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Presses Universitaires du Mirail Llegaron los hippies by Manuel ABREU ADORNO Review by: Jacques Gilard Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 36, Numéro consacré à l'Amérique centrale (1981), pp. 192-194 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40852724 . Accessed: 12/06/2014 21:11 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 62.122.79.21 on Thu, 12 Jun 2014 21:11:20 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré à l'Amérique centrale || Llegaron los hippiesby Manuel ABREU ADORNO

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Presses Universitaires du Mirail

Llegaron los hippies by Manuel ABREU ADORNOReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 36, Numéro consacré à l'Amérique centrale(1981), pp. 192-194Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40852724 .

Accessed: 12/06/2014 21:11

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192 C. de CARAVELLE

Manuel ABREU ADORNO. - Llegaron los hippies. - San Juan, Edi- ciones Huracán, 1978. - 112 p.

Ces douze contes de Manuel Abreu Adorno constituent un intéres- sant apport à la littérature narrative portorricaine dont ils confir- ment qu'elle a bien rompu le cercle de son insularité; autrement dit ces contes prennent également place dans un processus hispano-amé- ricain. L'ouverture est plus que jamais sensible dans ces récits qui rappellent inlassablement que le monde a pénétré Puerto Rico et que Puerto Rico peut se trouver partout dans le monde. La contempora- néité est un signe constant du recueil, même si elle apparaît sous une forme qui rappelle avec non moins de constance la condition coloniale de l'Ile. Mais si la dépendance est la marque de cet univers, les textes eux-mêmes sont le signe que la création, ironiquement, la remet en cause de façon radicale.

Manuel Abreu Adorno écrit des contes qui s'éloignent des conven- tions du genre, et l'on pourrait dire qu'il s'agit là, formellement par- lant, du seul point commun entre ces douze textes. Chacun d'eux pré- sente par rapport aux onze autres des particularités irréductibles et énormes; dans un certain nombre de cas, on peut même parler, para- doxalement, de contes antinarratifs. Ce jeune auteur portorricain pratique une intéressante subversion des formes.

S'il fallait définir de plus près la manière de Manuel Abreu Adorno, on pourrait penser à une forme inspirée des procédés simplificateurs de l'art pop (et il est vrai que la culture pop traverse une bonne par- tie des contes de ce livre). Manuel Abreu Adorno refuse tout ce qui pourrait donner à ses récits la fluidité et la subtilité que l'on attend normalement du conte en tant que genre. Au lieu de manipuler ses histoires (qui n'en sont pas toujours, il est vrai), il les restitue à l'état brut : dans plusieurs cas on trouve des situations figées; dans le conte Reina del mar, on a un simple collage de plusieurs blocs narratifs, dont les chevauchements et contacts sont rendus apparents et presque choquants; le dialogue de Jesse James y Billy the Kid s'offre sans circonstances, arbitraire; dans Lo que él y ella se dijeron... la conver- sation entre l'agent américain et la prostituée portorricaine est tout simplement un dialogue de sourds, en anglais et en espagnol. Ces contes représentent ime intéressante tentative esthétique : ils rom- pent avec la tradition hispano-américaine du conte « parfait » et s'ef- forcent de la renouveler par l'introduction de procédés contemporains nés dans un contexte tout différent : mais c'est aussi un aspect du possible rôle de Puerto Rico, pont de cultures, qui est assumé ici avec clairvoyance. Il s'agit de voir la réalité autrement, ou de voir

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NOTES DE LECTURE 193

une autre réalité, et il y a un certain humour dans cette contestation et ce rajeunissement d'une tradition hispano-américaine au moyen de formes élaborées dans les métropoles de la puissance impériale; mais c'est là encore la reconnaissance d'un fait important de l'histoire portorricaine (signalé par José Luis González) : l'expérience nord- américaine fait désormais partie de l'identité portorricaine. Pour couper court à toute spéculation sur ce point, on précisera que Manuel Abreu Adorno est indépendantiste.

Car même le contenu de ses récits pourrait surprendre. Presque tous se situent en dehors de ce que l'on pourrait attendre d'un livre portorricain. Abreu Adorno se trouve dans une certaine ligne de la littérature de son pays, et certains textes rappelleront Belaval, Gon- zález, Soto. Mais la tradition nationale se continue davantage par des ruptures que par des réminiscences; si certaines anecdotes rendent un son familier, la forme contribue à dérouter à nouveau le lecteur. On trouve deux voies dans ce livre, deux voies qui se situent systéma- tiquement en deçà ou au-delà de ce que l'on trouve généralement dans la littérature portorricaine. Une de ces voies, nettement mino- ritaire dans le livre (trois contes la signalent : Viajes misteriosos, Para hacer una película, Actualidad de Goethe), correspond à une cer- taine sophistication intellectuelle et artistique, à une diaspora de la culture qui trouve ses problèmes et son identité hors de l'Ile et par- fois sans le moindre lien apparent avec elle {Actualidad de Goethe). C'est une façon de rappeler que le pays est partout où l'on se trouve, et qu'il peut même se dessiner dans des phénomènes qui n'ont pas, apparemment, à voir avec lui (le terrorisme international, par exem- ple). L'autre voie est d'une tout autre sorte, même si elle est égale- ment contemporaine; elle prend le contrepied de la précédente, et occupe en outre totalement les neuf autres contes du livre. Elle avance dans les limites de la culture faussement appelée populaire, et qui est plutôt une sous-culture. Enumérons ce que l'on trouve au long de ces textes : la musique pop, le sport, la musique de « salsa », les concours de beauté féminine, les courses de chevaux, la prostitu- tion, le jeu et le trafic de drogue, les revues de cinéma, et enfin les bandes dessinées et le western. Sous de multiples modalités, c'est une culture pop qui réapparaît ici, extrêmement contemporaine. La fiction de Manuel Abreu se nourrit de ces phénomènes de masse, engendrés ou grossis par les moyens de communication : l'opium du peuple, administré à un peuple politiquement dominé et culturelle- ment menacé.

Le choix que l'auteur fait de ce matériau et son élaboration pos- térieure pourraient avoir une simple valeur de dénonciation. Celle-ci est, bien sûr, présente, mais plutôt dans le fait que cette culture pop

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194 C. de CARAVELLE

est ici utilisée à des fins nouvelles; elle est, pourrait-on dire, détour- née. En effet, on peut aussi voir dans ces évocations d'une sous-cul- ture, la conviction que l'identité portorricaine se forge également, et peut-être de plus en plus, dans le monde théoriquement artificiel des média. Il y a une transformation de la société et des mentalités que même des faits apparemment marginaux (le trafic de drogue) sont en train d'engendrer. On a donc aussi, contre toute apparence, une photo- graphie de l'Ile, tout comme on reconnaît l'idée qu'une nationalité peut se forger là où on s'y attendrait le moins. Et il serait inutile d'objecter qu'une part de ces récits se situe hors de l'Ile, et qu'une part encore plus grande pourrait tout aussi bien se situer ailleurs qu'à San Juan : ce serait oublier qu'il s'agit là d'un trait décisif de la contemporanéité de ce livre qui est aussi, comme toujours dans la littérature portorricaine, une image fidèle de sa réalité.

Il est en tout cas très révélateur que pas un des récits de Llegaron los hippies ne mette en scène le « jíbaro », le paysan portorricain qui, jusqu'à il y a peu, était considéré comme l'incarnation même de la nationalité. De même que n'apparaît pas le migrant, ce personnage- clé de la société et de la littérature des années 40 et 50, que ce soit le rural déplacé vers San Juan, ou le « spik » des ghettos new-yorkais.

Manuel Abreu Adorno représente une nouvelle étape de la littéra- ture de son pays, un jalon supplémentaire qui vient après Rosario Ferré ou Tomás López Ramírez. Mais il serait erroné d'enfermer ce livre au sein d'une tradition strictement insulaire, même en rappelant qu'il la renouvelle. Il peut aussi constituer un signe dans la littéra- ture hispano-américaine où l'esthétique pop n'a encore inspiré, sans résultats bien remarquables jusqu'à présent, que des expérimenta- tions poétiques. Nous nous trouvons ici aussi devant une tentative d'innovation; les résultats en sont heureux. Il sera intéressant de voir Manuel Abreu Adorno se risquer sur le terrain de la narration iïf* lnnaiif* Vmlpinp

Jacques Gilard.

Ernesto LEMOINE VILLANUEVA. - El desagüe del Valle de México durante la época independiente, - México, 1978, UNAM, Instituto de Investigaciones Históricas, Cuadernos, Serie histórica, n° 20. - 126 p., 2 cartes, photos.

Après une introduction qui cite les théories quelques peu schémati- ques de R. López de Llergo sur l'endoréisme au Mexique, l'ouvrage recense pour la période 1821-1900 les principaux documents publiés sur le drainage du bassin de Mexico et en reproduit de larges passa-

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