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NOTES SUR DEUX MÉDAILLES DE PLOMB RELATIVES A JEANNE DARC ET SUR QUELQUES AUTRES ENSEIGNES POLITIQUES OU RELIGIEUSES Tirées de la collection Forgeais. [Suite et fin] Author(s): Vallet de Viriville Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 3 (Janvier à Juin 1861), pp. 425-438 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734077 . Accessed: 19/05/2014 06:20 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.108.64 on Mon, 19 May 2014 06:20:23 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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NOTES SUR DEUX MÉDAILLES DE PLOMB RELATIVES A JEANNE DARC ET SUR QUELQUESAUTRES ENSEIGNES POLITIQUES OU RELIGIEUSES Tirées de la collection Forgeais. [Suite etfin]Author(s): Vallet de VirivilleSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 3 (Janvier à Juin 1861), pp. 425-438Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734077 .

Accessed: 19/05/2014 06:20

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NOTES

SUP DEUX

MÉDAILLES DE PLOMB

RELATIVES A JEANNE D ARC

HT SUR QUELQUES AUTRES ENSEIGNES POLITIQUES OU RELIGIEUSES

Tirées de la collection Forgeais.

[Suite et fin.] (I)

Nous n'avons trailé jusqu'ici que des symboles religieux. Parmi les monuments de la collection Forgeais que nous avons pu étu- dier, les emblèmes politiques, cependant, sont ceux qui nous ont le plus intéressé. Ils seront l'objet de la dernière partie de cette pré- sente élude.

Les chroniqueurs du quinzième siècle contiennent, çâ et là, des allu- sions, très- éparses, à ces signes distinctifs. L'état de guerre civile dans lequel Paris et la France entière étaient plongés, donna lieu et nais- sance à ce nouveau genre d'enseignes (2). Personne n'ignore que la bande blanche ainsi que la croix blanche et droite étaient les mar- ques du parti Armagnac. La faction opposée, ou de Bourgogne, avait

(1) Voyez ci-dessus, p. 380. (2) Ces symboles politiques remontent an moins à la seconde moitié du quator-

zième siècle. L'une des enseignes recueillies, par M. Forgeais, dans la Seine, et probablement des plus curieuses, présente une M toute pareille. à celles de l'hô- tel de Clisson. Cette plaque se rapporte sans doute aux Maillotins. Voy. Plombs historiés , p. 22.

III. - Juin 1861. 28

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pour symbole la croix rouge et oblique, ou croix de Saint-André. Adoptée par Jean sans Peur, cette croix est demeurée l'une des pièces qui figurent encore sur le pavillon d'Angleterre.

C'étaient là des emblèmes patents et publics, qui journellement s'ex- posaient à tous les regards. Mais il y avait aussi des marques de reconnaissance toutes différentes. Les conspirations, qui se formaient incessamment dans le sein d'un parli contre l'autre, exigeaient des signes matériels et distinctifs, pour se reconnaître à un moment donné. Ces derniers symboles devaient être secrets, c'est-à-dire con- nus et adoptés par les seuls adhérents ou affidés. Ils devaient, en outre, se cacher et s'exhiber, selon le besoin, avec une égale facilité.

Le Journal de Paris, entre autres historiens, parle d'un coup de main armagnac qui fut tenté à Paris en avril 1430, juste au moment où laPucelle rompait sa chaîne et s'échappait de la cour, pour retour- ner vers la capitale. De grands personnages, dit-il, membres du par- lement, duChâtelet, etc., adhéraient au complot, * et debvoient estre signés de certains signes quand les Arminacs entreraient à Paris; et qui n'auroit ce signe estoit en péril de mort (1). »

Le môme auteur se montre plus explicite, dans un autre passage, sur le sujet qui nous intéresse. C'est à l'occasion d'un complot attribué aux Armagnacs et qui aurait été ourdi en i 418. « On metoit sus, dit-il, aux bandés (Armagnacs), qu'ils avoient fait faire une monnoie de plomb en très-grande foison, qu'ils debvoient distribuer aux dizeniers de Paris, selon qu'ils avoient de gens, en leurs dizaines, qui estoient de la bande. Et n'en debvoit avoir nuls autres qu'eux. Et debvoient aller parmi les maisons les dits bandés par tout Paris, à force de gens armés portant ladite bande disant partout : « Avez- vous point telle monnoie? S'ils disoient Véez en ci, ils passoient oultre sans plus dire; s'ils disoient : Nous n'en avons point, ils debvoient tous estre mis à l'espée, et les femmes et enfants noyés. Et estoit ladite monnoie telle ou un peu plus grande que un blanc de quatre deniers parisis : en la pille, un escu à deux lieppars (2) l'un sur l'autre et une estoile sur l'escu ; en la croix, à un des coins, une estoile, et à chacun bout de la croix, une couronne (3). »

Nous avons donc à considérer deux espèces de monuments très- distincts, et que nous distribuerons en deux groupes séparés. Le

(1) Panthéon, p. 684. (2) Armes de la Normandie. (3 ) Journal de Varis , dans Godefroy, Charles VI, p. 502, 503» Cf. Buchón ou

Labarre. (Panthéon, p. 632.)

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NOTES SÛR DEUX MÉDAILLES, ETC. 427

premier (figures 4 à 6) ne comprend que des marques ostensibles. Les enseignes qui composent l'autre groupe (figures 7 à 10) pou- vaient servir à un usage secret. Les premières, de dimensions à peu près égales entre elles, sont plus grandes que les secondes. Sur la figure 4, on remarque une broche ou fibule placée derrière le dau- phin. Cette broche, passée dans quelque draperie, servait à fixer solidement l'emblème sur le porteur. Il n'en est pas ainsi des en- seignes 8 à 10.

Figure 4.

« En 1411, dit encore le Journal cité, ceux de Paris prirent le cha- peron pers (bleu) et la croix Saint-Andrieu ; et au milieu de la croix, un escu à la fleur de lys ; et en moins de quinze jours y avoit audit Paris cent milliers qu'hommes, qu'enfants, signés devant et derrière dé la dite croix, et nul n'esloit du dit lieu qui ne l'avoit (1). »

On observe particulièrement, sur l'enseigne n° S, une encoche curviligne, à l'extrémité droite et supérieure de l'une des quatre branches du sautoir. Cette encoche se répète sur la figure 6. Elle ser- váit probablement à insérer la plaque dans quelque repli de la dra-

(1) Dans Godefroy, Charles VI, p. 498. Voy. aussi Besse, Recueil de pièces, 1600, in-,4», p. 329.

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perie qui ornait le chaperon, sous le règne de Charles YI. L'une des

Figure S. Figure 6.

deux plaques (fig. 8 et 6) était peut-être placée sur le devant du chaperon, et l'autre derrière.

Monstrelet rapporle que le 1er juin 1418, Du Châtel, prévôt de Paris, et Barbasan, surpris et vaincus la veille par les Bourguignons, voulurent essayer d'une revanche. Ils pénétrèrent dans Paris par la porte Saint-Antoine. Leurs gens, dit ce chroniqueur, « chevauchoient très-fort à estendart déployé, tous ensemble, devant l'ostel de l'Ours (place Baudoyef), crians hautement : Vive le roy, le dauphin et le connestable ď Armagnac t »'La pièce n° 4 pourrait fort bien avoir décoré l'un de ces champions de Charles VII. L'enseigne n°6 au contraire, bien qu'elle porte le cri Vive le roy, et l'enseigne n° S, ont dû appartenir à des défenseurs de la cause opposée. Le roi, en effet, Charles YI, dont la démence offrait alors un caractère bénin ou débonnaire, s'était réuni la veille à l'émeute bourguignonne. Il avait parcouru les rues à cheval, entouré des principaux coryphées de l'insurrection, qui criaient aussi de leur côté : Vive le roi I Nous ne devons donc pas nous étonner de voir ce même cri reproduit, avec la fleur de lis, au-dessus de la croix oblique ou de Saint-André, marque tout à fait caractéristique de la faction de Bourgogne.

En abordant enfin les figures du dernier groupe, nous quittons le

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NOTES SUR DEUX MÉDAILLES, ETC. 429

terrain solide de l'évidence, ici le grand jour nous manque. Nous entrons dans le domaine du mystère, de l'allégorie, et, partant, des conjectures. Puisse le lecteur prêter, jusqu'au bout, l'appui de son assentiment à notre pensée !

La figure 7 opère en quelque sorte à nos yeux une transition

Figure 7.

entre les deux catégories. Elle représente une plaque frappée à l'imi- tation des monnaies et trouvée dans la Seine, au pont au Change, en 1850. Elle est munie, par derrière, d'une fibule assez fine pour assu- jettir, au besoin, cette plaque dans un vêtement et pour la retirer de même. On remarque sur l'original, comme sur notre gravure, entre les deux fleurs de lis supérieures de l'écu, un point monétaire ou point secret. Ce même signe se retrouve à la même place sur les écus d'or et demi-écus de Charles VII (1). La légende, empruntée à la Salutation angélique , rappelle également la monnaie appelée Salut. Cette légende, à la fois religieuse et banale, convenait très-bien pour être employée comme devise politique et à titre de mot d'ordre ou de ralliement. Les armes pleines de France et le point monétaire nous paraissent indiquer le parti de Charles YII, à l'exclusion de toute autre attribution. Nous pensons donc que cette médaille est bien l'un des signes auxquels font allusion les historiens du quin- zième siècle.

Nous devons nous étendre maintenant, à propos de la figure 8, sur un personnage assez mystérieux et jusqu'à ce jour peu connu. Ce personnage, qui a figuré spécialement dans l'histoire de Jeanne

(1) Voy. Du Gange, édition Henschel ou Didot, au mot Moneta, planche XII, fig. 14 et 15. - « Item , fut ordonné le neuvième jour du mois d'aoust 1/128, faire monnoie ayant cours pour x d. t. la pièce... et ont soubz la petite croix de la lettre un point doux (clos). » (Registre d'un monnoyeur de Charles VII, ras. du temps.)

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Dare, se nommait frère Richard, religieux de l'ordre des Francis- cains mineurs, ou Cordeliers.' Aucun texte ne nous dit positivement dans quel pays il était né; mais il est constant qu'il venait d'Italie. Là, il avait eu pour maîtres, d'après son propre témoignage, frère Vincent et frère Bernard, c'est-à-dire saint Vincent Ferrier, domi- nicain, et saint Bernardin de Sienne, cordelier (i).

Saint Vincent, qui vint mourir à Vannes, prêchait de son vivant, tant en Italie qu'en France , l'avènement de l'Antéchrist. Après la mort de saint Vincent, Bernardin continua ses travaux apostoliques sur le sol de l'Italie. Les disciples du saint conservèrent et propagè- rent sa doctrine touchant l'Antéchrist, et les prédications de ces nou- veaux apôtres excitèrent même certaine agitation dans ces contrées. Saint Bernardin propagea en outre une sorte de dévotion nouvelle et de culte spécial en l'honneur du nom de Jésus. Prêchant le carême de l'an 1426 à Viterbe, il montrait à la fin de ses entretiens, au peuple assemblé, un tableau où le nom du Christ était peint en lettres d'or et entouré de rayons lumineux. Aussitôt les assistants fléchis- saient le genou pour adorer ce symbole (2).

Ces prédications sur l'Antéchrist et sur le nom de Jésus cau- sèrent, au sein du peuple, une vive impression. Des multitudes d'hommes et de femmes renoncèrent au monde pour se grouper tu- multueusement autour de Bernardin et de Mainfroy de Verceil, tous deux successeurs de saint Vincent Ferrier, et tous deux non-seule- ment rivaux, mais antagonistes (3). Le pape Martin V fut même obligé d'intervenir à grand'peine pour apaiser cette émotion pieuse des esprits. Précisément à cette époque, c'est-à-dire en 1428, frère Ri- chard, venant d'Italie, passa les monts et vint prêcher l'Avent dans la ville de Troyes en Champagne. Disciple fervent des maîtres ci- dessus désignés, frère Richard propageait avec ardeur la doctrine de l'Antéchrist et du nom de Jésus. Il exhorta les Troyens à planter des fèves largement, en attendant, disait-il, celui qui viendra pro- chainement (4).

De Troyes, frère Richard se rendit à Paris, où il prêcha le carême

(1) Journal de Paris, éd. du Panthéon, p. 678, 679. (2) Wadding, Annales Minorum , 1642, in-fol., t. V, p. 130, 183. Fontana, Monu-

menta Dominicana ; Rome, 1675, in-fol., p. 307. (3) Les béguinages de Hollande et la communauté des Morayes, composée d'abord

de Hussites, paraissent avoir pris leur origine dans des circonstances analogues à celle dont il est ici question.

{k) Wadding. Fontana. Chronique de Cousinot, p. 315.

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NOTES SDR DEUX MÉDAILLES;, ETC. 431

de 1429. Il y obtint d'abord le plus grand succès. Un auteur contem- porain évalue à plus de trente mille le nombre des auditeurs ou assistants qui se pressaient à ses sermons en plein air. Frère Richard annonçait publiquement que l'Antéchrist était né (vers 1403) et que le jour du jugement allait venir. Mais les propositions émises par le nouveau docteur furent jugées, par l'autorité, malsonnantes et dan- gereuses, tant sous le rapport de l'orthodoxie que de la politique (!)•

Menacé dans sa liberté, le prédicateur s'esquiva de Paris pen- dant la nuit du 30 avril au 1er mai 1429. Le 1er mai, des milliers d'auditeurs, accourus dès la veille, étaient venus s'établir dans la plaine Saint-Denis pour l'entendre. Mais ils s£ trouvèrent seuls au rendez- vous. Richard se rendit aussitôt auprès des Fran- çais, ou partisans de Charles "VII, qui assiégeaient Orléans et servit activement la cause de ce prince. Il prit part à la campagne du sacre et devint l'un des confesseurs ou aumôniers de la Pucelle. Richard, arrivé de nouveau devant Troyes (juillet 1429), s'entremit avec succès dans les négociations qui eurent lieu entre la ville et les assiégeants. Les soldats de Charles VII, qui manquaient de vivres, trouvèrent sur pied les fèves que les Troyens y avaient semées lar- gement et s'en nourrirent Bientôt les instances auxquelles partici- pait le cordelier triomphèrent. Troyes et d'autres villes ouvrirent leurs portes au roi Charles (2).

Les habitants de Paris, soumis aux Anglais, apprirent, dit le Jour- nal, avec le plus vif déplaisir que leur prédicateur si renommé, si applaudi, n'était autre qu'un armagnac. Dans leur dépit, ajoute-t-il, dans leur rancune, « ils le maudissoient de Dieu et de ses saints. Qui pis est, les jeux de tables, de boules, de dés, bref tous les autres jeux qu'il avoit défendus, recommencèrent en despit de lui; et mesme un mériau d'estaing où estoit empreint le nom de Jésus, qu'il leur avoit fait prendre, laissèrent-ils; et prindrent trestous la croix de saint Andry (3). »

Lorsque Jeanne Dare subit à Rouen son cruel supplice, à plusieurs et à de nombreuses reprises elle invoqua le nom de Jésus. Jeanne avait d'abord demandé une croix'. Pour condescendre à ce désir, l'un des assistants anglais croisa deux fragments de bâton, qu'il lui donna

(1) « Pour ce que en icelles prédications* dit Monstrelet-, il se monstrolt trop fa- vourable et estrede la partie des François . » Ed. d'Arcq, t. IV, p. 335. Mémoires de Th. Basin, t. IV, p. 104. (2) Journal de Paris, p. 679. Cousinot, p. 315. (3) Journal de Paris, p. 681.

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432 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. liés et qu'elle plaça sur sa poitrine. Non contente de ce symbole, elle pria le dominicain qui l'accompagnait de lui apporter la croix parois- siale voisine, objet sacré sur lequel le crucifix était ďordinaire sur- montéďune inscription : 3. tt. H. 3. (Jesus Nazarenus Rex Judeorum), qui présente ainsi le nom de Jésus. La dernière parole que fit entendre sur la terre la sainte martyre, au moment où les flammes étouffèrent sa voix, fut le nom de Jésus t Ces démonstrations d'une piété si pro- fonde, si vraie, si touchante, arrachèrent des pleurs même aux mor- tels ennemis de l'innocente victime. Tous les témoins du procès de révision sont unanimes pour attester les circonstances que nous venons de rappeler. L'un d'eux rapporte « avoir entendu dire que le nom de Jésus apparut inscrit dans la flamme du bûcher (1). »

Sans doute le nom du Christ, dans ce moment suprême, se plaça de lui-même, pour ainsi dire, sur les lèvres de la sainte moribonde, et nous ne pensons point qu'en cela Jeanne obéît aucunement aux instructions de frère Richard. Mais le culte spécial du nom de Jésus peut n'avoir pas été, dans cette circonstance, étranger à l'impression profonde que causa sur les assistants cette invocation pieuse.

L'une des pièces provenant de la collection Rigollot semble cor- respondre assez exactement à la désignation que nous fournit le chroniqueur parisien. Nous avons reproduit ce monument (fig. 8),

• Figure 8.

(1) Procès , etc., t. II, p. 372 et passim. Le 11 mai 1861, il a été vendu à Paris, ou du moins adjugé, en ma présence, aux enchères publiques, rue Drouot, un manuscrit dit de Saint-Lô de Rouen , pour le prix principal de 24,850 francs (26,092 fr. 50 c. avec les frais). Ce manuscrit, d'une grande beauté calligraphique, est un livre d'heures qui pàraît avoir été exécuté, peut-être à Rouen, vers l'époque où mourut la Pucelle, pour une jeune dame, plusieurs fois représentée dans les mi- niatures, mais sans nom et sans armoiries. L'une de ces miniatures accompagne la Commémoration de son saint ange, L'écu de Saint-Michel, qui figure à cette page, est blasonné du nom de Jésus, peint en or sur fond d'azur et bordé d'une espèce de gloire, où des flammes d'or rayonnent sur un fond rouge. (V. ci-dessus, p. 430, note 2.)

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NOTES 8UU «EUX MÉDAILLES, ETC. 433

on nous aidant de la gravure publiée par M. Leber (1) et d'em- preintes nouvelles prises sur l'original (2). Le style de cette mé- daille, sa dimension, égale à celle de la figure 9, dont nous traiterons bientôt, nous semblent indiquer un monument de la même espèce et de la môme époque. Sur l'une des faces (b), nous voyons le mo- nogramme du nom de Jésus, surmonté d'une croix. On distingue sur l'autre (a) un personnage vêlu d'une robe et ceint d'une couronne fleurdelisée. De la main droite, il semble tenir une épée à lame courbe (3), et de la gauche un écu ou bouclier (4) ? Nous serions dis- posé à croire que cette figure, d'ailleurs très-fruste, représentait '' An- téchrist, dont la monarchie devait durer trois ans et demi, à moins, disaient les docteurs, que ces mots représentent, comme d'autres expressions de l'Écriture, des périodes indéterminées (A). Yoy. Note appendice à la fin du prňsent mémoire.

L'article 52 du premier acte d'accusation dirigé contre la Pucelle, lors de son procès à Rouen, contenait ce grief: « Beaucoup de ses partisans portent sur eux des images de plomb ou autre mêlai, ainsi qu'on a coutume de porter les enseignes et images des saints canoni- sés par l'Église (5). »

Il y a environ trente ans, M. Rolin, de Guise, a inséré dans la Revue de numismatique une pièce qu'il attribuait à cette origine el

(1J Monnaies des Innocents, etc. Introduction, page xxvi et planche 1Í, fig. 4. (2) La collection Rigollot se conserve actuellement au musée d'Amiens. Nous de-

vons la communication de ces empreintes à l'obligeance parfaite de M. J. Garnier, secrétaire du Musée et de la Société des antiquaires de Picardie.

(3) Les épées courbes étaient connues en France au quinzième siècle sous le nom d 'épées turquoises. C'était l'arme des Sarrasins. Un portrait du temps représente Dunois avec une épée turquoise. Il a été reproduit par Thevet, Les portraits des personnages illustres , etc. 1859, in-fol., p. 402.

(4) Les amateurs d'iconographie pourront, à cot égard, opérer le rapprochement que nous allons indiquer. Le gouvernement anglais publie, depuis quelques années, une importante collection : KerUm britannicarum scriptores , etc. La chronique de Capgrave, De illustribus Henricis (Londres, 1858, in-8°), fait partie de ce recueil. L'éditeur a joint à ce volume un fac-similé , lithographié en couleurs, du manuscrit original, exécuté vers 1446. La lettrine initiale de la page reproduite offre l'image, peinte en miniature, du roi Henri V î (De rege Henrico quinto). Ce prince est représenté la couronne sur la tòte et vêtu du manteau royal. Il tient un sceptre (à fleur de lis fleuronnée) d'une main, et de l'autre un globe surmonté de la croix. L'observateur sera frappé de l'analogie qui existe entre la figure n° 8 et cette miniature.

(5) « Multi... in plumbo et alio metallo representationes ipsius super sede<erunt, prout de irienioriiâ et representationibus sanctorum per ecclesiam canonizatorum solet fieri. » Procès t etc., 1. 1, p. 291.

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434 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. dont nous croyons devoir reproduire aussi le dessin (fig. 9). L'éditeur,

Figure 9.

en faisant connaître cette médaille, n'a pas indiqué sa provenance, et nous nous sommes livré à des démarches infructueuses pour nous procurer la communication ou une bonne empreinte de l'ori- ginal.

Bien que ce monument ait attiré l'attention des historiens de Jeanne Dare, l'attribution qui lui était donnée a dû soulever alors quelques doutes (1).

Mais une découverte récente vient éclairer, d'un nouveau jour, la question. Depuis ce temps, M.Arth. Forgeais a enrichi la numismati- qued'une seconde médaille, qui présente avec la première, jusqu'a- lors isolée, une frappante analogie. Nous reproduisons sous le n° 10

Figure 10.

cette seconde médaille, d'après un bois gravé avec le plus grand soin,

(1) Recherches iconographiques sur Jeanne Dare; 1855, ¡n-8°, p. 8, et Revue ai'- çhcologique , même année, p. 7?.

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NOTES SUR DEUX MÉDAILLES, ETC. 433 et dessiné par M. Forgeais, sur l'original. Celte pièce a été trouvée dans la Seine, sous le pont au Change, en 1859, lors de la démolition du vieux pont. L'original, que nous avons vu et tenu, permet, quoi- que très-fruste, d'y vérifier l'existence des traits que M. Forgeais a saisis et rendus, avec le secours d'un œil particulièrement sagace et exercé.

Ces deux plombs, rapprochés l'un de l'autre, se prêtent un mu- tuel appui et se communiquent un intérêt et une valeur très-grands selon nous. La médaille n# 10 présente au droit (a) le Père éternel assis sur son trône. C'est, comme on sait, le symbole principal que la Pucelle avait choisi elle-même et qu'elle fit peindre sur sa ban- nière, au moment d'entrer en campagne. On distingue très-claire- ment, au revers (ft), l'épée en pal, supportant la couronne et accos- tée de deux fleurs de lis ; armoiries octroyées, dès le mois de juin 1429, par le roi, à la Pucelle et à sa famille. Le style de cette mé- daille, la matière, tout en nn mot répond si fidèlement aux données de l'histoire, que l'attribution, cette fois, nous paraît sans réplique et irréfragable.

Cette évidence, à son tour, rejaillit en quelquesorte sur la médaille de M. Rolin (fig. 9), et doit contribuer à dissiper les incertitudes que nous avions antérieurement partagées. Pour le côté des armoiries (6), la nouvelle médaille éclaire et commente l'ancienne d'une ma- nière tout à fait probante. L'épée, en forme de lance , a dû être nécessairement déformée, soit dans l'original que nous n'avons ja- mais vu, soit dans le dessin très-imparfait (1) qui le représente. La couronne manque dans celte médaille, et cette absence altère gra- vement l'appareil héraldique ou le sujet qu'il s'agissait d'interpré- ter. Or le mouvement et le bord inférieur de cette couronne s'y ré- vèlent aujourd'hui dans une ligne qui pouvait être confondue avec la tranche supérieure de la pièce. En un mot, l'identité de cette face, dans les figures 9 et 10, nous paraît démontrée.

L'autre face (a), ou face proprement dite de la pièce n° 9, offre dans son interprétation plus de difficulté. On ne peut guère toute- fois ne pas y voir ce que M. Rolin de Guise y a signalé : probable- ment une représentation de la Pucelle, c'est-à-dire un buste de jeune fille à longs cheveux.

Cette dernière circonstance, bien que contraire à la réalité histo-

(1) Revue de numismatique , tome I, p.

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rique, n'est point un argument péremptoire qui puisse s'opposer à une telle attribution. La médaille dont il s'agit provient, selon toute apparence, de l'humble industrie du bibelotier. Tout y dénote un travail sommaire et dépourvu de raffinement ou de recherche. Bien loin de prétendre à parfaire une effigie individuelle, un portrait exact et minutieusement étudié, l'artiste n'aspirait, tout au plus, qu'à rendre intelligible, par le langage de son œuvre, l'idée d'une jeune fille. Autant vaudrait, de nos jours, chercher un portrait historique de Jésus-Christ, ou du Juif errant, dans une gravure d'Épinal (1).

Cette circonstance des cheveux courts, ou coiffure d'homme, était d'ailleurs un écueil moral, et l'auteur de la pièce n° 10 semble avoir voulu l'éviter. On n'ignore pas, en effet, que cette coiffure, prise par l'héroïne dans une vue d'honnêteté ainsi que de bon sens, lui fut im- putée à crime. Cependant le greffier De Fauquemberg, traçant à Paris, en 1429 et 1431, les croquis de la Pucelle qui se remarquent sur son registre, lui donne des cheveux longs. Il en est ainsi dans la miniature da Champion des dames, exécuté a Arras vers 1450(2). Or, ces auteurs étaient des bourguignons , ou adversaires de la Pu- celle. A plus forte raison ses partisans ont-ils pu, en de telles circon- stances, la représenter en femme et avec des cheveux longs.

Le lieu et la date de cette dernière médaille (fig. 10) sont assez clairement indiqués.

En ce qui touche la date, ces deux pièces (Nos 9 et 10) ont dû certainement être faites de 1429 à 1431. Lorsque la Pucelle se présenta devant Paris en septembre 1429, elle comptait dans cette ville un grand nombre d'adhérents, et l'on ne saurait douter qu'elle fût entrée victorieuse au sein de la capitale, si, par une fatalité inouïe, les détestables menées de la Trimouille ne l'en avaient empêchée. Ces médailles alors étaient répandues, selon toute apparence, parmi les partisans de la cause qu'elle défendait. Mais, une fois condamnée par l'Église et brûlée en place pu- blique, la sentence dont elle fut victime produisit sur l'opinion un tel effet, que nul chrétien, même dans le parti de Charles VII,

(1) Il en est de même de la médaille N®10. Ce bibelot est évidemment un ouvrage coulé. Rien n'y indique le procédé du monnayage. Les monnaies du quinzième siècle se retournent toujours, si je ne me trompe, soit de droite à gauche, soit de bas en haut. Ici, dans l'original, l'axe du droit est perpendiculaire à l'axe du revers, au lieu d'être parallèle.

(2) Iconographie de Jeanne Dare, planche I, fig. 3, h et 6.

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n'eût osé, si je ne me trompe, continuer de lui rendre les homma- ges qui, antérieurement, lui avaient été adressés. Nul, surtout, n'au- rait osé produire en son honneur de nouveaux symboles de cette espèce de culte. Il y a donc tout sujet de penser que les deux mé- dailles furent mises au jour de 1429 à 1431.

Pour ce qui est du lieu, on a vu, par le passage allégué de Sauvai, que la bibeloterie constituait, précisément à cette période, l'une des branches de l'industrie parisienne. Trouvée sous le pont au Change en 1859, c'est évidemment là que cette pièce aura été jetée, selon toute vraisemblance, à l'époque même où l'immortelle héroïne expia ses vertus par le dernier supplice. D'après ces raisons, il nous paraît légitime de conclure que cette enseigne fut coulée à Paris.

Une dernière observation nous semble devoir être déduite des faits qui précèdent. Les armes données par le roi à la famille du Lis figurent sur les deux monuments que nous venons de décrire. Or la Pucelle n'adopta jamais comme siens ces insignes héraldiques : elle y préféra toujours les religieux symboles qu'elle-même s'était choi- sis. On a vu, en second lieu, que la dernière médaille avait été, selon toute apparence, fabriquée à Paris; et l'air de famille qui existe entre ces deux produits autorise fortement à penser que l'une et l'autre médailles sont l'œuvre de bibelotiers parisiens. Or il est constant que la Pucelle ne pénétra jamais dans cette ville. Ne résulte-t-il pas avec évidence de ces faits que l'héroïne, ainsi qu'elle le déclara dans son procès, demeura complètement étrangère à la fabrication de ces images?

Ainsi donc la découverte récemment faite par M. Forgeais nous donne, peur ainsi dire d'un seul coup de filet, deux monuments précieux. Deux nouvelles reliques nous paraissent acquises à l'ar- chéologie. Toutes deux se rapportent à une mémoire que l'histoire ne cessera jamais de célébrer. Cette découverte permet d'en espérer encore d'autres qui présentent le même intérêt. Seule, elle suffirait déjà pour recommander les travaux de M. Forgeais et la collection qu'il a créée.

(A) Note appendice sur V Antéchrist, (Voyez ci-dessus, page û33.) Le règne de l'Antéchrist devait se terminer par sa mort. Suivant ses partisans,

il était né vers 1403. On peut observer que cette date est celle où naquit Charles VII. Après sa mort, le monde devait durer quarante-cinq jours; puis finir. Le fils de l'homme devait alors apparaître et présider au jugement dernier. Les cordeliers et les dominicains avaient mission spéciale d'annoncer aux peuples cet événement, de même que Noé avait annoncé le déluge, afin de convier les peuples à la pénitence. (. Epistola divi Vincent ii Ferrarii ad Benedictum papam XI II , ann. 1412 scripta,

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438 REVUE ARCHÉOLOGIQUE, apud ejusdem opuscula . Valence, 1591, in-8<>, pages 85 à 122.) Il est évident que lo type de l'Antéchrist s'était modifié dans les esprits. Parmi les sectateurs de saint Vincent Ferrier et de frère Bernard, l'Antéchrist n'apparaissait plus sous les traits que lui donne l'Apocalypse et qui avaient jusque-là régné dans l'iconographie. Nous rappellerons à ce sujet une dernière représentation de I'ancikn type de l'Antéchrist. F. Dibdin, dans sa Bibliotheca Spenceriana (1814, in-8°, tomei, p.xxxi et suivantes), a décrit un exemplaire incunable xylographique de l'Antéchrist ( Der Enncrist), ou Liber A ntechris it, publié en Allemagne au quinzième siècle. Dibdin regardait cet exemplaire de lord Spencer comme ayant été imprimé vers 1430. Il existe à la bibliothèque nationale de France, rue de Richelieu, à Paris, un autre exemplaire de ce livre, qui, d'après les facsimile que nous connaissons, paraît être de la même édition que celui de lord Spencer. Le filigrane du papier que présente l'exemplaire de Paris est une balance dans un cercle . (Voyez Sotheby, Principia typographical 1858, in-f°, t. III; planche R, fig. 3.) Cette circonstance et la fabrication du papier me feraient pencher pour attribuer à cette édition une date plus récente que 1430 : comme environ 1470. On n'ignore pas en effet que le frotton et l'encre pâle ont subsisté dans la pratique de l'imagerie, môme après l'invention de la presse, de l'encre noire grasse, et du caractère métallique. Quoi qu'il en soit, l'on ne saurait douter, par ces raisons mêmes, que ce livre populaire de l'Antéchrist remonte à une époque contemporaine de frère Richard. Il fait voir qu'à cette époque (1425-1430) le souvenir de ce type biblique et l'iconographie qui s'y rattache étaient en quelque sorte à l'ordre du jour parmi les esprits, et qu'ils préoccupaient l'imagination popu- laire aussi bien en Allemagne qu'en Italie et en France.

VaLLET DE VlRIYlfXEr

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