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Nouvelles approches de prévention du Nouvelles approches de prévention du vieillissement pathologiquevieillissement pathologique
Carole BILCIK, Luc BRISSEAU, Christine CHANCIAUX, Olivier DRUNAT, Sandrine GALLERON,
Hélène PITTI-FERRANDI, Claire SCODELLARO, Stéphane TESSIER
RSPN et CEGVH, le 3 et 4 avril 2008.
ProgrammeLes représentations de la vieillesse et l'incidence sur les pratiques
médicales
Notions physiologiques du vieillissement. Qu'est-ce qu'un sujet âgé fragile ?
Les facteurs de risques vasculaires: que retenir pour la pratique ?
Prévention de la iatrogénie médicamenteuse. Peut-on tout prévoir ?
De l'importance de l'éducation à la santé. Comment motiver des personnes âgées à changer d'habitudes ?
Expérience d'une consultation de prévention gérontologique.Qu'est-il réaliste de faire ?
Expérience en pratique de ville.
Espérance de vie à la naissance
1789 1900 1990 1998 2004 2020
Hommes 28 ans 45* 72,2 74,6* 76,7 77,9
Femmes 28 ans 49* 80,9 82,2* 83,8 86,4
En 1789, espérance de vie à 10 ans : 60 ans
En 2003, dans la monde (65-69 ans), en Afrique (51-53 ans) et au Mozambique (33-34 ans)
* Gain de vie équivalent à celui des 5000 ans précédents
Composantes de l ’espérance de vie
à la naissance
Exemple pour les femmes nées en 1991 :
Espérance de vie totale : 81,1 ans
- dont incapacité sévère : 2,3 ans
- en institution : 1,2 ans
- confiné à domicile : 0,7 ans
- alité : 0,4 ans
Espérance de vie sans incapacité : 68,5 ans ()
Espérance de vie sans incapacité sévère : 78,8 ans
Espérance de vie à un âge donné
Age Femmes Hommes
60 ans 25 ans 20 ans
65 ans 20 ans 16 ans
70 ans 16 ans 13 ans
80 ans 9 ans 7 ans
85 ans 6 ans 5 ans
90 ans 4 ans 3 ans
100 ans 3 ans 2 ans
Espérance de vie sans incapacité (EVSI) : - 20 à 30%
Évolution de l’espérance de vie à 65 ans depuis 1950
Évolution de l’espérance de vie à 65 ans depuis 1950
Disparités sociales et espérance de vie à 35 et 60 ans chez les hommes
Disparités sociales et espérance de vie à 35 et 60 ans chez les hommes
Profession Espérance à 35 ans à 60 ansManœuvres 37 ans (72 ans) 17,1 ansOuvriers 38 ans 18,4 ansEmployés 40 ans 18,6 ansCommerçants 42 ans 19,3
ansCadres et 45 ans 21,4 ansprofessions libéralesIntellectuels et 46 ans (81 ans) 22,2 anscadres de la fonction publique
A 35 ans, la différence d’espérance de vie est de 9 ans A 35 ans, la différence d’espérance de vie est de 9 ans
et de 5 ans à 60 anset de 5 ans à 60 ans
Notions physiologiques du vieillissement.
Qu'est-ce qu'un sujet âgé fragile ?
Olivier DRUNAT
Plan
• Effet âge / déterminants de la longévité
• Théories du vieillissement
• Les différents modes de vieillissement
Quel est notre objet ?
Ensemble des processus physiologiques et
psychologiques qui modifient la structure et
les fonctions de l’organisme à partir de l’âge
mûr.
Processus continu ,universel, irréversible et touchant l’ensemble des organes.
Effets de l’âge
• Usure:
– Le sens commun de l’usure liée à l’âge
– Mais un stock enzymatique pour réparer les cellules
– Pas de vérification des deux critère de Strehler:• Universalité (au moins le mammifère)• Caractère délétère.
Facteurs déterminant la longévité• Facteurs exogènes
– Pas d’effet démonté de la température extérieure sur les animaux homéothermes
– Les radiations ionisantes réduisent la longévité y compris après ajustement sur les cancers
– Charge calorique• Chez le rongeur une restriction calorique entraîne une augmentation
de la durée de vie de près de 30 %• Des rongeurs sous cloches• Hormones cortico-surrénaliennes, modification sensibilité à
l’insuline….?
Restriction calorique chez l’hommeRestriction calorique chez l’homme
Photographies du Dr Roy Walford (1924-2004) qui passa 2 ans dans Biosphère-2 de 1991 à 1993
(Walford et al. J Geront Biol Sci 2002; 57A: B211-B224)
Alimentation à volonté(68 kg)
Après 15 mois de restriction sévère(54 kg)
Stress oxydant (1)
• L’oxygène: un bi-radical stable acceptant très facilement les électrons d’autres molécules.
• 1 Mo d’oxygène peut accepter 4 électrons en 4 phases distinctes: Anion superoxyde, Ion péroxyde, Oxène puis Oxyde
• En présence de protons se forme : le péroxyde d’hydrogène, le radical hydroxy et l’eau.
• Les Espèces Réactives dérivées de l’Oxygène (ERO) ont la capacité d’oxyder tous les composants cellulaires.– Exogènes: UV, radiations ionisantes, ozone…– Endogènes: au cours même de la respiration mitochondriale (formation ATP)
Stress oxydant (2)
La défense anti-radicalaire est assurée
par des enzymes les superoxydes dismutases,
gluthation peroxydases séléno-dépendantes,
et des vitamines anti-oxydantes (A, E, C)
Enzymes
Défenses primaires :
SOD (Cu/Zn et Mn) : O2°- + O2°- + 2H+ H2O2 + O2
GPx (Se) : 2G-SH + ROOH G-S-S-G + H2O
2G-SH + HOOH G-S-S-G + ROH + 2H2O
Catalase (porphyrine, Fe) : H2O2 H2O + 1/2 O2
Antioxydant de 2ème intention
Défenses secondaires :
Glutathion réductase : G-S-S-G + NADH,H+ 2 G-SH + NADP+
Glutathion transférases
Système de réparation de l'ADN
Stress oxydant (3)• Une élévation modérée de la PO2 réduit la duré de vie
réplicative (Dvr) du kératocyte et du mélanocyte
• La vit E augmente la Dvr des fibroblastes (Vit A et C)
• Le Péroxyde d’Oxygène (H2O2) freine la croissance du fibroblaste voire le tue.
• Les radiations gamma causent des cassures de l’ADN double brun
• Les UV stoppent la croissance des fibroblastes…
Facteurs exogènes de longévité
• La glycation des protéines de la matrice extracellulaire
• Modifications des protéines au contact du glucose entraînant la production des Advenced Glycation End products (AGE) qui favorisent la formation de pontages entre les fibres de collagènes
• Rigidification des fibres de collagène
• Le diabète comme modèle de vieillissement.
Facteurs exogènes de longévité
• Les Heat Shock Proteins (HSP)
– Protéines produites en réponse aux agressions, choc thermique et traumatismes.
– Les systèmes de réparations et le catabolisme des macromolécules endommagées sont moins efficaces.
Facteurs exogènes de longévité
• Les infections chroniques
Plus virales que bactériennes
Rôle connu pour l’induction de cancers
Rôle potentiellement délétère dans la capacité de réponse immunitaire
Principaux virus chroniques: Herpès, CMV.
Facteurs endogènes de longévité
• Sexe et capital génétique
Le rôle du sexe (XX/XY) origine neuroendocrinienne ?
Des familles à forte longévité et l ’étude la gémellité (capacité de réparation de l’ADN ?)
Des expériences animales
Caenorhabditis élégans, le gène DAF 12, sensibilité à l’insuline Modification du gène du récepteur IGF 1 chef la femelle souris
Etude IPSEN• Recensement d’environ 3500 centenaires en
1990 (actuellement près de 10 000)
• 7,1 femmes pour 1 homme centenaire
• 756 personnes visitées
• Portrait robot : femme dynamique âgée de 101 ans qui aurait vécu sans excès ni abus avec une bonne hygiène de vie.
Etude IPSEN
• La centenaire avait bon caractère, était optimiste et gaie, ouverte et sociable. Elle devient plus autoritaire sur ses vieux jours.
• La centenaire a le niveau de scolarité du certificat d’études.
• Elle a travaillé dans les métiers de la couture et s’est arrêtée de travailler tard.
Les gènes de longévité
• Présence de gènes qui ralentissent le processus de vieillissement ?
• Présence de gènes qui prédisposent à résister aux maladies ?
• Absence de gène qui sensibilise aux facteurs de risque de maladies ?
•Le polymorphisme de l’Apoliprotéine E est différent chez les centenaires :
4 (50%) et 2 (100%)
•Ce gène intervient dans le transport des lipoprotéines.Il augmente le risque d’infarctus du myocarde et de maladie d’Alzheimer.
Schachter et al. 1994
Les théories du vieillissement
• Des erreurs catastrophiques
• Le vieillissement programmé
• La balance adaptation / désadaptation
Des erreurs catastrophiques (Orgel)
• H0: des agressions par radiations, agents oxydants… ont des conséquences explosives catastrophiques surtout si elles entraînent des altérations responsables de la synthèse des protéines de la structure cellulaire et de la matrice extracellulaire.
• Sauf que ces modifications sont post-transcriptionnelles
• Un modèle trop optimiste
Le vieillissement programmé
• Les cellules à faible potentiel de renouvellement: neurones, cellules musculaires
• Les cellules à fort potentiel de renouvellement: les fibroblastes présentent le phénomène de HAYFLICK
Le modèle de HAYFLICK• Intéresse les cellules à renouvellement rapide
• Modèle séduisant pour expliquer le vieillissement humain
• Culture de fibroblastes in vitro
• Le nombre de division d’un fibroblaste est limité et dépend de l’espèce et de l’individu
• corrélé avec l’espérance de vie
• Perte d’un fragment du télomère à chaque division : horloge biologique
L’Apoptose
• Mort cellulaire programmée
• Concerne les cellules à faible potentiel de renouvellement
• Différente de la nécrose
• Mécanisme cellulaire caractéristique: compaction du noyau, condensation du cytoplasme,séparation des corpuscules
L’apoptose est un mécanisme auto-destructeur des
cellules génétiquement determiné, qui est activé
par des conditions variées:
– morphogénèse du développement
– irradiation
– autorégulation du système immunitaire
– infections virales
– cancers
– toxines
Théorie du vieillissementVieillissement comme un processus adaptatif
H0: les adaptations de synthèse nécessités par les stress ou les contraintes chroniques accompagnant la vie chez un adulte, même si elles sont les meilleures connues pour absorber ces stress et ces contraintes, se payent par une réduction des capacités d’adaptation vis-à-vis d’autres stress ou contraintes.
La survenue sur un organise âgé très adapté, d’une nouvelle contrainte pourrait même demander une adaptation contradictoire avec celles induites par le stress chronique et expliquer la mort de l’organisme.
Adaptation mais …
• L’évolution de notre physiologie au cours du temps n’est pas une usure mais une adaptation aux conditions de l’avance en âge
• Adaptation que nous offre, entre autre, notre patrimoine génétique
• Adaptation à la meilleure, mais pas forcément optimale, qui porte en elle une part de désadaptation.
Vieillissement cardio-vasculaire• Une cascade d’adaptation en réponse à l’accroissement de
la rigidité artérielle liée à la glycation des protéines de la paroi des vaisseaux
• Synthèse de l’isoenzyme V3 de la myosine capable de:– Produire de l’énergie à faible coût (adaptation pertinente à la
raréfaction des capillaires coronaires)– Mais au prix… d’un régime de fonctionnement réduit et d’une
oindre rapidité de relaxation
• Adaptation pertinente grâce à notre patrimoine génétique, mais qui a un caractère délétère potentiel.
O. Saint Jean
Une nouvelle dynamique cardiaque
• Une force d’éjection conservée grâce aux propriétés de la nouvelle protéine contractile
• Un remplissage du ventricule rendu plus difficile par:• Les troubles de la relaxation de cette protéine• Une fibrose d’origine inconnue
O. Saint Jean
Exemple des « carences » hormonales
• Modulations des sécrétions hormonales au cours de la vie
• Présenté comme le modèle idéal du « vieillissement perte »– DHEA
– Hormone de croissance
– Ménopause
• La restauration des taux de la jeunesse comme modèle de la « fontaine d jouvence ».
Etude DHEAge
• Double aveugle, randomisée, contre placebo• 280 sujets sains de 60-79 ans• Critères exclusion:
– Pathologie sévère ou évolutive– Démence– Dépression– Antécédent de cancer hormono-dépendant– Hypertrophie prostatique et THS
• Aucun résultat positif significatif
THS de la ménopause
• Efficacités probables sur les roubles fonctionnels péri ménopausiques
• « Fontaine de jouvence » ???• Minéralisation osseuse• Prévention cardio-vasculaire et cognitive
• Mais augmente le risque de toutes les maladies qui tuent les vieilles dames
Le vieillissement: un prix à payer
Existe t-il une capacité limitées aux réserves adaptatives ?
Vieillir c’est s’adapter mais perdre progressivement sa réserve fonctionnelle
Vieillir c’est risquer de devenir vulnérable sans que la pertinence clinique du phénomène soit perceptible hors situations d’agression.
FRAGILITEFRAGILITE
Les principaux modes évolutifs du vieillissement selon Rowe et Kahn
• Le vieillissement réussi (successfull aging)
• Le vieillissement habituel ou usuel (usual aging)
• Le vieillissement avec pathologies (pathological aging)
Les 3 modes de vieillissement
successfull aging
Vieillissement sain, en bonne santé, avec succès, productif…
- 12 à 33% des personnes âgées
Fonctionnement physique, mental et psychosocial avec une dimension subjective importante (« bien-être », satisfaction de vie)
CaractéristiquesCaractéristiques- Ne se sentent pas déprimés
- Bonne satisfaction de vie
- Travail rémunéré ou bénévole
- Activités de loisir
- Implication familiale importante
- Exercice physique (marche ++) ou sport
- Autonomie conservée
- Alimentation diversifiée
- Relation suivie avec au moins 5 personnes
Facteurs négatifsFacteurs négatifs
- Revenus bas
- Faible niveau d’études
- Sédentarité
- Isolement social
- Prise de psychotropes
- Tension artérielle élevée
- Tabagisme
- Baisse de l’audition
- Pathologies chroniques non contrôlées
• La fragilité est un syndrome clinique * secondaire à une réduction des aptitudes physiologiques qui prédispose à la perte de l’autonomie fonctionnelle ** et à une surmortalité ***
• La fragilité n’est pas correctement définie comme étant purement un état potentiel de déclin fonctionnel ****
• La fragilité constitue un état précurseur au déclin de l’autonomie fonctionnelle et se traduit aussi par un déclin des activités instrumentales et sociales de la vie courante*****
* Fried 1994 **Bortz J Gerontol 2002; Buchner et Wagner Clinics Geriatric Med 1992 *** Mitnitski JAGS 2005**** Morley J Gerontol 2002***** Brown Int J Rehabil Res 1995; Nourhashemei F J Gerontol 2001.
• La réduction des réserves physiologiques de l’individu entraîne un équilibre précaire dans le milieu de vie et une impossibilité à s’adapter au changement * ou à trouver un nouvel équilibre face à des contraintes nouvelles ( capacité de résilience).
• De fait, les sujets âgés fragiles sont vulnérables et les plus exposés aux risques de santé: maladies aiguës, hospitalisation, convalescence prolongée, mortalité, chutes, accidents, dépendance, institutionnalisation.
* Lipsitz J Gerontol 2002
SCHEMA D’INTER RELATIONMaladie chronique
Vieillissement
Baisse des réserves physiologiques
Facteurs modulateurs Équilibre précaire- socio familiaux
- économiques Maladie aiguë- Habitudes de vie Stress
TraumatismeDécompensation de handicap
Aggravation en cascade
La fragilité peut être La fragilité n’est pas
Patente lors d’un Le vieillissement syndrome gériatrique Secondaire à uneÉvolutive pathologie définieInstableParfois réversible L’incapacitéLatente auto perçue La dépendanceModulée par les habitudes et par La sénescence l’environnementÉtat pré clinique de l’incapacité
Plusieurs approches sont nécessaires pour comprendre et décrire la fragilité:
• L’approche fonctionnelle– Notion de réserve fonctionnelle– Notion de seuil de décompensation
• L’approche biomédicale– Niveau de performance physique– Capacités cognitives et coordination
• L’approche globale (au-delà du biomédical)– Bien être subjectif…– Insertion, indépendance financière…
L’approche fonctionnelleNotion de seuil fonctionnel
De nombreux systèmes de l’organisme sont surdimensionnés. La plupart des systèmes ont un seuil de fonctionnement normal au dessus de 30 % de la capacité maximale
HEALTH
Frailty
Profound Functionnal Loss
100 %
Bortz J Gerontol 2002
L’approche fonctionnelle de la fragilité
• Notion de seuil: ex. de la force musculaire des MI *– Jeune en bonne santé: 5 Watt / kg de puissance
– Minimum pour la marche : 1,2 Watt / kg
– Au dessus de 0,5 Watt / kg (10 %) la marche est impossible
• Notion de réserve fonctionnelle avec une marge sécurité d’environ 70 % des capacités maximales **
•Bassey Clin Sci 1992
•** Bortz 1996
VO2 max, consommation d’O2 du myocarde, diamètre des artères impliquées dans la microcirculation, dissociation des l’hémoglobine, capacité respiratoire maximale, VEMS, paramètres hématologiques (plaquettes, neutrophiles, prothrombine) fonction hépatique et rénale, glycémie, capacité sensorielle, tâche cognitive, contenu en dopamine du cerveau
L’approche fonctionnelle de la fragilitéExemple de fonction avec seuil déclenchant une
décompensation
Bortz J Gerontol 2002
L’approche fonctionnelle de la fragilité
• La notion de seuil a pour conséquence qu’un facteur mineur comme une pathologie bénigne, un traumatisme ou un décubitus prolongé peut déclencher un état instable (notion dynamique)*
• La fragilité est auto perçue par les sujets à travers la baisse fonctionnelle **
•Rockwook Drug Aging 2000
•** Gealey J AM Acad Minse Pract 1997
Effet d’un traumatisme modéré
Réserve fonctionnelle %
Vigoureux
Fragile
Insuffisance
fonctionnelle
Temps
Récupération complète
Précarité
Instabilité
Non récupération
L’approche biomédicale de la fragilité
• La fragilité physique est la plus facile à comprendre et à mesurer
– État intermédiaire entre le robustesse et la faiblesse avec décompensation invalidante
– État opérant pour les stratégies de prévention (action sur la force musculaire, l’équilibre, l’endurance)
• Fried a décrit une listes de critères mesurables (J. Gérontol 2001)
Vieillissement musculo-squelettique
Maladies SARCOPENIE Dénutrition
VO2 max et F muscu
Métabolisme de vitesse de marche Basal
INCAPACITE
Dépense énergétique Anorexie
Vieillissement DysrégulationNeuroendocrinienne
• Le concept de fragilité est plus large que le simple déclin physique *
• La dimension cognitive est très importante (notamment cohérence et activités instrumentales) **
L’approche biomédicale de la fragilité
* J Morley J Gerontol 2002
** Modèle de Winograd, Rockwood, Campbell, Gill
L’approche biomédicale de la fragilité
CAPACITES DE RESERVE
MESURE DE PERFORMANCE
Fonction musculo-squelettique
F fléchisseur doigts, lever de chaise
Capacité aérobie Épreuve au tapis, marche
Fonctions cognitives et d’intégration
MMS, équilibre, statique
Statut nutritionnel IMC, périmètre brachial
Campbell Age and Aging 1997; 26: 315-8.
Physiopathologie de la fragilité• La sarcopénie
Baisse de la synthèse protéique, baisse hormone anabolisante, hypercytokinémie, sédentarité
• L’artériolosclérose avec baisse de la microcirculationRéduction oxygène disponible pour les musclesBaisse débit cardiaque, NAS, AVC bas bruit
• La malnutritionBaisse de la protection contre les radicaux libres, élévation de l’homocystéine
avec accélération de l’artérioloscléroseDéfaut apport en graisse, carence en vitamine D
• L’atteinte cognitiveBaisse de la vitesse de raisonnement, des mouvementsBaisse de l’apport alimentaire avec anorexie
Approche globale de la fragilité• La prise en compte des facteurs modulateurs permet d’exprimer toute la
complexité du concept de fragilité en alliant de manière cohérente ses dimensions biomédicales et psychosociales
• Ressources individuelles– Estime de soi– Habitudes de vie: alcool, sédentarité, automédication– Statut socio-économique– Éducation– Coping
• Ressources sociales– Niveau de soutien social– Milieu de vie
• Ressources du système de santé– Accessibilité, continuité, qualité
Lebel et al 1999.
L’approche globale de la fragilité
• L’adaptabilité et l’optimisation d’une fonction particulièrement atteinte sont importantes grâce à l’ajustement des différentes fonctions entre elles, mais à condition qu’il y ait reconditionnement et réentraînement (concept de symmorphose de Wiebel)
• Inversement, la non utilisation , le déconditionnement, la désafférentation, font décroître les capacités d’adaptation des systèmes enzymatiques et réduire l’adaptabilité des fonctions (mauvais rapport coût-efficacité)
• D’où le caractère dynamique de la fragilitéSi l’intervention est précoce: récupération (mais souvent incomplète).
Prévalence de la fragilité
Une cohorte hispanique EPESE d’âge moyen
78 + 5 ans
– 22 % chez les femmes
– 17 % chez les hommes
Otenbacher JAGS 2005.
Clinique de la fragilité Les signes physiques
• Asthénie, fatigabilité• Sarcopénie et diminution force musculaire• Faible poids +/- dénutrition• Ralentissement à la marche• Troubles de l’équilibre de l’endurance, déconditionnement à l’effort• Confinement
• Démotivation, oubli à mesure
• Perte d’entrain, désinvestissement
• Mauvaise perception de son état de santé
• Peur de tomber
• Repli sur soi, réduction des activités
• Sentiment de solitude, angoisse
• Anorexie
Clinique de la fragilité Les signes psycho-affectifs
• Dysfonctionnement des cytokines (Cohen 1997, Roubenoff 1998)
CRP lipolyse, protéolyse (stimulation TNF)
• Baisses des hormones anaboliques– Testostérones (Morley 1997) – IGF1 DHEA (Fisher 2002)
• Réserve vitaminique effondrée– Hyperhomocystéinémie par vit B12, Ac. Folique, – Syndrome 25OH VitD » basse, PTH élevé par défaut d’apport en graisse, – confinement, soleil = 0
• Hypertonie plasmatique (Stookey 2004)
Clinique de la fragilité la biologie
Les conséquences
• Émergences de syndromes gériatriques
– Chute avec peur de tomber, confusion aiguë, incontinence
– Retrait des activités sociales, épuisement, iatrogénie
– Confinement à domicile, dépendance
• Phénomène de cascade et cercle vicieux.
• Parcours hospitalier difficile (Winograd JAGS 1991)
– DMS plus longue– Ré hospitalisation
• Mortalité X 3 à 5 ans (Rockwood Lancet 1999)
• Institutionnalisation X 9 à 5ans (Rockwood Lancet 1999)
Les conséquences
Outils décisionnels
• Aux urgences: orientation dans la filière
• Lors de la prescription: appréciation de la réserve fonctionnelle: rein, nutrition, foie et cognition
• Cancer: chimiothérapie, chirurgie majeure
• Choix domicile – institution
• Description population (santé publique)
Fragilité aux urgences
• Score ISAR (Identification of senior at risk) auto questionnaire
– Besoin d’aides à domicile avant l’admission aux urgences
– Besoin de plus d’aide depuis le début des troubles
– Hospitalisation dans les six derniers mois
– Troubles de la vue
– Troubles de la mémoire
– Prise de plus de trois médicaments
• Si plus de 2 réponses positives, risque d’évènements indésirables.
Fragilité et décision lourde
• Au moins trois critères selon Fried
– Perte de plus de 5 kg dans l’année écoulée
– Sensation subjective d’épuisement
– Diminution force des fléchisseurs des doigts
– Diminution de la vitesse de marche
– Faible niveau d’activité physique
(Fried J Gerontol A Biol Sci Med Sci 2001; 56 A: M146- 1 M56)
Critères de Speechley et Tinetti• Plus de 3 critères de fragilité:
Plus de 80 ans Sédatifs
Dépression Trb équilibre marche
Sédentarité Diminution F muscu
Baisse vision de près Incapacité Mb inf
• Moins de 3 critères de « vigueur »:moins de 80 ans Pas de déficit cognitif
Exercice régulier Bonne visionJAGS 1991; 39: 46-52
EGSGénotype État clinique (phénotype)
Non mesurable évocateur mesurableAtteinte musculaire
Sédentarité
Démotivation
Oubli
Dysrégulation des
hormones
neurotransmetteurs
Baisse oxygénation et microcirculation
Altération du système immunitaire
Symptômes
Perte de poids
Fatigue, apathie
Anorexie
Faiblesse, douleur
Signes cliniques
Dénutrition
Marche à petits pas
Hypotension
Instabilité
Sarcopénie
Évaluation
Périmètre mollet < 30 cm
Appui unipodal < 5 sec
Get up and go test > 20 sec
MMS < 24 / 30
Mini GDS > 1
BMI < 20 kg/m²
Perte d’un item ou plus à l’échelle ADL ou IADL
> 4 médicaments par jour
Isolement, > 85 ans
Prise en charge gériatrique
Bien soigner le sujet fragile
• Limiter les maladies thromboemboliques indues (Bosson J Med VAx 2003)
• Limiter le risque d’escarre de décubitus indue • Des stratégies pour limiter les confusion aiguës
lutter contre la privation de sommeil, réduction des psychotropes, hydratation, contrôle de l’hyperthermie, aides à la vision et à l’audition, orientation, stimulation cognitive (incidence de 10 % versus 15 %, OR de 0,6 [0,4: 0,9] Inouye NJEM 1999)
• Utiliser des voies d’abord qui ne limitent pas les transferts• Lutter contre les conséquences musculaires de l’hypercatabolisme • Antibiothérapie précoce souvent probabiliste en tenant compte de la FG• Complément nutritionnels (protéines, vitamines, zinc)• Éviter les sondes à demeure• Surveillance du transit intestinal• Revoir les traitements de fond• Se méfier des interférences médicamenteuses• Réduire les posologies suivant la fonction rénale• Poursuivre plus longtemps la rééducation (x 3 même après le retour à domicile)
Something about frailty
« In many ways, frailty is the bread and butter of the geriatrician’s existence…it is in the management of frailty that the art of geriatrics is best expressed ».
J. E. MORLEY J Gerontol 2002; 57 A
PREVENTION
Prévention (« prendre les devants ») : ensemble desmesures qui permettent d’éviter l’apparition, l’aggravationet l’extension de certaines maladies
- Primaire : prévenir ou retarder l’apparition de la maladie (FDR : tabac, alcool, cholestérol; exercice; vaccinations)
- Secondaire : détection précoce de la maladie (dépistage ou « screening ») ou prévention des récidives
- Tertiaire : prévention des complications liées à la maladie, y compris iatrogéniques
Les paradoxes de la prévention
• On en parle beaucoup – mais on fait peu
• Moyen d’économie – mais elle a un coût
• Intéressement de la collectivité – mais réticences individuelles (syndrome NIMBY)
J-P Aquino
« Renoncer à un plaisir immédiat pour …un bénéfice futur éventuel »
Programmes éducatifs dès l’enfance
- Hygiène alimentaire : équilibrée, diversifiée (fruits, légumes), repas réguliers, vitamines…
- Hygiène buccale : brossage des dents, fluor…
- Hygiène physique : exercices, sport…
- Hygiène de vie : éviter les expositions solaires prolongées, se protéger les yeux, dormir suffisamment…
Pathologies « facilement » évitables
- Tabac: cancers, BPCO, pathologies cardio-vasculaires
- Alcool en excès : cancers, pathologies hépatiques
- Sédentarité et obésité : pathologies cardio-vasculaires, diabète, HTA, arthrose…
- Toxicomanies : dépendance, hépatites, sida…
- Conduite automobile : accidents, handicaps
- Sexualité non protégée : MST, sida, hépatites…
Les différences de mortalité prématurée (< 65 ans) sont essentiellement liées au mode de vie et aux pratiques de prévention :
- alcoolisme (+++)
- tabagisme
- nutrition
- sédentarité
- conduites dangereuses
Prévention du vieillissement physiologique
Techniques hormonales- estrogènes (THS) : sous surveillance (CI : K du sein)Efficacité : ménopause, qualité de vie, sexualité, ostéoporose. < 34% des femmes ménopausées en France
- testostérone : en cas de carence avérée (andropause)
- DHEA : pas de démonstration de son intérêt, risque de K hormono-dépendant (prostate, sein, utérus) et cardio-vasculaire (diminution du HDL cholestérol)
- mélatonine : si désynchronisation (jet-lag, troubles du sommeil)
- hormone de croissance : pas de donnée, danger +++
- hormones thyroïdiennes : interdites sauf hypothyroïdie
- autres hormones : ???
Prévention du vieillissement physiologique
Techniques non hormonales
- exercice physique : *favorise un vieillissement réussi, mais n’allonge pas l’espérance de vie*marche (30 mn/j), natation, vélo, Taï Chi Chuan*efficacité sur : autonomie, équilibre, qualité de vie, obésité, diabète, HTA, pathologies cardio- vasculaires,
ostéoporose, sarcopénie…
- antioxydants (vitamine E, C…) : pas d’étude concluante
- restriction calorique (sans malnutrition) : allonge l’espérance de vie chez l’animal
Etude SUVIMAX
Supplémentation en vitamines et minéraux antioxydants
– 13 000 personnes de 45 à 60 ans
– Doses nutritionnelles de Vit C, E, sélénium, zinc, carotène
– Homme : cancers de 30 % (digestif, ORL, poumon)
– Femme : pas de modification, car apports en fruits et légumes réguliers
Prévention du vieillissement pathologique
Prévention primaire : les vaccinations
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5
10
15
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50 53 56 59 62 65 68 71 74 77 80 83 86 89 92 95 98
mortalitécouverture vaccinale
Tétanos
Grippe
Pneumocoque
Prévention du vieillissement pathologique
A tout âge : cancer du sein, problèmes dentairesHTA (1/4 patient correctement traité)Diabète de type II (8,6% après 65 ans, 14-20% après 75 ans)
Dès 50 ans :Ostéoporose : 1 femme /3 après 50 ans, > 150 000 fractures/anPresbyacousie : 25% après 65 ansCataracte (50% entre 75 et 85 ans), glaucome, DMLA
Prévention secondaire : dépistage (1)Prévention secondaire : dépistage (1)
Prévention du vieillissement pathologique
Après 65 ans :Maladie d’Alzheimer : 150 000 nouveaux cas/an
Cancers (50 à 84% après 65 ans) : sein, colon, prostate
Dépression : 20% des femmes et 12% des hommes après 75 ans
Dénutrition
Troubles de la déglutition
Incontinence urinaire
Chutes…
Prévention secondaire : dépistage (2)Prévention secondaire : dépistage (2)
Prévention du vieillissement pathologique
Prévention tertiaire :
- attention à la iatrogénie
- 10 à 15% des hospitalisations
- 10% des PA > 70 ans : aucun traitement
- médicaments à risque: cardio-vasculaires, AINS, psychotropes
En institution :Dénutrition (40 à 70%), déshydratation, chutes et fractures, escarres, constipation, douleurs, infections…
Autres :Passage à la retraite (Age moyen : 57,5 ans), accidents domestiques, maltraitance, isolement….
Taux d’activité des 55-64 ans
• France : 37,2%
• Finlande : 42,7%
• États-unis : 70,1%
• Japon : 76,3%
• Suède : 81,7%
Les bilans de santé
Proposés par la sécu tous les 5 ans, gratuits
www.cetaf.asso.fr/ces/ref.htm
Recommandations pour les examens périodiques de santé
Enfants
Adolescents et jeunes adultes (16-24 ans)
25-44 ans
45-59 ans
60-74 ans Bilan de prévention à 70 ans ?75 ans et plus
Évaluation gérontologique globale ou standardisée
Définition : moyen d’analyse et de mesure d’une situation complexe par la transformation d’éléments qualitatifs en éléments quantitatifs (scores)
Moyens : grilles d’évaluations standardisées, validées et reproductibles
Objectifs : repérer les déficiences, développer des stratégies de prévention et suivre l’évolution
Résultats : - diminution de la morbi-mortalité - diminution du nombre d’entrées en institution - amélioration de la qualité de vie
Principales échelles utilisées pour l’Evaluation Gérontologique Standardisée (EGS)
Fonctions cognitives : MMS (30 items), 5 mots, horloge, Grober
Dépression : GDS (15 items), Cornell, MADRS
Equilibre et risque de chute : Tinetti, Up and go, station unipodale
Nutrition : MNA (18 items), PNI
Autonomie, capacités fonctionnelles : ADL, IADL (18 items), AGGIR, MIF, SMAF, Barthel
Continence : Incontinence Monitoring Record
Évaluation des aidants : Zarit
Pathologies associées : Index de comorbidité
Dépistage en consultation de villeMoore AA, Siu AL. Screening for common problems in ambulatory elderly: clinical confirmation of a
screening instrument. Am J Med 1996;100:438-443.
Problèmes Evaluation Se Sp VPPNutrition « Avez-vous perdu du poids ? »
Peser0,65 0,87 0,62
Vision « Avez-vous des difficultés pour lire,conduire, TV… ? »
0,67 0,86 0,75
Audition Audioscopie 0,93 0,60 0,75
Mémoire Epreuve des 3 mots 0,90 0,64 0,60Continence « Avez-vous déjà eu des problèmes
d’incontinence urinaire ? »0,89 0,95 0,86
Dépression « Vous sentez-vous triste ou déprimé ? » 0,83 0,79 0,71Autonomie « Etes-vous capable de marcher, vélo,
ménage, se laver… ? »0,91 0,50 0,88
Mobilité Up and Go 0,88 0,94 0,91
Comment dépister les situations à risque ?Inappétence : Peser le patient. « Avez-vous perdu du poids involontairement durant
les 6 derniers mois? »
Immuno-sénéscence: Vérifier les vaccinations
Incontinence : « Avez-vous déjà eu des pertes d ’urine? De l ’ incontinence urinaire? »
Instabilité: Station unipodale ou « Levez-vous de cette chaise, marchez 3 pas, revenez et asseyez-vous. »
Isolement : « Vivez-vous seul? Pensez-vous avoir besoin d’aides à domicile? »
Immobilité : « Êtes-vous capable de vous laver/habiller? De préparer vos repas? », IADL à 4 items (téléphone, médicaments, argent, transports)
Insuffisance sensorielle : « Avez-vous des difficultés avec votre audition? Avec votre vue? »
Idées dépressives : « Vous sentez-vous triste ou déprimé? »
Iatrogénie : « Prenez-vous plus de 3 à 5 médicaments? » Examiner les ordonnances
Incapacité mentale : Épreuve des 5 mots
L’actualité préventive• Programme national nutrition santé (PNNS)
(2001-2005)
• Programme de prévention pour les personnes âgées fragiles (2002-2005)
• Programme « Bien Vieillir » (2003-2005)
• Plan d’action européen ostéoporose (2003)
• Préservation de l’autonomie des personnes âgées (2004)
• Loi de Santé publique (août 2004) J-P Aquino
Vieillir en bonne santé
• Hier : une absurdité
• Aujourd’hui : une possibilité
• Demain : une exigence des baby-boomers
• Un outil : la gérontologie préventive
J-P Aquino
Conclusion
Nutrition Exercice Vie sociale Vaccinations
C. Trivalle