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Presses Universitaires du Mirail Los días de la selva. (Colección Premio) by Mario PAYERAS Review by: Jacques Gilard Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 38, Numéro consacré aux consciences nationales dans le monde ibérique et ibéro-américain (1982), pp. 210-212 Published by: Presses Universitaires du Mirail Stable URL: http://www.jstor.org/stable/40851053 . Accessed: 18/06/2014 10:41 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires du Mirail is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Cahiers du monde hispanique et luso-brésilien. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.34.79.49 on Wed, 18 Jun 2014 10:41:06 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Numéro consacré aux consciences nationales dans le monde ibérique et ibéro-américain || Los días de la selva. (Colección Premio)by Mario PAYERAS

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Los días de la selva. (Colección Premio) by Mario PAYERASReview by: Jacques GilardCahiers du monde hispanique et luso-brésilien, No. 38, Numéro consacré aux consciencesnationales dans le monde ibérique et ibéro-américain (1982), pp. 210-212Published by: Presses Universitaires du MirailStable URL: http://www.jstor.org/stable/40851053 .

Accessed: 18/06/2014 10:41

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Mario PAYERAS. - Los días de la selva. La Habana, Casa de las Americas, 1980. - 120 p. (Colección Premio).

Cet intéressant petit livre a remporté en 1980 le prix Casa de las Americas dans la catégorie « témoignage ».

Son intérêt le plus sûr est qu'il apporte des éléments nouveaux au très abondant dossier des convulsions de l'Amérique Centrale, et peut-être plus encore le fait qu'il est centré sur la question de la gué- rilla, l'EGP du Guatemala, dans le cas présent. Comme le récit de Mario Payeras, membre de l'EGP, se limite à l'expérience qu'il a vécue au sein de son groupe, il faudra chercher ou établir ailleurs une comparaison avec les mouvements armés qui ont pris une ampleur bien supérieure dans d'autres pays de la région, le mouvement san- diniste au Nicaragua, et le mouvement salvadorien. Cet intérêt régio- nal est indéniable, mais il est certain que la spécificité des faits évo- qués dans Los días de la selva, l'étape d'implantation d'une guérilla latino-américaine, dépasse les limites de la région d'une part, et d'autre part renvoie à une période plus vaste de l'histoire du Continent : s'y retrouvent prolongés, répétés ou critiqués, le « foquismo » des années 60, les solutions d'auto-défense paysanne, les méthodes de la « propa- gande armée », les rapports entre guérilla et base populaire. Cela sans que l'auteur se permette de théoriser au-delà de brèves réflexions sur l'expérience vécue ou les faits évoqués. Un livre, donc, à faire figurer en bonne place dans la bibliographie sur la lutte armée en Amérique Latine, d'autant plus qu'il démontre ou rappelle la variété des situa- tions dans les années 70.

En huit chapitres couvrant six années (1972-78), Mario Payeras rap- porte l'entrée de son groupe depuis le Mexique, sa traversée de la forêt dense, son adaptation à ce milieu géographique hostile, les premiers contacts avec la population, puis l'arrivée dans les montagnes guaté- maltèques, la liaison avec la société indigène, les premiers heurts avec les grands propriétaires, et enfin la répression des forces armées et la difficile adaptation de la guérilla à cette nouvelle situation. L'impres- sion d'authenticité que donne le récit rappelle plus d'une fois les meilleurs moments de Diario de un guerrillero, du Colombien Arturo Alape, même si les méthodes narratives utilisées sont différentes. C'est dans de rares passages que Mario Payeras utilise les informations d'au- trui (la répression dans la forêt est rapportée par ouï-dire), s'en tenant généralement à ce qu'il a lui-même vécu. Mais le narrateur s'efface autant qu'il le peut dans son récit et parvient ainsi à restituer l'es- sentiel de ce qui est avant tout une dure expérience collective; on apprend fort peu de choses sur lui-même, beaucoup plus sur ses compagnons immédiats, et encore plus sur les péripéties du groupe

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et ses rapports avec le mouvement populaire. De la sorte, Mario Paye- ras réussit à donner une réelle exemplarité à l'histoire rapportée, qui atteint une dimension épique sans tomber jamais dans la grandilo- quence.

L'humour, d'ailleurs, nuance constamment le récit, aussi bien dans la façon dont sont rapportés de brefs éléments anecdotiques significa- tifs, que dans le choix des épisodes d'une certaine ampleur : l'élimina- tion des brebis galeuses de la guérilla occupe autant de place que les rares affrontements avec l'armée, lesquels sont racontés dans toute leur modestie, sans occulter parfois ce qu'ils ont pu avoir de grotes- que (on sent que, dans les écrits du « Che » Guevara, l'auteur a aussi cherché un exemple littéraire). L'évocation des soucis digestifs des guérilleros retient autant l'attention que celle de leurs choix stratégi- ques ou tactiques. Cet humour prend en partie racine dans la convic- tion que l'élément politique et humain est déterminant, et rejoint donc les brefs et sévères passages d'analyse et d'autocritique qui émaillent le texte.

Tout ceci n'exclut pas la vibration poétique du récit. Sous cette histoire de l'implantation d'une guérilla passe un certain courant mythique, qui est celui de la marche, de l'itinéraire, comme initiation, ascèse et conquête. Dans Los días de la selva, les mois vécus dans la forêt deviennent comme la préparation symbolique à une rencontre avec le peuple : le premier chapitre, excellent, est particulièrement révélateur à ce sujet, et le livre entier s'efforce de montrer que l'af- frontement avec la forêt conduisait à l'ascension de la montagne, à la fusion avec le monde indigène, dépositaire des valeurs nationales, qui, en reconnaissant la guérilla, lui donnera sa vraie légitimité.

Bien que le livre soit assez bien maîtrisé littérairement (aux mala- dresses de l'expérience vécue correspondent les chapitres les moins rigoureux), il connaît cependant des hauts et des bas. Le chapitre ini- tial tire une part de sa grande qualité d'une intelligente lecture de Cien años de soledad; le roman de García Márquez est d'ailleurs cité alors, et on reconnaît aisément le thème des « grandes inventions » ainsi que l'épisode exploité par Payeras : la traversée de la forêt et la découverte du galion. Dans d'autres cas, le récit se fait hésitant, indé- pendamment des hésitations vécues dans la réalité : le huitième cha- pitre, par exemple, comporte trop de lignes anecdotiques différentes, dont au moins deux auraient mérité d'être traitées à part; leur juxta- position engendre une narration maladroite et ne conduit à aucune « morale » clairement perceptible.

Ces réserves étant exprimées, il n'en reste pas moins que l'intérêt du livre n'est pas seulement celui d'un document. Sans compter le nombre élevé de phrases qui atteignent à une réelle qualité poétique (par exemple, p. 17, celle-ci : « Fue la época en que las huellas de tigre

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eran los mayores acontecimientos »), sans compter un talent pour l'expression synthétique qui rappelle parfois Hemingway, l'exemplarité que l'auteur a su donner à ses expériences donne à penser qu'il y a là un talent d'écrivain. On retiendra tout particulièrement la clairvoyance que manifeste le choix du point de vue narratif : celui-ci semble indi- quer que ce genre du témoignage, issu de l'expérience latino-améri- caine, situé aux frontières de la chronique, du journalisme et du récit littéraire, pourrait accéder à une certaine autonomie et se constituer réellement en genre.

Jacques Gilard.

Austin CLARKE. - Growing up Stupid under the Union Jack. Premio Casa de las Americas, novel, 1980. - La Havane 1980. - 188 p.

Voici encore un livre primé par la Casa de las Americas moins pour sa valeur romanesque que pour son contenu idéologique. L'action de ce roman antillais se passe à La Barbade, île natale de l'auteur. Pas plus que le roman guyanais d'Angus Richmond, A Kind of Living, un précédent lauréat, celui-ci ne donne à voir les remous de la décoloni- sation (l'action du livre s'achève en 1950, seize ans avant l'indépen- dance de l'île). Mais l'un et l'autre dénoncent une situation qui devait peu à peu susciter une prise de conscience nationale et sociale et pro- voquer chez l'indigène une remise en question de son statut de colo- nisé.

Le thème central de ce roman, largement autobiographique, est la « stupidité » de l'enseignement dispensé aux jeunes de la Caraïbe qui ont grandi « sous la bannière britannique ». Autour de ce thème prin- cipal gravitent des thèmes secondaires, à travers lesquels se dessine une partie du contexte colonial de La Barbade.

Celui-ci est dominé par la ploutocratie sucrière blanche, véritable féodalité agraire qui ne fait que perpétuer l'esclavage sous une forme nouvelle. Le passé esclavagiste subsiste dans les mentalités et les misérables cases des indigènes groupées autour de la somptueuse mai- son du planteur.

Mais il est une autre forme d'oppression contre laquelle Austin Clarke s'insurge avec véhémence et sarcasme; c'est l'enfermement de la Caraïbe dans un univers totalement britannique, « English made ». Et l'emprise anglaise est d'autant plus forte à La Barbade qu'à la dif- férence de certaines Antilles, elle n'est pas passée successivement aux mains des Français et des Hollandais. Dans les années 40 elle est loin d'avoir coupé le cordon ombilical qui l'enchaîne à la métropole loin- taine.

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