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– 49 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009 Numérotation téléphonique. Les plans de 1946 et 1955 Claude Pérardel Lorhistel Deuxième session PRÉAMBULE Pendant très longtemps les spécialistes des Télécommunications appellent plan de numé- rotage les règles qu’il convient d’appliquer pour que le numéro d’appel téléphonique attri- bué à un abonné raccordé en automatique soit unique sur le territoire de la France métropoli- taine. Lors des réunions préparatoires à la mise en place de la nouvelle numérotation de 1985, les responsables de la communication vont ad- mettre qu’il est préférable d’utiliser numérota- tion à numérotage. Mais voyons cependant ce qu’en disent les dictionnaires : – dictionnaire Le Petit Larousse Illustré : nu- mérotage, n. m., ou numérotation, n. f. Ac- tion ou manière de numéroter. – dictionnaire Le Robert : numérotage, n. m. Action de numéroter. Numérotation, n. f. Ordre des numéros. Dictionnaire des difficultés du français : nu- mérotage : forme. On emploie également numérotation. Sens. La première forme dé- signe plutôt l’action de numéroter, la se- conde le résultat de cette action, mais les deux s’emploient couramment l’une pour l’autre. Ne pas confondre, numérotage, nu- mérotation : disposition de numéros d’ordre, avec numération : manière d’écrire ou d’énoncer des nombres. En fait l’habitude est prise de parler du plan de numérotation et du système de numérotation qui précise la manière de numéroter pour ob- tenir un correspondant : nombre de chiffres à former avec éventuellement composition préa- lable du préfixe d’accès à l’interurbain et per- ception d’une seconde tonalité. Finalement lors de la présentation du plan 1985 les représentants de l’administration constatent que le vocable « nouveau plan de numérotation » est mal perçu par les usagers consultés dans le cadre de la préparation du plan de communication ; par contre ils sont beaucoup plus réceptifs si on leur explique qu’une nouvelle numérotation va être mise en place pour doubler la capacité du réseau télé- phonique et que simultanément les procé- dures sont simplifiées : un numéro à 8 chiffres pour tout le monde ; le nombre de zones de numérotation ramené de 70 à 2. La nouvelle numérotation téléphonique est née. NUMÉROTATION TÉLÉPHONIQUE Lors de la mise en place des premiers cen- traux téléphoniques, le nombre d’abonnés est si faible que l’administration des Postes et Té- légraphes ne propose pas de leur attribuer un numéro. N’imaginant pas un grand développe- ment de ce nouveau moyen de communica- tion, elle en confie la mise en place à l’indus- trie privée. Les abonnés vont donc prendre l’habitude qu’une opératrice établisse la communication au simple énoncé du nom du correspondant

Numérotation téléphonique. Les plans de 1946 et 1955 · Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009 – 49 – Numérotation téléphonique. Les plans de 1946 et 1955 Claude Pérardel

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– 49 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

Numérotation téléphonique. Les plans de 1946 et 1955

Claude Pérardel Lorhistel

Deuxième session

PRÉAMBULE

Pendant très longtemps les spécialistes des Télécommunications appellent plan de numé-rotage les règles qu’il convient d’appliquer pour que le numéro d’appel téléphonique attri-bué à un abonné raccordé en automatique soit unique sur le territoire de la France métropoli-taine.

Lors des réunions préparatoires à la mise en place de la nouvelle numérotation de 1985, les responsables de la communication vont ad-mettre qu’il est préférable d’utiliser numérota-tion à numérotage.

Mais voyons cependant ce qu’en disent les dictionnaires : – dictionnaire Le Petit Larousse Illustré : nu-

mérotage, n. m., ou numérotation, n. f. Ac-tion ou manière de numéroter.

– dictionnaire Le Robert : numérotage, n. m. Action de numéroter. Numérotation, n. f. Ordre des numéros.

– Dictionnaire des difficultés du français : nu-mérotage : forme. On emploie également numérotation. Sens. La première forme dé-signe plutôt l’action de numéroter, la se-conde le résultat de cette action, mais les deux s’emploient couramment l’une pour l’autre. Ne pas confondre, numérotage, nu-mérotation : disposition de numéros d’ordre, avec numération : manière d’écrire ou d’énoncer des nombres.

En fait l’habitude est prise de parler du plan de numérotation et du système de numérotation

qui précise la manière de numéroter pour ob-tenir un correspondant : nombre de chiffres à former avec éventuellement composition préa-lable du préfixe d’accès à l’interurbain et per-ception d’une seconde tonalité.

Finalement lors de la présentation du plan 1985 les représentants de l’administration constatent que le vocable « nouveau plan de numérotation » est mal perçu par les usagers consultés dans le cadre de la préparation du plan de communication ; par contre ils sont beaucoup plus réceptifs si on leur explique qu’une nouvelle numérotation va être mise en place pour doubler la capacité du réseau télé-phonique et que simultanément les procé-dures sont simplifiées : un numéro à 8 chiffres pour tout le monde ; le nombre de zones de numérotation ramené de 70 à 2.

La nouvelle numérotation téléphonique est née.

NUMÉROTATION TÉLÉPHONIQUE

Lors de la mise en place des premiers cen-traux téléphoniques, le nombre d’abonnés est si faible que l’administration des Postes et Té-légraphes ne propose pas de leur attribuer un numéro. N’imaginant pas un grand développe-ment de ce nouveau moyen de communica-tion, elle en confie la mise en place à l’indus-trie privée. Les abonnés vont donc prendre l’habitude qu’une opératrice établisse la communication au simple énoncé du nom du correspondant

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souhaité, et de la localité où il réside s’il s’agit d’une communication interurbaine. Cependant, la Société Générale des Télé-phones, qui installe et gère le réseau télépho-nique parisien (6 425 abonnés répartis sur 13 centraux en 1889) préconise le système d’ap-pel au numéro, comme en témoigne la liste des abonnés publiée en 1889.

Au lendemain de la nationalisation, le 1er sep-tembre 1889, l’administration reprend progres-sivement l’exploitation des centraux télépho-niques et édite dès 1890 des listes officielles d’abonnés au téléphone sans indiquer de nu-méro comme en témoigne les reproductions d’une page des listes de Bordeaux, Marseille et Nancy.

Collection particulière.

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Collection particulière.

Liste officielle des abonnés au téléphone de Bordeaux, 1890.

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Collection particulière.

Liste officielle des abonnés au téléphone de Marseille, 1890.

– 53 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

Collection particulière.

Liste officielle des abonnés au téléphone de Nancy, 1890.

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Il en est de même pour Paris : en premier lieu la liste des bureaux centraux ne comporte plus de numéro ; chaque bureau est identifié par une lettre. Ensuite, la comparaison de la liste SGT et la

Bureaux centraux parisiens

Collection particulière.

Liste des abonnés de Paris.

1889 – Liste SGT. 1890 – Liste officielle.

Indicatif Adresse Capacité A 27, avenue de l’Opéra 1 150 B 4, rue de Logelbach 450 / 500 C 204, boulevard de la Villette 450 / 500 D 10, place de la République 1 100 E 24/26, rue de Lyon 450 / 500 F 20, avenue des Gobelins 450/ 500 G 183, boulevard Saint-Germain 450 / 500 H 123, rue Lecourbe 200 I 80, rue de Passy 450 / 500 L 42, rue Lafayette 1 000 M Rue Étienne-Marcel 1 200 O Rue d’Anjou-Saint-Monce 750

liste officielle est très significative : dans la première, les abonnés sont numérotés ; dans la seconde, seule la lettre indiquant le bureau central de rattachement figure (voir liste des abonnés ci-dessous et ci-contre).

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Collection particulière.

Liste des abonnés de Paris.

1889 – Liste SGT.

1890 – Liste officielle.

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Collection particulière.

Liste des abonnés de Paris.

1889 – Liste SGT. 1890 – Liste officielle.

L’appel nominatif, bien en place, est confirmé par le Bulletin des Téléphones de 1891 (ci-contre). S’il est vrai que dans les réseaux où le nombre d’abonnés ne dépasse pas trois ou quatre centaines, l’opératrice retient très vite le numé-ro de l’équipement d’un abonné souvent de-mandé, il n’en est pas de même pour un rési-dentiel peu appelé. D’ailleurs, plus le nombre d’abonnés aug-mente, plus elle est obligée de consulter son carnet de correspondance sur lequel figure, en regard du nom de l’abonné, le numéro de l’équipement auquel il est raccordé.

Il paraît alors plus efficace de demander une communication en précisant le numéro du correspondant. En effet, le temps passé par l’opératrice à consulter son carnet de corres-pondance est du temps perdu.

Finalement, l’administration décide d’attribuer progressivement un numéro à chaque abonné sans imposer cette méthode d’une manière autoritaire. C’est ainsi, par exemple, que le journal La Gironde du 26 mars 1896 annonce que les abonnés du réseau de Bordeaux vont être desservis par un nouveau « tableau cen-tral » à partir du lundi 30 mars ; ils doivent re-cevoir à cette occasion la liste alphabétique du réseau avec le numéro d’ordre affecté à chaque abonné, numéro dont l’emploi est obli-gatoire à partir de la mise en service de ce nouvel équipement.

En 1896, à Paris, les abonnés raccordés aux centraux de Wagram et de Passy sont dotés d’un numéro ; finalement en 1897, tous les abonnés parisiens paraissent à l’annuaire avec un numéro à cinq chiffres ; le premier désignant le centre de rattachement : 1 pour

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PARTIE OFFICIELLE Avis important

Pour accélérer l’échange des communications téléphoniques, l’Administration recommande à MM. les abonnés de procéder aux appels dans les conditions suivantes : Presser sur le bouton d’appel deux ou trois fois assez rapidement, décrocher le téléphone de droite, ou les deux, sans attendre que le bureau ait sonné, porter le téléphone à l’oreille et écouter. Lorsque la téléphoniste se présente sur la ligne, lui donner le nom et l’adresse de l’abonné à appeler, nom et adresse qu’elle doit répéter pour éviter les erreurs. Les communica-tions seraient également plus rapides si, après avoir formulé sa demande, l’appelant attendait, le téléphone à l’oreille, que l’appelé fut arrivé à son appareil, et si les deux correspondants en-traient en communication sans attendre aucun avertissement des agents des bureaux télépho-niques. De même, lorsqu’un abonné est appelé, il est inutile qu’il sonne pour répondre. Il lui suffit de décrocher le téléphone de droite ou les deux téléphones, et de les porter à l’oreille. Il peut entrer immédiatement en conversation avec l’appelant.

Gutenberg, 2 pour Central, etc., les quatre chiffres suivants correspondant au numéro d’ordre de chaque abonné.

Attribuer un numéro à chaque abonné c’est bien, mais encore faut-il qu’il accepte de l’utili-ser ! Gens du monde habitués à être servis par une domesticité nombreuse, les abonnés ne sont pas des clients faciles. L’appel au nu-méro leur paraît comme une insulte grave à leur personne ; et de rappeler à qui veut les entendre la numérotation des rues de Paris par le baron Haussmann quelques vingt ans auparavant.

Voilà ce que l’on peut lire dans la presse : « […] Les Parisiens éprouvent déjà de grandes difficultés en dépit du Bottin et des répertoires similaires, à retenir les numéros des adresses de leurs amis : que serait-ce s’ils doivent encore se graver dans la mémoire les numéros téléphoniques de tous les gens avec lesquels ils sont en relation d’affaire ou d’ami-tié !

De par le bon plaisir de M. le ministre des Postes et Télégraphes, nous ne nous appelle-rons plus Pierre, Paul ou Jean mais le 100, le 22 ou le 366. Nous serons numérotés comme les moutons du Berry, les fiacres parisiens ou les forçats […] »

C’est dans cette ambiance que l’administration décide d’utiliser tous les moyens possibles pour obtenir des abonnés qu’ils formulent bien leurs appels. Les avis dans l’annuaire et dans la presse ont constitué de très bons procédés, mais l’action des opératrices a été encore plus efficace : Numéro, s’il vous plaît ?

LA NUMÉROTATION DES ABONNÉS

EN EXPLOITATION MANUELLE

À partir de 1897, chaque abonné reçoit donc un numéro, mais dans les bureaux de l’admi-nistration des Postes et des Télégraphes au-cun responsable n’envisage d’établir un plan de numérotation.

La commutation automatique est inconnue, ce sont les opératrices qui établissent toutes les communications.

Chaque réseau téléphonique est indépendant quelle que soit son importance : moins de dix abonnés à plusieurs milliers. Une hiérarchie entre les centraux est instituée de manière à réduire le nombre de circuits téléphoniques autant que faire se peut, tout en permettant un écoulement normal du trafic.

En se reportant au schéma représentant l’or-ganisation téléphonique du groupement de Loudéac (page suivante) au début du XX

e siè-cle, il convient de remarquer que le centre de groupement n’est pas raccordé à toutes les localités, mais à neuf d’entre elles dont cer-taines desservent à leur tour plusieurs vil-lages.

Il n’est pas question de traiter ici la manière dont les communications sont acheminées ; de plus c’est, dans la plupart des cas, l’agent du guichet du bureau de poste qui dessert également le standard et cette tâche n’est pas prioritaire ! La qualité du service n’est donc pas excellente, c’est le moins que l’on puisse dire. Par contre au niveau des centres de groupement où le service permanent est assu-

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Numéro, s’il vous plaît ?, p. 19.

ré, il en va tout autrement. Toutes les opéra-trices sont dotées d’un carnet d’acheminement dont la consultation leur permet de trouver le premier faisceau de circuits à utiliser pour at-teindre une localité qui n’est pas reliée directe-ment à son centre de groupement. Pour reve-

nir à la numérotation des abonnés, un simple regard sur des extraits de pages d’annuaires permet de vérifier que le nombre de chiffres d’un numéro varie de un à quatre. Ce type de numérotation en exploitation ma-nuelle va durer jusqu’à l’automatisation de

Coll. particulière.

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Collection particulière.

Annuaire officiel des Abonnés aux Réseaux Téléphoniques des Départements. Régions du Nord et du Nord-Est, 1924.

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Collection particulière

Annuaire officiel des Abonnés aux Réseaux Téléphoniques des Départements. Régions du Nord et du Nord-Est, 1924.

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chaque commutateur. LE CAS PARTICULIER DE PARIS

Le système d’attribution des numéros en vi-gueur au début du XX

e siècle va connaître rapi-dement ses limites car il est organisé sur la base de dix centraux téléphoniques. Le nombre d’abonnés augmentant, il est néces-saire d’installer de nouveaux centraux. Com-

ment, alors, les numéroter ? Au lieu de créer un numéro caractéristique des centraux à deux chiffres, il est décidé, en 1912, de rem-placer le numéro de série par un indicatif litté-ral.

Douze ans plus tard, en 1924, vingt centraux manuels desservent la capitale : – Archives ;

APH.

– 62 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

– Auteuil ; – Bergère ; – Central ; – Combat ; – Diderot ; – Élysées ; – Fleurus ; – Galvani ; – Gobelins ; – Gutenberg ; – Laborde ; – Louvre ; – Marcadet ; – Nord ; – Passy ; – Roquette ; – Ségur (ex Saxe) ; – Trudaine ; – Wagram.

LA NUMÉROTATION DES ABONNÉS

EN EXPLOITATION AUTOMATIQUE

La lecture des instructions com-muniquées aux abonnés de Lille, Roubaix et Tourcoing nous ap-prend que le numéro d’un abonné comprend cinq chiffres ; à priori il n’y a pas de différence avec l’ex-ploitation manuelle. Il est même très vraisemblable qu’à l’occasion du passage en automatique les abonnés ont conservé le même numéro à cinq chiffres ; le premier correspondant au central de rattachement, et les quatre suivants aux numéros de millier, de centaine, de dizaine et d’unité de chaque abonné.

En fait, chaque numéro correspond à l’adresse technique d’un abonné déterminé ; en service manuel, c’est l’opératrice qui, grâce à son in-telligence, ses yeux et ses mains, localise l’adresse en question. En service automatique, ce sont des appareils, appelés sélecteurs, qui effectuent cette localisation ; progressivement, à la réception des chiffres émis par le cadran téléphonique, la communication va ainsi s’éta-blir.

À la réception du 1er chiffre, un organe « intelligent », l’enregistreur, détermine grâce à un pré-câblage, si la communication con-cerne un abonné du même central ou d’un

ATRL.

Instructions concernant les abonnés de Lille-Roubaix-Tourcoing numérotés en 5 chiffres (1933).

autre central. S’il s’agit d’un autre central, il faut, dès cet instant, trouver une jonction libre entre les deux commutateurs.

Je précise ici à l’attention des spécialistes que je prends un exemple simple sans entrer dans des détails trop techniques ; en particulier je n’évoque pas le cas des premiers commuta-teurs de type R6 sans enregistreur, ni ne traite du renvoi des chiffres entre commutateurs, etc.

Si la communication est destinée à un abonné raccordé au même central que le demandeur, les quatre chiffres suivants servent à orienter des sélecteurs qui, lors de leur mouvement circulaire, s’arrêtent sur un azimut correspon-dant au chiffre. On trouve ainsi le sélecteur des milliers, le sélecteur des centaines, et un autre organe, le connecteur, qui, à la réception des chiffres de dizaine et d’unité, va s’orienter

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directement sur l’équipement de l’abonné de-mandé. Voilà pour le principe ; dans la réalité c’est un peu plus compliqué !

Au début de l’automatisation d’un réseau, le numéro sera toujours composé de quatre chiffres (millier M, centaine C, dizaine D et uni-té U) ; selon l’importance de ce réseau, ce nu-méro est précédé d’un chiffre quand le nombre de commutateurs ne dépasse pas neuf, ou de deux chiffres à partir de dix. Peu à peu, le nombre d’abonnés va croître et l’automatisation des réseaux va progresser pas à pas ; par ailleurs, des essais de commu-nications interurbaines automatiques sont pra-tiqués avec succès. Il devient donc urgent de concevoir un véritable plan de numérotation au niveau national ; nous sommes en 1944-1945 et la situation ne s’y prête guère.

LE PLAN DE NUMÉROTATION DE 1946

L'étude d'un plan de numérotation des abon-nés a été confiée en 1941 à une Commission spéciale ; celle-ci se sépare à la fin de 1942 sans être arrivée à des conclusions définitives. Elle est reprise en 1945 par la Section Tech-nique de l'Administration des PTT et aboutit à la mise au point d'un projet qui, après avoir rencontré un accueil favorable lors de larges consultations des services intéressés, doit être soumis à l'approbation du Comité technique.

PRINCIPES

Chaque abonné figure à l'annuaire avec un numéro à six caractères dans le cas général, à sept dans le cas particulier de la région pari-sienne. Il est utilisable à l'intérieur d'une zone d'étendue limitée, dite zone de « numérotation régionale ». Les limites des zones de numéro-tation régionale coïncide avec celles des dé-partements ; mais deux ou même plus de deux départements voisins entre lesquels existe un fort courant de trafic peuvent entrer dans une même zone, l'extension de tels re-groupements n'étant limitée que par la difficul-té de constituer des indicatifs différents pour toutes les séries d'une même zone.

Dans le cadre de la numérotation régionale, les abonnés sont divisés en « séries » de 10 000 lignes au maximum. Ces séries sont créées dans les cas suivants : si 10 000 lignes suffisent compte tenu de

l'extension prévue pour une très longue du-

rée ; – par l'ensemble des abonnés d'un centre

manuel et des bureaux ruraux qui en dé-pendent ;

– par les abonnés du centre manuel « seul » ;

– par des abonnés des bureaux ruraux seuls ;

– pour les villes très importantes, par l'en-semble des abonnés reliés à un même bureau urbain, manuel ou automatique ; centraux de Paris et de la zone subur-baine, centraux de Lyon, Marseille, Bor-deaux, Lille, Toulouse, Nantes, etc. ;

si un groupe rural est très important ou s'étend sur plusieurs départements ;

soit enfin par l'ensemble des abonnés reliés à un ou plusieurs bureaux d'une organisa-tion automatique intégrale.

Bien entendu, l'application de la nouvelle nu-mérotation dans les groupes équipés en auto-matique rural suppose que les transformations nécessaires soient effectuées au centre ma-nuel, pour permettre l'appel des abonnés ru-raux par numéros à quatre chiffres.

Le numéro de l'abonné comporte donc deux parties : – un indicatif de série, à deux caractères

dans le cas général, à trois dans le cas de la région parisienne ;

– un groupe de quatre chiffres, constituant le numéro de l'abonné dans sa série.

Pour les réseaux urbains des très grandes villes, les noms des centraux sont conservés comme indicatifs ; les deux premières lettres de ce nom (les trois premières dans le cas de la région parisienne) marquées en caractères gras à l'annuaire sont seules utilisées pour la composition du numéro ; SEGur 72-44 à Paris, BUrdeau 43-21, COlbert 64-19, en province.

Dans tous les autres cas, l'indicatif de série est composé d'un nom de ville – la première lettre, marquée en caractère gras à l'annuaire, est seule utilisée dans la composition du nu-méro – suivi d'un chiffre.

Le nom doit autant que possible être caracté-ristique de l'acheminement. Pour la banlieue et le groupe rural des très grandes villes, c’est le nom de la ville qui prévaut. Pour Lyon, le groupe rural s’est vu attribuer les indicatifs Lyon 3, Lyon 4, Lyon 5, etc. Pour d’autres villes équipées en automatique, les séries ur-baines, de banlieue et rurale sont groupées

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sous le nom de la ville ; par exemple, Cler-mont urbain forme la série Clermont 1, la ban-lieue automatique (Royat, Chamalières, etc.) forme la série Clermont 2, le groupe rural forme les séries Clermont 3 et Clermont 4. En-fin, dans les autres cas, on donne à chaque groupement le nom du centre comme indicatif de série, chaque fois du moins qu'il s'agit d'une localité assez importante et connue ; dans le cas con-traire, on prend pour consti-tuer l'indicatif le nom du centre le plus impor-tant dont le groupement considéré dépend pour l'acheminement de son trafic : c'est ainsi que par exemple dans le Rhône, les abonnés des groupements de l'Arbresle et de Sainte-Foy-l'Argentière sont numérotés Lyon 6, ceux des groupements de Bois-d'Oingt et Lamure-sur-Azergues Lyon 7.

NUMÉROTATION

Pour émettre un appel d'une zone vers une autre, le numéro de l'abonné dans sa zone devra être précédé d'un préfixe composé de deux parties : – la première indique que l'appel doit sortir

de la zone : le 16, numéro disponible dans la série affectée aux services spéciaux, et qui devient « numéro de l'interurbain auto-matique national » comme le « 10 » est celui de l'interurbain manuel ;

– la deuxième indique la zone demandée : celle-ci est caractérisée par un numéro à deux chiffres, exception faite pour la région parisienne qui a pour indicatif le chiffre 1.

Le numéro « national » d'un abonné possède donc dans tous les cas 8 caractères.

À chaque département ou groupe de départe-ments est affecté un indicatif à deux chiffres, qui peut par exemple figurer en tête de chaque page de l'annuaire. L'attribution de ces indica-tifs n'est pas indifférente : il y a avantage, pour la simplicité des traducteurs commandant l'acheminement, à attribuer des indicatifs com-mençant par le même chiffre à des départe-ments voisins ou dépendant des mêmes centres de transit. Pour la Seine-et-Oise et la Seine-et-Marne, l'indicatif à utiliser est soit le « 1 », soit un indi-catif à deux chiffres, selon que la localité de-mandée est ou non dans la zone régionale automatique de Paris.

Pour obtenir une opératrice d'un centre de groupement quelconque, une opératrice n'a pas à envoyer un numéro complet, mais seu-

lement les deux caractères (si elle est dans la même zone régionale) ou les quatre carac-tères (si elle est en dehors de cette zone) qui constituent l'indicatif de ce groupement. L'ap-pel est alors aiguillé sur une position d'arrivée.

Par exemple, en envoyant « L1 », une opéra-trice d'un bureau du Rhône ou de la Loire ob-tient l'Interurbain de Lyon ; en envoyant « G1 » elle obtiendra le bureau manuel de Gi-vors (Rhône). Cette disposition est particuliè-rement intéressante pour la période, encore longue, où de très nombreux centres de grou-pements sont encore équipés en manuel.

LE PLAN DE NUMÉROTATION DE 1955

Pourquoi mettre en place un nouveau plan de numérotation dès 1955, seulement neuf ans après celui de 1946 ? Pour deux raisons es-sentiellement : la première découle du manque d’intuition des responsables qui n’ont absolument pas envisagé que le téléphone allait devenir un outil indispensable au déve-loppement économique ; mais qui pourrait le leur reprocher ? À l’issue de la seconde guerre mondiale, le téléphone n’est pas inscrit dans les priorités de l’État. La seconde est liée au développement de la commutation interurbai-ne automatique qui entraîne la mise en place d’un véritable plan de numérotation permettant à chaque abonné du territoire national de pos-séder un numéro unique. Le plan de 1955 devient ainsi une nécessité à mettre en place au fur et à mesure de l’auto-matisation des réseaux.

CAS GÉNÉRAL

Un plan de numérotation téléphonique a pour but d'organiser d'une manière rationnelle la façon dont est attribué le numéro d'appel à un abonné, qui le distingue entre tous et qui per-met de l'appeler sans ambiguïté. De même que l'adresse d'une personne comprend géné-ralement un numéro dans une rue, le nom d'une rue dans une ville, le nom d'une ville dans un département, et enfin le département lui-même, de même l'équipement de l'abonné doit être repéré dans un commutateur, puis le commutateur est localisé dans une zone, la zone elle-même se situant sur le territoire mé-tropolitain.

Reprenons cet exemple d'une manière con-

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crète. L'abonné dispose à son domicile d'un poste téléphonique raccordé à un commuta-teur par une ligne. Dans ce commutateur se trouvent les équipements propres à l’abonné et notamment son compteur. Lorsque le plan de numérotation a été retenu, en 1955, la ré-partition des abonnés à raccorder et la tech-nique de commutation utilisée conduisent à fixer à 10 000 le nombre des abonnés pouvant être raccordés sur un même commutateur. Un numéro à 4 chiffres (de 0 000 à 9 999) est donc nécessaire pour situer l'abonné dans son commutateur. Ce sont, en fait, les 4 derniers chiffres du numéro d'appel d'un abonné, dési-gnés habituellement par les lettres MCDU (Millier, Centaine, Dizaine, Unité).

Mais le commutateur doit, à son tour, être re-péré d'une manière précise pour être parfaite-ment identifié.

Cette identification se fait (sauf à Paris comme nous le verrons plus loin) par un code à deux chiffres, qui précède les quatre chiffres dont nous avons donné la signification plus haut (ce code ou numéro de série est désigné par le sigle PQ). L'abonné se voit donc ainsi indivi-dualisé par un numéro à six chiffres, les deux premiers de ce chiffre désignant son commu-tateur de rattachement, les quatre suivants l'identifiant au sein de ce commutateur.

Ce numéro à six chiffres est appelé numéro régional et il permet d'appeler un abonné à l'intérieur d'une zone de numérotage. Définissons maintenant cette zone. Puisque chaque commutateur est désigné par un numéro à deux chiffres, on peut théorique-ment regrouper 100 commutateurs dans une zone, en les numérotant de 00 à 99. En fait, la série de 10 à 19 n’est pas utilisée, car elle est réservée à l’appel des services spéciaux pour lesquels une numérotation abrégée est pré-vue. Ainsi le 12 donne accès au service des renseignements, le 13 aux réclamations, le 14 aux télégrammes téléphonés, etc. De ce fait une zone de numérotage peut comporter au maximum 90 numéros de série PQ.

La répartition très inégale du nombre des abonnés sur le territoire fait que cet ensemble de 90 commutateurs constituant une zone ré-gionale à l'intérieur de laquelle les abonnés peuvent s'appeler à six chiffres couvre, soit plusieurs départements (ainsi la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne forment une seule zone), soit au contraire une fraction de dépar-

tement (il y a ainsi trois zones à l'intérieur du département des Bouches-du-Rhône). À l'origine, en dehors de la région parisienne, 78 zones d'indicatif AB à deux chiffres sont créées, les indicatifs de la série A = 0 et les indicatifs AB = 30 et 50 étant mis en réserve. À ce niveau, l'abonné se trouve individualisé par un numéro à huit chiffres, dont la significa-tion est la suivante : – les deux premiers chiffres représentent la

zone (AB) ; – les deux suivants représentent le commuta-

teur (PQ) ; – les quatre derniers situent l'abonné dans le

commutateur (MCDU). Soit un abonné dont le numéro d'appel est (67) 42.93.13 : – le 67 représente sa zone constituée par le

département de l'Hérault ; – le 42 est le code du commutateur auquel il

est raccordé (au cas particulier, celui qui dessert un quartier de Montpellier) ;

– 93.13 est le numéro de l'équipement de l'abonné, sa « situation » dans ce commu-tateur.

Ce numéro à huit chiffres est dit numéro natio-nal. C'est celui qui figure dans l'annuaire et que les abonnés sont invités à indiquer sur leurs papiers d'affaires, cartes de visite... II apparaît donc qu'un abonné peut être appe-lé soit, en formant six chiffres (lorsque les deux correspondants appartiennent à la même zone), soit en formant huit chiffres (lorsque les deux correspondants appartiennent à deux zones différentes). Ceci suppose qu'un com-mutateur recevant une numérotation sache interpréter les deux premiers numéros compo-sés comme identifiant un commutateur de sa zone de numérotage (numérotation à six chiffres) ou comme identifiant une autre zone (numérota-tion à huit chiffres). Tel est le rôle du préfixe interurbain, le « 16 » (éventuellement le 15 à Paris) qui a pour objet de prévenir le central que l'on va composer un numéro à huit chiffres. Ainsi, si un abonné du Puy-de-Dôme numé-rote le 93.78.00, son commutateur interprète le « 93 » comme identifiant un autre commuta-teur appartenant à la même zone (en l'occur-rence, un commutateur de Clermont-Ferrand). Si, par contre, ce même abonné compose le 16~93.88.22.58, son commutateur détermine que le « 93 », venant après le 16, désigne une

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autre zone (en l'occurrence les Alpes-Maritimes) vers laquelle il aiguille l'appel. CAS PARTICULIER

DE LA RÉGION PARISIENNE

La région parisienne est constituée à l’époque par quatre départements : la Seine, la Seine-et-Marne, la Seine-et-Oise et l’Oise. Le souci de conserver son unité et l’importance de son tra-fic interne ont conduit à en faire une zone spé-cifique.

Aussi a-t-on attribué aux commutateurs de la région parisienne un préfixe à trois chiffres (à l’origine ce sont les trois premières lettres du nom du central : ANJ pour Anjou, ELY pour Élysées, SEG pour Ségur ; soit par exemple SEG 5678, remarquons que chaque lettre à la valeur d’un chiffre). À partir de 1963, les lettres

sont remplacées par les chiffres ; SEG 5678 devient 734 5678. Cette disposition permet principalement de créer de nouveaux préfixes à trois chiffres sans se soucier d’une corres-pondance littérale avec le nom du central télé-phonique de rattachement ; et d’éviter ainsi une saturation des préfixes sous la forme de trois lettres.

Un abonné de cette région possède donc un numéro régional à sept chiffres, par exemple 564.11.42.

En revanche, la zone a reçu un indicatif à un seul chiffre (le 1) afin que le numéro national de ce même abonné parisien reste à huit chiffres. Exemple : (1) 564.11.42. Dans ce cas, le 1 représente la zone de la ré-gion parisienne, 564 représente un des com-

Plan de numérotation de 1955.

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mutateurs de cette zone, 11.42 désigne l’équi-pement de l’abonné dans le commutateur.

LES LIMITES DU PLAN DE 1955

Avec 90 zones d’une capacité maximale de 90 commutateurs pouvant eux-mêmes desservir 10 000 abonnés, le plan de numérotage a une capacité théorique de 81 millions d’abonnés. En fait, dans certaines zones rurales, il n’est pas prévu que les 90 commutateurs soient un jour en service alors que dans certaines zones urbaines, ils sont en nombre insuffisant. De plus, de nombreux commutateurs ruraux sont loin d’atteindre la capacité de 10 000 abonnés. Ainsi, le nombre moyen d’abonnés raccordés sur un commutateur est de 2 150 abonnés en Lozère et 2 300 dans le Cantal. Dans la réalité, la capacité nominale n’est ja-mais atteinte : l’expérience montre que le plan de numérotation ne peut être utilisé à plus de 60 % de sa capacité théorique en zone ur-baine ; le taux d’utilisation pouvant tomber à 20 % dans les zones rurales à faible densité.

LE RÉAMÉNAGEMENT DU PLAN INITIAL

Pour tenir compte de l'inégale répartition de la population et des problèmes soulevés par la faiblesse des taux d'utilisation (ou, pour les spécialistes, le coefficient de remplissage), la direction générale des Télécommunications décide d'aménager le plan de numérotation tel qu'il est prévu en 1955. Pour tenir compte de l'inégale répartition de la

population et des problèmes soulevés par la faiblesse des taux d'utilisation ou pour les spé-cialistes, le coefficient de remplissage, la di-rection générale des Télécommunications dé-cide d'aménager le plan de numérotation tel qu'il est prévu en 1955.

La circulaire n°59 du 27 mai 1974 donne des consignes très précises ; nous en avons ex-trait l'essentiel : « Le développement inégal du nombre des abonnés dans chacun des dépar-tements, la progression rapide des raccorde-ments prévue pour les toutes prochaines an-nées vont dans certaines zones de numéro-tage, entraîner à très brève échéance la con-sommation totale des numéros de série PQ. Un nouveau plan de numérotation a donc été mis à l'étude. Ce plan, caractérisé par l'intro-duction progressive d'un chiffre supplémen-taire dans le numéro de l'abonné, ne peut pas, en raison de l'importance des travaux de mo-dification et de remplacement à effectuer dans les autocommutateurs, être mis en œuvre avant 1982, II importe donc d'apporter dès à présent un certain nombre de modifications au plan actuel pour accroître sa capacité et ne pas restreindre les raccordements en atten-dant la mise en œuvre du futur plan.

L'idée directrice de cet aménagement est de rééquilibrer les zones AB de numérotage en regroupant deux ou trois zones actuelles de faible importance, ce qui permet de récupérer des AB qui sont alors utilisés pour scinder les zones les plus importantes et les ramener ain-

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si à une taille plus proche de la normale. Les études de regroupement ont été conduites en tenant compte de la croissance prévue du nombre des abonnés et en ne regroupant que des zones limitrophes d'une même région, desservies par un même centre de transit ré-gional...

La regroupement des zones de faible importance Les départements seront regroupés à des dates déterminées en fonction de l'urgence des réutilisations prévues pour les indicatifs AB récupérés et en tenant compte des con-traintes suivantes : – la décision de dénumérotation d'un départe-

ment intervient au plus tard quatre mois et demi avant la date d'arrêt des listes de l'an-nuaire téléphonique correspondant afin que celui-ci puisse en tenir compte ;

– le mélange de l'ancien et du nouvel AB au niveau des « traducteurs » intervient aussi-tôt après la prise de décision et au plus tard quatre mois avant la date de sortie de l'an-nuaire qui est la date officielle de la mise en application de la dénumérotation ;

– la fin d'utilisation de l'ancien AB intervient deux mois après cette date officielle de dé-numérotation ;

– la disponibilité pour réaffectation éventuelle intervient six mois après la fin d'utilisation de l'ancien AB. Pendant ces six mois, les appels pourront être renvoyés sur machines parlantes.

Il convient évidemment de tenir compte immé-diatement de ces regroupements dans les res-trictions de zones de numérotage régionales à six chiffres constituées à l'origine par le dépar-tement concerné et les départements limi-trophes et d'examiner l'éventuel renforcement en machines parlantes des autocommuta-teurs. Des instructions sur leur utilisation se-ront communiquées ultérieurement.

L'augmentation de la capacité des zones les plus importantes Les réutilisations se feront dans la région pari-sienne, le Nord, le Pas-de-Calais, Lyon, Mar-seille et si le besoin s'en fait sentir ultérieure-ment la Seine-Maritime, les Alpes-Maritimes, la Moselle et la Gironde.

L'augmentation de la capacité de numérotage dans le district parisien sera obtenue par dé-coupage de l'actuelle zone à 7 chiffres en trois zones distinctes : – une zone centrale (indicatif A = 1) consti-

tuée par Paris et les départements du Val-de-Marne, des Hauts-de-Seine et de la Seine-Saint-Denis ;

– une zone « Sud-Est » constituée par les départements de la Seine-et-Marne et de l'Essonne et caractérisée par les indicatifs AB = 60, 64, 69 ;

– une zone « Nord-Ouest » constituée par les départements des Yvelines et du Val-d'Oise et caractérisée par les indicatifs AB = 30, 34, 39.

Dans les autres zones les plus importantes où interviendra une réutilisation d'indicatifs AB récupérés, l'augmentation de capacité de nu-mérotage s'effectuera en principe par décou-page en zones à numérotation à 6 chiffres. Toutefois, le cas des zones de Lyon et de Marseille est en cours d'étude et le pro-gramme de récupération peut permettre, le cas échéant, d’introduire dans ces zones avant 1980 une numérotation régionale à 7 chiffres compatible avec la numérotation à 8 chiffres. »

Cette circulaire ne fut pas entièrement appli-quée car des études avaient fait apparaître des impossibilités voire des besoins complé-mentaires.

Avant de présenter quelques cas typiques qui illustreront parfaitement bien la réaffectation de certains indicatifs de zone AB, examinons les cas de regroupement qui ont été traités différemment. Le Lot-et-Garonne n’a pas été regroupé avec les Landes, mais avec la Dordogne dont il par-tagea l’AB = 53. Par contre, les Landes tro-quèrent leur indicatif AB = 57 contre l’ancien AB = 58 du Lot-et-Garonne ; l’AB = 57 était donc disponible. Par ailleurs, le regroupement de la Charente et de la Charente-Maritime n’eut pas lieu.

À l’origine, sept paires de départements très petits ou à faible densité avaient été regroupés sous le même indicatif départemental : – Haute-Garonne et Ariège :

indicatif AB = 61 ; – Gers et Hautes-Pyrénées :

indicatif AB = 62 ; – Tarn et Tarn-et-Garonne :

indicatif AB = 63 ; – Ardèche et Drôme :

indicatif AB = 75 ; – Savoie et Haute-Savoie :

indicatif AB = 79 ;

– 69 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

Extrait de la circulaire n°59.

– Hautes-Alpes et Alpes-de-Haute-Provence : indicatif AB = 92 ;

– Meuse et Meurthe-et-Moselle : indicatif AB = 28.

Parmi ces « doublets », un seul d’entre eux fut supprimé ; il concerne la Savoie et la Haute-Savoie qui, réunies dans la zone AB = 79, fu-rent séparées, par la création de centres de transit à Annecy et à Chambéry, la Savoie conservant l’AB = 79 et la Haute-Savoie se voyant attribuer l’indicatif 50 jusqu’alors dispo-nible.

Il faut noter également que le regroupement sous un même indicatif AB fut l’occasion de libérer les indicatifs des départements concer-nés et de leur attribuer un indicatif AB récupé-ré à l’occasion d’un autre regroupement. C’est le cas de l’Aude et des Pyrénées-Orientales qui libérèrent les indicatifs 64 et 69 en vue de leur attribution à l’Île-de-France et récupèrent le 68 qui appartenait à la Loire.

Citons également le cas de la Vendée qui est un modèle du genre. À l’origine, son indicatif départemental était le 44 ; en vue de l’attribuer

– 70 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

ultérieurement au département de l’Oise jus-qu’alors intégré dans la zone de numérotation Île-de-France, on le remplaça par le 30 encore disponible : cela se passait en mai 1967. Hélas, et sans être regroupée avec un autre département, la Vendée dut à nouveau aban-donner son indicatif 30 au bénéfice de l’Île-de-France pour recevoir en échange l’indicatif 51 issu de la Creuse. Il en fut de même pour le Cher qui libéra le 36

pour recevoir en échange le 48 des Deux-Sèvres.

De plus, l’affectation des indicatifs AB ainsi récupérés ne fut pas toujours conforme à la circulaire. Par exemple, les indicatifs 51 et 52 initialement réservés pour le Nord subirent un autre sort ; l’AB = 51 fut attribué à la Vendée comme nous venons de le voir ci-dessus et l’indicatif 52 fut mis en réserve ; il le restera jusqu’à la mise en service de la nouvelle nu-

Plan de numérotation de 1955. Répartition des indicatifs AB après les regroupements.

– 71 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

mérotation.

Le Nord quant à lui récupéra les indicatifs 27 et 28 respectivement libérés par la Haute-Marne et la Meurthe-et-Moselle qui elle récu-péra, pour préparer la future zone à 7 chiffres les indicatifs 82 et 83 issus du Jura et de la Nièvre.

En comparant cette carte avec la précédente, on constate qu’à la mise en place du plan de 1955, les départements de la Mayenne et de la Sarthe disposent chacun d’un indicatif AB, respectivement le 42 et le 43 ; après le rema-niement, ils se partagent l’AB 43. Sur cette carte, les zones à 7 chiffres de Lyon et de Lor-raine (Meurthe-et-Moselle, Moselle) n’appa-raissent pas.

LE RÉAMÉNAGEMENT, UN EXEMPLE : LA RÉGION DU NORD, PAS-DE-CALAIS

À la mise en place du plan de 1955, la zone régionale du Nord comprend trois indicatifs : – le 20 pour le Nord ; – le 21 pour le Pas-de-Calais ; – le 22 pour la Somme. À l’intérieur de cette zone, la numérotation s’effectue à l’aide de six chiffres, soit 90 pré-fixes PQ pour cette région très peuplée. Le rattachement de la Somme à la région Pi-cardie en 1975 est l’occasion de passer le dé-partement en numérotation nationale, comme c’est déjà le cas pour l’Aisne et l’Oise. Les pré-fixes PQ de la Somme peuvent donc être ré-cupérés et attribués au Nord et au Pas-de-Calais ; mais cela ne va pas suffire. Dès le 12 septembre 1976, la numérotation nationale est mise en place entre les départements du Nord et du Pas-de-Calais. Le Nord, département en pleine expansion

ATRL.

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démographique et économique, voit le nombre d’abonnés croître très rapidement, tant et si bien que trois indicatifs AB lui sont attribués à partir du 8 septembre 1979, ce qui lui procure une capacité potentielle de 270 préfixes PQ. LE RÉAMÉNAGEMENT,

UN AUTRE EXEMPLE : LA CRÉATION D’UNE ZONE À 7 CHIFFRES

La création d’une zone de numérotation à 7 chiffres entre la Moselle et la Meurthe-et-Moselle est très intéressante à étudier car elle est précédée d’un curieux mouvement d’indi-catifs AB. En 1976, la répartition des indicatifs AB est la suivante : la Meuse et la Meurthe-et-Moselle se partagent l’indicatif AB = 28, la Mo-selle dispose de l’indicatif AB = 87 et les Vosges de l’AB = 29. Tous les abonnés lorrains s’appellent en com-posant les six chiffres de leurs correspon-dants. Dans cette région, les besoins en préfixes PQ vont se faire sentir très rapidement et le

ATRL.

11 juin 1976, le département des Vosges sort de la numérotation régionale lorraine. La nu-mérotation nationale est mise en place entre les Vosges et les trois autres départements. Le 11 janvier 1977, la décision est prise de créer une zone de numérotation à 7 chiffres entre la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.

Première conséquence, quasi-immédiate, la Meuse change d’indicatif ; le 11 juillet 1977, elle quitte le 28 pour se trouver avec le 29 du département des Vosges ; meusiens et vos-giens communiquent entre eux en composant six chiffres. Ces deux départements consti-tuent ainsi, une zone à numérotation nationale pour la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.

Par ailleurs dans le cadre d’une numérotation à 7 chiffres, la Meurthe-et-Moselle doit aban-donner l’indicatif 28 pour en acquérir deux nouveaux, les AB 82 et 83 ; cette opération s’effectue le 1er septembre 1978.

Finalement, la Moselle et la Meurthe-et-Moselle passent en numérotation régionale à

– 73 – Les Cahiers de la FNARH n°112, 2009

Situation début 1976.

11 juin 1976.

1er juillet 1977.

1er septembre 1978.

limite entre des zones AB : numérotation nationale (16 + 8 chiffres). limite entre des zones AB : numérotation régionale (6 chiffres).

7 chiffres en décembre 1979. Une zone à 7 chiffres fut également créée à Lyon à la même époque. Contrairement à ce qui avait été pré-vu initialement, Marseille ne sera pas concer-née. EN ÎLE-DE-FRANCE

La zone de numérotation à 7 chiffres de la ré-gion parisienne devant être saturée vers 1980, un découpage de cette zone s'avère donc né-cessaire. Après examen, une solution transi-toire, dite de « dédoublement », est retenue parce qu'elle réduit fortement les change-ments d'habitude des usagers et qu'elle mini-mise les conséquences techniques sur les équipements des autocommutateurs.

La solution consiste à disposer deux fois de

chaque numéro de série dans les départe-ments de la grande couronne tout en conser-vant une numérotation à 7 chiffres à l'intérieur du réseau urbain proprement dit (groupement de Paris). En fait une bonne gestion des nu-méros de série BPQ en Île-de-France a permis de conserver une numérotation à 7 chiffres pour l'ensemble des données de cette région bien qu'elle soit divisée en trois zones de nu-mérotage (A = 1 ; A = 3 ; A = 6) différentes vues de la province. Les indicatifs 30, 34 et 39 sont attribués aux Yvelines et au Val-d'Oise. Les indicatifs 60, 64 et 69 sont attribués à l’Es-sonne et la Seine-et-Marne. Finalement, la zone Paris/région parisienne fut

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bien partagée en trois parties caractérisées chacune par un indicatif à un chiffre : A = 1 pour Paris et la petite couronne ; A = 3 pour le Val-d’Oise et les Yvelines ; A = 6 pour l’Essonne et la Seine-et-Marne. À partir du 1er trimestre 1980, vue de la pro-vince, l’Île-de-France est donc considérée comme trois zones de numérotation diffé-rentes, mais les abonnés de cette région conti-nuent de s’appeler entre eux en numérotation à 7 chiffres.

CONCLUSION Les réaménagements une fois terminés, il est

donc possible de tenir jusqu’en 1985 en main-tenant pendant 30 ans le principe de la numé-rotation à 8 chiffres élaboré en 1955, mais adapté plusieurs fois pour tenir compte de l’ex-plosion du nombre d’abonnés au téléphone. La France métropolitaine est donc découpée en cinq zones de numérotage à 7 chiffres, soixante six zones de numérotage à 6 chiffres. Toutes les évolutions du plan de numérotation ont entraîné, bien évidemment, la mise en place de nouveaux et nombreux centres de transit automatiques : Centres de Transit 4 fils (CT4), Grands Centres Interurbains (GCI), No-dal à Grande Capacité (NGC) ainsi que la création de nouveaux systèmes de signalisa-tion ; leur étude n’entre pas dans le cadre de cette communication. Précisons, au terme de cette conclusion, que

Remerciements : Je tiens à remercier très sincèrement Georges Gallet, vice-président d’honneur d’ARMORHIS-TEL, qui a bien voulu me communiquer le texte officiel relatif au plan de numérotation de 1946, document que je ne possédais pas lorsque j’ai écris mon livre Numéro, s’il vous plaît ? Source :

Documents concernant le plan de numérotation de 1946 – direction générale des Télécommunications – section Technique Téléphone, mai 1946.

Bibliographie :

PÉRARDEL (Claude), Numéro, s’il vous plaît ?, Imprimerie Bialec, Nancy, 1985.