt’rnzx;leurs intérêts étoient trop clairs 8c trop fimples.D’ailleurs , tout homme étant propriétaire 8L cultià

vateur, nul n’avoir befoin de le vendre, 8L le dei?-pore n’eût point trouvé de mercenaires.

Si donc il s’élevait des diflèntions., c’étoit de fa-

milles à familles ,I de faflion à faélion , & les inté-

rêts étoient toujours communs à un grand nombre;les troubles en étoient fans doute plus vifs ;vmais la”crainte des étrangers appairoit les difcordes : fi l’op-preflion d’un parti s’établifibit , la’terre étant ou.

verte, 8L les hommes, encore fimples, rencontrantpar-tout les mêmes avantages , le parti accabléémigroit, 81 portoit ailleurs (on indépendance;

Les anciens états jouifi’oient donc en eux-mêmes

de moyens nombreux de profpérite’ 8L de puilTanceé

de ce que chaque homme trouvoit (on bien-être dansla confiitution de fou pays , il prenoitun vifintéÀrêt à la confervation; fi un étranger l’attaquoit,ayant à défendre fou champ , fa maifon , il portoitaux combats la paflion d’une caufe pari-annellel8’. le dévouement pour foi-même occationnoit le dé-’

vouement pour la patrie. Il iDe ce que toute aélion utile au public attiroit

fou efiime 8L fa reconneiflànce , chacun s’empreflbi!

d’être utile, 8L l’amour-propret multiplioit lestaient

81 les vertus civiles. - * ’ V " -De ce que tout citoyen contribuoit également

de fes biens 8c de (a performe , les armées 8L lesfonds étoient inépuifables , St les nations déployoient

des malles impofantes de forces.

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Causes chia. ne u PROSPËRITË, ôte. 4.5De ce que la terre étoit libre, & la poflèflion

sûre St facile, chacun étoit propriétaire; 8L ladivifion des propriétés confervoit les mœurs enrendant le luxe impofiible.. De ce que chacun cultivoit pour lui-même , la

culture étoit plus aé’tive, les denrées plus abou-

dantes, 8l la richeflè particulière faifoit l’opulence

publique.De ce que l’abondance des denrées rendoit la

fubfiflauce facile, la population fut rapide 8L nom-breufebôt les états atteignirent en peu de temps

le terme de leur plénitude. .De ce’qu’il y eut. plus de produélion que de

coulommation . le belbin du commerce naquit, 8cil le fit de peuple à peuple des échanges qui aug.mentèrent leur aétivité 8L leurs iouiffiuces réci-

proques. iEnfin , de que certains lieux , à certaines épo-ques, réunirent l’avantage d’être bien gouvernés à.

celui d’être placés furia route de la plus aélivecirculation , ils devinrent des entrepôts floriii’ansde commerce, 8:. des fiéges puiflàns de domina-tion. Et fur les rives du Nil 8L de la Méditerra-née, du Tigre 8L de l’Euphtate , les richefles del’Inde 8L de l’Europe , entaillées, élevèrent fuccelÎ-

fivement la fplendeur de cent métropoles.Et les peuples, devenus riches , appliquèrent le

fuperflu de leurs moyensyà des travaux d’utilitécommune 8L publique; St. ce fut la , dans chaque

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s

46 4 C n A p l T a e X.état, l’époque de ces ouvrages dont la magnifi-

cence étonne l’efprit; de ces puits’de Tyr , de.ces digues ( i) de l’Euphrate, de ces conduits fou-iterrains de la Médie (k), de ces foncreflës dudéfert , de ces aqueducs de Palmyre , de ces tem-ples , de ces portiques.... Et ces travaux purentêtre immenfes fans accabler les nations , parce qu’ils)furent le produit d’un concours égal 8L cOmmunldes forces d’individus paflionnés 8: libres.

Ainfi les anciens états profpérèrent , parce que;

les infiitutions faciales y furent conformes aux vé-.ritables lois de la nature, 8c parce que les hommesy fouillant de la. liberté 8L de la sûreté de. leursperfonnes 8c de leurs propriété: , purent déployer-i

goure l’étendue de leurs facultés, toute l’énergie

de l’amour de foi-même. ’

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Causes sensu. ces RÉVOLUTIONS , ne. 47

mazam--.-----hCHAPITRE XI.Carde: générales des révolutions 6- de la ruine des

ancien: États.

CEPENDANT la cupidité avoit fufcité entre les

hommes une lutte confiante 8L univerfelle qui ,portant fans celle les individus 8: les fociétés à desinvafions réciproques, occafionna des révolutionsfucceflives , 81 une agitation renaiffante.

Et d’abord , dans l’état fauvage 8L barbare des

premiers humains, cette cupidité audacieufe 8L fé.

race enfeigna la rapine , la violence, le meurtre;8L long-temps les progrès de la civilifation en furent

ralentis. .Lorfqu’enfuite les fociétés commencèrent de fe

former , l’effet des mauvaifes habitudes paillant dans

les lois 8l. les gouvernemens, il en corrompit lesinflitutions & le but, 8c il s’établit des droits ar.binaires 8: faâices , qui dépravèrent, les idées dejuilice 8L la moralité des peuples.

Ainfi, parce qu’un homme fut plus fort qu’unautre, cette inégalité, accident de la Nature , futprife pour fa loi (l); 8L parce que le fort put ra-vir au foible la vie, 8L qu’il la lui conferva , ils’arro’gea fur fa performe un droit de pmprie’té abu-

five, 8L l’tfclavagr des individus prépara l’efclavage

des nations.

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48 CHAPITRE XI.Parce que le chef de famille’xput exercer une

autorité abfolue dans fa maifon , il ne prit pourrègle de fa conduite que fes goûts 8L fes affeélions:il donna ou ôta fes biens fans égalité, fans juilice,8L le dejpotz’fme paternel jeta les fondemens du. déf-

potifme politique (m). ’ .Et dans les fociétés formées fur ces bafes,’le

temps 8L le travail ayant développé les richeffes , lacupidité , gênée par les lois, devint plus artificieufe

fans être moins aélive. Sous des apparences d’union

8C de paix civile, elle fomenta, au fein de chaqueétat , une guerre intefiine, dans laquelle les citoyens,divifés en corps oppofés d’ordres , de clafiës , de

familles , tendirent éternellement à s’approprier ",

Tous le nom de pouvoir fuprétne , la faculté de toutdépouiller 8l de tout afi’ervir,’ au gré de leurs paf-

fions : 8L c’eil cet efprit d’invafiort qui, déguifé

fous toutes les formes , mais toujours le même dansfort but 8L dans fes mobiles, n’a cefié de mutinen-

ter les nations.Tantôt s’oppofant au paéle focialt, ou rompant

celui qui déjà exiiloit, il livra les habitant d’unpays au choc tumultueux de toutes leurs difcordes,8L les e’tats défions furent, fous le nom d’anarchie,

tourmentés par les pallions de tous leurs membres.Tantôt un peuple jaloux de fa liberté , ayant

prépofé des agens pour admin’iflrer, ces ogens s’ap-

proprièrent les pouvoirs dont ils n’étoient que lesgardiens : ils employèrent les fonds publics à cor--

rompre

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CAUSES canin. ces RÉVOLUTIONS , etc. L9

rompre les éleélions , à s’attacher des pattifans , à

divifer le peuple en lui-même. Par ces moyens ,de temporaires qu’ils étoient , ils fe rendirent per-pétuels ; puis d’éleé’tifs , héréditaires; 8: l’état agité

par les brigues des ambitieux , par les largeflès desriches faélieux , par la vénalité des pauvres oifeux,

par l’empirifme des orateurs , par l’audace des hom-

mes pervers , parla foiblellè des hommes vertueux,fut travaillé de tous les inconvéniens de la dimo-

mais.Dans un pays, les chefs égaux en forces, fe re-

doutant mutuellement, firent des parfiles impies , desall’ociations fcéle’rates; 8: fe partageant les pouvoirs,

«les rangs , les honneurs , ils s’attribuèrent des pri-viléges , des immunités; s’érigèrent en corps fépa.

tés, en clailès difliné’tes; s’aflërvirent en commun

le peuple; 8t, fous le nom d’art’flocratt’e , l’état fut

tourmenté par les pallions des grands 8L des riches.

Dans un autre pays, tendant au même but pard’autres moyens , des impqfleursficre’s abusèrent de

la. crédulité des hommes iguorans. Dans l’ombre des

œmples, 8c derrière les voiles des autels , ils firentagir 8L parler les dieux , rendirent des oracles , monostèrent des prodiges ,wordonnèrent des fierifices ,imposèrent des mandés, prelcrivirent des fonda.tians; 8L , fous le nom de thioeratie & de religion,les états furent tourmentés par les pqflïons desprêtres.

Quelquefois , las de l’es défardas ou de fes tyrans,

D

CC

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sa CHAP-ITREXÏ. vune nation , pour diminuer les fources de l’es maux;

le donna un feul maître; 8L alors, li elle limita lespouvoirs du prince ,Iil n’eut d’autre defir que deles étendre; 8L fi elle les lailfa indéfinis, il abufadu dépôt qui lui étoit confié; 8:, fous le nom demonarchie , les états furent tourmentés par les pallions

des rois 8L des princes. 4 lAlors des factieux profitant du mécontentement

des efprits , flattèrent le peuple de l’efpoir d’un meil-

leur maitre; ils répandirent les dans, les promeffes;renversèrent ledefpme pour s’y fubliituer; 8L leursdifpute pour la fucceflion ou pour le partage , tour-mentèrent les états des défordres 8L des dévaflations

des guerres civiles. p. lEnfin , .parmi’ces rivaux , un individu plus

habile ou plus heureux , prenant l’afcendant,A concentra en lui’toute la puill’ance : par un phé-

nomène Ébizarre’, un feul homme maltrifa des

millions de fes femblables contre leur gré ou fansleur aveu , 8L l’art de. la tyrannie naquit encorede. la cupidité. En effet , obfervant l’efprit d’é-

goïfme qui fans celle divife tous les hommes ,l’ambitieux le fomenta adroitement : il flatta lavanitéde. l’un , aiguifa la jaloufie de l’autre, caq-

refl’a l’avarice de celui-ci , enflamma le refleuri-

ment de celui-là , irrita les pallions de tous;Oppofant les intérêts pu les préjugés, il’fema les

divifions 8L les haines , promit au pauvrela déq-pouille. richg , au riche l’affervilfement,du

. a

n-..- .1

rqgmxnfi-c.

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CAUSES menin. mas RÉvoLUTIONs; &c. 5.!

pauvre -, menaça un homme par un homme ,une clade par une clafiè 5 8: ifolant tous les ci.toyenb par la défiance , il fit fa force de leurfoiblcllë , 8l leur impofa un joug d’opinion , dontils feintèrent mutuellement les nœuds. Par l’ar-mée , il s’empara des contributions ; par les con- ’

Îiributions , il difpofa de l’armée ; par le jeu’çorrefpondant des richeflès 8L des places , il en-chaîna tout un peuple d’un lien infoluble , 81 lesétats tombèrent dans la confomptio’n lente du

defiwtt’fme. . tAinfi ,, mnème mobile , variant (on action

fous toutes les formes , attaqua (au: celle la con.(fiance des états , 8: un cercle éternel de vicifli-tudes naquit d’un cercle éternel de paillons.

Et cet efprit confiant d’égo’ifme 8c d’ufurpation

engendra deux effets principaux également fu-nefie; : l’un , que divifantifans «ne les fociéte’c

dans toutes leur: fraâions , il en opéra la foi-blcfl’e , 8L en facilita la diflblution g l’autre, que,

tendant toujours à. concentrer le pouvoir en unefeule main , il occafionna un englouliflëment fuc-cefl’if de (aciérés 8L d’états , fatal à leur paix 8C a leur

exiflence cornmunea (n). IEn effet, de même que dans un état , un parti

avoit abforbé la nation , puis une famille le parti ,6L un individu la famille 5 de même il s’établitd’état à état un mouvement d’abforbtion , qui

déploya en grand , dans l’ordre politique , tous

Da

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sa CHsptTnle.les maux particuliers de l’ordre civil. Et une cit?ayant fubiugue’ une cité, elle fe l’aflèrvit , 8: en

compofa une province; dt. deux provinces s’étantenglouties , il s’en forma un royaume : enfin , deuxroyaumes s’étant conquis, l’on vit naître des em-

pires d’une étendue gigantefque ; 8: dans cette

agglomération , loin que la force interne desétats. s’accrût en raifon de leur matie , il arrivas

i au contraire , qu’elle fut diminuée; 8: loin quela condition des peuples fût rendue plus heureufe;elle devint de jour en jour plus fisheufe de plusmiférable , par des raifons fans ceflè dérivées de la

nature des chofes....Par la raifon , qu’à mefure que les états ac-

quirent plus d’étendue , leur adminiflration deveanant plus épineufe 8c plus compliquée , il fallut;pour remuer ces maflès , donner plus d’aélivité

a au pouvoir , 8st il n’y eut plus de proportion entreles devoirs des rouverains 5L leurs facultés :

Par la raifon , que les defpotes , (entant leurfoiblefiè , redoutèrent tout ce qui développoit leforce des nations, 8L qu’ils firent leur étude del’atténuer:

. Par la raifon , que les nations , divifées pardes préjugés d’ignorance de des haines féroces ,l

fecondèrent la pervetfité des gouvememens 5 8:que (e fervant réciproquement de fatellites , ellesaggravèrent leur efclavage :

Par la raifon , que la balance s’étant rompue

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CAUSES clam. ces nèvourrrcus , sa; salutte les états , les plus forts accablèrent plus fa-

cilement les faibles : IEnfin par la raifort , qu’à mefure que les états

le concentrèrent, les peuples dépouillés de leurslois , de leurs orages, 8L des gouvernement: quileur étoient propres , perdirent l’efprit de performa-

lite’ qui canfoit leur énergie. ;Et les defpotes , confidérant les empires comme

des domaines , 8: les r peuples comme des pro-priétés , le livrèrent aux déprédations 8L aux dérég

glement de l’autorité la plus arbitraire. ,Et tontes les forces 8L les richefiës des nations

furent détournées à des dépenfes particulières , i,

des fantaifies perfonnelles; 8L les rois, dans lesennuis de leur fatiété , fe livrèrent à tous les goûts

faé’tices 8L dépravés ; il leur fallut des jardinsfufpendus fur des voûtes , des fleuves élevés fur

des montagnes : ils changèrent des campagnes fer-tiles en parcs pour des fauves , creusèrent deslacs dans les terreins (ces, élevèrent des rocher!dans des lacs (o) , firent confiruite des palaisde marbre 8L de porphyre 5 voulurent des ameu-blemens d’or 8: de diamans : 8: des millionsde- bras furent employés à des travaux fiériles :

5: le luxe des princes imité par leurs parafites ,8: tranfmis de grade en grade iufqu’aux derniersrangs , devint une fource générale de corruption&. vd’appauvrifiëment. .

.Et , dans la foif infatiable des fouillâmes , les.

D s

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il; A CÙÀIPIT’ËEIXÎ.tributs ordinaires ne (affilant plus , ils Parent augàmantés; 8L le cultivateur voyant accroître (ilpeine fans indemnité perdit le courage 81’ lecommerçant (e voyant dépouillé ’, fe dégoûta de

(on indufirie ; 8l la multitude , condamnée a

demeurer pauvre , refireignit (on travail aufeul néceflàire , 8L toute aé’tivité ’produélive fut

anéantie. r I ILa fureharge rendant la poflèffion des terresonéreufes , l’humble propriétaire abandonna (on

champ , ou le vendit à l’humme ramifiant ; 8: lesfortunes le concentrèrent en un moindre nombrede mains. Et toutes les lois 8L les infirmions fa;vorifant cette accumulation , les nations le par;ragèrent entre un groupe d’oififs opulens , à unemultitude pauvre defrnèrcènaires. Lepeu’ple in-digent s’a’vilit; les grands rafiafiés le dépravèrent;

8L le nombre des .inté’refTés à la continuation del’état l, décroifiant, fa ’fOrce ’& (on e’xifieitce devin.

rent d’autant plus précaires. ’ IN .D’autre part, nul obier n’étant offert à l’é’tnug

lation", nullencourage’ment à l’infirué’tion , les ef-

prits tombèrent dans une ignorance profonde.Et l’admint’flration étant [écrête 8: myji’e’rieujë ,

il n’exif’ta aucun moyen de réforme ni d’amélio-

ration; les chefs ne régiflant que par la ,violenceGala fraude , les peuples’ne virent plus en euxqu’une faélion d’ennemis publics , 8L il n’y en!

plus aucune harmonie entre les gouvernés ’8t lesgout’ernans. I

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Causes entrent. pas amortis-toits , &c. 55Et tous ces vices ayant énervé les états de

l’Afie opulente , il arriva que les peuples vaga-bonds & pauvres des defrrts & des monts adja-cens , convoitèrent les fouillâmes des plaines fer-tiles ç 8L , par une cupidité commune, ayant ana.qué les empires policés , ils renversèrent les. trônes

des derpotes ; & ces révolutions Furent rapides 8:faciles , parce que la politique des tyrans avoitamolli les fujets, rafé les forterefiès , détruit lesguerriers g St parce que les fuiets accablés relioientfans intérètperfonncl , 8L les foldats mercenaires fans

courage.Et des hordes barbares ayant réduit des nations

entières à l’état d’cfclavage , il arriva que lesempires formés d’un peuple conquérant St d’un

peuple conquis ,- réunirent en leur fein deux-claireseflèntiellemeni oppoféeS’ 8th ennemies. Tous lesprincipes de la fociété furent difTuus : il n’y eut

plus ni intérètucommun , ni efprit public; 8C ils’établit.unevdrfiinélion de enflesôr de races, quiréduifit en fyflème régulier le maintien du: dé-iforcira au felon que l’on naquit d’un certain

fang l’on naquit ferf ou tyran , mendie du

propriétaire. i r ’ iEt les opprefièurs étant moins nombreux queles opprimés , il; fallut , pour foutenir ce» faui.équilibre ,’perfeélionner la jcience de l’opprçflîort.’ ’

L’art de gouverner ne fut plus que celui d’alibi

jétir au plus petit nombre le plus grand. POur

. D 4 .

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58 enserrais-XIVobtenir une obéifiance fi contrai-te à. l’infiinâ, ilfallut établir des peines plus févères; 8L la cruauté

des lois rendit les mœurs atroces. Et la dillinéliondes perfonnes établifiânt [dans l’état deux codes ,

deux indices , deux droits , le peuple , placéentre le penchant de fou cœur 8L le ferment defa bouche, eut deux confcieuces contradiéloires 38L les idées du jul’te 8L de l’injulie n’eurent plus de

bafe dans fort entendement.Sous un tel régime , les peuples témbèrent

dans le défefpoir 8L l’accablement. Et les accident

de la nature s’étant joints aux maux qui les drail-loient , éperdus de tant de calamités , ils en re-portèrent les caufes à des puiflânces fupérieures8L cachées 5 8L parce qu’ils avoient des tyrans fur

.la terre , ils en fupposèrent dans les cieux 58:. la fuperi’tition aggrava les malheurs des

nations. V4 Et il naquit des doélrines funcfies , des fyf-8èmes de religion atrabilaires 81 mirantropiques , lqui peignirent les dieux médians 8L envieux commeles defpotes. Et pour les appaifer , l’homme leuroffrit le facrifice de toutes fes jouifiânces t il s’en-

-vironna de privations , 8L renverfa leslois de la ’Nature. Prenant (es plaifirg pour des Crimes, lesfiufiances pour des expiations , il voulut aimer ladouleur , abjurer l’amour de fiai-même; il perfécuta

(es fens , détefia fa vie t 8L une moral: abnégative,8c antifocial: plongea les nations dans l’inertie dela mort.

-- ...A

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Causes étuis. ou RÉVOLU’I’IO!!! , etc. »57

Mais parce que la Nature prévoyante avoit douéle cœur de l’homme d’un efpoir inépuifable ,

voyant le bonheur iromper les defirs fur cetteterre , il le pourfuivit dans un autre monde .- par.une douce illufion , il le fit une autre patrie ,un ajfle , ou , loin des tyrans , il reprit les droitsde fou être; 8: de-là réfulta un nouveau défor-dre : épris d’un monde imaginaire , l’homme mé-

pril’a celui de la Nature : pour des efite’rances chi-

mériques , il négligea la re’alitd. Sa vie ne futplus à lès yeux qu’un voyage fatigant , qu’unlonge pe’nible ; (on corps , qu’une prifbn , obfiacle

à fa félicité 5.8: la terre , un lieu d’exil 8: depilerinage , qu’il ne daigna plus cultiver. Alors ,-une ogival firme s’établit dans le monde politique;les. campagnes le défertèrent, les friches le mul-

L tiplièrent , les empires le dépeuplèrent , les mo-numens furent négligés; 8L de toutes parts l’igno.t

rance , la fuperflition , le fanatifme joignantleurs efi’ets , multiplièrent les dévafiations 8L les

ruines. fi " .Ainfi agités par leurs zpropres pafiions , les;hommes en mailles ou en individus , toujoursavides 8c imprévoyant , palliait de l’efclavage à.la tyrannie, de l’orgueil a l’avilifl’etnent , de la

préfomption au découragement , ont eux-mêmesété les éternels infirumens de’leurs infortunes.-

Et voilà. par quels mobiles fimples 8L naturelsfut régi le fort des anciens états a voila par

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sa i CHAPITRE XI.”quelle férie de caufes 8L d’effets liés 8: confé-

quens , ils s’élevèrent ou s’abaifsèrent félon que

les lois phyfiqaesi du cœur humain y furent oh:ferrées ou enfreintes ; St dans le cours fuccefiifde leurs viciflitudes , cent peuples divers , centempires tour-àTtour abaiffés , puifians , conquis ,renverfés , en.ont répété pour la terre les infintruclives leçons... Et ces leçons aujourd’hui de-meurent perdues pour les générations qui ont fuc-cédé l Les défordres des temps palliés ont reparu

chez les races préfentes l les chefs des nationsont continué de marcher dansdes voies de mend-fonge 8x de tyrannie !- les peuples de s’égarer (landles. ténèbres desiuperflitions St de l’ignorance!

Hé bien , aiouta .le Génie en le recueillant ,ppuifque l’expériencedes races palliées relie suie-Î

velie pour les races vivantes , ’puif’que les fautes

des aïeux n’ont pas encore infiruit leurs defcen-

dans , les exemples anciens vont reparoitrc : laterre va voir le renouveler les foènes. impofantesdes temps oubliés. De nouvelles révolutions vontagiter les peuples 8L les empires. Des trônes pirif-fans vont être de nouveaunrenverfés ,, 81 des ca-

tafirophes terribles- -rappelleront aux hommes que,ce n’efi point-en vain qu’ils enfreignent les loisde la Nature 8L les préceptes de la fagefi’eêt de la;

vérité. .

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Lzçéus. pas TEMPS brasés ,’ ère. 59

æ:::-m-:mbCHAPITRE XII.Leçons des temps pafis , repérées jar les temps

prefins.

AINSI parla le Génie : frappé de la jufiefi’e dt

de la cohérence de tout (on difcours 5 aiiàillid’une mule d’idées , qui , en choquant mes ha-

bitudes , captivoient cependant ma raifon , jedemeurai abforbé dans un profond filence. Mfistandis que , d’un air trille 8L rêveur , je tenois lesyeux fixés fur l’Afie , (andain , du côté du nord ,

aux rives de la Mer-Noire , 8c dans les champsde la Krime’e , des tourbillons de fumée 81 deflammes attirèrent mon attention : ils (ambloients’élever à la fois de toutes les parties de la prefl-qu’ifle : puis , ayant pallié par l’lfihme dans lecontinent , ils coururent comme chafiés d’un ventd’ouell, le long du lac fangeux d’Azof , 8: fu-rent le perdre dans les plaines herbageufes du«Kouban; ’81 Confidérant de plus près la marchede ces tourbillons , je m’appercus qu’ils étoientprécédés ou fuivis de pelotons d’êtres mouvans ,

qui -, tels que des fourmis ou des fauterelles trou-blées par le p’ied’d’un pafi’ant , s’agitoient avec

vivacité z quelquefois ces pelotons remblaient mar-

cher les uns vers les autres , 8L le heurter; puis,après le choc , il en relioit plufieurs fans mon.

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6° CHAPITRE x11;veinent... Et tandis qu’inquîet de tout ce fpeâu

cle , je m’eforçois de difiinguer les objets : --Vois-tu , me dit le Génie, ces feux qui courentfur la terre, 8: comprends-tu. leurs efl’ets & leur;calures P- O Génie l répondis-je , je vois descolonnes de flammes 8: de fumée , k comme desinfeâes qui les accompagnent ; mais quand déjàje faifis à peine les maffes des villes 8: des mo-numens , comment pourrois-je difcerner de fipetites créatures .7 Seulement , on diroit que cesiieéfes fimulent des combats , car ils vont,viennent , fe choquent, le pourfuivent. - Ils neles fimulent pas , dit le Génie , ils les réalifentÇ

-Et quels (ont , repris-je , ces animalcules in-fenfe’s qui fe détruifent P ne périront-ils pas allez-

tôt , eux qui ne vivent qu’un jour P . . . . ..Alors le Génie me touchant encore une fois lavue 8L l’ouie : vois , me dit-il , 8: entends. .... Auflip

tôt, dirigeant mes yeux fur les mêmes objets :ah ! malheureux , m’écriai-je faifi de douleur , cescolonnes de feux ! ces infeëtes l ô Génie ! ce (ont

les hommes, ce font les ravages de la guerre l. .. 4Ils partent des villes & des hameaux , ces torrentde flammes lJe vois les cavaliers qui les allument,8s qui, le fabre à la main , fe répandent dansles campagnes ; devant eux fuient des troupes Aéperdues d’enfans , de femmes , de vieillards -:j’apperçois d’autres cavaliers qui , la lance fur

l’épaule , les accompagnentuôn les guident. Je

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Leçons ne: trams PASSÉS , ace; 6!recourrois même à leurs chevaux en une , Heu:

Kalpalts , a leur rouf: de cheveux , que cefont des Tartares ,- & fans doute ceux qui lespourfuivent , coëfl’és du chapeau triangulaire 8c

vêtus d’uniformes verts , font des Mofcovites......

Ah l je le comprends , la guerre vient de le ral-lumer entre l’empire des Tjàrs 8L celui des Sul-tans. a Non , pas encore , répliqua le Génie. Ce9 n’efi qu’un préliminaire. Ces Tartares ont été

a 81. feroient encore des voifins incommodes ; onr s’en débarraflè : leur pays efi d’une grande

s convenance; on s’en arrondit; 8: , pour pré-! Inde d’une autre révolution, le trône des Camuss efl détruit. »

Et en efl’et , je vis les étendards mires flotterI fur la Ktimée ; 8: leur pavillon fe déploya bientôt

fur l’Euxin.

Cependant , aux cris des Tartares fugitifs , l’eut.pire des mufulmans s’émut. « On chaflè nos frè.

res , s’écrièrent les enfant de Mahomet : on

outrage le peuple du prophète l des infidèlesoccupent une terre confacrée (q), 8! profanentles temples de l’Iflamifme. Armons-nous , cou.

tous aux combats pour venger la gloire de Dieu8: norre pr0pre caufe. »Et un mouvement général de guerre s’établit

dans les deux empires. De toutes parts on allem-bla des hommes armés , des provifions ,, de.munitions 5 8L tout l’appareil meurtrier des com- p

nouveau

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6: CHAPITRE XII.bats fut déployé; & chez les deux nations , le!temples afiiégés d’un peuple immenfe , m’offrirent

un fpeélacle qui fixa mon attention. D’un Côté,les Mufulmans , aficmblés devant leurs mofquées ,

fe lavoient les mains , les pieds , le tailloient lesongles , (e peignoient la barbe ; puis étendant parterre des tapis , 8L Te tournant vers le midi, les,bras tantôt ouverts & tantôt croifés, ils faifoientdes génuflexions 8L des proflrations; 81 dans-lefouvenir des revers effrayés pendant leur dernièreguerre, ils s’écrioient: 6 Dieu clément, Dieuv miféricordieux! as-tu donc abandonné ton peuplea» fidèle ? Toi qui as promis au Prophète l’empire

a) des nations St fignalé la religion par tant dea» triomphes comment livres-tu les vrais croyansa) aux armes des infidèles P » Et les [mans & lesSantons difoient au peuple : a C’eii le châtimentà? de vos péchés. Vous mangez du porc , vousa? buvez du sin ; vous touchez les choies im-» mondes : Dieu vous a punis. Faites pénitence ,si purifiez-vous; dites la profèflîon de foi (*);st jeûnez de l’aurore au coucher; donnez la dimeÏ’

s) de vos biens aux mofquées ; allez à la Mecque ,a; & Dieu vous rendra la viéloire. » Et le peuple.reprenant courage , jetoit de grands cris: il n’y aqu’un Dieu , dit-il, faifi de fureur , dz Mahometei’t (on prophète; anathème à quiconque ne croit

pas !.a..0*) Il n’y a qu’un Dieu, & Mahomet efi ion prophète.

-m-m-c.- -. .

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Leçons pas TEMPS PASSÉ: , ôte; 68

n Dieu de bonté l accorde-nous d’exterminer

à ces chrétiens : c’efl pour ta gloire que nousa combattons, & notre mort ei’t un martyre pour9 ton nom. » -- Et alors , offrant des viélimes , ilsTe préparèrent aux combats.

D’autre part , les Buffet , à genoux , s’é-crioient t s Rendons graces à Dieu , & célébrons

fa puiflance; il a fortifié none bras pour hu-milier (es ennemis. Dieu bienfizillznt , exaucenos prières : pour te plaire , nous paffirons,trois jours fans manger ni viande ni œufs.Accorde-nous d’exterminer ces Mahométansim-

pies,- & de renverfer leur empire ; nous sedonnerons la dîme des dépouilles, 8L noust’éleverons de nouveaux temples. s) Et les

prêtres remplirent les églifes d’un nuage de fu-

mée , 8L dirent au peuple : « Nous prions pours vous ; 8: Dieu agrée notre encens 81 bénit vos9 armes. Continuez de jeûner 8L de combattre 5à?

s

UÜVUUQ’V

dites-nous vos fautes feerètes , donnez vos biensà l’églife : nous vous abroutirons de vos pé-

9 cités; 8c vous mourrez en état de grace. v Etils jetoient de l’eau fur le peuple , lui dii’tribuoient

de petits os’de morts pour fervir d’amulettes 8L

de talifmans ; 8: le peuple ne refpiroit que guerre8L combats.

Frappé de Ce tableau contrafiant des même!pallions , 8c m’afliigeant de leurs fuites funel’tes ,

je méditois fur la difficulté qu’il y avoit pour le

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64 CHAPITRE XII.juge commun d’accorder des demandes fi con-itraites, lorfque le Génie, faifi d’un mouvementde colère , s’écria avecvéhémence :

s)

sapsss,

s2s

sià?

sa»

ssa

sa9asa

»

asi

a Quels accens de démence frappent monoreille P quel délire aveugle et pervers troublel’efprit des nations P Prières factilégos retombez

fur la terre l St vous , Cieux , repoufl’ez desvœux homicides, des sciions de graces impieslMorte-la infenfe’s l efi-ce donc ainli que vousrévérez la Divinité i Dites : comment celui que

vous appelez votre père commun , doit-il re-cevoir l’hommage de les enfans qui s’égorgentî

Vainqueurs l de quel œil doit-il voir vos brasfirmans du fang qu’il a créé? Et vous , vain-cus l qu’efpérez-vous de ces gémiflëmens inu-

tiles P Dieu a-t.il donc le cœur d’un mortel 5pour avoir des pallions changeantes P Efl-il ,comme vous , agité par la vengeance ou lacompafiion, par la fureur ou le repentir P 0quelles idées baffes ils ont conçues du plusélevé des êtres ! A les entendre ,t il fembleroit

que , bizarre 8c capricieux , Dieu le fâcheou s’appaile comme un homme ; que tonna-tour il aime ou il hait ; qu’il bat ou qu’il careflë s

que , foible ou méchant , il couve fa haine ;que , contradiéloire, a perfide , il tend despiéges pour y faire tomber ; qu’il punit lemal qu’il permet ; qu’il prévoit le crime fans

l’empêcher 5 que , juge partial , on le corrompspar i

4

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.’

LEçons pas TEMPS passés , &c. * 65

s) par des offrandes; que ,. deprte imprudent ,» il fait des lois qu’enfuite il révoque 5 que ,» tyran farouche , il ôte,ou* donne (es gracess fans raifon , 8L ne fe fléchit qu’à force de.5) baffefiès. . . Ah l c’el’c maintenant que j’ai re-L

» connu le menfonge de l’homme l En voyant;» le tableau qu’il a tracé de la Divinité , je» me fuis dit : Non , non , ce n’el’c point Dieu

qui a fizit l’homme à [on image ; c’efl l’homme

qui a figuré Dieu fur la fleurie ; il lui adonnéfon efprit , l’a revêtu de. fes penchans , luia prêté les jugement...’.,Et lorfqu’en ce mé-lange il s’ei’t furpris contradiéloire à l’es propres

principes ,iaEeQant une humilité hypocrite , ila taxé. d’impuiifance fa railon , 8: nommémyjt’ères de Dieu , les abfurdités de fort eu-

tendement. o hIl a dit : Dieu efl immuable ; 8L il lui a admirédes vœux pour le changer. Il l’a dit lncompre’hen-V

fible , , 81 il l’a fans’celfe interprété.

Il s’ei’t élevé fur la terre des impofleurs qui fe

(ont dits confiden: de Dieu , 8L qui , s’érigeanten doéleurs des peuples , ont ouvert des voies demenfonge 8: d’iniquité : ils ont attaché des mérites

aides pratiques indifférentes ou ridicules; ils ontérigés en vertu de prendre certaines paliures , deprononcer certaines paroles , d’articuler de certainsnoms; ils ont transformé en délit de manger decertaines viandes , de boire certaines liqueurs à

.E

VQUVV6338

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66 CHAPITRE XII.l

tels jours plutôt qu’à’ltels autres. C’ef’t le Juif qui

mourroit plutôt que de travailler un jour de flibat;c’efi le Perle qui fe lameroit fuffoquer avant dejoufler le feu de fon haleine ; c’en l’Indien quiplace la fuprême perfeélion a fe frotter de fientede vache , 8: à prononcer myfiérieufement Aâm (r) ;

c’efi le Mufulman qui croit avoir tout réparé en

fe lavant la tête 8c les bras , 8L qui difpute , lefaire à la main , s’il faut commencer par le and:ou par le bout des doigts (s); c’ef’t le Chrétien qui

fi: croiroit’damné s’il mangeoit de la graiffe au

lieu de lait ou de beurre. O doëirines fublimes 8cvraiment célel’tes l ô morales parfaites 8L dignes

du martyre 8: de l’apofiolat l Je pallierai les mers

pour enfeigner ces lois admirables aux peuplesfauvages , aux nations reculées 5ije leur dirai:« Enfans de la Nature .’ jujigu’à quand marcherez-

» vous dans les [entiers de l’ignorance P jufqu’à

as quand méconnoîtrez-vous les vrais principes de

la morale 8L de la religion P Venez-en chercherles leçons chez des. peuples pieux 8: favans ,dans des pays Vcivilifés g ils vous apprendrontcomment, pour plaire à Dieu , il faut , encertain mois de l’année , languir delfoif8t de

faim tour le jour 5 comment on peut verfer lefang de fôn prochain , 8: s’en purifier en faifant

une profefiion de foi 8: une ablution métho-dique; comment on peut lui dérober (on bien ,S: s’en abfoudre en le partageant avec certainshommes qui fe vouent à le dévdrcr. à).

secousses"

z!

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w- .7..-» a -e

Leçons pas TEMPS lusses , au. 67« Pouvoir jàuveraîn 5e caché de l’Univer: .’

a» moteur triiyie’rieux de la Nature .’ ame univetfelle

a. des être: .’ toi que , fous tant de noms divers ,» les mortels ignorentlën révèrent ; [être imam;» préhenfible, infini ,- DIEU qui, dans l’immenfitë

» des cieux , diriges la marche des mondes; 8cpeuples les abymes de l’efpace , de millions

» de foleils entamés : dis , que parement à te:yeux ces infeéles humains que déjà me vueperd fur la terre ! Quànd tu t’occupes à guider

les aflres dans leurs orbites, que font pour toiles vermifièaux qui s’agitent fur la poufièré?Qu’importe à torr immenfité leurs diftinéiione

de partis, de (cèles P Et que te font les fubti-lités dont (e tourmente leur folie? si

Et vous , hommes crédules , montrez-moil’efficacité de vos pratiques l Depuis tante de fiècles

que vous les fuivcz ou les altérez, qu’ont changé

vos recettes aux lois de la Nature P Le foleil ena-t-il plus lui? Le cours des raiforts ef’t-il autre ?La terre en el’t-elle plus féconde , les peuplesfont-ils plus heureux P Si Dieu ei’t bon ,, comment[e plaît-il à vos pénitences P S’il ei’t infini, qu’a-

Û

ÜVÛUVVV

I joutent vos hommages à. (a gloire P Si fes décretsont tout prévu, vos prières en changent-ellesl’ar-têt ? Répondez , hommes inconfe’quens!

Vous , vainqueurs , qui dites fervir Dieu ,.a-t-iî donc bel-oins de votre aide P s’il veut punir,n’a-t-il pas en main les tremblement. , les volcans

. E a

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’68 CHAtâI’TnEX’II.

la foudre P 8: le Dieu clément ne fait-il corriger

qu’en exterminant P l ’Vous, Mufulmans ,V fi Dieu vous châtie .pour’

,le viol des cinq préceptes ,’ comment élève-t-il

les Francs qui s’en rientPSi c’efi par .le qoranqu’il régit la terre, fur quels principes jugea-t-il

. lesitlations avant le Prophète , tant de peuple!qui buvoient du vin , mangeoient du porc , n’al-loient point à la Mecque, à qui cependant fut. donnéd’élever des empires puiffans PComment jugea-nilles Sabe’ens de Ninive 8l de Babylone ; le ’Perjè ,

adorateur du feu ; le Grec , le Romain , idolâtres;les anciens royaumes du Nil , 8L vos propres aïeuxArabes 8: Tartares .5 Comment juge-"Li! encoremaintenant tant de nations qui méconnoiflënt ouignorentivotre culte , les noinbreufes caf’tes desIndiens , le vaf’te empire du Chinois, les noirestribus de l’Afrique , les infulaires de l’Océan , les

peuplades de l’Amérique P IHommes préfomptueux 81 ignorans, qui vous.

arrogez à vous feuls la terre l fi Dieu rail-em-bloit à la fois toutes les générations pafTées 8:préfentes , que lieroient dans leur océan ces (côtes

rondirait: univerfelles du Chrétien sa du Mural.man P Quels feroient les iugemens de (a jufiiceégale 8E commune fur l’univerfalité réelle des

humains P C’efl la que votre efprit s’égare enfyl’têmes incohérens 5 St c’efl la que la vérité

brille avec évidence; c’ei’tvlà que (e manifel’tent

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Leçons pas TEMPS PASSËS, etc. ’ 69

les lois puifi’antes 8c fimples, de la Nature et dela raifon : lois d’un moteur commun ,ge’ne’ml ; d’un l

’Dieu’ impartial 8: inde , qui, pour pleuvoir fur

un pays , ne demande point quel efl fou pro-phète ; qui fait. luire également (on foleil fur

. tontes les races deshommesJur le blanc commefur le noir fur le Juif, fur le Mufulman , furle Chrétien 8: fur l’Idolâtre; qui fait profpérer

les maillons la où des mains foigneufes’les culti.vent; qui multiplie toute nation chez qui règnentl’induflrie & l’ordre 5 qui fait profpérer tout em- -

pire ou la indice efl pratiquée , où l’hommepuif-faut efi lié par les lois , ou le pauvre efl protégépar elles , où le faiblexvit en fureté , oùchacunenfin inuit des droits qu’il tient de. la Nature. 5;d’un contrat dreflè’ avec équité. k ,î Voilà. par quels principes font ingés les peu

ples l voila la vraie religion qui régit le fort desempires, 8: qui, de vous-mêmes Ottomans ,- n’acefïé de faire la dei’tinée l Interrogez vos ancêo’

tres , demandez»leur par quels moyens ils clef”vèrent leur fortune , alors qu’idolâtres ,t peu-nombreux 8: pauvres, Cils vinrent des défens Tarn.

q tares camper. dans ces riches contrées; demandezfi ce fut par l’iflamifme , inique-là méconnu par .

eux , qu’ils vainquirent les Grecs , les Arabes;ou fi ce fut par le courage , la prudence , lamodération , l’efprit d’union, vraies piriformes de

l’état fiveial. Alors le-Sultan lui-même rendoit, la,

. ’ E 3

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75 enterrez X11.”l jufiîce ê: veilloit à la dil’çipline ; alors étoient. punis

le juge prévaricateur, le gouverneur concuflion-flaire ; 8c la mtgtitude vivoit dans l’enfance: lecultivateur étoit garanti des rapines du ianiflàire ,8L les campagnes profpéroient; les routes publi-ques étoient affurées; 8L le commerce répandoitl’abondance. Vous étiez des brigands ligués ;mais

entre vous , vous étiez juflés”: vous fubjuguiez les

peuples; mais vous ne les opprimiez pas. Veaéspar lettrs princes , ils préféroient d’être vos tribu-

laites. Que m’importe, difoit le Chrétien , quemon. maître aime ou brife les images , pourvu qu’il

me rende juflice i Dieu jugera fa dofirine. aux;cieux; Vous étiez fobres 8L endurcis; vos ennemisétoient- énervés 8L lâches : vous étiez lavans dans

l’art des combats; vos ennemis en avoient perdules principes i vos chefs étoient expérimentés 5Vos foldats aguerris ,- dociles : le butin excitoit l’ar-a.(leur; la bravoure étoit récompenfée ; la lâcheté,

Pindifcipline punies ; à tous les relioit-s du cœurhumain étoient en". aâivité : ainfi vous vainquîtes

cent nations 5 8: d’une foule de royaumes Conquis ,-vnus fondâtesun immenfe empire.

Mais d’autres mœurs ont fuccédé , 8L , dans

les revers qui les accompagnent , ce font encoreles lois de la nature qui agifl’ent. Après avoir dé-

voré vos ennemis , votre cupidité, toujours allu-mée , a réagi fur fou propre foyer , 8: ,"con-centrée dans votre fein , elle vous a dévorés

.,-- 4

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leçons pas murs tusses, tu: 7»:-vous-mêmes. Devenus riches ., vous vous êtes.divirés pour le partagelôt la iouiflànce g 5L le»détordre s’el’t introduit dans toutes les dalles devous fociété. Le sultan , «enivré de la grandeur .,

a méconnu l’objet de les ronflions g, 8: tous lesvices du pouvoir arbitraire le (ont développât,Ne rencontrant jamais d’obl’racles a (es goûts , il

el’t devenu un être dépravé; homme foible 8c

orgueilleux , il a repoufi’é de lui le peuple , 8cla voix du. peuple ne l’a plus, infituit 8L guidé.Ignorant, 8; pourtant flatté , il a négligé touteinflruéiion , toute étude , 8L il el’t tombé dansl’incapacité : devenu inepte aux affaires , il en ajeté le fardeau fur’des mercenaires , 8c les mer-cenaires l’ont trompé. Pour fatisfaire leurs proprespallions , ils ont fiimulé , étendu les fiennes ; ilsont agrandi les befoins , 8L (on luxe énorme atout ponfumé; il ne lui a plus fufli de la tablefrugale , des vêtemens modelies ; de l’habitationfimple de feta aïeux ; pour fatisfaire, a fou fafie ,il a fallu épuifer la mer 8L la terre; faire venirdu pôle les plus rares fourrures g de. l’équateur,les plus chersltiffus ; il a dévoré , dans un mets,l’impôt d’une ville; dans l’entretien d’un jour,

le revenu d’une province. Il s’el’t invclli d’une

armée de femmes , d’eunuques , de (mellites. Ou

lui a dit que la vertu des rois étoit la libéralité;la magnificence 8L les tréfors des peuples ont étélivrés auxv’mains des adulateurs r à l’imitation du

Es-i

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72. jet-tsrtrnttXlI.’maître , les efclaves ont aufli voulu avoir des mai- .fous fuperbes , des meubles d’un travail exquis ,des tapis brodés à grands frais , des vafes’ d’or

8: d’argent pour les plus vils ufages , 8: toutesles richefiès de l’empire fe font englouties dans le

Je’raî. ’ . " , ïPour fuflire à ce luxe effréné , les efclaves 8:les femmes ont vendu leur crédit 5 8: la vénalitéa introduit une dépravation générale : ils ont vendu-

la faveur fuprême au vifir 5 8: le vifira vendul’empire. Ils ont vendu la loi au cadi; 8: le cadia vendu la indice. Ils ont vendu au» prêtre l’au-tel 5’ 8: le prêtre a vendu les cieux 5 8: l’or con-duilant à tout , l’on a tout fait pour obtenir l’or:pour l’or , l’ami a trahi fort ami 5 l’enfant , fou

père 5 le ferviteur V, (on maître5 la femme , (onhonneur 5 le. marchand , fa confeience 5 8: il n’y ’

*a plus en dans l’état ni bonne foi , Ï’ ni mœurs ,

ni concorde , ni force. iI Et le pacha, qui a payé le gouvernement defa province , en a fait une ferme, 8: y’a exercétoute concuflion; A (on tour , il a vendu la per-ception des impôts , le commandement des trou-pes ,’ l’adminif’tratiOn des villages; 8: comme tout

emploi a été ptiflîtger *, la rapine , répandue degrade en grade, aiété hâtive 8: précipitée. Le

douanier a’ranconné le marchand , 8: le négoces’efi anéanti 5 l’aga a dépouillé le cultivateur , 8:

l la culture s’efl amoindrie. Dépourvu d’avances ,

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LEÇONS DES rams PAssÉs , 8:c; 73le laboureur n’a pu enfemencer (l’impôt cil litr-venu5 il n’a pu payer; on l’a menacé du bâton ,-

il a emprunié 5 le numéraire , faute de sûreté ,s’ei’t trouvé caché a l’intérêt a été énorme , 8: l’ufure

du riche a aggravé la misère de l’ouvrier.

Et des vaccidens de faifon , des féchereflès execelfives ayant fait avorter les récoltes , le gouver-nement n’a fait pour l’impôt ni délai ni grace :8: la détrefiès’appefantifl’ant’fur un village , une

partie de fes habitans la fui dans. les villes , 8:leur charge , reverfée ’fur ceux qui Ont demeuré,a. confommé leur ruine , 8: le pays s’el’t dépeuplé.

Et il el’t arrivé que , pouflés à bout par la ty-

rannie 8: l’outrage , des villages le font révoltés ,8: le pacha s’en el’t réjoui :’ il leur a fait la guerre;

il a pris d’affaut leurs matirons , pillé leurs meubles,

enlevé leurs animaux; 8: quand la terre a de," meuré déferre , que m’importe , a-t-ildit’? je’m’rn

rai: demain.’

Et la terre manquant. de bras, les eaux du cielou des torreits débordés ont féjourné en maréca-

ges5.8: , fous ce climat chaud, leurs exhalaifons pu-trides ont caufé des épidémies , des pefies,’des ma-

ladies de tontes efpèces : 8: il s’en el’t fuivi un fur-

etoit de dépopulation, de pénurie 8: de ruine.O qui dénombrera tous les maux de ce régime

tyrannique! - ’Tantôt les pachas fe font la guerre, 8:, pourleurs querelles perfonnelles , les provinces d’un état.

t

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I

74’- CHAPITRE x11:identique. (ont déval’te’es. Tantôt,. redoutant. leur!

maîtres, ils tendent a l’indépendance, 8: attirent

fur leurs fuiets les châtimens de leur révolte. Tau-tôt, redoutant ces fuiets, ils appellent 8: fondoientdes étrangers, 8: , pour le les Aaffider5ils leur péri.mettent tout brigandage. En un lien, ils inten-tent un procès à un homme riche, 8: le dépouillalent fur un faux prétexte 5 en un autre, ils apofient

I de-faux témoins, 8: impotent une contribution pourun délit imaginaire : par-tout, ils excitent les hainesdes feéles , provoquent. leurs délations pour en re-

tirer des avanies; extorquent les biens , frappentles perfonnes; 8: quand leur avarice imprudente aentaillé en un monceau toutes les richefiës d’un pays,

le gouvernement, par une perfidie exécrable,feignant de venger le peuple opprimé, attirelui fa dépouille dans celle du coupable , 8: verreinutilement, le fang pour un crime dont il cil;

complice. g IO (célératsl monarques ou minil’tres , qui vous

jouez de la vie 8: des biens des peuples! cil-ce .vous qui avez donné le faufile à l’homme , pour lelui ôter? El’t-çe vous qui faites naître les produits

de la terre, pour les diffiperP Fatiguez-veus à.fillonner le champ? endurez-vous l’ardeur du fo-leil 8: le tourment de la foif, à couper la maillon,à battre la gerbe? Veillez-vous à la rofée noé’turne

comme le pafieur P Traverfez-vons les défens commele marchand? Ah! en voyant la cruauté 8: l’or-

4-41:

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Lnçotts des rams rassis, etc: 75gueil des puiliàn’s,j’ai été tranfponé d’indignation,

8: j’ai dit ,’dans ma colère: Eh quoi! il ne s’éle-

vera pas fur la terre des hommes qui vengent lespeuples 8: puniliënt les tyrans! Un petit nombrede brigands dévore la multitude; 8: la multitudefe laide dévorer! O peuples avilis! connoiflèzxvosdroits l Toute autorite’ vient de vous : toute puifanœ,

99 la votre. Vainement les rois vous commandent,de par Dieu 8:;de par leur lance ,- foldats , reliezimmobiles: puifque Dieu flautient le Sultan , votrerecours el’t inutile 5 puifque (on épée lui fufl’it , il

n’a pas befoin de la vôtre : voyons ce qu’il peutpar lui-même..." Les ,foldats ont baillé les armes 58: voilà les maîtres du monde faibles comme les der-

niers de leurs fujets.’ Peuples! fachez donc queceux qui vous gouvernent font vos chefs 8: non pasvos maîtres; vos pre’pofes , 8: non vos propriétaires ;

qu’ils n’ont d’autoritéfiir vous que par vous 8: pour.

votre avantage; que vos richefiès font à vous , 8:qu’ils vous en font comptables; que rois ou fujets ,Dieu a fait tous les hommes égaux , 8: que nul vdes mortels n’a droit d’opprimer fan femblable.

Mais cette-nation 8: fes chefs ont méconnu cesvérités faintes.......... Eh bien! ils fubiront les confié.

’ quences de leur aveuglement... L’arrêt en cil porté;

le jour approche où ce coloKe de puiflànce briféécroulera fous fa propre malle : oui, j’en jure parles ruines de tant d’empires détruits .’ l’empire du Croij-

fimt fubira le fort des états dont il a imité le ré-

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76 SCHArn-nz X.gime. Un peuple étranger chauffera les fultans deleur métropole 5 le trône d’Orlzhan fera renverfe ; le

dernier rejeton de fil race fera retranche , 8L la bordeldes Oguzians (t), privée de chef, (e difperferacomme celle des Nogais: dans cette djflblution ,les peuples de l’empire , déliés du joug qui les raf-

fembloit , reprendront leurs anciennes dil’tinâions, p8L une anarchie générale .furviendra comme il efiarrivé dans l’empire des Saphir (u) , iufqu’à ce qu’il

à’élève chez l’Arabe, l’Arménien ou le Grec , des

légiflateurc qui recompofent de nouveaux états....;Oh! s’il le trouvoit fur la terre des hommes pro-fonds 6L hardis! quels élémens de grandeur & degloire l.... Mais déjà l’heure du defiin fonne. Le cri

de la guerre frappe mon oreille , 8L la cataflropheva. commencer. Vainément le fultan oppofe (es ar-mées ; fes guerriers ignorans (ont battus , difperfés :

vainement il appelle (es juins,- les cœurs font gla-cés; les fuiets répondent: cela efi écrit; 8L qu’im-

porte qui joit notre maître .’ nous ne pouvons perdre

à changer. Vainement les vrais croyans invoquentles Cieux 8L le Prophète: le Prophète efl mort;8L les Cieux , fans pitié, répondent: « Cellèz de

» nous invoquer: vous avez fait vos maux: gué-» riflez-les vous-mêmes. La Nature a établi des» lois; c’el’t à vous de les pratiquer: obfervez ,» raifonnez , profitez de l’expérience. C’efl’ la folie

» de l’homme qui le perd g c’efl à (a fageflë de le

u’fauver. Les peuples (Ont ignorant; qu’ils s’inf-

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Leçon: pas TEMPS PASSÉS , abc." 77

9 truifent; leurs chefs (ont pervers; qu’ils (e corri-» gent & s’améliorent, car tel cil l’arrêt de la

» Nature: » puifque les maux des ferlâtes .vlennentde la cupidite’Ô’ de l’ignorance, les hommes-ne refile;

rom pas, d’être tourlnente’s qu’ils ne foiént éclaires 8c

figes , qu’ils ne pratiquent l’art de la ju ire, fondé

fur la connoiflànce de leurs rapports; &t des lois de

leur organifation

(*) Il y avoit en I788 un phénomène moral bien fingulier enEurope. Un grand peuple , jaloux de la liberté , s’était épris de

paflion pour un peuple qui en et! l’ennemi ; un peuple ami desarts pour un peuple qui les dételle; un peuple tolérant de douxpour un peuple perfécuteur à: fanatique; un peuple fociable 8egai pour un peuple [ombre 8: harlÏeur; en’un mot, les Françoiss’étoienr épris de pafiion pour les Turcs: ils vouloient s’engage

dans une guerre pour eux , 8L cela à. la veille d’une révolution déjà

entamée. Un homme qui en voyoit le cours , icrivit pour les détournerde la gante; ilsidirent qu’il étoit pitye’ par le gouvernement qui

devoit la vouloir, à: qui fut fur le point de l’enfermer. Un autreécrivit. pour la confeiller: il fut applaudi; de l’on crut fur (a.parole auxfciences , à la politefl’e 8: à la puijfance de: Turcs. il eft

Vrai que lui-même y croyoit, parce qu’il avoit trouvé chez eux:des tireuts’d’horqfcope. 8L des ulchimifles, qui l’ont ruiné; comme

- il a’trouvé à. Paris des muninUles qui l’ont fait louper avec Sé-

fofiris , 8L des magnëtyetirs qui l’ont tué. Cela n’a pas empêché

que les Turcs n’aient été battus par les Rufiès; 8e l’homme qui

prédit alors la chiite de leur Empire. perfifie à la. prophètilerall en

réfultera un changement complet de fyflême politique fur laMéditerranée; Mais fi les François deviennent confe’quens en deve-

nant libres, 8: s’il: ufent bien des circonflances, ce changementfera tout entier à leur avantage; car, par une heureufe fatalité.le véritable intérêt et! toujours d’accord avec la faine morale.

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78 CHAPITRE XIII.S-Ë-âmlgm’CHAPITRE XII’I.

L’efiaèce humaine s’améliorera-belle 3

ACE: mots , opprefl’é du fentiment douloureuxl dont m’accabla leur févérité : Malheur aux na.

rions, m’écriai-je en fondant en larmes! malheurà moi-même ! a Ah l c’ef’c maintenant que j’ai» défefpéré du bonheur de l’hommelPuîfque (et

»t maux procèdent de (on cœur , puifque luia» (cul peut y porter remède , malheur à jamais» à (on exifience l Qui pourra , en effet , mettre» un frein à la cupidité du fort 8L du paillant P

Qui pourra éclairer l’ignorance du foible ? Qui

infiruira la multitude de (es droits , & forcerales chefs de remplir leurs devoirs? Ainli , larace des hommes el’t pour toujours dévouée àla foufirance l Ainfi , l’individu’ne ceflèra d’op.

primer l’individu , une nation d’attaquer. uneautre nation; 8c jamais il ne renaîtra pour’cescontréesdes jours de profpérité , de gloire.Hélas l des conquérans viendront ; ils challe-

place 5 mais , ’fuecédant à leur pouvoir , ils

USUVGVVVVzVU

lichangé de tyrans fans changer de tyrannie. »Alors, me tournant vers le Génie: 0’ Génie!

lui dis-je , le défefpoir el’t defcendu dans mon

tout les opprellëurs , 8L s’établiront à leur”

fucce’deront à leur rapacité , 8: la terre aura. I

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Vuiuzvveuzeeeveezeu

L’nsrèce HUMAINE, (se, 79ante : en connoillânt la nature de. l’homme , lapetverfité de ceux qui gouvernent , l’avilffl’ementde ceux qui (ont gouvernés ,’ m’ont dégoûté de

la vie. Et quand il n’ef’t de choix que .d’être ’

complice ou victime de l’Oppreflion, que relie-nilà l’homme Vertueux ,. que de joindre (a cendre à.

celle des tombeaux l -Et le Génie ,V gardant le filence , me fixa d’un t .

regard révère , mêlé de compaflion; 8L , après

quelques inflans , il reprit : « Ainfi , C’en; à.à) mourir que la vertu réfide l L’homme pervers .

el’t infatigable à confommer le crime ; &-l’homme jul’te le rebute au premier obflacle à

faire le bien. l .. . Mais tel ell le coeur humain:un fuccès l’enivre de confiance ; un revers l’abat

8L le confierne: toujours entier à la fenfationdu moment ,iil ne juge point des choies parleur nature , mais par l’élan de (a pallium...Homme qui défel’pères du genre humain , fur

i quel calcul profond de faits 8L de raifonnemensas-tu établi ta fentence ? As-tu fermé l’orga-. l

«nifation de l’être fenfible , pour déterminer avec

précifion fi les mobiles qui le portent aubonheur font efl’entiellement plus faibles queceux qui l’en repoufent P Ou bien , embraf-faut d’un coup-d’œil l’hifloire de l’efpèce ,I&

jugeant du futur par l’exemple du pané , as-tuconfiaté que tout progrès lui cil impofiible?Réponds : depuis leur origine , les fociétés

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l

Cnrprrni: ’XIII.n’ont-elles fait aucun pas vers l’infiruéiion GÊ

000

dans les forêts , manquant de tout, ignorans ,’

féroces , fiupides ? Les nations font-elles encoretoutes ai ces temps où a, fur le globe , l’oeilne voyoit que des brigands brutesfiou des brute!el’claves P Si, dans un temps , dans un lieusdes individus (ont devenus meilleurs , pour-quoi la malle ne s’amélioreroit-elle pas PSides

» fociétés partielles le [ont perfeélionnées , pour-

383333!!!

i ’ A» quoi ne fe perfeélionneroit pas la, (aciéré gé- ’

s) nérale P 8L fi les premiers obf’tacles font fran-

» chis , pourquoi les autres feroient-ils infar-

» montables P» t rVoudrois-tu penfer que l’efpèce va fe Idétério- V

rant PGarde-toi de l’illufion 8:. des paradoxes dumifantrope: l’homme mécontent du préfet" l’op-

pofe au paillé une perfeélion menfougère , quin’ef’t que le mafque de (on chagrin. ll-loue les

» mens en haine des vivans , 8L bat les enfans avecles oflèmens de leurs pères. A i v

Pour démontrer une prétendue perfeélion gré. I

trograde, il faudroit démentir le témoignage des.faits 8c de la raifort; 8L s’il relie aux faits pafl’ésde l’équivoque ,’ il-faudroit démentir le fait fub-

liftant de l’organifation de l’homme 5 il faudroit»

prouver qu’il naît avec, un ufage éclairé de fes

feus; qu’il fait, fans expérience , diflinguer du .poifon l’aliment 3 que l’enfant efi plus fage que:

V le

un meilleur fort ?- Les hommes font-ils encore q

«nu-4... -...-. ......,. .. .

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L’espèce HUMAth,&.c; 8:le vieillard; l’aveugle plus affuré dans fa marcheque le clair-voyant; que l’homme civilifé-el’t plus

malheureux que l’antropophage; en un mot, qu’iln’exifle pas d’échelle progreflive d’expérience 8Ed’infiruéiion.

Jeune homme, crois-en la voix des tombeaux81 le témoignage des monumens : des contrées,fans doute , ont déchu de ce qu’elles furent àcertaines époques g mais fi l’efprit fondoit cequ’alors même furent la fagellè 8L la félicité de

leurs habitans , il trouveroit qu’il y eut dans leurgloire moins de réalité que d’éclat: il verroit que

dans les anciens états , même les plus vantés , il.y eut d’énormes’vices , de cruels abus , d’oùrélulta précifément leur fragilité; qu’en général,

les principes des gouvernemens étoient atroces ,squ’il régnoit, de peuple à peuple , un brigan-

dage infolent, des guerres barbares , des hainesimplacables (x) t que le droit naturel étoit ignoré,

que la moralité étoit pervertie par un fanatifmeinfenfé , par des fuperfiitions déplorables; qu’un

fouge , une vifion , un oracle , caufoient , à.chaque infiant , de valles commotions 5 8L peut-être

les. nations ne font-elles pas encore bien guériesde tant de maux ; mais du moins leur inten-

-fité a diminué , 81 l’expérience du pall’é ’n’a pas

été tmalement perdue. Depuis trois fiècles fur-tout , les lumières fe font accrues , propagées;la civilifation , favorifée de circonflances heureu.

’ v F

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82’ CHAPITRE X111.les a fait des progrès fenfibles : les inconveniensmêmes, 8L les abus , ont tourné à fon avantage:car fi les conquêtes ont trop étendu les états ,les peuples , en le réunifiant fous un mêmejoug , ont perdu cet efprit d’ifolement 8L de di-vifion qui les rendoit tous ennemis. Si les pou-voirs fe (ont concentrés , il y a eu q dans leurgefiion plus d’enfemble 81 plus d’harmonie : fi

les guerres font devenues plus stalles dans leursmaflës , elles ont été moins meurtrières dansleurs détails: fi les peuples y ont porté moinsde perfonnalité , moins d’énergie , leur lutte aété moins fanguinaire , moins acharnée; ils ontété moins libres , mais moins turbulens; plusamollis , mais plus pacifiques. Le defpotifmemême les a fervis; car fi les gouvernemens ont étéplus ablblus , ils ont été moins inquiets 8L moinsorageux ; fi les trônes ont été des propriétés à.

titre d’héritage , ils ont excité moins de dilTen-

tions , St les peuples ont eu moins de fecouflës 5fi, enfin , les defpotes , jaloux 8L myliérieux ,ont interdit toute connoilfance de leur adminif-tration , toute concurrence au maniement desaffaires , les pallions , écartées de la carrière po-litique , fe font portées vers les arts , les fciencesnaturelles ; 8: la fphère’ des idées en tout genres’ell agrandie; l’homme , livré aux études abf-

traites , a mieux fillll fa place dans la Nature ,fes rapports dans la fociété; les principes ont été

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L’espèce HUMAINE-1,613. 83mieux difcutés , les fins mieux connues , les lu-mières plus répandues , les individus plus infiruits ,

les mœurs plus faciales , la vie plus douce ; enmaire , l’erpèce , fur-tout dans certaines contrées ,a fenfiblement gagné; 8L cette amélioration dé-

formais ne peut que s’accroître , parce que (esdeux principaux obl’tacles , ceux-là même quil’avoient rendue inique-là fi lente , 8L quelque-fois rétrograde , la difficulté de tranfmettre dede communiquer rapidement les idées , (ont enfin

levés. vEn effet , chez les anciens peuples , chaquecanton , chaque cité , par la dg’fe’rence de jan.langage , étant ifolé de tout autre , il en réfultoit.un chaos Favorable à l’ignorance 8: à l’anarchie.

Il n’y avoit point de communication d’idées ,point de participation d’invention , point d’har-monie d’intérêts ni de volontés , point d’unité

d’aâion , de conduite: en outre , tout moyende repandre 8: de tranfmettre les idées fe ré-duifant à la parole fugitive 8L limitée , à des écritslongs d’exécution , Jijpendieux ô rare: , il s’en-

fuivoit empêchement de toute inflrutflion pour lepréfet): , perte d’expérience de génération à géa

nération , inflabilité , rétrogradation de lumières , 8cperpétuité de chaos 8L d’enfance.

Au contraire , dans l’état moderne , 8: fur-tout

dans celui de l’Europe , de grandes nations ayantcontraûe’ l’alliance d’un même langage , ilns’ef’t

F a

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84 CHAPITRE X111.établi de vafies communautés d’opinions ; les et;

prits le font rapprochés , les cœurs le (ont éteu-dus; il y a en accord de penfées , unité d’ac.

tion : enfuite , un art [acre , un don divin dugénie , l’imprimerie , ayant fourni le moyen derépandre , de communiquer en un même infiantune même idée à des millions d’hommes , 8: dela fixer d’une manière durable , fans que la puif-fance des tyrans pût l’arrêter ni l’anéantir , ils’ei’t formé une maire progreflive d’infiruâion , un

- athmofphère craillant de lumières , qui défor-mais affurent folidement l’amélioration. Et cetteamélioration devient un effet micellaire des loisde la Nature; car, par la loi de la jenfibifite’,l’homme tend aufii invinciblement à le rendre heu-

reux , que le feu à monter , que la pierre à gra-viter, que l’eau à fe niveler. Son obflacle efi fortignorance qui l’égare dans les moyens , qui letrompe fur les effets 8L les caufes. A force d’ex-périence , il s’éclairera 5 à force d’erreurs , il le

redrefièra; il deviendra (age 8L bon , parce qu’ila]! de fin intérêt de l’être,- & , dans une nation ,

les idées fe communiquant, des claflès entièresferont infiruites , 8L la (cience deviendra vulgaire,81 10115 les’hommes connoîtront quels (ont lesprincipes du bonheur individuel, 8c de la félicité

publique ; ils fautant quels font leurs rapports ,leurs droits , leurs devoirs dans l’ordre focial;ilsapprendront à (e garantir des illufions de la cu-

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tenace HUMAINE,&.c.’ 85pidité ; ils concevront que la morale el’c une [ciencephyfique , compofée , il el’t vrai , d’élémens com-

pliqués dans leur jeu , mais fimples 8L invaria-bles dans leur nature , parce qu’ils font les élé-mens mêmes de l’organifation de l’homme. Ilsfendront qu’ils doivent être mode’re’s 8L jujie: ,

parce que u efl l’avantage 8L la fûreté de cha-cun ; que vouloir jouir aux dépens d’autrui , ef’r

un faux calcul d’ignorance , parce que de-là ré-fultent des repréfailles , des haines , des vengean-ces, & que l’improbité cil l’effet confiant de la

fottife. -Les particuliers fentiront que le bonheur indi-viduel ef’t lié au bonheur de la fociété.

Les foibles , que loinide fe divifer d’intérêts ,ils doivent s’unir , parce que l’égalité fait leurs

forces. .Les riches, que la mefure des jouiflânces ef’tbornée par la confiitution des organes , 8e quel’ennui fuit la fatiété.

Le pauvre , que c’ef’t dans l’emploi du temps 8c

la paix du cœur que confil’te le plus haut degrédu bonheur de l’homme.

[Et l’opinion publique atteignant les rois iufquelfur leurs trônes, les forcera de fe contenir dansles bornes d’une autorité réguliere.

Le hafalrd même , fervant les nations , leur don-nera , tantôt des citefic incapables qui , par fiiiblefl’e:

V F 3 ,

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86 CHArlTREXIII.les [affinent deuenirlibre: ; tantôt des chefs eclaire’s,

qui, par vertu, les nfi’anchiront.Et alors qu’il exil’tcra fur la terre de grands

individus , des corps de nations éclaircies 8L filtres,il arrivera à l’eipèce ce qui arrive à fes élémcns.

La communication des lumières d’une portion s’é-

tendra de proche en proche 8L gagnera le tout.Par la loi de l’imitation , l’exemple d’un prunier peu-

ple fera fuivi par les autres: ils adopteront janefprit, je: lois. Les defpores mêmes, voyant qu’ils

ne peuvent plus maintenir leur Pouvoir fans lajul’tice 6: la bienfaifance, adouciront leur régimepar befoin , par rivalité; & la civilifation deviendragénérale.

Et il s’établira de peuple à peuple un équilibre

de forces qui, les contenant tous dans le refpeélde leurs droits réciproques , fera ceflèr leurs bar-bares ufages de guerre , 8L faumettra à des voiesciviles le jugement de leurs contefialions (j) ; 8!l’efpèce entière détiendra une grande facilité, ’une

même famille gouvernée par un même efprit, parde communes lois, 81 jouilfant de toute la féli.cité dont la nature humaine eh capable.

Ce grand travail , fans doute, fera long, parcequ’il faut qu’un même mouvement fe propagedans un corps immenfe; qu’un même levain alli-mile une énorme malle de parties hétérogènes;mais enfin ce mouvement s’op’e’ret’a; 8L déjà les

pilages de cet avenir fe déclarent. Déjà la grande-

u

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L’assise: HUMAINE,&c; 87ficiëte’, parcourant dans fa marche les mêmes pha-fes que les ficie’te’s partielles, s’annonce pour tendre

aux mêmes réfultats.- Diffoute d’abord dans toutes

fes parties , elle vit long-temps fes membres fanscohéfion; 8L l’ifolement général des peuples forma

fan premier âge d’anarchie 8L d’enfance : partagéeenfuite au hafard en feé’tions irrégulières d’états

8L de royaumes , elle a fubi les fâcheux effets del’exrrême inégalité des richeliès , des conditions; 81

l’art’ffoeratie des grands empires a formé (on femnd

âge; puis ces grands privilégies fe difputant laprédominance , elle a parcouru la période du choc

des fadions. Et maintenant les partis , las de leursdifcordes , foutant le befoin des lois , foupirentaprès l’époque de l’ordre 8: de la paix. Qu’il fe

montre un chef vertueux , qu’un peuple puiflmt 8.:jaffe pareille, dt la terre l’élève au pouvoir fu-prème : la terre attend un peuple Ie’giflateur; ellele délire, elle l’appelle, 8v. mon cœur l’entend...

Et tournant la tète du côté de l’occident: Oui, con-

tinua t-il, déià un bruit fourd frappe mon oreille:un cri de liberté, prononcé fur des rives lointaines ,

a retenti dans l’ancien continent. A ce cri , un mur-mure fecret contre l’opprefiiun, s’élève chez. une

grande nation; une inquiétude falutaire l’alarme fur

fa fituation: elle s’interroge fur ce qu’elle dl, lur,ce qu’elle devroit être ; 6:: , furprife de la foiblelfe,

elle recherche quels font fes droits, fes moyens ,quelle a été la conduite de les chefs ..... Encore un

F 4

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88 "CHAPITIHE’XIII.’ jour, une réflexion..., 8L un mouvement immenfeva naître, un fiècle nouveau va s’ouvrir; fièc!ed’étonnement pour les amas vulgaires , de furprife8L d’effroi pour les tyrans, d’affranchiflèmem pour

un grand peuple, 8c d’efpérance pour toute la terre!

MÀ--. .-..’-

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La GRAND emmura AU PERFECT. 89 I

«a: au: agi»CHAPITRE XIV.Le grand obflacle au perfeélionnement.

L15 Génie (e tut..... Cependant, prévenu de noirsfentimens , mon efprit demeura rebelle à la perfua-fion; mais craignant de le choquer par ma rétif-tance, je demeurai filencieux.... Après quelque inter-valle , fe tournant vers moi 8L me fixant d’un regardperçant...: Tu gardes le filence , reprit-il , 8: ton cœuragite des penfées qu’il n’ofe produire!.. Interdit 8c

troublé: ô Génie! lui dis-je, pardonne ma foibleffe:fans doute ta bouche ne peut proférer que la vérité ;

mais ta célefie intelligence en faifit les traits, laoù mes fens grofliers ne voient que des nuages. J’enfais l’aveu: la conviélion n’a point pénétré dans mon

ante, 8L j’ai craint que mon doute ne te fût une

offenfe. ’Et qu’a le doute, répondit-i1, qui en fafië uncrime? L’homme efi-il maître de fentir autrementqu’il n’ef’t affaîté Si une vérité efl palpable, 8:.

d’une pratique importante, plaignons celui qui laméconnaît: fa peine naîtra de (on aveuglement. Si

elle el’t incertaine, équivoque , comment lui trouverle caraélère qu’elle n’a pas? Croire fans évidence,

fans démonflration, ef’t un aéIe d’ignorance 8L de

fouilla: le crédule (e perd dans un dédale d’inconfé-

queues; l’homme fenfé examine ,difcute , afin d’être

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go ’Cr-urr’rnz XIV:d’accord dans les opinions. Et l’homme de bonne-foi

fupporte la contradiction, parce qu’elle feule fait:naître l’évidence. La violence ell l’argument du

menfonge: &lrimpofet; d’autorité ’ une croyance , efl

l’aéle 8L l’indice d’un tyran.

V Enhardi par ces paroles: ô. Génie! répondis-je;

puifque ma; raifon efi libre, je m’efforce en vaind’accueillir l’efpoir flatteur dont tu la confoles: l’ame

vertueufe 8L fenfible le livre ailément aux rêves dubénheur; mais fans celle une réalité cruelle la ré-

veille à la fouffrance 8L à la misère : plus je méditefur la nature de l’homme, plus l’examine l’état pré;

fent des fociétés , moinsnun monde de fagefie 8L defélicité me femble poflible à réalifer. Je parcoursde mes regards toute la faced’e notre hémifphè’re a

en aucun lieutje n’appercois le germe, ou ne preffensle mobile d’une heureufe révolution. L’Afie entière

efl enfevelie dans les plus profondes ténèbres. LeChinois, régi par un delpotifme injolent (Il , par des.coup: de bambou ,.pur le fort des fiches ; entravé par

un code immuable de gefies, par le vice radicald’une langue mal conflruite, ne m’offre,dans (acivilifation avortée, qu’un peuple. automate. L’In-dien, accablé de préjugés , enchaîné par les liens

facrés de les cades, végète dans une apathie incu-.

rablel Le Tartare , errant ou fixé , toujours ignorant8L féroce, vit dans la barbarie de res aïeux L’Arabe,

doué d’un génie heureux , perd fa force 8L lejfruir

de fa vertu dans l’anarchie de (es tribus , St la ialou-

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Le sans OBSTACLE au marner; 9:fie de (es familles. L’Afticain , dégradé de la con-

dition d’homme , femble voué fans retour à la fer-

vitude. Dans le Nord, je ne vois que des ferfs avilis,que des peuples troupeaux , dont le jouent de grandspropriétaires l’amour, l’ignorance, la tyrannie ,la misère, ont frappé de Rupeur les nations 5 8L des

habitudes vicieufes dépravant les .fens naturels, ontdétruit jufqu’à l’inflinél du bonheur 8: de la vérité :

il efl vrai que dans quelques contrées de l’Europe ,

la raifort a commencé de prendre un premier efibr ;mais la même, les lumières des particuliers font.elles communes aux nations P L’habileté des gouver-

tnemens a-t-ellertoutné l’avantage des peupleS?81 ces peuples , qui fe difent policés, ne font-ils par

ceux qui, depuis trois fiècles , rempliflènt la terrede leurs injufiices? n’efl-ce pas en!» qui, fous desprétextes de commerce , ont dévaflé l’Inde, (lé--

peuplé un nouveau continent, -& foumettent encoreaujourd’hui l’Afrique au plus barbare des efclavages?

La: liberté naîtraQt-elle du fein des tyrans P 8L la jul-

ticc fera-t-elle rendue-par des mains .fpoliatrices 8pavares? o Génie! j’ai vu les paysannes, 8L l’illu-.

lion de leur fagefie s’efl difiipée devant mes regards.J’aii H1 les riche-ires entaillées dans. quelques mains,

& la multitude pauvre 8L dénuée. J’ai vu tous les

droits, tous les pouvoirs concentrés dans certainesfieffer, 8L la maffia des. peuples paffive 8L précaire.

J’ai vu des maiij de prince, 8L point de corps denation 5 es intérêts de gouvernement , 8L point d’inté-

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9a . CHA!1-TRE XIV.têt ni d’efprii public 5 j’ai vu que toute la feience de

ceux qui commandent, confifloit a opprimer pru-demment; & la fervitude rafinée des peuples policés

m’en a paru plus irremédiable. IUn obflacle, fur-tout, ô Génie! a’profondément

frappé ma penfée. En portant mes regards fur leglobe , je l’ai vu partagé en vingt fyflêmes de cultedifférens : chaque nation a reçu ou s’efl fait des opi.

nions religieufes oppofécsgôt chacune s’attribuant

exclufivement la vérité, veut croire toute autre enerreur. Or fi, comme il cil de fait, dans leur dif-cordance , le grand nombre des hommes le trompe,8L fe trompe de bonne foi, il, s’enfuit que notreefprit fe perfitade du’ menjbngc comme de la vérité ;

8L alors , quel moyen de l’éclairer Î Comment diffi-

perle préjugé qui d’abord a faifi l’efprit l Comment,

fur-tout, écarte-r [on bandeau, quand le premierarticle de chaque croyance , le premier dogme detoute religion , efi ..la profcription abfolue du doute,l’interdiélian de l’examen ,i l’abnégation de (on propre

jugement? Que fera la vérité pour! être reconnue?

Si elle s’offre avec les preuves du,.raifonnement,l’homme pufillanime récufe la confcience ; fi elleinvoque l’autorité des puifTances célefies , l’homme

préoccupé lui oppofe une autorité du même genre,

8L traite toute innovation de blafphème. Ainfi l’hom-

me, dans (on aveuglement , rivant fur lui-mêmefes fers , s’el’t à jamais livré fans défoule au jeu de

fun ignorance 8a de (es pallions. Pour ditToudre des

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LE GRAND oasncu: AU rangea; 93entraves fi fatales ,h il faudroit un concours inouïd’heureures circonfiances. Il’faudroit qu’une nation

entière, guérie du délire de la fuperf’tition , fût

inacceflible aux impulfions du fanatifme; qu’afl’ran-v

chi du joug d’une faufl’e doctrine , un peuple s’im-

posât lui-même celui de la vraie morale 81. de laraifon; qu’il fût à la fois hardi 8l prudent , inflruit8c docile; que chaque individu connoiKant fes droits,n’en tranfgrefsât pas la limite; que le pauvre sûtréfiller a la fédué’tion, le riche à l’avarice:qu’il le

trouvâtdes chefs défintérefi’és 8L jolies 5 que les tyrans

fuflènt faifis d’un efprit de démence St de vertige;

que le peuple, recouvrant fes pouvoirs, fentît qu’il

ne les peut exercer, 8L qu’il le confiituâr des or-ganes; que, créateur de (es magifirats., il sût à lafois les cenfurer 8L les refpeé’rer; que, dans la ré- .

forme fubite de toute une nation vivant d’abus,chaque individu difloqué foufïrît patiemment lesprivations 8L le changement de l’es habitudes; que

cette nation , enfin , fût airez courageufe pour con-quérir fa liberté, afièz infiruite pour l’affermir , alliez

puiflante pour la défendre , airez généreufe pour la

partager: 81 tant de conditionspourront-elles jamaisle raflèmbler P Et lorfqu’en fes combinaifons infinies ,

le fort produiroit enfin celle-là , en verrois-je lesjours fortunés? 8L ma cendre ne fera-t-elle pas dès

long-temps refroidie P .A ces mots, ma poitrine opprellée le refufa à la

parole... Le Génie ne me répondit point; mais

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94 CHAPITRE XIV.j’entendis qu’il difoit à voix baffe: «Soutenons» l’efpoir de cet homme: car fi celui qui aime lessi femblables fe décourage , que deviendront les9) nations? Et peut-être le parlé n’ef’t-il que trop,

» propre à flétrir le courage? Eh bienlanticiponea) le temps à venir; dévoilons à la vertu le liècle» étonnant près de naître , afin qu’à la vue du but

» qu’elle defire, ranimée d’une nouvelle ardeur,» elle redouble l’effort qui doit l’y porter.»

I. *I-.:K--nl a

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La SIÈCLE nouveau. 95(fig-:2:- * ----..-..--a::nn

CHAPITRE XV.Le fiècle nouveau.

A PEINE eut-il achevé ces mots , qu’un bruitimmenfe s’éleva du côté de l’Occident; ê: , y tour-

nant mes regards , j’apperçus , a l’extrémité de la

Méditerranée, dans le domaine de l’une des nations

de l’Europe , un’mouvement prodigieux , tel qu’au

l fein d’une vaf’te cité , lorfqu’une fédition violente

l éclate de toutes parts, on voit un peuple innom-brable s’agiter 8L fe répandre à flots dans les rues

St les places publiques. Et mon oreille , frappée decris pou’llés jufqu’aux cieux , dil’tingua par inter-

valles ces phrafes: ’.«Quel el’t donc ce prodige nouveau? quel cil:

9) ce fléau cruel & myfiérieux? Nous fommes une

» nation nombreufe; 8L nous manquons de bras!. » nous avons un fol excellent; 8: nous manquons

» de denrées! nous fommes aélifs, laborieux; 8:a» nous vivons dans l’indigencelnous payons des» tributs énormes; 8L l’on nous dit qu’ils ne fuflifent

a? pas! nous femmes en paix au dehors; 8L nos» perfbnnes 8l nos biens ne font pas en sûreté aua dedans! Quel el’t donc l’ennemi caché qui nous

» dévore?» ’Et des voix parties du fein de la multitude ,

répondirent : (t Élevez un étendard dil’rinéiif autour

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96 Ct-tarrtritaxv.» duquel fe raflèmblent tous ceux qui , par d’uting

» travaux , entretiennent 8L nourriflent la fociété 3a) 8L vous connaîtrez l’ennemi qui vous range. n

Et l’étendard ayant été levé, cette nation fatrouva tout-à-coup partagée en Jeux corps inégaux,

& d’un afpeéi contraliant: l’un , innombrable saprefque total , offroit , dans la pauvreté généraledes vêtemens, 8L l’air maigre St hâlé des vifages,

les indices de la misère 8: du travail ; l’autre,petit groupe, fiaélion infenfible , préfentoit, dans laricheife des habits chamarrés d’or 8: d’argent, du

dans l’embonpoint des vifages , les fymptômes duloifir 8L de l’abondance. Et, confidérant ces hom-

mes plus attentivement , je reconnus que le grandcorps étoit compofé de laboureurs, d’artifans, de

marchands , de toutes les profefiions utiles à la fo-ciété; 8L que h, dans le petit groupe, il ne ferroit;

voit que des prêtres , des minifires du culte de toutgrade; que des gens de finance, d’armoirie , delivrée , des commandans de troupes; enfin , que des’agens civils , militaires ou religieux du gouvernement

Et ces deux corps’en préfence, front à front,s’étant confidérés avec étonnement, je vis, d’un

côté , naître la colère 8L l’indignation; de l’autre,

une efpèce d’effroi; 8: le grand corps dit au pluspetit .-

« Pourquoi êtes-vous féparés de nous ? N’ètes-

s) vous donc pas de notre nombre?a Non, répondit le groupe: vous êtes le Peuple;

non

. vàùnâu V

un:

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31"?

,.,.,.

LEISIÈÇLE nouveau. 97»’ nous .autres , nous’fommes une Clqflè dgiingue’e ,

5) qui avons nos lois, nos ufages, nos droits parti.» culiers. )) i

.Le, Peuple. AEt quel travail exerciez-vous dans notre fociété?

La Claflè ’dr’fiingue’e.

Aucun: nous ne femmes pas faits pour travailler;

Le Peuple.

Comment avez-vous donc acquis ces flabellés?

. i x La. CIafl’è diflingue’e. I L

En prenant la peine de vous gouverner.i .v Le Peuple.

Quoi! yoila ce que vous appeler gouverner P Nousr I . q fitiguons , 5L vous jongliez; nous produiflms, 8L vous

’ Les richeflès viennent nde nous, 8L vous les. abforbez..... Hommes diflingue’s, claire qui n’êtes pas

le peuple , formez une nation a part , 8: gouvernez-

vous vous-mêmes iAlors le petit grdupe délibérant fur ce cas nou-

veau , quelques-uns dirent: Il faut nous rejoindreau peuple, dt partager fes fardeaux 8L fes occupa- 4

nous; car ce font des hommes commes nous ; ded’autres dirent: Ce feroit une honte, une infamiede nous confondre avec la foule; elle ef’r faite pournous fervir: nous famines des hommes d’une autre

race. .Et les Gouvernans civils dirent: Ce peuple cil:doux 8: naturellement ferviIe; il faut lui parler du

G .

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98 CHAIHTREXV. Arail! de la loi , 8: il va rentrer dans le devoirqPeuple! le roi veut, le fiaverain ordonne.’

Le Peuple.

Le roi ne peut vouloir que le (alu: du peuple;le rouverain ne peut ordonner que felon la loi.

Les Gouvernans civils. .

La loi veut que vous foyez roumis.

Le Peuple. .La loi el’c la volqnte’ générale; 8L nous voulom

un ordre nouveau.Les Gouvernans civils.

Vous ferez un.peuple rebelle.Le Peuple.

Les nations ne (a révoltent point; il n’y a que. les tyrans rebelle).

Les Gâuvernans civils.

Le roi .efl avec nons; 8: il vous prefcrit de vous

foumenre. . V’ Le Peuple.

Les rois (ont indivifibles de leurs nations. Le roide la nôtre ne peut être chez vous; vous ne polîëdez

que fou fantôme. iEt les Gauvernan: militaire: s’étant avancés ,

dirent: Letpeuple el’t timide 5 il faut le menacer; iln’obéit qu’à la force. Soldats , châtiez cette fiuleiizjblente.’

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LE’SIÈCLE NGUVEAU. 99LePeuple.

« Soldats, vous ères noue fang! frapperez-vous» vos frères P Si le peuple périr, qui nourrira» l’armée 9 »

Et les foldars baillânr les armes, dirent à leurschefs: «Nous fourmes aulfî le peuple; nousA» l’ennemi. i)

Alors les Gouvernem- eccle’jinfliques dirent: Il n31 a.

plus qu’une refout-ce. Le peuple cil ruperfiirieux: ilfaut l’effrayer par les mais de Dieu En de la religion;

Nos chersfières ne; ehfdris.’ Dieu nous a établis

pour vous gouverner.

. Le Peuple. lMontfe’biious Vos pouvoirs célelles.

Les Prêtres.

Il faut de la foi: la raifon égare.

Le Peuple.

Gouverhezwous fans mitonner?Les Prêtres.

Dieu vemla paix. La religion prefcrirl’obéillànce:

Le Peuple.La paix fuppofe la inflice; l’obéifl’ance veut

connoirre la loi. eLes Prêtres.

On n’efi ici-bas que pour fouffrir.

Le Peuple.

Montrez. nous l’exemple. G a

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me -CHAPITREXV..Les Prêtres.

Vivrezwous fans dieux 8c fans rois?

Le Peuple.

Nous voulons vivre fans tyrans.

Les Prêtres. rIl vous faitt des médiateurs , des interme’diairea.

. Le Peuple. iMédiateurs auprès de Dieu 8L des rois .’ Courtifizn:

8c prêtres , vos fervices (ont trop difpendieux: noustraiterons déformais direé’tement nos affaires.

Et alors le petit groupe dit: Nour firmmesperlurgla multitude 41 éclairée.

Et le peuple répondit: Vous êtes fauves; car ,’puifque nous femmes éclairés, nous n’abuferons pas

de notre force: nous ne voulons que nos droits. Nousavons des refiëmimens; nous les oublions : nous ,étions efclaves; nous pourrions commander 5 nousne voulons qu’être libres: nous le fortunes 1

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Un nous: une u LÉGISLATEUR.’ le! p

mggzw. E2535.)CHAPITRE XVI.Un peuple libre 6; le’giflateur.

ALO R s confidérant que toute puifl’ance publique

étoit fulpend’ue , que le régime habituel de cepeuple cefi’oit tourna-coup , je fus faifi d’effroi dans

la penfée qu’il alloit tomber dans la diffolutionde l’anarchie. Mais délibérant fans délai fur fa

pofition , il dit :

5)

9D

»

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939

3

*QVVUU!VU

« Ce n’el’t pas alliez de nous être affranchis des

parafites 8L des tyrans; il faut empêcher qu’iln’en tenaille. Nous femmes hommes ; 81. l’ex-

périence nous a trop appris que chacun denous tend tians celle à dominer 8L à jouir auxdépens d’autrui. Il faut donc nous prémunir

contre un penchant auteur de difcorde ; ilfaut établir des règles certaines de nos ’aâians

81 de nos droits. Or la connoifliznce de ces droits ,e jugement de ces riflions font des choies abr-traites ,r difficiles , qui exigent tout le temps8L toutes les facultés d’un même homme. Occu-

pe’s chacun de nos travaux , nous ne pouvonsvaquer à de telles études , ni exercer par nous.mêmes de telles fonâions. Choififi’ons donc parmi

nous quelques hommes , dont ce fuit l’emploipropre. De’le’guons-leur nos pouvoirs communs

pour nous créer un gouvernement 8L des lois ;

G:

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au; . CHAPITRE XVl.))

8si

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confiituons-les reprcTentans de nos nolontés 8;de nos intérêts. Et afin qu’en effet ils en foientune repréfentation anili exaâe qu’il fera por-fible , choififTons-les nombreux à fembIabIes ànous , pour que la diverfité de nos volontés& de nos intérêts le trouve rali’emblée eneux. »

Et ce peuple ayant choifi dans (on fein unetroupe nombreufe d’hommes qu’il jugea propres à

fou demain , il leur dit t))»

»

3’

))

5)

. (s Jufqu’ici nous avonsvécu en une flicie’te’ formée au hafard fans clau-

fes fixes ,’lans conventions libres , fans fiipu-lation de droits , fans engagemens réciproques;8c une foule de défordres 8: de maux ont ré-fulté de cet état précaire. Aujourd’hui nous

voulons, de deflèin réfléchi , former un con-trat régulier : En nous vous avons choifis pouren drefièr les articles ; examinez donc avecmaturité quelles doivent être t’es baies ô: (es

conditions. Recherchez avec foin quel gr le but ,quels font les principes de toute qflbciation ;connoiflèz les droits que chaque membre yporte 5 les faCultés qu’il y engage , 8C cellesqu’il y doit conferver. Tracez-nous des règlesde conduite , des lois équitables. Dreflèz-nous

un fyqfiême nouveau de gouvernement , carnous fentons que les principes qui nous ont.guidés iufqu’à ce jour, (ont vicieux. Nos pères

ont marché dans des tenders d’ignorance s à;

l

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à)

9

Un renne une en LÉGISLATIURJ’ r03

l’habitude nous a égarés fur leurs pas. Touts’efi fait par violence, par fraude , par féduc.

tien; 8L les vraies lois de la morale & de laraifon font encore obfcures. Démèlez-en donc lechaos g découvrez-en l’enchaînement 5 publiez-en

le code; 8: nous nous y conformerons.» iEt ce peuple éleva un trône imment’e en forme

de pyramide ; 8L y faifant aflèoir les hommesqu’il avoit choifis , il leur dit: « Nous vous éle-9)

«se

3*3’6333

U

vous aujourd’hui au-deifus de nous , afin quevous découvriez mieux l’enfemble de nos rap-

ports , 81 que vous foyez hors de l’atteintede nos pallions.» Mais fouvenez-vous que vous êtes nos (em-blables 5 que le pouvoir que nous vous con-férons el’t à nous; que nous vous le donnonsen dépôt , non en propriété ni en’héritage ;

que les lois que vous ferez , vous y ferez lespremiers fournis; que demain vous redefcen-drez parmi nous, 8L que nul droit ne vousfera acquis, que celui de l’eflime 81 de la re-connoill’ance. Et penlèz de quel tribttt de gloirel’Univers qui révère tant «l’apôtre: d’erreur ,

honorera la première afimble’e d’hommes ruilon-

nables , qui aura folemnellement déclaré le:principes immuables de la indice 8: confacréà la face des tyrans les droits des nations. sa

04

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tort .CHAPITREUXÀVII.

m:::.m-:r::---::bCHAPITRE XVII.Bafe univeffelle de tout droit 6* de toute loi. )

ALORS les hommes choifis par le peuple pourrechercher les vrais principes de la morale 8L dela raifon , procédèrent à l’objet facré de leur

million ; 8: après un long examen , ayant dé-couvert un.principe univerfel 8: fondamental ,ils dirent au peuple z à Voici que nous avons» trouvé la hale primordiale , l’origine phyfique

» de touteljufiice 8p de tout droit. s)« Quelle que fifi! la parfume naïve , la cauje

motrice qui régit l’univers, ayant donné à tous

les hommes les mêmes organes , les mêmes fin-jutions , les mêmes befoins , elle a , par ce faitmême , déclaré qu’elle leur donnoit à tous lesmêmes droits à l’ufage de fes biens , Ô que tousles hommes fiant égaux dans l’ordre de la nature.

9 En (econd lieu , de ce qu’elle a donné àchacun des moyens fifijizns de pourvoir à fortexiflence , il réfulte avec évidence qu’elle les atous confiitués indépendant les uns’ des autres ;qu’elle les a créés libres ; que nul n’efi fournis

à autrui 5 que chacun ef’t propriétaire abfiilu de (on

être.

» Ainfi l’égalité 8L la liberté font deux attributs

Wntiels de l’homme , deux lois de la. Divinité,

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BASE UNIVERSELLE DE TOUT mon, &c. m5inabrogeables & conflitutives comme les propriétésphyfiqucs des élémens.

» Or , de ce que tout individu efi maître ab-firlu de fa performe , il fuit que la liberté pleinede fan confentement ei’t une condition infe’parable de

tout contrat 8l de tout engagement.» Et de ce que tout indivu el’t égal à un autre, ’

il fuit que la balance de’ce qui efl rendu à cequi eût donné , doit être rigoureufemenx en équi-libre : en forte que l’idéeide jufl’ice, d’équite’ , em-

x porte efiëmiellement celle d’e’galîte (l).

» L’e’galite’ 8’ la liberté font donc les bafes phy- I

fiques 8! inaltérables de toute réunion. d’homines en

jocie’te’ , .8! , par fuite , le pfincipe neceflàire 8:générateur de toute’ loi 8L de tout fyflême de gou-

vernement régulier (3). .» C’ei’c pour avoir dérogé à cette bore que chez

vous , pomme chez tout peuple , fe font intro-duits (les défordres qui vous ont enfin foulevés.C’ef’t en revenant à cette règle , que vous pourrez

les réformer , 8c reconfiituer une afibciationheureufe.

» Mais nous devons vous obferver qu’il enréfultera une grande fecouflè dans vos habitudes,dans vos forlunes,, dans vos préjugés. Il faudra

(*) Les maux retracent eux-mêmes cette connexion : car aqui-Iibn’um. «quitus, agira-litas , font tous d’une même famille;& l’idéevdc l’ëgalite’ phyfique de la balance efi le type de toutes

les autres. "

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m6 Ç’HAPITREXVII;dilibudre des contrats vicieux , des droits abufifit 5renoncer à des difiinéiions injuf’tes , à de fauflëspropriétés; rentrer enfin un infiant dans l’état de

la nature. Voyez fi vous fautez confentir à tant delacrifices.»

Alors penfant à la cupidité inhérente au cœur de

l’homme , je crus que ce peuple alloit renoncer àtoute idée d’amélioration.

Mais dans l’infiant une foule d’hommes s’a-

vançant vers le trône , y firent abjuration detaures leur: dyh’néîions 8L de toutes leur; richqfièsr

« diéiez-nous , direntpils , les lois de l’égalité 8L

» de la liberté,- nous ne voulons plus rien poliëder

» qu’au titre facré de lajuflice. h ’» Égalité , liberté, jultice , voilà quel fera

4 » déformais notre code St notre étendard. »

Et fur le champ le peuple éleva un drapeauimmcnfe , infcrit de ces trois mon; , auxquels ilafiigna trois couleurs. Et l’ayant planté fur letrône des légillateurs , l’étendard de laàty’uflice

univerfelle flotta pour la première fois fur la terre:81 le peuple dreliâ en a’vant du trône un autelnouveau , fur lequel il plaça une balance d’or ,une épée 8E un livre avec cette infcription:

A LA L01 ÉGALE , QUI nous ET maori-36L,

Et ayant environné le trône 8: l’autel d’un am-

phithéâtre immenfe , cette nation s’y afiit toute

dentière pour entendre la-publication de la loi. Etdes millions d’hommes levant à. la’fois les bras

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BASE UNIVERSELLE ne Tour mon, &c.’ 107

vers le ciel, firent le ferment foletnnel de vivreégaux , libre: 6: jaffes ,- de refpeâer leurs droits,réciproques , leur: propriétés; d’obéir à la loi attife:

agens régulièrement prepofi’s.

Et ce fpeëlacle fi impofant de force 8: de gran-deur , fi touchant de généralité , m’émut iufqu’aux

larmes 3 G: m’adrellànt au Génie : «que je vive,

» maintenant, lui disoie, car déformais j’ai toutr efpéré. » ’

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ros CHAPITRE XVIIl;

man-mggnj;CHAPITRE XVIII.Efl’roi 6’ confiairation des tyrans.

CEPENlJAN’r , à peine le cri folemnel del’égalité 8L de la liberté eut-il retenti fur la terre ,

qu’un mouvement de trouble 8: de furprife s’ex-

cita au fein des nations 5 8L d’une part la kmul.titude émue de delir , mais indécife entre l’ef-

pérance 8L la crainte , entre le fentiment de lesdroits 8L l’habitude de les chaînes , commençade s’agiter; d’autre part les rois réveillés fubite-

. ment du fommeil de l’indolence 8L du defpo-tifme , craignirent de voir renverfer leurs trônes;8L par-tout ces claflès de tyrans civils ô fanés ,qui trompent les rois 8c. oppriment les peuples,furent faifies de rage 6L d’effroi; de tramant desdefièins perfides: a Malheur à nous , dirent-ils ,» fi le cri funei’te de la liberté parvient à l’oreille

» de la multitude l malheur à nous , fi ce per-s nicieux efprit de iuflice le propage ..... » Etvoyant flotter l’étendard : « Concevez-vous l’ef-

» faim de maux renfermés dans ces feules pa-» roles P Si tous les homme: (ont égaux , oùa) font,nos droits exclufifs d’honneur: 8L de puif-

9 fance P Si tous font ou doivent être libre: ,a, que deviennent nos efclaves , nos ferfi , ne:9 propriétés 2 Si tous (ont égaux dans l’état civil 2,

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EPPRO! ET’coustnxons, &c. 109où (ont nos prérogatives de naiflimce , (l’hérédité?

8L qUe devient la nobleflè 3 S’ils font tous égaux

devant Dieu , où cil le befoin de médiateurs .’

& que devient le facerdoce? Ah l. preflims-nous de détruire un germe fi fécond , fi con-tagieux ! employons tout notre art contre cettecalamité; effrayons les rois , pour qu’ils s’u-

niffent à norre caufe. Divifons les. peuples , 8:fufcitons-leur des troubles & des guerres l occu-pons-les de combats , de conquêtes 8: de ja-loufies. Alarmons-les fur la puiffance de cettenation libre. Formons une grande ligue contrel’ennemi commun. Abattons cet étendard facri-lége , renverfons ce trône de rebellion , 8C étouf-

fons dans (on foyer cet incendie de révolution. au

Et en effet, les tyrans civils 8L lactés des peu-ples , formèrent une ligue générale; 8: , entrai.

nant fur leurs pas une multitude contrainte ouféduite’, ils le portèrent d’un mouvement hoflile

contre la nation libre ; à! invefiiffantl à grandscris l’autel 8: le trône de la loi naturelle r « Quelle

ell: , dirent-ils , cette doélrine hérétique 8L nou-

velle P Quel ef’t cet aurel impie , ce cultefacrilége . . . Peuples fidèles 8L croyans l nefembleroit-il pas que ce fût d’aujourd’hui quela vérité le découvre , que iufqu’ici vous enfliez

marché dans l’erreur g que ces hommes plusheureux que voustont feuls le privilége d’êtrelèges! Et vous , Nation égarée 8L rebelle , ne.

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ne CHAPITRE XVIII"voyez-vous pas que vos chefs vous trompent?qu’ils altèrent les principes de votre foi , qu’ils

renverfent la religion de vos pères .’ Ah l trente

bien que le courroux du Ciel ne s’allume , &hâtez-vous , par un prompt repentir, de réparervotre erreur. »

Mais , inaccefiible à la fuggellion comme à laterreur , la nation libre garda le filence; 8L lemontrant toute entière en armes 5 elle tint une am.

rude Vimpofante. iEt les légillateurs dirent aux cite-fis des peuples:fi , lorique nous marchions un bandeaufur les yeux,la lumière léclairoit nos pas , pourquoi, aujourd’hui

qu’il efi levé, fuira-t-elle nos regards qui la cher-

chent? Si les chefs qui prefcrivent aux hommesd’être clair-voyants , les trompent 8L les égarent ,

que font ceux qui ne veulent guider que des (maisgles P

Chefs des peuples , li vous polfédez la. vérité,

faites-nous-la Voir: nous la recevrons avec recons-noiffance ; car nous la cherchons avec defir, & nousavons l’intérêt de la trouver: nous finnmes hommes;

& nous pouvons nous tromper; mais vous êteshommes aufli , 6c vous êtes également faillibles;Aidez-nous donc dans ce labyrinthe, ou depuistant de fiècles erre l’humanité, aideza-nous à diffi-

per l’illufion de tant de préjugés 8: de vicieufes

habitudes; concourez avec nous -, dans le choc detant d’opinions qui le difputent notre croyance , à

Neveu!»

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EFFROI m- communion, ne. mv démêler le earaélère propre à dillinélif de la vé-

rité. Terminons dans un jour les-combats fi longede l’erreur :éta’blili’ons entre elle 8L la vérité

une lutte folemnelle : appelons les opinions deshommes de toutes les nations. Convoquons l’af-lëmblée générale des peuples ; qu’ils (oient juges

eux-mêmes dans la caufe qui leur el’t propre; 8:que dans le débat de tous fyl’têmes, nul détenteur,

nul argument ne manquant aux préjugés ni à la Italion , le fentiment d’une évidence générale &com-

thune baffe enfin naître la concorde univerfelle desefprits 8L des cœurs. i

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m CHAPITRE XIX.

.-Qm-em*CHAPITRE’X’IX.

Afimblée générale:des Peuples.

AINSI parlèrent les légiflateurs ; 8: la multitude,faifie de ce mouvement qu’infpire d’abord toute pro-

pofition raifonnable , ayant applaudi ,Ales tyrans ,,reliés fans appui, demeurèrent. confondus.

Alors s’offrit à mes regards une fcène d’un genre

étonnant 8: nouveau: tout ce que la terre comptede peuples 8: de nations , tout ce que les climatsproduifent de races d’hommeshdivers , accourantde toutes parts , me fembla le réunir dans une même

enceinte; 8: la , formant un immenfe congrès, dif-tingué en groupes par l’afpeél varié des collumes ,

des traits du vifage , des teintes de la peau , leurfoule innombrable me préfenta le fpetïtacle le pluseXtraordinaire 8: le plus attachant.

D’un côté , je voyois l’Européen , à l’habit court

8: ferré , au chapeau pointu 8: triangulaire, aumenton talé, aux cheveux blanchis de poudre;de l’autre , l’Afiatique la robe traînante, à la

longue barbe, à la tête tale 8: au turban rond:ici, j’obfervois les peuples africains , à la. peaud’ébène , aux cheveuxlaineux , au corps ceint depagnes blancs 8: bleus , ornés de braflèlets 8: decollets de corail, de coquilles 8: de verres : là , lesraces feptentriouales , enveloppées dans leurs facs

de

N

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v

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE pas PEUPLES. 113

de peau; le Lapon , au bonnet pointu , aux fou-liers de raquette; le SamOyede , au corps brûlant,à l’odeur forte; le Tortgouïe , au bonnet cornu,portant fes idoles pendues fur fon fein; le Yakoute,au vifage piqueté; le Calmouque , au nez applati,aux petits yeux renverlés. Plus loin étoient le Chi-nois , au vêtement de foie , aux trelfes pendantes;le Japonais , au fang mélangé; le flIalais, auxgrandes oreilles , au nez percé d’un anneau, auvafie chapeau de feuilles de palmier (a), 8: leshabitans Tatoués des illes de l’océan 8: du conti-

nent antipode Et l’afpeél: de tant de variétésd’une même efpèce , de tant d’inventions bizarres

d’un même entendement, de tant de modificationsdifférentes d’une même organifation , m’alfeéla à lai

fois de mille fenfations 8: de mille penfées (5). Jeconfidérois avec étonnement cette gradation de cou-

leurs , qui, de l’incarnat le plus vif, palle au brunclair , puis foncé , fumeux , bronzé, olivâtre ,plombé , cuivré, enfin, jufqu’au noir de l’ébène

8: du jai ; 8: trouvant le Kaclzemirien , au teint derofes , à côté de l’Indou hâlé, le Géorgien à côté

du Tartare, je réfléchilfois fur les effets du cli-mat chaud ou froid, du fol élevé ou profond;marécageux ou (ce , découvert ou ombragé: jecomparois l’homme nain du pôle , au géant deszones tempérées; le corps grêle de l’Arabe, à.

(*) La terre des Papous ou nouvelle Guinée.

H

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114 CHAPITRE XIX.l’ample corps du Hollandais ,- la taille épaillè 8:

courte du Samoyede , à la taille fvelte du Grec 8:de l’hfelavon; la laine grailla 8: noire du Nègre ,à la foie dorée du Danois; la face applatie du

.Culmouque, fes petits yeux en angle, fou nez écrafe’,

à la face ovale 8: faillante, aux grands yeux bleus,au ne: aquilin du Circaflîen 8: de l’Abaîan. J’ap-

pofois aux’ toiles peintes de l’Indien , aux étoffes

favantes de l’Europe’en , aux riches fourrures du Si-

bérien , les pagnes d’écorce, les tillas de jonc, de

feuilles , de plumes des nations fauvages , 8: lesfigures bleuâtres de ferpens, de fleurs 8: d’étoiles,

dont leur peau étoit imprimée. Et tantôt le tableau

bigarré de cette multitude me retraçoit les prairiesémaillées du Nil 8: de l’Euphrate, lorfqu’après le!

pluies qu le débordement, des millions de fleursmaillent de toutes parts; tantôt il me repréfentoit,par fon murmure 8: fou mouvement, les elfaimsinnombrables de fauterelles qui viennent au print-temps couvrir les plaines du Haurzm. "

Et à la vue de tant d’êtres animés 8: fenfibles,

embraffant tout-à-coup l’immenfite’ des penfées 8:

des fenfations raffemblées dans cet efpace ; d’autrepart, réfléchilfant à l’oppofition de tant de préjugés,

, de tant d’opinions , au choc de tant de pallions d’hom-me: fi mobiles , je flottois entre l’étonnement, l’ad-

miration 8: une crainte fecrète ,... quand les légif-lateurs ayant réclamé le filence, attirèrent tout:mon attention.

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ASSEMBLÉE GÉNÉRALE mas PEUPLES. 1:5

’ K Habitans de la terre, dirent-ils , une nation li-» lm: 8L puiflùnte vous adrcfl’e des paroles dejuffice

» 8L de paix; 8L elle vous offre de (un; gages de» fes intentions dans fa conviâion 8L (on expé-9 rience. Longtemps affligée des mêmes maux que9 vous , elle en a recherché la fource, 8L elle a

trouvé qu’ils dérivoient tous de la violence 8: del’iniuflice , érigées en lois par l’inexèérience des

races palliées, 8L maintenues par les préjugés des

races préfemes : alors, annullant les inflitutionsfaflices 81 arbitraires , 8L. remontant à l’originede tout droit 8L de toute raifon, elle a vu qu’ilexif’toit dans l’ordre même de l’univers ,& dans la

conflirution phyfique de l’homme, des lois éter-

nelles 8: immuables, 8: qui n’attendoient que(es regards pour le rendre heureux. O hommeslélevez les yeux vers ce ciel quivous éclaire!J etez-les fur cette terre qui vous nourrit! Quandils vous offrent à tous les mêmes dons; quandvous avez reçu de la [suffiriez qui le: meut , lamême vie , les mêmes organes , n’en avez-vouspas reçu les mêmes droits à l’ufage de les bien-

faits? Ne vous a-t-elle pas , par-là même , dé-clare" tous égaux 8L libres? Quel mortel oferadonc refufer à. (on remblahle ce que lui accordela nature? O nations l banniffons toute tyrannie 8c

» toute difcorde; ne formons plus qu’une mêmen fociété , qu’une grande famille ; 8: puifque lea» genre humain n’a qu’une même confliturion,

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nô CHAPITRE XIX.a» qu’il n’exifle plus pour lui qu’une même loi;

» celle de la nature; qu’un même code , celui de» la ratfim ; qu’un même trône, celui de la iufiice;» qu’un même autel, celui de l’union. a» ’

Ils dirent z 8L une acclamation immenfe s’élevà. iufqu’aux cieux : mille cris de bénédiflion partirent

du fein de la multitude, & les peuples , dans leurtranfport , firent retentir la terre des mors d’égalité,

de juflice , d’union. Mais bientôt à ce premier mou-vement en fuccéda un différent 5 bientôt les docteurs ,

les chefs des peuples les excitant à la difpute, jevis naître d’abord un murmure , puis une rumeur’,

qui , (e communiquant de proche en proche , de-vint un vaf’te défordre; 8L chaque nation élevantdes prétentions exclufives , réclamoit la prédomi-

nance pour fou code 8L (on opinion.(s Vous êtes dans l’erreur , fe difoient les partis

» en le montrant du doigt les uns les autres;s) nous feuls poliëdons la vérité 81 la raifon.Nous

s) feuls avons la vraie loi, la vraie règle de tout» droit, de toute iul’tice, le feu! moyen du bonheur,

s) de la perfeélion; tous les autres hommes (ont» des aveugles ou des rebelles.» Et il régnoit uneagitation extrême.

Mais les légiflateurs ayant réclamé le filence:

« Peuples, dirent-ils , quel mouvement de paf-» fion vous agite? Où vôus conduira cette que--» relie? Qu’attendezwous de cette dilTention?à) Depuis des fiècles , la terre cit un champ de dit;

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’AssÉMsLtân GÉNÉRAL! pas Pauvres. 417

5) putes , 8L vous avez verfe’ des torrens de fangà pour vos contel’tations: qu’ont produit tant de

D combats 8L de larmes? Quand le fort a fournis9 le faible à (on opinion, qu’a-t-il fait pour laî vérité 8L pour l’évidence? O Nations! prenez

p confeil de votre propre fagelTe! Quand, parmia vous, une conteflation divife des individus , des9 familles , que faites-vous pour les concilier? Ne5) leur donnez-vous pas des arbitres? Oui, s’écria5) unanimement la multitude. Eh bien! donnez-enà) de même aux auteurs de vos dilTentimens. Or-» donnez à. ceux qui le font vos infiituteurs , 8c9 qui vous impofent leur croyance , d’en débattre9 devant vous les raifons. Pulfqu’ils invoquent vosà) intérêts , connoillèz comment ils les traitent. Et

à) vous , chefs 8: doëleurs des peuples , avant deD les entraîner dans la lutte de vos Opinions , dif-» cutez-en contraditïloirement les preuves! Etablifi-a» fous une controverle folemnelle , une rechercher publique de la vérité, non devant le tribunal8 d’un individu corruptible , ou d’un parti paf-5) fionné, mais devant celui de toutes les lumièresSt 8L de tous les intérêts dont le compofe l’huma-» nité ; or que le fans naturel de toute l’efpèce foi:

finette arbitre 8c notre juge.»

V

H:

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n28 enterrai: XX.magma-.wümgrC H A P I T R E X X.

La recherche de la vérité.

ET les peuples ayant applaudi , les légiflateurs ,dirent : a Afin de procéder avec ordre 8L fans con-» fufion, laifiëz dans l’arène , en avant de l’autel

» de l’union St de la paix, un fpacieux demi-cercles) libre ; 8L que chaque fyfième de religion, chaque» (cèle élevant un étendard propre 8L difiinâif,

s) vienne le planter aux bords de la circonférence;s) que les chefs 8: les doéleurs le placent autour,» 8:. que leurs feâatcurs fe placent à la fuite fur» une même ligne. »

Et le demi-cercle ayant été tracé, 8L l’ordrepublié, à l’inüant il s’éleva une multitude innom.

brable d’étendards de toutes couleurs 8L de toutesformes , tels qu’en un port fréquenté de cent nations

commerçantes , l’on voit aux jours de fêtes des mil-

liers de pavillons 8l de flammes flotter fur une forêtde mâts. Et à l’afpeël de cette diverlité prodigieufe,

me tournant vers le Génie : je croyois , lui dis-je ,que la terre n’étoit divife’e qu’en huit, ou dixfyllêmes de croyance, 8L je défefpe’rois de toute

conciliation : maintenant que je vois des milliers departis différens, comment efpc’rer la concorde? ..... ..

Et cependant, me dit-il , ils n’y font pas encoretous : 31 ils veulent être intole’t’ans

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La RECHERCHE ne [A martre; 119Et à mefure que lesvgroupes vinrent le placer ,

me faifant remarquer les fymboles 8L les attributsde chacun , il commença de m’expliquer leurs ca-raélères en ces mots.

« Ce premier groupe , me dit-il , formé d’éten-

dards verts qui portent un unifiant, un bandeau â»un fibre, cil celui des feâateurs du prophète Arabe.Dire qu’il] a un Dieu ( fans (avoir ce qu’il cil );croire aux paroles d’un homme (fans entendre (alangue); aller dans un défert prier Dieu (qui ef’tpar-tout); laver je: mains d’eau (8: ne pas s’abf-tenir de fang l 5 jeûner le jour (81 manger de nuit) ;donner l’aumône de jan bien (81 ravir celui d’autrui):

tels (ont les moyens de petfeélion inflitués parMahomet; tels (ont les cris de ralliement de lesfideles croyans. Quiconque n’y répond pas el’t unréprouvé, frappé d’anathêmc & dévoué au glaive,

Un Dieu clément, auteur de la vie, a donné ceslois d’oppreflion 8st de meurtre : il les afaites pourtout l’univers, quoiqu’il ne les ait révélées qu’à un

homme. Il les a établies de toute éternité , quoiqu’il

ne les ait publiées que d’hier. Elles fuflifent à tous

les befoins, 8L cependant il y a joint un volume:ce volume devoit répandre la lumiere, montrerl’évidence , amener la perfeélion , le bonheur; 8C

cependant , du vivant même de l’Apôtre , les pages

offrant à chaque phrafe des feus obfcurs, ambigus,contraires, il a fallu l’expliquer , le commenter ; 8L(es interprètes divifés d’opinions fe font partagés

H4

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ne .CH-A’PITREXX."en (trôles oppofe’es 8L ennemies. L’une foutientqu’Ali

cil le vrai fucceKeur. L’autre défend Omar 6’ Abou-

lteltre. Celle-ci nie l’éternité du Coran , celle-là la

néceflité des ablutions, des prières : le Carmateprofcrit le pélerinage 8: permet le vin. Le Hahemiteprêche la tranf’migrarion des antes 5 ainfi iufqu’au

nombre de foixante-douze partis , dont tu peuxcompter les enfeignes Dans cette oppofition,chacun s’attribuant exclufivement l’évidence, 8:taxant les autres d’héréfie, de rebellion , a tourné

contre tous (on apollolat fanguinaire. Et cette reli-gion qui célèbre un Dieu clément 8: miféricor-

dieux , auteur & père commun de tous les hommes,devenue un flambeau de difcorde , un morif demeurtre de de guerre , n’a cetTe’ depuis douze cents.

ans d’inonder la terre de fang, 8L de répandre leravage & le défordre d’un bout à l’autre de l’an-

cien hémit’phère ( 7).

Ces hommes remarquables par leurs énormes tur-

bans blancs, par leurs amples manches, par leurslongs chapelets , font les Imans , les Mollas , lesMuphtis , 8c près d’eux les Derviches au bonnetpointu, 8L les Santons aux cheveux épars. Les voilàqu; font avec véhémence la proftfiion de foi , 8Lctmmencent de difputer fur les flyuillures graves oulégères, fur la matière 8: la forme des ablutions,fur les attributs de Dieu S: les perfeéiions , fur lechaitan & les anges médians ou bons , fur la mot-t ,la réfurreélion , l’interrogatoire dans 1c tombeau , le

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La RECHERCHE ne LA VÉRITÉ. tu

ingement , le paflàge du pont étroit comme un cheveu ,-

la balance des œuvres; les peines de l’enfer 8l les

délices du paradis. hG A côté ce facond groupe encore plus nombreux,compofé d’étendardstà fond blanc , parfemés des

9 croix , ef’t celui des adorateurs de Jqliis. Recon-

5)

9

à)

)

v

a!

wV-Qefi

à?

unifiant le même Dieu que les Mufulmans, fon-dant leur croyance fur les mêmes livres , admet-tant comme eux un premier homme qui perd

tout le genre humain en mangeant une pomme;ils leur voue cependant une (aime horreur, 8Lpar piété ils le traitent mutuellement de blafphé-

mateurs 8c d’impîes. Le grand point de leur dili-fention réfide fur-tout en ce qu’après avoir admis

un Dieu un 81 indivifible , les Chrétiens le divi-fent enfuite en trois perfonnes , qu’ils veulentêtre chacune un Dieu entier 8* complet, fans ceflèr

de former entr’elles un tout identique. Et ilsajoutent que .cet être, qui remplit l’univers , s’efl:

réduit dans le corps d’un homme , 8L qu’il a pris

des organes matériels -, périfl’ables, circonfcrits,

fans camer d’être immatériel, éternel, infini. Les

Mufulmans qui ne comprennent pas ces myflères,quoiqu’ils conçoivent l’éternité du Coran 8L la

mifiion du prophète , les taxent de folies , 8L lesrejettent comme des riflons de cerveaux malades:8L dola-des haines implacables.» D’autre part , divifés entre eux fur plu-

fieurs points de leur propre croyance , les

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tu CHAPITREXX;si!

UVVVVVVVV3

Chrétiens forment des partis non moins divers;81 les querelles qui les agitent font d’autantplus opiniâtres 8e plus violentes , que les objetsfur lefquels elles (e fondent étant inaccefliblesaux fens , 8c par conféquent d’une démonfira-

tion impofiible , les opinions de chacun n’ontde règle 8: de baie que dans le caprice & la.volonté. Ainfi , convenant que Dieu efi un êtreincompréhenfible , inconnu , ils difputent péan-moins fur (on efiènce , fur fa manière d’agir ,

fur fes attributs. Convenant que la transforma-tion qu’ils lui fuppofent en homme , ei’t uneenigme au-deffus de l’entendement , ils dil’pu-

tent cependant fur la confufion ou la difiinflion’des Jeux volonte’: 8L des Jeux na:ures , fur lechangement de [ubflance , fur la prefi’nce réelle.

oufeirite , fur le mode de l’incarnation , Etc &c.Et de-là , des facies innombrables , dont deuxou trois cents ont déjà péri , 8L dont trois ouquatre cents autres , qui fubfifient encore , t’of-

frent cette multitude de drapeaux où ta. vues’égare. Le premier en tête , qu’environne ce

groupe d’un cofiume bizarre , ce mélange con-

fus de robes violettes , rouges , blanches , noi-res , bigarrées , de têtes à tonture , à cheveuxcourts ou raies , à chapeaux rouges , à bon-nets quarrés , à mitres pointues , même àlongues barbes , ei’t l’étendard du pontife de

Rome, qui, appliquant au facerdoce la pré-

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LA nuer-renom: ne LA virais-il. :23éminence de fa ville dans l’ordre civil, a érigé

fa fitpre’mati: en point de religion , 8L fait unarticle de foi de (on orgueil.» A fa droite, tu vois le pontife grec , qui ,fier de la rivalité élevée par fa métropole ,oppofe d’égales prétentions , 8c les foutientcontre l’églife d’Occident , de l’antériorité de

l’églife d’Orient. A gauche , (ont les étendards

de deux chefs récens (*) , qui , feeouant unjoug devenu tyrannique , ont , dans leur ré-forme , drefié autels contre autels , 8c foufiraitau pape la moitié de l’Europe. Derrière eux ,

(ont les rafles fubalternes qui fubdivifent en-core tous ces grands partis , les Nçfloriens , lesEutyche’ens , les Jacobites, les lcanaclqfles, lesAnabapzifles , les Presbyte’rien: , les Vicle’fite: ,

les Ofiandrins, les Maniehe’ens, les Pie’zifles ,

les Adamites , les Contemplatifi , les TrenteMeurs , les Pleureurs , 8L cent autres fembla-rblets (8) ; tous partis difliné’ts, fe perfe’cutant

quand ils [ont forts , fe tolérant quand ils (ontfaibles , fe haïflànt au nom d’un Dieu de paix ,

le faifant chacun un paradis exclufif dans unereligion de charité univerfelle ; fe vouant ré-ciproquement , dans l’autre monde , à despeines fans fin , & réalifant , dans celui-ci,1’enfer

imaginaire de celui-là. »

(*) Luther 8; Calvin.

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Il]! CHAPITRE XXrAprès ce groupe , voyant un feul étendard de

couleur hyacinthe, autour duquel étoient raflent-blés des hommes de tous les coflumesfle l’EuropeSt de l’Afie: a du moins , dis-je au Génie , trou-» verons-nous ici de l’unanimité P Oui, me ré-

» pondit-il , au premier afpeét , & par cas .for-a? tuit 8c momentané ; ne reconnois-tu pas cea» fyf’tême de culte P » Alors , appercevant le mo-

nogramme du nom de Dieu en lettres hébraïques,8L les palmes que tenoient en main les Rabins:” Il ef’t vrai, lui dis-je , ce font les enfans deMoire difperiés jufqu’a ce jour , 8L qui , abhor-rant toute nation , ont été parotout abhorrés 8:perfécutés. Oui , reprit-il , 8L c’efi par cette rai-

fons que , n’ayant ni le temps ni la liberté dedifputer , ils ont gardé l’apparence de l’unité.

Mais à peine , dans leur réunion , vont-ils con-fronter leurs principes , 8L raifonner fur leursopinions , qu’ils vont, comme jadis , fe partagerau moins en deux feéles principales (*) , dontl’une , s’autorifant du filence du légiflateur , 8c

s’attachant au feus littéral de fes livres , nieratout ce qui n’y efl: point clairement exprimé ,8c à ce titre , rejettera , comme inventions descirconcis , la furvivance de l’amie au corps , 8L fa

tranfmigration dans des lieux de peines ou dedélices , 8:. (a réfurreélzion , 8L le jugement final ,

(*) Les Saducéens 8: les Pharifiens.

. .-.---. .M-- . .... ....4

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La RECHERCHE DE LA VÉRITÉ. :25

8L les bons 8L les mauvais anges a 8e la révoltedu mauvais génie , St tout le fyfiême poétiqued’un monde ultérieur : 6: ce peuple privilégié ,

dont la perfeâion confif’te à le couper un petitmorceau de chair; ce peuple atôme , qui , dansl’océan des peuples , n’ef’t qu’une petite vague ,

8: qui veut que Dieu n’ait rien fait que pourlui (cul , réduira encore de moitié , par foufchifme , le poids déjà. fi léger qu’il établit dans la

balance de l’univers. ,,

Et me montrant un groupe voifin, , compoféd’hommes vêtus de robes blanches , portant unvoile fur la bouche , 8L rangés autour d’unétendard de couleur aurore , fur lequel étoit peintun globe tranché en deux hémifphères , l’un noir

8: l’autre blanc : il en fera ainfi , continua-nil ,de ces enfans de Zoroaflre (9) , reflets obfcurs depeuples jadis fi puiffans : maintenant , perfécutés

comme les Juifs , 8L difperfés chez les autrespeuples, ils reçoivent, fans difcuflion , les pré-coptes du repréfentant de leur prophète: maisfi-tôt que le Mobeb 8L les DeflOurs (to) ferontraflèmblés , la controverfe s’établira fur le bon 8c ’

le mauvais principe ; fur les combats d’Ormu-gd ,Dieu de lumière , 8L d’Altrimanes , Dieu de té-nèbres ; fur leur feus direél ou allégorique ; furles bon: 8L mauvais Génies ; fur le culte du feu8c des e’le’mens; fur les ablutions 8: fur les fouil-

Iures; fur la refinretfiion en corps , ou feulement

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126 CHAPITRE XX.en ame ; fur le renouvellement du monde exif’tant ,81 fur le monde nouveau (u) qui lui doit (nocé.der. Et les Parfis fe diviferont en feétes d’autant

plus nombreufes , que dans leur difperfion lesfamilles auront contrac’lé les mœurs 8L les opinions

des nations étrangères.

A. côté d’eux ,4 ces étendards à fond d’azur,

ou (ont peintes des figures monflrueufes de corpshumains doubles , triples , quadruples , à têtede lion , de fatiguer , d’éléphant , à queue de

poiiibn, de tortue ,I de. , (ont les étendards desfeéles indiennes , qui trouvent leurs dieux dansles animaux , w(à: les ames de leurs parens dansles reptiles 8c les infertiles. Ces hommes fondentdes hofpices pour des éperviers , des ferpens ,des rats; 8L ils ont en horreur leurs femblableslils le purifient avec*la fiente 8: l’urine de lavache ; 81 ils le croient fouillés du contaél d’unhomme l Ils portent un rézeau fur la bouche , depeur d’avaler , dans une mouche , une ante enfouffrance 5 8L ils lament mourir de faim unFuria (la) l Ils admettent les mêmes divini-tés 5 8L ils fe partagent en drapeaux ennemis 8:divers l

Ce premier , ifolé à l’écart , où tu vois une

figure à quatre têtes , ei’t celui de Emma , qui ,quoique Dieu créateur , n’a plus ni (célateurs nitemples , &t qui , réduit à fervir de piédefial auLingam (13) , fe contente d’un peu d’eau que

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La RECHERCHE DE La vautré. :27

chaque matin le Brame lui jette pandeKus l’é-paule , en lui récitant un cantique flérile.

. Ce feeond , où efi peint un milan au corpsroux 8L à la tête blanche , el’t celui de Vichenou ,qui , quoique Dieu confervateur , a paii’é une partie

de fa vie en aventures mal-faifantes. Confidère-lefous les formes hideufes de finglîer.& de lion ,déchirant, des entrailles humaines , ou fous lafigure d’un cheval (r4) devant venir , le fabrea la main , détruire l’âge préfent , obfeureir le:

.qflres , abattre les étoiles , ébranler la terre , 8:faire vomir au grand jerpent un feu qui conjumera le:

globes. v . lCe’ troifième cd celui de Chiven , Dieu dedeflruélion , de ravage, 8L qui a cependant pouremblème le ligne de la produtflion : il ei’t le plusméchant des trois , 8L il compte le plus de féau-leurs. Fiers de fou caraélère , feta partifans mé-

prifent , dans leur dévotion (15) , les autresDieux (es égaux 8L (es frères , 8c , par une imi-tation de fa bizarrerie, profefiant la pudeur 8c ila chaf’teté , ils couronnent publiquement de fleurs, t8c arrofent de lait 8: de miel l’image obfcène du

Lingam. . . lDerrière eux , viennent les moindres drapeauxd’une foule de Dieux , mâles , femelles ,, her-maphrodites , qui , parens 8L amis des trois prin- jcipaux, ont pafié leur vie à le livrer des com-bats; 8L leurs adorateurs les imitent. Ces Dieux

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:28 . CHAPITRE XX.n’ont befoin de rien , 8c fans celle ils reçoiventdes offrandes ; ils font tout puiflaus , rempliflèntl’univers ; 8L un Brame, avec quelques paroles ,les enferme dans une idole ou dans une cruche ,pour vendre à. fou gré leurs faVeurs.

Au-delà , cette multitude d’autres étendardsqui, fur un fond jaune qui leur ef’t commun ,portent des emblèmes différens , (ont ceux d’un

même Dieu , lequel , fous des noms divers ,règne chez les nations de l’Orient. Le Chinoisl’adore dans Fat (16), le Japonois le révère dansBudjo ; l’habitant de Ceylan dans Beddlzou; celui

de Laos dans Cliekia ; le Peguan dans Phta; le.Siamois dans Jommona-Kodom ; le Tibétain dansBudd 8L dans La ; tous , d’accord fur quelquespoints de fou hifloire , célèbrent (a vie penitente,’fes mortifications , fes jeûnes , (es fonélions demédiateur 8L d’expiateur , les haines d’un Dieu,

fon ennemi , leurs combats , 8L (on afcendant. Maisdifcords entr’eux fur les moyens de lui plaire ,ils difputent fur les rites 8C fur les pratiques , furles dogmes de la doéirine interieure , ou de la.doârine publique. Ici , ce Bonze Japonois à la.robe jaune , à la tête nue , prêche l’éternité des

aines , leurs tranfmigrations fuccefiives dans diverscorps ; 8: près de lui le Jintoifle nie leur exif-tenee (épatée des feus (i7) , St foutient qu’elles

ne (ont qu’un afin des organes auxquels elles fontliées, 8: avec qui elles pétillent, comme le (on

» l avec

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LA RECHERCHE ne LA VÉRITÉ. rag

avec l’inflrument. La , le Siamois , aux fout-cilstalés , l’écran Talipat à la main. (18) , recom-

mande l’aumône, les expiations , les offrandes ,8E cependant il croit au dei’tin aveugle 8: à l’im-pafiible fatalité. Le Ho-Chang chinois factifie auxantes des ancêtres , 8: près de lui le feéIateur deConfiture? cherche fou horofcope dans des fichesjetées au hafard , 8L dans le mouvement descieux (t9 Cet enfant , environné d’un efiaimde prêtres à robes 8c à chapeaux jaunes , cil legrand Lama, en qui vient de pallier le Dieu quele Tibet adore (ac). Un rival s’el’t élevé pour

partager ce bienfait avec lui ; 8L fur les bordsdu Baïkal , le Calmoulquo a auffi (on Dieu commel’habitant de La-ja. Mais d’accord en ce pointimportant , que Dieu ne peut habiter qu’un corpsd’homme , tous deux rient de la groiiièreté del’Indien qui honore la fiente de la vache , tau-dis qu’eux confacreut les excrémens de leur pon-

tife (et ). . ,A Et après ces drapeaux , une foule d’autres quel’œil ne pouvoit dénombrer , s’offrant encore. à.

nos regards: «Je ne terminerois point , dit leGénie, fi je te détaillois tous les fyfièmes diversde croyance qui partagent encore les nations. Ici,les hordes tartares adorent, dans des figures d’ani-maux , d’oifeaux 8L d’infefies , les bons 8l les

mauvais Génies , qui, fous un Dieu principal ,mais infouciant, régulent l’Univets’, 8c , dans

I

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130 CHAPITRE XX.leur idolâtrie , ellesiretracent le paganifme de l’an;

cîen Occident. Tu vois l’habillement bizarre de

leurs Chamans , qui , fous une, robe de cuir,garnie de clochettes , de grelots , d’idoles de fer ,de griffes d’oifeaux , de peaux de ferpens , detêtes de chouettes , s’agitent dans des convulfionsfaâices , 8L , par des cris magiques , évoquentles morts pour tromper lesi vivans. Là , les peu-ples noirs de l’Afrique , dans le culte de leur:fétiches , offrent les mêmes opinions. Voilà l’ha-

bitant de Juidav qui adore Dieu dans un grand fer-pent , dont par malheur les porcs font avides (sa) I»...Voilà le Téleute qui fe le repréfente vêtu detoutes couleurs , refièmblant à un folclat rufiè;ivoilà le Kamchadale qui , trouvant que tout vamal dans ce monde &. dans fon climat ,. le lefigure un vieillard capricieux 8c chagrin , fumantfa pipe , 8L cintrant en traîneau les renards 8cles martres (23). Enfin , voilà cent nations fau-vages qui , n’ayant aucune des idées des peuplespolicés , fur Dieu , ni fur l’arme , ni fur un monde

[ultérieur & une autre vie , ne forment aucunfyflême de culte, 8L n’en jOuiflëm pas moins desdons de la Nature dans l’irréligion où elle-même

’ les a créés.

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PROBLÈME pas commuterions, au. l3:

.C H A en a E. x xi;Problème des contiudîflions religieufes.

CEP ENDANT les divers groupes s’étant placés ;

& un rafle filence ayant. (accédé à. la. rumeur dela multitude , les légiflateurs dirent : « Chefs 8cdofleurs des peuples l vous voyez Comment jaf-qu’ici les nations ,..vivanr ifolées, ont fuivi desroutes différentes. ;.chacuue, croit fuivre celle dela vérité 5 5c cependant fi la, vérité n’en fia qu’une 5

8: que les opinions fuient oppofées , il cil: bienévident que quelqu’un fetrouve en erreur.i0r l;fi tant d’hommes fe trompent , qui ofera garantirque lui-même n’efi’pas abufé P Commencez donc

par être indulgens fur vos dilièntimens 8c vosdifcordances, Cherchons tous la vérité comme finul ne.la potlëdoit. J ufqu’ài ce Îiour , les opinion:

qui ont gouverné la terre , produites au hafard ,propagées dans l’ombre , admires fiant difcuflion ,

accréditées par l’amour de la nouveauté 8L l’imi-

tation", ont ,’ en quelque forte, ufurpe’ clandel’ti-

peinent leur empire. Il el’t temps , fi elles (ontfondées , de donner à leur certitude un caraâèrede folemnité , & de légitimer leur exiflence.Rappelons-les donc aujourd’hui à un examen gé-

néral à: commun ; que chacun expofe fa croyance;

se que tous devenant le juge de chacun , celaI a

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132 CHAPITRËXXÎ.[cul fait reconnu vrai , qui l’el’t pour tout le genrehumain.»

Alors la parole ayant été déférée par ordre de

pofition au premier étendard de la gauche : 6 Iln’efi pas permis de douter , dirent les chefs ,que notre doélrine ne foit la feule véritable , lafeule infaillible. D’abord , elle cil révélée de Dieu

même...» Et la nôtre aufii, s’écrièrent tous les autres

étendards 5 8L il n’efi pas permis d’en douter.

p » Mais du moins faut-il l’expofer , dirent les lé-

giflateurs; car l’on ne peut croire ce que l’on ne

tonnoit pas. . . pa Notre doélrine efi prouvée , reprit le premier

étendard , par des fait: nombreux , par unemultitude de miracles , par des réfurreélions demorts , des torrens mis a fec , des montagnestranfportées , &c. ’I » Et nous auflî , s’écrièrent tous les autres ,

nous avons une foule de miracles ; 8L ils com-mencèrent chacun à raconter les oboles les plus

incroyables. i », » Leurs miracles , dit le premier étendard, (ontdes prodige: fuppofe’s ou des prefiiges de l’efim’t malin ,

qui’les a trompés.

» Ce font les vôtres, repliquèrent-ils , qui fontfuppofés; 8L chacun parlant de foi , dit: il n’y aque les nôtres de véritables 5 tous les autres font de!fachtés. t)

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moralisateurs CONTRADICTIONS, être: :33

Et les légiflateurs dirent : Avenavous des témoins

vivans P I v . i« Non , répondirent-ils tous : les faits fontanciens ; les témoins font morts 5 mais ils ontécrit. s)

Soit, reprirent les légiflateurs ;; mais s’ils fort-t’en

contradiàion , qui les conciliera? Je .2 ”a Jufies arbitres , s’écria un des étendards lla

preuve que nos témoins ont .vu la vérité ,c’ef’t qu’ils

(ont. morts pour la témoigner ,- & notre croyance cil

fcellée du fang des martyrs. ’ . .. se Et la nôtre auflî , dirent les autres étendards :

nous avons des milliers de martyrs, qui (barmansdans des tourmens affreux, fansjamais fe démentir. »Et alors les Chrétiens de toutes les feéies , les Muful-

mans, les Indiens, les Japonois citèrent des légendes

fans fin de confefièurs, de martyrs , de péni-

tens, &c. . iEt l’un de ces partis ayant nié les martyrs desautres: .« Eh bien! dirent-ils, nous allons mourirà) pour prouver que notre croyance ef’t vraie. » .

Et dans l’infiant une foule d’hommes de toutereligion , de toute (cèle, le phréfentèrent pour’foufïrir

des tourmens 8L la mort. Plufieurs même commen-cèrent de le déchirer les bras , de fe frapper la tête8L la poitrine, fans témoigner de douleur.

Mais les légillateurs les arrêtant : O hommes ,leur dirent»ilsl écoutez de (ring-froid nos paroles:

fi vous mouriez. pourprouver que deux 8c deuxI a

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ne ’.cHrrrT’xeXXI.»-’font quatre, cela les fermail davantage être quarre?

Non, répondirent-ils tous. .-Et fi vous mouriez pOur prouver qu’ils font cinq,

cela les feroit-il être cinq P a ’ ’Non, dirent-ils tous encore. .-’.Eh bien! que prouve donc votre perfuafion, fi

elle ne change rien a l’exifience des chofesPLavérité efii’une, vos opinions (ont diverfes"; donc

plufieurs de vous le trompent; Si, comme il cil n lévident, il (ont perfuade’s de l’erreur, que prouve h

la perfuafion de l’homme"? v - ; rSi l’erreur a l’es martyrs, ou cil le cachet zde la

Vérité? ’ auSi l’efprit malin opère des miracles, ou efi lecaraétère difiinélif de la Divinité ? l I

Et d’ailleurs , pourquoi toujours des «miraclesincomplets 8: infufiifans? Pourquoi ,» auÂlieu de ces

bouleverfemens de la nature, ne pas changer plutôtles opinions? Pourquoi tuer les hommes ou leseffrayer, au lieu de les inflruire 8c delescorriger?

O mortels crédules, 8L pourtant opiniâtres! nulde nous n’efl: certain; de ce qui s’efi sans hier , de

ce qui fe palle aujourd’hui fous fes yeux; 8L nousjurons de ce qui s’efl palle il y a deux mille ans!

Hommes foibles, &’pourtant orgueilleux! les loisde la nature font immuables 8L profondes , nos efpritsfont pleins d’illufion 8L de légèreté; 3L nous voulons

tout déterminer, tout comprendre! En vérité , il cil

plus facile à tout le genre humain de fe tromper,que de dénaturer un atôme.

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wwrxr.-v.»-P .

O v .PROBLÈME pas CONTRADICTIONS , ôte: 135

Eh bien! dit un doéleur, laiflbns-là les preuvesde fait, puifqu’elles peuvent être équivoques; venons

aux preuves du raifonnement, à celles qui fontl inhérentes à la doélrine.

Alors, un Imam de la loi de Mahomet, s’avançantplein de confiance dans l’arène; après s’être tourné

.vers la Marque, 8L avoirproféré avec emphafe laprofqfionde foi : louange à Dieu, dit-il d’une vousgrave 8L impofante! a la lumiere brille avec évi-» dence, .8: la vérité n’a pas befoin d’examen : s)

v St montrant le Coran: « Voilà la lumière 81 la vérité

la» dans leur propre efiënce. » Il n’y a point dz doute

en ce livre; il conduit droit celui qui marche aveu-glément, qui reçoit jans difcuflion la parole divinedrfiendue filf le Prophète pour fizuver le [imple 6*confondre le fartant. Dieu a établi [Mahomet faitminijîrefur la terre; il lui a Iivre’ le momie pourfen-

p mettre par ’lrfabre celui qui ,rrfizjè de croire àfa loi :

les infidèles difputent 64 ne veulent pas croire,- leurendurcifl’ementmient de Dieu; il a [celle’ leur cœur

pour les livrer- à (l’afflux châtimens.... (*)

A ces:m0ts un violent murmure élevé de toutesparts , interrompit l’orateur. « Quel’el’t cet-homme,

s’écrièrent tousles groupes, qui nous outrage ainfi

(*) Ces paroles font le feus 8L prefque le texte littéral dupremier chapitre du Coran ,’ de en genéral, le lcéieur eli priéd’olivier-Ver que l’on s’efi ferupuleufement attache dans les tableaux

qui vont fuivre, à rendre la lettre de l’elprit des opinions dechaque parti.

la

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136 CHAPITRE XXI.gratuitement? de quel droit prétend-il nous impofer

fa croyance comme un vainqueur 8c comme untyran? Dieu ne nous a-t-il pas donné comme à luides yeux, un efprit, un intelligence? St n’avons-nous pas droit d’en ufer également, pour l’avoir ce

que nous devons rejeter ou croire? S’il a le droitde nous attaquer, n’avons-nous pas celui de nousdéfendre? S’il lui a plu de croire fans examen, ne

femmes - nous pas mairres de croire avec difcerne-ment?

« Et quelle ei’t cette, doëirine Iuminrujè, qui

craint la lumiere? Quel ei’t cet apôtre d’un Dieuclément , qui ne prêche que meurtre & carnage? Quel

cil ce Dieu de indice , qui punit un aveuglementque lui-même caufe? Si la violence 8L la perfécution

font les argumens de la vérité, la douceur 8L lacharité feront-elles les indices du menfonge? »

Alors un homme s’avançant d’un groupe voifin

vers l’Imâm , lui dit: a Admettons que Mahomet» foit l’apôtre de la meilleure doélrine, le prophète

à) de la vraie religion! veuillez du moins nous dire» qui nous devons fuivre pour la pratiquer: fera-» ce (on gendre Ali, ou les vicaires 0mar8t Abou-» bekre (24.) P »

A peine eut-il prononcé ces noms, qu’au feinmême des Mufulmans éclata un fchifme terrible:les partifans d’0mar& d’Ali fe traitant mutuellementd’lte’re’tiques , d’impies , de fizcrile’ges , s’accablèrent de

ma.éditïlions. La querelle même devint fi violente,

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PROBLÈME pas CONTRADICTIONÈ, sac; 137

qu’il fallut que les groupes voifins s’interpofaflènt

pour les empêcher d’en venir aux mains.Enfin le calme s’étant un peu rétabli , les Légif-

lueurs dirent aux Imâms: a Voyez quelles confé-quences réfultent de vos principes! Si les hommesles mettoient en pratique , vous-mêmes , d’oppofition

en oppofition , vous vous détruiriez jufques au der-nier; & la première loi de Dieu , n’el’c-elle pas que

’ l’homme vive .’ » Puis s’adreflant aux autres groupes:

fans doute, dirennils , cet efprit d’intolérance 8:d’exclufion choque toute idée de juflice, renverfetoute hale de morale 8: de focie’te’ 3 cependant,

avant de rejeter entièrement ce code de do&rine ,ne conviendroit-il pas d’entendre quelques - uns de,les dogmes, afin de ne pas prononcer fur les formes,fans avoir pris connoifl’ance du fond ? »

Et les groupes y ayant confenti, l’Imâm commença

d’expofer comment Dieu , après avoir envoye’ 24,000

Prophètes aux nations qui s’égaroient dans l’idolâttie ,

en avoit enfin envoye’ un dernier, le fceau 5e la per-

fiâion de tous , Mahomet ,jitr quifiit lefalut de paix:comment afin que les infidèles n’altérafTent plus la

parole divine, la fitpre’me clémence avoit elle-même

tracé lesfeuillets du Coran : 8L détaillant les dogmesde l’iflamifme, l’Imâm expliqua comment , à titre

de parole de Dieu , le Coran etoit incre’e’ , éternel ,

ainfi que la fource dontil émanoit : comment il avoite’te’ envoyé feuillet par feuillet en 24,000 apparition:

noâurrtes de l’Ange Gabriel : comment l’Ange s’an-

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138 CHAPITRE XXI:nonçoît par un petit cliquetis, qui faififiit le Prophète

d’une fueur froide; comment, dans la vifion d’une

nuit, il avoit parcouru quatre-vingt-dix cieux , montéfur l’animal Boraq, moitié cheval , moitié femme;

A comment , doué du don des miracles , il marchoitau foleil jans ombre , faifoit reverdir d’un fiul mot le:

arbres , rempliflbit d’eau les puits, le: citernes, àavait fendu en deux le difque de la lune : comment,chargé des ordre: du Ciel , Mahomet avoit propagé ,

le labre à la main, la religion la plus digne de Dieupar fa jublimite’, &t la plus propre aux hommes par la

fitnplicite’ de les pratiques , puifqu’elle ne confifioitqu’en huit ou dix points : profefl’er l’unité de Dieu;

reconnaitre Mahomet pour jan feul prophète ; priercinq jais par four; jeûner un mais par an ; aller àla Mecque une fiais dans fa vie ,- donner la dime de je:

biens ; ne point boire de vin, ne point manger de porc ,6* fizire la guerre aux infidèle: (25); qu’à. Ce moyen ,

tout Mufulman, devenant lui- même apôtre &t martyr:jôuiflbit dès ce monde d’une foule de biens; 8: qu’à;

fa mort, (on ame pefe’e dans la balance de: œuvres,

8: abfoute par les deux Anges noirs, traverfoit pardeffus l’enfer le pont e’trait comme un cheveu fr tranchant

comme un fibre, 8L qu’enfin elle étoit reçue dans un

lieu de délices , atrofé de fleuves de lait 81 de miel,

embaumé de tous les parfums indiens (à: arabes, Stoù des vierges touiours ahanes ,rles célefies Houris scombloient de faveurs toujours tenaillâmes les élu!

toujours raicunis.

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honnirai: fiss’èôurutstmsus, ne. s39’Ï A ces mon; un rire involontaire le traça fur

tous les virages; 8: les divers groupés raifonnantfur ces articles de Croyance , dirent unanimement 3comment: le peut-il que des hommes raifonnablesadmettent de telles rêveries? Ne diroit-on pas enterra

dre un chapitre des Mille 5’ une Nuits? r iv Et un Samoyede s’avançant dans l’arène : « Le paradis

de Mahomet, dit-il , me paroit fort bon; mais undes moyens de le gagner m’embarrall’ewar s’il ne

faut ni boire ni manger entre deuijleils, ainfi qu’ilPardonne, CommEnt pratiquer un tel jeûne dansnotre-pays, ou le Soleil refie fur l’horizon fia: mais

entiers jan: je coucher? ’ iCela el’t impoilible , dirent les doéfeurs Mufulmans

paur foutenir l’honneur du Prophète; mais centpeuples ayant attelle le fait, l’infaillibilité de Maho-

met ne une pas que de recevoir une atteinte.Il ei’t fingulier , dit un Européen, que Dieu ait

fans celFe révélé leur ce qui le paflôit dans le ciel,

fans jamais nous infiruire de ce qui fe paire fur laterre l

Pour moi, dit un Américain, je trouVe une grandedifficulté au pèlerinage. yCar fuppofon’s 25 ans par

génération, 8L cent millions de mâles fur le globe:chacun étant obligé d’alleràla Mecque une fois dada

fa vie, ce fera par an quatre millions d’hommesen route; on ne pourra pas revenir dans la mêmeannée: le nombre devient double, c’el’t-à-dire de

huit millions :où trouver les vivres, la place, l’eau,

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ne CHAPITRE XXI.’les vaiflèaux pour cette procellion univerfelle? Ilfaudroit bien la des miracles! -

La preuve, dit un Théologien catholique, que lareligion de Mahomet n’efl pas révélée, c’el’t que la I

plupart des idées qui en font la baie exifloient long-temps avant elle, 8l qu’elle n’ef’t qu’un mélange

confus des vérités altérées de notre (aime religion &de

celle des Juifs , qu’un homme ambitieux a fait fervirà les projets de domination , 8L à les vues mondaines.

Parcourez fon livre: vous n’y verrez que des bill-toires de la bible 8L de l’évangile , travefiies en oonte’

abfurdes , 8: du relie un est: de déclamations con-tradictoires 8: vagues, & de préceptes ridicules oudangereux. Analyfez l’efprit de ces préceptes 8c laconduite de l’apôtre : vous n’y verrez qu’un caraâère

rufé 8L audacieux, qui , pour arriver à fou but, remue,

affin habilement, il ef’t vrai , les pallions du peuplequ’il veut gouverner. Il parle à des hommes fimples

8L crédules; il leur fuppofe des prodiges :ils fontignorans & jaloux; il flatte leur vanité en méprifant

la icience: ils font pauvres 8L avides ;il excite leurcupidité par l’efpoir du pillage : il n’a rien adonner

d’abord fur terre ; il le crée des tréfors dans lescieux 5 il fait defirer la mort comme un bien fuprême:il menace les lâches de l’enfer g il promet le paradis

aux braves; il afi’ermitles faibles par l’opinion de

la fatalité : en un mot, il produit le dévouementdont il abefoin, par tous les attraits des feus, parles mobiles de toutes les pallions.

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PROBLÈME nus CONTRADICTIONS, ôte. tu

a Quel caraé’lère différent dans notre doélrinel

8: combien fon empire établi fur la contradiélion

de tous les penchans, fur la ruine de toutes lespallions, ne prouve-t-il pas fan origine célefle?Combien fa morale douce , companffante, 8L fesaffaîtions toutes fpirituelles , n’attelient- elles pas loti

émanation de la Divinité? Il Cil vrai que plufieursde les dogmes s’élèvent au-defl’us de l’entendement ,

8: impofent à la talion un refpeélueux filence;mais par-là. même fa révélation-n’efl que mieux

confinée , puifque. jamais les hommes feuillentimaginé de fi grands myl’tères. Et tenant d’une main

la Bible , 8c de l’autre les quatre Évangiles, le doc-

teur commença de raconter que, dans l’origine ,*Dieu ( après avoir pallié une éternité fans rien faire)

prirent-in le demain , fans morif connu , de produirele monde de rien ; qu’ayant créé l’Univers entier en

fix jours , il le trouva fatigué le feptième 5 qu’ayant

placé un premier couple d’humains dans un lieu de

délices , pour les y rendre parfaitement heureux,il leur défendit néanmoins de goûter d’un fruit qu’il

leur lailTa fous la main; que ces premiers parensayant cédé à la tentation, toute leur race (qui n’était

pas née) avoit été condamnée là porter la peined’une faute qu’elle n’avoir pas commife; qu’après

avoir lamé le genre humain le damner pendant kquatre ou cinq mille ans , ce Dieu de miféricordeavoit ordonné à unifils bien-aimé , ’qu’il avoit engenÀ

dré fans mère , &’qui étoit aufli âgé" que lui, d’aller

l

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.14: :Ct-tAptTnz XXI.le faire mettre à mon fur terre; 8: cela, afin defauver les hommes , dont cependant depuis ce temps-là le trèpgrand-nombre continuoit de fe perdre;que pour remédier à ce nouvel inconvénient, ceDieu, né d’une femme reliée vierge, après être

mort 8L tell-niché , tenailloit encore chaque jour,* & fous la forme d’un peu. de levain , fe multiplioit

par milliers à la voix du dernier des hommes; 8crie-là. paillant à la do&rine des factemens, il alloittraiter à. fond de la puillànce de lier 8c de délier,des moyens de purger tout crime avec de l’eau 8:quelques paroles, quand, ayant proféré les motsindulgence, pouvoir du pape, gratte fififitrtte ou eflî-cace , il fut interrompu par mille cris. C’efi un abushorrible , dirent les Luthériens, de prétendre, pourde l’argent , remettre les pe’che’s ; c’en. une choie

contraire au texte de l’Évangile , dirent les Calvignilles , de fuppofer une préface véritable .’ Le pape

n’a pas le droit de rien décider par lui-même , direntles Janfénil’tes; 8L trente feéles à la fois s’accufant

mutuellement d’héréfie 8L d’erreur , il ne fut plus

poliible de s’entendre.

Après quelque temps, le filence s’étant rétabli, i

les Mufulmans dirent aux légiflateurs; Lorfque vousavez repoulTé notre doé’trine , comme propofant des

choies incroyables , pourrez-vous admettre celle desChrétiens? n’eli-elle pas encore plus contraire aufens naturel 8: à la jufiice? Dieu immatériel , infini,

le faire homme .’ avoir un fils auifi âgé que lui! ce

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PROBLÈME ces CONTRADICTIONS , au. 143

Dieu-homme devenir du pain que l’on mange 8cque l’on digère! avons-nous rien de femblable àcela? Les Chrétiens ont-ils le droit exlufif d’exiger

. une foi aveugle? & leur accorderez-vous des privi.lèges de croyance , à notre détriment?

Et des hommes fauvages s’étant avancés: quoi!

dirent-ils , parce qu’un homme 8L une femme , ily a litt mille ans , ont mangé une pomme , tout legenre humain le trouve damné? Et vous dites Dieujufie! Quel tyran jamais rendit les enfans refpon-lfables des fautes de leurs pères! Quel homme peutrépondre des trôlions d’autrui? N’efl-ce pas renverfer

toute idée de jufiice 8L de raifon?Et où font, dirent d’autres , les témoins , les preuves

de tous ces prétendus faits allégués? Peut-on les

recevoir ainli fans aucun examen de preuves? Pourla moindre aé’tion en juflice il faut deux témoins;

dt l’on nous fera croire tout ceci fur des traditions ,

des oui-dires P . tAlors , un Rabin prenant la arole: a Quant auxfaits , ditoil, nous en fortunes garans pour le fond:à l’égard de la forme 8L de l’emploi que l’on en a

fait, le cas el’t différent, 8c les Chrétiens le con-

damnent ici par leurs propres argumens; car ils nepeuvent nier que nous ne (oyons la fource originelledont ils dérivent, le tronc primitif fur lequel ils lefont entés; & dei-la , un raifonnement péremptoire:ou norre loi el’t de Dieu; 8L alors la leur el’t unehérélic, puifqu’elle en diffère: ou notre loi n’ait pas

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144 CHAPIITlin-EIXXÏ;de Dieu; 8: la leur tombe en même temps. aï

Il faut diflinguer, répondit le Chrétien : votre loiefl de Dieu , comme figurée 8L préparative , mais nonpas commefinale 8L abfiylue ; vous n’êtes que le fimu-

lucre dont nous-Jommes la réalité.

Nous t’avons , repartit le Rabin, que telles (ontvos prétentions; mais elles font abfolument gratuites8E faufïès. Votre fyfiême porte tout entier fur desbafcs de fins myfliques (26) , d’interprétations vifion-

mires 8L allégoriques; 8L ce fyfiême , violentant lalettre de nos livres ,. fubflitue fans ceflè au feus vrailes idées les plus chimériques , 8: y trouve tout cequi lui plaît, comme une imagination vagabondetrouve des figures dans les nuages. Ainfi , vous avezfait un Meflie fpirituel , de ce qui, dans l’efptit denos Prophète! , n’était qu’un roi politique. Vous

avez fait une rédemption du genre humain, dece qui n’étoit que le rétabliflèment de notre nation.

Vous avez établi une prétendue corruption virginale

fur une phrafe prife à contre-feus. Ainfi (uppofez-ivous à votre gré toiit ce qui vous convient; vousvoyez dans nos livres mêmes votre Trinité , quoi-qu’il n’en foi: pas dit le. mot le plus indirect , 8L que

ce foi: une idée des nations profanes , admife avecune foule d’autres opinions de tout culte 8: de toute

fefle, dont fe compofa votre fyfiême dans le chaos81 l’anarchie des trois premier: fiècles.

A ces mon, tranfportés’de fureur , 8: criant aufacrüe’ge, au blafphéme , les dofleurs chrétiens vou-

’ lutent

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PROBLÈME pas CONTRADICTIONS , Suc. 145

lurent s’élancer fur le Juif. Et des moines, bigarrés

de noir 8L de blanc , s’étant avancés avec un drapeau

où étoient peints des tenailles , un. gril, un bûcher ,

8: ces mots: jujiice, charité 8L mife’ricorde (*): il

faut, dirent-ils, faire un (tôle defai de ces impies ,8L les brûler pour la gloire de Dieu. Et déià ils traa Icoient le plan d’un bûcher , quand les Mufulmansleur dirent d’un ton ironique: Voilà donc cette reli-

gion de paix , cette morale humble 8c summum quevous nous avez vantée? Voilà cette charité e’vunge’m

ligue qui ne combat l’incrédulité que par la douceur,

&n’oppofe aux injures que la patience 3 Hypocrites!c’efl: ainfi que vous trompez les nations: c’el’t ainfi

que. vous avez propagé vos funef’tes erreurs lAvez-vous été foibles; vous avez prêché la liberté, la

tolérance, la. paix : êtes-vous devenus forts; vousavez pratiqué la perfecution, la violence.....

Et ils alloient commencer l’hifioire des guerres8L des meurtres du’chriflianifme, quand les légifla-

teurs réclamant le fileuce, fufpendirent ce mou-

Vement de difcorde. ,« Ce n’efi pas nous , répondirent les moines

» bigarrés, d’un ton de voix toujours humble 8c9 doux , ce n’efi pas nous que nous voulons venger;» c’efi la caufe de Dieu, c’efi: fa gloire que nous» défendons.»

-(*) Tel efl réellement le drapeau de l’lnquifition des Jacobinsofpagnols.

K.

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146 GHAPITREXXI.Et de quel droit , repartirent les Imam , vau!

conflituq-vousfis repreyêntans plus que nous .1 Avez-vous des privile’ges que nous n’ayons pas? Êtes-vousd’autres hommes: que nous!

Défendre Dieu , dit un autre groupé, prétendre

le venger, n’efi-ce pas infulter (a fageflè, fa puif-fance? Ne. fait-il pas mieux que les hommes ce quiconvient à fa dignité?

- Oui; mais fes voies font cachées , reprirentles moines.

« Et il vous reliera toujours à prouver, reparti-» tent les rabins , que vous avez le p’rivilége exclufif

a) de les comprendre.» Et alors, fiers de trouverdes foutiens de leur caufe, les Juifs crurent queles livres de Moi]: alloient triompher, lorfque leMéhari (*) des Parles , ayant demandé la parole ,dit aux légiflateurs:

Nous avons entendu le récit des Juifs 8c desChrétiens fur l’origine du monde g 8c quoiqu’altéré,

nous y avons reconnu des faits que nous admettons;mais nous réclamons contre l’attribution qu’ils en

font au légiflateur des Hébreux. Ce n’efi point lui

qui a’fait connaître aux hommes ces dogmes fu-blimes, ces célefies événemens; ce n’efi point à

lui que Dieu les a révélés, mais à notre faim pro-

phète Zoroqire ; 8c les épreuves en (ont manifeflespar les livres mêmes que l’on vous allègue: parcou-

(*) Grand-Prêtre.

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Prosateur. pas commuterions, etc. 147rez-y avec attention le;.détail des lois, des rites,des préceptessétablis par. Moife; vous ne trouverez .

en aucun article une indication même tacite de cequi fait. aujourd’hui la bafe de la théologie desJat’fir 8: desr Chrétiens.flEn aucun lieu ,p vous neverrez des trace, nilde l’immortalité de l’ame , ni

d’une .Itt’e’ultelrieure , ni de l’enfer 8L du paradis , ni

de la révoltai: l’Ange’principal , auteur des maux

du genre humain , &c. 1 .Moyen n’a point connu Ces. idées; 8L la raifon en

ei’t péremptoire , puifque ce ne fut que quatre fléoles

après luiïque Zoroqflre les évangélifa danstll’Aiie

(37)."..t’Aufii,’ajouta le Mô’bedp en s’adrefiànt aux

rabin3,,-p’eil:èoe,»que depuis cette époque, c’el’t-à-

direraprès le fiècle de vos premiers rois, que. cesidées-paroifl’ent dans vos écrivains; 8L elles ne s’y

’montrent que par degrés, 8L d’abord furtivement,

[claudes relations politiques que vos pères eurentavec-,nosiaieux. Ce fut fur-tout lorique, vaincus 8:difperféstpas lestois de Ninive 8L de Babylone,vospères furent tranfportés fur les bords du Tigre

de l’Euphrate’, qu’élevés pendant trois générations

fucceflives dans notre pays ,.ils s’imprégnèrent demœurs: &-,d-’opinions iufqu’alors repouflées comme

contraires aient loi. Alors que notre roi Çyras leseut délivrés de l’elblavage , leur cœur fe rapprocha I

de nous par la reconnoiffance; ils devinrent nos dif-

ciples, nos imitateurs 5 8L ils introduifirent nosdogmes dans la refonte qu’ils firent de leurs livres

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ns CHA-ÊAITRE XXÎ.” a;(28) ; car voue Gel-[râle , en particulier, ne fut iamaisl’ouvrage. de Molle, mais une compilation rédigéeau retour’de la captivité de Babyloneg-où l’on a ina

[été les opiniOns Chaldéennes fur l’origine du monde;

Etï’d’abord les purs feflateurs de la lui,’oppofan-t

aux émigrés’la lettre du texte, le-filetice ablolu du

prophète ,V voulurent repouflèr les inn’ovation’sjinais

notre doéitine prévalut 3’ 8: modifiée-filon votre

génie 8: les idées qui vous étoient propres ,v ellecaufa une nouvelle. l’eût. Vous attendiei un roiIeflaurateur de votre puifTance; nous annoncions unDieu réparateur 8L fliuveur. De la combinàifmi de cesidées, vos Efl’e’niens firent la baie du-chrtfiianifmes

8c quoi-qu’en fuppofent vos prétentions", Juifs ,Chrétiens , Mufulmans , vous n’êtes ;I’ndans votre

[Même des être: [pirittrels ,*- que des enfans égarés de

Zoroajlfe’.”" - - - * ’ Z 3 ’ï ’ "Et le Môbed , paillant de faire au développement

de ifa"’religion, &À s’appuyant du -!adÀ-dêr &-dn

gamma; racontaïtdans le mêmeiôrdreïlque laÜettièfe ,’la’ création du inonde en fiat2 gabant (:9),

la formation d’un-premier homme & d’une premièrefemme dans un lieu’ce’lefle’,’ Tous 1le règne du ’ bien;

’l’întroduéiion du maldatis le monde par Jar-grande

îcouleuvre,emblème d’AItrimiznes ; la révolte ôr les corn-

fibats de ce géniedu mal 8: des te’nèbres; contreOquïd,

dieu du bien & delà lumière; la divifiori des angeren’blanaslët en noirs, en bons 8: en médiums-kan ordrehiérarchique en chérubins ,.fe’rapltins,.trônes , domino:-

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menuisa pas commissions , ôte: tutians , &c.; la fin du monde au bout ile-fiat mille ans ;la. venue de l’agneau réparateur de lanature; le monde

nouveau 5- la vie future dans des lieux de délices oude peines ; le pqflàge des anus fur le pont de l’abyme ,-

les cérémonies des myfièresde Mithras; le painazyme qu’y mangent les initiés; le baptême des enfin:

nouveaux-nés; les onâions des morts , 8: les confel;fions de leurs pichets ’( 3°); en un mot, il expofatant de choies analogues aux trois religions précé-dentes, qu’il fembloit que-ce fût un commentaireou une. continuation du Conan- & de l’Apocalypfe,

Mais..les«dofleurs Juifs, Chrétiens, Mufulmans,le récriant fur. cet expofé, -& traitant les Parfes d’ido.

lattes 8l d’adorateurs du fiat , les taxèrent de mon.fouges , de fuppofition , d’altérations de faire; 8L ils’éleva une violente difpute fur les dates des événe-

mens , fur leur fucceflion 8: fur leur férie, fur lalource première des opinions, fur leur tranfmiflîon-de peuple a peuple, fur l’authenticité des livres qui iles établiflënt; fur l’époque de leur compofition, le

caraâère de leurs rédaéleurs, la valeur de leurstémoignages; 8L les divers partis (e démontrant réci-

proquement des contradiélions , des invraifem-blances , des apocryphités , s’accusèrent mutuelle-ment d’avoir établi leur croyance fur des bruits popu-

laires , (ut des traditions vagues , fur des fables ab-furdes, inventées fans .difcernement, admires fanscritique par des écrivains inconnus , ignorant oupartiaux , à des époques incertaines ou faciles.

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156 h C H A VTT]! X")! 1:" ’D’autre par: un grand murmure is’excita fou:

les drapeaux des feâes Indiennes; & les Brame:proteflant contre les prétentions des Juifs. 8: desParfes , dirent: Quels font ces peuples nouveaux8! prefqu’inconnus qui s’établiflèntaiufi , de leur

droit privé , les auteurs des nations, 8L les dépolie

tairas de leurs archives? A entendre leurs calculs decinq & fix mille ans, il fembleroit que le monde nefût né que d’hier , tandis que nos monumens confia-

tent une durée de plufieurs milliers de fiècles. Et dequel droit leurs livres feroient-ils préférés aux nô-

tres? Les Veda, lee Chqflres (’*) , les Forum: font-ils

donc inférieurs aux Bibles , au Zend-41943,91, au VJad-der (31)? Leptémoignage de nos pères 8L denos Dieux ne vaudra-t-il pas celui des Dieux 8: despères des Occidentaux? Ah! s’il nous étoit permisd’en révéler les myflères à des hommes profanes! fi

un voile (acre ne devoit pas couvrir notre dofirineà tous les regards! .....

Et les Drames s’étant tus à ces mon: comment

admettre voue doflrine , leur dirent les. légifla-teurs, fi vous ne la manifefiez pas? Et commentfeu premiers auteurs l’ont-ils propagée , alors qu’en

tant feula à la poflëder, leur pmpre peuple leurétoit profane f Le Ciel la révéla-(41 pour la raire P

Mais les Brames. perfiflant à ne pas s’expliquer:nous pouvons leur laiflèr lesihonneurs du fecret,

fi(*) Faîtes (and: 1’: comme dans cingle.

avr

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PROBLÈME DE: commuterions , &c.’ :5!

dit un homme d’Europe. Déformais leur doélrine

cil à découvert : nous poflëdons leur: livres; G:je puis vous en réfumer la fubfiànce.

En eflèt , aualyfant les quatre Vedes , les dix-lzuit pourans , 8: les cinq ou fix chqflres, il expofa

comment un Erre immatériel, infini, éternel St.rond, après avoir paillé un templ fins bornes à lecontempler , voulant enfin fe manifefler, répara lesfacultés mâle 8: femelle qui étoient en lui, &opéra

un aéle de génération, dont le lingam efi reliél’emblème; comment de ce premier aéle naqui-rent trois puiflànce: divines, appelées Brama , Bichen

ou Vichenou , 8c Chib ou China ( 33) chargées ,la première de mien-la [cacade de conjèrver , latroifième de détruire ou de changer les formes del’uniVers : & détaillant l’hifloire de leurs opérations

81 de leurs aventures , il expliqua comment Emma,fier d’avoir créé le monde 8L les huit Boboun:(ou fphères) de probations , s’étant préféré à fon

égal Chib , ce mouvement d’orgueil calife entr’eux

un combat qui fracaffit les globes ou orbites eilefies,comme un panier d’un]? ; comment Brama , vaincudans ce combat, fut réduit à fervir de piédefial à.Chib , métamorphofé en lingam; comment Viche-nou , Dieu médiateur, a pris , à des époques di-

verties, neuf formes animales 8: mortelles pourconfiner le monde; comment d’abord fous cellede poiflbn , il fauva du déluge univerjel une famillequi repeupla la terre; comment enfuite, fous la.

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’15: CHAPITRE XXI.forme d’une tortue (3;), il tira de la mer de laitla montagne Mandreguiri (le pôle ); puis, fouscelle de fitnglier, déchira le ventre du géant Eten-niacheflî’n qui fubmergeoit la terre dans l’abyme du

Djôle , dont il la retira fur fes défenfes; commentincarné fous la. forme de Berger noir, & fous lenom Chris-en , il délivra le monde du venimeuxferpent Calengam , 8L parvint, après en avoir étémordu au pied , à lui e’crafer la tête.

Puis palliant à l’hii’toire des Génies jetondaires ,

il raconta comment l’Eternel , pour faire éclater [agloire, avoit créé divers ordres d’Anges , chargés

de chanter (es louanges 6L de diriger l’univers ;comment une partie de ces Anges je révolta fous laconduite d’un chef ambitieux, qui voulut ufurperle pouvoir de Dieu, 8: tout gouverner; commentDieu les précipita dans le monde de ténèbres , pour

y fubir le châtiment de leur malfaifance; comment,enfaîte touché de compaffion , il confentit à les en

retirer, 8L à les rappeler en grace , après avoir fubide longues épreuves; comment à cet effet ayantcréé quinze orbites ou régidns de planètes, 8L des

corps pour les habiter , il fournit ces Anges rebellesà y fubir quatre-vingt-jept tranfmigrations : il ex-pliqua commentles antes ainfi purifiées retournoientà la finira première, à l’océan de vie ê d’animation

dont elles étoient émanées : comment tous les êtres

vivans contenant une portion de cette ante univer-fille, il étoit très-coupable de les en priver. Enfin

RA! -.e A

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PROBLÈME Des-commercerons, ne. 153il’alloit développer les rites de. les cérémonies , lorfa

qu’ayant parlé des qfliandes 8l des libations de lait

8L de beurre à des dieux de cuivre 64 de bois , 81 despurifications par la fiente 8l l’urine de vache , il s’é-

leva de toutes parts des murmures mêlés d’éclats

de rire, qui interrompirent l’orateur.Et chaque groupe raifonnant fur cette religion 3

a Ce fontdes idolâtres, dirent les Mufulmans; il faut

les exterminer... Ce font des cerveaux dérangés ,direntles feâateurs de Confirmée , qu’il faut tâcher

de guérir. Les plaifans dieux, difoient quelquesautres, que ces marmouzets graiflèux 81 enfumés ,qu’on lave comme des enfant mal-propres, 8L dont

il faut chaflèr les mouches friandes de miel , quiviennent les falir d’ordures l sa

Et un Brame indigné , prenant la parole : Ce(ont des myi’tères profonds , "s’écria-nil, des em-blêmes de vérités que vous n’êtes pas dignes d’en-

tendre. iDe quel droit , répondit, un Lama du Tibet , enêtes-vous plus dignes que nous l Efl-ce parce quevous vous prétendez iflits de la tête de Brama , 8cque vous rejetez à de moins nobles parties le reliedes humains? Mais pour foutenir l’orgueil de vosdifiinétions d’origine 8L de enfles , prouvez - nousd’abord que vous êtes d’autres hommes que nous;

prouvez-nous enfuite, comme faits hifioriques, lesallégories que vous nous racontez; prouvez - nôusmême que vous êtes les auteurs de toute cette doc-

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tu . C.!!A?!1’n! XXr:trine; car nous , s’il le faut , nous prouverons quevous n’en êtes que les plagiaires 81 les corrupteurs;que vous n’êtes que les imitateurs de l’ancien paga-

nifme des Occidentaux , auquel vous avez, par unmélange bizarre, allié la doétrine toute fpirituellede noue Dieu (34.); cette doârine dégagée desfeus , entièrement ignorée de la terre avant queBeddou l’eût enfeignée aux nations.

Et une foule de groupes ayant demandé quelleétoit cette doélrine , 8L quel étoit ce Dieu , dontla

plupart n’avoient jamais oui le nom , le Lama reprit

la parole 8L dit z t« Qu’au commencement, un Dieu unique, exiflant

par lui.même, après avoir palle une éternité ,abforbé

dans la contemplation de (on être, voulut manifef’ter

fes perfeftions hors de lui-même, 8: créa la matièredu monde ,- que les quatre lle’mens , étant produits,mais encore confits, il faufila furles eaux, qui s’enflèrent

comme une bulle immenfe de la forme d’un œuf,laquelle en (e développant devint la voûte à l’orbe

du Ciel qui enceint le monde (35); qu’ayant fait laterre 8: les corps des être: , ce Dieu , eflènlce du mouve-

ment, leur départit, pour les animer, une portionn de jbn être; qu’à ce titre, l’ame de tout ce qui ref-

pire étant une fraâiou de l’ame univetfille, aucune

ne pe’rit , mais que feulement elles changent de moule

8L de firme, en paflitnt fucceffivemcnt en des corpsdivers : que de toutes les formes, celle qui plaît leplus à I’Etre divin , et! celle de l’homme, comme

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montante ou connoterions , au; :55lpprochant’le plus de fes perfeâions; que quandun homme , par un dégagement abfolu de fes feus,J’abforbe dans la contemplation datai-même , il parvient

à y découvrir la diviniie’ , 8: il la devient en efet:

que de toutes les incarnations de cette efpèee, queDieu ,a déjà revêtues , la plus grande 81 la plus

folemnelle fut celle dans laquelle il parut il y atrois mille ans dans le ’Knehemire, fous le nom de

F6: ou Beddou , pour enfeigner la doârine deI’anëanliflëmern , du renoncement à foi-mime. Et tra-

eant l’hifloire de F6: , il dit qu’il étoit ne du’ me

droit d’une Vierge de long royal, qui n’avait pas «j?

d’être vierge en devenant mère; que le Roi du pays,inquiet de fa naiflânce, voulut le faire périr, 8l qu’il

fit moflera tous les mâles ne; à fin (poque; quefauvé par des Pâtres , Beddou en mena la viet dansle defirt iufqu’à l’âge de trente au, ou il commença

jà mifion d’éclairer les hommes , 8: de les délivrer

des démons; qu’il fit une foule de miracles les plusétonnant; qu’il vécut dans le jeûne & dans les péni-

tences les plus rudes, 8: qu’il billât en mourant unlivre à. l’es difciples, où étoit contenue fa doctrine;

8:. le Lama commença de lire:....» Celui qui abandonne (on père Sofa mère pour

me fuivre , dit Fôt, devient un’parfaitfiamaneen( un homme ellefie

9 Celui qui pratique mes préceptes jufqn’au qua-

trième degré de perfeflion, acquiert la faculté de

voler en l’air, de faire mouvoir le ciel 8c la terre,

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:56 exhumait-r: I"de prolonger ou de diminuer la’vie" (de? refi’ufciter )i

» Le Samane’en rejette les richeflès , n’ufe que du

plus étroit néceffitire; il mortifie (on corps; [etpallions font muettes; il ne defire rien; il ne s’attacheà rien; il médite fans celle ma doé’trine ; il fouille

patiemment les injures; il n’a point de haine contrefou prochain.

» Le ciel 8L la terre périront , dit Fol :méprirezdonc votre corps compofé des quatre éléments péri];

jables, 8! ne longez qu’à votre ame immortelle.» N’écoutez pas la chair :Iles primons produifent

la crainte 8c le chagrin :éroufl’ez les pallions; vous,détruirez la crainte 8L le chagrin.

» Celui qui meurt fans avoir embrafi’e’ ma reli-

gion , dit F ôt , revient parmi les hommes jufqu’à ce

qu’il la pratique. » .Le Lama alloit continuer , lorfque les Chrétiens,

rompant le filence , s’écrièrent que c’étoit leur

propre religion que l’on altéroit; que Fût n’était

que Jefil! lui-même defigure’ , 8L que les Lamas n’é-

toient que des Nel’toriens 8L des Mauiche’ens déguifés

8:. abâtardis.

(36) Mais le Lame , foutenu de tous les Cha-ntons , Bonze: , Gonnis , Talapoins de Siam. ,de Geylan , du Japon , de la Chine , prouva auxChrétiens , par leurs auteurs mêmes , que la.doélrine des Samane’ens étoit répandue dans tout

Il’Orîent plus de mille ans avant le chrifiianifme ;que leur nom étoit cité dès avant l’époque

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PROBLÈME DES GONTRADICTIONS , ne. 157

d’Àlexandre, &;que Boutta ou Beddou étoit men-tionné antérieurement a Jefiu. Et rétorquant con-

tre. eux leur prétention : prouvez-nous maintenant,leur dit-il , que vous-mêmes n’êtes pas des Sa-maneen: dégénérer; que l’homme dont vous faitesl’auteur-de votre feéie , n’ef’t pas For lui-même

altéré. Démontrezsnous fou exifience , par desmonumens hilioriques à l’époque que vous nous

citez (37) ; car , pour nous , fondés fur l’ab-l’ence de tout témoignage authentique , nous vous

lainions formellement; 8L nous fauterions que vosévangiles mêmes ne. font que les livres des Mi-tltjjaques de, Perle , St des Ejè’niens de .S’yrie ,qui gn’étoient eux-mêmes que des Samane’ens ré-

fomiés (38 I ,1-; A ces mots , les Chrétiens-r jetant de grandsfait; une nouvelle difpute plus violente alloitpilaires, lorfqu’un groupe de Clzamans Chinois ,&iyde Talapoins. de Siam , s’avançant en fcène ,dit-qu’ils alloienrmettre d’accord tout le monde.Etîl’un d’eux prenant la parole : Il el’t temps ,

dit-jL, guenons terminions toutes ces contcl’ta-nous. frivolemenpleyant pour vous le voile de ladotât-in: intérieure que Fôt lui-même , au lit de lamont a. révélée à lès difciples ( 39 ).

sa! Toutes ces-opinions théologiques , a-t-il dit ,surfont que. des chimères; tous ces récits de laamandes Dieuxyde leurs aélions , de leur vie,inezlisntqueadeq allégories , des emblèmes my-

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158 CHAPITREXXI.dialogiques , fous lefquels font enveloppées des .idées ingénieures de morale , 8L la connoiiiancedes opérations de la Nature dans le jeu des élément

8: la marche des alites. Ia La vérité efl que tout je réduit ou néant ;

que tout eh illufion , apparence , flinge: que lamltempchofe morale n’efl que le feus figuré de la

metemplycofe phyfique , de ce mouvement jueeefifpar lequel les élémens d’un même corps qui ne

périmant point, patient , quand il le difl’out ,dans d’autres milieux , 8L forment d’autres com-L

binaifons. L’ame n’ei’t que le principe vital qui

réfulte des propriétés de la matière , 8L du feudes élémens dans les corps où ils créent unmouvement fponrané. Suppofer que ce produit aujeu des organes , né avec eux , développé avec

eux , endormi avec eux , fubfifle quand ile-nefont plus , c’efl un roman peut-être agréable,mais réellement chimérique , de l’imaginationabufée. Dieu lui-même n’efi autreichofe que leprincipe moteur , que la force occulte répandue Holàles être: , que la jomme de leur: loi: 8c deÏlettrspropriétés , que le principe-animant , en un mon;l’ame de l’Univers ; laquelle , à raifort de l’infinie

variété de (es rapports 8: de res opérations , con."fidérée tantôt comme fimple , 8L tantôt commemultiple n, tantôt comme aâive , 8: tantôt commepaflîve , a toujours préfemé a l’efprit humain une

énigme infoluble. Tout ce qu’il peut y comprenn

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mentisme on: CONTMDICTIONS , ôte. 159dre de plus clair , c’ef’t que la matière ne périt

point 5 qu’elle pofsède eflènnellement des pro-priétés par lefquelles le monde ei’t régi , comme

un être vivant 8c organifé : que la connoifl’ance de

ces lois , par rapport s l’homme , efl ce quiconflitue la jagwfi : que la vertu de le me’rite ré-fident dans leur obfervation ; 8?. le mal , le péche ,le vice , dans leur ignorance 8L leur infraélion :que le bonheur 8l le malheur en (ont le réfultat,par la même ne’ceflite qui fait que les choies peufilmes dtfcendent , que les legères s’élèvent ; 8L par

une fatalité de califes 8L d’efièts dont la chaîne

remonte depuis le dernier arôme , infqu’aux aflrçsles plus élevés (4o )L »

A ces mors , une foule de Théologiens de toutefeéle s’écria que cette doélrine étoit un pur ma-

terialifme ; que ceux qui la profeilbient étoient ldes impies , des athe’e: , ennemi: de Dieu 8c deshommes ,, qu’il falloit exterminer. -- (4 Eh bien lrépondirent les Chamans , fuppofons que nousfoyons en erreur , cela peut être 3 car le premierattribut de l’efprit humain el’t d’être fitjet à l’illu-

fion ; mais de quel droit ôterez-vous , à des 110ml’ mes comme vous ,e la vie que le Ciel leur a donnée?

Si ce Ciel nous tient pour coupables , nous a enhorreur , pourquoi obus dillribue-t-il les mêmesbiens qu’à vous? Et s’il nous traite avec tolé-

rance , quel droit avez-vous d’être moins indul-gens P Hommes pieux , qui parlez de Dieu avec

I

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160 CHAPIITREXXI.tant de certitude ù de confiance, vueillez nousdire ce qu’il el’t g faites-nous comprendre ce que

font ces êtres abflraits 8: métaphyfiques que vousappelez Dieu 8L ame ; fulgflanees jans matière ,exifience flint carps , vies fans organe: ni jenfiztions.Si vous connoifièz ces êtres par vos feus ou leurreflexion , rendez-nous-les de même perceptibles:que fi vous n’en parlez que fur témoignage de par

tradition , montrez-nous un récit uniforme , 8cdonnez à norre croyance des bafes identiques 8:fixes. »

Alors il s’éleva entre les Théologiens une grande

controverfe fur Dieu & fur fa nature; fur fa ma.nière d’agir 8L de le manifefler; fur la nature del’ame 8l [on union avec le corps; fur [on exiflenceavant les organes, ou feulement depuis leur forma-tion; fitr la vie future de jar l’autre monde ,- 8cchaque feéle , chaque école , chaque individu ,différant fur tous ces points , 8L m0tivant fou

’ dilTentiment de tairons plaulibles, d’autorités ref-

pec’lables 8: cependant oppofées , ils tombèrent

tous dans un labyrinthe inexnicable de contra-diélions.

Alors , les légiflateurs ayant réclamé le filence , ,

8c ramenant la quefiion à fon premier but: « Chefs

8L inflituteurs des peuples , dirent-ils , vous êtesvenus en préfence pour la recherche de la ve’rite’ ;

6L d’abord chacun de vous croyant la pelletier , aexigé une foi implicite; mais appercevantla-con-

trarie’té

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PROBLÈME DES CONTRADICTIONS ,- sa. 161

trariété de vos opinions , vous avez conçu qu’ilfalloit les foumettre à un régulateur commun d’é-

vidence , les rapporter à un terme général decomparaifon , 8: vous êtes convenus d’expoferchacun vos preuves de croyance. Vous avez allégué

des faits ; mais chaque religion , chaque feéleayant également les miracles 8L les martyrs, cha-cune produîfant également des témoignages, &lesfoutenant de (on dévouement à. la mort , la ba.lance , par droit de parité, el’t reliée e’gale fur ce

premier point. ’ l .Vous avez enfaîte pall’é aux preuves de tairons

nement : mais les mêmes argumens s’appliquant(gaiement à des thèfes contraires; les mêmes allèr-tions , egalement gratuites ,-. étant e’galement avan-cées 8: repouffées; l’afientimen-t de chacun e’tant

de’nie’ par. les mêmes droits , rien.ne:s’efi trouvé

démontré. Bien plus ,. la confrontation de vosdogmes ai-fufcité de nouvelles 8c plus grandesdifficultés 5. car , à travers des diverfités appas-srentes ou accellbires , leur développement vous:préfenté un fonds reflemblant , un canevas comamua ; St chacun de vous s’en prétendant l’ine

venteur autographe , le dépofitaire premier, vousvous êtes taxés les uns les autres d’être des alte’a

tuteurs-8L des plagiaires.;s8t il naît de-là unequel’tion épineufe de tranfmiflîon de peuple à peu-h

ple, des idées religieufes. . .Enfin, pour combler l’embarras , ayant voulu

L

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:61 CH’APITREXXLVous rendre compte de ces idées elles-mêmes, ils’efl trouvé qu’elles vous étoient à tous confufes

8L même étrangères 5 qu’elles portoient- fur des

hales inacceilibles à vos fens ; que , par confé-quent , vous étiez fans moyens d’en juger , 8:qu’à leur égard vous conveniez. vous-mêmes n’être

que les échos de vos pères : de-la cette autrequel’tion de lavoir comment elles ont pu venir àvos pères , qui , eux-mêmes , n’avaient pas d’autres

moyens que vous de les concevoir : de manièreque, d’une part, la fitceeflîon de ces idées étant

inconnue , d’autre part leur origine 8t leur exif- ctance dans l’entendement étant un saynète , toutl’édifice de vos opinions théologiques devient unproblème compliqué de métaphylique 8L d’hilî-

taire..." i .Comme néanmoins ces opinions , quelqu’ex-traordinaires qu’elles puiliènt être , ont une ori-.gine quelconque 5 comme les idées , même lesplus abliraites 8L les plus fantaf’tiques , ont, dansla Nature , un modèle phyfique , il s’agit de re-monter à cette origine, de découvrir que! fut cemodèle; entun met , de favoir d’où font venues,dans l’entendement de l’homme , ces idées mainte-

nant li obfcures de la Divinité , de l’ame , de tous

les êtres immatériels qui font la baie de tant defyfiêmes , 8L de démêler la filiation qu’elles ontfuivie , les altérations qu’elles ont éprouvées dans

.leur’fucccfiion 8: leurs embranchemens. Si donc il

4

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PROBLÈME DES commmcnons; 15cc. 163fe trouve des hommes qui aient porté leurs étudesfur ces objets , qu’ils s’avancent , 6c qu’ils tentait

de diflîper" , à la face des nations , l’obfcurité

des opinions où depuis fi long-temps elles s’é.

garent. -

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164 CHAPITRE’XXII.

mma.m:::g:-æbCHAPITRE XXII.Origine 6’ filiation des idées religieqfes. .

ACES mots , un groupe nouveau , formé à l’inf-tant d’hommes de divers étendards , mais lui-mêmen’en arborant point , s’avança dans l’arène 5 8L l’un

de (es membres portant la parole , dit :u Légiflateurs , amis de l’évidence 8: de la

vérité l

» Il n’efi- pas étonnant que tant de nuages en-

veloppent le fuie: que nous traitons , puifque ,outre les difficultés qui lui font propres, la pen-fée n’a , jufqu’à ce moment, cefi’é d’y rencontrer

des obfiacles accefi’oires , 8L que tout travail libre ,toute difcuflion lui ont été interdits par l’intolé-

rance de chaque fyflème ; mais , puifqu’enfin illui el’c permis de fe développer, nous allons ex-

pofer au grand jour , 8L foumettre au jugementcommun ce que de longues recherches ont apprisde plus raifonnable à des efprits dégagés de pré-

jugés , 8L nous l’expoferons , non avec la pré-tention d’en impofer la croyance , mais avec l’inten-

tion de provoquer de nouvelles lumières 8L de plusgrands éclairciflèmens.

a) Vous le favez , Doéieurs 8: Infiituteurs desPeuples ! d’épaifiès ténèbres couvrent la nature ,

l’origine , l’hifioire des dogmes que vous enfei-

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ORIGINE ET mur. mas mies, au: 165gnez : impofés par la force 8L l’autorité , incul-qués par l’éducation , entretenus par l’exemple ,

ils fe perpétuent d’âge en âge , 8L affermirentleur empire par l’habitude 8L l’inattention. Maisfi l’homme , éclairé par la réflexion 8L l’expé-

rience, rappelle à un mûr examen les préjugés .de (on enfance , il y découvre bientôt une foulede difparates 8: de contraditïlions qui éveillent fa(agacité 8C provoquent (on raifonnement,

» D’abord , remarquant la diverfité 8L l’op-

pofition des croyances qui partagent les nations ,il s’enhatdit contre l’infaillibilité que toutes s’arro-

gent; 8: s’armant de leurs prétentions récipro-ques , il conçoit que les fins 81 la railbn émanésimmédiatement de Dieu , ne font pas une loi moins

faim: , un guide moins fût que les codes médiats 8:

contradiéloires des prophètes. -» S’il examine enfuite le tifi’u de ces codes eux-

mêmes, il obferve que leurs lois prétendues di-yines , c’efi-à-dire immuables 8: éternelles , font nées

par circonflances de temps , de lieux 8L de per-fonnes; qu’elles dérivent les .unes des autres dans

une efpèce d’ordre généalogiqUe , puifqu’elles s’em-

pruntent mutuellement unhfonds commun 8L ref-ièmblant d’idées , que chacune modifie à fougré.

» Que s’il remonte à la fource de ces idées , il

trouve qu’elle fe perd dans la nuit des temps ,’dans l’enfance des peuples , jufqu’à l’origine du

e L 3

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n’166 4 ” Cr! A I! tu": a X X I 1..

monde même , a laquelle elles fe difent liées 5 8:là , placées dans l’obfcurite’ ;du chaos , .8: l’empire

fabuleux des traditions , elles Te préfentent accom-pagnées d’un état de choies .fi prodigieux , qu’il

femble interdire tout accès au jugement 5 maiscet état même ful’cite un premier raifonnement ,qui en réfom la difficulté : car fi les faits prodi-

gieux que nous préfentent les fyfiêmes théologi-ques , ont réellement exifié ; fi , par exemple ,les métamorphofes , les apparitions , les conver-fations d’un feul ou de plufieurs Dieux tracéesdans les livres flicre’s des Indiens , des Hébreux,des Parles , (ont des événemens hifioriques , ilfaut convenir que la Nature d’alors différoit en-tièrement de celle. qui fubfifie ; que les hommesafinels n’ont rien de commun avec ceux de cesfiècles-là , 8l qu’ils ne doivent plus s’en occuper.

»’Si , au contraire , ces faits prodigieux n’ont pas

réellement exif’té dans l’ordre phyfique , dès.lors

on conçoit qu’ils font du genre des créations dev l’entendement ; 6l Ta nature , capable encore au. l

iourd’hui des com pofitions les plus fantafiiques , rend

d’abord raifon de l’apparition de ces moulins dans

l’hif’toire 5 il ne s’agit plus que de (avoit com-

ment 8L pourquoi ils le (ont formés dans l’ima-. gination: or , en examinant avec attentiôn les fu- -

jets de leurs tableaux , en analyfant les idées qu’ilscombinent 8c qu’ils afocient , en pelant avec fointoutes les circonf’tances qu’ils allèguent , l’on par-

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ORIGINE ET nus-r. ces mans, ôte. M7a vient a découvrir, à ce premier état incroyable g

une folution conforme aux lois de la Nature;l’on s’apperçoit que ces récits d’un genre fabu-

leux ont un feus figuré autre que lé fens appa-rent; que ces prétendus faits merveilleux font desfaits fimples 8: phyfiques , mais qui , mal conçusou mal peints, ont été dénaturés par des caufes’

accidentelles dépendantes de l’efprit humain , parla confufion des figues qu’il a employés pourpeindre les objets; par l’équivoque des mors , levice du langage , l’imperfeélion de l’écriture s

l’on trouve que ces Dieux , par exemple, quijouent des rôles fi finguliers dans tous les fyflèames , ne font que les parfîmes: phjfiques de lanature , les démens , les vents , les dires 8c lesmétéores , qui ont été perlimng’fils par le mécanifme

nécefl’àire du langage 8L de l’entendement : que

leur vie , leurs mœurs , leurs trôlions ne (ont quele jeu de leur: opérations , de leurs rapports a 8:que toute leur prétendue hifioire n’efl que ladefcription de leurs phénomènes ,y tracée. par les

premiers phyficiens qui les obfervèrent , 81 prifoà contre-fans par le vulgaire qui ne l’entenditpas , ou par les générations fuivantes , qui l’ou-

blièrent. On reconnoît , en un met , que tousles dogmes théologiques fur l’origine du monde ,

fur la nature de Dieu , la révélation, de les lois ,l’apparition de fa performe ,p ne font que des ré-cits de faits afironomiques , que des narrations fige.

L s

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168 CHAPITRE XXII."ne: 8c emblématiques du feu des conflellations rl’on (e couvaincra que l’idée même de la Divi-nite’ , cette idée aujourd’hui fi obfcnre , n’el’t

dans fou modèle primitif-que celle des truffant-esphyfiques de l’Univers , confidérées tantôt comme

multiples à raifon de leurs agens 8L de leurs phé-nomènes , 8: tantôt comme un être unique 8:fimple par l’enfemble 8L le rapport de toutes leursparties; en forte que l’être appelé Dieu a été

tantôt le vent, le feu, l’eau , tous les démens ;tantôt le Soleil , les Afires , les planètes, 8L leursinfluences g tantôt la matière du monde vifible ,la totalité de l’Univers ; tantôt. les qualités ahi:traites 8L métaphyfiques , telles que l’ejpace , ladurée , Iepmouvement 6’ l’intelligence ; 8: toujours

avec ce réfultat , que l’idée de la Divinité n’a

point été une révélation miraculeufe d’êtres invifi-

bles , imais une produélion naturelle de l’entende-filent ; une opération de l’efprit humain , dont ellea fuivi les progrès 8L fubi les révolutions, dansla connoiflànce .du monde phyfique 8L de les

agens. .» Oui, vainement les nations reportent leur culteà des infpirations célefies5vainement leurs dogmesinvoquent un premier état de choies furnaturel :la barbarie originelle du gente humain , attel’téepar les propres monumens (4.1) , dément d’a-bord tomes ces aliénions 5 mais de plus un fait Ifilbfifiant 8L itrécufable dépofe vié’torieufwranr con-t

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ORIGINE ea- FILIAT. pas IDÉES , Soc: 169

tre. les faits incertains 8L douteux du pail’é. Dece que l’homme n’acquiert 6’ ne reçoit d’idées que

par I’intermède de fer feus (4a) , il fuit avec évi-

dence , que toute notion qui s’attribue. une autreorigine que celle de l’expérience 8L des (enlia:rions , ei’t la fuppofition erronée d’un raifonne-

ment poflérieur : or , il fuflit de jeter un coup-d’œil réfléchi fur les fyl’têmes facrés de l’origine

du monde , l’atflion des Dieux , pour découvrir àchaque idée , à chaque mot , l’anticipation d’un

ordre de choies qui ne naquit que longtempsaprès; 8l la raifon , forte de ces contradiélions ,rejetant tout ce qui ne trouve pas fa preuve dansl’ordre naturel, 8: n’admettant pour bon [Même

hijt’orique que celui qui s’accorde avec les vrai-femblances , la raifort établit le lien , de dit avecaKurance :

» Avant qu’une nation eût reçu d’une autre

nation des dogmes déjà inventés 5 avant qu’unegénération eût hérité des. idées acquifes d’une na-

tion antérieure, n’ul de tous les, fyflêmes compo-fés n’exil’toit encore dans le inonde. Enfans de la

Nature , les premiers humains, antérieurs à toutévénement, novices à toute connoifiance , na-

’ quirent fans aucune idée ni de dogmes mus dedifputes fcholafiiques , ni de rites fondés fur desufages 8L des arts à naître , ni de préceptes quifuppofent un développement de païlions , ni decodes qui fuppofent un langage, un étatpfocial

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r70 Cnsrr’rneXXII.’encore au néant 5 ni de Divinite’ , dont tous les

attributs fe rapportent a des choies phyfiques ,8L toutes les aélions à un état defpotique de gou-vernement 5 ni enfin d’ame , 8L de tous ces êtresmétaphyfiques que l’on dit ne point tomber fous

les fens , 8L à qui cependant , par toute autrevoie , l’accès à l’entendement demeure impoflible.

Pour arriver a tant de réfultats , il fallut parcou-rir un cercle néceiTaire de faits préalables 5 il fallutque des cirais répétés 8: lents appriflènt à l’homme

brut l’ulage de fes organes 5 que l’expérienceaccumulée de générations fucceflives eût inventé

8L perfeélionné les moyens de la vie , 8L quel’efprit dégagé de l’entrave des premiers befoins ,s’élevât à l’art compliqué de comparer des idées ,

d’ail’eoir des mitonnement , St de failir des rapportsabi’traits. a

S. I". 1Origine de l’ide’e de Dieu : culte des Ele’mens ê des

primâmes phyfigues de la nature.

CE ne fut qu’après avoir franchi ces obfia-ciel, 8c parcouru déjà une longue carrière dansla nuit de l’hilloire , que: l’homme méditant fur

fa condition , commença de s’appercevoir qu’il; étoit fournis à des flirtes fupe’rieures à la fiennev 8L indépendantes de (a volonté. Le Soleil l’éclai-

roit , l’échauflbit; le feu le brûloit , le tonnerre

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Cuisine ET FILIAT. pas tories, arc; :7:’l’efrayoit , l’eau le fubmergeoit , le vent l’agitoit;

tous les êtres exerçoient fur lui une aéiion gui]-fitnte 8L irre’jiflible. Long-temps automate , il fubit

cette aéiion fans en rechercher la caufe 5 mais 5du moment qu’il voulut s’en rendre compte , iltomba dans l’étonnement ,- 8L palTant de la fur-prife d’une première penfée à la rêverie de la cu-

riofité , il forma une férie de raifonnemens.D’abord , confidérant l’aâion dese’le’mens fur

lui, il conclut de (a part une ide’e de foile ,d’ajitje’ttfièment , 8L de la leur une idée de puif-

flznee , de domina’l’on ; 8: cette idée de parfume

fut le type primitif 8L fondamental de toute idéede la Divinité.

Secondement , les êtres naturels dans leur ao-tion 5 excitoient en lui des fenfittions de plaifiroude douleur , de bien ou de mal : par un effet na-turel de (on organifation , il conçut pour eux del’amour ou de l’averfion ; il deyira ou redouta leur’préfence 5 81 la crainte ou l’efiwir furent le principe

de toute idée de religion.Enfuite , jugeant de tout par comparaifim , 8L

remarquant dans ces êtres un mouvement fpontane’

comme le lien , il fuppofa à ce mouvement unevolonté , une intelligence de l’efpèce des lie-nues 5

8: de-là, par induélion , il fit un nouveau rai--fonnement. -- Ayant éprouvé que certaines pta-tiques envers res femblables avoient l’effet de mo-difier à (on gré leurs affaîtions 8L de diriger leur

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t7: CHAPITRE XXIIJconduite , il employa ces pratiques avec les être!putflans de l’Univers 5 il le dit: a Quand monfemblable, plus fort que moi , veut me faire du

imal, je m’abaiflè devant lui , & ma prière a l’art

de le calmer. Je prierai les êtres puiflàns qui mefrappent. Je fupplierai les intelligences des vents,des al’tres , des eaux , & elles m’entendront : jeles conjurerai de détourner les maux , de me donnerles biens dont elles difpofent 5 je les toucherai ,par mes larmes , je les fléchirai par mes dans ,

81 je jouirai du bien-être. t) .Ët l’homme , fimple dans l’bnfance de fa rai-

fou , parla au Soleil , à la Lune 5 il anima defon efprit 8: de les pallions les grands agent dela Nature; il crut par de vains fous , par devaines pratiques , changer. leurs lois inflexibles :erreur funel’te l Il pria la pierre de monter , l’eaude s’élever , les montagnes de le tranfporter , 8c,fubfiituant un monde fantafiique au monde véri-table , il le confiitua des êtres d’opinion s, pourl’épouvantail de (on efprit St le tourment] de fa

race. «Ainii les idées de Dieu 8: de Religion , a l’égal

de toutes les autres , ont pris leur origine dansles objets phyfiques , 8c ont été dans l’entende-

ment de l’homme le,produit de les (éclations , deles befoins , des circonfiances .de la visât de l’état

progreflif de les connoiflances.Or , de ce que les idées de la Divinité eurent

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ORIGINE gr FILIAT. ces mm , ôte. :73pour premiers modèles les êtres phyfiques , il ré-fulta que la Divinité fut d’abord variée 8L mul-

tipl: , comme les formes fous lefquelles elle parutagir : chaque être fut une puiflànce , un ge’nie ;8c l’univers pour les premiers hommes fut remplide-

dieux innombrables.’Et de ce que les ide’es de la Divinitd eurent

pour moteurs les infirmons du cœur humain , ellesfubirent un ordre de divifionlcalqué fur les fanfa-tions de douleur 8L de plaifir , d’amour ou deilutine; les putflances de la Nature , les Dieux ,’1er Génies furent partagés en bienfaifans ou enmalfaijans , en bons 8l mauvais; 8l de-là l’univer-falité de ces deux caraétères dans tous les fyflêmes

de Religion. ’Dans le principe, ces idées analogues a la con-

dition de leurs inventeurs furent long-temps con-fufes 8: groflières. Errans dans les bois , obfédésde befoins , dénués de refl’ources , les hommes

fauvages n’avoient pas le loifir de combiner desrapports 8: des raifonnemens : affeélés de plus demaux qu’ils n’éprouvoient de jouiflances , leur

fentiment le plus habituel étoit la crainte , leurthéologie la terreur; leur culte le bornoit à. quel-ques pratiques de falut , d’offrande à des êtresqu’ils le peignoient féroces 8L avides Comme eux.Dans leur état d’e’galite’ 8L d’indépendance , nul ne

s’établilfoit médiateur auprès de Dieux inlubor-

donnes G: pauvres comme lui-même. Nul n’ayant

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171. CHAPt’rnanJJCII,de fuperflu a donner , il n’exifioit ni paralite foutle nom de prêtre , ni tribut fous le nom de vic-time , ni empire fous le nom d’autel 5 le dogme61 la morale confondus n’étaient que la conferva-

tion de foi-même; 8L la religion , idée arbitraire,fans influence fur les rapports des hommes entr’eux,n’était qu’un vain hommage rendu aux purifiâmes vi-

fibles de la Nature.Telle fut l’origine néceflaire 8: première de toute

idée de la Divinité.

Et l’orateur s’adrelfant aux nations fauvages:’6 Nous vous le demandons , hommes n’avezpas reçu d’idées étrangères, faéiices 5 dites-nous

fi jamais vous vous en êtes formé d’autres. P Et

vous, doéleurs , nous vous en attelions; dites-nous fi tel n’en pas le témoignage unanime de tous

les anciens monumens (4.3 ) i » - i

5. I I.

Second fyjiême. Culte des affres , ou Saôe’ifine.

Mars ces mêmes monumens nous offrent en-fuite un fyl’tême plus méthodique 8: plus compli-

qué , celui du culte de. tous les alites , adoréstantôt fous leur forme propre , tantôt fous desemblèmes 8L des fymboles figurés 5 8L ce cultefut encore l’effet des connoiflanœs de l’homme en

phylique , 8c dériva immédiatementpdes califes

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OmctNE ET FILIAT. DES mafias, ne. 175premières de l’état facial , c’efl-à-dire des befoins

8c des arts de premier degré qui entrèrent commeélémens dans la formation de la f0ciété.

En effet, alors que les hommes commencèrentde fe réunir en fociété , ce fut pour eux unenécefiîté d’étendre leurs moyens de fubfil’tauce ,

8L par conféquent de s’adonner à l’agriculture :

or , l’agriculture , pour être exercée , exigea l’ob-

lervation 8c la connoiflànce des cieux (44). Ilfallut connoître le retour périodique des mêmesopérations de la nature , des mêmes phénomènesde la voûte des cieux ; en un mot , il fallut ré-gler la durée , la fucceflion des faifons , des mois,de l’année. Ce fut donc un befoin de connaître

d’abord la marche du Soleil , qui , dans (a ré-volution zodiacale ,l fe montroit, le premier 8L fit-prême agent de toute création 5 puis de la lune ,qui par lès phafes 8: les retours régloit 81 diflriphuoit le temps; enfin des étoiles , 8: même desplanètes , qui par leurs apparitions 8L difparitionsfur l’horizon 8c l’hémifphère nocturnes ,, formoient

les moindres divifions 5 enfin , il fallut dreflèr unfyfiême entier d’afironomie , un calendrier ; 8cde ce travail réfultavbientôt 8L fpomanément unemanière nouvelle d’envifager les puifiànces domi-

natrices 8: gouvernantes. Ayant obfervé que lesproduëlions terrefires étoient dans des rapports ré-guliers 8: conflans avec les être: ce’lefles ; que la

morflant: , l’accroiflèment , le depe’rt’fiment de cha-

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176 CHAPITREXXÎÏ.[que plante étoient liés à l’apparition , à l’exalta-

tion , au de’cIin d’un même afire , d’un même

groupe d’étoiles; qu’en un mot, la langueur oul’activité de la végétation (ambloit dépendre d’in-

fluences ce’lefles- , les hommes en conclurent uneidée d’aâion , de puiflimce de ces être: ce’Ielles-i,

jupe’rieurs fur les corps terrefires; 8E les afiresdifpenfateurs d’abondance ou de difette , devin-rem des puiflîznces , des génies (4,5 ) , des Dieux au-

teurs des bien: 61 des maux.Or , comme l’état focial déjà avoit introduit

une hiérarchie méthodique de rangs , d’emplois,

de conditions ; les hommes , continuant de rai-fonner par comparaifon , tranfportèrent leursnouvelles norions dans leur théologie , 8L il enréfulta un fyf’tême compliqué de divinités gra-

, duelle: , dans lequel le foleil , dieu premier , futun chef militaire , un roi politique; la lune , unereine fa compagne 5 les planètes , des ferviteurs ,des porteurs d’ordre, des mefiàgers 5 8L la mul-titude des étoiles , un peuple , une armée de hé-

ros , de génies chargés de régir le monde Ions. les ordres de leurs officiers 5 8: chaque individu

eut des noms , des fon6’tions , des attributs tirés de

fes rapports 8L de (es influences , enfin même un fexetiré du genre de (on appellation ( 46

Et comme l’état focial avoit introduit des ufages

8: des pratiques comparés , le culte marchant defront en prit de femblables : les cérémonies , d’a-

’ bord

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ORIGINE ET FILIAT. DES IDÉES, ôte. :77

bord fimples 8r privées , devinrent publiques 8Lfolemnelles; les offrandes furent plus riches 8:plus nombreufes, les rites plus méthodiques; onétablit des lieux d’aflèmblée , 8L l’on eut des

chapelles , des temples ; on inflitua des officierspour adminil’trer , 8L l’on eut des pontifes ,I desprêtres; on convint de formules , d’époques; 8cla religion devint un 361e civil , un lien politi-que. Mais dans ce développement , elle n’altéra

point fes premiers principes , 8L l’idée de Dieufut toujours l’idée d’êtres plUfitIurJ , agiliant en

bien ou en mal ; c’efi-à-dire , imprimant desfenfationsvde peine ou de plaifir : le dogme futla connoiKaiice de leurs lois ou manières d’agir;la vertu 8L le pe’clze’ , l’obfervation ou l’infraélion

de ces lois; 8L la morale , dans fa fimplicité na-tive , fut une pratique iudicieule de. tout ce quicontribue àq la confirvtnion de l’exzfience , au bien-âtre

dejoi 64 defes femblables (47i Si l’on nous demande à quelle époque naquitce fyfiême , nous répondrons , fur l’autorité des

monumens de l’afironomie elle-même , que lesprincipes paroiliènt remonter avec certitude àprès de 17,000 ans (48 Et fi l’on demande à.quel peuple il doit être attribué, nous répondronsque ces mêmes monumens , appuyés de traditions(unanimes , l’attribuent aux premières peupladesde l’Egypte ; 8: lorique le raifonnemen trouveréunies dans cette contrée toutes les circoiiliaiices

M

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:78 CHAPITREXXII.phyliques qui ont pu le fufciter; loriqu’il y ren-contre à la fois une zone du ciel , voifine dutropique , également purgée des pluies de l’é-

quateur , 8L des brumes du nord (49); lori:-qu’il y trouve le point central de la fphère an-tique , un climatll-alubre , un fleuve immenfe 8Lcependant docile; une terre fertile fans art , fansfatigue , inondée fans exhalaifons morbifiques;placée entre deux mers qui touchent aux contréesles plus riches , il conçoit que l’habitant du Nil ,agricole par la nature de fou fol , géomètre par lehefoin annuel de mefurer les polièflions , commer-çant par la facilité de les communications , afin)-nome enfin par l’état de (on ciel fans celle ouvertà l’obfervation , dut le premier palier de la con-dition havage à l’état focial , 8L par conféqnent

arriver aux connoiflances phyfiques 8L morales qui.font propres à l’homme civiliré.

Ce fut donc fur les bords fupérieurs du Nil ,8c chez un peuple de race noire , que s’organifale fyfième compliqué du culte des alim- , confi-dérés dans leurs rapports avec les produâions de

la terre 8c les travaux de l’agriculture ; 8L cepremier culte , caraé’térifé par leur adoration fous

leurs firmes ou leurs attributs naturels , fut unemarche fimple de l’efprit humain: mais bientôtla multiplicité des objets, de leurs rapports , deleurs aérions réciproques , ayant compliqué lesidées 8L les figues qui les reprélentoient , il furvint

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I

01110th ET FILIAT. DES IDÉES, &c. x79

une confufion aufiî bizarre dans la caufe , que perni-cieufe dans les effets.

S. I I I.

Troifième Même. culte des fimboles, ou idolâtrie.

DÈS l’inflant ou le peuple agricole eut porté

un regard obi-ervateur fur les afires , il fentit lebefoin. d’en’diflinguer les individus ou les grou-

pes , 8L de les dénommer chacun proprement ,afin de s’entendre dans leur délignation : or ,. une

grande difficulté fe préfenta pour cet objet ; card’un côté les corps célefies , femblables en for-.-

mes, , n’offroient aucun caraélère fpécial pourêtre dénommés; del’autre , le langage naifiant8L pauvre , n’avoir point d’expreflîons pour tantd’idées neuVes 8L me’tapltyfiques. Le mobile ordi-

naire du génie , le befln’n fut tout furmonter.Ayant remarqué que dans. la révolution annuelle,le renouVellement 8c l’apparition périodique desprodué’tions terrel’tres- étoient conflamment ajàcie’s

au lever ou au mucher de certaines étoiles , 8L àleur pofition relativement au foleil , terme fon-damental de toute comparaifon , l’efprit , par unmécanifme naturel , lia dans fa penfe’e les objetsterref’tres 8L célef’tes , qui étoient liés dans le

fait ; 8L leur appliquant un même figue , il donnaaux étoiles ou aux groupes qu’il en formoit , les

M a

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18° ’ CHAPITRE’XXIÎ.noms mêmes des objets terref’tres qui leur répono

doient (50Ainfi l’Ethiopien de Thèbes appela afin: de

l’inondation ou du wifi-eau , ceux fous lefquelsle fleuve commençoit fon débordement (*) ; affres

du bœuf ou du taureau ,"ceux fous lefquels ilconvenoit d’appliquer la. charrue à la terre g af-tres du lion , ceux ou cet’animal , chafië desdéfens par la foif , le montroit fur les bords dufleuve ’5 alites de l’épi .ou de la Vierge moifim-

neuje, ceux où fe recueilloit la moifibn g ajIresde l’agneau , qflres des chevreaux 5 ceux où nair-foien’t ces "animaux précieux :81 ce premier moyenréfolut une première partie des difficultés.

D’autre part , l’homme avoit remarqué , dans

les êtres qui l’environnoient , des qualités dif’tinc-

rives 8L propres à chaque’efpèce g 8L , par unepremière opération , il en avoit retiré un nompour les .défigner 5 par une féconde, il y trouvaun moyen ingénieux ’de généralifer lès idées; 8l,

traufportant le nom déjà inventé à tout ce quipréfentoit une propriété -, une aéiion analogue on

femblable , il enrichit foni’latigage d’une: métaphore

perpétuelle. " 5 - VAinfi, le même Éthiopien ayant obfervé quele retour de l’inondation répondoit confiamment à.l’apparition d’une très-belle étoile qui , à cette

(*) Ce devroit être Juin. Voyez la note (4.8).

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ORIGINE ET un". ces IDÉES, ôte. 18:époque , le montroit vers la fiturce du Nil , 8cfembloit avertir le laboureur de le garder de lafurprife des eaux , il compara cette aé’tion à cellede l’animal, qui , par (on aboiement , avertit d’un[danger , 8L il appela cet af’tre le chien , l’aboyeur

(.Syrius ) ; de même il nomma af’tres du crabe ,ceux où le foleil , parvenu à la borne du Tro-pique , revenoit fur (es pas en marchant à recu-iions 8: de côté comme le crabe ou cancer ,- a resdu bots; flutvage , ceux où , parvenu au point leplus culminant du ciel, au faîte du Gnomon ho-raire , le foleil imitoit l’aélion de l’animal qui leplaît à grimper aux faîtes des rochers,- aflres de la

balance , ceux où les jours 8L les nuits égaux ,kmbloient en équilibre comme cet infirument:alites du fiorpion , ceux ou certains vents régu-liers apportoient une vapeur brûlante comme levenin du (corpion. Ainfi encore , il appela an-neaux’ 8: ferpens la trace figurée-des orbites des

afires 8L des planètes ( st) ; 8L tel fut le moyengénéral d’appellation de toutes les étoiles , 8c

même des planètes prifes par groupés ou par in-dividus , félon leurs rapports aux opérations chant-pêtres 8: terref’tres l, 8L ,lelon les analogies quechaque nation y trouva avec les travaux agricoles,8L avec les objets de (on climat 8L de (on fol.

,De ce procédé, il réfulta que des êtres abjeâs

& terrel’trcs entrèrent en afitcùttion avec les êtresfitpe’rienrs 8L puiflîzns des cieux: 8L cette aficiation

M a

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:82 CHAPITRE XXIï.(a refréna chaque jour par la conflitution mêmedu langage , 8c le mécanifine de l’efprit. On di-

foit, par une métaphore naturelle : e Le taureau» répand fur la terre les germes de la fécondité

» (au printemps ) ; il ramène l’abondance 8L lat) création des plantes ( qui nourriffent L’agneau

» (ou belier) délivre les cieux des Génie: mal-fàifltns de l’hiver g il fauve le monde du firpent ,

si ( emblème de l’humide faifon) 8L il ramène2) le règne du bien ( de l’ete’ , faifon thtoute» jouiflance) : le [corpion verre (on venin fur la» terre , 8L répand les maladies 8L la mort, 8tc., 8:à) ainfi de tous effets femblables. »

Ce langage, compris de tout le monde , fub-lifta d’abord fans inconvénient; mais , par le lapsdu temps , lorique le calendrier eut été réglé ,le peuple , qui n’eut plus befoin de l’obfervation

du ciel , perdit de vue le morif de ces exprelÎ-fions; 8L leur allégorie , reliée dans l’ufage de la

vie , y devint un écueil fatal à l’entendement.&à la raifort. Habitué à. joindre aux fimbole: lesidées de leurs modèles , l’efprit finit par les con-

fondre : alors , ces mêmes animaux que la pen-fée. avoit tranfportés aux cieux en redefcendireut

fur la terre; mais dans ce retour , vêtus des li-vrées des al’tres , ils s’en. arrogèrent les attributs ,

. 8L ils en imposèrent à leurs propres auteurs. Alorsle peuple , croyant voir près de lui (es Dieux,leur adreITa plus facilement fa prière 5 il demanda.

V

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ORIGINE ET FlLIAT. DES mises, ôte. 183

au belier de fou troupeau les influences qu’il at-tendoit du belier ce’leIle : il pria le feorpion dene point répandre (on venin fur la Nature , ilrévéra le crabe de la mer, le flambée du limon,le poiflbn du fleuve ; 8L , par une férie d’analo-gies vicieufes , mais enchaînées , il fe perdit dans -un labyrinthe d’abfurdités conje’quentes.

Voilà quelle fut l’origine de ce culte antique8: bizarre des animaux ; voilà par quelle marched’idées le caraflère de la Divinité pafTa aux plus

viles des brutes , 8: comment fe forma le fyf-têtue théologique très-vai’te , très-compliqué , très-

avant , qui , des bords du Nil, porté de «con-trée en contrée par le commerce , la guerre 8:les conquêtes , envahit tout l’ancien monde , 8:qui , modifié par les temps , par les circofil’tan-ces , par les préjugés , le montre encore à dé-

couvert chez cent peuples , 8L fubfifle commebafeintime 8: fecrète de la théologie de ceux-la.mêmes qui le méprirent 8c le rejettent.

A ces mots , quelques murmures s’étant fait,entendre dans divers groupes : oui, continua l’onratent , voilà d’où vient , par exemple chezvous , Peuples Africains , l’adoration de vos fe-ticlze: , plante: , animaux , cailloux , morceauxide bois , devant qui vos ancêtres n’euflènt paseu le délire de le courber , s’ils n’y eufiënt vu

des taltfmans en qui la vertu des affres s’étoit in-fe’re’e (sa). Voilà , nations Tartares , l’origine

. M 4

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181, CHAPITRE XXII.de vos Marmouzezs , 8L de tout cet appareil d’ -

nimaux dont vos Chamans bigarrent leurs robesmagiques. Voilà l’origine de ces figures d’oifeaux t

de furpens que toutes les nations ramages s’im-priment fur la peau avec des cérémonies myr-térieufès 81 facrécs. Vous , Indiens! vainementvous exiveloppez-vous du voile du myfière : l’éoperxier de votre Dieu Vichenou n’ef’t que l’un

des mille emblèmes du [vieil en Égypte ;’&.vos

incarnations d’un Dieu en parfait , en fiminer ,en lion , en larme , 8L touresvfes monfirueufesaventures ne (ont que les métamorphofes de l’afire

qui , pafiàm fucceflivemenr dans les figues desdouze animaux (*) , étoit cenfé en prendre lesfigures , 81 en remplir les rôles afironomiques (53).VousïJaponois ! votre taureau qui brife l’œuf dumonde n’ei’c que celui du ciel qui jadis ouvroitl’iige’de la création , l’équinoxe du printemps.

C’efi ce même bœuf Apis qu’adoroit l’Egypre ,

. 8L que vos ancêtres , Rabins Juifs l adorèrentaufii dans. l’idole du veau d’or. C’ei’c encore votre

taureau , enfans de Zoroafire ! qui , facrifié dansles myflères fymboliques de Mithra , verfoit unjang fécond pour le monde : 8L vous , Chrétiens,verre bœuf de l’apocalypfe, avec (es ailes , [ym-baie de l’air, n’a pas une autre origine ; 8L vorre

agneau de Dieu , immolé , oomme le taureau de

Ü) Du Zodiaque.

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ORIGlNE ET FILIAT, pas mères , ôte. 185

Mithra , pour le falut du monde , n’ef’t encoreque ce même foleil , au ligne du belier ce’lefie ,lequel , dans un âge poflérieur , ouvrant à (ontout l’équinoxe , fut cenfé délivrer le monde du

règne du mal, c’eii-à-dire , de la confiellariondu ferpent , de cette grande couleuvre , mère del’hiver , 8L emblème de l’Ahrimanes ou Satan des

Perfes , vos infiiruteurs. Oui , vainement verrezèle imprudent dévoue les idolâtres aux tourmensdu Tartare qu’ils ont inventé : toute la hale devotre fyfiême n’efi que le culte du foIeil dontvous avez raflemblé les attributs fur votre prin-cicipal perfonnage. C’el’t le jbleil qui , fous les

nom d’Orus , attifoit , comme votre Dieu , aufoljlice d’hiver dans les bras de la vierge celefle ,8L qui palToit une enfance olfiure , ’de’nue’e , di--

fitteuje , comme l’efi la faifon des frimats. C’eflilui qui , fous le nom d’Ofiris , perfécuté parTiphon 8L par les tyrans de l’air , étoit mis àmort , renfermé dans un tombeau obfi’ur , em-ïblême de l’he’mrfiahère d’hiver , 8: qui enfuite le

relevant de la zone inférieure vers le point culmi-nant des’cieux , reflirlèitoit vainqueur des geai-usât.

des anges dtfimâeurs.

Vous , prêtres ! qui murmurez , vous portezfes lignes fur tout vorre corps ; votre tonjure efile difgue dujÔIeil ,- v0tre etole efl (on zodiaque (54) ;

vos chapelets (ont l’emblème des alites 8L desplanètes; Vous , pontifes 8c prélats ! -v0tre. mitre a

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186. CHAPITRE XXII.votre crqfl’e , votre manteau (ont ceux d’Ofiri: g

8C cette croix , dont vous, vantez le mjflère fansle comprendre , eFt la croix de Se’rapisn, tracéepar la main des prêtres égyptiens , fur le pland’un monde figuré 5 laquelle , palliant parleséquinoxes 8l par les tropique: , devenoit l’em-blème de la vie firture 8c de la re’firrreélion , parcequ’elle touchoit aux partes d’ivoire 8: de corne, par

où les ames palliaient aux cieux. lA ces mots , les docteurs de tous les groupes

commencèrent de fe regarder avec étonnement 5mais nul ne rompant le filence , l’orateur con.

tinua : i hEt trois caufes principales concourent a cetteconfufion des idées. Premièrement , les expreflions

figurées par lefquelles le langage naifl’ant fut con-

traint de peindre les rapports des objets; expref-fions qui , pafi’ant enfaîte d’un feus propre à un

feus général , d’un feus phyfique à un feus mo-

ral , causèrent , par leurs équivoques 8L leurs fy-nouymes , une foule de méprifes. A

Ainfi , ayant dit d’abord que le fileil filmon-toit , venoit à bout de douze animaux , on crutpar la fuite qu’il les tuoit , les eombattoit , lesdomptoit ; 8c l’on en fit la vie hifiorique d’Her-

cule (*).Ayant dit qu’il re’gloit le temps des travaux ,1

(Ü Voyez le Mémoire fur l’origine des Confielladom.

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ORIGINE ET FILIAT. pas IDÉES, èbe. 187

des remailles , des moillbns ; qu’il diffribuoit lesfalloit: , les occupations 5 qu’il parcouroit les cli-mats ; qu’il dominoit fur la terre , &c. , on leprit pour un roi Ie’giflateur , pour un guerrier con-quérant; 8L l’on en compofarl’hif’toire d’Ofiris, de

Bacchus , 8L de leurs femblables.Ayant dit qu’une planète entroit dans un ligne,

on fit de leur conjonéiion un mariage ’, un adul-tère , un inctfie (55) : ayant dit qu’elle étoitcachée , enjevelie , parce qu’elle revenoit à lalumière , St remontoit en exaltation , on la fitmorte, rtflirjcite’e, enleve’e au ciel , &c.

Une feconde caufe de confufion fut les figuresmatérielles elles-mêmes , par lefquelles on peignitd’abord les penfe’es , 8L qui , fous le nom d’hie-

roglyphes ou cordières. facre’s , furent la première

invention de l’et’prit. Ainli , pour avertir de l”-nondation , 8L du bcfoin de s’en préferver, l’on

avoit peint une nacelle , le navire Argo. Pourdéfigner le vent, l’on avoit peint une aile d’oi-

feau : pour fpécifier la faifbn , le mais , l’onavoit peint l’oifeau de paflage , l’infeEIe , l’animal

qui appareilloit à cette époque : pour exprimerl’hiver , on peignit un porc , un ferpenr , qui leplaifent dans les lieux humides; 8: la réunion deces figures avoit des feus convenus de phrafes 8ède mots (* 56 Mais comme ce fens ne portoit

t

0) Voyez les exemples cités à la note (56).

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188 CHAPITRE XXII.par lui-même rien de fixe 8c de précis , comme

le nombre de ces figures St de leurs combinai-fons devint excefiif, &rfurchargea la mémoire,il en réfulta d’abord des confufions , des expli-cations fauflës. Enfuite , le génie ayant’inventé

l’art plus fimple d’appliquer les figues aux fonsdont le nombre et’t limité , 8L de peindre la pa-role au lieu des penfées , l’écriture alphabétique

fit tomber en défue’tude les peintures hiéroglyphi-

ques ; 8c, de jour en jour , leurs lignificationsoubliées donnèrent lieu à une foule d’illufions sd’équivoques 8: d’erreurs.

Enfin , une troifième caufe de confufion futl’organifation civile des anciens états. En effet;

lorfque les peuples commencèrent de fe livrer à-l’agricultnre , la formation du calendrier ruralexigeant des obfervations afironomiques continues a.il fut néceflaire d’y prépof’er’quelques individus

chargés de veiller à l’apparition 8: au coucherde certaines étoiles ; d’avertir du retour de l’inon-

dation , de certains vents , de l’époque des pluies ,fl

du temps propre à. (enter chaque efpèce de grain:ces hommes , à raifon de leur fervice , furentdifpenfés des travaux vulgaires , 8L la focie’té pour-I

eut à leur entretien. Dans cette polition , uni-quement occupés de l’obfervation , ils ne tardè-

rent pas de faifir les grands phénomènes de laNature, de pénétrer même le (ocrer de plulieursde (es opérations : ils connurent la marche des

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Gamine ET FILIAT. pas IDÉES, ôte. (189

alites St des planètes; le concours de leurs pharesGode leurs retours avec les produélions de la.terre , 8c le mouvement de la végétation , lespropriétés médicinales ou nourrifiàntes des fruits

8L des plantes; le jeu des élémens 8L leurs aili-nités réciproques. Or , parce qu’il n’exil’toit de

moyens de communiquer ces connoifances quepar le foin pénible. de l’infiruâion orale , ils ne

les tranfmettoient qu’à leurs amis & à leurs pa-Arens ;.& il en réfulta une concentration de toutelcience à: de toute infirué’tion dans quelques fa;-

milles, qui , s’en arrogeant le privilége exclu-fif, prirent un efpritide corps 8L d’iy’olement fu-

"nel’te à la choie publique. .Par Cette fuccefiioncontinue des mêmes recherches si des mêmestravaux , le ï progrès des connoill’anc’es fut à la.

lvérite’ plus hâtif; mais par le mylière qui l’ac-

icompagnoit, le peuple , plongé de jour en jourdans de plus épaiflès ténèbres , devint plus fu-perl’titieux 81 plus afièrvi. Voyant des mortelsproduire certains phénomènes, annoncer , commeà volonté , des éclipfes 8c des comètes , guérir

des maladies , manier des ferpens , il les cruten communication avec les plllflilflft’: ce’ltfies ,- 8:

pour obtenir les biens ou repoufTer les mauxqu’il en attendoit , il’les prit pour les médiateur:

’& fes interprètes ; 8L il s’établit au fein des états

des corporations facrileges d’hommes htpocrites 8ctronqseurs , qui attirèrent à eux tous les pouvoirs;

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190 CHAPI’I’REXXII.8: les prêtres à la fois tylronomes , théologue: , phy.

ficiens , médecins , magiciens , interprète: des dieux,

oracles des peuples’, rivaux des rois , ou leurscomplices, établirent fous le nom de religion unempire de myflère , 8: un monopole d’inflruâion qui

ont perdu jufqu’à ce jour les nations...

A ces mats , les prêtres de tous les groupesinterrompirent l’orateur; 8: jetant de grands cris,ils l’accnsèrent d’impiété , d’irréligion , de blaf-

phême , 8: voulurent l’empêcher de continuer 5mais les légillateurs ayant obiervé que ce n’était l

qu’une expofition de finit:- liiflorigues ; que fi cesfaits étoient faux on controuvés , il feroit aifé deles démentir 5 que iniques-là l’énoncé de toute

opinion étoit libre, fans quoi il étoit impofiible dedécouvrir la vérité , l’orateur reprit z

q Or , de toutes ces caufes 8: de l’afibciation con-tinuelle d’idées difparates», réfultèrent une foule

de défordres dans la théologie , dans la morale ,dans les traditions 5 8: d’abord , parce que lesanimaux figurèrent les qflres , il arriva que lésqualités des brutes , leurs penchansr, leurs lym-pathies , leurs averfions pafsèrent aux dieux , 8:furent fuppofées être leurs aélions: ainfi , le dieu

ichneumon fit la guerre au dieu crocodile ,- ledieu loup v0ulut manger le dieu mouton , le dieuibis dévora le dieu feraient , 8: la Divinite’ devintun être bizarre , capricieux , fe’roce , dont l’idée

dérégla le jugement de l’homme v, 8: corrompit fa

morale avec fa raifon.

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ORIGINE ET FILIAT. pas IDÉES, ôte. :9:

Et parce que dans l’efprit de leur culte , chaque

famille , chaque nation avoient pris pour patronfpécial un affre , une corylellation , les affaîtions8: les antipathies de l’animal [ymbole palièrent à

les fedtateurs ; 8: les partifans du dieu chien fu-rent ennemis de ceux du dieu loup ,- les adora-teurs du dieu bœuf eurent en horreur ceux qui lemangeoient, 8: la religion devint un mobile dehaines 8: de combats , une caufe infenfée de délire

8: de fuperfiition (57).D’autre part, les noms des aflres animaux ayant,

par cette même raifon de patronage , été impofés

à. des peuples , à des pays , à des montagnes ,à des fleuves , ces objets furent pris pour des,dieux , 8: il en réfulta un mélange d’êtres géo-

graphiques , hil’toriques 8: mythologiques , qui con-fondit toutes les traditions.

Enfin , par l’analogie des aélions qu’on leur

fuppofa , les dieux-afin: ayant été pris pour deshommes , pour des héros , pour des rois , lesrois 8: les héros prirent à leur tour les aé’tions

des dieux pour modèles , 8: devinrent , par imi-tation , guerriers , conquérans , fanguinaires , or-gueilleux , lubriques , parelTeux 3 8: la religionconfacra les crimes des defpotes , 8: pervertit lesprincipes des gouvernemens.

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19a CHAPITRE XXII.5.1V.

Quatrième fifiême. Culte des deux principes , et;dualtjine.

CEPENDANT , les prêtres aflronomes , dans l’a-

bondance 81 la paix de leurs temples , firent ,de jour en jour , de nouveaux progrès dans lesfciences; 8c le [Même du monde s’étant développé

graduellement à leurs yeux , ils élevèrent fuccef-fivemem divers hypothèjès de les qfièrs 81 de fisagens , qui devinrent autant de ijIèmes théolo-gigues.

Et d’abord les navigations des peuples mariti-mes , 8:. les caravanes des Nomades d’Afie 8cd’Afrique leur ayant Fait connoître la terre depuisles Ijles fortunées jufqu’àila Se’rique , 8L depuis

la Baltique jufqu’aux fources du Nil, la compa-raifon des phénomènes des diverfes zones leurdécouvrit la rondeur du globe , de fit naître unenouvelle théorie. Ayant remarqué que routes lesopérations de la Nature , dans la période an-nuelle , fa réfumoiem en Jeux principales , cellede produire 8L celle de détruire ; que , fur la ma.jeure partie du globe , chacune de ces opéra-tions s’accomplifibit également de l’un à l’autre

équinoxe; c’efl-à-dire, que pendant les fix moisd’éxé tout fe pracre’oit , fe multiplioit , 8L que ,

pendanr les fix mois d’hiver , tout langmfibit ,alloit

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ORIGINE ET 1mm. Des mies , èbe. 193étoit prefque mort , ils fupposèrent dans la.NATURE Jeux puiflànces contraires , en un étatcontinuel de [une 8: d’effort ; 8c , confidérantTous ce rapport la fphère célefie , ils divisèrentles tableaux qu’ils en figuroient en deux moitiés

ou hémifphères , tels que les confiellations qui (etrouvoient dans le ciel d’été , formèrent un em-

pire direz? 8L fitpe’rieur ç 8l celles qui le trouvoient

dans le ciel d’hiver , formèrent un empire anti-pode 8L inférieur. Or , de ce que les corylellalionsd’été accompagnoient la faifon des jours longs , bril-

1ans x.&,chauds , 8L celle des fruits , des moflions ,elles furent cenfe’es des parfumes de lumière , defécondité , de création , 8c , par tranfition dutiens phyfique au moral, des Génies , des angeside, fiience , de bienfailànce , de pureté 8L delierai : &lde caque les. confléllations d’hiver felioienr aux longues nuits ’, aux brumes polaires,

elles furent des Génies de ténèbres , de dejifllf.

"tion , de mort , 8L , par tranfition , des angesd’ignorance , de méchanceté I, de. péché 5L de vice.

"Par-une telle difpofition ile ciel ,fe. trouva par-gItagé en deux domaines , en deux faéiions ,- 8cidiéjà l’analogie des idées humaines ouvroit une vafie

carrière auit écarts de l’imagination 5 mais uneVoirconfiance particulièredétermina , fi même elleini’océaiionna , fla m’épriqfe .l’illufiont ( Suivez la

’Planche HI; l ,, ., .. H. AÎ i Dans. la projeâioinde la (Libère célei’te que traçoient

,7 L N

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:91. CHAPITREXXII.les prêtres aflronomes (58) , le zodiaque du le!conflellations difpofés circulairement, préfentoiemleurs moitiés en oppofition diamétrale : I’hémifphère

d’hiver , antipode à celui d’été , lui étoit advetfl

contraire, oppofi’. Pat la métaphore perpétuelle, ces

mon pallièrent au feus moral; 8L les anges, les Génies

adverfes, devinrent des révoltés, des ennemis (59).Dès.lors , toute l’hif’toire aflronomique des confiellæ

rions le changea en hifloire politique; le ciel futun État humain où tout fe pallia ainfi que fur la terre.

Or, comme les États , la plupart defpotiques , avoientleur monarque , 8L que déjàle foleil en étoit un appa-rent des cieux à i’he’mtfilière d’été, empire de lumière,

8L fes conflellations, peuple d’anges blancs, eurentpour roi un dieu éclairé, intelligent , créateur 8L bon.

Et, comme toute faélion rebelle doit avoir (on chef,le ciel d’hiver, empire fauterrain de ténèbres & de

trifleiTe; 8L les alites, peuple d’anges noirs , géant.ou démons , eurent pour chef un Génie malfaifantdont

le rôle fut attribué à la confiellation la plus remar-quée par chaque peuple. En Égypte , ce fiat d’abord

lejcorpion , premier figue zodiacal après la balance ,8L long-temps chef des figues de l’hiver : puis ce futPour: ou l’âne polaire , appelé Üphpn , c’efl-à-dire

déluge (60), à raifort des pluies qui inondent laterre pendant que cet alite domine. Dans la Perfe ,en un temps pbfléricur (61) , ce fut le ferpént qui,fous le nom d’Ahrimanes , forma la bafeidu fyflêmede Zoroqlire; à c’el’t lui ,’ô Chrétiens 8: Juifs! qui

.--h----

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tu

ÛRIGlNË ET FILIAT. mas IDÉES, &c.. :95

efl devenu votre jerpent d’Eve (la vierge céleile ) ,’

8L celui de la croix , dans les deux cas,’ emblèmede Satan, l’ennemi , le grand adverlaire de l’ancien des

jours, chanté par Daniel. ,Dans la Syrie, ce fut le porc ou lefimglier, ennemi

d’Adonis, parce que, dans cette contrée, le rôlede l’ours boréal fut rempli par l’animal dont les incli-

nations fangeufes [ont emblématiques de l’hiver; 8;.

voilà pourquoi, enfans de Moire 8L de Mahomet,vous l’avez, pris en horreur , à l’imitation des prêtres

de Memphis 8; de Baalbelt, qui détefloient en luile meurtrier de leur Dièu fileil. C’efl aulii le type,premier de votre Chia-en , ô Indiens! lequel fut jadisle Pluton de vos. frères les Romains, 8,; les Grecs;ainfi que votre Emma, ce Dieu créateur p’efl quel’OnnuZd perlait , ,8L l’Ofiris égyptien , dont le nom

même exprime un. pouvoir créateur , produéieur de

formes. Et ces dieux reçurent un culte analogue à.leurs attributs vrais ou feints , lequel, à raifort deleur différence , le partagea en deux branches diverfes.Dans l’une , le Dieu bon reçut un culte d’aniour& de

joie, d’où dérivent tous les aéles religieux du genre

gai (62), les fêtes, les .danfes, les fefiins, les offfraudes de fleurs, de lait, de miel, de parfums ,en un mot, de tout ce qui flatte les feus 8L l’ame.Dans l’autre, le Dieu mauyais reçut, au contraire ,un culte de crainteêrde douleur, d’où dérivent tous

les atlas religieux du genre trille (63) ; les pleurs ,tN a

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i965 - CHAPITRE XXII.la défolation, le deuil, les privations, les offrandes"fànglantesiôt les facrifices cruels.

De-là vient encore ce partage des êtres terreflresen purs ou impurs, en facrés ou abominables, "felon’

que leurs efpèces le trouvèrent du nombre des conf-tellations de l’un des deux dieux, & firent partiede leur domaine; ce qui produifit d’une partiesfuperfiitions de feuillures 8: de purifications , 8L del’autre les prétendues vertus efficaces des amulettes

81 les taltfmans.I Vous-concevez maintenant, continua l’orateur en

s’adreflhnt aux Indiens , aux Perles, aux Juifs , auxChrétiens, aux Mufulmans; vous concevez l’origine

de cesidées de combats, de rebellions, qui remplifienti également vos mythologies. Vous voyez ce que figui-

fient les anges blancs &i les anges noirs, les Che’rubins81 les Séraphins’ à tête d’aigle , de lion . ou de taureau ,

les Detîs, diables ou démons à cornes de bouc, à queue

de ferpent ,’ les trônes 8L les dominations rangés en

fept ordres ou gradations comme les fept [phères desplanètes: tous êtres jouant les mêmes rôles, ayant les

mêmes attributs dans les mies, les bibles ou le zend-avefia, (oit qu’ils aient pour chef Ormtqd ou Brame,Typhon ou Chiven , Michel ou Satan,- (oit qu’ils (epréfentent fous la forme de géans à cent brasât à pieds

de ferpent, ou de dieux métamorphofés’ en lions, en

ibis, en taureaux , en chats, comme dans les contesfacrés des Grecs 8L des Égyptiens; vous appercevez lafiliation fucceflive de ces idées, .8: comment, àmefure

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Il

ORIGINE a? FILIAT. pas IDÉES; ac.) :97qu’elles fe (ont éloignées de leurs fources, 8c que les

efprits le [ont policés, ils en ont adouci les formes grof-fières , pour les rapprocher d’un état moins choquant.

Or, ile même que le fyf’tême des deux principesou Dieux oppafe’s , naquit de celui des fymboles, entrés

tous dans fa contexture; de même vous allez voirnaître de lui un fyflême nouveau, auquel il fervità fan tour de bafe 8L d’échelon.

SI v.Culte myfiique Ô moral, ou [Même de l’autre monde.

’EN effet, alors que le vulgaire entendit parlerd’un nouveau ciel 81 d’un auÉe monde , il donna bientôt

un corps à ces fichons ; il y plaça un théâtre folide,des (cènes réelles; 8L les n0tions géographiques 8c

af’tronomiques vinrent favoriferrfi même elles ne

provoquèrent cette illufion. AD’une part, les navigateurs Phéniciens, ceux qui ,

paflantles colonnes d’Hercule , alloient chercher l’étain

de Thule 8: l’ambre de la Baltique, racontoient qu’àl’extrémité du monde, au bout de l’Océan ( la Médi- .

terranée) , ou le foleil le couche pour les contréesAfiatiques, étoient deé ifles fortunées , féjour- d’un

printemps éternel, 8c plus loin des régions hyper-bore’ennes , placées jbus terre (relativement aux tro-piques) , où régnoit une éternelle nuit -(*). Sur ces

(Ê) Lies nuits de. [ut moisir; N:

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i198 C’HAP’ITRE.XXII.récits mal compris , 8l fans doute confufément faite,l’imagination du peuple compofa les champs EIy-(e’ea

(64), lieux de délices, placés dans un mande infe’.

rieur, ayant leur ciel, leur foleil, leurà aflres; 8lle Tartare , lieu de ténèbres , d’humidité, de fiznge

de frimats. Or parce-que l’homme , curieux de toutce qu’il ignore, 8L avide d’une longue citifience,s’était déjà interrogé fur ce qu’il d’avenoit après fa

mort; parce qu’il avoit de bonne heure raifonnéfur le principe de vie qui’anime (on corps, qui s’enfépare fans le déformer , 8L qu’il avoit imaginé les

flibfiances déliées, les fantômes, les ombres; il aima

à croire qu’il continueroit, dans le mondejbuterrain ,

cette rie qui lui coûtoit irop de perdre , 8c les lieuxinfernaux furent un emplacement commode pour le.cevoir les objets chéris auxquels il ne pouvoit re-

noncer. q ’D’autre part , les Prêtres qflroi’ogue: 8l phyficiens

faifoient de leurs cieux des récits, 81 ils en traçoientides tableaux qui s’encadroient parfaitement dans cesfiéiions. Ayant appelé, dans leur langage métapho-

rique , les e’quinoxesëi les fialflices les portes des cieux,

I ou entrées des faiflms, ils expliquoientles phénomènes

tendîtes , en difant « que par la porte de carne( d’abord le taureau , puis le belier ), 8! par celledu cancer dejî’endoient lesfettx vivifiant qui animentau printemps la végétation , 1,81 les efizriz; aqueux qui

CIT-fluor, aufoyiice le débordement du Nil 5 que par la.porte d’ivoire ( la balance, 81.: auparavant l’arc ou

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ORIGINE ET FILIAT. ces IDÉES , ôte. 199

fagittaire ) , 81 par celle du capricorne ou de l’urne,s’en retournoient à. leur fource , 81 remontoient à leur

origine lesie’manations ou influences des cieux; & la

voie Iaâde qui patron par ces portes des fnlfiices , leurfembloit placée la exprès pour leur fetvir de route8L de re’lticule (65) 5 de plus , dans leur Atlas , la(cette célei’te préfentoit un fleuve ( le Nil figuré par

les plis de l’hydre ) g une barque ( le navire ergo ),&le chien Sirius , tous deux relatifs à ce fleuve, dontils préfageoient l’inondation. Ces circontlances, :4-

fociées aux premières, en y ajoutant des détails ,en augmentèrent les vraifemblances 5.8L pour arriverau Tartare ou à l’Elyzée, il fallut que les ames tra-verfaflènt les fleuves du Styx 8L de l’Ache’ron dans la

nacelle du nochèr Caron , 8: qu’elles pafïàfiènt par les

portes de corne ou d’ivoire, que gardoit le chienCerbère. Enfin, un ufage civil le joignit à toutes cesfiûions , 8L acheva de leur donner de la confifiance.

Ayant remarqué que dans leur climat brûlant ,la putréfaction des cadavres étoit un levain de pelle8L de maladies , les habitans de l’Egypte avoient dansplufieurs États ittf’titué l’ufage d’inhurner les morts

hors de la terre habitée, dans le défert qui efi aucouchant. Pour y arriver, il falloit pafièr les canauxdu fleuve, 81 par conféquent être reçu dans une

barque, payer un (alaire au nocher; fans quoi, lecorps privé. de .fépulture eût été la proie des bêtes

féroces. Cette coutume infpira aux’légiflateurs civils

8L religieux un moyen puifl’ant d’influer fur les

N s

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zoo vCHArt’rneXXII.mœurs ; 8L faififlânt par la piété filiale 8L par le refpeéi:

pour les morts, des hommes grofliers 81 féroces, ilsétablirent pour condition néceKaire, d’avoir fubi un

jugement préalable , qui décidât fi le mort méritoit

d’être admis au rang de la famille dans la noire cite’.

Une telle idée s’adaptoit trop bien à toutes les autres

peur ne. pas s’y incorporer; le peuple ne tarda pasde l’y affocier; 8L les enfers eurent leur Minos 8Cleur Rhadamante avec la baguette , le fiége , leshliffiers 8L l’urne , comme dans l’état terrefire 8:

civil. Alors la divinité devint un être moral& poli-tique, un légiflateur focial d’autant plus redouté,que ce légiflateur fuprême, ce juge final, fut inac-ceffible aux regards: alors ce mondefitbulcux 8c my-ïhclogique fi bizarrement compofé de membres épars,fe trouva un lieu de châtiment 8L de récompenfe, où

la. juflice divine fut cenfée corriger ce que celle deshommes eut de vicieux, d’erroné; 8L ce fyfiêmeIpirituel 8: myflique acquit d’autant plus de crédit,qu’il s’empara de l’homme par tous les penchans:

le faible opprimé y trouva l’efpoir d’une indemnité,

la confolation d’une vengeance future; l’opprefTeur

comptant, par de riches offrandes, arriver toujoursàl’impunité , le fit de l’erreur du vulgaire une

arme de plus pour fubjuguer; 81 les chefs des peuples ,les rois 8L les prêtres y virentde nouveaux moyensde les maîtrifer par le privilége qu’ils (e refervèreni

de répartir les grâces ou les châtimens du grand jugefelon des délits ou des aélions méritoires, qu’ilscaraélérisèrent à leur gré.

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Omettre ET puant mas IDÉES , 8m; au!, Voila comme s’efi introduit dans le monde vifible

8L réel , un monde invifible Ô imaginaire 5 voilà l’origine

de ces lieux de délices 8L de peines dont vous , Perfes.’

avez fait votre terre rajeunie, votre ville de réjurreélion

placée fous l’équateur , avec l’attribut fingulier que

les heureux n’y donneront point d’ombre (66). Voilà.

Juifs 8L Chrétiens, Difciples des Perfes.’ d’où (ont

venus votre Je’rufalem de l’apocalypfe , votre paradis r

V0tre ciel, caraéiérifés par tous les détails du cie

afirologique d’Hermès:8L vous Mufulmans , votreenfer, abyme jouterrain,-furmonté d’un pont; vorre,

èalance des rimes 8L de leurs œuvres, voue jugementpar «les Anges Manltir 8L Nékir, ont également prisleurs modèles dans les cérémonies myflérieujes de l’antre

de Mithra: (67); 8c v0tre ciel ne difiëre en rien decelui d’Ofiris, d’Ormuzd 8c de Brame.

5. v1.

Sixième fifiéme: monde animé ,1 ou culte de l’univers

fous divers emblèmes.

TANDIS que les peuples s’égarèrent dans le laby-

rinthe ténébreux de la mythologie 8L des fables , les

prêtres phyficiens, pourfuivant leurs études 8c leursrecherches fur l’ordre 8c la dil’pofition de l’univers,

arrivèrent à de nouveaux réfultats, &idrefsèrent denouveaux fyfiêmes de puiflances 8L de califes motrices.

Long-temps bornés aux fimples apparences, ils

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son - CHAPITRE XXILn’avoient vu dans les mouvemens des adret qu’un

jeu inconnu de corps lumineux, qu’ils croyoientrouler autour de la terre, point central de toutes lesfphères; mais alors qu’ils eurent découvert la rondeur

de notre planète,- les conféquences de ce premierfait les conduifirent à des confidérations nouvelles,81 d’induélion en induéiion ils s’élevèrent aux plus v

hautes conceptions de l’ail-rationne 8L de la phyfique.

En effet, ayant conçu cette idée lumineufe 8cfimple, que le globe terrcfire efi un petit cercle-infèrit

dans le cercle plus grand des cieux , la théorie descercles concentriques s’offrit d’elle même à leur hy-

pothèfe , pour réfondre le cercle inconnu du globeterrel’tre par des points connus du cercle célefle; 8:la inclure d’un ou de plufienrs degrés du méridien,

donna avec précifion la circonférence totale. Alorsfaififiànt pour compas le diamètre obtenu de la terre,un génie heureux. l’ouvrit d’une main hardie fur les

orbites immenfes des cieux; 8L , par un phénomèneinouï , du grain de fable qu’à peine il couvroit,l’homme embrafiànt les difiances infinies des alites,s’élanca dans les abîmes de l’efpace 8: de la durée :

u le préfenta à les regards un nouvel ordre de l’u-

nivers ; le globe atome qu’il habitoit, ne lui en parutplus le centre: ce rôle important fut déféré à lamalle énorme du jbIeil; 81 cet afire devint’le pivot

enflammé de huit jphères environnantes, dont lesmouvemens furent déformais fournis à la précifion

du calcul (68).,

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Calame ET mm. DES mon , 8re. 203C’étoit déjà beaucoup pour l’efprith’umain , d’avoir

entrepris de réfoudre la difpofition 8L l’ordre des

grands être: de la NATURE; mais son content del ce premier effort, il voulut encore en réfoudre le

me’canifine , en deviner l’origine 8L le principe mateur;

8L c’en la qu’engagés dans les profondeurs abfiraites

8l métaphyfiques du mouvement 8l de fa caufe première ,

des propriétés inhérentes ou communiquées de la

matière , de fes formes fumflîves, de jan étendue ,c’efi-à-direde l’efpace à du temps fans bornes, les

phyficicns-théologues fe perdirent dans un chaos deraifonnemens fubtils, 8L de Controverfes feholaf-

tiques. ’ r ’t Et d’abord l’aflion du foleil fur les corps ter-refires leur ayant fait regarder fa fubfiance commeun feu par 8L élémentaire , ils en firent le foyer

,& le refit-voir d’un océan de fluide igné , lumi-neux , qui fous letton! d’éther , remplit l’uni-

vers , 8L alimenta les êtres. Enfuite , les analyfes. d’une phyfiquc filant? leur ayant fait découvrir ce

même feu , ou un autre parfaitement femblable ,dans la compofition de tous les corps , 8: ’s’é-tant aperçus qu’il étoit l’agent (fientiel de ce mou-

vement fpontané que l’on appelle vie dans les ani-. maux,8t ve’gétationdans les plantes , ils conçu-

rem le jeu 8: le mécanifme de l’univers , commecelui d’un TOUT homogène , d’un corps identi-

gite , dont les parties , quoique difiantes , avoientcependant une liaifon intime (69) , 8L le monde

--IA..-A,E ;;cu 4444 u u

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se; .C-Huu’ratsxxrl; tfut un être vivant , animé par la circulation or;ganique d’un fluide igné ou même éleârique (70),,

qui, par un premier terme de comparaifon prisdans l’homme 81 les animaux , eut le foleil pour cœur

ou foyer (7x A IAlors , parmi les philofophes théologues , les unspartant de ces principes , réfultat de l’obfervation,et que rien ne s’anéantit dans le monde 3 que lesélémens font indef’truélibles 5 qu’ils changent de

combinaifons , mais non de nature 5’ que la vie81 la mort des êtres ne (ont que des modificationsvariées des mêmes atomes; que la matière pofsèdepar elle-même des propriétés , d’où réfultent toutes

fes manières d’être; que le monde efi éternel (7:) ,fans bornes d’efpace 8L de durée; » les uns direntque l’univers entier étoit Dieu ; 81 felon eux , Dieu

fut un être à la fois (fié! 81 cauje, agent 81 patient ,

principe moteur è choje mue, ayant pour lois despropriétés invariables qui conflituentla finalité; 8cceux-là peignirent leur penfée, tantôt par l’emblème

de PAN , (le GRAND Tour), ou de Jupiter au frontd’étoiles, au corps planétaire , aux pieds d’animaux (*),

ou de l’œufotphique , dont lejaune fufpendu au milieu

d’un liquide enceint d’une voûte, figura le globe du

foleil , nageant dans l’éther au milieu de la voûte des

cieux (73) , tantôt par Celui d’un grand jerpent" rond ,

figurant les cieux ou ils plaçoient le premier mobile ,

(*) V. Æzypt. tout. Il. p23. ses.

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ORIGINE ET murin pas tous , ôte. :058E par cette rajfon de couleur d’azur, parfemé de tache:

d’or( les étoiles ) , dévorant fa queue , c’ef’t-à dire ,

rentrant en lui - même en le repliant éternellementcomme les révolutions des fphères: tantôt par celuid’un homme, ayant les pieds Iie’s 8L joints, pourlignifier l’exiflence immuable, enveloppé d’un manteau

de toutes les couleurs, comme le fpeflacle de laNature, 8: portant fur la tête une filière d’or (74),emblème de la fphère des étoiles : ou par celui d’un

flatte homme quelquefois affis fur la fleur du lotosportée fur l’abyme des eaux, quelquefois couché

fur une pile de douze carreaux, figurant les douzefigues eélefies. Et voilà, Indiens, Japonais, fiamois ,’

Tibetans , Chinois , la théologie qui, fondée par lesÉgyptiens , s’el’t tranfmife 8L gardée chez vous dans

les tableaux que vous tracez de Brama , de Beddou,de Sommonacodom , d’Omito :voilà même, Hébreux

& Chrétiens , l’opinion dont vous avez confervéune parcelle dans votre Dieu fiafllgporte’fitr les eaux ,

par une allufion au vent , ( 7s.) , qui, à l’origine dumonde , c’eft-à-dire au départ des fphères du figne’

du cancer , annonçoit l’inondation du Nil, 8L fembloit

préparer la création. I ir

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:06 -CHAr1’rRE XXII;

s.v11.Septième .Syfiême: culte de l’AMu du MORUE,

c’eji-à-dire , de l’e’léntent du feu , principe vital

de l’univers.

MAIS d’autres répugnant à cette idée d’un être à

la fois efit & calife, agent 8; patient, G: raflèmblant

en une même nature les natures contraires, diflin-guèrent le principe moteur de la chofe mue; 5L pelant Ique la matière étoit inerte en elle-même,ils préten-dirent que les propriétés lui étoient communiquées

par un agent dijlinâ, dont elle n’était que "l’entre-9

q loppe& le fourreau. Cet agent pour les uns fut leprincipe igné, reconnu l’auteur de tout mouvement .-

pour les autres ce fut le fluide appelé éther, cruplus naif 8.: plus fubtil; or, comme ils appeloientdans les animaux le principe rital 8L mateur , uneame, un efprit ; 8L comme ils raifonnqiem fans cellëpar comparaifon , fur-tout par celle de l’être humain ,

ils donnèrent au principe moteur de tout l’univers lenom d’ame, d’intelligence, d’elprit ; 81 Dieu futl’efprit

vital , qui , répandu dans tous les êtres, anima le raflecorps du monde. Et ceux-là peignirent leur penfée,tantôt par Yowpiter , eflence du mouvement 8L del’animation , principe de l’exiflence, ou plutôt l’exif-

tence elle-même (76) ; tantôt par Vulcain ou phtha ,feu-principe 81 élémentaire, ou par l’autel de Vella ,

placé centralement dans (on temple , comme le fileil

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01mm: ET FILIAT. mas mers, ne. :07dans les filières,- 8L tantôt par Kneph, être humainvêtu de bleu foncé , layant en main un fceptre St. uneceinture (le zodiaque), coëfl’é d’un bonnet de plu.

me: , pour exprimer la fugacité de (a penfée , ô: pro-

duifant de fa bouche le grand œuf (77).Or , par une conféquence de ce fyflême , chaque

être contenant en foi une portion du fluide igné ouéthérim , moteur univetfel St commun 5 8c ce fluideont: du mande étant la Divinité , il s’enfuiviuque les

and dei tous 1:5 être: furent une portion de Dieumême , participant à tous le: attributs , c’efl-à dire ,

étant une lithium: indivifible , fimpie , immortelle;a; de.là tout le fyfiêtne de l’imnmnalite de l’ame ,

qui d’abord fait éternité (78 ). Dc-là aufii fer tranf-

-migratians connues fous le nom de métempfycoje ,delta-dire de ,paüge du principe vital d’un corps

» à un autre , idée niée de la trantinigration véritable

, des élément matérielr. Etwoilà, indiens , Budfoiflea,

Chrétiens , Mufulgnan’sl d’où dérivent toutes vos

ppinions fin- la fpiritualité de l’aune ;ivoilà quelle

, fut la fource des rêveries de Rythagare 8: de Platon, Avos inflituteurs , qui Eux-mêmes ne furent que les

- échos d’une dernière folie de philofophes- vilion-

l nairas , qu’il faut; développer. - *

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:308 CHAPITRÈXXII.’

s. VIII.Huitième Syfléme. M o N D E- MA c HI N E: Culte du

’ i Demi-Ou rgos , ou Graind- Ouvrier.

Jufque-là les théologiens , en s’exerçant fur les

qfubfiances déliées 5L fitbtiles de l’éther ou du feu-

principe, n’avoient cependant pas cefl’é de traiter

d’êtres palpables G: perceptibles aux feus, 8E lathéologie avoit continué d’être la théorie des puiflitnceâ.’

phyfiques placées, tantôt fpécialement dans les alites,À tantôt diflémine’es dans tout l’univers ; mais à cette

époque, des efprits fuperficiels , perdant le fil desidées qui avoient dirigéces" études profondes , ou

, ignorant les faits qui leur fervoicnt de baie , enidénaturèrentt tous les réfultats pari l’introduction1d’une chimère étrange 8l nouvelle. Ils prétendirent

,que cetunivers’, ces cieux, ces al’tres, ce foleil ,,n’étoient qu’une machine d’un genre ordinaire; 8c

A cette’preinière hypOthèfe , appliquant une com-.paraifon tirée des ouvrages de l’art, ils élevèrentl’édifice des (cphifmes les plus-bizarres. et Une ma-

.chine , direnbils, ne le fabrique’point elle-même:elle a un ouvrier antérieurs.ellevl’indique par fou

exifience. Le monde cil une machine: donc il exille

un fabricateur (79). » ’Delà , le denii-ourgo: ou grand-ouvrier, conflitué

divinité autocratrice 8l fuprême. Vainement l’an-cienne philofophie objeéla que l’ouvrier même avoit

befoin .

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ÔRIGINE ET nun. pas nains , ôte. un,befoin de parens 8L d’auteurs , St que l’on ne faifoit

qu’ajouter un échelon en ôtant l’éternité au monde

pour la lui donner. Les innovateurs, non contensde ce premier paradoxe, pafsèrent à un fécond;a: appliquant à. leur ouvrier la théorie de l’entende-

ment humain , ils prétendirent que le. demi-ourgossavoit fabriqué (a machine. fur un plan ou idée réfl-

dant en (on entendement: Or, comme leurs maîtres,les phyrficiens , avoient placé dans la fpltère des fixesle grand mobile régulateur , fous le nom d’intelligence ,

de .raifitnnement, les fiiritualijles, leurs mimes s’em.parant de cet être, l’attribuèrent’ au demi-cargos ,

en en faifant une fubl’tancc dil’tinéle, exiflante par

elle-même, qu’ils appelèrent mens ou logos (parole

8L raifimnement.) Et comme d’ailleurs ils admettoientl’exil’tence de l’ame du monde, ou principe filaire,

ils le trouvèrent obligés de oompofer trois gradesou échelons de perfonnes divines, qui furent, t°. ledemi-ourgos ou dieu ouvrier; 3°. le logos ,tparole 8Lraifonnement,& 3°. l’eflorit ou l’urne (du monde)

(80). Et voilà , Chrétiens! le roman fur lequel vousavez fondé votre Trinité; voilà le fyfiême qui, néhérétique dans les temples égyptiens, tranl’porté païen

dans les écoles de l’Italie 8: de la Grèce, le trouve

aujourd’hui catholique orthodoxe par la converfionde les partifans , les difciples de Pythagore 8c dePlaton , devenus chrétiens.

Et c’efl ainfi que la Divinité, après avoir été dans

fon, origine l’aâionfenfible, multiple des. météores 8l

des e’le’mens; O

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no CHAPthe*XXII.,Puis la puifllznce combinée des qflres, confidérés’

fous leurs rapports avec les êtres terrel’tres;

Puis ces être: terrefires eux-mêmes par la confu-fion des fimbolesl avec leurs modèles;

Puis la double puiflîmce de la nature dans fes deuxopérations principales de produclion 8L de défiruâion ,-

Puis le monde animé fans diflinélion d’agent 8cde patient , d’effet 81. de caufe;

Puis le principe jolaire ou l’élément du feu reconnu

pour moteur unique ,-C’el’t ainli que la .Divinité efl devenue , en

dernier. réfultat , un être chimérique à abfirait; une

jubtilité [cholaflique de jubflance fans forme , decorps fans figure ; un vrai délire de l’efprit , auquel

la raifon n’a plus rien compris. Mais vainementdans ce dernier pallàge veut-elle le dérober auxfans: le cachet de fou origine lui demeure ineffa-çablement empreint; 8l les attributs tous calqués,ou furies attributs phyfiques de l’univers, tels quel’immenfité, l’éternité, l’indivifibilite’ ,p l’incompréhen-

fibilite’ ,- ou fur les anhélions morales de l’homme ,

telles que la bonté , la jujtice, la ntajeflé , &c. ; lesnoms mêmes (81), tous dérivés des êtres phy-fiques qui lui ont fervi de types , 8! fpécialementdu bled, des planètes , 8L du monde , retracentincellàmment , en dépit de les corrupteurs , lestraits indélébiles de fa véritable nature.

Telle ef’t la chaîne des idées que l’elprit humain

avoit déjà parcourue à. une époque antérieure aux

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ORIGINE ET 17mn. pas IDÉES, &c. aurécits pofitifs de l’hifloire: 8L puifque leur conti-nuite’ prouve qu’elles ont été le produit d’une même

férie d’études 8L de travaux , ’tout engage à en

placer le théâtre dans. le berceau de leurs élémens

primitifs, dans l’Egypte .- 8L leur marche y put être

rapide, parce que la curiofité oifeufe des prêtresphyficiens n’avoit pour aliment , dans la retraite destemples , que l’énigme toujours préfente de l’univers,-

& que dans la divifion politique,qui long-tempspartagea cette contrée, chaque Etat eut fou collégede prêtres, lefquels tour-à-tour auxiliaires ou rivaux ,hâtèrent par leurs difputes le progrès des fciences 8:

des découvertes (8a). ’Et déjà il étoit arrivé fur les bords du Nil ce qui

depuis s’efi répété par toute la terre. A mefure que .

chaque fyflême s’étoit formé, il avoit fufcité dans

fa nouveauté des querelles 8L des fchifmes: puis ,accrédité par la perfécution mérite , tantôt il avoit.

détruit les idées antérieures, tantôt il le les étoit

incorporées en les modifiant 5 81 les révolutions poli-

tiques étant furvenues, l’agrégation des États 8L le

mélange des peuples confondirent toutes les opi-nions 5 8L le fil des idées s’étant perdu , la théologie

tomba dans le chaos, 8L ne fut plus qu’un logo-griphe de vieilles traditions, qui ne furent pluscomprîtes. La religion, égarée d’objet , ne fin plus

qu’un moyen politique de conduire un vulgairecrédule, dont s’emparèrent , tantôt des hommes

crédules eux-mêmes 8c dupes de leurs propres vig

0 a

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au CHAPITRE XXII.fions , 8c tantôt des hommes hardis , 8: d’une ameénergique , qui fe proposèrent de grands objetsd’ambition.

5. 1x.

Religian de Moifie, ou culte de I’ame du monde

( Yan-piter

TEL fut le légiflateur des Hébreux, qui voulant

(épater fa nation de toute autre, Scie former unempire ifolé 8L difiinéi,’ conçut le deffein d’en

aflèoir les baies fur les préjugés religieux , 8c d’éle-

ver autour de lui un rempart facré d’opinions 8:de rites. Mais vainement profcrivitoil le culte des

[ymboles régnant dans la baffe Égypte 8L la Phénicie

(83); (on Dieu n’en fut pas moins un Dieu Egypriende l’invention de ces prêtres dont Mo’ife avoit été

le difciple; 8L Yahouh (84.), décelé par (on proprenom , l’a; site: ( des êtres), 8L par (on .Ûmbole le12141]]sz de fèu, n’ef’t que l’ame du monde , le principe

moteur, que peu après la Grèce adopta fous lamême dénomination dans fon You-piter, être géné-

rateur,- En fous celle d’Èi, l’exifience (85);que les

Thébains confacroient fous le nom de Kneph ,- queSais adoroit fous l’emblème d’lfis voilée , avec cette

infcriptiou : jefitis tout ce quia ne, tout ce qui efi ,mut ce qui fera , ê nul mortel n’a levé mon voile;

que Pythagore honoroit fous le nom de Ve a, 8cque la philofophie fioïcienne définition avec préci-

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ORIGINE ET FILIAT. pas tuties ; (ne; :13hon en l’appelant le principe du feu. Moïfe voulut’

en vain effacer de (a religion tout ce qui rappeloitle culte des al’tres: une foule de traits relièrentmalgré lui pour le retracer; 8L les fept lumières ouplanètes du grand chandelier , les douze pierres oufigues de l’urim du grand-prêtre , la fête des deuxe’q’uinoxes, qui, à cette époque , formoient chacun

une année , la cérémonie de l’agneau ou belier

célefle , alors à. (on quinzième degré z enfin , le nom

d’Ûjîris même conferve? dans (on cantique (86), 8c

l’arche ou coffre imité du tombeau où ce Dieu fut

enfermé , demeurent pour fervir de témoins à lafiliation de fes idées, 8L à leur extraâion de lafource commune.

S. X.

Religion de Zoroajire.

TEL fut aufli Zoroaflre , qui cinq fiècles aprèsMo’ife , au temps de David , rajeunit 8c moralifachez les Mèdes 8L les Baâriens tout le fyfième égyp-

tien d’Ujîris a de Typhon , fous les noms d’Ormuzd

8: d’AIzrimanes , qui appela vertu 8L bien le règne.de l’été, pe’che’ & mali le règne de l’hiuer, creation

du monde (87) le renouvellement de la nature au’printemps , rejurreéîion celui des fphères dans les

périodes féculaires des conjonéiians ,- viefuture , alfa , gparadis, ce qui n’étoit que le Tartare 8L l’Elfle’e des

,, . o 3

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in G’HAPITR’E XXII;aflrolagues 8: des géographes; en un mot, qui ne fitque confacrer les rêveries déjà exifiantes du fyfiême

myflique.

S. X I.

Burlfiaifme, ou religion des Jamanc’ens.

TELS encore les promulgateurs de la doblrinefe’pulcrale des Samane’ens, qui, fur les bafes de lame’tempfycofe , élevèrent le fyfiême miranthropique

du renoncement 8L des privations: qui pofant pourprincipe que le corps n’efi qu’une prijbn où l’ame vit

dans une gêne impure; que la vie n’efl: qu’un fange ,

une illufion, 8L le monde un lieu de [refuge à une Ipatrie ultérieure, à une vie jans fin , placèrent larem; 8L la perfitfiion dans l’immobilité abfolue , dans

la. deflruélion de tout jentiment , dans l’abnégation des

organes phyfiques , dans l’anéantrfiement de toutl’être: d’où réfultèrent les jeûnes, les pénitences, les

macérations , l’ifolement , les contemplations, 8: toutes

les pratiques du délire déplorable des Anachorètes.

S. X. I I.

- Brahmifme, ou Syfle’me Indien.

TELS enfin les fondateurs du fyfième indien , qui,rafinant après Zoroaflre fur les deux principes de laproduélion St de la déflruolian , en introduifirent un

i

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ORIGINE ET’FILIAT. mas IDÉES, ne. ars

interniédiaire, celui de la confirmation; 8: fur leurtrinité dgfiinéle, 8: pourtant identique de Emma ,Chiven, 8: Bichenou , entalsèrent les allégories desvieilles traditions, 8: les fubtilités alambiquées de

leur métaphyfique. ’ .Voilà les matériaux qui , depuis des, fiècles nom-lbreux , exifioient épars dans l’Afie, quand un coursfortuit d’événemens 8: de circonflances vint fur les

bords de l’Euphrate 8: de la Méditerranée , enformer de nouvelles combinaifons.

s. xrrr.Chriflianifme ou culte allégorique du Soleil, finis fer

noms cabalifiiques de Chris-en ou Chrifl , 8L d’Yês-

us ou Jefus..

En confiituant un peuple féparé , Mocife avoitvainement prétendu le défendre de l’invafion detoute idée étrangère: un penchant invincible , fondé

fur les affinités d’une même origine , avoit fans celle

ramené les Hébreux vers le culte des nations voilinesr,

8: les relations indifpenfables du commerce 8: de lapolitique qu’il entretenoit avec elles , en avoientde jour en jour fortifié l’afcmdant. Tant que lerégime national le maintint, la force coërcitive dugouvernement 8: des lois, s’oppofant aux innova-tions, retarda leur marche; 8: cependant les hautslieux étoient pleins d’itloles, 8: le Dieu fiiIeil avoit

OC

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2:6 .- CHAPIT.REI1XXII.’fin char 8: les chevaux peints dans les palais desrois , 8: jufque dans le temple d’Yahouh : maisloriques les conquêtes des rois de Ninive 8: de Baby-lone. eurent dilibus le lien de la puilTance publique,le peuple livré à lui-même, 8: follicité par (es con-

quérans , ne contraignit plus (on penchant pour lesopinions profanes, 8: elles s’établirent publiquement

en Judée. D’abord les colonies Afiyriennes , ’tranll

portées à la place des tribus , remplirent le royaumede Samarie des dogmes des Mages , qui bientôt péné-

trèrent dans le royaume de Juda ; enfuira J érufalemayant été fubiuguée , les Égyptiens, les .Syriens , les

Arabes accourus dans ce pays ouvert, y apportèrentde toutes parts les leurs , 8: la religion de Moïfe futdéjà doublement altérée. D’autre part les prêties 8:

les grands, tranfportés à Babylone , 8: élevés dans

les fciences des Chaldéens , s’imburent, pendant un

féjour de 7o ans, de toute leur théologie, 8: de cemoment le naturalisèrent chez les Juifs les dogmesdu Génie ennemi (Satan), de l’Archange Michel(88), de l’ancien des jaurs (Ormuzd) des érigesrebelles , du combat des Cieux , de l’aine immortelle 8:

de la réfitrreélionitoutes choles inconnues à Moifi,

ou condamnées par le filence même qu’il en avoit

gardé. ’ ’l De retour dans leur patrie, les émigrés y rappor.tètent ces idées; 8: d’abord leur innovation y fufcita

les difputes de leurs partifans les Pharifiens, 8: desrepréfentaus de l’ancien culte national, les Saddu-

t

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ORIGINE ET hum. pas mens , 8m; 2:7céenss’mais les premiers, feeondés du penchant dupeuple 8: de les habitudes déjà contraé’tées , appuyés

de l’autorité des Perfes leurs libérateurs, terminè-

rent par prendre l’afcendant , 8: les enfans de Moireconfacrèrent la théologie de Zoroafire (89).

Une analogie fortuite entre deux idées princi-pales, favorifa fur-tout cet. coalition, 8: devint la.me d’un’dernier fyl’tème , non moins étonnant dans

fa fortune que dans les caufes de fa formation.Depuis que les Afiyriens avoient détruit le royau-

me de Samarie, des efprits judicieux , prévoyant lamême deflinéepour Jérufalem, n’avoient celfé de

l’annoncer ,de la prédire 5 8: leurs prédiélions avoient

toutes eu ce caraélère particulier , d’être terminées

par des vœux de re’tabllflèment de de régénération

énoncés fous la forme de prophéties: les hiéro-

phantes, dans leur enthoufiafme, avoient peint unroi libérateur qui devait rétablir la nation dans fin:ancienne gloire; le peuple Hébreu devoit redevenir unpeuple puffin: , conquérant , 8: Je’mfalem la capitale

d’un empire étendu fur tout l’univers. lLes événemens ayant réalité la première partie

de ces prédiéiions, la ruine de Je’rujalem, le peuple

attacha à la feeonde une croyance d’autant plus en-tière qu’il tomba dans le malheur; 8: les Juifs affli-gés attendirent avec l’impatience du befoin 8: dudefir le roi viélorieux 8: libérateur qui devoit venirlauver la nation de Moife 8: relever l’empire de

David. l

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a: . CHAPITRE XXII;D’autre part les traditions lactées 8: mytholoà

giques des temps antérieurs , avoient répandu danstoute l’Alie un dogme parfaitement analogue. Onn’y parloit que d’un grand médiateur , d’un juge

final, d’un flaveur futur , qui roi , Dieu, conquérant8: le’gijlateur, devoit ramener l’âge d’or fur la terre

(90); la délivrer de l’empire du mal , 8: rendreaux hommes le règne du bien , la paix 8: le bonheur.Ces idées occupoient d’autant plus les peuples ,qu’ils y trouvoient des confolations de l’état Ennefie

8: des maux réels où les avoient plongés les déval-

tations fucceliives des conquêtes 8: des conquérans,

8: le barbare defpotifme de leurs gouvernemens.Cette conformité entre les oracles des nations 8:ceux des prophètes , excita l’attention des Juifs; 8:fans doute les prophètes avoient eu l’art de calquerleurs tableaux fur le &er 8: le génie des livres facrésemployés aux mjfières païens : c’étoit donc en Judée

une attente générale que celle du grand-envoyé , du

[haveur final, lorfqu’une circonfiance fingulière vintdéterminer l’époque de la venue.

Il étoit porté dans les livresfitcre’s des Perles 8:des Chaldéens , que le monde compofé d’une révo-

Iution totale de dou’çe mille , étoit partagé en deux

révolutions partielles, dont l’une, âge 8: règne du

bien, le terminoit au bout de fiat mille , 8: l’autre ,âge 8: règne du mal, le terminoit au bouttde fis:

autres mille. APar ces récits, les premiers auteurs avoient en-

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031mm: ET FlLlAT. pas IDÉES , 8m; 219

tendu la révolution annuelle du grand orbe célejle ,appelé le monde (révolution compofée de douze mais,

v .Oufignes divife’s chacun en mille parties ),- 8: les deuxpériodes lyl’tématiques de l’hiver 8: de l’été , com-

pofée chacune également de fisc mille. Cçs exprelÏ-fions tontes équivoques ayant été mal expliquées,

r8: ayant reçu un feus abfolu 8: moral au lieu de leurfensphyfique 8: aflrologique , il arriva que le mondeannuel fut pris pour un monde féculaire; les millede temps pour des mille d’années ; 8: fuppofant ,d’après les faits , que l’on vivoit dans l’âge du

malheur, on en inféra qu’il devoit finir au bout des

fia: mille une prétendus (9 I).

Or, dans les calculs admis par les Juifs , oncommençoit à compter près de lix mille ans depuisla création (fiéfive) du monde (92). Cette coinci-dence produilit de la fermentation dans les efpritS.’L’on ne s’occupa plus:que d’une fin prochaine: on

interrogea les hiérophantes 8: leurs livres myfliques,qui en affignèrent divers termes; on attendit le grandmédiateur, le juge final,- on le defira pour mettrefin a tant de calamités. A force de parler de cetêtre, quelqu’un fut dit l’avoir vu; 8: ce fut alfa:d’une première rumeur pour établir une certitudegénérale. Le bruit populaire devint un fait avéré .-

l’être imaginaire fut réalifé 5 8: fur ce fantôme , toutes

les eircorgflances des traditions mythologiques venant àle rallèmbler , il en réfulta une biliaire authentique8: complète , dont il ne fut plus permis de douter.

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2:0 CHA’Pli’rnE XXII.Elles portoient ces traditions mythologiques, que,

’« dans l’origine, une femme 8: un homme avoient,

a) par leur chute, introduit dans le monde le mal» 8: le péché. » (Suivez la pl. 1H.)

Et par-là , elles indiquoient le fait qfironomiquede la vierge ce’ltjle , 8: de l’homme bouvier l Bootes)

qui , en fe couchant héliaquement à l’équinoxe

d’automne , livroient le ciel aux conflellations del’hiver, 8: fembloient, en tombant fous l’horizon rintroduire dans le monde le Génie du mal , Ahrimanesr,

figuré par la conflellation du ferpent (93).

Elles portoient ces traditions: (s Que la femmev avoit entrainé , féduit l’homme (94).»

Et en effet , la vierge fe couchant la première ,*femble entraîner à fa fille le bouvier; l ’

« Que la femme l’avait tenté en lui prefentant des3) fruits beaux à voir 8: bons à manger, qui donnoient

» la fcience du bien 8: du mal.»

Et en effet, la vierge tient en main une branchede fruits, qu’elle femble étendre vers le bouvier :8: le rameau, emblème de l’automne , placé dans le

tableau de Mithra (95), fur la frontière de l’hiver 8:de l’été, femble ouvrir la porte 8: donner la fciences

la clef du bien 8: du mal. -Elles portoient: « Que ce couple avoit été chimé» du jardin célefie , 6’ qu’un Chérubin , à. épée flatu-

» boyaute , avoit été placé à la porte pour le garder. n

Et en effet, quand la vierge 8: le bouvier tombentfous l’horizon du couchant, Peifée monte de l’autre

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ORIGINE ET FILKAT. mas mères , sic. 22!côté (96), 8c l’épée à la main , ce Ge’nie femble

les chafrer du ciel de l’elte’ , jardin 8L règne des fruit:

& des fleurs.Elles portoient: « Que de cette vierge devoit naître,

y finir un rejeton , un enjhntiqui écrafieroit la tête du» firpent, 8L délivreroit le monde du péché.»

Etpar-là elles défignoient le foleil , qui, à l’e’quue

du folflice d’hiver, au moment précis où les Mages

des Perfes tiroient l’horofiope de la nouvelle année,

fe trouvait place’ dans le fein de la vierge, en leverhéliaque , à l’horiron oriental, 8L qui, à ce titre,étoit figuré dans leurs tableaux afirologiques fous laforme d’un enfant allaité par une vierge chrer (97),

8l devenoit enfuite à l’équinoxe du printemps lebelier ou l’agneau , vainqueur de la, confiellation du

jerpent qui difparoifi’oit des cieux.

Elles portoient: « Que dans fon enfande, ce» réparateur de nature divine ou cëIefle vivroit abaifle’ ,

» humble, abfcur, indigent; »

Et cela, parce que le fileil d’hiver en abaiflè’

fous l’horizon, 81 que cette - période première defes quarre âges ou faifims, efi’ un temps diabfi’urite’,

de dijette, de jeûne, de privations.

" Elles portoient: « Que mis à mon par desmédians, il étoit reflirlèite’ glorieufement; qu’il étoit

remonté des enfin aux cieux, où il régneroit éter.

nellement. » ’ .Et par-là , elles retraçoient la vie du joleil qui ,

terminant fa carrière au fiiflice-d’hiver , lorfquel

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au CHAPITRE XXII.dominoient Typhon 8: les anges rebelles, fembloitêtre mis à mort par eux; mais qui bientôt après,renifloit, refizrgeoit (98) dans la voûte des cieux

où il efl encore. lEnfin , ces traditions citant iufqu’à les noms

afirologiques 8L myjle’rieux, difoient qu’il s’appeloit

tantôt Chris , c’el’t-à-dire le conjervateur (99) g 8c

voilà ce dont vous, Indiens, avez fait voue DieuChris-en ou Clair-na; 8L vous , Chrétiens , Grecs 8:

Occidentaux, vorte-Chris-tos, fils de Marie , 8:tantôt qu’il s’appeloit Yes, par la réunion de trois

lettres ,«lefquelles, en valeur numérale, formoientle nombre 608, l’une des périodes [alaires (me);8L voilà , ô Européens! le nom qui, avec la finale

latine, ef’t devenu voue Ier-us ou Jefits, nom ancien8L cabalil’tique , attribué au jeune Bacchus , fil:

clandeflin (noélurne) de la vierge Minerve, lequel,dans toute l’hif’toire de fa vie 8L même defa mort retrace l’hii’toire du Dieu des Chrétiens ,

c’efi-à-dire de l’qflre du jour, dont ils font tous lesdeux l’emblème.

A ces mots , un grand murmure s’étantélevé de la -part des groupes chrétiens , lesMufu-lmans , les Lamas , les Indiens les rap-pelèrent à l’ordre , 8L l’orateur achevant fon dif-

cours:« Vous (avez maintenant, dit-il , comment le

relie de ce fyfiême fe compofa dans le chaos 6Ll’anarchie des trois premiers fiècles 5 comment une

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01mm: ET FILIAT. pas maies , ne. 2:3foule d’opinions bizarres partagèrent les efprits , 8L

, les partagèrent avec un enthoufiafme 8L une opiniâ-treté réciproques , parce que, fondées également

fur des traditions anciennes, elles étoient égalementfacre’es. Vous favez comment, après trois cents ans,le gouvernement s’étant afiôcié l’une de ces (côtes ,

en fit la religion orthodoxe, c’efi-à-dire dominante"à l’exclufion des autres, lefquelles, par leur infé-riorité , devinrent des he’refies; comment, 81 parquels moyens de violence 8L de féduéiion cette reli-gion s’ei’t propagée, accrue , puis divifée , 81 affai-

blie ; comment , fix cents ans après l’innovation du

chriflianifme , un autre fyfiême le forma encore de[es matériaux & de ceux des Juifs, à commentMahomet fut fe compofer un empire politique 8c:théologiquean dépens de ceux de Mage 8L des

t uicaires de Jtfirs......Maintenant, fi vous réfumez l’hifloire entière de

l’efprit religieux , vous verrez que dans (on principeil n’a eu pour auteur que les jenjation: 8L les bejbin:de l’homme; que l’idée de Dieu n’a eu pour type

à modèle que celle des puiflances phyfiques , des être:matériels agiliant en bien ou en mal, c’efl-à-dire ,

en impreflion de plaifir ou de douleur fur l’être jen-

tant; que dans la formation de tous fes fyf’têmes ,cet efprit religieux a toujours fuivi la, même marche,les mêmes procédés; que dans tous , le dogme n’a

celle de repréfenter , fous le nom des Dieux , lesopérations de la Nature , les pallions des hommes 8c

l

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:24 CHAPITRE XXII.’leurs préjugés; que dans tous , la morale a eu pourbut le defir du bien-être, 8L l’averfion de la douleur;

mais que les peuples 8c la plupart desrlégiflateursignorant les routes qui y conduifoient, le (ont faitdes idées faufiès , 8: par-là même oppofées , du vice

8L de la vertu , du bien 8L du mal, c’el’t-à-dire, de

ce qui rend l’homme heureux ou malheureux; quedans tous , les moyens 8L les caufes de propagation8: d’e’tabliflement ont aliène les mêmes (cènes de

paflions 8L d’événemens , toujours des difputes de

mors, des prétextes de zèle , des révolutions 81 desguerres fufcitées par l’ambition de: chefs, par lafourberie des promulgareurr , par la crédulité desproje’lytes , par l’ignorance du vulgaire, par la cupi-dite’ exclufive 8L l’orgueil intolérant de tôus: enfin ,

vous verrez que l’hiftoire entière de l’elprit religieux

n’ei’t que celle des incertitudes de l’efprit humain,

qui, placé dans un monde qu’il ne comprend pas;veut cependant en deviner l’énigme,- 8c qui , (pec-tateur toujours étonné de ce prodige myjle’rieua: de

vifible , imagine des coules, fuppofe des fins, bâtitdes fyi’têmes; puis , en trouvant un défeâlueux , le

détruit pour un autre non moins vicieux , hait l’erreurqu’il quitte , méconnoît celle qu’il embraffe , repoufiè

la vérité qu’ilappele, compofe des chimères d’êtres

difparates , 8: rêvant fans celle fagefi 8l bonheur,s’égare dans un labyrinthe de peines 8c d’illufions.

CHAP.

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IDENTITÉ DU BUT DES RELIGIONS; :25

CE2: W -gggsæaga ICHAPITRE XXIII.

Identité du but des Religions.

AINSI parla l’orateur des hommes qui avoientrecherché l’origine 8L la filiation des idées reli-

gieufes.....Et les théologiens des divers fyfiêmes raifonnant

fur ce difcours-; (t c’efi un expofé impie , dirent les

» uns , qui ne tend à rien moins qu’à renverfera) tonte croyance, à jeter l’infubordination dansa» les efprits, à anéantir notre miniflère 8: notre» puiflànce : c’ef’t un roman , dirent les autres , un

» tiffu de conjectures dreflè’es avec art, mais fans» fondement. Et les gens modéré: 8c prudens nion-

» toient: fappojbns que tout cela fiait vrai, pourquoi» révéler ces myflères 2 Sans doute nos opinions fin:

9) pleines d’erreurs; mais ces erreurs fin! un frein» néceKaire à la multitude. Le monde va ainfi» depuis deux mille ans: pourquoi le changer» aujourd’hui?» h

Et déjà la rumeur du blâme qui s’élève contre

toute nouveauté, commençoit de s’accroître , quand

un groupe nombreux d’hommes des claflès duupeuple 8: de fauvages de tout pays 8c de toutenation , fans prophètes, fans docteurs , fans codereligieux, s’avançant dans l’arène , attirèrent fur

eux l’attention de toute l’afièmbiée ; 8c fun

P .

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2:6 *CH.APITREX’XIIII.d’eux , portant la parole, dit aux légiflateurs -

« Arbitres 8L médiateurs des peuples! depuis le

commencement de ce débat , nous entendonsdes récits étranges 8L nouveaux pour nous inf-qu’à ce jour; 8L notre efprit, furpris , confondu

de tant de chofes, les unes favantes , les autresabfurdes , qu’également il ne comprend pas ,relie dans l’incertitude 8: le doute. Une feuleréflexion nous frappe: en réfumant tant de faireprodigieux, tant d’aflèrtions oppofées, nous nous

demandons: que nous importent toutes ces dif-cuflions? Qu’avons-nOus befoin de ravoir ce quis’efl paire iliy a cinq ou fix mille ans, dansdes pays que nous ignorons , chez, des hommesqui nous relieront inconnus? Vrai ou faulx, aquoi nous (en de favoir’fi le monde exifle depuisfix ou depuis vingt mille ans, s’il s’ef’t fait de

rien on de quelque choie , de. lui-même ou parun ouvrier, qui, à fou tour, exige un auteur?Quoi! nous ne fommes pas affinés de ce qui lepalle près de nous, 6L nous répondrons de cequi peut fe palier dans le foleil , dans la lune; Iou dans les efpaces imaginaires? Nous avonsoublié notre enfance , 8L nous connaîtrons celle

du monde? Et qui attellera ce que nul n’a vu?qui certifiera ce que performe ne comprend?»Qu’ajoutera d’ailleurs ou que diminuera à none

exillence de dire oui ou non fur toutes ces chimères?J ufqu’ici, nos pères 8L nous n’en avons pas en la

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IDENTITÉ DU BUT DES RELIGIONS. 227

première idée, 8; nous ne voyons pas que nous enayons en plus ou moins de fileil, plus ou moins defibfiflance, plus ou moins de mal ou de bien.

Si la connoiffance en el’t micellaire , pourquoiavons-nous aufli Bien vécu fans elle , que ceux quis’en inquiètent fi fort? Si elle ef’t fuperflue, pourquoi

en prendrons-nous aujourd’hui le fardeau?Et,s’adref-

fan: aux doéleurs & aux théologiens: Quoi! il faudra

que nous , hommes ignorans 8l pauvres , dont tousles momen fuffifent à peine aux foins de notrerubfi’llance 8L aux travaux dont vous profitez, ilfaudra que nous apprenions tant d’hifloires que vous

racontei , que nous lifions tant de livres que vousnous citez , que nous apprenions tant de diverleslangues dans lefquelles ils font compofés? Mille ansde vie n’y militoient pas....

Il n’efi pas néceflàire, dirent les dotïleurs, que

vous acquerriez tant de fcience: nous l’avons pourvous...

Mais vous-mêmes, repliquèrent les hommes lim-

ples , avec toute vorre fcience vous n’êtes pasd’accord! à quoi (en de la pofféder?

D’ailleurs , comment pouvez-vous répondre pournous? Si la foi d’un homme s’applique à plufieurs ,I

vous-mêmes quel befoin avez.vous de croire? Vospères auront cru pour vous, 8L cela fera raifonnable,puifque c’el’t pour vous qu’ils ont vu. ’

Enfuite, qu’efi-ce que croire, fi croire n’influe fur

aucune aâionP Et- fur quelle aélion influe, parP a

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228 CHAPITRE XXIII.exemple , de croire le monde éternel ou non .7

Cela offenfe Dieu , dirent les doé’teurs. Où en efi

la preuve , dirent les hommes fitnples? - Dansnos livres , répondirent les doéleurs. v- Nous ne lesentendons pas , répliquèrent les hommes fimples.

Nous les entendons pour vous , dirent les doâeurs.Voilà la difficulté, reprirent les hommes fimples’.

De quel droit vous établiKez-vous médiateurs entre

Dieu & nous?Par fes ordres , dirent les doéleurs.Où cil la preuve de ces ordres , dirent les hommes

fimples? - Dans ne: livres , dirent les. doëleurs.v- Nous ne les entendons pas , dirent les hommesfimples; 8L comment ce Dieu jufie vous donne-t-ilce privilège fur nous? Comment ce père communnous obligeoil de croire à un moindre degré d’évi-

dence que vous? Il vous a parlé , (oit ; il cil infail-lible , 8L il ne vous trompe pas; vous nous parlez ,vous! qui nous garantit que vous n’êtes pas enerreur , ou que vous ne (auriez nous y induire? 8:fi nous femmes trompés , comment ce Dieu iufienous fauvera-t-il contre la loi, ou nous condamnera-t-il fur celle que nous n’avons pas connue?

Il vous a donné la loi naturelle , dirent les

dofleurs. I . ’A Qu’el’t-ce que la loi naturelle, répondirent les

hommes fimples? Si cette loi fuflit, pourquoi en a;-x-il donné d’autres? fi elle ne (uth pas, pourquoil’a-t-il donnée imparfaite?

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IDENTITÉ ou sur pas RELIGIONS: ne

Ses jugemens (ont des myfières, reprirent lesdoâeurs, 8L fa jufiice n’ef’t pas comme celle des

hommes. - Si fa juf’tice, répliquèrent les hommesfimples’, n’ef’t pas comme la nôtre, quel moyen

avons-nous d’en juger? Et de plus; pourquoi toutesces lois, 8L quel el’t le but qu’elles le primoient?

De vous rendre plus heureux ,sreprit un dofieur,en vous rendant meilleurs 8L plus vertueux : c’et’t

pour apprendre aux hommes à nfer de les bienfaits ,8L à ne point le nuire entre eux, que Dieu s’elÏmanifel’té par tant d’oracles 8L de prodiges.

En ce cas, dirent les hommes limples , il n’efipas befoin de tant d’études ni de raifonnemens :

montrez-nous quelle efl la religion qui remplit lemieux le but qu’elles le propofent toutes.

Auffi-tôt chacun des groupes vantant fa morale ,&la préférant à toute autre , il s’éleva de culte à

culte une nouvelle difpute plus violente. C’el’t nous,

dirent les Mufulmans , qui poliédons la mOrale parexcellence , qui enfeignons toutes les vertus utilesaux hommes 8L agréables à Dieu. Nous profefi’onslajnfl’ice, le definte’rejèment , le dévouement à la Pro-

vidence , la charité pour nosfières , l’aumône, la refi-

gnation; nous ne tourmentons point les ames par descraintes fitperflirieufes ; nous vivons fans alarmes, 86»nous mourons fans remords.p Comment ofez-vous, répondirent les prêtres chré-

tiens , parler de morale , vous dont le chef a prit-stiqué la licence 8L prêché le (caudale? vous. dom

P 3

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13° (transmuasXXIII.wle premier précepte cil l’homicide 8: la guerre:Nous en prenons à témoin l’expérience: depuis

douze cents ans votre zèle fanatique n’a collé derépandre chez les nations le trouble de le carnage;8L fi aujourd’hui l’Afie, jadis floriilànte , languitdans la barbarie 81 l’anéantifièment, c’cl’t à vous:

doélrine qu’il en faut attribuer la caufe; à cettedoé’trine ennemie de toute infiruéiion, qui fanai-fiant l’ignorance,& d’un côté confacrant le delporitine

le plus abfolu dans celui qui commande , de l’autreîmpofant l’obéifïance la plus aveugle 8L la plus

pafiive à ceux qui font gouvernés, a engourdi toutesles facultés de l’homme, 8s: plongé les nations dans

l’abrutiffement.

Il n’en cil pas ainfi de notre morale fublime ducélefie; c’efi elle qui a retiré la terre de fa barbarie

primitive, des fuperfiitions int’enfées’ ou cruelles de

l’idolâtrie, des facrifices humains (Ici) , des orgieshonteufes des myf’tères païens; qui a épuré les mœurs,

profcrit les incefies , les adultères , policé les nationsfauvages , fait difparoître l’efclara-ge, introduit des

vertus nouvelles 8L inconnues , la charite’ pour les

hommes , leur égalité devant Dieu , le pardon ,l’oubli des injures, la tépreflion de toutes les pallions,

le mépris des grandeurs mondaines; en un mot,une vie toute fainte 8L toute fpirituelle.

Nous admirons , répliquèrent les Mufulmans ,comment vous lavez allier cette charité , cette dou-

eur évangélique, dont vous faites tout d’odontation ,

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IDENTITÉ ou BUT on: nouement sa: r"ce les injures 81 les outrages dont vous bledèz (au:celle votre prochain. Quand vous inculpez fi grave-ment les mœurs du grand homme que nous révérons,

nous pourrions trouver des repréfailles dans la con-duite de celui que vous adorez; mais dédaignant detels moyens , 8L nous bornant au véritable objet dela queflion , nous foutenons que votre morale évan-gélique n’a point la perfeéiion que vous lui attriabuez;qu’il n’el’t point vrai qu’elle ait introduitdans

le monde des vertus inconnues, nouvelles; 8: parexemple, cette e’galite’ des hommes devant Dieu,

cette fraternité 8s cette bienveillance qui en (ont lafitite, étoient des dogmes formels de la (cèle desHermétique: ou J’amane’ens (les) , dont vous defcen.

dez. Et quant au pardon des injures, les païensmêmes l’avaient enfeigné; mais, dans l’extenfion

que vous lui donnez , loin d’être une ,vertu ,I ildevient une immoralité, un vice. Votre préceptefi vanté de tendre une joue après l’autre , n’el’c pas

feulement contraire à tous les fentimens de l’homme,

il eli: encore oppofé à. toute idée de jufiiÇe; ilenhardit les méchans par l’impunité; il avilit lesbons par la fervitude, il livre le monde au défordre,à la tyrannie; il dillbut la fociété;&-. tel efl l’efprit

véritable de votre doélrine: vos évangiles, dansleurs préceptes 81 leurs paraboles, ne repréfentent’jamais Dieu que comme un dejpote fans règle d’équité;

c’el’t un père partial, qui traite un enfant de’bauclze’,

prodigue, avec plus de faveur que les autres enfans

P a

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132’ "C in 1l t T’REKXXIIIJrefpeâueux 8: de bonnes mœurs; c’efi un maître

capricieux , qui donne le même [alaire aux ouvriersqui ont travaillé une heure , 8L à ceux qui ont, fatiguépendantvtoute la journée, 81 qui pnfère les derniers

venus aux premiers .- par- tout c’efi une moralemfiznthropigue, antijbciale , qui dégoûte les hommesde la vie, de la fociété, 8l ne tend qu’à faire des

hermites 8:; des célibataires.Et quant à la manière dont vous l’avez pratiquée,

nous en appelons à notre tout au témoignage desfaits : nous vous demandons fi c’ef’t la douceur évan-

ge’lique qui a fufcité vos interminables guerres de(effet. , vos perfëcutions atroces de prétendus he’re’-

ligues, vos croifades coutre l’arianifme , le mani-che’ifme, le protrfiamifme ,- fans parler de celles que

vous avez faites contre nous , 8L de vos aflociationsfacriléges , encore fubfif’tames,, d’hommes affir-

mentés pour les continuer (*). Nous vous demandonsfi c’ei’t lavcharite’ évangélique qui v0us a fait carter-

miner les peuples entiers de l’Ame’rique , anéantir

les empires du Mexique &du Pérou; qui vous faitcontinuer de dévafier l’Afrique , dont vous vendez

les habitans comme des animaux , malgré votreabolition de l’æfilavage; qui vous fait ravager l’Inden

dont vous ufurpez les domaines 5 enfin, fi c’efl ellequi depuis trois fiècles vous fait troubler dans leur:

(*) L’ordre de Malte , par exemple , dont le vœu efl de tuerou de faire prifonniers des Mahométans pour la gloire de Dieu.

r- .-......- à-.-. .

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IDENTITÉ ou sur ces liguerois: 233foyers les peuples des trois continens dont les plusprudens , tels que le Chinois 8L le J aponois, ont été

contraints de vous chaflèr pour éviter vos fers 8:

recouvrer la paix intérieure. .Et à l’inflant les Brames , les Rabins, les Bonzes,

les Chamans, les Prêtres des ifles Moluques 8: descôtes de la Guinée accablant les doéleurs chrétiens

de reproches: Oui! s’écrièrent-ils, ces hommes (ont

des brigands , des hypocrites quipréclient la [impli-cite’ pour furprendre la confiance; l’humilité, pour

allèrvir plus facilement; la pauvrete’, pour s’appro-

prier toutes les richtfiEs ; ils promettent un autremonde , pour mieux envahir celui-ci ; 8: tandis qu’ilsvous parlent de tolérance 8L de charité, ils brûlent

au nom de Dieu les hommes qui ne l’adorent pascomme eux.

Prêtres menteurs, répondirent des millionnaires,c’ell vous qui abufez de la crédulité des nations igno-

rantes pour les fubjuguer ;I c’ei’t vous qui de verre

Vminifière faites un art d’impofiure 8L de fourberie:vous avez converti la religion en un négoce d’ava-rice 8L de cupidité. Vous feignez d’être en commu-

nication avec des efprits 5 8L ils ne rendent pouroracles que vos volontés: vous prétendez lire dans

les afires ; 8L le defiin ne décrète que vos defirs:vous faites parler les idoles; 8L les Dieux ne (ontqueles infirumens de vos pallions: vous avez inventéles factifices 8L les libations pour attirer à vous le laitdes troupeaux, la chair ô: la graille des viâimes;

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:34 CHA!!TRE XXIII:a: fous le manteau de la piété, vous dévorez lesoffrandes des Dieux qui ne mangent point, 8: la (ubi-tance des peuples qui travaillent.

Et vous, répliquèrent les Brames , les Bonzes ,les Chamaus , vous vendez aux vivans crédules devaines prières pour les ames des morts; avec vosindulgences , vos abjblutions , vous vous êtes arrogéla puifl’ance 8: les foné’tious de Dieu même; & fai-

fant un trafic de les graces 8L de les pardons, vousavez mis le ciel à l’encan , 81 fondé , par votre

fyflême d’expiatians, un tarif des crimes, qui aperverti toutes les confeiences (m3).

Ajoutez, dirent les Imans, que ces hommes ontinventé la plus profonde des (célérateliès: l’obli-

gation abfurde 8L impie de leur raconter les recroisles plus intimes des aélions , des peniées , des velléités,

(la coufeflion) ; en forte que leur curiofité info-lente a porté [on inquifitionl inique dans le fane-tuaire facré du lit nuptial (104) , & l’alyle invita.

lable du cœur. -Alors , de reproche en reproche , les doéleurs des

différent cultes commencerent à révéler tous les

délits de leur quinilière, tous les vices cachés deleur état 5 dt il fa trouva que chez tous les peuplesl’efprt’t des prêtres, leur fiflême de conduite, leur:

calons , leurs mœurs , étoient abfolumem les mêmes;

Que par-tout ils avoient compofé des glaciationferrâtes, des corporations ennemies du rafle de lafociété ( ros) 5 4

-..-

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lacunaire ou sur pas liguerons; 235Que par-tout ils s’étoient attribué des prérogatives,

des immunités , au moyen dei-quelles ils vivoient àl’abri de tous. les fardeaux des autres clames;

Que par-tout ils n’elTuyoient ni les fatigues dulaboureur, ni les dangers du miliaire, ni les revers

du commerçant; ’Que panent ils vivoient célibataires , afin des’épargner juiqu’aux embarras domefliques;

Que par.tout fous le manteau de la pauvreté, ilstrouvoient le fecret d’être riches 8c de le procurer

toutes les jouifiànces ; ’ ’Que fous le nom de mendicité, ils percevoient

des impôts plus forts que les princes; *Que fous celui de dons 8: offrandes , ils le pro.

curoient des, revenus certains 8c exempts de frais;Que fous celui de recueillement 8L de dévotion, ils

vivoient dans l’oifiveté 8: dans. la licence 5 ’Qu’ils avoient fait de l’aumône une venu, afin de

vivre tranquillement du travail» d’autrui;Qu’ils avoient inventé les cérémonies du culte,

afin d’attirer. fut aux le refpeél du. peuple, en jouant

lis-rôle des. Dieux dont ils le difoientt les interprètes8L les médiateurs, pour s’en attribuer toute la puif.fance; que dans. ce deflèin, felon les lumières oul’ignorance: desipeuples , ils s’étoient fait tour à tout

qflrologue-J. , tireurs d’horofcopes , devins , magiciens

(1061),. neicrqnemciens , charlatans, médecins, caur-tifitns, confefleurs de princes ,fl toujours tendant au.but de goui’erner pour leur propte avantage;

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"236i .CHA!ITRE XXIII:Que tantôt ils avoient élevé le pouvoir des roid

8: confacré leurs perfonnes pour s’attirer leurs fa-

veurs , ou participer à. leur puiflance;Et que tantôt ils avoient prêché le meurtre des

tyrans , (le réfervant de fpécifier la tyrannie) afinde le venger de leurs mépris ou de leur défobe’iflànce;

Que toujours ils avoient appelé impiété ce quinuiroit à leurs intérêts; qu’ils réfif’toieut à toute inf-

truélion publique, pour exercer le monopole de lafcience; qu’enfin , en tout temps , en tout lieu , ilsavoient trouvé le (coter de vivre en paix au milieudetl’anarchie qu’ils caufoient , en sûreté fous le

defponfme qu’ils favorifoient, en repos au milieudu travail qu’ils prêchoient , 8L dans l’abondance au

foin de la difette; & cela , en exerçant le commercefingulier de vendre des paroles 8L des gefles à des gens

crédules qui les paient comme des denrées du plus

grand prix (107). vAlors les peuples faifis de fureur, voulurent mettre

. en’pièces les hommes qui les avoient abufés; maisles légiflateurs arrêtant ce mouvement de violence ,8L s’adrefiaut aux chefs 8: aux doéleurs: (s Quoi!

s leur direutsils , inflituteurs des peuples , cil-ceà) donc aiufi que vous les avez trompés ? se

Et les prêtres troublés répondirent: « Olégifla-

9 teursl nous fommes hommes; 8L les peuplesjonts fi fitperfiitieuxl ils ont eux-mêmes provoqué noss erreurs (*).»

(*) Voyez les Brabauçous.

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,)

99

vvevuzeuwa

IDENTITÉ ou BUT DES RELIGIONS. 237

Et les rois dirent: e O légiflateurs! les peuplesfont fiferviles 8L fi ignorons! eux-mêmes fe fontprofiernés devant le joug (*) , qu’à peine nous

ofions leur montrer.»Alors les légiflateurs fe tournant vers les peuples :

Peuples! leur dirent-ils , [outreriez-vous de ce quevous venez d’entendre: ce font deux profitndervérités. Oui, vous-mêmes caufez les maux dont

vous vous plaignez; c’efi vous qui encouragezles tyrans par une lâche adulation de leur poil:-fance, par un engouement imprudent de leurs.faulTes bontés , par l’avilifiëment dans l’obéif-

lance, par la licences dans la liberté , par l’accueil

crédule de toute impofiure ; fur qui punirez-vousles fautes de vetre ignorance 8L de votre cupidité?»

Et les peuples interdits demeurèrent dans unmorne filence.

(*) Voyez les habitans de Vienne , qui [e font attelés au carrellede Léopold.

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:38 CHAPlTREXXIV.

mfiflm-mgæbCHAPITREVXXIV.Solution du Problème des contradiélions.

ET les légiflateurs reprenant la parole, dirent: ONationsl nous avons entendu les débats de vos opi-nions; 8L les diflèntimens qui vous partagent nousont fourni plufieurs réflexions , de nous préfentent

plufieurs queflions à éclaircir 8L à vous propofer.D’abord , confidérant la diverfité St l’oppofition

des croyances auxquelles vous êtes attachés, nousvous demandons fur quels motifs vous en fondez laperfuafion: cil-ce par un choix réfléchi que vousfuivez l’étendard d’un prophète plutôt que celui

d’un autre? Avant d’adopter telle doélrine plutôt

que telle autre , les avez-vous d’abord comparées?

en avez-vous fait un mât examen?ou bien ne lesavez-vous reçues que du hafard de la naifTance , que Ide l’empire de l’habitude 8L de l’éducation? Ne

naiflepvous pas Chrétiens fur les bords du Tibre,Mufulmans fur ceux de l’Euphrate, Idolâtres auxrives de l’Indus , comme vous naiflèz blonds dansles régions froides , 8: brûlés fous le foleil africain?

Et fi vos opinions font l’effet de votre pofition for-tuite fur la terre , de la parenté, de l’imitation ,comment le hafard vous devient-il un motif de con-viflion , un argument de vérité? ’

En fecond lieu, lorique nous méditons fur l’ex-

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SOLUTION on nomma, &c. 239clufion refpeé’tive 8L l’intolérance arbitraire de vos

prétentions , nous fommes effrayés des conféquehces

qui découlent de vos propres principes. Peuples! quivous dévouez tous réciproquement aux traits de lacolère célefie , fuppofez qu’en ce moment l’Etre

univerfel que vous révérez, defcendit des cieux furcette multitude , 8: qu’invef’ti de toute fa puifiânce,

il s’aflit fur ce trône pour vous juger tous: fuppof’ez

qu’il vous dit: K Mortels! c’ef’t votre propre juflice

» que je vais exercer fur vous. Oui, de tant de» cultes qui vous partagent, un (cul aujourd’hui» fera préféré; tous les autres , toute cette multitude

» d’étendards, de peuples, de prophètes , feront

a) condamnés à une perte éternelle; 81 ce n’efi:a, point aflëz..... Parmi les (cèles du culte choifi ,

» une feule peut me plaire, 81 toutes les autresferont condamnées; mais ce n’el’t pas encore aflèz:

» de ce petit groupe réfervé , il faut que j’exclue

» tous ceux qui n’ont pas rempli les conditions» qu’impofent (es préceptes: ô hommes! à quel

» petit nombre d’élus avez-vous borné votre race?

» à quelle pénurie de bienfaits réduifezwous mon» immenfe bonté? à. quelle folitude d’admirateurs

S) condamnez-vous ma grandeur 8L ma gloire? »Et les légiflateurs fe levant: « N’importe; vous

l’avez voulu 5 peuples, voilà l’urne où vos noms

(ont placés: un (cul fortira..... 0er tirer cette loterieterrible... Et les peuples faifis de frayeur , s’écrièrent:

Non, non ,- nous fommes tous fières , tous égaux ,

8

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:40 VCHAPlTREJCXIV.nous ne pouvons nous condamner. Alors, les légifï

lateurs s’étant rafiis reprirent: O hommes! quidifputez fur tant de fujets , prêtez une oreille attenorive à un problème que vous nous oflièz, à quevous devez refondre vous-mêmes. Et les peuples

payant prêté une grande attention, les légiflateurslevèrent un bras vers le ciel; 8L montrant le foleil:Peuples , dirent-ils, ce foleil qui vous éclaire vous.paroît-il quarré ou triangulaire P Non , répondirent-

ils unanimement; il ef’t rond.

Puis, prenant la balance d’or qui étoit fur l’autel:

cet or que vous maniez tous les jours , efioil pluspelant qu’un même volume de cuivre? Oui, répon-dirent unanimement tous les peuples, l’or ef’t plus

pelant que le cuivre.En les légiflateurs prenant l’épée: ce fer efi-il

moins dur que du plomb? Non , dirent les peuples.Le (acre el’t-il doux , & le fiel amer? -- Oui.

Aimez- vous tous le plaifir , 8L baillez-vous ladouleur? v- Oui.

Ainfi , vous êtes tous d’accord fur ces objets 8L fur

une foule d’autres femblables.

Maintenant, dites-nous , y a-t-il un gouffre aucentre de la terre, 8L des habitans dans la lune?

A cette quefiion , ce fut une rumeur univerfelle ;8: chacun y répondant diverfement , les uns difoientoui, d’autres difoient non ; ceux-ci, que cela étoitprobable,- ceux-là, que la qucfiion étoit ci’jêuje ,

ridicule; 8L d’autres , que cela étoit bon àfiwoir:

ce fut une difcordance générale. Après

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’SOLUTION ou PROBLÊMÈ , son. au

Après quelque temps, les légiilateurs ayant réta- .bli le filence: Peuples, dirent-ils , expliquez-nousce problème. Nous vous avons propofé plufieursquef’tions , de vous avez tous été d’accord , fans dif-

tinélion de race ni de reflet Hommes blancs , hommes

noirs , feâateurs de Mahomet ou de [Moi]: , ado-rateurs de Beddou ou de Jqfus, vous nous avez tousfait la même réponfe. Nous vous en propofonsune

autre 5 8L vous êtes tous difcordans! Pourquoi cetteunanimité dans un cas , Ô cette difcordance dans un

’ autre?

Et le groupe des hommes fimples 8L fauvages ,-prenant la parole, répondit: La raifon en el’t fimplet

dans le premier cas, nous voyons , nous fentons lesobjets ; nous en parlons par fenfation : dans le

.fecond , ils font hors de la portée de nos, feus; nousn’en parlons que par conjecture.

4 Vous avez réfolu le problème, dirent les légiflaaiteurs: ainfi , votre propre aveu établit cette première

vérité: . .Que toutes Iesfin’s que les objets peuvent êtrejoumi:

à vos jens , vous êtes d’accord dans votre prononce’;

Et que vous ne drflè’rez d’opinion , defimtiment , que

quand les objetsfinft. abfens, 6’ hors de votre portée.

rOr, de ce premier fait en découle un fecond,également clair digne de remarque. De ce quevous êtes d’accord fur ce que vous connoifièz avec

certitude , il s’enfuit que vous n’êtes dijcordans que

fur ce que vous ne connoiflèz pas bien , jar ce dontQ

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et: CHAptTtta X’XItV.vous n’êtes pas riflards; c’efi-à-dire, que vous vous

dry-puiez , que vous vous querellez , que vous vousoutrez pour ce qui gr incertain, pour ce dont vousdoutq. 0 hommes! cil-ce là la fageffe?

Et n’efi-il pas alors démontré que ce n’ell point

pour la vérité que vous contenez; que ce n’ei’t point

fa caufe que vous défendez , mais celle de vos affec-tions, de vos préjugés; que ce n’el’t point l’objet tel.

qu’il efi en lui que vous voulez prouver , mais l’objet

[tel que vous le voyez; c’ef’t-à-dire , que vous voulez

faire prévaloir, non pas l’évidence de la chofc, mais

l’opinion de votre performe , votre manière de voir

le de juger. C’efi une puiflirnce que vous voulezexercer , un intérêt que vous voulez fatisfaire , uneprérogative que vous vous arrogez; c’efi la lutte de

votre vanité. Or, comme chacun de vous , en le compa-

rant à tout autrei,fe trouve fin égal,jbn femhlable,il trémie par le fentiment d’un même droit. Et vosdifputes , vos combats , votre intolérance fout l’efiet

. de ce droit que vous vous déniez, de la eonfcienc:inhérente de votre égalite’. -

Or , le feul moyen d’être d’accord et! de revenir

a la nature , 8L de prendre pour arbitre à régulateurl’ordre de chofes qu’ellevtnême a poië ; St alors voue

accord prouve encore cette autre vérité:Que les êtres re’els ont en eux-mêmes une manière

tarifier identique, confiante, uniforme, 81 qu’il exi edans vos organes une manière [emblable d’en être

dédis.

l-h

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x; - 2:3.

’ 901mm: on honneur: , sa. 21.3- Mais en même temps, à raijbn de la mobilité de

ces organes par votre volonté, vous pouvez concevoirdes afeélions diflîârentes, 8L vous trouver avec les

mêmes objets dans des rapports divers ; en fortequeTous êtes à leur égard comme une glace refle’chiflîznte ,

impartie de les rendre tels qu’ils font en (fit, maiscapable aufii de les daguer 6’ de les alte’rer.

D’où il fuit que toutes les fins que vous pet-ratezles objets tels qu’ils fiant , vous êtes d’accord entrevous à avec eux-mérites s 8: cette fimilitude entre vos

jenjations 6’ la manière dont enflent les êtres, efl: ce

qui conflitue pour vous leur ve’rite’; - vQu’au contraire, toutes les fois que vous différez

d’opinions, votre diflënriment eû la preuve que vaut

ne les reprefentez pas tels qu’ils finit, que vous leschangeï.

Etde-là fe déduit encore, que les caujès de vosdiflënzimens n’exiflent pas dans les objets eux-mêmes ,

mais dans vas efprits, dans la manière dom vous

percevez , ou dont vous jugez. . -Pour établir l’unanimité d’opinion, il faut donc

préalablement bien établir la certitude, bien conf-:ater que les tableaux que fe peint l’qlprit font exiloie-)nent reflèmblans à leurs modèles; qu’il réfléchit les

objets correctement tels qu’ils exil’tent. Or , cet effet ’

ne peut s’obtenir qu’autant que ces objets peuventêtre rapportés au témoignage, 81. fournis à l’examen

des feus. Tout ce qui ne peut fubir cette. épreuve ,’efl par-là. même impoflible à juger; il n’exille à

Q2

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244 CHAPITRE XXIV.fou égard aucune règle, aucun terme de compa-raifon , aucun moyen de certitude.

D’où il faut conclure que, pour vivre en concorde

Ôen paix, il faut confentir à ne point prononcerfur de tels. objets , a ne leur attacher aucune impor-tance; en un mot, qu’il faut tracer une ligne de démar-

cation entre les objets vérifiables 8L ceux qui ne peu-vent être ve’rifie’s , 8e féparer d’une barrière inviolable

le monde des êtres filma-figues du monde des réalités;c’el’pàodire , qu’il faut ôter tout (fer civil aux opinions

théologiques En religieufis.

Voilà, ô Peuples! le but que s’efl propofé unegrande Nation aEranchie de fes fers 81 de fes pré-jugés ; voilà l’ouvrage que nous avions entrepris fous

fes regards 8L par fes ordres , quand vos rois St vosprêtres font venus le troubler.... 0 rois 81 prêtres!vous pouvez fufpendre encore quelque temps lapublication folemnelle des lois de la Nature; maisil n’efl plus en votre pouvoir de les anéantir ou deles renverfèr.

Alors un cri immenfe s’éleva de toutes les partiesde l’affemblée; à! l’univetfalité des peuples , par

un mouvement unanime, témoignant fon adhéfion

aux paroles des légiflateurs: reprenez , leur dirent-ils, votre faim 8L fublime ouvrage, 61 portez-le à.fa perfeôlion! Recherchez les lois que la Natureapofées en nous pour nous diriger, 8L dreffezîenl’authentique 8L immuable code; mais que ce nefait plus pour une feule nation , pour une feule

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SOLUTION DU PROBLÈME , au: :45famille g que ce foi: pour nous tous fans exception!Soyez les légiflateurs de tout le genre humain , ainfi

que vous ferez les interprète: de la même nature;montrebnous la ligne qui fépare le monde des. cbi-.mères , de celui des réalités, 8L enfeignez-nous , après

tant de religions d’illùfions 8: d’erreurs, la religionde l’évidence 8L de la vérité! ’

Alors, les légiflateurs ayant repris la recherche8L l’examen des attributs phyfiques 8: conflitmifsde l’homme, des mouvemens 8L des affeâions quile régiment dans l’état individuel 8l finial , déveloP.

pèrem en ces mots les lois fur lefquelles la Natureelle-même a fondé (on bonheur.

FI N de la première Partie ou des Ruines.

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i r N Û T E S.P A G l ne. (*) La onzième année d’Abd-ul-Hâmid,, 1184.de J. C., a; 11.98 de l’hégire. L’émigration des Tatou fie ilen Mars , à la fuite d’un manifefle de l’Impèratrice , qui déchu

la Krimèe incorpmée a la Ruflie... Un prince mtgfulmqn du 12mgde Gengiï-Kun; c’efi Châhin-Gueru’i. Gengiz- Kan le falloit

porter-5; (et-vit- par les vois qu’il avoit vaincus. Châltin, après

avoir vendu fou, pays pour une peufiou de 80,000 roubles, aaccepté un brevet de capitaine aux gardes de Catherine Il. Depuisce temps , il efi revenu chez les Turcs qui l’ont étranglé (feloq

leur ufage ).Page s. (a) Le fil Je la Siriqw; c’efLà-dite, la foie originaire

du pays montueux ou le termine la grande murailla, à qui paroi;avoir été le berceau de l’empire Chinois. Les rifla de Kachemire.Les Châles qu’Ezechiel femble avoir délignés fous le nom deChaud-Chaud. L’or d’0phir. Ce pays, tant 8: fi mal cherché,.

8: l’un des douze cantons arabes , a laillé fa trace dans Ofor.au pays d’Uman I, fur le golfe perfique , près des Subëens , riches

en or dit Strabon, 8: près de HunIa ou HeviIa, ou le faillait lapêche des perles. Voyez le a’me. chapitre d’Ezéchiel , quipréfente un tableau très-curieux à: très-vafle du commerce del’Afie à cette époque.

Page 6. (b) Cette Syrie comptoit cent villes pugflhntes. D’après

les calculs de Jolephe 8: de Strabon, la Syrie a du contenir dixmillions d’habitans; à: les traces de culture 8L d’habitation con.

firmant ce calcul.Page to. (c) Une fatalite’ aveugle. C’efl le préjugé univerfel 8l

enraciné des Orientaux : cela e’roit écrit , en leur réponfe à tout;

nie-là réfulte une incurie a: une. apathie qui font le plus grandobfiacle à toute inflruélion ë: civililation.

Page ai. (d) La prdqu’ifle trop celèbre de I’Inde. Quel bienvéritable fait le commerce de l’Inde à la malle d’un peuple!a: quel,mal n’a point ajouté la fuperfiition de cette contrée àla fuperfiition générale!

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N°139. I :47Page sa. (e) Reflet des villes... de l’antique Éthiopie. il fera.

publié dans la prochaine Iivraifon de l’Encyclopédie, un Mé-moire fur la Chronologie des doute Siècles antérieurs du pqflhgçde Xercès en Grèce, dans lequel je peul-e avoir prouvé que lahaute Égypte compofa jadis un royaume particulier, connudes Hébreux fous le nom de Kous, a: auquel s’applique (pé-.cialement le nom d’Ethiopie. .Ce royaume fublilla indépendantjulqu’au temps de Pfammitilt ; 8l ce ne litt qu’alors qu’ayant été

réuni à la baffe Égypte , il perdit (on nom d’Ethiopit l quÎ real.

afinâé aux nations de la Nubie, a; à tous les peuples nouscomme les habitans de Thèbes, la métropole.

Page id. (f) Voilà Thèbes aux cent palais. La fuppofitiorid’une arille a cent portes, dans le fens qu’on l’entend, efl unechoie fi ridicule , qu’il eR étonnant que l’on n’ait pas l’entî pine

tôt l’équivoque.

De tout temps, l’ufage de l’Orient fut d’appeller portes la.

palais à: les muijbns des grands , par la raifon que le princi-pal lutte de ces habitations confifie dans la porte unique quidonne entrée de la rue dans la cour, au fond de laquelle le;bâtimens font toujours retirés. C’efi fous le veflibule de’cette

parte que l’on fait la converfation avec les puffins, que l’ondonne une efpèce d’audience a: d’hofpitalité. Homère (avoit fait;

doute tout cela; mais les poètes ne font pas de commentaires,& leurs leéleurs veulent du merveilleux I l

Cette ville de Thèbes , aujourd’hui Lougsar, réduite à lacondition d’un mil’érable village, a lait’Té des traces étonnante;

de magnificence. On peut en voir les détails dans les planchesde Norden . dans Pocolte’ , 8: dans le voyage récent deM. Bruce. Ces monument rendent croyable tout ce qu’Homèroa indiqué de la magnificence, 8: par indué’tion a de fa puiflànce

politique 8L de (on commerce extérieur.Sa pofition géographique étoit favorable à ce double obier;

car, d’un côté, toute la vallée du Nil, exceliivement fertile,a du fulciter de bonne heure une nombreufe population. D’autrepart, la Mer rouge communiquant à l’Arabie 8: à l’inde, dg-le Nil communiquant a l’Abyflinie & a la Méditerranée, il entéfullolt pour Thèbes des relations naturelles avec les plus riches

Q4

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21,3 Norzs.pays de l’uniVers ; relations qui lui procurèrent une aâivité d’atl-

tant plus grande, que la balle: Égypte, d’abord marécageufe,fut long- temps inhabitable ou mal habitée. Mais, loriqu’enfinle pays eut été aiiàini par les canaux 8: par les chauffées quefit Séfoflris, la population s’y étant portée , il s’éleva des

guerres qui furent fatales à la puiHance de Thèbes. Le commerceprit une autre route . defcendit iulqu’a la pointe de la Merrouge , au canal que creufa Se’fitfiris (Voyez Strabon); 8cl’opulence de l’aélivité furent transférés à Memphis; c’efl ce

qu’indique clairement Diodore, quand il nous apprend (liv. t ,feéiion a, trad, de Terraifon) que depuis que Memphis eut étéembellie 8: fut devenue unfe’jourfain 6’ délicieux , les rois aban-donnèrent Thèbes pour venir s’y fixer. D’où il arriva que Thèbes

a toujours diminué, (Je que Memphis s’y? toujours accrue jufqu’aù

temps d’Alexandre, qui, ayant bâti Alexandrie fur le bord dela mer, a fait décheoir [Memphis dfon tout; en forte que laprofpe’rité on la puiliance ont hifioriquemenr defcendu d’échelle

en échelle le long’du Nil: d’où il réfulte phyliquement 8: hil-

toriquement que Thèbes a précédé les autres cités. Les 1éme?-gnages des auteurs font pofitifs à cet égard. K Les The’bains , dit

w Diodore, liv. l , (célion a, le regardent comme les plus an-» clous peuples du monde 5 a: ils difent que la philty’bphie à la

a) fcience des aflres ont pris nailTance chez eux. Il efl vrai quep leur fituation efi infiniment propre à l’obl’ervation des alires:

au aufli font-ils une difiribution des mois 8: de l’année plus enflew que les autres peuples, Sec. » i

Ce que Dtodore dit expreflément des The’bains, tous les au-teurs 8: lui-même le répètent des Éthiopien: ,- 81 l’identité dont

j’ai parlé, y trouve de nouvelles preuves: « Les Ethiopiens,s» reprend-il liv. z , le difent les plus anciens de tous les peuples,» est il et! vraifemblable qu’étant nés fous la route du foleil, il

» chaleur les a fait éclore avant les autres hommes I: ils le difenty aufli les inventeurs du culte des dieux, des fêtes, des alham-a. blées folemnelles , des facrifices , 8: de toutes les pratiques desa religion. Ils affurent que les Égyptiens font une de leurs Co-» lonies , & que le Delta , d’abord couvert d’eau , n’efl devenup continent que par les débris de leur pays qu’y entraîne le Nil.

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Norns. :49a) Ils ont deux efpèces de lettres , comme les Egyptientzles hié-a roglyphiques 8c les alphabétiques ; mais chez les Égyptiens,a; les prêtres (culs connoiiient les premières , & s’en tranf-» mettent l’intelligence de père en fils; tandis que chez lesa» Ethiopiens les deux efpèces [ont vulgaires.

7) Les Ethîopiens , dit Lucien page 983 , ont les premiersst inventé la f6ience des aflrès, a; donné aux étoiles des noms

sa tirés des qualités qu’ils croyoient y voir , à: non pas dessa appellations fans objet; 8c c’efl d’eux que cet art pallia en-» cote imparfait chez les Égyptiens leurs voifins. siI Il feroit facile de multiplier les citations fur ce linier; il en

réfulte que l’on a les plus fortes raifons d’établir le berceau des

fciences dans le pays voiiin du tropique , St par confequent chezun peuple nègre; car il eil également confiant que par Ethiopiensles anciens ont délignés proprement des hommes d cheveux crépus,

’â peau noire à il graflès lèvres; d’où je fuis porté à croire que,

les habitans de la baffe Égypte furent une race étrangère, venueq .de Syrie à: d’Arabie; un mélange de diverfes hordes de fau-vages , d’abord pêcheurs 8c pâtres, qui peu-à-peu formèrentun corps de nation , 8: qui , par la différence même de leurfang &t de leur origine ,furent les ennemis des The’buins , quiles méprifoient fans doute comme des barbares.

J’ai déjà avancé cette idée dans mon voyage en Syrie fondé

fur l’ajpetl nègre du Sphinx. Depuis , je me fuis convaincu queles anciennes ligures de la Thébaide portent toutes le mêmecamphre; à: M. Bruce offre à l’appui une foule de faits ana-logues; mais ce voyageur ,i dont j’avais entendu parler au Caire ,a tellementenchâlfé des idées fyllématiques dans les faits, quel’on ne peut uier de les récits qu’avec précaution.

Il efl bien lingulier que l’Afrique qui cil ’a notre porte, fait

le pays de la terre le moins connu! Les Anglais font dans cemoment des tentatives qui, par leur fuccès , mériteroient d’exci-ter notre émulation.

Page 23. (g) Ici étoient ces ports Idume’ens. Allah 8c Ajout»

Gaber. Le nom de la première de ces villes fublifle dans desruines , à la pointe.du golfe de la. Mer rouge, fur la routedes pélerins à la Mecque. Amont n’a pas une plus de traces que

v

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25° Notes;Qolzoum a: rama : c’étoit cependant le port des flottes de Salo-

mon. Les vaifTeauX de ce prince, guidés par des Tyritm, [lerendoient autour de l’Arabie a Uphir, dans le golfe perfique,ou ils communiquoient avec ceux de l’inde a: de Ceylan; à:cette navigation étoit toute phénicienne , comme le prouventles pilous 8: les conflrufieurs employés par les Juifs , a: le nommême des ifles des Tyms 8: Anubis, aujourd’hui Barhain. Elles’efl toujours faite de deux manières dans ces mers : l’une , fur

des jonque: d’ofier 6: de jonc, garnies de peau &t enduire degoudron; a; ces barques ne pouvoient quitter la Mer rouge.ni s’éloigner de la côte ; l’autre , fur des bâtimens pontés de

l’a grandeur de nos bateaux , & ceux-la miroient le détroit Enfupportoîent les vagues de l’Océan; mais il falloit en apporterle bois ;ufque des moragnes du Liban 8: de la Cilicîe, où il’en plus beau a: plus abondant. Ces bois le flottoient d’abord parmer tic-puis TttJuS juiqu’en Phénicie; à telle et! la caufe dunom de vaflèaux de Tugfir, qui ont fait croire ridiculement»qu’ils alloient à Tune]: en Efpagne, autour de l’Afrique. DerPhénicie , on les tranipurtoit à dos de chameau jufqu’à la Mon

rouge, comme on le pratique encore aujourd’hui, parce queles côtes de cette mer manquent .abfolument de bois. même 5chauffer. dans toute leur étendue. Ces vniflëaux confiroit: liemployoient une annéefranche dans leur voyage, c’efl-àndire,partoient l’une, refiloient l’autre, 8: ne revenoient que la "ci-.-fième, parce qu’ils ne navigeoient que terre à terre, commeon fait encore aujourd’hui; parce qu’ils étoient retenus par les

mouflons; 6: parce que, d’après les calculs de Pline 81 deStrabon , les navigateurs anciens ne faifoient pas 1:00 lieues entrois ans. Un tel commerce devenoit très-difpendieux , fur-toutpar l’obligation de porter toutes (es provifions. 8: même l’eau:& voila pourquoi Salomon s’empara de Pulmire, dès-lors habi-tée , 8: déjà entrepôt 8L lieu de paflige des négociant: par la-voit: de l’Euphrate. Ce prince devenoit à ce moyen bien p’usvoifin du pays des perles 8: de l’or. Cette alternative de la routede la Mer rouge ou de celle de l’Euphrate , a été pour le:anciens ce qu’efl pour nous celle de l’EgypteÆz du cap de Banne-

Efpérance. Il paroit qu’avant Molle le commerce f: faifoit par

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Noves. 351le défest de Syrie à par la Théaide; qu’après lui , les phéni-

ciens le firent par la Mer muge; 8: que ce fur par rivalité queles rois de Ninive 5: de Babylone vinrent détruire Tyr 81 Jéru-faletn. J’infifie fur ces faits , parce que jufqu’ici l’on n’en avoir

prefque rien dit de raifonnable.Page sa. (à) Babylone qui n’a plus que des monacaux de une

fifilles. Il paroir que Babylone atoccupé fur la rive orientale deEuphrate un efpace de fit: lieues de longueur. On trouve danstoute cette étendue des briques , dont fe bâtit journellement laville de "and. Sur plufieurs de ces briques [e trouve une écritureà clou: , comme celle de Perfe’polis. Je tiens ces faits de M. deBeauchamp , grand-vicaire a Bagdad , voyageur diflingue’ par fescontaminas en aflronomie , 8s par fa véracité.

Page fi, (i) Ces puits de Tyr. Voyez pour ce monument fin-gulier le voyage en Syrie, rem. ll,«p. 198.

Ces digues de l’Euphmtei Depuis la ville ou le village deSamarium, le cours de I’Euphmre cil accompagné d’une doubledigue qui defcond infqu’à fa jonëiion au Tigre , a: de li juiqu’a

la mer; c’efl-Ldire. que ces digues ont environ cent lieues deFrance de longueur. Leur hauteur varie, étant plus grande amefure qu’on s’éloigne de la mer; mais en peut l’efiimer de

douze a quinze pieds. Sans ces digues. le fleuve , dans (es débor-demeus . inonderoit le pays qui et! très-plat, jufqu’à vingt 8svingt-cinq lieues dètendue;ce qui n’a pas empêché que, dans

ces derniers temps. il n’aitLpar une rupture, couvert tout letriangle que forme à jonâion au Tigre; c’efl-à-dire, plus dene lieues. carrées de pays. Ces eaux. reliées flagrantes, ontcaufé une épidémie des plus meurtrières : d’où il rèfulte.,t°. que

toute la partie inférieure des deux fleuves étoit dans l’origine un

marais; 2°. que ce marais n’a pu être habité fans le travailpréliminaire de ces digues; 39 que ces digues n’ont pu être (l’ou-

vrage que d’une population placée plus haut: en’forte que phyfi-queutent l’élévation de Babylone a été poflérieure a celle de

Ninive, ainli que je penfe l’avoir démontré chronologiquementdans le Mémoire été. note (e). Voyez l’Ertcyclopédie , tome

lroifième des Antiquités. I lPage id. (l) De ces conduits fiurerraitts de IeMüie. L’Aâflbidjâl

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:52 Nanas:moderne , qui fut une partie de la Médie , [les montagnes duIonrdeflun, (St. celles du Diarbekr,font remplis de canaux fou.-terrains, par lefquels les anciens habitans conduiroient les eaux’dans les terrains fees , pour les rendre produéiifs. C’étoit pour

aux un aéie méritoire . un devoir religieux prefcrit par Z oroaflrequi, au heu de prêcher le célibat, les mortifications 6a les foi-difant vertus monacales, dit fans celle dans les pafiages que leSud-der 8: le Zend-avefla ont conferve de lui : l’adieu la plusagréable à Dieu e]? de cultiver la terre, de la tourner a: retourner,

’ d’y conduire des eaux courantes , d’y multiplier les plantes 8: les

être: vivons, d’avoir de nombreux troupeaux , de jeunes vierges

fécondes , beaucoup d’enfant, &c. hDe ces aqueducs. de Palmyre. Outre ceux qui difiribuoient dans ’

la ville 6L les environs l’eau des deux fources que poflède lelocal , il paroit confiant qu’il y en avoit un autre qui y en amenoitinique des montagnes de Syrie. On en fait la trace long-tempsdans le défert . ou il paroit qu’il finifi’oit par marcher fous. terre.

Page 47. (1’). Et cette inégalité (de forces entre Les hommes)

accident de la nature ,futprife pour fa loi. Prefque tous les anciensphilofophes de les politiques ont établi en principe 8: en dogme,que les hommes naiflènt inégaux , que la nature a cre’e’ les un:pour êtres libres , les autres pour êtres dames. Ce font les exprefiions

pofitives d’Ariflote dans fa Politique, & de Platon, appelé divin sfans doute dans le feus des rêveries mythologiques qu’il a débitées.

Ledroit du plus fan a été le droit des gens de tous les ancienspeuples. des Gaulois, des Romains, des Athéniens; 8: c’efl del’a précifement que (ont dérivés les grands défardes politiques,

8: les crimes publics des nations. a iPage. 48 (m) Et le defpotifme paternel jeta les fondement du

defitatifine politique. Il feroit facile de faire fur cette feule Finaleun chapitre très-long 8: très-important. On y prouveroit. fait!réplique que tous les abus des gouvememens ont été calqués

fur ceux du régime domefiique, de ce. gouvernement que . fousle nom de patriarchal , des efprin faperficiels vantent fans l’avoiranalyfé. Des faits fans nombre démontrent, que chez mut peuplemaillant, que dans l’état fauvage 8: bat-bac, le père, le chef defamille ce un defpote , a; un defpote cruel a: lofoient. La femme

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Norss. 253clic En efclave , les enfans (es ferviîteurs. Ce roi dort ou fume lar pipe. tandis que fa femme a: res filles font tout le travail du

ménage , à; même celui de la culture 8: du labourage , autantque le comporte ce genre de fociétés :1 à peine les garçonsprennent-ils quelque force, qu’ils fa permettent de les frapper ,6: fe font fervir comme leurs pères. Cet état fa retrouve toutentier chez nos payfans non civilifés. A mefure que la civilifationcroît . les mœurs s’adoucifïent . 8: la condition des femmess’améliore. iufqu’à ce que , par un autre excès , elles Viennent à

dominer, à: alors une nation efi amollie 6: corrompue. Il eflremarquable que l’autorité paternelle el’t d’autant plus grande que

le gouvernement efi plus defpotîque. La Chine , l’Inde , laTurquie en font des exemples frappans. L’on diroit que lestyrans le donnent des complices , 5! qu’ils intéreilent des defpotesfubalternes a maintenir leur autorité. On citera contradiéloirementles Romains, mais il reflera à prouver que les Romains furentdes hommes véritablement libres ;& le pafiàge fi prompt de leurdefpotifine républicain à leur profond ailervifïèment fous les em-pereurs , jette au moins de grands doutes fur cette liberté.

Page 50 (n) L’autre ( effet de l’égoifme ) que tendant toujours à,

concentrer le pouvoir en une feule main. Il efi très-remarquable quela marche confiante des fociétès a été dans ce fans, que com-mençant toutes par un état anarchique ou démocratique, c’efl-à.

dire par une grande divifion des pouvoirs , elles ont enfuira pafiëà l’ariflocrutie, 5: de l’ariflocratie a la monarchie: ne réfulte-t-il

pas de ce fait que ceux qui confliruent des états fous Informe démo-

cratique , les defiinent à fakir tous les troubles qui doivent amenerla Monarchie, 6: que l’adminiflration fuprême par un feul chef

fournis à des règles efi le gouvernement le plus naturel, comme il

efi le plus propreàla paixl ’Page 53 (o) Et les Rois. . . jeÜivrèrent à tous les goûts dépravés.

Il efi également cligne de remarque . que la conduite 8: lesmœurs des princes :5: des rois de tous les pays 61 de tous lestemps fe trouve entièrementla même aux mêmes époques faitde formation , foit de difïol-ution des empires. Par-tout l’hifioirepréfente les mêmes tableaux de luxe &t de folies , des parcs pou;la cheffe , des jardins , des lacs, des rochers , des palais? des meu-

u!

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au Notes.-Hes, des excès le table, de vin , de femme, 81 l’abrutilEment final.

L’infenfi rocher du jardin de Verlailles a coûté lui feul troismillionr.J’ai quelquefois calculé ce qu’on en! pu faire avec ladépenfe des trois pyramides de gitah , à j’ai trouve que l’on eût

nifement confirait de la Mer rouge à Alexandrie un canal detso pieds de largeur, de 1o pieds de profondeur, totalement revêtu

le pierres de taille a: d’un parapet , avec une ville de guerre En de

commerce , de quatre cents ruilons garnies de citernes. Quellediférence entre les effets de ce canal 8: celui des pyramides!

Page 61 (p) Je reconnais il leurs chevaux en Içfi , l’a. [Æ cavalier

Tartare fait toujours l’es courfes avec deux chevaux dont il mènel’un’en main. Le KaIpuk efl un bonnet de peau de mouton ond’autre animal. Sous ce bonnet la tête et! talée, à l’exceptiond’une rouf: large comme un écu de fax livres , qu’on [aille croître

à une longueur de fept à huit pouces , précifement à l’endroit on

nos prêtres placent leur tonfure. C’efi par cette roufle, qu’ontadoptée la plupart des Mufultnans, que l’Ange du tombeau doit

mlwerlcs du: pour les porter en paradis. .Page id. (q) Des infidèles occupent une terre tonfacre’e. Il n’efi pas

au pouvoir même du Sultan de cedera une Puillânce étrangèreun terrain habité par les Vrais Crayons. Le peuple , excite parles gens de loi , ne manqueroit pas de (e révolter z c’efl une desruilons qui ont touiours fait regarder comme chimériques à ceuxqui connoiflènt les Turcs , ces cefiions de Candie, de Chypre .de l’Egypte , projetées par quelques Puifl’ances d’Europe.

Page 66. (r) Et à prononcer myfle’rieufement Aûm. Ce mot dl

un emblème fibré de la Divinité dans la religion indienne: il nedoit être prononcé qu’en feeret, 5; fans que performe l’amende.

Il efl formé de trois lettres , dont la première A dèfigne le pnnczpede tout , le créateur Brahma ; l feeondeû défigne le confenateul’

Vishnou; de la dernière m le de raflent qui met tout àfin . Chtven.On le prononce comme le monofyllabe ôm, qui défigne l’unite deces trois dieux. C’el’t abfolument la même idee que celle de l’alpha

&de l’amega, dont il efl parlé dans l’évangile.

Page idem (s) S’il fait! commencer par le coude. C’efl un desgrands points de fchifme entre les partifans d’Omar 8: ceuxd’Ali. Suppofons que deux Mufulmans fe rencontrent en Voyage .

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No’rzs. .255l: qu’ils s’àborilent fraternellement; l’heure de la prière venue,

l’un commence l’ablution par le bout (les doigts, l’autre par le

coude: 8: les voilà ennemis à mon. 0 fublime importance destrimions religieufesl 0 profonde philofophie de leurs auteurs!

Page 76. (t) La race des Oguïians. Avant que les Turc! enflentpris le nom de leur chef Otlnnan I , ils portoient celui d’Oguziuns ; Ià c’efl fous cette dénomination qu’ils furent chaires de la Tamaris

par Gengiz, &vinrent des bords du Giltoim s’établir dans l’Anatolie.

Page idem. (a) Une anarchie gënlrale, comme il g? arrivé dami’empire du Sophis. Dans la que, Après la mort de Thomas-Kauliltan. chaque province I en fan chef, 6: depuis quaranteans ces chefs n’ont pas cefl’é (le le faire la guerre. Sous ceinp-

port, les Turcs ont raifon de dire: dix années d’un tyran fontmoins de mal qu’une nuit d’anarchie.

Page 81. (x) Qu’il rigrmit de peuple à peuple. . . les haineimplacables. Lifez .l’hifloire des guerres de Rome 81 de Carthage,de Sparte à de Meflëne, d’Athènes 8: de Syrncufe , des Hébreu:

à des Phéniciens; 6; voilà cependant ce que l’antiquité une à

plus policé l I’Pago 86. (y) r Le jugement de la": contefian’ons . 8m. Qu’eaæe

qu’un peuple! C’efi un individu de la. grande facièté. 0mm:qu’une guerre îC’efl un duel mm Jeux individus-peuples. Que dot

faire une fociété quand deux de fes membres fe battentl Inten-venir a: les concilier, ou les réprimer. Du temps de l’au-aèdeSaint-Pierre, cela paroiflbit une rêverie; maie , heureufementpour lefpèce humaine, cela commenceà le rènlifer.

Page 9o. (ï) Le Chinois régi p17 un defpcu infolrnr. L’Mnnrde la Chine s’appelle fils du Ciel. (c’efl-à-dire de Dieu; car , aux;

l’opinion des Chinois. le ciel matériel, arbitre le la fatalité,. in la Divinité même. 4K Il ne le montre que vous les dix mois,

n de peur que le peuple s’abiruam à le voir , ne perde le refpeâ:

n car il tient pour mutine que la polliniser: ne fubfifie que pary la. force. que les peuples ne con-oiflèntpm la juflice, quen l’on ne peut les gouverner queplr la violence. w Relation deJeux Voyageurs deitlmans, en 85! 8’ 877. traduite pet l’a-blé

Renaudot en i718.Malgré ce qu’en difent les Mifionaiœs , ce: état n’a pas changé.

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256 Flores.Le Bambou continue de régner ah Chine, 8: le fils du Ciel faitbâtonner , pour la moindre faute, le Mandarin, qui à l’on tourfait bâtonner le peuple. Les Jéfuites ont en beau nous dire quece pays étoit le mieux gauverné, à: les habitans les plus ibnunésdu monde: une feule lettre d’Amyot m’a prouvé que la chineétoit un véritable gouvernement Turc; à la relation de Sarment!me l’a confirmé. Voyez le tome a du Voyage aux Indes, in-1.°.

Entrave’ parle vice radical d’une langue mal conflruite. Tant que

les Chionis écriront avec leurs caraâères aëiuels , il n’y a aucun

progrès à efpérer pour leur civilifation. Le premier pas pourl’amener cil de leur donner un alphabet comme les nôtres, oufubilixuer à leur langue la langue Tartare : l’opération que M.Lenglès a faite fur cette dernière , el’t capable d’amener ce chan-

gement. Voyez l’alphabet Mantchou, ouvrage d’un efptit vrai-ment analytique.

Page 9H (t) Dans le Nord que desfeji- avilis dontfe jouent degrands propriétaires. Quand ceci s’écrivoit , la révolution dePologne n’etoit pas arrivée. J’en fais réparation aux nobles ver-tueux & au prince éclairé qui l’ont exécutée.

Page 97. (a) Gouverner-vous vous- mêmes. Ce dialogue du peuple8: des clqflès oifivet efl l’analyfe de toute fociété. Tous les vices,

tous les déferrâtes politiques le réduifent l’a : des hommes qui ne

font rirn, a: qui dévorent la. fubflance des autres; des hommesqui s’arrogent des droits particuliers, des privileges exclufifrde richeiie 8: d’oifivete’ ; voila la définition de tous les abus quiexiflent chez toutes les nations. Comparez les Illumloults d’Egypte.les Nobles d’Europe, les Noirs de l’Indr, les EmirsI Arabes, lesPatricienr de Rome, les Prêtres chrétiens , les Imams, les Brand: ,le, Bouges, les Lamas, &c. vous trouverez toujours les même:réfultats; fi des hommes oififs vivant aux dépens ée ceux quisa travaillent. »

Page les. (3) L’égalité fr la iiberte’flmt donc les bal-es phxfiqwr.

La Déclaration des Droits porte dans ion premier article uneinverfion d’idees, en ce qu’elle fait marcher avant l’égalité, le

liberté qui en dérive: ce défaut n’efi pas étonnant. La fcience des

droits de l’homme efl une fcience neuve:les Américains l’ontinventée hier ; les François la perfeélionnent aujourd’hui g mais

refit!

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o

N o T E 8’. ":57relie beaucoup à. faire : il exifle dans les idées qui la compoefan: , un ordre généalogique tel que , depuis l’égalité phyfique qui

en cil la baie iufqtt’aux rameaux du gouvernement les plus éloi-gnés , l’on doit marcher par une férie non interrompue de confé-

quences.C’efi ce que démontrera la faconde partie de cet ouvrage.

Page "3. (4) Au mille chapeau defeuilles de palmier. Cetteefpèce de palmier s’appelle latanier. Sa feuille , airez femblableà un éventail déployé, porte fur un pédicule qui part imméd-

diatement de terre. il y en a au jardin des plantes.Page id. (s) Et l’afpcli de rant de ratière: d’une même elîvèce,

Ûc: Une falle de collumes dans l’une des galeries du Louvreferoit un établiilëment du plus grand intérêt Tous mus les rapports:

il fourniroit l’aliment le plus piquant à la curiofité du grandnombre , des modèles précieux aux artifles . a: [tir-tout des fuietsde méditation utiles au médecin, au philofophe , au légillateur.Que l’on le reptéfente une colleêlion de virages 81 de corps de

tout pays a de toute nation , peints exaâement avec le (on deleur couleur , la coupe de leurs traits , la forme la plus habituellede leurs membres: quel champ d’étude 8: de recherches fut:l’influence du climat, des mœurs, des alimens! Ce feroit-livéritablement la fclcnce de l’homme! Buffon en a efiàye’ un

chapitre; mais ce chapitre ne fait que rendre faillante noueignorance aéluelle. On dit qu’il y* a. un conmmencement decette collerfiion a Pétersbourg , mais on la dit en même tempssuffi imparfaite que le vocabulaire des )oo langues. Ce feroitune entreprife digne de la Nation Françoife. q

Page un. (6) Ainfi jufqu’au nombre (Il 75 parfis ou refiles. LesMufulmans en comptent ordinairement 72; mais j’ai lu chez eu):un ouvrage qui en détaille plus de 80, toutes aufli [ages les unesque les autres.

Page idem. (7) Et cette religion n’a cm? depuis [aco ans. Lifezl’hifloire de l’iflamifme par les propres écrivains , St vous vousconvaincrez que toutes les guerres qui ont défolé l’Afie S: l’Afrique

depuis Mahomet, ont eu pour caufe principale le fanatifmelapoflolique de (a doélrine. On a calculé que Cefar avoir fait périr

f trois millions d’hommes z il feroit curieux de faire le même calcul

fur.chaque fondateur de religion. vR

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:58 NOTES.Page in. (8) Les quloriens ,10: Eurychéens à un: autres falb(filables. On peut confilltet ace (nier le diéiionnaire des héréfies.par l’abbé Pluqnet, en a gros volumes , in-8° , de menu caraéiète.

C’en un des ouvrages les plus propres à donner de la philofophiedans le feus ou les Lacédémoniens donnoient à leurs enfant de letempérance en leur montant des [lares ivres.

Page 29. (9) Enfants de Zoroaflrt. Ce (ont les Parfu. plusconnus fous le nom injurieux de Goitre; ou Guèbres . qui veut direIrg’idèles: ils font en Aile ce que font les Juifs en Europe. M6174

cil le nom de leur pape ou grand-prêtre. .V Page idem. (to) Dejlours font leur: prêtres. Voyez Henri Lord.Hydz , 6’ le Z end-avqfia fur les rites de cette religion. leurcofiume cil une robe blanche avec une ceinture à quatre nœuds ,a; un voile fur la bouche, de peut de fouiller le feu de leur

haleine. e , .A Page 126. (I t) Sur la réfurrefiion en corps , ou feulement en am.Les Zoroaflriens font déjà partagés entre ces deux opinions. Le;uns penfent que l’on reiïufcitera en corps 8: en une; les autres enune feulement. Les Chrétiens a: les Mufulmans ont pris le plusfolide.

Page id. (in) Ilsportent un râteau fur la bouche . de peut d’avaler

dans une mouche un; am: en flagrance. Dans le fyflême de il!métempfycofe , une amepour fubir (a punficaiion, palle dans uncorps d’animal d’infede , &c. il efl donc important de ne pas trou-bler cette tâche,qu’il faudroit qu’elle recommençât. Un paria.

c”efl le nom d’une rafle ou tribu réputée immonde , parce qu’elle

mange de ce qui a eu vie.. Page id. (13)Brama... réduit d fervir de piédrfial au Lingot».

Voyez Samurai . voyage aux Indes , tous. ter. ira-4°. V ïPage :27. (14,) Formes hideuffi dcfanglier, de lion. Ce font des

incarnations de Vichenou. ou métamorphofes du foleil. Il doitvenir à la fin du monde. c’efi-à-dire de la grande période , (ou:

A la forme d’un cheval , comme les quatre clievaux de l’apocalypfe.

Page id. (15) Dans leur libation, &c. Quand un [câlinent deChiven entend prononcer le nous de Vichenou, il s’enfuit, en lebouchant les oreilles. 8: va le purifier.

Page 128. (16) La Chinois l’aria" dans F6! , au; le non-l origine?

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NOTES. 259«le ce Dieu cil Bain , qui, dans L’hebreu , fignifie un œuf. Les

Arabes le prononcent Bai-1h , en donnant au dh un (on empha-tique, qui le rapproche de dz. Kt’mpftr , voyageur très-exaél.l’écrit Baffe , qu’il faut prononcer Bondfo, d’où dérive le nom ’

de Budfiïjlc 81 de Honte , appliqué à les prêtres. Clémentd’Alexandrie , dans les [hommes . l’écrit Bcdou , comme leprononcent encore les Chingulais; 8: Saint Jérôme. Bouddu 8:Boum. Au Tibet,on dit futilement Budd: de-là vient le nomdu pays appelé Bond-Nm 84 Ti--bu.ld: ce local a été le foyer de

ce culte dans la haute-Allé. La ell la corruption d’AIloh, nom deDieu dans la langue Syrittquc. d’un dérivent, à ce qu’il paroit,plufieurs dialeélcs de l’Orit-nt. Les Chinois , qui n’ont ni b nid,

ont remplacé ces lettres par leurs voilinesf, t, 8: ont dit Pour;les Siamois, peut , &c.

Page id. (t7) L’exiflence (des aines) fipure’e des fins. Voyezdans Kempfer la doéirine des Sintoiües ,qui ail celle d’Epicure.mêlée à celle des haïtiens.

Page 129. (13) L’écran taliput. C’efl: une feuille du palmier

lagmi"; de-la efi venu aux bonzes de Siam le nom de talapoin.L’ufage de cet écran efl un purifia: exct’nfif.

Page id. (19) Dans la mouvement des cieux. Les feélateurs deConfucius ne font pas moins adonnés à l’aflrologie que lesbonzes. C’efi la maladie morale de tout l’Orient.

Page id. (au) Le Lama gue la Tibet adore: le Dulai-La-maou l’immenfe prêtre de La, au ce que nos Vieilles relationslap-æpeloient le prêtre Jean , par l’abus du mot perfan Djeltûn, qui

veut die le filmait. Ainfi le prêtre Mondc,le dieu Monde Jelient parfaitement.

Page idem. (a!) Les excrémens de leur pontife. Dans une expé-

dition récente , les Anglais ont trouvé des idoles des Lamas quicumuloient des pafltîlcs fautes de la garde-robe du grand-prêtre.M. Haflings. 6L M. le colonel Pallier qui fe trouve en le momen:à Laufanne, font des témoins vivans 8: dignes de foi On feu.bien étonné d’apprendre que cette idée f1 révoltante tient à une

idée profonde , à celle de la métempfycqfe qu’admettent les Lamas.

Lorfque les Tartares avalent les reliques du panty": ( comme il:le pratiquent ) , ils imitent le jeu de l’univers, dont les parties

Ra

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l

:60 NOTES.n’abforbem, 8: panifiant fans ceflè les unes dans les antres..C’efl1g feirpem qui dévorefu queue; 8; ce (arpent efi 3(7qu 81 le filmât.

Page ne. (22) Le Dieu de Juida. Il arrive (auvent que lesporcs dévorent des ferpens de l’efpèce que les nègres adorent 3& c’efl une grande défolation dans le pays. Le prèfidenr de Brome!»

a. raffemble’ dans (on hifloire du Féliche un tableau curieux derouies ces folies. Voilà le Teleure. Les Teleures , nation tartare,le peignent Dieu ponant un vêtement de routes les couleurs.il fur-tout des couleurs rouges du verres; à: parce qu’ils lesrrouvenr dans un habit de dragon rufiè, ils en font la compa’raifon à ce genre de foldars. Les Égyptiens habilloient suffi ledieu film-ide d’un habit de toutes couleur]. Eusèbe, Præp. Evang.,p. 115,1. ;. Les Teleures appellent dieu Bon, ce qui n’eâ qu’une

altération de BOUM, le dieu Œuf& [HondaPage id. (2;) Le Kamchadulefe le figure un vieillard chagrin.

Confuitez à ce fuie: l’ouvrage intitulé Dgfcriprion des peuplafournis d Ia Rufie , à: vous verrez que le tableau n’efl en rienchargé.

Page 136. (24.) San-gendre Ali ou fou Vicaire Aboukir. Cefont ces deux grands partis qui divifem les Mufulmansts Tui’uont embraflë le fecond, les Perfans le premier.. Page i;8. (25) Faire la guerre aux infidèles. Quoi qu’en difenï

les partifans de la philvfophie a; de la mimas]: des Turcs . fairela guerre aux infidèles efi un aéie de religion , un précepte d’o- I

bligaiion. Voyez Relund de Relig. Indium.Page 144.. (26) Bafes de feus myflïques. Quand on lit le:

pères de l’églife . & que l’on Voir fur quels argumens ils on:élevé l’edifice de la religion, l’on a peine à comprendre tant de

crédulité ou de mauvaife foi; mais démit alors la manie desallegories : les Paiens s’en (avoient pour expliquer les ruilionsdes dieux ; 5: les Chrétiens ne firent que fuivre l’eiprir de leur

fiècle en le tournant vers un autre côté.Page 147. (27) Zoroafire quarre fiècles après (Moire). Voyez

la Chronologie des u Siècles, ou je penfe avoir folîdement prouvé

que Moife vécu! environ 14.00 ans avant J. C., 6: Zoroaflreenviron mille ans.

Page 148. (28) Dans la refonte qu’ils firent de leurs livres. Dans

.5."-

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Non-ra; :6:les premiers temps de l’églife chrétienne , non-feulement lesplus favans de ceux qu’on a depuis qualifiés d’hére’riques, mais

beaucoup d’orthodoxes penfoient que Moire n’avoit point écrit

la loi ni le pentateuque, de que cet ouvrage étoit une compi-lation faire par les anciens du peuple 3e les 7a vieillards qui.après la mort de Moire , rafièmblèrent les ordonnances éparfes ,&iy mêlèrenr’ des choies qui n’étaient pas de lui; à-peu-près

comme il efl arrivé au Qoran de Mahomet. Voyez les Clémen-tinesf: Hamel. a . 5. si a: Homel. 3 , S. au. Car votre Genèfe enparticulier ne fut fumais l’ouvrage de Aloife. Les critiques mo-dernes plus éclairés encore, ou plus attentifs que les anciens,ont trouvé dans la Genèfe en particulier des indices de (a com-pofition au retour de la captivité; mais les principales preuvesleur ont échappé. Je me propofe de les raflèmbler dans uneanal-Ut de la Genèfe, à: j’y démontrerai, enrr’autres, que le

chapitre X , qui traire des prétendues générations du foi-difanthomme Noe’, cil un véritable tableau géographique du mondeconnu des Hébreux à l’époque de la captivité, lequel a pour li-

mites la Grèce ou Hello: à l’ouefi , le Caucqfe ana ord, la Perfeà l’orient, l’Arabie 8: la haute-Égypte au midi. Tous les pré-

tendus perfonnages depuis Adam jufqu’à Abraham ou (on pèteThare’, (ont. des êtres mythologiques , des afires , des corfiellaticm .

des pays : Adam ell le Bootes ; Noé efl Ofyris, Xifuthrus Janus ,Saturne ; c’efi-à-dire le Capricorne, au génie célefle qui ouvroitl’année. Du propre aveu de la chronique d’Alexandrie , pag. 8s ,Nemrod étoit fuppofé par les Perles être leur premier roi , comme

ayant inventé l’art de la chaire; de il avoit été tranfporté auxcieux où on le voyoit, fous le nom d’Orion : ainfi des dix géné-rations qui font les mêmes que celles des Kaldéens dans Berofe8: le Syncelle.

Page [45. (29) La création du monde en fia gâhans ou tempsou en fix galion-bars, delta-dire en fi): périodes de temps. Cespériodes font ce que Zoroaflre appelle les milles de Dieu qu

de la lumière, c’efi-à-dire les fix mais d’été. Dans le premier.

dirent les Perles , Dieu créa (mit en ordre) le ciel; dans lefécond , il créa les eaux; dans le troifième, la terre; dansle quatrième, les arbres ; dans le cinquième, les animaux; a;

R3

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262 NOTES.dans le fixième , l’homme : prècifément comme la Génère. Voyez

pour les dt’tails Hytt’e. c. 9, & Henri Lord, c. 2. fur lareligion de: uncirnr Perftms. Il efl d’ailleurs remarquable que lamême tradirion (e rrouwit dans les livres facrés des Exrufques,qui rapportoient « que le grand fabricateur avoit renfermé lay durée de (on ouvragé dans une période de douze mille ans,» a: que Le temps avoit été réparti dans les doura mayens du

v foleil. » Au premier mille, Dieu fit le ciel a: la terre; auferond. le firmament; au troifième, la mer 6: les eaux; auquatrième, le foleil, la lune, les plantes; au cinquième,l’ame des oifeaux , animaux, reptiles; au (ixième, l’homme.Voyez Suidas, au mot Iyrrhèna; ce qui prouve , 1°. l’identitédes opinions théologiques &z afirologiques; 2°. l’identité ou plu-

lôr la confufion des idées de création abfolue 81 de mentionfiflc’nmtique. c’eû-à-dite du renouvciitment de la Nature dans

des périodes qui furent d’abord la. période annuelle , puis lespériodes de 60, de 600, de 25,000, de 16,000 , & de 413,000,ans.

Page 149. (go) La coryèflïon de leur: pêchés , &c. Les Paz)?!

modernes 8c les Illithriaques anciens , qui (ont la même choie,ont tous les facremens des Chrétiens, même le faufiler de lnconfirmation. « Le prêtre de Illithra, dit Tertullien. de puy.-,9 criptiane, c. 4o, promet la délivrance des péchés par leurp aven 8: par le baptême; à, s’il m’en foulent bien, Mithra» marque (es foldats au front (avec le chrême, Kouphi égyp-» lien) ; il célèbre l’ablation du pain , l’image de la rzù’ùn’tâwn ,

à» 6c préfcnte la. couronne en menaçant de l’épée, &c. w

Dans ces myfiéres on éprouvoit l’inilié par mille terreurs.par la menace du feu, de l’épée, &c.-; 8: on lui préfentoit une

couronne qu’il refufoit , en difant , Dieu (fi ma couronne : Voyezcette couronne dans la fphère célefieà côté de Boom. Les pn-

fonnages de ces myllères portoient tous des noms d’animauxconflrlle’s. La malle n’efi pas autre choie que la célébration de

ces myflères 81 de ceux d’Eleufis. Le Domina: vobycum cil àla lettre la formule de réception ciron-k , dm, p-alz. Voyez Beau-

faim, hm. du Il’hnichëffine’, rom. a.

Page l’iC- (il) Les Védas . le: Cil-Will, les Fourmis. Ce font

.-..... ---.

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NOTES; :63les livres futés des bidon: ; on les écrit fouvent Vedams ,Pouranams , Chaflrans , parce que les lutions, comme les Per-

fans , ont l’habitude de mailler à la fin des mon; ce qui ajoureles murmurions, on, un, que les Portugais ont écrit am, am.Plufieurs de ces livres le trouvent traduits, graces aux foins deM. Haflings. qui a fondé a Calcutta une focièté littéraire &une imprimerie.. Qu’il.nous (oit permis , en remerciant cettefociètéde les travaux, de nous plaindre qu’elle porte un efprt’t

d’exclufion dans ce qu’elle publie , de que le nombre des exem-plaires que l’on tire de chaque ouvrage, (oit tellement bornéque. l’on-ne peut s’en procurer même en Angleterre: tout cilconcentré dans les affociés de l’lnde. A peine connoît.on enEurope les mélanges «flanques . a: il faut être érudit dans legenre oriental pour avoir entendu parler des Jones , des W ilkins ,des Halhed, &c. Quant aux livres théologiques indiens. ceuxque nous poilerions jufqu’à ce jour, (ont le Bhagouet guîta , l’EzouI.

Vedam , le Bagavadum 8e des fragmens de quelques chafirelpubliés avec le Bhngouet guita. Ces livres font aux Indiens ceque (ont l’ancien & le nouveau Tefiument aux Chrétiens, leQomn .aux Mufulmans , le Sud-der 8e le Zend-avefiaaulParles, &c. En confidérant ce qu’ils renferment tous, je meIbis quelquefois demandé quelle vérité perdroit le genre humain,fi un nouvel Omar les brûloit; de je n’en ai pu découvrir une(culer; j’appelle la caiflè ou je les renferme, la boëte de Pandore.

Page 151. (je) Emma, Richet: ou Vichenou , Chib ou Chiven.es ,noms ont cliver-fer manières de le prononcer , félon les

dialeëles; on dit Bimtah, Bremma, Brouma. Biches a fait,Vichen, par la confufion facile de B à V, de Vacherin-ou, parla finalede grammaire; de même club, qui fignifie ennemi(comme Satan ), Club-a 5L chut-en. On l’appelle auflî Ramier

8: Routr-en , c’efi-à-dire ,Jçflruâeur. Vr , Page Isa. (3;) Sous la forme d’une tortue. C’efl la conflellation

tefludo, ou la. lyre, qui fut d’abord une tortue , parce qu’elletourne lentement autour du pôle ; puis qui devient une lyre,parce que l’écaille de ce reptile fervît de premier tambour pour

Monter des cordes. Voyez l’excellent Mémoire de M. Dupuisfur l’origine des Conflellations : ira-4°. , Paris , i78t , site; Bef-

faim. I R s

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264 No’rzs’;Page V54. (34.) Brame: , imitateurs du paganifme Je: Occidentaux.

Toutes les anciennes opinions des théologiens de l’Egypte 8: dela Grèce (a retrouvent dans l’lnde; 81 il paroit qu’elles y pé-.

nouèrent par le. commerce d’Arabie, 8: par le voifinage dela Ferre, désales temps les plus reculés. ’

Page id. (3s) Il faufila fur le: (aux, &c. Cette cofmogoniedes Lamas ,. des Bonze: , 8: même des Brantes, comme l’attefleHenri Lord , revient littéralement à celle des anciens Égyptiens.4* Les Égyptiens , dit Porphyre , appellent Kneph; l’intelligence

a: ou caujt affame (de l’univers ). Ils racontent que ce Dieuà) rendit par la bouche un œuf, duquel fut produit un antre Dieu.» nommé Phlhu ou Vulcain (le feu principe , le (vieil), a:a) ils ajoutent que ce: and eh le monde. » E4125. Ptnp. Evang.

Ptll,.r’-’. . l « 4’« Ils repréfentent, dit-l! ailleurs , le Dieu Kneph, ou la.-» calife efficiente, fous la formai d’un homme de couleur bleu

si foncé ( celle du ciel), ayant en main un fceptre, portant» une ceinture . 8L méfié d’un petit bonnet royal de plumes très-i-

» légères, pour marquer combien oit fubtile à fugace l’idée de

st cet être. » Sur quoi j’obferverai que Kneph, en hébreu.lignifie une aile , une plume , (si que cette couleur bleue (cèlefie)Te retrouve dans la plupart des Dieuxtde l’lnde, à: «il, fous lenom de-Narayan , une de leurs épithètes les plus célèbres.. Page-156. (36) Que les Lamas n’étaient que des Neflorims oudes Alaniche’cns abâtardis. C’efi la prétention de nos milfionaires,

&entn’autres de Georgi , dans (on indigefie ouvrage de l’alphabetTtbœan :. niais s’il efl prouvé que les Manichécns n’ont été que

les plagiaires ’85 les échos ignorans d’une doflrine antérieure à.

aux de plus-(let quinze cents ans . que deviennent les décli-mations"de- Georgil Voyez à ce fuie: la fuyante hifloir: du Man

2i.lteifme par Beaqfobre. 2-vol. in 49. » i[liais le Lama prouva; &c. Les écrivains orientaux s’accoràent

généralement à placer la nailïànce de Radon mille vingt-fept au:

avant J. C. ; Ce qui le feroit contemporain de Z oroaflre , avecagui je crois-qu’ils le confondent. Ce qui cil certain, lc’efi que.fa doârlne. exifioit notoirement à cette époque; r-m-la’mtrouve tonte entière dans çellè:d’0rpbe’e, de Pythagore si de:

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N o T a s." 265Gymmyàphifles’ Indiens. Or les Gymanophifier (ont cités dès le

temps d’Alexandre , comme une feéle ancienne déjà divifèe enBrachmûnes Bi en Samane’ens. Voy. Bardefanet en Saint Jérôme,

épître à Jovien. Pithagore vivoit dans le 9me. tiède avant J. C.Voy. Chronolog. des la fiècles; & Orphée eR encore antérieur.Si, comme il efl vrai, la doélrine de Pithagore à: celle d’Orphée

étoient purement égyptiennes, celle de’Bedou remonte doncà cette*fource commune; à: en effet les prêtres égyptiens ra-contoient qu’Hennês mourant avoit dit : « Jufqu’ici j’ai vécu

9 exilé. de ma véritable patrie; j’y retourne : ne me pleurezn pas; je retourne à la cèlefie patrie ou chacun fe rend’a (onx tout; :’ là efi Dieu : cette vie n’efl qu’une mort. » Voy.Chalcidius in Thimæum. Telle étoit la profeflion de foi des Sa-mane’ens, des Orphiques dz des Pytagoriciens. Bien plus, Hermès

n’ai! pas autre que Bedau lui-même z car chez les Indiens,Chinois, Lamas , sa. la planète de Mercure, a; le jour dela f.Ctnaine qui lui répond (mercre-di) portent le nom deBedou : 8: ceci le replace au rang de: êtres Mythologiques , 8:découvre l’illufion de fa prétendue exiflence comme homme,puifqu’il efi confiant que Mercure n’efl point un être humain ,mais le Génie ou décan qui , placé au folfiice d’été, ouvroitl’année

des Égyptiens : (le-là les attributs tirés de la conflellation deSirius , 6: fou nom d’Anulris , 8: celui d’Efculape ou de l’homme--

chien dont il avoit la tête; (le-là (on ferp’ent, qui efi’l’hydreo

emblème du Ml (Hydor, l’humidite’) ; 8L ce ferpent mêmeme paroit être la cnufe de fan nom d’Hermès, car Remet (parun fchin ) lignifie en langues orientales ferpent. Or Bedau étant.le même qu’Hermês ,’ on fent quelle antiquité prend le (yl;

têtue qu’on lui attribue. Quant. au nom de Samane’enr, il cil: .évidemment identique a.celui de Chaman: conferve dans la.Tartane , la Chine &l’lmle. On l’y interprète harnme des bois,

flemme mortifiant je: ratifiions , parce que tels étoient les ca-raflères de cette feéle. Mais littéralement il veut dire celai:( Samâoui ) , a; il définit le fyflêmeide ceux qui le portoient. Cefyfiême efl abfolument Je même que celui des Orphiques , desEj’e’niens & des anciens Anachoretes de la Page 8; de tout l’O-

riont, (Vôy. Porphyre de alzflin, animal.) Ces hommes «741e:l

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366 Norzs.a: plniten: avoient purifié dans I’Inde le délire iufqu’à ne vouloir

plus toucher la terre ; ils vivoient dans des cages fufpendues tu:arbres , ou le peuple , admirateur non moins infenfé , leurportoit à manger. La nuit il arrivoit des vols, des viols, desmeurtres : on découvrit que c’étoit eux qui . defcendant (leleurs cages, fe dédommageoitnt des contraintes du jour. lesRumen, leurs rivaux. profitèrent du cas pour les faire ex-terminer; & depuis ce temps , leur nom dans l’Inde efi f1-nonyme d’hypocme. Voy. hzfi. de Il; Chine. (on. S. (Il-4°"note de la page sa; hifi. des Huns , ton. a , 8: fanfan de l’Ezour-

Vedam. ’ .Page 167. (gy) Démontreï-nolu fan (xylane: , &c. Il’n’exiflo

abfolument d’autres monuments hifloriques de l’exiflence de Jefulcomme être humain , qu’un paffage de Jofephe (Antiq. Jud. lib.-

18. c. 3). une phrafe de Tacite (Austral. lib. t; , c. 44). 5:les évangiles : or le paflige de Jofephe et! unanimement reconnupour apocryphe , 6: pour avoir été interpolé fur la fin du çme.

fiecle. Voyez trad. de Jefephe par M. Gillet. Et celui de Taciteefl fi fugitif, 81 fi évidemment l’énoncé de ce que les Chrétiens

dépofoient devant les tribunaux , qu’il rentre dans la clafiè desmonumens évangéliques. Il relie à (avoir quelle efl l’autorité de

ces monumens. K Tour le monde fait , w clifoit Faufle, qui,quoique Manichéen, étoit un des plus [avalas hommes du mefiècle, 6 tout le,monde fait que les évangiles n’ont été écrits ni

a par J. C. ni pu fes apôtres , mais long-temps après par desy inconnus qui, ingeant bien qu’on ne les croiroit pas fur desla chofes qu’ils n’avoiem pas vues, mirent à la tète de leur:r récits des noms d’apôtres ou d’hommes apofioliques 6: con-» temporains. to Voyez Beaufobre, tome premier. 8; l’hifi. desapologifies. de la relig. chrét.. par Burigni de l’académie desInfcript. , efprit fige . qui la démontré l’incertitude zbfolue deces baies du chrifiianifme; en forte que l’exiflence de Jequ n’enpas mieux prouvée que celle d’Ofiris 84 d’Hercule , ni que celle

de Fôt ou Radon, avec qui fans celle les Chinois le conflmdent.dit M. de Guignes , car ils n’appellent jamais Jçjiu-Chqj? que F6?

Hifl. des Huns, tonna.Page id. (58) Les évangiles rufian que-1:: lirm des Mithriaques :

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Norma. l 267lËefl-àldirelde pieu’x romans comparés fur les légendes fouées des

myllères de Mithra. , de Cérès , d’le , &c. d’où (ont venuségalement les livres des Indiens a: des Bonzes. Nos millionnairesont remarqué des long-temps une reflèmblance frappante entreces livres a: les évangiles. M. Willtins l’obferve expreflëmentdans une note du Bhttgouer-gnîta, pag. "7, trad. franç. Tousconviennent que Krijita , Fût 8: Jefus ont abiolument les mêmestraits; mais le préiugé religieux a égaré fur la conféquence àdéduire. C’efl au temps à: à la raifort à le redreflèr.

Page id. (39) La dodrine intérieure. Les Budfoifies ont deuxdoélrines , l’une publique à: oflenfible, l’autre interieure à! fecrètet

précifétnent comme les prêtres égyptiens. Pourquoi cette me?rance . demandera-bon! C’efl que la. doélrine publique enfei-gnant les girondes, les expiations. les fondations, &c. , il cilutile de la prêcher au peuplé, au lieu que l’autre , enfeiknantle niant a: ne rapportant rien , il convient de ne la faire connaîtrequ’aux adeptes. Peut-on clairet plus évidemment les hommesen fripons 8e en dupes!

Page 159. (40) Que le bonheur 6’ le malheur, &c. Ce [ont lespropres termes de la Loubere dans fa defcription du royaume deSiam & de la théologie des Bonus. Leurs dégmes. comparésà ceux des anciens philofophes de la Grèce 61 de l’ltalie, re-tracent abfolument tout le fyflème des Stoïciens 8: des Épicu-riens , mêlé avec des faperfiitions aflrologiques, 8: quelques

’traits.de pythagorifme. *Page 168. (au) La barbarie originelle du genre humain. C’efl le

«témoignage unanime de toutes les bifilaires, à: même des lé-gendes , que les premiers hommes furent par-tout des fauvages ,

I 8L que ce fut pour les civilifer . à: leur apprendre afaire du pain .que les Dieux le manifeflèrent.

Page 16,. (p) De ce que l’homme n’acquicn’l’itlt’ef que Pa’fe’

feux. Voilà précifément ou ont échoué les anciens, a! d’œil

font venues leurs erreurs, ils ont fuppofé les idées de Dieuinnées , caétemelles à l’ame; à: clé-là toutes les rêveries dé-

veloppées dans Platon 81 Jamblique. Voyez le Time’e . le Plié.

don , a; de myfieriit Ægypiinrum. Seél. première , c. 3.Page I7.1.. (4;) Témoigwge de tous les anciens monument, 6re.

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268 NOTES:Il réfulte clairement, dit Plutarque, des rets d’0rphle, Qdes livres facre’s des Égyptiens 8: des Phrygiens , que la théologie

ancienne, non-feulement des Grecs, mais en général de tousles peuples, ne fut autre chofe qu’un fyfiême de phyfique, qu’untableau des opérations de la Nature , enveloppé d’ulle’gories tuyf-

te’rieufes 8: de fymboles énigmatiques; de manière que la mul4titude ignorante s’attachât plutôt au feus apparent qu’au ferlecaché , 8: que même dans ce qu’elle comprenoit de ce dernier,elle fuppofàt toujours quelque chofe de plus profond que œqui pacifioit. Plutarque, fragment d’un ouvrage perdu , cite’ dans

Eusèbe, præpar. Evang. lib. 3, c. t , p. 8;.La plupart des philofophes , dit Porphyre, de entr’autres Chu!»

lumen (qui ve’cut en Égypte dans le premier fiêcle de Père chrétienne),

ne penfent pas qu’il ait jamais exifié d’autre monde que celuique nous voyons; & ils ne reconnoiflènt pas d’autres Dieux,

ide tous ceux qu’allèguent les Égyptiens, que ce que l’on ap-

pelle vulgairement les plantes, les figues du Zodiaque, 8e lesconflellations qui jouent avec eux en afpeéls (de lever 8e de cou-cher); à quoi ils ajoutent leurs divifians-Je figues en Décans oumaîtres du temps, .qu’ils appellent les chefs forts à: puiflizns,dont les noms , les vertus curatives des maladies, les couchers,les levers, les prefages de ce qui doit arriver, font la matièredes almanachs ; ( c’efl-à-dire que les prêtres égyptiens faifoient

de véritables almanachs de Mathieu Lansberg ) ; car lorfque lesprêtres difoient que le foleil étoit l’architetfle de l’univers , Cha-

lremon fentoit que tous leurs récits fur [fis & fur Ofiris, quetoutes leurs fables facrées fe rapportoient en partie aux planètes,aux phafes de la lune , au cours du foleil , en partie (aux étoilesde) l’hémifphère du jour ou de la nuit , 8e au fleuve du Nil;en un mot, à des êtres phyfiques , naturels, 8: rien à desêtres immatériels 8: dépourvus de corps ...... Tous ces philofophes

croient que les mouvemens de notre volonté & de nos aéiionsdépendent de ceux des aflres , qu’ils en [ont dirigés; 8: il:loumettent tout aux lois d’une néceflile’ (phyfique) qu’ils appel-

lent ieflin oufurum , fuppofant une chaîne ( de caufes & d’effets)

qui lie , par je ne fais quel lien. tous les êtres eutr’eux(depuisl’arôme) jufqu’à la puiflance fupérieure, de il l’influence [ma-

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-u.-u.a.

Norns. :69filière de Ces Dieux ; en forte que , foi: dans les temples. foitdans les fimulacres ou idoles , ils n’adorent autre choie que lapuiÆince de la deflinee. (Porphyr. lEpifl. ad Janebonem ). .

Page, 175. (44,) Or, l’agriculture exigea l’olgferyan’on des Cieux,

9c. Jufqu’à ce jour on a répété , fur l’autorité indireâe de la

Genèfe , que l’aflronomie avoit été inventée par les enfin de

Noé. On a raconté gravement que , pâtres errans dans les plaine:de Sennaur , ils employoient leur défœuvrement à rédiger un (yl-même des cieux : comme fi des pâtres avoient befoin de connoîtreplus que l’étoile polaire . 8e commefi le 540m n’étoit pas l’unique

motif de toute invention! Si les anciens pafieurs furent fi flu-iieux à: li habiles, comment arrive-bi] que les modernes (bien!fi ignorans se fi négligeml Or, il efl de fait que les Arabes dudéfert ne connoiflènt pas fi): confiellations , à qu’ils n’entendent

pas un mot d’afironomie.

Page 176. (4.5) Des Génies, des Dieux, auteurs des bien: àdes maux. Il paroit que par le mot geniils, les anciens ont en-tendu proprement une qualité , une faculté génératrice , pro-duélrice; car tous les mots de cette famille reviennent ’a ce fens:

gemme, gouet, genefis , genus, gens. ILes Sabéens anciens 81 modernes , dît Maimonides , recon-

noiiïent un Dieu principal, fabricateur du monde 8: poflèflèurdu, Ciel; mais à caufe de (on éloignement trop grand. ils lepelaient inacceflible ; 8: imitant la conduite du peuple à l’égard

des rois , ils emploient auprès de lui, pour médiateurs , lesplanètes 8e leurs anges , auxquels ils donnent le titre de princes8e de rois . 6e qu’ils flippoient habiter dans ces corps lumineux ,’

comme dans des palais ou tabernacles, En. (More-Nebuchim ,

pars 3, c. 29.) . .Page id. (46). Enfin même un fixe tire du genre de fin appel-lation. Selon qu’un objet le trouva du genre mafculin ou féminindans la langue d’un peuple, le Dieu qui porta fou nom le trouvamâle ou femelle chez ce peuple. Ainfi, les Cappadociens di-’foient le dieu Lunus & la die]? Soleil; 8e ceci préfcnte fait:celle les même: êtres fous des formes diverfes, dans la mythologiedes anciens.

Page 177. (47) La morale fin une pratique judicieufe de ce qui

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:70 Noires.contribue à la conjuration de l’exiflence. fi Aioutons , dit Plutarque;

que ces prêtres ( égyptiens ) ont toujours fait le plus grand cas dela confervation de la fanai..." , de qu’ils la regardent comme unecondition néceflaire au fervice des Dieux 8; à la piété , «&c. s)

( Voyez (fis &Ofiris, à la fin).Page id. (4.8) Que je: principes ( de l’aflronomie) paroiflënt

remonter d r7ooo ans. L’orateur hiflorien fait ici l’opinion de M.

Dupuis, qui, dans (on lavant Mémoire fur l’origine des conf-tellations , a raflèmblè beaucoup de motifs très-plaufibles de croireque jadis la balance étoit à l’équinoxe du printemps , à: le beIier à

relui d’automne, c’efl-à-dire, que depuis l’origine du fyfléme

subatomique aéiuel , la prèceflion des équinoxes a interverti defept lignes l’ordre primitif du Zodiaque. Or , la préceflion étantévaluèeà environ 7o ans 8: demi par degré , c’eû-à-dire a au;

ans par chaquefigne; 8: le belier, l’an lfl7( Afin Anc. p. [72 )avant J. C., f: trouvant ’a (on tSme. degré, il en réfulte que lepremier degré de la balance dut être fixé a l’équinoxe du prin- p

temps, environ ts,t94 ans avant J. C.; ce qui. joint à t79odepuis J. C., donne 16,98* ans depuis l’origine du Zodiaque.L’équinoxe du printemps coincida avec le premier degré dubelier, 2,504. ans avant J. C.; de avec le premier degré dutaureau , 4.,6I9 ans avant J. C. Or, il efi remarquable que leculte du taureau joue le rôle principal dans la théologie desÉgyptiens , des Perfes , des Japonois , &c. ; ce qui indique à cette

époque un mouvement commun chez ces divers peuples. Lescinq ou fi! mille ans de la Genefe s’accommodent mal de tout ce:ordre de choies ; mais comme la Genèfe , au-dela d’Abraham , necontient plus rien d’hifiorique, on peut (a donner tout l’efpacemicellaire dans l’éternité qui précède.

Page t78 (49).Lorfque (le raifonnement) y trouve une zone duciel. M. Bailli, en plaçant les premiers aflmnomes à Selinginslt ,près du lac Builtal , n’a pas fait attention à cette double condition:elle empêche aufii qu’on ne les place à Axoum, à talion des pluies

8: de la mouche timb , dont parle M. Bruce.Page 180. (591 L’homme donna aux étoiles , En. fi Les anciens dit

v Maîmonides , portant toute leur attention fur l’agriculture,w donnèrent aux étoiles des noms tirés de leurs occupations pen-r dam l’année. » ( More Neb. partait.)

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NOTES. 37:.hg. t8t. (si). Il appela ferpent la trace figurée des orbites. Les

anciens difoient: entoiler, captif", tortuifer, comme nous difons,ferpenter , camérier; tout le langage a été conflruit fur ce mé-canifme.

Pag. :83. (sa). En qui la vertu des afin: s’était inféra. Lesanciens afirologues , dit le plus (avant des iuifs ( Maimonides ) ,ayant confacré à chaque planète une couleur , un animal, un bois

un métal, un fruit, une plante , ils formoient de toutes ceschoies une ligure ou répréfentation de l’afire, obfervant pour cet

elfet de choifir un infiunt approprié, un jour heureux, tel que latonionâion ou tout autre afpeâ favorable: par leurs cérémonies

( magiques ), ils croyoient pouvoir faire palier dans ces figures oua idoles les influences des êtres [upérieurs (leurs modèles). C’était ces

idoles qu’adoroient les Kulde’ens-Sal’e’ens: dans le culte qu’on leur

tendoit, il falloit être vêtu de la couleur propre . . . . Ainfi, parleurs pratiques, les afirologues introduifirent l’idolâtrie, ayantpour objet de je faire regarder comme les difpenfateurs desfureurs des

cieux; 8: parce que les peuples anciens étoient entièrementadonnés à l’agriculture, ils leur perfuadoient qu’ils avoient le

pouvoir de difpofer des pluies a des autres biens des faifons: ainfitoute l’agriculture s’exerçoit par des règles d’aflrologie, de les

prêtres faifoient des talifmans pour chauffer les fauterelles, lesmouches,&c. Voyez Muimonides, More Nebuchin , pars 33.,

C. :9. .Les prêtres égyptiens , indiens, pet-l’es, &c. prétendent lier les

dieux à leurs idoles , les faire defcendre du ciel à leur gré: ilssmenacent le foleîl & la lune de révéler les (carets des myflères ,

d’ébranler les cieux , au. Eufebe, Pracep. Evang. pag. r98, a;Yamblique de myjleriis Ægypt.

Pag. tu. (5;). Le juleil étoit cenfd prendre les figures des laanimaux: ce (ont les propres expreflions d’Yamblique.DefymbolisÆgyptiontm, C. a ,fed. 7. Il étoit le grand Protée, lemétamotphijie

univerfel, -Pag. t85. (sa) Votre tortfure efl le difque du jaleil. Les Arabes,

dit Hérodote, lib. 3 le rafent la tète en rond a; autour des tempes,

ainfi que le la taloit, dirent-ils, Bacchus (qui efl le Soleil ).Jérémie, c. a5, v. 23 , parie de cette coutume. la touffe que

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27a ,NOTEB.confervent les Mufulmans, efl encore prife du foleil, qui, chezles Égyptiens, étoit peint , au folllîce d’hiver, n’ayant plus qu’un

cheveu fur la tête. Votre étole efl fan zodiaque. Les étoles de la.dételle de Syrie 8e de la Diane d’Ephèfe , d’où dérivent celles des

prêtres , portent les douze animaux du Zodiaque. Les chapelets leretrouvent dans toutes les idoles indiennes , compofées il y a plus’ de 4.000 ans ; à: leur ufage efl univerfel sa immémorial en Afie. La

enfle ell précifément le baron de Bootes ou Ofiris. Voyez la plan-

cite 3. Tous les Lamas portent la mitre , ou bonnet conique, quiqui étoit l’emblème du foleil. Voyez nore 56, art. 8.

Pag. 187. (55). L’entrée d’une planete dans un figne fin unmariage, un adultère, &c. Ce (ont les propres termes de Plutarquedans [fis 81 Ofiris. Les Hébreux dirent , en parlant des générationsdes patriarches : G ingrqflits efi in eam. Voila l’équivoque perpé-

tuelle de l’ancien langage, don (ont venues toutes les méprifesoPage id. (56) La réunion de cesfigures , &c. Le lécheur verra

fans doute avec plaifir plufieurs exemples des hiéroglyphes des

anciens. - tK Les Égyptiens, dit Hor-appolo, défignent l’éternité par les

figures du foleil se de la lune. Ils figurent le monde par un ferpentbleu à écailles jaunes. ( Les étoiles. c’efl le dragon chinois.) S’ils

veulent exprimer l’année, ils repréfentent (fis , qui dans leurlangue le nomme aufli Sathis, ou la canicule, première des conf--tellations , par le lever de quil’année commençoit : fan infcription

à Sais émit: c’efi mai qui me lève dans la conflellution du chien.

)) Ils figurent aulfi l’année par un palmier, à; le mois par un

rameau, parce que chaque mois le palmier pouffe une branche.» Ils la figurent encore par le quart d’un arpent: ( l’arpent

entier , divifé on quatre, défignoit la période billonne de quatreans. L’abréviation de cette figure du champ quadripartite cl!vifiblement la. lettre ha ou hêt, feptième de l’alphabet fameritain:& en général toutes les lettres alphabétiques ne fout que de!"abréviations d’hieroglyphes aflronotniques; & c’en par cette raifort

que l’on écrivoit de droite àgauche, dans le fens de la marchedes étoiles ). » Ils défignent un prophète par l’image d’un chien,

attendu que l’aflre-chien ( Anouhis ) anonce par (ont lever:l’inondation. Noubi en Hébreu lignifie prophète. i»

r Ils

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3mn x: l-w

NOTES; 273Mlle peignentll’inondaiîou par un lion. parce qulelle arrive

Tous ce ligne: .8: «le-là, dit -*Plutarque , l’ufage des figures de lion-

Vomillàntfie l’eau à la porte des temples. r ’ -» Ils expriment Dieu sa la deflinée par une étoile. Ils repré-

fçmenr aufli Dieu , dit Porphyre , par. une pierre noire; parce quef4 nature efl ténébreufe», obfcure. Toutes les choies blanches ex-

priment les Dieu: célyles.,lumineux: tomes les circulaires et?priment le morde, la lune, le follil. les arbiires ; tous les arcs à:cmyflznsj la lune. . . . Ils figurent le feu 8: les Dieux de l’olympepar des pyramides 8: des obihfques: v( le nom du (caleil , Baal letrouve dans ce dernier met) z le foleil, par un cône, ( la minier-d’Ofiris )c la terre, par un cylindte(q.ui roule ): la puiflànœgénératrice (de l’air ) par le phdlus , 8: celle de la terre par mitriangle,emblème de l’organe femelle. Engfib. *Præcep. Evang.

p. 98. l I r I Il » Lalimon , dit Yamblique, defymbolis, jam, a: ,- défignelzï .matière, la puiflàuce générative, 8L nutritive; tout’ce qui reçoit lai

chaleur, l’afinnenmvion de la viei . . . a v» Un homme aflis fur le Lotos ou Nenuphar, défigne l’efpri!

maïeur ( le foléil ), qui , tien-nième que cette piaule vit dans l’eaufans toucher au limon, exifie pareillement (épaté’de la matière,’

nageant dans. l’efpace, fa repofanr fur ’uhmêmerrond dans toutes

fies parties comme lelfruin les feuillas 8: les fleurs du Loros.( Brama a des yeux de Loros, dit le Chufler Ndadigfen, pour défigner

ion intelligence Jim «il; qui fumage à tout, comme la fleur duLotos fur l’eau.) Un homme au timon d’un William», continueYambliqua , défigne le foleil qui gouverne tout. Ex Porphyre nousdirque c’efl encore lui que repréfeme un homme dans un vaillèau.fur un crocodile amphyble, ( emblème de l’air 5: de l’eau. )

p A Eléphamine on adoroit une figure d’homme «fis, de couleur

’ bleue , ayant une tête de belier, 81 des cornes de bouc qui embrai-foient un dîfque 3 le tout pour figurer la conjonaion du foleîl dansle belle: avec la. lune : la couleur bleue défigne la puiflànce qu’a.in; lune dans cette Conjonélion d’élever les eaux en nuages. ( apud

Enfeb. Præcep. Évang. , p. H6.) l .» L’Epervier efi l’emblème du Soleil à: de lalumièrc. à raifon

de (on ’vol rapide 8: élevé au plus haut de l’air où abondçhlq

hantai?»

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274 No’rzs.p Le poifl’on efil’emblème de l’averfion; &l’bippopotame, de H

violence, parce que, dit-on , il tue (on père 8: viole fa mère.Dia-là , dit Plutarque , l’infcription hiéroglyphique du temple deSais, ou l’on voir peint fur le vefiibule, 1°. un enfant, 2°. un,vieillard, 3°. unépervier, 4°. un peiflm, Il 5°. un hippopotame;ce qui lignifie ,1”. arrivans ( à la vie) à a". pst-tans , 3°. Dieu,4°. hait, 5°. l’iniufiice. ( Voyez [fis Cr Ofirir. )

» Les Égyptiens , ajoure-nil , peignent le monde par un (cambrée,

parce que cet infeéle poum: hectare-fans de fa marche une boulequi contient fes tufs , comme le ciel des fixes pouffe le Soleil(jaune de l’œuf ) à contre-feus de fa rotation.

» lls peignent le monde par le nombre cinq, qui et! celui de.élémens;favoir, dit Diodore, la. terre, l’eau, l’air, le feu 8:l’éther ou [piritusz ( ih font les mêmes chez les Indiens) 8: felonles myfiiques dans Macrobe, ce font le Dieu fitprême , ou premiermobile , l’intelligence ou mais née de lui, l’aine du monde quien procède, les [libères célefies 8c les choies terrefires. De-la.ajoute Plutarque , l’analogie de pend , cinq , ( en grec ) à pan ,

1; tout. . .nL’Ane , dit-il encore. défigne Typhon, parce qu’il efl de couleur

19:47.2, comme lui: or Typhon efi tout ce qui efi bourbeux, limo-.lieux ( 81. j’obferve qu’en Hébreux limon, couleur 10W 8: dufont des mors formés de la même racine hum. De plus. Yambliquenous a ditque le limonidèfignoit la matière , 8L il ajoute ailleursque tout mal, toute corruption viennent. de la matière: ce qui,comparé au mot de Macrobe , tout a]? pe’rwizble, fuie: au change-

ment dans la fphère célefie, nous donne la théorie du fyfiêmed’abord phyfique, puis monlîfé , du bien 8: du mal des anciens). ’I

Page l9h (S7) Une and: infergfù drjiipeçfiitian.C’efl le propre.

texte de Plutarque , qui raconte que ces divers cultes furentdonnés par un roi d’Egypte aux différentes villes pour les défunir

8L les aflèrvit ( de Ces rois étoient pris dans la enfle des prêtres).Voyez Ifis 8: Qfiris.I Page .1 91. (58) Dans la projtüion de lafphère re’Igfie. Les anciens

prêtres eurent trois efpècas de proieétion, qu’il efi utile de ou:

çannoitre au leêleur. ’ ’ q; nNous liions dans Eubulus, dit Porphyre, que Z atoaflrc futlo

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N°125. 275premier qui , ayant choili dans les montagnes voifines de la Perfeune caverne agréablement limée , la confacra au Mithra (le foleil)créateur a; père de toutes choies z c’efl-à-dîre qu’ayant partagé cet

antre en divifions géométriques qui repréfemoient les climats deles élément , il imita en petit l’ordre a: la difpofition de l’Univers

par Mthm. Après Zoroaflre, ce devint un ufage de confacrer lesantres à la célébration des tufières ; en forte que de même que lestemples font alfeéle’s aux Dieux célefies , les autels champêtres aux

héros 81 nui Dieux terreflres , les fouterrains aux Dieux infer-naux ( infcri ), de même les antres «51 les grottes furent fpécia-lement attribués au monde , à l’Univers , à: aux nymphes: (le-là cit

Venue à Pythagore 8: à Platon l’idée d’appeler le mande unetaverne . un antre , de arma Nymphamm.

- Voici donc une première proiedlion en relief; 8: quoique lesPerfes aient fait honneur de fon invention à Zoroaflre, on peutafiùrer que’lle eut lieu chez les Égyptiens , 8: que même étant la

plus limple, elle y dût être la’plus nucienne: les cavernes deThèbes remplies de peintures autorifertt ce fentiment. l

En Voici une feconde: 4* les prophètes ou hiérophantes desÉgyptiens , dit l’évêque Synnefins qui avoit été initié aux myflères ,

ne permettent pas aux ouvriers ordinaires de fuite les idoles ouimages des Dieux z mais ils defcendent eux-mêmes dans les antre:(acres, où ils ont des coffres cachés , qui renferment certaines

fpkeres fur lefquelles ils Compofœnt ces images en fccret A: à l’infçu

du peuple qui mtËprife les chofes fimples & naturelles, 61 qui veutdes prodiges 8; desfubles. )) ( Syn. in Calvit. ) C’efl-à-dire que lesprêtres avoient des fphères armillaires comme les nôtres 5 & cepafiÎage fi concordant avec celui de Cheremon, nous donne la clefde toute leur théologie qflmlogique.

Enfin ils avoient des plans-plats dans le genre de la plancheIl] ; avec cette dilference , que leurs plans très- compliqués.portoient routes leurs divifions fiâives de décans &fous-dehant,avec les indications ( hiéroglyphiques ) de leurs influences.Kirlteren a donné une copie dans fan Œdipe Egyptien , & Gybelin unfragment figure dans [on volume du calendrier ( fous le nom deZodiaque Egyptîen ). Les anciens Égyptiens , dît l’aflrologue

Julius Finnicus , aflran. , lib. l1. c. 81 lib. 1V, c. 16, divifent chaque

5.:

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:76 NoTEs;figne du Zodiaque en trois feé’lions ; 8: chaque feélion fut feuil:direélion d’un être fictif qu’ils appelèrent Décor: ou chefde diamine;

en forte qu’il y eut trois Décans par mois , 8L trente-fi: par au.Or , ces néants, qui furent aufli appelés Dieux ( Thoi ) règlentles defline’es des hommes. . . . . & ils étoient fpecialement placée

dans certaines étoiles. . . . Dans la fuite on imagina en chaquedizaine trois autres Dieux, que l’on appela les dypenfateur: 5 deforte qu’il y en eut neuf par mois, qui furent encore divifès enun nombre infini de puyfunces. ( Les Perles & les Indiens firentleurs fphères fur des plans femblables ; «S: li. l’on drefloit un tableau

de la defcription qu’en donnta Scaliger à la fin de Manilius, l’on y

verroit précifément la définition de leurs hiéroglyphes , car. chaque

article en efl un ).Page id. (s9) Des génies adveffes. Voila prècifc’tnent pourquoi

le nom d’Ahrimanes étoit toujours écrit par les Perles, renverfé

ainfi , uttttruqa, üPage. id. (63) Typhon c’efl-à-dire déluge; Typhon , prononcé

Touphon par les Grecs, ell précilément le Touphan Arabe quiveut dire déluge ; 8: tous ces deluges des mythologies ne (ont tan-tôt que [hiver St lespluies , St tantôt le débordement du Nil; demême que les prétendus incendies qui doivent terminer le monde , ne

[ont que lafttjbn d’été. Voilà pourquoi Aryiotc, de .Meteor. lib. l, c.

t4. , dit que l’hiver de la grande année cyclique efi un déluge , de (on

Été un incendie. « Les Égyptiens. dit Porphyre , emploient chaque

année un talilman en mémoire du monde; au folflice d’été, ils

marquent de rouge les mayens, les troupeaux, les arbres, difantque ce jour-là tout le monde a été incendié. C’ètoit aufii alors

Uque le célébroit la danfe pyrrhique, ou de llinccndie. n ( Et ceciexplique l’origine des purifications par le feu 8c par l’eau ; carayant appelé le tropique. du cancer porte des cieux, à: de la chaleurou feu célelle , 8L celui du capricorne pane du déluge, ou de l’eau ,

il fut cenfé que les efptits ou ames qui parloient par ces portespour aller 8l venir aux cieux , étoient rôtis ou baignés; ile-la lebaptême de Mithra . & le palfage à travers les flammes , pratiquésdans tout l’Orient long-temps avant Molle.)

Page id. (61) Dans un temps poflérieur, c’efl-à-dire lorique le4 belle: devînt le figue équinoxial , ou plutôt dorique le dérangement.

A

,1

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NOTES. I 277du ciel eut fait nppercevoir que ce n’était plus le taureau. Voyez

Note 48. ’Page lys. (62) Aides religieux du genre gai. Toutes les fêtesanciennes relatives au retour ou à l’exaltation du foleil portoientce caraâère : ile-là les hilaria du calendrier romain au puflage( Pafcha) de l’équinoxe vernal. Les danfcs étoient des imitations

de la marche des planètes. Celle des derviches la figure encoreaujourd’hui .

Page id. (6;) Aéies religieux du genre tri e. « L’on n’offre,dit Porphyre, de facrifices fanglans qu’aux Donnons 8: aux Génies

mal-faifans pour détourner leur colère. . . . Les Démons aimentle joug , l’humidité, la puanteur.» Apud Eufeb. Præp. Ev. p.17;.

K Les Égyptiens . dit Plutarque , n’offrent de viflimes fanglantes

qu’à Thyphon. On lui immole un bœuf r0ux; 6: l’animal deficrifice efi un animal exécré, charge de tousles péchés du peuple.( Le bouc de Moïfe) » Voyei de Ifide Er Qfiride.

Ce portage des animaux enjoués à ubominables. Strabon dit àl’occafton de Moire 81 des Juifs : fi De la fupcrilition font nées les

prohibitions de certaines viandes à les circoncifions. n --- E:i’obferve à l’égard de cette dernière pratique , que fan but étoit

d’enlever au fymbole d’0]iri«. ( Phallus) l’olgflacle prétendu de la.

fécondation; obflacle qui portoit le fceau de Typhon: ü dontla nature, dit Plutarque, cit tout ce qui empêrhe . s’oppofe , fait

ckjïrutfîion. » iPage 198. (se) Ch.xmps-e’lyïécs.Aliz , en Phénicien ou Hébreu;

lignifie «infini! 81 joyeux,

Page 199. (63) La voie laâe’e. Voyez Macrobe, fom-fcip.,c. !:, 511.1 note (78)

Page 201. (d’y) N’y donneront point d’ombre. Il efi à ce (nier un

parlage de Plutarque, fi intérellant & fi explicatif de tout cefyflcme . que le lec’ieur nous (aura gré de le lui citer en entier,aptes avoir dit que la. théorie du bien ô: du mal avoit de touttemps exercé les phyficiens &- thèologiens: « plufieurs, ajoute-1-i1, croient qu’il ya deux Dieux dont le penchant oppofé le plaît

l’un au bien 8: l’autre au mal; ils appellent fpecialement Dieu lepremier, &Ge’nie ou Daemon le fécond. Zoroaflre les a. nommé!

est

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378 Noves.Oromate a; Ahrimanes, & il a dit que de tout ce qui tombe Tous nosfeus, la lumière efl ’être qui repréfente le mieux l’un,les ténèbres

a; l’ignorance l’autre. Il ajoute que [Mithra leur et! intermédiaire;

8L voilà pourquoi les Perles appellent Illithra, le médiateur oul’intermédiaire. Chacun de ces Dieux a des plante; à: des animaux

qui lui (ont particulièrement confactés: par exemple, les chiens,les oifeaux, les bêtifions font affadies au bon Génie; tous les

animaux aquatiques au mauvais. ’n Les Perles difent encore qu’Orotnaze naquit ou fut formé de

la lumière la plus pure. Ahritnanes , au contraire, des ténèbresles plus épaules; qu’Orotnaze fitfix Dieux aufli bons que lui, &qu’Ahrimanes leur en oppofa li: mécham. Qu’enfuite Oromaïc

le rripIa ( Hermes trifinégifie ) , a: s’éloigna du foleil autant quele foleil efl éloigné de la terre; 8: qu’il fit les étoiles ,.&entr’autres

Sirius , qu’il plaça dans les cieux comme un gardien 8; unefintinelle. Or il fit encore vingt-quatre autres Dieux qu’il plaçadans un œuf; mais Ahrimanesv en créa vingt-quatre autres quipercèrent l’œuf, 8: alors les biens 8: les maux furent mêlés(dans l’Univets). Mais enfin Ahrimanes doit être un iour vaincu,’

a: la terre deviendra égale 8: applunie, afin que tous les hommesvivent heureux.

» Théopompe aioute, d’après les livres des Mages , que tour

à tour l’un de ces Dienx domine tous les trois mille ans, pendantque l’autre a du défions ; qu’en’fuite ils combattent à armes égales

pendant trois autres mille ans; mais enfin que le mauvais Géniedoit fuccomber ( fans retour ). Alors le: hommes deviendrontheureux ô; ne donneront point d’ombre. Or, le Dieu qui médite ces

choies le repofe en attendant qu’il lui plaife de les exécuter. a»De [fide 8L Ofiride.

L’allégorie le montre à découvert dans tout ce palTage. L’œuf

efi la fphère des fixes, le monde: les fix Dieux d’Oromaze d’on!les fi): lignes d’été ; les fiX d’Ahrimanes . les (in lignes d’hiver. Les

48 font les 48 confiellatlons de la fphère ancienne , partagées 4également entre Ahrimanes 8: Oromaze. Le rôle de Sirius , gardien,fentinelle, décèle l’origine égyptienne de ces idées; enfin, ce".

exprefiion que la terre deviendra égale 8,: upplartie, & que leshommes heureux ne donneront point d’ombre , nous montre que la,paradis véritable étoit l’équateur.

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N o T 1-: s; :79À Page au. (67) L’antre de Mthra. Voyez la note 38. Dans les

antres fiction que les prêtres pratiquèrent par-tout, on célébroitdes myflères qui confifloient , dit Origène contre Celle, à imiterIl: mouvemens des qflm, des planètes 8: de tous les cieux. Le:initiés portoient des noms de conflellatious , 8: prenoient de!figureed’anitnnux. L’un étoit déguife’ en lion, l’autre en corbeau ,

celui-ci en belier. De-là les marques de la première comédie. VoyezAnn dhaile’ , T. I I. p. 244.. fi Dans les myflères de Cérès. le chef

de la. proceflion s’appelait le Créateur: le porteur de flambeau ,le bien: celui qui étoit près de l’autel, la lune: le héraut ou diacre .

filature. En Égypte il y avoit une fête ou des hommes 8c desfemmes reprèfentoient l’année, le fiècle, les faifons , les parties

duiour,& ils fuivoient Bacchus. Athenée, Lib. V. c. 7. Dansl’antre de Mithra, il y avoit une échelle à 7 échelons ou degrésfigurant les (cpt fphères des planètes , par ou montoient 8c defcen-laient lesams : c’efi précifement l’échelle de la vifion de Jacob ; ce

qui indique , à cette époque, tout le fyfième formé. Il y a à labibliothèque du roi un fuperbe volume de peinture des Dieux del’lnde, où l’échelle fe trouve repréfentée avec les urnes qui y

montent. » Planche dernière.

Page 202. (68) A la précifian du calcul, Voyez l’aflronomieancienne par M. Bailly, ou nos affin-rions fur les connoiflàncesdu prêtres font amplement prouvées.

Page 203. (69) Une liaifon intime. Ce [ont les propres paroles

de Yamblique. De mxfl. Ægypt. lPage :04. (7o) Ou même éleârique. Plus je confidère ce que les

inciens ont entendu par aliter, a: efprit, 8: ce que les Indiensnomment l’akache , plus j’y trouve d’analogie avec le fluide élec-

trique. Un fluide lumineux rempliflànt l’univers, compofant lamatière des dires, principe de mouvement à de chaleur ; ayantdes molécules rondes, lefquelles s’infinuant dans un corps , lerempliflènt en s’y dilatant , quelle que foi: (on étendue : quoi de

plus reflèmblant à l’éleâricité! lPage id. (71) Le cœur ou foyer. Les phyficiens, dit Macrobe ,

appelèrent le foleil cœur du monde , c. no , Sam. Scip. Les Égyp-tiens , dit Plutarque, appellent l’orient le vifage , le nord le côté

dam. le midi le côté gauche du monde (parce que le cœur y cil

S 4

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280 N o "r a ’ s.placé ) : fans celle ils comparoient l’univers à un homme; a: de Il

Je Alicrqfcome fi célebre des AIchymiflzs.-Obfervom , en FM,que les alchymifles , les cabalifies , les francs-maçons, les magné-

tifeuts, les merdailles 8: tous les vifionnaires de ce genre ne(ont que des difciples égarés de cette écale antique; nous difoneégares, parce que, malgré leurs prétentions , le fil de la. fcienœ

occulte efl rompu. ’ r iPage id. (72) Mande éternel. Voyez le Pythagoricien OcellutLucanus.

Page id. (7;) L’œuf orphique, &c. Cette campai-ailoit. à un iaune

(l’œuf, porte , 1°. fur l’analogie de la figure ronde 8: jouît: ;- 2°. fur

la fituation au milieu; 1°. fur le germe ou principe de vie placédans le jaune. La figure ovale feroit- elle relative à l’eIIipje derorbites l Je fuis porté à le croire. Le mot orphique afro d’ailleurs

une remarque nouvelle. Macrobe dit ( Sam. Scip. c. r4. 8l c. 20)que le foleil ail la cervelle de l’univers , 8: que c’eR par analogieque dans l’homme le crâne efl rond , comme l’aflre liège de l’in-

telligence : or, le mot ampli ( par ain) fignifio en hébreu , le cet»"au à: fonfie’ge ( cervix ) ç alors Orphée efi le même. que Ba-

dou ou Bans ; si: les Bonze: (ont ces mêmes orphiques que Plu-targue nous peint comme des charlatans qui ne mangeoient pointde viande , Vendoient des talifmms , des pierres, &c., a: trom-poient les partîculiers,& même. les gouvememens. V rayer; un forantmémoire de Frererfur les orphiques. Acud. des Infirip. tout. a; in-4.

Page 20;. (74,) Partant une Jilhèlt d’or, &c. Voyez Porphyredans Eulèhe, Præp. Br. lib. 3, p. us.

Page id. (75) Par alliijion au vent. Le vent du nord ou de)?!»qui commence régulièrement au folflice, avec l’inondation.

Page 206. (76) Yang-pitch . . prononciation véritable du Ju-pittrdes Latins. . . l’einence ellewmême : c’ell le feus du mot yen.Voyez la note 84..

Page 207. (77) Prodnifant. . . le grand mgr. Voyez la. note unPage id. (78) Immortalité de l’aine qui [ut dahord éternité . . c

Dans le fyfiême des" premiers fpiritualiiles, l’ame n’était point

créée avec le cornus ou cru-même temps que lui. pour y être

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Nor’esï 33!inférée; elle exifioitznrérieuremenr a de tome éternité: voicixen peu de mots la doctrine qu’expofe Macrobe à cet égard. Sam.

Scip. Paflim.« Il exifle un fluide lumineux. igné . très-Jubtil, qui , fous le

nom d’æthcr 81 dejjrimus , remplit l’univers ; il compofe la fubl:

tance du foleil 8: des alites : il cil le principe 8L l’agent Jamie!de tout mouvement, de toute vie: il cil la diviniié. Quandun corps doit être animé fur la terre, une molécule rondede ce fluide gravite par la voie hélée vers la fphère lunaire;& parvenue là , elle le combine avec un air plus greffier ,8: devient propre à s’afiocier à la matière z alors elle entre dansle corps qui fa forme, le remplit tout entier , l’anime , croît,foulfrc, grandit a: diminue avec lui :lorfqu’enfuile il périt, 8cque l’es élémens greffiers le diEolvent , cette molécule incorruprible

s’en fepare ;& elle le réuniroit de faire au grand océan de l’Ether,

fi fa combinaifon avec l’air lunaire ne la retenoit : c’efi cet airou gaz qui Confervant les formes du corps , telle dans l’étatd’ombre ou (le fantôme , image parfaite du défunt. Les Grecs ap-peloient cette ombre l’image ou l’idole (le l’aime; les Pythagoriciens

la nommoient (on char , (on enveloppe ; & l’école rabinique , for:rai mu , fa nacelle. Lorfque l’homme avoit bien vécu , cette aineentière , c’eIl-à-dire [on char à: [on éther remontoient à la lune ,

où il s’en faifoit une féparation; le char vivoit dans l’élyzée lu-

nairt, à: 1?!th retournoit aux fixes, c’efl-à-dire à Dieu. Car,

dit Macrobe, plufieurs appellent Dieu le ciel des fixes , (c. 14.. )Si l’homme n’avoir pas bien vécu, l’ame relioit fur terre pour

(a purifier, 8: elle erroit çà 8c là, à la manière des ombres d’Ho-

mère , qui a connu toute cette doârine , parce qu’il a écrit pol-téneurement à Phérécyde 8L à Pythagore, fes divulgateurs dans

la. Grèce. lier-odore dit à cette occafion , que tout le roman del’ame 5’ dealer tmnjinigmrions a été inveme’ par les Egypncns, 8:

répandu en Grèce par des hommes qui s’en font préislldus les

auteurs. Je fais leur; noms , dit-il; mais je veux; les mire , (Nô.a. ) Cicéron y fupplée, en nous apprenant pofiîlïemem que cefur Phérécç’de, main-e de Pythagore. ( ng’cul. lié. 1 , f. 16. ) Or ,

en admettant que ce fyflême fût dans la ferveur de (a nouvrautéla cette epoque , on explique très-bien pourquoi Salomon . qui vi-

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382 N’O T E 8;Voit ne ans avant PhéréCyde. le traitoit comme une Mile , en il.faut : « qui fait fi l’efprit de l’homme monte dans les régions fu-

n périeuresl Pour moi . méditant fur la condition des hommes,a! j’ai vu qu’elle étoit la même que celle des animaux. Leur fin

w efi la même; l’homme périt comme l’animal ; ce qui relie deà) l’un n’efl pas plus que ce qui telle de l’autre ; tout efl néant. in

(Ecclqfi c ;, v. Il.)Et telle avoit été l’opinion de Molle, comme l’obferve très-

bien le traduéleur d’Hérorlote (M. l’Archer, de l’académie de.

înlcriptions), note 389 du livre recoud. ou il dit, aufi quel’immortalité ne s’introduifit chez’ les Hébreux que par la com-

munication des Alfyriens. Du relie , tout le fyflème pythagori-cien. bien analyfé, n’efl qu’un’pur fyflème de phylique mal en-

tendu.Page 208..(79) Donc il mille un fabricateur. Tous les tairon-

nemens des fpiriiualiflea portent fur celui-l’a. Voy. Macrobe ,findu fécond livre &t Platon . commenté par Marcile F icint

Page :09. (80) Le Démioeurgos : le logos , l’çfprir. Ce font réel-

lement les types des trois perfonnes de la trinité chrétienne.( Voyez la note 99.)

Page ne. (8 i) Ses noms eux-mêmes. En dernière analyle , tousles noms de la. divinité reviennent à celui d’un objet matériel

quelconque qui en fut cenfé le liège. Nous en avons vu unefoule d’exemples: donnons-en un encore dans notre propre motJieu.Ce terme , comme l’on fait , efl le deus des Latins , qui lui-même efi le theos des Grecs. Or, de l’aveu de Platon (in Cra-rylo), de Macrobe(Satum. lib. i, c. 24.), 8: de Plutarque( [fis 6’ Ofiris ), fa racine cil thein , qui lignifie errer comme pla-neï" a c’efi-à-dire qu’il efi fynonyme à planètes , parce que, ajoutent

Jces auteurs , les anciens Grecs airgfi que les Barbares adoroientpeciaIemeut les planètes. Je lais que l’on a beaucoup décrié cette.

recherche des étymologies : mais fi , comme il cil vrai , les motsfont les figues repréfentatifs des idies , la généalogie des uns de-

vient celle des autres, a: un bon diélionnaire étymologique fe-roit la plus pet-faite hifloire de l’entendement humain. Seulementil faut porter dans cette recherche des précautions que l’on n’a

l pas prifes julqu’à ce jour, 8: entr’autres il faut avoir fait un I

.- ,-.

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N o n s; l 283comparaifon enfle de la valeur des lettres des divers alphabets.Mais , pour continuer notre fuiet, nous ajouterons que dans lePhénicien , le mot thdh (par trin) fignifie aufli errer, 8c qu’ilparoit être la. fource de thein : fi l’on veut que deus dérive dugrec Vus , nom propre de youpiter , ayant 141W , je vis , pour ra-cine , il revienàra precifement au feus de you , & lignifieral’an: du monde, le feu princrpe. (Voyez la note 84.) Div-u:qui ne fignifie que génie , dieu de fecond ordre, me paroit venirde l’oriental div pour dib, loup & chacal, l’un des emblèmes du

foleil. A Thèbes , dit Macrobe, lefoleil droit peint fous Informed’un loup ou chacal; car il n’y a pas de loups en Égypte. Laraifon de cet-emblème efi fans doute que le chacal annonce parles cris le lever du foleil, ainfi que le coq; 8: cette raifon leconfirme par l’analogie du mot lyltos , loup, 81 lyltê , lumière dumarin , d’où efl venu lux.

Dira, qui s’entend outil du foleil, doit venir de dih , épervier.d Les Égyptiens, dit Porphyre ( Enfeb. Pnzp. Evang. pag. 9:. ),ne peignent le foleil fous l’emblème d’un épervier , parce que cet

sa oifeau vole au plus haut des airs ou abonde la lumière. » Eten effet on voit fans ceflè au Caire des milliers de ces cireuxplaner dans l’air , d’où ils ne defcendent que pour importuner

par leur cri qui imite la. fyllabe dih; 8c ici, comme dansl’exemple précédent , le retrouve l’analogie des mots dies , jour,

lumière ; 6c lins , dieu ,foltil.Page Il t. (82) Des fiiences à des laboureras. L’une des preu-

ves que tous ces fyflêtnes furent inVenté: en Égypte , réfide fur.

tout en ce que ce pays et! le feul où l’on Voir un corps completde doéirine Formé dès le plus haute antiquité.

Clément d’Alexandrie nous a tranfmis ( Stromat. lib. 6.) un ’détail curieux de 43 volumes que l’on portoit dans la procefiion

d’Ifis. K Le chef, dit-vil , ou chantre porte un des inflrumens» [ymboles de la mutique, & deux livres de Mercure , contenany) l’un des hymnes des dieux , l’autre la. lifle des rois. Après luis) l’horqfcope ( l’obfervateur du temps ) porte une palme a: unea horloge, fymboles de l’aflrologie; il doit favoîr par cœur les,fi 4. livres de Mercure qui traitent de l’aflrologie : le premier fury l’ordre des planètes g le feeond fur les levers du foleil 8L de la

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V

:81, NOTES;n lune, 8: les (leur, autres fur les levers 8c afpeâs des afires.’n L’écrivain facrc’ vient enfuite ayant des plumes fur la tètea! ( comme Kneph ) 8c en main un livre, de l’encre 8L un rofeau

v pour écrire ( ainfi que le pratiquent encore les Arabes); iln doit connoîrre les hiéroglyphes , la defcription de l’univers , le

t0 cours du foleil , de la lune, des planètes; la divifion dea l’Egypte ( en 36 nomes ), le cours du Nil, les infirumens , lesse ornemens (acres , les lieux faims, les mefures , &c. Puis vient» le perte-étole qui porte la coudée de jtgflicc ou mefure du Nil,

r & un calice pour les libations: dix volumes concernent lesa! facrifices , les hymnes , les prières , les offrandes , les cérémo-» nies, les fêtes. Enfin arrive le’prophère , qui porte dans fortu fein à à découvert une cruche ; il cil luivi pur ceux qui por-ta tent les pains ( comme aux noces de Cana ). Ce prophète, en» qualité de prèfident des myfières , apprend , dix (autres) vo-

n lumes (acres qui traitent des lois , des dieux 8c de toute las) difcipline des prêtres , &c. Or il y a en tout 42 volumes.» dont 36 [ont appris par ces perfonnages ; les litt autres font» du teflon des quiaphorcs; ils traitent de la médecine, de lau conflruôlion du corps humain , ( l’anatomie ) des maladies , des

si mèdicamens , des inflrumens. &c. siNous biffons au leâeur à déduire toutes les confèquences d’une

pareille encyclopédie. On l’attribuoit à Mercure; mais Yambli-

que nous avertit que tout livre compofe’ par les prêtres» (30kdédié à ce Dieu qui, à titre de génie ou décan ouvreur du zodia-

que , préfidoit à l’ouverture de toute entreprife: c’efl le Janus des

Romains, le Guianefa des Indiens, & il efl remarquable queYann: 8c Guianes font homonymes. Du refle il paroît que ceslivres (ont la fource de tout ce que nous ont tranfmis les Latins 8:.les Grecs dans toutes les feiences, même en Alchymic , en N’a-cromancie, &c. Ce que l’on en doit le plus regretter , efi la par-tie de l’hygiène 8c de la diététique, dans lefquelles il paroitque les Égyptiens avoient réellement fait de grands progrès 8cd’utiles obiervations.

Page 112. (8;) Régnanr dans la biwa-Égypte. « A une certaine

tu époque, dit Plutarque (de lfidc), tous les Égyptiens fontu peindre leurs dieux animaux. Les Thébaius (ont les feula

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Noires; 2854 D qui ne paient pas de peintre, parce qu’ils adorent un dieu dontse les formes ne tombent pas fous les ions 8: ne le figurentst point. n Et voilà le dieu que Moife, élevé à Héliopolis,adopta de préférence, mais qu’il n’invente: point.

Page id. (si) Et Y ahouh . . . Telle efi la vraie prononciationdu Jehayuh de n05 modernes , qui choquent en cela toutes lesrègles de la’critique , puifqu’il efi confiant que les anciens ,

f ur-tout les orientaux Syriens 8c Phéniciens , ne connurent ia-mais ni le Je ni le y venus des Tartares. L’ulage fubfifiant desArabes, que nous rétabliifons ici ,g efi confirmé par Diodote ,qui nomme IuW , le Dieu de Moire (lib. l ); 8c l’on voit queIuW à: Iahouh font le même mot: l’identité le continue danscelui de fou-pita ; mais afin de la rendre plus complète, nousallons la démontrer dans le l’ens même. 1

En hébreu , c’efl-à-ldire dans l’un des dialeéles de la langue,

communeà la bail-e Aiie, Yahouh efl le participe du verbe hîh,:tarifier, être, 8.: lignifie l’exiflant ; c’efl-à-dire le principe de la:

vie , le moteur ou même le mouvement ( l’ame univerfelle des.êtres). Or’qu’efi-ce que Jupiter! Écoutons les Latins 8c lesGrecs expliquant leur théologie : si Les Egytiens ,dit Diodorest d’après Manethon, prêtre de Memphis , les Égyptiens , don- -si nant des noms aux cinq élément , ont appelé l’efprit (ou éther )-

» Youpiter, à raifon du feus propre de ce mot : car l’cfprir cil la.)) fource de la rie, l’auteur du principe vital dans les animaux; 8ca) c’el’t par cette talion qu’ils le regardèrent comme le père , le,

w générateur des êtres. » Voila pourquoi Homère dit père st rat

- des hommes (il des dieux.( Diod. llbul , fait. t.) ’Chez les Théologiens , dit Macrobe , You-piter cil l’ame du.

monde : de-là le mot de Virgile: Mules , commençons par Eau-j Ipiter: toutefl plein de Joupiter, (Songe de Scipion )., c. i7; 8K.dans les Sommaires , il dit , Jupiter e]! le foleil lui-même: c’en en-À

cote ce qui a fait dire a Virgile: « l’efprir alimente la vie:)s ( des êtres ), «5c l’ame répandue dans les valles membres (de.

p l’univers) en agite la malle , 8c ne forme qu’un corps im-

y) menfe. » it4 loupiter, difent les vers très-anciens de la (cèle des Orphi.

tiques, née en Égypte avers recueillis par Onomacrite au

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:86 NOTES.temps de Pififlrate, loupiter que l’on peint la foudre à la.a!

a main , efl le commencement, l’origine . la fin à; le milieu den toutes choies : puilTance une 8: univerfelle , il régit tout, lea ciel, la terre, le feu. l’eau, les élémens, le jour. l5 nuit. Voilà

Io ce qui compare (on corps immenfe; fes yeux (ont le foleil 8cp la lune ; il efl l’éternité , l’efpace ; enfin , aioute Porphyre ç

n Jupiter cil le mondeI l’univers , ce qui conflitue l’affirme à:

p la vie de tous les erres-Or , continue le même auteur, commeau les philoî’ophes diflèrtoient fur la nature St les parties confii-

y tuantes de ce Dieu , 81 qu’ils n’imaginoient aucune figure quia reprèrexitât tous les attributs . ils le peignirent (ou: l’apparenceto d’un homme . . . Il efl djis , pour faire allufion a (on efl’ence) immuable ; il cil découvert dans la partie fuperieure du corps,x parce que c’efi dans les parties fupèrieures de l’univers (lesa alites ) , qu’il s’offre le plus à découvert. Il efl couvert depuis

æ la ceinture , parce qu’il efi plus voilé dans les choies terrer-

et tres, Il tient un foeptre de la main gauche, parce que le cœura. efi de ce côté, 8: que le cœur efl le (urge de l’entendement

qui (dans ies hommes ). règle tomes les aidions. n ( VoyezEnfebe, Prapar. Evang. pag. toc )

Enfin voici un tuilage du géographe philofophe Strabon , quilève tous les doutes fur l’identite des idées de Moife 81 de celles

3.

des thelogiens païens.« Moire, qui fut un des prêtres égyptiens, enfeigna que c’était

une erreur monflrueufe de reprefenter la divinire fous les for-mes des animaux, comme faifoient les Égyptiens , ou fousles traits de l’homme , ainfi que le pratiquent les Grecs 5: lesAfricains z cela [cul efi la Divinité, difoit-il . qui compofe le

ciel, la terre 8l tous les êtres, ce que nous appelons lemande , l’univerjlzlite’ des chqfis , la nature : or perfonne d’un ef-

prit raifonnable ne s’avifera d’en repréfentet l’image par celle

quoi, rejetant toute efpèce de fimulacres (idoles ), Mollevoulut qu’on adorât cette divinité fans embleme à fous lapropre nature: il ordonna qu’on lui élevât un temple digned’elle, &c. » Géographt lib. 16, pag. 1104., édit. de 1707.

La théologie de Moife n’a donc point différé de celle des [ce

88:833838333de quelqu’une des choies qui nous environnent; c’efi pourn’

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Norns.’ 587tueurs de l’aine du monde , c’efi-à-dire des Stoïciens , a: même

des Epicuriens. Il paroit que cette philofophie naîtroit ou le ré-pandoit lorl’qu’Abraham Vlm en Égypte ( zoo ans avant Moîfe ),

puifqu’il quitta fou fyflême des idoles pour celui du dieu Yuhouh,

en forte que l’on en peut placer la divulgation vers le dix-lep-ti’eme ou dix-huitieme fiècle avant J. C.; ce qui concorde avecce que-nous avons dit , note 73.

Quant à l’hiflore de Moife, Dîodore la préfente Tous un jour

naturel, quand il dit, lib. 5.1. St 4°: «que les Juifs furent chaf-» fés d’Egypte dans un temps de difette, ou le pays étoit fur-» chargé d’étrangers, 8a que Moife , homme fupérieur par fa

st prudence & par fou courage, faifit cette occafion pour établir» fa nation dans les montagnes de Judée. a, Il femblcra para--doxal de dite que les 600,000 hommes armés qu’il y conduifit,doivent fe réduire à 6,000; mais je légitimerai ce paradoxe partant de preuves tirées der livres eux-mêmes , qu’il faudra réfor-

mer une erreur venue des. copifles.Page au. (85) Et , l’exiflence ; c’étoi’t le monofyllabe écrit fur

la porte du temple de Delphe. Plutarque en a fait le fujet d’untraité.

Page au. (86) Le nom d’Ofiris dans le cantique de Moïfe. Il y

efl en propres termes , c. p du Deutetonome. fi Les ouvrages de» Haut font parfaits. st On a traduit Ubur par créateurf en effetil fignifie donner des formes ; & c’efl l’une des définitionsd’Ofir-is dans Plutarque.

Page 216. (88) De l’archange Michel. 4 Les noms des anges a» des mois , tels que Gabriel . Michel, Yàr, Nifan, &c. vin-» rent de Babylone aVec les Juifs. » dit en propres termes letalmud de Jérufalem. Voy. Beaufobre, hifi. du’Manich. , rom. a ,

pag. 624. , où il prouve que les faims du calandrier (ont imite!des 365 anges des Perfes; 8c Yamblique dans (es myfières égyp-tiens , (e61. a . c. 3 , parle des anges , archanges , [eraphins-, &c.comme un vrai chrétien.

Page 217. (89) Théologie de Zoroaflre. K Toute la philofophiea» des gymnofophifies , dit Diogène Laèrte fur l’autorité d’un an-

» cien , efi ifi’ue de celle des filages , 81 plufieurs affinent que celle

n des juifs en a aufli tiré [on origine; » (lib, l , c. 9. ) Megaflhê-

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.88 . N o Te s.les, bifiorien diflingué du temps de Seleucus Nicanor, à! qu;avoit écrit particulièrement fur l’inde , parlant de la philofophie

des anciens fur les chefs: naturelles , joint dans un meme feus lesBrachmancs a les Juifs.

Page 218. (go) Ramener Page d’orfur la terre. Voilà la raifortde tous ces oracles païens que l’on a appliques a Jequ , a: en-tr’aurrcs de la quatrième églogue de Virgile 81 des vers fybillynafi célebres chez les anciens.

Page 219. (91) Au bout des fiat mille ans prétendus. Nous avons -

déjà vu, note 29 , cette tradition caillant: chez les Tofcans ;elle fut répandue chez la plupart des peuples; à elle nous dévoilece qu’ilfaut portier de toutes ces prétendues créations à: fin du mon-

de, qui ne (ont que des commencement 8a fins de périodes ait-ono-miques , imaginées par les afirologues. Celle de l’année ou révo-

lution (claire , étant la plus fimple 8: la. plus fenfible, a fervi demodèle à toutes les autres , 81 (a comparaifon a donné lieu à desidées très-bizarres- Telle ef’t celle des quatre âges du mondechez les Indiens : dans l’origne , ces quatre âges n’étaient que les

quatre fuyons ; à: comme chacune d’elles étoit fous l’influence

prétendue d’une planète , elle portoit le nom du métal appro-prié à cette planète: ainfi le printemps étoit l’âge du foleil oude l’or; l’été, Page de la lune ou de l’argent ; l’automne. Page

de Vénus ou du cuivre ç & l’hiver , l’âge de Mars ou du fer.Lorfqu’enfuite les allrologues eurent inventés leurs grandes années

de a; sa de t6 mille ans, qui avoient pour objet de ramenertous les afires’a un même point de départ, ’a une conjonél’ion

générale. l’equivoque des termes introduilit celle des idées, 8cil fut facile de prendre pour des mille’fimes de révolutions blaires.ce qui n’était réellement que des mille’fimes de lignes celeRes

8: de duree : ainfi toutes ces idées de création dont on s’efl fi forttourmenté. fe reduifent à des calculs hypothétiques de périodes

,afironomiques; 8: c’efi parce que l’on a pris le commence-ment de ces périodes , 8: l’inflant fiélif, des conjonélions à l’on,

verture des diverfas faifons , que -la création du monde a été[uppofèe s’être faite tantôt au printemps , tantôt au folfliœfelcn l’époque ’a laquelle chaque peuple commençoit ion année:Chez les Égyptiens c’ètoi»t au fulfiice d’été ; aulli le départ des

fphèru

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NOTES. :89füres s’était-il fait felon eux au premier figue du cancer ( Ma.

cr c, Sam. Scip. ). Chez les Perles c’étoitd’abord au printemps

ou p mier figue du belier; 8: tie-là l’opinion des premiers ciné.tiens , ue le monde fut créé au printemps, Cette opinionn’a pubanquer d’être celle de la Genèfe; 8: il cil remarquable qu’elle

ne fait pas créer le monde par le dieu de Molle ( Yuhouh ),mais par les duhim ou dieux au pluriel , c’etl-à-dire par lesanges ou génies, [talon le feus habituel des livres hébreux; 8: fil’on obierve que la racine d’eluhim lignifie fort 8: pui un: , aque les Égyptiens appeloient lèurs décans chefs forts &t pujflhnr,

en leur attribuant la création ,on trouvera que la Genèfe a ditmot à mot que le monde fut créé par les décans ; par ces même;

génies que Mercure fouleva contre Saturne, dit Sanchoniaton ,8: qui furent nommés Elahim.L’on demandera pourquoi le pluriel

clahim gouverne le fingulier bard ( créa ). La raifon en efi quel’unité étant reflée le dogme dominant des Hébreux après le re- .

tout de Babylone . il fallut faire un pieux barbarifine ;. maisavant Moife, le barbatifme n’avait pas lieu . 8: la preuve en

. exifle dans les noms des enfans de Jacob, dont plufieurs fort:comparés d’un verbe pluriel, gouverné par tluhitn alors au plu-.

V, riel z tel cil le nom de Raoul)": ( Ruban ), ils ont jeté l’ail fit!moi ( les dieux); 8: celui de Sumaouni ( Siméon) ils- m’ont«and ( les dieux );8: cela, toujours parce que ces dieux desfemmes de Jacob étoient les taruphins de Lalan, c’eû-àsdire le:ages des Perfes 8: les décan: égyptiens.

Page 219. (92) fut mille un: depuis la création. Le calcul desSeptante comptoit cinq mille 8: près de il: cents ans; 8: cecalcul étoit le plus fuivi : l’on fait combien , dans les premiers

fiècles de l’églife, cette opinion de la fin du monde agita lesefprits. Par la fuite les faims Conciles s’étant raffinés , la taxèrent

d’héréfie dam la feâe des millénaires; ce qui forme un cas bien

jugulier :car, d’après les propres évangiles que nous fuivons,il et! évident que Jefiu eut été un millénaire, c’efl-à-dire un

hlrdtique. , ,ï Page ne. (9;) Par la confltllatiOn du femmr. K Les Perles,a dit Chardin, appellent la conflellation du ferpem ophiucus,p jugent d’5"; a: ce («peut ophittcus ou ophiomus jouoit le

i T

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ego NOTES.a! même rôle dans la théologie des Phéniciens; a car Ph8-’récydes , leur difciple 8: le maître de Pythagore, diioit : «qu’o-» phianeusferpentinus avoit été le chef des rebelles à Jupiter. àV. Mars. Ficin. age]. Socrat. p. m. 797, col. a. Et i’aîouteraîqu’aphuh (par a’in) lignifie en hébreu vipère , ferpent.

* Page id. (94) Séduit l’homme. Au feus phyfique fiduire , feda-ure, n’efl qu’allirer à foi, mener avec foi.

Page, id. (95) Tableau de Mithra. Voyez ce tableau dans Hyde .pag. tu , édit. de I760.

Page au. (96) Perfée de l’autre côté. Bien plus, la. tète de Mé-

dnfe . cette tête de femme judisfi belle, que Petfée coupa 8: qu’iltient à la main . n’efl que celle de la Vierge , dont la tête tombefous l’horizon précifément lorique Periée le lève; 8: les fer-

peins qui l’entourent font ophiucus 8: le dragon polaire , qui alorooccupent le Zénith. Ceci nous indique la manière dont les an.-

- ciens aflrologues ont compofè toutes leurs figures 8: toutes leur.fables: il: prenoient les conflellations qui fe trouvoient en mêmetemps fur la bande de l’horizon , 8: en afièmblant les parties,ilsren formoient des groupes qui leur fervoient d’almanach.’en Caraélères hiéroglyphiques :voilà le fiacre: de tous leurs ta-

bleaux , 8: la folution de tous lesImonilt-es mythologiques. LaVierge efi entera Andromède délivrée , par Perfée , de la.baleine qui la pourfuit (pro-fequitur ). ’

Page il. (97) Par une vierge chafie. Tel étoit le tableau de lafphère perfique, cité par Aben-Ezra dans le minet poétisant de

Blaeu, pag. 7l. fi La cale du premier décan de la Vierge, ditsi cet écrivain, repréfente une belle Vierge a longue cheve-u lute, affile dans un fauteuil, deux épis dans une main, al-» laitant un enfant appellé Iefus par quelques nations t 8: Ohm)!

a en grec. nU * Il exifle à la bibliothèque du roi un manufcrit arabe . n°. "65 .

dans lequel font peints les la lignes; a: celui de la Vierge re-prèfente une jeune fille , ayant à côté d’elle un enfant; d’ailleurs

toute la (cette de la naiHance de Jefus fa trouve raflèmblée dansle ciel voifin. L’e’taHe efl laconflellation du cocher 8: de la chê-

ne. jadis le bouc; confiellation appelée projette Joris Hmiochi.étable d’hu; 8: ce mot Ion fa retrouve dans le nom dieu-jetait

fibâ- . -ù-- L-

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NOTES; :9:(Jofeph ).’ Non loin en l’âne de Typhon (la grande ourle) , 8:

le bœuf ou taureau , accompagnemens antiques de la crèche:Pierre portier cil Janus avec les clefs 8: [on front chauve : lessa apôtres font les génies des la mois : &c. Cette vierge a jouéles rôles les plus variés dans toutes les mythologies; elle a étél’lfis des Egyptierts, qui difoient dans l’infcription citée par Ju-

lien z le fruit que j’ai enfumé a]? le foleil. La plupart des traits. cités par Plutarque lui font relatifs , de même que ceux d’Ofiris

conviennent au Boom : anlfi les fept étoiles principales del’ourfe . appelées chariot de ,David , s’appelaient-elles chariot

d’Oiiris (Voy. Kirlter); à: la couronne qu’il a. derrière luiétoit formée de lierre . appelée Chen-Ofiris, arbre d’Ofiris. LaVierge a aufli été Cérès , dont les myfières furent. les mêmes

que ceux d’liis 8: de Mithra; elle a été la Diane d’Ephèfe, lagrande déeflè de Syrie , Cybèle traînée par les liant ; Aliment,

altère de Bacchus; Afire’e, vierge pure qui fut enlevée au cielà la fin de l’âge d’or; Thémis, aux pieds de qui cl? la balance

qu’on lui mit en main; la beille de Virgile qui defcend aux tenfers, ou fous l’hémifphère avec fon rameau à la main, &c.

A Page 222. (98) Re-fnrgeoit dans les Cieux. Refurgere, fi: leurune femnd: fois , n’a fignifié revenir à la vie que par une méta-

pliera hardie; 8: l’on voit l’effet perpétuel des feus équivoques

de tous les mots employés dans les traditions.Page il. (99) Chris, c’efl-à-dire le confervateur. Selon leur

triage confiant, les Grecs ont rendu parX ou iota efpagnolle ha afpiré des Orientaux , qui Idifoient hàris; en hébreu ,herè: s’entend du foleil ; mais en arabe le mot radical.iigniiiaegarder , confiner, 8: hàris. gardien , confervateur. C’efi l’épithète

propre de thmwu; 8: ceci démontre à la fois l’identité destrinités indienne 8: chrétienne, 8: leur commune origine. Il et!évident que c’efi un même fyfiéme, qui, divifé en deux bran-ches, l’une à l’orient, l’autre a l’occident, a pris (leur forma

diverfes : fou tronc principal efl le fyfiéme pythagoricien del’urne du monde, ou loupiter. Cette épithète de prier ou. père

ayant pallié au demi-onrgos des Platoniciens, il en naquit uneéquivoque qui fit chercher le fils. Pour les philnfophes, ce fiat " il’entendement, nous a: logos. dont les Latins firent leur urbain:

T a

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:9: N o T z â.a: l’on touche ici au doigt & à l’œil l’origine du père (and;

a: du verbe [on fils , qui procède (le lui (mens est Dco mita, airMacrobe) ; ranima ou fpiritus mundi fur le Saint-Efpn’t; &voiûpourquoi Mnnè: , Bafilide , Valentin . 3: d’autres prétendus lié-r

réviques des premiers fiècles , qui remontoient aux, foutus,difoient que Dieu le père étoit la lumière inacceflible, (api-ème

i( du ciel premier mobile , l’aplanès ); que le fils étoit lalumière faconde rèfidenre dans le foleil; a: le Saint-Efprît,l’air qui enveloppe la terre. (Voyez Bmujbôre, tome Il, page586. ) De-là , chez les Syriens , fun emblème de pigeon , oi-feau de Vénus Unmie, c’efl-à-dire de l’air. fi Les Syriens (dit

a! Nigidiux in Germanico) difent qu’une colombe couva plulieursne jours dans l’Euphrate un œuf de poilion, d’où naquit Vénus. au

Aufli ne mangent-ils pas de pigeon, dit Sam Empyricus , infi.Pyrrh. lib. 3 , c. a; ; 8: ceci nous indique une période com-mencée au ligne des paillons (folfliœ d’hiver.) Remarquonsd’ailleurs que fi Chris vient de Harifrh par on chin, il lignifiera

fabricateur; épithète propre du foleil. Ces variantes, qui ontdu embarrafTer les anciens , prouvent touioursîe’galement qu’il-cf!

le vèrirable type de Jefus, ainli qu’on l’avoir déià apperçu des

le temps de Tertullien. K Plufieurs, dit cet écrivain, penfem9 avec plus de vraffemblance que le foleil efi notre Dieu ; 8: ils» nous renvoient à la religion des Perles. n Apologétique, c.

16. ) lPage 222. (toc) 608 période filaire. ( Voyez l’ode cuticule deMurriunus Capellu au foleil, traduite par Gebelin, volumedu Calendrier, page ses; 8: S48.)

Page 2;o. (l0!) Des fucrifice: humains. Lire: la Froide tiédi. Ination d’Eufèbe , Præp. Ev. lib. t, p. Il , qui prétend que de-puis que le Chrifl efl venu, il n’y a. plus en ni guerrestans , ni antrapophages , ni pédérafles , ni inceflueux , ni fau-vages màngeant leurs parens . &c. Quand on lit ces premiersdoêlcurs de l’églife on ne celle de s’étonner de leur mauvaife foi

ou de leur aveuglement. lPage 2;]. (mal Des Samandens. L’égalité de tous les hommes

devant Dieu 81 dans l’état de nature , a été l’un des principau:

dogmes des Samanéens; 8: il paroir qu’ils [ont la feule faille del’antiquité qui l’ait reconnue.

v-4.. --.u---.-...g-..-.. .r .

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flores. :93.Page :34. (10;) Parmi toutes les confidences. Tant qu’il exiF-œra des moyens de le purger de tout crime , de fe racheter detout châtiment avec de l’argent ou de frivoles pratiques; tant queles rois & les grands croiront le faire alu-ouche de leurs approf-fions à: de leur: homicides en bitiflànt des temples, en faillitedes fondations; tant que les particuliers croiront pouvoir trom-per dt voler, pourvu qu’ils jeûnent le carême, qu’ils aillent à

confeflè, qu’ils reçoivent l’extrême-onâion. il efi finition-1h13qu’il exifle aucune morale, aucune vertu dans la fociéte’; Enc’efi avec un feus profond de vérité qu’un philofophe moderne

a tramail le dogme des expiations la V. . . le des focie’tés.

Page id. (104) Violel le fanduaire du lit nuptial. Comment,dirent les Mufulmans, qui ne fuppofent point de moralité auxfemmes D 6! que l’idée de la confeflion révolte louverainementscomment un honnête homme ofe-t-il entendre le récit des aélioruen des penfées fecrètes d’une femme! Ne pourroit-on pas dire en

inverfe z comment une honnête femme peut-elle confond: à les

révélerl IPage id. (les) Contqua’ des aficiations furète: , ennemie: du rafledeila focie’re’. Veut-on connaître l’efprit général des prêtres envers

les autres hommes , qu’ils défignenr toujours par le nom de peu-7pie; écoutons les doéleura de l’églife eux-mêmes. K Le peuple,

n dit l’évêque Synnefius, in Calvir. pag. 315, veut abfolumenta qu’on le trompe ; l’on ne peut en agir autrement avec lui.... DLes anciens prêtres d’Egypte en ont toujours ufé ainfi ; c’efl pour

cela qu’ils renfermoient-dans leurs temples , de y compofoientà (on infu leurs myflères; (à: oubliant ce qu’il vient de dire) :8 fi le peuple eût été du fecret, il le feroit fâché qu’on lew trompât. Cependant , comment faire autrement avec le peuple,si puifqu’il efl peuple! Pour moi, je ferai toujours philofophen avec moi; mais je ferai prêtre avec le peuple. n

8 Il ne faut que du babil pour en impofer au peuple, écrivoitsi Grégoire de Naziance à Jérome sa. (Hiéron. ad Nep.) Moinsil comprend , plus il admire... Nos pères 8l doéleurs ont (cuventdit non ce qu’ils penl’oiènt , mais ce que leur faifoit dire lescirconflances à le befoin.

a On cherchoit, dit Sanchoniaton, à exciter l’admiration par

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:94 Forum aI le merveilleux. il (Prap. Ev. lib. ;.) Et voyez le paflàge de.

Plutarque, note (4.8). ’ vTel fut le régime de route l’antiquité; tel et! encore celui des

Drames à des Lamas qui retrace parfaitement celui des prêtresde l’Egypte. Tel étoit celui des Jéfuires. qui marchoient à grandspas dans la même carrière. Il n’efi pas befoin de faire fentir toutevla perverfité d’une pareille doélrine. En général, toute adocia-

lion qui a pour baie le myflère, ou le ferment quelconque d’unfuret , efi une ligue de brigands contre la fociété, ligue diviféedans (on propre foin en fripons a: en dupes, c’efl-à-dire enmoteurs 8L en inflrumens.-C’efi ’fur ce principe que l’on doit

juger ces coteries modernes , qui, fous le nom d’illuminer, demaninifies , de cagliotenfies , même de francnmâçons de de me];me’nfles , infeélent l’Europe. L’on ne fait qu’y finger les folies de

les friponneries des anciens cabalifies , magiciens , orphiques , 816..lcliquois , dit Plutarque, jetèrent dans de graves erreurs , non-feulement les particuliers , mais encore les peuples a: les rois.

Page au. (:06) Il: (les prêtres) s’étaient faits roumi-tour afin)-logues, magiciens , devint, 6c. Qu’efl-ce qu’un magicien dansle fans que le peuple donne à ce mot! c’efl un homme qui , pardes paroles 8: des gefles , prétend agir furies êtres fumaturelstà les forcer de defcendre à fa voix , d’obéir a (es ordres. Voilà

ce qu’ont fait tous les anciens prêtres , 8: ce que font encore ceuxde tous les idolâtres , & ce qui, de notre part, leur mérite lenom de magiciens. Mais quand un prêtre chrétien prétend fairedefcendre Dieu du ciel, le fixer fur un morceau de levain, derendre avec ce talifman les aines pures 8: en état de. grace , quefait-il lui-même, linon un ode de magie! Et quelle différencey a-r-il entre lui 8: un Chaman tartare , qui invoque les génies,ou un Brame indien , qui fait defcendre Vtchenou dans un vafed’eau pour challer les mauvais efpritsl Oui! par-tout l’identitéde l’efprir facerdotal efl complète; par-tout c’efi l’affeêlationd’un privilége exclufif. la faculté de mouvoir à [on gré les putflitn-

ces de la nature; & cette prétention efl un attentat fi direéi audroit d’égalité de tous les hommes, que le jour ou les peuplesdeviendront conféquens , ils aboliront à jamais ce genre jocrile’gede 110le, qui a été la fauche 8L le type de la noblell’e pro-

fane.Laon"! .

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N°113; 295Page :36. (107) ’Comme des clamées du plus grand prix. C.

feroit une curieufe hifioire que l’hifloire comparée des agnus dupapa , a: des puflïlles du grand Lcma.’ En étendant cette idée à

toutes les pratiques religieufes . il y a un très-bon ouvrage à »faire : ce feroit d’accoler par colonnes les traits analogues ouwattmans de croyance 8: de fuperflirion de tous les peuples. Unautre genre de fuperflirion dom il feroit également utile de lesguérir, eh le refpeâ exagéré pour les grands ; à. pour ce:effet , il fufiroit d’écrire les détails de la vie privée des mais 8c

des princes. Il n’efl point de travail auflî philofophique que ce-lui-là : aluni avons-nous vu quels cris ils jetèrent eux 8: leur!valets, quand on publia les anecdores de la cour de Berlin. Queferoit-ce fi nous en avions la faire! Si le peuple voyoit à décoxkvert routes les turpitudes 8l routes les mifères de cette efpèœd’idoles , il ne feroit plus renté de flairer leur: fanais: iouifi’anœs

dont l’afpeét menfonger le tourmente à l’empêche d: jouir du

Malien: bien plus vrai de (a. condition,

FIN.

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