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Presses Universitaires du Mirail San Isidro. (Colección Colibrí) by Alicia MIRANDA Review by: Jacques Gilard Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 36, Numéro consacré à l'Amérique centrale (1981), pp. 159-161 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40852711 . Accessed: 14/06/2014 15:29 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.37 on Sat, 14 Jun 2014 15:29:17 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré à l'Amérique centrale || San Isidro. (Colección Colibrí)by Alicia MIRANDA

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Presses Universitaires du Mirail

San Isidro. (Colección Colibrí) by Alicia MIRANDAReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 36, Numéro consacré à l'Amérique centrale(1981), pp. 159-161Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40852711 .

Accessed: 14/06/2014 15:29

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COMPTES RENDUS 159

d'une opération analogue près d'Ixtlahuaca en 1962, patronnée par le gouverneur G. Baz, et tout simplement disparue sans laisser de tra- ces dès 1969, d'autre part les attaques vigoureuses contre les coopé- ratives rurales sous l'actuel gouvernement (1976-1982).

L'autre thèse est socio-culturelle : ce peuple pauvre des banlieues et des campagnes vit sa propre transformation en un métissage où se mélangent religiosité et communications de masses. Laissons ici parler l'auteur. D'abord à propos du pèlerinage de Chalma : « Le néolithique, l'époque coloniale, la révolution industrielle se superpo- sent à Chalma où ils forment des strates bien visibles. Sauf les in- diens pieds nus ou en sandales, les pèlerins en sont aux souliers en plastique, aux minijupes, aux chemises à fleurs, aux blues jeans mou- lants, aux transistors. Les jeunes couples s'embrassent devant les chromos de piété; la virginité des bonnes se perd au bord de la ri- vière ou dans les hôtels, origine d'innombrables nouveaux enfants; les jux-box déversent sur la multitude leurs chansons nord-américai- nes ».

Et à propos de la coopérative chez les otomies : « le jeune (...) s'habille de pantalons, chemises, blousons modernes, joue au basket ou au football et ses héros sont les footballeurs, boxeurs, coureurs automobiles et personnages de séries télévisées. Ils vivent dans le monde des déchets de l'industrialisation, nourris des formes de com- munication les plus basses, et vivent en même temps le terrible mon- de de misère de leurs parents. Au mieux, ils peuvent partir comme maçons, manœuvres ou ouvriers agricoles occasionnels (...).

Tout naturellement ils sont devenus rebelles, mais leur rébellion ne prend pas de forme concrète. Tout simplement ils n'ont pas envie de travailler, d'obéir. Ils veulent détruire la routine en se mettant à l'écart des autres et se condamnent à l'inaction et à la colère im- puissante. »

Pour conclure, une notation optimiste de poids : ici et là dans les campagnes, au sud de l'Etat en particulier, au lieu de marionnettes manipulées par les caciques locaux, une nouvelle race de maires, souvent cadres sortis des universités, organisés, efficaces..., et peut- être non corrompus et capables de courage s'ils sont appuyés en haut lieu.

Claude Bataillon.

Alicia MIRANDA. - San Isidro - . San José, Ediciones Costa Rica, 1980. - 92 p. (Colección Colibrí).

C'est un élément appréciable de San Isidro que de combiner aisé- ment la modernité du récit et la présence déclinante du mythe. Dans

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cette reconstitution d'un lieu et d'une époque, on retrouve le procédé archétypique de la récupération du temps perdu. Et Ton ne sera donc pas surpris de retrouver également cette ambiguïté du genre qui fait que cette nouvelle se propose aussi comme une autobiogra- phie. On reconnaît cette présence de l'auteur (et narrateur, et per- sonnage) au sein de son récit, se regardant couvrir de signes la page blanche, et évoquant depuis Paris l'enfance costarricaine, jouant à la fois du pouvoir de la mémoire et des pouvoirs de l'écriture. Cette organisation du noir et du blanc, tentative d'équilibre et de concilia- tion de forces opposées, renvoie d'ailleurs à un des thèmes du livre, celui d'un conflit entre l'ombre et la lumière.

Ces forces antagonistes se retrouvent sous de multiples formes dans le récit : l'opposition du haut pays et de la côte tropicale, de la bourgeoisie et des classes populaires, des blancs et des noirs, du loisir et du travail.

Et la contradiction se retrouve au sein même du groupe social évoqué par le récit. La bourgeoisie qui vit ses vacances, en principe sans soucis et sans histoires, est cependant touchée de façon irrémé- diable par la dépersonnalisation. Le récit d'une journée de vacan- ces à San Isidro montre qu'à tout moment son aisance porte la marque de l'artifice et de l'illusion : les objets usuels et leurs noms, vaguement hispanisés, sont nord-américains et ont reçu le signe de la dépendance et de l'aliénation.

En arrière-fond de cette société médiatisée et menacée de crise morale et politique, se trouve l'évocation du monde théoriquement heureux de l'enfance et de la villégiature. Le milieu naturel est loin de correspondre à l'image conventionnelle des vacances à la mer : la chaleur, la poussière et l'inconfort y régnent. Le paysage n'a rien d'aimable : le sable est sombre, les eaux de la mer sont noires, et cel- les des torrents entrevus durant le voyage ont la couleur du café. Et ce lieu plutôt hostile est en même temps dénaturé par la présence hu- maine : la faune originale a été détruite peu à peu, les iguanes ont presque disparu, et seules les chauves-souris continuent à hanter obstinément les hauteurs de la maison. Et cet appauvrissement du milieu naturel ne l'humanise pas pour autant. L'inconfort persiste et les forces telluriques restent toujours les mêmes : les pluies d'octo- bre et la tempête sont là pour le rappeler. La sophistication des loisirs ne donne aucun pouvoir sur la nature, et le canot en fibre de verre pourrait lui aussi connaître le naufrage.

Le seul moment de beauté du récit se trouve dans le fragment initial et il est également lié au mystère de la mer et au thème récur- rent de la faune. Il s'agit du spectacle matinal des dauphins jaillis-

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sant silencieusement des eaux obscures de la mer. La place de ce fragment n'est pas fortuite : c'est le moment de grâce qui compense les incommodités banales du milieu peu et mal domestiqué, c'est un éveil de la sensualité, l'ouverture au plaisir et au monde.

On voit donc aussi que ce récit prolonge sa mise en évidence des contradictions sociales par un jeu sur la surface et les profondeurs. Un regard enfantin et féminin met à nu les inquiétudes du monde en faisant percevoir la fragilité de ses apparences, de ses équilibres et de ses situations. Et cela en mettant l'accent sur la banalité et la routine, pour faire finalement sentir que l'ordinaire n'existe pas.

Et pourtant, dans cet univers magique et trivial à la fois, les my- thes s'essoufflent. Et tout particulièrement le mythe américain de la fondation, qui est ici remis en question. On retrouve bien l'aïeul constructeur; mais il ne fait que construire la maison des vacances familiales. La fondation n'a donc rien de grandiose : elle se limite à des voyages de fin de semaine, sans plaisir ni émotion, pour voir grandir une maison que d'autres édifient, et pour vérifier bourgeoisement que les matériaux sont correctement employés. Une fois l'ouvrage achevé, son maître ne voudra plus le revoir : le temps des patriarches est bien passé. De la sorte le grand cycle mythique de la fondation, de l'apogée et de la ruine, n'a plus de sens dans un temps et dans un lieu qui sont ceux du loisir. La seule apocalypse possible sera celle du temps qui passe, de l'enfance et de l'adoles- cence qui s'achèvent.

Et ce sera donc à la mémoire d'entrer en jeu pour reconstituer ce monde éclaté de contradictions (« patrás es el primer paso que se da »), dans un cheminement intérieur qui se retrouve à la fois dans le thème récurrent du voyage et dans la structure réitérative et souvent circulaire des fragments qui composent le livre. La fragmen- tation même du récit n'est que l'écho des tiraillements de cet uni- vers incohérent qui ne s'unifie que dans la mémoire et l'écriture, dans la tendresse et la lucidité. Le lieu parfait et odieux des vacan- ces, paradis et enfer, finit par n'être plus qu'un point bien précis d'une géographie répertoriée et figée.

Ce livre inaugural de Alicia Miranda dénote une personnalité lit- téraire bien marquée. Alicia Miranda sait qu'elle écrit après le « boum » et contribue à la définition d'une nouvelle façon de racon- ter, celle qui viendra après ce que l'on a précipitamment appelé « nouveau roman » : pour elle, les mythes ne sont plus tout à fait ce qu'ils étaient.

Jacques Gilard.

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