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NOUVEL ESSAI SCR LES INSCRIPTIONS GAULOISES LETTRES ADRESSÉES A M. LE GÉNÉRAL CREULY (Suite) Author(s): Adolphe Pictet Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 15 (Janvier à Juin 1867), pp. 385-402 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734663 . Accessed: 19/05/2014 02:08 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 91.229.248.193 on Mon, 19 May 2014 02:08:40 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

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NOUVEL ESSAI SCR LES INSCRIPTIONS GAULOISES LETTRES ADRESSÉES A M. LE GÉNÉRALCREULY (Suite)Author(s): Adolphe PictetSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 15 (Janvier à Juin 1867), pp. 385-402Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734663 .

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NOUVEL ESSAI

SCR LES

INSCRIPTIONS GAULOISES

LETTRES ADRESSÉES A M. LE GÉNÉRAL CREULY

(Suite) (1)

m

Monsieur le général, Ma dernière lettre a été consacrée tout entière à l'inscription d'A-

lise. Si les autres exigeaient autant de développements, ma corres- pondance formerait bientôt un volume. Heureusement, peut-être, pour les lecteurs de la Revue archéologique, bien que malheureuse- ment pour notre connaissance du gaulois, il n'en est pas ainsi. Les textes qui nous restent à étudier sont plus concis, et comme le verbe ieuru, qui y revient plusieurs fois, a été suffisamment élucidé, une partie de la besogne est faite une fois pour toutes. Je m'occuperai d'abord des inscriptions où ce verbe figure, et, en premier lieu, de celle de Vaison, dont la construction s'accorde d'une manière remar- quable avec la première partie du texte d'Alise. Je la transcris, en lettres grecques ordinaires, d'après le facsimile de la Commission des Gaules.

f INSCRIPTION DE VAISON :

ÏEYOïAocpo; I OuiXXoveoç | tooutiouç | vagjuxuaaTt; | £itopouër|Àr| | aau.io'ocjiv | VE(JW)TOV.

Je n'ai rien d'essentiel à changer à l'interprétation que Siegfried en

(1) Voir les numéros d'avril et mai 1867. XV. - Juin 1867* 26

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386 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. a donnée le premier, et que j'ai suivie dans mon Essai (p. 17). Quelques-uns des termes seulement seront l'objet de remarques addi- tionnelles.

J'ai rapproché le surnom 'Out XXoveoç du Villonius de Gruler (488,5). Stokes, qui approuve ce rapprochement, conjecture que Villonius peut avoir signifié cavalier , en comparant l'ancien irlan- dais fell , gén. fill , cheval, gallois guil , jument, etc. ( Beitr . II, 105). En fait de noma analogues, je citerai encore ceux des potiers Villiu$ (Froehn. 2135), Villo (Momms. Insc. helo. 352, 217), Villanos (R. Smith. Collect . vi, 74); ainsi que Vellius (Murât. 1284, 10) in agr. Mediol., tout en observant que quelques-uns peuvent être latins, de villa. Le Vellocatus breton, amant de la reine Cartismandua , a pu signifier gardien des chevaux; comme l'anc. allem. Marahwart , n. pr., et marahscalh , notre maréchal Catus , en effet, s'explique par le gallois cadw , anciennement catu , garde, protection, en irlandais caithi , défenseur, caithge , défense, aide (O'Don. Gloss.)

Ce qui a pu porter M. Monin (p. 64) a traduire ou&Xoveoç par prê- tre , reste pour moi une énigme.

En accord avec Siegfried, j'avais rendu tooutiouç par civis ; mais je crois maintenant que le sens de magistratus , proposé par M. de Bel- loguet, est plus convenable. Ce mot, en effet, a été retrouvé dès lors dans une inscription à Novare sous la forme de toutius , accompa- gnant le nom de Tekos; et, comme il est écrit verticalement sur le côté de l'inscription, laquelle constate l'érection d'un monument, il semble bien se rapporter k la date de cette érection, à l'année où Tekos était le magistrat ou le chef (1). D'après son étymologie, le terme en question se prête d'ailleurs à l'un et à l'autre sens. Il ap- partient, en effet, à un groupe très-étendu de dérivés de la racine tu, valere, fořtem esse, crescere, que le sanscrit et le zend ont conser- vée. De là, en sanscrit, tavas , fort, vaillant, tavishí , force, courage, tavya , tûya, fort, tuvi, en compos, fortement, etc.; en zend tevîshi , force, accroissement, tuta , part, passé, cretus, etc. Dans les langues européennes, on en voit provenir des termes avec les significations de peuple, de pays, de ville, etc., comme l'irlandais tuath=tôth , po- pulus, regio, le gallois tût , tûd , id., le gothique thiuda , populus, le tette tauta , regio, l'ombrien tuta, civitas, osque touto , id., et popu- lus, d'où tuvtiks , publicus (Momms. Unterital . dial . p. 304). Bopp y rattache aussi le latin totus (Vergi. Gr. III, 372). Du gothique thiuda , dérivent thiudans , roi, thiudinassus , royaume, comme, en

(1) Cf. Flechia. Di un iscrizione celtica trovata nel Novarese . Torino, 1864; p. 19.

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 387

irlandais, tuathach , souverain, de tuath. Ainsi le gaulois toutios, provenu de toutos , a pu signifier magistrat, chef, aussi bien que ci- toyen, homme du pays ou de la ville.

Un grand nombre de noms d'hommes gaulois et néo-celtiques, dé- rivés et composés, se rattachent ici. J'en ai cité quelques-uns dans mon Essai, mais la liste pourrait en être considérablement augmen- tée. Je me bornerai à observer que toutius, en particulier, revient plus d'une fois, comme nom propre, dans les inscriptions. Ainsi, Toutius Divicantilli fil. (Herzog. Gall, narb., n°252), Toutius lncita- tus et Toutius Marcellus (De Boissieu, 197), Lyon, Toulia Apro- niana (id. 524), Touti filia ( Litulla ) (Steiner, 4096), etc. Personne, à coup sûr, ne sera tenté de chercher, dans le toouuou; de notre in- scription, le dieu gaulois Teutatès, ainsi que le fait M. Monin.

Namausatis , avec son a pour e, offre une de ces variations de voyelles qui sont fréquentes en gaulois. Le pluriel namausates a dû être en usage pour le latin nemausenses, d'après l'analogie des noms de peuples gaulois en ates , Atrebates, Elusates, Tolosates, Nan- tuates, etc.

Au singulier, outre les noms de lieux cités dans mon Essai (p. 20), Brivalis, Ratiatis, etc., on trouve aussi des surnoms de divinités, comme MarsDunatis (Orelli-Henzen, 7416 y) (1), Sylvanus Sinquatis (ib. 7416 a; Stein. 1974, 1985).

Le verbe «upou, que je traduis par effecit, a déjà été analysé dans ma dernière lettre.

Brisai« est, comme je l'ai dit, et comme l'admet Stokes ( Beitr . II, 103), le datif de B^era^a, la Belisama, ou Minerve gauloise, d'une inscription de Conserans (Orel. 1431; de Wal, 52). Ce surnom de Minerve peut s'interpréter par bellicosa, de bel, guerre, en gallois, et de sama = ser. sama, gr. ó¡/.o;, lat. similis, anc. irl. samai, amai, etc. Cf. le goth. et anc. ali. sama, et sam dans les composés analogues, arbeitsam, êrsam, ratsam, etc.

2o<7iv veprrev, pour v£[astov, hocce fanum, vient appuyer d'une ma- nière remarquable le sens attribué au sosin celicnon de l'inscription

(1) C'est-à-dire le dieu des armées, ou des forteresses. Cf. anc. irl., dunadh = sluaghadh , armée (O'Davor. Gl. 75) ; dunad, dunaid = sluagh, daingen , armée, for- teresse (Gloss, du Félire d'Oengus, p. 134). Le Mars Randosatis, que conipare aussi Becker {Beitr. III, 420), est une formation différente. J'y vois un composé signifiant qui brise , défait les multitudes; cf. irl., rannaim pour randaim, divido =rac. sanse. rand ; et saithe = buidhen , troupe, multitude, essaim (O'Davor. Gl. 116) ; en gallois^ haid. de hait , id.

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388 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

d'Alise, avec cette différence que la signification de nemetum est connue d'une manière positive (Voir mon Essai , p. 25).

En résumé, je ne change à ma traduction que le verbe effecit, au lieu de vovit. Ainsi, mot à mot :

Segomaros Villoneos effecit Belisamae hocce fanum. Vous jugerez sans doute comme moi, Monsieur, que cette interpré-

tation offre toutes les garanties de la certitude. Je n'ai pas besoin de relever ce que celle de M. Monin a d'inadmissible quand il rend ouiXXoveoç roourtouç par prêtre de Teutatès. M. Hugo, entraîné par son faux système de germanisme, est encore bien plus aventureux. Ou- bliant l'assimilation qu'il a faite, pour l'inscription d'Alise, de sosin avec l'allemand sein , il divise cette fois la fin du texte en : eiôrou bêlêsamisos in nemêton, et traduit : ici (repose) embaumé (einbalsa- mirt I!) dans ce monument. Je puis m'abslcnir de toute réflexion.

J'arrive à l'inscription de Volnay, celle dont vous avez rectifié la lecture de manière à démolir d'un seul coup mes deux maisons la- custres. Je la transcris d'après le fac-similé de la Commission, par- faitement conforme, d'ailleurs, au texte que vous avez donné.

INSCRIPTION DE VOLNAY :

Iccavos Op I pianicnos. ieu | ru. Brigindoni | cantalon.

Le mot important est ici cantalon, évidemment comme celicnon et nemêton, le nom de l'objet fait par le donateur. Quand on a le fac- simile sous les yeux, il est difficile de comprendre, ainsi que vous l'observez, comment on a pu lire cantabon, ou même cantaboix. Dans ce cas-ci, une seule lettre mal lue a suffi pour m'égarer dans mes conjectures étymologiques, ce qui prouve l'absolue nécessité de ne travailler que sur des textes bien authentiques.

Je rappellerai brièvement que, dans mon Essai, j'avais considéré cantabon comme un composé de canta , en irlandais un lac, un étang, et de bon(a), établissement, demeure, à l'accusatif bon(an), régi par le verbe ieuru. Stokes, tout en approuvant cette émendation conjec- turale, observa, non sans raison, que l'irlandais canta ne pouvait s'identifier avec canta gaulois, attendu que l'a final aurait dû dispa- raître, ainsi que l'n, d'après les analogies connues, de sorte que ce mot aurait dû se réduire à cat ( Beitr . II, 103, 109). Lui-môme ne proposa aucune nouvelle solution. M. Monin, en adoptant la singu- lière leçon cantaboix, a été encore plus malheureux que moi avec mon cantabon(ari). En complétant ce mot par un enclitique imagi-

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 389

naire xet , et, il traduit canta-boi-xet par chants sacrés et bœuf. Il est vrai que pour éviter de faire faire un bœuf à Iccavos , il explique boi par sacrifice d'un bœuf; mais comment y voir un accusatif singulier neutre? Il est juste aussi d'ajouter qu'il qualifie lui-même cette in- terprétation de conjectures entées sur une conjecture (Monum. gau- lois, p. 39). M. Hugo, de son côté, adopte pour lecture cantaboi> et y découvre un Cantabre.

Laissons là ces aberrations, toutes amenées par une fausse lecture, et voyons ce que peut signifier cantalon . Si nous consultons les lan- gues néo-celtiques, nous trouverons, pour cant , plusieurs acceptions différentes. Ainsi, en gallois, cant , cent; cam (pour cani), blanc, cant , cantei y cercle, bord circulaire; cant , ouvrage de vannerie; en armoricain kañt , cent, cercle, tour, van, bois d'un crible, chevalet, kantier , vannier, etc. Il n'y a rien là, ce semble, qui puisse expliquer cantalon , à moins de penser au van mystique, Upov Xtxvov, mystica vannus , qui figurait comme symbole dans le culte de Bacchus et de Déméter, dont aucune trace, toutefois, ne se trouve chez les Gaulois.

La racine can signifie aussi chanter, en irlandais et en gallois. De là dérive l'anc. irlandais cetal , chant (Zeuss, 767), pour cental , par la suppression ordinaire de la nasale. C'est à ce cental que Stokes, mieux renseigné sur la vraie lecture, a proposé plus récemment de rattacher cantalon. Au point de vue phonique, il n'y aurait rien à objecter à ce rapprochement, mais j'ai quelque doute sur la conve- nance du sens qui en résulterait. Que le gaulois Iccavos ait pu com- poser un chant, un hymne, en l'honneur d'un dieu Brigindo , rien n'est plus naturel ; mais ce qui le serait moins, c'est que le fait eût été constaté par une inscription commémorative. Grâce à l'institution des bardes, la composition des chants en l'honneur des dieux et des chefs devait être d'occurrence journalière , et il est peu probable qu'une de ces productions ait été l'objet d'un monument épigra- phique.

A défaut d'une solution satisfaisante par les langues néo-celtiques, on peut se demander si cantalon , au nominatif cantalos9 ne serait point une forme corrompue et modifiée à la gauloise, du latin can - tharus. Ce qui donne quelque probabilité à cette supposition, c'est que les vases ainsi nommés figurent plus d'une fois dans les inscrip- tions romaines comme offrandes aux divinités. Ainsi, l'on trouve dans Orelli (2504) un cantharus Jovipositus , au n° 6071, un cantar -

(us) arg(enteus) offert au Divus Augustus , au n° 6140, un cantharus auro inluminatus , avec d'autres offrandes, dans un nymphaeum. Les Gaulois, plus ou moins romanisés, auront sans doute suivi en cela,

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390 REVDE ARCHÉOLOGIQUE. comme en bien d'autres choses, l'exemple de leurs maîtres. Le chan- gement de r en / est d'ailleurs si fréquent partout qu'on peut l'ad- mettre sans difficulté.

Une seconde correction apportée par vous, Monsieur, au texte de l'inscription, concerne le nom du dieu topique, qu'il faut lire Brigin- doni, au datif, au lieu de Brigindon, ou de Brigindonu, comme je l'avais conjecturé. Le nominatif, par conséquent, a dû être Brigindo, et non Brigindonos. Je n'en recherche pas ici l'étymologie, nécessai- rement incertaine en l'absence de toute donnée sur le caractère de ce personnage divin.

A l'occasion du cnos de Oppianicnos, j'observerai que le sens de fils, que j'ai discuté et établi dans mon Essai (p. 39 et 41), d'accord avec M. de Belloguet, a été dès lors généralement adopté (Cf. Bec- ker, Beitr. Ill, 4*26). Aux exemples que j'en ai cités, 'Ap-ríxvoç, Tru- ticnos, Totttissicnos, Gobannicnos, il faut ajouter encore Mainacnos, au génitif Mainami {Rev. Arch., décembre 1858, p. 536), et le plu- riel cnoi que nous trouverons dans le Danotalicnoi de l'inscription de Novare. Les anciens noms irlandais latinisés, Oloacnus, dans le livre ď Armagh, d'après Stokes (Beitr. III, IH), et Beracnus (Zeuss, Gr. Celt. 1137), prouvent aussi l'existence de ce cnos dans le vieux gaélique.

Si ma conjecture, relativement à cantalon, est bien fondée, il fau- drait traduire mot à mot :

Iccavos Oppiami filius fecit Brigiadoni cantharum.

Je passe à l'inscription d'Autun, dont ma première explication doit sans doute être modifiée par suite de la restitution du mot can- talon dans le texte de Yolnay.

INSCRIPTION D'AUTUN :

Licnos Con ] textos ieuru | Anvalonnacu ' canecosedlon.

La construction est ici parfaitement la même que celle de l'inscrip- tion précédente, et je n'ai à m'occuper que du mot nouveau caneco- sedlon , qui désigne sûrement, comme cantalon, l'objet de la do- nation.

J'avais observé, dans mon Essai (p. 37), que la première partie de ce composé, caneco, pouvait s'expliquer par l'irlandais de plus d'une manière, et entre autres par canach, lac, étang. Je retrouvais ici le même sens que pour le canta du cantabona supposé de Yolnay, et, comme sedlon, interprété par établissement, demeure, offrait égale-

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NOUVEL ESSAI SUH LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 3M

ment le synonyme de bona, toot concourait à faire expliquer les deux composés de la même manière. Mais, da moment que le bona •disparaît, et que cantatori ne peut plus être composé avec canta , toute cette induction perd sa valeur, et l'interprétation conjecturée devient très-douteuse, bien que phoniquement justifiable. Il faut donc se mettre en quête de quelque solution plus acceptable. Yoici d'abord celles qui ont été proposées de plusieurs côtés .

Siegfried pensait à un siège ďor ou doré, en assimilant caneco au sanscrit kanaka, or, et sedlon au latin sella pour sedla, goth. sit h. Ce dernier rapprochement est sûrement fondé, mais le premier est quelque peu hypothétique. Ce nom sanscrit de l'or, dérivé de kan, lucere, ne s'est, en effet, retrouvé dans aucune autre langue arienne, ■et il est peu probable que le gaulois seul l'ait conservé. Stokes se borne à mentionner cette conjecture ( Beitr . II, 108).

M. Monin (1. c. p. 37) (raduit canecosedlon par butin-chapelle, et cela sans dire pourquoi, ni expliquer ce qu'il entend par un édifice aussi singulier.

M. Hugo y voit tout simplement un nom d'homme, Canecosedlon d'Avallon. J'ignore où il a découvert le Concotunedon historique qu'il compare (1. c. p. 10); c'est là probablement le Conetodums, ou mieux Coneonnetodumnus de César (VII, 3).

M. Maury (Rev. arch. 1. c.) pense que canecosedlon pourrait être une formule qui répondrait au votum solvit libens merito des inscrip- tions latines. Le can initial serait la préposition cum, et sedlon s'ex- pliquerait par le gallois chwedyl, fable, discours, récit, etc. Mais can n'est qu'une forme moderne abrégée du gallois cam , cant , plus ancien, en comique cans, en armoricain gant, et, comme le chw gal- lois, avec ch guttural, représente toujours un sv primitif, il faudrait en gaulois svedlon au lieu de sedlon. Je ne comprends pas non plus ce que serait alors le eco intermédiaire, et comment la formute supposée pourrait se justifier grammaticalement.

De toutes ces conjectures, celle de Siegfried seule aurait quelque degré de probabilité, s'il faUait chercher moins loin le corrélatif de caneco. La mienne, en effet, ne pourrait se défendre que si Ton avait quelque donnée positive sur l'existence, chez les Gaulois, d'édifices consacrés au culte des eaux, ce qui n'est pas le cas. Je crois être maintenant sur la voie d'une solution qui, tout en se rattachant aux langues néo-celtiques, se trouverait confirmée par une analogie remarquable de l'épigraphie gallo-romaine.

Je commence par rendre, avec Siegfried, à sedlon la signification propre de siège, qui, dans toutes les langues ariennes, dérive de la

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392 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. racine sad, sedere. Cf. sanse, sada«, sadman, zend hadis, grec ISo;,

lat. sedes, lithuan. sedimas, anc. slave siedmiie, irl . saidhe, suidhe, gallois sedd, etc. La forme sedlon , neutre, ou sedlos, mase., trouve, en particulier, ses corrélatifs dans le latin sella, pour sedla, et sedile, le goth. sitls, ang.-sax. seti, anc. ail. sezal, et l'anc. slave siedalo. Dès lors, il faut chercher dans caneco un mot qui précise la nature de ce siège, et je crois le trouver en le rattachant à l'ancien irlandais edin , gén. cána, plur. câna, loi (Stokes, Goidil. 79; Sean- chus mor, p. 166; O'Donov. Gloss, v. c.). De là, par le suffixe ech (Zeuss, 778), a pu se former un adjectif câinech, légal = gaulois câ- necos. Canecosedlon signifierait ainsi un siège de loi et de justice, c'est-à-dire un tribunal, %a Sixaurix^.

J'ai dit plus haut que l'épigraphie gallo-romaine appuyerait cette interprétation. C'est le cas, assurément, pour l'inscription suivante, trouvée à Amiens (Orel. 2062; de Wal, p. 100).

Pro salute et | victoria exx G (1) | Apollini et Ver | iugodumno | tribunalia dua (sic) | Setubogius Esuggi | F. D. S. D. (i.e. Alius de suo dedicat).

J'ignore à quel titre Apollon pouvait recevoir la dédicace d'un tri- bunal, mais le nom même du dieu gaulois Veriugodumnus semble indiquer qu'il présidait à la justice et à la loi. Je trouve, en effet, dans Zeuss (p. 198, 822) le composé irlandais iûg-shuide, tribunal, probablement siège de justice ou de loi, bien que ce iûg inexpliqué par Zeuss ne se rencontre, à ma connaissance, nulle part ailleurs. Cf. ddlshuide, forum, sedes concionis (Zeuss, 821). Ce mol iûg se rattache sans doute à la racine arienne yug, jüngere. Or, de cette racine, on voit provenir, en sanscrit, plusieurs dérivés avec les si- gnifications de convenance, justesse, règle, usage, coutume. Ainsi yóga, règle, aphorisme, yukta, juste, convenable, yukti, convenance, usage, coutume, loi non écrite, etc. En zend, c'est la notion de capa- city, de force, d'autorité, qui prévaut dans yùksh, être fort, pairi- yuksh, ordonner, commander, yûkMha, yaokhdhra, ferme, fort, yaokhsti, force, capacité, etc. (F. Justi. Altbakt. W. B.). De ces ac- ceptions diverses, à celle de loi et de justice, la transition est très- naturelle. D'après les éléments du composé Ver-iugo-dumnus, nous pouvons le rendre par valde-justitia-magnus (2), et l'on comprend dès lors pourquoi on lui dédiait un tribunal.

(1) I. e. exercituum Galliae. (2) Pour le sens de dumnus proprement profundus, puis magnus , ai tus, latus,

comme ßocOv;, cf. Glück, Kelt. Nam., p. 72, 73.

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 393 La démonstration serait plus complète encore si l'on pouvait trou-

ver un sens analogue pour YAnvalonnacos de notre inscription. Malheureusement l'étymologie en est obscure, et la nature même du nom reste incertaine. Est-ce celui d'un dieu topique ou d'une localité Ce qui peut faire croire à cette dernière supposition, c'est que l'on trouve, dans les Itinéraires, un Aunedonnacum, ou Avedonnacum, identifié par les géographes avec Aunay ou Aulnay, dans la Cha- rente-Inférieure (1), et qui n'est peut-être qu'une corruption de Anvalonnacum. J'avoue cependant ne pas comprendre pourquoi une inscription placée à Autun aurait constaté l'érection d'un tribunal à Aulnay, qui en est assez éloigné. Dans l'impossibilité de trancher la question, je la laisse indécise, et je me contente de traduire notre texte comme suit :

Limos Contextos fecit Anvalonnaco tribunal.

La plus importante des inscriptions où figure encore le verbe ieuru, est celle du menhir de Yieux-Poitiers, dont la lecture était restée incertaine en quelques points. Le fac-similé qu'en donne la Commission des Gaules permet maintenant de la fixer avec assez de certitude. Je crois pouvoir la transcrire comme suit.

INSCRIPTION DU MENHIR DE VIEUX-POITIERS :

Ratin brivaliom | Frontu. Tarbeisonios | ieuru.

On voit de prime abord que la construction diffère ici de celle des textes précédents. Par inversion, les nominatifs sont au milieu, le verbe est à la fin, et l'accusatif en tête, suivi d'un régime indirect. Il n'y a point ici de personnage divin au datif, et il ne s'agit évidem- ment pas d'une dédicace, mais de la simple commémoration d'un ouvrage exécuté par l'individu nommé. C'est là une nouvelle preuve que le verbe ieuru ne doit pas se rendre par vovit, mais par fecit. Je fais suivre l'analyse du texte, dont la construction directe serait : Frontu Tarbeisonios ieuru ratin brivatiom.

Frontu est sûrement pour Fronto , et non point un datif en «, comme j'en avais admis la possibilité. Malgré l'opinion de Zeuss (p. 89), appuyée par Becker (Beitr. III, 347), j'avoue queje ne puis y voir un nom d'origine celtique. Comment, en effet, séparer Fronto,

(1) Hin. Anton., 659; Tab. Theod. dans Walcknaer, Giogr. des Gaules, III, p. 97.

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grand front, des noms romains et grecs analogues, Naso , Dento , Pedo , IloStòv, Capito, KecpáXwv, Mento , Labeoy Fváôwv, rácrpwv, etc.? Il est vrai que ce nom de Fronto , avec les formes alliées Frontaccus , Frontinus , Frontia , Frontasia, etc., figure surtout, et fréquemment dans les inscriptions gallo-romaines; mais cela peut s'expliquer sans recourir à une origine gauloise. Je crois, en effet, et je me propose de montrer ailleurs, que, suivant une habitude remarquée chez les peuples soumis à une domination étrangère, les Gaulois ont parfois traduit en latin leurs noms indigènes, dans le but de se concilier la faveur de leurs maîtres en se débarbarisant (1). Or, justement le front joue un assez grand rôle dans la formation des noms d'hommes gaulois et néo-celtiques. J'en ai cité plusieurs exemples dans mon Essai (p. 27, 28) à propos du Dannotalus , front hardi ou beau front, de l'inscription d'Alise, tels que Argiotalus = irl. Tolarg , front blanc, Verotalus (au lieu de Vepotalus , lecture rectifiée dès lors) front pur; cf. gall, gwyr ; Carrotalus , front de guerrier, cf. irl. carra i carru, champions, combattants [Seanchus mor, Comment, p. 134, 136). J'en ajoute en note beaucoup d'autres, également com- posés avec talus = irl. tal, toi , gali, tal , front, et dont plusieurs sont synonymes de Fronto (2).

Le surnom Tarbeisonios (c'est ainsi qu'il faut lire sans doute au lieu de Tarbellinos ) ne peut plus avoir aucun rapport avec les Tar- belli . C'est sûrement un composé, dont la signification me paraît être : taurind-voce praeditus ; comme celle du sanscrit Gônarda , instar tauri mugiens. On sait, par l'inscription de Paris, que tarvos , en anc. irl. tarb, en gallois tarw , etc., était le nom gaulois de l'ani- mal. Ainsi, tarveios ou tarbeios aura signifié taurinus. On pourrait

(1) Le môme fait s'est produit en Irlande, à la suite de la conquête. Les noms propres Gobhann , forgeron, Sionnach , renard, Saer, charpentier, Cailleach , coq, etc., ont été changés respectivement en Smith , Fox , Carpenter , Cock, etc. Cf. O'Donovan, 4)n the assumption of english names by the native Irich , dans la préface de son édi- tion des Topographical poem?, Dublin, 1862, p. 25 et suiv.

(2) Dubnotalus (Bull, monum . XVII, 310), front grand ou profond (irl. domun , gall, dumn , dwfn ); Maritalus (Stein. 2874), grand front (irl., már, gall. mawr)i Rotalus (Froehn. 1798), grand front, composé avec ro intensitif, comme en irlan- dais rofhlaith , grand chef (O'R.), et en gallois les nombreuses formations analogues avec rhy, anciennement ro (cf. Zeuss, 833, 867); Samotalus (Bull, monum. XVII, 307), front calme, tranquille (irl. sâmh ) ; Viriotalus (Revue numism . 1856, p. 84), front pur (irl. fir , gall, gwlr ); Dotalus (Grut. 608, 12) = effrons? avec do négatif ou équivalent à male = ser. dus , gr. Suç, et opposé à so, = ser. su, gr., èu. (Cf! Zeuss, 832). - Il faut ajouter les noms dérivés de talos , tels que Talio , Taliounia7 Talicius , Talussius , etc., dans les inscriptions gallo-romaines»

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 395

chercher dans sonios le sens de fits, en comparant le gothique sunns, l'anc. slare synu, le sanscrit sûnu, etc. ; mais comme ce nom du fils ne se retrouve point dans les langues néo-celtiques, et qu'il ne répa- rait .pas, que je sache, dans d'autres noms gaulois, je crois qu'il vaut mieux l'expliquer par l'anc. irlandais son, voix, son (Stokes, Goidil. 73; Ir. Gloss, p. 162), en gallois sten, id. Cf. sonus et sanse. svana, de svan, sonare.

Le régime direct de ieuru se présente dans l'accusatif ratin, dont l'i est placé en travers du t et de l'n, et qu'on avait lu ratn. Je me trompais donc en pensant, dans mon Essai (p. 49), à un désinence perdue. Ratis, au nominatif, ne signifiait pas non plus tumulus, comme je l'avais conjecturé en comparant, d'après O'Reilly, l'irlan- dais moderne rath. Stokes en rapproche, avec plus de raison, l'an- cien irlandais rdith (de râti ), qui désignait une station fortifiée par un retranchement circulaire, et contenant une habitation, et il tra- duit ratin par propugnaculum ( Beitr . II, 109).

Le seul mot qui reste à considérer, brivatiom, n'a pas été expli- qué jusqu'à présent d'une manière satisfaisante. Stokes avait pensé qu'il fallait lire brivationi, datif de brivatio, pour être un nom de lieu ; mais I'm de l'inscription est parfaitement tracée, et la lecture brivatiom indubitable. Y voir, comme je l'avais présumé, un accusa- tif en m, ne peut plus se soutenir depuis que la forme ratin est bien constatée, et puisque d'ailleurs les accusatifs gaulois se terminent constamment en n, de même qu'en grec, en germanique et en lithua- nien. Ces deux conjectures une fois écartées, il ne reste d'autre soj lution possible, vu la position du mot dans le contexte, que d'y reconnaître un génitif pluriel en om = sanse, âm, et latin om, um. On peut objecter que le gaulois aurait dû changer I'm en n, comme pour l'accusatif, et ainsi que le grec wv des génitifs pluriels. Cette objection, sans être décisive, mérite considération, et il faudrait dé- couvrir en gaulois d'autres exemples de cette flexion, pour que la question fût tranchée.

Il faut voir maintenant si le sens que l'on peut attribuer à briva- tiom vient appuyer notre conjecture. Je persiste à rattacher ce mot au gaulois briva, pont, dont la signification est suffisamment assurée 4>ar le Briva Isarae, devenu Ponioise. Cf. Samarobriva, Amiens, sans doute pons Samarae ; Brivodurum (Itin. Ant. n" 367), Briare, arx pontis, et dans la Grande-Bretagne, Durobrivae (Itin. Ant. n° 472), pontes arcis, Duroeobrivae (471,, 676) , id.; Dwrobri- vas, (-atis ?) 475, pontile arcis. Les langues néo-celtiques n'ont pas, il est vrai, de terme corrélatif, mais briva se rattache évidemment a«

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gallois briw , brisure, coupure, briwaw, briser, etc. Cf. anc. îrl. bria = brisi, rupture, briathar, ruptum est (O'Donov. 61.), le v dis- paraissant régulièrement entre deux voyelles. Le pont, en effet, coupe le fleuve et en brise le courant. La même liaison d'idées se retrouve dansTanc. allemand brucca, angl.-sax. bricg, scand. bryg- gia, pont, sans doute de brechan , goth. brikan, etc., frangere, d'où bruh, brocco, fragmentům; goth. gabruko, id., etc. (1).

De briva s'est formé, en gaulois, un adjectif brivas ou brivatis, ad pontem pertinens, pontilis. Cf. plus haut namausatis, etc. De là le nom de ville Brivas, -atis (Sidon. Carm. 24, 16), aujourd'hui Brioude, et celui de Bpiovánjí -fiaiív, Brivates portus, chez les Nam- nètes (Ptol. 2, 8, i). Brivates, au pluriel, a dû signifier pontilia, et notre brivatiom, qui parait en être le génitif régulier, doit sans doute se traduire par pontilium.

Mais comment rendre compte du sens qui en résulterait pour notre inscription? A cet égard, Monsieur, vous m'avez donné une indica- tion précieuse. Vous pensez que le menhir a pu servir, dans le prin- cipe, à marquer un point de la frontière des Pictons. Ce serait plus tard seulement que l'inscription aurait constaté l'établissement, sur le Clain, la petite rivière voisine, au point où la route la coupait, d'un radier ou pont submersible, comme celui qui a été découvert sur la Mayenne en 1864, et comme il en existait certainement plusieurs autres en 6aule. Rien de plus probable que cette conjecture; seule- ment ce que l'inscription aurait constaté, c'est la construction d'un retranchement pour la défense du pont et de ses appartenances, pon- tilia. Ainsi que vous l'observez, les ligatures que l'on remarque dans l'inscription, et qui n'ont guère été en usage que vers la fin du iie siècle, empêchent de lui attribuer une antiquité plus reculée. Il me paraît donc évident que le menhir et l'inscription n'ont aucune con- nexion réelle. La pierre monumentale, quelle qu'ait été son origine et sa destination première, était là sans doute depuis très-longtemps ; et le chef gaulois qui construisit, ou fit construire, le retranchement défensif, le ratis, trouvant cette pierre placée tout à point, y aura fait graver l'inscription commémorative dont voici la traduction lit- térale :

Propugnaculum pontilium Fronto Tarbeisonios fecit.

(1) Il ne faut pas comparer, comme on l'a fait souvent, 1 ë briga gaulois qui termine beaucoup de noms de lieux. Briga , avec î long (cf. kpagpiyot, AéoBçHya dans Ptol.), tout différent de briva, se rattache sûrement à l'anc. irlandais brîgh, valor, vis, vigor, Br ig h ach, vigorosus, fortis, en gallois, brî, auctoritas, potentia, et désigne une place forte, comme dunum et durum .

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 397

Il reste encore à examiner trois inscriptions où figure le verbe ieuru; mais elles sont toutes si concises qu'elles ne donnent lieu qu'à un petit nombre d'observations.

La plus intéressante est dfelle qui a été découverte récemment dans le département de la Creuse, et dont vous avez bien voulu communi- quer mon interprétation à la Revue archéologique. J'y reviens ici avec un peu plus de détail, et pour la modifier en ce qui concerne la flexion du mot final. Je la reproduis d'abord d'après votre copie.

INSCRIPTION DE GUÉRET :

Sacer Peroco | ieuru dvori | co. V. S. L. M.

Je n'ai rien à changer à ce que j'ai dit du caractère mixte de cette inscription, qui se montre surtout dans l'adjonction de la formule latine finale.

Le nom gaulois Peroco, formé comme Divico, Albico, Boneco, Ver- tico, etc., se rattache sans doute à ceux de Perus, fig. (Momms. Insc. helv. 352, 160), Perulius (Stein, 1634, et t. iv, p. 695), Perillus (id. 2805), Norique, Peronius (Murât. 1606, 5) Brix., etc. Cf. les noms gallois et armoricains, Peris (Arch, of Wales, II, 50), Peren, fem. (ib. 24), Periou (Zeuss, 785 ; Mor. 378), Peroian (Cart, de Red. 224), Perenis (id. 42), Perenesius (id. 231), tous probablement du gallois per, doux. On trouve des noms analogues dans plusieurs langues, rxúxoí,-x7), lat. Smvis, Dulcitius, ital. Soave, Dolce, franc. Ledoux, allem. Süss, etc.

J'ai expliqué dvorico par portique, en comparant le sanscrit dvâ- raka, porte, dvdrika, portier, de dvdr, dvdra, porte, rapprochement d'autant plus sûr que, du gaulois au sanscrit, nous avons une chaîne continue d'intermédiaires. Cf. zend dvara, pers. dar, ossèt. duar, gr. Supa, goth. daur, lith. dwâras (cour), anc. si. dvîrï, irl. dôr, dorus, gall, dor, drtvs, etc. On ne peut guère y chercher un nom propre au datif, qui devrait être dvoricu, et auquel d'ailleurs rien ne ressemble dans l'onomasticum gaulois. On ne sera pas tenté du moins de comparer Dumnorix, ainsi que le fait M. Hugo (1. c. p. 14) avec un point d'interrogation assurément bien placé. J'y ai donc vu un accusatif régi par ieuru, en supposant que l 'n finale, suivant un procédé assez fréquent dans les inscriptions et les textes, et sembla- ble à Vanousvara sanscrit, avait été omise graphiquement, bien que prononcée. Je crois maintenant que l'on peut se passer de cette hy-

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pothèse, et voir dans dvorico un accusatif pluriel neutre, dont l'o ré- pond à l'a du sanscrit védique, du zend, du grec, du latin, etc. Ce pluriel s'accorderait parfaitement avec celui du féminin portions, dans l'inscription de Besançon que j'ai oitée comme analogie à l'ap- pui du sens adopté.

Den Mercurio Cisso J nîo Duberatia Castula ' natione Syria tem- plům, I et porticus vetustate | conlabsum demo de suo | restituii (De Wal. p. 65).

En fait d'inscriptions votives où il est question de portiques, je citerai encore les deux suivantes :

Silvano sancto | Lucius Vallius Solon | porticum ex voto fecit ' dedicavit. Kal. Aprilibus ' Pisone et Bolano cos (Orelli, 4956). Romae.

Neptuno | Aug. sacr. ' L. Servillius L. f. | vel Sabinus | aedem [ et porticum | fecit ' pecunia sua (Steiner, 4137), Carniole.

Cf. de plus, Steiner, 3432 et 4134 ; et notez, dans les deux textes qui précèdent, le fecit = ieuru.

Notre inscription, tracée sur une pierre de taille, a dû faire partie d'un temple dont la divinité était connue, ou indiquée quelque part ailleurs. C'est pour cela que son nom est omis, et que Sacer Peroco se borne à constater en deux mots que, par suite d'un vœu, il a con- struit les portiques de l'édifice.

INSCRIPTION DU MUSÉE DE DIJON, SUR LE MANCHE D'UNE PETITE PATERE EN MÉTAL :

Doiros. Segomari ' ieuru. Alisanu.

Nous n'avons ici que trois noms propres avec le verbe ieuru, car Alisanu est le datif gaulois régulier d ' Alísanos. Ce qui reste incer- tain, c'est s'il faut y voir un nom d'homme ou de divinité. Ce ne peut guère être un dérivé d'Alisia, comme le pense Becker (Beitr. III, 356), mais il est possible que la racine soit la même de part et d'autre. Alisia ou Alesia, formé comme Bilisia, Belisia (loc. Belg.), Albisia fem. (Stein. 301), rappelle l'irlandais Ailech, nom d'un an- cien dûn ou râith, dans le comté de Londonderry. Le suffixe diffère, mais Alisia, comme Ailech, peut se rattacher à l'anc. irl. ail, petra, • saxum, et se traduire par saxosa. Cela s'accorderait bien avec sa po- sition sur le mont Auxois, plateau isolé et entouré de rochers escar-

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NOUVEL ESSAI SÛR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 399

pés (L. Napoléon, Hist. deJ. César , t. II, 300), et mieux encore avec celle d'Alaise, dans le département du Douhs(l). Le nom Alísanos, s'il appartient à un dieu , correspondrait à l'épithète de Saxanus ? donnée à Hercule dans plusieurs inscriptions; s'il est celui d'un homme, il équivaudrait à Petro , Petronius, Petreius, ainsi qu'à l'al- lemand Stein , Steiner , etc.

Je ne change rien, en définitive, à ma première interprétation :

Doiros Segomari (filius) fecit Alisano.

C est ici surtout que le ieuru , pour l'allemand hier , de M. Hugo, se trouverait singulièrement placé. M. Hugo traduit : Doirus Sego- mari (filius) hic (jacet). Alisanus (posuit). Il en résulterait que Doirus serait enseveli dans la patère qu

9 Alisanus lui aurait érigée comme monument funéraire.

INSCRIPTION DE NEVERS !

Ande ] camu | los Tonti ' ssicnos | ieuru Andecamulus Toutissi filius fecit.

La brièveté de ce texte et l'absence de tout régime pour le verbe ieuru pourraient faire présumer que nous n'avons là que le com- mencement d'une inscription dont le reste a disparu. Je m'en refere d'ailleurs à mon premier Essai (p. 46) pour les observations relatives aux noms propres.

Les huit inscriptions qui précèdent forment un groupe distinct, à cause du verbe ieuru qui s'y répète constamment. Je crois, Monsieur, que leur examen comparatif ne peut laisser subsister le moindre doute sur la signification de fecit attribuée à ce verbe. Tantôt, comme à Alise, à Vaison, à Yolnay, à Autun, il est accompagné d'un double régime, un accusatif indiquant l'objet fait, et un datif appliqué au personnage divin ou humain auquel cet objet est offert. Tantôt, comme à Vieux-Poitiers el. à Guéret, l'objet seul est désigné, ou bien, comme sur la patère de Dijon, dont le nom est sous-entendu, on ne trouve que celui du personnage qui reçoit le don. Le pronom démonstratif

(1) Je ne sais si la position de VAlesia du Gard, Alais, appuie de quelque manière cette étymologie. Cf. aussi Alisincum , Anisy (It. Anton., p. 175, 366), Aliso (Tacit., Ann., Il, 7), 'Alei <rov et "ÀXernó; (Ptol., II, 11, 27 et 29). Les noms ont pu s'appli- quer à des localités abondantes en pierres. Cf. Petrinae, ville de Sicile, et, en France, Pierreux (dép. du Rhône), Pierric (Loire-Infér.), Pierru (Ille-et-Vil.), etc.

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sosin, à Alise et à Vaison, indique que la pierre qui porte l'inscrip- tion faisait partie de l'édifice construit. Là où le pronom manque, la position de l'inscription a dû faire comprendre que l'objet offert se trouvait dans le sanctuaire où elle était placée, comme pour le can- tatoti et le canecosedlon de Yolnay et d'Autun ; ou que l'œuvre appar- tenait à l'édifice, comme les dvorico ou portiques, de Guéret; ou, enfin, qu'elle était établie dans la proximité, comme 1 epropugnacu- lum de Vieux-Poitiers. Dans tous ces cas divers, la construction des textes est claire et grammaticale, et le sens qui résulte de leur ana- lyse parfaitement rationnel. Quelques points de détail restés encore douteux ici et là, n'infirment ces conclusions en rien d'essentiel, et il me semble que nous avons là maintenant quelque chose de plus que les simples conjectures dont parle M. Maury dans son article sur M. Hugo.

Ce qui achève de démontrer que le gaulois ieuru répond exacte- ment à fecit, c'est que, non seulement fecit (fecerunt) revient très- fréquemment dans l'épigraphie romaine et gallo-romaine, mais qu'on le trouve même, en place de ieuru, dans une inscription mi-gauloise et mi-latine, découverte près de Yaisonsur un fragment de cippe (i), savoir :

lubron | Sumeli | Voreto | Virius ■ f(e cit).

Nous avons ici, comme dans l'inscription de Vieux-Poitiers, l'ac- cusatif en tête et le verbe à la fin. Il s'agit très-probablement d'un vase fait et offert par Virius à Sumelis Voretos, et semblable au can' talon de Volnay. Cette conjecture repose sur le rapprochement de iubron avec l'irlandais iubhrach, vase de bois, étroit par le haut et large par le bas (O'Donov. Gloss, v. c.). Virius, latinisé pour Virios, est certainement un nom gaulois. Cf. Virius, Viria (Momms., I. H. 5, 14), Virius Succius , miles coh. Britton. (Murât. 870, 5), Virius Macconis f. d'Eporedia (Stein. 495), etc., ainsi que les formes dérivées Viricus, Viriacus, Virillius , Virio, Virianus, etc. dans diverses in- scriptions gallo-romaines (2).

Sumelis paraît composé comme le Sumelonius d'une inscription styrienne (Stein. 2875) et signifier : bene suavis, du préfixe su, so, bene, en gaulois et en irlandais = gallois hu , ho, sanse, su, zend hu,

(1) Bié/. des Chartes , 1847, 1848, t. IV, p. 326. (2) Cf. plus haut le composé Viriotalus. Virius se rattache à l'anc. irl. fir , justus,

verus, purus, Candidus; gall., gwîr , id. Virianus est exactement Tiri, fîriân, justus (Zeuss, 115) = gall, gwîriawn .

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NOUVEL ESSAI SUR LES INSCRIPTIONS GAULOISES. 401

gr. lu (Cf. Zeuss), et d'un mot allié au gallois melys, irl. milis, doux, milse, douceur, so-mailse , dulcedo (Zeuss, 749).

Voretos répond de tout point au guoret, guaret, d'un grand nom- bre de noms d'hommes gallois et armoricains, tels que Catguoret, -guaret (Lib. Land. 200), Catuiioret (Carl, de Red. 81, 96, etc.), de cat, pugna, Tuduuoret (id. 188), de lud, regio, populus, Riuoret (Lib. Land. 194), de ri, rex, dux, Ritguoret (C. de Red. 18), de rit, vadum. C'est le gallois moderne gwareä, protection, garde, salut, d'où gwaredu, protéger, sauver, délivrer, gwaredwr, protecteur, sauveur, etc. Ainsi, Sumelis Voretos , le bien doux prolecteur, aura été une épithète donnée à quelque dieu gaulois. Il est à remarquer que le datif Sumeli Voreto devrait être correctement Súmele Voretu. Les formes latines paraissent avoir été substituées par suite de la même influence qui a fait mettre Virius pour Virios, et fecit pour ieuru.

Avant de quitter ce premier groupe d'inscriptions, je dois dire quelques mots de celle dont un fragment seulement a été découvert à Vieil-Evreux, en 1836, et où M. Le Prévost a cru retrouver une trace du verbe ieuru (1), ce qui me paraît fort douteux. La lame de bronze qui porte l'inscription est brisée d'un côté, et nous n'avons ainsi que la moitié d'un texte qui reste fort énigmatique. Le voici d'après le fac-similé de la Commission des Gaules.

INSCRIPTION DE VIEIL-ÉVREUX :

...S CRISPOSBOVI RAMEDON AXIACBITI (2) EU ...O CARADITONU ... IASEIANISEBODDU (3)

REMI FILIA . . . DRUTAGISACICIVISSU . .

Il y a là un singulier mélange de noms propres et de mots gaulois et latins, et il est impossible d'en tirer aucun sens continu. C'est le eu de la troisième ligne, ou plutôt ieu, en y rattachant l'î qui termine

(1) L'Institut, II« sect., n° 37, p. S; 1839. (2) Ou axtacbiti. - (3) Les D des lignes k et 5 de l'inscription sont barrés par

une ligne médiane horizontale. XV. 27

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402 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. le mot antécédent, qui a fait présumer l'existence du verbe ieuru; mais, dans le fac-similé , le eu est séparé de l'i par un intervalle assez grand dont on ne saurait faire abstraction. Le axiacbiti ou axtacbiti de la môme ligne, ne ressemble à rien de connu en gaulois. Il peut y avoir là des abréviations que nous ne pouvons plus expliquer. Le seul mot qui se prête peut-être à une interprétation est ramedon, sans doute un accusatif régi, sinon par ieuru , par quelque autre verbe perdu. Il peut s'agir ici de l'établissement d'une route, si l'on compare l'irlandais râmhad , râmhat> route de seconde classe (O'Donov. 61. ; Cormac. Gl. p. 38). Le suffixe semble différer, car le d ou t non aspiré indique pour l'irlandais un thème plus ancien rdmhant ; mais la racine ram serait la même. Cette racine, en san- scrit, est expliquée par ludere, delectad, gaudere, et quiescere ; mais elle doit avoir aussi exprimé le mouvement, à en juger par les dérivés rantu (i. e. ram-tu ), route, rivière, rama . rivière, râmâ , cheval, cerf. Cf. le persan rdm , action d'aller, de passer, ram , fuite, ramîdan , fuir, être agité, etc. 0n trouve, dans l'épigraphie romaine, plusieurs inscriptions destinées à constater l'établissement ou la ré- paration ďune route; ce qui s'appelait viam sterner e, restaurare, restituere. Il est fort à regretter que celle-ci ne nous soit pas parve- nue intacte, parce qu'elle nous aurait sûrement offert quelques termes gaulois nouveaux.

Mais en voilà assez pour cette fois, Monsieur. Dans ma prochaine lettre je continuerai cette étude par celle des inscriptions qui nous offrent d'autres verbes à la place de ieuru.

Adolphe Pictet.

{La suite prochainement .)

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