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9 FÉVRIER C’était le bon choix P. 17 SANTÉ Cancer du saint P. 7 VAUD As des rixes P. 6 GENÈVE Marche ou grève P. 4 JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA Vendredi 6 février 2015 // N o 221 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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9 FÉVRIERC’était le bon choix P. 17

SANTÉCancer du saint P. 7

VAUDAs des rixes P. 6

GENÈVEMarche ou grève P. 4

JAA – 1300 Eclépens PP/Journal – Poste CH SA

Vendredi 6 février 2015 // No 221 CHF 3.50 // Abonnement annuel CHF 140.– // www.vigousse.ch

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

Les rois de la coupeJean-Luc Wenger

Les états-majors des partis avaient cogité fort

pour trouver LE sujet de campagne susceptible

de faire gagner quelques sièges, ou de limiter

les pertes, aux élections fédérales d’octobre. Et

voilà, surprise, que la BNS a décidé de laisser

flotter le franc. Dès lors, chacun (surtout à droite, soyons

réalistes) y va de sa proposition d’économie. En charge de

ce département, Johann Schneider-Ammann a lancé une

bombinette depuis Davos : il faut baisser les salaires.

D’autres, et depuis plus longtemps, proposent de rogner

l’aide sociale. Certes, elle est du ressort des communes et

des cantons, mais plusieurs parlements vont dans ce sens.

La droite neuchâteloise veut, par exemple, remettre les

« profiteurs » au boulot via des travaux d’intérêt général.

Alors oui, faisons turbiner les fainéants, s’il en reste.

Le thème est suffisamment populiste pour germer sur le

terreau de la morosité ambiante. Il est bien sûr porté à

bout de bras par un parti qu’on ne citera pas, certains

nous reprochant d’être parfois critiques envers l’UDC.

Evidemment, on entendra reparler de Carlos, jeune

délinquant qui aurait coûté 29 000 francs par mois

en programme de réinsertion. Et aussi de la commune

zurichoise qui versait 60 000 francs par mois à une

famille de réfugiés érythréens. Ces abus surmédiatisés

font merveille pour crier au loup, étranger si possible,

et engranger des voix.

Sous pression, les instances suspectes d’accorder trop de

largesses aux indigents se consultent jusqu’à mi-mars.

Notamment sur le forfait pour l’entretien, les incitations

financières et les mesures de sanction. Un agenda parfait

pour la droite économique et l’UDC.

On crie à la crise, d’accord. Pourtant, les instituts de

recherche économique tablent sur une récession de courte

durée. Qu’à cela ne tienne, quand on aura raboté l’aide

sociale et réduit les salaires, comme certaines entreprises

tessinoises l’ont si vite fait, on oubliera naturellement

toute idée de réajustement.

Couper du côté des pauvres, c’est toujours une riche idée.

Ç A , C ' E S T F A I T !C ’ E S T P A S P O U R D I R E ! Q U E L L E S E M A I N E ! 32

LE CHIFFRE

60 millions

La péréquation financière intercantonale (pot commun par lequel les cantons riches

redistribuent un peu de leur manne aux cantons démunis) est en

danger. Peu enclin à casquer pour les autres, un député de l’opulent

canton de Zoug, le plus gros contributeur par habitant, lance en effet une initiative visant à bloquer

60 millions sur la participation cantonale de 320 millions. Pour savoir qui paiera la différence, on

fera ça à zig zag Zoug ?

La mal-aiméeLe mouvement Pegida (Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident), qui multiplie les marches en Allemagne, a encore perdu sa tête. Katherin Oertel, qui avait très récemment succédé à Lutz Bachmann, a donné sa démission en arguant qu’elle ne supportait plus d’être la proie de menaces, d’insultes et de mépris. Elle aura au moins découvert que la haine, ça marche dans les deux sens.

Lagarde du roiAu Forum économique mondial de Davos, la présidente du Fonds monétaire international Christine Lagarde a prononcé un émouvant discours sur feu le roi Abdallah d’Arabie saoudite. Entre autres flatteries, elle a souligné que le monarque était « un grand défenseur des femmes ». Pas faux : pour les Saoudiennes, beaucoup de choses étaient bel et bien défendues.

Hommage disparuAprès le carnage à Charlie

Hebdo, le Musée Hergé

sis à Louvain-la-Neuve

en Belgique avait promis

d’honorer la mémoire des

dessinateurs assassinés

en leur dédiant une

exposition. Mais suite

à une réunion avec la

police et le bourgmestre,

l’événement a été annulé

pour cause de dangers

potentiels. Pour l’hommage

aux caricaturistes, tintin !

Pelote de peinesEn 2012, au Qatar, une enseignante états-unienne de 40 ans a été assassinée à son domicile par un agent de sécurité. Après des mois d’enquête et de procès, la justice a enfin tranché : aux parents de la victime de fixer la sentence ! Conformément à la charia, c’est en effet à la famille de décider si le condamné doit verser le prix du sang (une compensation financière), s’il mérite le pardon ou s’il doit être exécuté. Du pognon, l’absolution ou la décapitation : difficile de trancher.

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

Eric Girardet, 60 ans, est chauffeur poids lourd professionnel depuis plus de trente ans. Jamais un acci-dent, jamais un contrôle positif, jamais de faute. Mais depuis le 31 décembre 2014, il a l’interdiction de conduire. Quel crime a-t-il donc commis ? Réponse : ne pas avoir donné suite à un courrier reçu en son absence.

Tous les deux ans, les chauffeurs professionnels doivent se soumettre à un examen médical. En octobre 2014, Eric Girardet se rend donc au Centre d’évaluation médicale de l’aptitude à la conduite (CEMAC). Comme d’habitude, on lui contrôle la vue, les réflexes et le sang. Ce n’est que plusieurs semaines plus tard, le 10 décembre, que le rapport lui est envoyé à domicile, avec un petit élément en plus : il est invité à prendre au plus vite

contact pour un nouveau contrôle sous peine de voir son permis sus-pendu au 31 décembre. C’est que l’analyse sanguine d’octobre aurait décelé des traces d’alcoolémie. Le problème, c’est que durant le mois de décembre, Eric roule à l’étran-ger : il ne voit donc pas ce courrier et logiquement il n’y donne pas suite. Du coup, le règlement s’ap-plique et son permis est suspendu au 31 décembre.

De retour à Chernex, Eric Girardet dépouille son courrier, découvre le bazar et tombe des nues : il n’a jamais eu le moindre souci d’alcoo-lémie. Rien qu’en 2014, il a été contrôlé deux fois avec zéro virgule zéro milligramme. Il fonce alors

CAMION SCIÉ L’administration vaudoise empêche un routier de prendre le volant. Lui voudrait bien qu’elle mette un peu les gaz.

Panne de suspension

F A I T S D I V E R S E T V A R I É S4

Aujourd’hui, tout se jette et se rem-place à tour de bras. Une frénésie consumériste nuisible au porte-monnaie mais aussi à la planète. Mais la résistance s’organise, por-tée par des gens résolus à réfléchir autrement. C’est ainsi qu’est né aux Pays-Bas le concept de Repair Café, ou café-réparation. A des dates ponctuelles, les participants apportent dans un local ce qu’ils souhaitent retaper: objets électroniques, vêtements, vé-los... Des bricoleurs chevronnés et bénévoles fournissent les outils et aident à la réparation. Un échange se crée, du savoir-faire est transmis : l’intéressé apprend à se dépatouil-ler face à l’objet défectueux.

Les Repair Cafés ont essaimé en Suisse romande, d’abord à Sion, puis à Genève, Neuchâtel et Lau-sanne entre autres, souvent avec l’appui de la Fédération romande des consommateurs. A Neuchâtel, les deux premières éditions ont connu un franc succès, presque sans aucune pub. Le couvert y sera remis le 29 mars et le 30 mai, sauf modifications. Bricoleur aguerri ou débutant à deux mains gauches, tout le monde est bienvenu. Aël Kistler, instiga-teur du Repair Café de Neuchâtel, précise que pour être réparateur

bénévole, « mieux vaut avoir une certaine idée du bricolage. Mais en tant que visiteur, je pense justement qu’il est largement plus intéressant de ne pas y connaître grand-chose... On apprend beaucoup plus ! » Pour ne rien gâcher, les ateliers com-portent une dimension conviviale, bonne bouffe et boisson à la clé. Rien à voir donc avec un hypermar-ché bondé un samedi après-midi.

Mais comment ce genre de projet est-il financé ? Simple : à Neuchâ-tel, tout le monde est bénévole et la communication passe gratuitement par les réseaux sociaux, le bouche- à-oreille, quelques papillons... Le seul coût réel réside donc dans la location ponctuelle du local : elle est arrangée de manière flexible avec les locataires permanents, en l’occurrence trois associations aux activités proches, et intégralement remboursée par les dons des par-ticipants. Lesquels versent une contribution libre, à bien plaire,

LE COÛT DE LA PANNE Obsolescence programmée et fièvre acheteuse : la société de consommation rend les gens cons. Mais certains rechignent.

Bricolos écolos

5

chez son médecin traitant, lequel confirme par écrit que le chauffeur n’a aucun problème d’alcool. Là-dessus, une lettre datée du 22 janvier 2015 invite Eric à se pré-senter pour une expertise auprès de l’Unité de médecine et de psy-chologie du trafic (UMPT). Les frais, payables d’avance, sont à la charge du présumé coupable. Ladite convocation est motivée par un pré-avis du médecin-conseil du Service des automobiles, document dont Girardet n’a jamais eu connaissance.

En attendant cet examen, le chauffeur est réduit à une inaction qui devient pénible. Le manque à gagner aussi. « Si j’avais tort, je n’ose-rais pas vous parler, mais je trouve que mon cas est un exemple absurde que d’autres pourraient subir », dit-il.Rien de scandaleux dans cette ba-nale histoire de courrier, de délai de réponse et de mesures suspen-sives, bref, de bureaucratie. Mais pendant que la procédure adminis-trative suit tranquillement son petit bonhomme de chemin, Eric, lui, voudrait bien reprendre la route.

J.-L. W.

Le strip de Vincent

Des substances pas au poil Pour nombre d’hommes, c’est comme pour toutes les femmes : les poils, c’est barbant. Heureuse-ment, la solution est simple : un petit coup de rasoir et l’affaire est réglée en deux temps trois mou-vements. Il y faut une dose de mousse, bien sûr, pour que l’opé-ration soit agréable et bienfaisante. Peau rafraîchie et douce comme celle d’une pêche, voire hydratée et apaisée, l’industrie cosmétique tar-tine toutes sortes d’arguments et de réclames glamour pour vendre ses bonbonnes.

Mais la mousse à raser comprend des ingrédients moins doux qu’ils n’en n’ont l’air. Par exemple, la Protect Mousse de Williams, qui a pour ambassadeur l’imberbe na-geur Florent Manaudou, a récem-ment été ciblée, en France, par une pétition réclamant des modifica-tions de la formule. C’est qu’elle contient des substances peu enga-geantes : de l’hydroxytoluène buty-lé, suspect de causer le cancer de la prostate et de réduire la fertilité, de la triéthanolamine, allergène reconnu et de surcroît cancérigène s’il est souvent employé, ou encore du méthylisothiazolinone, conser-vateur qui provoque de l’eczéma. Un bon quart des mousses à raser contiennent ces saloperies ou, plus scientifiquement dit, ces perturba-teurs endocriniens.

A bien y réfléchir, les mousses à raser relèvent des produits super-flus insidieusement imposés par la propagande industrielle. Par ail-leurs, bien des consommateurs un peu blaireaux ignorent qu’il ne faut pas balancer la bonbonne à la pou-belle, mais dans un conteneur pour

recycler le métal, après avoir ôté le bouchon en plastique. Et question prix, nul besoin d’être un génie pour constater que la mousse à raser coûte bien plus cher et dure moins longtemps qu’un simple savon d’Alep ou de Marseille. Lesquels ont pour autre avantage d’être exempts de subs-tances dont les effets sanitaires font dresser les poils. N. M.

C O N S O & C O N S O R T S

pour les conseils et les outils dont ils bénéficient. Et souvent, ils sont si contents qu’ils sont portés à la générosité ! Gaëtan Milliard, membre de l’équipe neuchâteloise, explique que ce café « a un rôle de prise de conscience : prendre le temps, dé-couvrir la réparation, discuter avec d’autres personnes des problèmes communs que l’on a rencontrés et s’entraider. Nous ne critiquons pas directement la société de consom-mation, mais nous essayons d’offrir une alternative qui nous paraît meil-leure. » Et Aël Kistler de pointer du doigt le rôle de l’acheteur, qui contribue allègrement à la spirale du prêt- à-jeter : « Le pouvoir d’achat, c’est aussi et peut-être surtout le «pouvoir de non-achat ». Renoncer à un bien ou à un service qui n’a pas vraiment d’uti-lité, ou que l’on sait avoir un impact négatif, est déjà un acte citoyen ! » Une philosophie à consommer sans restriction. Noémie Matos

En décembre 2014, la journaliste égyptienne Mona Iraqi a suscité l’indignation générale avec son re-portage sur une rafle d’homosexuels dans un hammam du Caire. Un su-jet brûlant, car même si les relations entre deux personnes de même sexe ne sont pas formellement interdites par la loi égyptienne, le gouverne-ment du pays les combat avec force et persécutions.

Ainsi, une semaine avant les évé-nements, la reporter a informé elle-même la police sur les pratiques de « débauche » se déroulant au sein du hammam. Puis, cachée à quelques pas de l’entrée, elle a assisté à la descente et en a filmé chaque menu détail. Des images particulièrement dures, qui montrent 26 hommes nus, menottés et effondrés, emme-nés manu militari par les forces de l’ordre. Et le lendemain, lors de la diffusion de son émission, la déla-trice n’a pas jugé utile de dissimu-ler le visage des personnes arrêtées.

Au contraire, afin qu’ils soient bien reconnaissables, elle a publié une photo de chacun d’entre eux sur son compte Twitter. Le tout souligné d’une remarque triomphante quant à son rôle dans le démantèlement de cet « antre de la perversion ».Mais la sale harpie n’a pas jubilé longtemps. Face au tollé engendré par ces arrestations et par le rôle de la journaliste, cette dernière a vite retourné sa veste. Elle a retiré tous les commentaires et photos des ré-seaux sociaux avant de jurer n’être en rien responsable de ces tristes événements, prétendant même ne pas combattre l’homosexualité mais l’exploitation sexuelle…

Personne ne l’a crue et la sorcière a connu un juste retour de mani-velle. Non seulement elle a été

virée du festival de court-métrage bernois Shnit, au sein duquel elle œuvrait en tant que responsable de la section égyptienne. Mais en plus, les 26 accusés de « dé-bauche et attentat à la pudeur », dont 21 clients et 5 membres du personnel, ont été totalement acquittés fin janvier ! Ils sont maintenant libres de poursuivre la journaliste en justice. Et Mona a perdu son énigmatique petit sou-rire. Alinda Dufey

Caire psychologiqueÉTAT DE GARCE Une journaliste cairote ne recule devant rien pour « lutter contre la débauche » et s’offrir un reportage croustillant : homos les grands remèdes.

La peur du gendarmeLe jeudi 29 janvier, le Service public genevois est descendu dans la rue. Enseignants, infirmières et policiers manifestaient leur crainte de restric-tions budgétaires. Mais attention, les flics protestataires étaient en congé, et ce suite à des ordres stricts : pas d’action rebelle pour les agents en service, même pas de grève du zèle. A la clé, des menaces de licencie-ment à peine voilées.C’est le commandant ad interim de la gendarmerie, Thierry Drocco, qui a transmis à ses maréchaux, par écrit, les directives pour la journée de débrayage. Lesdits maréchaux devaient prendre leur service à 0530 et signifier aux troupes l’interdic-tion d’aller au rendez-vous fixé par le GAP (Groupement des associa-tions de police). Les maréchaux devaient aussi dresser une liste des policiers qui « d’emblée feraient état de leur participation aux actions syn-dicales ». Dernier point : « Les maré-chaux avisent immédiatement l’EMG de toute information pertinente en relation avec les actions syndicales.» Et vive la délation.

Cet ordre de marche très démocra-tique, écrit Thierry Drocco, « s’appuie sur le contenu de la lettre de M. Mau-det » : une missive datée du 21 jan-vier où le conseiller d’Etat rappelle le « service minimum au sein du corps de police lors d’actions syndicales ». Il y invoque la directive départe-mentale du 14 janvier 2009, laquelle stipulait notamment « qu’aucune action relevant des missions de police n’est menée pour appuyer une action syndicale ». Troublante coïncidence, le jour même des manifs de la fonc-tion publique, la Tribune de Genève publiait, en vue du référendum can-tonal du 8 mars, une annonce atti-rante au slogan limpide : « Oui à la nouvelle loi sur la police ». Cheveux ras et moustache impeccablement taillée, Olivier Grosjean, l’ancien commandant de la gendarmerie (2012-2014), y pose en uniforme d’officier. Tiens ? Mais il a été rétro-gradé et il vit avec sa confortable retraite, non ? A-t-il le droit de res-sortir son costume réglementaire de la naphtaline pour faire campagne en faveur d’une loi dont les flics de base ne veulent pas ? Curieusement, il semble que ni Pierre Maudet ni Thierry Drocco n’aient émis de di-rectives à ce sujet. Circulez ! Jean-Luc Wenger

UNE REMORQUE QUI FÂCHE

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

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En publiant un fourre-tout plein de vide vaniteusement intitulé Mon combat contre une mort annoncée, Daniel Grand d’Hauteville a rejoint la longue lignée de nombrilisme héroïque aux titres similaires (Mon combat pour être mère, Mon combat contre la mucoviscidose, Mon com-bat pour les enfants autistes, Mon combat pour la vie, Mon combat contre l’anorexie…), sans parler de Mon combat tout court, ou Mein Kampf en version originale. Mais monsieur Grand d’Hauteville ne se contente pas de se mettre en lumière par écrit : il s’adonne aussi à des conférences. Quelle meil-leure opportunité de montrer à la face du monde quelle merveilleuse personne on est, quelle dure réa-lité on affronte, avec quel courage et surtout avec quelle immense et admirable modestie ? Et quelle meilleure manière de fasciner les crédules ?

Jeudi 29 janvier à Chexbres (VD), l’individu a donc rameuté une trentaine de personnes, dont quelques municipaux béats, de surcroît organisateurs du machin. Sous le titre « Auto-guérison : psy-chisme contre le cancer », l’affi-chette sombre où luit une aura de feu ne laisse planer aucun doute. « Venez découvrir les pouvoirs que dirige votre esprit », enjoint-elle. C’est donc bien de magie qu’il s’agit. Suivez le druide.Passons sur l’éloquence pompeuse et poussive, et voyons la recette de « l’autoguérison ». D’abord, une louche écœurante de paternalisme colonial : en vacances en Equa-teur, notre héros noble et généreux avise une vieille dame manifes-

tement démunie et décide, car il a un cœur d’or, de lui offrir une vache. Comme, selon lui, la pau-vresse indigène ignore forcément ce qu’est un touriste et encore plus ce qu’est la Suisse, il choisit de pré-senter ses deux blondes fillettes, qui voyagent avec lui, comme des anges venus du ciel (c’est bien plus simple). Ce sont donc elles qui donnent à l’Equatorienne l’argent pour le bestiau. Eperdue de gratitude, la vieille tombe alors à genoux devant ses bienfaiteurs. Jusqu’ici, on voit mal où est l’auto-guérison, mais on voit déjà bien l’autocélébration.

Suit une bonne dose de gloire par procuration. Car lors d’un autre voyage, Daniel a pu rencontrer l’un des douze. Pas les apôtres, non : l’un des douze humains à s’être rendus sur la Lune. Et qui lui a ra-

SIRE CONFÉRENCE L’autoguérison par le psychisme peut vaincre le cancer, selon l’auteur et conférencier Daniel Grand d’Hauteville. Lequel, jeudi dernier à Chexbres, pérorait comme un malade. Faisons le tour de la question.

conté comme la Terre est petite vue de là-bas. N’est-ce pas incroyable ? L’autoguérison, cela dit, reste der-rière la face cachée du propos.

Là-dessus, quelques conseils de vie pétris de sagesse : il faut manger sainement, consommer des fruits et marcher chaque jour trois kilo-mètres. Et il faut aimer ses proches. Révélation !Ajoutons une lampée de drame et d’héroïsme : Daniel narre qu’il a sur-vécu au crash d’un avion qu’il pilo-tait, qu’il a traversé une expérience de mort imminente et qu’avec ses filles il a fait des becs à des lions de mer. Que d’émotions ! Mais l’homme est aussi bardé de compé-tences en « science », à ce qu’il dit. A l’appui, il rappelle qu’il a consa-cré deux chapitres de son ouvrage à la fonte des glaces et à l’élection du pape. Vu le ton, ce n’est pas de l’autodérision. Quant à l’autoguéri-son, on ne sait toujours pas.A l’issue de ce blabla creux et bouf-fi de narcissisme bien-pensant, le malaise est perceptible dans

Guéris donc !Fermement résolue à combattre les graines de terroristes en ses sillons, la France a lancé une double campagne de prévention qui ferait rire si elle n’intervenait pas dans un contexte aussi dramatique. Première action : un panneau, large-ment diffusé sur internet, pour rendre les parents attentifs au comporte-ment suspect de leur progéniture. En substance, si votre boutonneux cesse d’écouter de la musique, boude le cinéma, renonce à la piscine et re-chigne à manger sa viande, appelez la police. Résultat : un climat de ten-sion et de suspicion accru au sein de familles déjà désunies où des liens de confiance plus solides, au contraire, feraient de bien meilleurs garde-fous.

Plus étrange encore, le clip vidéo destiné aux adolescents et intitulé « Ils te disent ». Les belles promesses des

ŒIL POUR ŒIL Contre le djihadisme sur la Toile, le Gouvernement français sonne l’Allahli.

recruteurs en ligne de l’Etat islamique y sont confrontées à l’horrifiante réalité du terrain. L’arme des images violentes, naguère prisée des fanatiques, est ainsi retournée contre eux. A première vue, c’est de bonne guerre, mais le truc ressemble un peu trop à un spot de réclame ac-cusant la concurrence de publicité mensongère. Et la diffusion de scènes violentes suffit-elle à remplacer des argumentions sensées, totale-ment absentes du clip ? Du coup, le message est au même niveau que celui de l’adversaire : sang pour sang, une vérité contre une autre, et que chacun se fasse son opinion. Joli cadeau aux djihadistes, qui ne manqueront pas de l’ex-ploiter en invoquant la propagande mensongère ennemie et la théorie du complot. Quant au slo-gan « #StopDjihadisme » lancé pour l’occasion, il est déjà largement détourné et gorillé sur les réseaux sociaux.

Bref : pourrir la relation parents-enfants, en-gager un duel de violence en images et décré-dibiliser l’Etat, tels sont les effets pervers de cette campagne hâtive. Et bien sûr, la langue étant commune et le village global n’ayant pas de frontières, le web romand a largement re-layé la chose. Si vous voyez des gens se marrer en visionnant le clip français, n’appelez pas la police ! Samuel Dubuis

Ne nous quitte pas !

T E S T À C L A Q U E SF A I T S D I V E R S E T V A R I É S 76

« J’ai fait plein de conneries, il n’y a qu’à voir mon casier. »

Audience en correctionnelle dans un tribunal d’arrondissement. Noms fictifs mais personnages réels et dialogues authentiques.

Monsieur Diallo est accusé de rixe, injure, provocation au crime et à la violence, émeute, violence ou menace contre les autorités et les fonctionnaires.– Le 1er mars 2014, une bagarre impliquant une cinquantaine de personnes a eu lieu à Lausanne. Monsieur Diallo a été la seule personne arrêtée, puis inculpée, explique le juge. Selon le rapport de police, il s’est montré particulièrement agressif et a hurlé « nique la police ! », puis « venez, on les bute ! » – C’est faux ! réagit l’accusé. J’étais en boîte avec ma copine, on a senti que ça devenait chaud, alors on est sortis. Dehors, on a vu qu’il y avait des embrouilles, comme ça nous concernait pas, on est partis : elle en voiture avec ses copines et moi en train avec mes potes. C’est tout.Le magistrat se tourne vers le policier :– Avez-vous vu monsieur Diallo participer à la bagarre ?– Oui. Avant que mes collègues et moi intervenions, j’ai observé et évalué la scène. J’ai parfaitement vu cet homme, non seulement parce qu’il était le plus excité, mais aussi parce qu’il portait une casquette et une veste rouges.– Puis vous êtes allé prendre votre train, poursuit le juge en fixant le prévenu. Et comme c’est souvent le cas, la bagarre du Flon s’est poursuivie à la gare.

– Oui, j’ai marché jusqu’à la gare et là j’ai vu passer un flic qui tenait sa gazeuse. C’est vrai que ce n’est pas très malin de ma part, mais je lui ai dit « elle est pas mal, ta gazeuse ». Et là, direct, il m’a sprayé, puis il m’a foutu par terre et m’a traîné par la jambe. Alors j’ai essayé de me défendre et j’ai mis des coups.Le policier donne sa version :– Pour prévenir de nouvelles bagarres, un dispositif a été mis en place à la gare. A l’arrivée des agitateurs, j’ai entrepris de traverser le passage sous voies, mon mégaspray à la main. J’ai croisé l’homme à la casquette rouge qui a essayé de m’arracher mon spray en criant « je vais te gicler » et en me donnant des coups de pied. J’ai réussi à l’asperger et, avec ma collègue, nous l’avons plaqué au sol. Comme des foules excitées arrivaient dans les deux directions, je l’ai tiré par la jambe pour nous abriter.– Je vois dans le rapport d’enquête que votre collègue confirme : elle a essayé de le tirer en arrière lorsqu’il vous a agrippé et l’a fait tomber par un balayage.– Lorsqu’il était au sol, sur le ventre, je le tenais et elle était assise sur lui. C’était très difficile de le maintenir, il se débattait et hurlait, complète l’agent.– Il a hurlé « espèce de connard, fils de pute, je vais

te buter », c’est exact ?Le policier acquiesce.– Je ne l’ai insulté qu’après qu’il m’a traité de tous les noms, précise l’accusé.– Vous aviez bu ce soir-là ? Et pas un verre comme tout le monde, on s’entend, demande le juge.– J’ai fait plein de conneries en ayant picolé. Il n’y a qu’à voir mon casier (sept condamnations entre 2009 et 2014). Mais maintenant je suis un traitement et je me tiens à carreau. Je n’ai plus les mêmes fréquentations, je passe mes week-ends avec ma copine et la semaine je travaille. J’ai changé. Et je jure que dans cette affaire, je suis innocent.– Vu votre casier judiciaire, et alors que vous n’avez que 21 ans, comprenez que je sois quelque peu perplexe face à vos explications, commente le juge.– Après cette bagarre, j’ai fait 21 jours de prison. Vous ne vous rendez pas compte des conditions. On ne peut se doucher et se laver les dents qu’une fois par semaine, on sort juste 15 minutes par jour pour fumer, il y a la lumière 24 heures sur 24, le matelas ne fait que 10 centimètre d’épaisseur et j’ai porté le même caleçon durant toute mon incarcération. C’est horrible ! Depuis que je suis sorti, j’ai très peur de la police…Verdict : à lire la semaine prochaine. Lily

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la salle. Car la question persiste : certes, monsieur Grand d’Haute-ville est toujours en vie malgré un cancer du pancréas (tout comme un cinquième des patients après six mois), mais est-il guéri ? Non, le mal est encore là. Et il est encore moins autoguéri puisqu’il dit être entouré d’une équipe d’oncolo-gues. Bon, mais son sursis est-il dû au « psychisme » et aux « pouvoirs que dirige l’esprit » ? Vu qu’il a subi 65 séances de chimiothérapie et que ce n’est pas terminé, on dirait qu’il est assez difficile de trancher.

Monsieur Grand d’Hauteville, une simple suggestion : votre au-réole dût-elle en pâlir, intitulez votre conférence « Pas guéri mal-gré la chimio et des spécialistes compétents » et votre prochain roman « Mon combat contre la médecine scientifique ». Ce sera peut-être moins imbibé de pen-sée positive, mais ce sera tout de même plus réaliste. Et plus sain.

Sacha Durant

TRALALA SOIN SOIN

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

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Justice pour tousUn tribunal de district zurichois a décidé d’acquitter l’ex-conseiller national UDC Ulrich Schlüer de la charge de racisme qui pesait sur lui. Il avait en effet traité sur Facebook des requérants d’asile palestiniens de « misérable ramassis de bagarreurs beuglant comme des animaux ». Or, ces propos n’ont pas été considérés comme racistes puisqu’ils ne concernaient pas toute la communauté palestinienne, mais seulement le groupe de misérable ramassis de bagarreurs beuglant comme des animaux en question. Rappelons qu’en 2010, suite à des propos homophobes, l’UDC valaisan Grégory Logean avait été relaxé par le Tribunal fédéral précisément pour la raison inverse : il ne s’en prenait pas à des individus en particulier, mais à « l’ensemble de la communauté homosexuelle ». Ça va devenir compliqué pour les fachos : on a le droit d’être raciste seulement envers des individus, mais homophobe seulement envers la totalité des homosexuels. Et ne parlons pas du jour où ils découvriront qu’il existe des étrangers gays… S. D.

Triple faute sur « Stan the Man »Dans un article consacré à l’origine des surnoms de Wawrinka dans Le Matin, Christian Despont démontre à quel point il ne touche plus la balle dès qu’il s’aventure hors du tennis. En ce qui concerne « Stan the Man », que le journaliste se targue en outre d’avoir inventé, il évoque la figure du scénariste américain Stan Lee, créateur de nombreux super-héros avec des « man » dans leur nom, et illustre son propos avec une image de Superman. Manque de bol, Superman a été créé par Shuster et Siegel en 1938 et n’a aucun rapport avec Stan Lee. Le reporter enchaîne avec « Iron Stan », qui proviendrait du film Iron Man réalisé en 2013 par Jon Favreau. Ce n’est pas faux. Sauf que le film date de 2008, que le personnage d’Iron Man existe depuis 1963 et est né sous la plume de… Stan Lee. Celui qui est célèbre pour n’avoir pas créé Superman. Bon, soyons indulgent. On a le droit d’être journaliste sportif et d’être une burne en comics de super-héros. Même si la prudence voudrait alors que l’on s’abstienne d’écrire à leur sujet.

Mais là où Despont décroche véritablement le Saladier d’argent, c’est avec le surnom « Stanley » (il paraît que ses amis appellent Wawrinka ainsi), qui selon lui provient d’un personnage du journal Spirou. Il précise encore que Stanley a beaucoup perdu de sa notoriété aujourd’hui, histoire sans doute de faire comprendre au lecteur, qui n’a pas beaucoup de culture, pourquoi il n’a jamais entendu parler de ce héros de BD. En fait, le Stanley en question est Henry Morton Stanley (1841-1904), journaliste et explorateur à qui l’on doit la célèbre formule « Doctor Livingstone, I presume ? » et auquel Hubinon et Joly consacrèrent une biographie dessinée en 1953 dans Spirou. Un personnage romanesque, certes, mais rigoureusement historique. Bon, soyons indulgent. On a le droit d’être journaliste sportif et de ne pas faire la distinction entre la fiction et la réalité. Sans doute que ça aide même pour entrevoir des joutes épiques là où il n’y a que deux couillons qui tapent dans une baballe. HdC

Tue-mousse Aux Etats-Unis, les amateurs de bière qui ne veulent pas prendre de bidon boivent désormais de la Kombrewcha. Ce nouveau breuvage, à base de thé noir fermenté, ne contient que 2 % d’alcool, 65 à 75 calories et aucune trace de gluten. Il se décline en saveurs gingembre, citron, mûre et hibiscus. Une « bière » au goût de thé et de fruits, qui ne mousse pas et qui ne saoule quasiment pas ? Il doit rester des gens dont ce n’est pas précisément la tasse de thé.

Jeux de vainsVendredi 23 janvier, le Gouvernement taïwanais a adopté un nouvel amendement à la loi sur le bien-être des jeunes et des enfants. Dorénavant, les parents qui laissent leurs rejetons s’abrutir devant la télé, l’ordinateur ou la tablette seront passibles d’une amende pouvant atteindre 1500 francs. La mesure peut choquer, mais l’addiction au multimédia est devenu un vrai problème de santé publique, cause de plusieurs décès. Récemment encore, un joueur est mort d’épuisement après trois jours de jeu vidéo sans pause. A Taïwan, les écrans mettent à cran.

Zone interdite Vous l’ignoriez peut-être, mais ce mardi 3 février dernier, c’était la Journée internationale des zones humides. L’émission « Couleurs locales » s’est d’ailleurs empressée de nous le rappeler ce jour-là. Reportage à la Grande Cariçaie, « la plus grande zone humide de Suisse », au bord du lac de Neuchâtel : « C’est l’occasion de rappeler à la population l’importance des zones humides, nous dit ce spécialiste, ce sont des endroits qui sont vraiment très précieux pour la faune et la flore (…) mais aussi pour nous les hommes. » On apprenait également qu’« en jouant le rôle de tampon, les zones humides protègent la population contre les risques d’inondation ». En plein démarrage du procès DSK, voilà qui nous change un peu du déballage graveleux que nous infligent les médias. S. D

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

Cher Guy Parmelin,Ainsi, vous voici perplexe face aux réticences du PLR à s’appa-renter avec l’UDC, votre parti, en vue des élections fédérales. Quelle mouche les a donc piqués, vous demandez-vous ?Les combines, manigances et autres calculs d’apothicaire ne sont-ils pas le pain quotidien de tout parti politique ? D’où votre surprise : « L’apparente-ment [avec le PLR] est simple-ment un moyen technique pour ne pas perdre d’éventuels restes de voix. Ce n’est pas faire liste commune ni même une alliance. »Ben oui, où est le problème ? On n’est pas obligé d’être d’accord sur tout ni même sur quoi que ce soit du moment qu’on s’arrange pour ramasser des « restes de voix », comme vous dites. Bon, l’idéal, évidemment, c’est de « s’apparenter » avec des abru-tis qui vous permettent de triom-pher sans avoir à leur rendre quoi que ce soit en contrepartie et qu’en plus le peuple se foute complètement de ce genre de cui-sine carriériste. Hélas, ce type de deal ne peut guère durer, vous devez bien vous en douter. Même votre collègue Fabienne Despot, présidente de l’UDC Vaud, semble piger où le bât blesse : « Il faut avoir une approche globale (…), qu’elle dit. Les électeurs ne comprendraient pas qu’à un mo-ment on se tire dans les pattes et qu’à un autre on s’allie. » Et en matière de complots foireux, vous savez, elle s’y connaît.Merci pour votre franchise en tout cas. Les « restes de voix » apprécieront.

S. D.

A Guy ParmelinPolitique politicien

B I E N P R O F O N D D A N S L ' A C T U 11

LE COURRIER DU CHIEUR

B I E N P R O F O N D D A N S L ' A C T U10

Divins complotsDEUX EX MACHINATIONS Que faire pour contrer la montée du radicalisme religieux ? A l’ordre du jour : défendre une théorie du complot pour remplacer toutes les autres.

Presque un mois après les attentats de Paris, on y voit enfin clair. A la question « Et maintenant, on fait quoi ? », médias, politiques, édu-cateurs, responsables religieux et autres experts ont répondu : moins de théories du complot et davan-tage de religion ! Contre la radi-calisation, donc, deux solutions, qui main dans la main contribue-ront à améliorer le monde. Enfin, pas vraiment main dans la main puisque ces propositions sont ra-rement avancées ensemble ou par les mêmes personnes.

D’un côté, il y a ceux qui nous expliquent que notre jeunesse bouffe de la théorie du complot à longueur de journée sur le ter-rible internet. C’est pas bien, ça rend les gens tout bêtes et ça peut même les radicaliser ! Il faut donc les sensibiliser au décryptage de l’information et leur apprendre à réfléchir par eux-mêmes. Et d’un autre côté, il y a ceux qui préfèrent mettre le paquet sur l’éducation à la religion ou au « fait religieux » comme ils disent. Le problème des intégristes et autres fanatiques se-rait qu’ils sont nuls en théologie : ils n’ont tout simplement pas bien compris les textes sacrés. Il faut donc que tout le monde se fami-liarise davantage avec la religion, la vraie religion bien sûr.

Ce serait bien que les proposants de ces deux approches se ren-contrent un jour. Ils pourront alors se rendre compte du pétrin dans lequel ils se sont mis réciproque-ment. C’est qu’il y a comme une contradiction dans ce qui nous est proposé : en effet, la religion est une théorie du complot. L’analogie n’est pas nouvelle, elle a été déve-loppée en 2007 par le philosophe états-unien Brian Keeley. Ayant proposé parmi les premières ana-lyses philosophiques des théories du complot modernes en 1999, Keeley n’a pas pu s’empêcher de repérer certaines similarités avec les religions.

Réfléchissons : si Dieu est infi-niment bon, comment explique-t-on l’existence du mal et de la douleur ? C’est qu’Il a un « plan » qui nous dépasse, tout est prévu et tout s’explique par ce plan divin. Or, que fait le conspirationniste pour expliquer les événements ter-restres ? Il les attribue également

à une force supérieure : l’action concertée d’un groupe d’indivi-dus invisibles mais très puissants, dont les véritables intentions ne sont jamais claires. Dieu et les conspirateurs sont par essence des intentionnalités qui se cachent.

Ce qui relève du mystère « impéné-trable » pour la religion sera, dans le contexte des complots, attribué au génie criminel des conspira-teurs. Ils sont tout simplement trop forts, ce qui explique qu’on n’arrive jamais à prouver leur exis-tence ou réalité. Cela dispose habi-lement de toute objection : car on ne peut pas prouver non plus qu’il n’y a pas de Dieu ou pas de com-plot puisque leur véritable nature est précisément d’échapper à notre entendement. On en voit seule-ment les manifestations dans des petits détails pseudomiraculeux ou des questions « troublantes », suffisamment flous pour qu’on puisse les interpréter comme on veut… Dieu est la théorie du com-plot ultime et chaque théorie du complot est une théologie.

Comme complotisme et reli-gion fonctionnent donc en partie sur les mêmes ressorts psycholo-giques, on voit mal comment on pourrait combattre l’un tout en défendant l’autre. En revanche, si on ne craignait pas tant de heurter les sensibili-tés en opérant un tel rapproche-ment, on comprendrait peut-être

mieux pourquoi les deux sont aujourd’hui si intimement

liés. A moins, bien sûr, qu’un tel aveuglement ne résulte d’un complot…

Sebastian Dieguez

God as the Ultimate Conspiracy Theory, B. Keeley, Episteme, vol. 4, 2007, pp. 135-149.

LES THÉORIES DU PROFESSEUR JUNGE Cette semaine : j’examine comment La Poste, en poussant ses buralistes à acheter eux-mêmes les produits qu’ils doivent vendre, fait circuler l’argent en un astucieux circuit fermé dont devraient s’inspirer toutes les entreprises.

Les syndicats dénoncent une fâcheuse tendance apparue à La Poste. Les employés au guichet, transformés en épiciers depuis que les offices proposent une foule d’articles sans rapport avec leur mission de service public, sont soumis à des objectifs de vente drastiques. A tel point que certains buralistes en sont réduits à ache-ter eux-mêmes ou à refourguer à leurs proches les téléphones por-tables, livres de développement personnel et autres ustensiles de cuisine qu’ils sont forcés d’écouler mensuellement.

Saluons ici la redécouverte par La Poste d’un mouvement éco-nomique perpétuel qui pousse les employés à dépenser leur salaire au sein même de l’entreprise qui le leur verse. L’argent tourne ainsi en boucle sans risque qu’il en aille se perdre quelques pièces ailleurs que dans les poches du patron. Re-découverte, car il s’agit en fait d’un

Pitc

h

mode primitif de consommation, à l’époque où tout ce que produisait la tribu servait directement à ali-menter et à outiller ses membres.

Ce mode de vie en autarcie était en théorie parfait et on peut s’étonner qu’il ait largement disparu. C’est qu’il possède un défaut de taille : il ne permet pas l’accumulation de richesses. Il a donc fallu en passer par l’invention de l’argent pour que ce cycle puisse être ponctionné au passage et permette ainsi à une partie de la population de vivre en dehors du processus produc-tif vital en proposant des services annexes, comme des abonnement de téléphonie mobile ou des ton-deuses à gazon. Ce système autarcique pourrait encore être amélioré. En en restant au simple niveau de la nourriture, imaginons une société d’anthro-pophages qui se nourrirait de ses propres éléments les plus faibles et les moins utiles, eh bien elle n’au-

rait besoin d’aucun apport exté-rieur pour fonctionner. Pourquoi ce monde paradisiaque n’existe-t-il pas ? Sans doute que ceux qui ont inventé la monnaie sont les mêmes qui ont rendu tabou le cannibalisme, nous privant ainsi d’une existence bien plus belle.

Poussons la rêverie plus loin et imaginons une société composée cette fois-ci non d’humains mais de vers de terre. Chaque lombric serait virtuellement autarcique à l’infini pour autant qu’il se coupe régulièrement en deux et qu’il se nourrisse de lui-même en atten-dant que ça repousse. N’en dou-tons pas, si les vers étaient dotés d’un cerveau plus volumineux, ce sont eux qui régneraient sur la planète. Et à leur tête trônerait le roi des lombrics, qui serait celui qui aurait eu l’idée de génie de de-mander de l’argent aux autres pour

Le 8e conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Le 8Le 8ee conseiller fédéralDepuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.Depuis son bunker sous le Palais fédéral, il dirige dans le plus grand secret le Gouvernement helvétique.

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Et moi, je vous explique juste

comment on réalise une transaction en

Valais.

Allô ? L’Office du tourisme valaisan ?

Oui ?

J’aimerais louer un chalet une semaine à la montagne pour skier. Vous pouvez me dire comment m’y prendre ?

Bien sûr. Il faut commencer par créer une société écran aux

îles Vierges.

Je veux juste louer un chalet !

Mais enfin, y a pas moyen de passer une semaine dans ce canton en restant honnête ?

Ça facilitera l’accès à la fiduciaire du conseiller d’Etat Maurice Tornay. Et vous êtes

obligé de passer par elle pour verser des pots-de-vin à l’encaveur Giroud, à l’éditeur

d’Oskar Freysinger, à la caisse noire du PDC, à l’association des remontées mécaniques et

au fonds de retraite des entreprises du bâtiment.

J’ai bien peur que ce soit nécessaire.

Hein ? Mais qu’est-ce que vous me chantez là ?

Et aussi ouvrir des comptes numérotés

anonymes aux Caïmans et une boîte aux lettres

au Luxembourg.

Ensuite il faut adhérer à la Fraternité sacerdotale

Saint-Pie-X d’Ecône.

Quoi ? Mais c’est hors de question !

Mais…

Pourquoi ?

qu’ils aient le droit de se nourrir d’eux-mêmes. En hommage à cet hypothétique annélide astucieux, appelons « économie du lombric » toute forme de circuit monétaire fermé où les individus redonnent l’argent qu’ils gagnent à celui qui le leur a versé en premier lieu afin d’être à même d’en recevoir de nouveau le mois suivant.Aujourd’hui, dans notre société en proie à la crise, il est réjouissant de constater la réapparition de l’économie du lombric. C’est en intégrant ainsi de vieux systèmes primitifs ayant fait leurs preuves que le modèle capitaliste parvien-dra à se réinventer en permanence. Plus que jamais, c’est en se mor-dant la queue que l’ultralibéralisme progresse vers des lendemains qui chantent. Professeur Junge, phare de la pensée contemporaine

L’économie du lombric

UN MONDE DE FLOUS

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

C U L T U R E12

BROUILLON DE CULTURE

C U L T U R E 13

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Vendredi 6 février (20 h 30)Samedi 7 février (20 h 30)Dimanche 8 février (17 h)

Alexandre Cellier…

…et ses invités suprises Nouveau spectacle

L’Esprit frappeur Villa Mégroz – 1095 Lutry (VD)www.livestream.com/espritfrappeur

CHALEUR Fest’Hivers, 13e édition, Casino de Montbenon, Lausanne, les vendredi 6 et samedi 7 février, www.festhivers.ch

ÉCLAT Synthesis, performance par la Cie Lumen, direction artistique et chorégraphie : Nicolas Hesslein, Théâtre Bicubic, Romont, le samedi 7 février à 20 h, www.bicubic.ch

INACHEVÉE L’art de la fugue, clavecin : Michael Tsalka, Temple des Eaux-Vives, Genève, le dimanche 8 février à 17 h, www.leprogramme.ch

Gare aux grilles par égé No 75

HORIZONTAL 1 Un bon nière avec sa mère (2 mots) 2 Un paquet 3 Leur os est la couleur 4 Vedettes de la grande muette – Une Dreifuss aux affaires sanitaires 5 Changement d’accent 6 Prend beaucoup ses pieds – Ses collections se laissent voir à Los Angeles 7 Point d’union en équitation – Province qui en pince pour Aragon 8 Son jet met en jeu – S’use en écluse – S’est mis à l’astronomie 9 Gaz de base arrière – Cri grégaire à l’arrivée de Blocher 10 Nourries au sang d’encre.

VERTICAL 1 Leur mur pourrait être à Jérusalem 2 Devenu dingue de la dernière venue 3 Tranchant des champs – Se deale en ordre débile – Eté capable ou possible 4 Acide qui réside dans le sang – As seul au jass 5 Mouture de littérature moderne – Donna du culot à Hulot 6 Courts ou longs selon leur durée 7 Former rassemblement bruyamment – Etanché pichet 8 Rendues aux tondus 9 A la page d’un autre âge – Invités au thé 10 Saison poison question fruits marins – Textiles utiles dans le futile.

Solution pour les nuls dans le prochain numé[email protected]

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Pour celles qui se disent pourquoi pas. Il prend tout à la légère. Il n’a pas d’attache. On la prie de tout prendre au sérieux. Elle a un mari et un enfant. A part leur ennui, Félix le dandy dilettante, dont le père vient de mourir, et Meira, la jeune juive hassidique que le rigo-risme tue à petit feu, n’ont rien en commun. Pourtant, un jour, Félix regarde Meira, lui offre un dessin. Le destin en aurait-il un, de des-sein ? Histoire banale pour êtres bancals, Félix et Meira, avec trois fois rien, sa fragilité, sa sincérité aussi, nous offre une romance sur laquelle planent des orages mé-lancoliques et désenchantés. C’est simple, beau, étonnant (le face-à-face entre le mari et l’amant),

Des films

Carré de damesÀ VOUS DE VOIR Meira, Hirut, Jupiter et Maya, quatre prénoms peu courants pour des héroïnes pas banales, celles de Félix et Meira, Difret, Jupiter : le destin de l’univers et La grande aventure de Maya l’abeille. 

déchirant (cette balade nocturne au son du Famous Blue Raincoat de Leonard Cohen), hésitant (cette gondole à Venise, où l’aube amoureuse semble être, déjà, un crépuscule).

Pour celles qui savent dire non. Elle a 14 ans et un sourire écla-tant. Cela ne va pas durer. Enle-vée, puis violée, Hirut s’échappe et tue celui qui avait décidé de la prendre comme épouse. Contre les hommes, la justice et surtout la tradition – le mariage par enlè-vement pratiqué en Ethiopie –, une avocate va se battre, faire de Hirut un symbole. Adapté de faits réels, Difret brûle d’une nécessaire révolte. Tout feu, tout femmes !

Pour celles qui n’ont plus de limite. Un jour, elle récure des toilettes et, hop, le lendemain, la voilà sur d’autres planètes, appre-nant qu’elle est l’héritière de... la Terre ! Jupiter Jones en reste inter-sidérée... Les Wachowski, qui ont depuis longtemps «tilté», nous donnent l’impression d’être une bille de flipper égarée dans un jeu vidéo avec Jupiter : le destin de l’univers, film parfois fascinant qui voyage aux confins du ridicule.

Pour celles qui disent oui à l’iné-dit ! Tu es blond comme le miel, alors, dard-dard, va voir La grande aventure de Maya l’abeille, qui, le film le dit lui-même, chasse le bourdon ! Bertrand Lesarmes

Félix et Meira, de Maxime Giroux, 1 h 45 ; Difret, de Zeresenay Berhane Mehari, 1 h 39 ; Jupiter : le destin de l’univers, de Lana et Andy Wachowski, 2 h 07 ; La grande aventure de Maya l’abeille, d’Alexs Stadermann, 1 h 25. Tous en salles.

Des védés

Sex faibleDans le vaste univers des comédies, il y en a pour tous les goûts et toutes les couleurs. Des films gentiment potaches à la française aux plus subtils à la sauce anglaise en passant par les bien lourdingues. Cette dernière catégorie, qui chérit particulièrement les scènes de dysenteries subites et abondantes, ou encore les parties de jambes en l’air bien gênantes et coupe-libido, est particulièrement choyée à Hollywood. Preuve en est le dernier navet en date venu direct d’outre-Atlantique ; Sextape, fraîchement sorti en DVD.C’est la triste histoire d’un couple qui, à cause des mioches et autres, ne baise plus. Pour surmonter cette traversée du désert, ils décident de se filmer en pleins ébats. Et, comme chacun l’a bien senti venir, ledit enregistrement va se retrouver dans la nature. S’ensuit une pathétique chasse au porno amateur parsemée de défonce, de chantage, de couilles en miettes, de godemiché, de salami, d’effraction et, au final, d’une niaise morale sur « le plus important, c’est l’amour et la famille ». Mauvais, mal joué (exception faite du berger allemand) et même pas excitant, le dernier

film de Diaz est nase. Alinda Dufey

Sextape, de Jake Kasdan, avec Cameron Diaz, Jason Segel, Sony Pictures, Vf, DVD et Blu-ray, 94 min.

Plein la vueS’il y a un ustensile de mode tombé en complète désuétude, c’est bien le monocle ! Et pourtant cet accessoire d’autrefois fait toujours son petit effet… Réalisée dès 1961, la trilogie avec Paul Meurisse est l’une des nombreuses parodies de films d’action alors en vogue. Tout y est : complot nazi, espions soviétiques, belle Allemande, château lugubre et agent secret français, ce dernier largement au-dessus du lot évidemment !La série des Monocle a servi de brouillon pour l’insubmersible Tontons flingueurs et inspirera Chapeau melon bottes de cuir ainsi que Jean Dujardin pour à peu près toute son « œuvre ». S’il est évident que ces films ne tiennent pas la route, c’est tout simplement parce qu’ils n’étaient pas censés le faire ! Accompagné du génial Bernard Blier, Meurisse livre une performance loufoque, ancrée dans l’absurde, et ça fait drôlement du bien par les temps qui courent.

Michael Frei, Karloff, films cultes, rares et classiques, Lausanne

Le Monocle noir, de Georges Lautner, 1961, Pathé, Vf, DVD et Blu-ray, 104 min.

Des bouquins

Chairs amiesDans ce polar sombre et sanglant, la Genevoise Olivia Gerig – une passionnée de romans noirs qui signe là son premier bouquin – fouine dans les recoins les plus fêlés de l’esprit humain. Du Salève à Annecy, de la Seconde Guerre mondiale à aujourd’hui, le commissaire Rouiller et l’inspectrice Aurore, cernés par l’horreur et la barbarie, tentent d’élucider mille et un mystères.Quelle est cette chose affamée, nue et hurlante qui se terre dans la grotte du diable et hante les bois environnants ? Qui a tué, d’une balle dans la tête, le vieux professeur d’histoire afin de lui dérober deux anciens livres aux titres glaçants ? Qu’est-il arrivé à Mathilde, cette jeune fille naïve qui s’est amoureusement frottée à l’ennemi ? Où sont passées Céline, Emmanuelle et toutes les autres ravissantes adoles-centes qui ont disparu en sortant du lycée ? A bout de souffle et à quelques jours de la retraite, le vieux commissaire parviendra-t-il à sauver celles et ceux qui peuvent encore l’être ? L’ogre du Salève, une enquête dévorante. Alinda Dufey

L’ogre du Salève, d’Olivia Gerig, Editions Encre fraîche, 221 pages,www.encrefraiche.ch

Père le nord« Une foutue circulaire me reléguant au rang de tous les évincés, au-trement dit à la masse ! » Une fois encore, il n’a pas eu le prix. Les juges ne l’ont pas choisi. Aigri, colérique et totalement halluciné, ce sculpteur de Ropfs dédie pourtant sa vie à l’obtention de cette récompense. Il ne désire que ça, il ne rêve que de ça, il ne vit que pour ça… Une obsession farouche qui, jour après jour, gangrène les relations déjà particulières qu’il entretient avec sa femme, son fils Mouflet et le futur Remouflet.Dans un monologue intérieur fantasque et truculent, l’auteure suisse Antoinette Rychner livre un roman d’une originalité folle. A la fois drôle, tendre, cruel et complètement barré, ce récit se rit intelligem-ment des soucis du quotidien, de la vie de famille et de la réalisation personnelle. Le prix, un bouquin qui gagne à être lu. A. D.

Le prix, d’Antoinette Rychner, Editions Buchet/Chastel, Collection Qui Vive, 288 pages, www.buchetchastel.fr et www.toinette.ch

« Balance ascendant balanceSuisse ascendant vaudoiseLunaire ascendant rêveuse »Edmée Fleury échappe à toute ten-tative de classification. Pas plus qu’elle ne saurait se laisser enfer-mer dans un genre ou dans un autre. Artiste pluridisciplinaire, la voici, sorte de touche-à-tout, qui passe gaiement de la comédie musicale au théâtre, de la danse à la peinture, du jazz à la chanson. Déjà, avec Oh ma lune, son pre-mier album, paru au printemps dernier, elle s’était offert mieux qu’un succès d’estime. « Concentré de toutes mes expériences sonores », disait-elle, cet opus lui avait per-mis d’imposer non seulement une musique (forcément) originale mais également de rendre hom-mage, par le texte, « aux rêveurs, équilibristes fragiles mais debout, en quête d’amour et de poésie ». La revoici donc, à peine un an plus tard, avec Gravity Blues, un tout nouveau spectacle, lui aussi classé… inclassable et sur lequel, lit-on, Karim Slama aurait posé « un regard complice ». Une heure ou deux « entre concert et woman show », pour l’heure on n’en saura pas plus. Ne reste, dès lors, qu’à aller voir.

Roger Jaunin

Gravity Blues, Edmée Fleury. Samedi 07.02 au Théâtre de la Tournelle, Orbe (20 h 30), vendredi 13.02 à L’Esprit frappeur, Lutry (20 h 30). Samedi 14.02, lecture du concours de lettres d’amour à la salle Del Castillo, Vevey (14 h 30). www.edmeefleury.ch

Un spectacle

Fleur sauvage

RIRES Massacre à la déconneuse, texte : Pierre-Alain Jeannet, mise en scène : Marie-Jeanne Liengme, Café du Soleil, Saignelégier, le samedi 7 février à 20 h 30, suivi d’un débat en présence de plusieurs humoristes sur le thème « Peut-on résister à la connerie ambiante par l’humour ? », www.cafe-du-soleil.ch

QUIPROQUOS La place royale, de Corneille, Stadttheater, Berne, le lundi 9 février à 19 h 30, www.konzerttheaterbern.ch

RENCONTRE Opening Night, deuxième édition, Théâtre Trois P’tits Tours, Morges, le mardi 10 février à 20 h, www.troispetitstours.ch

COURBES Le sexe de la modèle, de et par Rachel Monnat, avec la complicité de Jean Chollet, Lido, Lausanne, le 12 février à 21 h, www.lidolausanne.ch

IDENTITÉ Comme toi-même, par le Collectif Stogramm, mise en scène et conception : Olivia Seigne et Alexandre Vogel, Théâtre Les Halles, Sierre, jusqu’au 13 février, www.theatreleshalles.ch

INSTANT Beyrouth 1995, spectacle de danse contemporaine, par la Cie 7273, Théâtre du Concert, Neuchâtel, les 14 et 15 février, www.maisonduconcert.ch

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Vigousse vendredi 6 février 2015 Vigousse vendredi 6 février 2015

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LE CAHIER DES SPORTS

Est-ce que tu beuzzes ? Toute l’actu qui fait du clic

Politique L’UDC a voté ce jeudi à l’unanimité son opposition au projet d’un institut de formation pour les cadres UDC, dénonçant avec fermeté « une volonté manifeste de désendoctriner nos adhérents ».

Inspiration Il plaque tout dans le seul but de ne plus jamais rien foutre.

Clash Brouillés depuis deux semaines sur Facebook, ils se réconcilient enfin sur Twitter.

Mini beuzzes

NiouzesUber lance un service de codentisterieAprès avoir agité avec succès le marché de la mobilité en introduisant son service parallèle de taxis et de covoiturage, la société Uber envisage d’étendre son concept à la dentisterie. « Il est temps de bouleverser le monopole sur la dentisterie dont ont bénéficié les dentistes depuis trop longtemps », a déclaré Will Falom, responsable pour Uber-White Lausanne. Grâce à un astucieux modèle basé sur la géolocalisation et la confiance aveugle, la codentisterie fera donc bientôt son intrusion dans nos contrées. « C’est simple, nous explique Dick Root, créateur de la start-up à l’origine du concept, les utilisateurs s’arrangent entre eux pour s’arracher ou se blanchir leurs dents mutuellement, ou ce qu’ils voudront. Nous, on les aide simplement à entrer en contact. » Une innovation d’ores et déjà saluée comme révolutionnaire par l’ensemble du PLR et des journalistes experts en nouvelles technologies, qui se réjouissent de tenter l’expérience dès que possible les uns sur les autres.

Un dessin sur capPuccino jette le trouble dans un salon de théL’ambiance était tendue ce jeudi en début d’après-midi au salon de thé Mongenoud de Lutry. Quatre dames âgées ont en effet été profondément choquées par le motif dessiné sur la mousse d’un cappuccino. Madame Corbaz-Trochu, toujours sur le coup de l’émotion, a expliqué qu’« après une première gorgée, le dessin a soudain commencé à ressembler à, au… oh mon Dieu ! » avant de s’effondrer en pleurs. Rappelons que l’Association des cafetiers a récemment préconisé d’interdire la pratique du dessin sur cappuccino qui, selon les termes de son porte-parole, « est aujourd’hui bien trop subversive pour notre clientèle ». Sebastian Dieguez

Mandryka (à suivre…)Mandryka, le créateur du concombre masqué, l’un des chefs-d’œuvre de la bande dessinée, fondateur de L’Echo des Savanes avec Gotlib et Brétécher, fait son retour avec une aventure potagère, une fable savoureuse et philosophique dans l’univers impitoyable du rendement à tout prix… ou à n’importe quel prix. Cette BD sortira le 26 février. Depuis la semaine dernière, Vigousse se fait un plaisir d’offrir à ses lecteurs les premières pages de cet album.

Autres contes zen de Mandryka chez Alain Beaulet Editeur : www.alainbeaulet.com

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B O N N E S F E U I L L E S

Dans les démocraties occidentales, des millions de gens défendaient partout la liberté de la presse. Les foules scandaient leur atta-chement indéfectible à des jour-naux indépendants, impertinents, provocateurs. Les plus hauts dirigeants entonnaient solennel-lement l’hymne aux Lumières : nous ne transigeons pas sur les valeurs essentielles, clamaient-ils, et nous protégerons toujours, avec une détermination sans faille et sans le moindre compromis, le principe intangible de la Liberté de la Presse en majuscules. C’était beau comme l’antique. C’était il y a quatre semaines.En Helvétie, ministres, caciques et m’as-tu-vu en vrac reprenaient à l’unisson le même cantique. Pas de démocratie sans pluralité des médias, vibraient-ils.

Dix jours auparavant, au 1er jan-vier 2015, La Poste suisse avait augmenté ses tarifs pour l’achemi-nement des journaux : 2 centimes de plus par exemplaire, comme au début 2014 déjà, et comme au début 2016 bientôt. Une hausse de 6 centimes sur trois ans déci-dée par le géant jaune malgré plus de 600 millions de bénéfice. Une hausse identique pour tous les quotidiens édités par des magnats zurichois aux bulletins mensuels

insolite !

Presse oppresséed’associations bénévoles en pas-sant par les gazettes syndicales, les feuilles régionales et un petit sati-rique romand. Une hausse, donc, qui n’affecte guère les quelques gros, mais étrangle les nombreux petits. A ceux qui voient ainsi leur survie menacée, le conseil d’administra-tion de La Poste répond que la di-rection décide seule de sa stratégie tarifaire, lui se bornant à approu-ver le budget global. L’Office fédé-ral de la communication répond que La Poste est une entreprise privée sur laquelle il n’a pas prise. Doris Leuthard ne répond pas.

La loi adoptée par les élus du peuple, elle, impose à La Poste de garantir la distribution des journaux, même les petits. Le Parlement a par ailleurs voté un soutien afin de maintenir la diver-sité du paysage médiatique et la pluralité des opinions essentielles à la démocratie. Mais toutes ces belles paroles ne résistent pas aux calculs de profits concoctés dans les salons de la direction de La Poste.Bien sûr, on ne transige pas sur le principe sacré de la Liberté de la Presse, voyons. Mais pour la tuer, pas besoin de kalachnikov ni de censure : 2 centimes suffisent.

Laurent Flutsch

CHOUETTE !Trop de mouille, trop de vent. Et Lindsey qui skie sous l’œil du Tigre, lequel, bonnet de laine sur la tête, a gardé ses lunettes de soleil. A l’arrivée, la demoiselle, troisième alors que l’Amérique tout entière la donnait gagnante, fait savoir que « la course n’était pas régulière ». Et s’en va passer ses nerfs sur l’épaule de son golfeur. Tandis que les dernières à descendre font du chasse-neige, les caméras s’attardent longuement sur le couple. Vive la télé people, vive le sport !Report de la course. Pour meubler, on nous montre un reportage réalisé la veille dans la station de Vail. Rues désertes, bars pleins à craquer. Un tenancier nous informe, tout réjoui, que « ce soir on va vendre une tonne d’ailes de poulets ». La preuve par l’image. Ça dégouline de sauce jaune, ça pue jusqu’ici, ça donne la nausée tandis qu’en arrière-plan défilent celles de la finale du Super Bowl, prétexte à cette grand-messe de la malbouffe. Vive l’Amérique, vive le sport !Les Mondiaux de Vail, nous dit-on, c’est fait « pour donner le goût du ski aux Américains ». Ça va coûter

bonbon à l’Etat du Colorado, mais ça va rapporter gros aux diffuseurs. Le prix de la minute de pub va prendre le tire-flemme, sinon la navette spatiale, et des centaines de millions de téléspectateurs vont, eux, s’en prendre plein la vue. Bon, d’accord, jusque-là on n’a vu que des fantômes skiant dans les bourrasques de neige. Vive la téléréalité, vive le sport !Dans le camp suisse, on a misé sur deux ou trois médailles. Ça commence mal et en cabine de commentateurs on s’interroge. Est-ce qu’on n’aurait pas tout faux ? Est-ce qu’on ne travaillerait pas tout juste avec la relève ? Parce qu’enfin, le ski, c’est notre affaire, à nous autres ! La preuve, on nous montre Maria Walliser, dernière Suissesses à avoir remporté un titre mondial en super-G. L’image est un peu floue, elle date de 1987. Vive la mémoire, vive le sport (d’élite) !Et ce sera tout pour cette première semaine.Roger Jaunin

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Page 9: o GENÈVE VAUD SANTÉ 9 FÉVRIER Marche ou grève As des …le concept de Repair Café, ou café-réparation. A des dates ponctuelles, les participants apportent dans un local ce qu’ils

L A S U I T E A U P R O C H A I N N U M É R O16

Derrière le sourire, le masque. Ou comment, pour une seconde et des poussières, passer de la lumière à l’ombre et regarder les autres, les « copines », se partager les médailles. Les flashes, les feux de la rampe, pourtant, elle adore, Lara Gut. Faite pour ça, depuis le jour de sa naissance et bien avant qu’elle ne chausse sa première paire de skis. Bon, d’accord, elle dément : « Je n’ai jamais voulu être connue ! » Pas d’chance, la gamine est douée et, ce qui ne gâte rien, jolie à croquer. A la ville, cela donne une maturité en français, allemand et italien, la maîtrise de l’anglais et de l’espagnol, un goût prononcé pour la littérature et une réputation d’intello un brin méprisante. Sur les pistes, et sous la houlette de papa Pauli, team privé entièrement à son service, c’est « skier comme je sais le faire ». Les plus allergiques tra-duiront par « quand je suis bien, personne ne m’arrive à la cheville ».

Aux States, pas d’chance (bis), la neige était trop molle. De quoi être « surprise », de quoi « mal skier ». De quoi tirer la tronche et réduire le discours au strict minimum. Presque une habitude d’ailleurs : « Je n’aime pas les interviews, disait-elle il y a quelques années déjà. A chaque fois que l’on me pose une question, j’ai l’impression que l’on fait une enquête contre moi, que l’on cherche ce qui ne va pas. Et c’est souvent le cas.» Mais bon, faut bien faire bouillir la marmite. Rentabiliser l’affaire. Alors,

de bonne grâce ou pas, « chiante comme pas deux », affirme un pho-tographe de studio, la demoiselle se prête au jeu, bat la ville pour assurer la campagne d’une chaîne de pharmacies*, croque dans une barre de chocolat aux noisettes* et fait la promotion de produits déri-vés, gourdes, stylos, porte-clés et autres toupins griffés « LG ».

De « Tutti giù », un long-métrage dans lequel elle a joué l’un des rôles principaux, Lara Gut dit que « c’est mon film préféré ». Et de ce qui s’écrit sur et d’elle, « la liste est beaucoup

trop longue » pour valoir la peine qu’on s’y attarde. Bien d’accord !

Roger Jaunin

* noms connus de la rédaction

Lara Gut, Vail que vaille

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« Je paie pour n’en avoir jamais

payée aucune… »

Dominique  Strauss-Kahn

Il a dit la semaine prochaine

(ou du moins ça se pourrait bien)

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Vigousse vendredi 6 février 2015