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ON DIT QUE LES JARDINS SONT MORTS On dit que les jardins sont morts ; viens et regarde Le reflet de ces bords lointains et souriants ; Et des nuages purs l'azur inespéré Éclaire les étangs et les couleurs des sentes. Prends ce jaune profond, le moelleux de ces gris Parmi les buis et les bouleaux ; la brise est tiède ; Tardives ne sont point encore flétries les roses, Choisis-les, baise-les et tresse la couronne. Songe à n'oublier point les derniers des asters Ni la pourpre enroulée à la vigne sauvage Prends ce qui reste encor de vivante verdure Fonds-le d'un doigt léger dans l'image automnale. Stefan GEORGE Das Jahr der Seele (L'Année de l'âme) 1897

On Dit Que Les Jardins Sont Morts

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poésie de Stefan GEORGE

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Page 1: On Dit Que Les Jardins Sont Morts

ON DIT QUE LES JARDINS SONT MORTS

On dit que les jardins sont morts ; viens et regardeLe reflet de ces bords lointains et souriants ;Et des nuages purs l'azur inespéréÉclaire les étangs et les couleurs des sentes.

Prends ce jaune profond, le moelleux de ces grisParmi les buis et les bouleaux ; la brise est tiède ;Tardives ne sont point encore flétries les roses,Choisis-les, baise-les et tresse la couronne.

Songe à n'oublier point les derniers des astersNi la pourpre enroulée à la vigne sauvagePrends ce qui reste encor de vivante verdureFonds-le d'un doigt léger dans l'image automnale.

Stefan GEORGE Das Jahr der Seele (L'Année de l'âme) 1897