Olivier Mathieu a été élu à l'Académie française

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Le romancier Olivier Mathieu publie ici une sorte de nouvelle littéraire, qui est aussi un texte théorique (sous un titre amusant) sur l'état actuel de la langue française. Olivier Mathieu (dit Robert Pioche) est candidat à l'élection du 7 avril 2011, à l'Académie française, au trentième fauteuil laissé vacant par le décès de M. Maurice Druon. Ce texte d'Olivier Mathieu est à dater du Premier Avril 2011...

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Olivier Mathieu a t lu l'Acadmie franaise, le 7 avril 2011, au trentime fauteuil laiss vacant par le dcs de Maurice Druon.Discours de rception d'Olivier Mathieu, dit Robert Pioche (candidat depuis le 27 janvier 2011 l'lection du 7 avril 2011 l'Acadmie franaise), qui sera prononc Paris, le premier jour d'avril 2011, soit six jours avant cette lection.

Par Olivier Mathieu.Nouvelle littraire, mais aussi de rflexion thorique sur la morphologie, la syntaxe, la phontique et la dcadence franaises.

Prologue en vers. Discours de rception d'Olivier Mathieu, en vers fleuris.Ce pome ludique compte environ deux cents alexandrins rimes plates ou

riches, presque toutes rgulires, plus 14 octosyllabes emprunts Charles Cros. Emprunt d'autant plus comprhensible que lascendance la plus remarquable de Maurice Druon fut bel et bien celle des Cros. Et puis, Maurice Druon tait galement, si je me souviens bien, l'arrire-arrire-petit fils dOdorico Mendes, homme de lettres brsilien, lu au 17e fauteuil de l'Acadmie brsilienne des Lettres. Mendes est un nom typiquement portugais, bien qu'on le retrouve aussi en France (cf. Catulle Mends, Pierre Mends France, etc.). Dans le pome, ont t insres des expressions (Tourbillons Lgers, Rendezvous aux Enfers, Tistou les Pouces Verts) qui sont des titres fameux duvres. La premire est une uvre musicale du grand-pre de la premire femme de Maurice Druon, Louis Gregh, musicien lger et diteur de musique, lequel ne signait pas

(ou pas toujours) ses pices de musique de son nom, semble-t-il, mais de pseudonymes. Quant "la civilisation est d'abord un langage", l'expression est videmment de Maurice Duon (discours de rception l'Acadmie franaise, 1967). Ecoutons d'abord ce pome, que vous imaginerez donc clam par Olivier Mathieu devant les membres - sagement assis pour l'couter - d'une Acadmie franaise comble de visiteurs. La vie littraire de Maurice Druon raconte en vers. Mesdames et Messieurs, la noble Acadmie DArmand Jean du Plessis a, de ses voix, mis Le vu de maccueillir en votre confrrie Et dhonorer lauteur qui fut longtemps marri Dun silence en cho pour toute ternit. En ce jour d'hui, merci, pour limmortalit Que vous me confrez en moffrant, respectable, Un large fauteuil en viager, la table Des hros demi-dieux de la littrature Dont lpe en airain tient vive la nature Anoblie et sacre, en ses airs doutre temps, De la pense crite et des valeurs dantan (Lorsque, chti ou cru, le langage, autrefois, Naissait du cur du peuple et des hrauts, ma foi !) Des mots enfin des mots, chafauds en somme Pote aprs pote, au fur des heurs des hommes ; Crs pour exprimer sensations, sentiments, Le malheur vrit et le bonheur qui ment. La civilisation est dabord un langage Ai-je besoin de dire o j'ai trouv l'adage ? Des mots vivants, des mots dments, mais parlons-en ! voquons qui nest plus mais qui, en alezan, Caracolait parmi les vers dun Charles Cros Au pays du Midi au milieu de la Crau, Car vous excuserez mon parti pris dloge De ce qui est, pour moi, balancier de lhorloge : Esprit de cration, essence et vibrations Dun cur en effusion denfant dont la mission Simpose lui dun brin de rve et sans raison Mais coutons chanter lanctre en son Coffret De Santal, mlope au parfum encor frais : * Au plus grand nombre je dplais,

Car je semble tomb des nues, Rvant de terres inconnues D'o j'exile les gens trop laids. La tte au vent, je contemplais Le ciel, les bois, les splendeurs nues. Quelques rimes me sont venues. Public, prends-les ou laisse-les. Je les multiplie et les sme Pour que, par hasard, ceux que j'aime Puissent les trouver sous leurs pas. Quand ceux-l diront que j'existe, La foule, qui ne comprend pas, Paiera. C'est l'espoir de l'artiste. (en italiques, 14 octosyllabes emprunts Charles Cros) * Et tout abasourdi par de si vrais propos, Notre Druon - car cest bien lui - chercha repos Du ct du troisime et dernier souverain Dun rve de nation damrindiens pur crin. Ce fut Antoine Cros, le mdecin de Pierre Empereur brsilien, qui apporta sa pierre En la Nouvelle France, au pays exotique Patagon, araucan et puis si hermtique : Antoine le second, adepte en science occulte Rendait ainsi honneur aux Esprits dont le culte Occupait la Pense des indiens mapou-tchs Les tres de la Terre vnrant, abouchs la nature en fibre, une Gnouk Mapou, Une Mre la Terre, dont nul ne sait lpoux. Revenons un instant la ligne des Cros Qui eut depuis longtemps la culture tous crocs. Au philosophe ancien, grammairien homophone, Lartiste en trichromie et du palophone, Ajoutons pour finir, un Henry dArt Nouveau, Gentilhomme verrier Svres, un dvot Exprimant en maux les motions anciennes ; De notre antiquit dEurope ayant fait sienne. Ajoutons, pour corser le bouillon de culture,

L'apport oriental des Kessel ; laventure De ce pre Lazare, artiste en dmesure ; Puis dun oncle Joseph (moderniste lusure, Terre terre en avion, fondateur de Gringoire) Son got de la Russie, seul fait ici notoire. Adoub par autant de tendres crateurs, Inventeurs, prosateurs, potes, amateurs De langue et de beauts, Maurice eut donc un choix : Voil quentre mes bras un lourd pass mchoit. Il suivit de ses pairs enchsss en la terre, La ligne aux lettrs et lattrait du mystre ; De sa mre et son pre adoptif conjuguant La forme avec le fond, la lettre avec le gant Du fauconnier altier, et lantique armorial Au jeu choisi des mots, lhistoire au mmorial Dun long pays perclus dcus et de trophes ; Mlant les faits, les vrais, aux mirages des fes. Son chemin tout trac lemmena sur les pas Des rveurs et des vieux contes bel appas. Qui pourra stonner quaprs lavoir montre, La comdie troite et franoise et outre, La Fin des Hommes morale, et de valeur, Cette bourgeoisie avilie, et de malheur (Rendez-vous aux Enfers pour Les Grandes Familles, Cest La Chute des Corps, l-bas sous la charmille), La seconde saga de Druon de Reyniac Plonget en un pass lointain plus dmoniaque, O les templiers morts font du roi un fantoche, Par leur maldiction, prince de la basoche, Dcaties les murs en cran danathmes Ont trangl la reine, empoisonn qui aime, Donn la louve au roi, jet le lis aux douves, Et pill le pays o la rvolte couve. Parachevant le tout, en remontant le temps, Pessimiste crivain, conservateur dantan (Moquant non sans raison la sbile tendue Dune contestation subventionne et due), Il nous offre le cur dAlexandre le Grand, Les Mmoires de Zeus au fond dun mazagran, Retrouvant le bonheur des vieux mythes paens Si loin des bnitiers, en la cupule au bien De quelque mgalithe, ostensoir naturel,

Tabernacle de vie, esprit fort, culturel. Oublieux de lencens, tous les vents dOlympe, Druon consent aux Dieux vieillis, aux ufs de lumps, Le bonheur potique et sacr dune thique Parmi la mer, parmi les prs dune esthtique Quand Pierre de Lagarde entame un sacerdoce, vouloir ranimer sur quoi le temps sadosse Et sauver de la mort Chefs-duvre en Pril, Notre amoureux, Druon, des fiers cailloux dexil Et des travaux passs dinconnus de talent, Sprend dun ancien corps avec tout son allant, Rachte et puis restaure, Thse aux Maselles, Les murs, impressionnant anctre et damoiselle Dun art gallo-romain venu dun temps o les Romains avaient secrets des btons bien couls. Attisant l'moi de Thse-ls-Diane, Droulant fermement le prcieux fil d'Ariane, Druon redonna vie aux antiques arilles D'un if (tax taxus) au thsaurus des drilles. Il fit don du trsor, aprs quelques annes, lIndre et Loire ; et des mes abandonnes D'un Palais incendi, de la btise humaine Il se souvint ; prna que notre temps ramne En son Jardin, parois de Tuilerie ancienne : chez son Vieux Paris, rebtir port dphse ! Entre temps, install dans labbaye de Faize, Fortement abme aux jours de la bourgeoise Rvolution franaise, il en fit sa demeure De vivant et de mort. Pour que jamais ne meure Lesprit de cration et de conservation, La coule cistercienne, albe divagation S'y coule laudative et dun chant inaudible Glisse discrtement sur le chant dune Bible. Dici peu, vous aurez quarante bonnes femmes Qui nous tricoteront (Druon dun coup senflamme) Le franais dictionnaire ! Accordons-lui, mais oui, Quelque rancur envers le Beau Sexe qui luit. De Crayencour ntait en cour, on la compris. Il prfrait sous la Coupole un mle esprit Incarn par Braudel, Lvi-Strauss ou Duby, Le second rappelant : folie grand dbit, La mort de tant de vie en l'Homme, faune et flore,

Et lEsprit amoindri mang, il le dplore, De lintrieur, ruin ; tandis que de Reyniac Nentend pas retomber dans le sel ammoniac De socits dinsectes galitaristes O, en complet esclave, il serait mhariste. - Comment lEsprit devient chameau bon escient ? - Si tt charg, part au dsert, esprit patient! - Comment Chameau devient donc lion, ce solitaire ? - En muant du tu dois au je veux sans mystre! - Comment le Lion devient Enfant par tout Atys ? - De la mort-dieu, puisqu'au printemps nat Adonis! Pour "que Nature ait mis aucun en servitude", Cest que lenfant, en tre franc, rompt lhabitude, Rgnre la vie. Il est tel chez Mends, L'anctre de Reyniac, brsilien, loin d'Hads Et de l'"ombre brumeuse", en son Virgile entier Et lusophone, en son amour pour les sentiers O Palmeyrim affronte un Patagon flammes Mais "moult intelligent et grand amant de femmes". Tant soit peu misogyne, il sunira pourtant : Un ! la posie, lge de vingt ans, Dans un fougueux lan de jeunesse et de sang : Il pousa des Gregh, Genevive, inconscient, La fille de Fernand, le pote et critique (Le grand ami de Proust, berc par la musique De valse et de polka, au salon ouvrag Des danses papa en Tourbillons Lgers). Deux ! il convolera, en dautres lendemains, Avec, noire de peau, une petite main : Marignac Madeleine. Or, de ces deux unions Ne naquit nul enfant si ce nest, lumignon, Un gamin de papier, Tistou les Pouces Verts. Mesdames et Messieurs, lendroit lenvers, La vie entre partout, et Maurice Druon Dit qu'enfance est bnie, oui ! si nous nous ruons, Pleins d'espoir connatre, en soi autant qu'en matre, Le secret ternel de la Volupt d'tre !

Les vers que l'on vient de lire ont t adresss, par mes soins, et par voie postale, la majorit des acadmiciens, le 14 fvrier 2011. Certains m'ont rpondu, d'autres - "absents de Paris" m'ont fait remercier par leur secrtariat...

Chapitre IDiscours introductif: remerciement d'Olivier Mathieu ses paires (?), pour l'avoir lu, le 7 avril 2011, au fauteuil laiss vacant par le dcs de M. Maurice Druon. Ce qui offrira l'occasion de rappeler les tentatives prcdentes d'Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, afin d'asseoir la sienne (?) parmi les Quarante."Acadmiciens, acadmiciennes!" Cette introduction est clairement inspire par le fameux "Franais! Franaises!" de Mongnral. Acadmiciens! Acadmiciennes! Acadmiciens! Acadmiciennes!... "Acadmiciens! Acadmiciennes!"... Ciel, que dis-je? Quel homme politique dirait encore : "Franais! Franaises" ? Non! Il dirait (comme je l'ai entendu dans la bouche des prestigieux successeurs de Mongnral), il dirait: "Franaises! Franais!" Commencer par les dames est trs important. C'est plus politiquement correct. Et c'est cens rapporter davantage lectoralement. Ne disons plus : "Messieurs Dames!", mais : "Dames Messieurs!"... Ou, de mieux en mieux :"Mesdames Sieurs!"... Rouge de honte, donc, je me corrige : Acadmiciennes! Acadmiciens! Le 7 avril 2011, moins que ce n'ait t (poisson d'avril) six jours auparavant, et que personne d'autre que moi ne s'en soit aperu, voil qu'enfin, vous m'avez lu l'Acadmie franaise. Voil qu'enfin, on doit dire : Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, a t lu l'Acadmie. Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, est acadmicien. Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, est un "immortel". Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, est au nombre des Quarante. Voil qu'enfin, vous m'avez convi m'asseoir parmi vous, voil qu'enfin vous consentez que je vous apostrophe: membres de l'Acadmie, mes paires! Mes paires! Mes pairs! Acadmiciennes! Acadmiciens! Mon motion est son comble. Aprs tant de tentatives malheureuses, voil que vous avez rcompens ma lgendaire persvrance. Dj, en 1990, j'avais escompt que vous m'offriez votre accueil sous les lambris du Quai de Conti, mais vous m'aviez prfr (et j'avais largement applaudi votre choix) Madame Hlne Carrre d'Encausse qui, depuis lors, est devenue (aprs Maurice Druon) le Secrtaire perptuel de la noble assemble. Plus tard, en 2003, au terme d'une lutte pique, je dus m'incliner, pour

seulement dix-huit voix de diffrence, afin que pntre l'Acadmie un romancier tel que Valry Giscard d'Estaing. Et, ici encore, je partageai votre choix et m'exaltai de votre dcision: cette consacration littraire tait videmment indispensable et je fus tent, un instant, de renoncer au modeste suffrage que j'avais quant moi reu, afin de l'offrir Celui qui, dans ma jeunesse, dcidait avec tant de brio et de charisme des destins immortels (eux aussi) de la France. Oui, je le confesse. Que Valry Giscard devienne immortel avec seulement 19 voix, tandis que Robert Pioche devait se contenter d'un dix-neuvime d'immortalit, m'a donn mauvaise conscience. Je regrette que, par ma faute, M. Giscard n'ait point reu vingt voix. Cela aurait fait plus rond, plus unanime. Mais il est trop tard, hlas, pour revenir en arrire. Qui ne se souvient des moments historiques et tragiques o le prsident Giscard, assis son bureau devant les camras de tlvision, pronona des adieux larmoyants aussi touchants qu'inoubliables, en ces jours de mai 1981 o la presse franaise (de droite) voquait plus ou moins l'entre imminente des chars sovitiques dans Paris, la suite de l'lection de Franois Mitterrand? Cet instant terrible et formidable, cette page noire de notre histoire (je parle de M. Giscard abandonnant la France son mitterrandien destin) fut heureusement efface quand M. d'Estaing fut plbiscit (malgr la voix qu'obtint Robert Pioche) par l'Acadmie. J'en remerciai les Dieux du Destin, et en fus infiniment heureux et fier pour lui. En 1981, qui n'a senti l'amertume du prsident Giscard et de l'ide qu'il se faisait d'une France "l'entreprise France", vous vous souvenez? - soudain prive de lui? En 2003, ce fut son retour, la revanche, son entre dans l'immortalit littraire aprs l'immortalit politique d'un inoubliable septennat, voire dans l'immortalit tout court. D'ailleurs Mitterrand, qui savait pourtant crire, n'aura jamais t acadmicien. Na! En dcembre 2003, il y eut des gens pour s'lever contre le fait qu'un acadmicien ait choisi de voter pour Robert Pioche et non, comme il aurait t plus que logique, pour Giscard. Quelques jours plus tard, ainsi, dans le numro du 18 dcembre 2003 du "Figaro Magazine", l'un de nos penseurs franais, M. Philippe Bouvard pour le nommer, s'en prit avec son intelligence coutumire Robert Pioche. Il eut bien raison. Monsieur Bouvard est un journaliste d'un grand courage, son humour est sans gal, c'est un crivain d'immense talent et un philosophe exquis. Que dis-je? Bouvard est tout simplement l'un des phares de la pense universelle de tous les temps. Je fus confus qu'une telle autorit risque de souiller sa plume immacule pour s'en prendre ce vaurien de Robert Pioche. Ces dernires annes - et puisque le rglement acadmique, qui est infiniment dmocratique et je m'en rjouis, prvoit que "toute personne" puisse le faire, sans qu'il soit seulement ncessaire d'exercer la profession d'crivain - j'ai dpos mon humble candidature face des gants de la littrature et de l'histoire. Chaque fois, j'ai accept ma dfaite et, mieux encore, je l'ai comprise. Quand M. Max Gallo, ainsi, se prsenta et ( mon grand et ternel bonheur) triompha, ma candidature ne fut pas seulement prise en considration. C'tait curieux. J'avais eu le droit de poser ma candidature en mars 2007 et voil que, deux mois plus tard, je n'avais plus ce droit. Le refus de ma candidature du 31 mai 2007, oui, fut dun caractre absolument particulier, unique en son genre, puisque je possde le courriel

de lAcadmie franaise mindiquant aimablement que ma candidature serait annonce en sance, le 29 mars 2007. On peut donc dire que ma candidature a t rejete lors de cette sance du 29 mars 2007. Sur ordre de qui ? Broutilles... Je pris mon mal en patience. J'admis, trs volontiers, que bien des considrations exigeaient que je ne fusse lu qu'aprs les dames (par exemple Madame Simone Veil) et les messieurs qui furent mes adversaires lors de ces diverses lections.

Le plbiscite du 7 avril 2001 (Acadmie franaise, trentime fauteuil).L'lection acadmique du 7 avril 2011 m'a oppos, de nouveau, de grands esprits. Or, j'ai vaincu. Ce n'est pas, cette fois, un dix-neuvime de mon inscable fessier, un dix-neuvime de ma paire que l'on invite prendre ses aises sur un fauteuil acadmique, mais bel et bien l'intgralit de mon fessier. Je ne mritais pas tant d'honneur. Et c'est bien pourquoi ma surprise est norme d'avoir t ce que l'on me dit, et je dsire m'efforcer d'y croire lu, et, plus trangement encore, lu six jours avant ladite lection. Comment donc peut-on m'lire, moi qui ne suis pas n au nombre des lus, avant l'organisation d'une lection? Voil un grand mystre. Est-il donc crit que je doive entrer dans l'Histoire non seulement pour avoir t (comme le relate l'encyclopdie du "Quid") le "premier crivain avoir dpos sa candidature l'Acadmie franaise sous deux identits diverses", mais aussi, dsormais, pour avoir rdig et publi mon discours de rception six jours avant le 7avril 2011?

Chapitre II De la toute premire contribution combative qu'apportera Olivier Mathieu, exemple parfait d'imbcillit, aux minents et utiles travaux de ses paires.Mais quelle contribution pourrai-je donc apporter moi qui, en croire certains, probablement bien informs, serais un imbcile combatif mais notoire, une sorte de crtin congnital - l'institution qui m'abrite dsormais pour l'ternit sous son aile immortelle? Acadmiciennes! Acadmiciens! M'est avis, pour commencer, qu'il serait bon de nous asseoir autour d'une table, et de nous livrer tous, vous et moi, l'exercice d'une dicte de franais. Vous le savez, c'est l une ide laquelle je tiens. Il y a quelque temps, ainsi, le "Figaro Magazine" a aimablement rdig un article pour rappeler ma proposition. Qui sait combien de lecteurs du "Figaro Magazine" auront souri? Qui sait combien d'internautes (cet article du Fig Mag est "en ligne" sur Internet) auront souri? Avouezle, chres acadmiciennes et chers acadmiciens! Proposer une dicte aux Quarante, et donner sourire au peuple, n'est-ce pas l une innovation? Acadmiciennes! Acadmiciens! Sans doute n'ignorez-vous pas

Acadmiciennes! Acadmiciens! - que la langue franaise ne va pas bien. La langue franaise ne va pas bien, si j'en juge par les difficults que je rencontre, chaque fois que je me promne dedans Paris, la bonne ville de Pontoise ou leurs banlieues, pour comprendre le sens des borborygmes qui frappent mes oreilles. Je suis n Paris mais aujourd'hui, Paris, la langue franaise m'est trangre. Elle m'est trangre par le nombre des anglicismes qui la dfigurent, elle m'est trangre par ses syllabes disparues, elle m'est trangre par les subtiles influences dialectales venues de pays et de continents dont, hlas, je ne parle pas les idiomes. C'est trs frappant. Quand je me rends dans la ville italienne de Bari, je comprends le dialecte de cette cit, qui est un des plus ardus des environ 121 dialectes italiens. A Paris, je ne pige plus un mot. Dans mon enfance, tiens, on m'a enseign dire : "Je ne sais pas". Au cours des dcennies, on est pass "Je n'sais pas", puis "J'sais pas", puis "Ch'sais pas". Aujourd'hui, j'entends des "Chpa!" qui nous rapprochent de plus en plus d'un langage que les hommes des cavernes de la prhistoire eussent jug quelque peu rudimentaire. Une de mes amies (elle s'appelle Hlne et a 17 ans), laquelle je demandais son avis sur un livre, m'a rpondu : Spatt. J'ai rencontr quelque vague difficult comprendre le sens de ces sotriques syllabes. S'agissait-il d'un dialecte guadeloupen, africain, asiatique, indo-europen? On m'a renseign. "Spatt" signifie, m'a-t-on jur, "c'est pas terrible". C'est du franais. Au moins depuis J. Halliday, la France ne sait plus le sens du mot "terrible". Moi, j'ai rang dans un coin de mon cerveau la signification de "spatt". Mes contemporains sont en nette difficult ds qu'il s'agit pour eux de construire une phrase qui compte plus de trois mots, ou plus de cinq syllabes, frontire au-del de laquelle ils craignent probablement une atroce (et infonde) accusation d'litisme. Quelques exemples. On pourrait citer, parmi bien d'autres, ces indcrottables "tchaln'ge" et "dsol", qui sont des calques ns d'une anglomanie troite de journalistes. Si vous avez du temps perdre, branchez-vous sur n'importe quel feuilleton de la tlvision et attendez le moment, qui ne saura tarder, o l'un des protagonistes dira, pour tout et pour rien, un "dsol" qui ne signifie nullement qu'il soit dsol, mais seulement que le dialogue a t traduit mot mot d'un "sorry" anglais ou, s'il s'agit d'une "oeuvre du cru", qu'il a t intgr par le cerveau d'un dialoguiste "franais"... Tous nos crivains de talent ne furent pas de la brillante Acadmie, et certains tout simplement parce qu'ils taient dj morts depuis longtemps sa naissance ; j'aime comparer les styles, les lexiques des uns et des autres, la richesse et la luxuriance d'un Alcofribas Nasier, d'un Lon Marchenoir ou d'un Ferdinand Bardamu qui sont parmi les gloires de notre littrature, et de notre prose potique et jubilatoire. Et je dois dire, mme si je n'ai pas l'heur de plaire mes contemporains, ce qui ne me tracasse pas trop d'ailleurs, que l'enflure des mots ou les priphrases contemporaines sont de la roupie de sansonnet ct du vocabulaire, des

vocabulaires de ses gants. "Y a o rire", comme disait Cline en haut breton, il y a de quoi rire (de tristesse ou de colre?) devant les nologismes affligeants qui font par exemple des aveugles des "non-voyants". Mes auteurs, eux, appellent un chat un chat, en tout respect pour les mots et les individus, en toute franchise et sans pudibonderie. Et ne sont pas des "non-pensants" pour a. Et "y a o pleurer" lorsque "social" veut dire que tout va mal, que les gens sont mis la porte d'une entreprise (mesures sociales) ou sont en grve (conflit social). Autres euphmisme, ceux qui font de lches et criminels bombardements de civils (et de militaires aussi) des "frappes chirurgicales rates, dgats collatraux". Mes auteurs ont galement un second talent, celui de l'extrme richesse lexicale et expressive. Ils sont donc, en leurs oeuvres, l'oppos du langage contemporain des media, et de la rclame en particulier, qui est d'une dramatique pauvret, d'une telle bassesse ou d'une si incommensurable niaiserie et vacuit. Comment ne pas rire devant des expressions quotidiennes, galvaudes hue et dia, telles (j'en oublie) : "c'est une vritable rvolution dans la lessive", "ce but (d'un match de foot-ball) est historique", "il joue l'ancienne", "je vous vends du pain traditionnel" (que je n'ai jamais connu lorsque j'tais enfant), "c'est un rap emblmatique de toute une jeunesse", "c'est un rendez-vous mythique", "le concept en est simple et les oprateurs ne manquent pas", et pour finir les "atypique", "horsnorme", "rebelle" et "provocateur": parlant d'individus qui sont tout sauf provocateur, rebelle, hors norme et atypique. Et ce n'est l qu'une petite partie des jargons contemporains et "chbrans". La langue franaise, encore, m'est trangre cause de l'hilarante habitude que semblent avoir les Franais de faire suivre la moindre de leurs phrases, comme l'minente linguiste (?) Vanessa Paradis, par un "quoi" ou par un "hein"! Ce "quoi" est appel remplir, en quelque sorte, les phrases trs courtes de mes trs aims compatriotes. Vu que leurs phrases sont de plus en plus vides, ce fameux et seyant "quoi!" y ajoute, au moins dans leur esprit et dans leurs intentions, un important concept. Enfin, c'est ce que je suppose, quoi! La langue franaise ne va pas bien, si j'en juge par les fautes de franais qui me font sursauter - des plus minents journalistes de la tlvision ou de la presse crite - lamentablement crite. - Chpa spatt kwa! Le Franais moderne, aprs avoir produit l'effort de prononcer une phrase aussi complexe, a le cerveau press comme un citron, jusqu'au dernier de ses extraordinaires neurones. Il a puis les ultimes de ses ressources langagires et intellectuelles. Sa dialectique a donn le meilleur d'elle. Chpa spatt kwa! Je m'amuse, quelquefois, interroger des gens de mon entourage. Les rponses qu'ils hasardent me permettent hlas de conclure qu'il y a cent ans, ils n'auraient pas obtenu leur certificat d'tudes primaires. Les journalistes, les prsentateurs de tl prennent des airs intelligents, on sent qu'ils abondent en sens critique, et puis ils balancent : "Aprs que tel ministre soit all"... Nul ne les reprend, nul ne hausse le sourcil. Peu, trs peu de tlspectateurs doivent encore s'apercevoir de l'horreur que l'un ou l'autre vient de profrer. Aprs que, pour qui l'ignorerait, exige l'indicatif. Un de mes amis m'affirme que son pouse (qui - selon certaines sources -

publierait aux PUF, Presses Universitaires de France) n'est pas en mesure de conjuguer par crit les verbes auxiliaires franais, tous les temps et tous les modes, sans des erreurs grossires. Mieux encore, cet ami me prtend que sa moiti, toujours elle, lui envoie des lettres qui contiennent de vritables perles. Par exemple, "Avant qu'il n'est" au lieu de: "Avant qu'il n'ait". Et que de telles fautes se retrouveraient galement dans les correspondances de la directrice de thse de cette pouse, directrice de thse qu'il surnomme humoristiquement: "une fontaine d'illettrisme". Horresco referens... Je possde, si quelqu'un ne me croyait pas, des photocopies des prouesses orthographiques de ces dames (dont j'aurai videmment la bont de ne pas citer les noms, sauf - naturellement - si elles y tiennent). Je me dis que si une universitaire franaise, titulaire d'un nombre incalculable de doctorats, et une directrice de thse, ne savent point conjuguer le verbe "avoir", les choses ne doivent gure aller mieux dans les nouvelles gnrations, et pas davantage parmi leurs enseignants. (Je crois qu'il est question, ou qu'il a parfois t question de faire passer des examens de franais aux immigrs. Je me demande srieusement s'il ne faudrait pas penser en faire passer d'abord aux Franchouillards "de souche"). Que faire (je suis toujours dans le domaine de la ralit et non du roman) lorsque j'entends une directrice d'cole (maternelle) me dire : "Je fais des fautes". Ce qu'elle veut dire, c'est qu'elle fait des fautes non pas dans l'criture de mots compliqus ou rares, mais dans l'analyse logique d'une phrase franaise simple, et qu'elle ne sait pas conjuguer des verbes courants, et qu'elle est incapable de voir ses erreurs. Je me souviens du temps o elle prparait son concours d'entre ce qui s'appelait autrefois l'cole normale, qui comme son nom l'indique relevait juste de la norme courante de l'enseignement. Et je me dis : "Mais comment a-t-elle russi ce concours ? Et si tous les enseignants taient de son acabit?" Las! Comment corriger des erreurs qui remontent la petite enfance ? Que faire encore, me dit un ami, qui lui-mme reconnat faire des fautes d'orthographe (surtout depuis qu'il se fie un peu trop son correcteur d'orthographe d'ordinateur, me prcise-t-il, comme l'lve qui ne connat plus ses tables et ne sait plus compter qu'avec l'aide d'une calculette et encore moins faire une rgle de trois ou du calcul mental), lorsqu'une enseignante, qui il avait demand les devoirs du jour pour son fils malade (c'tait la fin des annes 80),lui donna la copie o se trouvaient des perles du genre de : "conjuguer : je pleurs, tu pleurs, il pleurt". Que faire enfin, me dit ce mme ami, lorsqu'un professeur principal de collge ne cesse de rpter : "Lorsque les lves auront acquri ceci et cela" ? On n'en est pas ici au niveau de problmes lis "l'volution" de toute langue, mais dans un mal bien plus profond. Or, qui en vouloir quand, du haut en bas de la socit, les Franais abandonnent leur langue et leur culture? Celles-ci sont davantage respectes par certains "trangers", comme j'en ai parmi mes amis. Face au drame d'une langue, jadis appele langue franaise, qui meurt peu peu (traduisons : qui crve avec une extraordinaire rapidit), ne serait-il pas utile que les acadmiciens, tout comme moi bien entendu, se soumettent publiquement une dicte?

Ne faudrait-il pas qu'ils montrent le bon exemple? Ne faudrait-il pas qu'ils fassent comprendre aux jeunes gens, et au public, que les dictes sont un important instrument didactique? Et qu'ils connaissent sur le bout des doigts - puisqu'ils sont acadmiciennes et acadmiciens - au moins les rgles les plus lmentaires de la grammaire franaise? La dicte laquelle je dsirerais respectueusement vous soumettre Acadmiciennes! Acadmiciens! - ne serait pas celle de Mrime. Elle ressemblerait encore moins aux dictes que quelques piciers de la littrature (enfin, de ce que l'on appelle, de nos jours, "littrature") s'amusaient proposer, il y a quelques annes, la tl. De telles initiatives me semblent vaines. Elles donnent l'impression que savoir sa langue serve gagner du fric au cours d'un jeu tlvis. Le vainqueur de telles pitreries passe sans doute, quand il fait retour dans sa ville ou son quartier, pour un gnie des temps modernes. Ses proches s'extasient: il a rpondu aux questions les plus pineuses ! Miracle! Alleluia! Or, savoir le franais ne devrait pas susciter tant de clameur ou d'admiration. Clameur et admiration qui renseignent, justemement, sur le fait que le grand public (jadis, on aurait dit : le peuple) n'a plus aucune connaissance de sa propre langue! Le franais, comme plusieurs autres langues europennes, sera d'ici quelques dcennies une langue morte, mille fois plus morte que le latin. (Et, ceci soit dit entre parenthses, si le latin fut la premire langue d'Europe, s'il donna l'Europe son unification linguistique, la dernire langue d'Europe qui mourra sera l'italien. En Italie, en effet, maintes raisons veulent que les enfants emploient encore le subjonctif imparfait, et sachent - certes, plus ou moins! - lire et crire. On ne peut en dire autant, je le dplore, de la France). Ce qui est scandaleux, mon avis (j'ai reu une ducation intellectuelle et littraire semblable celle qui avait cours il y a environ deux cents ans), est que des journalistes, des crivains (et, pourquoi pas, des acadmiciennes et des acadmiciens!) soient incapables d'employer la langue franaise. Voil quelque chose sur quoi l'Acadmie franaise ne peut me donner tort, j'en ai la certitude. Songeons-y. Est-ce que vous appelleriez un plombier, si vous aviez une fuite d'eau chez vous, tout en sachant que ce plombier n'a pas suivi une formation de plombier? Est-ce que vous vous feriez oprer par un mdecin priv de titres, ou qui aurait d'ores et dj tu une centaine de ses patients? Pourquoi et comment, ds lors, beaucoup de gens coutent-ils des missions de tlvision, ou lisent-ils des livres ou des journaux emplis de fautes d'orthographe ou de syntaxe? Ils ne confieraient pas les tuyaux de leurs cuisines des plombiers maladroits ou incomptents. Ils ne feraient pas construire une maison par un maon qui confondrait un tournevis avec un marteau. En revanche, ils accordent leur confiance des journalistes, des crivains, des "Prix Goncourt", j'en passe et j'en oublie, qui sont - je les en suspecte, je les en accuse, je les dfie de dmontrer que je me trompe - incapables de distinguer un subjonctif d'un indicatif. Je doute d'une faon absolue que ces gens aient une connaissance profonde, mais je doute surtout qu'ils aient une connaissance superficielle de maintes orthographes de passs simples, de subjonctifs prsents, de subjonctifs imparfaits. Voil un monde le monde moderne o les intellos sont non pas l'unique,

mais la premire et principale catgorie de gens qui ne possdent pas les bases les plus lmentaires pour exercer dcemment leur mtier ou leur profession... Ils prtendent penser et donner penser, mais ne savent pas crire. Un pauvre type de ma connaissance, qui se dit journaliste et crivain (il se dit aussi, je crois bien, "esthte" ou philosophe!) m'crit (rarement, par bonheur) des courriels qui tmoignent avant tout d'un fait indniable: c'est qu'il est incapable d'tablir la moindre diffrence entre un futur et un conditionnel. - "Je te le dirais", m'crit-il.... En vrit, ce qu'il veut exprimer, c'est qu'il me le dira. Mais, textuellement, il m'crit qu'il me le dirait. Je retrouve une telle orthographe prodigieuse chez des dizaines (oui, des dizaines) de personnes que je connais ou que je croise. Essayez de demander, si a vous amuse, vos interlocuteurs, s'ils viennent d'employer un futur ou un conditionnel. Vous serez stupfaits. A condition cependant - naturellement - d'avoir une vague ide, quant vous, sur la question. Je dis que le "peuple franais", dans sa majorit, perd - aussi bien dans le langage oral qu'crit - la distinction entre le futur et le conditionnel. Et ce n'est l que l'un des aspects du drame. Si vous employez un subjonctif imparfait, ou un futur antrieur de l'indicatif, votre interlocuteur risque d'clater de rire, ou d'ouvrir des yeux vides et ronds, ou de croire que vous vous payez sa tronche. Acadmiciennes! Acadmiciens! Voil la raison de la proposition de dicte d'Olivier Mathieu alias Robert Pioche, comme vous avez pu l'apprendre dans le "Figaro Magazine" : "Le farfelu Robert Pioche sera-t-il lu, lui qui a propos l'Acadmie une preuve de dicte, chaque acadmicien battu s'engageant voter pour lui?"... Acadmiciennes! Acadmiciens! Certains d'entre vous - acadmiciennes, acadmiciens ! - sont en quelque sorte issus de l'immigration, ce sont des "Franais de la deuxime (ou de la troisime) gnration". Moi aussi. Et si, donc, certains d'entre vous ne sont pas ns en France, ou n'ont pas eu le franais pour langue maternelle, je ne doute nanmoins pas une seconde de votre dsir immense de vous soumettre, vous et moi - moi qui suis n immigr en France, moi qui suis un Franais de la seconde gnration, moi qui suis n avec une carte d'identit belge - une telle dicte. Comme vous le savez, on rvise les voitures. On rvise les avions. On rvise les extincteurs. Vous ne voudriez pas habiter dans un immeuble dont les extincteurs ne fonctionnent pas. Dans certains pays d'Europe, on refait passer le permis de conduire aux personnes de plus de quatre-vingts ans. Etant acadmiciens, vous avez forcment l'amour de la langue franaise. L'amour et la dfense de la langue franaise sont votre raison d'exister. Rvisons les acadmiciens! En effet, pourquoi pas? Et voil, je vous le redis, pourquoi acadmiciennes et acadmiciens! vous allez accepter, j'en suis certain, cette dicte que l'on appellera, et qui restera la micro-histoire littraire comme "la dicte de Robert Pioche". Certains risquent de penser que je me sois adress vous - Acadmiciennes! Acadmiciens! - en ces termes :

"Nous pourrions nous livrer un troc. Je vous enseigne le franais, et vous me rtribuez mes leons par une voix, lors des lections acadmiques. Si je vous enseigne le franais en gnral et l'ortographe en particulier, vous m'lisez ". Merci donc - acadmiciennes, acadmiciens! - de m'avoir lu l'unanimit. Maintenant, l'heure de l'examen est venue. Il n'est d'autre solution qu'une dicte finale. Il convient de dmontrer la France, pays auquel vous enseignez l'orthographe, que vous la connaissez. Et en cas d'erreurs orthographiques, syntaxiques ou autres, acadmiciennes et acadmiciens, vous vous dmettrez humblement de votre fauteuil. Le promettez-vous? Me le promettez-vous? En change, je jure de prsenter ma dmission de l'Acadmie franaise, si je fais plus d'erreurs que vous. Pour prendre des exemples parfaitement lmentaires, voici quelques-unes des questions que je pourrais vous poser. Prparez-vous. Voici une phrase simple. Phrase A. "Nous nous sommes repenti, parce qu'ils se sont parls". Cette phrase est-elle correctement orthographie? Ou faut-il crire ce qui suit? Phrase B. "Nous nous sommes repentis, parce qu'ils se sont parl". Ou faut-il crire ce qui suit? Phrase C. "Nous nous sommes repentis, parce qu'ils se sont parls". Acadmiciennes Acadmiciens! Voici une autre phrase. Phrase A. "Nous avons salu les soldats qui se sont succd sur la route, et que nous avons vus passer". Phrase B. "Nous avons salu les soldats qui se sont succds sur la route, et que nous avons vu passer". Phrase C. "Nous avons salu les soldats qui se sont succds sur la route, et que nous avons vus passer". Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C?

Phrase A. "Nous avons salu les soldats qui se sont succd sur la route, que nous avons vus passer sur l'avenue, sous les arbres que nous avons vu abattre". Phrase B. "Nous avons salu les soldats qui se sont succd sur la route, que nous avons vu passer sur l'avenue, sous les arbres que nous avons vu abattre". Phrase C. "Nous avons salu les soldats qui se sont succds sur la route, que nous avons vus passer sur l'avenue, sous les arbres que nous avons vus abattre". Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. "Que de fautes ce pcheur a commises! Hier encore, il a vu des roses et il en a achetes, pour les offrir Madame Dupont qui, pourtant, est marie. Le peu de volont qu'il a montre, de la sorte, nous a dcourags. Visiblement, le peu de leons que le professeur lui a donnes ne lui ont pas t utiles!" Phrase B. "Que de fautes ce pcheur a commis ! Hier encore, il a vu des roses et il en a achet, pour les offrir Madame Dupont qui, pourtant, est marie. Le peu de volont qu'il a montre, de la sorte, nous a dcourags. Visiblement, le peu de leons que le professeur lui a donn ne lui ont pas t utiles!" Phrase C "Que de fautes ce pcheur a commises! Hier encore, il a vu des roses et il en a achet, pour les offrir Madame Dupont qui, pourtant, est marie. Le peu de volont qu'il a montr, de la sorte, nous a dcourags. Visiblement, le peu de leons que le professeur lui a donnes ne lui ont pas t utiles!" Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Quelque difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous. Phrase B. Quels que difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous. Phrase C. Quelques difficiles que soient vos devoirs, je compte sur vous. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C?

Phrase A. Quelles que douleurs qui vous affligent, ayez confiance en votre mdecin. Phrase B. Quelques douleurs qui vous affligent, ayez confiance en votre mdecin. Phrase C. Quelle que douleur qui vous affligent, ayez confiance en votre mdecin. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Quelles que soient les consquences, il faut agir. Phrase B. Quelques soient les consquences, il faut agir. Phrase C. Quelque soient les consquences, il faut agir. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. L'esclave romp ses entraves. Phrase B. L'esclave rompd ses entraves. Phrase C. L'esclave rompt ses entraves. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Si je vaincs, il vainc aussi! Phrase B. Si je vainc, il vainc aussi. Phrase C. Si je vainc, il vainct aussi. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C?

Phrase A. Vous disez et vous redisez des choses que vous contredites tout de suite. Phrase B. Vous dites et vous redisez des choses que vous contredites tout de suite. Phrase C. Vous dites et vous redites des choses que vous contredisez tout de suite. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Je couds une robe et, de la sorte, je rsouds mon problme Phrase B. Je cous une robe et, de la sorte, je rsous mon problme. Phrase C. Je couds une robe et, de la sorte, je rsous mon problme. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Les enfants se sont lavs, nous nous sommes parls et Simone s'est blesse le bras. Phrase B. Les enfants se sont lavs, nous nous sommes parl et Simone s'est bless le bras. Phrase C. Les enfants se sont lav, nous nous sommes parl et Simone s'est blesse le bras. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Quand les maisons se sont croules, Simone s'est crie de frayeur, et quant nous, nous nous sommes religieusement tus. Phrase B. Quand les maisons se sont croul, Simone s'est cri de frayeur, et quant nous, nous nous sommes religieusement tu. Phrase C. Quand les maisons se sont croules, Simone s'est crie de frayeur, et quant nous, nous nous sommes religieusement tu.

Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Excepte la table que j'ai faite faire, vous pouvez tout emporter. Phrase B. Except la table que j'ai faite faire, vous pouvez tout emporter. Phrase C. Except la table que j'ai fait faire, vous pouvez tout emporter. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Ce peintre a peint de petits amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vcu de folles amours jusqu' sa vieillesse. Cependant, il disait que le plus beau de tous les amours est l'amour maternel. Phrase B. Ce peintre a peint de petites amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vcu de folles amours jusqu' sa vieillesse. Cependant, il disait que la plus belle de toutes les amours est l'amour maternel. Phrase C Ce peintre a peint de petites amours dans tous ses tableaux. Certes, il a vcu de fols amours jusqu' sa vieillesse. Cependant, il disait que le plus beau de tous les amours est l'amour maternel. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. On a frapp la porte. Simone s'crie : "Quels sont ces gens?"... On fait connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quels braves gens", ditelle, "quelles braves et bonnes gens! Quels bons et braves gens!" Phrase B. On a frapp la porte. Simone s'crie : "Quelles sont ces gens?"... On fait connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quelles braves gens", dit-elle, "quelles braves et bonnes gens! Quelles bons et braves gens!" Phrase C. On a frapp la porte. Simone s'crie : "Quels sont ces gens?"... On fait connaissance. Une heure plus tard, Simone est convaincue. "Quels braves gens", ditelle, "quels braves et bonnes gens! Quels bons et braves gens!"

Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Simone s'est impos des sacrifices, particulirement le jour o elle s'est absent et s'est bless un pied. Mais elle ne s'tait nullement tromp, et ni elle ni sa soeur ne se sont repentis de leur choix. Phrase B. Simone s'est impose des sacrifices, particulirement le jour o elle s'est absente et s'est blesse un pied. Mais elle ne s'tait nullement trompe, et ni elle ni sa soeur ne se sont repenties de leur choix. Phrase C. Simone s'est impos des sacrifices, particulirement le jour o elle s'est absente et s'est bless un pied. Mais elle ne s'tait nullement trompe, et ni elle ni sa soeur ne se sont repenties de leur choix. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Ne penses-tu pas que Robert Pioche a raison de dposer sa candidature? Non, je ne crois pas qu'il ait raison. Phrase B. Ne penses-tu pas que Robert Pioche ait raison de dposer sa candidature? Non, je ne crois pas qu'il ait raison. Phrase C. Ne penses-tu pas que Robert Pioche a raison de dposer sa candidature? Non, je ne crois pas qu'il a raison. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Il ne fait pas de voyages. Plus exactement, il ne fait pas des voyages trop longs. Phrase B Il ne fait pas de voyages. Plus exactement, il ne fait pas de voyages trop longs. Phrase C. Il ne fait pas des voyages. Plus exactement, il ne fait pas des voyages trop longs. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A.

J'esprerai. Phrase B. J'esprerai. Phrase C. J'esprerai. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. J'emploirai. Phrase B. J'emploierai. Phrase C. J'employerai. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Je voudrais que vous appuyez. Phrase B. Je voudrais que vous appuiez. Phrase C. Je voudrais que vous appuyiez. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Papa voudrait que nous tudions. Phrase B. Papa voudrait que nous tudyons. Phrase C Papa voudrait que nous tudiions. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Le brouillard s'est rsolu en pluie.

Phrase B. Le brouillard s'est rsolv en pluie. Phrase C. Le brouillard s'est rsous en pluie. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Vous mdites de lui, parce que vous le maudisez. Phrase B. Vous mdisez de lui, parce que vous le maudites. Phrase C. Vous mdisez de lui, parce que vous le maudissez. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Nous conclurons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluions. Phrase B. Nous concluerons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluions. Phrase C. Nos concluerons notre discours, celui que vous vouliez que nous concluyons. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Y avait-il du pain? Non, il n'y en n'avait pas. Phrase B. Y avait-il du pain? Non, il y en n'avait pas. Phrase C. Y avait-il du pain? Non, il n'y en avait pas. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Y eut-il des accidents ce jour-l sur l'autoroute? Oui, il y en n'a eu.

Phrase B. Y eut-il des accidents ce jour-l sur l'autoroute? Oui, il y en n'a eut. Phrase C. Y eut-il des accidents ce jour-l sur l'autoroute? Oui, il y en a eu. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Ces clairs-obscur sont des chefs-d'oeuvre. Phrase B. Ces clair-obscurs sont des chef-d'oeuvres. Phrase C. Ces clairs-obscurs sont des chefs-d'oeuvre. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. Les femmes de la ville toute entire taient toutes peureuses. Phrase B. Les femmes de la ville tout entire taient toutes peureuses. Phrase C. Les femmes de la ville toute entire taient tout peureuses. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A. On voyait des robes bleues, des robes gris fonc; et des cheveux blonds, et des cheveux chtain clair. Phrase B. On voyait des robes bleues, des robes grises fonces; et des cheveux blonds, et des cheveux chtains clairs. Phrase C. On voyait des robes bleu, des robes gris fonc; et des cheveux blond, et des cheveux chtain clair. Une seule phrase est entirement correcte. Laquelle? A, B ou C? Phrase A.

Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donns mes parents et, surtout, la vie de sacrifices laquelle s'est voue ma mre. Phrase B. Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donn mes parents et, surtout, la vie de sacrifices laquelle s'est vou ma mre. Phrase C. Je n'oublierai jamais les conseils que m'ont donns mes parents et, surtout, la vie de sacrifices laquelle s'est vou ma mre. Acadmiciens! Acadmiciennes! Comme vous le voyez, nous sommes rellement, ici, au niveau du certificat d'tudes primaires d'il y a cent ans. Je serais curieux, infiniment curieux de savoir combien de personnes, prises au hasard dans la rue, ou parmi les lecteurs du prsent texte, trouveront mes exemples (j'insiste, lmentaires) difficiles voire pineux, ou auront une hsitation. Inventons une phrase de quelques mots: "Insens que je suis! C'est un homme que j'estime. Je crois qu'il a raison, mais je suis ce que je suis. Oui, je ne parle que de moi, mais je me suis montr tel que je suis!" Je serais curieux de savoir, dans la phrase qui prcde, combien de personnes, membres de l'Acadmie ou pas, sont encore capables de dire en une minute la nature et la fonction grammaticale des divers "que". Pour vous aider: que pronom relatif, que conjonction, que "restrictif"... Je serais curieux de voir l'expression qui se peindrait sur les visages de mes contemporains, y compris des universitaires chargs de doctorats, face des questions de ce genre : - Les verbes intransitifs ont-ils des formes verbales passives? Ou : - "Envoyer" est-il un verbe rgulier? A quel "groupe verbal" appartient-il? Ou : - A quel groupe appartiennent les verbes "avoir" et "s'en aller"? Au premier groupe des verbes en -er, au deuxime des verbes en - ir, ou au "troisime groupe", celui de la conjugaison irrgulire ou morte? Ou : - Combien de modes verbaux y a-t-il en franais? Vous aurez de la chance si quelqu'un vous rpond : six. - Et pouvez-vous les indiquer? Vous aurez de la chance, beaucoup de chance, si quelqu'un vous rpond: indicatif, conditionnel, impratif, subjonctif, infinitif, participe. Vous aurez de la chance si quelqu'un vous indique, parmi ces modes, lesquels sont personnels ou impersonnels. Ce que je savais quatre ans. Ou :

- Pouvez-vous me dire ce qu'est un verbe transitif et un verbe intransitif? Pouvez-vous me citer un verbe transitif direct? Un verbe transitif indirect? Des exemples de verbes la fois transitifs et intransitifs? Gure d'espoir, enfin, si vous demandez si tel ou tel temps fait partie des temps simples, composs, primitifs ou drivs. Je serais curieux de demander l'improviste - tiens, par exemple au dernier Prix Goncourt, Monsieur Houellebecq, en m'adressant lui avec dfrence a va sans dire - ce qu'est un substantif dverbal. Vous me direz que de telles questions sont inutiles.Je suis d'accord avec vous. Je vous dirai que pour les intellos modernes, c'est inutile: la plupart des temps verbaux, pour eux, sont totalement morts et trs probablement absents de l'ensemble de leurs ouvrages, livres, enfin feuilles de papier imprim runies ensemble. Au demeurant, livres indigestes, ennuyeux, vides, quand d'autres sont, pire, pdants, jargonneux, ou carrment illisibles. Tendance que l'on retrouve dans toute la posie contemporaine et aussi dans tant d'ouvrages dits scientifiques : gnralement dans les sciences "lgres", autrement exprim : les sciences humaines. Je serais curieux, question de secours, de demander nos lites de conjuguer le pass antrieur de l'indicatif, ou le conditionnel pass, ou le subjonctif plus-queparfait de tel ou tel verbe. Par exemple : - Peux-tu me conjuguer le subjonctif imparfait de "mouvoir"? De "coudre"? De "suffire"? Ou (la chose n'a strictement aucune difficult, mais la formulation "subjonctif plus-que-parfait" va effrayer votre interlocuteur): - Peux-tu me conjuguer le subjonctif plus-que-parfait de "convoquer"? Ou : - Peux-tu me conjuguer le pass antrieur de l'indicatif du verbe "assujettir"? Essayez encore plus simple (vous aurez des surprises) : - Peux-tu me conjuguer par crit le conditionnel prsent du verbe "appuyer"? Ce sont l des choses lmentaires, dont la simplicit fait rougir. Des choses que savaient, il y a cent ans, les fils des paysans et des ouvriers de France. Or, je mets ma main au feu que de banales questions de ce genre mettraient en difficult normment des grands crivains franais du XXIe sicle. Demandez vos enfants, vos parents, vos copains, vos proches : - Peux-tu me conjuguer le pass antrieur de l'indicatif, le subjontif plus-que-parfait du verbe tre? Quel est l'infinitif pass, le conditionnel pass, le grondif du verbe finir? Si votre interlocuteur s'embrouille dans "tre" et dans "finir", vous n'aurez d'autre possibilit que d'admettre qu'il ignore le franais. Et que, s'il emploie ces formes, il les emploie sans savoir ce qu'elles reprsentent grammaticalement. Il ne matrise pas, pour exprimer une (ventuelle) pense, toute la palette que lui offre sa propre langue. Un peu comme un chanteur d'opra qui ne saurait pas lire une partition (aujourd'hui, c'est trs courant: voyez Pavarotti). Un peuple qui ne sait plus parler ne sait plus penser. Je suis certain que la grande majorit de vos interlocuteurs vous dmontreront que les Franais aujourd'hui n'ont plus une connaissance formelle lmentaire (j'ai

dit: formelle et lmentaire) des verbes tre, avoir, parler ou finir. Et si vous ne trouvez pas a grave... "Les choses sont trs simples", aurait dit feue ma maman, et je le redis avec elle. Si quelqu'un a hsit, plus haut, si quiconque a hsit rpondre en une et une seule seconde, aprs lecture, "la phrase correcte est celle-ci", alors ce quelqu'un ne sait pas le franais, et est un illettr. "Illettr", je reprends de la dfinition du Littr le sens premier : "Qui n'est pas lettr, qui n'a point de connaissances en littrature. C'est un homme illettr. Il est tout fait illettr". Et du Robert le troisime sens : "qui est partiellement incapable de lire et d'crire." En revanche un "analphabte" est "qui ne sait ni lire ni crire", sans jugement de valeur ici, parce que pour diverses raisons l'analphabte n'a jamais frquent les bancs de l'cole, jamais appris lire et crire, ce qui existe encore de nos jours en France. Mais la dfinition de l'illettr que je prfre ("vieillie", disent les dictionnaires) est celle du Trvoux : "qui n'a aucune connaissance des Belles Lettres". Heureusement, j'en conviens dmocratiquement, personne n'est oblig de savoir le franais. Je ne demande pas cela, non, mon plombier. Je lui demande de s'y entendre en plomberie. Mais, vu que je refuserais de me faire oprer par un mdecin qui ne saurait pas trop si le coeur se trouve la place de l'estomac, ou le foie celle du cerveau, je serais tent d'mettre des doutes quant aux qualits de l'crivain, du journaliste, de l'universitaire, de l'intello qui se serait tromp dans mes petits exercices ludiques et, au fond, sans nulle difficult relle. Parce que si quelqu'un ne sait pas crire, il ne sait pas ce qu'il dit. Il ne sait pas penser. Et s'il ne sait pas penser, il est curieux de voir tant de livres de tels "matres penser" dans les vitrines des "bonnes librairies", tant de livres auxquels ses copains "critiques littraires" consacrent des recensions apologtiques copies sur la "quatrime de couverture". Curieux monde, vraiment, que le monde ditorial, o sept livres sur dix ne sont pas crits par ceux qui les signent. O une majorit de livres sont signs par des illettrs, encenss par d'autres illettrs, avant de finir entre les mains de malheureux et innocents coliers, ou du public des acheteurs-consommateurs... Et c'est pourquoi, chres acadmiciennes, chers acadmiciens, dans l'hypothse o vous ne sortiriez pas triomphalement de mes minuscules questions (et des lmentaires dictes, peaufines votre intention, que je tiens amoureusement votre disposition), vous auriez l'humilit de vous dmettre de votre fauteuil, ou de supplier pour qu'une procdure d'expulsion soit entreprise contre vous. Afin de choisir des professions manuelles dans lesquelles, j'ose l'esprer, vous excellerez. Quant moi je jure, si je connais moins bien le franais que mes collgues de l'Acadmie, de me faire animateur de tl. Ma dicte, ce n'est pas qu'aux acadmiciens qu'il faudrait la proposer, voire l'imposer. Mais tout intellectuel proclam. J'ai tant de souvenirs de mes annes de journalisme... Tiens, vers 1983, une directrice de publication me fit lire un article d'elle. J'y lus les mots : "Matre queue". Je lui fis remarquer que, moins d'un lapsus freudien, elle avait confondu "queue" et "queux". Je pensais alors l'entendre me dire qu'il s'agissait d'une "faute d'inattention".

- "La faute d'inattention", disait ma maman, "est le prtexte et l'excuse des imbciles. Il n'existe pas de fautes d'inattention". Non, ma directrice de publication ne chercha pas l'excuse de "l'inattention". Elle protesta: Mais enfin, Olivier! Elle prtendait avoir raison... C'est trs amusant, le nombre de gens qui commettent une faute et qui, quand je la leur fais remarquer, protestent. Tel clbre crtin a dit, m'assurent-ils, la mme chose la tl ou la radio... Je n'en doute nullement! Or, ce n'est pas - par exemple - parce que Monsieur Dechavanne, le 6 fvrier 1990, parlait de "Sallustre" que Salluste, mme illustre, doit dsormais s'appeler Sallustre... Pour en revenir Matre queue, voil comment j'enseignai cette dame (soucieuse de dfendre "l'identit" non seulement de la France mais - modestement de l'Europe entire) ne pas confondre une queue et un cuisinier. A dmonstration du fait que lorsque l'on s'est tromp ou que l'on a hsit une fois, on risque de rcidiver. Les choses bien ou mal apprises dans la petite enfance restent ancres. J'ai pouill de leurs fautes d'orthographe et de syntaxe des dizaines de livres (que j'ai rdigs et que d'autres ont signs), et des centaines voire des milliers d'articles que mes petits collgues, dans tant de rdactions, me soumettaient avant de se prsenter en tremblant devant le rdacteur en chef... Tout au long des vingt dernires annes, je n'ai cess de me dlecter des articles, des livres, des courriels o l'homme moderne, avec une infinie fiert, tire visiblement son orgueil de me faire savoir ce qu'il est : un illettr. Les fachos sont particulirement des gnies (sic). Ils "dfendent la France" et ne savent pas le franais. Ils "dfendent" l'Europe... dont ils ne parlent pas une seule langue. C'est cocasse. Un crtin, depuis vingt ans, affirme ainsi qu'il "apprcie Arno Brecker". En vrit, ce crtin - qui n'a aucune connaissance artistique, littraire ou autre - n'apprcie nullement Arno Breker. Mais voil, "apprcier Arno Breker" (quitte ne l'avoir jamais rencontr, et ne rien savoir de l'artiste) fait "trs chic" dans certains micro-milieux. Ce qui est encore plus amusant est que depuis vingt ans, mon crtin orthographie le nom de Breker : "Brecker". Il le confond sans doute avec le joueur de tennis Boris Becker? Etonnant, le nombre de gens qui m'crivent des choses comme : "C'est toi qui le fera", et qui sont trs tonns d'apprendre (mais, le front pliss par l'esprit critique, commencent par le mettre en doute) qu'il faut : "C'est toi qui le feras". Etonnant, le nombre de gens qui m'crivent des choses comme : "soit-disant", et qui sont trs tonns d'apprendre qu'il faut : "soi-disant". Etonnant, le nombre de gens qui m'crivent des choses comme : "aprs que tu sois venu", et qui sont trs tonns d'apprendre qu'il faut : "aprs que tu seras venu". Etonnant, cet crivain de mes amis, directeur de revue, ditorialiste, philosophe, chef d'une "cole" philosophique (diantre!), qui m'a crit il y a quelques annes : "que nous soyions", et qui a t trs tonn d'apprendre qu'il faut : "soyons"... Chef de je ne sais quelle nouvelle cole, mais incapable - lui comme les autres - d'orthographier le verbe tre...! Etonnant, voire absolument stupfiant, le nombre de gens (et qui, plus est, de

braves gogos qui se proclament "anti-amricains"!) qui, sur l'enveloppe de leurs lettres, rdigent: "Mr Olivier Mathieu", alors que je ne suis ni anglais, ni amricain, eux non plus, et que nous nous trouvons en France. Et que, en franais, "Monsieur" s'abrge en : "M." et pas en "Mr" (Mister). "Mr", c'est l'abrviation... angloamricaine. Les crtins "anti-amricains", qui sont amricaniss jusqu'au trognon, devraient l'apprendre. Etonnant, absolument tonnant, le nombre de gens qui ignorent que le "X" de Bruxelles se prononce comme deux S (-ss), ainsi que celui d'Auxerre. Ils prononcent BruCSelles. Mais, si l'on prononait BruCSelles, il faudrait prononcer 60: "soiCSante"... Etonnant, absolument tonnant, absolument consternant, le nombre de gens qui m'crivent : "la gente fminine", la place de: "la gent fminine"!

De l'incapacit de mes contemporains orthographier correctement un impratif (deuxime personne du singulier).Etonnant, absolument tonnant, le nombre de gens strictement incapables de savoir quand un impratif prend, ou ne prend pas, la deuxime personne du singulier, un S final. Etonnant, le nombre de gens qui m'crivent des choses comme : "N'en parles pas", et qui sont trs tonns d'apprendre qu'en franais on crit "n'en parle pas", ou "parle ton pre", mais "parles-en". Ce n'est pourtant pas difficile : d'une part, les verbes avec dsinence en "-er"; d'autre part, "assaillir", "dfaillir", "tressaillir", "cueillir", "offrir", souffrir", "ouvrir" et "couvrir", qui ont l'infinitif prsent en "-ir" et le participe prsent en "ant" et font partie de la conjugaison irrgulire, dite "troisime groupe"; enfin, "vouloir" et "savoir" ne prennent pas de "s" l'impratif (sauf, pour des raisons euphoniques, devant "en" et "y", la condition qu' leur tour ces pronoms ou adverbes ne soient pas immdiatement suivis par un infinitif), mais un "e" (sauf "aller", qui fait "va"). On crit donc (deuxime personne du singulier de l'impratif) : "va", "vas-y", "va y comprendre quelque chose". Tous les autres verbes de tous les autres groupes prennent un "-s". C'est lmentaire. Non? (Non, pour mes contemporains, l'impratif n'est pas lmentaire. Spatt kwa).

De l'incapacit de mes contemporains orthographier correctement un prsent de l'indicatif (troisime personne du singulier)!!!Etonnant, absolument tonnant, le nombre de gens qui ne comprennent pas que l'on crive "il tient" (avec un "t" final), "il coud" (avec un "d" final), "il rsout" (avec un "-t" final), il "vainc" (avec un "c" final). Pourtant, o est la difficult? Les verbes franais ont la troisime personne du singulier, au prsent de l'indicatif, en "e" (verbes en "-er"; verbes irrguliers en "-ir", formant le participe

prsent en "-ant": "cueillir", "offrir", "souffrir", "ouvrir","couvrir"...) ou en "t" (verbes irrguliers en "-oir" et "-re"; autres verbes irrguliers formant le participe prsent en "-ant", s'achevant en "-ir"; verbes en "-oindre", "-aindre", "-eindre"; "rsoudre", "absoudre", "dissoudre"). Les seuls et uniques verbes franais qui ne prennent donc pas soit "-e", soit "t", sont l'auxiliaire "avoir" et l'irrgulier "(s'en) aller" (qui prennent "-a"), et les verbes en "-dre" (prendre et ses composs; perdre, rendre, coudre, moudre...), lesquels s'achvent en "d". Tandis que "vaincre" (et son driv "convaincre") s'achve - la troisime personne du singulier, au prsent de l'indicatif - par un "c". En un paragraphe, tout est dit. Ou en un tableau.Verbes s'achevant en - er (sauf "aller") Verbes rguliers s'achevant en - "ir" troisime personne du singulier en- e troisime personne du singulier en- t

Verbes irrguliers s'achevant en "-ir", formant le troisime personne du singulier en- t participe pass en - "ant" cueillir, offrir, souffrir, ouvrir, couvrir... troisime personne du singulier en- e verbes s'achevant en "-dre" (prendre, perdre, troisime personne du singulier en- d coudre, rendre, moudre) "rsoudre", "absoudre", "dissoudre" troisime personne du singulier en- t verbes irrguliers en "-oir" et "-re" (p. ex. troisime personne du singulier en- t "rompre") avoir, aller, s'en aller "vaincre", "convaincre" troisime personne du singulier en- a troisime personne du singulier en - c

Est-il donc possible de ne pas rusir enseigner cela aux lves de "l'cole gratuite et obligatoire", dans les vingt ans de supplice qui vont de la maternelle jusqu'au baccalaurat voire au doctorat?... C'est possible!!! L'Education Nationale franaise a t capable (depuis au moins soixante ans) de ne l'enseigner personne puisque je reois de mes correspondants, intellos et universitaires franais, des courriels qui manifestent leur ignorance de l'orthographe des impratifs et des troisimes personnes du singulier du prsent de l'indicatif. Puisque je reois d'eux, chaque semaine, des courriels qui manifestent leur ignorance profonde et irrmdiable de l'orthographe de tous les temps et de tous les modes de tous les verbes de tous les groupes! Il n'y a pas de quoi s'inquiter, vous dites?... Je renonce, la plupart du temps, expliquer quoi que ce soit. Je ne peux pas suppler - moi seul, et en cinq minutes - aux vingt ans qu'ils ont sacrifis en suivant l'enseignement parfaitement inutile, parfaitement dltre, parfaitement abrutissant, parfaitement analphabtique quant la forme et parfaitement dcervelant quant la substance, des coles et des universits de France. Mongnral avait compris les Franais, mais les Franais, eux, n'ont pas compris leur Bled. Rcemment, j'ai signal un autre gnie (sic) une grossire faute de franais, sur son site. Loin de me remercier, il me rpondit que "cela n'avait aucune

importance". Et que, d'ailleurs, cette faute "n'interdisait pas de comprendre son texte". (Il avait raison : ledit texte tait d'une telle crtinerie que n'importe quelle andouille devait en saisir l'insanit). J'ai entendu cela des milliers de fois, au cours de ma vie : l'orthographe "n'a aucune importance". Ce qui compte, c'est de "se faire comprendre". Probablement, mes contemporains se comprennent, donc, en jarvillant : Chpa spatt kwa! Il est toujours amusant et suave d'observer ceux qui ont la bouche la dfense de "l'identit nationale". Je n'arrive pas comprendre ce qu'ils veulent ou ce qu'ils pourraient "dfendre", ds lors que le franais qu'ils baragouinent, ou qu'ils gribouillent, est un champ de bataille sur lequel gisent toutes les rgles, qu'ils ont massacres, de l'orthographe et de la syntaxe. Je n'arrive pas comprendre, quand je lis trois pages des "grands crivains" actuels, publis par les "grandes" maisons d'dition, et qui reoivent pour a des prix "littraires" (et le chque qui va avec), o diantre ils puisent le talent ncessaire dmontrer en trois pages leur absence de style et leur absence de pense, leur ignorance totale et absolue de l'orthographe, de la morphologie, de la syntaxe ou de la ponctuation franaises. Les "grands romans contemporains" de ces immenses matres du barbarisme et du solcisme sont des anthologies vivantes de l'illettrisme. Les lettrs du monde moderne sont des illettrs! Une langue meurt : la langue franaise. Qui parle encore franais? Plus personne... Certaines langues meurent, d'autres naissent ou renaissent. Le phnomne historique rcent le plus remarquable et digne d'loges fut la reconstruction, aprs 1948, de la langue hbraque dans l'Etat d'Isral. Je suis rarement un partisan de la politique trangre de cet Etat. Je ne suis pas d'accord avec maints pisodes dont ont souffrir les populations palestiniennes des "territoires occups". Mais tel n'est pas le sujet, ici. La cohrence me pousse fliciter l'Etat juif au moins pour une chose : ses dirigeants ont compris qu'un pays, qu'une culture ne peuvent survivre sans une langue. Cet aspect de dfense de la langue, je le vois en Isral; je ne l'ai jamais vu, ou je ne le vois plus nulle part en France. Ni l'Acadmie franaise, ni dans le jargon des histrions snobinards et incultes de la tl, ni chez les enseignants provenant de Mai 68. Ni chez les enfants de mes (rares) amis "franchouillards", lesquels causent aussi mal voire encore plus mal que dans les "cits" de banlieue. Une chose que je constate, en effet, est que les jeunes immigrs - ceux qui tudient, naturellement parlent souvent mieux le franais que les fils papa de maints petits bourgeois. C'est un phnomne significatif. Si la langue franaise crve, ce n'est nullement l'immigration, c'est d'abord l'abandon des tudes grco-latines, au laxisme soixantehuitard, l'amricanisation, la tlvision et l'informatique (Internet, le partage de l'ignorance!) qu'elle le doit. Je rpte. Elle le doit l'instauration dmagogique et contre-productive du collge unique et pour tous, l'abaissement de niveau programm, au refus des parents et des enseignants d'imposer un effort aux chres "ttes blondes" dans l'apprentissage de la langue, et plus gnralement l'amricanisation qui abaisse et uniformise, la tlvision dltre et vulgaire, aux gadgets "modernistes" qui banalisent la mdiocrit. Il s'agit, il faut le dire franchement, de la dmission de toute une socit qui n'a plus la fiert de sa langue et de ses langages, et plus gnralement

de sa culture, dont les formes savantes et populaires sont moribondes. Ou pour le dire autrement, dont les arts lis comme jamais l'argent sont devenus grotesques et bas. Les premiers surpris du lamentable niveau de notre cole et de notre culture sont les francophones et francophiles de l'Est de l'Europe. Il serait quasi banal d'insister sur les responsabilits de la tlvision (et de la radio). Il y a encore cent ans, toute nouveaut langagire venait du peuple, montait du peuple. Une faute de franais, prononce par un inculte ou par un ignorant au fond d'une province, n'avait aucun cho. Elle ne se reproduisait pas une vitesse vertigineuse. Comme toute amlioration et toute rgression, elle devait subir l'examen, qui tait rellement dmocratique, du grand nombre. Aujourd'hui, les choses ont chang. Des millions d'individus - notamment le matin, l'heure qui tait jadis celle des penses les plus belles - allument leur tl, ou leur radio, et subissent un vritable bombardement cacophonique.Ce bombardement non seulement les prive de leurs propres penses, leur te toute capacit de choix, leur fait oublier les vertus du silence propice la rflexion, mais propage la mme faute de franais, en un seul instant, "en temps rel" comme on cause, partout la fois. L'usage, aujourd'hui, le bon et le mauvais usage ne proviennent plus du peuple, ils ne montent plus du "bas". L'usage se prcipite du "haut", il descend des fausses lites. Hier, il fallait des annes, voire des dcennies pour qu'un bouleversement de langage ait lieu, et qu'un usage se forme. Aujourd'hui il suffit d'une seconde, d'une seule seconde pour qu'un mauvais usage, pour que quelque chose qui n'est pas un usage s'introduise dans toutes les consciences, et dans toutes les mmoires. La tlvision et la radio imposent dictatorialement de faux usages, de mauvais usages. Un seul prsentateur de tlvision est en mesure de diffuser massivement une erreur de franais, erreur qui n'est nullement ne d'un usage mais seulement et exclusivement de son ignorance lui. Et, les prsentateurs se copiant les uns les autres et une mission tant parfaitement identique une autre, les hommes modernes - quelque tlvision qu'ils allument, quelque radio qu'ils coutent - sont soumis 24 heures sur 24 un feu nourri, un mitraillement incessant de paroles, d'expressions, de tournures grammaticales impropres; d'amricanismes qui ne sont que des calques abusifs d'expressions anglaises et qui, ce titre, sont contraires la smantique, la morphologie, la syntaxe de notre dfunte et aime langue franaise; de subjonctifs fautifs; d'abrviations laides et striles; d'argots privs de bases tymologiques ou historiques. Toutes choses qui sont le contraire de l'usage. Rsultat, les diffrences linguistiques provinciales disparaissent. Une seule phrase de mauvais franais, prononce dans un studio Paris par un illettr, diffuse ses mtastases et son mauvais exemple partout, de Lille Perpignan, de Brest Nice. "L'usage" a t extermin, ni, dtruit. Ce que l'on appelle dsormais "usage", c'est celui des journalistes qui, consciemment ou non, volontairement ou non, influencent les jeunes gens et analphabtisent le peuple. Or c'est cet "usage"-l que se rfre, la fin, l'Acadmie. La faute de franais, rpandue par des journalistes que je dis criminels, parce qu'ils se rendent coupables de crimes contre la langue franaise, est la fin "lgalise", autorise et lgitime par l'Acadmie franaise. La faute de franais est d'abord bombarde par les tls, puis, "entre dans l'usage", elle est acadmise... Je prfrerais, tout prendre, que la langue franaise soit remplace - je

persiste et je signe: remplace - par l'arabe, par exemple, plutt qu'elle ne devienne une caricature indcente et pathtique de ce qu'elle fut, ou un jargon phontique amricain. Il n'est que logique, historiquement, de voir s'imposer et dominer les langues des peuples dynamiques et en expansion. La langue franaise, elle, n'est plus ni dynamique ni en expansion. Les Franais, au moins au point de vue du langage, ont abandonn le champ de bataille, ils ont livr les donjons aux assaillants. Ou alors, ils s'enferment dans des "tours d'ivoire" qui ne les protgent nullement, tout au contraie, de la contamination du langage parl comme du langage crit. Si la langue franaise est remplace, donc, par l'arabe, alors elle restera l'apanage d'un petit nombre; elle ne sera plus forcment parle, mais, en tant que langue crite, elle pourra ventuellement demeurer intacte. En revanche, si sa contamination actuelle continue, sa mort finale est imminente. L'Histoire enseigne qu'un Etat et un systme politique ont besoin pour survivre, entre autres, d'une langue. Mais aussi qu'une langue peut survivre, dans certains milieux ou comme langue savante, sans Etat et sans systme politique. C'est pourquoi je trouverais parfaitement logique que l'on parle marocain en France, dans cent ans. Mieux vaut bien parler marocain que mal causer franais. Je ne crois pas, en revanche, une langue qui serait moiti franaise et moiti ceci ou cela, et encore moins moiti franaise et moiti amricaine car, dans de tels mtissages linguistiques, tout le monde y perd. Est grandement digne d'estime, selon moi, l'immigr marocain, tunisien, algrien qui lutte - juste titre - pour la sauvegarde de sa propre langue. Je ne crois pas en revanche une langue, le franais actuel, qui meurt et que ni les Franais, ni leurs autorits politiques et acadmiques ne dfendent rellement. En vrit, ds aujourd'hui, la langue franaise n'existe plus. Quelques citations d'un "ange blanc". Comme disait un "ange blanc" - Jean Dutourd avait pour second prnom : Gwenal, prnom breton signifiant ange (al) blanc (gwen) - dans le numro 8 de la Nouvelle Revue de Paris: Lhumanit ne vit plus sur des civilisations agraires et littraires, mais dans une civilisation scientifique et industrielle. Il est probable que lart et lagriculture sont lis. (...) Il est probable aussi que la science et lindustrie, dont le but est de donner lhomme le confort physique, nont rien faire avec la littrature. (...) Depuis des annes, on nous parle des mutants , cest--dire de gens qui ne nous ressembleront plus, qui composeront une humanit suprieure, etc. Je crains que la mutation ne se fasse pas dans ce sens-l. Le mutant, cest limbcile analphabte trs fort sur linformatique qui accomplira toute sorte dexploits inutiles avec ses joujoux et qui sera incapable de faire tout seul une soustraction. Les mutants ne liront plus par consquent, ils ne sauront rien Ils ne sauront mme pas ce que cest que lamour. (...) Jai toujours plus ou moins eu la certitude quune ide devenait fausse la minute o elle tait adopte par le plus grand nombre. Car ce moment-la, elle devient incolore, schmatique, sans nuances. Quand une ide est reue, elle est fichue. (...) Lesprit de contradiction est lune de mes armes qui sappuie sur un got que jai pour les minorits, de prfrences souffrantes La France est-elle une cause perdue ? Si elle lest, lesprit de contradiction qui marque le rveil de lhonneur, commande de sy dvouer La

cause perdue est la grande tentation des mes gnreuses. Le culte du martyr est une perversion de la dmocratie"...

Une parenthse sur le mot : "combatif".Que fait l'Acadmie franaise? L'Acadmie franaise ne s'aperoit-elle pas de la situation? Que fait l'Acadmie franaise sinon dicter, de temps en temps, des arrts et des dcrets par lesquels elle consent d'crire "vnement" avec un accent grave la place du second accent aigu? Ou "combatif" avec deux "t"? Ou "imbcillit" avec un seul "l"? Il y a longtemps que a dure. Qui se souvient du dcret acadmique (par exemple) du 26 fvrier 1901, autorisant dire aussi bien "j'ai de bons fruits" que "j'ai des bons fruits", ou employer dans tous les cas "c'est" la place de "ce sont"?... Avec "combattif" (que l'Acadmie permet ou conseille d'crire avec deux "t", donc), on a un vritable sommet de l'intelligence des modernes grammairiens de la moderne Acadmie, la fin du XXe sicle. On n'enseigne plus, dans les coles, orthographier le verbe tre. Mais l'Acadmie ajoute un "t" combatif. Les arguments de l'Acadmie sont cocasses. N'crit-on point "combattre", avec deux "t"? "Combattant", avec deux "t"? Vous voyez bien qu'il faut crire "combattif"! "Combattif" ne va pas, non, et je vais vous dire pourquoi. Le mot "combatif" est apparu, avec un seul "t", au XIXe sicle. Ainsi que "combativit". Ce n'est pas, contrairement ce que l'on prtend, une question d'usage. Ce qu'il faut souligner, c'est que si vous crivez "combattif", alors vous employez un adjectif qui s'achve en "attif". Seulement, il n'existe dans la langue franaise AUCUN adjectif qui s'achve en "-attif". Voire il n'existe aucun mot se terminant en "-attif". En d'autres termes, quand "combatif" est entr dans les dictionnaires au XIXe sicle, les grammairiens ou acadmiciens de l'poque ont sans doute voulu viter de crer un mot qui s'achve en "attif". La langue franaise, par ailleurs, n'aime pas les consonnes redoubles. En franais, ma connaissance, on trouve peu de mots contenant "bb" ( l'exception principale d'abb, abbesse, abbaye...), trs peu de mots contenant "dd" ( l'exception principale d'addition, et drivs), pas beaucoup de mots contenant "gg" ( l'exception principale d'agglomrer, de suggestif et des drivs de ces mots), et absolument aucun mot contenant "qq" (le "q", en franais et en corps de mot, est toujours suivi d'un "u"), "vv", "hh", "jj", "kk", "xx", ou "zz" ("razzia", "razzier", "puzzle", "jazz" et "pizza" ne sont pas des mots franais). Le redoublement de maintes consonnes (par exemple "pp") n'a aucune consquence phontique et, dans les exemples de paroles trangres contenant "zz", ce "z" est toujours prononc, phontiquement, comme un "s doux". Quant "-tt", on trouve parfois en franais cette consonne double. Mais, je le rpte, on ne trouve jamais le suffixe "-attif". Les grammairiens de jadis ont donc prfr opter pour une terminaison en "atif". Si aucun mot de la langue franaise ne s'achve en "-attif"; si le franais a, la fin, peu prs la moiti de ses consonnes qui n'admettent pas de redoublement; et si - en gnral - on pourrait noncer une rgle selon laquelle "quand une consonne

est gmine en italien, elle est simple en franais, et rciproquement, y compris dans des mots qui partagent une origine latine identique", il y a des raisons (qui ne sont pas des raisons d'usage) tout cela. Ces raisons naissent entre autres, pour le dire brivement, des rgles de l'tymologie (il est bon de toujours distinguer entre les mots qui sont issus du latin par voie phontique, et ceux qui sont des emprunts savants) et de la drivation tymologique et phontique du latin. Au demeurant, "battre" a deux "t", certes, mais le mot provient non seulement de "batto" mais aussi de "batuo" ("u" bref, accent sur le "a").Tableau qui dmontre que le plus grand nombre des consonnes franaises ne sont jamais (7 consonnes : H, J, K, Q, V, W, Z) ou pratiquement jamais ou rarement (4 consonnes : B, D, G, M) gmines; dans un grand nombre de cas, ces consonnes sont simples en franais quand elles sont gmines en italien, et rciproquement (D, V). Ce tableau est ddi aux trs puissants gnies qui ont invent "combattif" (avec deux T); bien que le franais n'aime pas redoubler les consonnes; et bien que n'existe aucun mot finissant en "attif"!

Italien La consonne B est soit gmine, soit simple.

Franais La lettre B, en franais, n'est pratiquement jamais gmine. Quand l'italien a deux "b", le franais n'en a qu'un (italien "pubblico", franais "public"). Quand l'italien a un seul "b", le franais en a deux (italien "abate", franais "abb") La consonne C est soit gmine, soit simple (au demeurant, "cc" se prononce gnralement "cs", comme dans "accent") On trouve trs rarement "DD" en franais. Au demeurant, gnralement, quand un mot italien a un seul "D", le franais en a deux. Quand un mot italien a deux "D", le mot franais correspondant n'en a qu'un ("addio" / "adieu"). La consonne F est soit gmine, soit simple. La consonne G, en franais, est trs peu sovent gmine.

La consonne C est soit gmine, soit simple.

La consonne D est soit gmine, soit simple.

La consonne F est soit gmine, soit simple. La consonne G est soit gmine, soit simple.

La consonne H n'existe pratiquement pas en Aucun mot franais ne contient les lettres "HH" italien. qui se suivent. La lettre J n'existe pratiquement pas en italien. La consonne K n'existe pas en italien. La consonne L est soit gmine, soit simple. Aucun mot franais ne contient les lettres "JJ" qui se suivent. Aucun mot franais ne contient les lettres "KK" qui se suivent. La consonne L est soit gmine, soit simple. Mais le redoublement du L ne se prononce que dans trois mots (mille, ville, tranquille)!

La consonne M est soit gmine, soit simple.

La consonne M est soit simple, soit (relativement rarement) gmine. Elle est notament gmine dans les mots commenant par "- com". La consonne N est soit gmine, soit simple. La consonne P est soit gmine, soit simple, sans consquences phontiques particulires. La consonne Q n'est jamais gmine. Elle est toujours suivie d'un "U", sauf en fin de mot (cinq, coq...). La consonne R est soit gmine, soit simple. La consonne S est soit gmine, soit simple. La consonne T est soit gmine, soit simple, mais, selon moi, ou en certaines occasions, avec des consquences phontiques. De plus, il n'existe aucun mot s'achevant par "-attif". Ou, miex encore, par "- ttif". La consonne V n'est strictement jamais gmine. Quand l'italien a deux "V" (avventura), le franais en a un seul (aventure).

La consonne N est soit gmine, soit simple. La consonne P est soit gmine, soit simple. La consonne Q est soit gmine, soit simple.

La consonne R est soit gmine, soit simple. La consonne S est soit gmine, soit simple. La consonne T est soit gmine, soit simple.

La consonne V est soit gmine, soit simple.

La consonne W, qui ne fait d'ailleurs pas partie, La consonne W n'est jamais gmine. historiquement, de l'alphabet italien, entre exclusivement dans des paroles anglaises ou allemandes. La consonne Z est soit gmine, soit simple. La consonne Z n'est jamais gmine. Sinon en de rarissimes paroles trangres.

Le franais acadmico-moderne impose donc des mots comme "combattif" et "combattivit"... Ici encore, je voudrais savoir des puissants gnies de l'Acadmie quel mot franais finirait en "-attivit". "Combattif" et "combattivit" sont des mots IMPOSSIBLES! Mais nos braves Franais, nos pauvres Franais, nos excellents Franais, que ce soit la faute de l'Acadmie ou celle de la paresse des enseignants, des coliers et des "tudiants", vont cependant rptant : N'crit-on point "combattre", avec deux "t"? "Combattant", avec deux "t"? Vous voyez bien qu'il faut crire "combattif"! Et puisqu'on crit "battu", il faudra aussi "courbattu" la place de "courbatu", "courbatture" la place de "courbature"...? Le franais est une langue morte. D'autant plus qu'elle intgre des nologismes acadmiques qui contredisent l'tymologie, la rgle, l'usage. Ainsi le franais celui que baragouinent les "Jeunes" d'aujourd'hui est-il un baragouinage qui se rduit quelques borborygmes primitifs. Au dtriment et de la belle et bonne langue littraire, et aussi des merveilleux argots populaires d'autrefois. L'Acadmie franaise n'a-t-elle pas une part de responsabilit, quand elle encourage crire et prononcer le franais, en quelque sorte, "comme chacun

veut"? Que peut comprendre un colier, si on le laisse "libre" d'crire "combatif" ou "combattif"? Si l'on crit "combattif", devrait se demander cet colier, pourquoi pas "httif" pour "htif"?... "Nattif" pour "natif"? "Laxattif" pour "laxatif"? "Dattif" pour "datif"? "Ablattif" pour "ablatif"? "Sdattif" pour "sdatif"? Ne suffisait-il pas d'enseigner aux jeunes gnrations qu'on crit "combattant" avec deux T, mais "combatif" avec un seul? Sous couvert de simplifier, on abtardit et on complexifie. Que peut comprendre un colier, si on le laisse "libre" d'crire "vnement" ou "vnement", et pourquoi pas alors "aivnment"? Epargnez-moi, si vous voulez bien, les blablas sur "l'volution de la langue"... Certaines langues voluent, d'autres rgressent. Le franais n'volue pas. Le franais rgresse. L'volution de la langue est une ncessit, une richesse. A condition toutefois que cette volution, comme cela a toujours t, vienne du peuple et de l'usage populaire, et pas des fausses lites. Et qu'elle suive des rgles naturelles (tymologiques et phontiques) prcises. Or, les rgles de l'tymologie et de la phontique sont bouleverses, nies, extermines et par l'intrusion du langage tlvis des histrions illettrs, et par les "dcrets" de l'Acadmie. On ne fait voluer positivement une langue ni par la vulgarit globalisante de la tl, ni par des dcrets acadmico-administratifs, dmagogiques et prsomptueux qui, en vrit, ne servent qu' donner la permission tout un chacun de ne pas savoir sa langue. J'engage mon lecteur consulter, y compris sur le site officiel de l'Acadmie, ces fameux "dcrets". Dont je m'offre prouver, dmonstration l''appui, cas par cas, l'insondable imbcillit. J'ai dit :imbcillit.

Parenthse sur "imbcillit".Imbcillit avec deux "l", y compris si l'Acadmie dsire crire "imbcilit"... Le mot "imbcillit" est apparu (avec deux L) au XIVe sicle, probablement avant "imbcile" (avec un seul L). "Imbcillit" doit avoir deux "l", tymologiquement, parce qu'il provient du latin "imbecillitas". "Imbcile" provient du latin "imbecillus", plus rarement "imbecillis", mais il n'a qu'un seul "L": notamment pour viter des doutes de prononciation (les mots en "ille", en franais, ont gnralement un -LL "mouill", ou "liquide", comme dans "famille, fille, papillon, habillement, grille, briller, anguille..."; les exceptions tant "tranquille; mille; ville"). Or, l'Acadmie a dcrt qu'il fallait crire "imbcile" et "imbcilit". Ce qui est d'une ineptie assez impressionnante. On doit avoir "imbcillit" (avec deux L) et "imbcile" (avec un seul L). Il n'y avait strictement rien changer, ici. Au lieu d'enlever un "l" "imbcillit", et d'ajouter un "t" "combatif", l'Acadmie ferait mieux de se montrer plus combative dans la lutte contre l'imbcillit.

Le poids historique de la proposition lance par Olivier Mathieu, dit Robert Pioche, de soumettre les acadmiciens une dicte publique de langue franaise.Acadmiciens! Acadmiciennes! J'viterai de vous dire ce que je proposerais si j'tais au pouvoir, ou Ministre de l'Education, ou Ministre de la Culture, ou seulement... acadmicien. J'viterai de vous dire que je supprimerais la tlvision, vu que l'ide de supprimer la tlvision semblera une absurdit la plupart des lecteurs de ces lignes. Il n'y a pourtant rien d'absurde proposer de supprimer quelque chose qui existe depuis moins de cent petites annes, dont l'absence n'a pas interdit des millnaires de civilisation. Mais dont l'existence a provoqu des dommages irrparables, travers la diffusion d'une sous-culture globalisante. Sans parler d'ventuelles (ou pas si ventuelles qe a) expriences de messages subliminaux, ou des consquences physiologiques que peuvent avoir ou avoir eu les ondes sur les cerveaux humains. J'viterai de vous dire, tout pareillement, comment je rformerais - tout le moins - cette tlvision. Et comment je rformerais le systme ducatif (en commenant notamment par rtablir les humanits grco-latines). Bref, j'viterai de vous dire comment, en cent ans, en commenant former (chose oublie depuis des dizaines d'annes) les instituteurs et les professeurs, on pourrait rendre la langue franaise sa dignit, aprs une profonde purge de ses amricanismes et de l'illettrisme dont elle est aujourd'hui victime. J'viterai de vous dire les mesures politiques - au sens le plus large de ce mot qu'il conviendrait videmment d'adopter et d'imposer. Mesures ducatives; litisme et mritocratie; qualit de l'enseignement; formation de moins d'intellectuels, mais formation de meilleurs intellectuels; revalorisation du travail manuel et agricole. En vrit, mes mesures ne sont nullement utopiques. Elles sont simplement irralisables. Il n'est pas possible, en effet, y compris au meilleur des mdecins, de soigner ou de gurir un malade qui ignore son tat de maladie ou le confond avec l'exellente sant. Je dirai donc, tous ceux que j'entends dj hululer que "ce n'est pas possible", qu'il a t possible ma mre de m'lever sans m'imposer le supplice de l'apprentissage de la langue, de la non langue anglaise; sans m'imposer le supplice de l'apprentissage des mathmatiques modernes; sans m'imposer le supplice, ft-il hilarant, de divers baratins; sans que j'allume, toute mon enfance puis toute ma vie durant, une tlvision. Je dirai qu'il a t possible ma mre de m'enseigner lire et crire, les deux choses les plus difficiles qui soient; il a t possible ma mre (laquelle, en outre, n'tait pas riche, mais pauvre) de m'lever la maison et de faire en sorte que je ne sois pas un illettr. Il a t possible ma mre de faire, pour un enfant, ce qu'il n'a pas t possible de faire, des centaines de ministres de l'Education, pour des gnrations entires. Or si cela a t possible ma mre, cela aurait pu se produire non seulement pour un enfant, moi; mais pour deux enfants, pour dix enfants, pour cent enfants, pour mille enfants.

Cela n'a visiblement pas t possible. Il est donc inutile qui que ce soit de se plaindre, dsormais. Il est inutile aux fachos "identitaires", notamment, de se lamenter: puisque leurs parents les ont envoys l'cole: l'cole du Systme qu'ils taient censs ne pas aimer, rejeter voire combattre. Et puisque, maintenant, ce sont eux qui, leur tour, envoient leurs prognitures dans le moule ducatif de ce Systme. Qu'ils continuent donc publier leurs revues malingres et leurs journaux de "dfense de l'identit franaise", qui ont avant tout en commun avec les fanzines soixante-huitards les fautes d'orthographe et de franais. Voil tout ce qu'il y a dans la proposition de Robert Pioche de vous soumettre, acadmiciens, publiquement, sous les yeux du public, ma dicte. Vous refuserez, c'est certain. Vous refuserez en disant, vieille chanson, que vous ne voulez pas cder une "provocation". Mais qu'on le veuille