60
DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS ET DE LA COHÉSION SOCIALE MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLÔME D’ÉTAT DE MASSEUR-KINÉSITHÉRAPEUTE 2014 Stage temps plein en Centre Hospitalier Mars-Avril 2013 DIOUF Adrien Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique devient une maladie Lutter contre et vivre avec

Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

  • Upload
    others

  • View
    11

  • Download
    1

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

DIRECTION RÉGIONALE DE LA JEUNESSE, DES SPORTS

ET DE LA COHÉSION SOCIALE

MÉMOIRE RÉALISÉ EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLÔME D’ÉTAT

DE

MASSEUR-KINÉSITHÉRAPEUTE

2014

Stage temps plein en Centre Hospitalier Mars-Avril 2013

DIOUF Adrien

Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

devient une maladie

Lutter contre et vivre avec

Page 2: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Résumé

La patiente, 66 ans, entre dans le service pour une prise en charge en hospitalisation de

semaine d’une Névralgie Cervico-Brachiale chronique diagnostiquée en 2007.

Le tableau clinique ne se restreint pas à une algie sur le territoire radiculaire concerné mais

bien à des déficits multiples au niveau cervical comme une perte de fluidité articulaire, une

hypertonicité musculaire ou encore d’un point de vue plus global à des troubles

fonctionnels et psychologiques importants.

Ne s’arrêtant pas au constat de ces troubles mis en exergue par les bilans, l’identification des

attentes de la patiente a donné à la rééducation, puis aux réflexions amenées par cette

rééducation, une direction particulière.

En effet, depuis 2007, les hospitalisations répétées se soldant par des résultats plus ou moins

probants ont fait naitre chez elle une volonté d’envisager une vie avec cette pathologie et

cette volonté représentait son attente principale vis-à-vis de la prise en charge que l’équipe

pluridisciplinaire dont je faisais partie allait entreprendre.

En mettant en lien les résultats des bilans et les attentes de la patiente, la rééducation a

cherché à lui redonner des aptitudes articulaires, musculaires et fonctionnelles en

adéquation avec la volonté de donner à cet objectif un sens thérapeutique amenant une

satisfaction mutuelle du soignant et du soigné.

C’est ainsi que ce travail écrit, par l’identification, le développement puis les réflexions sur

les notions de cercle vicieux de la douleur et d’éducation thérapeutique, semble permettre

d’appuyer l’idée que le « vivre avec » est une stratégie thérapeutique potentiellement viable

et pérenne à condition d’en maitriser les tenants et les aboutissants.

Mots Clés Keywords

Névralgie Cervico-Brachiale

Douleur Chronique

Cercle Vicieux de la Douleur

Éducation Thérapeutique

Vivre Avec

Cervicobrachial Neuralgia

Chronic Pain

Cumulative Injury Cycle

Therapeutic Education

Live With

Page 3: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

SOMMAIRE :

I. Introduction .................................................................................................................. 1

II. Présentation du contexte .............................................................................................. 3

II.1 Présentation de la patiente .......................................................................................... 3

II.2 Anamnèse .................................................................................................................... 3

II.3 Antécédents ................................................................................................................. 4

II.4 Médication .................................................................................................................. 4

III. Bilan Initial : Lundi 08/04/2013 .................................................................................. 5

III.1 Douleur : chronicité ................................................................................... 5

III.2 Sensibilité : absence de troubles ................................................................ 6

III.3 Cutané : antécédents traumatiques ............................................................. 6

III.4 Trophique/Vasculaire : prévention ............................................................. 6

III.5 Articulaire : mobilité monobloc ................................................................. 6

III.6 Musculaire : tonicité importante ................................................................ 7

III.7 Morpho-Statique : antéposition de la tête .................................................. 8

III.8 Examen Neurologique : réflèxes ostéo-tendineux présents ....................... 8

III.9 Fonctionnel : retentissement des douleurs important ................................. 8

III.10 Profil Psychologique : de nature dépressive mais à l’écoute ................... 9

IV. Diagnostic Kinésithérapique .................................................................................... 10

V. Projets de la patiente ................................................................................ 10

VI. Objectifs ..................................................................................................... 11

VII. Principes .................................................................................................... 11

VIII. Stratégie Thérapeutique ......................................................................................... 11

VIII.1 Objectif : Diminuer l'intensité des douleurs ......................................... 12

VIII.2 Objectif : Retrouver de la mobilité ....................................................... 14

VIII.3 Objectif : Entretenir et renforcer la musculature cervicale .................. 16

VIII.4 Objectif : Améliorer la proprioception ................................................. 17

VIII.5 Objectif : Développer l’auto-rééducation, l’ergonomie et les conseils 18

IX. Bilan de Sortie : Vendredi 12/04/2013 ..................................................................... 19

X. Discussion .................................................................................................................. 20

X.1 Introduction .............................................................................................. 20

X.2 Cercle vicieux de la douleur ..................................................................... 22

X.3 Éducation Thérapeutique du Patient ......................................................... 25

XI. Conclusion ................................................................................................................. 30

RÉFÉRENCES

ANNEXES

Page 4: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

1

I. Introduction

Le cahier des charges du rachis cervical apparaît tout aussi lourd que complexe.

En effet, il lui est demandé de pouvoir faire jouir la tête d'une mobilité importante, et cela

avec la plus grande liberté possible pour permettre aux organes qu'elle contient d'assurer la

vie de relation (vision, audition, phonation), tout en assurant le soutien de celle-ci et surtout

la conduction et la protection du système nerveux.

Cela a été rendu possible par une anatomie et une biomécanique particulière dont l'atteinte

et la dysfonction auront une incidence sur la faculté du rachis cervical à pouvoir assurer les

rôles qui lui sont attribués.

Les Névralgies Cervico-Brachiales (NCB), sont des syndromes cliniques associant une

douleur cervicale et une douleur radiculaire du membre supérieur. Les deux causes

principales de la NCB commune sont l'arthrose cervicale (hernie dure) et la hernie discale

(hernie molle). [1-3]

Il existe des causes beaucoup plus rares comme une origine tumorale, infectieuse,

malformative, qui sortent du cadre de la pathologie commune. C'est pourquoi, les

explorations d'imagerie ne sont indiquées dans la NCB commune qu'en cas de résistance au

traitement médical, en cas de formes hyperalgiques ou de formes paralysantes. [4]

Les hernies cervicales affectent surtout les disques cervicaux les plus mobiles, à savoir

C5/C6 et C6/C7. Cela explique que les sixième, septième voire huitième racines soient les

plus souvent concernées. [2, 5]

L'intimité anatomique du rachis cervical et des racines nerveuses est à l'origine de

l'association caractéristique : douleur cervicale + douleur radiculaire.

En effet, une hernie discale empiète sur le trou de conjugaison, orifice par lequel sort la

racine nerveuse latéralement de la vertèbre.

Le tableau clinique des NCB est résumé essentiellement par la douleur, de début souvent

brutal, parfois progressif, d'abord cervicale puis associée à une douleur radiculaire du

membre supérieur. La douleur cervicale est inconstante et la douleur radiculaire elle, descend

dans le membre supérieur selon une topographie qui dépend de la racine intéressée.

(Annexe I)

Page 5: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

2

Au niveau cervical, la tendance évolutive de la plupart des hernies discales molles est la

diminution de taille, voire la disparition. Cependant un constat important mis en avant par

l’étude de Daffner et coll. [6] plaide en faveur d’une prise en charge. Cette dernière montre

que les incapacités (physiques et mentales) entraînées par les NCB sont bien plus

importantes que les cervicalgies ou les radiculalgies isolées.

Le cas évoqué ici illustre bien les incapacités multiples provoquées par l'association d'une

cervicalgie et d'une radiculalgie sous la forme d'une NCB dans un contexte de douleur

chronique puisque diagnostiquée depuis 2007.

Plus qu'une prise en charge essentiellement symptomatique, il m'est rapidement apparu la

nécessité, par rapport aux différents échecs des traitements précédents et en rapport

également avec la notion de chronicité de la douleur qui m'était très régulièrement imposée

dans le service, de non seulement avoir un objectif direct et immédiat basé sur l'antalgie mais

également d'inclure à ma prise en charge une vision plus globale pour assurer la pérennité

des manœuvres antalgiques.

De plus, de l'aveu même de la patiente, cette douleur était véritablement ressentie comme

une maladie à part entière et la volonté de « vivre avec » était très souvent envisagée du fait

de la récurrence et de la pénibilité des hospitalisations de semaine.

Mettre en place une thérapeutique permettant d'avoir un effet antalgique sur plus long terme

avec des notions de « cercle vicieux de la douleur », « éducation thérapeutique » et surtout

de « vivre avec », devait prendre du sens.

À la prise de connaissance des antécédents de la patiente, de l'histoire de sa maladie et de

ses attentes, se sont donc imposées à moi plusieurs réflexions concernant ma manière

d'aborder la thérapeutique :

Identifier un cercle vicieux de la douleur et développer les capacités d'auto-soins et

d'adaptations du patient dans de bonnes conditions permettent-ils au « vivre avec » de

ne pas être vécu comme un échec dans une douleur chronique ?

Ce travail écrit cherchera à apporter des éléments de réponse à cette problématique.

Page 6: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

3

II. Présentation du contexte

II.1 Présentation de la patiente:

• Patiente de 66 ans, née le 02/10/1947

• Situation: divorcée, un enfant et vit seule en banlieue dans un appartement au

deuxième étage sans ascenseur.

• Anciennement secrétaire de Mairie et retraitée depuis le 01/11/2006.

• Taille : 1m75 Poids : 60kg IMC : 19,6 Corpulence Normale

• Droitière

• Tabagisme : 20 paquets/année Alcool : 0

• Ne pratique pas d'activités sportives en ce moment.

• Demande d'hospitalisation faite le 20/02/2013

II.2 Anamnèse:

La patiente consulte son médecin le 31 Janvier 2007 pour une cervico-brachialgie gauche,

depuis deux ans (2005) et aggravée depuis trois mois.

Cette douleur intéresse la majeure partie du membre supérieur gauche ainsi que le rachis

cervical, entraine des réveils nocturnes et donne lieu à une Evaluation Visuelle Analogique

(EVA) cotée à 7/10.

Elle est donc hospitalisée du 5 au 9 Mars 2007 pour une prise en charge thérapeutique des

douleurs vraisemblablement associées à une Névralgie Cervico-Brachiale Gauche. Durant

cette hospitalisation, il est réalisé des infiltrations ainsi que des tractions cervicales. La

douleur est calmée temporairement mais réapparaît en Septembre 2007 et implique une

deuxième hospitalisation du 8 au 12 Octobre 2007. Durant cette hospitalisation est réalisée

une Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) du rachis cervical qui révèle une hernie

postéro-latérale gauche C5-C6 sans conflit disco-radiculaire et en C6-C7 une discopathie

avec bombement discal diffus modéré sans conflit.

La conclusion de cette hospitalisation est donc une NCB C6 Gauche Chronique.

Devant la persistance et la recrudescence des douleurs, la patiente est de nouveau

hospitalisée du 7 au 18 Janvier 2008 pour le traitement de cette NCB Gauche Chronique

pour laquelle les tractions cervicales et les infiltrations semblent se montrer efficaces puisque

l'EVA en sortie d'hospitalisation est de 3/10 contre 8/10 à l’entrée.

Page 7: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

4

La patiente consulte le 30 Avril 2008, le 5 Novembre 2008, le 8 Mars 2010 et le 7 Mars 2012

pour un suivi de cette pathologie et ces consultations se soldent par la même observation :

les douleurs, tant au niveau cervical que radiculaire, sont nettement moins importantes : EVA

de 2/10 à 3/10 avec néanmoins des pics réguliers à 7/10 mais de durée brève. Son médecin

poursuit le traitement antalgique et procède à quelques ajustements sans incidence

particulière.

La patiente consulte de nouveau le 20 Février 2013 pour une réapparition des douleurs (EVA

7/10) ce qui aboutit à son hospitalisation le 8 Avril 2013, date du début de la prise en charge.

II.3 Antécédents:

Fistule annale chronique : 1972-1973

Triple fracture de la rotule gauche en Février 1981 compliquée par une phlébite et

une embolie pulmonaire

Traumatisme à la cheville droite en 2003 : Arrachement osseux compliqué par deux

phlébites et une embolie pulmonaire

Mutation du facteur V Leiden : coagulation du sang plus rapide

Dépression chronique (diagnostic 2007)

Hypercholestérolémie (diagnostic 2007)

II.4 Médication : (Annexe II)

Page 8: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

5

III. Bilan Initial : Lundi 08/04/2013

III.1 Douleur:

La patiente exprime deux phases différentes dans l'expression de ses douleurs :

Phase de crise ou de poussées douloureuses :

La douleur est évaluée à l'Echelle Visuelle Analogique (EVA) (Annexe III) à 7/10

voire à 8/10.

Trajet et localisation de la douleur : à gauche, cou-épaule-bras-avant bras-poignet-

pouce avec par intermittence une douleur sur le bord médial de la scapula gauche.

Type de la douleur : sensation de tiraillement le long du trajet de la douleur au

membre supérieur et douleur diffuse au niveau cervical et scapulaire.

Cette douleur la contraint à rester au fauteuil, seule position tolérée durablement.

Phase où les douleurs sont moins importantes :

La douleur est évaluée à l'EVA à 2/10

Cette douleur est décrite comme une simple gêne

Le trajet et la localisation de la douleur sont les mêmes qu'en phase de crise

Le type de douleur est identique à celui de la phase de crise

Documents complémentaires apportant des précisions sur les douleurs exprimées par la

patiente et leurs répercussions :

Auto questionnaire de DALLAS (Douleur du Rachis) : (Annexe IV)

48% de répercussion sur les activités quotidiennes

65% de répercussion sur les activités professionnelles/loisirs

80% de répercussion sur le rapport anxiété/dépression

80% de répercussion sur la sociabilité

Localisation de la douleur : trajet de la douleur retranscrit sur la modélisation du

corps humain sur papier. (Annexe V)

Échelle de douleur Neuropathique (DN4) : score de 4 : test positif qui confirme donc

une douleur neuropathique. (Annexe VI)

Page 9: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

6

III.2 Sensibilité:

La sensibilité de la patiente est testée dans ses deux composantes :

Sensibilité superficielle : testée à l'aide d'un crayon-gomme selon la méthode du

« pic-touche ».

=>Pas de déficit de la sensibilité superficielle

Sensibilité profonde : la patiente a les yeux fermés et son bras, son avant-bras et ses

doigts sont placés par le thérapeute dans des positions qu'elle doit pouvoir identifier

et reproduire.

=>Pas de déficit de la sensibilité profonde

III.3 Cutané:

À l'observation, l'aspect cutané ne présente pas de troubles dans la région cervicale, dorsale

haute et aux membres supérieurs.

En revanche à la palpation, le bilan cutané réalisé par un palper-rouler met en évidence une

perte de mobilité tissulaire au niveau du rachis cervical, de la région scapulaire et de la partie

supérieure des épaules.

Aux membres inférieurs, la présence de cicatrices est enregistrée, en rapport avec ses

antécédents de traumatismes au niveau de la patella gauche et de la cheville droite. La

cicatrisation est complète et l'aspect visuel satisfaisant.

III.4 Trophique/Vasculaire:

Les antécédents de la patiente évoquent un terrain circulatoire à risque c'est pourquoi, le port

de bas de contention tous les jours sur les deux membres inférieurs est effectif.

III.5 Articulaire:

Qualitatif :

Lors de la mobilisation passive, aucun bruit anormal, craquement, ou ressaut n'est noté.

Cependant la mobilisation passive du rachis cervical et des membres supérieurs n'est pas

fluide du fait de la forte appréhension de la patiente qui par sa crispation entraine une

résistance aux mouvements initiés par le thérapeute et une mobilité monobloc.

Au Quick Scan, une rigidité en regard des vertèbres cervicales est notée.

Page 10: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

7

Même si leur valeur doit être interprétée avec prudence [7], certains tests cliniques

permettent de sensibiliser l’examen sur l’origine compressive et la topographie de cette

compression [1] :

Le test d’hyper-extension du rachis cervical qui, en engendrant une fermeture des

foramens, est susceptible d’aggraver la NCB en majorant le conflit disco-radiculaire.

Ce test est négatif.

La manœuvre de Spurling qui, par une compression axiale, tête en extension,

associée à une rotation, peut majorer les douleurs. Il est spécifique notamment dans

les radiculopathies documentées par EMG [8] et souvent utilisé pour confirmer le

diagnostic de radiculopathie. Ce test est positif.

Le test de traction axiale qui peut favoriser l’indolence par ouverture des foramen est

positif.

Le test de Davidson où le patient peut observer un soulagement de sa douleur en

portant son bras en abduction est négatif.

Quantitatif : Mouvements du rachis cervical réalisés en actif aidé pour respecter

l'appréhension de la patiente. (Annexe VII)

III.6 Musculaire:

Qualitatif :

À la palpation une augmentation de la tonicité des muscles fixateurs médiaux de la scapula

ainsi qu'une augmentation de la tonicité plus globalement des muscles postérieurs cervicaux

est notée. Cette augmentation de la tonicité est à type de contractures.

Quantitatif :

Un « break test » comparatif est pratiqué sur les mouvements tests des différentes racines

nerveuses. [9]

C4: élévation des épaules C5: abduction de la gléno-humérale C6: flexion du coude

C7: extension du coude C8: flexion des doigts T1: abduction des doigts

Ces tests ne montrent pas de déficits à gauche en comparaison au côté droit.

Page 11: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

8

III.7 Morpho-Statique:

Flèches de Madame P. Normes selon Charrière et Roy

C7 4cm 2,5-4cm

T8 0 0

T12 2cm 2cm

L3 4cm 2,5-4cm

S2 0 0

Ce tableau fait état de courbures rachidiennes équilibrées, dans la norme selon Charrière et

Roy [10]. Cependant, celles-ci se situent dans la limite supérieure. Une antéposition

réductible de la tête est objectivée ainsi qu’un schéma en enroulement des épaules.

III.8 Examen Neurologique :

Pas de déficit sensitivomoteur.

Les Réflexes Ostéo-Tendineux (ROT) sont présents et symétriques aux niveaux des 4

membres notamment les réflexes stylo-radial et bicipital (C6) et le réflexe tricipital (C7).

III.9 Fonctionnel:

Le retentissement des douleurs cervicales sur la vie quotidienne de la patiente a été évalué à

l'aide de deux échelles provenant de la traduction d'échelles anglo-saxonnes.

Les résultats de ces échelles traduites en français sont très proches des résultats des échelles

dans leurs versions originales en anglais et sont donc exploitables. En effet une étude sur la

traduction des 3 échelles :

Neck Disability Index (NDI), Neck Pain and Disability Scale (NPDS) et Northwick Park

Neck Pain Questionnaire (NPQ) montre une concordance des résultats : 91 % pour le NDI,

93% pour le NPDS, 84 % pour le NPQ. [11]

L'échelle d'incapacité cervicale (traduction du Neck Disability Index (NDI) conclut

au retentissement des douleurs cervicales sur la vie quotidienne de la patiente évalué

à 44%. (Annexe VIII)

L'Indice de Douleurs et d’Incapacité Cervicales (INDIC) (traduction du NPDS)

expose 45,5% de douleurs et d'incapacité cervicales. (Annexe IX)

Page 12: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

9

Ces pourcentages quasiment identiques mettent en avant un retentissement réel et non

négligeable des douleurs et de l'incapacité cervicale sur la vie quotidienne de la patiente.

De plus, en ne s'arrêtant pas à l'interprétation du score total, il est intéressant de mettre en

avant et d'exploiter les résultats de quelques rubriques :

Les soins personnels sont perturbés par la douleur mais de manière relativement

modérée tout comme le sommeil et la concentration.

La conduite, le port de charges, la lecture et les loisirs sont en revanche très fortement

perturbés voire mis de côté du fait de la recrudescence des douleurs qu'ils

provoquent.

La composante du retentissement des douleurs et de l'incapacité cervicale sur les

relations sociales et l'état émotionnel de la patiente représente une grande partie des

scores et est donc importante à prendre en compte.

Ces résultats trouvent un écho avec ceux de l'auto-questionnaire de Dallas sur la douleur.

(Annexe IV)

Bien que les douleurs soient chroniques, la patiente exprime un soulagement encore

relativement important (60%) grâce au traitement médical.

III.10 Profil Psychologique:

La patiente est très à l'écoute des consignes et des recommandations données par le médecin,

par les kinésithérapeutes et plus généralement par l'équipe soignante. Elle exprime une forme

de lassitude par rapport aux douleurs qu'elle ressent et leur chronicité qui influent sans aucun

doute sur son état d'esprit quotidien qui m'apparaît fluctuant.

En effet lors de la prise en charge rééducative, des périodes de lassitude et de renoncement

alternent avec des périodes d'enthousiasme.

En revanche, cette alternance ne semble modifier que la manière dont elle perçoit l'évolution

de sa pathologie et de ses douleurs, car la relation qu'elle entretient avec l'équipe soignante,

et plus particulièrement le thérapeute que je représente, reste très agréable du fait de sa

grande disponibilité et de sa jovialité à chaque séance.

Page 13: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

10

IV. Diagnostic Kinésithérapique

Madame P., 66 ans, divorcée, un enfant, vivant seule dans un appartement, entre dans le

service le 8 avril 2013 pour une hospitalisation de semaine suite à une recrudescence des

douleurs dues à une Névralgie Cervico-Brachiale gauche chronique C6 diagnostiquée en

2007.

Au bilan, les principales déficiences observées sont des douleurs oscillants entre 2/10 et 8/10

à l'EVA en fonction de la phase, des hypo-mobilités tissulaires en regard des zones

douloureuses et des mouvements de la tête peu fluides. D'un point de vue musculaire, une

tonicité importante des fixateurs médiaux de la scapula (surtout à gauche) et des muscles

postérieurs du rachis cervical est objectivée.

Ces déficiences entraînent des limitations de l'activité caractérisées par des gênes dans les

activités de la vie quotidienne plus ou moins importantes en fonction de la recrudescence

des douleurs, ainsi qu'une quasi immobilité lors des phases de poussées douloureuses avec

le maintien prolongé d’attitudes et de positions antalgiques au fauteuil.

Ces douleurs chroniques ont un lourd retentissement fonctionnel sur la patiente avec des

phases d'hospitalisation répétées induisant une altération de ses contacts sociaux ainsi que

des diminutions de ses temps de loisirs voire même l’abandon de certains hobbies.

La patiente est dépressive mais cela n’altère pas la relation soignants-soigné car elle reste

très joviale et disponible avec l'équipe soignante.

Exprimant une forme de lassitude vis à vis de sa pathologie diagnostiquée en 2007, elle

semble encline à tout mettre en œuvre pour en limiter les retentissements sur sa vie

quotidienne. De ce fait, une prise en charge non seulement à visée antalgique ponctuelle mais

combinée à une réadaptation fonctionnelle et une sensibilisation à sa pathologie devrait lui

permettre d'avoir un soulagement de ses douleurs à plus long terme.

V. Projets de la patiente

Avoir un réel et durable soulagement de ses douleurs

Pouvoir envisager une reprise de ses activités de loisirs

Envisager l'évolution de sa pathologie à moyen et long terme plus sereinement et

objectivement

Envisager et préparer la suite de sa vie avec cette pathologie

Page 14: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

11

VI. Objectifs

Les projets de l'équipe soignante sont :

Dans un premier temps, de diminuer l'intensité des douleurs de la patiente.

Dans un second temps, ou de manière simultanée, de retrouver de la mobilité au

niveau cervical.

Ensuite, d'entretenir et de renforcer sa musculature cervicale, et coupler ce travail

musculaire à de la proprioception.

Enfin, d'avoir une action thérapeutique permettant de prévenir la réapparition de ses

douleurs par de l'auto-rééducation et des notions d'ergonomie.

VII. Principes

Respecter la douleur

Respecter la fatigabilité

Assurer la prophylaxie

Rester attentif du fait du terrain vasculaire à risque.

VIII. Stratégie Thérapeutique

Ce tableau clinique semble le produit de l’interaction de 4 éléments qui s’auto-entretiennent

et s’aggravent mutuellement:

la douleur elle-même

la perturbation des schémas moteurs

la perturbation des qualités musculaires

la kinésiophobie

La stratégie thérapeutique a évolué selon 3 axes : libérer, maintenir, entretenir.

D’abord, la stratégie thérapeutique est donc essentiellement curative dans le but de lutter

contre la douleur, source de nombreuses limitations et difficultés fonctionnelles.

Ensuite, les actions thérapeutiques décrites ci-après cherchent à rétablir la mobilité, la qualité

musculaire et proprioceptive du rachis cervical pour permettre la réadaptation fonctionnelle.

Enfin, une action préventive et informative est entreprise pour chercher à sensibiliser la

patiente, notamment sur les règles d'hygiène cervicale.

Page 15: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

12

VIII.1 Objectif : Diminuer l'intensité des douleurs

En complément du traitement médical prescrit par le médecin, le kinésithérapeute peut

proposer plusieurs moyens permettant de contribuer à l'antalgie.

Il est entendu que le kinésithérapeute doit se tenir informé de ce traitement médicamenteux

dans un souci de compréhension et d'adaptation par rapport à d’éventuels effets secondaires

ou contre-indications de celui-ci.

Massothérapie :

Une part importante du traitement de première intention est donnée aux manœuvres de

massothérapie car plusieurs études évaluant les effets du massage sur la douleur, ont pu

différencier deux types d’actions particulièrement intéressantes dans ce type de prise en

charge :

Une action à court terme. Plusieurs études réalisées sur des patients présentant des

douleurs chroniques, montrent un effet bénéfique sur la diminution des douleurs

immédiatement après les séances [12].

Une action à long terme. Selon la méta-analyse réalisée par Moyer, Rounds et

Hannum, plusieurs sessions de massage auraient un effet positif significatif sur

l’évolution de la douleur plusieurs jours voire plusieurs semaines après la fin des

sessions ainsi qu’une importante diminution de leur état général d’anxiété et de

dépression [13].

Plus récemment, une étude de Brosseau, Wells, Tugwell et al. sur les effets du massage dans

les douleurs cervicales [14] appuie les propos développés ci-dessus en émettant une réserve

sur l'action à long terme du massage.

Ce moyen antalgique prend donc la forme dans un premier temps d'effleurages à vitesse lente

pour une prise de contact entre le patient et son thérapeute ainsi qu'une prise de contact entre

le thérapeute et la zone algique.

Par ailleurs, les manœuvres de massage utilisées suivent et complètent l’examen palpatoire.

Page 16: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

13

La patiente est installée en procubitus sur une table de

massage avec une ouverture pour la tête, bras le long

du corps pour favoriser la détente générale. La

position assise sur une chaise avec un support pour la

tête et les bras est utilisée dans un second temps car

elle permet quant à elle un meilleur abord. (fig. 1)

Figure 1 : Manœuvre de palper rouler

Sont entrepris sur les points douloureux et les zones contracturées :

-Des massages à visée décontracturante sous forme de pétrissage et des pressions glissées

profondes qui recherchent un effet antalgique et myorelaxant.

-Des pressions pulpaires, vibrations, frictions afin d’obtenir un effet antalgique et

défibrosant.

-Des palper rouler de manière à redonner une souplesse tissulaire dans les zones

douloureuses hypo-mobiles. (fig. 1)

Tractions cervicales :

Sont réalisées des tractions mécaniques instrumentales par l'intermédiaire d'un collier de

Sayre et d'un système Filin-Poids-Poulie, la patiente étant installée sur le lit en décubitus

dorsal. (fig. 2 ci-dessous)

Ces tractions sont entreprises une fois par

jour, chaque jour de la prise de charge,

pendant 45 minutes à 1 heure environ pour

obtenir une véritable décharge des

articulations uncovertébrales et l'ouverture

des foramens. [5]

Le poids imposé dans le système de

traction en début de prise en charge est de

9 kilogrammes et atteint 12 kilogrammes

maximum en fin de prise en charge car au-

delà d’un certain poids l'effet antalgique et sédatif par décompression articulaire est annihilé.

Page 17: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

14

L'utilisation de tractions cervicales dans la prise en charge des cervicalgies a longtemps été

discutée faute de preuves significatives de leur efficacité [15]. Cependant les choses ont

évolué et les dernières recommandations de l'American Physical Therapy Association

(APTA) [16] indiquent que l’intégration de tractions cervicales intermittentes doit être

envisagée chez les patients ayant une cervicalgie ou ayant des radiculalgies. Cette

recommandation de l’APTA diffère de la recommandation de la Haute Autorité de Santé

(HAS) [17] qui n’avait pas véritablement retenu l’intérêt des tractions dans la prise en charge

des cervicalgies étant précisé que ces recommandations excluaient les radiculalgies, qui

selon la HAS justifiaient d'une prise en charge complémentaire particulière.

Utilisation de la technique Mckenzie :

Les mouvements spécifiques répétés visant à centraliser la douleur par un recentrage du

noyau discal ont fait l'objet d'articles et d’études montrant que le soulagement du stress sur

la partie discale qui cause la douleur ou sur la racine nerveuse, entraîne la centralisation ou

l’abolition de cette douleur. [18]

Cependant, contrairement aux lombalgies pour lesquelles ces techniques bénéficient de

recommandations d’usage, dans le cadre des cervicalgies avec radiculalgies, leur intérêt n’a

pas pu être démontré [19]. C'est pourquoi, cette technique dite de Mckenzie a volontairement

été mise de côté dans cette prise en charge thérapeutique.

VIII.2 Objectif : retrouver de la mobilité

Après avoir abordé le volet antalgique par les techniques décrites ci-dessus, s'intéresser à la

mobilité de la région cervicale et à celle des membres supérieurs s’inscrit dans la continuité

du traitement.

En effet lors des bilans, que ce soient les mouvements de la tête ou ceux des membres

supérieurs, il n'a pas été retrouvé de limitations franches lorsque ceux-ci sont réalisés par le

thérapeute. En revanche, la patiente exprime un sentiment de mobilité monobloc au niveau

cervical et fait part d'une forte appréhension quant aux mouvements de rotations inclinaisons

de tête et plus généralement tous les mouvements dans des amplitudes importantes ou

demandant une vitesse d'exécution rapide.

Or cette gêne et cette appréhension dans les mouvements de la tête par rapport au corps

doivent pouvoir être atténuées par la prise en charge du thérapeute pour lequel deux axes de

travail se dégagent :

Page 18: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

15

Étirements de la musculature du cou, et des muscles pouvant entraîner des attitudes

vicieuses ou des limitations d'amplitude.

Mobilités passives et actives pour permettre par le passif puis par l'actif à la patiente

de prendre conscience puis de réaliser les mouvements qui lui semblaient, parfois à

juste titre, douloureux. Cela dans des amplitudes qui vont permettre de restaurer une

mobilité fonctionnelle de la région cervicale et de manière exponentielle des

membres supérieurs.

Il semble intéressant [19, 20] de réaliser des étirements de la musculature scapulo-

thoracique, scapulo-cervicale ainsi que des muscles pouvant pérenniser des postures

délétères ou entraîner des limitations d'amplitude.

Ces exercices d’assouplissement sont orientés dans le cas présent sur les muscles :

- Scalènes (Antérieur, Médian et Postérieur) - Petit Pectoral

- Grand Pectoral - Élévateur de la Scapula

- Trapèze Supérieur - Sterno Cleido Occipito Mastoidien (SCOM)

Ensuite, la recherche de mobilité par le passif puis l’actif est abordée et prise en charge de

manière différente selon la phase de la douleur et l’avancement de la rééducation.

En effet, au début de la prise en charge, les mobilisations sont essentiellement passives, le

thérapeute étant très à l'écoute de la répercussion des mobilisations sur la douleur exprimée

par la patiente pour ne pas entraîner un phénomène de crispation néfaste.

Des mobilisations douces, passives, lentes, décompressives, régulières en décubitus dorsal,

les mains du thérapeute englobant l'occiput sont donc réalisées.

Puis en décubitus latéral droit, la tête reposant sur un coussin, le thérapeute réalise des

mouvements de mobilisations passives globales de l'épaule gauche et de la région scapulaire

pour entretenir la mobilité du membre supérieur gauche éventuellement altérée par la

position antalgique, coude au corps, adoptée par la patiente lors des phases de poussées

douloureuses.

Enfin, les exercices en actif aidé et en actif permettront à la patiente de retrouver un schéma

moteur adapté et permettront la restauration d’une mobilité fonctionnelle.

Page 19: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

16

VIII.3 Objectif: entretenir et renforcer la musculature cervicale

Une fois l'objectif antalgique réalisé et la mobilité cervicale réhabilitée ou en cours de

réhabilitation, il apparaît pertinent dans le cas de Madame P. mais également plus

généralement dans les cas de douleur chronique de s'intéresser à la partie musculaire. Des

recommandations de l'APTA appuient cette vision de la prise en charge [15, 16]. En effet,

l'exploitation du bilan morpho-statique montre un schéma d'enroulement des épaules et une

antéposition de la tête assez souvent retrouvée chez les cervicalgiques [21] et qui peut

amener l'idée d'un déséquilibre entre la musculature antérieure et la musculature postérieure

L'action thérapeutique consiste donc, par des exercices de renforcement des muscles

postérieurs et des chaînes postérieures du rachis, à rétablir l'équilibre agoniste/antagoniste

pour permettre à la musculature cervicale de remplir ses trois rôles principaux : [5]

Capacité à soutenir une activité statique prolongée en puissance et endurance

pour assurer le support et la stabilité de la tête

Ajustement du tonus de posture

Adaptation dynamique multidirectionnelle

Il est entendu que ce travail musculaire est réalisé essentiellement lors des phases latentes

de douleurs du fait des sollicitations importantes qu'il impose au rachis cervical et à la

patiente plus globalement. Les auteurs [22] préconisent un renforcement musculaire avec

l’hypothèse que le recrutement et l’entraînement en endurance engendreraient un meilleur

équilibre cervical, et augmenteraient à la fois la stabilité et la proprioception de la tête et du

cou. Le programme mis en place dans le cas de cette patiente intéresse principalement les

muscles spinaux superficiels et spinaux profonds ainsi que les fixateurs de la scapula.

D’abord, le travail des spinaux profonds est

entrepris précocement par un apprentissage de

l’Etirement Axial Actif (EAA). (Fig. 3)

En progression, le renforcement des muscles

spinaux superficiels et spinaux profonds qui

sont extenseurs du rachis participent

activement au maintien de la statique

cervicale.

Figure 3 : Apprentissage de l’EAA

Page 20: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

17

Puis, sont utilisées des sollicitations musculaires à distance des cervicales : patiente en

décubitus dorsal, une résistance importante est opposée à l'élévation des membres supérieurs

joints, ce qui a pour effet d'entraîner des contractions réflexes des muscles profonds du rachis

cervical. [5]

Ensuite, des sollicitations directes (par résistances manuelles) sont réalisées car les exercices

de poussée axiale active contre résistance favorisent le développement de la poutre

composite péri-vertébrale. [5]

Enfin, le renforcement des muscles rhomboïdes, fixateurs de la scapula, se fait en procubitus

ou debout en demandant à la patiente de resserrer les scapulas, bras en chandelier et avec un

élastique en progression pour augmenter la résistance.

Cette prise en charge avec renforcement cervical, scapulo-thoracique et étirement combiné

semble bénéfique pour le soulagement de la douleur et l'amélioration de la fonction à court

terme et à moyen terme pour la cervicalgie chronique. [20]

VIII.4 Objectif : Améliorer la proprioception

Le but du volet précédent était de rétablir une statique cervicale équilibrée et une posture

non génératrice de douleurs majorées ou surajoutées. En effet par le travail musculaire réalisé

précédemment, le thérapeute donne au patient, ici à Madame P., les moyens physiques en

l'occurrence musculaires de pouvoir corriger, adopter et maintenir une statique et une posture

cervicale physiologiques. La rééducation proprioceptive est recommandée [15, 16, 23] et

nécessite au préalable d'avoir obtenu des conditions analytiques favorables, notamment dans

le domaine de l'amplitude articulaire disponible et de la force musculaire. Le travail du

thérapeute consiste donc à guider et à orienter la patiente dans la posture physiologique puis

de s'assurer que celle-ci est maintenue. Ce travail postural combine et associe donc des

exercices musculaires et proprioceptifs pour permettre au rachis cervical de développer des

réponses musculaires adaptées.

Différents exercices sont proposés à la patiente associant la volonté de maintien en position

corrigée du rachis cervical avec des déstabilisations extérieures (thérapeute, ballon KVB,

élastique) et des auto-déstabilisations.

Page 21: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

18

VIII.5 Objectif : Développer l’auto-rééducation, l’ergonomie et les conseils

D'après les questionnaires (Dallas / NDI / INDIC) (Annexe IV ; VIII ; IX ) les souffrances

répétées ont un impact et un retentissement fonctionnels très importants dans la vie de cette

patiente.

De ce fait, la rééducation dans des composantes antalgiques, articulaires, musculaires,

proprioceptives aura du sens et une action à plus long terme si elle est complétée par une

action thérapeutique du kinésithérapeute à visée de conseils, d'exercices d'auto-rééducation,

d'une connaissance de la pathologie et des mouvements algiques, ainsi que par la mise en

application de ces recommandations dans les activités de la patiente.

Toutes les recommandations [16, 17, 24, 25, 26] s’accordent d'ailleurs sur l’importance du

rôle d’éducateur et de conseil du kinésithérapeute.

Dans le cas de cette patiente, retraitée, ne pratiquant pas d'activités sportives intenses, lui

demander d'avoir une économie articulaire cervicale par l'arrêt de tel sport ou telle activité

professionnelle sur-sollicitant ne trouverai pas forcement d'écho. En revanche, elle aspire

selon ses objectifs à retrouver la possibilité d'entreprendre des activités de couture et de

lecture qui ne présentent pas au premier abord de risques pour son intégrité cervicale mais

cela à l'unique condition qu'elles soient réalisées dans une bonne position cervicale voire

plus globalement corporelle.

– la distance de confort de l’œil varie entre 30 et 50 cm ;

– l’œil se déplace de 10 à 15° maximum dans le plan horizontal puis la tête poursuit le

mouvement par une rotation. [23]

Il lui est donc proposé d'adapter ce qu'on peut qualifier de « poste de travail » pour la couture

voire la lecture en installant les plans de lecture dans le plan horizontal à un maximum de 50

cm de l’œil et à 15° à droite ou à gauche de l’axe de la tête tout en tenant compte de la norme

AFNOR X 35-101 [27] qui propose une zone de lecture optimale jusqu’à 30° en dessous de

l’horizontale de l’œil avec des plans de lecture inclinés.

Enfin, il faut l’amener à prendre conscience et bien différencier les périodes de poussées

douloureuses et les périodes latentes de la pathologie, de manière à éviter le maintien

prolongé d'immobilisations ou l'utilisation du rachis cervical à minima qui entraînent un

déconditionnement musculaire et un ancrage des appréhensions dans les mouvements de la

tête, induisant d'importants retentissements fonctionnels qui auto-entretiennent les douleurs.

Page 22: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

19

IX. Bilan de Sortie : Vendredi 12/04/2013

Certains éléments du bilan final sont intéressants à mettre en avant du fait de leur évolution

par rapport au bilan initial :

L'évaluation de la douleur :

Globalement diminuée mais toujours présente avec une EVA à 1/10

Trajet : à gauche, Cou-Epaule-Bras-Avant Bras-jusqu'au Pouce

Type : "nerf que l'on tire" selon les dires de la patiente

La douleur dans la région du bord médial de la scapula gauche, exprimée en début de prise

en charge, n'est plus présente lors de ce bilan de sortie.

Bilan Musculaire Qualitatif :

Nette diminution de la zone contracturée décrite et observée à l'entrée.

Les muscles fixateurs médiaux de la scapula et ceux de la région cervicale n'ont plus la même

tonicité qualifiée d'importante en début de prise en charge.

Bilan Articulaire Qualitatif :

Il est observé une meilleure souplesse cervicale et des mouvements de la tête plus fluides,

moins réalisés par à-coups.

La patiente exprime:

Une sensation de décontraction des muscles de la région scapulaire et cervicale après

les séances de kinésithérapie.

Une mobilité cervicale, à défaut d'être sensiblement améliorée, plus fluide et moins

source d'appréhension par rapport aux douleurs.

Une nette amélioration de la connaissance des mouvements potentiellement algiques

et des moyens pour les limiter.

Une meilleure connaissance des tenants et des aboutissants de sa pathologie

La découverte des notions d'ergonomie et d'éducation posturale qualifiées par la

patiente d'outils indispensables pour le « vivre avec ».

Une satisfaction quant à la prise en charge car elle considère qu'elle a désormais plus

de cartes en mains pour pouvoir appréhender sa pathologie.

Page 23: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

20

X. Discussion

X.1 Introduction

Dans le cadre de mon stage en service de rhumatologie, j'ai eu l'occasion d'être confronté à

de nombreuses pathologies et de mettre en place des prises en charges thérapeutiques

diversifiées. Cependant, une variable de ces prises en charges revenait et s'imposait à moi de

manière systématique : la durée relativement courte de mise en place et d'application des

stratégies thérapeutiques en réponse aux pathologies données.

Cette patiente est donc entrée dans le service de rhumatologie en hospitalisation de semaine

pour une Névralgie Cervico-Brachiale chronique diagnostiquée depuis plus de cinq ans

avec une prescription de tractions cervicales et de séances de masso-kinésithérapie au sens

large, sans indications particulières.

Dans ce contexte, cette prise en charge a été abordée différemment par rapport aux

différentes pathologies auxquelles j'avais été confrontée précédemment car j'ai pris

connaissance dès le début et avant même la première rencontre avec la patiente du temps

d'hospitalisation (5 jours). Cela m'a permis de penser, planifier et mettre en place des séances

en toute connaissance de cause concernant la durée de prise en charge et également en

fonction de la prescription du médecin responsable de cette patiente.

A l'issue des bilans ainsi qu'à l'issue de la rééducation, des réflexions me sont rapidement

apparues et amènent à être développées par des travaux de recherche et de discussion sur :

La part des douleurs propres à la pathologie et la part des douleurs indirectement

dues à la pathologie ainsi que leurs retentissements.

Les notions d'auto-rééducation, d'hygiène cervicale et plus globalement toutes les

notions d'apprentissage et d'informations, qui ont été abordées en fin de traitement et

qui semblent avoir eu un effet bénéfique.

Mes recherches utilisant les mots clés douleur + chronicité m'ont rapidement orienté vers

l'éducation thérapeutique qui semble trouver un véritable écho chez les praticiens comme

chez les patients.

Cependant, inclure dans la prise en charge l'éducation thérapeutique ne se substitue pas

ou ne se fait pas au détriment des actions symptomatiques, bien au contraire.

Page 24: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

21

En effet, en 2007, le « plan pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes

de maladies chroniques » met en évidence que la prise en charge de la douleur est la

première des attentes des associations de patients ayant une pathologie chronique. [28]

De ce fait, le praticien ne peut entreprendre une action d'éducation thérapeutique avec une

participation totale et volontaire du patient si celui-ci n'a pas été mis en confiance et soulagé

par les actions antalgiques entreprises au préalable par l'équipe soignante dont il fait partie.

Ce constat se rapproche de la stratégie thérapeutique en trois temps développés ci-dessus.

En effet, dans le « libérer, maintenir, entretenir » l'ordre de mise en œuvre est important.

Le maintien puis l'entretien des capacités du patient ne sont envisageables que sur une

structure voire même un individu « libéré » et dans le cas présent « libéré » d'une partie de

ses douleurs.

Dans cet état esprit de recherche d'antalgie indispensable à la mise en œuvre d'un programme

d'éducation thérapeutique, je me suis intéressé à ce qui peut être appelé « le cercle vicieux

de la douleur ».

Dans une pathologie chronique qui dure depuis plus de cinq ans, il ne parait pas absurde de

penser que celle-ci est source de modifications structurelles, anatomiques, fonctionnelles et

psychiques.

Or ces modifications et leurs impacts semblent faire entrer le patient dans une sorte de cercle

vicieux avec comme point de convergence la douleur.

Dans ce contexte, la question est de savoir dans ce cercle vicieux, dans quelles proportions

s'expriment les douleurs dues directement à la pathologie et celles qui sont apparues

indirectement par le biais de cette pathologie et qui s'auto-entretiennent voire même

s'aggravent mutuellement.

C'est pourquoi, en reprenant l'idée qu'une éducation thérapeutique de qualité ne peut être

entreprise sans une action antalgique au préalable, il semble indispensable dans un premier

temps de chercher à identifier les mécanismes de ce cercle vicieux de la douleur. C'est ce

qui fera l'objet de la première partie de la discussion. Ensuite, la notion d'éducation

thérapeutique sera abordée en s’interrogeant sur ses différentes composantes et enfin les

moyens par lesquels elle peut avoir un impact sur le « vivre avec ».

Page 25: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

22

X.2 Cercle vicieux de la douleur

Les Névralgies Cervico-Brachiales sont des syndromes cliniques associant une douleur

cervicale et une douleur radiculaire du membre supérieur.

Avant d'aborder les différentes composantes de ce « cercle vicieux de la douleur » un rappel

des différentes définitions des termes employés ci-après est important.

La douleur est définie par l'International Association for the Study of Pain (IASP) comme

une « expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante

ou potentielle, ou décrite en termes évoquant une telle lésion »

La définition de la douleur chronique est variable selon les auteurs.

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) propose : « la douleur qui dure longtemps ou

qui est permanente ou récurrente est appelée chronique quand elle dure plus de 6 mois »

L’American Society of Anesthesiologists (ASA) a donné la définition suivante en 1997 :

« douleur persistante ou épisodique d’une durée ou d’une intensité qui affecte de façon

péjorative le comportement ou le bien-être du patient, attribuable à toute cause non maligne

». [29]

Définition modifiée plus récemment en 2010 : « la douleur chronique est définie comme la

douleur de toute étiologie non liée à une cause maligne, associée à un traitement médical

chronique ou prolongeant dans la durée celui-ci au-delà de la frontière temporelle attendue

de guérison normale d'une blessure tissulaire et affectant péjorativement le comportement

ou le bien-être de l'individu. » [30]

Le groupe de travail de la recommandation de l’Agence Nationale d’Accréditation En

Santé (ANAES aujourd’hui HAS) proposait en 1999 une définition qui combine celle de

l’IASP , celle de l’OMS et celle de l’ASA, : « Une douleur chronique est une expérience

sensorielle et émotionnelle désagréable, liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle,

ou décrite en termes évoquant une telle lésion, évoluant depuis plus de 3 à 6 mois et/ou

susceptible d’affecter de façon péjorative le comportement ou le bien-être du patient,

attribuable à toute cause non maligne. » [31]

Cela permet de prendre conscience que la notion de douleur chronique, qui selon l'OMS est

fondée sur une durée d’évolution, comprend en réalité d’autres dimensions. La douleur

chronique est un syndrome multidimensionnel d'où l'idée de la qualifier de syndrome

douloureux chronique.

Page 26: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

23

Le Chronic non-malignant Pain Syndrome (CPS) ou syndrome douloureux chronique

d’origine non maligne a été défini comme : « une douleur persistante qui peut concorder

avec les données physiques et qui est associée avec au moins deux des conditions suivantes:

(a) une détérioration progressive de la capacité fonctionnelle au domicile, sur un plan

social et au travail

(b) une augmentation progressive de la demande et du recours à des médicaments ou à

des procédures médicales invasives

(c) un trouble de l’humeur

(d) de la colère et de l’hostilité significative. » [31]

Ces différentes définitions proposées amènent plus ou moins explicitement l'idée qu'il existe

un cercle vicieux de la douleur. En effet, la douleur est habituellement un signal d’alarme

physiologique, un signe d’une pathologie sous-jacente entrainant une douleur aiguë ou de

courte durée. A contrario, lorsque la douleur est chronique ou de longue durée, la considérer

uniquement comme un signe d’alarme devient dénué de sens. Par sa persistance, elle va au-

delà de l’avertissement initial jusqu'à en devenir elle-même une pathologie entrainant des

retentissements nuisibles.

Il est donc important d'essayer de faire un peu plus la lumière sur ces retentissements

provoqués par un syndrome clinique douloureux chronique.

Premièrement, Péninou et Tixa exposent le fait qu'il existe une boucle physiopathologique

qui indirectement appuie l’idée de ce cercle vicieux :

« L’immobilité d’une région entraîne une diminution de la microcirculation, qui diminue la

trophicité, laquelle augmente la viscosité ; ce qui aboutit à une augmentation des frottements.

Ces frottements sont à l’origine de réaction de défenses, de spasmes, de contractures voire

de douleurs. Cette cascade d’événements entraîne dans la durée des changements dans la

trame des tissus ; ce qui va augmenter leur rigidité et entrainer une immobilité plus ou moins

grande de la région concernée. » [32]

La douleur par le biais du maintien prolongé de positions dites antalgiques entraine une

immobilité source de tension musculaire excessive limitant de ce fait la mobilité musculaire

et entraînant à plus long terme une raideur articulaire et des limitations d’amplitudes. De

plus, l’inactivité musculaire affecte les fibres musculaires rapides et lentes engendrant ainsi

des modifications d’ordre morphologique et contractile [33].

Page 27: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

24

Une position antalgique prolongée dans les douleurs chroniques et persistantes aura donc

des répercutions multiples sur le corps par des troubles de la statique, une perte de force, une

perte d’endurance et un enraidissement musculaire cervical particulièrement délétère pour

le bon fonctionnement de l’organisme.

Point de vue partagée par Bernard Duquesnoy et Jean-François Catanzariti [34] qui

rapportent qu'une contracture musculaire cervicale même banale peut induire un déficit

proprioceptif cervical secondaire au dysfonctionnement des fuseaux neuromusculaires.

Ensuite, c'est Bernard Bricot qui s'intéresse et résume la liaison pouvant exister entre la

douleur et la posture par deux schémas: [35]

Ces schémas qui apparaissent simplistes, informent néanmoins du rapport entre la douleur,

les troubles statiques et le déséquilibre postural. Les contraintes mécaniques s'exerçant à

plusieurs niveaux vont entraîner à plus ou moins long terme l'apparition de raideurs, de

contractures et de douleurs. Sachant qu'une douleur peut engendrer des désordres

articulaires, musculaires et fonctionnels, le patient rentre dans un véritable cercle vicieux.

Enfin, une étude de J. Vaillant et coll. [36] abonde dans ce sens en émettant l’hypothèse

que la douleur peut induire une diminution des performances kinesthésiques même en

l’absence de toute lésion anatomique ou dysfonctionnement mécanique.

Ces différentes observations montrent que la douleur a un véritable impact sur la qualité

musculaire et de manière exponentielle cette modification impactera également la fluidité

articulaire et la statique de l'individu qui verra donc ses capacités fonctionnelles diminuées.

POSTURE

NORMALE

=

ABSENCE DE

CONTRAINTE,

RAPPORTS

HARMONIEUX

=

PAS DE

DOULEURS

TROUBLES

STATIQUES

=

CONTRAINTES

=

PATHOLOGIES

=

DÉSÉQUILIBRE

POSTURAL

Page 28: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

25

Des capacités fonctionnelles limitées entraînent une diminution de la mobilité et ont un

retentissement psychologique négatif certain sur l'individu. Or, comme vu précédemment,

ces retentissements péjoratifs sont source de douleurs. Cela confirme bien l'existence de

douleurs qui s'auto-entretiennent voire s'aggravent dans un mécanisme de cercle vicieux.

Le cercle vicieux comprend donc une douleur chronique comme pierre angulaire et celle-ci

est entretenue voire aggravée par des douleurs aiguës qui sont à la fois le résultat des

dysfonctions engendrées par les retentissements multiples de cette douleur qui perdure, et

également sources de nouvelles perturbations.

Ce constat étant établi, la volonté de casser ce cercle vicieux douloureux prend un véritable

sens et prendra la forme d’actions sur les douleurs indirectement liées à la pathologie initiale

qui s'auto-entretiennent. Cela paraît être une stratégie thérapeutique indispensable au « vivre

avec » préalablement à la sensibilisation aux capacités ou compétences d’auto-soins et

d'adaptations qui seront développées dans l'éducation thérapeutique.

X.3 Éducation Thérapeutique du Patient (ETP)

Tout d'abord avant de développer cette notion, il semble judicieux d'en connaître le sens et

d'en cerner les contours. Ce document [37] expose le contexte politique et juridique de l'ETP

en proposant une sélection des principaux textes importants depuis trente ans. Depuis la

« Charte européenne du malade usager de l’hôpital » (Luxembourg – 1979) jusqu’à la

« Stratégie nationale de santé » (Paris – 2013) en passant par la « Déclaration de Jakarta sur

la Promotion de la Santé au 21ème siècle » (Jakarta – 1997), il est intéressant à travers ce

document de prendre conscience de l'évolution favorable des textes de lois et

d'encadrement de l'éducation thérapeutique en France et dans le Monde.

Ensuite, la définition retenue de l’ETP est celle du rapport de l’OMS-Europe (publiée en

1996 et traduit en français en 1998) :

« Elle vise à aider les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin

pour gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique. Elle fait partie intégrante et de

façon permanente de la prise en charge du patient. Elle comprend des activités organisées, y

compris un soutien psychosocial, conçues pour rendre les patients conscients et informés de

leur maladie, des soins, de l’organisation et des procédures hospitalières, et des

comportements liés à la santé et à la maladie. Ceci a pour but de les aider (ainsi que leurs

familles) à comprendre leur maladie et leur traitement, collaborer ensemble et assumer leurs

Page 29: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

26

responsabilités dans leur propre prise en charge, dans le but de les aider à maintenir et

améliorer leur qualité de vie. » [38]

La définition commune standardisée, utilisée en santé publique au sein de l’Union

Européenne, publiée en 2004 [39], s’appuie sur le rapport de l’OMS-Europe.

« Un processus continu d'apprentissage, intégré à la démarche de soins. L'éducation du

patient est centrée sur le patient et comprend des activités organisées de sensibilisation,

d'information, d'apprentissage et d'aide psychologique et sociale, concernant la maladie, les

traitements prescrits, les soins à l'hôpital ou dans d'autres lieux de soins, et des informations

sur l'organisation des soins et sur les comportements liés à la santé et à la maladie.

L'éducation du patient est destinée à aider les patients et leur famille à comprendre leur

maladie et leur traitement, à collaborer avec les soignants, à vivre sainement et à maintenir

ou améliorer leur qualité de vie. » [39]

On observe que la définition de l’OMS-Europe de 1996 centre la réalisation de l’ETP sur

les établissements hospitaliers, alors que celle de 2004 informe qu'une ETP structurée peut

être mise en place dans tous les secteurs et lieux de soins.

De plus, selon la HAS les axes et finalités de l'ETP sont l'acquisition de compétences

d'auto-soins et de compétences d'adaptation à cette maladie chronique. Nous allons

également en définir les contours.

Compétences d'auto-soins : (Annexe X)

La HAS reprend les publications de l'OMS [40] et définit les compétences d’auto-soins

comme des « décisions que le patient prend avec l’intention de modifier l’effet de la maladie

sur sa santé. » [41]

Compétences d'adaptation : (Annexe XI)

Selon la HAS qui s'appuie sur le travail de l'OMS en 2003 [42], les compétences

d’adaptation sont « des compétences personnelles et interpersonnelles, cognitives et

physiques qui permettent aux personnes de maîtriser et de diriger leur existence, et

d’acquérir la capacité à vivre dans leur environnement et à modifier celui-ci. Elles font partie

d’un ensemble plus large de compétences psychosociales et reposent sur le développement

de l’autodétermination et de la capacité d’agir du patient. Elles permettent de soutenir

l’acquisition des compétences d’auto-soins. » [41]

Page 30: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

27

Ces bases étant posées, la démarche éducative accordant une place prépondérante au patient

en tant qu’acteur de sa santé parait claire.

Cependant, donner ce rôle au patient d'acteur de sa santé ne signifie pas que le patient seul,

construit et élabore sa thérapeutique, mais bien que le cœur de l’information se trouve dans

la relation et le dialogue entre le patient et le professionnel de santé.

En effet, les différentes définitions parlent d'acquisition des compétences d'auto-soins et

d'adaptation comme finalités de l'éducation thérapeutique. Ces deux termes mettent bien

en évidence que ces compétences, qui permettent au patient de prendre une part active dans

le traitement de sa maladie chronique, sont acquises par un transfert des connaissances entre

patient et soignants, et non innées.

Ce caractère acquis et non inné des compétences via l'éducation thérapeutique prend d'autant

plus de sens dans notre société où les supports et moyens d'informations sont abondants, ce

qui représente une difficulté pour les personnes à sélectionner l’information pertinente dont

ils ont besoin.

De plus, nous sommes à une époque où la part des coûts des soins de santé dans les budgets

nationaux se révèle l'objet de réflexions et de régulations. Dans ce contexte l'ETP peut

représenter une alternative crédible et concrète aux hospitalisations répétées.

À la problématique de réduction de la durée de séjour qui est liée à l’augmentation du nombre

d'hospitalisations de jour, les professionnels de santé des centres hospitaliers sont obligés de

répondre par une augmentation de la quantité d’informations donnée mais dans un laps de

temps plus court. Ce constat apporte du crédit à la définition de l'ETP de 2004 (39) qui ne

restreint pas la mise en place de l'ETP au milieu hospitalier comme celle de 1996 (38), mais

l'étend aux différentes structures de soins.

En abondant dans ce sens, il est important de parler de l'intégration de l’éducation

thérapeutique à la stratégie thérapeutique.

En effet, comme vu précédemment, l'éducation thérapeutique ne doit pas se substituer à la

stratégie thérapeutique mais bien la compléter et la renforcer.

La HAS renforce ce constat en indiquant que les recommandations internationales et

nationales dans le champ de la maladie chronique soulignent l’importance d’intégrer l’ETP

à la stratégie thérapeutique. [41]

Elle ajoute que « l'ETP peut être considérée comme intégrée à la prise en charge

thérapeutique si elle est réellement complémentaire et indissociable des traitements et des

soins, du soulagement des symptômes (en particulier de la douleur), de la prévention des

complications, et si elle tient compte des besoins spécifiques, des comorbidités, des

Page 31: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

28

vulnérabilités psychologiques et sociales et des priorités définies avec le patient. »

Michel Gedda va plus loin car selon lui, il n'y a pas de kinésithérapie sans éducation

thérapeutique. [43]

En effet il affirme que « faire évoluer le patient, c’est déjà le sortir des dichotomies « pas

malade/malade » « avant/après » ou « comme avant/échec » pour l’amener à percevoir toutes

les nuances de possibilités fonctionnelles que son état permet. Le rééducateur, à défaut d’être

le réparateur, devient le témoin d’une vie possible à inventer, avec ses équivalences, ses

compensations, ses aménagements, ses astuces. »

De plus, comme développé précédemment, la douleur chronique est multifactorielle et ses

différents facteurs et composantes doivent être pris en compte dans la construction d'un

programme d'éducation thérapeutique comme cela est explicitement indiqué dans les

définitions ci-dessus. Néanmoins, du fait de leur présence itérative dans ces définitions,

l'attention se porte tout particulièrement sur les facteurs psychologiques et comportementaux

qui semblent jouer un rôle important dans le processus de chronicisation de la douleur.

M. Morel-Fatio et E.De Marqué s'appuient sur les nombreuses références du groupe

Cochrane, pour apporter des précisions sur le lien entre facteurs psycho-comportementaux

et niveau d’incapacité chez le patient douloureux. [44]

Ces observations et recherches emmènent naturellement vers le Fear Avoidance Beliefs

Questionnaire (FABQ) (Annexe XII) qui permet des mesures spécifiques des peurs

relatives à la douleur et reliées aux niveaux d’incapacité du patient.

En effet, ce sont Waddell et coll. qui ont introduit ce questionnaire en 1993 [45] en

s'intéressant également au rôle des « Fear Avoidance Beliefs & Behaviors » dans la

lombalgie chronique. Par « Fear Avoidance Beliefs & Behaviors » il est entendu les

« croyances et comportements traduisant une peur, un évitement » de la douleur.

Ces notions et cette échelle ont été approuvées par une grande partie de la communauté

scientifique et des études [46 - 49] sont venues appuyer, agrémenter, voire parfois nuancer

les valeurs de pronostic de l'échelle et les incidences de ces Croyances et Comportements

d'Évitement de la Douleur (CCED) sur l'évolution de la pathologie.

De plus, cette échelle a fait l'objet d'une traduction en français qui a été validée par une étude

[50] ce qui permet d'en cerner un peu plus facilement les contours pour un public

francophone. (Annexe XIII)

Tous s'accordent sur le fait que ces CCED ont un effet délétère sur les capacités

fonctionnelles du patient et entretiennent la chronicité de la pathologie initiale.

Page 32: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

29

De nombreux arguments permettent donc de penser que les facteurs psycho-

comportementaux objectivables par le FABQ entraînant ces CCED sont responsables d’une

cascade d’événements psychologiques et physiques qui s’associent pour entretenir voire

aggraver les événements douloureux.

Ce phénomène de dégradation des événements douloureux qui s'auto-entretiennent n'est pas

une découverte dans le cheminement de ce travail écrit et trouve un véritable écho dans la

première partie des réflexions développées ci-dessus concernant le cercle vicieux de la

douleur.

Les deux parties de la discussion semblent pouvoir se compléter et apporter des pistes

intéressantes de réponses aux interrogations exprimées précédemment.

En effet, il était recherché les moyens par lesquels l'éducation thérapeutique pouvait jouer

un rôle dans la facilitation du « vivre avec ».

Les recherches et les constatations effectuées semblent amener l'idée que l'éducation

thérapeutique va venir appuyer, renforcer, consolider la volonté de casser le cercle

vicieux de la douleur et surtout ajouter aux prises en charge thérapeutiques visant un

soulagement des événements physiques une prise en charge pluridisciplinaire et

multifactorielle.

De ce fait, en incluant le patient au centre de la thérapeutique et en lui permettant en

association avec le Masseur-Kinésithérapeute ainsi qu'avec l'équipe pluridisciplinaire de

développer l'expression donnée de ses incapacités fonctionnelles, de ses attentes et de ses

craintes, l'éducation thérapeutique semble apporter une alternative crédible aux

hospitalisations répétées.

Par l'intermédiaire d'échelles d'auto-évaluations, de discussions avec l'équipe thérapeutique,

de mise en situation de la vie courante, patient et soignants vont pouvoir élaborer un

programme d'éducation thérapeutique dont les généralités et les contours sont définis par

les organismes de santé mais dont les particularités et surtout les spécificités appartiennent

et sont définies par le couple soignant-soigné dans la limite et le respect des compétences

de chacun. Dans ce contexte de mise en place, l'éducation thérapeutique semble fournir des

perspectives intéressantes à un patient souffrant de douleurs chroniques avec une volonté

de « vivre avec ».

Page 33: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

30

XI. Conclusion

Le Masseur-Kinésithérapeute a selon le code de déontologie [51] des obligations et des

devoirs vis à vis du patient de manière à obtenir des résultats plus ou moins probants mais

qui doivent au moins être le fruit d'un accord et d'un contrat entre le thérapeute et son

patient.

En effet, la notion de « vivre avec » comme ligne directrice d'une stratégie thérapeutique

peut paraître un aveu de renoncement et d'échec d'un traitement. Cependant, dès lors que

cette notion de « vivre avec » est une volonté souhaitée et exprimée par le patient celle-ci ne

revêt alors plus la forme pour le thérapeute d'un échec de son traitement mais plutôt d'un

objectif à atteindre avec une réflexion sur les conditions de réalisation puis de pérennité de

cet objectif.

Les différentes parties de la discussion semblent apporter des pistes de réponses crédibles et

sérieuses à cette réflexion en introduisant la volonté d'une vision et d'une prise en charge

globale. Vision globale de la pathologie et des douleurs en ne se focalisant pas uniquement

sur la souffrance initiale mais en essayant par l'intermédiaire des informations récupérées

avec, par et au contact du patient, de définir, dans ces douleurs la part due à la pathologie

initiale et la part due aux retentissements secondaires afin d'agir sur cette deuxième catégorie

de douleurs à défaut de pouvoir agir sur les premières.

Vision globale de la prise en charge thérapeutique en intégrant que les notions de « douleur

+ chronicité » associées à une volonté du « vivre avec », impliquent automatiquement une

vision multifactorielle et pluridisciplinaire qui semble trouver un point de convergence dans

un programme d'éducation thérapeutique structuré.

Ici, cette patiente qui souffre depuis sept ans de douleurs oscillant entre 8/10 et 1/10 à l’EVA

ne trouve pas absurde d'envisager comme objectif, voire considère comme une réussite, une

thérapeutique aboutissant au maintien de douleurs entre 1/10 et 3/10 sur du long terme.

Si désormais, en ayant une vision globale du patient, de la pathologie et du traitement,

l'équipe pluridisciplinaire évacue toute impression d'absurdité ou d’échec dans la volonté de

mettre tous les moyens nécessaires en sa possession pour aboutir à un objectif de « vivre

avec » une pathologie chronique mais dans de bonnes conditions psychologiques, physiques

et fonctionnelles, alors la volonté de résultats satisfaisants dans le respect d'un accord et d'un

contrat entre soignants et soigné, partageant la même finalité de prise en charge

thérapeutique, semble respectée. L’élaboration d’un programme d’éducation

thérapeutique peut commencer.

Page 34: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Références

[1] Kouyoumdjian, Bonnel, Dagneaux, Asencio. Examen Clinique du Rachis Cervical :

Conduite Diagnostique et Enquête Etiologique. Kinésithérapie Scientifique. Mai 2011, 521,

pp. 33-47.

[2] B. Kuijper, J. Th. J. Tans, R. J. Schimsheimer, B. F. W. van der Kallen, A. Beelen, F.

Nollet et al. Degenerative cervical radiculopathy : diagnosis and conservative treatment. A

review. European Journal of Neurology. 2009, 16, pp. 15-20.

[3] K.Vincent. Névralgies Cervico-Brachiales : Prise en Charge en Thérapie Manuelle.

Kinésithérapie Scientifique. Février 2005, 452, pp. 13-20.

[4] ANAES. Place de l'imagerie dans le diagnostic de la cervicalgie commune, de la

névralgie cervico-brachiale et de la myélopathie cervicarthrosique chronique.

Recommandations. Feuillets de Radiologie. 2000, Vol. 40, 1, p. 72.

[5] J.-M. Vital, B. Lavignolle, V. Pointillart, O. Gille, M. de Sèze. Cervicalgie commune et

névralgies cervicobrachiales. Encyclopédie Médico-Chirurgicale. 2004, Vol. 15, 831, p. 10.

[6] Daffner S.D., Hilibrand A.S., Hanscom B.S., Brislin B.T., Caccaro A.R.,. Impact of neck

and arm pain on overall health status. Spine. 2003, Vol. 28, 17.

[7] Sidney M. Rubinstein, Jan J. M. Pool, Maurits W. van Tulder, Ingrid I. Riphagen, Henrica

C. W. de Vet. A systematic review of the diagnostic accuracy of provocative tests of the neck

for diagnosing cervical radiculopathy. European Spine Journal. 2007, 16, pp. 307-319.

[8] Tong H.C. et al. The Spurling test and cervical radiculopathy. Spine. 2002, 27, pp. 156-

159.

[9] A. Guierre et C. Masson. Aide à l'examen du système nerveux périphérique. Edition

révisée. Elsevier Masson, 2011.

[10] M. Dufour et M. Pillu. Biomécanique Fonctionnelle. Elsevier Masson, 2006.

Page 35: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

[11] Wlodyka-Demaille S. et al. French translation and validation of 3 functional disability

scales for neck pain. Archives of Physical Medicine and Rehabilitation. Mars 2002, Vol. 83,

3, pp. 376-382.

[12] Association of Massage Therapists (AMT). Classified Massage Therapy Research.

Juillet 2013.

[13] Christopher A. Moyer, James Rounds, et James W. Hannum. A Meta-Analysis of

Massage Therapy Research. Psychological Bulletin. 2004, Vol. 130, 1, pp. 3-18.

[14] L. Brosseau, GA. Wells, P. Tugwell et al. Ottawa panel evidence-based clinical practice

guidelines on therapeutic massage for neck pain. Journal of Bodywork and Movement

Therapies. 2012, 16 pp. 300-325.

[15] J. Albright et al. Philadelphia panel evidence-based clinical practice guidelines on

selected rehabilitation interventions for neck pain. Physical Therapy Journal. 2001, 81, pp.

1701-17.

[16] JD. Childs et al. Neck pain: clinical practice guidelines linked to the international

classification functioning, disability, and health from the Orthopaedic section of the

American physical therapy association. Journal of Orthopaedic & Sports Physical Therapy.

2008, 38, Vol. 9, pp. A1-A34.

[17] ANAES. Masso-kinésithérapie dans les cervicalgies communes et dans le cadre du «

coup du lapin » ou whiplash. Synthèse des recommandations. 2003.

[18] D. Philippeau, X. Dufour et A. Cerioli. Méthode McKenzie et hernie discale, pour une

approche pragmatique. Kinésithérapie Scientifique. 2012, 529, pp. 11-18.

[19] J. Vaillant. Cervicalgies : L'American Therapy Association émet de nouvelles

recommandations de pratiques cliniques. 2ème partie. Kinésithérapie Scientifique. 2009,

497, pp. 58-60.

[20] TM. Kay et al. Exercises for mechanical neck disorders. A Review. The Cochrane

Library. 2012.

Page 36: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

[21] D. Philippeau, X. Dufour, A. Cerioli, G. Barette, F. Barillec. Approche des cervicalgies

d'origine discale. Kinésithérapie Scientifique. 2013, 541, pp. 5-9.

[22] J. Mansell et al. Resistance training and head-neck segment dynamic stabilization in

male and female collegiate soccer players. Journal of Athletic Training. 2005 ; 40 (4) ; pp.

310-319.

[23] JJ. Lempereur. Rééducation dite proprioceptive appliquée au rachis cervical

traumatique. Kinésithérapie Scientifique. 2003, 439, pp. 21-27.

[24] March L, Brooks P, Bogduk N et al. Evidence-based management of acute

musculoskeletal pain : A guide for Clinicians. Australian Academic Press. 2003.

[25] Cameron I, Crotty M, Halbert J et al. Clinical guidelines for best practice management

of acute and chronic whiplash-associated disorders. Clinical Resource Guide. 2008.

[26] Bekkering GE, Hendriks HJM, Lanser K et al. Clinical practice guidelines for physical

therapy in patients with whiplash-associated disorders. Clinical Guidelines. 2003.

[27] Association française de normalisation (AFNOR). Recueil des normes françaises :

ergonomie : comment concevoir et amenager des postes de travail. Paris. 2005.

[28] Plan pour l’amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies

chroniques. [En ligne] Décembre 2014. www.santé.gouv.fr.

[29] P. Wilson et al. Practice guidelines for chronic pain management. A report by the

American Society of Anesthesiologists Task Force on Pain Management, Chronic Pain

Section. Anesthesiology. 1997, 86, pp. 995-1004.

[30] Richard W. Rosenquist et al. Practice Guidelines for Chronic Pain Management : An

Updated Report by the American Society of Anesthesiologists Task Force on Chronic Pain

Management and the American Society of Regional Anesthesia and Pain Medicine.

Anesthesiology. 2010, Vol. 112, 4.

Page 37: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

[31] Groupe de Travail de l'ANAES. Évaluation et suivi de la douleur chronique chez

l’adulte en médecine ambulatoire. 1999.

[32] G. Peninou et S. Tixa. Les tensions musculaires : du diagnostic au traitement. Masson.

2008.

[33] N. Kotzki et A. Dupeyron. Renforcement musculaire et reprogrammation motrice.

Elsevier Masson. 2008.

[34] B. Duquesnoy et J.F. Catanzariti. Vertiges et rachis cervical. Revue du Rhumatisme.

2008, 75, pp. 733–736.

[35] B. Bricot. Posture normale et posture pathologique. Kinésithérapie scientifique. 2004,

440, pp. 5-14.

[36] J. Vaillant et al. Influence de stimulations nociceptives sur le sens de repositionnement

céphalique. Annales de réadaptation et de médecine physique. 2008, 51, pp. 257–262.

[37] V. Szymczak et P. Defief. Contexte politique et juridique de l'éducation du patient.

Centre de Ressources et de Formation à l’Education du Patient (CERFEP) de la Caisse

d’Assurance Retraite et de la Santé au Travail (CARSAT). 2013.

[38] Recommandations de l'OMS-Europe. Therapeutic Patient Education – Continuing

Education Programmes for Health Care Providers in the field of Chronic Disease. 1998.

[39] Glossaire multilangue de santé publique. Banque de Données en Santé Publique. [En

ligne] Janvier 2013. www.bdsp.tm.fr.

[40] World Health Organization, Centre for Health Development. A glossary of terms for

community health care and services for older persons. 2004.

[41] Recommandations de la HAS. Structuration d’un programme d’éducation thérapeutique

dans le champ des maladies chroniques. 2007.

[42] World Health Organization. Skills for health. 2003.

Page 38: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

[43] M. Gedda. Pas de kinésithérapie sans éducation thérapeutique. Ipcem. Décembre 2005.

[44] M. Morel-Fatio et E. De Marqué. Douleur chronique et rééducation. Kinésithérapie

Scientifique. 2004, 447 , pp. 17-24.

[45] G. Waddell et al. A Fear-Avoidance Beliefs Questionnaire (FABQ) and the role of fear-

avoidance beliefs in chronic low back pain and disability. Pain. Février 1993, pp. 157-68.

[46] Julie M. Fritz, Steven Z. George et A. Delitto. The role of fear-avoidance beliefs in acute

low back pain : relationships with current and future disability and work status. Pain. 2001,

94, pp. 7-15.

[47] Julie M. Fritz, Steven Z. George et J.D. Childs. Investigation of Elevated Fear-

Avoidance Beliefs for Patients With Low Back Pain : A Secondary Analysis Involving

Patients Enrolled in Physical Therapy Clinical Trials. Journal Orthopedic of Sports &

Physical Therapy. Février 2008, Vol. 2, 38, pp. 50–58.

[48] J. Rainville et al. Fear-avoidance beliefs and pain avoidance in low back pain :

translating research into clinical practice. The Spine Journal. 2011, 11, pp. 895–903.

[49] M.M. Wertli et al. Fear Avoidance Beliefs : A Moderator of Treatment Efficacy in

Patients with Low Back Pain: A Systematic Review. The Spine Journal. Février 2014.

[50] K. Chaory et al. Validation of the French version of the fear avoidance belief

questionnaire. Spine. Avril 2004, Vol. 8, 29, pp. 908-13.

[51] Ordre des Masseurs-kinésithérapeutes. Code de déontologie de la profession de

masseur-kinésithérapeute. 2ème Edition. 2013.

Page 39: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexes : Sommaire

Annexe I : Topographie des Territoires Radiculaires du Membre Supérieur

Annexe II : Médication de Madame P.

Annexe III : Échelle Visuelle Analogique (EVA)

Annexe IV : Auto-Questionnaire de Dallas

Annexe V : Localisation de la Douleur

Annexe VI : Échelle de Douleur Neuropathique DN4

Annexe VII : Bilan Articulaire Quantitatif

Annexe VIII : Neck Disability Index : Échelle d’Incapacité Cervicale

Annexe IX : Indice de Douleurs et d’Incapacité Cervicales (INDIC) : Neck Pain and

Disability Scale

Annexe X : Compétences d’Auto-soins

Annexe XI : Compétences d’Adaptation

Annexe XII : Fear Avoidance Beliefs Questionnaire (FABQ)

Annexe XIII : Évaluation Individuelle face à la Douleur : FABQ en français

Page 40: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe I : Topographie des Territoires Radiculaire du Membre Supérieur

Page 41: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe II : Médication de Madame P.

*CP pour comprimé

Traitement Indication Posologie

CLOMIPRAMINE CP 25mg La clomipramine (Anafranil)

est un médicament utilisé

comme antidépresseur et anxio-

lytique ainsi que pour des dou-

leurs chroniques.

2 cp au coucher

TRIAPRIDAL CP 100mg Neuroleptique qui appartient à

la famille des benzamides. Il

est utilisé dans le traitement de

troubles psychiques ou de dou-

leurs rebelles

1 cp le soir

SERESTA CP 10mg Anxiolytique. Traitement

symptomatique des manifesta-

tions anxieuses sévères et/ou

invalidantes

2 cp le soir

GABAPENTINE GELULE

300mg Générique de NEURONTIN.

Traitement des douleurs neuro-

pathiques.

300mg le matin

PREVISCAN CP 20mg Ce médicament est un anticoa-

gulant oral qui appartient à la

famille des antivitamines K. Il

est utilisé dans le traitement

préventif et le traitement curatif

des accidents thromboembo-

liques.

1,25 cp le soir

Page 42: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

TAHOR CP 10mg Ce médicament est un hypolipi-

démiant de la famille des sta-

tines. Il permet d'abaisser forte-

ment le taux de cholestérol cir-

culant dans le sang. Il a égale-

ment montré son aptitude à pré-

venir les accidents cardiovascu-

laires chez certaines personnes

à risque.

2 cp le soir

MOVICOL sachet 13mg Ce médicament contient un

laxatif osmotique. Il est utilisé

dans le traitement symptoma-

tique de la constipation chez

l'adulte.

2 sachets le matin

Page 43: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe III : Échelle Visuelle Analogique (EVA)

Page 44: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe IV : Auto-Questionnaire de Dallas

Page 45: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 46: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 47: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 48: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 49: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe V : Localisation de la Douleur

Page 50: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe VI : Échelle de Douleur Neuropathique DN4

Page 51: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe VII : Bilan Articulaire Quantitatif

Réalisé en actif aidé du fait de la forte appréhension de la patiente.

Menton-Sternum

Position initiale : 8cm

Flexion : 6cm

Extension : 11cm

Inclinaison :

Tragus-Acromion

Droite :

11cm

Gauche :

14cm

Rotation :

Menton-Acromion

Droite :

15cm

Gauche :

15cm

Page 52: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe VIII : Neck Disability Index : Échelle d’Incapacité Cervicale

Page 53: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe IX : Indice de Douleurs et d’Incapacité Cervicales (INDIC) : Neck Pain and

Disability Scale

Page 54: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 55: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 56: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe X : Compétences d’Auto-soins

Compétences d'auto-soins :

La HAS reprend les publications de l'OMS (40) et définit les compétences d’auto-soins

comme des « décisions que le patient prend avec l’intention de modifier l’effet de la mala-

die sur sa santé. » (41)

Elles consistent à :

soulager les symptômes, prendre en compte les résultats d’une auto surveillance,

d’une auto mesure ;

adapter des doses de médicaments, initier un auto traitement ;

réaliser des gestes techniques et des soins ;

mettre en œuvre des modifications de mode de vie (équilibre diététique, programme

d’activité physique, etc.) ;

prévenir des complications évitables ;

faire face aux problèmes occasionnés par la maladie.

impliquer son entourage dans la gestion de la maladie, des traitements et des réper-

cussions qui en découlent. (41)

Page 57: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe XI : Compétences d’Adaptation

Compétences d'adaptation :

Selon la HAS (41) qui s'appuie sur le travail de l'OMS en 2003 (42), les compétences

d’adaptation sont « des compétences personnelles et interpersonnelles, cognitives et phy-

siques qui permettent aux personnes de maîtriser et de diriger leur existence, et d’acquérir

la capacité à vivre dans leur environnement et à modifier celui-ci. Elles font parties d’un

ensemble plus large de compétences psychosociales et reposent sur le développement de

l’autodétermination et de la capacité d’agir du patient. Elles permettent de soutenir l’acqui-

sition des compétences d’auto-soins. »

Les compétences d’adaptation sont:

Se connaître soi-même, avoir confiance en soi ;

Savoir gérer ses émotions et maîtriser son stress ;

Développer des compétences en matière de communication et de relations interper-

sonnelles

Prendre des décisions et résoudre un problème ;

Se fixer des buts à atteindre et faire des choix ;

S’observer, s’évaluer et se renforcer. (41)

Page 58: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe XII : Fear Avoidance Beliefs Questionnaire (FABQ)

Page 59: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique
Page 60: Névralgie cervico-brachiale : quand la douleur chronique

Annexe XIII : Évaluation Individuelle face à la Douleur : FABQ en français