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Retour au menu Rev. Elev, Méd, Vét. Pays trop., 1966, 19, 1 (29-44). élevage de Glossines entrepris, à partir de pupes à Maisons-Alfort (France) Notes sur un (Diptera-M uscidae) expédiées d'Afrique, J. /TARD et L. MAILLOT Laboratoire d'Entomologie de I'[. E. M. V. P. T. RÉSUMÉ Après un rappel des principaux élevages de Glossines réalisés en Europe, 1 es auteurs exposent les techniques employées au labor:atoire d'entomologie de l'I. E. M. V. P. T., à Maisons-Alfort, pour élever trois souches de Glossines: GI. morsîtans mors/tans West., en provenance du Tanganyika ; Gf. morsitans morsitans West., en provenance de Rhodésie; G/. tachinoides West., en provenance du Tchad. Les glossines sont alimentées uniquement sur cobaye. Les pupes et les, mou- ches jeunes sont élevées à 250 Cet 80-85 p. 100 d'H. R. Les mouches de plus de 10 jours sont élevées à 25° Cet 65-70 p.100 d'H, R. Après une période de mise au point des techniques d'élevage, les résultats obtenus sont très satisfaisants. La production de pupes par femelle est passée de 1,4 à la 1re génération, à 4,3 à la 4e génération. Les effectifs ont triplé en dix mois. Les pourcentages d'éclosion sont généralement supérieurs à 90 p. 100. Bien que les résultats obtenus avec G/. tachinoides soient moins bons que ceux obtenus, dans les mèmes conditions, avec les deux souches de G/. morsitans, les auteurs sont parvenus à maintenir G/. tachinoîdes, sans menace d'extinction, jusqu'à la 4e génération. C'est la première fois que cette espèce est élevée, en laboratoire et en Europe, pendant une aussi longue période. 1. - INTRODUCTION La plupart des recherches effectuées, en labo- ratoire, sur les trypanosomiases humaines ou animales, se heurtent au problème de la trans- mission des souches de trypanosomes étudiés. La transmission ne peut, dans la plupart des cas, s'effectuer que par passage direct, à la seringue, alors que dans la nature elle s'effectue habituel- lement par l'intermédiaire de la mouche tsétsé. . De nombreux problèmes, tels que l'épidémio- logie, la chimiorés1stance, etc., ne sont ainsi qu'imparfaitement résolus. 29 La réalisation d'élevages autonomes de glos- sines dont la biologie serait parfaitement connue, et dont la stabilité pourrait être garantie, per- mettrait aux chercheurs d'étudier certains aspects mal élucidés en matière de trypanoso- miase, et d'entreprendre des recherches sur de nouvelles méthodes de lutte contre ces insectes. La plupart des recherches se font plus aisé- ment en Europe, ainsi que le soulignait NASH en 1963 : on ne peut pas toujours obtenir, en Afrique, un élevage constant tout au cours de l'année, bien qu'il soit possible de s'approvi-

Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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Page 1: Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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Rev. Elev, Méd, Vét. Pays trop., 1966, 19, 1 (29-44).

élevage de Glossines entrepris, à partir de pupes

à Maisons-Alfort (France)

Notes sur un (Di ptera-M uscidae)

expédiées d'Afrique, J. /TARD et L. MAILLOT

Laboratoire d'Entomologie de I'[. E. M. V. P. T.

RÉSUMÉ

Après un rappel des principaux élevages de Glossines réalisés en Europe, 1 es auteurs exposent les techniques employées au labor:atoire d'entomologie de l'I. E. M. V. P. T., à Maisons-Alfort, pour élever trois souches de Glossines:

GI. morsîtans mors/tans West., en provenance du Tanganyika ;

Gf. morsitans morsitans West., en provenance de Rhodésie; G/. tachinoides West., en provenance du Tchad.

Les glossines sont alimentées uniquement sur cobaye. Les pupes et les, mou­ches jeunes sont élevées à 250 Cet 80-85 p. 100 d'H. R. Les mouches de plus

de 10 jours sont élevées à 25° Cet 65-70 p.100 d'H, R. Après une période de mise au point des techniques d'élevage, les résultats

obtenus sont très satisfaisants. La production de pupes par femelle est passée de 1,4 à la 1re génération, à 4,3 à la 4e génération. Les effectifs ont triplé en dix mois. Les pourcentages d'éclosion sont généralement supérieurs à 90 p. 100.

Bien que les résultats obtenus avec G/. tachinoides soient moins bons que ceux obtenus, dans les mèmes conditions, avec les deux souches de G/. morsitans, les auteurs sont parvenus à maintenir G/. tachinoîdes, sans menace d'extinction, jusqu'à la 4e génération. C'est la première fois que cette espèce est élevée, en laboratoire et en Europe, pendant une aussi longue période.

1. - INTRODUCTION

La plupart des recherches effectuées, en labo­ratoire, sur les trypanosomiases humaines ou animales, se heurtent au problème de la trans­mission des souches de trypanosomes étudiés. La transmission ne peut, dans la plupart des cas, s'effectuer que par passage direct, à la seringue, alors que dans la nature elle s'effectue habituel­lement par l'intermédiaire de la mouche tsétsé. . De nombreux problèmes, tels que l'épidémio­

logie, la chimiorés1stance, etc., ne sont ainsi qu'imparfaitement résolus.

29

La réalisation d'élevages autonomes de glos­sines dont la biologie serait parfaitement connue, et dont la stabilité pourrait être garantie, per­mettrait aux chercheurs d'étudier certains aspects mal élucidés en matière de trypanoso­miase, et d'entreprendre des recherches sur de nouvelles méthodes de lutte contre ces insectes.

La plupart des recherches se font plus aisé­ment en Europe, ainsi que le soulignait NASH en 1963 : on ne peut pas toujours obtenir, en Afrique, un élevage constant tout au cours de l'année, bien qu'il soit possible de s'approvi-

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sîonner, à certaines époques, en pupes sauvages ou en adultes de capture.

L'idéal serait donc de réaliser, en Europe, un élevage autonome, numériquement important, et de production régulière.

Il. - RAPPEL DES DIFFÉRENTS ÉLEVAGES DE TSÉ-TSÉS EN EUROPE

C'est ROUBAUD qui a réal,sé le premier, en 1913, un élevage de glossines en Europe, à partir de pupes de G/ossina morsitans submorsitans en provenance du Sénégal. Cet élevage s'est pour­suivi pendant 3 ans, à Pans, à l'Institut Pasteur. Deux mâles et six femelles ont été obtenus à partir de pupes sauvages, et, dans l'élevage qui a suivi, l'effectif n'a jamQls dépassé 32 rndiv\dus. De cet essai très instructif l'auteur conclut : « ... On pourra donc espérer, par ce moyen, élucider bien des détails encore obscurs de la vie et du rôle pathogène de ces insectes, pour la solution desquels on ne dispose pas toujours, dans /es laboratoires tropicaux, du temps ni de l'outillage nécessarre. ))

En 1937 Helen et Kenneth MELLANBY signa­lent avoir obtenu quatre générations de G!ossina polpolis à. Londres. Au moment où \ls interrom­pent leur expérience, l'élevage était en légère augmentation.

RHODAI N et VAN HOOF (1944) font un essai d'élevage de G/. palpa/1s, en 1934, à l'Institut Tropical d'Anvers, mois l'abandonnent étant donné les médiocres résultats obtenus. Ils repren­nent l'essai en août 1939 et poursuivent l'élevage de cette espèce jusqu'à la 6e génération (moi 1940).

GEIGY, en 1945, ramène ô Bâle des mouches adultes capturées dans la région de Brazzaville (GI. palpolis ou G/. fusopes quanzensrs) et trans­portées, sous froid, par avion. 42 p. 100 des mouches ont survécu au voyage et 19 mois pl us tard l'effectif atteint 1 400 individus. Après une chute des effectifs attribuée à une tempéra­ture trop forte, la population remonte à 1394 l'année suivante. Bien que GEIGY n'ait pas publié d'observations après septembre 1948, l'élevage a cependant été poursuivi pendant 5 ans 1 /2 (NASH, 1963).

Les élevages entrepris par GEIGY à partir de pupes expédiées d'Afrique n'ont, compara­tivement, donné que des résultats très médiocres.

Au Portugal, en 1959, AZEVEDO, PINHAO, ABREU et DIAS, entreprennent un élevage de G/. mors,tans W. à partir de pupes expédiées du Mozambique. L'élevage, qui n'a jamais dépassé 45 individus, s'éteint au bout de 115 jours, après avoir atteint la 3, génération. AZEVEDO et PINHAO reprennent cet élevage, la même année, avec 43 G/. mors1tons écloses au laboratoire de pupes du Mozambique. Ils obtiennent des résul­tats médiocres pendant quatre ans, mais, à la fin de la quatrième année, les modifications successives des conditions d'élevage entraînent une progression spectaculaire des effectifs, qui, entre la 17, et la 25' génération, passent de 22 à 445, et, 5 mois plus tard, à 1 000 adultes. Ce sont certainement les résultats les plus signi­fica-tifs en faveur d'un élevage autonome en Europe.

Signalons en outre que SAUNDERS (1960), a, pour étudier l'ovogenèse, chez G!. mors/tans, pratiqué un élevage de cette espèce à Edim­bourg. NASH, KERNAGHAN et WRIGHT mentionnent d'autre part un élevage de G/. austeni en Grande-Bretagne.

Ill. - ORIGINES DE NOTRE ÉLEVAGE

La première souche fut constituée à partir d'un lot de 326 pupes de Glass/na mors,tans morsitans West. (*), récoltées les 23 et 24 juillet 1964 à Mangoloma (Tanganyika), dans la région de Kondoa, à plus de 300 km à l'Est de Tabora. Ces pupes nous furent obligeamment expédiées par M. A. PELES, du Development Corporation Ltd, à Dar-es-Salam, et arrivèrent à Orly le 10 août 1964.

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Le 8 février 1965, nous recev'1ons un lot de 126 pupes de G/ossina mors,/ans orientolis Vand. (*), expédiées par le Dr R. J. PHELPS, de l'Agricultu­ral Research Council of Central Africa, d Salis­bury (Rhodésie du Sud). Ces pupes avaient été récoltées entre le 15 Janvier 1965 et le 2 février 1965, à Lusulu, district de Bingo, à 300 km au Sud-Ouest de Sal,sbury.

Un deuxième lot de 984 pupes de la même espèce, également expédié par le Dr PHELPS,

(*) Dans la suite de l'article, G/. morsitans sera, suivant l'origine, mentionnée sous l'appelation G/, morsifans sou­

che de Tanganika ou G/ morsitans souche de Rhodésie.

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et récoltées dans le district de Kariba (Rhodésie du Sud), nous parvint le 21 juillet 1965.

Enfin, le Dr GRUVEL, Chef du Service d'En­tomologie au laboratoire de Farcha, à Fort­Lamy (Tchad), nous expédia deux lots de pupes de G/ossino tochinoides West., récoltées à R1ggil, sur la rive Camerounaise du Chari, et que nous reçumes à Alfort les 2 et 20 avril 1965.

IV. - TECHNIQUE ACTUELLE D'ÉLEVAGE

Les locaux d'élevage sont constitués par deux salles, séparées par une cloison à double vitrage, et isolées thermiquement de l'extérieur par un revêtement de laine de verre. Ces salles ont respectivement les dimensions suivantes :

Grande salle : longueur= 5 m largeur = 2,80 m hauteur = 2 m

Petite salle : longueur= 3,70 m largeur = 1,70 m hauteur = 2 m

La température est maintenue à 24-25° C dans chaque salle au moyen de deux radiateurs électriques à bain d'huile. contrôlés par un ther­mostat.

L'humidité relative est maintenue à l'aide d'humidificateurs munis d'hygrostats, à 65-70 p. 100 dans la grande salle, et 80-85 p. 100 dans la petite salle.

L'éclairage est assuré par une rampe au néon dans chaque salle. Un commutateur manuel commande l'éclairage de la grande salle, qui n'est éclairée que pendant 3 ou 4 heures par jour, lors de la nourriture des mouches.

L'éclairage de la petite salle est commandé par une horloge électrique qui coupe automati­quement le circuit à 18 heures et le rétablit à 6 heures.

Dans la grande salle (H. R. = 65-70 p. 100), sont entreposées, depuis le mois de mars 1965, les femelles fécondées et les mâles de plus de 10 jours. Cette salle sert également de local pour la nourriture.

Les pupes et les mouches âgées de 1 à10 jours sont maintenues dans la petite salle, où l'humidité relative est plus élevée (80-85 p. 100).

L'aération des salles est assurée, chaque matin, par l'ouverture des portes pendant 1/2 heure

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à 1 heure, suivant les conditions météorologiques du moment.

Les adultes sont placés dans des cages de type ROUBAUD, constituées par un cadre métallique de 14 x 8 x 5 cm recouvert par une housse en tulle dont les mailles ont 1,10 mm. Pour G/. tochinoides nous utilisons des housses aux mailles moins larges. Elles n'empêchent cependant pas certaines larves de s'étrangler au moment de la pupaison. On ne met pas plus de 20 individus par cage. Les cages sont placées à l'intérieur de bocaux en verre type bocal à souris, par groupe de 4 ou 5, et reposent sur un chevalet constitué par deux baguettes de verre reliées par du fil de fer galvanisé, de telle sorte que l'espace compris entre les cages et le fond du bocal soit d'environ 3 à4cm.

Depuis la fin septembre 1964, les mouches sont isolées dès l'éclosion, suivant le sexe, l'espèce, et la génération, et ne sont accou­plées qu'à l'âge de 3 jours pour les femelles et de 7 1ours pour les mâles. Les mâles et les femel­les sont séparés, depuis mars 1965, après la période d'accouplement, qui dure de 3 à 4 jours, et placés, dans la grande salle, dans les cages correspondant à leur sexe, leur espèce et leur génération.

Les femelles fécondées déposent leurs larves dans la cage. Quelques larves arrivent à passer à travers les mailles du tulle, et se transforment en pupes au fond du bocal. La plupart des larves émises entrent en pupaison dans la cage même et sont récoltées chaque matin, soit moins de 24 heures après la ponte.

Toutes les pupes récoltées sont placées dans des tubes de Barrel stériles dont le fond a été garni sur 1 à 2 cm de hauteur, d'une couche de sable sec stérilisé. Chaque tube de Barrel contient la production quotidienne d'une cage. Les tubes sont recouverts d'un carré de tulle maintenu par un élastique. Sur chaque tube est inscrit la lettre et le numéro de la cage correspondante, le nombre de pupes et la date de récolte. Les tubes de Barrel sont placés, dans des plateaux contenant les récoltes de 2 à 3 jours, sur une étagère, à l'intérieur de la petite salle (H. R. 80 à 85 p. 100). Les éclosions se produisent à l'intérieur des tubes. Nous avons régulièrement obtenu, avec cette méthode, des taux d'éclosions supérieurs à 90 p. 100, tout au moins avec la souche de GI. mors1tans Tanganyika. Avec notre

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élevage de GI. tachinoides, le faux d'éclosion des pupes issues de la première génération atteint 87,69 p. 100, mois 68,7 p. 100 des pupes non éclo­ses étaient des pupes «étranglées», la larve étant restée coincée entre les mailles du tulle de la cage.

Nous considérons qu'il est donc inutile de déposer les pupes dons du sable humide, dès l'instant que l'humidité atmosphérique de la sol le où el les sont stockées est suffisamment élevée. Une tentative faite pour maintenir les pupes dans des tubes contenant 25 g de sable stérilisé et 3 ml d'eau distillée s'est soldée par un échec, des moisissures ayant envahi tous· ces tubes, et la mortol ité pu pale oyant été par suite élevée.

Nous utilisons exclusivement, comme source de nourriture, le cobaye. Les mouches sont nourries, chaque matin, au moyen de l'appareil de JACQUEMIN que nous avons simplifié. 11 consiste essentiel le ment en un plateau rectan­gulaire de 40 X 30 cm et de 2 cm d'épaisseur, percé en son centre d'une ouverture rectangu­laire de 15 X 9,5 cm. Deux planchettes de 22 cm de hauteur, clouées le long des deux petits côtés, servent de pied. Trois taquets mobiles sont fixés à la face inférieure du plateau, sur des supports placés le long de 3 des côtés de l'ouverture cen­trale et dont l'épaisseur a été calculée pour que, la cage placée à !'intérieur de l'ouverture cen­trale, et soutenue par les taquets, sa face supé­rieure ne dépasse pas de plus de quelques milli­mètres la face supérieure du plateau. Des cro­chets fixés sur le pourtour du plateau permettent la fixation, au moyen de lacs placés sur chaque membre, du donneur de sang. Le ventre du cobaye repose ainsi sur le dessus de la cage. Nous estimons inutile de raser le ventre de l'animal, les mouches parvenant sans difficulté à percer la peau fine de la paroi abdominale. Pour éviter que les cages ne soient souillées par les déjections du cobaye, nous interposons une feuille de plastique entre le donneur de sang et le plateau, de telle sorte que le tiers postérieur de la cage soit protégé. Le pied antérieur de l'appareil est en outre légèrement surélevé.

La plupart des appareils sont conçus pour conte­nir une seule cage, dont une des grandes faces repose contre le ventre du donneur de sang. Quelques appareils ont été modifiés de telle sorte qu'on peut y placer deux cages côte à côte.

Ces appareils sont réservés aux cages des jeunes, qui ne contiennent qu'une dizaine de mouches au maximum.

Nous avons tenté quelques essais avec l'appa­reil de GEIGY, mois n'avons jamais pu obte­nir d'aussi bons résultats qu'avec l'appareil de JACQUEMIN. En outre, la contention des cobayes n'est pas aussi parfaite et ceux-ci, en se débottant, déchirent souvent le tulle des cages.

Les cages sont placées dons l'appareil, pen­dant 30 à 45 mn. Le temps est réduit à 20 mn pour les jeunes, qui se gorgent toujours plus rapidement que les mouches ô.gées. Avec un nombre suffisant d'appareils (douze actuellement, pour pl us de 600 mouches), lad urée totale passée à nourrir les mouches n'excède pas 3 heures par jour. En outre, une fois les cages en place, aucune surveillance n'est nécessaire, et il est loisible d'effectuer pendant ce temps les récoltes des pupes dans les cages libres, les accouple­ments, etc.

Les mouches se nourrissent ainsi de façon très satisfaisante. La seule condition requise est de changer de temps à autre les cobayes donneurs de sang. On établit un roulement de telle sorte que chaque animal ne serve qu'une fois par semaine.

Les cages sont très vite, surtout lorsqu'elles sont pleines, souillées par les déjections des mouches. Elles sont périodiquement lavées au savon de Marseille et rincées èt l'eau distillée.

V. - COMPORTEMENT GÉNÉRAL DE L'ÉLEVAGE

A. - G/. morsitans, souche èiu Tanganyika

L'élevage a débuté le 10 août 1964 à partir du lot de 326 pupes de G/. morsi/ans marsi!ans West., en provenance du Tanganyika. Le toux d'éclosion a été de 77 p. 100, mais un grand nombre de mouches (41 p. 100), écloses pendant le voyage ou à l'arrivée, sont mortes dans les trois premiers Jours. Les éclosions se sont éche­lonnées sur environ 3 semaines et le nombre maximum de 135 mouches (67 à' et 68 Q) a été atteint le 26 août. Les premières éclosions de 2e génération ont eu lieu début octobre mais l'effectif n'a cessé de décroître jusqu'au 25 novem­bre où il atteignait 63 mouches (31 à' et 32 Q). A partir du 8 octobre, les mouches sont isolées,

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dès l'éclosion, suivant le sexe et la génération, et ne sont accouplées qu'à l'âge de 3 jours pour les femelles et de 7 jours pour les mâles. Après le 25 novembre, l'effectif total remonte puis s'abaisse légèrement. Les mâles sont en augmentation légère et constante ; le nombre des femelles, après une très légère augmentation, diminue lentement. Le 8 mars 1965, les deux sexes sont séparés après la période d'accouple­ment et placé dans la grande salle, à une H. R. de 65-70 p. 100. On observe bientôt une augmen­tation des effectifs mâles et femelles et, par la suite, une augmentation plus rapide des femelles. Le 20 septembre 1965 l'effectif est passé à 247 avec un peu plus de femelles que de mâles (119 ci' et 128 Çl ). Nous en sommes actuellement à la se génération.

Il semble que les nouvelles conditions d'éle­vages réalisées su.ccessivement en octobre 1964 et mars 1965 aient eu une influence favorable sur le devenir de la population, qui, dans les quelques mois qui ont suivi, a subi une augmen­tation très nette des effectifs mâles et femelles.

B. - G/. morsitans, souche de Rhodésie

Le premier envoi de Rhodésie du Sud, reçu le 8 février 1965, contenait 126 pupes dont 4 furent utilisées pour des essais de culture cellu­laire. Sur les 122 pupes restantes, nous avons

obtenu 43 éclosions (18Q' et 25 Q), soit un pour­centage d'écl0S1ons de 35,2 p. 100, taux faible, dû probablement au fait que l'expédition a eu lieu en hiver, et a occasionné une mortalité pupale importante (46, sur les 79 pupes non écloses, étaient âgées de 20 à 27 jours). Trois pupes étaient parasitées par Mutil/a glossînae.

L'effectif maximum de cet élevage à son début, c'est-à-dire avant les éclosions de la deuxième génération, a atteint31 individus. Il baisse ensuite, et, après les premières éclosions, remonte lentement pour dépasser de peu la trentaine f1n août 1965.

Comparé à l'élevage du Tanganyika pour la même période ce taux d'accroissement paraît très faible, ce que nous attribuons au froid qu'ont subi les pupes en février pendant leur voyage et à l'arrivée.

Le deuxième envoi, reçu le 21 juillet 1965, comprenait 984 pupes, qui donnèrent, entre

REVUE D'ÉLEVAGE

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le 21 juillet et le 16 août 1965, 403 adultes (202 mâles et201 femelles), soit un taux d'éclo­sion de 40,9 p. 100.

Sur les 581 pupes non écloses, nous avons récolté 16 Thyridanthrax sp. et 23 Mutilla g/ossinae.

Des 403 adultes éclos, 230 (103 d' et 127 c;i) vécurent au-delà du 18 août 1965 et constituè­rent la souche Rh,, à laquelle sont incorporés les adultes issus des femelles de 3, génération de la souche précédente.

Les femelles Rh, avaient donné, fin septembre 1965, 419 pupes, dont les premiers adultes ont éclos au début du mois de septembre 1965, Il faudra sans doute attendre la 3• ou 4• généra­tion pour juger du taux d'accroissement, cependant, dès maintenant, après deux mois d'élevage, nouS pouvons présumer que le taux d'accroissement sera au moins équivalent aux taux d'accroissement actuels de la souche du Tanganyika.

C. - G/ossina tachinoides du Tchad

Sur les 124 pupes expédiées en avril 1964, nous avons obtenu 67 éclosions (36 Q' et 31 Q), soit un taux' d'écl0S1on de 54 p. 100. Parmi les 57 pupes non· écloses: 15 étaient parasitées par des Thyridanthrax argent1frons et une par un prédateur indéterminé. ·

Sur les 31 femelles écloses, 9 vécurent moins

de 10 Jours. Les 22 femelles restantes produi­sirent, entre le 2 Juin 1965 et le 13 août 1965, 130 pupes, soit une moyenne remarquable de 5,9 pupes par femelle.

L'effectif total des G/. tochinoides a progressé jusqu'à fin juin, a ensuite diminué jusqu'à fin août. Il est actuellement en légère progression.

Chez les femelles la longévité moyenne est médiocre, la mortalité forte chez les Jeunes. Le taux d'accroissement observé est, pour des conditions d'élevage identiques, bien inférieur au taux constaté chez GJ. mors1tans du Tanganyika. Nous pouvons faire les hypothèses suivantes :

1° Les conditions convenant à G/. morsitans conviennent moins bien à GI. tachinoides:

2° L'alimentation sur cobaye est peut être moins indiquée pour G/. tachinoides,

En résumé, d'après l'observation de l'évolution des populations, nous pensons, pour Gf. mors1tans,

3

Page 6: Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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avoir créé des conditions satisfaisantes d'élevage à partir de ,pupes sauvages, mais la provenance de celles-ci et certaines conditions de leur expé­dition peuvent constituer un focteu r restrictif.

Pour GI. toch1no1des, nous avons atteint la 4e génération sans menace d'extinction, mais 11

faudra encore une expérimentation d'une cer­taine durée pour pouvoir conclure que les condi­tions qui paraissent favorables à. la reproduction de GI. mors1tans conviennent également à G/, tachi­noides.

VI. - RÉSULTATS

Les observations faites au laboratoire ne sauraient, à elles seules, nous donner une idée précise et complète de la biologie de la tsé-tsé, étant donné que nous ne réalisons sans doute que très imparfaitement l'écologie des bioto­pes de la tsé-tsé sauvage. Cependant, les indica­tions fournies ne sont pas négligeables. Leur interprétation par comparaison avec les faits observés dans la nature, l'orientation qu'elles peuvent donner aux recherches à faire sur le terrain, sont d'un apport précieux.

L'élevage des glossines au laboratoire est donc susceptible de fournir des données utiles. Nous exposerons les résultats obtenus suivant chaque souche ou espèce de notre élevage.

A. - Glass/na mors/fans, souche du Tanganyika

a) Durée du cycle de pupoison (en Jours). Tableau 1: Femelles, Tableau Il : Mâles.

b) Toux d'éclosions (pupes pondues au Labora-toire)

1re génération= 90,4 p. 100 2e génération= 93,1 p. 100 3e génération= 93,4 p. 100 4e génération = 91 p. 100

c) Age de l'accouplement :

Effectué, pour la 1re génération, dès l'éclosion, l'accouplement a été réalisé, à partir de la 2e génération, à l'âge de 3 jours pour les femelles et de 7 Jours pour les môles. Nous avons ainsi constaté un accroissement très net du nombre moyen de pupes par femelle.

d) La séparation des sexes après l'accouplement, effectuée vers la fin de la 3, génération. a égale-

34

Durée de pupaison des fewelles de Gl.worsitroJ.s, souche du 'l'anga.nyi.ka. -

Générations 1. Jvloyenne Min=a Hm::J.Lla

2ème 29,7 28

3ème 28,7 27

4ème 29,4 27

5ème 28,9 26

TABLEAU N°II - ifiles

Durée de pupaison des mo!lles de Gl,marsitana, souche du Tanganyika

JI

32

33

32

Génératiolli:I Moyenne Minima llaxima

2ème 32,2 31 34

3ème 30,5 28 32

4ème 31,9 29 34

5ème 31, 1 29 35

ment entraîné une amél1oratron de la reproduc­tion.

e) Toux de reproduction : Evalué en pupes par femelle âgée de plus de 10 jours, nous avons obtenu les moyennes suivantes

1re génération = 1,4 2' génération = 2,6 Je génération = 3 4e génération = 4,3

f) Pér,odes préstériles (durée écoulée en-re l'éclosion de la femelle et la ponte de la première larve) :

1re génération : 22,5 jours en moyenne 3e génération : 18,1 jours en moyenne

g) Périodes interlarvaires (temps écoulé entre les pontes successives, à compter de l'émission dé la première larve) : (Tableau Ill)

Je génération : 9,5 jours en moyenne

h) La plupart des femelles mortes ont été disséquées, en vue d'une étude sur l'ovogenèse. Les résultats obtenus feront l'objet d'une publi­cation ultérieure.

Page 7: Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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TAEQAU N°III

Gl. morsitans - So"che du 'fanganyika

Nombre de Générations Nombre de femelles Longévité

femelles ay-ant vécu + moyenne de 10 ioura

•1 77 59 57 jours

•2 ) 43 51 " ( 91

T3 ) 41 62 "

T4 56 53 65 "

i) Longévité : (fig. 1 à 5).

Mâles de 1re génération : moyenne= 58,8

jours - Maximum 121 jours.

Femelles de 1re génération : moyenne= 57.4 jours - Maximum 144 jours.

Femelles de 2' génération moyenne= ' 51,6 jours - Maximum 117 jours.

Femelles de 3e génération moyenne= 62,5 jours - Maximum 152 jours.

Femelles de 4, génération 65,6 jours - Maximum 170 jours.

F1g 1

moyenne=

,, 100

95

90

85

80

75 70

65

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5

Courbe de longévité

GI mors1tans Tl

dif de 1 •• génération (64d')

O 10 20 30 40 50 60 70 80 90100 120 Jours

Fig. 1. - Gf. morsJtans, souche du Tanganyika, 1re génération. Courbe de longévilé des mâles.

Du.rée moyerme ,foobre P.F. Taux de pupaisonc?'

de pupes de + 10 JOUXS d'éclosions '/. B4 1,4 90,4 - -

116 2,69 93, i 29 32

124 3 93,4 28 30

228 4,3 91 29 32

B. - G/ossina morsitans, souche de Rhodésie

a) Durée du cycle de pupaison, en jour, calculé pour la 2° génération :

1) Femelles : moyenne = 28,3 minimum = 27 maximum= 31

2) Mâles : moyenne = 30,9 minimum = 29 maximum~ 33

b) Taux d'éclosions (pupes pondues par les femelles de 1'" et de 2' génération) :

1re génération= 82,5 p. 100 2° génération = 87,2 p. 100

c) Taux de reproduction (pupes par femelles de plus de 10 jours) :

1re génération= 2,8 2• génération = 2,5

d) Longévité (femelles de 1re génération) (Fig. 6).

Moyenne = 34,3 1ours Maximum = 149 jours.

C. - G/ossina tachinoides

1) Première génération.

Le pourcentage d'éclosron pour les pupes pondues par la première génération a été de 87,6 p. 100. S, l'on élimine les pupes qui se sont étran­glées dans les mailles des cages, le pourcentage atteint 95 p. 100. La période préstérile a été, en

moyenne de 22,2 JOUrs; la période interlarvaire,

en moyenne, de 9 jours.

35

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p< 100

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p., 100

Fig. 2 95

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85 Courbe de longévité

80 G 1. morsitans Tl

75 ~~ de 1 r9 génération ( 69 2)

70

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5

0 10 20 30405060708090100 120 140 JOUfS

Fig. 2. - G/. morsitans, souche du Tanganyika, 1re génération, Courbe de longévité des femelles.

F,g 4

Courbe de longévité

G 1. morsitans T3

" de 3" génération (43V)

0 10 20 30 40 50 60 70 BO 901 00 120 140 iours

Fig. 4. - G/, mors1tansr souche du Tanganyika, . 3e génération. Courbe de longévité des femelles.

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Fig 3

Courbe de longévité

G 1. morsitans T2

~ ~ de 2' génération (43~)

Ü 10 203040 5060708090100 120 ]0Ur5

Fig. 3. - G/. morsitans, souche du Tanganyika, 28 génération. Courbe de longévité des femelles.

F,g 5

Courbe de longévité

' GJ. mors1tans T4(56~)

de 4me génération

0 10 20 3040 6050708090100 120 140

Fig. 5. - G/, morsitans, souche du Tanganyika, 4e génération. Courbe de longévité des femelles,

1ours

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Courbe de longévité

~ GL morsitans R h1 (25i)

de 1 '• génération

0 102030405060708090i00 120 140 1our5

Fig. 6. - G/. morsitans, souche de Rhodesie, 1re génération. Courbe de longévité des femelles.

Le nombre de pupes par femelles de plus de 10 jours a atteint 5,9.

La longévité moyenne a été de 49 jours, la longévité maximum, de 111 jours (Fig. 7).

2) Deuxième génération. Le nombre de pupes par femelles de plus de

10 jours a nettement diminué, puisqu'il n'atteint que 2,6. Le pourcentage d'éclosion des pupes issues des femelles de 2° génération a été de 79,3 p. 100, mais 40 p. 100 des pupes non écloses étaient« étranglées». La longévité des femelles de 2• génération n'a été, en moyenne, que de 29 jours, avec un maximum de 63 jours (Fig. 8).

Les durées des cycles de pupaison ont été, pour les femelles, de 27,8 jours en moyenne (minimum = 26 jours ; maximum= 30 jours). Pour les mâles, de 29,5 Jours en moyenne (mini­mum= 27 jours, maximum= 35 jours).

3) Troisième génération.

Nous n'indiquerons ici que la durée du cycle nymphal, qui a été, pour les femelles, de 28,8 jours en moyenne (minimum= 26 jours, maxi­mum= 32 jours). Pour les mâles, de 31 Jours en moyenne (minimum= 29 jours, maximum= 33 jours).

VI. - DISCUSSION

Parmi les élevages pratiqués en Europe, c'est celui d'AZEVEDO et PINHAO (1964) qui nous fournit les indications les plus intéressantes. li semble que les excellents résultats obtenus par ces auteurs soient essentiellement dus à 3 facteurs :

1) En premier lieu, à la modification des conditions de température et d'humidité. Dans les expériences antérieures celles-ci étaient respectivement de 250 Cet 55 p. 100 d'H. R., ce qui correspondait aux conditions d'élevage de ROU BAUD. Elles ont été ensuite portées à 26° C et 70 p. 100 d'H. R.

2) En deuxième lieu, la séparation des sexes.

3) En troisième lieu, l'emploi de sable mouillé pour les pupes, ce qui a amélioré le taux d 1éclo­sion.

Dans notre élevage, nous avons obtenu, en maintenant les pupes dans une atmosphère de 80 à 85 p. 100 d'H. R., chez GI, morsitans souche du Tanganyika, des taux d'éclosions toujours supérieurs à 90 p. 100, et atteignant le plus souvent 93 p. 100. Il faut rema_rquer que, pour une même génération, le taux d'éclosion atteint, au début, près de 100 p. 100. Les non-éclosions n'apparaissent qu'à la fin de la génération, parmi les pupes pondues par des femelles âgées. De même, la séparation des sexes et le maintien des mouches adultes à une température de 25° C et une H. R. de 65 à 70 p. 100 (ce qui est très voisin des chiffres actuels des auteurs portugais) ont amené dans notre élevage un relèvement des effectifs.

37

Les humidités fortes employées par nous au début ont favorisé les éclosions et la survie des jeunes, alors que les mouches agées maintenues à ces mêmes humidités ont eu une longévité moyenne et un faible taux de reproduction.

11 faut en conclure que, dans les élevages, il est nécessaire de se rapprocher des différents microclimats dans lesquels évolue la mouche au cours de sa vie :

1) à l'état pupal une grande humidité lui est nécessaire avec une température pas trop élevée ;

2) pour la mouche jeune, mouche ténérale, le micro-climat doit être également humide

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Courbe de longévité

GI. tach1noides

~ ~ de 1'" génération (3h)

0 10 20 30 40 50 60 70 BO 90 100 120 jours

Fig. 7. - GI. tachinoides, 1re génération. Courbe de longévité des feme!les.

(BURSELL, 1959). Des H. R. de 55 à 75 p. 100, qui conviennent à la mouche agée, sont défavo­rables aux mouches jeunes. C'est ce que sem­blent démontrer les observations de drfférents auteurs, qui, à ces humidités, ont noté une mor­talité très élevée des mouches jeunes (FOSTER, 1958; WILLETT, 1960);

3) pour G/. mors,tons agées une H. R. qui ne dépasse pas 70 p. 100 ainsi qu'une température de 25 à 26° C paraissent les conditions moyennes optimum;

4) pour G/. tachinoides, les humidités fortes employées semblent convenir aux pupes et aux mouches jeunes .. Parmi les mouches venant d'éclore, le nombre de mouches« non évoluées" (BAUS et G RUVEL, 1965), ou « ara,g nées» (GEIGY, 1948), est relativement faible. Une forte proportion de celles-ci se· développe d'ailleurs normalement dons les deux jours suivant l'éclosion.

Pour !es mouches agées, le taux d'humidité le plus favorable reste à prémer. Il semble qu'il doîve être plus élevé que celui convenant à GI. mors1tons;

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Fig 8

Courbe de longévité

GJ tachinoides n(659)

de 2":'~ génération

0 10 20 30 4050 60 70 80 90 Jours

Fig. 8. - GI. tochinoides, 2e génération. Courbe de longévité des femelles.

5) les taux d'éclosions obtenus avec les deux premières générations de G/. mors/tans, souche de Rhodésie, sont .inférieurs à 90 p. 100. Par contre, les taux d'éclosions obtenus actuellement avec les pupes issues des femelles du deuxième envoi, atteignent 93 p. 100.

Il semble donc que le froid qu'ont subi les pupes expédiées en février a eu une influence défavorable sur la vitalité des mouches et de leur descendance ;

6) les durées des cycles de pupaison chez les femelles de G/. morsitans, souche du Tanganyika et souche de Rhodésie, sont très voisins (28-29 jours), et correspondent, à 25° C, aux chiffres donnés par JACKSON (1949). La durée du cycle de pupaison, chez le mâle est de 6 à 10 p. 100 pl us longue.

Les durées des cycles de pupaison observés pour les 2e et 3e générations, chez GJ. tach,nofdes,

sont très voisins de ceux observés, ,dans nos conditions d'élevage, chez G/. mors/tans; ils sont très proches de ceux indiqués par BUXTON et LEWIS (1934).

7) une amélioration de la reproduction, chez les femelles de G/. mors/tons, souche du Tanga-

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Nbre

270 260

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Fig. 9. - G/. mors/tans, souche du Tanganyika. Courbe des effectifs.

Fig. 10. - Disposition des cages dans les bocaux.

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Fig. 11. -Mode de contention des cobayes sur l'appareil de Jacquemin.

Fig. 12. - Nourriture des Glossines à l'aide de l'appareil de Jacqvemin, dispositif à deux cages.

40

Page 13: Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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Fig. 13. - Stockage des pupes, vue générale.

Fig. 14. - Stockage des pupes, détail.

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Page 14: Notes sur un élevage de Glossines (Diptera-muscidae

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nyika, a été obtenue ·après un choix de l'âge d'accouplement et !a séparation des mâles et des femelles fécondées, Le taux moyen de pupes par femelle de plus de 10 jours est passé de 1,4 {1" génération), à 4,3 (4• génération).

VII. - CONCLUSIONS

1. - Nous sommes parvenus, après sept mois -d'essais, à obtenir des conditions convenables ·d'élevage pour l'espèce Glossina mors1tans mors/­tans. D'après l'augmentation des effectifs, obser­vée pendant les six mois suivants, nous pouvons prévoir un taux d'augmentation par mois de 10 à 20 p. 100.

11. - Les conditions de récolte et d'expédition ,des pupes paraissent influer ultérieurement sur l'évolution de la descendance : le deuxième ,envoi de pupes de Rhodésie nous est parvenu, en juillet, dans un emballage de mousse de polystyrène analogues à ceux préconisés par KERNAGHAN et NASH (1964). Il faut peut-être attribuer à ce fait le taux de reproduction élevé de cette souche.

111. - En ce qui concerne G/. tachinoides i I est difficile de conclure après 5 mois d'essais et à la 4e génération, mais les r~sultats ont été compa­rativement médiocres, pour des conditions d'éle­vage identiques à celles établies pour G/oss,na mors/tans.

REMERCIEMENTS

Nous adressons nos plus vifs remerciements à.

M. A. PELES (Development Corporation ltd. Dar-es-Salam, Tanganyika);

- aux Dr J. FORD et R. J. PHELPS (Agri­cultural Research Council of Central Africa. Salisbury, Rhodésie) ;

- au Dr J. GRUVEL (Laboratoire de Farcha, Fort-Lamy, Tchad), qui ont bien voulu nous expédier un grand nombre de pupes récoltées dans leur région.

Institut d'Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays tropicaux

Laboratoire d'Entomologie ( Ma ,sons-Alfort).

SUMMARY

Notes about Glossina breeding in Maisons-Alfort (France) starting with pupae sent from Africa

After recalling 1he principal attempts ta breed glossinae in Europe, the authors describe the techniques in use in the entomology laboratory nt the 1. E. M. V. T. in Maisons-Alfort dealing w1th three strains of Glossinae.

- G/. morsitans morsitan.s West., sent from Tanganyika. - G/. mors/tans morsitans, sent from Rhodesia. - GI. tachinoides West., from Chad.

The Glossina are fed exclusively on Guinea pigs. Pupae and young files ore kept at 250 C in an atmosphere wirh 80-85 p. 100 of moisture. Flies aider thon 10 days ore kept at 250 C and 65-70 p.100 of moisture.

After a period of adjustment for the breeding techniques, the results are quite satisfying. The production of pupae hos increased from 1.4 for the 1st generation ta 4.3 for the 4th,

Numbers have increased threefold within ten months. Percentoges of hatching are generally over 90 p. 100.

Although the results obtained with G/. tachino1des are not aS good as those obtained, in the same conditions with the two strains of GI. morsitans, the authors have succeeded in Keeping G/. tachinoides without any threat of extinction, up ta the 4t11 generation.

lt is the flrst time tha1 th1s spec1es 1s bred, in a labo rotary and in Europe, over such a long period of time.

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RESUME!'!

Notas sobre una cria de Glosinas (Diptera-Muscidae) hecha en Maisons-Alfort (Francia) à parti~ de pup,os de Africas.

Después de una resefia de las principales crias de Glosinas en Europa, los autores exponen las técnicas utilizadas en el laboratorio de entomolog1a del

r. E. M. V. P. T., en Maisons-Alfort, para criar tres espec1es de Glosinas :

G. morsîtans morsitons West., del Tanganyika.

G. morsitans onentalis Vand., de Rodesia. G. tachinoides West., del Chad.

Se alimen1an las Glosinas unicamente sobre cobaye. Se crian las pupas y las moscas jovenes en una tempe ratura de 25° C y 80-85 par 100 de humedad ; y las adultes 25° C y 65-70 p. 100 de humedad.

Después de un tiempo de mejora de las técnicas de cria, los resultados son muy satisfactorios.

La producci6n de pupas por hembra fue de 1,4 en la primera generaci6n, hasta 4.3 en la cuarta generaci6n.

El nûmero de Jas Glos1nas triplic6 durante diez meses. Los percentojes de macimiento son generalmente superiores a 90 por 100.

Aunque los resultados obtenidos con la especie G. tachinoides sean menas buenos que los obtenidos, en las mismas condiciones, con las dos subespecies de G. morsîtans ; los autores tuvieron ex1to en la preservaci6n de G. tachinoides sin amenaza de extinci6n, hosto la cuarta generaci6n. Es la primera vez que se cria esta especie en laboratorio y en Europe, durcmte tan largo tiempo.

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