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DOSSIER [ [ [ NRP Février 2015, n°25 NRP Juin 2016, n°32 Droit Des villes algériennes dans la rhétorique littéraire de quelques romans récents L’Algérie restera déficitaire jusqu’en 2020, « DES VILLES, DES QUARTIERS ET DES HISTOIRES » Culture/Médias Economie Tewfik Abdelbari et Franseza Pardoe Le projet du permis de conduire biométrique lancé Ouiza KANACHE Hadj Meliani

NRP Juin n°32 - CDEScdesoran.org/document/NRP32.pdf · 2017. 4. 18. · la région (hormis Mohammed Dib, son cousin Souheil et quel-ques uns), on conclurait vite que les thèmes

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DossierDOSSIER

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NRP Février 2015, n°25NRP Juin 2016, n°32

Droit

Des villes algériennes dans la rhétorique littéraire de quelquesromans récents

L’Algérie restera déficitaire jusqu’en 2020,

« DES VILLES, DES QUARTIERS

ET DES HISTOIRES »

Culture/Médias

Economie

Tewfik Abdelbari et Franseza Pardoe

Le projet du permis de conduire biométrique lancéOuiza KANACHE

Hadj Meliani

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Sommaire

La NRP est la nouvelle formule de la « Revue de presse », créée en 1956 par le centre des Glycines d’Alger.

[Attestation du ministère de l’information: A1 23, 7 février 1977]

Revue bimensuelle réalisée en collaboration avec le :

Ont collaboré à ce numéroRyad CHIKHI, Bernard JANICOT, Leila TENNCI, Ghalem DOUAR, Omar AOUAB

Lamya TENNCI, Sid Ahmed ABED, Mehdi SOUIAH, Samir REBIAI, Laid Nasro OUENZAR

CENTRE DE DOCUMENTATION ECONOMIQUE ET SOCIALE

3, rue Kadiri Sid Ahmed, Oran • Tel: +213 41 40 85 83 •Site web: www.cdesoran.org / Facebook : Cdes Oran

Economie10 chiffres pour saisir le malaise économique algérien,PatrickChabert,p.9

L’Algérie restera déficitaire jusqu’en 2020,avertit le FMI qui

appelle à faire des réformes, Tewfik Abdelbari et FransezaPardoe , p.10

Droit

Le projet du permis de conduire biométrique lancé,OuizaKANACHE p.11

Séminaire sur la lutte contre la contrefaçon à Béjaïa,NordineDouici,p.12

Culture/Médias

Des villes algériennes dans la rhétorique littéraire dequelques romans récents, Hadj Meliani, p.13

Exposition : « Picturie générale » ou l’épicerie de l’artcontemporain en Algérie, Chloé Rondeleux, p.14

Bibliographie, p.15

Dossier

« DES VILLES, DES QUARTIERS ET DES HISTOIRES »

OU VA LA VILLE ALGERIENNE ?,Amar Naït Messaoud , p.4

QUE VEUT DIRE TLEMCEN ?,Berriah Chahredine, p.4

IFRI OU ORAN, UNE HISTOIRE DE PLUS DE 15 SIECLES,MounraAmine Seka, p.5TENES : UNE VILLE HISTORIQUE ENCLAVEE ET IGNOREE, RachidMoussaoui. ,p.5-6BEJAÏA LA CITE LUMINEUSE, A. Aliouat, p.7

CIRTA : L’UNE DES PLUS VIEILLES VILLES AU MONDE, Salah

Boulkroun,p.7

BREVE HISTOIRE DU MZAB,Chafaa Chafai, p.8

DES PANS DE L’HISTOIRE D’ALGER EXHUMES,Rabéa, F, p.8

[email protected]

N° 32, Juin 2016

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NRP, Juin 2016, n°32

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Editorial

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NRP, Juin 2016, n°32

Leila Tennci

Aujourd’hui habiter une ville algérienne signifie faire l’effort des’adapter au bruit, à la pollution des moyens de transports can-

cérigènes, à la violence verbale et physique, au stress, au nombre infernal des boutiques commer-ciales qui vendent toutes une marchandise venant du Maroc ou du Moyen-Orient comme si l’Algé-rie n’avait pas sa culture. Les banlieues des villes ou ce qu’on appelle les nouvelles villes qu’onqualifie de cités dortoirs ne valent pas mieux. Ces immeubles construits sans aucun respect des

normes internationales ou culturelles spécifiques au pays. Que vaut la « lubie » des quartiers nou-veaux qu’on construit au détriment d’autres tout en démolissant avec, des périodes de l’histoirepreuves du passage de plusieurs civilisations antiques. Où va la ville algérienne avec ses grandestours qu’on construit au moindre recoin parce qu’on a envie de faire des villes comme à Dubaï, aux

émirats ou en Arabie saoudite. On ne jure que par l’anarchie. Telle est la devise actuelle de la villealgérienne. Anarchie matérielle car on peut retrouver sur le même trottoir plusieurs styles de cons-tructions avec des couleurs différentes, et anarchie immatérielle qui sort du domaine quantitatif.On n’est plus dans le nombre de relogements pour plaire aux autres. On est dans l’absence de l’art

de vivre lié à un site, à un climat, une histoire, un relationnel, une culture revendiquée. Une culturede la ville peut résumer un manque dans des agrégats urbains qu’on a cessé d’installer depuis desdécennies. Le cosmopolitisme induit par une situation d’urgence pour caser le maximum de mondedans un temps minimum a fait en sorte que la violence sociale a élu domicile à son tour et pour

longtemps. Mais face à cette politique d’urgence, des villes historiques entières comme Ifri, Ténès,Constantine, ou encore Béjaia sont en train de disparaitre. Enfouie sous les décombres, on les re-trouvera quelques siècles après à l’occasion de la construction d’un métro, en creusant un puitsdans une villa. Combien de trésors sont enterrés ne demandant qu’à être ressuscités. Pourquoi ne

pas apprendre à vivre avec son passé même s’il menace ruine. Il est vrai qu’il est urgent de relogerdes familles entières qui attendent légitiment leur tour depuis des décennies. En revanche, il estaussi normal d’apprendre à former, à restaurer pour construire des musées à ciel ouvert avec les-quels on encouragera le tourisme et avec lui l’économie du pays. Chaque quartier, chaque recoin

comporte une histoire qu’on racontera à nos enfants. Que deviendront ces histoires après la sériede démolitions actuelles ? Tout le monde sait que le site démoli sera racheté par un milliardaire quien fera une tour affreuse sur les décombres d’une histoire belle à raconter. Cet acte pourrait êtrequalifié de crime contre l’humanité car on prive cette dernière de son passé et de son identité. On

dénature un pays. La ville algérienne s’étouffe. On l’étrangle pour la rendre amnésique.

« DES VILLES, DES QUARTIERS

ET DES HISTOIRES »

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NRP, Juin 2016, n°32

DOSSIEROU VA LA VILLE ALGERIENNE ?

…L’extension des villes, la consom-mation des terrains agricoles, les bi-donvilles qui se sont métastasés, lacréation de « villes nouvelles », le ca-pharnaüm architectural, la fré-quence alarmante des inondationsdans les quartiers, la dégradationgénérale du cadre de vie, la violenceurbaine, sont autant de réalités quicaractérisent la ville algérienned’aujourd’hui. Une vraie politique dela ville n’existe pas…On parle d’ « ab-sence » de textes législatifs qui per-mettent une gestion moderne desvilles algériennes». S’agissant debonne gouvernance des villes, ondonnera le contre-exemple de la villenouvelle de Sidi Abdallah, dans labanlieue d’Alger; une ville qu’on qua-lifie d’«intelligente». Cependant, desspécialistes n’ont pas manqué desoulever la problématique du déficitde qualification de la ressource hu-maine pour gérer un ensemble ur-bain se donnant pour vocation unfonctionnement intelligent basé surles technologies modernes. Mais, ledébat sur la ville algérienne est loinde se confiner dans la problématiquedes villes nouvelles, bien que cesdernières soient loin d’être toutesun exemple réussi deplanification…Un exemple vivant dugâchis « organisé » en la matière estillustré par la vil le nouvelle AliMendjeli, un agrégat de plus de200.000 habitants, venant de toutl’est algérien, et relevant de la com-mune d’El Khroub. Le débat sur laville, s’il arrive à s’enclencher, estcensé touché l’espace où résidentplus de 24 millions d’Algériens; es-pace confiné, à près de 80%, entreles Hauts Plateaux et le littoral. Lapolitique nationale de la ville necesse d’évoluer au gré des change-ments affectant l’organigramme dugouvernement et les administrationsintermédiaires, comme elle évolue

également au fil des programmes delogements, particulièrement depuisque les plans quinquennaux mis enœuvre au cours des quinze derniè-res années ont mobilisé des pro-grammes importants de construc-tion de logements qui se comptenten millions d’unités…On ne retientaucune espèce de «révolution» dansce lourd dossier qui ne cesse de ré-véler chaque jour sa complexité. Lieud’habitat, de travail, de consomma-tion, de rejets domestiques et indus-triels, la ville algérienne peine à as-sumer toutes ces missions dans lesrègles de la convivialité, de la paixsociale, de l’hygiène et de la détente;comme elle perd de plus en plus sesvaleurs d’authenticité, de citadinitéet de source d’immersion culturelle.En résumé, son identité s’oblitèrechaque jour davantage en raisond’une extension exponentielle quiest rarement soumise à des plansscientif iquement préétablis. Enoutre, le recul de l’Etat a fini par con-férer un caractère de « pétaudière »aux grandes villes algériennes, ycompris la capitale et les villes pro-vinciales. Les données actuelles por-tant sur la vie des villes algériennesétablissement que 65% des habitantsvivent en ville, et que cette popula-tion croîtra de 10 millions d’habitantsd’ici 2033 ; ce qui fera que 80% de lapopulation sera urbaine à cet hori-zon. Population urbaine ne signifiepas automatiquement population ci-tadine. Le premier concept a ten-dance à suggérer le nombre, la den-sité et la concentration humaine dansun espace réduit. Le second, sup-pose des pratiques, une culture, unsavoir-vivre, des comportements,une mentalité…Le cœur de la villemédina arabo-berbère et de la villecoloniale étant complètement bou-leversé par l’arrivée de nouvelles po-pulations rurales ayant subi un exode

21 Fvrier 2016

QUE VEUT DIRETLEMCEN ?

Combien de Tlemcéniens con-naissent l’origine des nomsdont a hérité leur ville ? Cellequ’on dénomme « La perle duMaghreb » a eu plusieurs bap-têmes: Pomaria signifiant lesvergers, puis Agadir (le rem-part), Tagrart (le camp) et en-fin Tlemcen (nom berbère dé-signant les sources). Autant denoms, synonymes d’escales decivilisations qui font de cetteville l’une des plus riches enpatrimoine…Les habitants,bercés par plusieurs civilisa-tions, connaissent par cœur lesjalons historiques ayant marquéles époques de Tlemcen etdonc les noms qui lui ont étédonnés…Mais, ce qui suscitedavantage la sensation, c’estl’explication exacte des jeunesde ces noms aux origines diffé-rentes. C’est quasiment inné.On parle de Tlemcen avecpassion…Si l’on se mettait à ar-chiver les nombreux ouvragesécrits par les auteurs locaux surla région (hormis MohammedDib, son cousin Souheil et quel-ques uns), on conclurait viteque les thèmes sont exclusive-ment consacrés au patrimoinematériel et immatériel de laville. C’est là une preuve sup-plémentaire prouvant ce lienfort qui scelle les Tlemceniensà leur ville. Une particularité quiérige Tlemcen en cité excep-tionnelle et incite les touristesà la connaitre de l’intérieur…

économique ou sécuritaire, lesextensions horizontales et ver-ticales ne répondent presqueà aucune norme…

Amar Naït Messaoud

Berriah Chahredine

28 Avril 2016

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NRP, Juin 2016, n°32

DOSSIER

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IFRI OU ORAN, UNE HISTOIRE DE PLUS DE 15 SIECLESCheikh Tayeb Al Mhaji, PierreBenichou, Alain Chabat, Maurice ElMediouni, Abdelkader Alloula,Ahmed Zabana, Ahmed Wahbi, JeanPierre El Kabbach, ou encore YvesSaint Laurent…Différents destins,différentes origines, mais tous nés àOran. Cette heureuse capitale del’Ouest, la « Ville espagnole » ché-rie par ses habitant qui ne peuventl’évoquer sans accrocher son nomà un qualificatif d’amour : »Wahrenel Bahia » (la radieuse). Durant lapréhistoire, Oran avait pour nom« Ifri » qui signifie « les cavernes »,avant de prendre le nom arabeOuahran, qui signifie « endroit auxlions ». Lors de sa refondation en902-903 par les marins MohamedBen Abu Aoun et Mohamed BenAbdoun et un groupe de marinsandalous appuyés par les Califes deCordoue. Elle connut une grandeprospérité sous la dynastie Zianide,mais fut entravée par l’occupationespagnole en 1509. Libérée deuxsiècles plus tard, en 1732, elle de-vient totalement affranchie en1792, mais deux ans plus tard, unviolent séisme fit 2 000 victimes.Sous les Beys de l’Ouest, le siègedu Beylicat fut transféré de Mas-cara à Oran où ils résidèrent jus-qu’en 1830. Une époque où sonport eut une solide renommée dansle commerce international. La mos-quée du Bey Mohamed El Kébir, futachevée en 1793 qui a servi demadersa (école), dite de Kheng enNatah et de cimetière familial duBey. La même année, le Bey appeléle borgne, fit édifier le mausolée duSaint Patron de la ville, au nom deCadi Boulahbel. En 1794, des pèlerinsvenus de la Mecque apportèrent une

nouvelle épidémie de peste et la villeest pratiquement déserte. En 1796,la mosquée du Pacha, nommé enl’honneur de Hassan Pacha, Dey d’Al-ger, est construite. Le premier imamde la mosquée : Sidi Mohamed EsSenni Al Mahaji, fût l’un des con-

seillers du Bey d’Oran et avait commefonction inspecteur principal, sous lerègne du Bey Mohamed ElKébir. Après le départ des espagno-les, Oran resta pendant 39 ans sousle règne turc. C’est le 14 janvier 1831que la cité est investie par l’arméefrançaise et passe sous dominationcoloniale. Elle comptait alors 4000 ha-bitants. Un siècle plus tard, elle est

démographiquement, la ville laplus européenne du pays, maiscompte la population espa-gnole à la prépondérance nu-mérique. En 1948, Orancompte 352 721 habitants dont65% sont européens, eux mê-mes plus nombreux que les al-

gériens. Le café El Wided estcréé par un groupe de mili-tants nationalistes en pleincentre ville, en 1943. Au fil dutemps, il devient un centre deregroupement des différen-tes tendances représentati-ves des parties de l’époque.Après les massacres du 8 mai1945, des familles oranaisesadoptèrent des enfants venusde l’Est du pays. C’est en mars1949, dans un des hôtelsd’Oran, Ben Bella et AïtAhmed, les deux responsa-bles de l’OS et du PPA, encompagnie de HamouBoutellis, préparent le cam-briolage de la poste d’Oran,un casse qui leur rapporta3070000 francs de l’époque.Un pactole qui servira l’insur-rection armée, déclenchée le1er novembre 1954. Oran la ra-dieuse, comme toutes lesgrandes villes algériennes, asu non seulement garder son

identité, mais a su s’imprégnerde l’influence de ses occupantssuccessifs.

TENES : UNE VILLE HISTORIQUE ENCLAVEE ET IGNOREETénès ou Anness…La toponymie dela région de Ténès est essentielle-ment d’origine amazigh car toute larégion était occupée jadis par destribus berbérophones dont le dia-lecte zénète est différent du Kabyledes Zouaouas... Ténès devient uneville universitaire et certains géogra-phes arabes tels que El Bekri (1068)ou Al Yaakoubi viennent y travailler.Ténès est une ville côtière de la Mé-diterranée, à mi-distance d’Alger etd’Oran. La rivière Oued Allala, ancien-nement Oued Er-Rihan (rivière desMyrtes), en sortant de l’étroit défilédes gorges, où elle s’engage au nordde Sidi Akkacha appelée Monte-notte, contourne le « Vieux Ténès »

par la droite pour aller se jeter dansla mer à moins d’un kilomètre, tra-versant une petite plaine côtière, dé-limitant ainsi les deux parties. C’estle cours d’eau le plus important de larégion avec l’oued Taghzoult àl’ouest. Le massif calcaire du CapTénès, est essentiellement formé decalcaires blancs compacts du Liasmoyen, ces calcaires sont azoïqueset de même nature que ceux duChenoua à 90 km à l’est. Il s’agit dupremier pointement de la chaine cal-caire littorale en Algérie. Elle culmineà 642 m d’altitude, mais le montTazanount, est le point le plus élevédu littoral du Dahra central avec ses

779 m. Le port de Ténès est unport de pêche et de commercedédié exclusivement au trans-port de marchandises. Le portassure des liaisons maritimesvers les ports de l’Ouest algé-rien, Oran et Mostaganem, etAlger. Les noms anciens, dontla signification n’est pas tou-jours claire, disparaissent auprofit de noms récents, la dis-solution des confédérations etdes tribus belliqueuses duDahra au XIXe siècle par lesfrançais, l’acculturation quis’ensuivit, l’assimilation dansles centres urbains et l’arabisa-tion des populations a accéléré

04 Avril 2016

Mounra Amine Seka

Rachid Moussaoui

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ce phénomène. Citons quelquesexemples de toponymes amazighsde la région de Ténès : OuedTafelilès, Tigharghar, Teraghnia, Dje-bel Tazanount, Guelamime, DjebelAchzerfet, Taghal imt, Mainis,Talassa, Aghbal,Bouyazit,Tadjna,Taghzoult, DjebelTamist, Bouzguirat, Taougrit,etc. Unhaut lieu de la Préhistoire. L’histoireurbaine de Ténès commence au 9esiècle av. J.-C, avec les occupationssuccessives, des Puniques, des Ber-bères, des Romains, des Vandales,des Byzantins, des Arabes, des Turcset des Français. Vers Le VIIIe siècleav. J.-C., les Phéniciens fondent àTénès un comptoir commercial etdes échanges commerciaux appa-raissent avec la population berbère.Des tombeaux existent à ce jour surla côte de la ville. A partir de ce mo-ment la vil le porta le nom deCartenna. Au IIIe siècle av. J.-C…,;elle est placée sous le commande-ment de Syphax. Sous la dominationcarthaginoise, elle est délivrée parMassinissa à la fin du siècle. En l’an30 av. J.-C, Selon l’historien romainPline l’ancien, Auguste y installe lessoldats de la 2e Légion romaine.Aujourd’hui sont découverts desvestiges datant de cette époquecomme par exemple des mosaïquesavec des inscriptions romaines : CaiusFulcinius Optatus, soldat de la 2e Lé-gion, ou bien celle de Victoria, fillede descendance sénatoriale décritedans le livre : « Le Trésor de Ténès».Entre 875 et 882, la région est entreles mains du chef militaire musulmanAbou El Mouhajir Dinar, puis par lesdynasties Rostemide, Maghraoua,Ziride, Almoravide, Almohade,Zianide et Mérinide. En l’an 1302, lesAndalous commencent la construc-tion de Ténès El Hadhar (la civilisée)appelée plus tard « Vieux Ténès », etoù se trouve la mosquée de Sidi

Maiza, considérée comme la 3e dupays et datant du début du Xème siè-cle. Lalla Aziza bent Soltane est lafille de Sidi Merouane El-Bahri, saintprotecteur de la ville de Ténès et sonroi pendant des années. De santéfragile, elle est morte très jeune. Sonpère qui l’adulait, décida de cons-truire cette mosquée en son hom-mage. Ténès devient alors une villeuniversitaire et certains géographesarabes tels qu’El Bekri (1068) ou AlYaakoubi viennent y travailler. Audébut du XVIe siècle, les Espagnolssont chassés par les Turcs, à la têtedesquels se trouve Kheireddine Bar-berousse. La ville reste ainsi sous do-mination turque jusqu’à la colonisa-tion française…Les occupations suc-cessives de la ville ont laissé beau-coup de vestiges ; pour la périodepréhistorique citons : les grottespréhistoriques au Cap Ténès, les sta-tions de campements et ateliers detaille du silex en plein air tout le longdu littoral, les escargotièresibéromaurusiennes et néolithiquesetc., dont la plupart sont malheureu-sement détruites ou abandonnées.La construction de la nouvelle villefrançaise sur les ruines mêmes del’antique Cartenna, la dispersion des

trouvailles, la destruction deruines souterraines lors de la re-construction font que la villeperdit beaucoup de vestiges deson passé glorieux. La nécro-pole punique appelée « tom-beau phénicien » est abandon-née. Le même phénomènes’observe au Vieux Ténès, citémédiévale construite au IXesiècle ap-J.C. par des marinsandalous, sa citadelle, Bordj elghoula (Tour de l’ogresse), estcomplètement délaissée et sapetite casbah tombe en ruineou est défigurée par des cons-tructions récentes. Le Trésorde Ténès a été découvert en1936 dans les thermes d’unevilla de Ténès. Il est constituépar une collection de 19 piècesde bijoux. Ils devaient apparte-nir à de riches familles romai-nes qui vivaient à Ténès et quicachèrent ce trésor à l’arrivéedes Vandales en août 429. Ilcomprend 19 objets, dont 17 enor, 1 en argent, 1 en bronze.Trois fibules en or, l’une figu-rant un dauphin, les deuxautres cruciformes. Sept élé-ments de garnitures de ceintu-res en or, à savoir : deux pla-ques-boucles, deux plaques-appliques, un bout de ceinture,et deux boutons-œillets; qua-tre bracelets en or, dont deuxbracelets torsadés, un brisé, unautre orné de pierres précieu-ses, un autre en opus interrasile; une ampoule d’argent ; deuxétuis d’or, dont l’un, le plus pe-tit, était un reliquaire; une ansede bronze brisée ; une brocheen or, avec le médaillon d’uneimpératrice, et trois petitescroix suspendues .

01 Septembre 2015

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BEJAÏA LA CITE LUMINEUSEC’est l’une des plus anciennes villes d’Al-gérie. Objet de toutes les convoitises,Bejaïa a subi bien des invasions. Des Ro-mains menés par l’empereur Auguste,aux troupes de l’armée française en pas-sant par les Berbères hammadites deMaurétanie et de Numidie jusqu’auxArabes de Bani Hillal. La ville a toujoursconstitué un enjeu de taille pour tousles belligérants qui se sont succédé dansd’âpres batailles. La ville fut dénomméeBougie pour la qualité exceptionnelledes cierges en cire d’abeille qui s’y fabri-quaient. Ceci pour démentir la légendequi veut que la cité s’appelât ainsi parcequ’elle éclairait de ses phares…Son iden-tité berbère de Bgayet signifie littéra-lement « ronces et mûres sauvages » etqu’on retrouve aux Aurès avec la loca-lité de Baghaï et en Tunisie avecBéja…C’est à la mosquée de la Casbahqu’off iciera le grand penseur IbnKhaldoun. Les envahisseurs d’Europe,des Romains jusqu’aux Français en pas-sant par les Espagnols, se sont tous atte-lés à détruire, raser le patrimoine millé-naire de la ville, et il ne reste rien desmonuments cités par les historiens mé-diévaux. Ainsi les fontaines, les dizainesde médersas, les palais ont disparu sousles attaques répétées des Espagnols, et

si quelques maisons de style berbéro-mauresque existent encore dans lesvieux quartiers de la ville, elles sont me-nacées de disparition par des propriétai-res enclins à remplacer la vieille pierre

et la magnifique mosaïque par du béton.…D’une place ceinte de mausolées à unerue au carrelage refait à neuf et dans la-quelle déambule une jeunesse insou-ciante, jusqu’au front de mer, majes-tueux quand les arbres bercent leurs pal-mes pour saluer le large où scintille uneblancheur dont on ne sait si c’est celledes mouettes ou des petits bateaux despêcheurs...Pour l’instant, la poésie se re-

pose et la ville s’enfièvre…Mais lacité a aussi d’autres passions puis-que, ici, la culture est solidementancrée dans les mœurs. Bejaïa cons-titue un pôle culturel important.Que ce soit dans la musique où co-habitent un chantre comme SadekEl Bejaoui, celui qui créa au débutdu siècle dernier le conservatoire,et un troubadour comme DjamelAllam, , le théâtre avec le regrettéBouguermouh, le cinéma avec l’as-sociation Project’heurts qui aréussi à instaurer des fameusesrencontres cinématographiques,le fameux café littéraire qui reçoitrégulièrement romanciers etpoètes...La côte est enchante-resse et nous empruntons uneroute qui serpente vers la meravec la promesse de découvrir des

sites inégalables. Direction le para-dis sur terre : Tighremt.

CIRTA : L’UNE DES PLUS VIEILLES VILLES AU MONDE…Dernièrement, on a trouvé dans lesgrottes d’el hofra (transatlantique) etpleins d’autres grottes, des traces de viedu néolithique. Des peuplades vivaientde chasse du lion et autres animaux sau-vages. Oui en Algérie vivait le lion à cetteépoque-là, et il a fallu sa chasse impitoya-ble par les romains, pour qu’il disparaisse.Vu que son commerce était juteux. Il estchassé et ensuite, vendu, vivant, à prixd’or dans les grandes villes romaines quece soit en Europe, ou dans partout dansle pourtour méditerranéen ! Commetout le monde sait, la ville est une desplus originales au monde, bâtie sur unrocher, coupé par un canyon : OuedRmel, appelé Ampsaga au temps desRomains. Qui fait 1600 m de long, enhauteur de 200 m ; jusqu’à 350 m de fa-laises. Mais surtout là, ou on peut ensortir une certaine fierté, c’est qu’ellefait partie d’une des villes les plus vieilleau monde. Elle est née de la même épo-que que la ville de Rome. Avec Athènes,qui est encore plus vieille, ces trois vil-les sont les seules qui sont encore de-bout. On peut leur rajouter Jérusalem!Alors que de grandes métropoles commeThèbes, Menphis et Pi-Ramsses enEgypte, Babylone, Carthage ont disparu!La découverte en 1945 de sphéroïdiquesà facettes sur le plateau du Mansourahpermet d’estimer à un million d’annéesl’occupation du rocher par les australo-pithèques dont on aurait retrouvé lesoutils. C’est beaucoup plus tard, au pa-léolithique (-45.000 ans avant notre ère)

que furent aménagées par l’Homme deNeandertal des habitations permanentesdans les grottes, notamment celles duMouflon et de l’Ours au pied du versantNord de Sidi M’Cid. A l’époque Capsienne(environ -14.000 à - 9.000 ans avant no-tre ère) la grotte des Pigeons (situéesous le boulevard de l’Abîme près de l’as-censeur) aura certainement servie depoint de repli aux habitants des grottes

de l’Ours et du Mouflon. Du néolithique(environ - 10.000 à - 2.000 ans avant no-tre ère) ont été retrouvés différentsoutils. La civilisation mégalithique y alaissé de nombreuses traces: dolmens,monuments. De l’âge des métaux ont étéretrouvés en particulier un poinçon debronze et une massette de fer. Puis, huitcivilisations ont occupé le site : numido-berbère, phénicienne, romaine, byzan-tine, arabe, turque, française et arabo-

berbère (avec entre temps le pas-sage en 429 des vandales). La villefût brûlée par Maxence en 311, cetempereur romain va se faire tuerun an plus tard par l’autre César enface: Constantin. Qui en 313 va re-construire la ville et lui donner sonnom : Constantine. Nom qu’elle agardé jusqu’à nos jours ! Pour cequi est de l’origine du nom Cirta,les historiens n’arrivent pas à semettre d’accord. Son ancien nomfût Sarim batim, nom donné parles Carthaginois, ensuite ceux-làmême la baptise Kirtha , qui veutdire ville en punique. L’historienRomain Tite Live la cite pour la 1refois fin du 3e siècle avant J.-C. Ca-pitale du roi Numide Syphax, quiavait perdu la guerre autour de203, la ville revient à Massinissa,qui était allié aux Romains, alorsque son adversaire était du côtédes Carthaginois! Massinissa eut unlong règne, frappa sa monnaie etfit de la ville un centre de rayon-

nement qu’elle n’a jamais connuaprès lui. D’où il est conseillé auxvisiteurs de faire un tour au muséeCirta, pour découvrir toutes ces ri-chesses, et ses réalisations !

A. Aliouat

08 Fevrier 2016

05 Avril 2015

Salah Boulkroun

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NRP, Juin 2016, n°32

DOSSIER

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09 Juillet 2015

BREVE HISTOIRE DU MZAB

Depuis des siècles, les mozabites vi-vaient en paix sur leurs terres dansleur région du M’ZAB (Aghlan) …Cepeuple Amazigh de 300.000 à400.000 âmes suit en majorité un riteIbadite qui tire ses règles religieuxdu livre «Kitab El Nil» duthéologien Abdelaziz Ben El HadjIbrahim Al Thaminy qui constitue lacharte même de l’ibadisme moza-bite. Ils parlent «Tamzavit» une va-riante du «Tamazight», la langue ma-ternelle de l’Afrique du nord. Lemozabite considère sa languecomme la composante essentielle desa personnalité, de son identité et deson histoire. Elle constitue pour luiune richesse jalousement sauvegar-dée d’un environnement qui deve-nait de plus en plus hostile, teintéd’arrogance affichée par les tenantsde l’arabe, qui la confinait dans unespace strictement réduit. Leur his-toire est enracinée depuis l’Antiquitéà cette terre Numide qui a vu naitre25 cités disparues depuis. Après lachute de leur empire Rustumide au10eme siècle, vaincu par les Fatimi-des, les survivants se sont installésà «Chebka» où ils ont construit leurville fortifiée. Ils ont été rejoints parla population noir «Ikurayan» fuyantla traite négrière orientale qui leurétait imposé par les pays arabes. En-suite, ils ont été rejoints par une pre-mière communauté de «juifTochavim » qui sont une fraction is-raélite partie lors de l’exode deMoise et qui était installé chez lesberbères, et plus tard par unedeuxième communauté juive enprovenance de l’ile de Djerba au12eme siècle. A partir du 14eme siè-cle, des communautés arabes vin-rent s’agréger au M’ZAB qui est de-venu une partie duroyaume «Zianide». La région duM’ZAB est toujours restée auto-nome. A l’époque turque, l’annexiondu M’zab au Baylik de l’Est Algériena été déclinée par les notables duM’zab et le Dey d’Alger a rapidementannulé cette annexion. Après l’occu-pation Française en 1830 de cettepartie de l’Afrique du nord qu’elle aappelé plus tard «Algérie», la Fédé-ration des Sept Cités du Mzab ont si-gné en 1853 un traité avec la Francequi leur permettait de rester auto-nomes en s’engageant à payer unecontribution de 1.800 francs an-nuelle. Depuis l’indépendance del’Algérie, les Mzab ont toujours étéune exception sur le plan cultuelleet culturelle…

DES PANS DE L’HISTOIRE D’ALGEREXHUMES

…Avant 2009, personne ne soupçonnaitl’existence des trésors cachés dans uneaire de 2500 m2 au niveau de la place desMartyrs. L’opération de fouilles archéo-

logiques a permis d’exhumer des pansentiers de l’histoire d’Alger. Cela contri-buera à l’enrichissement des connaissan-ces sur l’histoire de la capitale, depuis leIIe siècle jusqu’à la période contempo-raine. Des pièces de civilisations romaine,byzantine, berbère, phénicienne, otto-mane ont été découvertes. Des comp-toirs berbéro-puniques datant des IIe etIIIe siècles avant notre ère ont été éga-lement mis au jour. Une nécropole ren-fermant 64 sépultures de l’époque mé-diévale a été découverte sur les ruinesd’un autre quartier. Les découvertes ontmis en lumière l’époque médiévale etses constructions. Les Béni Mezghenaont créé une ville sur des ruines. Alger aprospéré grâce à son port et a connu sonapogée entre les XVIe et XIXe siècles. Lesdifférents aménagements ont été parcontre organisés à partir d’une trame

héritée de la période berbéro-islamique. Tous ces vestiges mis aujour représentant différentes sé-quences historiques seront valori-

sés en direction du grand public àtravers la création d’un musée.Deux ministères, celui de la Cul-ture et des Transports, ont con-venu d’ériger une stationmuséale. Il s’agit de la troisièmestation mondiale Rome etAthènes. Une fois la station de mé-tro inaugurée, les citoyens pour-ront mieux connaître les civilisa-tions. Dans le musée, il sera exposédes pans de l’histoire retraçantBeït el mal (le trésor), la mosquéeEssayida, les nécropolesmédiévales…Le musée de la sta-tion servira pour développer le tou-risme….

Chafaa Chafai

25 Janvier2016

Rabéa, F

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[ECONOMIE]

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10 chiffres pour saisir le malaise économique algérien

[…] l’ex bon élève du Maghreb,plombé par la baisse des prix dupétrole et du gaz, est aujourd’hui aubord d’une crise sociale majeure.

96%: L’économie de l’Algérie reposedepuis des décennies sur le gaz et lepétrole qui représentent 96% de sesexportations, près de la moitié de sonPIB et 60% des recettes budgétairesde l’Etat. Autant dire quel’effondrement des prix est unecatastrophe. […].

750 milliards de dollars : ce sont lesrentrées colossales générées par lesexportations de pétrole et de gazentre 1999 et 2014 […] , cette mannea très peu été investie dans ledéveloppement de l’économienationale : elle a surtout servie àacheter la paix sociale en finançantdes produits de premièrenécessité comme le lait , lesucre, la farine ou l’électricité etdes augmentations de salaireversés aux fonctionnaires etemployés des entreprisespubliques.

+40%: l’augmentation du prix del’essence depuis le 1er janvierest l iée à la réaction dugouvernement qui n’a plus lesmoyens de subventionner desdizaines de produits, ce qui étaitpour lui le moyen de soutenir lepouvoir d’achat des Algériens.Un pouvoir d’achat déjà amputépar l’affaiblissement de lamonnaie, le dinar qui a baissé de15% en un an par rapport à l’euro.Le gouvernement a aussi décidéde tailler dans les grands projetsd’infrastructures, […]

12,7%: Le taux de chômage quifrappe 1,33 million de personnes,monte depuis deux ans. Il touchemassivement les jeunes (moins de 25ans) et le ralentissement del’économie n’améliore pas leursperspectives bien au contraire : enun an seulement, leur taux dechômage est passé de 25,2% à prèsde 30%, selon l’Office National de laStatistique.

-13,7 milliards de dollars: la balancecommerciale du pays est déficitairepour la première fois depuis un quartde siècle, plombée parl’effondrement des recettes liéesaux hydrocarbures. Or les Algériens

importent tout ce qui entre dansleurs magasins, même les dattes, lesoranges ou la semoule. En janvier, legouvernement a donné un coup defrein en mettant en place deslicences d’importations sur lesvéhicules et le ciment notamment.Objectif ? Réduire la facture desimportations bien sûr […].

2 381 741 km2 : l’Algérie est par sataille le plus grand pays du continentafricain et le plus grand pays arabe.Sa superficie est quatre fois plusimportante que la France, mais sapopulation qui atteindra 40 millionsd’habitants en 2016 est inférieured’un tiers. Au sein de celle-ci lesjeunes sont toujours plus nombreux: 46% des algériens ont moins de 25ans.

1 million: c’est le nombre de postesde fonctionnaires que legouvernement envisage desupprimer afin de mieux encaisserle choc de la chute du pétrole. Undégraissage colossal puisqu’ilconcernerait 40% de l’ensemble des2,5 millions de fonctionnaires et quidu coup, pourrait déclencher unconflit social de grande ampleur dansun pays où la tension monte depuisdes mois du fait des mesuresd’austérité annoncées jour aprèsjour.

208 milliards de dollars: Le PIB enrecul du fait de la chute du pétrole[…]. Hors effet pétrole, il a mêmeencore légèrement progressé l’an

dernier. En revanche le déficit publiclui se creuse, obligeant les autoritésà puiser dans les économiesaccumulées durant les annéesfastes. Le Fonds de régulation desrecettes, créé justement pourcompenser l’impact des fluctuationsdu pétrole sur le budget a étéponctionné de 30 milliards de dollarsen 2014, probablement d’autant en2015 et pourrait être à sec dès cetteannée.

2ème: Pour la troisième annéeconsecutive, la France est ledeuxième fournisseur du paysderrière la Chine. Paris détient 10,5%du marché avec 5,4 milliardsd’exportations (et un soldelégèrement excédentaire) versl’Algérie contre 16% pour Pékin.

2025: Même quand le prix deshydrocarbures se remettra àprogresser, ce qui f inira par seproduire, l’Algérie ne sera pas aubout de ses peines. Car dans lesecteur tous les voyants ont déjà viréau rouge : la production est en baisse,la consommation nationale flambe etla part réservée aux exportationsrecule.

01 Mars 2016

Patrick Chabert

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[ECONOMIE]

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L’Algérie restera déficitaire jusqu’en 2020,avertit le FMI qui appelle à faire des réformes

Fonte des recettes : la violence ducontre-choc pétrolier

Depuis 2014, les prix du pétrole ontbaissé de 70% selon les données duFMI. Actuellement autour de40 dollars le baril, les cours du pétrolene devraient que légèrementremonter d’ici la fin de la décennie(2020), pour atteindre un prix de50 dollars le baril, indique le rapport.Les conséquences sur les situationsbudgétaires des pays concernés sontévidentes. En plus d’uneffondrement des recettespétrolières, « le solde destransactions courantes », quiconstitue l’essentiel de la balancedes paiements, « est passé deschiffres d’un excédent confortableà un déficit », indique le FMI. Leschiffres concernant l’Algérie sontcombinés avec ceux des pays duConseil de coopération du Golfe(CCG) : le déficit en question devraitdonc atteindre « environ 8% du PIBen 2016 », note le rapport.

Les efforts consentis sont encoreinsuffisants

Dans ces conditions, l’ensemble despays concernés, dont l’Algérie, ontentamé un effort budgétaire,notamment en termes de« réduction des dépenses », relèvele FMI. L’Algérie a, selon la mêmesource, privilégié la baisse desdépenses « en capital » (dépensesd’équipement). Globalement, le paysa réduit ses dépenses de près de 6%en 2016, contre moins de 2% en 2015,indique un graphique du FMI. Lerapport relève également un « faitsignif icatif » : beaucoup de pays,dont l’Algérie « ont engagé desréformes importantes des prix del’énergie » (gaz naturel, électricité etcarburant).

Dépréciation du dinar

Par ailleurs, à l’image de l’Iran,l’Algérie a laissé le dinar « sedéprécier parallèlement àl’ajustement budgétaire », rappellela même source. Une manière de« gonfler les recettes budgétaires enmonnaie locale tirées desexportations pétrolières », poursuitle document. Mais le FMI met engarde contre les résultatspotentiellement éphémères de cetoutil de dépréciation monétaire :

« les gains budgétaires ne serontdurables qu’à condition que lesdépenses, notamment la massesalariale publique n’augmentent passous l’effet de la dépréciation ». End’autres termes, il ne faut pasaugmenter les dépenses,notamment les dépenses desalaires, ce qui implique un gel, voireune baisse des salaires et desrecrutements dans la fonctionpublique.

Malgré ces efforts, « de nouvellesmesures budgétaires s’imposent »,selon le FMI. Avec des « besoins def inancements » qui dépasseront« les réserves liquides dont ils[l’Algérie et Le Golfe] disposentactuellement », prévient le rapport.Par ailleurs, « tous les pays non-membre du CCG [dont l’Algérie]seront toujours déficitaires à la finde la présente décennie », estimentles experts du FMI.

Perspectives négatives pour lacroissance économique

Seulement, l’effondrement desrecettes, conjugué au« durcissement des politiquesbudgétaires » poussent le FMI à« revoir sensiblement en baisse lesperspectives de croissance ». C’estle cas pour l’Algérie où « unralentissement plus marqué », àcause des éléments suscités, ainsiqu’une « perte de confiance dusecteur privé et d’une moindreliquidité bancaire », estime ledocument.

Il est vrai que la Banque d’Algérie,face à la chute des liquiditésbancaires, a réactivé « les facilités deprêt », pour réinjecter des liquidités

dans le secteur, indique la mêmesource. En effet, la croissance desdépôts en 2016 est quasi nulle enAlgérie et dans les pays du CCG, encomparaison à des hausses de plusde 10% durant les deux dernièresannées, relève un graphique durapport.

Des réformes nécessaires

Pour les pays pétroliers, il estindispensable et « urgent de réduirela dépendance au pétrole », estimele FMI. Le modèle économiqueactuel n’est plus viable en raison du« désengagement budgétaire » desÉtats, qui ne créent pas assezd’emplois pour absorber« l’accroissement rapide despopulations actives », prévient ledocument.

Le FMI préconise donc des réformesstructurelles à même de diversifierl’économie et stimuler la croissancehors-hydrocarbures, y compris àtravers le recours à la privatisationd’entreprises. En effet, commeexemples, le rapport relève que ces« réformes doivent notamment viseren priorité à améliorer encorel’environnement des entreprises,réduire l’écart entre les salaires dusecteur public et du secteur privé etmieux adapter l’éducation et lesqualif ications aux besoins dumarché. La privatisation desentreprises publiques aurait deseffets positifs sur la productivité etl’efficience ».

25 Avril 2016

Tewfik Abdelbari et Franseza Pardoe

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[DROIT]La commission interministérielle chargée de son élaboration a été installée

Le projet du permis de conduire biométrique lancé

Le projet du permis biométrique estofficiellement lancé par le ministèredes Transports. Amar Ghoul a pro-cédé, au siège de son département,à l’installation de la commission in-terministérielle. Présidée par le Se-crétaire général du ministère, lacommission est chargée, a préciséAmar Ghoul, de l’élaboration du pro-jet du permis de conduirebiométrique et de son suivi. « Elle aune mission importante », a encoresouligné le ministre. Lors de la céré-monie de l’installation de la commis-sion interministérielle, plusieursmembres du gouvernement Sellal etdes responsables des services desécurité ont été conviés. OutreHamid Grine, ministre de la Commu-nication, des représentants des mi-nistères de la Défense nationale, del’Intérieur et des Collectivités locales,de la Poste et des Techno-logies de l’information etde la communication ainsique des commandementsde la Gendarmerie natio-nale et de la Direction gé-nérale de la Sûreté natio-nale étaient présents à lacérémonie. Le permisbiométrique est conçu detelle sorte à ce qu’il soitsécurisé contre les frau-des et contre tous genresde falsification de son as-pect fonctionnel. Le nou-veau permis biométriqueest une carte qui com-porte une puce. Cettedernière détient des infor-mations inhérentes à sondétenteur, comme le nomet prénom, la date et le lieude naissance, la date de délivranceet la validité du document, les infrac-tions commises ainsi que le nombrede points. En cas de perte du docu-ment ou du vol, la carte à puce peutêtre bloquée après signalementauprès des autorités compétentes.Le ministre n’a pas annoncé de dateprécise pour l’entrée en vigueur dupermis biométrique, même si, a-t-ilreconnu « l’Algérie jouit d’unegrande expérience dans la biométrie».

1.5 million de permis remis lors dela cérémonie

Lors de l’installation de la commis-sion, le ministre des Transports a pro-

cédé à la remise de 1.5 million de per-mis sécurisés. Il a ainsi délivré750.000 permis de conduire sécuri-sés de couleur bleue. Cette couleursignifie le côté probatoire du permisqui est valide durant deux années.L’autre moitié délivrée était de cou-leur rose. La validité du permisbiométrique de couleur rose est dedix ans. « Le permis de conduire pro-visoire de couleur bleue est valablepour deux années pour les conduc-teurs débutants alors que le nouveaude couleur rose est valable dix ans»,a expliqué le ministre. Il a affirméque la différence entre les ancienset nouveaux permis de conduireétait de « neuf points dont lasécurisation du document, sa qualitéet sa praticité », avant d’informer quela commission est chargée de la con-ception du document. Quant à l’im-

pression, M. Ghoul a fait savoir quec’est l’imprimerie officielle qui s’enest chargée.

Une demande de 1.700 000 permis

Faisant référence au parc automobilenational, qui avoisine les 8 millions devéhicules, Amar Ghoul a fait savoirque la demande en permisbiométrique est de 1.700 000 pièces.Ce chiffre englobe, a-t-il précisé, lespermis provisoires et permanents.Pour répondre à cette forte de-mande du document sécurisé, M.Ghoul a annoncé qu’un autre lot depermis de 750.000 documents seradélivré en octobre prochain et lereste, le sera ultérieurement dans le

cadre du programme arrêté par lesministères des Transports et celui del’Intérieur. « La législation nationaleen vigueur fixe trois types de permisde conduire à savoir les permis deconduire provisoire, permanent et àpoints », a-t-il encore dit. Selon leministre, l’entrée en vigueur du per-mis biométrique nécessite un effortcolossal. Il a informé que pour cefaire, les pouvoirs publics ont pro-cédé à la création de banques dedonnées. Ces banques concernentles cartes grises, les permis de con-duire et les infractions routières. Il aprécisé, à ce propos, que la banquedes données des cartes grises a étéachevée par le gouvernement qui l’aadopté, récemment, en conseil degouvernement.

Le permis à points intégré dansle biométrique

Annoncé depuis plu-sieurs mois, le permisà points ne verra pas lejour avant de lancerdéfinitivement le per-mis biométrique. Se-lon le ministre de tu-telle, il sera intégrédans le permisbiométrique et sa ren-trée en vigueur avec.De ce fait, l’opérationd’octroi de permis àpoints est officielle-ment gelée. « L’entréeen vigueur du permisde conduire à points aété reportée pour inté-grer ce documentdans le projet du per-mis de conduire

biométrique pour gagner du tempset réduire les dépenses », a soulignéle ministre. Sur un autre aspect, leministre a émis le vœu de voir atté-nuer les accidents de la route avecces nouvelles dispositions, qui per-mettront, selon lui, « une plus grandefluidité dans la circulation ». A souli-gner que Mohamed-Salah Boultif, P-DG d’Air Algérie, a pris part à la céré-monie, où il a évoqué le fonctionne-ment et les projets du pavillon natio-nal.

Ouiza KANACHE

29 Mai 2016

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[DROIT]«L’arsenal juridique algérien comporte des vides qui le rendent inefficace»

Séminaire sur la lutte contre la contrefaçon à Béjaïa

C’est cette question qu’ont débattue13 spécialistes, dont des chercheursuniversitaires, des avocats algérienset étrangers, le chef d’inspectionrégionale du Centre algérien de con-trôle de la qualité et de l’emballage(CACQE) et un représentant desDouanes algériennes.

Et ce, au cours d’un séminaire inter-national portant sur «La lutte contrela contrefaçon : réalité et perspecti-ves» organisé par l’ordre régional desavocats de Béjaïa au campusd’Aboudaou. Le choix du thème, se-lon les organisateurs, «est dicté parl’impérieuse nécessité de lutter con-tre le phénomène dela contrefaçon parune connaissancethéorique exhaustivede ce fléau, ainsi quepar une sensibilisationsur le péril qu’il repré-sente et qu’il fait cou-rir à l’économie natio-nale». Ce fléau est de-venu plus inquiétantlorsque les produitscontrefaits prennentles sentiers de la con-trebande et sa con-nexion avec le terro-risme.

Les participants à ceséminaire que nousavons interrogés s’ac-cordent à dire que«l’arsenal juridique al-gérien comporte desvides et des brèchesqui le rendent ineffi-cace et loin de faire face à l’ampleurdu phénomène». Pour eux, il est né-cessaire d’actualiser et de mettre àjour le cadre législatif et réglemen-taire, de renforcer les moyens hu-mains et de contrôle ainsi que dedurcir les sanctions civiles et péna-les pour assurer un dédommage-ment consistant aux victimes.

Le Dr Djallal Messaâd de l’universitéde Tizi Ouzou, qui a développé lethème de la «Pénalisation du phéno-mène de la contrefaçon des marquescommerciales : causes et dangers»,pense que «malgré le durcissementdes peines qu’a opéré le législateuralgérien à l’encontre descontrefacteurs, cela n’a rien changéà l’ampleur du marché des produitscontrefaits». Pour elle, l’ouverture

de l’Algérie sur le marché mondial,le développement des technologiesde la communication, du transport etbien d’autres facteurs d’ordre socialont favorisé la propagation de la con-trefaçon. Elle a regretté, en outre,qu’ «en face, nous avons des lois quisont restées inchangées depuis 1997et qui se sont avérées inefficaces,dépassées et qu’il faudt actualiser».

D’après les statistiques de la direc-tion générale des Douanes, plus de1,151 million d’articles contrefaits ontété saisis au cours des neuf premiersmois de l’année 2015, contre 586 750en 2014. Le total des produits rete-

nus pour suspicion de contrefaçondepuis 2007 jusqu’à l’année 2015 estde 9,5 millions d’unités, selon lamême source. Les produits récupé-rés concernent à 64,41% de produitsalimentaires, 29,40% de produits cos-métiques (29,40%), 3,37% d’équipe-ments électriques, et 2,61% d’articlessportifs.

Et, jusqu’à avril 2016, près de 800 000CD piratés ont été saisis et détruits.Contrairement aux années 2000-2005, le bilan établi en 2015 par l’ins-pection divisionnaire des Douanesmentionne que l’Espagne occupedésormais la première place despays d’origine de produits contrefaitsavec plus de 50% des produits, suivipar la Chine avec 32%, puis la Turquieet l’Inde qui viennent, respective-ment, en troisième et quatrième po-

sitions. Dans sa communication inti-tulée «La Contrefaçon, un phéno-mène d’ampleur internationale quise hisse au rang du terrorisme», lechef d’inspection régionale duCACQE Constantine, Karim Krid, diraque «les liens entre la contrefaçon,la criminalité organisée et le terro-risme sont bien prouvés», avant deparaphraser Ronald K. Noble, secré-taire général d’Interpol en 2003, quisoulignait que «le lien entre les grou-pes du crime organisé et les produitsde contrefaçon est bien établi.

Mais nous tirons la sonnetted’alarme, car l’atteinte à la propriété

intellectuelle estdevenue la mé-thode de finance-ment préférée desterroristes». Desaveux qui ont étéappuyés dix ansplus tard par le sé-nateur RichardYung, auteur d’uneproposition de loide lutte contre lacontrefaçon, quirappelait que «lecommerce de mar-c h a n d i s e sc o nt r efa i sa nt e sparticipe au finan-cement de nom-breuses organisa-tions maffieuses etterroristes, qui pra-tiquent la contrefa-çon pour blanchirde l’argent sale».

Ainsi, tout le monde s’accorde à direque «la contrefaçon est égalementune manière pour des groupes ter-roristes ou maffieux de diversifierleurs sources de revenus dans le ca-dre de sanctions pénales plus faiblespar rapport au trafic de stupéfiants».La preuve : un autre rapport deTranscrime a clairement établi qu’au«sein de l’Union européenne, la con-trefaçon s’élèverait à près de 43 mil-liards d’euros par an contre environ28 milliards pour le trafic de stupé-fiants dans son intégralité».

Nordine Douici

14 Mai 2016

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[CULTURE/MÉDIAS]Des villes algériennesdans la rhétorique littéraire de quelques romans récents

La ville est sans conteste un espaceprivilégié de l’univers romanesquecontemporain en Algérie. Elleconstitue un desrépertoiresthématiques, un « sujetde mise » selon la formulation deMarc Angenot. Maisparadoxalement, cette importance,elle la doit moins à une quelconqueprésence massive dans les romansalgériensque par le fait d’être tout àla fois un espace de référencé socialeet historique, un espacededémonstration discursive et unematrice générique de configurationsmétaphoriques etmythographiques. Si toutes cesmanifestations sont identifiables iciet là dans les œuvres romanesquedes écrivainsalgériens depuis prèsd’un siècle maintenant, je

m’attacherai à indiquer plusmodestement quelques unes desmodalisations qu’offrent certaineœuvres de l’immédiat contemporain(depuis 2010 environ) et de proposerquelques réflexions provisoires etdes pistes de chantiers àinvestir.

La ville comme scénographie

Il est significatif que les années 2000voient une inflexion important de laperspective décrite par CharlesBonn pour les œuvres romanesquesdes années 80. La ville est dès lorsun des principaux embrayeurs descénographies politiques ; la plupartdes romans qui relèvent du genrepolicier illustrent parfaitement cetaspect ; ou plus

récemmentQu’attendent les singesde Yasmina Khadra ,Rue Darwin deBoualemSansal, Le Printemps deRachid Boudjedra, développentautour de l’univers de la ville desscenarios qui impliquent une formed’appropriation de la spatialitéparticulière. C’est-à-dire que lesdifférents espaces de la ville (espacedu privé et espace du public)et lasymbolique de certains d’entre euxentrent dans laconstructiondémonstrative de laf iction l ittéraire dans unemétaphorisation politiquegénéralisée. Nous constatons que,très tôt, l’espace urbain commeoperateur thématique et narratif dela production romanesque permetde valider la territorialisationde lafiction dans son envers référentielavéré : tel ou tel espace urbain, telleou telle vil le sont des repèresréférentiels et des indicateurs devraisemblance qui fondent laterritorialisation (si Alger se taille lapart du lion, Constantine et Oranapparaissent ici et là sans focaliserpour autant le propos). Lafocalisation sur l’espace urbain estune manière de travailler la tramehistorique sous forme d’indicesréférentiels précis : « Dans cette villede trente-cinq kilomètre carréscondamnée, jusqu’en juillet 1952, àboire l’anisette et le café avec del’eau saumâtre, les populations ne semélangeaient pas, sauf sur les lieuxde travail, dans les transports publicsou dans les allées de certainsmarchés. »……

De la métaphorisation à lamythraphie de la ville

La ville peut être un leurre aussi,c’est-à-dire la fausse évidence d’unêtre-là, des sociabilités conformes,des repères attestés. Lapersonnif ication de la ville chezAdlèneMeddi permet de mettre enscène une métaphorisation de sonactivité qui ressort davantage de ladimension éthique que de ladescription réaliste. Ici la ville est unesorte d’entité vivante et pure quevient troubler l’agitation de ceshabitats. Il s’agit en fait d’unedissociation voulue entre le lieu etses occupants : « Errance. Oisiveté.Bruitage de la ville qui s’enfonce dansla journée. La ville qui ne s’aperçoitpresque jamais de l’aube. La villebaisse vite les yeux devant le jour. Ilen est même qui doutent de

l’existence de l’aurore à Alger.Hypothèse décriée par les muezzins,matinaux et altruiste, censésrappeler à l’humanité concentréeaux extrémités de la baie, le fraisdevoir de la premièreprière du jour.Dans cette circonstancemétaphysique, en ce petit matinimprobable, la ville est morte.Ressuscitera-t-elle ? Peut-être .Dufond de nous-même, elle seréveillera. Comme un soleil qui jaillitsur un désert de glace. Uneaveuglante lumière qui tente en vainde briser la plus banale des cécités.Commence alors à circuler en elle leflux des hommes. » ……

Pour conclure

La fascination des lieux de tel ou telespace urbain (chez Djemai,Boudjedra ou Toumi) voirel’enchantement qu’ils procurents’opposent terme à terme à ladéliquescence sociale et culturelle.Alors que paradoxalement nouspouvons remarquer que chezcertaines écrivaines, Bekhai, Abeer,Djebar, Haidar, la ville est davantageun espace de convivialité et desouvenance mémorielle

01 Mars 2016

Hadj Meliani

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[CULTURE/MÉDIAS]Exposition : « Picturie générale »ou l’épicerie de l’art contemporain en Algérie

23 artistes de la scène algérienneexposent leurs œuvres multiformesdans l’enceinte désaffectée dumarché Volta, au centre-villed’Alger. « Jeune Afrique » a poussél’imposante porte métallique del’exposition.

Il faut se perdre un peu pour trouverle lieu. Bien qu’à deux pas de lafameuse avenue commerçanteDidouche Mourad, le marché Voltaqui accueille la troisième édition del’exposition « Picturie générale »(PGIII) échappe aux non-initiés desruelles d’Alger. C’est que fermédepuis trente ans, l’ancien « Souk elfellah » a fini par se faire oublier. Maisdepuis le 23 avril, la vie a repris aumilieu des vitres brisées et des mursf issurés de l’imposantebâtisse : les peintures,photographies, sculptures etinstallations plastiques de 23artistes ont ranimé le marchéabandonné.

Indépendante et gratuite,sans f inancement et sansthème imposé, PGIII poursuitl’objectif initial de « serapprocher d’un public peuhabitué aux expositions ».D’où le nom « Picturiegénérale ». « La traductionfrançaise se veut un jeu de mots

entre « picture »,image en anglais,et « épicerie »correspondant autitre en arabe« mawad faniya3amma » quis i g n i f i el i t t é r a l e m e n t« p r o d u i t sa r t i s t i q u e sgénéraux » »,explique à JeuneAfrique, MouradKrinah, lecommissaire del’exposition. «Pour nous, l’arts’expose dans

une épicerie, qui est un commercede proximitéaccessible à tous,et non dans unmagasin de luxe »,poursuit cegraphiste etplasticien de 40ans, diplômé del’École des beaux-arts d’Alger. « Et çatombe bien, troisans après avoircommencé, on seretrouve dans unmarché ! ».

Du sol au plafond,les rayons de cettetroisième éditions o n tgénéreusementgarnis, entre lescannes à pêches

posées sur des plaques d’égout deFatima Chafaa, le mur decent photos noir et blanccollées de Youcef Krache,la toile-bateau pleine deréfugiés suspendue dansles airs de Yasser Ameuralias « L’homme jaune ».

Et le public est comblé. «C’est un vrai plaisir de voirce genre demanifestation culturelle àAlger où les galeries d’artet les lieux d’expositionfont défaut », se réjouit

Salim, 43 ans, qui a profité du week-end pour visiter « Picture générale »avec des amis. « Je trouve le lieuformidable » commente cet Algéroischarmé par « l’état brut » du marchéqu’il découvre pour la premièrefois… Pour la prochaine édition, «rien n’est encore décidé » répondMourad Krinah car « l’exposition estlancée une fois que l’on a trouvé unlieu intéressant » précise lecommissaire. Mais une chose estsûre, PGIV rassemblera encore plusd’artistes af in d’être « le plusreprésentatif possible » de cettescène artistique algériennecontemporaine bouillonnante dejeunes talents.

Chloé Rondeleux

09 Mai 2016

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Page 15: NRP Juin n°32 - CDEScdesoran.org/document/NRP32.pdf · 2017. 4. 18. · la région (hormis Mohammed Dib, son cousin Souheil et quel-ques uns), on conclurait vite que les thèmes

[BIBLIOGRAPHIE]

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Dans son nouveau livre, Abderrahmane Khelifa revisitela mémoire de la civilisation de Bejaia à travers ses pay-sages, ses édifices, ses saints et ses lieux Il évoque la villede Bougie à travers les époques : médiévale, judéo-mu-sulmane, espagnole et ottomane, colonisation française.La sauvegarde du savoir et du savoir-faire doit se trans-mettre aux générations futures tant comme source derevenus que comme expression de créativité et d’iden-tité culturelle. C’est par le biais de ce livre que l’auteuraime à penser qu’il peut offrir aux jeunes lecteurs cettetransmission afin de maintenir le maillon de cette chaîne

Béjaïa, Capitale des LumièresAbderrahmane Khelifa

Editions Gaia , 2015

Tales Of Africa ,2014

Alger 32 siècles d'histoire

Hocine Mezali

Editeur ENAG 2009

Tales Of Africa Conte l’Afrique a la particularité de con-sacrer un épisode à un pays. La série forme une mosaï-que de contes, donnant ainsi un panorama exhaustifdes récits traditionnels africains. Chaque culture estreprésentée à travers une histoire, à travers les péri-péties d’un personnage.

[FILM]

Marqué par ses odeurs,ses moeurs et ses traditions,lesbonnes comme les moins bonnes,votre serviteur s'est tou-jours intéressé à son histoires.En fait,avant de déciderd'écrire quoi que ce soit sur le sujet,il dut se contraindre àchercher la documentation qui lui paraissait la plus crédi-ble pour tenter d'entreprendre un travail propre.Trenteans ontété nécessaires pour pouvoir constituer la maigremoisson qui allait lui permettre de sauter à pieds joints,dansl'inconnu

Insaniyat N° 44-45 | 2009Alger : une métropole en devenir

[REVUE]

LOIN DES HOMMES ,2015

1954. Alors que la rébellion gronde dans la vallée, deuxhommes, que tout oppose, sont contraints de fuir àtravers les crêtes de l’Atlas algérien Ensemble, ils vontlutter pour retrouver leur liberté.