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On tue encore Louis XVII - excerpts.numilog.comexcerpts.numilog.com/books/9782910733520.pdfde sperme va inexorablement identifier l'homme qui a eu un rapport sexuel, et cela après

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ON TUE ENCORE LOUIS X V I I

DU MÊME AUTEUR:

Les Yeux pour voir, poèmes (Zones, Paris 1945)

Le Cardinal de Granvelle par Le Titien (Paris 1950)

Perles du Golf (film, prime à la qualité 1959)

Le Temps mort, poèmes (Paris 1963)

Aide-mémoire, poèmes (Zones, Paris 1966)

Histoire du Royaume d'Araucanie (S .F.A. Paris 1979)

Les Relations publiques ou la Stratégie de la confiance (Eyrolles, Paris, 1989 - 1ère et 2ème éditions)

Eloge et Gastronomie de la Pintade (préface de Paul de Montaignac, Pilote 24, Périgueux 1994)

Les Jeunes dans la Résistance (préface de Jacques Baumel, Pilote 24, Périgueux, 1996. Prix Le Dissez de Penanrun de l'Académie des Sciences Morales et Politiques)

Parti sans laisser d'adresse, poèmes (EPCI, Paris 1996)

Libellules aux ailes de verre, poèmes (préface de Jacques de Bourbon-Busset, de l'Académie Française, Editions Nouvelle Pléiade Paris 1997)

Des jours d'or et de soie, poèmes (préface de Pierre de Boisdeffre - Editions Nouvelle Pléiade Paris 1997)

L'Entreprise Humaniste (L'Harmattan Paris 1998)

Histoire de la Société des Volontaires (Pilote 24, Périgueux 1998)

Passons sous le Pont, sous l'Arche, poèmes (préface de Vital Heurtebise, Editions Nouvelle Pléiade, Paris 1998)

© PRESSES DE VALMY, 2000

Tous droits réservés pour tous pays

ISBN : 2-910733-52-1

Philippe A. BOIRY

O N TUE ENCORE

LOUIS X V I I

PRESSES DE VALMY

165, rue de Paris

94220 - Charenton-le-Pont

I

L'ADN ? Pas si simple...

D ans l'étude que j'ai précédemment consacrée au mystère que constitue le destin du petit roi Louis XVII (1) j'ai bien conscience d'avoir laissé mes

lecteurs sur leur faim.

L'idée de départ était simple : comparer l'A.D.N. du fils de Louis XVI avec celui de Guillaume Naundorff et dire, une fois pour toutes, si ce dernier était un imposteur extraordinairement habile ou bien l'enfant royal miraculeu- sement échappé de la prison du Temple.

Mais ce sont parfois les projets les plus évidents que l'on ne parvient pas à mener à bien. Tant de facteurs entrent en ligne de compte qu'il suffit que l'un des maillons de la chaîne cède pour que tous les efforts déployés l'aient été pour rien.

Or, dans ma quête génétique, qui me semblait devoir couler de source, je suis en effet tombé de Charybe en Scylla.

Tout avait, pourtant, bien commencé. Par l'intermédiaire de mon ami Pierre Bourget, chroniqueur scientifique bien connu et, également, historien apprécié de la Seconde Guerre Mondiale, je fus mis en relation avec Pierre Li, journaliste scientifique à TF1 afin de déterminer quel était le laboratoire fran- çais le plus qualifié pour procéder à des analyses génétiques telles que celles que j'envisageais.

Pierre Li me dirigea vers la Directrice de l'Institut Médico-légal de Paris qui m'orienta vers le laboratoire de génétique moléculaire de l'Institut de Biologie du CHU de Nantes.

C'était une bonne adresse puisque, dans le même temps, on pouvait lire dans « Le Figaro » :

(1) Louis XVII-Naundorff devant l'A.D.N. ou le nouveau masque de fer. Ed. Les Presses de Valmy, Paris, 1998, 340 pages.

« Ce sont les Sherlock Holmes de la génétique. A partir d'un mégot trouvé sur les lieux d'un meurtre, ils peuvent identifier un génotype et, par la même, un individu qui sera peut-être confondu à cause d'une vulgaire cigarette.

« Au laboratoire de génétique moléculaire de Nantes, les Docteurs Jean- Paul Moisan et Olivier Pascal sont devenus des spécialistes de l'identification génétique, les deux biologistes travaillent avec un nombre sans cesse croissant de policiers et de juges d'instruction, comme le souligne Jean-Paul Moisan : « On draine toute la France comme l'Outre-Mer et les trois quarts des affaires criminelles très médiatiques arrivent ici. L'an dernier, nous avons traité 450 affaires et plus de 180 depuis le début de l'année (1995). Les viols repré- sentent à eux seuls 70 % des dossiers ».

« Pour les enquêteurs et les magistrats, les analyses réalisées par le labo- ratoire nantais sont d'une importance capitale, car le génotype réalisé à partir de sperme va inexorablement identifier l'homme qui a eu un rapport sexuel, et cela après comparaison des empreintes génétiques. Quant aux risques d'er- reurs sur la personne, ils sont d'ordre infinitésimal : « Il y a une chance sur plusieurs dizaines de millions que deux individus aient la même empreinte génétique, assure Jean-Paul Moisan. Si cette identification du génotype a permis de confondre des violeurs, elle a aussi disculpé et innocenté des suspects ».

« Les deux nantais ont été les premiers à extraire de l'ADN sur les goulots de bouteilles, mais ils travaillent à partir d'un cheveu, d'une trace de sang, d'un os ou même d'un walkman. Récemment, le laboratoire a réalisé une empreinte génétique à partir des écouteurs qu'un cambrioleur mélomane avait mis sur ses oreilles pendant qu'il visitait une maison... ».

« La difficulté s'accroît avec le temps : plus les os sont vieux, plus l'iden- tification est délicate, mais Olivier Pascal a réussi à identifier un corps très abîmé qui avait séjourné des mois dans la Loire ».

Le Docteur Pascal, avec beaucoup de gentillesse, m'expliqua que le code génétique, se transmettait de mère en fille et que ma vue simpliste : on prend un descendant de Louis XIV (Bourbons d'Espagne) et un descendant de Naundorff et on compare, ne valait rien, scientifiquement parlant.

Du côté de l'ADN de Marie-Antoinette, un certain nombre de documents avaient pu être réunis :

- 1 médaillon contenant des cheveux de l'Archiduchesse Jeanne Gabrielle d'Autriche (1750-1762), sœur de la reine, trouvé par M. Pétrie (couvent Ste Elisabeth, Klargenfurt, Autriche),

- 1 médaillon similaire (origine et lieu) contenant des cheveux de l'Archiduchesse Marie Josèphe (1751-1767), sœur de la reine,

- 1 médaillon contenant des cheveux de la reine Marie Amélie (1782-

1866), épouse du roi Louis Philippe 1er, descendante en ligne féminine de l'Impératrice Marie Thérèse d'Autriche, provenant de la succession du Duc de Nemours et acquis par mes soins,

- des cheveux de Marie-Antoinette, provenant d'un médaillon conservé par la famille de Bemardières, dont Mme Jane de Bernardières autorisa l'usage, également prélevés avec le plus grand soin par le Docteur Pascal lui- même.

- des cheveux de Marie-Antoinette prélevés par le Dr. Pascal dans un médaillon appartenant à M. Alain Bancel.

Ces généreux amis furent récompensés par la suite, les examens de labo- ratoire montrant l'identité génétique de tous ces cheveux et, donc, authenti- fiant leurs précieuses reliques.

Mais, du côté Naundorff, nous eûmes bien des difficultés.

Nous disposâmes, grâce à M. Pétrie, de quelques cheveux prélevés lors de l'exhumation réalisée à Delft en 1950, cheveux conservés dans une enveloppe scellée par la municipalité de cette ville.

Charles-Edmond de Bourbon, descendant de Naundorff, nous procura une dizaine de cheveux provenant d'une mèche prélevée par la veuve de celui-ci sur son lit de mort en 1845. Échantillon connu sous le nom de « mèche de la

Tour du Pin » du nom de la personne qui la reçut des mains mêmes de Louis- Charles de Bourbon, fils du défunt.

C'est cette mèche de cheveux qui servit aux fameux examens du Dr. Locard.

Enfin, document majeur, nous pensions pouvoir disposer d'un morceau d'humérus provenant également de l'exhumation de 1950 qu'avait -chercheur infatigable- retrouvé M. Pétrie.

Nommé coordinateur des travaux par tous les participants (laboratoire de Génétique Moléculaire de Nantes -Dr. Pascal-, Laboratoire de Génétique Humaine de Louvain -Prof. Cassiman, Prof. Pétrie, etc), je décidais de provo- quer une réunion générale à Paris pour confronter les points de vue.

Je proposais donc à tous les intervenants la date du 14 février 1997, dans les locaux de ma Faculté, ce qui fut accepté.

Peu de jours avant cette réunion, j'appris que l'Agence France Presse venait de diffuser, le 28 janvier 1997, une dépêche de l'A.N.P., agence néer- landaise de Presse, sous le titre « Le Mystère franco-néerlandais (sur Louis XVII) s'approche du dénouement ». En voici la traduction :

« Louvain/Nantes/Delft (ANP). L'identité de l'homme qui est enterré dans le Kalverbos à Delft sera bientôt connue. Les analyses d'ADN qui permettront de donner une réponse à cette question sont pour ainsi dire terminées.

« A Delft est enterré un homme qui de son vivant s'appelait Carl Naundorff, mais qui toute sa vie soutint qu'il était en fait le fils si longtemps recherché de Louis XVI et Marie- Antoinette.

« Les restes tirés de la tombe sont en cours de comparaison avec des tissus des descendants de la grand-mère de Louis XVII, l'impératrice Marie Thérèse. Il ne s'agit d'ailleurs pas seulement de tissus de descendants morts. A Nantes les chercheurs ont ainsi récemment analysé le sang d'un Bourbon vivant, qui est également un descendant de Marie Thérèse.

Le professeur de génétique de Louvain, J. Cassiman, pour sa part espère encore pouvoir obtenir du sang d'un enfant du roi de Roumanie en exil, Michel. La femme de celui-ci est en effet une descendante de Marie Thérèse et selon le professeur de Louvain cette analyse apporterait une sécurité de plus, bien qu'en ce qui le concerne, cela ne lui semble plus absolument nécessaire.

« Les chercheurs belges et français se réuniront le 15 février à Paris pour comparer leurs résultats et alors prendre une décision sur leur publication dans une revue scientifique renommée.

« Cassiman ne veut rien dire sur le nom possible de cette publication. Il avait été question de Nature, mais, selon Cassiman, un descendant de Naundorff a essayé d'empêcher que cette revue publie les résultats. « Il n'a d'avance aucune confiance dans cette analyse. C'est incroyable ».

« Toujours en raison de sa méfiance, le même (NdlR : le descendant de Naundorff) a demandé à la commune de Delft de faire rouvrir la tombe (NdlR : de son ancêtre), ce pour quoi Delft montre peu d'enthousiasme.

« Deux arrières-petits enfants de Naundorff, qui vivent au Canada et à Paris, voudraient en effet savoir s'ils descendent véritablement de la famille Bourbon et éventuellement faire valoir leurs droits. Ils s'appellent Bourbon, par une décision de justice qui remonte à l'époque où le roi des Pays-Bas Willem II avait donné son accord pour que Naundorff soit enregistré à l'état- civil de Delft comme Charles Louis de Bourbon et que ce nom figure égale- ment sur sa pierre tombale. Pourquoi Willem a fait cela, on l'ignore ».

Je fus un peu surpris par la diffusion de cette information, compte tenu des accords, sinon de secret du moins de discrétion, que nous avions tous pris.

Dans le même temps, je fus encore plus étonné de lire, dans deux revues françaises, des articles de M. Pétrie, dont un dans la revue « Point de Vue » où il était question de « l'imposture de Naundorff », préjugeant d'une manière assez tendancieuse des résultats des examens en cours et disant, sans le dire, qu'ils étaient négatifs.

Vint le 14 février, ou les parties prenantes se réunirent, comme prévu, en présence de Charles de Bourbon qui avait exprimé le vœu d'être présent, ce qui pouvait difficilement lui être contesté, et de celle de M. Loison, représen- tant du descendant canadien de Naundorff.

Une convention, préparée par le Professeur Cassiman (et qui recoupait, dans les grandes lignes, celle préparée par mes soins et dans le même esprit) fut signée par tous les participants :

« Convention concernant l'usage des résultats présentés et discutés lors de la réunion de Paris du 14 février 1997 » :

1. Les personnes présentes à la réunion s'engagent à ne pas dévoiler les résultats présentés lors de la réunion ni d'autres éléments de la discussion à des tierces personnes non-présentes à la réunion jusqu'à la levée de l'embargo sur le contenu de la publication scien- tifique.

2. Les résultats seront publiés dans un journal scientifique choisi de commun accord entre les équipes de Leuven et de Nantes. L'identité de ce journal ne sera connue que des chercheurs de Leuven et de Nantes jusqu'à la levée de l'embargo. Cette publication contiendra tous les résultats scientifiques nécessaires à soutenir la thèse proposée par les chercheurs.

3. Une fois l'embargo levé par l'éditeur du journal dans lequel seront publiés les résultats scientifiques, une conférence de presse sera orga- nisée en Belgique où les résultats seront communiqués à la presse et au public par les groupes scientifiques de Leuven et de Nantes.

4. Les scientifiques de Leuven et de Nantes peuvent informer les commanditaires de la recherche ou toute personne directement concernée par les résultats ou qui a contribué de façon significative à l'obtention des résultats dans la semaine qui précède la levée de l'embargo.

5. Après la conférence de presse, les résultats seront dans le domaine public.

Paris, le 14 février 1997.

Professeur J. Cassiman, Dr. M. Pascal, Dr. H. Pétrie, Dr. R. Decorte, Prof. Ph. Boiry, Dr. E. Jehaes,

Mme Y. Deloison, Charles de Bourbon, M. Loison, M. Péneau ».

En dépit de cet engagement, le Professeur Cassiman exprima le désir de s'entretenir seul à seul avec le Dr. Pascal, ce qui lui fut volontiers concédé.

La séance put, enfin se tenir, mais je disposais d'un élément nouveau, qui me semblait extrêmement grave. Pendant que les scientifiques « jargonnaient » dans leur langage ésotérique, j'avais interrogé M. Pétrie sur l'origine exacte de « l'os de Delft » et, avec beaucoup d'honnêté, après m'avoir confirmé sa provenance, il convint, sur la demande précise que je lui fis que cet os était conservé dans un bocal qui n'était pas scellé.

On a bien lu : ce fragment d'os « de Naundorff » était demeuré de 1951 à 1996, soit pendant quarante cinq ans, dans un récipient non scellé !

Compte-tenu des intérêts en jeu, compte-tenu de la rigueur nécessaire à nos travaux, je dois dire qu'à dater de cette conversation, j'ai eu les plus grands doutes sur l'authenticité de cet échantillon.

Je fis part, indirectement, de mes inquiétudes au Professeur Cassiman en lui écrivant notamment, le 24 février 1997, après l'avoir remercié d'avoir pris la peine de venir à Paris, faisant allusion aux articles dont j'ai déjà parlé :

« ... 2. Parmi les articles et les interventions multiples de M. Petrie, qui fait publiquement état des résultats que vous lui avez communiqués, j'ai pu constater -et ceci me préoccupe- que dans un article publié dans la revue « Bourbon » dont vous trouverez la photocopie jointe, M. Petrie parle sur la même page, d'une part d'un tibia, d'autre part d'un humérus !

« Doutant que Naundorff marchait à quatre pattes, je serais intéressé de savoir de quel os il s'agit ?

« De plus, dans un ouvrage rendant compte de l'exhumation de 1950, il est spécifié qu'il a été procédé au prélèvement d'environ 100 g de masse de graisse déposée au fond du cercueil de plomb et d'un os qui est alors qualifié de cubitus.

« Suivant vous, l'os que vous avez eu entre les mains pour analyse et dont nous n'avons eu qu'un morceau est-il un tibia, un humérus (Petrie dixit) ou un cubitus ?

« 3. Une dépêche de l'ANP du 28 janvier 97 dit que selon vous, l'analyse de sang de Marguerite de Roumanie « apporterait une sécurité de plus, bien que cela ne vous semble plus absolument nécessaire ».

« Cela veut-il dire que vous avez une opinion d'ores et déjà sur les résul- tats à publier ?

« Je vous remercie, par avance, des renseignements que vous voudrez bien me donner, plus spécialement en ce qui concerne le point N° 2 qui me semble extrêmement important.

« Croyez je vous prie, Cher Professeur, à l'assurance de mes meilleurs sentiments ».

Le Professeur Cassiman ne répondit qu'indirectement à ce courrier, en me faisant parvenir, ainsi qu'au Dr. Pascal et à MM. Schoor et Petrie, le double d'une lettre envoyée le 5 mai 1997, par ses soins, à Charles Louis Edmond de Bourbon (branche canadienne), disant :

« Nous avons pu terminer l'analyse de l'échantillon de sang de Sa Majesté la Reine Anne de Roumanie et des échantillons de cheveux du Comte (Prince) André de Bourbon Parme, de Sa Majesté la Reine Louise Marie de Belgique et de sa fille l'Impératrice Charlotte du Mexique.

« Toutes ces analyses sont compatibles avec les résultats obtenus sur les cheveux de la Reine Marie-Antoinette et des sœurs Johanna Gabriela et Maria

Josepha, confirmant essentiellement l'authenticité des profils obtenus.

« Nous avons aussi pu mettre en évidence un profil génétique provenant du chromosome Y des hommes de la famille de Bourbon, descendants en ligne paternelle (du Comte) de Naundorff, y inclus sur votre échantillon de sang.

« L'analyse de l'humérus (1) de Naundorff nous a également fournis un profil du chromosome Y. Ce dernier profil a pu être obtenu après d'énormes difficultés techniques et nous a obligé de consommer tous les fragments de l'humérus encore disponibles. Ces résultats sont partiellement différents de ceux obtenus à partir des échantillons de sang. Ceci nous oblige à conclure que très probablement l'humérus ou du moins -l'ADN extrait de celui-ci ne provient pas d'un ascendant paternel des (comtes) Bourbons vivants actuelle- ment. Sur ces bases scientifiques douteuses nous ne pouvons conclure nos recherches et nous nous voyons obligés de Vous demander de considérer une réouverture de la tombe (du Comte) de Naundorff afin de pouvoir prélever directement d'autres échantillons. En effet, nous sommes au point ou nous avons recueilli toutes les données scientifiques nécessaires pour pouvoir conclure :

1) à l'authenticité des prélèvements de Naundorff,

2) que Naundorff était effectivement un descendant de Marie-Thérèse ou non.

« Nous osons espérer que vous accepteriez notre proposition, considérant les efforts scientifiques et financiers fournis durant plus de deux années déjà ».

Quatre mois après mes observations, il ressortait de cette lettre :

1° que le chromosome Y, entre « l'os de Naundorff » ne correspondait pas au chromosome Y des actuels descendants vivants de Naundorff. Ce qui confirmait spectaculairement mes doutes sur son authenticité.

(1) Alors, cubitus, comme dans l'ouvrage que je citais, ou humérus ? Voici, aussi, un grave élément de doute sur l'origine de l'os dont nous disposions.

2° q u ' u n e nouvel le exhumat ion du mor t d e Delf t s ' avéra i t indispensable

p o u r obteni r des résultats indiscutables.

En t re temps , un peti t d i f férent su r l ' in te rpré ta t ion des « résul ta ts

ob tenus », se concrét isai t dans un courr ier adressé le 13 mai 1997 par le Dr.

Pascal au Professeur Cass iman (avec double aux deux descendants f rançais et

canadien de Naundor f f et à mo i -même) :

« Che r Ami ,

« N o u s avons bien reçu votre courr ier du 5 mai 1997 concernan t les

analyses que vous avez effectuées sur l ' o s de Mons ieur Naundorff . J e souhai te

appor te r mon point de vue personnel sur vos conclusions scientifiques.

« a) Concernan t les cheveux « anciens » de Marie-Antoinet te e t appa- rentés.

« - Vous nous aviez c o m m u n i q u é vos résultats qui montra ient des discor-

dances entre les séquences obtenues à part i r des cheveux d e diffé-

rentes or ig ines (Mar ie - Joseph , Johanna-Gabr ie l a , Lou i se -Mar ia ,

Marie-Antoinet te) .

« - Les résultats que vous avez obtenus à part i r de ces cheveux sont diffé-

rents des résultats que nous avons nous -mêmes obtenus à part i r des

cheveux « frais » de Mons ieur André de Bourbon-Parme, descendant

actuel par les f emmes de l ' impéra t r ice Maria-Theresa .

« Ces résultats sont diff ici lement expl icables pa r le taux de néomuta t ion

de l ' A D N mitochondr ia l qui serait de 1/33 générat ions (Parsons et al Na tu re

genet ics 15 363.367) .

« Vos conc lus ions s u r l ' a u t h e n t i c i t é des prof i ls o b t e n u s à p a r t i r des

c h e v e u x a n c i e n s s o n t d o n c , s u r u n p l a n sc ien t i f ique , d i scu tab les .

« b) Conce rnan t la caractérisat ion des séquences Y de l ' os de Mons ieur

Naundorff . les résultats que vous avez obtenus ouvrent trois hypothèses.

« - que l 'os que nous avons analysé n ' e s t pas celui de la t ombe de

Mons ieur Naundorff ,

« - que l 'os que nous avons analysé est celui de la tombe de Mons ieur

Naundorff , mais que des fausses paternités sont survenues au cours

des générat ions ,

« - que des contaminat ions sont venues « per turber » les réactions.

« c) E n conclusion, j e vous rappellerai nos propres résultats.

« - Nous avons obtenu une séquence d ' A D N mitochondria l à partir de

l 'os . Cet te séquence est la m ê m e que cel le que vous avez vous -même

obtenue à partir du m ê m e prélèvement .

« - Nous avons obtenu une séquence d ' A D N mitochondria l à part i r des cheveux de Mons ieur André de Bourbon-Parme. Cet te séquence

diffère par trois mutations de l'ADN extrait de l'os. Au vue des connaissances actuelles sur l'ADN mitochondrial, nous pouvons conclure que l'os qui nous a été présenté comme étant celui de Monsieur Naundorff n'est pas apparenté par la lignée maternelle aux descendants de l'impératrice Maria-Theresa.

« - Aucun résultat n'a été obtenu à partir des cheveux « anciens » qui nous ont été soumis. Nous avons utilisé pour ces échantillons les tech- niques mis en œuvre dans le cadre des expertises médico-légales, techniques dont nous pouvons assurer la fiabilité.

« Devant les incertitudes sur la provenance de l'os, je vous rejoins dans votre souhait de procéder à une nouvelle exhumation.

« Bien amicalement.

« Olivier Pascal ».

Je constatais, avec plaisir, que les scientifiques à la vue de leurs résultats de laboratoire, arrivaient à la conclusion à laquelle j'étais parvenu par simple intuition.

J'écrivis donc, le 14 mai 1997, au Professeur Cassiman :

« Cher Professeur,

« J'ai bien reçu copie de votre courrier du 5 mai dernier aux deux descen- dants de Naundorff et je vous en remercie.

« Je ne m'étonne pas et me réjouis qu'il y ait conformité d'ADN entre la Reine Anne de Roumanie et le Prince (et non Comte) André de Bourbon- Parme du fait qu'ils sont frère et sœur.

« Bref, je retiens de votre lettre que nous sommes, grâce à vous et au Laboratoire de Nantes, en possession d'une parfaite identification du code génétique de la famille Habsbourg.

« Il n'est pas douteux que votre recherche du chromosome Y est une excellente idée dont j'aurais été heureux d'être informé puisque, si j'ai bien compris le Prince Charles-Louis Edmond de Bourbon, c'est dans les locaux mêmes de ma Faculté que la décision de cet examen a été prise.

« Il ressort clairement de votre lettre que le chromosome Y des deux descendants actuels de Naundorff diffère de l'humérus sensé provenir de l'ex- humation de 1950 (et dans ces conditions votre conclusion est évidente). Je n'arrive pas à voir, d'après votre courrier, si le chromosome Y est identique entre Charles Louis Edmond (France) et Charles Louis (Canada) ?

« Je constate avec plaisir que vous aboutissez à l'idée de la nécessité évidente d'une nouvelle exhumation que j'avais proposée, en accord avec le Centre génétique moléculaire de Nantes depuis 18 mois et que vous partagez, désormais, mon inquiétude sur l'authenticité de l'humérus dont nous dispo-

sions, doute que j'avais exprimé depuis longtemps aux deux descendants de Naundorff et sur lequel je vous avais donné mon sentiment il y a 4 mois, clai- rement exprimé dans ma lettre du 24 février dernier.

« Je regrette bien que l'on n'ait pas pris en compte mes inquiétudes d'il y a 18 mois, que j'avais fait partager au Prince Charles Louis Edmond de Bourbon qui avait écrit, à cette époque, au bourgmestre de Delft pour demander une nouvelle exhumation mais qui s'était heurté aux désaccords de son cousin Charles Louis du Canada sur les instances de M. Petrie...

« 18 mois de perdus mais des perspectives intéressantes.

« Je vous adresserai, prochainement, plusieurs chapitres du livre que j'ai rédigé pour vous proposer un plan plus complet d'investigation qui permettrait de venir, d'une manière définitive, à bout d'une énigme historique, plan qui comporte un projet pour deux autres exhumations l'une à Paris, l'autre en Allemagne ».

Et, de fait, le 28 mai, j'expédiais au professeur belge quelques-uns des chapitres de mon précèdent livre, dont un sur la « Comtesse des Ténèbres » et j'accompagnais cet envoi de la lettre suivante :

« Cher Professeur,

« Je vous prie de trouver, ci-inclus, cinq chapitres de mon livre en cours de rédaction.

« Je vous demande d'avoir la patience de les lire pour comprendre l'objet de la suggestion suivante :

« Au stade où nous en sommes, nous n'avons de certitude que sur l'ADN des descendants de l'impératrice Marie-Thérèse.

« Dans l'affaire Naundorff-Louis XVII, nous nous sommes, finalement, polarisés sur l'identité Naundorff-Louis XVII.

« Ne pourrions-nous pas, à partir de l'ADN Lorraine-Habsbourg, élargir la démarche en demandant :

« 1) Une nouvelle exhumation de Naundorff à Delft ?

« 2) Une nouvelle exhumation de l'enfant mort au Temple, autopsié par Pelletan ?

« 3) Une exhumation de Sophie Botta, qui pose énigme et son rôle dans l'affaire Louis XVII ? (1)

« Si vous étiez d'accord sur ce projet, je pense qu'il faudrait unifier les démarches, avec l'accord des descendants vivants de Naundorff, pour faire ces demandes avec leur appui et celui de vos laboratoires ».

(1) La « Comtesse des Ténèbres » (peut-être la sœur de Louis XVII substituée)

L e Professeur Cass iman m ' y répondi t en ces te rmes le 13 ju in :

« Mons i eu r le Doyen ,

« J e vous remercie de m ' avo i r envoyé les chapi tres de votre livre en cours

de rédaction. Je les ai lu avec intérêt et sans être exper t en la mat ière , j e les

t rouve très informatifs et très agréables à lire.

« Je suis d ' a c c o r d avec vous qu ' i l serait in téressant d e conf i rmer nos résul-

tats sur les ossements de l ' en fan t mor t au Temple .

« E n ce qui concerne Sophie Botta des démarches non- f ruc tueuses on t

déjà été entreprises. Peut-être connaissez-vous une mei l leure approche . E n a t tendant une nouvel le exhumat ion de Naundor f f à Delft , nous t e rminons auss i

quelques autres én igmes historiques pour faire passe r le t emps ».

Dix jours plus tard (23 juin) , j e le remercia is et lui s ignalais :

« E n ce qui concerne Sophie Botta, il m ' a é té s ignalé q u ' u n co l loque

devait se dérouler en Al lemagne , fin Août , sur ce sujet sans d ' au t r e s précis ions .

« Ceci ne m ' a r r a n g e guère , ne pra t iquant pas la langue a l l emande mais ,

peut-être , si vous aviez des informat ions sur cette affaire, y t rouver ions-nous tous notre intérêt ? ».

Le Professeur ne répondi t pas à cette informat ion , mais j ' a p p r i s dans les

mois qui suivirent et par d ' au t res sources , que le propr ié ta i re du terrain où étai t

i nhumée la « Comtes se des Ténèbres » s ' opposa i t à toute exhumat ion , mais

était - p a r a î t - i l - prêt à vendre la propr ié té où se trouvait la t o m b e aux cher- cheurs intéressés !

De tout ceci, j e retenais deux poin ts essent iels :

1° Si le c h r o m o s o m e Y de l ' os qui nous a été fourni c o m m e issu de l ' ex-

humat ion de 1950, n ' e s t pas le m ê m e que celui des descendan t s vivants

de Naundorff , tout donne à penser qu ' i l n ' e s t pas l ' o s pré levé en 1950

et qu ' i l ne provient pas du squelet te de Delft.

2° Le compte - rendu de l ' exhuma t ion de 1950 par le d ' u n cubi tus . Le

Professeur Cass iman - q u i n ' a pas répondu à m a ques t ion à ce s u j e t -

par le dans sa lettre du 5 mai 1997, d ' u n humérus . Ceci conf i rmera i t que

l ' échant i l lon qui a servi aux analyses de Nan te s et de Louva in n ' e s t pas

celui prélevé dans la t ombe en 1950.

I I

Une conférence de presse prématurée et un os de plus en plus douteux

F in Avril 1998, le Professeur Cassiman me téléphona pour m'annoncer que « ce serait le 2 juin » qu'il ferait une conférence de presse.

J'en fus surpris, n'ayant pas été informé de la date de la publication prévue dans une revue scientifique, ni de l'état des recherches dont j'étais depuis le 9.7.95 le coordinateur, de plus en plus théorique depuis la réunion générale que j'avais organisée à Paris.

Le fait me fut confirmé par une invitation du 11 mai à en-tête du service de communication de l'Université de Louvain ayant pour titre :

« Karl Wilhelm Naundorff : Louis XVII en personne ou escroc ? »

« Centrum voor Menselijke Erfelijkheid » K.U. Leuven

déchiffre le mystère de Delft"

Sous cet intitulé sensationnel -et peut-être un peu tendancieux ?- l'affaire était ainsi présentée :

« 1793. La France vacille sous les excès de la Révolution. Louis XVI est jeté à bas de son trône et décapité avec son épouse, Marie-Antoinette. Deux ans plus tard, le prince héritier, Charles Louis, s'éteint en prison à l'âge de 8 ans (1) et avec lui la dynastie. Du moins selon la version officielle. Très vite, le bruit se répand que le dauphin a pu être mis en sécurité à temps et qu'il est encore en vie. C'est en 1833 que l'Allemand (2) Karl Wilhelm Naundorff fait surface à Paris. Il prétend être le dauphin Louis XVII, et fait tout son possible pour en convaincre les autorités françaises. En vain, il est banni de France et

(1) En réalité : 10 ans.

(2) Est-ce l'examen de l'ADN qui a permis de parler d'un « allemand »? Ou est-ce une certitude « à priori » ?.

finit par s'établir à Delft où il décède en 1845. En 1863, les autorités des Pays- Bas octroient aux descendants de Naundorff le droit de porter le nom "de Bourbon". Mais les prétentions de Naundorff restent contestées et donnent lieu, depuis plus d'un siècle et demi, à des spéculations et des querelles entre ceux qui y croient et ceux qui n'y croient pas.

« 1993. Le "mystère de Delft" ne laisse aucun répit à Hans Petrie, chargé de cours au prof. Van Hallinstituut à Groningue. Il espère que les nouvelles possibilités de l'analyse de l'ADN pourront éclaircir l'affaire et vient frapper au "Centrum voor Menselijke Erfelijkheid" (CME) de la K.U. Leuven. Le maté- riel biologique est disponible, car la famille néerlandaise "de Bourbon" a déjà fait exhumer la dépouille mortelle de Naundorff en 1950. Les échantillons nécessaires appartenant à des membres incontestés de la famille de Marie- Antoinette peuvent être également trouvés. Avec leurs collègues du Laboratoire de Génétique Moléculaire (LGM) de Nantes, les scientifiques du CME analysent un échantillon d'os de Naundorff, ainsi que des échantillons de cheveux et de sang de membres de la famille de la reine-mère. Les comparai- sons des profils d'ADN doivent apporter la solution.

« Au cours d'une conférence de presse qui se tiendra le mardi 2 juin à 11 heures, vous pourrez découvrir la résolution définitive de l'une des énigmes les plus intrigantes de l'histoire. Cette conférence de presse aura lieu à l'Universiteitshal, Naamsestraat 22, à Leuven. Un dossier de presse détaillé est disponible. Après la conférence de presse, nous nous ferons un plaisir de vous convier à une réception où des sandwichs vous seront offerts. Des possi- bilités de stationnement existent à proximité immédiate de l'Universiteitshal, sous l'auditoire Pieter De Somer, au 24 de la Deberiotstraat (rue qui débouche sur la Naamsestraat, des panneaux indicateurs seront placés). Pour des raisons pratiques, nous vous demandons de bien vouloir nous faire part de votre présence au moyen du formulaire d'inscription en annexe ».

On aura noté la formule « résolution définitive » que j'ai cru devoir souli- gner, tant elle semble péremptoire.

Beaucoup de gens pensaient, en effet, que rien n'était certain.

J'ai déjà citée la lettre du Dr. Pascal adressée au Professeur Cassiman, à moi-même et aux deux descendants de Naundorff, le 13 mai 1997 :

« Vos conclusions sur l'authenticité des profils obtenus à partir des cheveux anciens sont donc, sur un plan scientifique, discutables ».

« Devant les incertitudes sur la provenance de l'os, je vous rejoins dans votre souhait de procéder à une nouvelle exhumation ».

J'avais, également, exprimé mes doutes sur les faibles certitudes et les garanties discutables relatives à l'humérus fourni par M. Petrie au Professeur Cassiman.

Sans doute mes arguments avaient-ils parus sérieux puisque l'année d'avant, le 8 juillet, le poste belge Radio NRG 106.3 avait déclaré :

"LA TOMBE DE DELFT KALVERBOS DOIT ÊTRE REOUVERTE"

« Il n'est ni clair, ni scientifiquement prouvé que Charles Naundorff, l'homme enterré dans le Kalverbos à Delft ait bien été Louis XVII. Dans les années 50, la tombe a été ouverte pour y prélever un ossement. L'Université de Louvain qui a récemment étudié cet ossement n'est pas convaincue qu'il s'agisse bien d'un ossement de Louis XVII. L'Université n'est pas certaine non plus que l'ossement soit bien celui prélevé.

« La pièce originale a beaucoup voyagé et a été perdue pendant de longues périodes.

« Pour être certain de l'identité de la personne enterrée à Kalverbos, ils doivent réouvrir la tombe.

« C'est pour cela que l'Université a effectué la demande près la commune de Delft ».

Je pose alors la question : Comment l'Université de Louvain qui, en Juillet 1997, exprimait si clairement et avec un tel luxe de détails, ses doutes nombreux et graves sur l'origine de l'humérus, a-t-elle pu, en Mai 1998, dix mois après, annoncer "la résolution définitive" de l'énigme !

J'adressais donc, le 29 mai, la lettre suivante au professeur Cassiman :

« Cher Professeur,

« J'ai bien reçu votre invitation pour la conférence de presse du 2 juin prochain à laquelle des engagements antérieurs m'empêcheront à mon vif regret d'assister.

« Le Docteur PASCAL avait eu l'amabilité de me transmettre le texte de

votre communication à la presse scientifique. Si je suis totalement incompé- tent en ce qui concerne les travaux de laboratoire, je connais par contre parfai- tement le dossier historique. J'avais relevé, dans ce texte, quelques erreurs que j'avais signalées au Dr. PASCAL. J'espère qu'elles ont pu être rectifiées.

« J'ai noté, dans le texte de votre invitation, votre référence à la thèse de doctorat du Professeur PETRIE.

« Je n'ai pour ce dernier aucune antipathie particulière puisqu'il a accueilli avec beaucoup de gentillesse ma proposition de collaboration. J'ai pu constater, lors de son passage à Paris, qu'il était par ailleurs très sympathique.

« Mais la recherche historique étant ce qu'elle est, force est de constater que la thèse de M. PETRIE comporte plusieurs centaines d'erreurs.

« Vous trouverez ci-joint le catalogue de celles-ci, dressé par un spécia- liste de la question Louis XVII, M. JABOULAY. Je pense qu'il vous sera utile

Je reçus de M. Galibert un accueil fort aimable et son accord pour compléter mon information. Je lui envoyait donc un exemplaire de mon livre, accompagné de la lettre suivante :

« Monsieur,

« Je vous remercie de l'accueil que vous avez bien voulu réserver à mon appel téléphonique de ce jour, relatif à la lecture que j'ai faite ce matin dans Le Figaro du 27/12/99 sur les travaux de M. Philip Awadalla, de l'Université d'Edimbourg, publiés dans le numéro de « Science » du 24 courant

« J'ai notamment relevé, dans l'article de Fabrice Nodé-Langlois, que l'analyse de l'ADN mitochondrial de descendants et ascendants maternels de Karl-Wilhem Naundorff pourrait voir ses résultats remis en question.

« Les séquences génétiques relevées sur les restes de Naundorff incompa- tibles avec celles des Bourbon pourraient s'expliquer par son héritage paternel.

« Vous trouverez, ci-inclus, l'ouvrage que j'ai consacré à cette affaire, l'an dernier.

« J'y ai placé en annexe (pages 321-329), le texte intégral du rapport du Pr Cassiman de l'Université de Louvain dont je me suis trouvé cosignataire ainsi que le Professeur Moisan et le Docteur Pascal, un peu contre notre gré puisque le Professeur Cassiman a pris la décision unilatérale, en Avril 1998, de tenir une conférence de presse sur ses travaux personnels (mon commen- taire de cette conférence P. 309-319 dans mon ouvrage).

« Quoique ma participation ait été essentiellement historique et généalo- gique, (p. 255-262 de mon livre), j'ai tenté une brève analyse des résultats de laboratoire (page 293-299).

« La conclusion de mon ouvrage ne pouvait être que dubitative, compte tenu du comportement parfois déconcertant du Professeur Cassiman et des doutes que j'avais sur l'origine de l'os de Naundorff servant aux recherches (p. 243-248 et 263-271).

« Vous comprendrez que, préparant un nouvel ouvrage sur le sujet, je serais très heureux d'avoir vos commentaires sur les conclusions des travaux

antérieurs (Cassiman-Pascal), sur la différence de deux boucles d'ADN entre l'os de Naundorff et l'ADN des descendants de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, mère de Marie-Antoinette, et les perspectives de Philip Awadalla.

« Je vous demanderais, par la même occasion, l'autorisation de faire état de vos commentaires dans l'ouvrage en préparation.

« Croyez je vous prie, Monsieur, à l'expression de mes sentiments, par avance reconnaissants et les plus distingués.

« Philippe A. Boiry ».

On se doute que j'attendais avec impatience les commentaires sollicités. Ils me parvinrent le 10 janvier 1999 sous la forme suivante :

« Monsieur,

« J'ai lu avec intérêt votre livre sur Louis XVII/Naundorff, que vous avez eu l'amabilité de me faire parvenir et souhaite vous faire part des réflexions qu'il m'a inspirées sur la démarche scientifique suivie au plan biologique. Je me garderai bien de tout jugement au plan historique, cela va sans dire.

« Tout d'abord j'ai été surpris que vous parliez toujours de cheveux coupés, ce qui est hélas certainement le cas pour les cheveux historiques, en particulier ceux obtenus de médaillon, et non pas de cheveux arrachés ce qui est vraisemblablement le cas pour les prélèvements actuels. En effet, en prin- cipe seuls les bulbes à la racine des cheveux contiennent de l'ADN, de sorte que tous résultats d'amplification portant sur les cheveux proprement dits risquent fort de provenir de contaminations extérieures. N'est-ce pas là d'ailleurs la raison de la multiplicité des séquences obtenues.

« Par ailleurs, il est bien connu qu'au cours des cycles successifs d'am- plification la polymérase introduit des erreurs et certaines polymérases plus que d'autres. Ceci impose de procéder à partir d'un même échantillon biolo- gique à plusieurs amplifications indépendantes (au minimum trois) dont les produits sont séquencés indépendamment et de préférence directement c'est à dire sans clonage préalable. Si en revanche, on clone avant séquençage les produits d'amplification, il est alors indispensable d'analyser plusieurs clones. Je ne doute pas un seul instant que mes collègues Pascal et Moisan soient parfaitement instruits de tout ceci, mais votre texte en parlant d'une séquence et non pas de séquence « consensus » laisse planer un doute sur ce point méthodologique. Ceci est d'autant plus important que le nombre de diffé- rences observées se limiterait à une, deux ou trois si je me rapporte aux 2ème et 3ème paragraphes de la page 298 (le chiffre exact n'est pas clair pour moi, on peut faire les calculs de plusieurs façons).

« Page 297, vous rapportez une conclusion du Professeur Cassiman qui m'interpelle. Il est dit « Étant donné que trois méioses séparent Louis XVII de ses deux tantes,... ». Le terme méiose s'applique à la division cellulaire qui chez les organismes diploïdes au stade de la gamétogenèse ramène à l'état haploïde le contenu en ADN. Le nombre de méioses qui séparent deux indi- vidus apparentés est important à considérer pour le propos qui nous occupe puisque c'est à cette étape qu'a lieu la recombinaison génétique qui brasse les gènes (ou plutôt les allèles). mais le terme méiose et la référence au nombre de méioses n'a aucun sens pour ce qui est de l'ADN mitochondrial. Est-il possible que le Professeur Cassiman ait voulu dire « mitose » ? Hélas ce serait tout aussi erroné. S'il y a bien une seule méiose entre deux générations succes- sives, il y a de nombreuses divisions cellulaires (50 à 100, chacune susceptible