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a L’assassinat de Gianni Versace La police soupçonne un tueur en série homosexuel, après l’assasinat du cou- turier italien, tué de deux balles dans la tête, mardi, devant son domicile de Miami. p. 8 et 26 a L’UE s’étend à l’Est La Commission de Bruxelles a annon- cé, mercredi, l’ouverture de négocia- tions, en 1998, avec la Pologne, la Hongrie, la République tchèque, la Slo- vénie, l’Estonie et aussi avec Chypre. p. 4 et notre éditorial p. 12 a La libération d’Abassi Madani La libération, mardi 15 juillet, du chef historique du FIS, Abassi Madani, divise les partis politiques en Algérie. p. 2 a Les projets de LVMH Bernard Arnault, président de LVMH, précise ses propositions pour créer un groupe mondial de vins et spiritueux avec Guinness et GrandMet. p. 13 a Le retour d’un Black Panther Après vingt-sept ans d’emprisonne- ment pour un crime qu’il a toujours nié, Geronimo Pratt, l’ancien « ministre de la défense » des Black Panthers, a été libéré. p. 11 a La crise du Cognac Pour faire face aux excédents d’eau- de-vie, 12 000 hectares de vignobles vont être arrachés ou reconvertis. p. 9 a Flâner à Crozon A la rencontre de la péninsule bre- tonne de légende, entre Brest et Douarnenez. p. 18 a 467 000 bacheliers Le taux de réussite au baccalauréat 1997, toutes séries confondues, est de 77,1 %. p. 6 CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – N o 16319 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI JEUDI 17 JUILLET 1997 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ; Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ; Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce, 400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ; Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS; Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. International ............ 2 France ......................... 5 Société ........................ 6 Carnet ......................... 8 Régions....................... 9 Annonces classées .. 10 Horizons ..................... 11 Entreprises ................ 13 Finances/marchés.... 14 Aujourd’hui ............... 16 Jeux .............................. 19 Météorologie ............ 19 Communication ....... 19 Culture........................ 20 Guide culturel .......... 23 Radio-Télévision...... 24 Incompréhensions franco-belges LA VISITE qu’effectue, mercredi 16 et jeudi 17 juillet, Jacques Chirac à Bruxelles se situe au sommet pro- tocolaire de ce type d’exercice. Vi- site d’Etat, elle sera entourée des fastes traditionnels : honneurs mili- taires à l’arrivée, réception dans le somptueux palais d’Egmont par le premier ministre Jean-Luc De- haene, dîner au château de Laeken avec la famille royale. D’impor- tantes mesures de sécurité ont été prises par les autorités du pays pour éviter que les salariés de Re- nault-Vilvorde, engagés dans une dure négociation sur le plan social accompagnant la fermeture du site, ne viennent perturber l’image d’harmonie et de bonne entente entre voisins. L’heure n’est pas aux chamaille- ries, mais à l’affirmation de la per- manence des liens entre deux na- tions qui ont partagé, côte à côte, les mêmes épreuves dans ce siècle et qui affrontent ensemble les nou- veaux défis : la construction euro- péenne et la mondialisation de l’économie. Ce rappel de la convergence na- turelle des intérêts de la petite na- tion belge et de la France, puis- sance européenne majeure, est peut-être nécessaire mais il ne doit pas faire oublier que l’on a vécu, ces derniers mois, une relation franco-belge plutôt agitée. La bru- talité de la décision de fermeture de Renault-Vilvorde, suivie d’un es- poir bientôt déçu que l’arrivée de la gauche au pouvoir en France allait remettre en question un arrêt de mort fondé sur la logique indus- trielle, a profondément traumatisé la population. Cet épisode a fait prendre conscience aux dirigeants belges, notamment flamands, qu’ils n’avaient que peu de prise sur les centres de décision qui déter- minent la vie économique du pays. On a senti également pointer une inquiétude, lors de la fusion entre Suez et la Lyonnaise des eaux, qui place le principal groupe énergétique belge, Tractebel, sous l’influence du groupe français même si, en l’occurrence, Gérard Mestrallet, le PDG de Suez-Lyon- naise, a fait preuve d’une plus grande sensibilité aux préoccupa- tions belges que son collègue de Renault, Louis Schweitzer. Enfin, les péripéties de l’affaire Dassault, où la justice de Bruxelles réclame en vain, depuis neuf mois, la trans- mission de pièces du dossier de corruption de partis politiques belges par l’avionneur français, est toujours une pomme de discorde entre les deux pays. A Paris, le nou- veau garde des sceaux, Elisabeth Guigou, n’a toujours pas pris de décision à ce sujet, alors que le temps presse : la prescription s’ap- plique en décembre 1997 à cette af- faire. Si Paris ne transmet pas rapide- ment les pièces manquantes du dossier, un scandale majeur de la vie politique du pays risque de pas- ser aux oubliettes judiciaires... Avant l’arrivée du président fran- çais à Bruxelles, Jean-Luc Dehaene, le premier ministre belge, a tenu à évoquer ce problème publique- ment, dans la presse et à la radio, même s’il sait que le régime de co- habitation français place désormais ces affaires délicates dans l’orbite gouvernementale et ne relèvent donc pas de la compétence directe de son hôte. La relation franco-belge, ensuite, est telle que toute parole d’un pré- sident français tenue sur le terri- toire du royaume est disséquée, in- terprétée à l’aune de la question majeure que se pose le pays : « Quel avenir pour l’Etat belge à l’aube du XXI e siècle ? » Luc Rosenzweig Lire la suite page 12 Le géant du saxo SONNY ROLLINS LÉGENDE du saxophone ténor, Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti- bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous- culera encore. Rollins est magni- fique. Lui qui n’est pas si grand prend, dès qu’il entre en scène, l’allure d’un géant débonnaire. C’est la dernière parole d’un cer- tain jazz, l’art du saxophone sans fioritures et sans esbroufe. Lire page 20 Le spleen des « soldats de la paix » LE « SOLDAT de la paix » intrigue méde- cins et sociologues, dans les armées, qui cherchent à analyser les angoisses psycho-phy- siologiques d’un nouveau métier des armes. Pourquoi ? Parce que le soldat aime, en géné- ral, l’action et que, les missions de maintien ou de rétablissement de la paix se multipliant dé- sormais, sa fonction nouvelle consisterait plu- tôt à faire de la prévention et, donc, à savoir « encaisser » sans nécessairement ouvrir le feu. De la sorte, le « soldat de la paix » res- semble plus à un gendarme qu’on entraîne à maîtriser ses réactions qu’à un baroudeur, certes discipliné, mais porté à déclencher le feu. Aux Pays-Bas, aux Etats-Unis et en France, des études ont été lancées pour cerner la per- sonnalité du « soldat de la paix » – plus exacte- ment les qualités nécessaires à un engagement sur le terrain – et pour déceler, du même coup, les effets de ces opérations sur son moral et sur sa santé. Et d’abord aux Pays-Bas. Si les officiers néerlandais, interrogés à l’issue de leur partici- pation à la première force d’interposition (IFOR) en Bosnie, ont considéré majoritaire- ment que leur affectation était un « job » par- mi d’autres, les hommes engagés dans des pe- lotons de chars ont été ceux qui se sont le plus plaints de leurs conditions de travail. A l’ori- gine, sans doute, un sentiment plus exacerbé de leur inaction, un peu à la manière du héros de Dino Buzzati dans le Désert des Tartares. Une étude comparable a été menée en Bos- nie, par l’unité de recherche médicale de l’ar- mée américaine en Europe, sur des GI de la même IFOR. Selon le Centre d’études en sciences sociales de la défense (C2SD) à Paris, qui relate ces travaux menés avant, pendant et après l’engagement, on évoque volontiers le stress du « soldat de la paix », dû surtout à des problèmes familiaux comme l’éducation des enfants ou l’isolement d’avec le conjoint resté aux Etats-Unis. Mais les motifs le plus fréquemment avan- cés ont trait à l’ambiguïté de la mission, au sentiment d’impuissance lié à des règles dra- coniennes d’ouverture du feu ou à la percep- tion d’une menace qui demeure diffuse. « Les cas de dépression ou de troubles de la santé mentale sont relativement élevés, note le C2SD, mais moins que les symptômes relevés dans d’autres missions, en Somalie ou dans le Golfe. » En France, la présence de psychiatres mili- taires est devenue monnaie courante dans les opérations. Des « cellules » de soutien psycho- logique, composées notamment du médecin militaire spécialiste, de l’aumônier et d’un offi- cier de l’état-major, sont déployées au plus près du soldat. L’expérience montre, comme l’indique le médecin en chef Bernard Lafont, professeur agrégé de psychiatrie à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, « les effets démobilisateurs des si- tuations d’attente » qui sont souvent celles du « soldat de la paix ». A quoi le reconnaît-on ? A l’expression d’un regard qui se fait vague, à une façon de chercher à se couper des activités du groupe, au fait de demeurer dans son coin. Par exemple, le « soldat de la paix » dépressif ne joue plus aux cartes. « Quelque chose ne fonctionne plus, dit le médecin en chef Lafont, comme si le sujet se mettait hors d’atteinte. C’est à ce moment-là qu’il faut être vigilant. » Pour limiter les effets de ce spleen, Objectif Défense, la lettre que le ministère de la défense adresse à tous les chefs de corps, annonce que le service de santé des armées leur enverra des directives en ce sens. Jacques Isnard THOMAS MARCEL/SIPA Jan Ullrich, le phénomène du Tour a LE TOUR de France a trouvé son maître. Les six cols de la dixième étape, disputée, mardi 15 juillet, entre Luchon et Andorre- Arcalis (252,5 km), ont révélé l’Alle- mand Jan Ullrich (Telekom), 23 ans, jusque-là cantonné dans le rôle d’équipier modèle de Bjarne Riis. Personne n’a pu répondre à son dé- marrage dans les derniers kilomètres de l’ascension finale : ni Bjarne Riis, ni Richard Virenque (Festina), troi- sième de l’étape à 1 min 8 s du vain- queur, ni Laurent Jalabert (ONCE). Mercredi, le peloton devait rejoindre Perpignan avant de s’octroyer une journée de repos. Lire pages 16 et 17 Education : la circulaire de Ségolène Royal contre la pédophilie SÉGOLÈNE ROYAL, ministre déléguée à l’enseignement scolaire, a adressé le 11 juillet aux recteurs, aux inspecteurs d’académie et à des syndicats un projet de cir- culaire « concernant les violences sexuelles ». Ce texte définit strictement la conduite à suivre face à des cas, avérés ou non, de pédophilie. Lorsque les accusations sont « pré- cises et circonstanciées », les ensei- gnants et chefs d’établissement doivent « aviser immédiatement » le procureur de la République. Lorsqu’un soupçon est fondé sur « la rumeur ou des témoignages in- directs », il revient au rectorat et à l’inspection d’académie de décider des mesures à prendre. Les syndi- cats enseignants réclamaient une directive décrivant avec précision l’attitude à adopter. Lire page 6 TEMPSPORT Une femme à la tête du CNRS a UNE FEMME devait être nommée, pour la première fois, à la direction du Centre natio- nal de la recherche scientifique. Le conseil des ministres devait en effet désigner, mercredi 16 juillet, Cathe- rine Bréchignac, une physicienne âgée de cinquante et un ans, pour succéder à Guy Aubert. Elle aura pour mission de « débureaucrati- ser » le fleuron de la recherche pu- blique française. Avec cette nomi- nation, le ministre de l’éducation nationale, de la recherche et de la technologie lance sa politique scien- tifique. Donnant la priorité à la recherche fondamentale, M. Allègre veut aussi redéfinir les missions de grands or- ganismes comme le Centre national d’études spatiales et le Commissa- riat à l’énergie atomique. Lire page 26 Lionel Jospin s’appuie sur le choix des Français pour répondre aux critiques de Jacques Chirac Le gouvernement envisage une majoration exceptionnelle, en 1997, de l’impôt sur les sociétés AU LENDEMAIN de l’interven- tion télévisée de Jacques Chirac, lundi 14 juillet à l’Elysée, au cours de laquelle le chef de l’Etat a défi- ni pour lui-même un champ très large d’intervention pour mar- quer son territoire dans cette troisième cohabitation, Lionel Jospin avait l’intention, selon plusieurs ministres mis dans la confidence, de faire un rappel des règles du jeu démocratique fixées par la Constitution. S’appuyant sur les articles 5 et 20 de la Constitution, le premier ministre considère que le pré- sident de la République doit prendre en compte le résultat des élections législatives qu’il a lui- même provoquées. M. Jospin s’estime donc fondé à appliquer le programme sur lequel la gauche l’a emporté. Au cours d’une réunion de son bureau na- tional, mercredi, le Parti socia- liste a souligné que « nul n’a inté- rêt à définir son domaine en fonction de ses propres intérêts ou de ses propres conceptions ». Les deux magistrats de la Cour des comptes chargés de conduire l’audit des finances publiques présenteront, lundi 21 juillet en fin de matinée, les conclusions de leur mission devant la commis- sion des finances de l’Assemblée nationale. Celle-ci entendra, en- suite, le ministre des finances, Dominique Strauss-Kahn, qui de- vrait lui exposer les mesures de redressement envisagées par le gouvernement. La principale dis- position devrait porter sur une majoration exceptionnelle de l’impôt sur les sociétés, appli- cable seulement en 1997. L’Etat a remboursé, mercredi 16 juillet, un peu plus de 90 mil- liards de francs sur les 110 mil- liards de francs levés en juin 1993 par « l’emprunt Balladur ». Le choix du gouvernement de l’époque de faire appel aux petits épargnants plutôt qu’aux mar- chés financiers a entraîné un coût pour les finances publiques éva- lué entre 3,3 et 5,8 milliards de francs. Lire page 5

o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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Page 1: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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a Les projets

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CINQUANTE-TROISIÈME ANNÉE – No 16319 – 7,50 F FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANIJEUDI 17 JUILLET 1997

25 ATS ; Belgique, 45 FB ; Canada, 2,25 $ CAN ;Côte-d’Ivoire, 850 F CFA ; Danemark, 14 KRD ;Espagne, 220 PTA ; Grande-Bretagne, 1 £ ; Grèce,400 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 2900 L ; Luxembourg,46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; Pays-Bas,3 FL ; Portugal CON., 250 PTE ; Réunion, 9 F ;Sénégal, 850 F CFA ; Suède, 15 KRS ; Suisse, 2,10 FS ;Tunisie, 1,2 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $.

IncLA VISITE qu’effectue, mercredi

16 et jeudi 17 juillet, Jacques Chirac

LE « SOLDAT de la paix » intrig

Education :la circulairede Ségolène Royalcontrela pédophilie

SÉGOLÈNE ROYAL, ministre

Lionel Jospin s’appuie sur le choix des Françaispour répondre aux critiques de Jacques Chirac

Le gouvernement envisage une majoration exceptionnelle, en 1997, de l’impôt sur les sociétésAU LENDEMAIN de l’interven- des comptes chargés de conduire

l’audit des finances publiques

tion télévisée de Jacques Chirac,lundi 14 juillet à l’Elysée, au coursde laquelle le chef de l’Etat a défi-ni pour lui-même un champ trèslarge d’intervention pour mar-quer son territoire dans cettetroisième cohabitation, LionelJospin avait l’intention, selonplusieurs ministres mis dans laconfidence, de faire un rappel desrègles du jeu démocratique fixéespar la Constitution.

S’appuyant sur les articles 5 et20 de la Constitution, le premierministre considère que le pré-sident de la République doitprendre en compte le résultat desélections législatives qu’il a lui-même provoquées. M. Jospins’estime donc fondé à appliquerle programme sur lequel lagauche l’a emporté. Au coursd’une réunion de son bureau na-tional, mercredi, le Parti socia-liste a souligné que « nul n’a inté-rêt à définir son domaine enfonction de ses propres intérêts oude ses propres conceptions ».

Les deux magistrats de la Cour

ompréhensions franco-belgde Renault-Vilvorde, suivie d’un es-poir bientôt déçu que l’arrivée de la

entre Suez et la Lyonnaise deseaux, qui place le principal groupe

Le spleen des « soldats de la paix »ue méde- mi d’autres, les hommes engagés dans des pe- taires est de

Jan Ullrich, le phénomène du TourLE TOUR de France a trouvé

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présenteront, lundi 21 juillet enfin de matinée, les conclusions deleur mission devant la commis-sion des finances de l’Assembléenationale. Celle-ci entendra, en-suite, le ministre des finances,Dominique Strauss-Kahn, qui de-vrait lui exposer les mesures deredressement envisagées par legouvernement. La principale dis-position devrait porter sur unemajoration exceptionnelle del’impôt sur les sociétés, appli-cable seulement en 1997.

L’Etat a remboursé, mercredi16 juillet, un peu plus de 90 mil-liards de francs sur les 110 mil-liards de francs levés en juin 1993par « l’emprunt Balladur ». Lechoix du gouvernement del’époque de faire appel aux petitsépargnants plutôt qu’aux mar-chés financiers a entraîné un coûtpour les finances publiques éva-lué entre 3,3 et 5,8 milliards defrancs.

Lire page 5

escorruption de partis politiquesbelges par l’avionneur français, est

venue monnaie courante dans les

déléguée à l’enseignement scolaire,a adressé le 11 juillet aux recteurs,aux inspecteurs d’académie et àdes syndicats un projet de cir-culaire « concernant les violencessexuelles ».

Ce texte définit strictement laconduite à suivre face à des cas,avérés ou non, de pédophilie.Lorsque les accusations sont « pré-cises et circonstanciées », les ensei-gnants et chefs d’établissementdoivent « aviser immédiatement »le procureur de la République.Lorsqu’un soupçon est fondé sur« la rumeur ou des témoignages in-directs », il revient au rectorat et àl’inspection d’académie de déciderdes mesures à prendre. Les syndi-cats enseignants réclamaient unedirective décrivant avec précisionl’attitude à adopter.

Lire page 6

Une femmeà la tête du CNRS

UNE FEMME devait être

cins et sociologues, dans les armées, quicherchent à analyser les angoisses psycho-phy-siologiques d’un nouveau métier des armes.Pourquoi ? Parce que le soldat aime, en géné-ral, l’action et que, les missions de maintien oude rétablissement de la paix se multipliant dé-sormais, sa fonction nouvelle consisterait plu-tôt à faire de la prévention et, donc, à savoir« encaisser » sans nécessairement ouvrir lefeu. De la sorte, le « soldat de la paix » res-semble plus à un gendarme qu’on entraîne àmaîtriser ses réactions qu’à un baroudeur,certes discipliné, mais porté à déclencher lefeu.

Aux Pays-Bas, aux Etats-Unis et en France,des études ont été lancées pour cerner la per-sonnalité du « soldat de la paix » – plus exacte-ment les qualités nécessaires à un engagementsur le terrain – et pour déceler, du même coup,les effets de ces opérations sur son moral etsur sa santé.

Et d’abord aux Pays-Bas. Si les officiersnéerlandais, interrogés à l’issue de leur partici-pation à la première force d’interposition(IFOR) en Bosnie, ont considéré majoritaire-ment que leur affectation était un « job » par-

lotons de chars ont été ceux qui se sont le plusplaints de leurs conditions de travail. A l’ori-gine, sans doute, un sentiment plus exacerbéde leur inaction, un peu à la manière du hérosde Dino Buzzati dans le Désert des Tartares.

Une étude comparable a été menée en Bos-nie, par l’unité de recherche médicale de l’ar-mée américaine en Europe, sur des GI de lamême IFOR. Selon le Centre d’études ensciences sociales de la défense (C2SD) à Paris,qui relate ces travaux menés avant, pendant etaprès l’engagement, on évoque volontiers lestress du « soldat de la paix », dû surtout à desproblèmes familiaux comme l’éducation desenfants ou l’isolement d’avec le conjoint restéaux Etats-Unis.

Mais les motifs le plus fréquemment avan-cés ont trait à l’ambiguïté de la mission, ausentiment d’impuissance lié à des règles dra-coniennes d’ouverture du feu ou à la percep-tion d’une menace qui demeure diffuse. « Lescas de dépression ou de troubles de la santémentale sont relativement élevés, note le C2SD,mais moins que les symptômes relevés dansd’autres missions, en Somalie ou dans le Golfe. »En France, la présence de psychiatres mili-

opérations. Des « cellules » de soutien psycho-logique, composées notamment du médecinmilitaire spécialiste, de l’aumônier et d’un offi-cier de l’état-major, sont déployées au plusprès du soldat.

L’expérience montre, comme l’indique lemédecin en chef Bernard Lafont, professeuragrégé de psychiatrie à l’hôpital militaire duVal-de-Grâce, « les effets démobilisateurs des si-tuations d’attente » qui sont souvent celles du« soldat de la paix ». A quoi le reconnaît-on ? Al’expression d’un regard qui se fait vague, àune façon de chercher à se couper des activitésdu groupe, au fait de demeurer dans son coin.Par exemple, le « soldat de la paix » dépressifne joue plus aux cartes. « Quelque chose nefonctionne plus, dit le médecin en chef Lafont,comme si le sujet se mettait hors d’atteinte. C’està ce moment-là qu’il faut être vigilant. »

Pour limiter les effets de ce spleen, ObjectifDéfense, la lettre que le ministère de la défenseadresse à tous les chefs de corps, annonce quele service de santé des armées leur enverra desdirectives en ce sens.

Jacques Isnard

Le géantdu saxo

à Bruxelles se situe au sommet pro-tocolaire de ce type d’exercice. Vi-site d’Etat, elle sera entourée desfastes traditionnels : honneurs mili-taires à l’arrivée, réception dans lesomptueux palais d’Egmont par lepremier ministre Jean-Luc De-haene, dîner au château de Laekenavec la famille royale. D’impor-tantes mesures de sécurité ont étéprises par les autorités du payspour éviter que les salariés de Re-nault-Vilvorde, engagés dans unedure négociation sur le plan socialaccompagnant la fermeture du site,ne viennent perturber l’imaged’harmonie et de bonne ententeentre voisins.

L’heure n’est pas aux chamaille-ries, mais à l’affirmation de la per-manence des liens entre deux na-tions qui ont partagé, côte à côte,les mêmes épreuves dans ce siècleet qui affrontent ensemble les nou-veaux défis : la construction euro-péenne et la mondialisation del’économie.

Ce rappel de la convergence na-turelle des intérêts de la petite na-tion belge et de la France, puis-sance européenne majeure, estpeut-être nécessaire mais il ne doitpas faire oublier que l’on a vécu,ces derniers mois, une relationfranco-belge plutôt agitée. La bru-talité de la décision de fermeture

gauche au pouvoir en France allaitremettre en question un arrêt demort fondé sur la logique indus-trielle, a profondément traumatiséla population. Cet épisode a faitprendre conscience aux dirigeantsbelges, notamment flamands, qu’ilsn’avaient que peu de prise sur lescentres de décision qui déter-minent la vie économique du pays.

On a senti également pointerune inquiétude, lors de la fusion

énergétique belge, Tractebel, sousl’influence du groupe françaismême si, en l’occurrence, GérardMestrallet, le PDG de Suez-Lyon-naise, a fait preuve d’une plusgrande sensibilité aux préoccupa-tions belges que son collègue deRenault, Louis Schweitzer. Enfin,les péripéties de l’affaire Dassault,où la justice de Bruxelles réclameen vain, depuis neuf mois, la trans-mission de pièces du dossier de

toujours une pomme de discordeentre les deux pays. A Paris, le nou-veau garde des sceaux, ElisabethGuigou, n’a toujours pas pris dedécision à ce sujet, alors que letemps presse : la prescription s’ap-plique en décembre 1997 à cette af-faire.

Si Paris ne transmet pas rapide-ment les pièces manquantes dudossier, un scandale majeur de lavie politique du pays risque de pas-ser aux oubliettes judiciaires...Avant l’arrivée du président fran-çais à Bruxelles, Jean-Luc Dehaene,le premier ministre belge, a tenu àévoquer ce problème publique-ment, dans la presse et à la radio,même s’il sait que le régime de co-habitation français place désormaisces affaires délicates dans l’orbitegouvernementale et ne relèventdonc pas de la compétence directede son hôte.

La relation franco-belge, ensuite,est telle que toute parole d’un pré-sident français tenue sur le terri-toire du royaume est disséquée, in-terprétée à l’aune de la questionmajeure que se pose le pays :« Quel avenir pour l’Etat belge àl’aube du XXIe siècle ? »

Luc Rosenzweig

Lire la suite page 12

a son maître. Les six cols de ladixième étape, disputée, mardi15 juillet, entre Luchon et Andorre-Arcalis (252,5 km), ont révélé l’Alle-mand Jan Ullrich (Telekom), 23 ans,jusque-là cantonné dans le rôled’équipier modèle de Bjarne Riis.Personne n’a pu répondre à son dé-marrage dans les derniers kilomètresde l’ascension finale : ni Bjarne Riis,ni Richard Virenque (Festina), troi-sième de l’étape à 1 min 8 s du vain-queur, ni Laurent Jalabert (ONCE).Mercredi, le peloton devait rejoindrePerpignan avant de s’octroyer unejournée de repos.

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International ............ 2France ......................... 5Société ........................ 6Carnet......................... 8Régions....................... 9Annonces classées .. 10Horizons ..................... 11Entreprises ................ 13

Finances/marchés.... 14Aujourd’hui ............... 16Jeux .............................. 19Météorologie ............ 19Communication ....... 19Culture........................ 20Guide culturel .......... 23Radio-Télévision...... 24

SONNY ROLLINS

LÉGENDE du saxophone ténor,Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est completd’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore. Rollins est magni-fique. Lui qui n’est pas si grandprend, dès qu’il entre en scène,l’allure d’un géant débonnaire.C’est la dernière parole d’un cer-tain jazz, l’art du saxophone sansfioritures et sans esbroufe.

Lire page 20

a L’assassinatde Gianni VersaceLa police soupçonne un tueur en sériehomosexuel, après l’assasinat du cou-turier italien, tué de deux balles dans latête, mardi, devant son domicile deMiami. p. 8 et 26

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a L’UE s’étend à l’EstLa Commission de Bruxelles a annon-cé, mercredi, l’ouverture de négocia-tions, en 1998, avec la Pologne, laHongrie, la République tchèque, la Slo-vénie, l’Estonie et aussi avec Chypre.

p. 4et notre éditorial p. 12

a La libérationd’Abassi MadaniLa libération, mardi 15 juillet, du chefhistorique du FIS, Abassi Madani, diviseles partis politiques en Algérie. p. 2

de LVMHBernard Arnault, président de LVMH,précise ses propositions pour créer ungroupe mondial de vins et spiritueuxavec Guinness et GrandMet. p. 13

a Le retourd’un Black Panther

Après vingt-sept ans d’emprisonne-ment pour un crime qu’il a toujoursnié, Geronimo Pratt, l’ancien « ministrede la défense » des Black Panthers, aété libéré. p. 11

La crise du CognacPour faire face aux excédents d’eau-de-vie, 12 000 hectares de vignoblesvont être arrachés ou reconvertis. p. 9

a Flâner à CrozonA la rencontre de la péninsule bre-tonne de légende, entre Brest etDouarnenez. p. 18

467 000 bacheliersLe taux de réussite au baccalauréat1997, toutes séries confondues, est de77,1 %. p. 6

Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 9 F ; Autriche,

a nommée, pour la premièrefois, à la direction du Centre natio-nal de la recherche scientifique. Leconseil des ministres devait en effetdésigner, mercredi 16 juillet, Cathe-rine Bréchignac, une physicienneâgée de cinquante et un ans, poursuccéder à Guy Aubert. Elle aurapour mission de « débureaucrati-ser » le fleuron de la recherche pu-blique française. Avec cette nomi-nation, le ministre de l’éducationnationale, de la recherche et de latechnologie lance sa politique scien-tifique.

Donnant la priorité à la recherchefondamentale, M. Allègre veut aussiredéfinir les missions de grands or-ganismes comme le Centre nationald’études spatiales et le Commissa-riat à l’énergie atomique.

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Page 2: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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I N T E R N A T I O N A LLE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

Les relations entre le FIS et les groupes plus radicaux ont connu une constante dégradation

Anouar Haddam demande l’élargissement de tous les islamistes

Anouar Haddam, un responsable islamiste algérien détenu aux Etats-Unis, a déclaré, mardi 15 juillet, se « réjouir » de la libération d’AbassiMadani. Mais M. Haddam, qui se présente comme le président de la dé-légation parlementaire du FIS à l’étranger, a aussi réclamé, dans uncommuniqué, la levée de l’état d’urgence, en vigueur depuis 1992, et la« libération de tous les détenus de la juste cause du peuple algérien et, à leurtête, cheikh Ali Benhadj », le numéro deux du FIS. M. Haddam demandeaussi la « reconnaissance du FIS en tant que parti politique » et « l’ouver-ture des champs médiatiques et politiques en Algérie » à son mouvement.Ces mesures doivent « permettre aux dirigeants du parti de la majorité, leFIS, d’assurer leur rôle attendu par le peuple pour trouver une solution paci-fique à la crise de l’autorité politique en Algérie », indique le communiqué.M. Haddam, arrêté en décembre 1996, est détenu en Virginie. – (AFP.)

a Les élections locales auraientété fixées au 23 octobre, à l’issued’une réunion, mardi 15 juillet,entre le président Liamine Zeroualet les représentants de certainspartis politiques, a indiqué, mer-credi, la presse algéroise. Un ac-cord sur la composition et les pré-rogatives d’une commissionindépendante de surveillance desélections aurait également étéadopté lors de cette réunion. Larencontre a été boycottée par lesprincipaux partis de l’oppositiondémocratique, dont le Front desforces socialistes (FFS) et le Ras-semblement pour la culture et ladémocratie (RCD). – (AFP.)

Werner Ruf, professeur de relations internationales à l’université de Kassel

« Cette décision n’est pas une condition suffisante pour mettre fin aux tueries »PROFESSEUR de relations in-

ternationales à l’université deKassel, en Allemagne, WernerRuf a vécu plusieurs années auMaghreb. Il a été directeur de re-cherches au Centre de rechercheet d’études sur la Méditerrannée(Cresm) à Aix-en-Provence. Il estspécialiste de l’Algérie et vient depublier en Allemagne un ouvrageintitulé Die Algerische Tragödie(La Tragédie algérienne).

« Quel sens donnez-vous à lalibération d’Abassi Madani ?

– L’interprétation n’est pas sifacile qu’il y paraît. Il peut s’agird’un premier pas dans la bonnedirection, c’est-à-dire vers les né-gociations. Mais il peut égale-ment s’agir d’une tentative descinder le FIS et le mouvement is-lamiste. Seule la libération d’AliBenhadj, le chef charismatique ettrès populaire du FIS, dans lesprochains jours, nous éclairerait

sur les intentions réelles du gou-vernement. Ce serait certaine-ment l’étape décisive sur la voiedes négociations.

– Ne s’agirait-il que d’une ma-nœuvre supplémentaire dans latactique suivie par le présidentZeroual ?

– On vérifiera qu’il ne s’agit pasd’une simple manœuvre tactiquesi le gouvernement revient auprincipe de la charte de Rome etdécide de faire participer au dia-logue toutes les forces en pré-sence sur la scène politique algé-rienne. C’est-à-dire les partisdémocratiques, les partis isla-mistes qui ont participé aux élec-tions, et surtout le FIS. C’est unecondition sine qua non pour par-venir à un consensus national. Sitel est le dessein du président Ze-roual, il reste à savoir si les éradi-cateurs qui sont dans la coulisse,derrière lui, le suivront sur ce ter-

rain-là. C’est la grande question.» De toute façon, deux ans

après la charte de Rome, la ré-pression a été telle qu’on ne saitpas si le FIS est encore une forcequi contrôle une partie des ma-quis terroristes. Les GIAéchappent complètement à soncontrôle. Et si l’on parvient unjour à une solution négociée, ilrestera toujours en Algérie unterrorisme résiduel.

– La libération de M. Madanine peut donc pas contribuer àmettre fin aux tueries ?

– Certainement pas ! Ça n’estpas une condition suffisante pourmettre fin aux tueries. Il faudraitau moins libérer Ali Benhadj etentamer des négociations sé-rieuses avec le FIS et les autrespartis islamistes avant d’envisa-ger une telle hypothèse. C’estune chose de discuter et de négo-cier avec des islamistes modérés

comme Hachani ou Madani ; c’enest une autre que de le faire avecAli Benhadj, bien plus radical.

– Comment apprécier les libé-rations rapprochées d’Abdelka-der Hachani et d’Abassi Madanidans la perspective des électionslocales, et quelle influence peutavoir l’étranger sur le régime al-gérien ?

– Le rapport est flou. C’est in-contestablement un geste d’apai-sement mais je ne vois pas lepouvoir revenir sur l’interdictiondu FIS en tant que parti politique.Mais, dans ce contexte, il est cer-tain que l’Europe et les Etats-Unis, l’Occident au sens large, de-vraient faire pression sur LiamineZeroual pour l’inciter vraiment àentrer dans un processus de né-gociations sérieuses avec lesforces de l’opposition. Et celad’autant plus que l’Occident atous les atouts en main pour ten-

ter de parvenir à cette fin. L’an-née prochaine, la dette algé-rienne doit être renégociée. Il nes’agit plus de 29 milliards de dol-lars comme il y a trois ans, maisde quelque 40 milliards... Lesconditions d’un nouveau rééche-lonnement pèseront beaucouppour l’Algérie. Je crois que là ré-side une bonne chance de pous-ser le pouvoir algérien à chercherune solution négociée au conflit.

– Dans ce contexte, la Francedoit-elle jouer un rôle parti-culier ?

– La France jouera toujours unrôle particulier en Algérie. C’estévident. Mais elle ne doit plus secantonner dans cet immobilismequi caractérise ses relations avecl’Algérie depuis des années. Aumoment des discussions deSant’Egidio qui ont conduit à lacharte de Rome, le présidentFrançois Mitterrand était favo-

rable à une solution négociée enAlgérie, mais le gouvernement del’époque a bloqué la situationsous l’influence de Charles Pas-qua. C’est pour cela que je pensequ’il s’agit plus d’une affaire in-ternationale, et notamment eu-ropéenne, que française. Peut-être les al l iés de la Francepeuvent-ils la pousser à être plusincisive, sans lui faire perdre laface.

» La France doit fairecomprendre au président Lia-mine Zeroual que son soutien,surtout en denrées alimentairesde base (l’Algérie dépend à 80 %de l’étranger pour son alimenta-tion), sera interrompu si, en Al-gérie, il n’y a pas de progrès versune solution négociée qui, àterme, restaurera la paix. »

Propos recueillis parFrédéric Fritscher

CADRE de rassemblement d’une partiede la jeunesse déshéritée et désœuvrée quis’était exprimée lors des manifestationsd’octobre 1988, le Front islamique du salut(FIS) dissous a toujours été encombréd’une aile radicale tentée par la violence,que prônaient des groupuscules radicauxde type takfir oual hidjra (apostasie etexode), qui n’ont jamais intégré le FIS, etqui ont vivement dénoncé la création duparti, en 1988, et son entrée dans un jeupolitique jugé « mécréant ».

Cette tentation radicale a toujours étécontenue, voire combattue, par Abassi Ma-dani avec l’aide, turbulente mais efficace,d’Ali Benhadj. Le numéro un du FIS estpartisan d’une action politique dans lecadre des lois en vigueur, sans pour autantrenier son projet d’imposer un change-ment politique réel dans le pays. D’où lerecours à la grève en mai-juin 1991, pourdénoncer une législation électorale jugéescélérate et pour exiger une élection pré-sidentielle anticipée. La grève prit fin le3 juin, avec l’intervention sanglante de l’ar-mée pour dégager les places publiques, oùles manifestations avaient pourtant été au-torisées en vertu d’un accord entre les diri-geants du FIS et le gouvernement réforma-

teur de Mouloud Hamrouche. Hostile aurecours à la force, M. Hamrouche démis-sionna pour être remplacé par Sid-AhmedGhozali. Quelques jours plus tard,MM. Madani et Benhadj, ainsi que d’autresdirigeants du FIS, étaient arrêtés – ils al-laient être condamnés en juillet 1992 àdouze ans de prison. Abdelkader Hachaniprenait alors la direction du FIS et allait lemener à la victoire électorale de décembre1991.

RADICALISATION DU GIALes élections ont été annulées après la

démission forcée du président ChadliBendjedid en 1992. Deux mois avant cesélections, dans la région de Guemmar,dans le sud-est du pays, une opération ar-mée avait entraîné la mort de plusieurs sol-dats du corps des gardes-frontière. L’in-cident, qualifié de manœuvre et demanipulation par Abdelkader Hachani, futconsidéré par les autorités comme lapreuve que le FIS avait décidé de recourir àla force avant même l’interruption du pro-cessus électoral.

Pourtant les premiers communiqués ap-pelant à la djihad n’émanaient pas du FIS,mais de ceux qui étaient hostiles à l’action

politique, tels Abdelkader Chebouti etMoustapha Bouiali. Ce dernier, ancien ca-pitaine de l’armée et fondateur du premiermaquis islamiste, avait nargué pendant desannées les forces de sécurité algériennesavant d’être tué en janvier 1987. La dissolu-tion du FIS, en avril 1992, et les interne-ments administratifs de milliers de jeunesmilitants dans les camps du sud ont faitbasculer de nombreux autres dans lesrangs des groupes armés. La direction duFIS s’est abstenue pour sa part de condam-ner le Mouvement islamique armé (MIA)naissant.

Les groupes armés allaient toutefois ra-pidement connaître des turbulences. Man-sour Meliani, personnage fruste et quasianalphabète, forme les premiers noyaux dece qui allait devenir le groupement isla-mique armé (GIA). Il est arrêté, condamnéet exécuté. Chebouti, que les jeunes desquartiers populaires ont affublé du gradede général, est tenu pour mort, même si onignore les circonstances de son décès. Im-planté dans le centre du pays (Alger et Bli-da), le GIA ira se radicalisant au point dedénoncer le FIS. Son mot d’ordre est « ninégociations, ni trêve, ni démocratie ». Il dé-crète même le califat. L’évasion de cen-

taines de prisonniers du pénitencier deLambèse, pendant le mois de jeûne du ra-madan, en 1994, renfloue ses rangs.

Pour de nombreux responsables du FIS,cette évasion était une manipulation qui apermis aux services de renseignementsd’infiltrer le GIA. Certains dirigeants du FISn’en adhèrent pas moins au GIA. Parmieux, le chef de file des intellectuels isla-mistes algérianistes, Mohamed Saïd, et Ab-derrezak Redjem, ancien chef de cabinetd’Abassi Madani. Ils seront exécutés surordre de Djamel Zitouni, chef du GIA, quiles accusait d’avoir cherché à infiltrer l’or-ganisation.

« SBIRE DU POUVOIR »Dans ce contexte, les fidèles de Madani

et Benhadj créent leur propre organisation,l’Armée islamique du salut (AIS), qui seraitbien implantée dans l’est et l’ouest dupays. Ils sont combattus par le GIA qui par-vient à empêcher leur implantation dansl’Algérois et dans la Mitidja. L’exécution deSaïd et de Redjem dresse définitivement leFIS contre le GIA. Les communiqués del’instance exécutive du FIS à l’étrangerqualifient le GIA d’« apostat » et de « sbiredu pouvoir ».

La radicalisation à outrance du GIA a per-mis au pouvoir de justifier son refus d’enta-mer les négociations avec les dirigeants duFIS, affirmant que ces derniers n’avaient plusaucune prise sur le mouvement terroriste.Des responsables de l’opposition, dont l’an-cien secrétaire général du FLN AbdelhamidMehri, et Hocine Aït Ahmed, président duFront des Forces socialistes (FFS), ont tou-jours estimé que des négociations avec lesresponsables du FIS leur permettraient decontribuer au rétablissement de la paix et dela sécurité, en privant les franges les plus ra-dicales des islamistes de l’assistance des par-tisans de la direction politique du FIS.

Il est difficile de dire aujourd’hui quellepourrait être l’influence des dirigeants du FISsur les groupes armés. Si l’allégeance desmembres de l’AIS ne devrait pas poser deproblème majeur, il n’en va pas de mêmepour la nébuleuse du GIA. Le président Lia-mine Zéroual, qui s’est donné par les urnesune nouvelle « légitimité », acceptée par lesOccidentaux, cherche peut-être aujourd’huià renforcer sa position en créant les condi-tions politiques d’une relance économique.Un accord avec le FIS, si tant est qu’un telaccord existe, pourrait lui permettre d’isolerle GIA.

C’EST AU DOMICILE de sonpère, dans le quartier populaire deBelcourt, à Alger, que s’est installéAbassi Madani, le numéro un duFront islamique du salut (FIS) dis-sous, après sa libération condition-nelle, mardi 15 juillet, sur ordre duprocureur du tribunal militaire deBlida (Le Monde du 16 juillet). Unevoiture banalisée l’y a conduit vers8 h 30. Très rapidement, de nom-breux dirigeants du FIS, Abdelka-der Hachani – lui-même libéré le8 juillet –, Lai Djeddi, AbdelkaderBoukhemkhem, Omar Abdelkader,tous libérés de la prison militaire deBlida en 1995, lui ont rendu visite.

D’après la presse de mercredi,M. Madani serait « en bonne san-té ». Selon le journal Liberté, il tien-drait « un discours très virulent àl’égard du pouvoir ». M. Madani afait sa première sortie d’hommelibre à la mosquée du quartier, ditemosquée Kaboul. Le quotidien ElWatan y a vu un signe qu’Abassi

Madani n’a pas changé. En l’ab-sence de toute déclaration officiellesur cette libération, les spécula-tions allaient bon train sur l’exis-tence ou non d’un accord entre leFIS et le pouvoir et la portée decette libération. La télévision d’Etata totalement passé sous silencemardi soir cette information, qui apris toute l’Algérie par surprise. Lachaîne III de la radio francophones’est contentée de donner lecturedu communiqué du parquet mili-taire annonçant la libération condi-tionnelle.

UNE MESURE « UTILE »L’instance exécutive du FIS à

l’étranger a vu dans la libération deM. Madani « une contribution cer-taine et effective à la solution de lacrise et au retour à la paix », tout enréclamant la libération de tous lesdétenus politiques. Deux autresformations islamistes, le mouve-ment Ennahda et le Mouvement de

la société de la paix (ex-Hamas) ducheikh Mahfoud Nahnah se sontelles aussi réjouies de cette remiseen liberté tout en réclamant uneamnistie générale des prisonnierspolitiques.

Le Front des forces socialistesd’Hocine Aït Ahmed y a vu unemesure « utile » à l’instaurationd’un climat de détente, à la condi-tion qu’elle « s’inscrive dans lecadre global d’une solution à lacrise », ce qui suppose « l’ouverturedu champ politique et médiatique, lalevée de l’état d’urgence et la libéra-tion de tous les prisonniers poli-tiques ».

Dans l’opinion publique, on seprend à espérer que cette mesurepuisse sinon ramener la paix, dumoins atténuer la violence. Pour leParti des travailleurs de Mme LouisaHanoun, la libération de Madani etHachani « demeure insuffisante nonseulement à cause de son caractèrecontraignant, mais aussi et surtout àcause de la gravité de la situationqui exige des mesures franches ».Pour le FLN, il s’agit d’une « initia-tive heureuse qui est à l’honneur decelui qui l’a prise ».

Les partis politiques dits « éradi-cateurs », comme le Rassemble-ment pour la culture et la démocra-tie (RCD) de Saïd Sadi et Ettahadi(anciens communistes) affichentclairement leur hostilité à la déci-sion prise par le président LiamineZeroual.

Selon le RCD, « les récentes libé-rations dont ont bénéficié certainsresponsables politiques participentde la volonté de revenir au compro-mis qui se dessinait avant l’arrêt duprocessus électoral de 1991. La poli-

tique qui dénonce le terrorisme ens’accommodant de l’intégrisme ap-paraissait dans la plateforme dite del’entente nationale et de la révisionde la Constitution (...). Le pouvoirfait du chadlisme sans Chadli[Bendjedid, l’ancien président algé-rien] et ses concessions unilatéralesdépassent toutes les exigences del’ex-FIS », ajoute le RCD.

« CLIMAT DE SUSPICION »Ettahadi, partisan d’une guerre à

outrance contre les islamistes, es-time que « la libération, quel quesoit l’argument invoqué, d’AbassiMadani, l’un des principaux respon-sables de la tragédie terrible que vit[le] peuple et qui devrait avoir sur la

conscience l’assassinat de dizainesde milliers de nos compatriotes, esttombée comme un couperet sur latête de millions d’Algériennes et d’Al-gériens patriotes ».

Comme pour répondre aux ad-versaires de cette remise en liberté,le quotidien gouvernemental elMoudjahid, souligne, dans son édi-torial, que « l’Algérie est debout,l’édifice institutionnel pluraliste etdémocratique est en voie d’achève-ment et l’autorité de l’Etat pleine-ment restaurée ». « Bref, entre lecontexte de l’année 1991 et celui de1997, il n’y a pas de comparaisonpossible », ajoute l’éditorialiste.

El Moudjahid accuse ceux qui ontcritiqué la mesure de « vouloir se-

mer le doute et entretenir un climatde suspiscion politicien alors que deséchéances majeures attendent le ci-toyen algérien, dont le seul souci estque le pays retrouve la paix, la stabi-lité, la fierté et le progrès ». Lesautres journaux sont nettementplus circonspects.

Dans un éditorial intitulé « In-quiétudes », le quotidien El Watanparle d’une « douche froide » pour« les forces démocratiques algé-riennes » et se fait le porte-paroled’« inquiétudes légitimes ». L’édito-rialiste prévoit au passage uneguerre ouverte entre Abassi Madaniet Mahfoud Nahnah, chef du Mou-vement de la société de la paix. Pourle quotidien Liberté, Abassi Madanine représente pratiquement plusrien, et le pouvoir cherche à « bana-liser l’événement comme il avait ba-nalisé le procès » d’Hachani. Ces ap-prences « ne cacheraient-elles pasune autre stratégie, d’autres cal-culs ? », s’interroge le journal.

ALGÉRIE La libération, mardi15 juillet, sur ordre du procureur dutribunal militaire de Blida, d’AbassiMadani, numéro un du Front isla-mique du salut (FIS) dissous, a susci-

té des réactions très contradictoiresen Algérie. b LES PARTIS dits « éra-dicateurs », tels le Rassemblementpour la culture et la démocratie(RCD) et Ettahadi (anciens commu-

nistes), en contestent avec virulencela pertinence, alors que d’autres for-mations, tels le Front des forces so-cialistes (FFS) ou le Mouvement dela société de la paix (islamistes, ex-

Hamas), l’ont jugée bonne mais in-suffisante. A l’exception du quoti-dien El Moudjahid, la presse de-meure extrêmement circonspecte.b CETTE LIBÉRATION, estime Werner

Ruf, professeur de relations interna-tionales à l’université de Kassel etspécialiste de l’Algérie, ne permet-tra pas à elle seule de mettre fin à lacrise algérienne.

La libération d’Abassi Madani divise les partis politiques algériensL’opinion publique espère que cette remise en liberté, intervenant une semaine après celle du numéro trois du Front islamique du salut,

Abdelkader Hachani, contribuera, sinon à régler la crise, du moins à atténuer la violence

Page 3: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0003-0 WAS LMQ1707-3 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0352 Lcp: 196 CMYK

I N T E R N A T I O N A L LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 3

Le roi demande l’arrêt des exécutions sommairesLe roi Norodom Sihanouk a écrit, depuis Pékin, au président de

l’Assemblée nationale, Cheam Sim, chef de l’Etat du Cambodge parintérim en son absence, pour que celui-ci s’efforce de faire cesser lesexécutions sommaires et actes de torture infligés à des partisanssupposés du prince Ranariddh par des membres des forces arméeset de la police de Phnom Penh fidèles au premier ministre Hun Sen.Selon l’AFP, quelque trente-cinq royalistes du parti Funcinpec ontété ainsi exécutés, et certains gardes du corps ont eu les yeux énu-cléés. Tout en soulignant qu’il était « neutre » dans la crise et qu’il neprenait « nullement parti pour [son] fils », le monarque a demandéque les auteurs de tels actes soient traduits en justice. « Si nous esti-mons qu’au Cambodge il y a une guerre » les dispositions de laconvention de Genève sur le traitement des prisonniers de guerredoivent être respectées, a-t-il aussi déclaré.

Bill Clinton écarte les menaces des Serbes de BosnieLe président Bill Clinton a écarté, mardi 15 juillet, les menaces pro-

férées par des responsables serbes après l’opération menée parl’OTAN contre des criminels de guerre. « Ils n’ont aucune raison deprendre des mesures de rétorsion », a déclaré M. Clinton. « Cela mepréoccupe, bien évidemment. Mais les représentants des Serbes ont signél’accord de Dayton, et cet accord prévoit que si quelqu’un est accusé d’uncrime de guerre, il doit être livré », a-t-il ajouté. Ces déclarations inter-viennent alors que le Sénat a mis en garde M. Clinton. « Nous voulonstous que les assassins et violeurs soient jugés. Mais les troupes améri-caines feraient l’objet de représailles si elles étaient associées aux effortspour arrêter » les criminels de guerre, a affirmé Kay Hutchison, séna-teur républicain du Texas. Le Sénat a adopté un amendement appe-lant le président à engager des consultations avec le Congrès avantde décider de tout nouveau type de mission en Bosnie. – (AFP.)

Des centaines de milliers de Hutusont été regroupés dans des camps au BurundiAmnesty International dénonce la politique des camps et les massacres menés par les autorités

Dans un rapport publié mardi 15 juillet, l’organi-sation Amnesty International dénonce la poli-tique menée par les autorités du Burundi en di-

rection des Hutus. Plusieurs centaines de milliersde personnes ont été forcées de quitter leur vil-lage et regroupées dans des camps créés depuis

le début de l’année 1996 dans les différentesprovinces du pays. Cette politique s’ac-compagne de massacres, selon Amnesty.

PLUSIEURS centaines de mil-liers de Hutus burundais ont étécontraints par la force de quitterleurs villages et leurs collines pouraller vivre dans des camps de « re-groupement », constituant unenouvelle catégorie de populationque le gouvernement a baptiséeles « regroupés ».

Le premier de ces camps a étéétabli en février 1996 dans la pro-vince de Karuzi, au centre du pays.Depuis cette date, d’autres campsont été ouverts dans onze autresprovinces (le pays en compte quin-ze). Les autorités burundaises re-connaissent qu’environ 200 000personnes ont ainsi été « regrou-pées ». Mais des organisations in-dépendantes estiment qu’entre350 000 et un demi-million de Hu-tus vivent dans ces camps, dont100 000 dans la seule province deKayanza.

Dans un rapport publié mardi15 juillet, Amnesty Internationalcondamne le gouvernement bu-rundais pour cette politique de

« regroupement ». Une politiquequi a conduit, selon l’organisationde défense des droits de l’homme,« au massacre de centainesd’hommes, de femmes et d’en-fants ».

Les arguments et la « force » uti-lisés pour contraindre la popula-tion à rejoindre les camps « va-rient » selon les endroits, noteAmnesty. Mais il est clairement ex-pliqué aux villageois qu’en restantsur leurs collines ils prennent lerisque d’être assimilés aux groupesarmés hutus, devenant ainsi descibles militaires légitimes pourl’armée burundaise. Un conseillerdu major Pierre Buyoya, au pou-voir depuis son coup d’Etat de juil-let 1996, a déclaré à Amnesty enfévrier que « ceux qui refusent d’al-ler dans ces camps sont ceux quicombattent le gouvernement ».

Très souvent, rapporte Amnesty,dans les jours qui suivent les opé-rations de regroupement forcé, lessoldats tutsis de l’armée passentles collines au peigne fin pour

chercher ceux qui sont restés surplace, les tuant fréquemment.Dans la province de Bubanza,entre le 20 et le 30 janvier 1997,plus de cent civils ont été massa-crés par des soldats qui ont égale-ment détruit les habitations sur lescollines. Une fois dans les camps,les « regroupés » ne peuvent plussortir. Plusieurs personnes ont ététuées en tentant de quitter lescamps, lesquels sont tous surpeu-plés et insalubres. En mai, une épi-démie de typhus a frappé lescamps des provinces de Kayanza,Ngozi et Muyinga, dans le nord dupays.

« STRATÉGIE MILITAIRE »Le gouvernement affirme que

ces camps sont temporaires. Mais,selon toute vraisemblance, noteAmnesty, « ils semblent faire partied’une stratégie militaire à longterme visant à déplacer durable-ment les populations hutues ». Lesregroupements ont de facto libérédes zones considérées comme mi-

litaires où, souligne Amnesty, « lesautorités légitimisent les violationsdes droits de l’homme, notammentle plus élémentaire, le droit à lavie ». Le rapport d’Amnesty cite denombreux massacres de civils,comme celui intervenu en janvieret février sur la commune de Buta-ganzwa, où 272 personnes ont ététuées, dont une femme de quatre-vingt un ans et un enfant desix ans.

La plupart des tueries ont étéperpétrées par les forces arméesburundaises, avec le soutien actifde membres des milices tutsies,note Amnesty, en soulignant que,parfois, les regroupés hutus sontforcés de se joindre aux patrouilleschargées d’anéantir de supposésrebelles hutus. Amnesty Interna-tional appelle le gouvernementburundais à démanteler les campsde regroupement et à assurer laprotection de ceux qui retourne-ront vivre sur leurs collines.

F. F.

La France pourrait se satisfaire d’une « solution Hun Sen » au CambodgePÉKIN

de notre correspondantLe message que la communau-

té internationale, France en tête,s’efforce de faire passer au Cam-bodge, se précise : que Hun Sense débrouille pour fournir un ha-billage constitutionnel décent àson récent coup de force et il luisera beaucoup pardonné, ycompris les bavures meurtrières.

Le secrétaire général adjoint duQuai d’Orsay, Claude Martin, en-voyé spécial de Jacques Chiracpour cette mission, a rencontrémardi 15 juillet à Pékin, où il setrouve pour raison de santé, lesouverain khmer Norodom Siha-nouk, dans le but de lui suggérerd’aider les parties en présence àPhnom Penh à organiser le retourà la normalité du processus depaix. M. Martin avait, du 26 au28 juin, séjourné à Phnom Penhpour une mission conjointe avecun émissaire japonais auprès deHun Sen avant que celui-ci n’en-gage, le 5 juillet, l’épreuve deforce contre son co-premier mi-nistre, le prince Ranariddh, et sespartisans.

Le secrétaire général adjoint duQuai d’Orsay a également ren-contré le prince Ranariddh, réfu-gié en France. Mais Paris a impli-citement désavoué ce dernier ense refusant à accéder à son sou-

hait de voir suspendre toute as-sistance financière et matérielleétrangère au Cambodge. Ni laFrance ni les autres pays impli-qués dans le processus de paix neveulent apparemment continuerà suivre le combat obscur entrefactions cambodgiennes pour des

valeurs de plus en plus brouillées.Paris, qui a été à la pointe dans

l’élaboration d’un règlement, aune responsabilité dans sa mise àexécution complète pour éviter,explique-t-on, que le Cambodge,de règlements de comptes en rè-glements de comptes, ne re-plonge dans les ornières du pas-

sé. La France presse celui qui estde facto devenu le chef unique dugouvernement, Hun Sen, de fairefonctionner à nouveau les insti-tutions : réunion d’un quorumdes deux tiers de l’Assembléeconstituante où l’opposition nesoit pas totalement absente,

adoption d’une loi électorale quitarde à être rédigée depuis 1995,et organisation d’un scrutin plei-nement acceptable sur le plan in-ternational au plus tard enmai 1998.

En effectuant une démarche si-milaire auprès du roi Sihanoukmercredi et jeudi, le Japon et les

Etats-Unis semblaient se joindreà cette approche. Le grand per-dant de l’affaire est le prince Ra-nariddh, qui avait cru pouvoirfaire de la surenchère en négo-ciant avec les Khmers rougesdans un jeu électoral mal contrô-lé.

Car on voit mal, aujourd’hui, lacommunauté internationale semobiliser pour un camp politiquecomprenant d’une manière plusou moins formelle les anciensprotégés de Pékin. Non seule-ment ceux-ci ont perdu l’appui deleur principal mentor, mais laChine a aussi normalisé ses rap-ports avec Hun Sen. Pékin suit lacrise à distance, et trahit par làmême son souhait de voir le roiSihanouk bénir une « solutionHun Sen » déguisée avec l’accordd’anciens partisans de son fils.

Quant au Vietnam, il résiste àtoute tentation de s’impliquer ànouveau dans la crise. Le chef duParti communiste vietnamien, DoMuoi, était en visite dans la capi-tale chinoise ces jours-ci pourune rencontre, prévue de longuedate, avec son homologue et chefde l ’Etat J iang Zemin ; i l nesemble pas que la question cam-bodgienne ait été abordée. Dumoins, pas officiellement.

Francis Deron

Slobodan Milosevic a été élu à la présidencede la République fédérale de Yougoslavie

LE CHEF DE L’ÉTAT serbe,Slobodan Milosevic, a été élu,mardi 15 juillet, à la présidence dela République fédérale de Yougo-slavie (RFY, Serbie et Monténé-gro) par les députés de l’Assem-blée fédérale. Il sera proclaméprésident le 23 juillet et resteraprésident de la Serbie jusqu’àcette date.

La Chambre des Républiques(Chambre haute) lui a accordé29 voix pour et 2 contre, 31 dépu-tés sur 40 étaient présents. A laChambre des citoyens (Chambrebasse), sur 105 votants, 88 élusont voté pour M. Milosevic et10 contre.

L’Assemblée fédérale de la RFYa ainsi entériné la candidature

unique de M. Milosevic à la pré-sidence fédérale. Slobodan Milo-sevic n’avait plus le droit, aprèsdeux élections successives, de seprésenter à la présidence de laSerbie. Les élections à la prési-dence de la Serbie devraient avoirlieu entre le 15 et le 23 septembre.Des élections législatives doiventêtre organisées avant la fin del’année en Serbie, et la plupartdes commentateurs estimentqu’elles auront lieu en septembre,comme l’élection présidentielle.

Slobodan Milosevic a retrouvéune nouvelle autorité politique.Les soutiens du Parti socialisteserbe (SPS, ex-communistes, de-venus nationalistes), actuelle-ment au pouvoir, et de son allié le

Parti démocratique socialiste(DPS) monténégrin ont assurétrès largement l’élection du chefd’Etat serbe, faisant taire les op-positions isolées au sein des deuxChambres du Parlement.

DIFFÉREND AVEC LES MONTÉNÉGRINSLes observateurs s’attendent

que Slobodan Milosevic, cin-quante-cinq ans, un ex-commu-niste qui tient le devant de lascène politique yougoslave de-puis une dizaine d’années, tentede remodeler la fonction prési-dentielle telle qu’elle est définiedans la Constitution yougoslave.Une fois investi, il devrait faireévoluer la présidence fédérale,titre pour l’instant largement ho-norifique, pour la replacer aucœur de l’appareil exécutif.

L’arrivée de Milosevic à la têtede la RFY est la première étape dela reconquête de son autorité,contestée au début de l’annéelors de manifestations contre lafraude électorale et ébranlée parune querelle avec le Monténégro,petit partenaire au sein de la RFY.

La coalition d’opposition, quiavait organisé les manifestationsde la fin 1996, a éclaté. L’espoirque les opposants entretenaientd’en finir avec les socialistes, aupouvoir depuis la fin de la se-conde guerre mondiale, s’est en-volé. Ceci bien que la coalition

Zajedno (Ensemble), soutenuepar les Occidentaux, ait finale-ment obtenu de Milosevic, en fé-vrier, la reconnaissance de sa vic-toire à Belgrade et dans d’autresgrandes municipalités. Le diffé-rend qui oppose Milosevic aux di-rigeants monténégrins pourraiten revanche se révéler politique-ment plus dangereux pour le nou-veau président. Selon les autori-tés du Monténégro, SlobodanMilosevic tenterait de faireéchouer les efforts de remise surpied de l’économie du petit Etat,à la suite des sanctions de l’ONU.Le DPS, parti monténégrin, a ac-cepté à contrecœur de soutenirMilosevic lors du scrutin, mais il afait savoir qu’il n’était pas dispo-sé à accepter une modification dela Constitution qui donnerait auprésident des pouvoirs sensible-ment accrus.

La reconstruction économiquede la Yougoslavie a pris beaucoupde retard en raison du refus deMilosevic d’accéder aux requêtesde la communauté internatio-nale. Les aides internationalessont liées à la mise en œuvre deréformes démocratiques et aurespect de l’accord de Dayton surla Bosnie, qui exige notammentque les criminels de guerre in-culpés par le Tribunal pénal inter-national de La Haye lui soient li-vrés. – (AFP, Reuter.)

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RÉSULTATS GRANDES ÉCOLES

ESC TROYESÉCOLE DE L’AIRAdmission : 17 juillet

ENS CACHAN - Groupe BIO (BCPST)Admissibilité : 17 juillet

Poursuite des manifestationsanti-ETA en EspagneMADRID. Des centaines de milliers d’Espagnols ont manifesté,dans la soirée du mardi 15 juillet, dans plusieurs villes d’Espagnepour protester contre la violence au Pays basque et l’assassinat, sa-medi, par l’organisation indépendantiste basque ETA, d’un otage. ASéville (Andalousie), plus de 100 000 personnes ont défilé à l’appelde tous les partis politiques locaux et des syndicats pour protestercontre la violence de l’ETA et la « complicité » de son aile politique,Herri Batasuna (HB). Quelque 100 000 personnes ont égalementmanifesté à Saragosse (Aragon) jusqu’à la Plaza del Pilar, aux côtésde la famille et des proches de Miguel Angel Blanco Garrido, leconseiller municipal d’Ermua (province basque de Biscaye), enlevéet assassiné samedi par l’ETA. Au Pays basque, à Algorta, près deBilbao, la police a dû intervenir pour mettre fin à des incidents entreun millier de manifestants anti-ETA et une centaine de militants deHerri Batasuna. – (AFP.)

L’Assemblée générale de l’ONUs’oppose à la colonisation israélienneNEW YORK. L’Assemblée générale de l’ONU a adopté, mardi15 juillet, à une écrasante majorité, une résolution musclée « re-commandant aux Etats membres de décourager fortement les activitésqui contribuent directement à la construction et au développement decolonies israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y comprisJérusalem ». L’Assemblée, réunie en session extraordinaire, n’a tou-tefois pas adopté de sanctions économiques contre l’Etat juif, lespays de l’Union européenne ayant fait savoir que certains de sesmembres voteraient contre ces mesures. 131 pays ont voté pour larésolution, et 3 contre – Israël, les Etats-Unis et la Micronésie. LaRussie, un des parrains du processus de paix au Proche-Orient, fai-sait partie des quatorze membres qui se sont abstenus, car le texten’exclut pas la possibilité de sanctions. Nasser El-Kidwa, observa-teur de la Palestine à l’ONU, s’est déclaré satisfait, espérant que « lapartie concernée se soumettra à la volonté de la communauté inter-nationale ». – (AFP.)

M. Kabila dément que le Rwandaait dirigé sa rébellionKINSHASA. A la suite des propos du ministre rwandais de la dé-fense, Paul Kagamé, dans le Washington Post, le président de la Ré-publique démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre), Laurent-DésiréKabila, a démenti que la rébellion qui l’a porté au pouvoir à Kinsha-sa ait été préparée et conduite par le régime rwandais. L’hommefort de Kigali reconnaissait que l’Alliance des forces démocratiquespour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) avait été formée, entraî-née et armée par le Rwanda. « La nuit dernière, M. Kagamé m’a télé-phoné et m’a dit que ce qui avait été publié par le Washington Post necorrespondait pas à ce qu’il avait dit », a déclaré le président de laRDC. « Oui, nous avions des conseillers rwandais pour nous entraîneret nous fournir un soutien technique. Mais c’était tout, a-t-il dit. Dansle même temps, des Français, des Serbes et d’autres forces étrangèresétaient activement recrutés par l’autre camp. Pourquoi n’en parle-t-onpas ? » – (Reuter.)

EUROPEa EUROPE CENTRALE : la Commission européenne a décidé,mardi 15 juillet, d’accorder une aide humanitaire de 500 000 écus(environ 3 millions de francs) aux pays d’Europe centrale touchésdepuis plus d’une semaine par des inondations catastrophiques.Mardi, le bilan s’élevait, en Pologne et en République tchèque, àplus de 86 morts. En Pologne, 60 000 foyers auraient subi d’impor-tantes pertes matérielles. Le gouvernement polonais a annoncé ledépôt rapide au Parlement d’un projet de loi prévoyant une pre-mière aide d’urgence de 600 dollars (environ 3 300 francs) par fa-mille touchée. – (AFP.)

AFRIQUEa CONGO-BRAZZAVILLE : le cessez-le-feu signé, dimanche 13 juil-let, par les belligérants de la crise congolaise a été de nouveau violé,mardi 15 juillet dans la soirée, à Brazzaville, où des affrontements àl’arme lourde ont repris. Le cessez-le-feu avait été signé par le chefde l’Etat congolais Pascal Lissouba et son prédecesseur Denis Sas-sou Nguesso, dont les forces s’affrontent depuis le 5 juin. La reprisedes affrontements a compromis le départ pour Libreville des délé-gations des belligérants qui doivent prendre part, dans la semaine,aux pourparlers en vue d’une solution négociée à la crise. – (AFP.)a SIERRA LEONE : le chef de la junte sierra-léonaise, Johnny PaulKoroma, et les commandants nigérians, ghanéens et guinéens de laforce ouest-africaine présente à Freetown ont conclu une trêveaprès les affrontements du week-end, qui ont opposé les forces dunouveau pouvoir aux troupes nigérianes au sud de la capitale. La ra-dio nationale annonçait par ailleurs qu’un nouveau gouvernement aété investi officiellement, lundi 14 juillet. – (AFP, Reuter.)

Bruxelles approuve la décisionde Paris au sujet de VilvordeBRUXELLES. Le premier ministre belge, Jean-Luc Dehaene, a ap-prouvé, dans un entretien publié mercredi 16 juillet par le Figaro, ladécision prise par Lionel Jospin sur la fermeture de l’usine Renaultde Vilvorde, regrettant seulement que la campagne électorale l’aitpoussé à susciter de faux espoirs. « Quand il m’a expliqué par la suiteque l’Etat français doit respecter l’autonomie de l’entreprise et ne peutinterférer dans l’affaire Vilvorde, cela me paraît correct. C’est en toutcas la thèse que je défends quand il s’agit d’entreprises dont l’Etat estactionnaire en Belgique. »

Page 4: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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4 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 I N T E R N A T I O N A L

Plus de deux millions d’exploitations

La Pologne demande des dérogations importantes, avant son adhésion,pour endiguer le chômage dans les campagnes

VARSOVIEde notre envoyé spécial

Que ce soient les milieux gou-vernementaux ou les partis d’op-position, tout le monde fait la

même analyse à Varsovie : le dos-sier agricole sera la question laplus complexe à régler dans la né-gociation d’adhésion de la Pologneà l’Union européenne, pour desraisons certes sociales, mais aussiélectorales. Wlodzimierz Cimosze-wicz (ex-communiste de l’Alliancede la gauche démocratique ouSLD), premier ministre polonais,n’y va pas par quatre chemins pourévaluer la situation : « L’agri-culture, c’est notre côté le plus ana-chronique. » « L’état de ses struc-tures est tel que nous pourrions êtreamenés à avoir une politique à deuxvitesses, précise-t-il, pour tenircompte des exploitations que nousdevrons soutenir encore très long-temps. »

Ici, sans doute plus qu’ailleurs, lepoids électoral du monde rural estessentiel dans la vie politique :27 % des électeurs sont des pay-sans. Roman Jagielinski (Parti pay-san polonais ou PSL), ministre del’agriculture jusqu’en avril, l’a ap-pris à ses dépens pour s’être mon-tré trop « moderniste » : il voulaitfaire chuter le nombre actuel defermes de 2,3 millions à 600 000 enl’espace de cinq à six ans. Son suc-cesseur, Jaroslaw Kalinowski,membre aussi du PSL, dénonce lesthèses de « ceux qui veulent se fairepasser pour de bons Européens maisqui ne connaissent pas la réalité dela politique agricole commune »(PAC). « Si on les écoutait, trois àquatre millions de chômeurs supplé-mentaires viendraient s’ajouter au

million de sans-emploi qui vit dansles campagnes polonaises », af-firme-t-il.

Aussi, le ministre de l’agriculturese montre-t-il moins radical queson prédécesseur. Il évalue à quin-ze ans la période qu’il faudra pourréduire de moitié le nombre d’ex-ploitations. Varsovie a l’intentionde présenter à la Commission deBruxelles, dans quelques semaines,un plan demandant des aides à lapré-adhésion et, surtout, la coexis-tence de deux agricultures en Po-logne : l’une, ouverte à la concur-rence européenne ; l’autre,protégée et en dehors du marchépour tenir compte de la multitudede fermes de subsistance. End’autres termes, la coalition actuel-lement au pouvoir, formée des ex-communistes et du Parti paysan,est déterminée à demander des dé-rogations de taille, probablementpour une durée très longue.« Comme les hommes politiques del’Union, nous sentons aussi la respi-ration de nos agriculteurs sur notrecou », finit par dire M. Kalinowski.

Dariusz Rosati (SLD), le ministredes affaires étrangères, a déjà unepetite idée sur la façon de négocierle volet agricole, sinon de le mar-chander. Ce n’est pas innocentpour lui d’évoquer la question dela libre circulation des travailleurspolonais dans l’Union après l’en-

trée de leur pays dans l’Europecommunautaire. Chacun sait, etM. Rosati le premier, que l’ouver-ture du marché du travail aux res-sortissants de la Hongrie, de la Ré-publique tchèque et, surtout, de laPologne pose une sérieuse diffi-culté aux Etats membres, notam-ment à l’Allemagne. « Noussommes prêts à examiner les préoc-cupations des Allemands, parexemple pour considérer la situationdifficile du marché de l’emploi dansl’Union. »

SUBVENTIONS OU LIBÉRALISATIONC’est dire si le gouvernement ac-

tuel – les élections législatives du21 septembre obligent – est prêt àfaire certains sacrifices pour pré-server une partie importante deson électorat. Pour Bronislaw Ge-remek (Union de la liberté), dansl’opposition mais néanmoins pré-sident de la commission des af-faires étrangères de la Diète, lePSL, « le seul parti de classe en Po-logne », n’a pas intérêt à faire dimi-nuer le nombre de ses électeurs et,donc, « il est hostile aux réformes età la modernisation ». « Le drame,surenchérit Piotr Nowina-Konop-ka, également député de l’Unionde la liberté, est qu’on risque de fi-ger une situation qui n’a aucun ave-nir. » Celui qui fut le porte-parolede Lech Walesa de 1982 à 1989

ajoute : « Pour les agriculteurs,l’adhésion signifie les subventions dela PAC et les partis gouvernemen-taux leur promettent qu’ils les au-ront. »

L’autre partie de l’opposition,l’Action électorale Solidarnosc – ausein de laquelle gravitent autourdu syndicat Solidarité trente-cinqpetites formations – distille un dis-cours diamétralement opposé. Dumoins, le parti paysan ultra-conservateur qui en fait partie. Sonchef de file, Gabriel Janowski, touten affirmant être favorable àl’adhésion, déclame « le caractèrenaturel de l’agriculture polonaise, lamoins subventionnée de toute l’Eu-rope », avant de déclarer : « Il vautmieux cultiver un lopin de terre qued’être chômeur. »

Tous les agriculteurs polonaisn’ont pas trois ou quatre hectaresde mauvaise terre. Il y a aussi les« seigneurs », comme Zenon Jar-zab, qui possède cent cinquantehectares dans le sud du pays, es-sentiellement acquis sous le ré-gime communiste. Sûr de son pou-voir et de sa position de présidentde la chambre agricole du départe-ment, il fait maintenant l’apologiedu libéralisme et de la libre concur-rence et cloue au pilori les subven-tions. Il dit exporter ses jus de ca-rotte vers l’Union via une sociéténéerlandaise. Et puis il y a aussiceux qui arrivent, bon an mal an, àjoindre les deux bouts. JannuszLipnicki a une exploitation de huithectares et compte bien continuerà vendre ses fruits et ses légumes àla Biélorussie toute proche. FeliksSabat, qui cultive céréales, chouxet pommes de terre sur douze hec-tares, a la nostalgie de l’époque ducommunisme. Il était alors assuréde vendre ses productions sur lemarché soviétique. Mais, au total,lui qui a dû vendre sept de ses qua-torze cochons pour marier son fils,ne regrette rien : « La liberté ne secompte pas. »

Marcel Scotto

REPORTAGEVarsovie veut faire cohabiterdeux agricultures :sur le marché communet en dehors

Les agricultures d’Europe centrale sont peu compétitives et manquent de capitauxC’EST L’UN DES ENJEUX les plus déli-

cats de l’élargissement à l’Est de l’Unioneuropéenne : en Europe centrale, l’agri-culture occupe une place importante dansles économies. En Pologne, sa part dansl’emploi est de 25,4 %. En Hongrie et enRépublique tchèque, elle est respective-ment de 8,5 % et de 4,7 %, mais ceschiffres sont en réalité sous-évalués :dans ces deux pays, la diminution de lamain-d’œuvre agricole depuis 1989 seraitsurtout imputable à des reclassementsstatistiques... Au sein de l’Union euro-péenne, le secteur agricole représente enmoyenne 5,8 % des actifs.

Depuis la chute des régimes commu-nistes, l’agriculture centre-européenne aconnu des transformations notables, en-core loin d’être achevées. Elle a été frap-pée de plein fouet par la forte récessionqui a suivi, dans ces pays, la disparitiondu système socialiste – un choc compa-rable, selon certains experts, à la grandedépression de 1929-1933. « Entre 1989 et1994, la baisse cumulée du PIB a été enmoyenne de 20 %. A titre indicatif, le PIBhongrois n’avait baissé “ que ” de 10 %pendant la grande dépression », note

l’économiste hongrois Tibor Palankai,dans une étude publiée récemment par larevue Relations internationales et straté-giques.

Après ce choc, il a donc fallu s’atteler àla restructuration : décollectivisation, pri-vatisation et restitution des terres, trans-fert des fermes d’Etat et des coopérativesau secteur privé, recherche de nouveauxdébouchés... Près de 90 % des terres culti-vées ont été privatisées. Les résultats deces réformes varient aujourd’hui considé-rablement d’une région à l’autre. Difficilede comparer, par exemple, le sud de laHongrie, où de grandes exploitations selancent dans la modernisation et la quêtede rentabilité, et le nord-est de la Hon-grie, où le secteur agroalimentaire, jadisorienté vers les marchés de l’URSS, péri-clite en créant des poches de chômageélevées.

Certaines tendances se dégagent pour-tant par pays. En République tchèque eten Hongrie, les autorités ont misé sur uneagriculture d’entreprises. C’est la grandeexploitation, héritée de l’époque socia-liste et transformée, par exemple, enSARL, qui domine. Les paysans, dans ce

cas, ont conservé le confort d’être des sa-lariés. Mais leur « employeur » peut aussise trouver au bord de la faillite... En Po-logne, le modèle dominant est la petite etmoyenne exploitation – un schéma qui serapproche d’ailleurs de ce que l’on trouvedans l’Union européenne, constate la spé-cialiste Edith Lhomel, dans la revue LeCourrier des pays de l’Est. Mais la micro-exploitation polonaise existe en marge detout souci de développement. Son rôleest avant tout social : elle permet de don-ner du travail aux « lésés » de la transi-tion, c’est-à-dire à ceux qui, souvent,n’ont pas trouvé d’emploi en ville.

DES MARCHÉS TOUT TROUVÉSPartout, les capitaux font largement dé-

faut aux nouveaux exploitants privés. Lesréseaux bancaires locaux ne répondentpas à leurs demandes, les investissementsétrangers non plus. Face à la crise agri-cole, à la baisse de la production observéejusqu’en 1995, et à la perte de certains dé-bouchés extérieurs, les gouvernementscentre-européens ont tenté de mettre enplace des politiques de soutien à leursagriculteurs. Les autorités tchèques ont

ainsi créé un système de prêts bonifiés àlong terme, afin de permettre aux jeunesagriculteurs d’acheter du matériel. L’es-poir est grand, surtout en Pologne, devoir l’Union européenne, et notammentson programme Phare, prendre à terme lerelais de ces aides gouvernementales, enfinançant une stratégie de développe-ment du milieu rural.

Quelle pourrait être la compétitivité desproduits agricoles polonais, tchèques ethongrois, dans la perspective de l’élargis-sement de l’Union européenne ? Faible,selon de récentes études. Dans ces pays,« les prix à la ferme des porcs, des pouletset des œufs sont très proches, et parfois su-périeurs à ceux de l’Union européenne »,écrit Alain Pouliquen, directeur de re-cherche à l’Institut national de rechercheagronomique (INRA). Le constat est lemême pour les productions de lait et deviande bovine. Les exportateurs de cé-réales, notamment hongrois, ont deschances d’être compétitifs, grâce à leursprix bas, mais la faiblesse des rendementsrisque de limiter le volume des exporta-tions. « On peut estimer la productivité dutravail agricole en Pologne à environ 10 %

du niveau moyen de l’UE ; à 20 % en Répu-blique tchèque ; et à 35 % en Hongrie »,constate Alain Pouliquen.

En fait, l’entrée de la Pologne, de laHongrie et de la République tchèque dansl’UE, accompagnée d’une levée de toutesles protections douanières, ferait de cespays non pas des exportateurs concurren-tiels, mais au contraire des marchés touttrouvés pour les produits agricoles ouest-européens. C’est ce que tendent d’ailleursà indiquer leurs déficits commerciauxavec l’UE, depuis la signature d’accordsd’associations.

Le secteur agroalimentaire centre-euro-péen connaît cependant des réussites. Entémoigne la restructuration, avec succès,d’une grande partie du secteur laitier po-lonais, grâce notamment aux investisse-ments de la compagnie Danone. Les pro-duits laitiers polonais trouvent denombreux débouchés en Europe de l’Est,et aussi dans les centres urbains l’ex-URSS, où, il est vrai, les exigences en ma-tière de qualité et de marketing sont bieninférieures à celles de l’UE.

Natalie Nougayrède

La leçon d’économie de Robert Rubin,le grand argentier de Washington

WASHINGTONde notre correspondant

Bon prince, Robert Rubin re-connaît que les Etats-Unis ne« communiquent pas toujours avecla plus grande perfection... » Celaexplique, en partie selon lui, le ma-lentendu, du sommet des pays lesplus industrialisés, qui s’est tenufin juin à Denver, où les Européensont eu la désagréable impressionde se voir infliger une leçond’économie par le « premier de laclasse » à savoir une Amérique do-pée par sa croissance. Le secrétaired’Etat américain au Trésor, qui étaitreçu dernièrement à déjeuner parun groupe de journalistes étrangersà Washington, assure qu’il necherche pas à promouvoir un« modèle américain » et qu’il nepossède aucune « formule ma-gique ».

Loin de son esprit, l’idée de don-ner des leçons à l’Europe, mais Ro-bert Rubin croit à des recettessimples, qui ont fait leurs preuves,comme la « flexibilité de l’écono-mie » et aussi une certaine « cultured’entreprise du changement ». A cetégard, il reconnaît que les Etats-Unis ne présentent pas un bilanidéal ; il n’est pas le seul.

LE DANGER DE LA PROSPÉRITÉLaura D’Andrea Tyson qui, après

avoir été le principal conseilleréconomique de Bill Clinton, en-seigne aujourd’hui à Berkeley,vient de publier un éditorial très re-marqué dans le Washington Post.L’expansion de l’économie améri-caine, souligne-t-elle, a eu pour co-rollaire une stagnation, voire unebaisse des revenus des ouvriers,ainsi qu’un accroissement des iné-galités. « L’écart entre riches etpauvres est bien plus important au-jourd’hui qu’il ne l’était il y a vingtans », écrit-elle. M. Rubin enconvient : l’underclass nord-améri-caine, c’est-à-dire les plus défavori-sés, doit avoir la possibilité de re-joindre le « courant économiquedominant », souligne-t-il, l’erreur

serait cependant d’imposer diffé-rentes restrictions à la flexibilité, aurisque de créér « davantage de chô-mage et de ralentir la croissance ».

Le vrai danger de la prospérité,c’est qu’elle peut faire écran auxdéfis que l’Amérique doit releveren se laissant gagner par le climatd’euphorie qui règne dans le pays.Au mois de mai, en refaisant sescomptes, le directeur de l’Officebudgétaire du Congrès (CBO) avait« découvert » une somme de225 milliards de dollars (1 282 mil-liards de francs), ce qui avait per-mis de boucler rapidement l’accordsur l’équilibre des comptes fédé-raux. Il y a mieux encore : selon lesdernières estimations, le déficitbudgétaire pour l’année fiscale encours, établi à 67 milliards de dol-lars, il y a deux mois (107 milliardsen 1996, 290 milliards de dollars en1992), pourrait être ramené à45 milliards de dollars, soit l’équi-valent de 0,6 % du produit nationalbrut.

Un tel résultat, obtenu par desrentrées fiscales non budgétées, ade quoi faire pâlir d’envie les gou-vernements européens, et ne seraiten fait que le prélude à un déficit« zéro », voire à un excédent bud-gétaire que les économistes n’hé-sitent plus à envisager pour les pro-chaines années, à conditiontoutefois que la Maison blanche etle Congrès renoncent à leurcompromis budgétaire !

Au point où en sont les choses,arguent plusieurs économistes,ceux-ci ne peuvent que détériorerl’excellente situation des comptesparce que cet accord prévoit uneréduction immédiate des impôts etreporte les économies de dépensesdans le temps. C’est cette exubé-rance qui préocuppe Robert Ru-bin : si la politique actuelle estpoursuivie, rappelle-t-il prudem-ment, « nous devrions connaître unavenir économique sain, mais avecdes hauts et des bas ».

Laurent Zecchini

La Commission lance l’élargissement de l’Union européenne vers l’EstPrésenté à Strasbourg au Parlement, l’« Agenda 2000 » prévoit l’ouverture de négociations avec six pays candidats

et trace les grandes lignes des réformes nécessaires pour adapter en conséquence les politiques communesLa Commission européenne a présenté, mer-credi 16 juillet, au Parlement de Strasbourg,ses projets pour le futur élargissement pro-gressif de l’Union européenne vers l’Est.Réunies dans un document baptisé « Agen-

da 2000 », ses propositions prévoient l’ou-verture de négociations, en 1998, avec cinqpays d’Europe centrale (Pologne, Hongrie,République tchèque, Slovénie et Estonie)ainsi qu’avec Chypre. Selon Bruxelles, l’adhé-

sion des trois premiers, dont la date n’estpas précisée, ne devrait pas, à moyen terme,poser de problèmes majeurs, et de longuespériodes de transition sont envisagées, enparticulier en matière de libre circulation des

personnes et des produits agricoles. Parallè-lement, l’Union, qui doit arrêter en 1998 sonplan de financement pour la période 1999-2004, devra adapter, notamment, la poli-tique agricole commune et les politiques

structurelles d’aides régionales à des res-sources financières réduites. Chaque année,la Commission fera le bilan de la situationéconomique et politique des dix candidats.(Lire aussi notre éditorial page 12.)

STRASBOURG(Union européenne)de notre envoyé spécial

La Commission européenne, réu-nie les 16 et 17 juillet à Strasbourgpour la dernière session du Parle-ment européen avant la pause del’été, a adopté son « Agenda 2000 »,le programme de travail de l’Unionpour les années à venir, axé surl’adaptation des deux principalespolitiques communes existantes (lapolitique agricole commune et lespolitiques structurelles d’aides ré-gionales), ainsi que sur l’élargisse-ment progressif aux pays d’Europecentrale. Signe de ces temps de ri-gueur, elle propose de mener à biencet agenda en maintenant inchan-gé, à 1,27 % du PNB communau-

taire, le plafond des ressources fi-nancières de l’Union.

Après bien des hésitations, ellesuggère finalement que les négocia-tions d’adhésion soient ouvertes,début 1998, avec cinq des dix payscandidats de l’ancien bloc de l’Est, àsavoir la Hongrie, la Pologne, la Ré-publique tchèque, la Slovénie etl’Estonie. A cette liste, il faut ajouterChypre, à l’égard de qui l’engage-ment d’ouvrir des pourparlers a étépris dès 1994.

Outre un « document d’en-semble » concernant l’élargisse-ment, la Commission soumet –comme le prévoit le traité – un« avis » pour chacun des pays can-didats. Ces avis distinguent claire-ment, au sein des cinq promus,

trois pays, à savoir la Hongrie, laPologne et la République tchèque,dont les services de la Commissionconsidèrent que leur adhésion nedevrait pas, à moyen terme, poserde problème majeur.

NE NÉGLIGER PERSONNEL’adhésion des deux autres, la

Slovénie et l’Estonie, seraient égale-ment envisageable, mais à condi-tion qu’ils accomplissent dans l’in-tervalle des efforts tout à faitconsidérables. Sur le double planéconomique et politique, il est clairque la Slovénie peut se flatter deperformances très proches de cellesdes trois candidats de tête. Ce n’estpas en revanche le cas de l’Estonie,petit Etat à l’économie ouverte

mais encore instable et fragile, dontla candidature est soutenue par lesNordiques.

Certains ajoutent que, en dési-gnant la Slovénie et l’Estonie, lesCommissaires ont voulu montrerque l’Union ne calquait pas sa dé-marche sur celle de l’OTAN, quivient de limiter son élargissement àla Hongrie, la Pologne et la Répu-blique tchèque. Le choix de laCommission met en exergue la vo-lonté des Européens de ne négligerpersonne, en particulier les Répu-bliques baltes.

Les documents de la Commissionne fixent aucune échéance pourl’adhésion. On ne peut pas exclure,même si une telle hypothèse paraîtpeu vraisemblable, que les cinq

pays avec lesquels les négociationsvont commencer n’adhèrent pastous à la même date. La Commis-sion prévoit des périodes de transi-tion de longue durée, ce qui signifienotamment qu’il n’y aura pas delibre circulation des personnes, ain-si que des produits agricoles, plu-sieurs années après l’élargissement.Une telle méthode d’intégrationprogressive devrait permettre de nepas trop retarder le moment del’adhésion.

Chaque année, la Commission fe-ra le bilan de la situation écono-mique et politique des dix candi-dats, ce qui lui permettrad’actualiser ses avis : il pourrait enrésulter des pénalisations (uneadhésion retardée) ou, au contraire,

et de façon plus plausible, des rat-trapages : si la Slovaquie résout sonproblème politique (meilleur fonc-tionnement des institutions démo-cratiques, respect des minorités),on peut très bien imaginer qu’ellerejoigne le groupe de pays en trainde négocier leur adhésion. C’estdire que la Commission se préoc-cupe des candidats qui ne ferontpas partie de la première vague denégociations. Au reste, elle proposede sérieusement accroître les aidesde préadhésion : elles seraient gros-so modo triplées, passant de 1,5 mil-liard d’écus (près de 10 milliards defrancs) par an aujourd’hui à environ3 milliards en l’an 2000.

Philippe Lemaître

La Pologne compte 18,5 millionsd’hectares de terres arables pour2,3 millions d’exploitationsagricoles.b Leur superficie moyenneatteint 7,9 hectares mais avec desdifférences notables selon lesrégions : 3 hectares dans le sud et20 hectares dans le nord-ouest.b Les agriculteurs polonaisreprésentent 25,4 % de lapopulation active et produisentprincipalement des pommes de

terre, des céréales (de qualitémoyenne), des betteraves et dulait.b Le budget agricole estfaiblement doté (7 milliards defrancs environ en 1996), l’octroi desubventions se faisant de manièreponctuelle. En 1996, le déficitcommercial agro-alimentaire s’estélevé à 3,5 milliards de francs.Depuis 1989, les investissementsdans le secteur représentent12 milliards de francs.

Page 5: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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Le gouvernement envisage une majoration exceptionnelle de l’impôt sur les sociétés

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F R A N C ELE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

« Le dernier motau présidentde la République »

À L’OCCASION de son entretientélévisé du 14 juillet, le présidentde la République a exposé longue-ment sa conception de la cohabita-tion (Le Monde du 16 juillet).

« Je ne croispas qu’il y aitde domaine ré-servé ou un do-maine partagé,a indiqué lechef de l’Etat.La Constitutionprévoit des

choses et ces choses donnent, no-tamment, une prééminence, et je di-rais, donnent un peu le dernier motau président de la République. »

M. Chirac a ainsi estimé qu’« il ya quelques domaines essentiels où lerôle du président, je dirais, s’imposecomme gardien dans le domaine dela vigilance ». Le chef de l’Etat aénuméré ces domaines : « Il y ad’abord tout ce qui touche à la placede la France dans le monde, c’est-à-dire, non seulement naturellementson rang, non seulement sa sécuritéet sa défense, et la défense de ses in-térêts, mais aussi, ses parts de mar-ché. (...)Deuxièmement, il y a tout cequi concerne l’acquis européen. (...)La France doit être un moteur de laconstruction européenne, et l’un desmoteurs de l’Europe de demain. Elleà les moyens de le faire. Donc tousles acquis européens sont égalementl’objet d’un souci vigilant de la partdu président de la République.

» Il y a tout ce qui touche à la mo-dernisation (...), et notamment dansle domaine de l’enseignement, de larecherche et tout ce qui tient à lamise en œuvre des hautes technolo-gies. (...)Et enfin, il y a tout ce quitouche à l’équilibre de notre société :sa protection sociale, ses acquis so-ciaux – au sens le plus noble duterme –, sa cohésion sociale, tout cequi touche à la solidarité. Sur tousces points-là, le président de la Ré-publique, selon moi, doit être extrê-mement vigilant pour s’assurer querien n’est fait qui puisse mettre encause ces grands principes sur les-quels finalement sont fondés ceux dela République. »

Le préfet Marchiani quitte le Var Alain Juppé n’avait pu obtenir son départ. Lionel Jospin semble

avoir eu plus de succès auprès du président de la République : leconseil des ministres du mercredi 16 juillet devait entériner le départde Jean-Charles Marchiani de la préfecture du Var. Le Canard enchaî-né annonce dans son édition du même jour que M. Marchiani seraitnommé secrétaire général de la zone de défense de Paris. Mais c’estle ministre de l’intérieur, et non M. Chirac, qui aurait souhaité « unpoint de chute correct » pour ce préfet considéré comme un proche deCharles Pasqua. Ancien des services de renseignements, M. Mar-chiani avait joué un rôle dans la libération des otages français du Li-ban, à la veille de l’élection présidentielle de 1988. Plus récemment,son attitude avait été très controversée dans le conflit entre le maireFront national de Toulon, Jean-Marie Le Chevallier, et le fondateurdu théâtre de Châteauvallon, Gérard Paquet. Selon nos informa-tions, M. Marchiani pourrait être remplacé par Hubert Fournier.

Le premier syndicat de médecins négocie une réforme du système de soins avec AXALA MINISTRE de l’emploi et de

la solidarité, Martine Aubry, aachevé sa première série d’entre-tiens avec les organisations de mé-decins en recevant, mardi 15 juillet,le président de la Confédérationdes syndicats médicaux français(CSMF), Claude Maffioli, puis celuidu Syndicat des médecins libéraux(SML), Dinorino Cabrera. Ces pre-mières rencontres n’ont pas dé-bouché sur l’annonce de nouvellesréformes, le gouvernement ayantdécidé de reporter une éventuelleréforme du système de soins – etune modification du plan Juppé –aux états généraux de la santé, quidoivent se tenir début 1998.

Pour la CSMF et le SML, il s’agis-sait d’une reprise du dialogue avecles pouvoirs publics, les pontsayant été coupés depuis plus d’unan avec l’ancien gouvernement.« Nous avons été écoutés longue-

ment », a précisé M. Maffioli auterme d’un entretien de deuxheures avec Mme Aubry et le secré-taire d’Etat à la santé, BernardKouchner. De son côté, M. Cabreraa décelé un « climat favorable àl’écoute », même si Mme Aubry aprécisé à ses interlocuteurs que leplan Juppé, notamment le méca-nisme de reversement d’hono-raires en cas de dérive des dé-penses médicales, resterait envigueur tant que gouvernement etmédecins ne seraient pas tombésd’accord sur une meilleure for-mule.

Les deux syndicats lui ont aussidemandé de ne pas agréer l’ac-cord, conclu le 2 juillet entre laCaisse nationale d’assurance-ma-ladie et le syndicat MG-France, surl’« abonnement » d’un patientchez le généraliste de son choix. Leprésident du SML a expliqué que

Mme Aubry allait en évaluer « lecoût [et] l’intérêt pour le patient ».Mais il est clair que le gouverne-ment peut difficilement refuserson agrément, même s’il n’ap-prouve pas tous les termes de ce« contrat de confiance » entre ungénéraliste et un patient : un tel re-fus fragiliserait MG-France, quireste, dans le contexte actuel, lesyndicat le plus ouvert aux ré-formes souhaitées par le nouveaugouvernement.

« SÉCURITÉS SOCIALES PRIVÉES » M. Maffioli a aussi annoncé que

la CSMF rédigeait un projet de« réorganisation complète du sys-tème de santé français » et qu’il se-rait soumis au gouvernement enseptembre. Dans le cadre du droità expérimentation prévu par lesordonnances d’Alain Juppé sur laSécurité sociale, la CSMF négocie

actuellement avec le groupe d’as-surances AXA un nouveau systèmede relations entre les organismesremboursant les soins, les profes-sionnels de santé et les assurés,alors même qu’elle rejette tout ac-cord contraignant avec l’assu-rance-maladie.

Dans ce projet, dont la formen’est pas définitivement arrêtée, la« Sécu » actuelle verserait unesomme forfaitaire pour chaque pa-tient à une mutuelle créée à cet ef-fet par AXA. Cette mutuelle de-viendrait un acheteur de soins aumeilleur rapport qualité-prix : ellechoisirait ses médecins, fixerait lestarifs et le niveau des dépasse-ments d’honoraires, définirait desformes d’incitations financières àune bonne pratique. Les assurésadhérant à cette mutuelle bénéfi-cieraient du tiers-payant (pasd’avance des frais) et d’un rem-

boursement à 100 %. Claude Bé-béar, président d’AXA, avait défen-du, en novembre 1996, la créationde « sécurités sociales privées à côtéd’une Sécurité sociale publique »,soulevant un début de polémiqueavec les syndicats et la Mutualité.

Dans la revue Droit social (octo-bre 1995), il avait développé sonprojet de « couverture santé debase, universelle, obligatoire pourtous les résidents de notre pays »,qui devait être réalisée par lescaisses actuelles, les mutuelles oules assurances. Leur mise enconcurrence devrait, selon M. Bé-béar, réduire les coûts et améliorerla qualité des soins. Jusqu’àprésent, les assureurs n’ont au-cune prise sur le système de soins,puisqu’ils ne remboursent que3,1 % des dépenses.

Jean-Michel Bezat

C’EST BIENTÔT la fin d’un in-terminable suspense. Après delongues semaines de rumeurs etd’arbitrages interministériels, legouvernement va lever le voile,lundi 21 juillet, tout à la fois surl’évaluation des déficits publics etsur le plan de redressement qu’ilcompte mettre en œuvre, dont lamesure-phare devrait être une ma-joration exceptionnelle de l’impôtsur les sociétés.

C’est en effet lundi à 11 heuresque Jacques Bonnet, président dechambre à la Cour des comptes, etPhilippe Nasse, conseiller-maître àla Cour des comptes, présenterontdevant la commission des financesde l’Assemblée nationale lesconclusions de leur mission d’auditsur les comptes publics que LionelJospin leur a demandé de réaliser.Peu après, à 15 heures, le ministrede l’économie, des finances et del’industrie, Dominique Strauss-Kahn, et le secrétaire d’Etat aubudget, Christian Sautter, serontentendus par cette même commis-sion. Ils devraient présenter lesgrandes lignes du plan du gouver-nement pour tenter de limiter lecreusement des déficits publics.

Décisive pour la conduite de lapolitique économique française,cette journée du 21 juillet ne de-vrait pourtant plus guère réserverde surprises. D’abord, même s’ilfait mine d’attendre les résultats del’audit, le gouvernement connaîtassez précisément le niveau des dé-ficits. Depuis plusieurs semaines, ilsuggère qu’ils devraient être surune pente en 1997 de 3,5 % à 3,7 %du produit intérieur brut (PIB).

« EFFORT SUPPLÉMENTAIRE » Dans une déclaration à l’AFP,

mercredi, M. Sautter s’est montréun peu plus précis. Commentant laprestation télévisée du chef del’Etat, qui a avancé une estimation« de l’ordre de 3,5 % », il a lâchécette formule : « Est-ce que ce sera3,5 %, comme le dit le président, unpetit peu plus ou un petit peumoins ? Probablement un petit peuplus... »

A l’aune de cette déclaration, onmesure donc aussi l’ampleur duplan de redressement que le gou-vernement a élaboré. Si le but estde diminuer les déficits publics de0,3 à 0,4 point de PIB, pour les ra-mener à un niveau proche de 3,3 %,

l’effort à entreprendre devrait êtrecompris entre 25 et 30 milliards defrancs.

Compte tenu de l’importance dela somme à trouver, on comprenddonc que le gouvernement ait ac-cueilli avec quelque agacement lepropos du chef de l’Etat, suggérantque, « si l’on poursuivait l’effort nor-malement, si l’on ne faisait pas dedépenses nouvelles (...) et si l’on fai-sait les privatisations, alors oui, onatteindrait sans effort supplémen-taire les 3 % ». Car, pour la nouvelle

majorité, cela ne fait aucun doute :un « effort supplémentaire » sera in-dispensable. « L’idée que par lecoup de baguette magique d’ungrand train de privatisations le gou-vernement précédent ou le gouver-nement actuel aurait pu comblerl’écart entre le chiffre de 3 % et lechiffre qui va être constaté [par l’au-dit] est malheureusement inexacte »,a ainsi répliqué M. Sautter, avantde rappeler que ces recettes de pri-vatisations ne sont pas prises encompte par le traité de Maastricht

dans la baisse des déficits. Cet ef-fort, pourtant, devrait être soi-gneusement calibré. Dans l’espritdu gouvernement, qui souhaite sti-muler la demande intérieure pourconsolider la croissance, il est horsde question que les ménages lesupportent. Il est donc maintenantacquis que ce seront, pour l’essen-tiel, les entreprises, dont la situa-tion financière est florissante, quidevraient être appelées à la res-cousse. Après avoir longuementhésité, le gouvernement sembleainsi avoir retenu pour mesure-phare de son dispositif une majo-ration de l’impôt sur les sociétés,dont le taux est actuellement de33,3 %, assorti d’une surtaxe de10 % depuis juin 1995. Exception-nelle, cette contribution destinée àrenflouer les comptes publics neserait en vigueur que pour 1997.Comme prévu, le plan compren-drait en outre des mesures demoins grande portée, mettant àcontribution les ménages les plusfortunés ou encore les « trésoreriesdormantes » de quelques grandesentreprises publiques.

Laurent Mauduit

Le coût élevé de l’emprunt BalladurL’Etat devait rembourser mercredi 16 juillet un peu plus de 90 mil-

liards de francs sur les 110 milliards levés en juin 1993 par « l’em-prunt Balladur ». Placé pour une durée de quatre ans à un taux de6 %, cet emprunt a coûté cher aux finances publiques. Selon des esti-mations bancaires confidentielles, il a donné lieu au versement decommissions aux banques pour un montant de 850 millions defrancs. Par ailleurs, les souscripteurs ont pu « loger » leur épargnedans des plans d’épargne-action (PEA), ce qui a donné droit à des ré-ductions d’impôt, évaluées entre 2 et 3 milliards de francs.

Enfin, les épargnants détenant des sicav monétaires qui ont sous-crit à l’emprunt ont été exonérés des droits sur les plus-values, pourun montant compris entre 0,5 et 2 milliards de francs. CommeLe Monde du 22 mai l’avait révélé, le coût pour l’Etat peut donc êtreévalué entre 3,3 et 5,8 milliards de francs.

Les articles constitutionnels b L’article 5 de la Constitutiondispose que « le président de laRépublique veille au respect de laConstitution. Il assure, par sonarbitrage, le fonctionnementrégulier des pouvoirs publics ainsique la continuité de l’Etat. Il estgarant de l’indépendancenationale, de l’intégrité duterritoire, du respect des accords deCommunauté et des traités ».b L’article 20 énonce que « legouvernement détermine et conduitla politique de la nation. Il disposede l’administration et de la force

armée. Il est responsable devant leParlement » aux termes desarticles 49 et 50.b L’article 49 a trait àl’engagement de responsabilité dugouvernement devant l’Assembléenationale et aux conditions devote d’une motion de censure.b L’article 50 dispose que « lepremier ministre doit remettre auprésident de la République ladémission du gouvernement »quand l’Assemblée adopte unemotion de censure ou refuse saconfiance au gouvernement.

LIONEL JOSPIN pouvait-il fairecomme si rien ne s’était passé lundi14 juillet ? Le premier ministre, donttoutes les premières décisions ontété contestées, ce jour-là, par le pré-sident de la République, pouvait-ilne pas s’interroger sur le but pour-suivi par Jacques Chirac ? Un moiset demi à peine après l’échec de ladroite aux élections législatives is-sues de la dissolution de l’Assem-blée nationale décidée par le chef del’Etat, la cohabitation a pris un tourmoins courtois pour entrer dansune phase plus combative.

La responsabilité en revient àM. Chirac qui, désavoué le 1er juinpar les urnes, a profité du tradition-nel entretien annuel du chef del’Etat, le 14 juillet, pour tenter de re-profiler la fonction présidentielle decette troisième cohabitation. Mêmesi l’opération consistait d’abord, ap-paremment, à affirmer la préémi-nence du locataire de l’Elysée sur lecamp dont il est issu – la droite – et,

singulièrement, à la tête de sapropre famille – le RPR –, elle avaitégalement pour fonction de signi-fier à M. Jospin que le président dela République entend repousser leplus loin possible les frontières de saliberté d’appréciation de l’actiongouvernementale et les limites deses prérogatives dans la conduitedes affaires du pays.

Confronté au refus de FrançoisMitterrand de signer l’ordonnancesur les privatisations, le 14 juillet1986, le premier ministre d’alors,M. Chirac avait pris les Français àtémoin, deux jours après, en inter-venant à la télévision, à 20 heures,sous forme d’une communicationdu gouvernement (Le Monde du17 juillet 1986). Onze ans plus tard,c’est François Hollande, premier se-crétaire délégué, qui s’est chargé derépliquer, dès lundi, au chef del’Etat. Le premier ministre et sonsuccesseur désigné à la tête du PSont estimé que, du moins dans un

premier temps, l’attaque étant poli-tique et le président de la Répu-blique se positionnant en chef del’opposition, c’était au Parti socia-liste de monter au front.

Déjà, le 8 juillet, lors de la réunionhebdomadaire de son bureau natio-nal, le Parti socialiste s’était interro-gé sur la meilleure façon de traiter lechef de l’Etat, en tenant compte deses prérogatives constitutionnellesmais aussi – originalité du systèmeinstitutionnel relevée par plusieurssocialistes – de sa position parti-culière de chef d’une majorité pré-sidentielle désavouée le 1er juin.« On le traitera comme il nous traite-ra », avait-il été convenu à l’issue dece bureau national.

Nul n’imaginait alors queM. Chirac adopterait, le 14 juillet,une posture aussi combative. Cejour là, M. Hollande a donc répon-du en exprimant un sentimentproche de celui de M. Jospin. Pour lepremier secrétaire délégué,

M. Chirac « est intervenu à la foiscomme chef de l’Etat soucieux, aprèsune dissolution malheureuse pour luiet ses amis, de défendre son pré carré,et comme un homme politique nos-talgique du programme d’Alain Jup-pé ». Le 15 juillet, au bureau natio-nal du PS, le débat a donc denouveau rebondi sur la cohabita-tion, à partir d’analyses assezproches. « Pour nous, a affirméM. Hollande, la cohabitation, c’est lerespect de la Constitution et nul n’aintérêt à définir son domaine en fonc-tion de ses propres intérêts ou de sespropres conceptions. »

« LE DERNIER MOT »Mardi soir, quelques ministres

avaient été mis au courant du soucide M. Jospin de répondre de façonappropriée à M. Chirac. Cependant,le premier ministre s’interrogeaitsur le cadre et le moment de sacontre-attaque : ou bien le cadrefeutré du conseil des ministres où seconcentre le travail commun del’exécutif, ou bien le tête-à-têtepréalable qu’il a chaque semaineavec le président de la République,ou bien encore la réunion excep-tionnelle de ministres qui est convo-quée, jeudi 17 juillet, sur les comptespublics. M. Jospin cherchait l’occa-sion de délivrer une sorte de dis-cours de la méthode sur la cohabita-tion et sur la lecture qui doit, selonlui, en être faite à travers la Consti-tution.

Plus que le rappel de la lettre desarticles 5 et 20 de la loi fondamen-tale qui fixent les prérogatives réci-proques du président et du gouver-nement, c’est le respect des règlesdu jeu démocratique qui importe à

M. Jospin. Dans son esprit, cela si-gnifie sans doute que M. Chiracsemble faire fi du changement demajorité et qu’il a défendu, le 14 juil-let, une politique rejetée par lesélecteurs : le chef de l’Etat peut yêtre attaché mais elle est dépassée.Le 16 juillet 1986, M. Chirac, premierministre, avait été encore plus di-rect, en déclarant : « Le président dela République s’oppose à la volontéclairement exprimée par la majoritédes Français » aux élections législa-

tives du mois de mars, en insistantsur la légitimité que lui avait conféréce scrutin. Rendant compte duconseil des ministres qui s’était dé-roulé le matin même, le porte-pa-role du gouvernement de l’époque,Alain Juppé, avait souligné : « Il im-porte que le dernier mot reste mainte-nant à la représentation nationale quiexprime la volonté populaire. » Cetteexpression, « le dernier mot », a été

reprise, lundi, par M. Chirac, maiscette fois pour en faire bénéficier leprésident de la République.

Dans l’esprit de M. Jospin, le gou-vernement continuera à appliquerle projet politique sur lequel lagauche a gagné les législatives. Celasignifie qu’il n’en est comptable quedevant les députés de sa propre ma-jorité. A défaut de s’en tenir à cetterègle du jeu, certains considèrent,non sans un certain humour, que lechef de l’Etat risquerait de dévalori-

ser la fonction présidentielle. Laquestion, en effet, ne serait plus desavoir si M. Jospin est un présidentbis, mais si M. Chirac, en cherchantà faire intrusion dans le champ decompétences du gouvernement, nedeviendrait pas un premier ministrebis.

Olivier Biffaudet Michel Noblecourt

Lionel Jospin entend réaffirmer sa volonté d’appliquer son programmeEn réponse aux critiques formulées par Jacques Chirac le 14 juillet, le premier ministre souhaite rappeler au chef de l’Etat les règles du jeu

de la cohabitation. Pour le Parti socialiste, « nul n’a intérêt à définir son domaine en fonction de ses propres intérêts ou de ses propres conceptions »

COHABITATION Les déclara-tions de Jacques Chirac, le 14 juillet,sur la cohabitation et ses critiquescontre les décisions de Lionel Jospinont provoqué de nouvelles réactions.

b FRANÇOIS HOLLANDE, premier se-crétaire délégué du PS, a affirmé,mardi 15 juillet, que « c’est la Consti-tution qui fixe le rôle de chacun etrien d’autre ». b LE PREMIER MI-

NISTRE avait le souci de répondre àM. Chirac, tout en s’interrogeant en-core sur le moment et le cadre, pourréaffirmer son intention d’appliquerson programme en s’estimant seule-

ment responsable devant les dépu-tés de sa majorité. b LE GOUVERNE-MENT devait se réunir de nouveaujeudi 17 juillet pour procéder auxderniers arbitrages budgétaires afin

d’arrêter les mesures qui seront an-noncées, le 21 juillet, au moment dela publication de l’audit. b UNE MA-JORATION exceptionnelle de l’impôtsur les sociétés est envisagée.

Page 6: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0006-0 WAS LMQ1707-6 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 10:47 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0355 Lcp: 196 CMYK

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S O C I É T ÉLE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

COMMENT réagir devant uncas, avéré ou non, de pédophilie ?Alors que les révélations d’actespédophiles se sont multipliées de-puis quelques mois au sein del’éducation nationale, la questioninquiète les enseignants, les chefsd’établissement et les parents. Une« instruction concernant les vio-lences sexuelles », élaborée au ca-binet de Ségolène Royal et dont LeMonde dévoile le contenu, tente derépondre à cette interrogation.Plus précis que la circulaire deFrançois Bayrou sur la maltrai-tance (Le Monde du 15 mai), ce tex-te définit les violences sexuelles,établit la conduite à tenir pour lesfonctionnaires et jette les basesd’une assistance morale, matérielleet psychologique pour les victimeset leur entourage.

Cette clarification s’imposaitd’autant plus que deux affaires ré-centes ont suscité une vive émo-

tion dans le milieu enseignant. Lapremière concerne une directriced’école de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), qui avait éloigné desélèves un instituteur pédophile(lire ci-contre) sans le dénoncer im-médiatement aux autoritéscompétentes et qui été mise enexamen, pour cette raison, le25 juin. Le second cas est celuid’un enseignant de Montmirail(Marne), qui s’est suicidé aprèsavoir appris que le principal de soncollège avait saisi le procureur dela République sur la foi des alléga-tions d’un élève, lui-même mis enexamen le 8 juillet pour dénoncia-tion mensongère. Pour certains, ladirectrice de Fos a trop tardé, pourd’autres le principal de Montmiraila agi dans la précipitation.

« Entre la justice tout de suite et lavérification des rumeurs, il y a unvide », constate Daniel Le Bret, se-crétaire général du Snuipp (pre-

mier degré). Comme ses collèguesde la FSU (Fédération syndicaleunitaire) et l’ensemble des syndi-cats d’enseignants, il réclamaitdonc une directive décrivant avecprécision l’attitude à adopter danschaque cas de figure et des moyensd’action souples. Vendredi 4 juillet,lors d’un débat sur la pédophilieau Conseil supérieur de l’éduca-tion, tenu à la demande de la FSU,la ministre déléguée à l’enseigne-ment scolaire, Ségolène Royal,s’était engagée à publier rapide-ment une circulaire.

Diffusé aux recteurs, aux inspec-teurs d’académie et à des syndicatsvendredi 11 juillet, ce texte serasoumis à la concertation pendantune quinzaine de jours. Son ambi-tion principale est de proposer« une ligne de conduite différenciéeselon la nature de l’information »portée à la connaissance desadultes dans « le double souci de la

protection de l’enfant et de la pré-somption d’innocence ». Il se féli-cite d’emblée que la parole de l’en-fant « trop longtemps étouffée [soit]enfin entendue », en souhaitantque la fin de la loi du silence nefasse pas place à « l’ère du soupçonà l’égard des personnels de l’éduca-tion nationale ». En guise d’intro-duction, il rappelle égalementquelques statistiques : les violencessexuelles concernent « près d’unenfant sur dix », filles comme gar-çons, et « l’agresseur sexuel est prèsde neuf fois sur dix le père ou lebeau-père de l’enfant, mais il estdans 10 % des cas un enseignant, unéducateur ou une personne ayantautorité sur le mineur ».

RUMEUR OU SOUPÇONAprès une description cir-

constanciée des violencessexuelles et de la répression pénalequi s’y attache, le texte rappellel’obligation légale des fonction-naires d’aviser « sans délai » (sou-ligné) le procureur de la Répu-blique s’ils acquièrent laconnaissance d’un crime ou d’undélit. Deux cas sont distingués.Lorsque les accusations sont « pré-cises et circonstanciées », la saisinedu procureur ne fait aucun doute.« Dès qu’un élève a confié à unmembre de l’éducation nationaledes faits dont il affirme avoir été vic-time, il convient d’aviser immédiate-ment et directement le procureur dela République sous la forme écrite ettransmise si besoin est par téléco-pie ». Le texte souligne qu’« au-cune appréciation personnelle sur lebien-fondé de la dénonciation »n’est exigée du fonctionnaire : « Cen’est pas son rôle, mais celui de lajustice qui doit être saisie dans l’ur-gence. »

Dans le cas ou un soupçon estfondé « sur des signes de souf-france, la rumeur ou des témoi-gnages indirects », « la situation estinfiniment plus délicate ». S’il s’agitd’une rumeur, la responsabilité in-combe au rectorat et à l’inspectiond’académie, qui, alertés « immé-

diatement et simultanément »,doivent décider des mesures àprendre, « dans le triple souci deprotéger l’enfant, la communautéscolaire mais aussi l’honneur et laconsidération de la personne indi-rectement mise en cause ». Pour leséclairer, les autorités peuventconfier une mission à un inspec-teur, mais « il n’appartient à per-sonne au sein de la communautéscolaire de valider d’une quel-conque manière la parole de l’en-fant ». La circulaire Bayrou (Bulle-

tin officiel du 22 mai 1997) précisaitque, en cas de présomption demaltraitance, le président duconseil général devait être saisi,l’inspecteur d’académie étant in-formé de cette saisine.

Reconnaissant que la tâche n’estpas toujours aisée, le ministèrepropose aujourd’hui la créationdans chaque académie de « centresde ressources », composés de re-présentants de l’administration etde personnels médicaux et so-ciaux, qui auront pour tâche, sousla responsabilité du recteur, de gé-rer les situations de crise avant quela justice soit saisie.

Par ailleurs, le texte précise dansle détail les mesures conserva-toires (suspension) applicables aufonctionnaire mis en cause. Malgréles déclarations d’intention, c’est

sans doute sur le chapitre de laprésomption d’innocence que letexte du ministère apparaît le plusfaible. Ainsi, lorsqu’un fonction-naire est mis en examen pour desfaits de pédophilie, puis suspendu,« il est important de bien [lui] fairecomprendre » que la suspension« ménage parfaitement la présomp-tion d’innocence qui s’attache àtoute personne mise en examen ».Au mieux, il s’agit d’un vœu pieux.Le texte précise encore que lesfonctionnaires « ne sont pas dému-

nis » face à la dénonciation calom-nieuse, mais qu’une plainte pource motif « ne peut être valablementdéposée qu’une fois que la faussetédu fait dénoncé a été établie parune décision de justice (non-lieu, re-laxe) ou par une décision de classe-ment de l’autorité hiérarchique ».En attendant ces procédures quiprennent entre une semaine auminimum pour un classement etplusieurs mois, voire des années,pour un non-lieu ou une relaxe, lemal est fait. Quant aux procéduresdestinées à lutter contre les ac-cusations mensongères, elles nes’appliquent qu’aux allégations ré-pandues par voie de presse etrestent compliquées à mettre enœuvre.

Béatrice Gurrey

Le tribunal administratif de Poitiers condamnel’Etat à dédommager deux passagers clandestins

LA PRATIQUE courante de lapolice des frontières, qui consiste àconsigner des passagers clandes-tins à bord d’un bateau alors qu’ilsdemandent à débarquer, est illé-gale. Pour la première fois, un jugeadministratif a reconnu la justessede cette thèse défendue par les as-sociations de défense des droitsdes étrangers et qui avait donnélieu à un arrêt controversé du tri-bunal des conflits (Le Monde des 14et 16 mai).

Le tribunal administratif de Poi-tiers a en effet annulé, le 9 juillet, ladécision prise, le 29 mai, par le chefdu service de contrôle de l’immi-gration de La Rochelle, ordonnantle maintien à bord d’un navire deMahomet Aboubacar et MahometMustapha, deux Camerounais qui yavaient pris place clandestinementà l’escale de Douala. Les juges ontcondamné l’Etat à verser3 000 francs de dédommagementaux deux clandestins, décision depure forme puisqu’elle intervientplus d’un mois après le renvoi desdeux hommes vers l’Afrique.

En droit, ce jugement est sanssurprise : la loi prévoit que lesétrangers non admis sur le terri-toire peuvent être maintenus dansdes « zones d’attente » des ports etdes aéroports en attendant qu’ilsoit statué sur leur éventuelle de-mande d’asile politique ou leur de-mande d’entrée à un autre titre. Ils’agit de « la seule possibilité offerteà l’administration », ont estimé lesjuges de Poitiers. En général, la po-lice préfère pourtant ordonner aucommandant le maintien à borddes clandestins, plutôt que de lesplacer dans ces « zones » et d’en-clencher une procédure qui sup-pose la saisine d’un juge au-delà de

quatre jours. C’est ce qui s’étaitpassé le 29 mai, lorsque l’équipagedu Roland- elmas avait découvertles deux Camerounais cachés dansdes fagots de bois. Dès le lende-main, Me Simon Foreman deman-dait au tribunal administratif d’en-joindre à l’Etat de suspendre ladécision de consignation à bord.Les juges accordaient alors cinqjours à l’administration pour pré-parer sa défense. Lors de l’au-dience, le 4 juin, l’affaire était deve-nue sans objet : le navire avaitrepris sa route pour Le Havre, oùles Africains avaient été débarquéset conduits par la route vers la« zone d’attente » de Dunkerque.Quelques jours plus tard, ils étaientréembarqués vers Douala.

TERRAIN DU DROITL’affaire s’est donc poursuivie

sur le seul terrain du droit. Me Fore-man a saisi la Commission euro-péenne des droits de l’homme decette « détention irrégulière » quiviole le droit à un « recours effec-tif » garanti par la convention deStrasbourg. Quant à la décision deconsignation à bord, elle a finale-ment été qualifiée d’« illégale » etannulée par le jugement du 9 juil-let.

Cette annulation pourrait avoirune portée particulière du fait deson contexte. Le 12 mai, le tribunaldes conflits, arbitre des litiges entreles tribunaux judiciaires et les tri-bunaux administratifs, avait jugéque seuls ces derniers avaientcompétence pour apprécier la léga-lité du refus de débarquer opposé àdes passagers clandestins, décisionqui, selon cette haute juridictionarbitrale, n’a pas la gravité d’unevoie de fait. En conséquence, les

décisions, généralement défavo-rables à l’administration, renduespar les tribunaux judiciaires sontdevenues inopérantes.

Suivant la voie indiquée par letribunal des conflits, Me Foremanavait saisi les juges administratifs...qui ont jugé dans le même sens queleurs collègues judiciaires. Pourl’avocat, l’administration doit dé-sormais « tirer les enseignements »de cette unanimité juridique et« donner des consignes claires pourque la loi soit respectée ». Lacompétence exclusive reconnueaux tribunaux administratifs, quipratiquent une procédure écriteforcément plus longue ne permetcependant pas « de statuer dansl’urgence » regrette-t-il. « Aucunjuge n’est compétent pour faire ces-ser une séquestration arbitraire. »

Pour sortir de cette impasse auxconséquences potentiellementlourdes s’agissant du droit d’asile, ilsuffirait pourtant d’appliquer la loi.Le ministère de l’intérieur semble yavoir pensé : depuis le changementde gouvernement, les pratiques ontévolué.

Pour éviter la censure des juges,les demandes de consignation àbord ne sont plus transmises parécrit mais... oralement. Lorsque lecommandant du bateau rechigne,les passagers clandestins sont dé-barqués et placés en « zone d’at-tente ».

Dans d’autres cas, les autoritésont fait signer aux clandestins undocument attestant leur volonté derester à bord. Une volonté parfoisrelative. Récemment, dans le portde Saint-Malo, les signataires sesont évaporés pendant la nuit.

Philippe Bernard

Un comité de soutien à Fos-sur-MerSuspendue à titre provisoire par l’inspectrice d’académie, après sa

mise en examen le 25 juin pour avoir tardé quelques jours à dénon-cer un instituteur soupçonné de pédophilie et incarcéré, la directricede l’école de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône) a reçu de nombreuxsoutiens (Le Monde du 29 juin 97). Le jour même de la sanction, 57 di-recteurs d’école de la circonscription rendaient publique une motionde protestation, et le Snuipp appelait ses militants à se mobiliser.

Depuis, un comité de soutien a été constitué, à l’initiative d’en-seignants et de parents d’élèves de l’école du Mazet, où elle exerçait.Le comité a appelé à une manifestation devant le rectorat d’Aix-en-Provence. Il a aussi organisé une réunion publique à Fos et a reçu lesoutien de plusieurs organisations, dont la Ligue des droits del’homme. L’hypothèse d’une grève dès le jour de la rentrée est envi-sagée.

De la saisine du procureur au soutien aux familles b Le signalement des faits– Face à des accusations « précises et circonstan-

ciées », le fonctionnaire doit saisir par lettre le pro-cureur « en faisant expressément référence à l’article 40du code de procédure pénale », qui oblige tout fonc-tionnaire ayant connaissance d’un crime ou d’un délità avertir les autorités judiciaires. La circulaire joint unmodèle de lettre. L’agent doit « simultanément infor-mer les autorités académiques ».

– Face à un soupçon, la circulaire précise qu’unecommunauté scolaire dans laquelle se répand une ru-meur « ne peut gérer une telle situation sans risquesmajeurs de dérapage ». Le rectorat et l’inspection aca-démique doivent être « alertés immédiatement » afinde prendre une décision. Ils peuvent « désigner dansl’urgence un inspecteur » dont le rôle est de « dégagerdes éléments objectifs ». Dès que ces éléments sontconnus et cohérents, le procureur doit être saisi.

b La création de centres de ressourcesLes situations étant souvent délicates, des struc-

tures permanentes devraient être créées pour « défi-nir en liaison étroite avec chaque établissement les mo-dalités d’intervention et la gestion des situations decrise, avant que la justice ne soit saisie ». Des proto-coles devraient « être passés très rapidement entre lecentre de ressources et tous les établissements situés

dans le ressort de l’académie ». Des réunions d’infor-mation devront avoir lieu « très rapidement » dans lesécoles, les collèges et les lycées.

b Les mesures administratives concernant unfonctionnaire mis en cause

Au chapitre des mesures conservatoires, la cir-culaire précise que, en cas de « faute grave », la sus-pension s’impose, de même que la saisine du conseilde discipline. Pour les sanctions disciplinaires, le textenote que, en cas de poursuites pénales, « il y a lieud’attendre l’issue du procès pour arrêter les mesures dé-finitives ».

b L’assistance morale et matérielle de l’enfantet de sa famille

L’éducation nationale doit contacter les services del’aide sociale à l’enfance, qui transmettront au pré-sident du conseil général. Dans le cas où l’enfant estissu d’une famille modeste, « la défense sera partielle-ment ou totalement prise en charge par l’Etat, au titrede l’aide juridictionnelle ». Si une procédure judiciaireest engagée, « il est indispensable de mettre en placedans l’urgence et pendant plusieurs jours une celluled’écoute, structure souple composée de médecins sco-laires, d’assistantes sociales et d’infirmières, de nature àrépondre aux interrogations et aux craintes de la popu-lation ».

Un taux moyen de réussite de 77,1%

BACCALAURÉAT GÉNÉRAL

SESSION DE JUIN 1997, FRANCE MÉTROPOLITAINE RAPPEL 1996

BACCALAURÉAT TECHNOLOGIQUE

BACCALAURÉAT PROFESSIONNEL

Présentés

Admis

261 798343 297

88 63894 800

159 859

67 77172 023

122 004

169 846

53 603110 940

131 283

38 66488 651

92 74438 92058 824

73 57829 00444 574

76,3 %

76,5 % 76,0 %76,3 %

77,3 %

72,1 %79,9 %

79,3 %82,8 %74,5 %

605 887 466 659 77,1 %

346 126

90 057 95 180160 889

170 035

57 536107 942

92 27038 75753 513

74,8 %

72,4 % 71,6 % 78,1 %

77,8 %

73,7 %80,4 %

78,2 %74,2 %81,0 %

Taux de réussite Présentés

Taux de réussite

• Série L• Série ES • Série S

• Industriel

• Industriel

• Tertiaire4 725 3 566 75,5 % - -• STAE (environnement)

578 402 69,6 % - -• STPA (agroalimentaire)

• Tertiaire

Total

Ségolène Royal définit des lignes de conduite face à la pédophilieDans un projet de circulaire qui vient d’être diffusé, la ministre déléguée à l’enseignement scolaire indique que face à des accusations précises,

il faut « aviser immédiatement » le procureur. En cas de rumeur, il revient au rectorat et à l’inspection de prendre des mesures

ÉDUCATION La ministre délé-guée à l’enseignement scolaire, Sé-golène Royal, a diffusé aux rec-teurs, aux inspecteurs d’académieet à des syndicats, vendredi 11 juil-

let, une « instruction concernantles violences sexuelles ». b CE TEX-TE définit la ligne de conduite àadopter face à ces cas, avérés ounon, de pédophilie. Lorsque les ac-

cusations sont « précises et cir-constanciées », il faut « aviser im-médiatement » le procureur.Lorsqu’un soupçon est fondé surdes « signes de souffrance, la ru-

meur ou des témoignages indi-rects », il revient au rectorat et àl’inspection d’académie de déciderdes mesures à prendre. b À FOS-SUR-MER, la directrice d’école mise

en examen pour non-dénonciationde sévices parce qu’elle avait mistrois jours ouvrables à avertir l’ins-pection d’académie, a reçu le sou-tien de ses collègues.

Avec plus de 450 000 reçus, le baccalauréat 1997bat un nouveau record

JUSQU’OÙ grimpera-t-il ? Letaux de réussite du baccalauréat1997 s’établit à 77,1 %, soit 0,9point de plus que le taux record de1996, selon les résultats provisoiresrendus publics, mardi 15 juillet, parle ministère de l’éducation natio-nale. On compte 467 000 bache-liers, sur 606 000 présentés, soit3 000 lauréats de plus qu’en 1996,malgré une baisse du nombre decandidats (2 500). Celle-ci est es-sentiellement due à un creux dé-mographique et, dans une moindremesure, aux orientations de fin detroisième vers des filières profes-sionnelles ou hors éducation natio-nale.

En revanche, la proportion d’unegénération qui obtient le diplômesanctionnant la fin des études se-condaires stagne depuis deux ans.En progression spectaculaire de-puis « l’explosion scolaire » des an-nées 80, elle avait atteint 62,7 % en1995, mais 61,3 % en 1996 et 61,2 %cette année. La ventilation par fi-lières donne, dans une génération,34 % de bacheliers généraux, 17 %de bacheliers technologiques, 10 %de bacheliers professionnels.

« RÉÉQUILIBRAGE »En présentant ces résultats, pour

prévenir les commentaires habi-tuels sur le « niveau » que sus-citent chaque année les excellentsscores obtenus par les lycéens determinale, le directeur de l’évalua-tion et de la prospective et celuides lycées et collèges ont tenu àpréciser que le bac n’était « pasbradé ». C’est simplement « parceque le système éducatif est effi-cace », a souligné Alain Boissinot.Le directeur des lycées et collègess’est également félicité du « rééqui-

librage » opéré au sein des filièresgénérales, les taux de réussite deslittéraires (L) et des économistes(ES) gagnant chacun plus de4 points par rapport à l’an dernier.Selon le ministère, la moins bonneperformance relative des bache-liers scientifiques (S) signifie quecette filière « n’est plus celle desbons élèves, mais celle des scienti-fiques ».

Ce « rééquilibrage » n’a pas tou-ché les filières du baccalauréattechnologique, car un écart de8 points subsiste encore entre lasérie STI (sciences et techniques in-dustrielles) et la série STT (scienceset techniques tertiaires), avec destaux de réussite respectifs de71,5 % et 80,5 %. Le baccalauréatprofessionnel enregistre, quant à

lui, une progression globale d’unpeu plus d’un point par rapport àl’an dernier (79,3 % de réussite).

Autre motif de satisfaction, ruede Grenelle, l’énorme machineriedu baccalauréat n’a connu aucunraté cette année. A l’Assemblée na-tionale, Claude Allègre avait affir-mé, mardi 1er juillet, qu’il n’était« pas question de supprimer le bac-calauréat, même s’il est légitime dese poser la question compte tenu dutaux de réussite et du coût de cetexamen ». « Une partie de cet exa-men pourrait être obtenue sur labase d’un contrôle continu », avait-il ajouté. Quoi qu’il en soit, « rienne peut être fait avant la session1999 », a assuré le ministère.

B. G.

Page 7: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0007-0 WAS LMQ1707-7 Op.: XX Rev.: 15-07-97 T.: 14:33 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0356 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 7Publicité

Page 8: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0008-0 WAS LMQ1707-8 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 10:54 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0357 Lcp: 196 CMYK

8 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 C A R N E T

AU CARNET DU « MONDE »

Naissances

Malika et Ammar ABD RABBO

sont heureux d’annoncer la naissance deleur fille,

Balkis,

à Paris, le 12 juillet 1997, à 9 h 17.

39, route de la Reine,92100 Boulogne-Billancourt.

http://www.ammar.com/balkis.

Philippe et Florence LE NAIL-CARONMarguerite,

ont la joie d’annoncer la naissance de

Perrine,

le 12 juillet 1997.

53-55, rue Bayen,75017 Paris.

Décès

– Mme Françoise Audebert,son épouse,

Ses enfants,M. et Mme André Audebert,

ses parents,Mme Andrée Fosse-Parisis,

sa belle-mère,Et toute sa famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Roland AUDEBERT,

survenu à Paris, le 12 juillet 1997.

Une messe sera célébrée le jeudi17 juillet, à 10 heures, en l’église de Saint-Leu-la-Forêt (Val-d’Oise) ; l’inhumationaura lieu dans la plus stricte intimité àPleuville (Charente).

16, rue Prince-de-Condé,95320 Saint-Leu-la-Forêt.

– Le président de l’université Pierre-et-Marie-Curie,

Le directeur de l’UFR de chimie,Et ses collègues,Les personnels,

ont la tristesse de faire part du décès, le12 juillet 1997, de

M. Roland AUDEBERT,

directeur du laboratoire de physico-chimie macromoléculaire URA 278.

– Les membres de sa famille,Et ses amis de Montpellier,

ont la douleur de faire part du décès de

M me Berthe BOESIGER,

survenu le 7 juillet 1997.

L’incinération a eu lieu dans la plusstricte intimité.

– Danièle et Henri BOUILHET,ses parents,

Carline et Andrew Alan Totman,Gwendoline et Vianney Fontaine,Alexandrine Bouilhet,

ses sœurs et beaux-frères,Paige, Maia, Benjamin,

ses neveu et nièces,ont la douleur de faire part du décès de

Tony,

survenu accidentel lement àMamal-lapuran (Inde), le 14 juillet 1997, à l’âge detrente-trois ans.

La cérémonie religieuse sera célébrée levendredi 18 juillet, à 15 heures, en l’égliseSaint-Thomas-d’Aquin, 1, rue de Monta-lembert, Paris-7e.

L’inhumation aura lieu au cimetière deGarches (Hauts-de-Seine).

16, rue du Pré-aux-Clercs,75007 Paris.

– M. et Mme Roger Delayance,Jean-Michel Goustour,Brigitte et Jean-Louis,

ont la douleur de faire part du décès de

Dominique DELAYANCE.

La cérémonie religieuse sera célébrée,jeudi 17 juillet, à 14 heures, en l’égliseSaint-Vénérand, à Laval (Mayenne).

21, rue du Mans,53000 Laval.1, square La Bruyère,75009 Paris.

– Mme Nicole Faucheron,son épouse,

M. et Mme Olivier Faucheron,ses enfants,

Antoine, Nicolas et Thomas Faucheron,ses petits-fils,ses cousins,

Raymond et Françoise Astic,Jeanne et Hélène Faucheron,

ses belles-sœurs et beaux-frères,M. et Mme Christian Coulaud

et leurs enfants,M. et Mme André Le Berre et leurs

enfants,Et toute la famille,

ont la douleur de faire part du décès de

M. Jean FAUCHERON,ancien élève

de l’Ecole polytechnique – 1945,ingénieur en chef du génie maritime,ingénieur à la Socaltra et à Eurodif,

survenu à Paris, le 13 juillet 1997, dans sasoixante-treizième année.

La cérémonie religieuse sera célébréele jeudi 17 juillet, à 11 heures, en l’égliseSaint-Michel-des-Batignolles, à Paris.

La Madonette,660, route de Grasse,06530 Spéracèdes.

– Mme Jacques Fauchon, avocat aubarreau d’Avranches,son épouse,

Mlles Anne et Isabelle Fauchon, sesfilles,

M. Pierre Fauchon, avocat à la cour deParis, sénateur de Loir-et-Cher,son frère,

Et ses enfants, Mmes Monique Khindriaet Florence Albert,

M. Georges Lecardonnel,son beau-père,

Et Mme Georges Lecardonnel,Les familles Lecardonnel, Poirier,

Nativelle,ont la douleur de faire part du décès de

M. Jacques FAUCHON,avocat au barreau d’Avranches,

survenu le 12 juillet 1997, dans sasoixante et onzième année.

Les obsèques religieuses auront lieu lemercredi 16 juillet, à 15 heures, en l’égliseNotre-Dame-des-Champs, à Avranches.

Le Doyenné,26, rue d’Auditoire,50300 Avranches.

– Brenda François,son épouse,

Alexandre et Anna François,ses enfants,ont la tristesse de faire part du décès de

Noël-Alexandre FRANÇOIS,réfugié espagnol,

naturalisé français en 1957,résistant FTP-MOI (brigade Fabien),

médaille de la Résistance,croix du Combattant,

Association nationale des victimesdu nazisme,

Centre d’action et de défensedes immigrés,

rédacteur en chef de La Défenseet de Châtiment,

traducteur d’œuvres littéraireslatino-américaines,

ingénieur diplômé des Arts et Métiers,G...O...D...F...,

ancien Vén. . .M... de la F...U...G...C...,

survenu le 12 juillet 1997, dans sasoixante-quatorzième année.

Un hommage lui sera rendu le vendredi18 juillet, à 14 heures, au crématorium ducimetière du Père-Lachaise, 20, rue duRepos, Paris-20e.

16, rue Laetitia,92500 Rueil-Malmaison.

« Avec celui que nous aimonsNous avons cessé de parlerEt ce n’est pas le silence. »

René Char.

Jean-Marie LE GUAY

nous a quittés le 15 juillet 1997.

La cérémonie aura lieu le vendredi18 juillet, à 11 h 30, en l’église de Barville(Orne).

Ni fleurs ni couronnes.

Des dons peuvent être adressés àHandicap International, CCP 508-11 C Lyon.

– Duperre (Algérie), Montpellier.

Mme Colette Melka,M. et Mme Guy Melka,Vanessa et Virginie,Mme Anie Melka,M. et Mme Joël Melka,Lise et Claire,Les familles Melka, Draï,Terdjmann, Ghnassia,Parents et alliés,

font part du décès de

M. Maurice MELKA,

survenu dans sa quatre-vingt-dixièmeannée.

Les obsèques ont eu lieu le mardi15 juillet 1997.

– La famille de

René MISRACHI,

né le 4 septembre 1904, fait part de sondécès, survenu le 7 juillet 1997.

Les obsèques ont eu l ieu dansl’intimité.

Cet avis tient lieu de faire-part.

– Dominique Norman-Davis,sa mère,

Isobel et Fadhel Akrout,Katrina et Nicolas Loyer,

ses sœurs et beaux-frères,Charles, Edward, Camille et Alexis,

ses neveux et nièce,Anne-Marie et Paul Marty,

ses tante, oncle,et leurs enfants,ont la tristesse de faire part du décès, le9 juillet 1997, de

Pierre NicolasNORMAN-DAVIS.

La cérémonie religieuse aura lieu le sa-medi 19 juillet, à 11 heures, en l’église deRouvres (Eure-et-Loir).

L’inhumation aura lieu le même jour,au cimetière de Rouvres, où Pierre repo-sera désormais auprès de son père,

Anthony NORMAN-DAVIS.

6, rue du Puits-de-la-Gaule,Le Boulay,78950 Gambais.

– Mme Lucille Rado,son épouse,

Alex, Yves et Stéphanie,ses enfants,

Madeleine Imré-Rado,sa belle-sœur,

Et toute la famille,ont la douleur de faire part du décès de

M. Alexandre RADO,

survenu le 11 juillet 1997, dans sasoixante-septième année.

Les obsèques ont eu lieu le 15 juillet,dans l’intimité.

8 bis, rue Michelet,92150 Suresnes.

– Mme Claire Sagnes,son épouse,

François Sagnes,Et Brigitte Sagnes,

ses enfants,ont la douleur de faire part du décès de

Guy SAGNES,professeur émérite de littérature française

de l’université Toulouse-Le Mirail,

survenu le 6 juillet 1997, à l’âge desoixante-dix ans.

– Le président de l’université Toulouse-Le Mirail,

La directrice de l’UFR de lettresmodernes,

L ’ensemble de la communautéuniversitaire,ont la douleur de faire part de ladisparition de

Guy SAGNES,professeur émérite,

survenue le dimanche 6 juillet 1997.

Professeur de littérature française, GuySagnes a transmis à des générationsd’étudiants sa passion pour les grands tex-tes du XIXe siècle. Ses travaux, ses édi-tions de Balzac, Fromentin et Flaubert,font honneur à notre université, qui pré-sente à tous ses proches ses condoléancesattristées.

– L’équipe Flaubert de l’Institut destextes et manuscrits modernes,a la douleur de faire part du décès de

Guy SAGNES,professeur émérite

de l’université Toulouse-Le Mirail.

– Mme Pauline Wasniewski,son épouse,

Le docteur Alain Wasniewski,son fils,

Et Mme Noëlle Wasniewski,sa belle-fille,

Mathieu et Thomas,ses petits-fils,font part de leur chagrin à la suite dudécès, survenu le 5 juillet 1997, du

docteur David WASNIEWSKI.

S’associent à leur chagrin les famillesJerémiasz, Rochenoir, Szmajer etDelahaye.

Les obsèques ont eu lieu dans la plusstricte intimité.

« Nous partons avec le timide espoird’une autre vie. »

A. Koestler.

25, rue du Chemin-Vert,75011 Paris.

Remerciements

– Le docteur Jacques-Paul Azerad,dans l ’ impossib i l i té de répondreindividuellement aux si nombreuxtémoignages de sympathie à l’occasion dela disparition de son épouse, le

docteur NellyAZERAD-DESROCHES,

prie leurs auteurs de trouver ic il’expression de ses plus vifs remercie-ments.

– Mme Pamela Le Moult Bintneret ses filles, Quetch et Praline,

M. et Mme Pierre et Denise Le Moultet leurs enfants,

Maryvonne et Dominique Cousin,Francis et Elisabeth Le Moult,Marc et Ghislaine Le Moult,Denis Le Moult,Et leur famille,

M. et Mme John et Helen Bintneret leurs enfants,

Jane et Serge Fichard,Ian et Nathalie Bintner,Et leur famille,

remercient tous les amis qui sont venuss’associer à leur peine ou qui ont étéprésents par la pensée et la prière àl’occasion de la disparition de

Bruno LE MOULT.

Anniversaires de décès

– Sa mère,Ses frère et sœur,Beau-frère et belle-sœur,Neveux et nièce,Ses amis,

ont dit adieu, le 30 juillet 1996, à

Cyril GRIVET,victime du vol TWA 800.

Ils vous invitent à vous souvenir.

– Il y a un an mourait

Marie-Hélène de JOMARON,

ayant lutté jusqu’au bout. Les souvenirs etla pe ine , sans désemparer, son tcompagnons, au fil des heures et desjours.

« Mon âme n’est pas encorepassée dans l’image ;

si cela se faisait, c’est que je serais mortet que j’aurais cessé de voir Faustine

pour demeurer avec elledans une apparition

que personne ne recueillera. »Adolfo Bioy Casares.

Robert RIMBAUD,17 juillet 1995-17 juillet 1997.

– Il y a dix ans, le 17 juillet 1987,s’éteignait

Gabriel VENTÉJOL.

Sa famille invite ses amis et tous ceuxqui l’ont connu à se souvenir.

– Il y a dix ans, le 17 juillet 1987,disparaissait

Gabriel VENTÉJOL,ancien président

du Conseil économique et social.

Jean Mattéoli, président du Conseiléconomique et social,

Et tous ceux qui l’ont connu et aiméauront une pensée pour lui.

Souvenirs

– A mon oncle,

Max FRANCOS,

déporté le 17 juillet 1942, par le convoino 6, assassiné à Auschwitz.

N’oublions jamais.

Jeanine Strubel.

– Le 14 juillet 1942, à Montargis, notremère,

Golda NOWODWORSKI,trente-huit ans,

était arrêtée par la police de Vichy, inter-née à Pithiviers, déportée le 17 juillet 1942dans le convoi no6 et gazée le 21 juillet1942 à Auschwitz Birkenau.

Raymonde, Suzanne, Flora, Monique,ses filles,

Ses gendres et petits-enfantsn’oublient pas.

Faiga NOWODWORSKI,

Rebecca,quatorze ans,

notre tante et notre cousine,

ont été déportées par le même convoi etgazées à Auschwitz-Birkenau.

– Mme Deborah Furet,son épouse,

Antoine et Charlotte Furet,ses enfants,ont la douleur d’annoncer le décès de

François FURET,

survenu à la suite d’un accident célébral,le 12 juillet, à l’hôpital de Toulouse.

Ses obsèques ont eu lieu le 15 juillet, àSaint-Pierre-Toirac, dans la plus stricteintimité familiale.

Cet avis tient lieu de faire-part.

46160 Saint-Pierre-Toirac.

– Le secrétaire perpétuel,Et les membres de l ’Académie

française,ont la tristesse de faire part de ladisparition de leur confrère,

M. François FURET,chevalier de la Légion d’honneur,

décédé le samedi 12 juillet 1997, à l’âgede soixante-dix ans.

Les obsèques ont eu lieu dans la plusstricte intimité, le mardi 15 juillet, à Saint-Pierre-Toirac (Lot).

(Le Monde du 16 juillet.)

CARNET DU MONDETélécopieur :

01-42-17-21-36Téléphone :

01-42-17-29-94ou 38-42

– Il y a un an,

Gilles ROLLINdécidait de partir. Un grand manque.

Le secrétaire général,Le bureau national,Le SNPDEN.

Expositions

– A l’occasion du cinquante-cinquièmeanniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv’, leMémorial du martyr juif inconnu et leC e n t r e d e d o c u m e n t a t i o n j u i v econtemporaine présentent, à partir de cejour, une nouvelle exposition « Les en-fants du Vel’d’Hiv’ », dédiée au sort des11 000 enfants juifs déportés de France,dont 4 054 enfants de moins de seize ansfurent arrêtés durant les journées des 16 et17 juillet 1942.

MMJI-CDJC,17, rue Goeffroy-l’Asnier,75004 Paris.Tél. : 01-42-77-44-72.

DISPARITION

Gianni VersaceUn couturier flamboyant qui incarna le sacre de la mode dans le royaume du show-biz

UNE PISCINE pavée d’or fin, unjardin tropical recouvert de galetsillustrant Méduse dont il avait faitson emblème : c’est là, à Miami,dans sa somptueuse villa Casuari-na, sur Ocean Drive, que GianniVersace était venu passer quelquesjours après son défilé de hautecouture présenté au Ritz le 6 juil-let. Né le 2 décembre 1946, il estmort le 15 juillet à l’hôpital JacksonMemorial, victime de deux ballesdans la tête alors qu’il sortait ache-ter les journaux. Sa maison était laseule demeure privée d’un quartieroù fleurissent boîtes de nuit, bars,hôtels et magasins de luxe. « Nousremercions par avance tous ceux quivoudront respecter, en silence, notredouleur », ont aussitôt déclarédans un communiqué sa sœur Do-natella et son frère Santos, respec-tivement muse-directrice artis-tique et homme d’affaires ducouturier.

La nouvelle apprise, le défiléprévu à Rome sur la Piazza Navo-na a été annulé, les boutiques(cent quatre-vingt-deux dans lemonde), ont par signe de deuil fer-mé leurs portes. Un rideau noirs’abat sur l’un des plus flam-boyants couturiers de l’époque,auquel les antiquaires parisiens,

les agences de mannequins,vouaient un véritable culte. KateMoss se dit « stupéfaite ». « Je suiseffondrée par la perte de ce grandhomme talentueux », a fait savoir,par son secrétariat londonien, laprincesse Diana, en vacances dansle sud de la France. Le monde de lacouture est en émoi. Pour Vi-vienne Westwood, « la mort deVersace est une très grande tragédieet un choc profond ». Thierry Mu-gler, qui le rencontrait une ou deuxfois par an « à bord du Concorde,ou au restaurant du Century Hotel,à Miami », se souvient : « C’est legrand virtuose des imprimés rebro-dés. J’ai beaucoup de tendressepour lui. Il avait une vocation. Ilavait su créer une harmonie entrel’Antiquité, le luxe, le futur. »

COSTUMES D’OPÉRAFils d’une modeste couturière de

Reggio de Calabre, Gianni Versaceavait fait ses débuts chez Genny,Complice et Callaghan avant delancer sa première collectionen 1978. Self made uomo, il a créede nombreux costumes pour lascène et pour l’opéra, réalisés no-tamment pour Maurice Béjartavec lequel il collaborait de-puis 1986 (Dyonisos, Les Ballets du

vingtième siècle et, tout récem-ment, Barocco Bel Canto, à Flo-rence), ou encore pour Bob Wil-son, avec la Salomé de RichardStrauss mise en scène à la Scala deMilan en 1987. C’est en esthèteconquistador qu’il pousse lesportes des années 90. On lui doit,ainsi qu’à son ami Karl Lagerfeld –dont les dessins tapissaient lesmurs de son bureau milanais –, lefait d’avoir fait entrer la modedans le royaume du showbiz. Ilouvre la décennie par le spectaclede ses minirobes ultramoulantes,fluo, zippées, strassées, rebrodées,collant au corps des Lady Kalach-nikov et autres stars siliconées.

Gianni avait installé l’un de sesvélos d’appartement sous un busteantique. Il était connu pour ses dé-penses somptueuses, sa passionpour les « fabulous », top models,artistes, princes et princesses dushow biz, de Madonna à ElisabethHurley dont la robe très dénudée,fermée sur les côtés par desépingles à nourrice géantes, auraété, avec ses lunettes aux médail-lons dorés, l’un de ses modèles lesplus copiés.

« Gianni Versace n’a pas peur dechanger. Il innove pendant que lesautres restent dans leur monde

beige », a écrit Elton John enlettres d’or dans le livre Rock andRoyalty, édité par Versace chez Ab-beville Press en 1997, le sixièmed’une collection, qui lui est dédiée,ainsi qu’à Diana, et où l’on trouvedans la liste des « contributors »,Richard Avedon, qui réalisait lescatalogues et campagnes publici-taires de Gianni Versace depuis sixans, Grace Jones, Tina Turner, LisaMarie Presley, Luciano Pavarotti,Prince, Sting, et bien sûr Claudia,Kirsten, Linda, Naomi, Kate, Nad-ja, Stella, étoiles des podiumspayées des fortunes par cet impe-ratore dont les collaborateurs cé-lèbrent la fidélité et l’amour dutravail : « Un bosseur. A 4 heures dumatin, il envoyait déjà des fax. »

Gianni Versace n’hésitait pas àlouer pendant trois jours le restau-rant l’Espadon au Ritz pour instal-ler ses ouvrières, réglant les es-sayages avant le défilé. A s’offrirles talents de Julian Shnabel pourson appartement new-yorkais, etceux de Boy George pour jouer lesdisc-jockey lors d’un défilé mila-nais. A demander à un maître ita-lien de passer deux ans pour cou-vrir les murs et les plafonds de savilla de Miami de fleurs et d’oi-seaux en trompe-l’œil. Renoir, Pi-

casso, Dufy, Modigliani, Matisse etChagall partageaient son repos àMiami, tandis que des lutteurs mo-numentaux de Canova l’atten-daient dans la chambre de sa villaolympienne de Côme, où il devaitrejoindre la « famiglia », Santos,Donatella, et ses neveux Allagra,Daniela, Antonio, Francesca, nemanquant aucun des défilés, de« Tio Gianni ». Cet oncle d’Amé-rique n’oubliait pas qu’il était né àReggio de Calabre, l’une des villesles plus pauvres du Mezzogiorno.« J’habille les nouveaux riches. Etalors ? Il ne faut pas oublier que les“ vieux ” riches l’ont été un jour »,nous avait-il confié en 1996, à Mi-lan, dans son palais de la Via Jesu,QG du « clan » Versace, où il orga-nisait deux fois par an ses défilésde prêt-à-porter, présentant égale-ment d’autres lignes à Florence età New York.

DES BOUTIQUES-PALAISL’empire Versace, c’est « Atelier

Versace », « Première ligne »,« Instante », « Versus », « Versacejeans couture », « V2 by Versace »et même « Versatile », une lignepour les femmes fortes, des cra-vates (un million seraiient vendueschaque année), des bagages, de la

maroquinerie, et depuis peu deslignes pour la maison, (« Home si-gnature »), en attendant le maquil-lage lancé en septembre prochain.Mais les chiffres – on estime à4,5 milliards le montant du chiffred’affaires – n’ont jamais été offi-ciellement communiqués par lamaison. Ces récentes années ontété marquées par l’ouverture deboutiques-palais à Berlin(600 mètres carrés sur le fameuxKurfurstendamm), Milan, Londres,ou New York, un mégastore inau-guré dans le palais Vanderbilt surla Ve avenue, la plus grand templejamais ouvert à son nom. Il devaitfêter en octobre 1998 les vingt ansde sa griffe, se refusant, bien sûr, àtoute rétrospective. « Seul l’avenirl’intéressait », affirme l’une de sescollaboratrices à Paris.

Dans sa dernière collection, trèsnoire, présentée le 6 juillet, on apu remarquer de nombreusescroix brodées, hommage sansdoute à sa mère, qui après avoirpris sa respiration, faisait son signede croix, avant de couper directe-ment dans l’étoffe.

Laurence Benaïm

(Lire aussi page 26)

Page 9: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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R É G I O N SLE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

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Douze mille hectares de cognac seront arrachés ou reconvertisLa surproduction d’eau-de-vie est telle que sept années blanches ne suffiraient pas à la résorber. Devant l’ampleur de la crise,

la viticulture tente pour la première fois une « révolution » : maîtriser la production COGNAC

de notre correspondantSous le soleil de l’été, les jolies

fermes saintongaises ont des al-lures toscanes. Les porches depierre blanche à peine brunie et lestoits de tuiles rouges et ocre res-semblent au paradis. Dans leschais qui ferment les cours, dor-ment ici et là des millions de litresd’eau-de-vie. Des fortunes y sontstockées. Des fortunes virtuellesparce que cette eau-de-vie-là netrouve plus preneur. La région dé-limitée de production de vinsblancs destinés au cognac pourraitcouvrir sans peine deux fois les be-soins annuels mondiaux (145 mil-lions de bouteilles en 1996, dontplus de 95 % à l’exportation). Si legel ou quelque catastrophe natu-relle anéantissait la production decognac pendant les sept pro-chaines années, les consomma-teurs ne s’en apercevraient mêmepas. Le stock suffirait à pourvoir lademande.

Aussi, depuis un an, le feu couve

sous les chais. Les neuf mille huitcents viticulteurs des deux Cha-rentes sont partagés entre la ré-volte et la réforme. A la veille del’été, les deux principaux syndicatsde viticulteurs – la FVC (Fédéra-tion des viticulteurs charentais),implantée essentiellement en Cha-rente-Maritime, et la FSVC (Fédé-ration des syndicats viticoles decrus), implantée en Charente – sesont accordés pour mettre enplace un plan sur neuf ans. Un re-mède sans précédent qui doit per-mettre de réduire sensiblement laproduction et d’assurer des reve-nus décents aux viticulteurs.

PLAN EN SEPTEMBREPour la première fois dans la ré-

gion, ces derniers envisagent eneffet d’arracher des vignes ou dereconvertir les surfaces libérées.Au terme du plan qui sera entérinéen septembre par les instances dubureau national interprofessionneldu cognac, 12 000 hectares sur les80 000 en production aujourd’hui

disparaîtront ou changeront devocation. C’est une révolution. En-fants gâtés de la viticulture depuisdes décennies, les viticulteurs cha-rentais, de l’aveu même de l’un desleurs, « ont été obnubilés par la mo-dernisation des techniques et par lahausse des rendements. Et dans cedomaine, ils ont réussi, passant de80 hectolitres à 150 ou 200 hecto-litres à l’hectare. En revanche, ilsaccusent un énorme déficit de ré-flexion économique. Ils n’ont pas vuou pas su voir ce qui, dans leurs vi-gnobles, était rentable et ce qui étaitcultivé à perte ».

L’homme qui parle – PhilippeSabouraud – exploite 60 hectaresde vigne. Il a cinquante et un ans,il a repris depuis deux ans la pro-priété familiale. Pendant les dixannées précédentes, il étaitmembre du directoire et patron dumarketing du groupe industriel Le-roy-Somer (moteurs électriques).Né dans le sérail, il a trouvél’oreille attentive du président dela FSVC, Bernard Guionnet, quand

il a calqué sur la viticulture uneanalyse industrielle. Il est devenurapidement le conseiller du syndi-cat et aura contribué à faire bou-ger les choses dans une région pa-ralysée par l’angoisse dulendemain.

Durant l’hiver et le printemps,les deux hommes ont multiplié lesréunions dans tous les cantons dela région de production. Plus dequatre mille viticulteurs sont ve-nus les écouter. Ils ont fait chemi-ner l’idée de l’arrachage ou de lareconversion. Elle a fait son che-min. La preuve, les viticulteursplaident aujourd’hui, qui pour uneprime d’arrachage garantie de100 000 francs l’hectare, qui pourun arrachage seulement tempo-raire. D’autres, tel Philippe Sabou-raud, qui entend prêcher parl’exemple, préparent déjà le ter-rain pour réencépager et produiredes vins de cépage, cabernet oumerlot. Les Charentes viticoles en-visagent de sortir de la mono-culture du cognac ; seul le Comitéde défense de la viticulture, affiliéau Modef, actif mais minoritaire,réclame encore le maintien en ac-tivité des 80 000 hectares.

Les grands groupes du négoce(Hennessy, Martell, Rémy-Martin)suivent de près cette évolution.D’un bon œil. Ils portent une largepart de responsabilité dans l’inca-pacité de la viticulture à modulerjusqu’alors la production en fonc-tion des besoins et des évolutionsdu marché extérieur (en parti-culier, asiatique), comme savent lefaire, par exemple, les vignerons

champenois. Jusqu’à la fin des an-nées 80, les grands négociants en-tretenaient des rapports paterna-listes avec la viticulture. Ilsassuraient toujours l’achat vitalminimum à leurs producteurs, ré-duits à une situation de dépen-dance totale.

Depuis le début des années 90,tous les négociants sont passéssous la coupe de groupes de di-

mensions internationales : LVMH(Hennessy), Seagram (Martell), Al-lied-Domeq (Courvoisier), Pernod-Ricard (Renault-Bisquit), quimettent d’abord l’accent sur les ré-sultats financiers. Ils ne s’ac-commodent pas d’achats d’eaux-de-vie qui ne soient pas néces-saires. En se donnant les moyensde réduire sa production, la viti-culture donne des gages à ses par-tenaires. Elle diminue sa pressionsur les volumes d’achats et ac-quiert un début d’autonomie quirassure l’état-major du négoce.

Dans les rapports souvent mani-

chéens qui ont opposé la« pauvre » viticulture au « riche »négoce, celui-ci a également don-né des gages. En octobre, il s’estmobilisé avec la viticulture contrele projet d’une nouvelle taxationdes alcools forts, imaginé àl’époque par le gouvernement Jup-pé. Les grandes maisons de négoces’emploient aussi depuis plusieursmois à reconquérir le marché fran-

çais en préconisant de nouveauxmodes de consommation du co-gnac, comme en témoignent lescampagnes publicitaires – pour lecognac-glace ou le cognac-Schweppes à l’apéritif –, encore ti-mides cependant. Dans la régionde production, en tout cas, le co-gnac-Schweppes est désormaisinévitable. Pour que les visiteursde l’été repartent avec une bou-teille et propagent cette modedans leur région quand il y retour-neront.

Yvan Drapeau

Jean-Claude Gayssot veut traiter rapidementle dossier de l’extension de l’aéroport de Roissy

PONTOISEde notre correspondante

La première table ronde sur leprojet d’extension de l’aéroportRoissy-Charles-de-Gaulle s’est te-nue mardi 15 juillet au ministèrede l’équipement, du transport etdu logement en présence d’unetrentaine de personnes et a durétrois heures. Le ministre, Jean-Claude Gayssot, avait invité tousles acteurs de ce dossier, détrac-teurs ou partisans : des élus régio-naux et départementaux, syndica-listes, professionnels de l’aviation,représentants de compagnies aé-riennes et d’Aéroports de Paris,responsables d’associations de dé-fense de l’environnement. Le mi-nistre n’a donné aucune dateconcernant un éventuel démar-rage des travaux de constructiondes deux pistes supplémentairesau cœur de la polémique, travauxqui devaient commencer juste-ment ce mardi. De nouvelles ren-contres devraient avoir lieu d’ici lafin du mois de juillet et au débutd’août.

La plupart des participants à latable ronde ont reconnu que le mi-nistre paraissait vouloir aller vitedans cette affaire. Au-delà dubien-fondé de l’extension de l’aé-roport, les deux sujets principauxévoqués par Jean-Claude Gayssot,ont porté sur les nuisances géné-rées par l’aéroport mais aussi sur

« les enjeux nationaux et considé-rables » que représente son activi-té. L’ancien président du conseilgénéral du Val-d’Oise, le sénateurJean-Philippe Lachenaud (UDF-PR) est d’ailleurs actuellement encharge d’un rapport concernant larépartition équitable des retom-bées économiques et le partagedes dispositions fiscales. Seules,sept communes des trois départe-ments concernés par l’aéroport, leVal-d’Oise, la Seine-Saint-Denis etla Seine-et-Marne, se partagent,en effet, les quelque 700 millionsde francs que représentent lestaxes foncières et professionnelles.

Au cours de cette table ronde,chacun a pu exprimer sa position.Les syndicalistes ont mis l’accentsur l’emploi et sur la « meilleureorganisation du trafic » que per-mettraient ces deux nouvellespistes. Les aiguilleurs du ciel ontinsisté sur l’aspect sécurité du pro-jet en démontrant qu’avec 361 000mouvements d’avions par an et30 millions de passagers, l’aéro-port se trouve déjà en limite de ca-pacité aux heures de pointe. L’ex-tension devrait amener 200 000mouvements de plus. Michel Gi-raud, président RPR de la régionIle-de-France, a d’ailleurs déclaréque « la construction de deux pistessupplémentaires, dans le respect del’environnement, est une nécessi-té ». Quant à Maurice Allain,

conseiller général de Sarcelles, etvice-président de l’assemblée dé-partementale du Val-d’Oise, char-gé des transports, il a estimé :« Dès l’instant où toutes les autressolutions alternatives ont été étu-diées et si on ne peut faire autre-ment que construire ces deux pistes,nous devons insister pour que lesélus et les associations participent àl’institution indépendante crééepour contrôler l’application desseuils de nuisance ».

INDEMNITÉS PRÉVUESDes propositions qui ne peuvent

que ravir les responsables d’Aéro-ports de Paris qui ont déclaré at-tendre « avec confiance » le feuvert du ministre. Le gel ou l’aban-don du projet coûterait cher àl’établissement public qui seraittenu de payer à la sociétéBouygues, détentrice du marché,entre 14 et 20 millions de francsd’indemnité compensatrice parmois. « Nous acceptons toutes lesconcertations possibles et toutes lesanalyses complémentaires si ellesdoivent déboucher rapidement surune décision positive,explique Aé-roports de Paris. Nous sommesconfiants car nous savons que le bonsens l’emportera. Les enjeux écono-miques sont très forts. On est passé àRoissy de 5 000 emplois en 1974 à29 000 en 1986 et à 49 000 cette an-née. Nous savons aussi queBouygues fera un geste commercialen attendant la décision du ministreavant d’exiger toute indemnité. »

Les associations sont, elles, plusdéçues. Claude Carpentier, pré-sident de l’Advocnar (Associationde défense du Val-d’Oise contreles nuisances aériennes), a mêmeparlé de « pessimisme mesuré ».« Le ministre veut aller très vite.Nous nous demandons si le jeu n’estpas déjà joué car remettre à plat, enquelques semaines d’été, un tel dos-sier, qui engage pour un demi-sièclela région Ile-de-France est hasar-deux. Comment le ministre peut-il,en si peu de temps, étudier toutes lessolutions alternatives que nousavons proposées, comme le désen-gagement du trafic vers les aéro-ports de province, le déplacementdes pistes vers le Nord ou encore letransfert des bulldozers de Roissyvers un troisième aéroport. Le mi-nistre a les lobbies sur le dos. Jecrains qu’il n’ait pas les mainslibres. » François Tempesta, pourVal-d’Oise Environnement, parle,lui, de « négociation tronquée » s’iln’y a pas de réexamen complet dudossier : « 80 % du trafic aérienfrançais peuvent-ils être concentréssur le seul site de Roissy sans que lesinconvénients ne dépassent, pour lapopulation, les avantages réels ».

Frédérique Lombard

Récolte de vin en baisse en 1997La récolte de vin en France sera, en 1997, en recul de 6 % sur celle de

1996 et en retrait de 3 % sur la production moyenne des cinq dernièresannées, selon les prévisions du ministère de l’agriculture. C’est le vo-lume des vins de table qui enregistrera le plus gros recul. En revanche,celui des vins de qualité sera proche de celui des années précédentes.Dans le Cognac, le niveau de production devrait être stabilisé. Lesconditions météorologiques exceptionnelles entraînent des situationsrégionales contrastées : précocité en Gironde, chute de production envallée du Rhône, altération de la fécondation en Alsace, bonnesconditions en Languedoc-Roussillon et dans le Val de Loire.

VITICULTURE En Charente, lesproducteurs de l’eau-de-vie destinéeau cognac souffrent d’une crised’excédents d’une importance telleque les deux principaux syndicats de

viticulteurs se sont accordés sur unplan de réduction des livraisons sansprécédent. b SELON CE PLAN, quidevrait être entériné en septembre,douze mille hectares sur les quatre-

vingt mille existants aujourd’hui dis-paraîtront ou changeront de voca-tion dans les neuf prochaines an-nées. b LA PROFESSION approuveen grande majorité cette « révolu-

tion » à laquelle s’oppose le seulComité de défense de la viticulture,actif mais minoritaire. b LES NÉGO-CIANTS accompagnent favorable-ment cette évolution et se mobi-

lisent pour reconquérir le marchéfrançais, en préconisant de nou-veaux modes de consommation,comme en témoignent les récentescampagnes publicitaires.

DÉPÊCHESa MANCHE : les Verts de la Manche estiment que « le ministre del’environnement ment monumentalement » lorsqu’il reprend les conclu-sions de l’OPRI (Office de protection des rayonnements ionisants) dé-clarant nulles les émissions radioactives à cinquante mètres du tuyaude la Hague, dans une lettre adressée à Dominique Voynet le 15 juillet.a PYRÉNÉES-ATLANTIQUES : à Oloron-Sainte-Marie, une tren-taine d’opposants ont bloqué la circulation sur la RN 134 entre Urdoset le col du Somport, mardi matin, pour protester contre l’élargisse-ment de la route nationale reliant Pau au futur tunnel du Somport. a ILE-DE-FRANCE : une étude de l’Insee définit quatre zonesd’emploi hétérogènes en Ile-de-France : la zone d’Evry-Cergy, carac-térisée par une démographie et une économie dynamiques, ainsi quepar une formation professionnelle poussée ; une deuxième par un ni-veau d’études élevé, une vitalité économique (Orsay) ; la région deSaint-Denis, qui rassemble une population pauvre subissant un forttaux de chômage ; Paris, enfin, faisant figure d’exception, avec unebonne santé économique et des salaires plus élevés qu’ailleurs, mais letaux de chômage le plus fort de la région.

Page 10: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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Page 11: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1307--0037-0 WAS LMQ1307-37 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 12:35 S.: 111,06-Cmp.:16,12, Base : PPDTEXT 44Fap:99 No:0472 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 11

H O R I Z O N SENQUÊTE

« Mes convictions, mes principes,sont aussi solides, voire plus, qu’avant, grâce à ce que j’ai appris en vingt-sept ans... »

La liberté retrouvée de Geronimo PrattE

N ce matin de juin1997, le tribunal ca-lifornien du comtéd’Orange revientsur trente ans dedémêlés entre lesinstitutions améri-caines et certainsgroupes de dissi-

dents politiques. Il y a là, dans sacombinaison jaune de détenu,Geronimo Pratt, quarante-neufans, un des leaders du parti desPanthères noires, emprisonné de-puis vingt-sept ans pour un crimequ’il a toujours affirmé n’avoirpas commis. A ses côtés, assurantsa défense, Johnnie Cochran,l’avocat le plus célèbre des Etats-Unis depuis qu’il a obtenu l’ac-quittement de l’ancien championde football américain O. J. Simp-son.

En face, Everett W. Dickey, unjuge nommé par le républicainRonald Reagan, alors gouverneurde Californie. C’est ce magistratconservateur qui va finalemententendre le cinquième pourvoi enrévision de son procès déposé parle condamné, et rendre l’ordon-nance d’habeas corpus qui an-nule le verdict de réclusion à per-pétuité de 1972. Quand le jugeDickey annonce la libération souscaution de Geronimo Pratt, leprétoire applaudit. Dans l’assis-tance, on reconnaît EldridgeCleaver, cheveux blanchis, DavidHilliard...

Elmer Gerard Pratt, dernier filsd’une famille nombreuse, est néen Louisiane, en septembre 1947.A l’âge de dix-huit ans, il s’en-gage dans l’armée et combat auVietnam pendant trois ans, dansla 82e division aéroportée. Il re-viendra en 1968 avec de multiplesdécorations, et le grade desergent. Aussitôt, il s’inscrit àl’université de Californie, à LosAngeles (UCLA), et très vite mi-lite dans les rangs du parti desBlack Panthers, dont il devient leministre de la défense. Il adoptelégalement le nom de Geronimo,parce que ses compagnons lecomparent au chef apache en rai-son de son ardeur et de sa loyau-té.

Il a toujours maintenu qu’il setrouvait à Oakland, en Californiedu Nord, à une réunion du comi-té central de son parti, le soir dumeurtre dont il sera accusé. Le18 décembre 1968, en effet, uneenseignante, Caroline Olsen, est

assassinée sur un court de tennisde Santa Monica, et son marigrièvement blessé. A partir du si-gnalement transmis par celui-ci,la police dresse le portrait-robotde deux agresseurs noirs.

L’enquête piétine, jusqu’aujour où un certain Julius Butler,un ancien membre des Panthèresnoires qui avait été expulsé, parPratt, à cause de ses comporte-ments violents, prétend que cedernier lui a avoué être l’auteurdu meurtre. Sur la foi de cette dé-nonciation, le leader noir est ar-rêté et inculpé d’homicide.

« Sur le moment, l’incident nem’a pas déconcerté plus que ça,explique Geronimo quelquesjours après sa libération. Cher-cher à nous impliquer dans descrimes divers était une tactiquecourante de l ’administrationNixon et d’Edgar Hoover (direc-teur du FBI de 1924 à sa mort, en1972). Ils m’avaient fait le coupplusieurs fois, le plus fameux étantde m’arrêter dans le cadre de l’en-quête sur le meurtre perpétré parCharles Manson » (l’assassin deSharon Tate, épouse de RomanPolanski, tuée avec des amis en1969 à Los Angeles).

Mais, cette fois, Pratt n’est pasrelâché, et son procès a lieu en1972, à Los Angeles. A la barre,Julius Butler, le principal témoinà charge, confirme la « confes-sion ». Entre-temps, mais deuxans après les faits, Kenneth Ol-sen, le mari de la victime, a iden-tifié le militant noir. A l’issue d’in-terminables délibérations, le juryrend un verdict de culpabilité, etPratt, qui a alors vingt-quatreans, hurle : « Je n’ai pas tué cettefemme », traitant les jurés de« chiens de racistes ». Johnnie Co-chran a perdu un des premiersprocès de sa carrière.

L ’ACCUSÉ fut aussi victimedes dissensions internes deson parti, déchiré entre le

clan d’Eldridge Cleaver et celui deHuey Newton, qui percevait enPratt et ses talents naturels deleader un rival. Newton interdiraaux membres du comité centralprésents à Oakland le soir dumeurtre de témoigner en faveurde Pratt, sous peine d’exclusion.

Seule Kathleen Cleaver confir-mera l’alibi de l’accusé à la barre.« De toute façon, j’avais déjà étéexpulsée, explique l ’ancienneépouse d’Eldrige, qui enseigne

aujourd’hui le droit dans un col-lège de la Côte est, et rédige sesMémoires. Bobby Seale, DavidHilliard [chez qui la réunion avaitlieu] ont signé des déclarationssous serment, en 1992. Mais, vingtans après, ça ne sert pas à grand-chose. »

La réclusion de Prattcommence au secret à la prisonde Folsom, puis à San Quentin,dans une cellule d’un mètre vingtsur deux mètres cinquante, où ilrestera plus de huit ans « sans ra-dio, sans livres, sans journaux,juste la Bible, et un dictionnaireque j’ai lu tant et plus », se sou-

vient aujourd’hui Geronimo, qui,la voix cassée, mais le regard vifet l’énergie entière, semble avoirétonnamment résisté à ce qu’ildécrit comme « l’horreur péniten-tiaire ». « Je suis arrivé en prisonen sachant bien que j’étais un pri-sonnier de guerre – la guerre me-née par le gouvernement améri-cain contre le mouvement delibération noir – et qu’il y avait unedifférence entre moi et les prison-niers de droit commun. Je me suistoujours perçu comme un combat-tant, mais sur un autre champ debataille. C’est ainsi que j’ai main-tenu ma discipline, afin de survivreà ces situations très dangereuses,très répressives : le racisme desgardes, les insultes, les fèces etl’urine mélangées à ma nourriture.Et il m’a fallu transformer la haineque cette situation déclenchait enmoi en quelque chose de produc-tif... J’ai cherché, et trouvé del’aide auprès de certaines philoso-phies orientales, mais je ne me suisconverti à aucune religion. »

Pour sortir son client du ca-chot, un autre de ses avocats,Stuart Hanlon, intente et gagneun procès civil, où il plaide que leprisonnier est persécuté du faitde ses convictions politiques, etinvoque le premier amendementde la Constitution américaine,protégeant la liberté d’expressionde tous les citoyens, même incar-cérés. En 1981, un jury populaire

reconnaîtra la violation des droitsciviques, et accordera même120 000 dollars (708 000 francs)de dommages et intérêts au déte-nu.

A la même époque, unecommission d’enquête du Sénataméricain publie le rapportChurch, qui dénonce la « guerresecrète » menée par le FBI dansle cadre de son programme clan-destin Cointelpro (Counter Intel-l igence Program), destiné à« neutraliser » les individus ougroupes jugés subversifs. De soncôté, Stuart Hanlon s’appuie surune loi américaine (le Freedom of

Information Act) permettant auxcitoyens d’exiger des agencesgouvernementales la communi-cation de documents les concer-nant. « Il devenait évident que leFBI avait été impliqué dans ce pro-cès qui, pourtant, relevait stricte-ment de la juridiction califor-nienne. Clairement, Geronimoavait été l’une des cibles de Coin-telpro ». En 1981, Geronimo Prattest inscrit par Amnesty Interna-tional sur sa liste de prisonnierspolitiques.

Enfin, M. Wesley Swearingen,un ancien agent du FBI, parle etpublie même un livre (FBI Secrets,An Agent’s Exposé, South EndPress) dans lequel, à côté de do-cuments concernant les cibles dé-jà connues du programme Coin-telpro (l ’actrice Jean Seberg,entre autres), il révèle que lesécoutes téléphoniques pratiquéespar le FBI confirmaient l’alibi deGeronimo Pratt, lequel avait tou-jours soutenu que les rapports defilature du Bureau constituaientla meilleure preuve de son inno-cence.

Swearingen a également dé-couvert dans les fichiers du FBI laconfirmation que Julius Butlertravaillait pour le compte del’agence fédérale, et ce bien avantl’ouverture du procès. Interrogésur ce point par Johnnie Cochran,qui soupçonnait que ce malfai-teur sous le coup de plusieurs in-

culpations aurait eu intérêt à col-laborer en échange de sonimmunité, Butler avait formelle-ment nié être un « mouchard ».

Récemment, deux jeunes dé-tectives ont pourtant retrouvédans les archives du procureur ducomté de Los Angeles (qui avaitinstruit le procès) des fiches at-testant que Butler renseignait leFBI, ainsi que la police et le par-quet de Los Angeles.

Les défenseurs apprendront aulendemain du procès que le maride la victime avait identifié dansun premier temps un autre sus-pect, qui ne ressemble au-cunement à Pratt. Or la loi obligel’accusation à porter à la connais-sance de la défense, et donc desjurés, tout élément susceptible deminimiser, ou même d’invalider,la portée d’une preuve matérielle.Trois jurés avouèrent par la suitequ’ils n’auraient jamais condam-né le leader noir s’ils avaient étéinformés de la duplicité de Butleret des hésitations du mari de lavictime. L’un d’entre eux, JeanneHamilton, mènera même unecampagne active en faveur del’élargissement du prisonnier.

P RATT entamait sa vingt-septième année de prisonquand son cinquième

pourvoi en révision a finalementété entendu. Comme le magistratqui présidait le procès de 1972 al-lait être appelé à témoigner, tousles juges du comté de Los Angelesont dû se récuser, et l’affaire a étérenvoyée vers le comté voisind’Orange et confiée au juge Dic-key.

Ce magistrat, conservateurmais à la veille de la retraite etconnu pour son indépendanced’esprit, a évalué avec sévérité lesprocédés employés par l’accusa-tion lors du procès de 1972, parti-culièrement le « faux témoi-gnage » selon lequel Butlern’était pas un informateur : « Ladissimulation par le ministère pu-blic de preuves matérielles impor-tantes favorables à l’accusé a privécelui-ci d’un procès équitable, eten requiert l’annulation », lit-ondans les attendus. Un quart desiècle trop tard, Geronimo Prattobtenait gain de cause.

Légalement, il est toujours in-culpé, mais donc présumé in-nocent. L’actuel procureur de LosAngeles, Gil Garcetti, va faire ap-pel de la décision du juge Dickey.

Elu au suffrage populaire, il luifaut ménager sa carrière. Sonprédécesseur, qui obtint lacondamnation de GeronimoPratt dans ces circonstances dou-teuses, est aujourd’hui un jugeinfluent du comté de Los Angeles.La filière de promotion des ma-gistrats californiens (les pro-cureurs devenant juges, parfoismême ministre de la justice, ougouverneur) sème le doute surl’indépendance de la justice faceà l’appareil d’Etat.

Pratt, qui a changé son nom enGeronimo ji Jaga, après avoir dé-terminé que Pratt, le nom d’unnégrier, n’était « ni génétiquementni historiquement correct », a re-trouvé la liberté. Il s’est aussitôtrendu en Louisiane pour y revoirsa mère, qui a quatre-vingt-qua-torze ans. Lucide mais encoreétourdi, il s’excuse d’avoir besoind’un tiers pour convenir d’uneheure et d’un lieu de rendez-vous : « J’ai été bouclé si long-temps, je ne fonctionne pas encoretrès bien. » Il a retrouvé sa famille(en prison, il a épousé Ashaki et,grâce au système californien devisites conjugales, conçu deuxenfants qui ont aujourd’hui qua-torze et dix-sept ans).

Il laisse à ses avocats le soin dedécider des poursuites en justicecontre l’Etat californien « pouravoir volé la moitié de [sa] vie »,commente Johnnie Cochran. Il aentrepris une tournée de ses an-ciens camarades et, lors d’unesoirée au centre culturel deWatts, présente Emory Douglas,« notre ministre de la culture »,comme si le temps n’avait paspassé. « Mes convictions, mesprincipes sont aussi solides, voireencore plus qu’avant, grâce à ceque j’ai appris en vingt-sept ans...Notre communauté est capable derésoudre ses problèmes. Nousavons survécu à l’esclavage, nousvaincrons le crack », lance Pratt,qui prône un retour aux écrits deMalcolm X et à « l’autodétermina-tion de la nation noire ».

A sa sortie de prison, il a été ac-cueilli comme un héros, et lesoffres hollywoodiennes pour lesdroits de son histoire s’empilentsur le bureau de Johnnie Co-chran. Mais, pour Geronimo ji Ja-ga, une seule chose est sûre : il re-prend son combat politique.

Claudine MulardDessin : Nicolas Vial

L’ancien « ministrede la défense »

des Black Panthersavait été condamné,

en 1972,pour un meurtre

qu’il a toujours nié.Il vient d’obtenir

la révisionde son procès

et a été libéré.Son accusateurtravaillait alors

pour le FBI,qui cherchaità neutraliserles groupes

subversifs

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12 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 H O R I Z O N S - A N A L Y S E S E T D É B A T S

IL Y A 50 ANS, DANS 0 123

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ÉDITORIAL

La table ronde est un étrange objetqui ne ressortit à aucun genre parce qu’elleles confond tous. Cette confusion des rôlesa produit une machinedont le fonctionnement sans normea bousculé des règles et brutalisé des êtres

Les Aubrac, jouets de l’histoire à l’estomacpar Claire Andrieu et Diane de Bellescize

L E Monde a renducompte du débat susci-té par la parution dulivre de Gérard Chauvy

Aubrac, Lyon 1943 qui s’inspire du« testament » de Klaus Barbiepour mettre en doute l’honneur derésistants de Lucie et de RaymondAubrac. Depuis, au cours d’unetable ronde organisée par le jour-nal Libération en présence des Au-brac, des historiens ont déclaréavec force que la thèse de la trahi-son était dénuée de fondement.

Pourtant, certains des historiensprésents ont prolongé la séance enquestionnant les Aubrac sur labase du livre de Gérard Chauvy.Un principe de suspicion, qui pro-cède de la présomption de culpa-bilité, a été ainsi substitué audoute méthodique, celui de l’histo-rien qui construit et valide sesquestions avant de les livrer au pu-blic.

D’un point de vue juridique, leprocessus régulier du droit a étéinversé, puis ignoré : après avoiraffirmé d’emblée l’innocence,d’aucuns ont fini par négliger laprésomption même d’innocence.En outre, en fin de séance, unmode nouveau de mise en causeest apparu : un faisceau de ques-tions ne reposant sur aucun indicevérifié a cherché à faire dire à cesrésistants, maintenant âgés de plusde quatre-vingts ans, qu’ils étaientindirectement responsables del’arrestation de leurs parents dis-parus dans les camps de la mort.

Raymond Aubrac avait lui-même souhaité et coorganisé larencontre, mais il a été le premiersurpris du renversement de situa-tion. Comme il l’a écrit dans Libé-ration du 10 juillet, la table rondes’est transformée en un « interro-gatoire de police » – de mauvaisepolice plus précisément.

Comment une telle dérive a-t-elle pu se produire ? Quels méca-nismes la table ronde a-t-elle dé-clenchés, qui ont eu certainementpour résultat de dépasser l’inten-tion des historiens, puisque quel-ques-uns ont exprimé leur répro-bation à l’égard de la tournureprise par les débats.

La table ronde est un étrangeobjet qui ne ressortit à aucungenre parce qu’elle les confondtous : ni instance scientifique, niexpertise collective, ni commissionarbitrale. Cette confusion des rôlesa produit une machine dont lefonctionnement sans norme abousculé des règles et brutalisé

des êtres. Etait-ce une séance detravail scientifique ? Les partici-pants ne pouvaient pas comptersur un témoignage nouveau desAubrac : cinquante ans après lesfaits, des déclarations provoquéesn’auraient eu qu’une faible valeur.Les Aubrac ont au demeurantabondamment témoigné depuis1944.

La durée de la table ronde, unejournée, ne s’inscrivait pas nonplus dans la temporalité de la re-cherche scientifique. Elle était troplongue ou trop courte. En tenantséance pendant près de six heures,on s’exposait à franchir des bar-rières psychologiques et à sortir dudomaine de l’analyse cartésienne.Mais la journée était trop brèveaussi. Une année à temps pleinsuffirait à peine à retracer de ma-nière rigoureuse le parcours mou-vementé d’un ancien résistant.

Le lieu choisi pour la réunion– le siège d’un quotidien – n’était

pas plus approprié. Une salle depresse où règne l’urgence ne pou-vait que faire peser sur l’histoire,discipline lente comme toutescience, une obligation de résultatimmédiat contraire à sa nature. Lerisque était pris d’une histoire ex-péditive qui répondrait aux impé-ratifs de la production médiatique.

En outre, comme le souligne An-toine Prost (Le Monde du 12 juil-let), toutes les hypothèses nepeuvent être rendues publiquesavant d’avoir subi, dans le secretdu laboratoire, le test de leur vali-dité. Puisque l’arrestation, puisl’évasion de Raymond Aubrac, or-ganisée par sa femme Lucie, n’ontcausé aucune autre arrestation, ledossier d’accusation est clos.

Si l’on voulait poursuivre l’en-quête sur les conditions de déten-tion du résistant, la démarchescientifique exigeait d’étudierpréalablement les procédures poli-cières et judiciaires sous l’Occupa-tion, du côté allemand comme du

côté français, pour brosser le ta-bleau d’ensemble du traitementdes internés résistants. C’est seule-ment sur ce fond de tableau quel’histoire individuelle aurait puprendre son sens. Ce n’est pasdans une salle de rédaction que cetravail pouvait être effectué, maisdans une salle d’archives, au prixde mois entiers de labeur.

S’agissait-t-il d’une expertisecollective ? Depuis quelque temps,cette pratique se développe en his-toire, à la demande des pouvoirspublics ou à titre privé. Lacommission Touvier, suscitée parl’Eglise, et la commission Cot, de-mandée par la famille de cet an-cien ministre du Front populaire,en sont des exemples. Mais latable ronde ne fait apparaître au-cun travail nouveau de collecte dessources puisque les pièces men-tionnées figurent déjà dans le livrede Gérard Chauvy.

En dehors de l’invalidation de la

thèse de Klaus Barbie, l’un desdeux acquis de la réunion aura étéd’éliminer l’hypothèse émise parGérard Chauvy selon laquelle lapremière arrestation d’Aubrac au-rait eu lieu le 13 et non le 15 mars1943. Un examen des documentsdisponibles menait aisément àcette conclusion. En outre, une ré-flexion de bon sens suffisait à au-thentifier l’organisation de l’éva-sion de Raymond par Lucie le21 octobre suivant.

La table ronde était-elle unecommission arbitrale ? Dans l’es-prit de Raymond Aubrac, l’aréo-page devait réduire à néant la ca-lomnie qui pesait sur lui et sur sonépouse. Mais la composition de lacommission – huit historiens faceà deux « témoins » demandeurs –ne répondait pas aux critèresd’une formation où les parties op-posées sont présentes et où elless’expriment devant des arbitresimpartiaux.

L’accusation, en la personne de

Gérard Chauvy, n’était pas repré-sentée, ce qui a conduit certainsparticipants à glisser de la posturecritique à une attitude accusatrice.Ils furent juge et partie, alors quela présence de l’insinuateur les au-rait peut-être maintenus dans laseule position d’arbitre. Pour au-tant, la participation de GérardChauvy à ces débats était-elleconcevable ? L’énoncé même decette éventualité souligne lesrisques et les impasses de l’usagede « commissions » en matière devérité historique.

En outre, les règles du droit nesont pas familières aux historiens.Non seulement la logique de posi-tion a conduit certains d’entre euxà transformer les témoins en « ac-cusés », mais quelques-uns ontoublié les règles élémentaires dudroit pénal en transférant sur ces« accusés » la charge de la preuvede leur innocence.

Raymond Aubrac a été mis defait dans la position de prouverqu’il n’était pas devenu un agentdouble en prison, au motif qu’ilavait été maintenu à Lyon aprèsl’arrestation de Caluire tandis quela plupart des autres personnes ar-rêtées avaient été transférées à Pa-ris. De même, Lucie Aubrac a-t-elle été sommée de prouver qu’ellen’avait pas été « filée » lorsqu’elleétait allée à la Gestapo de Lyonpour tenter de sauver son mari. Sil’on étend le raisonnement, toutevictime d’un système totalitairedevra bientôt prouver son inno-cence. C’est une inversion desnormes de l’Etat de droit et unétrange renversement de perspec-tive historiographique.

Le risque est donc grand deconfondre les exigences scienti-fiques, les procédures judiciaires etles nécessités médiatiques. La ma-chinerie ainsi bâtie abolit la sépa-ration des fonctions et mélange lesrègles éprouvées de chaque pro-fession pour en retenir certainesde manière aléatoire et instable.Même sans intention précise, l’em-ploi renouvelé de ce « monstre »pourrait déclencher des phéno-mènes que nous ne maîtriseronspas.

Claire Andrieu est maître deconférences en histoire à l’universi-té Paris-I ;

Diane de Bellescize estmaître de conférences en droit àl’université Paris-II.

AU COURRIERDU « MONDE »

TROUVERDES COUPABLES

Lorsque ce que l’on appelle l’affairedu sang contaminé a éclaté au grandjour, il a fallu trouver des coupables.On est remonté jusqu’aux ministres.Les années passant, ces coupablesfurent oubliés et, pour se garderbonne conscience, il fallut en trouverde nouveaux. Ce ne fut pas là chosedifficile ; le plus simple était de s’enprendre à cette partie de la sociétéaux mœurs honteuses, par qui, aprèstout, le scandale était arrivé : les ho-mosexuels.

Tandis que les médias leur don-naient une large audience, notam-ment au sujet du contrat d’union so-ciale, dans l’ombre, on les accablaitde tous les maux, on les maudissait.Et on les maudit encore.

La simple preuve en est que le seulfait de se déclarer homosexuel à unmédecin lors de l’entretien préalableau don de sang suffit à s’exclure – ouplutôt se faire exclure – du don desang. On sait que le don de sang n’estpas un moyen de détecter le virusHIV et que les donneurs le font enbonne conscience.

Donneur depuis plus d’un an, onse voit rejeter comme un malotru dela pire espèce parce qu’on a osé veniravec son compagnon, avec lequel onvit depuis plus d’un an. Tandis que,ne sachant rien de la vie privée dudonneur, les médecins acceptaientvolontiers le sang de ce donneur sain,la révélation de son homosexualitésuffit à rendre ce sang, toujours aussisain, vicié. C’est bien connu, les ho-mosexuels ne sont pas fidèles. Etnous voilà repartis sur les clichés ha-bituels.

Sylvain Paillard,Mennecy (Essonne)

LA PAROLEDES ENFANTS

Depuis que la bombe Dutroux aéclaté en Belgique, en août 1996, met-

tant au jour les graves dysfonction-nements de la police et de la justicedu royaume, la France, comme parun effet de contagion, n’en finit pasde déballer des affaires de pédophilie,notamment au sein de l’éducationnationale, sanctuaire des enfants. Ré-trospectivement, il apparaît en effetque bon nombre d’affaires n’ont pasété traitées comme il aurait été sou-haitable, voire ont été purement etsimplement étouffées par la hiérar-chie, le corporatisme aveugle et la loidu silence faisant force de règle. Etencore n’en est-on qu’au tout débutde l’écheveau que l’on dévide peu àpeu, avant qu’il ne ressorte que lenombre d’affaires est beaucoup plusimportant qu’on ne l’imaginait (...)Mais, au-delà de l’éducation natio-nale, c’est toute la société qui est encause, quand il apparaît que le droitdes enfants (tel qu’il est stipulé dansla loi de 1989) n’est pas encore effec-tif, et que leur parole, quand encoreelle est accueillie, ne pèse pas lourddès lors qu’elle est mise en balanceavec celle d’un adulte respectable,connu de tous dans la ville où il pro-fesse, d’autant plus quand il y exercede multiples responsabilités, bref,une personne dont l’honorabilité nefait pas l’ombre d’un doute.

Pierre Caumont,Charleville-Mézières

(Ardennes)

PRÉCISION

NASSERDINE SLIMANINasserdine Slimani, mis en exa-

men et écroué depuis novembre 1995pour « association de malfaiteurs envue de préparer des actes terroristes »,cité dans notre article sur les en-quêtes visant les attentats islamistesde 1995 (Le Monde daté 6-7 juillet),n’est « ni un islamiste ni un terro-riste », nous demande de préciser sonavocat, Me Emmanuelle Hauser-Phe-lizon, qui souligne que la mise en exa-men de son client ne concerne pas saparticipation directe à un attentat.

RECTIFICATIF

KENYADans l’article de Jean Hélène sur

la situation politique au Kenya (LeMonde du 15 juillet), une erreur detransmission nous a fait écrire quel’ethnie kalenjin du président Da-niel Arap Moi était majoritairedans le pays. Elle y est minoritaire.

Incompréhensionsfranco-belgesSuite de la première page

Les tendances centrifuges vont-elles prendre le dessus lors duprochain rendez-vous institution-nel prévu pour 1999 ? Quel pour-rait être le comportement dugrand voisin français si une nou-velle crise entre Flamands et fran-cophones venait à mettre en dan-ger ce qu’il reste d’unité du pays ?

Même si les « rattachistes »partisans d’un retour à la Répu-blique française de la partie fran-cophone du pays ne constituentqu’une petite minorité d’acti-vistes, on se pose, en Wallonie età Bruxelles, des questions quivont bien au-delà de la gestion aujour le jour des rapports entre lescommunautés, de la recherche duénième compromis institutionnelpouvant assurer le maintien del’Etat belge comme entité au seinde l’Union européenne.

ACCORD CULTURELCette « question belge » embar-

rasse les Français, quelle que soitleur famille politique. L’évolutioninstitutionnelle de ce pays, qui estpassé en deux décennies du statutd’Etat unitaire à celui d’Etat fédé-ral, où les régions sont dotées delarges compétences, y comprisdans le domaine des relations in-

ternationales, perturbe les autori-tés françaises. Celles-ci semblentse perdre dans les complexités de« l’ingénierie institutionnelle »mise au point par les Belges. Celadonne lieu à des scènes cocassescomme celle, naguère, de Fran-çois Mitterrand demandant à unresponsable de la Communautéfrançaise si nos compatriotesétaient nombreux dans son asso-ciation, la Communauté françaiseétant en fait l’institution gouver-nementale de la Wallonie et desfrancophones bruxellois !

Cela provoque aussi ce refushors de saison des dirigeants fran-çais de tenir compte des nouvellesdonnées et de conclure un accordculturel entre la France et laCommunauté française de Bel-gique à l’image de celui qui a étéétabli, sans le moindre problème,entre la communauté flamande etles Pays-Bas pour la gestionconcertée du patrimoine linguis-tique et culturel commun.

Une timide avancée avait été ef-fectuée dans un sens favorable àun accord de ce type par l’ex-se-crétaire d’Etat à la francophonie,Margie Sudre. Le dossier setrouve maintenant entre lesmains de Charles Josselin, secré-taire d’Etat à la coopération pourqui cette affaire est loin d’êtreprioritaire...

Il serait dommage que JacquesChirac, déchargé par la force deschoses, de la gestion au jour lejour des crises entre les deux payscontinue de se voiler la face surune évolution de la Belgique, dé-plaisante peut-être pour un espritpétri de jacobinisme, mais cepen-dant inexorable. Le risque seraitalors de se retrouver surpris parune accélération de l’Histoiresans être en mesure de trouver lesréponses adéquates. Cela s’est dé-jà vu, dans un passé récent, enYougoslavie par exemple.

Luc Rosenzweig

Des espérances déçuesON S’EST demandé quelle était

l’origine des revendications sala-riales, presque toujours légitimes,et des grèves successives dans lesentreprise nationalisées commedans les entreprises privées. Il estcertain que la politique partisane aparfois tenté d’utiliser ces mouve-ments. Mais leur source profondeest la désillusion. Nous noussommes trouvés dans une atmo-sphère d’espoirs déçus. De là cesmouvements d’impatience trèscompréhensibles, alors que les pro-messes plus ou moins inconsidé-rées n’avaient pas été tenues, queles propagandes avaient fait failliteet que les slogans si généreusementrépandus avaient menti. A toutesles consultations électorales on ré-pétait à grand renfort d’affiches :« Il faut que ça change ! » Et rien nechangeait. Les prix s’élevaient, lemarché noir continuait sa carrièrede prospérité, le luxe impudique et

immoral côtoyait la misère, le dé-sordre ne cessait pas, l’autorité del’Etat s’effritait un peu plus chaquejour. Il y eut, un moment, un grandespoir avec l’expérience tentée parM. Léon Blum. Mais les bour-rasques politiques n’avaient paspermis de la mener à son terme.

D’autre part, la Libération avaitfait naître l’espérance d’une pros-périté nouvelle. Beaucoup avaientpensé que les jours de malheur etde pauvreté avaient pris fin et quele niveau de vie d’autrefois seraitaussitôt rétabli. On ne peut mal-heureusement effacer d’un trait deplume cinq années de destructionset de pillages. Des sacrifices s’im-posent après les catastrophes. Maisils doivent être équitablement ré-partis, et c’est là, en somme, tout leproblème.

Rémy Roure(17 juillet 1947.)

Un élargissement doséF IDÈLE à sa réputation

de prudence, laCommission euro-péenne avance des

propositions dosées et sans sur-prise pour le prochain élargisse-ment de l’Union. Des onze payscandidats – Malte, qui était ledouzième, s’est désisté –,Jacques Santer et ses collèguesen retiennent six, avec lesquelsdes négociations devraient s’ou-vrir au début de l’année pro-chaine. L’Union européenne res-pecte ainsi le calendrier arrêtéen décembre 1995 à Madrid : sixmois après la fin de la confé-rence intergouvernementalecensée réformer les institutionseuropéennes, le coup d’envoipouvait être donné à un nouvelélargissement.

Trois candidats figurent surtous les tableaux d’honneur del’Europe de l’Est : la Hongrie, laPologne et la Républiquetchèque, également choisiespour entrer dans l’Allianceatlantique dès 1999. Viennentensuite la Slovénie, la plus pe-tite et la plus prospère des ex-Républiques yougoslaves, quis’est débarrassée depuis long-temps de sa mauvaise réputa-tion « balkanique », puis l’Esto-nie, qui a fait des effortsméritoires pour rompre avecquarante ans de soviétisme ; saprésence sur la liste de laCommission donne espoir à tousles Baltes, tenus à l’écart del’OTAN pour cause d’oppositionrusse.

Quant à la République deChypre, son sort était déjà scel-lé ; la France avait exigé qu’ellesoit, comme représentante dumonde méditerranéen, parmi

les premiers pays sélectionnés,en contre-partie de son accordpour un élargissement vers l’Eu-rope centrale.

Ouverture des négociations nesignifie pas encore adhésion.C’est vrai pour les six Etats men-tionnés par la Commission deBruxelles. Certains ne sont pasau bout de leurs peines s’ilsdoivent satisfaire aux critèreséconomiques exigés pour l’en-trée dans l’UE. D’autres ne rem-plissent pas les conditions poli-tiques. C’est surtout le cas deChypre, divisée entre les Chy-priotes grecs et les Chypriotesturcs placés sous la tutelle d’An-kara. L’île ne saurait entrer dansl’UE avec sa déchirure. La pers-pective de l’adhésion peut, enrevanche, pousser à un compro-mis entre les deux communau-tés, pour peu que la diplomatieeuropéenne utilise ce levier plusactivement que par le passé.

Paris aurait souhaité que lesonze candidats se retrouventensemble sur la ligne de départ.Ce souci d’égalité se traduirasans doute par une « photo defamille », en décembre, auconseil européen de Luxem-bourg. Mais personne ne seradupe. Certains ont plus dechances que d’autres d’entrerdans la famille européenne,mais certainement pas en l’an2000 comme Jacques Chirac l’agénéreusement promis au coursde ses tournées est-euro-péennes. Plutôt vers 2005. Carles « vieux » européens commeles prétendants ont à parcourirun long chemin de réformesavant que l’UE puisse passer dequinze à vingt et un membressans perdre son identité.

Page 13: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0013-0 WAS LMQ1707-13 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0361 Lcp: 196 CMYK

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E N T R E P R I S E SLE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

Troisième constructeurLe groupe Kia emploie50 000 personnes et réalise unchiffre d’affaires de plus de120 milliards de francs avec28 filiales dans l’automobile, lasidérurgie et la construction. b La filiale automobile KiaMotors est le troisièmeconstructeur automobile, avec desventes l’an dernier de770 147 véhicules, dont 447 213 enCorée. Cette filiale a dégagé en1996 un chiffre d’affaires de6 607 milliards de wons(46,2 milliards de francs) et unrésultat net de 7 milliards de wons.En 1995, ces chiffres étaientrespectivement de 6 193 milliardsde wons et une perte de59 milliards de wons. En 1994, ilsétaient de 5 092 milliards de wonset la perte de 69 milliards de wons.b Asia Motors, la filiale de Kiaspécialisée dans les véhiculescommerciaux, a perdu, en 1996,29,4 milliards de wons pour unchiffre d’affaires de 1 600 milliardsde wons.b Kia Steel, la filiale sidérurgiquedu groupe, a pour sa part perdu89,5 milliards de wons en 1996.

Bruxelles craint que Boeing ne sous-estime sa détermination STRASBOURG

(Union européenne)de notre envoyé spécial

Après avoir entendu Karel VanMiert, le commissaire chargé de lapolitique de la concurrence, lui ex-pliquer l’état des négociations avecBoeing, le collège européen aadressé mardi 15 juillet un avertis-sement sévère au constructeuraméricain : à moins que ses préoc-cupations légitimes soient apai-sées, la Commission ne pourra pasapprouver la fusion projetée entreBoeing et McDonnell Douglas.

Bruxelles estime que le projet defusion tel qu’il existe aboutirait à

renforcer excessivement la posi-tion dominante que détient déjàBoeing dans le secteur des avionsde plus de cent places, et par làmême à détruire toute possibilitéde véritable concurrence.

Compte tenu des délais qu’im-pose le règlement communautairesur les fusions et concentrations, lacommission doit arrêter sa déci-sion le 23 juillet ou, au plus tard, le30. Vu le temps nécessaire pourmettre un éventuel accord enforme juridique et le traduire dansles différentes langues de l’Union,il ne reste que quelques jours dis-ponibles pour négocier.

M. Van Miert a expliqué en subs-tance que Boeing n’avait fait jus-qu’ici aucune offre sérieuse pourprendre en compte les inquiétudesmanifestées par ses services.Celles-ci portent en particulier surles contrats d’exclusivité à trèslong terme qu’a signés le construc-teur de Seattle avec trois grandescompagnies d’outre-Atlantique :American Airlines, Delta et Conti-nental. Il s’agit de contrats d’unedurée de vingt-cinq ans dont, ap-paremment, Boeing a proposé deramener la durée à quinze ou qua-torze ans. Un geste insuffisant, es-time la Commission. Il faut, selon

les Européens, mettre un terme aucaractère exclusif de tels contrats.

L’intransigeance de Boeingcommence à inquiéter les diri-geants bruxellois, qui entendentcertes préserver le maintien d’unenécessaire concurrence mais sou-haiteraient vivement aussi éviterun affrontement aux consé-quences juridiques, économiqueset politiques imprévisibles. « Cequi serait dangereux, c’est queBoeing sous-estime la déterminationde la Commission », commentaitmardi soir un des commissaires.

Philippe Lemaître

Le sénateur Lambert propose la création d’un livret bancaireLE SÉNAT passe aux actes. A la

veille du week-end du 14 juillet, lerapporteur général de la commis-sion des finances, Alain Lambert(UC), a déposé une proposition deloi relative « au statut et à l’activitédes caisses d’épargne et de pré-voyance » et portant « créationd’un premier livret bancaire ».Soixante-trois articles pour le pre-mier sujet, dix-neuf pour le se-cond, vont ainsi être adressés, jeu-di 17 juillet, officiellement etconjointement aux principaux in-téressés : le gouvernement, leCencep, structure faîtière descaisses d’épargne et à la Caisse desdépôts (qui détient 35 % descaisses d’épargne).

Le texte est la traduction législa-tive du rapport rédigé début no-vembre 1996 par les parlemen-taires du Palais du Luxembourgsur la situation du système ban-caire français (Le Monde du 6 no-vembre 1996). Les sénateursavaient alors disséqué le secteur,

ses faiblesses structurelles et sesdistorsions de concurrence.

Les livrets d’épargne défiscalisés(Livret A et Bleu) sont depuislongtemps dans le collimateur desbanques, qui réclament que leurdistribution soit accessible à tousles réseaux bancaires. Prudent, M.Lambert propose un clônage duLivret A, le livret bancaire, qui se-rait doté des mêmes avantages fis-caux.

Sa création serait précédée d’unminimum de précautions : unemise en circulation au 1er sep-tembre 2001 ; l’inscription dans laloi de l’affectation de sa collecteau logement social ; et la différen-ciation des commissionnementsen fonction de l’encours des li-vrets et de l’importance des mou-vements opérés.

Pour permettre aux caissesd’épargne de faire face à la « ba-nalisation » de fait du Livret A, letexte propose à la fois de les auto-riser à distribuer des crédits aux

grandes entreprises (ce qui leur estactuellement interdit) et de leurdonner des propriétaires. Avec desfonds propres de 65 milliards defrancs qui n’appartiennent à per-sonne, les caisses d’épargne pour-raient « être le fleuron de notre sys-tème bancaire » mais leurrentabilité faible (5,3 %) fait que« l’outil est manifestement sous-em-ployé ».

OUVRIR LE DÉBATLa proposition de loi opte pour

une transformation du statut del’établissement sur le modèle mu-tualiste qui s’accompagneraitd’une cession des parts socialesdes caisses régionales. PourM. Lambert, ce projet est plus am-bitieux et plus cohérent que la so-lution de facilité d’une ponctionsur les fonds propres, objets deconvoitise permanente du gouver-nement.

Grâce à cette proposition, AlainLambert va au bout de sa dé-

marche. Le cheminement parle-mentaire de son texte est pourtantincertain. S’il est adopté en sep-tembre par le commission des fi-nances du Sénat, il doit ensuiteêtre voté en séance publique. Cen’est qu’alors qu’il peut être trans-mis à la commission des financesde l’Assemblée. On voit mal HenriEmmanuelli, qui la préside, sebattre pour enfoncer un coin dansle monopole du Livret A au risquede créer un « clash » avec lescommunistes.

L’initiative de M. Lambert a toutde même une vertu : celle d’ouvrirofficiellement le débat. Le gouver-nement pourra s’appuyer sur letexte de M. Lambert pour rédigerson propre projet, notamment surla nécessaire évolution du statutdes caisses d’épargne. Le travaildes sénateurs ne sera pas perdu.Le texte pourra alors être déclinéen amendements.

Babette Stern

DÉPÊCHESa FRAMATOME : après avoirrencontré un représentant deMatignon, l’intersyndicale a dé-claré mardi avoir « obtenu l’assu-rance de la volonté gouvernemen-tale de confirmer l’actionnariatmajoritairement public de Frama-tome ».a FRANCE TELECOM : une péti-tion demandant l’arrêt du pro-cessus d’ouverture du capital a« recueilli la signature de3 000 agents », a annoncé le 15 juil-let l’Union Ile-de-France CGT-PTT.a RENAULT : la direction del’entreprise a décidé de ne pas sepourvoir en cassation après l’ar-rêt de la cour d’appel lui deman-dant de reprendre la consultationdu comité de groupe européen.

La Société de banque suisse s’allie avecla Banque de crédit à long terme japonaise

TOKYOcorrespondance

La SBS (Société de banquesuisse) et la Banque de crédit àlong terme (LTCB) japonaise ontannoncé, mardi 15 juillet, avoirconclu la plus importante alliancejamais réalisée entre une banquejaponaise et un établissementétranger. L’accord définitif devraêtre signé avant le mois de sep-tembre. L’opération, qui comporteun échange de participations, estestimée par les deux institutions à1,5 milliard de dollars (9 milliardsde francs). C’est le troisième rap-prochement entre banque japo-naise et banque étrangère depuisl’annonce du « Big Bang », la dé-réglementation financière de laplace de Tokyo prévue pour 2001.En avril, la Nippon Credit Banks’est alliée à l’américain BankersTrust, et en juin, la Hokkaido Ta-kushoku annonçait un accord avecla Barclays.

Deux rapprochements sanscommune mesure avec les enga-gements pris cette fois, puisqueles deux banques échangerontl’équivalent de 3 % de leur capital :un investissement de 640 millionsde dollars pour la LTCB et de280 millions de dollars pour laSBS. En outre, la LTCB devrait,afin d’éponger ses créances dou-teuses, procéder à une augmenta-tion de capital de 200 milliards deyens pilotée par la SBC Warburg,dont 130 milliards en actions pré-férentielles. La banque suisse enprendra la moitié, portant son in-vestissement total à 850 millionsde dollars. La SBS poursuit ainsiune expansion internationale trèsrapide après l’acquisition de la

banque Warburg il y a deux ans etde la banque d’affaires américaineDillon Read en mai.

La SBC et la LTCB vont créertrois filiales communes : unebanque d’affaires spécialisée dansles investissements, une autre quise consacrera à la gestion d’actifset une dernière qui sera le premierétablissement nippon spécialisédans la gestion de fortunes.

« Les Suisses apportent une ex-pertise en produits financiers, no-tamment dérivés, qui fait cruelle-ment défaut aux Japonais. Ceux-ciapportent leurs réseaux et uneclientèle gigantesque. L’alliancedonne une crédibilité réelle au « BigBang », dont on aurait tort de sous-estimer les effets », souligne unbanquier français basé à Tokyo.

Brice Pedroletti

AUTOMOBILE Kia, troisièmeconstructeur automobile coréen, nepeut plus faire face à ses échéancesde remboursement d’une dette deplus de 60 milliards de francs, la moi-

tié de son chiffre d’affaires. b LESBANQUES créancières, considérant legroupe en état de quasi-faillite, ontdû, mardi 15 juillet, lui accorder enurgence des prêts relais. b CE SAU-

VETAGE est le troisième du genre de-puis le mois d’avril organisé par lesbanques coréennes. b L’INDUSTRIEautomobile coréenne est menacéede surcapacités. Daewoo, Hyundaï,

Kia et Ssangyong ont accru leurs ca-pacités de production, entre 1985 et1996, de 18,2 % par an. Avec 2,8 mil-lions de véhicules fabriqués, la Coréeest devenue le cinquième produc-

teur mondial, derrière la France.b LES EFFECTIFS de Kia (50 000) de-vront être réduits de 4 500 em-ployés. Des actifs seront cédés pourun total de 12 milliards de francs.

Les banques coréennes doivent organiser un sauvetage d’urgence de KiaLe troisième constructeur automobile du pays est incapable de faire face à une dette de 60 milliards de francs. Le secteur souffre de surcapacités.

Les conglomérats coréens, financièrement fragiles , paient une stratégie d’investissement à marche forcée LE HUITIÈME groupe industriel

coréen est au bord du gouffre. Ré-sultat de la stratégie d’investisse-ment à marche forcée pratiquéepar les conglomérats de ce pays,Kia accumule un endettement deplus de 60 milliards de francs, lamoitié de son chiffre d’affaires. Lesbanques créancières considèrentque le groupe est en état de quasi-faillite. Elles ont dû, mardi 15 juil-let, lui accorder en urgence desprêts relais en attendant d’avoirune vision plus claire du délabre-ment financier et des restructura-tions nécessaires.

Depuis quelques semaines, Kiaavait du mal à respecter seséchéances et à faire face au paie-ment des intérêts de sa dette. Lepool bancaire, avec la Korea FirstBank en chef de file, s’est engagé à

faire bénéficier de ces mesuresd’urgence dix-huit des vingt-huitsociétés du groupe. Il se réunira le30 juillet pour décider du montantet des modalités de son soutien.Echaudées par les faillites retentis-santes des sidérurgistes HanboSteel et Sammi Steel au début del’année, les banques coréennes ontdécidé de payer. C’est la troisièmefois depuis le mois d’avril que lesbanques coréennes se regroupentpour organiser le sauvetage d’uneentreprise.

Jusqu’à récemment, personnen’avait imaginé, en Corée, l’am-pleur des problèmes de Kia, mêmesi les rumeurs se faisaient pres-santes. Début juin, un rapport in-terne de Samsung Motors sur l’in-dustrie automobile, ébruité, aconstitué la première alerte. Enconclusion, il appelait le gouverne-ment à provoquer une consolida-tion de l’industrie automobile co-réenne. Conclusions qui ont ététrès mal jugées par la concurrence,compte tenu des ambitions affi-chées de Samsung de racheter Kia.Samsung, qui a obtenu l’autorisa-tion de se lancer dans l’automobileen 1994, vendra sa première voi-

ture en mars 1998.Pour certainsanalystes, Samsung est dans uneposition également délicate : lamanne de l’électronique (semi-conducteurs) s’est tarie et legroupe va manquer de moyenspour alimenter ses ambitions.Seule une acquisition pourrait luipermettre de faire les économiesd’échelle nécessaires.

CONCURRENCE MEURTRIÈREL’industrie automobile coréenne

est menacée de surcapacité. De-puis un peu plus de dix ans, Dae-woo, Hyundaï, Kia et Ssangyongne cessent d’accroître leur produc-tion. Entre 1985 et 1996, celle-cis’est accrue au rythme de 18,2 %par an. Elle a représenté l’an der-nier 2,8 millions d’unités, faisantde la Corée le cinquième produc-teur mondial derrière la France. Sil’on en croit les prévisions de l’en-semble des constructeurs, cechiffre devrait atteindre 7 millionsen l’an 2000. Or le marché coréen,qui a connu des années de fortescroissance, apparaît saturé. Dansune économie en fort ralentisse-ment, les analystes prévoient aumieux une croissance de 2 à 3 % de

la demande pour les prochainesannées.

Dans ce contexte, la concurrenceest meurtrière. Et Kia est désavan-tagé. Contrairement à Daewoo ouHyundaï, sa principale activité estl’automobile. Ses filiales sidérur-giques sont loin d’être rentables.Le groupe ne dispose pas d’unemanne financière pour soutenir undéveloppement tous azimuts –multiplication des produits et in-ternationalisation à tout crin –dans l’automobile. Daewoo, qui nerecule devant aucune dépense, luia ravi sa place de deuxièmeconstructeur. En 1997, la part dumarché coréen de Kia devrait êtrede 20 %, contre 28 % l’an dernier.L’arrivée en 1998 de Samsung, quia décidé d’investir dans l’automo-bile 5,5 milliards de dollars par anentre 1996 et 2002, devrait encorefragiliser sa position.

La direction de Kia considèreque le groupe est loin de la faillite.Elle qualifie la décision desbanques d’« unilatérale ». « Notreratio endettement sur fonds propresest très raisonnable pour la Corée,379 % en 1996, contre 744 % pourDaewoo Motors et 383 % pour

Hyundai, rappelle un porte-paroledu groupe. Et puis nos exportationssont en augmentation de 40 % parrapport à l’an dernier. »

Néanmoins, pour faire face à sesdifficultés, Kia a engagé une sériede mesures de restructuration,dont une coupe dans les effectifsde 4 500 employés. Les effectifs dela filiale automobile (20 000 per-sonnes) Kia Motors seront réduitsde 10 %. Asia Motors, spécialiséedans les véhicules commerciaux,perdra 1 447 salariés sur 9 200. Unmillier d’autres emplois serontsupprimés chez Kia Steel, filiale si-dérurgique, et Kisan, spécialiséedans la sidérurgie et la construc-tion. Mercredi, la direction de Kia aannoncé qu’elle allait simplifier sesstructures et ramener le nombrede ses sociétés de 28 à 14, en en fu-sionnant certaines et en en ven-dant d’autres. Elle va aussi vendredes actifs pour 1 900 milliards dewons (12 milliards de francs).

UN AVENIR INCERTAINCes mesures suffiront-elles à

sauver Kia de la faillite ou du ra-chat ? La plupart des experts s’ac-cordent à dire qu’il n’y aura de la

place que pour deux ou au maxi-mum trois constructeurs dansl’avenir. Ssangyong Motors, dontle rapport Samsung mettait égale-ment en lumière les difficultés, estencore plus mal en point que Kiaet son avenir apparaît égalementincertain. Mais Ssangyong fait par-tie d’un groupe diversifié capablede le soutenir. Au siège de Kia àSéoul, où l’on revendique une in-dépendance farouche (les ouvriersde Kia sont allés manifester à plu-sieurs reprises devant le siège deSamsung), une OPA est jugée im-pensable : « Kia est un des raresgroupes à ne pas être dirigé par unefamille même si le capital reste dansdes mains amies », rappelle JeonSang-jin, un porte-parole de KiaMotors. Ford détient 9,4 % de Kia,les employés 13 %. « Avec les socié-tés partenaires, la majorité nous estacquise », dit-on chez Kia. Maiselle risque de ne pas avoir les reinsassez solides face aux banques.L’industrie coréenne ne pourra évi-ter une vaste consolidation finan-cière.

Virginie Malingreet Brice Pedroletti (à Tokyo)

Bernard Arnault donne son plan face à Guinness et GrandMetBERNARD ARNAULT, le président du

groupe de luxe LVMH, a précisé, mercredi16 juillet, son projet pour créer un groupemondial de vins et spiritueux avec lesgroupes britanniques Guinness et GrandMet.Alors que ces derniers évoquaient la veilleune scission possible entre les activités dechampagne et de cognac de LVMH dans lecadre d’un éventuel rapprochement, BernardArnault maintient sa proposition de consti-tuer un ensemble unique reprenant toutesles activités vins et spiritueux des troisgroupes.

Le mariage du champagne et du cognac deLVMH, regroupés dans la filiale Moët Hen-nessy, avec les whiskies, les gins et rhums deGrandMet rassemblés dans sa filiale IDV etceux de Guinness, réunis dans la société Uni-ted Distillers, permettrait de constituer lepremier groupe mondial de vins et spiri-

tueux. Pesant 7,4 milliards de livres (74 mil-liards de francs), il posséderait 19 des 100marques de vins et spiritueux les plusconnues dans le monde, dont Moët et Chan-don, Hennessy, Johnny Walker, J&B, Gor-don. Le nouvel ensemble disposerait aussid’un réseau mondial de distribution. Il serait,selon le schéma proposé par M. Arnault, cotéà Paris et à Londres.

La création de cet ensemble se doubleraitd’une opération d’éclatement de Guinness etGrandMet, qui s’apparente aux scissions ef-fectuées par ATT ou ITT, il y a deux ans. Esti-mant que les deux groupes britanniquesexercent plusieurs métiers sans rapport lesuns avec les autres, Bernard Arnault proposede créer trois sociétés indépendantes cotées,qui regrouperaient leurs différentes activités.L’une reprendrait la branche bière de Guin-ness, l’autre la restauration rapide de Grand-

Met (Burger King) et la troisième l’agro-ali-mentaire de GrandMet (Géant Vert,Häagen-Dazs).

AUCUNE PARITÉ ARRÊTÉELes actionnaires de Guinness et GrandMet

recevraient en échange de leurs actions destitres du nouvel ensemble de vins et spiri-tueux ainsi que des parts dans chacune destrois sociétés créées. A ce stade, aucune pari-té d’échange n’est arrêtée. LVHM, de son cô-té, est prêt à apporter les 66 % qu’il détientdans Moët Hennessy, sa participation de14,2 % dans Guinness et les 6,5 % qu’il a ré-cemment acquis dans GrandMet. Cet apportlui permettrait, selon ses calculs, de détenir35 % du capital du nouvel ensemble et d’enêtre le premier actionnaire. Il ne prendraitaucune action dans les trois sociétés nou-velles (bière, restauration, agro-alimentaire).

Si ce projet est accepté par les deuxgroupes britanniques, LVMH s’affirmeraitcomme le grand vainqueur de cette fusion.Premier actionnaire du premier groupe mon-dial de vins et spiritueux, il aurait les moyensde faire valoir ses vues. En face, ses parte-naires britanniques seraient démantelés.

Guinness et GrandMet peuvent-ils avaliserun projet qui les amène à disparaître ? Leursactionnaires pourraient les y contraindre.Depuis des années, les deux groupes af-fichent une rentabilité élevée mais stagnante.Leur projet de fusion n’aboutirait qu’à créerun conglomérat plus vaste.

En face, Bernard Arnault propose un plandouloureux mais qu’il estime répondre à defortes logiques commerciale, financière etboursière.

Martine Orange

Page 14: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0014-0 WAS LMQ1707-14 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 10:45 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0362 Lcp: 196 CMYK

14 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 F I N A N C E S E T M A R C H É S

Thomson-CSF, valeur du jourL’ANNONCE, à la fin de la se-

maine dernière, de l’arrêt de la priva-tisation de Thomson-CSF a pesé surle cours de l’entreprise publique,mardi 15 juillet, à la Bourse de Paris.L’action a perdu 3,60 % à163,50 francs. En revanche, aprèsl’annonce par le gouvernementqu’aucun choix n’avait été faitconcernant « l’opérateur ou les al-liances » qui pourraient se noueravec Thomson, le doute a nettementprofité à Alcatel Alsthom, qui a ga-gné + 0,92 % à 772 francs dans des

transactions portant sur 414 millionsde francs. Le titre Lagardère n’a pasbénéficié du même engouement,perdant 2,23 % à 175 francs.

Records à New Yorket Londres

LES VALEURS japonaises sesont sensiblement redressées,mercredi 16 juillet, à la Bourse deTokyo. L’indice Nikkei a regagné289,33 points soit 1,44 % à20 358,74 points.

La veille, Wall Street a réussi àfinir sur un record, à 25 points duseuil des 8 000 points, grâce à unrenversement de la tendance enfin de séance à la faveur d’achatssélectifs de valeurs vedettes. L’in-dice Dow Jones a gagné 52,73points (0,67 %) à 7 975,71 pointsalors que l’indice Nasdaq, à fortecomposante technologique, a en-registré son neuvième recordconsécutif et le vingt-sixième de-puis le début de l’année. Ce der-nier a gagné 1,20 % à 1542,12points.

En Europe, la Bourse de Londresa établi un nouveau record en clô-

ture, le deuxième en deux jours,surtout soutenue par la vigueurdes valeurs du secteur bancaire.L’indice Footsie a gagné 41,9points à 4 899,3 points, soit unehausse de 0,85 %. En revanche,après les records enregistrés aucours des dernières séances, laBourse de Francfort a fait unepause. L’indice DAX s’est effrité de0,07 % à 4 121,13 point.

a LE DOLLAR a franchi mardi après-midi, pour la première fois depuis sixans, le seuil de 1,80 mark, il faiblis-sait légèrement mercredi matin à1,7888.

a LA BOURSE DE TOKYO a fini enhausse de 1,44 % mercredi. L’indiceNikkei a gagné 289,33 points à20 358,74 points à la suite de lahausse des valeurs technologiques.

a WALL STREET a battu un nouveaurecord mardi. Le Dow Jones a termi-né la journée à quelques encabluresde la barre des 8 000 points, enhausse de 0,67 % à 7 975,71 points.

a « LES PAYS PARTICIPANT À L’EUROvont devoir mettre de l’ordre dansleur politique financière d’une façondurable », a affirmé Ottmar Issing, lechef économiste de la Bundesbank.

a LA BOURSE DE LONDRES a atteintmardi 15 juillet un nouveau sommet.L’indice FT 100 a fini la séance surune hausse de 41,7 points (0,85 %) à4 899,1 points.

Reprise du Matif LE MARCHÉ obligataire français était bien orienté,

mercredi 16 juillet. Dès l’ouverture, le contrat notionneldu Matif, qui mesure la performance des emprunts d’Etatfrançais, était en hausse de 22 centièmes à 130,20 points.

La veille, Le Matif avait reculé après ses gains de la se-maine dernière, une tendance qui a été appuyée par unelégère tension du marché obligataire américain à l’ouver-ture. Le contrat notionnel échéance septembre avait per-

du 60 centièmes par rapport à vendredi (lundi était férié) à129,98, en raison de prises de bénéfices.

Aux Etats-Unis, le rendement moyen sur les émissionsdu Trésor à 30 ans, principale référence, se situait mardisoir à 6,54 % contre 6,55 % lundi soir. Ce taux, qui évolue àl’inverse du prix, avait progressé à 6,57 % après l’annonced’une progression des ventes de détail supérieure aux pré-visions en juin.

Effritement du dollarLE DOLLAR cédait du terrain face au franc et au

deutschemark, mercredi 16 juillet, au cours des pre-miers échanges interbancaires. Le billet vert s’échan-geait à 6,0555 francs et 1,7922 deutschemark contrerespectivement 6,0822 francs et 1,8013 deutschemarkau cours des transactions entre banques mardi soir.

Quelques heures plus tôt à Tokyo, la devise améri-caine s’est inscrite en clôture sous ses plus hauts ni-

veaux contre yen, mais la tendance lui reste favo-rable. « Nombre d’opérateurs ont rejoint la hausseaprès que le dollar eut passé la barre des 115 yens », no-tait un cambiste. En fin de séance, le dollar s’échan-geait à 115,45 yens contre 115,90 yens mardi soir àNew York. Les cambistes se sont toutefois montrésplus prudents avant la publication des statistiques surla balance commerciale américaine, vendredi.

Paris en routevers les 3 000 points

LES VALEURS françaises poursui-vaient sur leur lancée, mercredi16 juillet. En hausse de 0,63 % au dé-but des échanges, l’indice CAC 40gagnait 1,24 %, à 2 987,25 points,quelques minutes plus tard.

La veille, après un démarragecalme, la Bourse de Paris avait connuune séance « joliment active » pourune mi-juillet, au lendemain de la cé-lébration de la fête nationale, les in-vestisseurs étrangers comme les ré-sidents profitant de la bonne tenuedu dollar. En hausse de 0,09 % à l’ou-verture, l’indice CAC 40 a oscilléentre l’équilibre et une hausse deplus de 0,65 % avant de terminer surun gain de 0,31 %, à 2 950,70 points.

Si la fermeté du dollar a dopé laBourse de Paris (7,3 milliards defrancs de transactions), la faiblessedu marché obligataire l’a en re-vanche un peu freinée, expliquait unboursier.

Parmi les plus fortes variations,Eurotunnel a terminé en tête desbaisses, abandonnant 9,27 %, à6,85 francs, après avoir déjà chuté de7 % vendredi. Selon les analystes, le

titre a souffert de deux facteurs.D’abord, la société Eurotunnel restesurcotée et l’action vaudrait plutôtentre 3 et 4 francs, malgré le plan derestructuration approuvé à la quasi-

majorité la semaine dernière par lesactionnaires. Ensuite, l’intersyndicaledu personnel d’Eurotunnel a annon-cé mardi qu’elle avait déposé unpréavis de grève.

LES PLACES BOURSIERESCAC 40

pCloture

CAC 40

p1 mois

CAC 40

p1 an

MIDCAC

p1 mois

NEW YORK

qDOW JONES

LONDRES

qFT 100

MILAN

nMIB 30

FRANCFORT

qDAX 30

LES TAUX LES MONNAIESPARIS

qJour le jour

PARIS

qOAT 10 ans

NEW YORK

pJour le jour

NEW YORK

qBonds 10 ans

FRANCFORT

nJour le jour

FRANCFORT

pBunds 10 ans

US / F

p6,0588

US / DM

q1,7926

US / ¥

p115,5500

DM/F

q3,3763

£ / F

p10,2110

LES TAUX DE REFERENCETaux Taux Taux Indice

TAUX 15/07 jour le jour 10 ans 30 ans des prixFrance 3,13 5,38 6,28 1,70Allemagne 3 5,59 6,41 1,80Grande-Bretagne 6,50 7,09 NC 2,80Italie 7,19 6,45 7,21 2,60Japon 0,52 2,52 NC 0,50Etats-Unis 5,50 6,24 6,54 3,30

LE MARCHE MONETAIRE (taux de base bancaire 6,30 %)Achat Vente Achat Vente15/07 15/07 11/07 11/07

Jour le jour .... .... 3,1875 ....1 mois 3,09 3,34 3,22 3,323 mois 3,28 3,38 3,28 3,406 mois 3,38 3,48 3,34 3,441 an 3,48 3,60 3,41 3,53PIBOR FRANCSPibor Francs 1 mois 3,3359 .... 3,3359 ....Pibor Francs 3 mois 3,3906 .... 3,3906 ....Pibor Francs 6 mois 3,4453 .... 3,4453 ....Pibor Francs 9 mois 3,4863 .... 3,4863 ....Pibor Francs 12 mois 3,5313 .... 3,5313 ....PIBOR ECUPibor Ecu 3 mois 4,1875 .... 4,1875 ....Pibor Ecu 6 mois 4,2083 .... 4,2083 ....Pibor Ecu 12 mois 4,2708 .... 4,2708 ....

MARCHE DES CHANGES A PARISDEVISES cours BDF 15/07 % 11/07 Achat VenteAllemagne (100 dm) 337,6300 – 0,07 326 350Ecu 6,6705 + 0,22 .... ....Etats-Unis (1 usd) 6,0588 + 1,79 5,7600 6,3600Belgique (100 F) 16,3520 – 0,09 15,8200 16,9200Pays-Bas (100 fl) 299,9000 – 0,07 .... ....Italie (1000 lir.) 3,4760 + 0,19 3,2200 3,7200Danemark (100 krd) 88,6100 – 0,08 84,2500 94,2500Irlande (1 iep) 9,0995 + 0,34 8,7400 9,5800Gde-Bretagne (1 L) 10,2110 + 1,11 9,8100 10,6600Grece (100 drach.) 2,1550 + 0,21 1,9000 2,4000Suede (100 krs) 77,6100 + 0,90 73 83Suisse (100 F) 411,6600 + 0,77 398 422Norvege (100 k) 80,7200 + 0,24 77,5000 86,5000Autriche (100 sch) 47,9870 – 0,08 46,4500 49,5500Espagne (100 pes.) 4,0060 + 0,14 3,7100 4,3100Portugal (100 esc. 3,3450 – 0,15 3 3,7000Canada 1 dollar ca 4,4306 + 1,92 4,1300 4,7300Japon (100 yens) 5,2994 + 1,22 5,0800 5,4300Finlande (mark) 114,3500 + 0,45 108 119

MARCHE INTERBANCAIRE DES DEVISESDEVISES comptant: demande offre demande 1 mois offre 1 moisDollar Etats-Unis 6,0365 6,0345 5,9340 5,9330Yen (100) 5,2836 5,2772 5,2130 5,2080Deutschemark 3,3801 3,3796 3,3821 3,3816Franc Suisse 4,1132 4,1090 4,0857 4,0815Lire ital. (1000) 3,4766 3,4725 3,4670 3,4657Livre sterling 10,1800 10,1699 10,0274 10,0207Peseta (100) 4,0120 4,0094 4,0055 4,0033Franc Belge (100) 16,377 16,354 16,386 16,362

NEW YORKLes valeurs du Dow-Jones

15/07 11/07Alcoa 79,25 77,56Allied Signal 88,18 86,81American Express 80,25 78,75AT & T 35,12 35,37Boeing Co 58,12 57,06Caterpillar Inc. 55,43 56,12Chevron Corp. 76,50 75,81Coca-Cola Co 70,18 69,75Disney Corp. 77,62 77,25Du Pont Nemours&Co 61,50 62,31Eastman Kodak Co 76,87 77,18Exxon Corp. 62,12 60,75Gen. Motors Corp.H 54,06 55,37Gen. Electric Co 72,06 71Goodyear T & Rubbe 62,18 62,56Hewlett-Packard 68,75 65,06IBM 96,06 95,25Intl Paper 58,62 59,81J.P. Morgan Co 108,06 107,62Johnson & Johnson 61,87 62,93Mc Donalds Corp. 50,12 50,56Merck & Co.Inc. 100,43 100,56Minnesota Mng.&Mfg 102,37 103,50Philip Moris 42,50 42,68Procter & Gamble C 151,68 148,43Sears Roebuck & Co 54,93 55Travelers 66,56 65,18Union Carb. 51,68 51,18Utd Technol 86,18 84,75Wal-Mart Stores 35,62 35,68

LONDRESSelection de valeurs du FT 100

15/07 11/07Allied Lyons 4,56 4,52Barclays Bank 12,60 12,32B.A.T. industries 5,50 5,47British Aerospace 13,40 13,24British Airways 6,85 6,86British Petroleum 7,96 7,89British Telecom 4,49 4,56B.T.R. 1,96 1,95Cadbury Schweppes 5,88 5,70Eurotunnel 0,70 0,76Forte .... ....Glaxo Wellcome 13,86 13,49Granada Group Plc 7,69 7,86Grand Metropolitan 6,06 6,11Guinness 6,05 6,12Hanson Plc 0,87 0,87Great lc 6,26 6,19H.S.B.C. 19,99 19,06Imperial Chemical 8,88 8,82Legal & Gen. Grp 4,34 4,34Lloyds TSB 6,95 6,65Marks and Spencer 5,76 5,59National Westminst 8,57 8,60Peninsular Orienta 6,49 6,33Reuters 5,98 5,89Saatchi and Saatch 1,28 1,27Shell Transport 4,24 4,25Tate and Lyle 4,33 4,35Univeler Ltd 17,62 17,55Zeneca 22,03 21,58

FRANCFORTLes valeurs du DAX 30

15/07 11/07Allianz Holding N 420 433Basf AG 68,40 67,55Bayer AG 74 73,85Bay hyp&Wechselbk 56,96 57,15Bayer Vereinsbank 77,70 78,25BMW 1535 1539Commerzbank 52,50 53,10Daimler-Benz AG 149,30 148,60Degussa 92,60 93Deutsche Bank AG 106,40 107,30Deutsche Telekom 43,10 42,65Dresdner BK AG FR 70,80 69,90Henkel VZ 104,50 104,50Hoechst AG 81,40 80Karstadt AG 625,50 621,50Linde AG 1325 1315DT. Lufthansa AG 35,15 33,90Man AG 540 543Mannesmann AG 790 799Metro 218 219,20Muench Rue N 6400 6350Preussag AG 552,50 547Rwe 74,40 73,85Sap VZ 418,80 414,80Schering AG 197 198,50Siemens AG 114,20 114,65Thyssen 432,50 440,50Veba AG 103,95 103,50Viag 795,50 790,20Volkswagen VZ 1077 1098

1926,77

Indice SBF 250 sur 3 mois1928,23

1882,72

1837,21

1791,71

1746,20

1700,69f15 avril 30 mai 15 juil.g

1925,68

Indice second marche sur 3 mois1927,99

1898,26

1868,54

1838,81

1809,09

1779,36f15 avril 30 mai 15 juil.g

1629,23

Indice MidCac sur 1 mois1634,23

1619,90

1605,57

1591,24

1576,91

1562,58f16 juin 30 juin 15 juil.g

7900,22

New York. Dow Jones sur 3 mois7962,31

7618,52

7274,74

6930,95

6587,16f15 avril 30 mai 15 juil.g

4899,70

Londres. FT100 sur 3 mois4899,70

4746,48

4593,25

4440,03

4286,80f15 avril 30 mai 15 juil.g

4121,13

Francfort. Dax 30 sur 3 mois4124,19

3925,06

3725,93

3526,81

3327,68f15 avril 30 mai 15 juil.g

PRINCIPAUX ECARTSAU REGLEMENT MENSUEL

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 16/07 15/07 31/12Plastic-Omn.(Ly) 445 + 3,48 + 5,95Valeo 414 + 3,24 + 29,37Promodes 2719 + 3,07 + 85,59Eridania Beghin 890 + 3 + 6,58Thomson-CSF 167,90 + 2,69 – 0,23AGF-Ass.Gen.France 204,10 + 2,51 + 21,85Pernod-Ricard 314 + 2,48 + 9,40LVMH Moet Hen. 1618 + 2,46 + 11,66Suez 16,65 + 2,46 + 50,95L’Oreal 2552 + 2,28 + 30,60

BAISSES, 10 h 15Eurotunnel 6,45 – 5,83 – 5,83Gaumont # 411,20 – 3,24 – 4,37Rue Imperiale(Ly) 5510 – 3,16 + 8,03Eiffage 290 – 3,01 + 41,46Nord-Est 122,10 – 2,32 – 5,42Bazar Hot. Ville 566 – 2,24 + 27,50Essilor Intl.ADP 1451 – 1,95 + 11,61Sefimeg CA 379 – 1,55 + 0,79Ciments Francais 191 – 1,54 + 31,72Axime 695 – 1,41 + 15,83

PRINCIPAUX ECARTSAU SECOND MARCHE

Cours au Var. % Var. %HAUSSES, 10 h 15 16/07 15/07 31/12Cofidur CB 189,30 + 4,87 + 51,44Sylea 560 + 3,13 – 1,58Trouvay Cauvin # 107,10 + 2,98 + 2Sidergie 1130 + 2,72 + 82,25UBI Soft Entertain 492 + 2,50 + 38,59

BAISSES, 10 h 15Pier imp.(Darnal)# 33,10 – 4,88 – 18,27Guyomarc h N.A. 450 – 3,64 + 95,65Europ.Extinc.(Ly)# 400 – 3,38 + 48,77HIT Ly # 445 – 3,05 + 23,61Aigle # 286 – 3,01 + 68,23

163,50Thomson CSF sur 1 mois

172,90

168,44

163,98

159,52

155,06

150,60f13 juin 27 juin 15 juil.g

2950,70

Indice CAC 40 sur un an2950,70

2751,38

2552,06

2352,74

2153,42

1954,10f16 juil. 14 janv. 15 juil.g

129,98

Notionnel 10 % premiere echeance, 1 an

132,68

130,55

128,42

126,28

124,15

122,02f15 juil. 24 janv. 15 juil.g

LES MATIERES PREMIERESINDICES

16/07 15/07Dow-Jones comptant 147,32 ....Dow-Jones a terme 147,99 147,06CRB 234,77 235,15

METAUX (Londres) dollars/tonneCuivre comptant 2562,50 2528Cuivre a 3 mois 2312 2282,50Aluminium comptant 1561,75 1546,25Aluminium a 3 mois 1577,50 1563,50Plomb comptant 662,25 641,50Plomb a 3 mois 655,50 635,50Etain comptant 5465,50 5487,50Etain a 3 mois 5592,50 5515Zinc comptant 1482 1486,50Zinc a 3 mois 1498,50 1492,50Nickel comptant 6795 6775Nickel a 3 mois 6900 6880

METAUX (New-York) $/onceArgent a terme 426,50 426,80Platine a terme 409 400,40Palladium .... ....GRAINES, DENREES (Chicago) $/boisseauBle (Chicago) 329 332Maıs (Chicago) 261,50 270,75Grain. soja (Chicago) 820,50 811Tourt. soja (Chicago) 273,20 272,70GRAINES, DENREES (Londres) £/tonneP. de terre (Londres) 40 40Orge (Londres) 76 76,75SOFTS $/tonneCacao (New-York) 1515 1583Cafe (Londres) 1720 1560Sucre blanc (Paris) 324 330OLEAGINEUX, AGRUMES cents/tonneCoton (New-York) 73,45 74,24Jus d’orange (New-York) 75,70 74,50

L’ORcours 15/07 cours 11/07

Or fin (k. barre) 61000 62000Or fin (en lingot) 61450 62000Once d’Or Londres 319,50 319,75Piece francaise(20f) 352 357Piece suisse (20f) 351 356Piece Union lat(20f) 351 356Piece 20 dollars us 2300 2280Piece 10 dollars us 1385 1385Piece 50 pesos mex. 2300 2305

LE PETROLEEn dollars cours 16/07 cours 15/07Brent (Londres) 17,92 18,41WTI (New York) 19,46 19,14Light Sweet Crude 19,03 19,60

INDICES MONDIAUXCours au Cours au Var.

15/07 11/07 en %Paris CAC 40 2944,19 2941,59 + 0,09New-York/DJ indus. 7900,22 7922,98 – 0,29Tokyo/Nikkeı 20069,40 20228,70 – 0,79Londres/FT100 4899,70 4857,40 + 0,86Francfort/Dax 30 4121,13 4124,19 – 0,07Frankfort/Commer. 1384,48 1386,54 – 0,15Bruxelles/Bel 20 3042,09 3056,28 – 0,47Bruxelles/General 2489,71 2501,32 – 0,47Milan/MIB 30 1107 1107 ....Amsterdam/Ge. Cbs 641,60 644 – 0,37Madrid/Ibex 35 621,39 628,10 – 1,08Stockholm/Affarsal 2591,81 2591,81 ....Londres FT30 3086,50 3068,20 + 0,59Hong Kong/Hang S. 15487,20 15370,90 + 0,75Singapour/Strait t 1937,09 1954,60 – 0,90

CAC 40/5 joursMAX2950,70

2939

2929,09MIN

M M J V M

VALEURS LES PLUS ACTIVES16/07 Titres Capitalisation

SEANCE, 10 h 15 echanges en FTotal 88344 52952114L’Oreal 20190 51088392Elf Aquitaine 75595 50718925Carrefour 11411 49640339Suez Lyon.des Eaux 69514 47322969Axa 123584 46278057,40LVMH Moet Hen. 28663 46040871Alcatel Alsthom 58571 45726701Eaux (Gle des) 52094 39158849Michelin 96567 37594253,90

INDICES SBF 120-250, MIDCACET SECOND MARCHE

15/07 11/07 Var. %Ind. gen. SBF 120 2015,05 2008,47 + 0,33Ind. gen. SBF 250 1926,77 1921,38 + 0,28Ind. Second Marche 1925,68 1927,12 – 0,08Indice MidCac 1629,23 1628,03 + 0,07

Valeurs indus. 2234,92 2223,94 + 0,491 - Energie 2545,57 2551,84 – 0,252 - Produits de base 2153,76 2143,81 + 0,463 - Construction 1821,96 1817,56 + 0,244 - Biens d’equip. 1604,89 1576,48 + 1,805 - Automobile 2282,08 2257,97 + 1,076 - Biens consom. 3785,20 3783,19 + 0,057 - Indus. agro-alim. 1825,80 1820,30 + 0,30Services 2191,68 2192,40 – 0,038 - Distribution 4420,43 4425,49 – 0,119 - Autres services 1353,39 1352,97 + 0,03Societes financieres 1331,08 1329,81 + 0,1010 - Immobilier 779,66 782,51 – 0,3611 - Services financ. 1301,17 1298,82 + 0,1812 - Societes invest. 1852,13 1851,93 + 0,01

MATIF

Echeances15/07 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixNOTIONNEL 10 %Sept. 97 125767 129,98 130,32 129,80 130,30Dec. 97 96 98,66 98,96 98,64 98,96Mars 98 2 98,36 98,36 98,36 98,36

PIBOR 3 MOISSept. 97 26022 96,49 96,52 96,46 96,50Dec. 97 16033 96,43 96,46 96,41 96,45Mars 98 7641 96,36 96,41 96,36 96,40Juin 98 7893 96,29 96,33 96,28 96,30ECU LONG TERMESept. 97 530 96,60 96,86 96,58 96,82

CONTRATS A TERME SUR INDICE CAC 40

Echeances15/07 volumedernier plus plus premier

prix haut bas prixJuillet 97 8721 2957 2976 2942 2974Aout 97 229 2960,50 2983 2959 2983Sept. 97 273 2974 2990,50 2966 2989Dec. 97 .... .... .... .... ....

MARCHE OBLIGATAIREDE PARIS

Taux Taux indiceTAUX DE RENDEMENT au 15/07 au 11/07 (base 100 fin 96)Fonds d’Etat 3 a 5 ans 4,22 4,21 98,50Fonds d’Etat 5 a 7 ans 5 4,96 100,09Fonds d’Etat 7 a 10 ans 5,47 5,42 101,48Fonds d’Etat 10 a 15 ans 5,81 5,77 101,20Fonds d’Etat 20 a 30 ans 6,39 6,35 102,67Obligations francaises 5,76 5,73 101,02Fonds d’Etat a TME – 1,95 – 1,96 98,28Fonds d’Etat a TRE – 2,18 – 2,15 98,86Obligat. franc. a TME – 2,20 – 2,03 99,14Obligat. franc. a TRE + 0,07 + 0,07 100,14

TAUX D’INTERET DES EURODEVISESDEVISES 1 mois 3 mois 6 moisEurofranc 3,27 3,32 3,38Eurodollar 5,67 5,61 5,76Eurolivre 6,72 6,95 7,15Eurodeutschemark 3,05 3,08 3,16

PARITES DU DOLLAR 16/07 15/07 Var. %FRANCFORT : USD/DM 1,7926 1,7978 – 0,29TOKYO : USD/Yens 115,5500 113,9300 + 1,40

Page 15: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0047-0 WAS LMQ1707-47 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 13:59 S.: 111,06-Cmp.:16,13, Base : LMQPAG 59Fap:99 No:0422 Lcp: 196 CMYK

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 47

? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ? ?LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

F INANCES ET MARCHES c LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 15

VALEURS Cours Derniers %Paiement

FRANCAISES preced. cours + –dernier

coup. (1)

B.N.P. (T.P) ................... 1006 1006 .... 30/07/96Cr.Lyonnais(T.P.) .......... 925 925 .... 22/10/96Renault (T.P.) ................ 1710 1709 – 0,05 24/10/96Rhone Poulenc(T.P) ...... 2192 .... .... 01/10/96Saint Gobain(T.P.)......... 1250 .... .... 15/07/97Thomson S.A (T.P) ........ 1004 1005 + 0,09 01/08/96Accor............................. 944 946 + 0,21 13/06/97AGF-Ass.Gen.France ..... 199,10 203,60 + 2,26 07/07/97Air Liquide .................... 972 975 + 0,30 05/06/97Alcatel Alsthom ............. 772 771 – 0,12 27/06/97Axa................................ 373,90 374,80 + 0,24 14/05/97Axime............................ 705 712 + 0,99 ....Bail Investis................... 739 738 – 0,13 11/07/97Bancaire (Cie) ............... 732 744 + 1,63 12/05/97Bazar Hot. Ville ............. 579 565 – 2,41 12/06/97Bertrand Faure.............. 325 325 .... 29/07/97BIC................................ 950 957 + 0,73 09/07/97BIS ................................ 490,10 490,10 .... 01/07/96B.N.P. ........................... 256,50 257,60 + 0,42 17/07/97Bollore Techno.............. 758 751 – 0,92 01/07/97Bongrain....................... 2416 2419 + 0,12 15/05/97Bouygues ...................... 491 496,30 + 1,07 01/08/97Bouygues Offs. .............. 171,50 175 + 2,04 26/06/97Bull#.............................. 60,35 59,70 – 1,07 ....Canal + ......................... 1164 1170 + 0,51 19/08/97Cap Gemini................... 372,40 376,70 + 1,15 09/05/97Carbone Lorraine.......... 1447 1437 – 0,69 03/07/97Carrefour ...................... 4316 4379 + 1,45 28/04/97Casino Guichard............ 287 293 + 2,09 10/06/97Casino Guich.ADP......... 232,70 232,70 .... 10/06/97Castorama Dub.(Li)....... 787 814 + 3,43 02/07/97C.C.F. ............................ 256 257 + 0,39 20/05/97Cegid (Ly)...................... 640 640 .... 27/05/97Cerus Europ.Reun......... 29,90 29,80 – 0,33 01/07/90Cetelem......................... 703 705 + 0,28 01/04/97CGIP ............................. 1703 1704 + 0,05 13/06/97Chargeurs ..................... 352 346 – 1,70 25/06/97Christian Dalloz............. 2275 2275 .... 02/07/97Christian Dior ............... 991 1009 + 1,81 20/06/97Ciments Francais........... 194 190 – 2,06 13/08/97Cipe France Ly #............ 700 698 – 0,28 12/08/97Clarins........................... 826 819 – 0,84 19/07/96Club Mediterranee........ 424,40 426,10 + 0,40 24/06/96Coflexip......................... 405,90 412 + 1,50 10/06/97Colas ............................. 773 775 + 0,25 30/06/97Comptoir Entrep. .......... 10,50 10,45 – 0,47 15/07/92Comptoirs Mod............. 3127 3128 + 0,03 13/06/97

CPR ............................... 454,40 453,40 – 0,22 10/07/97Cred.Fon.France ............ 61,50 61,60 + 0,16 16/06/95Credit Lyonnais CI ......... 286,90 289,80 + 1,01 01/07/93Cred.Nat.Natexis ........... 342 345,30 + 0,96 13/06/97CS Signaux(CSEE).......... 225,10 224,30 – 0,35 01/07/97Damart .......................... 4470 4499 + 0,64 19/12/96Danone.......................... 991 996 + 0,50 20/05/97Dassault-Aviation........... 1290 1309 + 1,47 04/07/97Dassault Electro ............. 571 566 – 0,87 11/06/97Dassault Systemes.......... 420 423,50 + 0,83 ....De Dietrich .................... 257 252,50 – 1,75 10/07/97Degremont .................... 418,90 416 – 0,69 06/06/97Deveaux(Ly)#................. 804 790 – 1,74 29/08/97Dev.R.N-P.Cal Li # ......... 46,25 44,80 – 3,13 ....Dexia France.................. 575 577 + 0,34 25/06/97DMC (Dollfus Mi) .......... 92 91,50 – 0,54 20/06/96Dynaction ...................... 143,50 141 – 1,74 10/07/92Eaux (Gle des) ................ 743 752 + 1,21 01/07/97Eiffage ........................... 299 291,70 – 2,44 01/07/96Elf Aquitaine .................. 664 668 + 0,60 18/06/97Eramet ........................... 301 297,80 – 1,06 15/07/96Eridania Beghin ............. 864 884 + 2,31 11/07/97Essilor Intl ...................... 1599 1600 + 0,06 02/07/97Essilor Intl.ADP.............. 1480 1451 – 1,95 02/07/97Esso ............................... 506 508 + 0,39 26/06/97Eurafrance ..................... 2449 2450 + 0,04 19/12/96Euro Disney ................... 8,60 8,55 – 0,58 23/02/93Europe 1 ........................ 1402 1391 – 0,78 02/04/97Eurotunnel..................... 6,85 6,40 – 6,56 ....Fimalac SA ..................... 498 495 – 0,60 25/06/97Finextel .......................... 109 107,50 – 1,37 26/06/97Fives-Lille....................... 403 403 .... 10/07/96Fromageries Bel............. 4210 4198 – 0,28 29/07/96Galeries Lafayette .......... 2436 2371 – 2,66 30/06/97GAN............................... 137,70 139,50 + 1,30 05/07/94Gascogne (B) ................. 515 516 + 0,19 12/06/97Gaumont #..................... 425 425 .... 12/05/97Gaz et Eaux .................... 2495 2495 .... 06/06/97Geophysique.................. 632 628 – 0,63 12/07/93G.F.C.............................. 533 530 – 0,56 26/07/96Groupe Andre S.A. ......... 519 520 + 0,19 12/02/96Gr.Zannier (Ly) # ........... 157 156,70 – 0,19 01/07/97GTM-Entrepose............. 335 340 + 1,49 09/08/96Guilbert ......................... 825 829 + 0,48 25/07/97Guyenne Gascogne........ 2140 2130 – 0,46 13/06/97Hachette Fili.Med. ......... 1251 1262 + 0,87 19/06/97Havas............................. 415 419,50 + 1,08 22/08/96Havas Advertising .......... a 692 703 + 1,58 03/09/97Imetal ............................ 785 802 + 2,16 25/06/97Immeubl.France............. 325 324 – 0,30 25/06/97Infogrames Enter. .......... 811 809 – 0,24 ....Ingenico......................... 152 154,50 + 1,64 02/09/96Interbail ......................... 162,50 163,30 + 0,49 30/06/97Intertechnique ............... 1378 1399 + 1,52 30/09/96Jean Lefebvre ................. 308,10 308 – 0,03 10/06/97Klepierre ........................ 850 851 + 0,11 03/04/97Labinal........................... 1470 1471 + 0,06 09/07/97Lafarge .......................... 388,10 392 + 1 02/06/97Lagardere ...................... 175 173 – 1,14 22/07/97Lapeyre.......................... 382,50 382,90 + 0,10 27/05/97Lebon............................. 213 212,80 – 0,09 03/07/97Legrand ......................... 1145 1171 + 2,27 13/06/97Legrand ADP ................. 745 760 + 2,01 13/06/97Legris indust. ................. 267,10 269 + 0,71 02/07/97

Locindus ........................ 806 805 – 0,12 01/07/97L’Oreal........................... 2495 2533 + 1,52 01/07/97LVMH Moet Hen. .......... 1579 1618 + 2,46 13/06/97Marine Wendel .............. 643 641 – 0,31 29/11/96Metaleurop.................... 87 85,45 – 1,78 04/07/90Metrologie Inter. ........... 14,60 14,60 .... ....Michelin ........................ 388 386 – 0,51 11/07/97Moulinex #..................... 159,90 160 + 0,06 14/09/92Nord-Est........................ 125 122,70 – 1,84 08/07/97Nordon (Ny) .................. 380 375 – 1,31 ....NRJ # ............................. 900 904 + 0,44 15/04/97Olipar ............................ 74,05 73,20 – 1,14 ....Paribas........................... 408 408,70 + 0,17 05/05/97Pathe ............................. 1182 1197 + 1,26 25/06/97Pechiney........................ 234,90 234 – 0,38 14/08/97Pernod-Ricard ............... 306,40 313,50 + 2,31 14/05/97Peugeot ......................... 606 610 + 0,66 04/07/97Pinault-Print.Red........... 2905 2906 + 0,03 01/07/97Plastic-Omn.(Ly)............ 430 447 + 3,95 16/06/97Primagaz ....................... 514 518 + 0,77 12/06/97Promodes ...................... 2638 2687 + 1,85 09/06/97Publicis # ....................... 590 590 .... 11/07/97Remy Cointreau............. 130,70 132,80 + 1,60 07/11/96Renault .......................... 149,50 148 – 1 07/08/96Rexel.............................. 1753 1756 + 0,17 01/07/97Rhone Poulenc A............ 259 259,90 + 0,34 03/06/97Rochette (La) ................. 25,80 26 + 0,77 25/06/92Rue Imperiale(Ly) .......... 5690 5510 – 3,16 10/07/97Sade (Ny)....................... 194 193 – 0,51 20/06/97Sagem SA....................... 3092 3070 – 0,71 10/07/97Saint-Gobain ................. 876 890 + 1,59 31/07/97Salomon (Ly) ................. 452 450 – 0,44 01/10/96Salvepar (Ny) ................. 439 443 + 0,91 27/09/96Sanofi ............................ 553 560 + 1,26 18/06/97Sat ................................. 1602 1600 – 0,12 10/07/97Saupiquet (Ns)............... 678 675 – 0,44 21/04/97Schneider SA.................. 336,50 332 – 1,33 02/07/97SCOR............................. 251,30 255 + 1,47 04/06/97S.E.B. ............................. 1069 1066 – 0,28 13/06/97Sefimeg CA.................... 385 375,40 – 2,49 15/07/97SEITA............................. 186 185,80 – 0,10 17/06/97Selectibanque ................ 66,50 65,70 – 1,20 12/07/96SFIM.............................. 951 959 + 0,84 01/08/96SGE................................ 147,90 146,50 – 0,94 08/08/95Sidel............................... 441 437,90 – 0,70 06/06/97Silic CA .......................... 888 876 – 1,35 15/07/97Simco ............................ 480 477,60 – 0,50 04/07/97S.I.T.A............................ 1146 1187 + 3,57 23/07/97Skis Rossignol ................ 117,10 116,70 – 0,34 27/09/96Societe Generale............ 700 700 .... 20/05/97Sodexho Alliance............ 3025 3070 + 1,48 05/03/97Sommer-Allibert ............ 205,70 208 + 1,11 19/06/97Sophia ........................... 209 209,20 + 0,09 30/06/97Spir Communic. # .......... 492,50 494 + 0,30 30/05/97Strafor Facom................ 398 398,90 + 0,22 04/07/97Suez............................... 16,25 16,60 + 2,15 26/06/97Suez Lyon.des Eaux........ 669 682 + 1,94 26/06/97Synthelabo..................... 770 774 + 0,51 26/06/97Technip ......................... 699 695 – 0,57 30/05/97Thomson-CSF................ 163,50 162,80 – 0,42 10/07/97Total .............................. 593 593 .... 03/06/97UFB Locabail ................. 600 600 .... 01/04/97UIF ................................ 400 403 + 0,75 30/06/97UIS ................................ 201,10 203 + 0,94 03/07/97

Unibail........................... 558 570 + 2,15 10/06/97Union Assur.Fdal ........... 664 652 – 1,80 16/06/97Usinor ........................... 113,40 113,50 + 0,08 01/07/97Valeo ............................. 401 412,50 + 2,86 02/07/97Vallourec........................ 369 369 .... 03/07/97Via Banque .................... 171 169,50 – 0,87 13/06/95Worms & Cie ................. 338,10 336 – 0,62 13/06/97Zodiac ex.dt divid .......... 1485 1495 + 0,67 20/01/97Elf Gabon....................... 1250 1252 + 0,16 16/12/96..............................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

VALEURS Cours Derniers %Paiement

ETRANGERES preced. cours + –dernier

coup. (1)

ABN Amro Hol.#............ 139 138,90 – 0,07 30/05/97Adecco S.A..................... 2335 2394 + 2,52 30/05/97Adidas AG # ................... 769 769 .... 30/05/97American Express .......... 481 484 + 0,62 08/08/97Anglo American # .......... 356 358 + 0,56 10/01/97Amgold # ....................... 344,70 .... .... 06/06/97Arjo Wiggins App........... 16,55 16,45 – 0,60 28/05/97A.T.T. # .......................... 212 214,30 + 1,08 01/08/97Banco Santander #......... 190,90 188,10 – 1,46 30/04/97Barrick Gold #................ 131,90 128,70 – 2,42 16/06/97B.A.S.F. # ....................... 232 236,10 + 1,76 16/05/97Bayer # .......................... 251,10 255 + 1,55 02/05/97Cordiant PLC................. 12,70 13,20 + 3,93 01/07/97Crown Cork ord.# .......... 317 .... .... 20/05/97Crown Cork PF CV# ....... 278 .... .... 20/05/97Daimler Benz #.............. 510 509 – 0,19 30/05/97De Beers # ..................... 218,60 219 + 0,18 28/05/97Deutsche Bank #............ 358,70 360,50 + 0,50 21/05/97Dresdner Bank #............ 237 241,10 + 1,72 27/05/97Driefontein # ................. 44,50 44,15 – 0,78 05/02/97Du Pont Nemours #....... 373,50 376,50 + 0,80 12/06/97Eastman Kodak # ........... 465,40 467 + 0,34 01/07/97East Rand #.................... 1,55 1,52 – 1,93 15/08/94Echo Bay Mines # .......... 31,50 31,75 + 0,79 31/12/96Electrolux #.................... 494,80 493 – 0,36 13/05/97Ericsson # ...................... 258,90 263,90 + 1,93 09/05/97Ford Motor # ................. 248,10 253,30 + 2,09 02/06/97Freegold # ..................... 30,90 30,10 – 2,58 14/03/97Gencor Limited #........... 26,45 26,95 + 1,89 27/03/97General Elect. #.............. 425 437,10 + 2,84 25/07/97General Motors #........... 331,40 326,40 – 1,50 10/06/97Gle Belgique # ............... 587 .... .... 28/05/97Grd Metropolitan .......... 61,20 62,30 + 1,79 07/04/97Guinness Plc # ............... 61,15 61,50 + 0,57 20/05/97Hanson PLC reg............. 28,25 28,35 + 0,35 ....Harmony Gold # ............ 29 28,50 – 1,72 01/09/95Hitachi #........................ 68,30 69,75 + 2,12 31/12/99

Hoechst # ...................... 277,90 284 + 2,19 07/05/97I.B.M # .......................... 569 583 + 2,46 10/06/97I.C.I #............................. 89 92 + 3,37 21/04/97Ito Yokado # .................. 368,70 370 + 0,35 03/03/97Kingfisher plc #.............. 77 77 .... 04/07/97Matsushita #.................. 125,20 126 + 0,63 27/03/97Mc Donald’s # ............... 308,90 304 – 1,58 13/06/97Merck and Co # ............. 607 611 + 0,65 01/07/97Mitsubishi Corp.#.......... 70 69,50 – 0,71 30/06/97Mobil Corporat.#........... 432 442,90 + 2,52 10/06/97Morgan J.P. # ................ 650 650 .... 15/07/97Nestle SA Nom. # .......... 8060 7980 – 0,99 11/06/97Nipp. MeatPacker #....... 77,80 72,90 – 6,29 01/04/97Nokia A ......................... 488 491,10 + 0,63 08/04/97Norsk Hydro #............... 320 326,10 + 1,90 22/05/97Petrofina # .................... 2171 2200 + 1,33 28/05/97Philip Morris #............... 259,80 258,50 – 0,50 10/07/97Philips N.V #.................. 454,40 462 + 1,67 08/04/97Placer Dome Inc # ......... 93,65 90,55 – 3,31 25/06/97Procter Gamble # .......... 910 928 + 1,97 15/05/97Quilvest ......................... a 337,40 347 + 2,84 16/07/97Randfontein #................ 12,65 12,50 – 1,18 05/02/97Rhone Poul.Rorer # ....... 566 564 – 0,35 30/05/97Rio Tinto PLC # ............. 102,30 102 – 0,29 21/04/97Royal Dutch #................ 327,20 329 + 0,55 26/05/97Sega Enterprises............ 195,90 201,10 + 2,65 31/12/99Saint-Helena #............... 24,90 23,60 – 5,22 14/03/97Schlumberger # ............. 885 889 + 0,45 11/07/97SGS Thomson Micro. .... 540 566 + 4,81 ....Shell Transport # ........... 43 43,50 + 1,16 21/05/97Siemens #...................... 384 386,40 + 0,62 14/02/97Sony Corp. #.................. 543 550 + 1,28 30/06/97Sumitomo Bank #.......... 96,10 97,80 + 1,76 30/06/97T.D.K # .......................... 482 492,90 + 2,26 30/06/97Telefonica #................... 178 178 .... 03/06/97Toshiba #....................... 39 39,15 + 0,38 30/06/97Unilever #...................... 1353 1346 – 0,51 23/05/97United Technol. # .......... 522 523 + 0,19 10/06/97Vaal Reefs # ................... 298,50 297,50 – 0,33 14/03/97Volkswagen A.G # .......... 5070 5060 – 0,19 20/06/97Volvo (act.B) # ............... 162 160 – 1,23 28/04/97Western Deep #............. 139 138,90 – 0,07 14/03/97Yamanouchi #................ 161 163 + 1,24 30/06/97Zambia Copper ............. 15,45 15,15 – 1,94 ..................................................................................................................................................................................................

CAC 40

PARIS

REGLEMENTMENSUELMERCREDI 16 JUILLETLiquidation : 24 juillet + 0,80%Taux de report : 3,13 CAC 40 :Cours releves a 12 h 30 2974,23

ABREVIATIONSB = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indication categorie 3 ;a coupon detache ; b droit detache.

DERNIERE COLONNE (1) :Lundi date mardi : % variation 31/12Mardi date mercredi : montant du couponMercredi date jeudi : paiement dernier couponJeudi date vendredi : compensationVendredi date samedi : nominal

OBLIGATIONS % %du nom. du coupon

Nat.Bq. 9% 91-02............ .... 6,386 x

CEPME 9% 89-99 CA#..... 110,10 8,285 y

CEPME 9% 92-06 TSR .... .... 0,690CFD 9,7% 90-03 CB ........ 122,90 4,412 dCFD 8,6% 92-05 CB ........ 120,20 3,793 oCFF 10% 88-98 CA# ........ 107,13 7,452 dCFF 9% 88-97 CA# .......... 101 7,175 y

CFF 10,25%90-01CB# ..... 118,31 3,595 y

CLF 8,9% 88-00 CA#........ 112,54 1,317CLF 9%88-93/98 CA#....... 102,82 4,192 dCNA 9% 4/92-07.............. .... 1,923 oCRH 8,6% 92/94-03......... 118,03 0,518CRH 8,5% 10/87-88# ....... .... 3,214EDF 8,6% 88-89 CA# ....... 110,94 3,676 x

EDF 8,6% 92-04 #............ 119,42 2,427Finansder 9%91-06# ....... 124,35 5,844Finansd.8,6%92-02#........ 115,91 4,123 oFloral9,75% 90-99# ......... 110,98 9,670

OAT 88-98 TME CA# ...... .... 2,401OAT 9/85-98 TRA............ .... 4,543 oOAT 9,50%88-98 CA#...... 105,37 0,677OAT TMB 87/99 CA#....... 99,87 1,598OAT 8,125% 89-99 #........ 107,68 1,269OAT 8,50%90/00 CA# ...... 111,32 2,678OAT 85/00 TRA CA#........ 105,40 5,572 dOAT 10%5/85-00 CA#...... 115,79 1,507OAT 89-01 TME CA# ...... 104,05 2,401OAT 8,5% 87-02 CA#....... 117,88 5,542 dOAT 8,50% 89-19 #.......... 127,95 6,264OAT.8,50%92-23 CA#...... 128,52 2,026 x

SNCF 8,8% 87-94CA ....... 106,30 4,075 y

Suez Lyon.Eaux 90.......... 961 ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................

ACTIONS Cours DerniersFRANCAISES preced. cours

Arbel .............................. 68 68Baccarat (Ny) ................. 612 611Bains C.Monaco............. 628 630Bque Transatlantl........... d 192 192B.N.P.Intercont.............. d 750 750Bidermann Intl............... d 110 110B T P (la cie)................... d 7,60 7,60Centenaire Blanzy.......... 460 470Champex (Ny)................ d 24,20 24,20CIC Un.Euro.CIP ............ 354 354C.I.T.R.A.M. (B) .............. d 2174 2174Concorde-Ass Risq ......... 1350 1345Continental Ass.Ly.......... d 534 534Darblay .......................... d 435 435Didot Bottin................... 800 801Eaux Bassin Vichy........... 3799 3610Ecia ................................ 957 958Ent.Mag. Paris................ d 1420 1420Fichet Bauche ................ 72 70Fidei............................... 38 38Finalens ......................... 365 364F.I.P.P. ........................... d 303 303Fonciere (Cie) ................ d 563 563Fonc. Lyonnaise #........... 796 790Foncina # ....................... 476,10 476,10

Francarep....................... 282 284France S.A...................... 1160 1161From. Paul-Renard......... d 2050 2050Gevelot........................... 1292 1298G.T.I (Transport) ............ d 197,40 197,40Immobail........................ 145 145,50Immobanque.................. 633 640Locamion (Ly) ................ d 423 423Lucia .............................. d 53,40 53,40Monoprix ....................... d 232 232Metal Deploye................ d 345 345Mors .............................. 8,65 8,50Navigation (Nle) ............ d 96,10 96,10Optorg ........................... 339,10 344Paluel-Marmont............. d 320 320Exa.Clairefont(Ny) ......... d 902 902Parfinance...................... d 268 268Paris Orleans.................. 274 275Promodes (CI)................ 1925 1950PSB Industries Ly ........... 395 397,90Rougier # ....................... 334 343Saga ............................... 84,90 84,90S.I.P.H............................ 250 250Sofragi ........................... 4610 4611Taittinger....................... 2680 2660Tour Eiffel ...................... d 266 266Vicat............................... d 511 511Caves Roquefort............. 1850 1850

Elyo................................ 322 320Finaxa ............................ 317 316Gaillard (M).................... d 1532 1532Givaudan-Lavirotte ........ d 1651 1651Grd Bazar Lyon(Ly) ........ d 150,10 150,10Gd Moul.Strasbourg....... 1900 1900Hotel Lutetia.................. d 300 300Hotels Deauville............. 573 585Immeubl.Lyon(Ly)#........ 550 551L.Bouillet (Ly)................. d 302,50 302,50Lloyd Continental........... d 8050 8050Lordex (Ny).................... d 18 18Mag.Lyo.Gerl.(Ly)# ........ d 154 154Matussiere Forest........... 59,60 59Moncey Financiere......... 3301 3330M.R.M. (Ly).................... 460 450Navigation Mixte ........... 765 795Part-Dieu(Fin)(Ly) ......... d 107 107Pechiney Intl .................. 115,80 112Poliet ............................. 491,10 491Sabeton (Ly)................... 835 825Samse (Ly) ..................... 832 832Sechilienne (Ly).............. 1150 1150Sucr.Pithiviers................ 3400 3520Tanneries Fce (Ny)......... d 248 248Teleflex L. Dupont.......... 99,20 100Union Gle Nord(Li) ........ d 230 230.......................................

ACTIONS Cours DerniersETRANGERES preced. cours

Bayer.Vereins Bank ........ 240 240Commerzbank AG.......... 173 176Fiat Ord.......................... 21,90 22,70Gevaert .......................... 515 515Gold Fields South........... 144 144Kubota Corp................... 24,50 24,50Montedison act.ep. ........ 10,05 10,05Olympus Optical............. 53,05 53,05Robeco........................... 603 604Rodamco N.V. ................ 203,50 203,50Rolinco........................... 597 598Sema Group Plc ............. 152,10 152,10Solvay SA........................ 3450 3450.......................................

COMPTANTUne selection Cours releves a 12 h 30MERCREDI 16 JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; a coupon detache ; b droit detache ;o = offert ; d = demande ; x offre reduite ;y demande reduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Acial (Ns) #..................... d 51,20 51,20AFE #.............................. 470 470Aigle # ............................ 294,90 286Albert S.A (Ns)................ d 161 177,40Altran Techno. # ............. 2067 2095Arkopharma# ................. 332 330,10Montaignes P.Gest......... 2750 2758Assystem # ..................... 308 299Bque Picardie (Li)........... d 722 722Bque Tarneaud(B)#........ 339,20 339,20Bque Vernes ................... 110 107Beneteau # ..................... 918 901B I M P........................... 84,90 74Boiron (Ly) # .................. 360 361Boisset (Ly)#................... 566 565But S.A. .......................... 342,90 340

Cardif SA........................ 900 900C.E.E #............................ 165 165CFPI # ............................ d 380,70 380,70Change Bourse (M) ........ 218,20 220CNIM CA#...................... 234 233Codetour........................ 345 345,30Comp.Euro.Tele-CET ..... 520 520Conflandey S.A............... 285,80 293,50C.A.Haute Normand....... 309,90 308C.A. Paris IDF................. 759 765C.A.Ille & Vilaine............. 325 340C.A.Morbihan (Ns) ......... 318,90 318,90C.A.du Nord (Li) ............ 510 500C.A. Oise CCI.................. d 305,10 305,10Devanlay........................ 605 605Devernois (Ly)................ 561 563Ducros Serv.Rapide........ 82,15 85,05Europ.Extinc.(Ly)#.......... 414 404Expand s.a...................... 569 565Factorem........................ 690 689Faiveley # ....................... 206,20 203Finacor........................... 70,50 71Fininfo ........................... 675 685Fructivie......................... 642 649Gautier France # ............ 253 252Gel 2000 ......................... 45,70 45,50GFI Industries #.............. 1010 1010Girodet (Ly) #................. d 30 30

GLM S.A......................... d 299,40 299,40Grandoptic.Photo #........ 994 1006Gpe Guillin # Ly.............. 240 240Kindy #........................... 150 148Guerbet.......................... 219,20 220Hermes internat.1# ........ 544 569Hurel Dubois.................. 660 665ICBT Groupe # ............... 232 233I.C.C. .............................. 120 117,10ICOM Informatique ....... 468,10 465,10Idianova ......................... 71,60 71,60Int. Computer #.............. 83 85,05IPBM ............................. 61,10 61,55M6-Metropole TV .......... 594 598Manitou # ...................... 759 760Manutan ........................ 420 421Marie Brizard # .............. 895 890Maxi-Livres/Profr. .......... 51,20 48Mecelec (Ly)................... 62 61MGI Coutier................... 300 297,10Monneret Jouet Ly# ....... 137 137,10Naf-Naf #....................... 69 68,15NSC Groupe Ny ............. 770 774Onet # ............................ 1010 1005Paul Predault #............... 170 166P.C.W. ............................ d 19 19Petit Boy #...................... 93,20 92,50Phyto-Lierac #................ 415 415

Pochet............................ d 807 807Poujoulat Ets (Ns) .......... d 234 234Radiall # ......................... 625 606Robertet # ...................... 1304 1305Rouleau-Guichard.......... d 330 330Securidev #..................... 120,80 120,50Smoby (Ly)# ................... 587 589Sofco (Ly) ....................... d 27,50 27,50Sofibus........................... d 370 370Sogeparc (Fin)................ 399,70 394Sopra ............................. 585 581Steph.Kelian # ................ 105 108,50Sylea .............................. 543 552Teisseire-France............. 185 180TF1................................. 557 561Thermador Hold(Ly) ...... 270 272Trouvay Cauvin # ........... 104 107Unilog ............................ 762 762Union Fin.France ........... 651 642Viel et Cie # .................... 133,80 133,80Vilmorin et Cie #............. 475 477Virbac............................. 575 564..........................................................................................................................................................................................................................................

SECONDMARCHEUne selection Cours releves a 12 h 30MERCREDI 16 JUILLET

ABREVIATIONSB = Bordeaux; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ;Ny = Nancy ; Ns = Nantes.

SYMBOLES1 ou 2 = categories de cotation - sans indicationcategorie 3 ; d cours precedent ; a couponde tach e ; b dro i t d e tach e ; o = of fe rt ;d = demande ; x offre reduite ; y demandereduite ; # contrat d’animation.

VALEURS Emission RachatFrais incl. net

AGIPI

Agipi Ambition (Axa) ...... 147,07 140,07Agipi Actions (Axa) ......... 124,02 118,11

BANQUES POPULAIRES

Valorg............................. 2442,30 2406,21

3615 BNP

Natio Court Terme......... 14211 14211Natio Epargne................ 2226,19 2204,15Natio Ep. Capital C/D ..... 17153,97 16984,13Natio Ep. Croissance ...... 3409,18 3342,33Natio Epargne Retraite .. 173,48 170,08Natio Epargne Tresor..... 11293,63 11271,09Natio Epargne Valeur ..... 146,76 143,88Natio Euro Valeurs ......... 1124,20 1102,16Natio Euro Oblig. ........... 1024,16 1014,02Natio Euro Opport. ........ 1111,82 1090,02Natio Inter ..................... 2235,60 2191,76Natio Opportunites ........ 199,41 195,50Natio Revenus................ 1126,54 1115,39Natio Securite ................ 11451,62 11451,62Natio Valeurs ................. 1433,10 1405

BRED BANQUE POPULAIRE

Moneden ....................... 92456,91 92456,91Oblig. ttes cate. .............. 272,50 268,47

Livret Bourse Inv. D ....... 862,05 836,94Nord Sud Develop. C...... d 2638,30 2633,03Nord Sud Develop. D ..... 2513,43 2508,41

MULTI-PROMOTEURS CCBP-CDCPatrimoine Retraite C .... 313 306,86Patrimoine Retraite D.... 303,53 297,58Sicav Associations C ....... 2424,36 2424,36

Fonsicav C...................... 19666,33 19666,33Mutual. depots Sicav C... 19354,05 19334,72

Ecur. Act. Futur D PEA ... 289,41 283,74Ecur. Capitalisation C..... 253,03 253,03Ecur. Expansion C .......... 82868,10 82868,10Ecur. Geovaleurs C ......... 3736,72 3663,45Ecur. Investis. D PEA ...... 232,88 228,31Ecur. Monepremiere ...... 11335,97 11335,97Ecur. Monetaire C .......... 13045,70 13045,70Ecur. Monetaire D.......... 12424,37 12424,37Ecur. Tresorerie C .......... 320,44 320,44Ecur. Tresorerie D.......... 308 308Ecur. Trimestriel D......... 2046,72 2046,72Eparcourt-Sicav D .......... 192,88 192,88Geoptim C...................... 12727,56 12539,47Geoptim D ..................... 12386,41 12203,36Horizon C....................... 2347,09 2301,07

Prevoyance Ecur. D ........ 105,25 105,25Sensipremiere C............. 13198,62 13165,71

Fonds communs de placementsEcur. Capipremiere C ..... 12009,35 11985,38Ecur. Securipremiere C .. 11971,72 11959,76

CNCA

Amplia............................ D 119773,61 119773,61Atout Amerique.............. 198,22 193,39Atout Asie....................... 123,93 120,91Atout Futur C ................. 840,67 820,17Atout Futur D................. 791,38 772,08Coexis ............................ 1968,07 1935,17Dieze.............................. 2187,55 2150,98Elicash............................ D 950586,75 950586,75Epargne-Unie................. 217,85 212,54Eurodyn ......................... 2821,35 2752,54Indicia............................ d 1815,88 1771,27Mone.JC......................... D 11962,49 11962,49Mone.JD ........................ D 11582,20 11582,20Oblifutur C ..................... 548,92 539,74Oblifutur D..................... 525,98 517,19Oraction......................... 1762,40 1719,41Revenu-Vert................... 1227,15 1206,64Sevea ............................. d 120,76 117,81Synthesis........................ 18192,92 17871,24Uni Association .............. D 120,86 120,86Uni Foncier .................... 1417,52 1382,95Uni France ..................... 898,11 876,20Uni Garantie C ............... 1902,59 1870,79Uni Garantie D............... 1455,17 1430,85Uni Regions ................... 1804,67 1760,65Univar C......................... D 309,91 309,91Univar D ........................ D 297,01 297,01Univers Actions .............. 264,20 257,76Univers-Obligations ....... 250,54 246,35

CIC BANQUES

Francic ........................... 765,69 743,39Francic Pierre................. 141,27 137,16Francic Regions.............. 2044 1984,47

CIC PARIS

Associc ........................... 1124,19 1124,19Cicamonde..................... 1687,38 1638,23Converticic..................... 415,30 409,16Ecocic............................. 1816,65 1763,74Mensuelcic ..................... 10205,25 10104,21Oblicic Mondial.............. 4072,08 4011,90Oblicic Regions .............. 1172,47 1155,14Rentacic ......................... 167,95 165,47

Eurco Solidarite.............. 1394,26 1380,46Lion 20000 C................... 17180,43 17180,43Lion 20000 D .................. 16480,63 16480,63Lion Association C.......... 11119,24 11119,24Lion Association D ......... 11119,24 11119,24Lion Court Terme C ....... 26437,38 26437,38Lion Court Terme D....... 23971,75 23971,75Lion Plus C ..................... 1576,85 1545,93Lion Plus D..................... 1504,16 1474,67Lion Tresor..................... 2447,79 2423,55Oblilion .......................... 2184,43 2162,80Sicav 5000 ...................... 777 761,76Slivafrance ..................... 1304,39 1278,81Slivam ............................ 615,51 603,44Slivarente....................... 246,04 241,22Slivinter.......................... 862,89 845,97Trilion ............................ 5224,39 5157,34

Avenir Alizes................... 2396,70 2349,71CM Option Dynamique.. 135,56 133,72CM Option Equilibre ...... 266,51 263,55Cred.Mut.Mid.Act.Fr...... 166,13 161,68Cred.Mut.Ep.Cour.T....... 922,74 922,74Cred.Mut.Ep.Ind. C ........ 149,10 145,11Cred.Mut.Ep.J ................ 22964,94 22964,94Cred.Mut.Ep.Monde ...... d 1766,99 1719,70Cred.Mut.Ep.Oblig. ........ 1886,22 1849,24Cred.Mut.Ep.Quatre....... 1109,16 1087,41

Fonds communs de placementsCM Option Moderation . 102,35 101,34

LCF E. DE ROTHSCHILD BANQUEAsie 2000 ........................ 944,75 904,07Saint-Honore Capital ..... 20012,82 19429,92St-Honore March. Emer. 984,92 942,51St-Honore Pacifique....... 847,14 810,66

LEGAL & GENERAL BANK

Securitaux...................... 1834,24 1834,24Strategie Actions............ 1214,25 1167,55Strategie Rendement ..... 1989,25 1926,63

Amplitude Amerique ...... 121,66 118,69Amplitude Europe C....... 170,31 166,16Amplitude Europe D....... 167,46 163,38Amplitude Monde C....... 1131,72 1104,12Amplitude Monde D....... 1079,67 1053,34Amplitude Pacifique....... 121,54 118,58Elanciel D PEA................ 190,05 185,41Emergence Poste D PEA 154,09 150,33Geobilys C...................... 659,21 649,47Geobilys D ..................... 623,71 614,49

Kaleıs Dynamisme.......... 1132,47 1110,26Kaleıs Equilibre .............. 1086,11 1064,81Kaleıs Serenite ............... 1047,08 1036,71Latitude C ...................... 148,64 148,64Latitude D...................... 135,41 135,41Oblitys D ........................ 624,28 615,05Plenitude D PEA............. 213,72 208,51Poste Gestion C.............. 14875,12 14875,12Revenus Trimestr. D ...... 5309,14 5256,57Solstice D ....................... 2368,49 2362,58

SOCIETE GENERALEASSET MANAGEMENT

Actimonetaire C ............. 38033,07 38033,07Actimonetaire D............. 30969,38 30969,38Cadence 1 D................... 1074,51 1063,87Cadence 2 D................... 1077,56 1066,89Cadence 3 D................... 1065,10 1054,55Capimonetaire C ............ 410,81 410,40Capimonetaire D............ 370,67 370,30Sogeoblig C/D ................ 9311,47 9219,28Interoblig C.................... 7667,67 7591,75Interselection France D.. 756,97 742,13S.G. France opport. C ..... 2078,61 2037,85S.G. France opport. D..... 1984,30 1945,39Sogenfrance C................ 1921,39 1883,72Sogenfrance D ............... 1756,26 1721,82Sogepargne D ................ 314,69 311,57Soginter C ...................... 2728,54 2675,04

Fonds communs de placementsFavor D .......................... 1631,03 1568,30Sogeliance D .................. 1696,01 1679,22Sogenfrance Tempo D ... 207,49 203,42..............................................................................

SICAV et FCPUne selectionCours de cloture le 15 juillet

SYMBOLESD cours du jour ; d cours precedent.

Page de bourse 1.e : Le monde Quotidien - Montage du mercredi 16 juillet 1997 - 12 h 43’ 13’’ Montage 3B2 Diamond 4

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Eridania-Beghin CI......... d 742 742Credit Gen.Ind. .............. d 12,10 12,10Generale Occidentale..... d 195 158Mumm........................... d 1030 1030Ste lecteurs du Monde.... d 157 141,30.......................................

VALEURS Cours Dernierspreced. cours

Appligene Oncor ............ 38 40Belvedere ....................... 905 910BVRP.............................. 215,50 220Coil ................................ 211 217Electronique D2 ............. 930 939FDM Pharma n. ............. 219 210Genset............................ d 334,90 334,90Guyanor action B ........... d 12,50 12,50High Co.......................... d 180 180Infonie ........................... 118 115Joliez-Regol.................... d 85 85Mille Amis ...................... d 100 100Naturex.......................... 90,20 92,50Olitec ............................. 1299 1299Picogiga ......................... d 235 235Proxidis.......................... 25 25R21 Sante....................... 391 380Stelax ............................. 5,75 6,30

HORS-COTEUne selection. Cours releves a 12 h 30

MERCREDI 16 JUILLET

NOUVEAU MARCHEUne selection. Cours releves a 12 h 30

MERCREDI 16 JUILLET

Page 16: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0016-0 WAS LMQ1707-16 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 11:27 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0363 Lcp: 196 CMYK

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A U J O U R D ’ H U ILE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

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TOUR DE FRANCE 1997 Ladifficile 10e étape, disputée, mardi15 juillet, entre Luchon et Andorre-Arcalis (252,5 km, 6 cols), a permis àl’Allemand Jan Ullrich (Telekom) de

s’emparer du maillot jaune, grâce àune attaque décisive dans l’ascen-sion finale. Son coéquipier BjarneRiis, Richard Virenque (Festina),Abraham Olano (Banesto) et Laurent

Jalabert (ONCE) figurent parmi lesbattus du jour. Cédric Vasseur (Gan)a vaillamment défendu sa premièreplace, avant de s’incliner, avec un re-tard de 7 min 44 s sur le vainqueur.

Luc Leblanc (Polti), toujours en déli-catesse avec sa jambe droite, a denouveau sombré, accusant désor-mais un retard de 1 h 19 min 10 s auclassement général.

RÉSULTATS

Et Jan Ullrich se décida à attaquer...Luchon - Andorre-Arcalis. Vainqueur en Andorre, mardi 15 juillet, Jan Ullrich (Telekom), qui a pris le maillot jaune, est le nouveau maître du Tour.Le champion d’Allemagne a abandonné son rôle de gentil accompagnateur pour distancer tous ses adversaires dans la grande étape des Pyrénées

ANDORRE-ARCALISde notre envoyé spécial

C’était le jour le plus long, c’étaitle jour le plus haut. Pour sa dixièmeétape, mardi 15 juillet, le Tour deFrance a fait étape à 2 240 mètres, àArcalis, en Andorre. L’air des cimes,on le sait, ne convient pas à tous lesorganismes : dans ces contrées oùl’oxygène de l’air se raréfie, on nepeut survivre qu’à ras de terre, entreles rochers et les pylones de remon-tées mécaniques, comme le font lesgentianes et les rhododendrons. JanUllrich (Telekom) l’a bien compris,qui a effectué les derniers kilo-

mètres de l’ascension vers Arcalis lecorps recourbé sur sa machine, lesdeux mains en bas du cintre, quandses principaux concurrents cher-chaient de l’oxygène, le nez en l’air,pour essayer de suivre son tempoinfernal.

« Je me réjouis de la températurequi sévit sur ce Tour, car je connaismes meilleures journées lorsqu’il faittrès chaud », se félicitait le jeunechampion allemand après sa vic-toire. Il venait de lever au ciel sonbouquet de vainqueur et d’enfilerson premier maillot jaune sous un

soleil éclatant. Au même moment,assis au pied du podium, BjarneRiis, redevenu équipier, reprenaitson souffle en enfilant un cuissardsec et une paire de tennis.

Au départ de Luchon, mardi, JanUllrich se sentait plus nerveux qu’àl’habitude. La plus dure épreuve desa carrière l’attendait au bout des252,5 kilomètres de course : confir-mer les excellentes dispositions qu’ilavait laissé entrevoir la veille sur lespremières pentes pyrénéennes. Ber-nard Hinault lui-même avait été es-tomaqué par la « puissance » duchampion d’Allemagne et par sa fa-culté de « ne jamais paniquer ». Lacaravane louait la « facilité » dé-concertante du jeune prodige dansles cols. « Facile, moi ? Tu parles ! Cen’est que le résultat de mon travail »,répondait l’intéressé.

Mardi matin, l’équipe Telekom nes’était pas encore décidée à choisirson chef de file, entre Bjarne Riis etJan Ullrich. Plus rapide que prévu,l’éclosion de l’Allemand plonge l’en-cadrement dans un flou pas germa-nique du tout. Qui protéger ? Le lea-

der officiel, Riis, ou le leader de plusen plus naturel, Ullrich ? Mais, dansla montée du Port-d’Envalira(2 407 mètres), l’avant-dernière dif-ficulté de la dixième étape, les deuxcoureurs ont eu besoin de savoir. Lechef et son dauphin se sont laissédécrocher pour évaluer la situationavec leur directeur sportif, WalterGodefroot : « Faites votre course, lemeilleur des deux portera l’estocadedans le dernier col. »

PASSATION DE POUVOIRMessage en tête, Bjarne Riis a pris

son temps pour revenir sur le pre-mier. L’effort était hargneux. Peuaprès, Jan Ullrich est remonté àhauteur de ses adversaires en troiscoups de pédale bien sentis. Enfin,au moment choisi, à 9 kilmètres del’arrivée, l’Allemand, « pas pressé »,a effectué sa mue, viré sa défroquede « gentil accompagnateur » :« J’ai accéléré le rythme pour faire lasélection. J’ai vu que personne ne sui-vait. Alors je me suis dit que je devaisaller chercher la victoire d’étape. »

Bjarne Riis, trente-trois ans, n’a

pas manqué de rendre hommage àson probable successeur, un rou-quin de vingt-trois ans qui venait dele distancer de 3 min 23 s en neuf ki-lomètres : « Jan était le plus fort au-jourd’hui, il était super, il fallait qu’ilattaque. » La passation de pouvoirqui venait d’avoir lieu sur la route aalors été paraphée d’un acte public,presque notarial : les deux hommesauraient pu s’offrir une scène derupture, regards de biais et motsacides ; ils ont préféré se donnerune franche accolade pour officiali-ser leurs nouvelles situations. La co-habitation sera du genre construc-tive : « Maintenant que Jan a lemaillot jaune, il faudra le défendre,explique Bjarne Riis. Mais je croisque je reste le leader de l’équipe, ouplutôt le capitaine de route, parceque Jan est tout de même encorejeune. »

Trop jeune ? L’année dernière,déjà, Telekom n’avait sélectionnél’espoir allemand qu’au tout derniermoment. Le citoyen de Rostock, enAllemagne orientale, venait de réali-ser un Tour de Suisse exceptionnel.

« Jan s’améliorait sans cesse, je nepouvais pas lui refuser une premièreparticipation au Tour de France », sesouvient Walter Godefroot. Venuenrichir sa maigre expérience decoureur contraint d’attendre lachute du mur de Berlin pour aller sefrotter aux collègues de l’Ouest, l’Al-lemand à la barbichette et à laboucle d’oreille dorée a vite comprisqu’il savait déjà l’essentiel.

A part son leader, Bjarne Riis,personne ne semblait en mesure dele battre sur les routes de France.« Bien entendu, nous savons que Jana les qualités physiques pour gagnerle Tour de France, mais il lui manqueencore la maturité, l’expérience de lacourse : il est trop gentil », nuançaitWalter Godefroot au départ deRouen. En deux journées de mon-tagne, le « gentil » a changé de pa-noplie. En même temps que sonmaillot jaune, il a endossé la tenuede grand favori du Tour de France1997.

Richard Virenque (Festina), troi-sième de l’étape, juste derrière l’Ita-lien Marco Pantani (Mercatone-

Uno), est l’un des derniers à croire,un peu, en ses chances : « Au-jourd’hui, toutes les difficultés étaientconcentrées sur la fin du parcours. Lamontée d’Arcalis était faite pour destypes puissants comme Ullrich. Biensûr, il va avoir un terrain favorableavec les deux contre-la-montre, maisil me reste L’Alpe-d’Huez, Courchevel.Le plus dur reste à venir... »

Après avoir subi la domination deMiguel Indurain, le Varois nesemble donc pas disposé à abdiquerdevant le nouveau puissant du cy-clisme international : « Si je dois metaper dans le mur Ullrich cette année,je reviendrai l’an prochain. » RichardVirenque a néanmoins revêtu lemaillot à pois rouges du meilleurgrimpeur, « son » maillot. Il s’agitde la seule décoration qui manque àl’armée des Telekom : mardi soir, lavoiture de l’équipe allemande dé-bordait de bouquets de fleurs. Lechauffeur, Walter Godefroot, ne ti-rait pas vraiment une gueule d’en-terrement.

Eric Collier

Jean-Philippe Dojwa et sa belle d’un jourANDORRE-ARCALISde notre envoyé spécial

Une carrière passe vite, aussi vite qu’uncoureur allemand s’en allant quérir unmaillot jaune. Jean-Philippe Dojwa n’aguère eu le temps d’apprécier l’effort deJan Ullrich (Telekom) lorsqu’il s’est faitdoubler par le prodige sur les pentes d’Ar-calis. « J’ai vu passer une moto », raconte lecoureur de la Mutuelle de Seine-et-Marne.

Ahanant dans la pente qui menait à Ar-calis, où se jugeait l’arrivée, le Français sa-vait son échappée en phase terminale. Cemardi 15 juillet était jour de sacre. Quandpassèrent successivement les autres hautsdignitaires du peloton, Jean-Philippe Doj-wa comprit qu’il avait mal choisi son mo-ment. Cette étape n’était pas pour le po-pulo. Au moins était-il là, témoinprivilégié.

De cette trentaine de kilomètres àl’avant de la course, le Normand n’a tiréque son poids en camembert, offertchaque jour au coureur le plus combatif. Ila encore écopé de 200 francs suissesd’amende et de 20 secondes de pénalitépour ravitaillement illicite, s’ajoutant à undébours de 5 min 12 s concédé sur la ligneau vainqueur.

« C’était un joli coup de panache,non ? », claironnait-il à l’arrivée, le visageencore cuivré par l’effort et le soleil prissur le chemin. Et de raconter son attaquedans le col d’Ordino (1 990 m) et sa lenteagonie dans celui d’Arcalis (2 240 m).Mais, le soir, dans sa chambre de l’hôtelMarco Polo, Jean-Philippe Dojwa a pro-bablement dû connaître une sorte de ba-by-blues. Passé l’excitation, le coureur enviendra sans doute à jauger sa carrière àl’aune nouvelle de son exploit. A l’orée deses trente ans, son baroud en terre andor-rane lui fera mesurer ce que sa carrière ad’inaccompli.

Né à Elbeuf (Seine-Maritime), d’une fa-mille d’origine polonaise, Jean-PhilippeDojwa était taillé pour la bicyclette. Sesperformances dans les rangs amateurs luilaissaient espérer utiliser un jour cet engindans son métier. Le membre du VC Lyon-Vaulx-en-Velin avait obtenu une médaillede bronze aux championnats du mondeamateur, en 1990, et la considération desdénicheurs de talents. Il signait aussitôtun contrat professionnel dans l’équipeRMO. Il n’avait pas encore vingt-trois ans,et son histoire prenait une jolie tournure.

En 1992, première contrariété. Dans lasélection du Tour de France lui fut préféré

au dernier moment un inconnu âgé devingt et un ans : Richard Virenque. Sadeuxième place lors du Tour de l’Avenir leconsolera à peine de cette absence. En1993, le coureur suit pourtant Bruno Rous-sel, qui a trouvé en Festina un nouveaucommanditaire. Cette fois, il est du Tour.Quinzième du classement général et meil-leur Français, il figure alors la promesse denouveaux beaux jours pour un cyclismenational en pleine dèche.

NOMBREUSES BLESSURESLe personnage a vingt-six ans, le début

du bel âge dans son métier. L’équipe Ganlui glisse une offre alléchante : il signecette reconnaissance de vedette. MaisJean-Philippe Dojwa ne parviendra jamaisà l’honorer. En 1994, il abandonne triste-ment dans le Tour de France, puis est opé-ré de l’artère iliaque. Il connaît encore demultiples blessures et finira par désespé-rer Roger Legeay, son directeur sportif, àla fin de 1995.

En 1996, le réprouvé dégringole dansune équipe monégasque, Aki-Gipiemme.Il ne se fait pas à cette communauté fran-co-italienne. Les résultats déçoivent et laformation n’est pas sélectionnée pour leTour de France. Son commanditaire entre

alors dans une colère noire et inique. Sacolonie française devient bouc émissaire.Jean Philippe Dojwa, comme tous sescompatriotes, est licencié sur-le-champ.La détresse du congédié attendrira jus-qu’au Herald Tribune, intrigué par lescurieuses mœurs du peloton et cette ré-surgence du servage. L’Union cycliste in-ternationale (UCI) s’intéressera finale-ment à l’affaire. La procédure abusive estsuspendue, mais le coureur ne touche plusun centime de son employeur.

En deux ans, il est devenu un hommeseul, traînant une de ces sales réputationsde dilettante qu’abhorre le milieu. Il solli-cite les directeurs sportifs, fait dire un peupartout qu’il est libre. En vain. FinalementYvon Sanquer, le responsable de la Mu-tuelle-de-Seine-et-Marne, le met àl’épreuve un an. L’équipe est la plus mo-deste du pays, le salaire plutôt riquiqui. LeNormand se rend bien compte qu’il s’agitdéjà là de sa dernière chance. « Il memanque un coup d’éclat pour me faire enfinconnaître », dit-il alors. Mardi, il l’a enfinréalisé, effaçant les années de galère d’unebravade. Mais, pas plus qu’on ne rattrapeJan Ullrich, on ne rattrape le temps perdu.

Benoît Hopquin

Le panache de Cédric Vasseur

Ce maillot jaune, il savait qu’ildevrait le rendre à l’arrivée del’étape Luchon-Andorre-Arcalis.Mais Cédric Vasseur (Gan) avaitdécidé de « tomber » en cham-pion. Après avoir été distancédans les ascensions, après être re-venu à chaque fois à la faveur desdescentes, il s’est offert un der-nier plaisir de leader : il a attaquéjuste avant la montée finale. « Jeme suis battu, expliquait-il à l’arri-vée. J’ai pratiquement toujours étéavec le meilleurs. Mais des arrivéesbrutales comme celle-là ne meconviennent pas. Ceux qui ter-minent devant moi sont de grandscoureurs, et je n’ai rien à me repro-cher. Je voulais perdre avec pa-nache. » Repris par Jan Ullrich(Telekom), à 9 km du sommet– « Il allait trois fois plus vite quemoi » –, Cédric Vasseur a finil’étape à 7 min 44 s du nouveaumaillot jaune. Battu, mais fier.

10e étape (252,5 km)Luchon-Andorre-Arcalis1. J. Ullrich (All, TEL), en 7 h 46 min 6 s ; 2. M. Pan-tani (Ita, MER) ; 3. R. Virenque (Fra, FES),à 1 min 8 s ; 4. F. Casagrande (Ita, SAE),à 2 min 1 s ; 5. B. Riis (Dan, TEL), à 3 min 23 s ;6. L. Dufaux (Sui, FES), à 3 min 27 s ; 7. J. Jimenez(Esp, BAN) ; 8. F. Escartin (Esp, KEL) ; 9. A. Olano(Esp, BAN) ; 10. A. Elli (Ita, CSO) ; 11. M. Fincato (Ita,ROS) ; 12. P. Lino (Fra, BIG) ; 13. R. Conti (Ita, MER),à 3 min 45 s ; 14. P. Luttenberger (Aut, RAB),à 4 min 2 s ; 15. K. Livingston (EU, COF),à 4 min 15 s ; 16. B. Zberg (Sui, MER) ; s ;17. J. Laukka (Fin, FES) ; 18. O. Camenzind (Sui,MAP) ; 19. L. Roux (Fra, TVM), à 4 min 46 s ; 20. J.-P. Dojwa (Fra, MUT), à 5 min 12 s ; 21. D. Nardello(Ita, MAP), à 6 min 25 s ; 22. D. Delrieu (Fra, MUT),à 6 min 49 s ; 23. B. Julich (EU, COF), à 7 min 5 s ;24. F. Simon (Fra, GAN) ; 25. C. Vasseur (Fra,GAN) ; 26. M. Boogerd (PB, RAB) ; 27. C. Moreau(Fra, FES) ; 28. P. Chanteur (Fra, CSO) ; 29. M. Si-boni (Ita, MER), à 7 min 44 s ; 30. H. Buenahora(Col, KEL), à 8 min 16 s ; 31. L. Madouas (Fra, LOT) ;32. M. Beltran (Esp, BAN), à 8 min 27 s ; 33. G. Bor-tolami (Ita, FES), à 10 min 21 s ; 34. M. Podenzana(Ita, MER), à 11 min 18 s ; 35. J.-C. Robin (Fra, USP),à 11 min 18 s ; 36. S. Blanco (Esp, BAN),à 11 min 43 s ; 37. R. Aldag (All, TEL), à 12 min 13 s ;38. M. Zarrabeitia (Esp, ONC), à 12 min 49 s ; 39.B. Salmon (Fra, LOT), à 13 min 51 s ; 40. O. Ro-drigues (Por, BAN), à 15 min 3 s, etc.

Classements

Classement général : 1. J. Ullrich (All, TEL),en 55 h 54 s ; 2. R. Virenque (Fra, FES),à 2 min 58 s ; 3. A. Olano (Esp, BAN),à 4 min 46 s ; 4. B. Riis (Dan, TEL), à 4 min 53 s ;5. M. Pantani (Ita, MER), à 5 min 29 s ; 6. F. Escar-tin (Esp, KEL), à 5 min 46 s ; 7. L. Dufaux (Sui,FES), à 6 min 2 s ; 8. O. Camenzind (Sui, MAP),à 7 min ; 9. F. Casagrande (I ta, SAE),à 7 min 20 s ; 10. C. Vasseur (Fra, GAN),à 7 min 31 s ; 11. P. Lino (Fra, BIG), à 7 min 41 s ;12. P. Luttenberger (Aut, RAB), à 8 min 2 s ;13. J. Jimenez (Esp, BAN), à 9 min 33 s ;14. D. Nardel lo (I ta, MAP), à 10 min 1 s ;15. R. Conti (Ita, MER), à 10 min 20 s ; 16. A. Elli(Ita, CSO), à 10 min 41 s ; 17. J. Laukka (Fin, FES),à 11 min 15 s ; 18. L. Madouas (Fra, LOT),à 12 min 19 s ; 19. B. Zberg (Sui, MER),à 12 min 47 s ; 20. F. Simon (Fra, GAN),à 13 min 58 s ; 21. M. Beltran (Esp, BAN),à 14 min 38 s ; 22. J.-C. Robin (Fra, USP),à 15 min 30 s ; 23. M. Fincato (I ta, ROS),à 16 min 34 s ; 24. H. Buenahora (Col, KEL),à 18 min 57 s ; 25. C. Moreau (Fra, FES),à 18 min 58 s ; 26. M. Boogerd (PB, RAB),à 21 min 17 s ; 27. P. Chanteur (Fra, CSO),à 22 min 14 s ; 28. L. Roux (Fra, TVM),à 22 min 59 s ; 29. L. Jalabert (Fra, ONC),à 24 min 32 s ; 30. S. Blanco (Esp, BAN),à 24 min 34 s ; 31. J.-P. Dojwa (Fra, MUT),à 25 min 26 s ; 32. M. Zarrabeitia (Esp, ONC),à 25 min 31 s ; 33. M. Siboni ( I ta, MER),à 26 min 58 s ; 34. K. Livingston (EU, COF),à 27 min 5 s ; 35. A. Teteriuk (Kzk, LOT),à 27 min 24 s ; 36. S. Heulot (Fra, FDJ),à 29 min 58 s ; 37. P. Meinert (Dan, USP),à 30 min 4 s ; 38. M. Podenzana (Ita, MER),à 30 min 24 s ; 39. G. Bortolami (Ita, FES),à 31 min 33 s ; 40. L. Brochard (Fra, FES),à 32 min 46 s, etc.Classement par points : 1. E. Zabel (All, TEL),254 pts ; 2. F. Moncassin (Fra, GAN), 173 ;3. J. Blijlevens (PB, TVM), 159 ; 4. N. Minali (Ita,BAT), 121 ; 5. R. McEwen (Aus, RAB), 112, etc.Classement de la montagne : 1. R. Virenque (Fra,FES), 209 pts ; 2. L. Brochard (Fra, FES), 160 ;3. J. Ullrich (All, TEL), 138 ; 4. M. Pantani (Ita,MER), 100 ; 5. F. Casagrande (Ita, SAE), 93, etc.

AbandonDixième étape : M. Bartoli (Ita,MAG).

Km 243,5 : deux grimpeurs dans le ventRichard Virenque (Fetsina) et Marco Pantani (Mercatone Uno) se sont dé-

hanchés en vain, mardi 15 juillet, sur leur superbes bicyclettes (Peugeot entitane pour le Français, Wilier en aluminium pour l’Italien). Sur les pentes

de la montée hors-catégorie d’Andorre-Arcalis (2 240 m), le maître s’appe-lait Jan Ullrich (Telekom). Les grimpeurs de poche n’ont rien pu faire, seule-ment limiter les dégâts. Ils ne leur reste plus maintenant qu’à attendre lesquatre étapes alpines (du 19 au 22 juillet) et leurs pourcentages sévères pourtenter de briller et – qui sait ? – menacer le nouveau maître du Tour.

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A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 17

TÉLÉVISION

ANDORRE-ARCALISde notre envoyé spécial

La cause a été entendue rapide-ment : pour ravitaillement irrégu-lier, Richard Virenque (Festina) aécopé, mardi 15 juillet, de200 francs suisses d’amende et devingt secondes de pénalité. Mêmepunition, même motif, pour Jean-Philippe Dojwa (Mutuelle de Seine-et-Marne). En revanche, pour avoir,lui aussi, été ravitaillé irrégulière-ment, Marco Fincato (Roslotto-ZG), devra débourser seulement50 francs suisses. Deux poids, deuxmesures ? Non, les deux premiersont commis leur infraction à 6 kmde l’arrivée, le troisième à près de35 km. Le Règlement général dusport cycliste international, la bible,est formel : tout ravitaillement eststrictement interdit dans les 20 der-niers kilomètres de course car sus-ceptible d’en dénaturer le résultat.

Ils sont quatre – un Suisse, un Ita-lien, un Néerlandais et un Fran-çais – à rendre ainsi justice à la finde chaque étape. Membre de ce ju-ry international, Patrice Roy, qua-rante-deux ans, cadre dans une col-lectivité locale, a passé tous lesexamens – régionaux, nationaux,internationaux – pour occuper cettefonction. « J’ai eu très jeune la pas-sion du cyclisme, et j’ai arrêté de cou-rir pour pouvoir poursuivre mesétudes », explique ce Parisien, quipasse environ trois mois par an surles routes. « La vocation » dit-il,simplement.

Assistés de six commissaires ad-joints, à moto, les quatres membres

du jury suivent la course, en voi-ture, de bout en bout, notant scru-puleusement toutes les infractions.« Nous voulons avoir un rôle plus dis-suasif que répressif », explique Pa-trice Roy. Un coup de klaxon ou desifflet suffit souvent à remettre leschoses en ordre. Les commissairessavent aussi se montrer bons en-fants et fermer les yeux. Pourquoipénaliser un coureur à la dérivedans un col parce qu’il se fait « unpeu » aider par un public compatis-sant ? En revanche, ils pourront ex-clure de la course celui qui s’appuietrop longtemps sur la voiture deson directeur sportif sous prétextede venir chercher un bidon ou unecasquette.

AMENDES EN MONNAIE FORTEToutes les actions potentielle-

ment délictueuses soigneusementnotées, le jury décide s’il y a lieu desévir et détermine la peine à appli-quer. Si les décisions doivent êtreprises à la majorité, l’unanimitésemble être de règle. Les amendesse situent en bas de l’échelle dessanctions, même si elles peuvent at-teindre 1 000 francs suisses (plus de4 000 francs). Pauvres cyclistes, quidoivent expier leurs fautes dansune des monnaies les plus fortes dumonde, pour la simple raison que lesiège de l’Union cycliste internatio-nale (UCI) se trouve à Lausanne.

Les commissaires ne surveillentpas seulement la course stricto sen-su. Ainsi, ils punissent le port de te-nues non réglementaires. Pouravoir porté des cuissards différents

de ceux de son équipe (aux cou-leurs américaines ou jaunes), MarioCipollini (Saeco) a été « taxé » de200 francs suisses par jour, et sa for-mation de 1 000 francs de la mêmemonnaie. Amendes aussi pour les« comportements incorrects » en pu-blic (exemple : satisfaire un besoinnaturel devant des spectateurs, desspectatrices ou des enfants).

Les choses plus sérieusescommencent avec les pénalités entemps, infligées pour « fait decourse » et non susceptibles d’ap-pel. « Nous devons toujours appré-cier la faute, déterminer notammentsi le coureur a ou non profité de l’in-fraction qui a été commise », précisecependant Patrice Roy. Le déclasse-ment qui a frappé Erik Zabel (Tele-kom), à l’arrivée de la 6e étape,sanctionne l’auteur d’une infractionplus grave. « Nous visionnons les vi-déos de tous les sprints, racontenotre membre du jury. A Marennes,les images montraient que Zabel étaitsorti de sa ligne, et nous avons pris ladécision de le déclasser. »

Reste la sanction suprême : lamise hors course. Le règlement pré-cise qu’elle peut être décrétée pourtenue indécente, actes de vanda-lisme ou violation du règlement.C’est parce que son geste « portaitatteinte à la moralité du sport cy-cliste » que Tom Steels (Mapei),champion de Belgique en titre, a étéexclu du Tour de France 1997. Al’arrivée de Marennes, il avait jetéun bidon vers un de ses adversaires.

José-Alain Fralon

Des rouesà lamesde carbone/KevlarLES RAYONS sont presque passés de mode et les bâtons sont vrai-ment trop raides. Alors, les fabricants de roues ont mis au point desmodèles à huit lames en carbone/Kevlar. Les avantages ? Le poids– il oscille généralement entre 900 g et 1 100 g –, la rigidité – elle cor-respond en gros à celle de rayons deux fois plus tendus que la nor-male –, le confort et le coefficient de pénétration dans l’air – moinsil y a de rayons, plus la roue est aérodynamique. Les inconvénients ?Le freinage – les patins classiques mordent mal sur le carbone, cequi amène à employer des flancs en aluminium et à expérimenterdes freins à disque installés sur le moyeu avant –, le réglage en casde voilage devenant impossible. Le danger ? Il a été récemment évo-qué par le coureur Michele Bartoli (MG-Technogym), et bien enten-du aussitôt démenti par les fabricants. « Quand on tombe, ces rouescontinuent de tourner dans le vide à toute vitesse et elles coupentcomme un rasoir », a expliqué l’Italien dans les colonnes de L’Equipe.N’empêche, la plupart des équipes professionnelles les ont adop-tées, bon nombre de cyclosportifs aussi. Et les industriels ont diver-sifié les modèles. L’américain Spinergy a ouvert la voie (il fait fabri-quer au Mexique), les français Mavic (la Manufacture d’articlesvélocipédiques Idoux et Chanel, installée dans l’Ain), Corima et Car-bosport ont suivi. M. Da.

Le modèle présenté ici est le Spynergy Rev-X, qui équipe notam-ment les formations Saeco, US Postal et Casino. Son prix publicest de 3 150 francs pour une roue avant et de 4 300 francs pourune roue arrière montées en Campagnolo.

« Chouette »,l’interview

IL EST APPARU à l’écran commela Vierge à Fatima, dans un petithalo, tout en haut, à gauche. On nel’attendait plus. Bien sûr, on l’avaitvu franchir la ligne d’arrivée tracéeau sommet d’Andorre-Arcalis(2 240 m), mais on ne pensait pasqu’il accepterait de se montrer à latélévision, de parler de sa défaite.C’était sous-estimer Jean-René Go-dard. Le reporter motorisé n’a pastraîné pour débusquer Bjarne Riis(Telekom) et le passer à la mouli-nette du direct.

Assis à même le sol, en chaus-settes, le maillot grand ouvert, uneserviette éponge fuchsia autour ducou, le front rougi par le soleil,adossé à un grillage de chenil, levainqueur du Tour 1996 attendaitqu’on le questionne, incrédule etharassé. Tandis que le reste del’image proposait un ralenti dutriomphe de son coéquipier Jan Ull-rich, lui évitait le regard de la camé-ra. Modèle de sang-froid, Jean-Re-né Godard – celui-là même quiavait tenté de confisquer l’exclusivi-té du bonheur du navigateurLaurent Bourgnon à l’arrivée de laRoute du rhum 1994 – passait à l’at-taque.

« D’abord, merci, Bjarne, de nousrépondre... Regardez cette image ex-traordinaire : Bjarne qui est assis lelong d’une barrière. Il est pour l’ins-tant seul. Il se désaltère. Il a déjà butrois petites bouteilles d’eau [cequ’un zoom immédiat sur un triode cadavres en plastique recyclableconfirma], et nous allons lui deman-der, donc, ce qu’il ressent à cet ins-tant précis. Bjarne, ce fut une journéetrès difficile pour vous, surtout dansla partie finale... »

Le Danois soufflait, murmurait,peinait à reconnaître la victoire del’autre, étouffait un rot de soda,s’essuyait le front avec sa serviettefuchsia, glissait enfin qu’il était« content » pour son rival. Pardon ?« Vous êtes content pour Jan Ull-rich ? », s’enquit Jean-René Go-dard, qui, bluffé, enchaînait : « C’estchouette, cette réaction du derniervainqueur du Tour de France. »

Plein d’audace, il demandait :« C’est vous qui lui avez dit d’y aller,Bjarne ? – Non, non », rassura le cy-cliste déglingué. C’était un peucourt. Il expliqua, dit qu’il restait« beaucoup d’étapes dures », qu’il yavait maintenant « deux leaders »chez Telekom, qu’ils gagneraient leTour « ensemble ». On voyait bienqu’il était mauvais perdant. Tantpis, Jean-René Godard tranchait :« Il y a une grande loyauté dansl’équipe entre vous et lui. C’estchouette. » Voilà. Le temps était ve-nu de rendre l’antenne. « C’étaitl’arrivée de la dixième étape en di-rect. Ici Andorre, à vous les stu-dios ! » Chouette.

Michel Dalloni

EN PELOTON

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10e étape • 252,5 km

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mardi 15 JUILLET

CATÉGORIE DU COL SPRINT RAVITAILLEMENT

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11e étape • 192 kmANDORRE . PERPIGNANmercredi 16 JUILLET

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12e étape • 55 kmST-ETIENNEvendredi 18 JUILLET

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a Richard Virenque (Fra., FES),3e de l’étape et 2e du général. « Jeréalise une belle performance, carc’était du grand Ullrich. Il est trèspuissant. N’être qu’à une minute delui, aujourd’hui, c’est encourageantpour les Alpes. Il va sans doute creu-ser son avance dans le contre-la-montre de Saint Etienne, mais en-suite, ce sera à moi de jouer. J’ai per-du une bataille, mais la guerrecontinue ».a Marco Pantani (Ita., MER), 2e del’étape et 5e du général. « Je chercheavant tout une victoire d’étape, maisaujourd’hui, Ullrich était le plus fort.Impossible de le suivre... J’espère uneamélioration de ma condition d’iciles Alpes. Ce fut quand même unebonne journée pour moi, car je re-monte au classement général. »a Laurent Jalabert (Fra., ONCE),48e de l’étape et 29e du général.« J’ai du mal à me retrouver derrièrecomme cela, c’est dur à vivre, jen’aime pas. Je me suis pourtantbeaucoup entraîné en montagne, j’aifait beaucoup de sacrifices, mais jene marche pas bien. Pour l’intant, jene trouve pas d’explications ration-nelles ».a Luc Leblanc (Fra., Polti), 163e del’étape et 117e du général. « J’ai vécuune nouvelle journée d’enfer. Au dé-part, j’ai essayé de m’accrocher, maisje n’ai pas pu insister, parce que jesouffrais. Je ressentais les mêmesdouleurs qu’hier et j’espère que l’ar-rivée de mon acuponcteur japonaisva pouvoir me soulager. Tout ce queje peux espérer maintenant, c’estd’être rétabli dans les Alpes et être

compétitif pour gagner une étape ».a Au kilomètre 45 de l’étape Lu-chon Andorre-Arcalis, le peloton aobservé une minute de silence à lamémoire de l’Italien Fabio Casartel-li, décédé il y a deux ans dans la

descente du col du Portet-d’Aspet.Devant la stèle érigée en son hon-neur, un coureur de chacune deséquipes italiennes engagées est allédonner l’accolade au père du cham-pion disparu.

Le chronomètre du TourLa marque Festina est distribuée dans toute l’Europe, aux Etats-

Unis, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient et à Hongkong, maisqui en France connaissait les montres Festina avant les succès deRichard Virenque ? Miguel Rodriguez, PDG d’un groupe qui pos-sède d’autres marques (Lotus, Jaguar et Calypso) s’est montré ins-piré en investissant dans le cyclisme : le chiffre d’affaires dansl’Hexagone atteint 100 millions de francs, le tiers de celui dugroupe. L’équipe Festina bénéficie jusqu’en 1999 d’un budget de25 millions de francs par an ; et la société a obtenu la charge duchronométrage officiel du Tour jusqu’en 2003, pour 5 millions defrancs par an.

Avec Bruno Roussel, Festinaarrive à l’heure

ANDORRE-ARCALISde notre envoyé spécial

« Bruno, jusqu’ici, le cyclisme m’aapporté peu de satisfactions et, sur-tout, beaucoup d’ennuis. J’ai très en-vie de tout arrêter. Mais, avant que jeprenne ma décision, avez-vous quel-que chose à me proposer ? » Le moisde juillet 1993 touchait à sa fin. Fes-tina, encore andorrane, sortait d’unhonnête Tour de France, réhaussépar une victoire de Pascal Lino àPerpignan et le titre honorifique de« premier Français » de Jean-Phi-lippe Dojwa.

Miguel Rodriguez, le patron deFestina, avait, deux mois aupara-vant, confié la direction sportive deson équipe à l’adjoint de Jan Gis-bers, Bruno Roussel, arrivé, en dé-but de saison, dans les valises dePascal Lino et Richard Virenque. Etle « boss », le cœur un peu réchauf-fé, après moult désillusions, refusaitde rendre les armes, sans tenter unultime assaut.

HORS DU SÉRAILLa réponse de Roussel fut parti-

culièrement séduisante, doncconvaincante : « Donnez-moi un an,deux fois moins d’argent que cettesaison, et je vous garantis deux foisplus de résultats. » Avec 12 millionsde francs – contre 33 millions en1993 –, Festina marqua le Tour 1994de son empreinte : Luc Leblancl’emporte à Hautacam devant Mi-guel Indurain (Banesto), RichardVirenque à Luz-Ardiden, et les deuxcoureurs se classent respectivement4e et 5e à Paris. Mieux : un mois plustard, Luc Leblanc devient championdu monde, en Sicile. Mais il avaitdéjà annoncé à Bruno Roussel sondépart pour la nouvelle équipe duGroupement. « Ca m’a fait trèsmal », admet le manager général.

Qu’on le veuille ou non, la réus-site des Français dans le Tour, de-puis 1992, revient à Bruno Roussel.Il y eut d’abord Richard Virenque et

Pascal Lino chez RMO, puis Jean-Philippe Dojwa, puis Richard Vi-renque et Luc Leblanc, puis RichardVirenque à nouveau (auquel onpeut joindre le Suisse Laurent Du-faux), et Laurent Brochard, lundi14 juillet.

Qu’on le veuille ou non... Car ilssont nombreux à ne pas le vouloir.Parce que Bruno Roussel, Morbiha-nais de quarante ans, est un mana-ger atypique. Avant de prendre le

volant d’une voiture suiveuse, Bru-no Roussel n’était pas coureur pro-fessionnel, il n’est donc pas du sé-rail. Bruno Roussel ne tient pas lemême discours que les autres. il estintelligent plus que malicieux.Quand on lui fait remarquer qu’ils’est « encore » trompé de tactique,Roussel rétorque qu’il n’a « jamaissu faire le mariole », qu’il n’est pas« vicieux ».

Son fonds de commerce, c’estune sensibilité et un don certainpour la psychologie. Au soir del’étape Pau-Loudenvielle, le 14 juil-let, Richard Virenque se plaignaitauprès de lui de l’attitude de MarcoPantani (Mercatone Uno), concernépar le classement du meilleur grim-peur, mais pas du tout par celui du« meilleur descendeur ». « Dans taposition, tu ne peux te permettred’avoir des inimitiés, lui expliqua

Bruno Roussel. Indurain n’avait pasd’ennemi dans le peloton. Cela sepasse en course comme dans uncouple : chacun doit faire desconcessions. Et tu seras peut-êtrecontent de trouver Pantani, dans lesAlpes. » Le lendemain, on voyait lesdeux hommes faire causecommune, derrière Jan Ullrich (Te-lekom), vers Arcalis.

Toute la subtilité du jeu consisteensuite à laisser sa liberté à l’autre.

Cette saison, Richard Virenque dé-cida, de son propre chef, de courirle Tour de Romandie pour son amiLaurent Dufaux. « L’esprit Festina »,rayonne Bruno Roussel. Depuis1993, un noyau dur s’est formé, legroupe a évolué, régulièrement.Jusqu’au déclic, il y a un an, à Pam-pelune (Espagne). « Là, le maillotjaune nous est devenu accessible. »Quoi qu’il advienne de ce 84e Tourde France, les Festina, Richard Vi-renque en tête, auront, une nou-velle fois, été à la hauteur de l’évé-nement. Mardi en soirée, BrunoRoussel affirmait n’avoir « jamaisdirigé une équipe aussi forte. » Et ilajoutait : « Je ne crois pas que les Te-lekom auraient pu faire ce que nousavons fait dans les deux étapes pyré-néennes. »

Nicolas Guillon

Le commissaire de course peut être bon enfant

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18 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 A U J O U R D ’ H U I

Un lotissementd’Armand Peugeot

« Les escales fastueuses du roid’Egypte, rejoint à terre par uneescouade de Rolls-Royce, nefirent qu’augmenter la méfianceque les Morgatois d’originevouèrent d’emblée aux villégia-teurs de cette enclave lotie par unindustriel, dont ils n’oublièrentjamais qu’il était franc-comtois etprotestant », écrit Daniel LeCouédic (Les Architectes et l’idéebretonne). L’histoire date de1884. Armand Peugeot, délais-sant ses ateliers de Montbéliard,débarque à Morgat sur lesconseils d’un vague cousin,Louis Richard. L’endroit le sé-duit au point qu’« il prend séancetenante la décision de fonder unestation ».

Orientée plein sud, la baie deMorgat accroche le moindrerayon de soleil. La plage desable dessine une courbe aupied des falaises. Le port depêche ajoute une note pitto-resque, comme les grottes.L’opération immobilière seprolongera jusqu’aux an-nées 30, durant lesquellesfurent bâties les plus belles vil-las. Ce « laboratoire bal-néaire » se compose de pseu-do-manoirs bretons etd’imposantes bâtisses encer-clées de verdure. Tout est restéen l’état.

FLÂNERIES EN FRANCE

A travers landes, champs et grèvessur la presqu’île de CrozonPassé le Menez Hom, ancienne montagne sacrée,on respire à pleins poumons le parfum du goémon en terres de légendes

CHEVEUX à la garçonne, tablierde coton blanc enveloppant deshanches généreuses, JehaneGleize se tient campée entre lestables. Elle a interrompu son ser-vice et les taquineries qu’elle dis-tillait aux habitués. L’heure estgrave. Il s’agit de sa presqu’île :« La croix noire qu’on voit par nuitde pleine lune depuis le MenezHom ». La patronne des Echoppes,meilleur bistrot de Morgat, sur-nommée « Nani » par les gens dupays, a baissé le ton pour parlerdes « terres d’ici et d’au-delà ». Onn’en saura guère plus sur la cha-pelle Sainte-Marie, recelant l’undes plus beaux retables de Cor-nouaille qui, dit-on, aurait été bâ-tie sur un sanctuaire des templiers.Ni sur ces gens de l’ancien tempsqui gagnaient la montagne lorsquel’heure de la fin approchait pourdemander aux druides de les exé-cuter.

On sait seulement qu’on est enterre d’étrangeté. Et cela depuis lepremier jour, depuis le passageobligé au Menez Hom. La mon-tagne sacrée, dernière sentinelledes monts d’Arrée, dresse sonrempart à l’entrée de la presqu’îlede Crozon. Du haut de ses quel-que 300 mètres, on domine la fa-meuse croix ciselée par l’océan quise dérobe dans les bras de la Bre-tagne. Ses pointes taillées à mêmele grès armoricain ont été acéréespar les lames de l’Atlantique, tan-dis que les baies ourlées de plagessont creusées dans le schiste. Cer-taines falaises exhibent des vague-lettes de sable fossilisées, vieillesde 450 millions d’années, qui sevoient à marée basse, sur les pa-rois rocheuses de la pointe duGrand-Gouin fermant le port deCamaret.

Sur cette langue de terre cruci-forme étalée entre la rade de Brestet la baie de Douarnenez, on dé-couvre un paysage composite etunique. Les landes s’entremêlentaux prairies, les pins maritimespoussent en plein champ tels despommiers de Normandie. Les présclôturés de haies, les cheminscreux et les sous-bois jouxtent lesterres dénudées par les vents. Lecorbeau et le goéland cohabitentsur les galets et se jouent desmêmes risées. On est tout à la foisdans le bocage percheron et surdes à-pic de 80 mètres arrosésd’embruns. On est en Argoat, lepays des bois, gardien des sourceset des rivières, et en Armor, paysde la mer peuplé de légendes.Alors, on navigue « par les champset par les grèves », en respirant àpleins poumons le parfum du goé-mon.

Au Musée des Métiers vivantsd’Argol, Yvon Marchadour,soixante-treize ans, affirme,preuve à l’appui, qu’au siècle der-nier l’ancre du marin était taillée,comme la charrue, dans le bois etqu’« elle crochait très bien la rocheet ne pourrissait pas à l’eau demer ». Vareuse bleu délavé, cas-quette vissée en arrière, le patronretraité de l’Oiseau-Bleu, « le der-nier à avoir fait la petite pêche à larame et à la voile », fait défiler lesmois. « En avril, c’était le homard,en mai et juin l’araignée, puis lesmaquereaux de ligne. On préparaitl’appât au moulin avec du poissonet de la farine d’arachide. L’hiveron cherchait les oursins, j’allais avecma plate à la pointe du Guern, puisà la gare avec le vieux cheval, et jeles envoyais aux Halles de Paris. Ledernier train [le train de la marée]s’est arrêté le 1er octobre 1967. »

Sans une hésitation, le vieuxloup de mer a livré la date fati-dique, celle qui correspond au bru-tal déclin du port de Camaret. Dèsle XVIIe siècle, la pêche à la sardinebat son plein. Le quai actuel datede 1842 : un arc de cercle de350 mètres de long, face aux mai-sons d’armateurs et aux ateliers desalaisons, donne la mesure d’unpassé florissant. A la fin du XIXe

siècle, la pêche langoustière, plusrentable, gagne du terrain et lesbancs de sardines désertent le coin.

LANGOUSTES ROSESCamaret deviendra en quelque

années le premier port langoustierd’Europe. Dans l’ancien poulaillerd’Argol, réaménagé pour l’occa-sion en écomusée, les photos ennoir et blanc, épinglées sur les fi-lets, témoignent. En 1931, 220sloops hauturiers mouillaient dansla rade. En 1961, une trentaine deces dundees à viviers rapportaientencore 3 595 tonnes de langoustesroses.

Aujourd’hui, le Castel-Dinn deJean Kerdreux, le dernier langous-tier, « fait des crabes ». Et la Belle-Etoile, reconstruite à l’identique,« pêche des touristes ». Sur lesquais, les façades ont franchi lesdécennies, mais l’activité du portdemeure au point mort. Des car-casses de bateaux pourrissent surla grève et les gargotes au coude àcoude vendent des moules-fritesaux badauds.

La presqu’île a engendré desgens de trempe, « Un de ses gas surchaque motte de la terre, un de sesgas sur chaque lame de la mer »,écrit Paul Roux, qui se faisait ap-peller Saint-Pol-Roux le Magni-fique (« les barres sont les deuxrames de mon père », disait sa fille

Divine). Ce poète symboliste, à quiAndré Breton dédia le poème Clairde terre, avait choisi de s’amarrer àcette croix de grès. Son manoir enruines, qu’il faut visiter par jour detempête, est érigé face au large etau couchant, sur la falaise qui do-mine la plage de Pen-Hat à Cama-ret.

Marseillais d’origine, grand etbarbu, une force de la nature, ilavait adopté la presqu’île le 14 juil-let 1898. A trente-sept ans, il fuyaitle parisianisme. Comme plus tard,en 1925, la soirée à la Closerie desLilas où il fut pourtant intronisé« père du surréalisme ». On l’ima-gine déclamer dans ce décor d’opé-rette aux clochetons tourangeauxlivrés à tous vents : « Océan. Ciel àl’envers. Hublot de l’enfer (...) Tragé-die sans fin. Oh, fais taire tes orguesbarbares du large ! Haut sur sa duneaux immortelles d’or. Un poète teparle ! »

De cette fantaisie montée à lava-vite avec des briques, du cimentet des murs en pierre et terre,bombardée en 1944, il ne reste quedes morceaux écroulés. « Ici, j’aidécouvert la vérité du monde »,avait-il écrit au-dessus du frontonregardant le large. La devise a dis-paru, comme les panneaux de boisprovenant de la Maison du jouir deGauguin et achetés à Tahiti parVictor Segalen lors de la vente pos-thume des biens de l’artiste. « Cesbois (...), écrit Segalen, je les desti-nais dès lors à l’autre extrémité dumonde, à ce manoir breton queSaint-Pol-Roux se bâtissait, lui aussi,comme demeure irrévocable (...). »Sur la lande nue, unique bouquetvert, un figuier persiste à donnerdes fruits dans les embruns.

Florence Evin

CARNET DE ROUTE

b Découverte : la presqu’île, quicompte 17 000 habitants (2 000 de moins qu’en 1911), double sa population en été. Elle reçoitjusqu’à 250 000 visiteurs par an àla pointe des Espagnols, fortifiéepar Vauban, dominant la rade de Brest. Ce site stratégique faitpartie d’un ensemble unique de fortifications.b Randonnées : 300 kmd’itinéraires pédestres courent lelong des sentiers douaniers et àtravers champs. ConsulterRandonnées, Balades en presqu’îlede Crozon (50 F) et la Maison desminéraux (tél. : 01-98-27-19-73),qui organise des balades guidées.Maison du tourisme de Crozon(tél. : 01-98-26-17-18).b Etapes : les hôtels « 2 étoiles »installés sur les quais de Camaretsont, pour la plupart, d’anciensétablissements. Les chambresdemeurent bruyantes jusque tardle soir. Mais les tarifs restent sages(200 F à 300 F). La situation deMorgat n’est guère différente,hormis le Grand Hôtel de la mer,sur la plage, récemment rénové(« 3 étoiles », 500 F). Le mieux estde louer un penty, chaumièrebretonne, dans un hameau(2 500 F à 4 500 F la semaine enété), autour du cap de la Chèvre et de la pointe de Dinan.Catalogue de locations labellisées« Nids vacances » et chambresd’hôtes sur demande(tél. : 02-98-26-17-18).b Tables : on se désole de ne pastrouver sur les tables de lapresqu’île poisson frais, crustacéset coquillages à prix raisonnables.Le Mutin gourmand, au bourg de Crozon, la « référence », affichedes tarifs dissuasifs (menucrustacés : 380 F, menu homard :470 F, réserver dans la premièresalle aux murs de pierre). Idem à L’Hostellerie de la mer, qui sert,face à l’anse du Fret, dans uneatmosphère un peu guindée. On recommande chaudement LesEchoppes sur le port de Morgat,un tout petit bistrot, laqué blanc,où on se régale de la pêche du jour (menus 90 F, 120 F et 160 F,plat unique à midi, réservationindispensable) ; ainsi que La Crêperie de Lostmarc’h, perduesur la lande près de La Palue,« le » spot des surfeurs.b Visites : ne pas manquerl’abbaye de Landevennec, ses ruines, son musée, et lediaporama, qui racontent l’histoirede la Bretagne. Le Musée des métiers vivants à Argol, avec les anciens du pays. Morgat, la station balnéaire inventée par Armand Peugeot au début du siècle. Les villas et leurs parcssont intactes.b Lectures : les poésies de Saint-Pol-Roux sont rééditées par René Rougerie (7, rue del’Echauguette, 87330 Mortemart).Voyage en Bretagne par les champset par les grèves, de GustaveFlaubert (Editions Complexe).Bretagne, de Jean-Pierre Le Dantec(Points-Planète/Seuil).Camaret-sur-Mer, promenade dansle passé, de Marcel Burel, natif de Roscanvel, ce professeur delatin-grec est fervent admirateurde Saint-Pol-Roux (à acheter sur place). Le guide Finistère-Sud(Gallimard), richement illustré ettrès complet. Les numéros annuelsde l’Avel Gornog, associationpresqu’îlienne, une mined’informations (Maison de lapresse de Crozon, face à l’église).

Gustave Flaubert est passé par là, il y reviendraitLe paysage n’a guère changé depuis centcinquante ans comme le montre la lecturedes notes de voyage laissées par GustaveFlaubert et Maxime Du Camp. Les deuxjeunes complices (Flaubert a vingt-cinqans), en virée à pied à travers la Bretagnedurant l’été 1847, vivaient là les momentsles plus heureux de leur vie – avec sansdoute leur rocambolesque remontée du Nilà felouque trois ans plus tard. « Parfois,écrit Gustave, des champs de blé mûrs’élèvent au milieu de petits ajoncs rabougris(...). Le sentier que l’on suit devient plusétroit. Tout à coup la lande disparaît et l’onest sur la crête d’un promontoire qui dominela mer. Se répandant du côté de Brest, ellesemble ne pas finir (...). De place en place,pour nous dire la route, surgit un moulin. » Ilen reste quelques-uns, notamment au capde la Chèvre où les hameaux dechaumières en grès, tapis au ras de lalande, dos au noroît, viennent d’êtrerestaurés avec le concours duConservatoire du littoral qui règne sur cepromontoire de 1 100 hectares.Le patrimoine naturel demeure quasi-intactcomme l’ensemble du rivage (120 km decôtes), épargné par les constructions àl’extérieur des agglomérations. La présence

militaire, assez discrète bien qu’en force, acontribué sans aucun doute à ce résultat.Le « Réduit », abritant une base des servicessecrets de l’armée, est camouflé sous unmamelon de lande derrière les douvesfortifiées de Vauban verrouillant l’entrée dela péninsule de Roscanvel. Tandis que labase des sous-marins nucléaires estenfouie sous l’île Longue, face au petit portdu Fret.Dans le même temps, les élus locaux ont surésister aux pressions financières. Deuxprojets extravagants ont été écartés. L’un,en 1969-1970, prévoyait la constructiond’une marina façon Cap d’Agde surl’estuaire de l’Aber. Le second, en 1991-1993,imaginait, sur la baie de Morgat, ungigantesque complexe, financé par descapitaux argentins, comprenant golf,terrain de polo, piste d’atterrissage, hôtels,village de vacances et centre dethalassothérapie. La presqu’île fut classéeen 1980 parmi les quinze grands sitesfrançais prestigieux et adhéra en 1984 auparc naturel régional d’Armorique.Soucieux de renouer avec la mémoire dulieu, le Conservatoire du littoral cherche àremettre en culture les anciennes parcellesen lanières, délimitées par des murets de

pierres sèches, au Cap de la Chèvre. Tandisque du côté d’Argol on s’inquiète. AGuernevez, l’une des deux cents fermes dela presqu’île, perdue au creux d’un vallon,près de l’abbaye de Landevennec, « l’âme etla histoire de la Bretagne », FrançoiseLouarn se révolte. « Les trois quarts desagriculteurs vont partir à la retraite, il fauttrouver des jeunes pour la relève, les élus nevoient que par le tourisme ! » Cette grandefemme brune a quatre enfants de vingt ansà qui elle parle breton. Voilà dix ans, elle aabandonné son poste d’ingénieur à Rennespour reprendre la propriété de ses ancêtres,et elle s’en porte fort bien. « Trente-deuxhectares d’herbe, trente-six vaches pour250 000 litres de lait produit par an, et quatreheures de travail par jour, explique-t-elle àla sortie de l’étable en jeans et bottes decaoutchouc. Je fais le métier qui me plaît et jevis correctement. Si on ne se fait pas entendre,on va disparaître. » Toute à son affaire, ellen’en oubliera pas moins un précieuxconseil : « Sur la route de Landevennec,arrêtez-vous à la petite chapelle de Folgoat,dédiée au souvenir du fou du bois, la clef estdans la grande maison aux volets bleus. »

Fl. E.

LIO

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Page 19: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0019-0 WAS LMQ1707-19 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 10:57 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0366 Lcp: 196 CMYK

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Prévisions vers 12h00

Ensoleillé

Peu nuageux

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Averses

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Orages

Brume brouillard

Brèves éclaircies

Vent fort

Neige

PRÉVISIONS POUR LE Ville par ville, les minima/maxima de température et l’état du ciel. S : ensoleillé ; N : nuageux ; C : couvert ; P : pluie ; * : neige.FRANCE métropole AJACCIO BIARRITZ BORDEAUX BOURGES BREST CAEN CHERBOURG CLERMONT-F. DIJON GRENOBLE LILLE LIMOGES LYON MARSEILLE

NANCY NANTES NICE PARIS PAU PERPIGNAN RENNES ST-ETIENNE STRASBOURG TOULOUSE TOURS FRANCE outre-mer CAYENNE FORT-DE-FR. NOUMEA

PAPEETE POINTE-A-PIT. ST-DENIS-RÉ. EUROPE AMSTERDAM ATHENES BARCELONE BELFAST BELGRADE BERLIN BERNE BRUXELLES BUCAREST BUDAPEST COPENHAGUE DUBLIN FRANCFORT GENEVE HELSINKI ISTANBUL

KIEV LISBONNE LIVERPOOL LONDRES LUXEMBOURG MADRID MILAN MOSCOU MUNICH NAPLES OSLO PALMA DE M. PRAGUE ROME SEVILLE SOFIA ST-PETERSB. STOCKHOLM TENERIFE VARSOVIE

VENISE VIENNE AMÉRIQUES BRASILIA BUENOS AIR. CARACAS CHICAGO LIMA LOS ANGELES MEXICO MONTREAL NEW YORK SAN FRANCIS. SANTIAGO/CHI TORONTO WASHINGTON AFRIQUE ALGER DAKAR KINSHASA

LE CAIRE MARRAKECH NAIROBI PRETORIA RABAT TUNIS ASIE-OCÉANIE BANGKOK BOMBAY DJAKARTA DUBAI HANOI HONGKONG JERUSALEM NEW DEHLI PEKIN SEOUL SINGAPOUR SYDNEY TOKYO

17 JUILLET 1997

18/26 P 17/23 N 18/26 S 15/26 S 14/20 N 16/21 N 13/21 N 16/27 P 15/26 S 16/27 P 14/23 N 15/23 S 17/27 P 20/28 P

15/24 S 14/24 S

19/25 P 15/25 N 15/23 N 20/27 S 15/24 S 16/27 P 14/25 S 18/26 N 15/25 S

23/30 N 26/29 N 16/19 C

21/28 S 21/28 S 14/20 S

19/23 C

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11/16 C 15/26 S 16/22 C 14/25 N 14/21 N 13/25 S 16/25 S 13/20 S 10/15 N 16/25 S 17/24 N 11/18 S 19/23 S

22/30 S 17/28 S 15/23 S

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11/19 P 19/28 N

10/19 S 14/25 N 20/31 S 13/24 N 21/31 S 13/22 C 21/28 S 19/32 S 12/22 S 11/18 N 13/21 S 15/21 N 13/22 S

22/32 S 25/28 P 1/11 S

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20/24 C 19/24 C 14/22 P 21/25 P 26/33 S 13/21 S -3/15 S

20/29 N 25/36 N

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25/38 S 17/25 S

12/20 N 2/19 S

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27/29 P 27/30 P 25/32 C 30/36 S 28/30 P 26/28 P 23/31 S 28/32 P 24/31 C

27/32 N 8/14 S

24/27 P

17 JUILLET 1997

A U J O U R D ’ H U I LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 19

MOTS CROISÉS

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12

I

II

III

IV

V

VI

VII

VIII

IX

X

BRIDGE PROBLÈME No 1745

HORIZONTALEMENT

I. Même en français, il serait dif-ficile de faire mieux. – II. Protègentles cages. Sigle universitaire. – III.Peut être commissaire, mais nesera jamais inspecteur. Assure lafermeture. – IV. Rend cent fois plusimportant. Prendra conscience. –V. Personnel. L’erbium. Conserva-teur des espèces. Un peu gironde. –VI. Prétexteras. Possessif. – VII.Régna sur la Hongrie à partir de904. A protégé bien des sols. – VIII.Met la France à l’échelle. S’atta-quera aux nerfs. En tenue. – IX.Comme la queue d’un cheval pour

la parade. On lui doit une Maisonde poupée. – X. Armes acadé-miques. Qui contient un gaz inco-lore et inodore.

VERTICALEMENT

1. Evite les mauvaises surprisesquand on prend une veste. – 2. Onla prétend humaine. Un écartéconomique, mais peu acadé-mique. – 3. Elève le niveau. Pro-tégé pour toucher. – 4. Vertes,rouges ou noires, il les surveilletoutes. Personnel. – 5. Fait partiede l’histoire américaine. Qui ontfait le plein. – 6. Vieille bête. Passe

g SOS Jeux de mots :3615 LEMONDE, tapez SOS (2,23 F/min).

Situation le 16 juillet à 0 heure TU Prévisions pour le 18 juillet à 0 heure TU

PROBLÈME No 97149

très près. – 7. Se joue du fond desbois. – 8. Dans les traditions. Pos-sessif. Sa poudre mettait enbeauté. – 9. D’un auxiliaire. Rac-courci pour un lieu de recherche. –10. Parlé au Brésil. Note. Pour lepatron. – 11. Remise en état aprèsun bon bain. – 12. Stoppé etcontrôlé.

Philippe Dupuis

SOLUTION DU No 97148

HORIZONTALEMENTI. Contractions. – II. Ola. Etren-

née. – III. Retentir. Dan. – IV. Rot.Té. Riens. – V. Elégantes. Da. – VI.Ce. Abus. Blet. – VII. Mule. Maori.– VIII. Epile. Fa. Rto. – IX. Uvéa.Pullman. – X. Résidentiels.

VERTICALEMENT1. Correcteur. – 2. Olé-olé. Pve. –

3. Natte. Mies. – 4. Gaulai. – 5.Rentable. – 6. Atténue. Pe. – 7. Cri.Ts. Fun. – 8. Terre. Malt. – 9. In.Isba. Li. – 10. Onde. Lorme. – 11.Neandertal. – 12. Sensations.

UNE TECHNIQUE CLASSIQUEUne belle technique a permis de

réaliser ce chelem à Carreau, jouédans un tournoi sur la Côte d’Azuril y a plusieurs années. Faites votreplan de jeu en cachant les mainsadverses.

; A 10 9 4K A 7 6L D 8 2' 9 6 3

; D 7 3 2 ; R V 6K 10 8 5 3 2 K D V 4L 5 4 L V 10' 8 7 ' D V 10 4 2

NO E

S

; 8 5K R 9L A R 9 7 6 3' A R 5

Ann. : O. don. Pers. vuln.Ouest Nord Est Sudpasse passe passe 2 Lpasse 6 L passe passe...

Ouest ayant entamé le 2 de Pique(4e meilleure), comment Chevalier,en Sud, a-t-il gagné le PETIT CHE-LEM À CARREAU contre toute dé-

fense, et où a-t-il trouvé sa dou-zième levée ?

RéponseIl faut espérer que les atouts

soient bien répartis et que l’onpuisse trouver la douzième levéesur un squeeze. Mais quel squeeze ?

Sud s’est rendu compte queOuest, à cause de l’attaque, avaitau moins quatre Piques et qu’il suf-fisait d’en couper un pour « iso-ler » chez lui la garde à Pique. Maisil faut aussi espérer qu’un des ad-versaires soit seul à tenir les Trèfles(au moins cinq). Comme il est pro-bable que la main longue à Piquesera courte à Trèfle, il faut renon-cer à squeezer Ouest dans les cou-leurs noires, mais préparer undouble squeeze à Pique-Cœur surOuest et à Cœur-Trèfle sur Est. Laposition finale serait :

; 10 K A 7; D K 10 8 K D V ' D

K 9 L 9 ' 5

Sur le 9 de Carreau, Ouest doitdéfausser un Cœur, le mort jette le10 de Pique, et Est est à son toursqueezé...

Pour arriver à cette situation,Sud a laissé passer l’entame, faittomber les atouts adverses et acoupé un Pique. Puis il a tiré As Roide Trèfle, le Roi de Cœur et tous lesCarreaux pour affranchir le 7 deCœur en squeezant les deux adver-saires.

LE BAISER À LA REINE Il était minuit, c’était la dernière

donne d’une soirée de partieslibres... Cette distribution consti-tue un excellent exercice pour ladéfense et le jeu du déclarant.

; A 9 3K A R 6 4L 10 6 3 2' 6 5

; R 8 7 6 2 ; D 10 5K 9 2 K V 10 7 5L R 9 5 L D 8 7' V 10 4 ' D 9 2

NO E

S

; V 4K D 8 3L A V 4' A R 8 7 3

Ann. : S. don. Pers. vuln.Sud Ouest Nord Est1 SA passe 2 ' passe2 L passe 3 SA passe... Ouest ayant entamé sa qua-

trième meilleure, le 6 de Pique,comment le coup s’est-il déroulé, etpourquoi Sud peut-il gagner TROISSANS ATOUT malgré la meilleuredéfense ?

Note sur les enchèresL’enchère de Nord, « 2 Trèfles »,

était le Stayman utilisé ici pourjouer la manche à Cœur si Sudavait répondu « 2 Cœurs ». La ré-ponse de « 2 Carreaux » ne per-mettait que « 3 SA ».

Philippe Brugnon

LE CARNETDU VOYAGEUR

a FRANCE. Un partenariat entreles Courriers de l’Ile-de-France, laSNCF et le parc Astérix permet dé-sormais un accès facile et moinscher au parc d’attractions. Billetcombiné (transport + parc Astérix) :195 francs pour les adultes,145 francs pour les enfants de moinsde 12 ans.a HONGKONG. L’hôtel Conrad In-ternational de Hongkong propose àses clients le premier service d’accèsdirect à Internet depuis leurschambres, toutes ayant été équi-pées d’un ordinateur portable,connecté au serveur de l’établisse-ment. Tél. : 0800 90 75 46 (numérovert). Sur le web : http : //www. hil-ton. com.a ÉTATS-UNIS. La compagnie Del-ta a ouvert un vol quotidien directentre Atlanta et Stuttgart. Au départdes Etats-Unis, le vol est à 15 h 55pour une arrivée prévue à 6 h 40. Levol quitte l’Allemagne à 13 h 25pour une arrivée à Atlanta à 17 h 15.

C O M M U N I C A T I O N

Un accord semble en vue aux NMPPDes négociations ont eu lieu, mardi 15 juillet au soir, entre la di-

rection des Nouvelles Messageries de la presse parisienne (NMPP)et le Comité intersyndical du Livre parisien. Elles devaient débou-cher, mercredi après-midi, sur un accord mettant fin à un conflit quia paralysé la presse nationale à deux reprises et entraîné la destruc-tion de nombreux magazines depuis le mois de juin.

Ces négociations interviennent après que le tribunal de grandeinstance de Créteil eut ordonné, mardi, la libération des locaux desNMPP (Nouvelles Messageries de la presse parisienne) à Rungis(Val-de-Marne), après une assignation en référé de quatre salariésgrévistes du Syndicat du Livre-CGT par la direction des NMPP. Lesgrévistes occupaient le centre depuis le 6 juillet, veille de la mise enplace d’une nouvelle organisation du travail à laquelle la CGT étaitopposée. Dans un autre jugement, les NMPP ont été condamnéespar le tribunal de grande instance de Paris pour avoir négocié etconclu avec la seule CGT, le 27 mai, l’accord « préalable à l’engage-ment des discussions sur l’évolution de Paris Diffusion Presse (PDP) ».

MONTPELLIERde notre correspondant

Marquée par une manifesta-t ion de 200 commerçants etchefs d ’entrepr ise venus aucentre de Montpel l ier seplaindre des conséquences de lanon-parution de Midi libre, lajournée du 15 juillet s’est pour-suivie par un comité d’entrepriseau cours duquel la direction dujournal a proposé de rencontrerles représentants de la FilpacCGT. Pour Jean-Dominique Pré-tet, le directeur de Midi libre, ils’agit d’abord de « sortir de lasurdité actuelle », de « manifesterpour la troisième fois notre volon-té de dialogue », et de « retrouverun cadre de discussion avec la Fil-pac ».

La direction avait l’intentionde recevoir les délégués syndi-caux jeudi matin et de leur sug-gérer d’évaluer les besoins en ef-fectifs de l’imprimerie atelier paratelier. Cette proposition a étéaccueillie positivement par lesouvriers du livre. « On ne peutqu’être content que des négocia-

tions s’ouvrent », affirme CharlesRobin, secrétaire Filpac CGT deMidi Libre, qui reste cependantprudent, espérant « que ce serontde véritables négociations ».

UNE EDITION DE 32 PAGESJusqu’ici en effet, toutes les

tentat ives de dia logue ontéchoué, chacun restant figé surdes posit ions inconci l iables.Seul élément nouveau suscep-tible de faire évoluer les choses :après vingt-deux jours de brasde fer, les grévistes enfermésdans un conflit long, impopu-laire, et moins soutenus qu’ilsl’espéraient par la direction na-t ionale de leur syndicat ,cherchent apparemment uneporte de sortie.

Porte que semble aussi recher-cher la direction qui annonceavoir perdu désormais 30 mil-lions de francs. Sans écarter lamenace d’une filialisation de sonimprimerie, elle réaffirme doncsa volonté « très claire » de trou-ver une solution qui lui permettede conserver sa rotative et son

personnel actuels. Et elle tendune perche aux grévistes en leurproposant de négocier sur unnouveau terrain.

Mais cette amorce de détenteest fragile. D’abord parce que lespositions de chacun sont encoretrès éloignées. Ensuite parce quel’édition provisoire de Midi libre

imprimée à l’étranger est passée,mercredi 16 juillet, de 12 à 32pages, en format berlinois etavec une maquette proche de lanouvelle formule qui devait pa-raître le 24 juin.

Ce changement est perçucomme une provocation par laFilpac qui a décidé, mercredi, d’y

répondre par une grève de pro-testation de 24 heures à L’indé-pendant et à Centre Presse, lesdeux autres titres du groupe. Ré-my Loury, délégué du Syndicatnational des journalistes (SNJ)s ’ inquiète auss i , mais pourd’autres raisons : « Jusqu’ici, onvoyait bien que le douze pagesétait une solution de crise. Un pal-liatif. Mais ce journal de 32 pagespeut induire en erreur les gens.Causer une réelle déception. Cas-ser l’effet d’annonce qu’on avaitpu avoir pour la nouvelle formuleet faire perdre beaucoup de notrecrédibilité. »

La direction affirme pour sapart que, si le conflit devait du-rer, la véritable nouvelle formulede Midi libre, elle aussi impriméehors des frontières, sera prêtepour la fin du mois. Pour Jean-Dominique Prétet, « être impri-mé à l’étranger, si l’on y réfléchitau plan économique, c’est beau-coup moins fou que cela ne pa-raît ».

Jacques Monin

Le conflit de « Midi libre » entre dialogue et durcissementAlors que des discussions devraient s’ouvrir, la grève touche deux autres titres du groupe « L’indépendant » et « Centre presse »

DÉPÊCHESa PRESSE : Ouest-France a an-noncé, mardi 15 juillet, le choix del’hebdomadaire de télévision dugroupe Hersant, TV magazine,qu’il publiera en supplément duquotidien. Ce supplément fait par-tie d’une stratégie de reconquêtedu premier quotidien français,dont les ventes s’érodaient(761 828 exemplaires en 1996) etqui publiera une édition domini-cale cet automne (Le Monde du10 juillet).a Le quatrième prix Arcachon aété décerné à notre collaboratriceAnnick Cojean pour son reportageLes Moments de vérité d’un pêcheurd’hommes, consacré à un sauve-teur en mer, publié dans Le Mondedu 19 juillet 1996. Le prix Arcachonrécompense « le meilleur articleconsacré à la mer et aux marins ».a MULTIMÉDIA : le service enligne français Infonie lance uneaugmentation de capital de55,86 millions de francs, qui doitlui permettre de poursuivre sonexploitation en 1997. Comptant40 000 abonnés fin juin, Infonieespère maintenir sa croissance de10 000 abonnés par trimestre pen-dant la deuxième partie de l’an-née. La société, qui a perdu150 millions de francs en 1996, neprévoit pas d’équilibrer sescomptes avant fin 1998.

Orages sur les reliefsLES HAUTES pressions s’affai-

blissent avec l’arrivée de deuxzones dépressionnaires : une pre-mière, accompagnée d’orages re-monte d’Espagne ; une seconde estissue de l’Ecosse. En conséquence,les nuages et des orages toucherontau cours de cette journée de jeudi lesud et l’est de la France. Au nord età l’ouest, le temps sera plus clé-ment.

Bretagne, Pays-de-Loire, Basse-Normandie. – Sur les Côtes d’Ar-mor et la Basse-Normandie, le cielnuageux le matin deviendra encoreplus nuageux l’après-midi. Sur lesud de la Bretagne et les Pays-de-Loire, le soleil dominera, avant l’ar-rivée de nuages dans l’après-midi. Ilfera de 21 à 24 degrés.

Nord-Picardie, Ile-de-France,Centre, Haute-Normandie, Ar-dennes. – Sur le Nord-Picardie et laHaute-Normandie, les nuages do-mineront. Sur les autres régions, ilfera beau et chaud jusqu’en milieud’après-midi, puis les nuages pour-ront donner un orage. Il fera de20 à 25 degrés.

Champagne, Lorraine, Alsace,Bourgogne, Franche-Comté. – Letemps sera encore beau et chaud.Toutefois à partir du milieu del’après-midi, le temps pourra tour-ner à l’orage. Les températures at-teindront 24 à 27 degrés.

Poitou-Charentes, Aquitaine,Midi-Pyrénées. – Sur le Poitou etles Charentes, ce sera une bellejournée. En Aquitaine, les nuagess’élimineront rapidement. Sur Midi-Pyrénées, la matinée sera pluvieuse.Il fera de 24 à 26 degrés.

Limousin, Auvergne, Rhône-Alpes. – Des pluies orageuses tou-cheront ces régions. Des éclairciesse développeront l’après-midi, maisle relief des Alpes restera sous lamenace d’un orage localisé. Le ther-momètre plafonnera à 26 degrés.

Languedoc-Roussillon, Pro-vence-Alpes-Côte d’Azur, Corse. –La matinée sera médiocre avec despluies orageuses. Ensuite, la tra-montane se lèvera, et chassera lesnuages sur le Roussillon puis leLanguedoc. Il fera de 26 à 28 de-grés.

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20

C U LT U R ELE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997

Programmesb Nice Jazz Festival. Avec SteveColeman Afro Cuba de Matanzas,Sonny Fortune, Kenny GarrettQuartet, Joachim Kühn Quartet,Magma, Urban Species, GatoBarbieri, Paolo Fresu Quartet,Carlos Maza.Jardins et arènes de Cimiez. Apartir de 19 heures. Jusqu’au18 juillet. Tél. : 04-93-13-25-90 ou04-93-21-68-12. 170 F.b Jazz à Juan. Avec Elvin JonesQuartet, hommage à SidneyBechet avec Wynton Marsalis etBob Wilber, Ray Charles, IsaacHayes, Maceo Parker, SonnyRollins, Paquito D’Rivera, MiltJackson et Hank Jones all star,

Ahmad Jamal, Richard Galliano,Michel Petrucciani Trio, B.B. King,Junior Wells, hommage à SidneyBechet avec Daniel Sidney Bechet,Claude Luter et Maxime Saury.Pinède Gould. A partir de21 heures. Jusqu’au 25 juillet. Tél. :04-92-90-53-00. De 77 F à 357 F.b La Seyne-sur-Mer. Avec leCollectif Mu, Archie SheppQuartet, Didier Lockwood etMartial Solal, Richard Davis Trio,Andrew Hill, Steve Lacy Trio, JefSicard Quartet, Antoine LisoloBarka, Joe McPhee, André Jaume,Randy Kaye et Rémi Charmasson,Louis Sclavis.Fort Napoléon. A partir de 21 h 30.Du 27 juillet au 2 août. Tél. :04-94-06-84-00. 80 F.

Bobby McFerrin en chorale... Montreux/Jazz. Le festival suisse accueillait l’un de ses préférés, le vocaliste afro-américain

BOBBY McFerrin est un des pré-férés de Montreux. Nombreux à sedisputer le titre, souvent disparusavant d’être fameux. MadeleinePeyroux vient de rejoindre le club.La Georgette Lemaire du blues a degrandes heures devant elle, cinq ousix. Bobby McFerrin résiste. Moinsd’ambition commerciale, plus deforce personnelle. Le vocaliste afro-américain a de réels atouts. Unepersonnalité chaleureuse, le talentd’enchanter une assemblée debœufs, l’ingéniosité de faire chan-ter un public avec art. Celui deMontreux a des dispositionsuniques. Bobby est son magicien.

Selon la règle, il n’a connu legrand succès public qu’au prix demalentendus piquants. En signantd’abord la partie vocale du géné-rique d’Autour de minuit, de Ber-trand Tavernier. Puis il accède di-rectement à la postérité avec unduo d’une niaiserie difficilementégalable avec le violoncelliste japo-nais Yo Yo Ma qui fit un tube. Le-quel servit de motif à une cam-pagne publicitaire de la RégieRenault. Bobby McFerrin trimballeaujourd’hui une petite chorale desfamilles : Circlesounds, onzemoines et moinesses. Ils étaient à

Montreux le 13 juillet. L’organisa-tion en est instructive : en arc decercle, les hommes d’un côté, dontquatre cinquièmes d’Afro-Améri-cains (ces remarques sont déci-sives), la boule à zéro, le sourireaussi, et le sexe donc, heureux des’entendre chanter, s’applaudissantles uns les autres, contents. Côtécour, les dames, toutes Cauca-siennes, visiblement (mais involon-tairement) visées par l’entreprise.Au centre, le bon Bobby, ses dread-locks qu’il renvoie en arrière, T-shirt, blue-jean et les lunettes lour-dement cerclées, expert en brui-tages.

L’ensemble tient des polyphoniessardes (en version nunuche), de laworld music pour accueillir unpape, des mélopées africaines corri-gées par la pub (version abomina-blement tonale), de Stimmung(Stockhausen) sans le décousu har-monique, des veillées scoutes, desgrands répétitifs des années 60, desLast Poets en version « light »(donc, anéantis), et de ces soiréesmarrantes qu’on faisait, au débutdes années 70, quand tout lemonde avait du génie, avec les ci-garettes d’eucalyptus (contre l’asth-me) que notre pote Guéguette avait

rapportées de Katmandou. Rien detel, d’ailleurs, chez McFerrin. Nuladjuvant (ça se sent). Les voix ré-parties en sopranos, altos, ténors etbasses. Plus lui, pour les pitreriesadmirables, le public comme chœuret une ambiance de religiosité gé-néralisée sans âme. Vif succès.

C’est dans la façon dont les cinqCaucasiennes sont maltraitées parl’exercice – pas à dessein, on espère– qu’éclate le secret du truc. Ellessont idiotes, illuminées, enlaidiespar les contorsions et les castafiori-sations auxquelles elles s’obligent.L’usage des micros sans fil est d’unscabreux candide. C’est l’enversexact des chœurs féminins dans lasoul music. Le degré – 1 de la sen-sualité. On craint qu’elles ne soientridiculisées : elles sont ridicules. Aurappel, Bobby suscite un bœuf gé-néralisé. Peu de moments aussi in-tenses que la rencontre spontanéede Rachelle Ferrell et Patti Austinplus Mino Cinelu, avec BobbyMcFerrin. Le chant circulaire rimeenfin à quelque chose. Expérienceimparable : à la télévision, c’est gê-nant ou cocasse ; dans la salle, çadépend de l’humeur ; sur scène oupresque (en « backstage »), cela abeaucoup d’allure.

Leçon à méditer. Pierre Dac : « Jeme suis toujours demandé quellequantité de bœufs il faudrait pourfaire un pot-au-feu avec le lac Lé-man. » Tous les bœufs du Festivalde Montreux depuis vingt-neuf ans.

F. M.

Jam sur InternetMontreux a réalisé, après

d’autres, une jam virtuelle avecNew York. Le Montreux Jazz Ca-fé décolle quand les concerts fi-nissent. Sur scène, CourtneyPine (saxophone) et Carlos Gar-cia (guitare) sont rejoints par lepercussionniste Mino Cinelu.Une rythmique (piano, basse,batterie) dialogue avec eux. Elleest en direct à la Knitting Facto-ry de New York. Les musiciensse voient et parlent à l’écran.Sept canaux d’Internet (cinqlignes ISDN et deux pour le FaxDolby) permettent de les raccor-der. Le son est correct, l’anima-tion non saccadée, le retardthéorique de 30 millisecondes –ce qui, pour un bon batteur, estdéplaisant. Progrès pittoresque.

LA PHOTOGRAPHIEDE GÉRARD RONDEAU

BiennaleIls sont chinois et heureux de l’être.Ils cohabitent avec le bulldozervolant de Chris Burden, les ratsgéants de Katharina Fritschet la DS monoplace redessinéepar Orozco. Ils sont l’œuvrede Juan Muñoz et vous attendentà la Biennale de Lyonpendant tout l’été.

Du côté de la Côte, Sonny Rollins le magnifiqueCôte d’Azur/Jazz. Avec Archie Shepp et Gato Barbieri, il a illustré Châteauvallon dans les années 70. Les trois saxophonistes jouent dans la région PACA

SONNY Rollins ne joue qu’à Anti-bes (le 20 juillet) et Gato Barbieriqu’à Nice (le 18). Les deux pôles dusaxophone ténor – l’un, le colosse,la légende ; l’autre, l’Argentin entrédans le déclin – servent de symp-tômes. Façon de faire le point ducôté de la Côte (titre d’Agnès Var-da). On revient sur un lieu symbo-lique, fondateur, légèrement décati,mais bon, qui fait son office. Ajou-tons, pour pimenter les salades ni-çoises qu’au nombre de ses raresconcerts de l’été (La Seyne-sur-Mer,heureusement...), il y a, pour ArchieShepp, troisième ténor d’époque,celui de Toulon (mairie FN) le16 juillet.

Archie Shepp, Gato Barbieri etSonny Rollins ont illustré Château-vallon (à partir de 1971), à côté deToulon. Châteauvallon reste dans lamémoire du jazz, parce qu’il fut lethéâtre d’un des plus extraordi-naires rassemblements que la Côteait suscités. Conflictuel, homérique,désopilant, libre, anxiogène à sou-hait pour ses organisateurs, détes-table (déjà) pour les conseilsmunicipaux qui profitaient épider-

miquement de tant de corps gau-chistes cosmopolites, pour balancertoutes sortes de communiqués ra-cistes qu’il faudra exhumer souspeu. Don Cherry campait avec satribu, tels une horde de bédouinsvenus de Mars. Rollins jouait sous ledéluge qui ne fit pas bouger un seuldes chevelus tassés dans l’amphi.Shepp prit tout le monde à contre-pied en faufilant une soirée dans lestyle de Ben Webster alors qu’onl’attendait en incendiaire.

MÉCHANT, INJUSTEChâteauvallon fut exactement le

contraire : comique, méchant, in-juste, amoureux des festivals « bonenfant », des festivals de famille, desfestivals où l’on passe un bon petitmoment, des festivals qui tiennent àleur « petite liberté ». On vient derevoir Charles Mingus un soir de1972 ou 1973. C’est énorme. Les septhuitièmes des images sont prises dufond de scène, les musiciens de dos.C’est qu’on ne supportait pas l’in-discrète présence de la télévision.Elle n’avait pourtant pas inventél’arrogance de celle à qui l’on doit

tout. Mingus a rassemblé une horded’occasion. Il y a des instants ter-ribles et des bizarreries. Ça vit.

L’Amérique ne croit plus au jazz,puisqu’il ne vend pas. Dans les an-nées du free, elle avait des raisonsde le craindre et surtout de le haïr.Le pianiste de Mingus se lance dansune sorte de sexy blues. Soudain, ilvient à l’idée du batteur de faire unelongue impro à la scie musicale. Lepublic est là, très près, sur scène,comme une vague. En scène, le filsde Mingus, Eugene, fait de la trèsapproximative figuration auxcongas. La moitié de l’orchestreayant raté l’avion, il profite duvoyage. Ce qui permet de voir net-tement que, contrairement à ce quepensent les édiles de Toulon, « ils »n’ont pas le rythme dans la peau...

Vingt-cinq ans après, le maire deToulon se dit amateur de jazz. Il neveut pas que le désordre de SOS-Racisme perturbe le festival. Lemaire de Toulon est avisé. Le jazzdevrait être touché de tant de solli-citude. Le jazz devrait se demanderà quoi il sert parfois. Mais non, vivela bonne humeur, la sottise en chan-

tant et les publics bon enfant ! C’estau début des années 70 que GatoBarbieri a pris la tangente. On ne l’apas su tout de suite. On s’est encoreleurré pendant quelque temps, surses accents tiers-mondistes. Pour-tant, dès 1973, en rentrant de Mon-treux où il l’avait vu, Beb Guérin,musicien lucide, avait dit à quoi s’entenir. Mais on tenait les libertairespour de doux rêveurs. Ce qu’ilsétaient d’ailleurs. Shepp avait claire-ment prévenu son monde, mais luiaussi, on l’écoutait sous cape.

AU FIL DU TEMPSVoilà comment Montreux a pris le

large. Nice s’est acoquiné avec Jo-hannesburg (Afrique du Sud del’apartheid) pour mettre au point lepremier festival convivial destiné àceux qui n’aiment pas le jazz (avecde grands artistes, au demeurant).Et Antibes Juan-les-Pins, semée debustes de Sidney Bechet et de déca-potables de pacotille, a tangué,souvent avec talent, entre le ren-table et l’établi, comme pour main-tenir, malgré tout, quelque chosequi ressemble à l’amour du jazz. Ou

à son ombre. Antibes au fil dutemps (titre de Wim Wenders) sefait une identité d’un rendez-vousfixe.

Chaque été, la Pinède Gould sertde chaire au monologue le plus exu-bérant, le plus philosophe que l’onpuisse entendre en jazz. C’est sadernière parole. La dernière parolede ce jazz-là. Rollins, qui n’a jamaisrien fait comme tout le monde, re-vient à heure fixe, en exclusivité, à latête d’un groupe immuable. Rollinsqui n’est pas si grand, prend, dèsqu’il est en scène, une taille de géantdébonnaire. Il a un balancement defauve et de prêcheur. Il tonne et dé-range, emballe, soulève.

Peu importent les faiblesses deson groupe : il a besoin d’être en-touré ; pas « accompagné », entou-ré. Son art du saxophone est sansfioriture, sans esbroufe. C’est unemanière de dispenser la parole, dedépenser l’énergie, d’aller versl’autre de la musique, qui vise à l’es-sentiel. On sort de Rollins brisé,heureux, changé de l’état où il vousa trouvés. C’est une expérience etcette expérience s’appelait le jazz.

C’est une leçon à cru de l’existence,la façon d’apprivoiser la violence etle débordement. C’est un acted’amour, un geste artiste, qui sup-pose en soi une force sèche decontestation et de menace. C’estune épreuve qui fait plonger dans lenon-savoir et l’hypothèse de la dé-ception. On n’y va qu’avec ce cou-rage que suppose tout exercicepauvre de la pensée. Autrement dit,si l’on est sur terre un dimanchepour tuer le temps, chercher dans la« zique » un anti-dépresseur et dansle concert une messe, ou la meil-leure façon de s’éclater, autant pas-ser son chemin. D’autant que les ré-citals de Rollins sont completsd’avance. On s’y prépare. On les at-tend de loin. On n’y va pas commeaux commodités. On y plonge. Etc’est justice...

En attendant la seule program-mation vraiment excitante de laCôte, la seule digne de Rollins, cellede La Seyne-sur-Mer, au Fort-Napo-léon. Comme quoi, tout arrive, ycompris le reste.

Francis Marmande

L’ÉTÉ FESTIVAL Avec Archie Shepp et GatoBarbieri, il a illustré le Festivalde Châteauvallon dans lesannées 70, qui fut le théâtred’un des plus extraordinairesrassemblements que la Côte aitsuscités : on l’a reconnu, c’est,bien sûr, Sonny Rollins. Il nejoue qu’à Antibes, le 20 juillet.Montreux aussi a ses préférés,l’un d’eux est Bobby McFerrin,le vocaliste afro-américain, quiétait de retour le 13 juillet. AAvignon, pendant ce temps-là,on est trop sage. La nouvellepièce d’Eric-Emmanuel Schmitt,« Milarepa, l’homme de coton »,offre un moment de théâtreagréable et un peu ennuyeux,tandis que Didier Bezace adaptele très beau roman d’AntonioTabucchi, « Pereira prétend »,mais pratique une forme dethéâtre assez contestable : il« assène ». Il ne reste qu’àpousser jusqu’à Céret pourvoir... Picasso et encore Picasso.Une exposition parfaite, dont onsort euphorique d’avoir, une foisde plus, pris une éblouissanteleçon d’intelligence et deliberté.

Page 21: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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PEREIRA PRÉTEND, d’après An-tonio Tabucchi. Adaptation etmise en scène : Didier Bezace.Avec Daniel Delabesse, ThierryGibault, Lisa Schuster.CLOÎTRE DES CARMES, les 16,17, 18 et 19, à 22 heures. Tél. : 04-90-14-14-14. 110 F et 130 F. Durée :2 h 45.

Avec Pereira Prétend, Didier Be-zace clôt « C’est pas facile », la tri-logie qu’il initia en 1996 à Avignon,en mettant en scène Bertolt Brechtet Emmanuel Bove. Qu’est-ce quin’est pas facile ? D’agir bien, aubon moment. « Après coup, dit Di-dier Bezace, la réponse est facileparce que le temps a tranché. Maisà l’époque ? » L’époque, c’est ladeuxième guerre mondiale. En1934, Brecht montrait à traversune famille de la petite bourgeoi-sie allemande à quoi avait conduitle fait de ne pas avoir voulu en-tendre la voix de Hitler, quand ilétait encore temps de lacombattre. En 1945, Bove montraitcomment le fait de mentir, mêmepour la bonne cause, peut piègerun homme. Cinquante ans plustard, l’Italien Antonio Tabucchiplonge lui aussi dans les méandres

C U L T U R E - F E S T I V A L S LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 21

À L’AFFICHE

Le théâtre d’ombresdu Cambodge à la CartoucherieAu terme de sa tournée dans lesud de la France, le théâtred’ombres du Théâtre national duCambodge est resté bloqué enFrance à cause des affrontementsdans son pays. Les douzedanseurs, manipulateurs etmusiciens sont hébergés à laCartoucherie de Vincennes, par leThéâtre de l’Epée-de-Bois et par leThéâtre du Soleil. Deuxreprésentations du Ramayanafinanceront leur séjour.Théâtre du Soleil, Cartoucherie,Paris 12e, les 17 et 18 juillet. 21 h 30.Tél. : 01-43-74-87-63. Participationfinancière libre.

Dialogues amoureux à AvignonSur une idée de Jean-ClaudeCarrière, Claude Santelli présenteà Avignon une coproduction de laSociété des auteurs etcompositeurs dramatiques etFrance-Culture. Des comédienslisent des textes sur le thème del’amour : Danièle Lebrun et AndréDussolier (Cher menteur, deJérôme Kilty, le 18 juillet), LudmilaMikael (Le Livre de ma mère,d’Albert Cohen, le 19), NadaStrancar et Didier Sandre (LesLiaisons dangereuses, de Choderlosde Laclos, le 20), MartineChevallier (Lettres à Nelson Algren,de Simone de Beauvoir, le 21),Christiane Cohendy et MichelAumont (Correspondance avecOlga, de Tchekhov, le 22).« Texte nu », cour du Musée Calvet,63, rue Joseph-Vernet, Avignon.19 heures. Tél. : 04-90-14-14-14. 50 F.

ET SUR INTERNETLe journal des Festivals,nos photographies et reportages :www.lemonde.fr/festivals

« Evidemment, ça décoiffe un peu. Commeles marionnettes, c’est d’abord pourles gamins, ça ne dure que deux heures »

HORS CHAMP

a Six mille personnes ontapplaudi, lundi 14 juillet, àSarajevo, l’Orchestrephilharmonique et les chœurs dela Scala de Milan, dirigés parRiccardo Muti (notrephotographie), dans un concertexceptionnel au profit de la vieculturelle dans la capitalebosniaque. Deux cents musicienset choristes italiens ont été rejointspar soixante-dix musiciensbosniaques de l’Orchestrephilharmonique de Sarajevo sur lascène du palais des sports deSkenderija. Au programme, la

Symphonie héroïque, de Beethoven,que les musiciens de Sarajevoavaient interprétée, en 1993, dansleur ville assiégée, ou le Vapensiero, le chœur des esclaves,extrait du Nabucco, de Verdi.L’Orchestre de Sarajevo, dont septmusiciens ont été tués et treizeautres blessés pendant la guerre,sera le premier bénéficiaire desrecettes.a Maxime Le Forestier etl’Algérien Cheb Mami font partiedes cinq lauréats des prix Miroir dela chanson francophone décernéspar le 30e Festival d’été de Québec,qui a attiré, en dix jours, plusieurscentaines de milliers de personnes.

a Le maire du village de Froville(Meurthe-et-Moselle),Jean-Charles Cuny, qui gère undes plus anciens prieurés(XIe siècle) de l’art roman enLorraine, veut solliciter l’aide desAméricains pour rassembler les10 millions de francs nécessaires àla rénovation d’un lieu dont unepartie se trouve à New York, aucélèbre Musée des Cloîtres(Cloisters). Dans les années 20, unAméricain avait en effet achetéonze des douze fenêtres à troisogives du XIIIe siècle qui paraientle déambulatoire avant d’en fairedon aux Cloisters, antenne duMusée Metropolitan. « Dans lamesure où les Américains ontaccaparé ce cloître pourreconstituer un passé qui leurmanque, pourquoi ne seraient-ilspas les parrains de sareconstruction ? », expliqueChristophe Dovis, attaché culturelde l’association de défense duprieuré. Jean-Charles Cuny, qui arécemment visité le muséenew-yorkais, avoue avoir été« troublé » en voyant « ses »fenêtres. « J’avais envie de dire auconservateur : “Regardez, c’est unbout de ma maison” ».a Le contrat qui lie WilliamForsythe, depuis sept ans, auThéâtre du Châtelet, à Paris, n’apas été renouvelé, après juin 1998.Le chorégraphe américain, basé àFrancfort, pourrait faire, dès 1999,de la Maison de la culture deBobigny, son port d’attachefrançais.a Le tournage du nouveau filmd’André Téchiné, Alice et Martin, acommencé le 7 juillet, avec dansles rôles-titres Juliette Binoche,que le cinéaste avait révélée dansRendez-vous, et un débutant,Alexis Lauret.

Trois étés de Pablo PicassoCéret/Art. Une exposition exemplairereconstitue la chronique du cubisme

MUSÉE D’ART MODERNE, 8,boulevard du Maréchal-Joffre,66400 Céret. Tél. : 04-68-87-27-26.De 10 heures à 19 heures. Jus-qu’au 14 septembre.

L’exposition idéale. Une éblouis-sante leçon d’intelligence et de li-berté. On en sort allégé, eupho-rique, assuré d’avoir vu là l’une desplus belles choses qui puissent sevoir. Ce n’est pas une révélation ?Non, en effet. Cela fait longtempsque, en dépit des ratiocineurs, desmélancoliques, des défenseurs de latradition et des puritains, Picassograndit. Il prend paisiblement pos-session du siècle, de l’air le plus na-turel du monde. Le XXe siècle lui ap-partient parce qu’il l’a, avant toutautre, mieux qu’aucun, de cent fa-çons, représenté, c’est-à-dire analy-sé et compris. Résultat : des foulesd’adversaires crispés. Leur mau-vaise humeur est sans importance.Il n’en finit pas d’accroître son em-pire sur les esprits et les regards.

Picasso, donc. A Céret, troissalles de dessins et de papiers col-lés, pour trois étés passés là-bas, en1911, 1912 et 1913. Entre les salles,des panneaux et des collections dedocuments reconstituent les acci-dents de sa vie là-bas, ses ren-contres, les épisodes de la passionpour Eva et jusqu’aux détails desadresses qui permettent de préciserdes datations et d’avancer dans laconnaissance de l’œuvre. Ce travaila été accompli en puisant dans lesarchives, les correspondances, lesphotographies du temps. Il en res-sort – allons vite – que Picasso vi-vait à Céret comme un prince en sacampagne, entouré de femmes sé-ductrices et libres, d’amis dévouéset, pour certains, fortunés. Il y avaitlà le musicien Déodat de Séverac, lesculpteur Manolo, le poète Max Ja-cob et un autre prince, plus discret,Georges Braque. On imagine desétés d’aubades, de corridas, deconversations à l’ombre, de liaisonsfurtives à l’heure la plus chaude del’après-midi – les meilleures condi-tions pour travailler.

Le mot n’est pas très heureux,parce qu’à aucun moment les des-sins et les collages – une soixan-taine – réunis à Céret ne donnent lesentiment d’un labeur. Ils sontgrâce, vitesse, acuité, geste juste. Ilssont les événements successifsd’une histoire appelée cubismedont l’intrigue tient en quelquesmots : comment faire pour repré-senter le monde tel qu’il devient en1911, le monde moderne si loin desvilles, si près des montagnes ? Ce

monde est celui des voyages entrain, des usines, des journaux, dela photographie et des premièresséances de cinéma. Ces change-ments se voient à Céret comme ail-leurs, mais ils voisinent avec d’an-ciennes coutumes préservées, descostumes traditionnels, un paysageencore intact.

Comment faire donc ? Pascomme autrefois, puisque les mo-tifs ont changé. Pas même commeCézanne. Il faut que se voie la di-versité incohérente d’un présentmêlé de passé – la juxtaposition parexemple de l’architecture géomé-trique d’un pont de chemin de feret d’une rivière virgilienne bordéede feuillages –, et que les nouvellesd’une guerre dans les Balkans, enmai 1913, troublent les rites du caféet du repos.

LA RÉALITÉ PLUS PRÉSENTEDans le premier cas, le trait du

dessinateur se casse, l’espaces’émiette. Les arcs trop réguliers dupont sont indiqués avec la netteténécessaire alors que les feuillagestremblent autour d’eux et que laperspective se brouille. Dans le se-cond, le collage d’un quart de pagedu quotidien L’Excelsior détruitl’harmonie estivale blanc et bleu.Grâce à cette invention, le désordredu monde s’inscrit sur la feuilleavec toute l’évidence nécessaire.

Grâce au cubisme, la réalité rede-vient plus présente. Il a fallu se dé-barrasser des procédés d’autrefois,renoncer aux effets de style, frag-menter et désorienter pour obtenircela : que l’œil, à nouveau, s’ap-plique, observe, détaille, mesure,comprenne et ne se contente plusde glisser en vitesse à la surface del’image.

Le plus étonnant, dans l’exposi-tion, est que Picasso renouvelle dela sorte tous les genres. Il joued’équivoques à forte charge sym-bolique, entre éventail et sexe fémi-nin. Il associe simplifications faus-sement naïves, à la DouanierRousseau, et complications qui de-meurent, longtemps après, indé-chiffrables. Il disperse avant de re-composer. Il divise pour mieuxadditionner. Les feuilles d’étudessont admirables parce que l’on yvoit la réflexion plastique enchaînerses découvertes. Les dessins défini-tifs s’imposent comme autant devérités retrouvées. Les collages etépinglages poussent à son terme ladialectique de l’éclatement et de larecomposition. On le redit : c’estparfait.

Philippe Dagen

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Don Giovanni sans queue ni tête« Saoû chante Mozart » retrouve l’enfance de l’art

« SAOÛ chante Mozart ? Ça vautmieux que l’inverse », commentait,lundi 14 juillet, un mauvais cou-cheur de festivalier, à la sortie d’unDon Giovanni interprété par leThéâtre national tchèque de ma-rionnettes. La sentence, peut-êtreadaptée à la prestation du groupede poupées agitées qui par-viennent, en deux longues heures,à transformer le chef-d’œuvre deMozart en bouffonnerie pur jus,est évidemment inapplicable auprestigieux festival de la Drôme.

Saoû est en effet un endroit in-ternationalement réputé depuisque son créateur Henry Fuoc avoulu y créer une sorte de Salz-bourg. En moins habillé, et même« plutôt jean », précise-t-il. Le vil-lage de Saoû, qui compte à peinequelques dizaines de feux en pleincœur du département, était jus-qu’à présent surtout célèbre poursa forêt et pour une étrange copiedu Petit Trianon, construite au dé-but du siècle par un négociantsuisse en cigares, pour en faire unhôtel de luxe et casino.

Dépecé, amputé de ses lustres,de ses marbres, de ses boiseries,de ses dorures, le bâtiment, d’es-prit baroque, aurait fait un abrirespectable pour la statue ducommandeur. Mais les monu-ments historiques s’en contrefi-chaient. Alors le festival grandis-sant et embellissant est partiexplorer la région avec le risque des’emmêler les pinceaux avec lesconcurrents : le Geste et la Parole« en pays de Bourdeaux », autourde Poët-Celard, village bien nom-mé où les conteurs fleurissent ; lesFêtes nocturnes de Grignan où la

Compagnie de marionnettesd’Emilie Valantin constitue unerude concurrence pour le DonJuan tchèque ; la Fête de la trans-humance à Die dont la dernière« montée sur l’alpage », avec lestroupeaux de Louis et Magali Le-mercier, n’est pas passée loin, nidans l’espace ni dans le temps.« Saoû chante Mozart » a quittéses collines pour celles de Nyons,de Pierrelatte ou même de Suze-la-Rousse, véritable festival descôtes du Rhône, qui finit par légiti-mer les inquiétudes du festivalier :Mozart pourrait-il chanter saoul ?

Saoû, avec ses marionnettestchèques, avait trouvé refuge aucinéma Eden Théâtre, à Crest, pe-tite ville dominée par un donjoncolossal, wagnérien. Bientôt, Crestaccueillera un festival de jazz vo-cal. On ne risquera pas les fantai-sies dont est chroniquement vic-time le Don Giovanni de Mozart. Ilsuffit de regarder les programmesdes festivals en France et dans lemonde : des Don Giovanni, il y en ades flopées. Sous prétexte quec’est une sorte d’objet parfait, oùtous les sentiments, toutes lesémotions sont acceptés commedans une auberge espagnole, lesmetteurs en scène semblent croirequ’on peut le mettre à toutes lessauces.

« Ce qui m’ennuie le plus, c’estque ces idiots de Français croienttoujours que j’ai encore sept ans...parce qu’ils m’ont connu à cet âge(...) on me traite comme un débu-tant », écrit Mozart en 1778 lors deson séjour à Paris. Deux sièclesplus tard, les Français, avec lacomplicité des Tchèques, jouenttoujours avec Mozart. HenryFuoc, lucide et prévoyant, ad’ailleurs prévenu le public :« Evidemment, ça décoiffe un peuce Don Juan. Comme les marion-nettes, c’est d’abord pour les ga-mins, ça ne dure que deux heures. »

Deux heures, mais c’est épouvan-table, même pour un enfant, cardans l’affaire il n’a ni gendarme niGuignol à appeler. On écoute, onse tait. Ce n’est pas que ce rac-courci soit trop court, il est mêmebien trop long, malgré de sympa-thiques trouvailles comme lespitreries du « chef d’orchestre »ou cette révolution de la drama-turgie qui consiste à faire par-ticiper les marionnettistes àl’action. Ce n’est pas non plus quele travail soit bâclé, au contraire.Le problème c’est que Don Gio-vanni ne se prête pas au jeu. Lesmarionnettes s’empêtrent dansleurs fils...

Frédéric Edelmann

Milarepa, trop sage Bouddha vivantAvignon/Théâtre. Un texte d’Eric-Emmanuel Schmitt porte sur la scène du cloître de la Collégiale

l’un des personnages les plus passionnants et les plus populaires de la légende tibétaine

MILAREPA, L’HOMME DE COTON, d’Eric-Emmanuel Schmitt. Mise en scène et inter-prétation : Bruno Abraham-Kremer. AvecMahmoud Tabrizi-Zadeh (musique) et Shar-mila Roy (chant). Texte, éditions Albin Mi-chel, 68 p., 48 F. Cloître de la Collégiale deVilleneuve-lès-Avignon. Jusqu’au 2 août, à22 heures (sauf les 21 et 28 juillet). Tél. : 04-90-14-14-14. 80 F et 100 F. Durée : 1 h 20.

Apercevoir Eric-Emmanuel Schmitt dans leprogramme officiel du Festival d’Avignon estune surprise. Cette surprise est d’autant plusgrande qu’il est l’invité de la Chartreuse,Centre national des écritures du spectacle,d’ordinaire plus exigeante sur le choix de sespensionnaires. Car on avait pris l’habituded’écouter cet auteur sur les grandes scènescommerciales parisiennes, pour le meilleur(Le Visiteur, fugue drolatique sur la rencontrede Dieu et de Freud) et pour le pire (GoldenJoe, transposition inacceptable de Hamlet à lacorbeille de la City de Londres). Après un hi-ver marqué par ses Variations énigmatiques,servies par Alain Delon et Francis Huster, puisun Libertin confié à Bernard Giraudeau, deuxspectacles de toute petite mémoire, Eric-Em-

manuel Schmitt nous revient avec une nou-velle pièce, Milarepa, production du ThéâtreVidy-Lausanne qui porte à la scène l’un despersonnages les plus passionnants et les pluspopulaires de la légende tibétaine.

Ce texte est certainement le plus achevéécrit par Eric-Emmanuel Schmitt depuis le dé-but de sa carrière. Certes, une fois encore, ils’appuie sur des personnages d’histoiresécrites par d’autres avant lui, mais il s’en em-pare avec une simplicité, une foi, une sorte debelle lumière qui donne à sa plume la sincéri-té, l’allant, les éclats aussi qui lui manquaientjusque-là. L’air des cimes tibétaines traversece monologue confié à un homme d’au-jourd’hui, Simon, familier des cafés de Saint-Germain-des-Prés, dont les rêves le trans-portent chaque nuit en Asie. Au point qu’il fi-nit par se persuader de ne pas être l’hommequ’il croyait, mais Svastika, celui qui, il y aneuf siècles, a combattu son petit cousin, unBouddha vivant, le yogi Milarepa. Ce noirpassé vaut à Simon une lourde condamna-tion : raconter cent mille fois, d’incarnationen incarnation – il aura été « chien, fourmi,rongeur, chenille, caméléon et mouche àmerde » –, l’histoire de son ennemi avec l’es-poir qu’alors il sera délivré. Et cette cent mil-

lième fois est peut-être venue avec la repré-sentation à laquelle on assiste – belle idéedramatique.

Bruno Abraham-Kremer est Simon, Svasti-ka, et surtout Milarepa, jeune homme à labeauté bouleversante et rejeté par les siens,voyou puis criminel avant de recevoir l’ensei-gnement du Grand Lama qui le mènera sur lechemin de la paix et du partage. On comprendqu’il faut à l’interprète qui s’attaque à cettepièce des qualités exorbitantes. Bruno Abra-ham-Kremer est simplement un acteur hon-nête, doublé ici d’un metteur en scène astu-cieux : le plateau est nu, bordé, à jardin, parquelques accessoires qui éclaireront la narra-tion et, à cour, par les instruments d’un musi-cien et compositeur inspiré.

Quelquefois, une jeune femme apparaît,son chant donne au récit les couleurs, lesémotions dont l’acteur manque un peu. Ducoup, on passe un moment de théâtreagréable, un peu ennuyeux mais pas plus quecela, rêvant à notre tour des sommets hima-layens en se demandant, de temps en temps,quel serait l’interprète idéal de ce Milarepatrès « bon père de famille ».

Olivier Schmitt

« Pereira prétend », Bezace affirmeAvignon/Théâtre. Le metteur en scène Didier Bezace porte au théâtre le roman d’Antonio

de l’Histoire : Pereira prétend (pu-blié en 1995 en France, chez Chris-tian Bourgois) tourne à la manièred’une spirale autour d’une ques-tion : la lucidité est-elle une raisonsuffisante pour agir ?

Août 1938. La chaleur plombeLisbonne, où Pereira est journa-liste, responsable des pages cultu-relles du Lisboa, un quotidien quise prétend apolitique. Quand uncommerçant socialiste est tué, leLisboa titre sur une nouvelle voi-ture. Quand la vitrine d’un juif estsaccagée, il se tait. « Quoi neneuf ? », demande Pereira au ser-veur de son café habituel. « Vousdevriez le savoir, vous êtes journa-liste.» « On ne sait jamais rienquand on est journaliste », répondPereira, qui sait. Mais la vie pèsesur lui, une vie de solitaire. Pereiraest vieux. Il rencontre un hommejeune, un Italien, Rossi, à qui ilpense pouvoir confier la tâche depréparer à l’avance les nécrologiesde grands écrivains.

TROP D’IDENTIFICATIONDans le roman de Tabucchi, ces

morts en annoncent une autre :celle de l’Europe en guerre. Su-brepticement, elle se glisse entreles lignes, tout comme elle s’in-

filtre dans le quotidien de Pereira,transpire dans ses silences hési-tants. Pourtant, Pereira bascule.Pas par conviction : il y a troplongtemps qu’il est seul pour pou-voir encore croire en quelquecause. S’il agit, c’est parce qu’ilsent la vie en Rossi et en sa fiancéeMarta. Un relent d’affection, niplus ni moins, le mènera à se re-trouver lui aussi la tête en sang,pour avoir résisté aux fascistes deson pays.

Didier Bezace est un as del’adaptation. Pereira prétend béné-ficie de ce talent : à ceux qui ne leconnaissent pas, elle donne envied’aller acheter le roman. Mais celane suffit pas à justifier la représen-tation, parce que Didier Bezace as-sène. Sa mise en scène repose surla direction des acteurs, auxquels ildemande de jouer comme mêmeRobert De Niro ne joue plus de-puis longtemps : en s’identifiant,jusqu’à la goguenardise, aux per-sonnages passés au filtre de la mé-thode de l’Actors Studio. DanielDelabesse (Pereira), Thierry Gi-bault (Rossi, et les autres person-nages masculins), Lisa Schuster (leportrait de la femme de Pereira etla fiancée de Rossi) sont d’excel-lents comédiens. Mais Didier Be-

zace leur demande trop de le mon-trer. Il faut attendre les saluts pourles sentir fragiles comme le vieuxPereira dans la moiteur de Lis-bonne, en 1938, cette moiteur siforte pour le lecteur, absente pourle spectateur.

Brigitte Salino

Page 22: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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22 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 C U L T U R E - C I N É M A

Quand l’épouvante admet la réflexionScream. Wes Craven continue de renouveler le genre

Film américain de Wes Cravenavec David Arquette, NeveCampbell, Courteney Fox, DrewBarrymore. (1 h 50.)

Un maniaque terrorise une pe-tite ville des Etats-Unis, s’en pre-nant aux adolescentes, qu’il har-cèle au téléphone avant de lesmassacrer. L’argument de Screamrelève, à première vue, d’une tra-dition en bout de course : le filmde terreur où un tueur en série ac-cumule les meurtres sanglants. Cegenre fonctionne selon des règlesprécises en s’adressant aux pul-sions d’un public adolescent par-tagé entre la jouissance sadique etinfantile, l’attraction de la sexuali-té et le rejet de celle-ci dans uneforme de révolte ascétique : l’as-sassin châtie volontiers les couplesqui font l’amour. Inauguré en 1978par la vision très chorégraphiqued’un John Carpenter (La Nuit desmasques), cette sous-catégorie del’épouvante s’est usée dans la mul-tiplication de films ineptes, au sus-pense mécanique. C’est cet épui-sement même qui constitue lesujet profond du film de Wes Cra-ven.

Après une effrayante séquenced’ouverture où la mise en scènerend efficacement honneur auxrègles du genre (une jeune baby-sitter dans une maison isolée estmenacée par un inconnu au télé-phone avant d’être assassinée par

un tueur masqué), le film semblesuivre un chemin déjà connu. Lepremier meurtre est suivi d’uneenquête, les soupçons se portentsur divers personnages. Commentcroire et réagir encore à un récitstrictement programmé ? Ce prin-cipe de répétition est inscrit de fa-çon allégorique dans le scénariolui-même. Les méfaits de l’assas-sin reproduisent un crime commisun an plus tôt et dont la propremère de l’héroïne fut la victime.

MISE EN ABYMEAmateurs de films d’épouvante,

les protagonistes, étudiants pourla plupart dans une petite univer-sité, commentent l’action,convoquent les classiques du(sous)-genre et anticipent les cli-chés et les retournements prévi-sibles de situations. Les acteursdeviennent ainsi spectateurs dansune mise en abyme permanente.Une telle volonté de distanciationpourrait être vue comme une ma-nière d’en finir avec ce typed’épouvante cinématographique.Wes Craven est pourtant trop res-pectueux de ses proprescontraintes pour ne pas s’en servirafin d’accentuer les effets de ter-reur. Comme si la croyance devaitdésormais passer par une nouvelleconscience du spectateur.

Scream n’est pas seulement unhabile et efficace exercice de style.Le film constitue une réflexiond’une rare pertinence sur la vio-

lence cinématographique. Avecses hordes d’adolescents incultes,nourris à la télévision et à la sé-rie B gore, il épingle, au-delà d’unedéréalisation générale des actionspar les médias qui altérerait toutedimension éthique, une forme trèsactuelle d’insensibilité. La répéti-tion, dimension formelle forte-ment contemporaine, renvoie auxconséquences mêmes de la repro-duction. Le tueur de Scream secache derrière un masque qui re-produit le visage angoissant dupersonnage du tableau d’EdwardMunch, Le Cri. Ce modèle de l’ex-pressionnisme pictural connaîtdonc ici les aléas de la reproduc-tion généralisée. Très vite, en ef-fet, ce masque se met à circuler,porté par des plaisantins, par defaux puis de vrais meurtriers, ap-paraissant en profondeur dechamp ou se reflète dans diversmiroirs de manière gratuite.

En 1994, avec son Freddy sort dela nuit, sixième volet d’une sérieconsacré à une figure de l’horreurqu’il avait lui-même inventée, WesCraven inaugurait une manièreneuve de penser l’horreur cinéma-tographique. Son nouveau filmconfirme la maturité d’un cinéastequi sait réfléchir de façon très abs-traite sur les conventions d’un ci-néma considéré comme mineur etcombler les exigences du divertis-sement.

Jean-François Rauger

Coups de poing de HongkongDouble Team. Tsui Hark donne de l’épaisseur au film d’action

Film américain de Tsui Hark.Avec Jean-Claude Van Damme,Dennis Rodman, Paul Freeman,Mickey Rourke. (1 h 30.)

Tsui Hark est, après John Woo etRingo Lam, le troisième réalisateurhongkongais à tenter sa chance àHollywood, anticipant un mouve-ment qui devrait s’accentuer avecle retour de l’ancienne colonie bri-tannique dans le giron chinois.Comme dans Hard Target, de JohnWoo, et Risque maximum, de Rin-go Lam, c’est Jean-Claude VanDamme qui tient le rôle principalde ce film d’action, en compagniede Dennis Rodman, l’une des starsde l’équipe de basket des ChicagoBulls. Coéquipier de Michael Jor-dan, Rodman est depuis dix ansl’un des tout meilleurs rebondeursde la ligue américaine, mais à sonindéniable potentiel athlétiquesont venues s’ajouter des spécifici-tés qu’aucun sportif américainn’avait exploitées à ce jour : lateinture pour cheveux et le pier-cing. Avec ses cheveux bariolés,Rodman a su dépasser le statut dechampion pour s’installer dans ce-lui d’icône, auteur de livres à suc-cès et désormais intronisé star decinéma.

Malgré la présence encombranted’un basketteur transformé engadget et d’un ancien championde full-contact se prenant pour unacteur, le premier essai hollywoo-

dien de Tsui Hark est beaucoupplus concluant que celui de sesdeux autres compatriotes.Confronté à un scénario indigent,où Van Damme interprète unagent secret ultra-performantchargé d’éliminer, avec l’aide deRodman, un terroriste collaborantavec les forces irakiennes person-nifié par Mickey Rourke, que lachirurgie esthétique a transforméen cousin d’Elephant Man, TsuiHark a réussi à donner à ce film decommande une marque person-nelle.

Un modèlede découpageet d’inventivité

D’abord intitulé The Colonyavant de se voir affublé du titrestandard de Double Team, TsuiHark arrive à traiter un sujet quitraverse toute son œuvre : ledouble statut de Hongkong, occi-dentale et chinoise, traversée pardeux cultures antagonistes, sinoncontradictoires. Après avoiréchoué une première fois dans satentative d’éliminer Rourke, VanDamme se retrouve déporté surune île inconnue, absente detoutes les cartes, où se retrouventtous les cracks de la lutte anti-ter-roriste.

Désormais assignés à résidence,sur ce bout de rocher qui ressemblefortement au village de la série té-lévisée Le Prisonnier, ces super-agents regardent sur un écran téléles différents attentats terroristessurvenant sur les différents pointsdu globe, et dictent oralement lesinitiatives nécessaires pour retrou-ver les coupables. Cet éloge de laparole est aussi une mise à l’écartdu héros d’action réduit au rangd’observateur. Le coup de poing estremplacé par l’ascèse. Il n’y a pasbesoin non plus d’aller très loinpour comprendre que cette « colo-ny », inconnue de tous et signaléenulle part, est l’utopie au senspropre, et du coup une possiblemétaphore de Hongkong.

Malheureusement, cet épisodeest presque étranger au corpsmême du film qui n’est qu’unesuccession de scènes d’action dé-cousues, parfois étrangères au scé-nario, et bien souvent remarqua-blement mises en scène. Ledéroulement final, hommage à ladernière scène de La Fureur du dra-gon avec le combat entre Bruce Leeet Chuck Norris, est un modèle dedécoupage et d’inventivité. Ilmontre à quel point le talent deTsui Hark, s’il était mis au profitd’un scénario consistant et person-nifié par un véritable acteur, pour-rait donner une nouvelle vitalité aucinéma d’action américain.

Samuel Blumenfeld

LES AUTRES NOUVEAUX FILMS

ANGEL BABYFilm australien de Michael Rymer. Avec John Lynch, Jacqueline MacKen-zie, Colin Friels, Debora-Lee Furness. (1 h 45.)a Angel Baby reprend une vieille intrigue de mélodrame. Deux personnagesen marge de la société s’aiment et décident contre tous les obstacles d’avoirun enfant. Lui est légèrement psychotique, elle schizophrène. La maladiementale a bien des avantages au cinéma. Elle constitue un terrain propice àdiverses prouesses d’interprétation... J.-F. R.

SERGENT BILKOFilm américain de Jonathan Lynn. Avec Steve Martin, Dan Aykroyd, PhilHartman, Glenne Headly. (1 h 32.)a Le sergent-chef Bilko transforme, pour lui et ses hommes, la caserne deFort Baxter en un Las Vegas clandestin. Tout lui est bon à cet effet, y comprisle détournement de fonds, jusqu’au jour fatidique où un expert du Pentagonevient inspecter la caserne. La confrontation entre les deux hommes constituele fil directeur de ce film, qui se dévide selon les normes industrielles envigueur. Jacques Mandelbaum

JEUNESSEFilm français de Noël Alpi. Avec Jérémie Covillault, Sonja Codhant, Blan-dine Lenoir, Nicolas Koretzky. (1 h 26.)a Stéphane débarque de sa province à Paris pour intégrer l’Ecole normale su-périeure. L’imagerie désuète et littéraire de ce premier long métrage constituele plus cruel démenti à la notion portée par son titre. Accueilli par des condis-ciples qui semblent sortis du XIXe siècle, Stéphane n’aura de surcroît pasencore passé sa première nuit rue d’Ulm qu’une mystérieuse inconnue l’enfera sortir, au nom de l’amour fou. J. M.

TWIN TOWNFilm anglais de Kevin Allen. Avec Llyr Evans, Rhys Ifans, Dorien Thomas,Dougray Scott. (1 h 39.)a Ben Cartwright, un arriviste local, vit dans le pays de Galles avec sa filleidiote et sa femme soumise. Il y a en face de lui la famille Lewis, avec un pèrepochetron féru de localismes, une fille qui travaille au « salon de massage » dela ville, un chien nommé Cantona et Jeremy et Julian, des frères jumeaux. Toutse corse quand le vieux Lewis tombe du toit de Cartwright qui l’emploie aunoir et lui refuse une indemnité d’accident. La série de représailles sanglantesqui s’ensuit, rythmée par une surenchère de « fuck ! », finit par lasser. J. M.

KAMA SUTRAFilm américain de Mira Nair. Avec Indira Varma, Sarita Choudhury,Ramon Tikaram, Naveen Andrews, Rekha. (1 h 54.)a Deux éléments suscitent a priori l’intérêt : que l’auteur de ce qui se présentecomme une adaptation d’un classique de l’érotisme soit une femme, et quecelle-ci – la production fût-elle américaine – soit indienne, ayant tourné enInde avec des comédiens du pays (mais pourquoi parlent-ils tous anglais ?).Mais la cinéaste n’a rien à filmer, à montrer ou à dire. Elle paraît croire quefaire flotter au vent des tissus colorés tient lieu de souffle légendaire, que lapénombre suffit à créer le mystère et que ses chromos évoquent les charmesde l’Orient. Jean-Michel Frodon

SANG-FROIDFilm américain de Reb Braddock. Avec Angela Jones, William Baldwin.(1 h 25.)a Produit grâce à Quentin Tarantino, Sang-froid constitue une énième varia-tion sur le thème de la violence. Avec d’une part un tueur en série (WilliamBaldwin) dont la prédilection va pour les femmes fortunées de Miami, et del’autre une jeune femme fascinée depuis toujours par les crimes sanglants. Ilsfinissent par se rencontrer, mais le plus dangereux des deux n’est pas celuiqu’on croit. Sang-froid est surtout le reflet des fausses audaces d’un cinéma in-dépendant américain désormais aussi corseté qu’Hollywood. J. M.

LES ENTRÉESÀ PARISa Avec 500 000spectateurs surParis-Périphérie,la courbe desentrées marqueune nette hausse(+ 100 000) par rapport à la semainecorrespondante de 1996.a Parmi les nouveautés, seul Bat-man et Robin se défend bien avec131 000 entrées dans une combinai-son gigantesque de 53 salles. Le Fanavec Robert de Niro enregistre unscore très décevant de 38 500 en-

trées dans 24 salles. Box of Moonlightavec un peu moins de 6 300 specta-teurs, Le Déménagement avec 7 500entrées, et Le Prix à payer (12 000)n’ont pas trouvé leur public.a Le Flic de San Francisco avec Ed-die Murphy (36 500) et Menteur,menteur avec Jim Carrey (26 000)complètent un box-office dominépar le cinéma américain. Parmi lesfilms français, seuls La Vérité si jemens ! et Le Cinquième Elément avecrespectivement 36 000 et 24 000 en-trées arrivent à tirer leur épingle dujeu.. Chiffres : Le Film français.

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G U I D E C U L T U R E L - C I N É M A LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 23

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NOUVEAUX FILMSANGEL BABYFilm australien de Michael Rymer, avecJohn Lynch, Jacqueline McKenzie, Co-lin Friels, Deborra Lee Furness, RobynNevin (1 h 45).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Action Christine, 6e

(01-43-29-11-30) ; Lucernaire, 6e ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ; Pa-thé Wepler, dolby, 18e (+).DOUBLE TEAMFilm américain de Tsui Hark, avec Jean-Claude Van Damme, Dennis Rodman,Mickey Rourke, Natacha Lindinger,Paul Freeman, Valeria Cavalli (1 h 35).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Marignan, dolby, 8e (+) ;UGC George-V, THX, dolby, 8e.VF : Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ;UGC Montparnasse, 6e ; ParamountOpéra, dolby, 9e (01-47-42-56-31 +) ;UGC Lyon Bastille, 12e ; Gaumont Go-belins Rodin, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Mistral, dolby, 14e (01-39-17-10-00 +) ; Miramar, dolby, 14e (01-39-17-10-00 +) ; UGC Convention, 15e ; PathéWepler, dolby, 18e (+) ; Le Gambetta,dolby, 20e (01-46-36-10-96 +).HOTEL PAURAFilm italien de Renato De Maria, avecSergio Castellitto, Iaia Forte, IsabellaFerrari, Roberto De Francesco, MatteoUrzia (1 h 40).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86).JEUNESSEFilm français de Noël Alpi, avec Jéré-mie Covillault, Sonja Codhant, Blan-dine Lenoir, Nicolas Koretzky, BernardLe Coq, Arielle Dombasle (1 h 26).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).KAMA-SUTRAFilm indien de Mira Nair, avec IndiraVarma, Sarita Choudhury, Ramon Tika-ram, Naveen Andrews, Rekah, KhalikTyabji (1 h 54).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (+) ; Bre-tagne, 6e (01-39-17-10-00 +) ; PublicisChamps-Elysées, dolby, 8e (01-47-20-76-23 +) ; Majestic Bastille, dolby, 11e (01-47-00-02-48 +) ; 14-Juillet Beaugre-nelle, dolby, 15e (+) ; Majestic Passy,dolby, 16e (01-42-24-46-24 +).VF : Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40 +) ; Pathé Wepler, dolby,18e (+) ; Le Gambetta, dolby, 20e (01-46-36-10-96 +).SANG-FROID (*)Film américain de Reb Braddock, avecAngela Jones, William Baldwin, BruceRamsay, Lois Chiles, Barry Corbin, MelGorham (1 h 25).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Gaumont Opéra Impé-rial, 2e (01-47-70-33-88 +) ; Sept Parnas-siens, dolby, 14e (01-43-20-32-20) ; Pa-thé Wepler, dolby, 18e (+).SCREAM (**)Film américain de Wes Craven, avecDrew Barrymore, Courteney Cox, Da-vid Arquette, Neve Campbell, Mat-thew Lillard, Rose McGowan (1 h 50).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,

1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40 +) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; UGC Normandie, dolby,8e ; La Bastille, dolby, 11e (01-43-07-48-60) ; UGC Gobelins, dolby, 13e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+).VF : Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ;UGC Montparnasse, dolby, 6e ; Para-mount Opéra, dolby, 9e (01-47-42-56-31 +) ; Les Nation, dolby, 12e (01-43-43-04-67 +) ; UGC Lyon Bastille, dolby,12e ; Gaumont Gobelins Fauvette, dol-by, 13e (01-47-07-55-88 +) ; UGC Gobe-lins, dolby, 13e ; Gaumont Alésia, dol-by, 14e (01-43-27-84-50 +) ; UGCConvention, dolby, 15e ; Pathé Wepler,18e (+) ; Le Gambetta, dolby, 20e (01-46-36-10-96 +).SERGENT BILKOFilm américain de Jonathan Lynn, avecSteve Martin, Dan Aykroyd, Phil Hart-man, Glenne Headly, Daryl Mitchell,Austin Pendleton (1 h 32).VO : UGC Forum Orient Express, 1er ;Publicis Champs-Elysées, dolby, 8e (01-47-20-76-23 +).VF : Rex, 2e (01-39-17-10-00) ; UGC LyonBastille, 12e ; UGC Gobelins, 13e ; Gau-mont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Les Montparnos, dolby, 14e (01-39-17-10-00 +).TWIN TOWN (*)Film britannique de Kevin Allen, avecLlyr Evans, Rhys Ifans, Dorien Thomas,Dougray Scott, Biddug Williams, Ron-nie Williams (1 h 39).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (+) ;Gaumont Champs-Elysées, dolby, 8e

(01-43-59-04-67 +) ; UGC Opéra, dolby,9e ; Gaumont Grand Ecran Italie, dolby,13e (01-45-80-77-00 +) ; Gaumont Par-nasse, dolby, 14e (+) ; 14-Juillet Beau-grenelle, dolby, 15e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, dolby, 19e (+).VF : Gaumont Convention, dolby, 15e

(01-48-28-42-27 +).

EXCLUSIVITÉSABELd’Alex Van Warmerdam,avec Henri Garcin, Alex Van Warmer.Hollandais (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Es-pace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LES ANGES DÉCHUSde Wong Kar-Wai,avec Leon Lai Ming, Takeshi Kaneshiro.Hong Kong (1 h 36).VO : Lucernaire, 6e.AUTRE CHOSE À FOUTRE QU’AIMERde Carole Giacobbi,avec Hélène de Saint-Père, MichèleMoretti.Français (55).Reflet Médicis I, 5e (01-43-54-42-34).L’AUTRE CÔTÉ DE LA MERde Dominique Cabrera,avec Claude Brasseur, Roschdy Zem.Français (1 h 30).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ;Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +).BEAVIS ET BUTT-HEAD SE FONT L’AMÉRIQUEde Mike Judge,dessin animé Américain (1 h 21).VO : Grand Pavois, dolby, 15e (01-45-54-46-85 +).BIG NIGHTde Campbell Scott et Stanley Tucci,avec Stanley Tucci, Tony Shalhoub.Américain (1 h 40).VO : Reflet Médicis II, 5e (01-43-54-42-34).BOX OF MOONLIGHTde Tom DiCillo,avec John Turturro, Sam Rockwell.Américain (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Espace Saint-Michel,dolby, 5e (01-44-07-20-49) ; 14-JuilletParnasse, 6e (+) ; La Pagode, 7e (+) ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +).LA CICATRICEde Krzysztof Kieslowski,avec Franciszek Pieczka, Jerzy Stuhr.Polonais (1 h 44).VO : 14-Juillet Parnasse, 6e (+).LE CIEL EST À NOUS (*)de Graham Guit,avec Romane Bohringer, Melvil Pou-paud.Franco-canadien (1 h 30).14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+).LE CINQUIÈME ÉLÉMENTde Luc Besson,avec Bruce Willis, Gary Oldman.Français (2 h 06).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; UGC Danton, 6e ; Gaumont Ambas-sade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; Mi-ramar, 14e (01-39-17-10-00 +).VF : Rex, dolby, 2e (01-39-17-10-00) ;Gaumont Opéra Français, dolby, 9e (01-47-70-33-88 +) ; Les Nation, dolby, 12e

(01-43-43-04-67 +) ; Gaumont GobelinsFauvette, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+) ; Gaumont Convention,dolby, 15e (01-48-28-42-27 +) ; PathéWepler, dolby, 18e (+).

CLUBBED TO DEATH (**)de Yolande Zauberman,avec Elodie Bouchez, Béatrice Dalle.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; Imagesd’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).DAAYRAd’Amol Palekar,avec Nimal Pandey, Sonali Kulkarni.Indien (1 h 47).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-Juillet Odéon, 6e (+) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).DU JOUR AU LENDEMAINde Jean-Marie Straubet Danièle Huillet,avec Christine Whittlesey, Richard Sal-ter.Franco-allemand, noir et blanc (1 h 02).Denfert, 14e (01-43-21-41-01 +).LA FABRIQUE DE L’HOMME OCCIDENTALde Gérald Caillat,Français (1 h 15).L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).LE FANde Tony Scott,avec Robert DeNiro, Wesley Snipes.Américain (1 h 50).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; Gaumont Opéra I, dolby, 2e (01-43-12-91-40 +) ; UGC Odéon, dolby, 6e ;UGC Champs-Elysées, dolby, 8e ; Gau-mont Gobelins Fauvette, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ; Gaumont Parnasse,dolby, 14e (+).FOR EVER MOZARTde Jean-Luc Godard,avec Madeleine Assas, Bérangère Al-laux.Franco-suisse-allemand (1 h 20).Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).LES GARÇONS WITMANde Janos Szasz,avec Alpar Fogarasi, Szabolcs Gergely.Franco-hongrois (1 h 33).VO : Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-

19-09) ; L’Entrepôt, 14e (01-45-43-41-63).GOODBYE SOUTH, GOODBYEde Hou Hsiao Hsien,avec Jack Kao, Hsu Kuei-Ying.Taïwanais (1 h 52).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).HAMLETde Kenneth Branagh,avec Kenneth Branagh, Julie Christie.Britannique (4 h 01).VO : Max Linder Panorama, THX, dol-by, 9e (01-48-24-88-88 +).HANTISESde Michel Ferry,avec John Berry, François Négret.Français (1 h 20).Studio des Ursulines, 5e (01-43-26-19-09).HARRIET LA PETITE ESPIONNEde Bronwen Hughes,avec Michelle Trachtenberg, RosieO’Donnell.Américain (1 h 42).VF : Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68).J’AI HORREUR DE L’AMOURde Laurence Ferreira Barbosa,avec Jeanne Balibar, Jean-QuentinChâtelain.Français (2 h 14).Gaumont les Halles, 1er (01-40-39-99-40 +) ; 14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; LeSaint-Germain-des-Prés, Salle G. deBeauregard, 6e (01-42-22-87-23 +) ; LeBalzac, 8e (01-45-61-10-60) ; Escurial, 13e

(01-47-07-28-04 +) ; Bienvenüe Mont-parnasse, 15e (01-39-17-10-00 +) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).JAMES ET LA PÊCHE GÉANTEde Henry Selick,dessin animé Américain (1 h 20).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er.VF : UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+) ;Denfert, dolby, 14e (01-43-21-41-01 +) ;Gaumont Alésia, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Saint-Lambert, dolby, 15e (01-45-32-91-68) ; 14-Juillet-sur-Seine, 19e (+).LEVEL FIVEde Chris Marker,avec Catherine Belkhodja, la participa-tion de Nagisa Oshima, Kenji Tokitsu,Ju’nishi Ushiyama.Français (1 h 46).Accatone, 5e (01-46-33-86-86).MA 6-T VA CRACK-ER (**)de Jean-François Richet,avec Arco Descat C., Jean-Marie Ro-bert.Français (1 h 45).Gaumont Opéra Impérial, dolby, 2e

(01-47-70-33-88 +) ; Les Trois Luxem-bourg, 6e (01-46-33-97-77 +) ; GaumontGobelins Rodin, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +).MA VIE EN ROSEd’Alain Berliner,avec Michèle Laroque, Jean-PhilippeEcoffey.Français (1 h 28).UGC Forum Orient Express, 1er ; 14-Juil-let Parnasse, 6e (+) ; Denfert, dolby, 14e

(01-43-21-41-01 +).MAUVAIS GENREde Laurent Bénégui,avec Jacques Gamblin, Elina Löwen-sohn.Français (1 h 30).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ; 14-Juillet Odéon, dolby, 6e (+) ; UGC Ro-tonde, 6e ; Elysées Lincoln, dolby, 8e

(01-43-59-36-14) ; Saint-Lazare-Pas-quier, dolby, 8e (01-43-87-35-43 +) ;UGC Opéra, 9e ; Majestic Bastille, 11e

(01-47-00-02-48 +) ; Gaumont GrandEcran Italie, dolby, 13e (01-45-80-77-00 +) ; Gaumont Parnasse, dolby,14e (+) ; Gaumont Alésia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; Gaumont Convention,dolby, 15e (01-48-28-42-27 +) ; 14-Juil-let-sur-Seine, dolby, 19e (+).MENTEUR, MENTEURde Tom Shadyac,avec Jim Carrey, Maura Tierney.Américain (1 h 26).VO : UGC Ciné-cité les Halles, dolby,1er ; UGC Odéon, 6e ; Gaumont Mari-gnan, dolby, 8e (+) ; UGC Normandie,dolby, 8e.MICHAEL COLLINSde Neil Jordan,avec Liam Neeson, Aidan Quinn.Américain (2 h 10).VO : Espace Saint-Michel, 5e (01-44-07-20-49).LA MOINDRE DES CHOSESde Nicolas Philibert,avec les pensionnaires, les soignantsde la clinique de La Borde.Français (1 h 45).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47).LA MÔME SINGEde Xiao-Yen Wang,avec Fu Di, Fang Shu.Américain-chinois (1 h 35).VO : 14-Juillet Beaubourg, 3e (+).MORDBUROde Lionel Kopp,avec Ornella Muti, Philippe Clévenot.Français (1 h 40).Sept Parnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20).MUNK, LEMMY ET COMPAGNIEde Nils Skapans et Janis Cimermanis,dessin animé Letton (46).VF : Le République, 11e (01-48-05-51-33).PASSAGE DES HOMMES LIBRESde Luis Armando Roche,avec Roy Dupuis, Christian Vadim.Franco-vénézuélien (1 h 36).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86).LES PLEINS POUVOIRSde Clint Eastwood,avec Clint Eastwood, Gene Hackman.Américain (2 h 01).VO : UGC Forum Orient Express, dolby,1er ; UGC George-V, dolby, 8e ; Gau-mont Parnasse, dolby, 14e (+).PORT DJEMAde Eric Heumann,avec Jean-Yves Dubois, Nathalie Bou-tefeu.Franco-greco-italien (1 h 35).Lucernaire, 6e.PORTRAITS CHINOISde Martine Dugowson,avec Helena Bonham-Carter, RomaneBohringer.Français (1 h 50).UGC Forum Orient Express, 1er ; UGCDanton, 6e ; UGC George-V, 8e ; Sept

Parnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20).LE PRIX À PAYER (*)de F. Gary Gray,avec Jada Pinkett, Queen Latifah.Américain (1 h 57).VO : UGC Forum Orient Express, dolby,1er ; Elysées Lincoln, dolby, 8e (01-43-59-36-14).LA RENCONTREd’Alain Cavalier,Français (1 h 15).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).REPRISEd’Hervé Le Roux,Français (3 h 12).Saint-André-des-Arts I, 6e (01-43-26-48-18).SHINEde Scott Hicks,avec Armin Mueller-Stahl, Noah Taylor.Australien (1 h 45).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Cinoches, 6e (01-46-33-10-82) ;Gaumont Ambassade, dolby, 8e (01-43-59-19-08 +) ; Grand Pavois, 15e (01-45-54-46-85 +) ; Saint-Lambert, dolby, 15e

(01-45-32-91-68).LE SILENCE DE RAKde Christophe Loizillon,avec François Cluzet, Elina Löwensohn.Français (1 h 30).14-Juillet Beaubourg, 3e (+) ; 14-JuilletHautefeuille, 6e (+) ; Elysées Lincoln, 8e

(01-43-59-36-14) ; Sept Parnassiens, 14e

(01-43-20-32-20) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20 +).LA VÉRITÉ SI JE MENS !de Thomas Gilou,avec Richard Anconina, Vincent Elbaz.Français (1 h 40).UGC Ciné-cité les Halles, dolby, 1er ;UGC Montparnasse, 6e ; UGC Danton,dolby, 6e ; Gaumont Ambassade, dol-by, 8e (01-43-59-19-08 +) ; Saint-Lazare-Pasquier, 8e (01-43-87-35-43 +) ; UGCTriomphe, dolby, 8e ; Gaumont OpéraFrançais, dolby, 9e (01-47-70-33-88 +) ;UGC Opéra, dolby, 9e ; Les Nation, dol-by, 12e (01-43-43-04-67 +) ; UGC LyonBastille, 12e ; Gaumont Gobelins Fau-vette, dolby, 13e (01-47-07-55-88 +) ;Gaumont Parnasse, dolby, 14e (+) ; Mis-tral, 14e (01-39-17-10-00 +) ; 14-JuilletBeaugrenelle, 15e (+) ; UGC Conven-tion, dolby, 15e ; Majestic Passy, dolby,16e (01-42-24-46-24 +) ; UGC Maillot,17e ; Pathé Wepler, dolby, 18e (+).LA VIE DE JÉSUSde Bruno Dumont,avec David Douche, Marjorie Cottreel.Français (1 h 36).Epée de Bois, 5e (01-43-37-57-47) ; Lu-cernaire, 6e ; Saint-André-des-Arts II, 6e

(01-43-26-80-25) ; 14-Juillet-sur-Seine,19e (+).LE VILLAGE DE MES RÊVESde Yoichi Higashi,avec Keigo Matsuyama, Shogo Mat-suyama.Japonais (1 h 52).VO : Lucernaire, 6e ; Le République, 11e

(01-48-05-51-33).LES VIRTUOSESde Mark Herman,avec Pete Postlethwaithe, Tara Fitzge-rald.Britannique (1 h 47).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Gaumont Opéra I, dol-by, 2e (01-43-12-91-40 +) ; 14-JuilletBeaubourg, 3e (+) ; Europa Panthéon(ex-Reflet Panthéon), dolby, 5e (01-43-54-15-04) ; La Pagode, dolby, 7e (+) ; LeBalzac, 8e (01-45-61-10-60) ; La Bastille,11e (01-43-07-48-60) ; Escurial, dolby,13e (01-47-07-28-04 +) ; Gaumont Alé-sia, dolby, 14e (01-43-27-84-50 +) ; 14-Juillet Beaugrenelle, dolby, 15e (+) ;Bienvenüe Montparnasse, dolby, 15e

(01-39-17-10-00 +) ; Le Cinéma des ci-néastes, 17e (01-53-42-40-20 +) ; UGCMaillot, 17e ; 14-Juillet-sur-Seine, dol-by, 19e (+).VOYAGE AU DÉBUT DU MONDEde Manoel de Oliveira,avec Marcello Mastroianni, Jean-YvesGautier.Franco-portugais (1 h 33).VO : Latina, 4e (01-42-78-47-86) ;Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09).WHEN WE WERE KINGSde Leon Gast,avec Mohammed Ali, George Fore-man .Américain (1 h 28).VO : Images d’ailleurs, 5e (01-45-87-18-09) ; Studio Galande, 5e (01-43-26-94-08 +) ; Club Gaumont (Publicis Mati-gnon), dolby, 8e (01-42-56-52-78).

REPRISESFURYOde Nagisa Oshima,avec David Bowie, Tom Conti.Japonais, 1983 (2 h).VO : Gaumont les Halles, dolby, 1er (01-40-39-99-40 +) ; Gaumont Opéra Impé-rial, dolby, 2e (01-47-70-33-88 +) ; 14-Juillet Hautefeuille, dolby, 6e (+) ; SeptParnassiens, dolby, 14e (01-43-20-32-20).LA NUIT DU CHASSEURde Charles Laughton,avec Robert Mitchum, Shelley Winters.Américain, 1955, noir et blanc (1 h 33).VO : Les Trois Luxembourg, 6e (01-46-33-97-77 +).PICNICde Joshua Logan,avec William Holden, Kim Novak.Américain, 1955, copie neuve (1 h 55).VO : Grand Action, dolby, 5e (01-43-29-44-40) ; Mac-Mahon, dolby, 17e (01-43-29-79-89).LA VIE EST BELLEde Frank Capra,avec James Stewart, Donna Reed.Américain, 1946, noir et blanc (2 h 19).VO : Action Ecoles, 5e (01-43-25-72-07).

(*) Films interdits aux moins de 12 ans.(**) Films interdits aux moins de 16ans.(+) Réservation au 01-40-30-20-10.

LA SÉLECTION DU « MONDE »

LES ANGES DÉCHUS(Hongkong, 1 h 36)de Wong Kar-Wai.LA CICATRICE(polonais, 1 h 44)de Krzysztof Kieslowski.DAAYRA(indien, 1 h 47) de Amol Palekar.LA FABRIQUEDE L’HOMME OCCIDENTAL (français, 1 h 15)de Gérald Caillat.GOODBYE SOUTH, GOODBYE(taïwanais, 1 h 52) de Hou Hsiao Hsien.JAMES ET LA PÊCHE GÉANTE(dessin animé américain, 1 h 20)de Henry Selick.J’AI HORREUR DE L’AMOUR(français, 2 h 14)de Laurence Ferreira Barbosa.LEVEL FIVE (français, 1 h 46)de Chris Marker.

LA MOINDREDES CHOSES (français, 1 h 45)de Nicolas Philibert.LA MÔME SINGE(américain-chinois, 1 h 35) de Xiao-Yen Wang.REPRISE (français, 3 h 12)de Hervé Le Roux.LA VIEDE JÉSUS (français, 1 h 36)de Bruno Dumont.LE VILLAGE DE MES RÊVES(japonais, 1 h 52)de Yoichi Higashi.VOYAGE AU DÉBUTDU MONDE(portugais, 1 h 33)de Manoel de Oliveira.WHEN WE WERE KINGS (américain, 1 h 28)de Leon Gast.

FESTIVALS

« CONQUES, LA LUMIÈRE DU ROMAN »Sur le thème « Nuit et Jour », cefestival investit le site de Conques(Aveyron) pour une grande fête dela musique et du cinéma : concertsen l’abbatiale romane, cinéma enplein air, repas médiéval, débats etconférences avec de grandsinterprètes, des historiens et despersonnalités du 7e art.Parmi les invités, le cinéasted’origine georgienne OtarIosseliani présente jusqu’au22 juillet, en collaboration avec laCinémathèque de Toulouse, unevingtaine de films consacrés àl’étude du Moyen Age et, le19 juillet, Hanna Schygullachantera sur des textes de RainerWerner Fassbinder, Jean-ClaudeCarrière, Charles Baudelaire etHeiner Muller, accompagnée parJean-Marie Sénia.Jusqu’au 23 août. Office detourisme, 12320 Conques. Tél. :05-65-72-85-00.CARL THEODOR DREYER (v.o.),Reflet Médicis I, 5e

(01-43-54-42-34). Vampyr, jeu.12 h 10.LES CENT JOURS DU CINÉMAJAPONAIS (v.o.), Racine Odéon,6e (01-43-26-19-68 +). Kwaidan,mer. 17 h 30, 21 h ; Où sont les rêvesde jeunesse ?, jeu. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; La Cigogne en papier,ven. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h.COMÉDIES ITALIENNES (v.o.),Le Champo - Espace Jacques-Tati,5e (01-43-54-51-60 +). Le Pigeon,mer. 12 h, 14 h 10, 16 h 10, 18 h 10,20 h 10, 22 h 10 ; Identificationd’une femme, jeu. 12 h, 15 h,17 h 30, 19 h 50, 22 h 10 ; Quelleheure est-il ?, ven. 12 h, 14 h 10,16 h 10, 18 h 10, 20 h 10, 22 h 10.DE HONGKONG À LA CHINE,TSUI HARK (v.o.), UGC Ciné-citéles Halles, 1er : The Blade, mer.9 h 35, 16 h, 18 h 05, 20 h 15,22 h 20 ; The Big Heat, jeu. 9 h 35,11 h 40, 13 h 50, 16 h, 18 h 05,20 h 15, 22 h 20 ; Le Temple dulotus rouge, ven. 9 h 35, 11 h 40,13 h 50, 16 h, 18 h 05, 20 h 15,22 h 20.Le Balzac, 8e (01-45-61-10-60) : Zu,les guerriers de la montagnemagique, mer. 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Butterfly Murders, jeu. 14 h,16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; ShanghaiGrand, ven. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h.DEMY TOUT ENTIER, Denfert,14e (01-43-21-41-01 +). Peau d’Ane,ven. 15 h 10 ; Les Parapluies deCherbourg, ven. 11 h 30 ; Lola, jeu.11 h 50.LES DESSOUS DE LA VILLE,Parc de la Villette. Prairie dutriangle, 19e (01-40-03-76-92). LaSoif du mal, mer. 22 h ; L’Arméedes 12 singes, jeu. 22 h ; Rome villeouverte, ven. 22 h.ERIC ROHMER, COMÉDIESET PROVERBES, 14-JuilletHautefeuille, 6e. L’Ami de monamie, mer. 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ;La Femme de l’aviateur, jeu. 14 h,16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Le Rayonvert, ven. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h.

FILMS NOIRS FRANÇAIS :1re ÉPOQUE, Le Cinéma descinéastes, 17e (01-53-42-40-20 +).Le Corbeau, mer. 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Pattes blanches, jeu. 14 h,16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; La Poison,ven. 15 h, 19 h, 20 h 50, 22 h 30.HOMMAGE A ROBERT MITCHUM (v.o.),Action Christine, 6e

(01-43-29-11-30). Un si doux visage,mer. 15 h 40, 17 h 20, 19 h, 20 h 40,22 h 20, ven. 14 h, 15 h 40, 17 h 20,19 h, 20 h 40, 22 h 20 ; Pendez-moihaut et court, jeu. 14 h 10, 16 h 10,18 h 10, 20 h 10, 22 h 10.HUMPHREY BOGART (v.o.),Action Ecoles, 5e (01-43-25-72-07).Les Passagers de la nuit, mer. 16 h,18 h, 20 h, 22 h ; Key Largo, jeu.14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; Le Portde l’angoisse, ven. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h.L’INTÉGRALE BERGMAN (v.o.),Saint-André-des-Arts I, 6e

(01-43-26-48-18). L’Œil du diable,mer. 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; LaPrison, jeu. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h ; Une passion, ven. 14 h, 16 h,18 h, 20 h, 22 h.KATHARINE HEPBURN (v.o.), LeChampo-Espace Jacques-Tati, 5e

(01-43-54-51-60 +). Sylvia Scarlett,mer. 14 h, 18 h ; Devine qui vientdîner ?, jeu. 14 h, 18 h ;L’Impossible Mr. Bébé, ven. 14 h,18 h.KRZYSZTOF KIESLOWSKI (v.o.),14-Juillet Parnasse, 6e. L’Amateur,jeu. 13 h 45, 15 h 50, 17 h 55, 20 h,22 h 05 ; Sans fin, ven. 13 h 45,15 h 50, 17 h 55, 20 h, 22 h 05 ; LaCicatrice, mer. 13 h 45, 15 h 50,17 h 55, 20 h, 22 h 05.LOUIS MALLE, L’Entrepôt, 14e

(01-45-43-41-63). Ascenseur pourl’échafaud, jeu. 14 h, 15 h 45,17 h 30, 19 h 15 ; Le Souffle aucœur, mer. 16 h 30, 19 h ; Milouen mai, ven. 14 h, 16 h 30, 19 h.LA TRILOGIE BILL DOUGLAS(v.o.), Studio des Ursulines, 5e

(01-43-26-19-09). My Ain Folk, jeu.20 h 30, ven. 13 h 45 ; My WayHome, mer. 15 h 35, jeu. 22 h 30,ven. 15 h 35.UNE HISTOIRE DU CINÉMA EUROPÉEN (v.o.),Studio des Ursulines, 5e

(01-43-26-19-09). Octobre, mer.17 h 05, jeu. 15 h 30 ; L’Homme à lacaméra, mer. 19 h, jeu. 17 h 30 ;Trois dans un sous-sol, jeu. 13 h 30,ven. 21 h 45 ; Le Bonheur, ven.17 h 05 ; Au bord de la mer bleue,ven. 18 h 30.VOIR ET REVOIR GODARD,Reflet Médicis I, 5e

(01-43-54-42-34). Une femme estune femme, mer. 14 h, 16 h, 18 h,20 h, 22 h ; Les Carabiniers, jeu.14 h, 16 h, 18 h, 20 h, 22 h ; LeMépris, ven. 14 h, 16 h, 18 h, 20 h,22 h.RAINER WERNER FASSBINDER(v.o.), Accatone, 5e

(01-46-33-86-86). Le Droit du plusfort, ven. 16 h 30 ; L’Amour est plusfroid que la mort, ven. 22 h.WIM WENDERS (v.o.), Accatone,5e (01-46-33-86-86). Les Ailes dudésir, jeu. 22 h ; Alice dans lesvilles, jeu. 15 h 40.

TOUS LES FILMS PARIS/PROVINCE3 615 L E M O N D E

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n

3615 LEMONDE

Page 24: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0024-0 WAS LMQ1707-24 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 07:50 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0371 Lcp: 196 CMYK

24 / LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 R A D I O - T É L É V I S I O N

MERCREDI 16 JUILLET

LES CODES

DU CSA

4 Accordparentalsouhaitable.

5 Accordparentalindispensableou interditaux moinsde 12 ans.

6 Publicadulteou interditaux moinsde 16 ans.

TF 120.45

INTERVILLES 97Divertissement présenté parJean-Pierre Foucault, Thierry Roland,Nathalie Simon, Olivier Chiabodo.Aix-les-Bains rencontreBellegarde-sur-Valserine(155 min). 26473603

23.20

LES YEUX D’HÉLÈNETéléfilm [3/9] de Jean Sagols, avecMireille Darc, Michel Duchaussoy(105 min). 2965448Arnaud reprend peu à peu goûtà la vie en compagnie deGeneviève.1.05 Les Errances

de l’amour.Téléfilm [2/3]de Georg Tressler,avec Sophie von Kessel(95 min). 2583543

2.40 et 3.25 TF1 nuit. 2.55 Cas de di-vorce. Série. Dent contre Dent. 3.35 et4.30, 5.10 Histoires naturelles. Docu-mentaire. 5.05 Musique (5 min).

France 220.55

LE FILS DE PAULTéléfilm de Didier Grousset,avec Bernard Yerles,Jean-Pierre Cassel(105 min). 7178158Un homme part à la recherchede son père disparu.Une quête qui va bouleverserson existence.

22.40

ATHLÉTISMELE TROPHÉE NIKAÏAEn direct de Nice(90 min). 7154290.10 Journal, Météo.0.25 Escrime.

Championnat du monde auCap (Afrique du Sud) :Finales sabre et fleuretmessieurs en individuel.

1.00 Les Routiers. Série.Ballade sicilienne.

1.45 Tour de France (rediff.). 2.45Connaître l’islam (rediff.). 3.15 Sourcede vie (rediff.). 3.45 24 heures d’info.3.55 Météo. 4.00 Urti. Initiation à la vi-déo. 4.30 Les Quatre Eléments. Docu-mentaire. 5.20 Manu.

France 320.55

LA MARCHEDU SIÈCLEMagazine.Les parfums. Invités : Inès Sastre, Vera Strubi,Thierry Lecoule, Gilles Weil, RenéLaruelle, Jean-Claude Ellena (110 min). 3880719

22.45

AU-DELÀ DE L’ÉCRANPrésenté par Denis Vincenti.La télé qui charme. Invitée : Isabelle Mergault.23.30 Journal, Météo.0.05 Un siècle d’écrivains.

Documentaire.Alejo Carpentier : Ici et là-bas (50 min). 4692949

0.55 Autour du cinéma. Documen-taire. 2.20 Les Brûlures de l’Histoire.Documentaire. La dernière année dugénéral : mai 1968-avril 1969. 3.20 LaGrande Aventure de James Onedin.Feuilleton (55 min).

Arte20.45

LES MERCREDIS DE L’HISTOIRE :HITLER, UN INVENTAIREDocumentaire de Guido Knoppet Nini Steinhauser[3/6] Le dictateur (1995, 55 min). 7946974Comment Hitler a-t-il conquis le pouvoir absolu etconverti le peuple allemand aunational-socialisme ?

21.40

MUSICA21.40 Maria Joao Pires.

Documentaire de Werner Zeindler(1991, 60 min). 4839142

22.40 Fête gitane avec les Pinini.Documentaire. (1995, 30 min). 7613806

23.10 Profil : Bruce Naumann.Make Me Think, documentaire de Heinz PeterSchwerfel (1997, 60 min). 7500974

0.10 La Lucarne : Chère Grand-Mère.Documentaire de Patrice Dubosc(1995, 20 min). 921340

0.30 Ombres blanches a aFilm de W.S. Van Dyke avec Monte Blue(1928, N., rediff., 80 min). 5130017

1.50 Le Bandit manchot. Documentaire(rediff., 65 min). 6766949

M 620.45

SEULEMENTPAR AMOUR :FRANCESCATéléfilm de Giovanni Ricci, avec AnaïsJeanneret, Sandrine Caron.[1 et 2/2] (250 min). 92349719Francesca, une étudiante enlettres, tombe amoureuse d’unapprenti styliste, issu de lagrande bourgeoisie romaine,qui entretient une relationpassionnée et chaotique avecun mannequin, Camille, augrand dam de sa famille.

0.55 Secrets de femmes.Série 6.Olga.

1.30 Boulevard des clips.2.30 Fréquenstar. Magazine.

Semaine de la chansonfrançaise (rediff.).

2.30 3.20 Mister Biz - best of. Maga-zine (rediff.). 3.45 Jazz 6. Magazine.Jazz à Vienne : Trio guitares - JohnMcLaughlin, Paco de Lucia, Al di Meo-la (rediff.). 4.45 Les Piégeurs (rediff.,25 min).

Canal +21.00

A CHACUNSA GUERRE aFilm de Jon Avnet, avec Elijah Wood,Kevin Costner (1994, 120 min). 36239

23.00 Flash d’information.23.05 La vie comme elle est...

Court métrage(10 min). 5947087

23.15

SEXE, CENSUREET CINÉMADocumentairede Franck Martin.[3/6] L’âge d’or d’Hollywood(54 min). 2126968

0.10 Leprechaun 2Film de Roman Flender(1994, v.o., 85 min). 7897291

1.35 Romance de Paris aFilm de Jean Boyer(1941, N., 109 min). 4755253Mélodrame sentimentaltaillé sur mesure pourCharles Trenet.

RadioFrance-Culture20.30 Paroles sans frontière.22.40 Nuits magnétiques.

L’imaginaire du Rhin ou leRhin, entre peur et fascination[2/2].

0.05 Du jour au lendemain. 0.48 LesCinglés du music hall. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.).

France-Musique19.36 Concert.

Festival d’été Euroradio.Donné le 28 juin, au RoyalOpera House de Londres, parle Chœur et l’Orchestre del’Opera royal de CoventGarden, dir. Simon Young :Oberto, de Verdi, Stuart Neil(Riccardo), Denyce Graves(Cuniza).

0.00 Les Mots et les Notes (rediff.).2.00 Les Nuits de France-Musique.

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Don Giovanni, opéra en deuxactes K 527, de Mozart, par leC h œ u r d e l ’ O p é r a e tl’Orchestre philharmonique deV i e n n e , d i r . D i m i t r iMitropoulos : Siepi (DonGiovanni), Corena (Leporello).

22.35 Les Soirées... (suite). Œuvresde Brahms, Bach. 0.00 Les Nuits deRadio-Classique.

TV 520.00 Fort Boyard

(France 2 du 12/7/97).21.45 Les Suisses du bout

du monde. Magazine.22.00 Journal (France 2).22.45 Savoir plus. Magazine

(France 2 du 5/4/97).

Planète20.35 Le Réseau

des Racing Drivers.[2/2]. Le temps des bombes.

21.30 Des hommes dansla tourmente. [10/32].Mussolini versus Sélassié.

21.55 Les Ailes de légende.Le CH-47.

22.40 L’Ame du gospel.

Animaux21.00 Animaux en danger.21.30 Flipper le dauphin.22.00 Ilôt de nature.23.00 Cheval mon ami. Rodéo.

Paris Première20.00 et 23.20

20 h Paris Première.21.00 Paris modes. Magazine.21.50 Les Documents du JTS.

Magazine.22.25 Vedettes en coulisses.

Gilbert Bécaud.

FranceSupervision20.30 Ecouter, voir.

Magazine.20.55 Off, le magazine

des festivals.22.00 Bach :

Concerto BWV 1042.Concert enregistré en Pologne(25 min). 65300142

22.25 Bach :Concerto BWV 1043.Concert (30 min). 36460535

22.55 Nancy Jazz Pulsations :Mike Stern.Concert (50 min). 10767806

Ciné Cinéfil20.30 A Boy, a Girl

and a Bike aFilm de Ralph Smart (1947, N.,v.o., 90 min). 1876351

22.00 Les Aventuresde Casanova aFilm de Jean Boyer [1/2](1947, N., 100 min). 9035235

Ciné Cinémas20.30 Nicky et Gino

Film de Robert M. Young(1988, 105 min). 4454595

22.15 La Poudre aux yeux aFilm de Maurice Dugowson(1994, 100 min). 4002448

Festival20.30 Le Voleur de Maigret.

Téléfilm de Jean-Paul Sassy,avec Jean Richard (95 min).

6676250022.05 Tatort :

Dispositif d’écoute.Téléfilm (95 min). 28333697

Série Club20.45 Caraïbes offshore.

Crise d’identité.21.30 et 1.30

François Gaillardou la vie des autres.Feuilleton. Joseph.

22.30 Alfred Hitchcockprésente.Que le meilleur gagne.

23.00 L’Age de cristal. La loi de la peur.

Canal Jimmy20.25 Star Trek : la nouvelle

génération.Sélection contre-nature.

21.15 Quatre en un. Magazine.21.45 Seinfeld. Le yaourt maigre.22.15 Une fille à scandales.

Mourir de rire à la morgue(v.o.).

22.40 Spin City.Coup de froid (v.o.).

23.05 Game On.Matthew a Suitable Case forTreatment (v.o.).

Disney Channel20.10 La Fille de l’équipe.20.35 Sports. Magazine.21.35 Sport Académie.22.05 La Belle Anglaise.23.00 Animaux de toutes

les Russies.Le vent sibérien.

Téva20.30 et 22.30 Téva interview.20.55 Les Femmes de la mer.21.30 Vivre

dans le désert vert.22.00 Téva psycho. Magazine.23.00 Clair de lune.

Voyage20.20 Chronique Meunier.20.30 Suivez le guide.22.30 Lacs d’Europe.

Le lac Léman.23.00 Chez Marcel.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00 WorldNews. 21.30 World Report. 22.00World News Europe. 22.30 Insight.23.30 World Sport. 0.00World View.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15 NoComment. 23.45 90o Est. 0.45 Visa.1.45 Odeon.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42Talk culturel.

Eurosport15.15 Cyclisme. En direct.

Tour de France (11e étape)Andorre - Perpignan(192 km, 75 min). 1055448

17.30 Tennis. Tournoi messieursde Stuttgart (Allemagne).

19.00 Athlétisme.19.30 Athlétisme. En direct.

Meeting de Nice(180 min). 57761697

22.30 Cyclisme. Résumé.23.30 Escrime. Championnats du

monde (60 min).

Muzzik20.10 Bruxelles Virtuosi.

Concert enregistré en 1991(35 min). 500236623

20.45 Les Instantanésde la danse.

21.00 Coppélia. Ballet.22.35 The Plague

and the Moonflower.23.55 Pat Metheny :

More Travels (70 min).

JEUDI 17 JUILLET

TF 115.35 Côte Ouest. Feuilleton.16.30 21 Jump Street. Série.17.25 Extrême limite. Série.17.55 Les Années fac. Série.18.25 Ali Baba.19.00 Mokshû Patamû.19.50 Météo.20.00 Journal,

l’image du jour,Tiercé, Météo.

20.45

NAVARROFort Navarro.Série 4 de Nicolas Ribowski, avecRoger Hanin(95 min). 112765Le soir du réveillon de Noël,Navarro se retranche dans lecommissariat, assiégé par leshommes de main d’un truandsous les verrous.

22.20

LES OISEAUXSE CACHENTPOUR MOURIRTéléfilm [3/5] de Daryl Duke,avec Richard Chamberlain(100 min). 32205620.00 et 4.25, 5.10

Histoires naturelles.Documentaire.

1.00 et 1.40, 4.15, 4.55TF1 nuit.

1.10 Cas de divorce. Série. Silveracontre Silvera.

1.55 Les Saisons de Joseph Haydn.Concert. Orchestre lyrique de la ré-gion Avignon-Provence. 5.05 Musique(5 min).

France 316.50 40o Invitées : Maïté, Jane

Fostin.18.20 Questions pour

un champion. Jeu.18.50 Météo des plages.18.55 Le 19-20

de l’information.20.00 Météo.20.05 Fa si la chanter. Jeu.20.35 Tout le sport.20.38 Le Journal du Tour.

20.55

OLD GRINGO aFilm de Louis Puenzoavec Jane Fonda, Gregory Peck(1988, 115 min). Une vieille fille américaine,partie enseigner l’anglais auMexique, est entraînée dans larévolution.22.50 Journal, Météo.

23.25

NEW YORK DISTRICTCalibre 44.Série de Dick Wolf, avec Paul Sorvino (45 min). 396765

0.10 Comment ça va ?Magazine (55 min). 2742963

1.05 Les GrandsRendez-vous du siècle.DocumentaireLe Tibet : histoire d’unetragédie (55 min). 7152215

2.00 Espace francophone. Magazine.Gaston Miron, un portrait "rapaillé".2.30 Les Brûlures de l’Histoire. Docu-mentaire. 30 avril 1975 : la chute deSaïgon. 3.45 La Grande Aventure deJames Onedin. Feuilleton. La fuite enavant (55 min).

France 215.30 V.T.T.

En direct Championnat deFrance(95 min). 2843889

17.05 Matt Houston. Série.17.55 Kung fu. Série.18.45 Les Z’amours. Jeu.19.25 Qui est qui ? Jeu.19.55 Au nom du sport.20.00 Journal.

20.55

DES TRAINSPAS COMMELES AUTRESAU PAYS DES INCASDocumentaire (100 min). 7064901De Lima à Nazca, la voie ferréequi grimpe jusqu’à 4 818 mètresd’altitude, propose un véritablevoyage dans le temps.

22.35

LA RIVIÈREESPÉRANCEFeuilleton de Josée Dayan,avec Manuel Blanc.[3/9] Rivages lointains(105 min). 69201230.20 Journal, Météo.0.35 Escrime.

Championnat du monde

1.05 Les Routiers. Série. 1.55 LaConfession du pasteur Burg.Téléfilmde Jean-Jacques Lagrange, avec Fré-déric Van den Driessche (rediff.,90 min). 4999296 3.25 24 heures d’in-fo. 3.35 Météo. 3.40 Urti.Documen-taire. Nicaragua : la situation de l’en-fance. 3.55 Urti.Documentaire. Taqpas la porte. 4.50 Safari Namibie.Do-cumentaire (50 min).

La Cinquième18.25 Le Monde des animaux : un combat pourles animaux. Sciences et animaux.

20.45

SOIRÉE THÉMATIQUE :LA COURSE À L’INFOProposée par Peter Paul Kubitz. Invité : Stefan Aust,rédacteur en chef de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.20.50 JT, l’information 24 heures sur 24.

Documentaire de Jutta Hess(1997, 30 min). 861765La vie quotidienne des journalistes de ladeuxième chaîne de télévision allemandeZDF chargés de recueillir et de diffuserl’information vingt-quatre sur vingt-quatre.

21.20 Le Monde en images.L’agence Reuter, documentaire de John Ayres etRainer Regensburger(1997, 45 min). 429727

22.05 Galerie de portraits.Documentaire (1997, 30 min). 119949

22.35 Feed. Ou comment devenir président,documentaire de Kevin Rafferty(1992, 75 min). 9916104

23.50 Epilogue : Mon dernier soupir.Court-métrage (5 min). 7818746Jean-Claude Carrière lit Buñuel.

23.55 E Jacquot de Nantes a a aFilm d’Agnès Varda, avec Philippe Maron(1991, N. et couleur, rediff., 115 min). 1930524

1.50 Le Quartier des persécutés.Documentaire (rediff., 45 min). 5521302

M 619.00 Relativity. Série. Le jour

où la Terre a tremblé.19.50 Tour de France

à la voile.19.54 Six minutes

d’information.20.00 Notre belle famille.

La maison des animaux.20.30 La Météo des plages.20.35 Hot forme. Magazine. Les

crèmes solaires.

20.45

LES TROISMOUSQUETAIRESLA VENGEANCE DE MILADYSeconde époque.Film de Bernard Borderie,avec Georges Descrières(1961, 110 min). 823369D’Artagnan et lesmousquetaires aux prises avecMilady.

22.35

LES CONTESDE LA CRYPTESérie 5 (100 min). 8266982La transformation. Beauté meurtrière. Le pantin du ventriloque.

0.15 Culture pub. Magazine [1et 2/2]. Spécial Festivalinternational du filmpublicitaire de Cannes(55 min). 2252418

1.10 Boulevard des clips. 2.10 Turbo(rediff.). 2.40 Coulisses. Jean-LouisAubert (rediff.). 3.05 Jazz 6 (rediff.).4.05 La Falaise du diable. Documen-taire. 4.45 Fan de - Best of (rediff.).5.10 Mister Biz - best of (20 min).

Canal +17.15 Les Beaux Jours

de l’hirondelle.Documentaire.

17.40 Le Dessin animé.E En clair jusqu’à 20.3518.40 Les Simpson.19.05 Les Héros de

Cap Canaveral Série.19.45 Flash d’information.19.57 Le Zapping.20.00 10 années formidables.

20.35

PEREIRAPRÉTEND aFilm de Roberto Faenza, avecMarcello Mastroianni, Daniel Auteuil(1995, 95 min). 322920

22.10 Flash d’information.22.15 La vie comme elle est...

Court métrage(15 min). 7834415

22.30

BATMANFOREVERFilm de Joel Schumacher, avec ValKilmer, Tommy Lee Jones (1995, v.o., 114 min). 9142456Après deux épisodes réalisés parTim Burton, d’après la célèbrebande dessinée, voici une suitede pure action, avec de beauxdécors, à laquelle on a bien dumal à s’intéresser.0.25 Golf.

Open britannique.A Troon (Ecosse).

1.55 Bongo Beat.Documentairede Jan Röed(55 min). 7151586

RadioFrance-Culture20.00 Le Rythme et la Raison.

Jean-Claude Izzo [4/5].20.30 Lieux de mémoire.

Le Pont d’Avignon.21.32 Fiction.

Deux jambes, deux pieds, monœil, de Monique Enckell.

22.40 Nuits magnétiques. PacoL’Araùcan, soldat de l’imaginaire.0.05 Du jour au lendemain.Marcelin Pleynet (Le Plus CourtChemin de Tel Quel à l’Infini). 0.48Les Cinglés du music hall. 1.00 LesNuits de France-Culture (rediff.). Lebaiser de Judas ; 1.26, Parsifal etl’enchantement du Vendredi Saint ;1.56, 1949 : L’affaire Kravtchenko, unprocès anti-stalinien à Paris ; 3.57,Glenn Gould ou Babel Réconciliée ;5.21, Pages arrachées à RaymondChandler ; 6.00, Les santons de la rue.

France-Musique20.30 Concert.

Festival de Musique de laSarre. Donné en direct duchapiteau du parc duMinistère de la Culture, parl’Orchestre symphonique de laRadio de Sarrebruck, dir.Michael Stern : Œuvres deKodaly, Bartók, Ravel, Saraste,Liszt, Berlioz, Brahms, J.Strauss, Lehar, Kalman,Barnabas Kelemen, violon.

0.00 Les Mots et les Notes (Rediff.).

Radio-Classique20.40 Les Soirées.

Concert enregistré le4 décembre 1996, à la sallePleyel, par l’Orchestre deParis, dir. WolfgangSawallisch, Julie Kaufmann,soprano, Lioba Braun, alto,Herbert Lippert, ténor, KurtMoll, basse : Œuvres deBeethoven : Les créatures deProméthée ; Messe en Ut ;Quatuor op. 20, de Haydn, parle Quatuor Hagen.

22 .30 Les So i rées . . . ( su i te ) .Hommage à Henri Dutilleux. Œuvresde Dutilleux, Debussy, Milhaud, J.Cassou, Webern, Stravinsky. 0.00 LesNuits de Radio-Classique.

Les films sur les chaîneseuropéennesRTBF 122.05 Naked in New York. Film de Daniel Algrant (1993,v.o., 85 min). Comédie.

RTL 920.30 La Nuit du défi. Film de Michael Ritchie (1992,105 min). Drame.22.15 Le Samouraï. Film de Jean-Pierre Melville (1967,105 min). Avec Alain Delon. Policier.0.30 Les Maudits. Film de René Clément (1946, N.,100 min). Drame.

TMC20.35 Haute société. Film de Charles Walters (1956,105 min). Avec Grace Kelly. Musical.

Chaînesd’informationCNNInformation en continu, avec, ensoirée : 20.00 et 23.00 World Busi-ness Today. 20.30 et 21.00, 1.00World News. 21.30 World Report.22.00 World News Europe. 22.30Insight. 23.30 World Sport. 0.00World View. 1.30 Moneyline. 2.15American Edition.

EuronewsJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.15, 19.45, 20.15,20.45, 21.45, 22.45 Economia. 19.20,20.20, 21.20, 22.20 Analysis. 19.39,20.09, 20.39, 21.09, 21.39, 22.09,22.39, 23.09 Europa. 19.50, 20.50,21.50, 22.50 Sport. 23.15, 0.15, 1.15No Comment. 23.45 Style. 0.45 Eco-logia. 1.45 Visa.

LCIJournaux toutes les demi-heures,avec, en soirée : 19.16 et 23.16 RuthElkrief. 20.13 et 20.45 Le 18-21. 20.30et 22.30 Le Grand Journal. 21.10 et22.12 Le Journal du Monde. 21.17 et22.19, 22.44 Journal de l’Economie.21.26 Cinéma. 21.42 Talk culturel.0.15 Le Débat.

Les programmes complets de radio,

de télévision et une sélection

du câble et du satellite sont publiés

chaque semaine dans notre supplément

daté dimanche-lundi.

Signification des symboles :

E Signalé dans « Le Monde

Télévision-Radio-Multimédia ».

a On peut voir.

a a Ne pas manquer.

a a a Chef-d’œuvre ou classique.

d Sous-titrage spécial pour les sourds

et les malentendants.

TV 520.00 Le Léopard a

Film deJean-Claude Sussfeld (1983, 100 min). 13311291

21.40 Le Combat des reines.De Peter Anger.

22.00 Journal (France 2).22.45 La Marche du siècle.

(France 3 du 2/7/97).0.15 C’est la vie. Magazine.0.45 Soir 3 (France 3).

Planète20.35 Portrait d’un tueur

de la mafia.20.55 Chronique d’un été

à l’ombre.21.40 Le Réseau

des Racing Drivers.[2/2]. Le temps des bombes.

22.35 Des hommesdans la tourmente.[10/32].Mussolini versus Sélassié.

22.55 Les Ailes de légende.Le CH-47.

23.45 L’Ame du gospel(100 min).

Animaux20.00 Le Monde secret

des animaux. 20.30 Les Yeux de la

découverte. Le squelette.21.00 Animaux en danger.21.30 Flipper le dauphin. 22.00 Regards sur la nature. 23.00 Mortelle Australie.

Océans.

Paris Première20.00 et 23.45

20 h Paris Première.21.00 L’Invraisemblable

Vérité a aFilm de Fritz Lang (1956, N.,v.o., 85 min). 68761494

22.25 E Les Documents du JTS.Les Maîtres du regard : Orson Wells.

23.00 Tschernuschenkodirige Tchaïkovski.Concert enregistré à Munich(Allemagne), en 1994 (45 min).

4869611

FranceSupervision19.00 Symphonie no 8 en do

mineur, de Bruckner.Concert enregistré à l’égliseabbatiale de Saint-Florian(90 min). 71603388

20.30 et 22.35 Coup de cœur.Invité : Alain Kremski,musicien, spécialiste des bolstibétains.

20.45 Vu d’ici.Ballet en cinq tableaux.Chorégraphie de CarolynCarlson. Musique de GabrielYared.

21.40 Didjeridou,musiques du monde.Nahawa Doumbia.

22.45 Concert de musiquepolonaise. Concertenregistré à l’Alte Oper deFrancfort (95 min). 92883630

Ciné Cinéfil20.30 Malaria a

Film de Jean Gourguet(1942, N., 90 min). 1770123

22.00 Orchestra Wives aFilm de Archie Mayo(1942, N., v.o., 95 min).

965249823.35 Le Club. Magazine.

Invité : Jean-Pierre Kalfon.

Ciné Cinémas20.30 Las Vegas,

un couple aFilm de George Stevens(1969, 110 min). 3665122

22.20 Un momentd’égarement aFilm de Claude Berri(1977, 85 min). 54246185

Festival20.30 Assédicquement vôtre.

Téléfilm de Maurice Frydland,(105 min). 66740388

22.15 Tous mes maris.Téléfilm d’André Farwagi,avec Patrick Chesnais(90 min). 28201543

Série Club20.45 Les Incorruptibles,

le retour. 21.35 Un Juge, un flic.

Un taxi pour l’ombre.22.30 Alfred Hitchcock

présente. Le procureur.23.00 Caraïbes offshore.

Crise d’identité.

Canal Jimmy20.00 Le Meilleur du pire.20.35 Lily, aime-moi a a

Film de Maurice Dugowson(1974, 100 min). 72828253

22.15 Chronique de la route.22.20 La Party (The Party) a

Film de Blake Edwards(1968, v.o., 100 min).

540499820.00 A bout portant :

les Charlots.0.50 Une fille à scandales.

(25 min).

Disney Channel19.05 Petite fleur.19.35 L’Incorrigible Cory.20.10 Les Twist I.20.35 Les Envahisseurs.

La vallée des ombres.21.30 Allez France ! a

Film de Robert Dhéry(1964, 70 min). 4482369

22.40 Au cœur du temps.23.35 Sylvie et compagnie.

Week-end au babyphone.0.00 Thierry la Fronde.

Téva20.25 Téva mode collections.20.30 et 22.30 Téva interview.20.55 Toute une nuit a a

Film de Chantal Akerman(1982, 95 min). 508212901

23.00 Clair de lune.Drôles de numéros.

23.45 Les Femmes de la mer.(60 min).

Eurosport20.00 Football. En direct.

Match amical. Liverpool -Göteborg (120 min). 942678

22.00 Boxe. Combat en dixreprises. Poids légers. JohnMolina - Elias Quiroz.

23.00 Body-building.

Voyage20.30 Suivez le guide.22.30 Lacs d’Europe.

Le lac de Constance.23.00 Chez Marcel.

Patrick Francès, journaliste.0.00 Un voyage,

un train : Chine (50 min).

Muzzik20.00 Concerto

brandebourgeois no 2.Concert (20 min). 500056235

20.20 Ars musica, ItalianViolin Sonatas. Concertenregistré en l’église deSpitafields, à Londres(40 min). 501318678

21.00 Teresa Berganza.Concert enregistré àEdimbourg(50 min). 500054727

21.50 Marc Perrone Tentet.Cinéma-mémoire.

22.55 Jean-Luc Pontyà Montréal. Concert(65 min). 503264098

0.00 Midnight Classics II :Mendelssohn. Concert(40 min). 500090470

Arte19.00 E Le Tour du monde en 80 jours. [4/14]19.30 7 1/2. Les coulisses du tourisme

franco-allemand ; L’île de Man.20.00 E Paysages : Auxey-Duresses (Côte d’or).

Documentaire (1995, 25 min). 7354320.25 Documenta. Reportage.20.30 8 1/2 Journal.

Page 25: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

LeMonde Job: WMQ1707--0025-0 WAS LMQ1707-25 Op.: XX Rev.: 16-07-97 T.: 10:07 S.: 111,06-Cmp.:16,11, Base : LMQPAG 43Fap:99 No:0372 Lcp: 196 CMYK

LE MONDE / JEUDI 17 JUILLET 1997 / 25b

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1997

Blueberry « Ombres sur Tombstone »par Giraud

b Résumé. – Les frères Clanton et McLaury se sontdéguisés en Apaches pour attaquer un convoi d’argent etdétourner les soupçons sur les troupes de Géronimo.L’homme d’affaires Strawfield, qui affrète ce convoi, fêteson départ au Dunhill, le grand saloon de Tombstone.Quant à Blueberry, il n’est toujours pas sorti du coma.

Page 26: o 16319 – 7,50 F JEUDI 17 JUILLET 1997 FONDATEUR : …Sonny Rollins ne jouera qu’à Anti-bes, le 20 juillet. Tout est complet d’avance, et pourtant on s’y bous-culera encore

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Les Rencontres de Pétrarque s’interrogent sur les progrès de la science

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JEUDI 17 JUILLET 1997

UN POLAR ÀLIRE AVEC Vendredi 18 daté samedi 19 juillet

35

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Salut et liberté !

F red V a r g a sa

VIVIANE HAMY

Tirage du Monde daté mercredi 16 juillet 1997 : 487 379 exemplaires 1 - 3

Catherine Bréchignac à la tête des 11 000 chercheurs du CNRSLE MINISTRE de l’éducation nationale, de la

recherche et de la technologie, Claude Allègre,devait proposer au conseil des ministres, mercre-di 16 juillet, la nomination de Catherine Bré-chignac à la direction du Centre national de la re-

cherche scientifique (CNRS), en remplacement deGuy Aubert, dont le mandat de trois ans est arri-vé à expiration.

C’est la première fois qu’une femme est appe-lée à la tête du CNRS. M. Allègre donne à cetteinnovation, qui ne dépare pas la « féminisation »du gouvernement de Lionel Jospin, « une signifi-cation symbolique forte ». Âgée de cinquante et unans, Cathérine Bréchignac, spécialiste des agré-gats atomiques, a effectué toute sa carrière auCNRS, où elle dirige depuis deux ans le départe-

ment des sciences physiques et mathématiques.De la nouvelle directrice, M. Allègre attend, avanttout, qu’elle « débureaucratise le CNRS » en « li-bérant les chercheurs des tâches administratives »et en « les rendant à leurs laboratoires ». Il lacharge, également, de « recruter des jeunes » – levieillissement des effectifs pose un problème par-ticulièrement aigu dans un établissement où lamoyenne d’âge dépasse quarante-six ans et dontla masse salariale absorbe 75 % du budget total –,de « rapprocher le CNRS de l’université », ainsi qued’« européaniser l’évaluation des équipes ». Unemission pour laquelle Mme Bréchignac aura besoinde toutes les qualités que lui prêtent ses collabo-rateurs : une « volonté sans faille » et une « rapidi-té de décision » qui peuvent passer pour un tem-pérament autoritaire, mais aussi une« impressionnante aptitude à analyser et à clarifierles dossiers ».

Il lui reviendra aussi de rétablir une certaine sé-rénité au sein d’une institution forte de26 000 agents, dont 11 000 chercheurs, de 13,4 mil-liards de francs de budget et d’une très grande di-versité de disciplines, mais sérieusement ébranléeces dernières années. Son prédécesseur, Guy Au-

bert, avait dû faire face à une situation de quasi-dépôt de bilan, due au fossé qui s’était creuséentre les autorisations de programmes (les dé-penses) et les crédits de paiement (les recettes)accordés par les pouvoirs publics. M. Aubertavait, « à la hussarde » mais avec succès, entreprisde rétablir l’équilibre financier du CNRS, avant des’attaquer à une refonte de ses structures. Il sou-haitait favoriser des programmes de recherche fi-nalisés. Un projet que le gouvernement d’AlainJuppé avait jugé préférable, électoralement, degeler.

La non-reconduction à son poste, au termed’un unique mandat, de M. Aubert – celui-ci de-vait être nommé conseiller d’Etat chargé de mis-sions à caractère scientifique – est la marqued’une autre approche de la part du nouveau gou-vernement. « Il n’est pas question de toucher à l’in-tégrité du CNRS, assure Claude Allègre. Mais cetétablissement est devenu une immense bureaucra-tie. Je veux privilégier la recherche fondamentale etdonner au CNRS les moyens de jouer pleinementson rôle sur la scène scientifique européenne. »

P. L. H.

PORTRAITCette spécialiste des agrégats atomiques devra réformer et rétablir la sérénité au sein de cette institution

Le couturier Versace a été assassiné à Miami

Un « tueur en série » homosexuel est soupçonnéWASHINGTON

de notre correspondantUn « contrat », une vengeance

de caractère homosexuel, voireune combinaison des deux ? Lapolice de Miami (Floride) et les en-quêteurs du FBI étudiaient ces dif-férentes hypothèses, mardi 15 juil-let, après l’assassinat de GianniVersace. Le couturier italien a ététué de deux balles tirées derrièrel’oreille et à bout portant, par « unBlanc âgé d’environ vingt-cinqans », selon les témoins.

Il était 9 heures du matin. GianniVersace revenait à pied du NewsCafé, un restaurant populaire situésur Ocean Drive, où l’on peutacheter des journaux, et où il avaitl’habitude de se rendre le matin.L’endroit est situé au centre deMiami Beach, une commune adja-cente à la grande métropole sur lacôte Atlantique.

C’est un quartier à la mode, unhaut-lieu pour la danse, la mu-sique et les restaurants, fameuxpour ses hôtels arts-déco, sa vienocturne et sa criminalité. GianniVersace a été assassiné sur lesmarches de sa maison, uneluxueuse villa blanche flanquée degrilles de fer forgé, au style vague-ment andalou. C’est au momentoù il ouvrait la porte de sa de-meure, avec sous le bras les maga-zines qu’il venait d’acheter auNews Café, qu’il a été tué. Lemeurtrier a aussitôt quitté les lieuxà pied et semble s’être ensuite dé-barrassé des vêtements qu’il por-tait en les abandonnant dans unparking en sous-sol, situé à proxi-mité.

La police a rapidement exclu levol parmi les mobiles possibles decet assassinat, dont les apparencestrès « professionnelles » font pen-ser à un « contrat » exécuté par untueur. La personnalité et les ru-meurs qui entourent la vie et laréussite financière de Gianni Ver-sace nourrissent, en effet, bien desinterprétations. Dans la soirée, leFBI faisait cependant savoir que lesuspect « numéro un » est un cri-minel extrêmement dangereux,

Andrew Cunanan. Cet homme, âgéde vingt-sept ans, qui figure sur laliste des dix criminels les plus re-cherchés par la police fédérale, adéjà quatre assassinats à son actif– dont celui de son ancien compa-gnon gay –, le dernier en date re-montant au 10 mai. Ces dernièressemaines, quelques deux mille af-fichettes à l’effigie de AndrewCunanan avaient été distribuéesen Floride.

UNE GESTION « FAMILIALE »Les détails fournis par la police

ne permettent pas d’attribuer uncaractère sexuel au meurtre deGianni Versace, mais, selon le chefde la police de Miami Beach, Ri-chard Barreto, « bien des indiceslient M. Cunanan » au meurtre ducouturier milanais. Gianni Versace,âgé de cinquante ans et célibataire,ne faisait pas mystère de son ho-mosexualité. Au-delà de sa noto-rieté d’homme qui habillait les cé-lébrités et notamment les stars dushow business, il avait attiré l’atten-tion des médias lorsque l’enquêteanticorruption dite « Mani Pulite »(« Mains propres »), lancée par lesautorités italiennes, avait épingléles milieux de la mode et de lahaute-couture, en 1994.

Gianni Versace était un hommesecret s’agissant de sa vie privée. Ildirigeait ses affaires et gérait safortune dans un style très familial(avec son frère Santo et sa sœurDonatella), celui de la région deReggio de Calabre, dans le sud dela botte italienne, où il est né. De-puis au moins une dizaine d’an-nées, les rumeurs selon lesquellesle couturier se livrait à des opéra-tions de blanchiment d’argentpour le compte de la mafia, se sontfaites insistantes. Il menait en touscas grand train, partageant sontemps entre sa résidence de Milan,la villa Fontanelle sur le lac deCôme, et sa maison de Miami, safortune faisant nombre d’envieux.

Laurent Zecchini

(Lire aussi notre article page 8)

Le ministre de la recherche entend redéfinirles missions du CNES (espace) et du CEA (atome)

Claude Allègre confie au « Monde » sa volonté de donner « la priorité » au domaine médicalLYON

de notre envoyé spécialLes remous suscités par sa sortie

sur le « mammouth » éducation na-tionale semblent avoir convaincuClaude Allègre de peser ses mots,s’agissant de la recherche en généralet du mastodonte Centre nationalde recherche scientifique (CNRS) enparticulier. « Je connais trop ce milieupour donner des coups de volantbrusques qui risqueraient d’entraînerdes dérapages », a-t-il confié auMonde, mardi 15 juillet, à l’occasiond’un déplacement à Lyon et à Gre-noble consacré à la recherche et àl’enseignement supérieur.

Cette prudence verbale n’em-pêche pas le ministre de l’éducationnationale, de la recherche et de latechnologie, qui, dès sa prise defonctions, avait martelé sa volontéde « débureaucratiser » l’appareilscientifique français, d’enfoncer au-jourd’hui le clou, en fixant ce mêmeobjectif au nouveau directeur duCNRS, une femme en l’occurrence,Catherine Bréchignac (lire ci-des-sous). « Il faut laisser les chercheurslibres de créer pour permettre aux dé-couvertes d’éclore dans les labora-toires », nous explique M. Allègre.

« Une politique de droite consiste àne pas mettre d’argent dans la re-cherche et à piloter celle-ci de façonétroite, vers des applications immé-diates, ce qui donne des résultatscatastrophiques, affirme le nouveauministre de la recherche. Ma dé-marche est exactement inverse. La re-cherche constituera une priorité na-tionale. Et je veux privilégier larecherche fondamentale, c’est-à-direle soutien aux laboratoires et non pasaux programmes. Ce n’est qu’ainsique la recherche pourra ensuite fé-conder l’économie. »

M. Allègre convaincra d’autantmieux les scientifiques – ainsi queleurs syndicats, pour la plupart fa-rouchement hostiles à la politiquede contrats d’objectifs engagée parla droite – de ses bonnes disposi-tions qu’il tiendra tout simplementses engagements. A commencer parla relance de l’emploi des jeuneschercheurs. Dans l’opposition, leParti socialiste estimait vital de dou-bler, en le portant à 5 %, le taux derenouvellement des effectifs dans

les organismes publics de recherche.« Je n’ai pas le fétichisme deschiffres », module aujourd’hui le mi-nistre, qui a toutefois rétabli lesquelque cent trente postes de cher-cheurs supprimés en 1997. « Nousallons remettre des postes, notammentau CNRS et à l’Inserm [Institut natio-nal de la santé et de la recherchemédicale]. Cet institut, pendant quel-ques années, va constituer la prioritédes priorités, pour résorber notre défi-cit en recherche médicale », indiqueM. Allègre.

Quand au budget de la recherche,que le PS avait promis de porter à2,5 % du produit intérieur brut(contre 2,3 % en 1995), « il devra êtremis en perspective avec les budgetsdes autres ministères, dans un contex-te de réduction des déficits publics »,prévient le ministre, qui table surune hausse de « 3 % à 4 % » en 1998.

« On ne peut pas faire une politiqueavec une marge de manœuvre de 3 %ou 4 % », admet cependant M. Al-lègre, qui annonce qu’« il faut redéfi-

nir des priorités dans un certainnombre d’organismes », en parti-culier dans les établissements pu-blics à caractère industriel etcommercial.

Il juge ainsi « ahurissante » la si-tuation du Centre national d’étudesspatiales (CNES). « Du fait de sonendettement et de sa contribution trèsimportante à l’Agence spatiale euro-péenne (ESA), il ne lui reste qu’un peuplus de 3 milliards de francs sur12,3 milliards pour conduire une poli-tique dont on ne voit d’ailleurs pas

bien quel est l’objectif. Nous avonspourtant tous les moyens pour menerun très bon programme spatial, sansêtre forcément liés aux Américains. Ilva falloir y réfléchir plus qu’on ne l’afait dans le passé. »

Le Commissariat à l’énergie ato-mique (CEA), lui aussi subventionnémajoritairement par l’Etat, est égale-ment concerné. Aux chercheurs ducentre de Grenoble, qu’il rencontraitmardi 15 juillet, M. Allègre a fait partde son souhait de « recentrer cet or-ganisme, dont la qualité scientifiqueest exceptionnelle mais qui n’a pastoujours été bien utilisé, sur l’atome etl’énergie ». Au domaine réservé dunucléaire, appelé à « rester au cœurde la politique énergétique de laFrance », s’ajouterait « celui desénergies nouvelles », plus spéciale-ment les études sur la propulsionélectrique et le solaire.

Que deviendraient, alors, les acti-vités de recherche non nucléaire etde technologies avancées, spéciale-ment en informatique, menées auCEA ? La redéfinition de ses mis-sions pourrait amener à « rendre leCEA et le CNRS plus coopératifs », ré-pond simplement le ministre. LeCEA pourrait ainsi prendre « la res-ponsabilité de toute la physique nu-cléaire », tandis que le CNRS coor-donnerait en contrepartie l’activitébiologique du CEA non directementliée au nucléaire.

Une telle recomposition du pay-sage scientifique national va bienau-delà de simples rectifications defrontières. A l’avance, M. Allègres’efforce de désamorcer les craintesdes chercheurs en assurant que cetteremise à plat s’accompagnera d’une« expansion de l’emploi scientifique ».

Pierre Le Hir

BOURSE TOUTE LA BOURSE EN DIRECT 36 15 LEMONDECours releves le mercredi 16 juillet, a 10 h 15 (Paris)

FERMETUREDES PLACES ASIATIQUESTokyo Nikkei 20358,74 + 1,44 + 5,15Honk Kong index 15446,02 – 0,27 + 14,83

OUVERTUREDES PLACES EUROPEENNES

Cours au Var. en % Var. en %16/07 15/07 fin 96

Paris CAC 40 2986,47 + 1,21 + 28,96Londres FT 100 4909,60 + 0,21 + 19,21Zurich 1916,81 .... + 45,08Milan MIB 30 21615 + 0,81 + 37,70Francfort Dax 30 4121,13 .... + 42,66Bruxelles 14211 + 0,76 + 34,43Suisse SBS 2702,86 .... + 44,24Madrid Ibex 35 7064,12 .... + 37,04Amsterdam CBS 642 .... + 46,81

20358,74

Tokyo. Nikkei sur 3 mois20681,10

19994,23

19307,35

18620,48

17933,60f16 avril 2 juin 16 juil.g

DÉPÊCHESa ÉLYSÉE : l’ancien garde des sceaux Jacques Toubon (RPR) a éténommé conseiller auprès du président de la République par JacquesChirac, indique le Journal officiel du 16 juillet. Agathe Sanson, qui diri-geait le service de presse de Matignon lorsqu’Alain Juppé était pre-mier ministre, occupera cette fonction à l’Elysée.a RPR : La Lettre de la Nation, organe de presse du mouvementgaulliste depuis 1962, annonce sa disparition dans son édition du16 juillet « pour des raisons d’économies ».a ESCRIME : le Français Eric Srecki a conservé son titre de cham-pion du monde à l’épée en battant en finale le Russe Pavel Kolobkovpar quinze touches à quatorze, mardi 15 juillet au Cap en Afrique dusud, lors des championnats du monde d’escrime. – (AFP.)a JUSTICE : le parquet de Marseille a fait appel, mardi 15 juillet,de toutes les condamnations prononcées dans l’affaire des comptesde l’Olympique de Marseille, le 4 juillet. Les avocats de Bernard Tapie,condamné à trois ans de prison dont dix mois ferme, avaient déjà in-terjeté appel du jugement.

MONTPELLIERde notre envoyé spécial

Face aux conséquences redou-tables de certaines découvertesscientifiques, d’Hiroshima au clo-nage, nombreux sont ceux qui sedemandent s’il ne conviendraitpas d’arrêter le progrès. Ou toutau moins de fixer des limites autravail des savants en renonçant àla sacro-sainte liberté de la re-cherche. On a longtemps cru quela science, principale figure duprogrès depuis le XVIIIe siècle,était appelée à assurer le bonheur

de l’humanité. Aujourd’hui, l’es-poir a fait place au doute ou à lapeur ; l’orgueil à la modestie.

Les participants aux douzièmesRencontres de Pétrarque, organi-sées à Montpellier par France-Culture en association avec LeMonde, et consacrées à la question« Le progrès, une idée morte ? »,ont pris acte de cette montée duscepticisme et de l’inquiétude, ense demandant, mardi 15 juillet, aucours de la séance d’ouverture, sil’on peut « faire confiance à lascience ».

La méfiance envers la raisontriomphante ne date pas d’au-jourd’hui. Le philosophe Alain Re-naud, professeur à l’école desbeaux-arts de Saint-Etienne, arappelé que pour Jean-JacquesRousseau « l’homme qui médite estun animal dépravé ». D’autresformes de contestation se sont ex-primées au XIXe siècle. Elles ontpris de l’ampleur au lendemaind’Hiroshima, comme l’a relevé lephysicien Jean-Marc Levy-Le-blond puis, plus récemment, avecle développement des sciencesbiomédicales : on s’est aperçualors, selon l’historien dessciences Benoît Massin, que c’étaitla science elle-même, et non sesseules applications, qui était enquestion.

ÉDICTER DES INTERDITS ?Comment établir des bornes à

l’ambition des chercheurs ? Marie-Angèle Hermitte, directeur de re-cherche au CNRS, a fait observerque la liberté de la recherche étaitperçue par les juristes, il y a unedizaine d’années encore, commeillimitée et que quiconque la re-mettait en cause se voyait jeter àla figure les noms de Galilée ou deLyssenko. Sur quels fondements

imposer des limitations, édicterdes interdits ? Quand on parle delimites, a indiqué la philosopheFrançoise Gaillard, on s’appuie surquelques vagues réactions affec-tives ou sur une morale assezfloue. Mais quelle idée del’homme veut-on défendre ? Leclonage, par exemple, est-il si in-quiétant ? Après tout, à travers lessiècles, la définition de l’homme achangé. Ne peut-on pas accepterl’idée qu’on entre dans une nou-velle culture comme on l’a faittant de fois dans le passé ?

Vives réactions du philosopheAlain Finkielkraut. La question ca-pitale, a-t-il souligné, est bien celledes limites. Ceux qui les refusent,se réclament de l’historicisme enmettant l’accent sur l’extrême di-versité des formes d’humanité àtravers les âges en opposant cet« artificialisme » historique au« naturalisme archaïque » de leursopposants. En cela, ils rejoignentles savants pour qui la réalité est« indéfiniment malléable ». Contrecette tendance relativiste, AlainFinkielkraut nous demande « d’ai-mer un peu notre monde » pourêtre capables d’en répondre.

Thomas Ferenczi

« Fermer Superphénix... dans l’intérêt du nucléaire »« L’abandon de Superphénix est une décision sage », a déclaré

Claude Allègre au Monde : « Il faut savoir tirer un trait sur les échecs »,dit-il. Constatant « une reprise du lobbying nucléaire » en faveur dumaintien en activité du surgénérateur, le ministre de la recherchejuge cette réaction « irresponsable » et de nature à « cristalliser uneopposition à l’ensemble de la filière électronucléaire ».

M. Allègre, qui considère que la centrale à neutrons rapides deCreys-Malville ne peut être utilement convertie en réacteur de re-cherche, affirme qu’il « pèsera pour que la fermeture de Superphénixsoit la plus rapide possible, sous réserve des contraintes techniques,dans l’intérêt du nucléaire ». Le ministre, qui se félicite de « l’attituderesponsable et positive » du Commissariat à l’énergie atomique dansce dossier, invite EDF à « consacrer, dès maintenant, des ressources im-portantes à la préservation de l’emploi sur le site de Creys-Malville ».