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PROJET D'INTERVENTION(s) POUR UNE JOURNEE DE LA MEMOIRE DES GENOCIDES ET DE LA PREVENTION DES CRIMES CONTRE L'HUMANITE DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES (27 JANVIER) A- LE PROJET OBJECTIFS: A travers l'information sur les grands génocides, et notamment celui des Tutsi au Rwanda en 1994: Participer à l’éducation à la paix, à la tolérance, à la prise de conscience et du vivre ensemble Lutter contre l’ignorance, génératrice des préjugés, des incompréhensions et des conflits Lutter contre la haine et le racisme à partir d'outils présentés à des jeunes collégiens et lycéens sur les conséquences possibles des logiques discriminatoires Objectifs secondaires: Resituer le Rwanda dans son contexte historique et géopolitique Montrer l'influence de la colonialisation puis des influences extérieures Montrer les grands principes et façons d'ancrer des génocides et la montée des haines et discriminations Définir les notions de génocide, crimes de masse, crimes contre l'humanité, discrimination, racisme LE DEROULE: 0- mise en place d'une exposition (panneaux + documentation diverse) (voir ci dessous) 1- exposé historique court, (voir les commentaires reliés aux panneaux, ci dessous)

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PROJET D'INTERVENTION(s) POUR UNE JOURNEE DE LA MEMOIRE DES GENOCIDES

ET DE LA PREVENTION DES CRIMES CONTRE L'HUMANITE

DANS LES ETABLISSEMENTS SCOLAIRES (27 JANVIER)

A- LE PROJET

OBJECTIFS:

A travers l'information sur les grands génocides, et notamment celui des Tutsi au Rwanda en 1994:

Participer à l’éducation à la paix, à la tolérance, à la prise de conscience et du vivre ensemble

Lutter contre l’ignorance, génératrice des préjugés, des incompréhensions et des conflits

Lutter contre la haine et le racisme à partir d'outils présentés à des jeunes collégiens et lycéens sur les conséquences possibles des logiques discriminatoires

Objectifs secondaires:

Resituer le Rwanda dans son contexte historique et géopolitique Montrer l'influence de la colonialisation puis des influences extérieures Montrer les grands principes et façons d'ancrer des génocides et la montée des haines et discriminations Définir les notions de génocide, crimes de masse, crimes contre l'humanité, discrimination, racisme

LE DEROULE:

0- mise en place d'une exposition (panneaux + documentation diverse) (voir ci dessous)

1- exposé historique court, (voir les commentaires reliés aux panneaux, ci dessous)

.......................................... illustré par les 4 ou 5 panneaux (dont définition génocide et décisions des procès), avec photos et une ou deux phrases clé pour chacune d'elle

2- documentaire: Clavel, enfant n°13 (51 mn), Mes voisins ont tué ma famille (5 mn), Comprendre le génocide des tutsi (55 mn)

et / ou

3 - témoignage (direct ou filmé) à choisir : Génocidé (25 mn), Léo Kabalisa (28 mn), Vénuste Kayimahe (38 mn),

Leiny Munyakazi (http://www.memorialdelashoah.org/archives-et-documentation/ressources-en-ligne/temoignages-et-videos.html) , Annick Kayitesi (18 mn), Marie-Louise Kaligirwa (7 mn), Delphine (8 mn)

4 - questions

5- présentation sur table (type "exposition") de divers documents, films, photos, livres, archives

(((( l'activité pouvant faire l'objet soit d'une intervention ponctuelle, notamment le 27 janvier, soit du point culminant d'un projet sur plusieurs semaines mené par les enseignants type Durzy ou Thierry Maulnier)))))

B- LE CONTENU - LES SUPPORTS

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B1- LES PANNEAUX-EXPOSITION

1- UNE OPPOSITION ETHNIQUE FABRIQUÉE DE TOUTES PIÈCES PAR LA COLONISATION

À l’origine, avant les colons, un seul peuple, de pasteurs et d’agriculteurs, avec la même langue, le même dieu, les mêmes traditions

2-LA CLASSIFICATION RACIALE : UNE OBSESSION DES MISSIONNAIRES ET DES COLONISATEURS

21- Suivant la longueur de leur nez, les Rwandais étaient classés comme Hutu ou Tutsi

22- Le mythe d’un peuple hamitique

23- Une classification figée par les cartes d’identité imposées par les belges

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24- Les représentants de l’église et de la couronne belge assoient leur pouvoir sur le pays en s’appuyant sur le roi

Tutsi, le Mwami, et ses dignitaires.

.

3- LA DÉCOLONISATION RENVERSE LES ANCIENNES ALLIANCES

31- Dés avant les années 1950, l’élite Tutsi « indigène » s’éloigne de ce caractère oppresseur et revendique un certain abandon de mesures, telles les travaux forcées et la chicotte

puis, est progressivement gagnée aux idéaux indépendantistes : une trahison pour les autorités belges

Une petite élite Hutu perçoit alors ce qu’elle peut gagner en termes politiques d’une revendication « démocratique » qui passe par une dénonciation de la « colonisation Tutsi ».

La Tutelle belge retourne ainsi son alliance et encourage le mouvement Hutu inspiré par une pensée raciale où l’existence du « peuple majoritaire » Hutu lui confère une légitimité indiscutable.

32- G. Kayibanda devient le premier président du Rwanda indépendant, le 1er juillet 1962

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Les massacres se poursuivent, sous la houlette du président. Les Tutsi sont appelés Inyenzi, les « cancrelats ».

En décembre 1963 et janvier 1964 des milliers de Tutsi sont assassinés lors de massacres de grande ampleur, qui touchent principalement la préfecture de Gikongoro.

4- LE REGIME HABYARIMANA

41- Le 5 juillet 1973, le général-major Juvénal HABYARIMANA, un Hutu originaire du Nord-Ouest du pays prend le pouvoir à la faveur d’un coup d’État. Il prétend alors rétablir l’unité des Rwandais.

42- Le tournant de la fin des années 1980

À la fin des années 1980, trois éléments vont contribuer à fragiliser le régime : une grave crise économique, les revendications démocratiques de la société civile et la constitution du Front Patriotique Rwandais (FPR) en 1887

5- LA MARCHE VERS LE GENOCIDE 1990- 1994

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51- La guerre d’octobre 1990 et le développement du concept de «l’ennemi de l’intérieur» (ENI)

Le 1er octobre 1990, le FPR lance sa première offensive contre le Rwanda après que les négociations sur le droit au retour des réfugiés se sont heurtées à une fin de non-recevoir de la part du régime HABYARIMANA.

52- Les négociations d'Arusha

Le champ politique se radicalise à mesure que les négociations avec le Front Patriotique Rwandais (FPR) progressent pour aboutir, en Août 1993, à la signature des accords d’Arusha.

53- Médias et milices

Des flots de haine sont propagés par la Radio Télévision des Mille Collines (RTLM) ou le bi-mensuel Kangura

Ces représentations de l’ennemi s’accompagnent de la mise en place d’une organisation matérielle : milices et structures d’autodéfense civile, voient le jour dès 1992, en particulier les Interahamwe attachés au Mouvement Républicain National pour le Développement et la Démocratie (MRND), rassemblant des milliers de civils hutu entraînés au maniement des armes à feu.

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Les tenants de l’extrémiste hutu, réunis dans l’ « Akazu », réseau d’influence des proches de la famille présidentielle, s’emploient à harceler, allant même jusqu’à torturer toute voix dissidente.

==> Le génocide des Tutsi n’a pas surgi de manière spontanée au Rwanda. Il est au contraire le produit d’une organisation particulièrement sophistiquée, reposant sur trois réseaux d’influence intimement imbriqués :– l’ « Akazu » aux plans politique et économique,– le « réseau zéro » ou « escadrons de la mort » au niveau militaire,– et les « médias de la haine », instruments de propagande de l’idéologie génocidaire au sein de la société civile.

.54- L'attentat du 6 avril 1994

Le 6 avril 1994, l’avion transportant le président HABYARIMANA est abattu par un tir de missile à son approche de Kigali. Les auteurs de cet attentat n’ont à ce jour pas été identifiés et l’instruction est toujours entre les mains de la justice française, les pilotes du Falcon présidentiel étant Français.

Les tueries débutent : les routes et les chemins du pays se hérissent de barrières censées barrer la route aux soldats infiltrés du FPR, lequel à repris l’offensive le 7 avril.

6- L’ÉTAT AU SERVICE DU GÉNOCIDE

Dés lors, tout Tutsi, du nourrisson au vieillard, est l’objet d’une campagne d’extermination implacable. Présentés comme des opérations de guerre, les massacres relèvent d’une logique d’éradication prise en charge par l’Etat et qui traverse toutes les franges de la société.

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61- Le gouvernement intérimaire prête serment le 9 avril

Il rassemble des personnalités issues de différents partis politiques, respectant, en apparence seulement, la pluralité exigée par les accords d’Arusha : tous étaient en effet issus des factions « Hutu power » (extrémistes) de leur partis d’origine.

Théodore SINDIKUBWABO et Jean KAMBANDA deviennent respectivement Président et Premier ministre par intérim.

Alors que les combats ont repris avec le FPR, mais mobilisent pourtant l’essentiel de leurs troupes dans l’exécution des massacres : le génocide se déroule en même temps que la guerre.

Au delà de l’armée, tous les moyens de l’État sont mobilisés dans l’extermination : fonctionnaires, fonds de la Banque Nationale et des ministères (notamment celui des travaux publics) et services de transport publics.

Des listes sont dressées, des dates fixées… préfets et bourgmestres sont appelés à mettre systématiquement en application les consignes génocidaires dans leurs administrations respectives.

La « gestion » des cadavres atteste de cette minutieuse organisation : les préfets mobilisent camions-bennes et tractopelles afin de rassembler les corps laissés à l’abandon et de les enterrer dans de larges fosses communes.

62- La propagation du génocide à l'ensemble du pays: Un génocide de "proximité"

Un schéma d’extermination systématique: Les tueries atteignent rapidement les collines où ce sont les civils qui participent aux massacres de leurs voisins, selon des modalités partout similaires, et y seront massacrés.

Les Tutsi pourchassés se réfugient ou sont amenés à se réfugier dans des églises ou des lieux publics (écoles, stade…). où ils essuient des tirs d’armes automatiques et de grenades avant d’êtres achevées à coups de machettes ou de gourdins.

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Sur les collines, les cartes d’identité « ethniques » n’étaient pas nécessaires pour identifier « l’ennemi » : les familles se connaissaient de longue date, partageant des activités et des liens affectifs fortement imbriqués.

Aller travailler : une «banalité du mal» poussée à l’extrême

63- La fin du génocide

Le génocide des Tutsi s’achève avec la victoire militaire du FPR, marquée par la prise de Kigali, le 4 juillet 1994. Le Rwanda n’est plus qu’un charnier à ciel ouvert, aux ressources entièrement pillées. Tout est à reconstruire, et surtout, une société profondément traumatisée et déchirée.

Les cadres politiques et militaires du régime génocidaire fuient le pays, dissimulés dans le flot de près de 2 millions de civils Hutu qui se réfugient dans d’immenses camps de réfugiés au Zaïre, générant une nouvelle crise humanitaire –la seule qui ait véritablement mobilisé les médias occidentaux de l’époque- et la déstabilisation durable de la région.

L’absence de réaction de la communauté internationale, et pire, la réduction des effectifs de la MINUAR (force d’intervention de l’ONU) de 75% de ses membres ont en effet facilité, si ce n’est encouragé, le génocide le plus foudroyant de la fin du XXème siècle.

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B2- AIDE MEMOIRE POUR COMMENTAIRES ASSOCIES (Bases d'explications et d'échanges)

1- UNE OPPOSITION ETHNIQUE FABRIQUÉE DE TOUTES PIÈCES PAR LA COLONISATION

À l’origine, avant les colons, un seul peuple, de pasteurs et d’agriculteurs, avec la même langue, le même dieu, les mêmes traditions

Avant la rencontre avec les européens, (allemands puis belges à partir de 1916) Hutu et Tutsi n’étaient ni

des « races », ni des « ethnies ». Ces catégories désignaient à l’époque différentes positions dans la

hiérarchie sociale au sein d’un régime de type féodal : les Tutsi, des pasteurs, étaient l’élite politique tandis

que les Hutu, des agriculteurs, et les Twa, des pygmées habitant la forêt, représentaient le « bas peuple ».

Des catégories fluides

Un Tutsi pouvant devenir Hutu à la suite d’un revers de fortune ou suite à un comportement

répréhensible, et, inversement, un Hutu pouvait devenir Tutsi, être « anobli » en quelque sorte, à la suite

de faits d’armes particulièrement remarquables ou s’il devenait propriétaire d’un grand nombre de

vaches. En outre, d’autres appartenances, telles que les clans ou les régions d’origine semblaient

beaucoup plus importantes que la seule distinction Tutsi / Hutu.

2-LA CLASSIFICATION RACIALE : UNE OBSESSION DES MISSIONNAIRES ET DES COLONISATEURS

21- Suivant la longueur de leur nez, les Rwandais étaient classés comme Hutu ou Tutsi

22- Le mythe d’un peuple hamitique

Lorsqu’ils arrivent au Rwanda, à la fin du XIXème siècle, les premiers missionnaires découvrent un

royaume dont les dirigeants, les Tutsi, présentent des traits corporels et intellectuels qui ne correspondent

par à leurs représentations du « Nègre ». Puisant leur inspiration dans la vulgate scientifique du XIXème et

du début du XXème siècle et notamment les théories d’A. De Gobineau, ils s’emploient alors à remonter le

fil de l’ascendance raciale de ces Tutsi, qui ne peuvent, selon eux, qu’appartenir à une race supérieure. Les

« Des ethnologues estiment aujourd’hui que la différenciation physique entre les pasteurs et les cultivateurs est

peut être due à un « stock génétique » différent mais que, plus sûrement encore, elle résulte de l’endogamie

pratiquée dans les sociétés traditionnelles. Des pratiques alimentaires répétées de génération en génération ont

également accentué les différences morphologiques. C’est ainsi que les pasteurs, comme les Masaï du Kenya, se

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nourrissent essentiellement du lait et du sang de leur bétail, tandis que les cultivateurs privilégient les céréales et

les haricots. » Colette Braeckman, Rwanda Histoire d’un génocide – Fayard, 1994 (page 28)

Tutsi seraient les descendants d’une race blanche venue du Caucase, passée par l’Éthiopie, et

progressivement abâtardie au cours de sa migration vers le coeur du continent noir.

23- Une classification figée par les cartes d’identité imposées par les belges

Au début des années trente, le colonisateur belge crée les cartes d’identité « ethniques », qui figent des catégories sociales auparavant poreuses. Celles-ci auraient été déterminées en fonction du nombre de vaches possédées, mais surtout sur l’aspect physique, taille, forme du nez ...

24- Les représentants de l’église et de la couronne belge assoient leur pouvoir sur le pays en s’appuyant sur le roi

Tutsi, le Mwami, et ses dignitaires.

Ils confient aux chefs Tutsi le soin de lever l’impôt et d’administrer le pays. Ceux-ci deviennent le symbole de l’oppression coloniale.

3- LA DÉCOLONISATION RENVERSE LES ANCIENNES ALLIANCES

31- Dés avant les années 1950, l’élite Tutsi « indigène » s’éloigne de ce caractère oppresseur et revendique un certain abandon de mesures, telles les travaux forcées et la chicotte

puis, est progressivement gagnée aux idéaux indépendantistes : une trahison pour les autorités belges qui l’a chérie.

Une petite élite Hutu perçoit alors ce qu’elle peut gagner en termes politiques d’une revendication « démocratique » qui passe par une dénonciation de la « colonisation Tutsi ». La Tutelle belge retourne ainsi son alliance et encourage le mouvement Hutu inspiré par une pensée raciale où l’existence du « peuple majoritaire » Hutu lui confère une légitimité indiscutable.

Les prémisses du « Hutu power », au coeur des mouvements indépendantistes Hutu.

En 1956, Grégoire KAYIBANDA, directeur du journal catholique Kinyamateka, publie le « Manifeste des Bahutu », sous la supervision de Mgr PERRAUDIN, un « père blanc » suisse, archevêque de Kabgayi. Le Manifeste désigne le Tutsi comme étant d’une race étrangère.

En 1959, G. KAYIBANDA crée le parti Parmehutu qui proclame que la masse Hutu est constituée des seuls «vrais Rwandais».

Les Tutsi ne partageant pas cette conception des choses sont invités à «retourner en Abyssinie». Dans son discours électoral, il parle de « chasser la minorité d’ »envahisseurs hamites » et de rendre le pays à ses seuls propriétaires légitimes, les Hutu ».

Des troubles éclatent en novembre 1959, initiés par les contestataires Hutu, essentiellement dirigés contre les cadres « indigènes » de l’administration coloniale, c’est-à-dire des chefs et des sous-chefs.

Environ 20 000 Tutsi sont massacrés au cours de cette « Toussaint rwandaise » (Jacques Morel – La France au coeur du génocide Tutsi). Les biens des Tutsi sont pillés et leurs maisons brulées de manière à les contraindre à l’exode. Près de 300 000 Tutsi partent en exil vers les pays limitrophes, l’Ouganda, la Tanzanie, le Burundi ou le Zaïre.

Les réfugiés Tutsi de 1959 sont considérés comme les plus anciens réfugiés d’Afrique.

32- G. Kayibanda devient le premier président du Rwanda indépendant, le 1er juillet 1962.

Les massacres se poursuivent, sous la houlette du président. Les Tutsi sont appelés Inyenzi, les « cancrelats ».

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En décembre 1963 et janvier 1964 des milliers de Tutsi sont assassinés lors de massacres de grande ampleur, qui touchent principalement la préfecture de Gikongoro.

4- LE REGIME HABYARIMANA

41- Le 5 juillet 1973, le général-major Juvénal HABYARIMANA, un Hutu originaire du Nord-Ouest du pays

prend le pouvoir à la faveur d’un coup d’État. Il prétend alors rétablir l’unité des Rwandais.

De fait, les massacres cessent, mais pas la discrimination, qui continue de frapper les Tutsi au nom d’une politique « d’équilibre ethnique et régional ».

Le régime HABYARIMANA maintient la mention ethnique sur les documents administratifs – pratique inaugurée sous la colonisation – poursuivant ainsi la politique publique de discrimination.

Les Tutsi se voient limités dans leur accès à l’enseignement secondaire, aux emplois publics, à l’armée, et plus encore, aux postes politiques.

Dès 1975, le Rwanda vit sous le régime du parti unique, le Mouvement Révolutionnaire National pour le Développement (MRND), ce qui ne le distingue guère de ses voisins africains.

42- Le tournant de la fin des années 1980

À la fin des années 1980, trois éléments vont contribuer à fragiliser le régime : une grave crise économique, les revendications démocratiques de la société civile et la constitution du Front Patriotique Rwandais (FPR) en 1987 qui rassemble, depuis l’Ouganda, les descendants d’exilés Tutsi des années 1960 ainsi qu’un certain nombre de Hutu dissidents.

5- LA MARCHE VERS LE GENOCIDE 1990- 1994

51- La guerre d’octobre 1990 et le développement du concept de «l’ennemi de l’intérieur» (ENI)

Le 1er octobre 1990, le FPR lance sa première offensive contre le Rwanda après que les négociations sur le droit au retour des réfugiés se sont heurtées à une fin de non-recevoir de la part du régime HABYARIMANA.

Rapidement jugulée par les Forces armées rwandaises (FAR), soutenues par des troupes zaïroises, belges et françaises (opération Noroît), cette attaque inaugure le début d’une guerre qui va réactiver les vieux fantasmes d’une « invasion » Tutsi. Immédiatement après les premiers assauts des troupes du FPR, des milliers de personnes sont arrêtées au motif qu’elles sont « complices » de l’ennemi.

La plupart d’entre elles sont Tutsi, même si le gouvernement profite également de cette opportunité pour persécuter ses opposants Hutu.

Au gré des offensives, des cessez-le-feu et de la recomposition du jeu politique ouvert au multipartisme à partir de juin 1991, les aspirations véritablement démocratiques côtoient les programmes de partis ouvertement racistes, comme la Coalition pour la Défense de la République (CDR).

52- Les négociations d'Arusha

Le champ politique se radicalise à mesure que les négociations avec le Front Patriotique Rwandais (FPR) progressent pour aboutir, en Août 1993, à la signature des accords d’Arusha.Ces derniers prévoient la mise en place d’un gouvernement de transition permettant de représenter l’ensemble des sensibilités partisanes. La perspective de partage du pouvoir et, plus encore, d’une fusion des armées (Forces Armées Rwandaises -FAR- et FPR) est inacceptable pour les extrémistes Hutu, qui n’ont de cesse de dénoncer ces accords.

En octobre 1993, une Mission des Nations Unies pour l’Assistance au Rwanda (Minuar) déploie 2 500 hommes pour assurer l’application des accords d’Arusha, sous le commandement du général canadien DALLAIRE.Les accords d’Arusha prévoyaient un processus pacifique de partage du pouvoir : en décembre 1993, le FPR s’installe à Kigali, avec un bataillon de 600 hommes. La situation est si tendue qu’ils sont cantonnés au siège du parlement, le Conseil National du Développement (CND).

53- Médias et milices

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Les flots de haine propagés par la Radio Télévision des Mille Collines (RTLM) ou le bi-mensuel Kangura dépeignent les Tutsi comme autant de complices naturels du FPR prêts à soutenir le mouvement et à soumettre sous leur joug le « peuple majoritaire ».

Ces représentations de l’ennemi s’accompagnent de la mise en place d’une organisation matérielle : milices et structures d’autodéfense civile, voient le jour dès 1992, en particulier les Interahamwe attachés au Mouvement Républicain National pour le Développement et la Démocratie (MRND), rassemblant des milliers de civils hutu entraînés au maniement des armes à feu.

Les tenants de l’extrémiste hutu, réunis dans l’ « Akazu », réseau d’influence des proches de la famille présidentielle, s’emploient à harceler, allant même jusqu’à torturer toute voix dissidente.

Le génocide des Tutsi n’a pas surgi de manière spontanée au Rwanda. Il est au contraire le produit d’une organisation particulièrement sophistiquée, reposant sur trois réseaux d’influence intimement imbriqués :– l’ « Akazu » aux plans politique et économique,– le « réseau zéro » ou « escadrons de la mort » au niveau militaire,– et les « médias de la haine », instruments de propagande de l’idéologie génocidaire au sein de la société civile.

Le rôle majeur des médias extrémistes, et particulièrement de la tristement célèbre Radio des Mille Collines (RTLM) constitue une caractéristique fondamentale du génocide des Tutsi au Rwanda.Au delà de la simple propagande, les génocidaires ont utilisé les médias comme une arme, un outil extrêmement opérationnel permettant de désigner publiquement les noms des personnes à tuer, d’organiser la « logistique » des massacres et de « donner du coeur à l’ouvrage » aux meurtriers par la diffusion de messages d’encouragement et de musiques populaires entraînantes;

Entre 1990 et 1994, à côté d’une floraison de journaux rassemblant des démocrates Hutu et Tutsi, l’Etat rwandais a ouvertement encouragé un réseau de médias extrémistes faisant l’apologie de la haine et de l’intégrisme ethnique.

54- L'attentat du 6 avril 1994

Le 6 avril 1994, l’avion transportant le président HABYARIMANA est abattu par un tir de missile à son approche de Kigali. Les auteurs de cet attentat n’ont à ce jour pas été identifiés et l’instruction est toujours entre les mains de la justice française, les pilotes du Falcon présidentiel étant Français.

La mort du « père de la Nation » offre un prétexte aux extrémistes qui accusent le FPR – et donc les Tutsi – d’en être à l’origine, avec la complicité des Belges.

Le colonel BAGOSORA prend la tête d’un comité de crise le soir même et manœuvre pour faire assassiner les principales figures de l’opposition politique, en particulier la Premier ministre Agathe UWULINGIYIMANA, qui aurait dû assurer l’intérim durant la période de vacance du pouvoir.

Le 7 avril, elle est tuée à son domicile et les casques bleus belges affectés à sa protection sont désarmés et battus. Massacrés à leur tour quelques heures plus tard dans l’enceinte du camp militaire de Kigali, leur mort précipite le départ des troupes internationales.

Parallèlement, les tueries débutent : les routes et les chemins du pays se hérissent de barrières censées barrer la route aux soldats infiltrés du FPR, lequel à repris l’offensive le 7 avril.

6- L’ÉTAT AU SERVICE DU GÉNOCIDE

Dés lors, tout Tutsi, du nourrisson au vieillard, est l’objet d’une campagne d’extermination implacable. Présentés comme des opérations de guerre, les massacres relèvent d’une logique d’éradication prise en charge par l’Etat et qui traverse toutes les franges de la société.

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61- Le gouvernement intérimaire prête serment le 9 avril et rassemble des personnalités issues de différents partis politiques, respectant, en apparence seulement, la pluralité exigée par les accords d’Arusha : tous étaient en effet issus des factions « Hutu power » (extrémistes) de leur partis d’origine.

Théodore SINDIKUBWABO et Jean KAMBANDA deviennent respectivement Président et Premier ministre par intérim d’un État qui assure la direction politique du génocide tandis que l’administration, l’armée et les médias s’en font les relais et les exécutants.

Alors que les combats ont repris avec le FPR, et au mépris des objectifs stratégiques qu’aurait du leur dicter les impératifs de la guerre, les Forces Armées Rwandaises (FAR) mobilisent pourtant l’essentiel de leurs troupes dans l’exécution des massacres : le génocide se déroule en même temps que la guerre.

Au delà de l’armée, tous les moyens de l’État sont mobilisés dans l’extermination : fonctionnaires, fonds de la Banque Nationale et des ministères (notamment celui des travaux publics) et services de transport publics.

Des listes sont dressées, des dates fixées… préfets et bourgmestres sont appelés à mettre systématiquement en application les consignes génocidaires dans leurs administrations respectives.

La « gestion » des cadavres atteste de cette minutieuse organisation : les préfets mobilisent camions-bennes et tractopelles afin de rassembler les corps laissés à l’abandon et de les enterrer dans de larges fosses communes.

À Kigali, à la fin du mois d’Avril, le colonel Tharcisse RENZAHO fait procéder au « nettoyage » des rues de la capitale 67 000 cadavres sont rassemblés en moins de 24h.

62- La propagation du génocide à l'ensemble du pays: Un génocide de "proximité"

Un schéma d’extermination systématique: Les tueries atteignent rapidement les collines où ce sont les civils qui participent aux massacres de leurs voisins, selon des modalités partout similaires, et y seront massacrés.

Les Tutsi pourchassés se réfugient ou sont amenés à se réfugier dans des églises ou des lieux publics (écoles, stade…). Parfois, ce sont même les autorités locales qui les invitent à le faire : sous prétexte de « protection », les Tutsi sont surtout privés de nourriture et d’eau afin d’affaiblir leurs capacités de résistance. Ils sont ensuite assassinés en masse à une date fixée d’avance par l’administration locale : les victimes essuient des tirs d’armes automatiques et de grenades avant d’êtres achevées à coups de machettes ou de gourdins.

Sur les collines, les cartes d’identité « ethniques » n’étaient pas nécessaires pour identifier « l’ennemi » : les familles se connaissaient de longue date, partageant des activités et des liens affectifs fortement imbriqués. La déshumanisation des Tutsi – réduits au statut de « cancrelats » (Inyenzi) par la propagande des extrémistes Hutu- et les imaginaires de guerre défensive ont animé le zèle des tueurs et facilité leur violence sur des êtres avec lesquels ils vivaient jusque là « en bon voisinage ».

Aller travailler : une «banalité du mal» poussée à l’extrêmeAu cours des 3 mois du génocide, les massacres s’inscrivent dans le quotidien agricole des villageois. L’action même de tuer est désignée sous le terme gukora, signifiant « travailler » en kinyarwanda.Les armes employées sont les mêmes que celles qui servent aux travaux des champs ou à la chasse : machettes et gourdins, mais aussi houes, serpettes, arcs et flèches, lances et mêmes des chiens…Pourtant, la férocité et la cruauté déployées par les Hutu pour exterminer leurs voisins Tutsi a dépassé de loin les attentes du régime, et caractérise la spécificité de ce génocide.

63- La fin du génocide

Le génocide des Tutsi s’achève avec la victoire militaire du FPR, marquée par la prise de Kigali, le 4 juillet 1994. Le Rwanda n’est plus qu’un charnier à ciel ouvert, aux ressources entièrement pillées. Tout est à reconstruire, et surtout, une société profondément traumatisée et déchirée.

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Les cadres politiques et militaires du régime génocidaire fuient le pays, dissimulés dans le flot de près de 2 millions de civils Hutu qui se réfugient dans d’immenses camps de réfugiés au Zaïre, générant une nouvelle crise humanitaire –la seule qui ait véritablement mobilisé les médias occidentaux de l’époque- et la déstabilisation durable de la région.

L’absence de réaction de la communauté internationale, et pire, la réduction des effectifs de la MINUAR (force d’intervention de l’ONU) de 75% de ses membres ont en effet facilité, si ce n’est encouragé, le génocide le plus foudroyant de la fin du XXème siècle.

4- PANNEAU DEFINITION DU GENOCIDE

Un génocide est l'anéantissement délibéré et méthodique d'un groupe d'hommes, en raison de sa race, de son appartenance ethnique, de sa nationalité ou de sa religion, dans le but de le faire disparaître totalement et ce au nom d'un principe raciste ou d'une conception idéologique de ce groupe.

Le terme génocide a été créé en 1944 par le juriste Raphaël Lemkin pour désigner l'extermination systématique des juifs par les nazis.

Contrairement aux guerres idéologiques où les victimes sont vues comme des vecteurs supposés de leurs idées, le génocide a pour fondement la discrimination d'une population considérée comme indésirable ainsi que le fait de lier l'appartenance à cette population à la naissance.

La Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide, adoptée le 9 décembre 1948 par l'assemblée générale des Nations Unies, affirme, dans l'article 2 :

"Dans la présente Convention, le génocide s'entend de l'un quelconque des actes ci-après commis dans l'intention de détruire, ou tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel :

a) Meurtre de membres du groupe ;b) Atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe ;c) Soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle ;d) Mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ;e) Transfert forcé d'enfants du groupe à un autre groupe."

Si la liste des génocides reconnus par les historiens, les Etats ou les Tribunaux internationaux est longue, seuls trois d'entre eux ont été reconnus au plan juridique par des instances internationales dépendant de l'ONU :

le génocide arménien commis par l'Empire ottoman en 1915-1916, le génocide des Juifs et des Tsiganes commis par les nazis, le génocide des Tutsis au Rwanda, commis par les milices extrémistes hutues en 1994.

En France, le génocide est puni en tant que crime contre l'humanité. Il est imprescriptible.

DECISIONS IMPORTANTES DU TPIR :

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- le 2 septembre 1998, le TPIR prononce son premier jugement mais aussi le tout premier jugement rendu par la justice internationale pour génocide. Reconnu coupable de génocide et crimes contre l'humanité, l'ancien maire de Taba (centre du Rwanda), Jean-Paul Akayesu, est condamné à la prison à perpétuité.

Dans le jugement, le viol est reconnu pour la première fois comme pouvant être constitutif du crime de génocide, lorsqu'il est commis dans l'intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe particulier ciblé comme tel.

- le 16 juin 2006, à la demande du procureur dans le procès de trois dirigeants du Mouvement républicain national pour la démocratie et le développement (MRND), le parti de l'ex-président Juvénal Habyarimana, la chambre d'appel conclut que le génocide des Tutsis de 1994 au Rwanda est « un fait de notoriété publique », qui « fait partie de l'histoire mondiale ».

« Il n'y a aucune base raisonnable pour qui que ce soit de nier qu'en 1994, il y avait une campagne de massacres de masse visant à détruire, en tout ou tout au moins en grande partie, la population tutsie du Rwanda », tranche unanimement la chambre.

PROCES SIMBIKANGWA: Feuille de motivations du verdict

2 extraits à copier dans http://proces-genocide-rwanda.fr/wp-content/uploads/2014/03/Motivation-Simbikangwa.pdf

(sur la notion de génocide et de plan concerté)

B3- DOCUMENTATION, ARCHIVES ET SOURCES (exposition de divers documents)

Livres: La fleur de Stéphanie, Survivantes (Souad Belhabbad), Rwanda, récit d'un survivant, La chanson de l'aube (Vénuste Kayimahe), Le livre d'Elise (Elise Rida Musomandera), Le génocide au village (Hélène Dumas), Inienzi (Scholastique Mukasonga) , Rwanda, racisme et génocide (Marcel Kabanda et Jean Pierre Chrétien), Murambi, le livre des ossements (Boubacar Diop), Les medias du génocide, la vie des Batutsi du rwanda sous la 1ère et la 2ème république (Antoine Mugesera), Une saison de machettes, Dans le nu de la vie, La stratégie des antilopes, Un papa de sang (Jean Hatzfeld), Génocidé (Révérien Rurangwa), La vie des batutsi du Rwanda sous le première et la deuxième république, Le sabre et la machette (François Graner), Blessures d'humanitaire (Annie Faure), L'Inavouable, Complices de l'inavouable, Imprescriptible (Patrick De Saint Exupery), La fantaisie des Dieux (Patrick de Saint Exupery), Papa, raconte moi le génocide des Tutsi avec les enfants du Rwanda et d'ailleurs (Sonia Fournier), Imbibé de leur sang, gravé de leurs noms (Philibert Muzima), Un sachet d’hosties pour cinq (César Murangira), L’Innommable - Agahomamunwa -Un récit du génocide des Tutsi (Adélaïde Mukantabana), Une vie au Rwanda parmi tant d’autres Eugénie Mukamugema) etc ...

Vidéos: Génocidé (Révérien Rurangwa), Mémoires partagées (Yvan Ygal), A mots couverts (Violaine Baraduc et Alexandre Westphal), Fragments de Mémoire (Valens Kabarari)

Témoignages filmés: Léo Kabalisa, Vénuste Kayimahe, Leiny, Annick Kayitesi, Marie-Louise Kaligirwa, Delphine