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Transmettre, sans l’affaiblir ni l’altérer, l’Evangile offert à tous les hommes et femmes de bonne volonté, comme un précieux tré- sor non pas à garder comme si nous étions préoccupés du passé, mais joyeusement, sans crainte, en s’attelant au travail qu’exige notre époque… voilà l’un des vœux exprimés lors de l’ouverture du Concile Vatican II. De celui-ci sont nées de nombreuses initiatives communautaires, comme Fondacio. Aujourd’hui, le Concile « peut être et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l’Eglise », selon le pape Benoît XVI. A l’approche du 50 ème anniversaire de Vatican II, il vient de décider de consacrer une année de la foi à partir du 11 octobre 2012 pour « rappeler la beauté et la centralité de la foi » : « Le monde a besoin aujourd’hui de personnes qui annoncent et témoignent du Christ, qui enseignent son art de vivre, le chemin du vrai bonheur ». N’est-ce pas ce que nous cherchons à vivre dans Fonda cio quand il s’agit de transmettre ? Le premier week- end « Vers une vie nouvelle » donné par notre commu- nauté depuis ses commencements et encore l’an passé en Belgique, est emblématique de cette expérience de trans- mission comme passage. Transmettre est avant tout « faire passer ». Nous sommes invités à être des passeurs de vie et dans la Vie, dans « la fréquentation assidue du « passeur » de Galilée » (Christoph Théobald s.j.) Transmettre serait « faire passer » en faisant signe (mot duquel est dérivé le verbe « enseigner ») … signe en direction d’un plus d’humanité. A la suite du Christ, nous sommes appelés à devenir des personnes-passeurs qui font signes parce que leur rayonnement touche, leur manière de vivre traduit la foi en termes humains, sans occulter sa source en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme ; leur présence peut atteindre chaque être humain quelles que soient ses convictions religieuses. C’est l’appel qui est adressé aux membres et amis de Fondacio à tra- vers son projet apostolique et les diverses activités qui en découlent : devenir des témoins du Christ pour qui trans- mettre consiste essentiellement à se laisser engendrer par Dieu et engendrer d’autres à une existence évangélique. Ce mouvement de transmission de l’Amour de Dieu dans nos vies personnelles et communautaires n’en finit pas de nous tourner résolument vers et pour les autres. Il nous libère des risques du quant-à-soi ou de l’enfermement dans le passé. Il nous ouvre un horizon toujours nouveau : Dieu est donneur d’avenir. 1ère rencontre internationale des responsables jeunes de Fon da cio Une quarantaine de responsables ou acteurs de projets pour les jeunes de Fondacio se sont retrouvés à Angers ...p.2 Ange a 10 ans ! Depuis 10 ans, le projet Ange œuvre pour la cause des enfants défavorisés du Togo, un bel exemple de travail de fond, dans la durée, pour la construction d’adultes autonomes ...p.4 Un enjeu majeur : la transmission Deux intervenants, Marguerite Léna, philosophe, spécialiste de l’éducation et Charles Bertille, membre du conseil de Fondacio et responsable Asie nous proposent leur réflexion sur ce sujet....p.10 Numéro 4 Novembre 2011 La lettre de Fondacio L’édito François PROUTEAU Vice-Président de Fondacio Sommaire Coup de projecteur p.2 La vie de Fondacio p.6 Matière à penser p.10 L’esprit de La Lettre p.14 Agenda p.17

Numéro 4 Novembre 2011 L’édito - FondacioLa lettre de Fondacio Les acteurs des projets de Fondacio destinés aux ado-lescents et aux étudiants venaient du monde entier, du Chili,

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Page 1: Numéro 4 Novembre 2011 L’édito - FondacioLa lettre de Fondacio Les acteurs des projets de Fondacio destinés aux ado-lescents et aux étudiants venaient du monde entier, du Chili,

Transmettre, sans l’affaiblir ni l’altérer, l’Evangile offert à tous les hommes et femmes de bonne volonté, comme un précieux tré-sor non pas à garder comme si nous étions préoccupés du passé, mais joyeusement, sans crainte, en s’attelant au travail qu’exige notre époque… voilà l’un des vœux exprimés lors de l’ouverture du Concile Vatican II. De celui-ci

sont nées de nombreuses initiatives communautaires, comme Fondacio. Aujourd’hui, le Concile « peut être et devenir toujours davantage une grande force pour le renouveau, toujours nécessaire, de l’Eglise », selon le pape Benoît XVI. A l’approche du 50ème anniversaire de Vatican II, il vient de décider de consacrer une année de la foi à partir du 11 octobre 2012 pour « rappeler la beauté et la centralité de la foi » : « Le monde a besoin aujourd’hui de personnes qui annoncent et témoignent du Christ, qui enseignent son art de vivre, le chemin du vrai bonheur ».

N’est-ce pas ce que nous cherchons à vivre dans Fonda cio quand il s’agit de transmettre ? Le premier week-end « Vers une vie nouvelle » donné par notre commu-nauté depuis ses commencements et encore l’an passé en

Belgique, est emblématique de cette expérience de trans-mission comme passage. Transmettre est avant tout « faire passer ». Nous sommes invités à être des passeurs de vie et dans la Vie, dans « la fréquentation assidue du « passeur » de Galilée » (Christoph Théobald s.j.)

Transmettre serait « faire passer » en faisant signe (mot duquel est dérivé le verbe « enseigner ») … signe en direction d’un plus d’humanité. A la suite du Christ, nous sommes appelés à devenir des personnes-passeurs qui font signes parce que leur rayonnement touche, leur manière de vivre traduit la foi en termes humains, sans occulter sa source en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme ; leur présence peut atteindre chaque être humain quelles que soient ses convictions religieuses. C’est l’appel qui est adressé aux membres et amis de Fondacio à tra-vers son projet apostolique et les diverses activités qui en découlent : devenir des témoins du Christ pour qui trans-mettre consiste essentiellement à se laisser engendrer par Dieu et engendrer d’autres à une existence évangélique. Ce mouvement de transmission de l’Amour de Dieu dans nos vies personnelles et communautaires n’en finit pas de nous tourner résolument vers et pour les autres. Il nous libère des risques du quant-à-soi ou de l’enfermement dans le passé. Il nous ouvre un horizon toujours nouveau : Dieu est donneur d’avenir.

1ère rencontre internationale des responsables jeunes de Fon da cio

Une quarantaine de responsables ou acteurs de projets pour les jeunes de Fondacio se sont retrouvés à Angers ...p.2

Ange a 10 ans !Depuis 10 ans, le projet Ange œuvre pour la cause des enfants défavorisés

du Togo, un bel exemple de travail de fond, dans la durée, pour la construction d’adultes autonomes ...p.4

Un enjeu majeur : la transmissionDeux intervenants, Marguerite Léna, philosophe, spécialiste de l’éducation

et Charles Bertille, membre du conseil de Fondacio et responsable Asie nous proposent leur réflexion sur ce sujet....p.10

Numéro 4 Novembre 2011

La lettre de Fondacio

L’édito

François PROUTEAUVice-Président de Fondacio

Sommaire

Coup de projecteur p.2

La vie de Fondacio p.6

Matière à penser p.10

L’esprit de La Lettre p.14

Agenda p.17

Page 2: Numéro 4 Novembre 2011 L’édito - FondacioLa lettre de Fondacio Les acteurs des projets de Fondacio destinés aux ado-lescents et aux étudiants venaient du monde entier, du Chili,

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La lettre de Fondacio

Les acteurs des projets de Fondacio destinés aux ado-lescents et aux étudiants venaient du monde entier, du Chili, de Colombie, du Togo, du Bénin, du Congo, de Bel-gique, de France, du Cambodge, des Philippines, du Japon, du Myanmar ou de Malaisie.

En écho au thème des JMJ - Enracinés et fondés en Christ, affermis dans la foi - chacun a pris le temps d’ap-profondir l’expérience vécue à Madrid et de mieux com-prendre ce que veut dire être disciple du Christ dans la vie d’aujourd’hui et en relation avec la spiritualité de Fondacio. Moments de prière, de partage d’expérience, de formation ont rythmé les journées animées par une équipe très inter-

nationale elle aussi. Le samedi,

Ignacio Rosselot, président de Fon-dacio, est venu exprimer, au nom de l’ensemble de la communauté, l ’ i m p o r t a n c e accordée à la mis-

sion jeune. Il a tracé les perspectives et les enjeux pour les années qui viennent : le modèle à suivre qui est celui de l’amour Agapè et l’exigence d’une formation de disciples dont l’aboutissement doit être l’engagement au service du monde et particulièrement des plus démunis. Il a souligné également la richesse de la dimension internationale vécue dans cette session.

« Je vous dis très brièvement ce qui est notre projet de vie en tant que chrétien : si nous voulons être des hommes et des femmes heureux, entrons chaque jour davantage dans la logique de l’amour Agapè, de l’amour Trinité. C’est un vrai et difficile défi, car cela veut dire un décentrement extrême : personne n’est au centre. La pauvreté, c’est donner et se désapproprier de soi-même. Voilà la recette de la plénitude humaine….

…J’ai entendu depuis que je suis arrivé l’émerveillement que cha-cun expérimente en recevant l’autre dans sa différence, la richesse de l’internationalité, qui a été soulignée dans tous les partages : c’est un vrai cadeau pour nous, en tant que communauté Fondacio.

Ça fait partie des signes des temps, nous sommes dans un monde globalisé, ce n’est pas un luxe de faire vivre cette dimension d’inter-nationalité au cœur de notre spiritualité et de se donner les moyens pour que cette dimension nourrisse la dimension locale de chacun.....

……Une pastorale jeune qui cherche à former des disciples pour un épanouissement personnel ne suffit pas . Elle doit être très vite liée à une réponse aux cris de ceux qui sont dans la souffrance. Pour moi c’est un mouvement qui doit être naturel. C’est une invitation pour nous à avancer dans notre mission. »

Ce message a répondu aux attentes des participants comme ils en ont témoigné :

« J’ai de la gratitude vis-à-vis de vous le Conseil de Fondacio, d’ouvrir cette porte-là, d’oser faire bouger les lignes. En disant ça, vous donnez une impulsion et je crois qu’il est nécessaire aussi qu’il y ait … un pasteur qui donne une impulsion et je te remercie d’être celui-là aujourd’hui. »

Cette session a ouvert une nouvelle manière, plus col-légiale, de vivre internationalement notre communauté, et de porter ensemble la mission « jeunes » à Fondacio. Elle constitue un pas en avant vers une plus large mise en com-mun des ressources et l’intensification des échanges entre pays.

Pour les responsables « jeunes » présents, un défi est à relever : une implication plus importante dans des parte-nariats et dans le service des églises locales.

« S’enraciner dans le Seigneur et recevoir son Esprit nous aide à nous regarder de manière ouverte et aimante. Tout part de là ». Dans cette perspective, cette session pastorale a été l’occa-sion d’approfondir le parcours « jeunes disciples » de Fon-dacio animé depuis sept ans en France, et d’envisager sa diffusion en l’adaptant aux besoins, aux contextes

Evénement …Rencontre internationale des responsables jeunes à Angers Du 23 au 28 Août, à Angers, une quarantaine de responsables ou acteurs de projets pour les jeunes de Fondacio se sont retrouvés à la suite des Journées Mondiales de la Jeunesse auxquelles une majorité d’entre eux avait participé. Cette session a initié la mise en place d’une démarche plus collégiale dans la conduite de la pastorale “jeunes” de Fondacio

L’équipe d’Asie

Séance de travail

Vue de l’assemblée

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La lettre de Fondacio

Impressions des JMJLes JMJ de Madrid ont été l’occasion pour Fondacio de rassembler 200 jeunes originaires de plus de dix pays. Cet événement a bénéficié de l’animation et de la logistique proposée par la pastorale jeunes de Fondacio France. Une expérience extrêmement marquante comme le montre ces quelques témoignages de participants.

“Cet été, je suis partie aux JMJ avec Fondacio. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, craignant même d’être déçue. Pourtant, ces JMJ ont été pour moi une expérience très enrichissante.

Tout d’abord, voir la cohésion de tant de chrétiens de toutes les nations est très impressionnant. Les jeunes sont ouverts à tout type de conversations. C’est très étonnant et agréable à la fois !

De plus, un mime fait par le Chemin Neuf présentant les tentations qui nous éloignent de Dieu m’a beaucoup touché. Il représentait une partie de ma vie. Cela m’a donné l’envie de combattre tout ce qui peut m’éloigner de mon chemin vers Dieu.

Enfin, deux catéchèses m’ont marquée. La première, très vivante, m’a permis de mettre des mots sur ma foi et sur l’Eglise. A l’inverse, j’ai trouvé certains propos de la deuxième catéchèse révoltants. Etonnement, c’est ce qui m’a le plus apporté. Après cet ensei-gnement et quelques discussions à son propos, j’ai eu envie d’approfondir ma foi et ma connaissance de la bible pour me sentir plus forte dans une telle situation.”

Clothilde, France

culturels et aux capacités pastorales des pays et des conti-nents.

Cette rencontre a donc été très fructueuse. Elle s’est conclue dimanche 28 août par une célébration de l’Eucha-ristie et par une liturgie d’envoi de chacun, disciple-apôtre renouvelé et affermi dans la foi, témoin de l’amour-Agapé reçu et vécu durant ces jours, et bâtisseur inspiré et créatif pour rejoindre la jeunesse dans sa culture et dans la diver-sité des terrains de mission.

Un moment de détente

Témoignages

« J’ai été très touché par la foi des jeunes de mon pays, et de tous les pays, tous venus ici avec un même but. Ce qu’il me reste de plus fort, c’est la conviction que le plus important pour ma vie c’est de croire et de suivre le Christ »

Sophal, Cambodge

“Par-delà l’émotion de la fête, j’ai été impressionnée par la pédagogie consis-tante et élaborée par divers diocèses francophones et partagée avec ceux qui nous accueillaient en Espagne. Cela nous mettait à l’unisson du message de St Paul et de son écho dans notre vie que le Pape a repris.

Mon cœur « était tout brûlant » de voir tant de jeunes assidus à l’enseigne-ment des catéchèses, se livrant dans le partage et surtout se mettant à prier en SILENCE pendant de longues minutes…

Je crois profondément que les JMJ sont un cadeau pour l’Eglise, et une res-source pour le cœur et pour l’intelligence de TOUS les chrétiens.”

Stéphanie, Belgique

« Je n’ai qu’une envie, c’est de retour-ner dans mon pays pour pouvoir parta-ger ce que j’ai vécu avec ma famille, mes amis, ma communauté… tant ce vécu déborde de mon cœur ».

Francquis, RDC

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La lettre de Fondacio

cOUP DE PROJEcTEUR

Zoom sur … a 10 ans!Depuis sa création en 2001, ANGE (les Amis pour une nouvelle

Génération d’Enfants) œuvre pour la cause des enfants défavorisés et principalement pour la réinsertion socioprofessionnelle des enfants de la rue et de ceux sortant de la Brigade des mineurs, la prison pour enfants de Lomé au Togo. ANGE est un projet représentatif des engagements de Fondacio dans le développement solidaire : un inves-tissement à long terme, issu de l’expression locale d’un besoin, con-sacré à la construction des personnes et au développement de leur autonomie et conduit en partenariat avec d’autres associations et les autorités locales.

Gabriel AMOUZOU, responsable de Fondacio Togo et du projet nous parle de Ange

Gabriel, comment est né ce projet ? Il y a 12 ans, j’ai été bouleversé de voir des mineurs

incarcérés à la Brigade pour mineurs, livrés à eux-mêmes à longueur de journée, sans soutien, sans éducation ni prop osition d’activités. Cette situation m’a beaucoup tou-ché et m’a conduit à créer le projet Ange.

Nous avons donc commencé par une intervention au sein de la Brigade des mineurs. Nous y proposons des activités socio-éducatives, une remise à niveau scolaire et surtout nous assurons une écoute des enfants qui nous permet de rechercher leurs parents. En effet les parents de 90% des enfants incarcérés ignorent où ils sont. Donc à travers l’écoute des enfants incarcérés, nous obtenons des informations sur la famille et nous faisons des recherches pour la retrouver, pour aver-tir les parents que leur enfant est à la brigade aux mains des policiers. Commence alors un travail de réinsertion : les parents sont invités à venir et, ensemble, nous allons voir le juge pour mineurs afin d’ob-tenir la libération de l’enfant. Nous travaillons au rétablisse-ment des liens famil iaux car, l’enfant ayant été longuement en rupture avec ses parents, il n’est pas facile d’obtenir qu’il revienne directement en famille. En cas de difficulté, il est accueilli au centre « La maison de Mon Père » et, par l’écoute et le dialogue, nous l’aidons à rétablir ces liens. Voilà comment s’articule la collaboration entre la bri-

gade pour mi neurs, le centre d’accueil et le parquet pour mineurs.

Depuis ses débuts, Ange s’est beaucoup développé, comment a-t-il évolué ?

Nous avons commencé par les enfants de la brigade mais je me suis dit qu’on ne pouvait pas attendre que les enfants arrivent en prison pour s’occuper d’eux, mais qu’il fallait déjà agir dans la rue. C’est pourquoi j’ai crée une équipe qui intervient à la plage où dorment les enfants de la rue. Elle propose des animations et se met à l’écoute

de ces enfants, ce qui nous per-met d’entrer en contact avec eux, de les mettre en confiance et en-suite de leur proposer de venir au centre. Une fois arrivés au centre, le processus est lancé. Le centre, en fait, c’est une oasis, c’est le lieu de transition pour tous les projets, qu’ils viennent de la pris on, de la plage, de la rue. Tous atterrissent d’abord au centre avant que le processus de réinsertion ne com-mence c’est-à-dire la recherche des parents, la réintégration dans

la famille ou dans une famille d’ac-cueil, la scolarisation et son suivi. Nous les suiv ons jusqu’à ce qu’ils soi ent prêts professionnellement, jusqu’à ce qu’ils puissent être indépendants et vivre seuls. Quand ils sont au centre, ils sont pris en charge intégralement : nourri-ture, habillement, santé, scolarité.

Aujourd’hui, pour permettre aux enfants de contri-buer beaucoup plus, je suis en train de créer un projet qui

Jeux avec les enfants à la plage

Gabriel Amouzou avec quelques uns des enfants du projet Ange

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La lettre de Fondacio

s’ap pelle « Mon Refuge » à Sichem. Mon refuge consiste à accueillir dans une ferme agro-pastorale des enfants qui sont sortis de prison, qui ont 16-17 ans mais qui risquent d’être tentés par la ville et ses dangers. Avec l’aide de tech-niciens qualifiés, on y fait de l’élevage de porcs, de vo-lailles et aussi de l’agriculture vivrière. L’objectif est triple : fournir des produits alimentaires pour le centre d’accueil, générer des revenus pour soutenir le projet et donner une formation professionnelle aux jeunes qui y travaillent.

Depuis 2008, nous développons également une offre de microcrédit pour que les familles puissent faire face aux frais d’éducation des enfants : ANGE Light House

Nous collaborons aussi avec une association de méde-cins dentistes belges, EODEC , qui nous permet d’offrir aux enfants des soins dentaires.

Comment se passe la vie au centre avec les enfants ?Bien sûr ces enfants peuvent être difficiles à maîtriser

en raison des problèmes auxquels ils ont été et sont encore confrontés, de leurs caractères. Les gens les appellent des bandits, des délinquants mais chez nous, quand ils arrivent au centre, il n’y a pas de délinquants. Il n’y a pas d’enfants de la rue. La rue n’a jamais fabriqué d’enfants, pourquoi les appeler les enfants de la rue ? C’est souvent les condi-tions de la vie qui les ont transformés. Au centre, nous avons même des enfants qui ont commis des meurtres, on croit que c’est fini pour eux, qu’un grand criminel ne peut plus changer mais pourquoi ? Quand ils arrivent au centre ils retrouvent la vie normale, ils vont à l’école. J’ai un enfant qui a toujours 17/20 de moyenne c’est formi-dable, il est toujours premier de la classe et le deuxième a

peut-être 13-14. Ils sont deux bons élèves, mais ce sont des enfants qui ont été longtemps en prison. Aujourd’hui, ils travaillent très bien, ils évoluent à l’école comme à la maison, ils deviennent des modèles et ils peuvent dire aux autres : « nous, on a fait pire que vous mais regardez là où nous en sommes aujourd’hui, donc corrigez-vous » Ils deviennent des pères éducateurs pour le centre d’accueil.

Quelles sont vos perspectives pour les prochaines années ?

Nous souhaitons finir les travaux de “Mon Refuge”à S ichem pour qu’il prenne son plein développement. La production agricole a déjà commencé ainsi que l’élevage de poules et de quelques chèvres mais l’élevage des mou-tons et des porcs est encore à démarrer.

Nos interventions à la plage et à la brigade des mineurs restent au cœur de notre raison d’être mais la demande excède de beaucoup nos possibilités. Nous aurions besoin de trouver des financements pérennes pour disposer de plus de moyens pour répondre à ces immenses besoins.

Le centre d’accueil

Ange 2010 en bref 124 enfants accueillis164 recherches de famille 127 enfants réintégrés dans une famille 320 enfants scolarisés Un taux de réussite de 95% ( examen ou passage en classe supérieure)

Un projet global au service des enfants :

Le centre d’accueilLa Brigade des mineursLa Plage, action auprès des enfants de la rueMon refuge, ferme agropastorale Prestations de soins dentairesAnge Light House, micro-créditEnvironnement Plus, projet de reboisement

Les enfants du centre

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La lettre de Fondacio

La viE DE fOnDaciO

fondacio Maison internationale

Une organisation qui évolue! par Ignacio Rosselot, Président de Fondacio

Une nouvelle étape s’ouvre dans l’organisation internationale de Fondacio. Communauté vivante dont les structures évoluent dans le temps à la lecture de l’expérience collective, Fondacio se trouve aujourd’hui à un moment de sa vie où il apparaît nécessaire d’ajuster son organisation et de mieux l’adapter au déploiement de sa dimension interna-tionale tout en prenant en compte la richesse de la diversité.

Créée en 1974, notre communauté s’est forgée en France avant de se développer et d’essaimer tout d’abord au Chili et en Belgique puis dans d’autres pays sur tous les continents. Cette extension internationale a confronté Fondacio à la nécessité de construire et de préserver son unité tout en respectant la diversité des contextes, des cultures, des situations des communautés dans les pays.

En 1991, une première structure de gouvernance internationale, composée des représentants des principaux pays a vu le jour (Conseil International). Puis un siège international s’est développé en intégrant notamment une équipe de quinze chargés de mission intervenant comme assesseurs de la ligne d’autorité et conseils-experts au service des pays, en particuler pour les axes de mission de Fondacio (couples et famille, jeunes, seniors et aînés, responsables dans la cité, développement et solidarité) et certains services transverses. Cette équipe a fait un travail de renforce-ment des compétences tout en assurant une unité de vision et de méthodes.

Face à l’évolution des pays, aux enjeux d’inculturation auxquels ils sont confrontés, à la maturité croissante des communautés, il est apparu nécessaire de revoir cette organisation pour davantage asseoir l’expertise et tisser l’unité de la communauté par un partage accru de la diversité des réalités et des expériences tout en assurant les conditions d’une gouvernance viable et pérenne.

Les évolutions mises en place répondent à plusieurs objectifs, issus d’une analyse partagée par le Conseil et les responsables pays :

• le souhait de promouvoir une plus grande coresponsabilité, de faire grandir la conscience d’appartenirà une même famille spirituelle, en favorisant les échanges et la solidarité sur divers plans. L’intuition de Fondacio repose sur l’ensemble de la communauté à travers ses responsables.

• la nécessité d’une animation plus proche du terrain et en dialogue étroit avec celui-ci pour garantir la per-tinence et éviter les risques de distanciation entre la parole portée par le Conseil de Fondacio, les respon-sables des continents et des pays, et la traduction concrète de cette parole dans la communauté, entre ceux qui pensent et conçoivent et ceux qui œuvrent sur le terrain.

• le besoin également de réduire les coûts centraux de fonctionnement, dans un contexte de crise économique mondiale qui affecte aussi Fondacio, en se dotant de structures plus légères et plus souples.

Le siège international est donc maintenant constitué d’une équipe resserrée autour du Président et du Conseil re grou-pant les services devant rester centralisés. Elle est dirigée par François Prouteau, vice-président exécutif du Conseil.

Six services sont concernés : Secrétariat général (resp. Caroline Jouan), Finances (resp. Antoine Dargnies), Com-munication (resp. Brigitte Amiot), Recherches de fonds et subventions (resp. Jean-Loup Fabre), Projets de Dévelop-pement et de Solidarité ( resp. Maurice Barth) et Hospitalité et Logistique ( resp. Michael Smith).

Dominique Glorieux, responsable de la Communauté Fondacio Paris est associé à cette équipe dans le cadre d’une mission d’animation spirituelle du siège et de synergies pastorales sur le même territoire.

Cette équipe a été mise en place en septembre et a démarré dans une bonne dynamique de travail, de collaboration étroite avec le Conseil, dans un esprit de partage et de prière.

Pour chacun des autres axes de mission et départements transverses des équipes internationales sont en cours de constitution dans une logique de décentralisation. Un membre de chaque équipe sera choisi pour en être l’animateur

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La lettre de Fondacio

Belgique

Nouveau conseil pour la Belgique : Catherine de Menten devient la nouvelle responsable de Fondacio Bel gique. Elle succède à Yann Delalande qui arrivait en fin de mandat.

Le nouveau conseil a pris ses fonctions le 23 sep tem bre.

La composition du conseil est la suiv ante : M a r i e - C h r i s t i n e Krack, en qualité de responsable en second, Béatrice Hertoghe, Marie-Hélène Parsy, Yves van Oost, Pierre Laloux et Thierry Bossut.

Merci à tous pour leur engagement au sein de Fondacio.

Session d’été pour couples du 20 au 24 juillet au Mont de la Salle à Ciney : des journées riches, intenses mais où l’humour avait sa place!

“Nous sommes repartis avec énormément d’enthousiasme, tout en sachant que nous avi ons un travail énorme à réaliser pour améliorer notre communication en couple. Plutôt que de nous enfoncer dans une spirale négative, une voie s’ouvre devant nous, et elle donne un nouvel élan à notre couple. “

“Et je n’ai pas été déçue ! Loin de là ! J’ai trouvé la ‘mise en chantier’ du couple très bien pensée, et très finement amenée. A la fois toute en profondeur, sans être massive ni intrusive, et très respec-tueuse du cheminement personnel du couple.”

Le 9 septembre 2011 : Visite de Mgr André Joseph Léo-nard, archevêque de Malines - Bruxelles.

FranceJournées de rentrée dans les régions : après les ses-

sions d’été (jeunes, couples et famille, JMJ, camps chantier etc.) bonnes et fructueuses, chacune des régions a organisé sa journée de rentrée pour démarrer une nouvelle année.

Week-end annuel de formation des responsables les 24 et 25 septembre à Versailles où de nombreux ateliers ont été proposés

Organisation et animation des journées du patrimoine , avec plus de 1500 visiteurs, dans le cadre du partenariat avec l’Abbaye de Lérins, .

Trois camps d’adolescents ont été organisés cet été avec un grand succès : 170 participants à chacun d’entre eux.

Les étudiants de la formation OPEN et du Diplôme Universita ire Conduite de projets humanitaires de l’IF-

FEurope ont fait leur rentréeLes travaux pour le futur bâtiment de l’IFFEurope ont

également commencé.

Fondacio Roumanie - Communauté gréco-catholique

Un forum d’été « Jeu-nesse, souffle de vie » s’est tenu pour les 18-30 ans : ce camp est le couronnement

La viE DE fOnDaciO

et le coordinateur. La composition des équipes sera établie pour assurer la plus grande diversité de nationalités pos-sible. Chaque membre de l’équipe ainsi que son coordinateur seront localisés dans leur pays respectif. Le choix des coordinateurs d’équipe est en cours. Leur nomination sera confirmée par le prochain Conseil, fin novembre.

Nous espérons que cette nouvelle organisation favorisera l’enrichissement mutuel et permettra de faire évoluer et grandir le travail déjà réalisé sur les axes transverses grâce à un meilleur recours à l’intelligence collective, à la mise en commun des ressources des pays et de la variété des expériences, une plus grande proximité des réalités du terrain.

Elle contribuera à renforcer la coresponsabilité dans la construction de l’avenir de la communauté en donnant à chaque pays sa part dans la construction de l’unité.

Nous confions cette évolution à votre prière.

Roumanie

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La lettre de Fondacio

acTUaLiTés8

des activités de l’année, pour tous les jeunes qui y ont par-ticipé.

Camp d’été pour les 10-14 ans dans le Nord d’Italie 5 enfants du groupe 10-14 ans ont pu expérimenter

leur premier camps dans le Nord de l’Italie, à Ravoledo di Grosio. Ce camp a été possible grâce a la collabora-tion du Bureau Pastoral de l’Eparchie Gréco-Catholique d’Oradea.

Fondacio Roumanie - Communauté orthodoxe :

le Forum jeune 18-30 ans a accueilli une centaine de participants dont une dizaine de jeunes de Moldavie au monastère Simbata du 25 au 31 juillet.

Camp d’été 14-18 ans : la 5ème édition a réuni une cinquantaine de personnes au monastère de Tismana.

Grande-Bretagne Une nouvelle responsable pour Fondacio

Angle terre : Maddy Edwards a pris le relais d’Elisabeth Robson que nous remercions vivement pour sa fidélité et tout ce qu’elle a donné comme énergie durant son mandat comme responsable.

fondacio afrique

Une nouvelle étape pour Fondacio en Afrique

Le Conseil et l’équipe de la coordination Afrique ont convenu de mettre en place une Equipe pastorale de Fondacio en Afrique centrale pour accompagner Fon-dacio Afrique centrale vers son autonomie (RDC et Congo Brazzaville).

Prudence LAWSON permanent de Fondacio au Togo et André DUMONT permanent de Fondacio en France sont respectivement nommés Responsables en premier et en second de cette équipe pour la période de 2011 à 2013.

2ème édition de l’Université des Tropiques :

Sur la lancée du succès de la première édition en 2010, trois nouvelles sessions de formation pour les responsables

de projets de développement solidaire se sont tenues cet été :

à Kpalimé au Togo avec des participants du Togo, de l’IFF Afrique et de la Côte d’Ivoire

à Parakou au Bénin pour les Béninoisà Tambiga Fada N’gourma au Burkina Faso du 19 au

29 septembre avec la participation de 25 responsables et membres des équipes de travail des Projets de développe-ment et de solidarité PDS de Fondacio Burkina.

Togo Dans le cadre du projet Ange, une colonie de vacances

couplée avec un camp chantier a réuni adolescents et animateurs à Sichem sur le thème : « Allons à la décou-verte du chemin de Mowgli ». Le camp chantier portait sur la construction d’une citerne et d’une porcherie dans le cadre du projet d’activité agropastorale « Mon Refuge » de Sichem.

Du 4 au 9 août : Un camp a rassemblé 80 adolescents et animateurs de Fondacio Togo à Sichem.

Nigeria Un Forum regroupant 150 jeunes s’est tenu à Otukpo

(Nigeria) du 18 au 23 Août.

fondacio asie

Rencontre entre Fondacio Asie et Fondacio Angle-terre : trois responsables “jeunes” de Fondacio Asie ont séjourné plusieurs semaines en Angleterre dans le diocèse de Brentwood pour renforcer les liens et le partage d’expé-rience avec Fondacio Angleterre. Un séjour riche de ren-contres qui ont permis de mieux faire connaître la vision de la mission de Fondacio auprès des jeunes.

ChiliRemise des diplômes de fin de formation

pour les 18 participants du cours gratuit d’ini-tiation à l’informatique de Fondacio : 4 mois d’efforts couronnés par une réussite pour

La viE DE fOnDaciO

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9acTUaLiTés

La lettre de Fondacio

des personnes qui n’avaient pas de connaissances dans ce domaine.

“Ce cours a été pour moi un défi. J’étais dépassé par la technolo-gie. J’ai découvert que je pouvais réussir, dépasser mes limites”

Mi-Juillet, plus de 100 personnes ont assisté aux 3 jours de conférence donné à Fondacio par le théologien et bibliste argentin Ariel Alvarez autour de trois thèmes : “Le défi des deux alliances”, “Bible et Tradition” , “Révélation progressive.”

Vigile de prière pour le Chili à la cathédrale de Santiago du 21 au 24 septembre réunissant plusieurs mouvements chrétiens : une expérience de foi et de communion dans un temps d’agitation sociale pour le Chili. 40 membres de Fondacio ont animé la matinée du 22.

2ème retraite spirituelle de l’année avec le Père Abbé Benito Rodriguez OSB le 22 octobre à Los Almendros réunissant 130 participants.

Le 29 octobre, Baptême de 12 enfants, dont certains en situation difficile, fruit d’un travail beau et fécond avec eux et leurs familles. Ils ont été préparés pendant l’année par la Pastorale d’Enfants. Le sacrement a été célébré à la paroisse locale.

Colombie

Suite à la fin du mandat du responsable et du conseil pays, Fondacio-Colombie a choisit son nouveau res-ponsable : Alejandro Botia qui a été nommé officiel-lement par le président de Fondacio. Un grand merci au conseil sortant et à son responsable Carlos Ernesto Pérez pour leur travail fécond et au nouveau responsable pour son acceptation de la mission.

3 jours de conférence, tables rondes, débats, rencontres

Une proposition originale : Faites l’ex périence d’une délibération démocratique :

Au cours du samedi après-midi, les participants seront invités à se répartir par petits groupes de 10 à 12 personnes autour d’un thème au choix. Le but de l’exer-cice est de parier sur l’idée qu’une attitude d’écoute a une réelle fécondité politique. On fera ainsi l’expérience, autour d’enjeux réels, des apports qui peuvent naître de la mise en commun et des perceptions de chacun.

Certains candidats à la prochaine élec-tion présidentielle seront présents à la session

Les candidats à l’élection présidentielle de 2012 seront présents à la session le dimanche 27 novembre. Ils répondront aux questions: quel contrat démo-cratique proposerez-vous aux citoyens ? Et com-ment entendez-vous renouveler le dialogue démo-cratique et l’exercice collectif de la responsabilité ?

Pour s’inscrire : http://www.ssf-fr.org/56_p_24414/inscriptions.

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La viE DE fOnDaciO

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MaTièRE à PEnsER

La lettre de Fondacio

Le geste de transmettre par Marguerite LéNA, agrégée de philosophie, spécialiste des questions d’éducation

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Le risque d’une société sans testa-ment

Nos sociétés sont dans une étrange situation vis à vis de leur passé. Nous disposons d’une prodigieuse richesse de moyens pour archiver, authentifier et diffuser les traces que ce passé a laissées dans notre présent, docu-ments et monuments, œuvres et événements. Musées et exposi-tions regorgent de chefs d’œuvre et de public. Commémorations et anniversaires vont bon train. Jamais le passé n’a été si bien gardé, et pourtant… nous éprou-vons un sentiment parfois vertigi-neux de rupture. Les nouvelles géné-rations sont devenues, selon la forte expression du poète René Char, « des héritiers sans testament ». Sans testa-ment, c’est à dire sans que personne se sente autorisé à se constituer réel-lement pour elles en « passeur » : pas-

seur de sens et de valeurs, de règles et de promesses, au prix du consen-tement à sa propre mort. Or la trans-mission ne s’ajoute pas à la culture vivante comme un phénomène second, dont la permanence dépen-drait de facteurs extérieurs. Il arrive certes qu’un séisme ou une guerre engloutisse les œuvres du passé. Mais

le plus souvent le passé meurt faute d’être transmis par la culture vivante, si bien qu’une crise de la transmis-sion est immédiatement une crise de la culture, et réciproquement : pour-quoi offrir une survie à ce qui ne ferait plus vivre ? Une langue qui ne se parle ni ne s’enseigne plus est une

langue morte. Une culture qui ne se transmet plus est une culture morte.

En quoi consiste donc ce geste à la fois inaugural et permanent dont les éducateurs sont les premiers acteurs, et dont les génies sont les plus hauts témoins ? Il touche aux infrastructures de l’histoire humaine, car elle vit d’héritages et pas seule-

ment d’hérédité biologique. Pour transmettre il faut à la fois con sentir à être fils, c’est à dire à recev oir, et à être père, c’est à dire à donner. Il faut consentir à être mortel et reconnaître en même temps

qu’il existe des « acquis pour tou-jours », des biens et des valeurs qui méritent de durer, au-delà de nos vies propres, en celle de nos enfants. Si ces dépendances originelles et ultimes de la naissance et de la mort sont déniées, si on réduit le présent à une simulta-néité instantanée et l’histoire à un vain

Un enjeu majeur: la transmissionLa transmission, un enjeu majeur pour l’Eglise, pour Fondacio et pour nous tous. Comme le dit D.Hervieu-Léger la transmission “est le mouvement même par lequel la religion se constitue comme telle à travers le temps : elle est la fondation constituée de l’institution religieuse elle-même”. La question de la transmission est donc un thème sur lequel Fondacio réfléchit depuis plusieurs an-nées. Nous avons demandé à deux intervenants d’apporter leur éclairage sur ce sujet : Marguerite Léna, philosophe, spécialiste de l’éducation, membre de la Communauté Saint -François-Xavier nous propose une réflexion du point de vue du “passeur”, sur le sens du “geste de transmettre”. Charles Bertille, membre du conseil de Fondacio, responsable de l’Asie, nous offre sa vision de la transmis-sion telle qu’il la vit, au sein d’une communauté, Fondacio, confrontée aux défis de sa diversité et de la nécessaire adaptation aux cultures et aux situations qu’elle rencontre dans les différents pays.

Pour transmettre il faut à la fois consentir à être fils, c’est à dire à recevoir, et à être père, c’est

à dire à donner.

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La lettre de Fondacio

écoulement, on ne sait plus très bien quoi ni pourquoi transmettre. Hannah Arendt, sensible à la responsabilité des éducateurs dans ce tissage inter-générationnel de l’histoire humaine, rappelait que l’éducation est néces-sairement conservatrice, car c’est ainsi qu’elle peut offrir les conquêtes d’hier aux « nouveaux venus dans le monde », et leur permettre d’in-troduire à leur tour quelque chose d’inédit et de neuf dans ce monde1.

Héritiers d’une foi qui se dit dans l’histoire et donne sens à l’histoire, quelle parole chrétienne pouvons-nous prononcer dans ce contexte? Pour tenter de répondre, prenons, en Luc 24, la route des disciples d’Emmaüs, ce soir de Pâques où ils quittent Jéru-salem et les autres disciples, portant le poids dou-loureux d’une espérance morte avec la mort de Jésus. Cette mort, perçue comme irréversible, rend absurde le passé et barre l’ave-nir. Ils n’ont à partager, au voyageur inconnu qui fait route avec eux, que cet échec et sa désespérance. Et voici que ce dernier raconte à son tour l’événement, mais en l’insérant dans un récit plus vaste, fidèlement gardé dans la tradition vive de la mémoire d’Israël. Et voici qu’à l’écoute de ce récit l’espérance se réveille en même temps que la mémoire, tandis que le cœur devi ent brûlant. Alors, quand le voyageur prend le pain et prononce la bénédiction, les dis-ciples comprennent soudain que ce geste de vie est le geste d’un vivant. Leurs yeux s’ouvrent sur le Ressus-cité. A cet instant le fil rompu de la 1 Hannah Arendt, La Crise de la culture, Idées/Gallimard, 1972, p. 246.

transmission, rompu par la mort, rompu par leur désertion, se renoue; ils partent en hâte vers Jérusalem, en témoins éblouis du Res sus cité.

Et c’est ainsi que l’épisode est venu jusqu’à nous, grâce au récit dont cette fois Luc est l’auteur et nous les destinataires. Il est insépa-rable du présent de l’Eglise, qui nous le transmet, et du geste sacramen-tel de l’Eucharis tie, qui nous rend contemporains du Res sus cité. Seuls les yeux de la foi en perçoivent la réalité et le sens, et ce n’est en rien

une réponse magique aux difficul-tés qui nous occupent. Pourtant, à ces yeux de la foi, cela change tout.

Dans la fragilité du pré-sent, transmettre le goût de vivre

Car si toute transmission d’une génération à l’autre est un défi jeté à la mort, une manière de lui résis-ter, l’événement pascal vient attester

au cœur de notre histoire que cette protestation est fondée, que la mort n’a plus et n’aura jamais plus le der-nier mot. Le Christ vainqueur de la mort se communique lui-même à son Église : « tradidit semetipsum ». Dans l’of frande extrême de la Croix et dans la gloire discrète du Res-sus cité, le Christ nous rejoint dans la fragil ité de notre présent par le « ceci est mon Corps » de chaque Eucha-ristie. Dès lors, la crise de la trans-mission est peut-être une invitation faite aux chrétiens pour qu’ils creu-sent leur foi jusqu’en cette profon-

deur eucharistique du geste de transmettre. L’ef fort n’est pas vain, de tant d’hommes et de femmes qui, sans se réclamer de la foi chrétienne, s’efforcent de transmettre à de plus jeunes le goût de vivre et de chercher, de parler et

d’agir de manière responsable, avec justesse et hardiesse. La lumière pascale en témoigne. Elle ne nous dispense pas des tâtonnements, ni de la quête de chemins inédits pour assurer, dans un monde inédit, cette transmission. Mais elle nous permet de dire à chaque enfant, à chaque jeune qui nous est confié : « Lève-toi et marche ». C’est peut-être là l’en-jeu spirituel ultime de l’éducation.

Ouvrages de Marguerite Léna

Une plus secrète lumière - Lethiellieux

L’esprit de l’éducation - Parole et Silence

Le passage du témoin : éduquer, enseigner, évangéliser - Paroles et Silence

.......si toute transmission d’une génération à l’autre est un défi jeté à la mort, une manière de lui résister, l’événement pascal vient attester au cœur de notre his-toire que cette protestation est fondée, que la mort n’a

plus et n’aura jamais plus le dernier mot.

« Si on veut transmettre quelque chose dans cette vie, c’est par la présence bien plus que par la langue et par la parole. La parole doit venir à certains moments, mais ce qui instruit et ce qui donne, c’est la présence. C’est elle qui est silencieusement agissante. »

Christian Bobin

MaTièRE à PEnsER

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La lettre de Fondacio

La communauté chrétienne, lieu privilégié de la transmission de la foi

par Charles BERTILLE, membre du Conseil de Fondacio et responsable Asie,

La communauté chrétienne, comme cellule d’Église, est de toute évidence un lieu privilégié de la transmission de la foi, de la formation chrétienne et du salut en Jésus-Christ. Mais comment vivre et promouvoir une telle vision de la communauté dans notre société moderne traversée par l’individualisme ? Envisager son salut par une com-munauté d’alliance n’est-il pas perçu comme un signe de faiblesse ? En tant que chrétiens, notre modèle pour être et devenir une personne, c’est Jésus-Christ. Il a dû grandir dans la compréhension de soi et de sa mission. Jésus ne savait pas tout de sa mis-sion, au départ. La Lettre aux Hébreux dit que «s’il était le Fils de Dieu, il a dû apprendre l’obéissance par ce qu’il a souffert ... et est devenu capable de sympa-thiser avec les faiblesses humaines, car il a été tenté en tous points comme nous le sommes, mais sans pécher ». Ce n’est donc pas par le pou-voir ou la gloire, mais par l’obéissance et l’apprentissage que nous devenons fils et filles du Père.

Jésus dit: « Je suis le Chemin ... Nul ne peut venir au Père que par moi. » Nous entrons dans Fondacio pour suivre ce chemin. Fondacio a une pédagogie pour cela et une manière singulière de transmettre même si bien des points communs existent avec d’autres mouvements et communautés.

Chaque personne a une histoire, chacun a été appelé par son nom, et nous discernons, à travers l’expérience et le temps, notre terre d’appartenance. Nous découvrons un jour que cette terre est Dieu lui-même, la Trinité. Nous découvrons de nouveaux frères et sœurs en route sur ce chemin. En vivant ou en marchant ensemble dans « les points de l’alliance », la communauté devient « notre che-min de salut, le don le plus cher », le lieu de l’alliance avec Lui, avec l’autre, avec soi-même. La communauté façonne la personne, le sens de sa vie et sa vocation émergent. Il est faux de penser que tout cela se passe lors des temps forts de formation. L’essentiel est transmis dans l’élémentaire

de la vie quotidienne et du travail, dans la manière dont nous servons et vivons dans la communauté. Un jour, nous nous retrouvons ensemble sur le Chemin pour annoncer Son amour, nous rassembler et nous engager même quand l’avenir semble fermé, même quand les situations parais-sent bloquées.

Je pense, par exemple, à ma première mission au Myan-mar, il y a 10 ans. Le prêtre responsable me prédisait l’échec : la situation était difficile, j’étais étranger, de plus laïc…mais mon cœur me disait : « Quand Dieu appelle,

personne ne peut bloquer le chemin ». Il y a eu bien sûr de nombreux obs-tacles mais en partant, j’ai laissé une structure natio-nale qui œuvre au déve-loppement de l’Eglise. Les évêques et les respon-

sables des églises chrétiennes ont engagés un dialogue avec les Nations-Unis et les ambassades, des projets sont en cours dans des villages isolés. Comment ai-je fait ? Je me suis emparé du petit espace d’action qui existait dans la société civile et Dieu l’a multiplié.

La communauté , un partage réciproque pour une his-toire commmune

Mais le cheminement communautaire ne s’arrête pas là, celui qui est envoyé par la communauté doit aussi «revenir» vers elle et témoigner de ce que le Seigneur a fait, raconter son histoire qui devient « notre histoire » et celle de notre transformation – conversion avec Lui. Malheureusement, nombreux sont ceux qui quittent un groupe communau-taire après une période en disant : « Merci, maintenant, je peux gérer tout seul, je n’ai besoin de rien » Ils partent sans apporter le fruit de leur expérience et ne donnent plus de nouvelles. Dans nos paroisses nous nous réunissons pour la messe, mais nous ne racontons pas nos histoires comme si la communauté ecclésiale était en dehors, non concernée par le chemin personnel et missionnaire auquel

En vivant ou en marchant ensemble dans « les points de l’alliance », la communauté devient « notre chemin de salut, le don le plus cher », le lieu de l’alliance avec Lui,

avec l’autre, avec soi-même.

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La lettre de Fondacio

MaTièRE à PEnsER

nous sommes appelés par le baptême et par la confirma-tion. Peut-être avons-nous encore à développer la spiri-tualité de la mission des laïcs dans nos Eglises, à favoriser la création d’espaces de parole, de structures de soutien, à soutenir la reconnaissance de leurs efforts. Il y a là, sans doute, aujourd’hui une lacune de transmission dans bons nombres de groupes.

L’inculturation, un enjeu de la transmission

Souvent dans nos communautés, dans nos lieux de mis-sions, les discussions sur le sujet du devenir en humanité et sur la transmission retombent sur la nécessité de la forma-tion et donc des besoins en ressources humaines et finan-cières, en outils, en équipes sur lesquelles s’appuyer. Mais développer les compétences sans prendre en compte la culture, les valeurs, les croyances et modes de fonctionne-ment du contexte dans lequel s’inscrit cette transmission, est voué à l’échec.

La culture qui nous imprègne est subtile, elle peut contri-buer à l’action de la force libératrice comme aux péchés collectifs au sein de nos sociétés. Pour en discerner la grâce et les ombres, la Lumière de l’Evangile est nécessaire. Elle peut nous appeler parfois aussi à vivre à l’encontre de nos cultures ambiantes.

Par exemple, dans cer-taines sociétés asiatiques la famille ou la communauté joue un rôle très important. C’est le lieu du rassemblement, de la relation, du soutien dans le besoin. Il s’agit donc d’une clé d’entrée essentielle pour tout travail pastoral. Mais poussé à l’extrême cela peut aussi signifier la mise à l’écart des autres et/ou la limitation de la raison d’être de l’individu à la réponse aux demandes de sa famille.

De même, il peut y avoir un grand respect pour les personnes en posi-tion d’autorité ou de leadership. Ils sont perçus comme bienveillants, supérieurs. Mais quand ils s’engagent dans un mauvais emploi de la poli-tique, dans son détournement, et que personne ne veut les affronter parce qu’ils sont supérieurs et qu’on ne peut leur faire perdre la face ou les humilier alors c’est l’ensemble de la communauté qui cède à la corruption et perd son ethos.

Les cultures évoluent, tout n’est pas transmis, l’essentiel peut rester et c’est aux jeunes générations de lui donner sens et perspective. Travailler pour le développement réel de l’homme c’est aussi vivre et transmettre une spiritualité qui peut nous appeler à une violation du statu quo de nos cultures. Fondacio a aussi une culture qui s’assimile aux pays dans lesquels elle se trouve. La graine semée par le semeur ne peut pas pleinement grandir si les cultures ne sont pas « transformées de l’intérieur » par la puissance de l’Evangile. Il s’agit d’un sujet complexe qui mérite un développement que ne permet pas le cadre de cet article mais qui sera traité plus amplement prochainement.

Fondacio, la transmision d’une expérience de foi

Qu’est-ce que tout cela signifie pour nous ? Empruntant au théologien Hans Urs von Balthasar ses réflexions sur la personne, nous pouvons dire qu’après 30 ans d’expé-rience de la communauté Fondacio, nous sommes deve-nus plus humains, en acceptant nos vies et la mission de Dieu. Oui nous avons la liberté d’accepter ou de rejeter cette mission. Mais lorsque nous embrassons la mission

dans la liberté, nous trou-vons un éveil intéri eur à nous-mêmes, et nous grandissons comme per-sonne. Nous mourrons, dans la légèreté ou dans la douleur, à notre « moi »

qui se fond de plus en plus dans cette mission donnée par Dieu. En contemplant la vie des saints, nous percevons qu’ils ont accepté et vécu pleinement la mission donnée là où ils vivaient. Dans ce processus, ils sont devenus des personnes « universelles » c’est-à-dire ouvertes complè-tement aux autres. Nous aussi, nous sommes appelés à appartenir au corps mystique du Christ dans la commu-

nion des saints. Nous n’entrons pas dans l’Eglise en tant qu’individus mais en tant que croyants, dans le don de nous-mêmes. Cette transfor-mation comme personne est l’épa-nouissement de la graine semée en nous par le Père. Elle s’accomplit dans les nombreuses « pâques » dont vit la communauté et chaque disciple, grâce à la participation au mystère pascal du Christ en qui nous deve-nons fils et filles de l’Eglise.

Mais développer les compétences sans prendre en compte la culture, les valeurs, les croyances et modes de fonctionnement du contexte dans lequel s’inscrit

cette transmission, est voué à l’échec.

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MaTièRE à PEnsER

La lettre de Fondacio

Porta FideiDans sa lettre apostolique en forme de motu proprio du 11 octobre dernier intitulée Porta Fidei, le pape Benoît XVI annonce l’ouverture d’une Année de la foi du 11 octobre 2012 au 24 novembre 2013. Nous vous proposons deux extraits de cette lettre. Dans le premier, le pape nous invite à mieux comprendre l’acte lui-même par lequel on croit. Dans le second, il réaffirme le caractère indissociable de la foi et des oeuvres

“10. Je voudrais, à ce point, esquisser un par-cours qui aide à comprendre de façon plus profonde non seulement les contenus de la foi, mais avec ceux-ci aussi l’acte par lequel nous décidons de nous en remettre totalement à Dieu, en pleine liberté. En effet, il existe une unité profonde entre l’acte par lequel on croit et les contenus auxquels nous donnons notre assentiment. L’Apôtre Paul permet d’entrer à l’inté-rieur de cette réalité quand il écrit : «La foi du cœur obtient la justice, et la confession des lèvres le salut» (Rm, 10, 10). Le cœur indique que le premier acte par lequel on vient à la foi est don de Dieu et action de la grâce qui agit et transforme la personne jusqu’au plus profond d’elle-même.

L’exemple de Lydie est tout à fait éloquent à ce sujet. Saint Luc raconte que Paul, alors qu’il se trouvait à Philippes, alla un samedi annon-cer l’Évangile à quelques femmes; parmi elles se trouvait Lydie et «le Seigneur lui ouvrit le cœur, de sorte qu’elle s’attacha aux paroles de Paul» (Ac 16, 14). Le sens renfermé dans l’expression est important. Saint Luc enseigne que la connaissance des contenus à croire n’est pas suffisante si ensuite le cœur, authentique sanctuaire de la personne, n’est pas ouvert par la grâce qui per-met d’avoir des yeux pour regarder en profondeur et comprendre que ce qui a été annoncé est la Parole de Dieu.

Professer par la bouche, à son tour, indique que la foi implique un témoignage et un engagement publics. Le chrétien ne peut jamais penser que croire est un fait privé. La foi, c’est décider d’être avec le Sei-gneur pour vivre avec lui. Et ce «être avec lui» intro-duit à la compréhension des raisons pour lesquelles on croit. La foi, parce qu’elle est vraiment un acte de la liberté, exige aussi la responsabilité sociale de ce qui est cru. L’Église au jour de la Pentecôte montre avec

toute évidence cette dimension publique du croire et du fait d’annoncer sans crainte sa propre foi à toute personne. C’est le don de l’Esprit Saint qui habilite à la mission et fortifie notre témoignage, le rendant franc et courageux.

La profession de la foi elle-même est un acte per-sonnel et en même temps communautaire. En effet, c’est l’Église le premier sujet de la foi. Dans la foi de la communauté chrétienne chacun reçoit le baptême, signe efficace de l’entrée dans le peuple des croyants pour obtenir le salut. Comme atteste le Catéchisme de l’Église catholique: «‘Je crois’; c’est la foi de l’Église professée personnellement par chaque croyant, prin-cipalement lors du Baptême. ‘Nous croyons’: c’est la foi de l’Église confessée par les Évêques assemblés en Concile ou, plus généralement, par l’assemblée

liturgique des croyants. ‘Je crois’: c’est aussi l’Église, notre Mère, qui répond à Dieu par sa foi et qui nous apprend à dire: ‘Je crois’, ‘Nous croyons’» [17].

Comme on peut l’observer, la connaissance des contenus de foi est essentielle pour donner son propre assentiment, c’est-à-dire pour adhérer pleinement avec l’intelligence et la volonté à tout ce qui est proposé par l’Église. La connaissance de la foi introduit à la totalité du mystère salvifique révélé par Dieu. L’assentiment qui est prêté implique donc que, quand on croit, on accepte librement tout le mystère de la foi, parce que Dieu lui-même qui se révèle et permet de connaître son mystère d’amour, est garant de sa vérité [18].

D’autre part, nous ne pouvons pas oublier que dans notre contexte culturel de nombreuses personnes, bien que ne reconnaissant pas en soi le don de la foi, sont quand même dans une recherche sincère du sens ultime et de la vérité définitive sur leur existence et sur le monde. Cette recherche est un authentique «préambule» à la foi,

L’EsPRiT DE La LETTRE

La profession de la foi elle-même est un acte personnel et en même temps

communautaire.

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La lettre de Fondacio

L’EsPRiT DE La LETTRE

parce qu’elle met en mouvement les personnes sur le che-min qui conduit au mystère de Dieu. La raison de l’homme elle-même, en effet, porte innée l’exigence de «ce qui a de la valeur et demeure toujours» [19]. Cette exigence consti-tue une invitation permanente, inscrite de façon indélébile dans le cœur humain, à se mettre en chemin pour trou-ver Celui que nous ne chercherions pas s’il n’était pas déjà venu à notre rencontre [20]. La foi nous invite justement à cette rencontre et nous y ouvre pleinement.”....

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...14. L’Année de la foi sera aussi une occasion propice pour intensifier le témoignage de la charité. Saint Paul rappelle : «Maintenant donc demeurent foi, espérance, charité, ces trois choses, mais la plus grande d’entre elles, c’est la charité» (1 Co 13, 13). Avec des paroles encore plus fortes – qui depuis toujours engagent les chrétiens – l’Apôtre Jacques affirmait:«A quoi cela sert-il, mes frères, que quelqu’un dise : ‘J’ai la foi’, s’il n’a pas les œuvres? La foi peut-elle le sauver? Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne, et que l’un d’entre vous leur dise: ‘Allez en paix, chauffez-vous, ras-sasiez-vous’, sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il? Ainsi en est-il de la foi : si elle n’a

pas les œuvres, elle est tout à fait morte. Au contraire, on dira: ‘Toi, tu as la foi, et moi, j’ai les œuvres? Montre-moi ta foi sans les œuvres; moi c’est par les œuvres que je te montrerai ma foi’» (Jc 2, 14-18).

La foi sans la charité ne porte pas de fruit et la cha-rité sans la foi serait un sentiment à la merci constante du doute. Foi et charité se réclament réciproquement, si bien que l’une permet à l’autre de réaliser son chemin. En effet de nombreux chrétiens consacrent leur vie avec amour à celui qui est seul, marginal ou exclus comme à celui qui est le premier vers qui aller et le plus important à soute-nir, parce que justement en lui se reflète le visage même

du Christ. Grâce à la foi nous pou-vons reconnaître en tous ceux qui demandent notre amour, le visage du Seigneur ressuscité. «Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25,

40): ces paroles du Seigneur sont un avertissement à ne pas oublier et une invitation permanente à redonner cet amour par lequel il prend soin de nous. C’est la foi qui permet de reconnaître le Christ et c’est son amour lui-même qui pousse à le secourir chaque fois qu’il se fait notre prochain sur le chemin de la vie. Soutenus par la foi, regardons avec espérance notre engagement dans le monde, en attente «d’un ciel nouveau et d’une terre nouvelle où résidera la justice » (2 Pi 3, 13; cf. Ap 21, 1).”

Vous souhaitez réagir,

nous faire part de vos remarques ou de vos suggestions,

obtenir des informations :courriel : communication@fondacio .org

Pour lire le texte intégral de la lettre http://www.vatican.va/

[17] Catéchisme de l’Église catholique, n. 167.

[18] Cf. Conc. œcum. Vat. I, Const. dogm. sur la foi catho-lique Dei Filius, chap. III : DS 3008-3009 ; Conc. œcum. Vat. II, Const. dogm. sur la Révélation divine Dei Verbum, n. 5.

[19] Benoît XVI, Discours au Collège des Bernardins, Paris (12 septembre 2008) : AAS 100 (2008), 722 ; DC 105 (2008), p. 827.

[20] Cf. Augustin d’Hippone, Confessions, XIII, 1.

Foi et charité se réclament réciproque-ment, si bien que l’une permet à l’autre

de réaliser son chemin.

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agEnDa

Belgique

Fondacio organise ZECONCOURS, un concours pour les jeunes dans le cadre du projet ZeBible. les inscriptions se terminent le 30 décembre 2011

20 novembre 2011 et 12 février 2012 : Forum Solo “De la culpabilité à la responsabilité, un chemin de lib erté “avec Cécile Anastasia Garcet à destination des adultes qui ne vivent pas en couple.

12 février 2012 : Journée d’activité pour les 14-17 ansinfos : www.fondacio.be

Chili

Du 2 au 6 janvier 2012 : Session de formation pour les jeunes regroupant des jeunes d’Amérique Latine, Chili et Colombie mais aussi Pérou et Bolivie.

D’octobre 2011 à janvier 2012 : Atelier de chant «San-ti ago Gospel» en relation avec l’Eglise luthérienne du Chili. En décembre, 20 musiciens de la chorale de Stug-gart viendront faire une expérience inédite de chant gospel avec 30 chiliens (luthériens et catholiques).

Du 2 au 4 décembre 2011 : Week-end à punta de Tralca pour une soixantaine de responsables de Fondacio Chili et quelques invités pour prier, réfléchir, faire lecture du che-min parcouru et regarder à quoi le Seigneur nous appelle pour le futur.

infos : www.fondacio.cl

France

Pour des personnes séparées, divorcées désireuses de se reconstruire après une séparation, deux journées sont proposées à l’Ermitage à Versailles

“Se reconstruire, quel chemin ?” : le 11 novembre 2011“Retrouver la paix intérieure” : le 4 mars 2012

Session “Re-traiter ma vie”: 50...60...67 ans... vers une nouvelle étape

Du 23 janvier 2012 au 28 janvier 2012 à La Roche d’or près de Besançon dans le Doubs

Mieux s’affirmer et communiquer - Spécial Jeunes( 17 à 21 ans) à Versailles, lundi 20 février et mardi 21 février 2012

Week-ends “Vivre à deux... est-ce possible ?” - céliba-taire ou en couple, 20-30 ans. à Versailles, samedi 10 et dimanche 11 mars 2012

Avant le “OUI” - Un mariage... ça se prépare ! à Ver-sailles, samedi 14 janvier 2012 + samedi 11 et dimanche 12 février 2012

A deux pour la vie ! Durer en couple... un chemin, un défi, un choix ! à Versailles, les 28 et 29 janvier 2012

Décider en couple à Versailles, 21 janvier ou 5 février 2012

Aventurier de la vie ! - Camp 12/14 ans A Saint Pierre Quiberon (Bretagne) Dimanche 22 avril au vendredi 27 avril 2012.

Prier, oui, mais comment ? à Versailles, 5 rencontres de janvier à mai 2012

Parcours national 18-30 ans “Jeunes Disciples” à Ver-sailles, 3 week-ends en nov 2011, fév 2012 et avril 2012

Week-end “Cap sur l’espérance” : Ce week-end sera un des évènements marquant de l’année se déroulera du 26 au 28 mai 2012 à Lille

infos : www.fondacio.fr

Décembre 2011 : démarrage de la formation “Trem-plin” parcours de 6 mois pour les étudiants qui désirent se réorienter.

infos : www.iffeurope.org

La lettre de Fondacio

5, rue Monsieur75343 Paris Cedex 07Tél. : +33 (0) 1 56 58 68 10www.fondacio.org

Directeur de la publication : Ignacio RosselotRédactrice en chef : Brigitte AmiotComité éditorial : Chantal Amiot, Thi erry Bezard, Claire Lesegretain, Rémy Pautrat, François Prouteau, Hubert de Quercize, Laurent Viollet.Crédits photographiques : Toutes les photos sont issues de la photothèque de Fondacio à l’exception de celle de la page 11 (M.léna)

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Page 17: Numéro 4 Novembre 2011 L’édito - FondacioLa lettre de Fondacio Les acteurs des projets de Fondacio destinés aux ado-lescents et aux étudiants venaient du monde entier, du Chili,

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