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Christiana Sarraf
OPTIMISATION DE LA FERTILISATION DES FRAISIERS REMONTANTS
CULTIVÉS HORS SOL
Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en biologie végétale
pour l'obtention du grade de Maître ès sciences (M.Sc.)
DÉPARTEMENT DE PHYTOLOGIE
FACULTÉ DES SCIENCES DE L'AGRICULTURE ET DE L'ALIMENTATION
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC
2011
©Christiana Sarraf, 2011
ii
RÉSUMÉ
La culture de la fraise (Fragaria) est l‟une des productions fruitières les plus répandues dans le
monde. Ce petit fruit se cultive dans toutes les provinces du Canada et le Québec est considéré
comme le leader canadien de cette production. Par contre, la culture fait face à des problèmes
récurrents de maladies telluriques qui limitent les rendements. Pour pallier les problèmes
phytosanitaires, on explore la possibilité de cultiver les fraisiers dans des systèmes hors-sol. Bien
que la culture hors-sol des fraisiers se répande partout à travers le monde, les fruits issus de cette
culture sont différents de ceux obtenus en culture au champ du point de vue de la qualité et du
goût. L‟objectif du présent projet est d‟accroître la productivité et d‟améliorer la qualité des
fruits des fraisiers remontants cultivés hors-sol en optimisant la fertilisation. Nous avons
comparé trois solutions nutritives afin de déterminer les rapports K/Ca et K/N favorisant
l‟obtention d‟un meilleur goût des fraises et celle d‟un rendement plus élevé. De plus, nous
avons étudié l‟effet de l‟application foliaire de calcium sur le maintien de la texture et sur la
durée de conservation des fruits. Les travaux ont porté sur deux sélections génétiques : Seascape
de l‟Université de la Californie et Charlotte du CIREF en France. De manière générale, la
fertilisation potassique provoque une augmentation de la fermeté, sans toutefois influencer
l‟acidité et la teneur en sucres des fruits. De plus, le nitrate améliore les rendements. Les deux
variétés ne répondent pas de la même façon à la fertilisation. De son côté, le Ca foliaire n‟a pas
eu d‟effet sur la fermeté, ni la durée de conservation des fruits.
iii
AVANT-PROPOS
Je tiens à remercier mon directeur de recherche, Monsieur Yves Desjardins, pour avoir eu
confiance en moi et m'avoir accueillie dans son laboratoire. Je tiens aussi à remercier mon
codirecteur, Monsieur André Gosselin, pour son soutien et sa disponibilité. Je vous remercie
pour vos judicieux conseils et votre encouragement tout au long de ma maîtrise. Mon travail avec
vous m‟a permis d‟acquérir une expérience précieuse dans le domaine de la recherche.
Je remercie également toute l‟équipe de l‟Envirotron, madame Carole Martinez et tous les
techniciens de la serre, pour leur disponibilité et leur aide précieuse à la réalisation de la
première partie de mon projet. Je voudrais remercier du fond du cœur tous ceux qui m'ont aidé,
de loin ou de près, à la réalisation de mon projet de maîtrise et surtout les personnes qui ont
accepté de participer aux séances de dégustation.
Je voudrais de même remercier l‟équipe de la ferme „Les Fraises de l‟Île d‟Orléans inc.‟ : Louis
Gauthier, Candelaria, Eric, Odette, Sarah-Ann, Annie et Mélissa. Chacun de vous m‟avez aidé
d‟une façon ou d‟une autre pour la réalisation de la deuxième partie de mon projet. Je ne pourrais
oublier Marie-Ève qui m‟a entouré, dès mon arrivée, par ses conseils et qui m‟a partagé
beaucoup de son expérience professionnelle. Je tiens aussi à remercier Ysela pour son aide, son
support et surtout pour sa sincère amitié.
Mes remerciements vont aussi à l'Agence Canadienne de Développement International (ACDI)
et au Programme Canadien de Bourse de la Francophonie pour leur soutien financier, leur
présence ainsi que leur extrême bienveillance. Je vous remercie du fond de mon cœur pour cette
grande opportunité de continuer mes études au Canada. Je remercie aussi les partenaires de mon
projet, le groupe horticole Ledoux, Industrie Harnois et la pépinière Laureault, pour leur soutien
technique.
Je voudrais aussi remercier mes parents, Lucia et Toufic, pour être toujours à mes côtés. Je vous
remercie pour votre support, votre confiance et votre amour. C'est grâce à vous que je suis
devenue la personne que je suis aujourd'hui. Je vous dédie ce mémoire et je vous promets
d‟apporter toujours le succès et la fierté.
iv
Je remercie aussi mes sœurs Marianne, Luciana et Zeina qui me donnent plein d‟énergie, de joie
et d‟amour. Sachez que rien, même la distance qui nous sépare, ne pourra remplacer ou effacer
les merveilleux moments qu‟on a vécu ensemble.
Je remercie de tout mon cœur Ziad pour être un sincère ami et un merveilleux copain. Grâce à
ton aide, ton support et ton amour, j‟ai pu réaliser ce mémoire avec succès. Merci de m‟avoir
donné la joie et tout le support moral dont j‟avais besoin loin de ma famille. Je te remercie d‟être
le meilleur Afandi que je n‟ai jamais rencontré. Je suis très chanceuse de t‟avoir dans ma vie!
Je remercie aussi tous mes amis pour leur support, leur gentillesse et leur aide qui m‟ont permis
de me familiariser à la vie au Québec. Je tiens surtout à remercier Rana et Lynn pour être non
seulement des amies mais des sœurs pour moi. Rana, merci d‟être toujours à côté de moi, de
m‟écouter et de me partager la tristesse et la joie. Ta merveilleuse amitié m‟a permis de
confronter les difficultés et m‟a donné l‟énergie pour continuer.
J'offre ce mémoire à toute ma famille, à mes amis et à mon pays, le Liban. C'est grâce à vous
tous que je termine ma maîtrise avec plein de joie, de bonheur et de réussite.
Bonne lecture!
v
TABLE DES MATIÈRES
RÉSUMÉ ........................................................................................................................................ ii
AVANT PROPOS ......................................................................................................................... iii
TABLE DES MATIÈRES .............................................................................................................. v
LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................. vii
LISTE DES FIGURES .................................................................................................................. ix
LISTE DES ANNEXES ................................................................................................................ ix
I. INTRODUCTION ....................................................................................................................... 1
II. REVUE DE LITTÉRATURE .................................................................................................... 6
2.1. Rôle des principaux éléments nutritifs ..................................................................................... 6
2.1.1. L‟azote ............................................................................................................................... 6
2.1.2. Le potassium ..................................................................................................................... 9
2.1.3. Le calcium ....................................................................................................................... 11
2.1.4. Le phosphore, le magnésium et le soufre ........................................................................ 13
2.2. Principaux équilibres nutritifs ................................................................................................ 14
2.2.1. Équilibre K/Ca................................................................................................................. 14
2.2.2. Équilibre N/K .................................................................................................................. 15
2.2.3. Équilibre K, N, Ca ........................................................................................................... 15
2.2.4. Équilibre K, Ca, Mg ........................................................................................................ 15
2.3. La conductivité électrique ...................................................................................................... 16
2.4. L‟irrigation ............................................................................................................................. 17
III. HYPOTHÈSES ET OBJECTIFS ............................................................................................ 19
IV. MATÉRIEL ET MÉTHODE .................................................................................................. 20
4.1. Description des compartiments de serres et des grands tunnels ............................................ 20
4.2. Matériel végétal ..................................................................................................................... 21
4.3. Substrat .................................................................................................................................. 22
4.4. Solutions nutritives ................................................................................................................ 22
4.5. Application foliaire de Ca ...................................................................................................... 25
4.6. Dispositif expérimental .......................................................................................................... 25
4.7. Analyses minérales ................................................................................................................ 25
4.8. Rendement et mesures de croissance ..................................................................................... 26
4.9. Analyses physico-chimiques .................................................................................................. 26
vi
4.10. Analyses sensorielles ........................................................................................................... 27
4.11. Tests de conservation ........................................................................................................... 28
V. RÉSULTATS ........................................................................................................................... 29
5.1. Culture en serre ...................................................................................................................... 29
5.1.1. Croissance et développement .......................................................................................... 29
5.1.2. Rendement ....................................................................................................................... 31
5.1.3. Analyses physico-chimiques ........................................................................................... 35
5.1.4. Analyses sensorielles....................................................................................................... 37
5.2. Culture dans les grands tunnels.............................................................................................. 41
5.2.1. Croissance et développement .......................................................................................... 41
5.2.2. Rendement ....................................................................................................................... 44
5.2.3. Analyses physico-chimiques ........................................................................................... 48
5.2.4. Analyses sensorielles....................................................................................................... 50
5.2.5. Tests de conservation ...................................................................................................... 54
VI. DISCUSSION ......................................................................................................................... 56
6.1. Cultivars ................................................................................................................................. 56
6.2. Traitement foliaire de Ca ....................................................................................................... 58
6.3. Fertilisation ............................................................................................................................ 60
VII- CONCLUSION ..................................................................................................................... 64
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................................................ 66
ANNEXE 1 ................................................................................................................................... 72
ANNEXE 2 ................................................................................................................................... 74
vii
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Les principaux équilibres nutritifs selon le CTIFL (2003) ........................................ 14
Tableau 2 : Compositions des différentes solutions nutritives utilisées en serre en meq/L ......... 23
Tableau 3 : Compositions des différentes solutions nutritives utilisées dans les grands tunnels en
meq/L ....................................................................................................................... 24
Tableau 4 : Résultats de l‟ANOVA pour le nombre de couronnes, les masses fraîches et sèches
des parties aériennes des plants et le pourcentage de matière sèche. ...................... 29
Tableau 5: Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes des fraisiers de variétés Charlotte et
Seascape cultivés en serre ........................................................................................ 30
Tableau 6 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes, en présence et en absence du traitement
foliaire de Ca, des fraisiers cultivés en serre ........................................................... 30
Tableau 7 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes des fraisiers cultivés en serre pour les trois
solutions nutritives ................................................................................................... 30
Tableau 8 : Masses fraîches et sèches des fraisiers cultivés en serre en absence et en présence du
traitement foliaire de calcium pour les deux variétés .............................................. 31
Tableau 9 : Résultats de l‟ANOVA pour les rendements, le pourcentage des fruits vendables et le
calibre des fruits des plants cultivés en serre ........................................................... 31
Tableau 10 : Résultats de l‟ANOVA pour le taux de sucres, la fermeté, la jutosité et l‟acidité des
fruits des plants cultivés en serre ............................................................................. 35
Tableau 11 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers de variétés
Charlotte et Seascape cultivés en serre .................................................................... 35
Tableau 12 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés en serre
en fonction des différents régimes nutritifs ............................................................. 36
Tableau 13 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés en serre
en présence et en absence du Ca foliaire ........................ Erreur ! Signet non défini.
Tableau 14 : Fermeté et jutosité des fruits des plants cultivés en serre en fonction des trois
solutions nutritives, des deux variétés et en présence et absence du Ca foliaire ..... 37
Tableau 15 : Résultats d'analyse de variance des critères de l‟analyse sensorielle pour les fruits
des fraisiers cultivés en serre .......................................... Erreur ! Signet non défini.
Tableau 16 : Résultats de l‟ANOVA pour le nombre de couronnes, de hampes florales et de
feuilles, les masse fraîches et sèches des plants et le pourcentage de matière sèche
pour les plants cultivés dans les grands tunnels .................................................. 4141
viii
Tableau 17 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, masses fraîches et sèches, nombre
de hampes florales, de feuilles et de couronnes des fraisiers de variétés Charlotte et
Seascape cultivés sous grands tunnels ..................................................................... 42
Tableau 18 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, masses fraîches et sèches, nombre
de hampes florales, de feuilles et de couronnes, en présence et en absence du Ca
foliaire, des fraisiers cultivés sous grands tunnels ................................................... 42
Tableau 19 : Calibre des fruits et pourcentage de matière sèche des fraisiers de variétés Charlotte
et Seascape en absence et en présence du calcium foliaire ..................................... 43
Tableau 20 : Acidité des fruits et nombre de couronnes des fraisiers cultivés sous grands tunnels
en fonction des trois solutions nutritives et en absence et présence du calcium
foliaire ...................................................................................................................... 43
Tableau 21 : Résultats de l‟ANOVA pour les rendements, le pourcentage des fruits vendables et
le calibre des fruits des plants cultivés dans les grands tunnels .............................. 44
Tableau 22 : Rendements, calibre et fermeté des fruits des plants de fraisiers des variétés
Seascape et Charlotte cultivés dans les grands tunnels en fonction des différents
régimes nutritifs ....................................................................................................... 45
Tableau 23 : Résultats de l‟ANOVA pour le taux de sucres, la fermeté, la jutosité et l‟acidité des
fruits des plants cultivés dans les grands tunnels. ................................................... 48
Tableau 24 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers de variétés
Charlotte et Seascape cultivés sous grands tunnels ................................................. 49
Tableau 25 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés sous
grands tunnels en présence et en absence du traitement foliaire de calcium ........... 49
Tableau 26 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés sous
grands tunnels en fonction des solutions nutritives ................................................. 49
Tableau 27 : Résultats d'analyse de variance des critères de l‟analyse sensorielle pour les fruits
des fraisiers cultivés sous grands tunnels ................................................................ 51
Tableau 28 : Résultats de l‟ANOVA pour la couleur dominante, la brillance, les pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, la fraîcheur du calice et l‟aspect général des fruits
des plants cultivés dans les grands tunnels .............................................................. 54
Tableau 29 : AUPHSC de la couleur dominante, de la brillance, des pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, de la fraîcheur du calice et de l‟aspect général des
fruits de Charlotte et Seascape cultivés sous grands tunnels ................................... 55
Tableau 30 : AUPHSC de la couleur dominante, de la brillance, des pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, de la fraîcheur du calice et de l‟aspect général des
fruits des plants cultivés sous grands tunnels en présence et absence du Ca foliaire55
ix
LISTE DES FIGURES
Figure 1: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de Charlotte cultivée en serre selon les
différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium foliaire….........33
Figure 2: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de Seascape cultivée en serre selon les
différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium foliaire.............34
Figure 3: Profil sensoriel de Charlotte selon les différentes solutions nutritives en présence et en
absence du calcium foliaire pour la culture en serre.....................................................39
Figure 4: Profil sensoriel de Seascape selon les différentes solutions nutritives en présence et en
absence du calcium foliaire pour la culture en serre….................................................40
Figure 5: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de Charlotte cultivée sous grands tunnels
selon les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium
foliaire...........................................................................................................................46
Figure 6: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de Seascape cultivée sous grands tunnels
selon les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium
foliaire...........................................................................................................................47
Figure 7: Profil sensoriel de Charlotte selon les différentes solutions nutritives en présence et en
absence du calcium foliaire pour la culture sous grands tunnels………..................…52
Figure 8: Profil sensoriel de Seascape selon les différentes solutions nutritives en présence et en
absence du calcium foliaire pour la culture sous grands tunnels…..............................53
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Questionnaire utilisé dans le cadre de l‟analyse sensorielle des fruits........................72
Annexe 2 : Résultats de l‟ANOVA pour la croissance et le développement, les rendements, les
analyses physico-chimiques et les tests de conservation des deux expériences.........74
1
I. INTRODUCTION
La fraise cultivée, genre Fragaria, fait partie de la famille des rosacées. Les variétés cultivées
pour la production fruitière sont habituellement des croisements entre des espèces comme
Fragaria vesca (fraisier des bois), F. virginiana (fraisier de Virginie), F. chiloensis (fraisier du
Chili) et F. moschata (capronier). On sait que Fragaria vesca était cultivée par les Romains en
200 avant Jésus Christ (Elmhirst, 2005). Ce sont les français qui ont introduit F. chiloensis au
jardin des plantes de Paris et qui suite à une pollinisation spontanée avec F. virginiana ont
produit les premières variétés de Fragaria x ananassa (Darrow, 1966). Antoine Nicholas
Duchesne, dans son livre „Histoire Naturelle des fraisiers‟ publié en 1766 était le premier à
identifier F. x ananassa comme étant l‟hybride résultant d‟un croisement entre F. chiloensis et F.
virginiana. En fait, les fleurs de F. chiloensis sont femelles (produisent des pistils) alors que les
fleurs de F. virginiana produisent abondamment de pollen (Darrow, 1966). En Amérique du
Nord, la fraise se cultive pour la production fruitière depuis environ 1835 (Elmhirst, 2005).
La culture des fraises est l‟une des productions fruitières les plus répandues dans le monde. Les
principaux pays producteurs en 2008 étaient les États-Unis, l‟Espagne, la Turquie, le Mexique, la
Corée, la Pologne, l‟Égypte, le Japon, l‟Italie et l‟Allemagne. Ces pays représentaient environ
70% de la production mondiale (FAOSTAT, 2011).
La production mondiale de fraise a doublé au cours des 15 dernières années. En 1994, cette
production était de 2 656 338 tonnes alors qu‟elle atteignait 4 132 352 tonnes en 2009. Les deux
principaux pays producteurs en 2009 étaient les États-Unis et la Turquie avec des productions
respectives de 1 270 694 tonnes et 291 996 tonnes de fraises (FAOSTAT, 2011).
Les États-Unis sont de loin le premier producteur mondial de fraises. Le volume de production a
connu une hausse considérable de 11 % au cours des quatre dernières années (APFFQ, 2009).
Cette augmentation résulte principalement de l‟amélioration des rendements (APFFQ, 2009). De
plus, la production de fraises en Californie est en pleine croissance et cette hausse de production
leur permet de développer des stratégies concurrentielles très efficaces.
2
Le Canada occupait, quant à lui, le 27ème
rang mondial en 2008 avec une production de
20 366 tonnes (FAOSTAT, 2011). La fraise se cultive dans toutes les provinces du pays, les
principales provinces productrices étant le Québec (36 % de la production nationale), l‟Ontario
(32 %), la Colombie-Britannique (15 %) et la Nouvelle-Écosse (7,9 %), devant le Nouveau-
Brunswick (2,8 %), le Manitoba (2,7 %), l‟Alberta (1 %), l‟Île-du-Prince-Édouard (0,9 %), la
Terre-Neuve (0,9 %) et la Saskatchewan (0,5 %) (Elmhirst, 2005).
Le Québec est considéré comme le leader canadien en matière de production de fraises. En 2008,
cette production s‟étalait sur près de 1580 ha et valait 22 715 000 $ (MAPAQ, ISQ, 2008). Cette
culture est la 3ème
production fruitière en importance de la province après la pomme et le bleuet.
Malgré cela, les importations des petits fruits dans la province augmentent considérablement à
chaque année; entre 2005 et 2006, elles ont augmenté de 73 % en valeur monétaire. Notons
qu‟en 2005, 97 % des fraises importées provenaient des États-Unis (APFFQ, 2009).
Depuis quelques années, les producteurs québécois sont en mesure d‟offrir des fraises plus tôt en
juin et d‟en prolonger la disponibilité sur les marchés parfois jusqu‟à la mi-octobre grâce à la
plantation de fraisiers remontants sous abris (MAPAQ, 2007). En 2009, cette production procure
17 à 20 % des recettes en provenance du marché pour le secteur des fraises du Québec (APFFQ,
2009).
Le cycle de production de la fraise est caractérisé par son caractère annuel. Au printemps, des
bourgeons apparaissent à l‟aisselle des feuilles nouvellement formées. Quelques-uns de ces
bourgeons restent dormants pendant l‟été, alors que les autres se développent généralement en
stolons. En hiver, ces bourgeons se développent soit en couronnes soit en bourgeons floraux.
Sous l‟action de jours courts, d‟une durée critique de 11 à 13 heures, les apex végétatifs de la
plupart des variétés se transforment en bourgeons floraux (Darrow, 1966).
Selon leur sensibilité à la longueur du jour, les variétés de fraises peuvent être classées en trois
groupes: les variétés de jours courts, les variétés remontantes et les variétés aphotopériodiques.
Les variétés de jours courts initient typiquement leurs fleurs au cours de l‟automne (Darrow,
1936) lorsque la durée du jour est inférieure à une durée critique d‟environ 13 heures (Guérineau,
2003). Ces variétés forment des bourgeons floraux en hiver lorsque les jours sont courts et que
3
les températures sont basses (Darrow et Waldo, 1934). Elles fleurissent et produisent alors au
printemps.
Les variétés remontantes produisent leurs inflorescences lorsque la photopériode est de 11 à
17 heures. Le nombre d‟inflorescences produites augmente au fur et à mesure que la durée du
jour s‟allonge (Darrow, 1966). L‟induction commence au mois d‟août et le développement des
premières hampes peut s‟achever avant l‟hiver (Guérineau, 2003).
Les cultivars de fraisiers aphotopériodiques, ou encore à jours neutres, sont différents des
fraisiers à jours courts qui produisent leurs fruits en juin ou plus tard dans l'été, du fait qu'ils ne
sont pas soumis à la photopériode pour initier leurs inflorescences et produisent de ce fait des
fleurs et des fruits continuellement (Dale, 2007). Les cultivars à production continue produisent
donc des bourgeons floraux quelle que soit la durée de la photopériode et poursuivent leur
croissance tant que les températures le permettent (Darrow et Waldo, 1934; Dale, 2007).
La culture de la fraise en plein champ fait face à des problèmes récurrents de maladies telluriques
qui limitent les rendements. Pour surmonter les problèmes phytosanitaires, on explore la
possibilité de cultiver les fraises dans des systèmes hors-sol. La culture hors-sol est un mode de
culture qui s‟applique aux plantes en serre, en tunnels ou en serres-tunnels, dans des substrats
exempts de maladies. Ce mode de culture offre de nombreux avantages, à savoir qu‟il permet de
supprimer les problèmes liés au sol tels que la compaction, la fatigue des sols, le désherbage et
les infections par des agents pathogènes telluriques (Guérineau, 2003). Cette culture améliore
également l‟efficacité du travail en facilitant la récolte et les pratiques culturales. Par contre, la
régie d‟un substrat est beaucoup plus complexe que la gestion de la fertirrigation d‟une culture
en pleine terre. Il faut donc avoir des compétences en matière de gestion d‟irrigation et de
fertilisation des cultures hors-sol (Parent, 2003).
Dès la fin des années 70, la Belgique et les Pays-Bas se sont intéressés à la culture du fraisier
hors-sol sous serres afin de produire à contre-saison (Guérineau, 2003). Depuis, cette technique
de production s‟est étendue dans toute l‟Europe et elle se pratique tant sous serres que sous
grands tunnels. En effet, elle était produite sur près de 161 987 ha en 2009 (FAOSTAT, 2011).
4
Bien que les rendements des productions hors-sol soient souvent plus élevés qu‟en plein sol, les
qualités gustatives laissent à désirer. D‟après Fernandez et al. (2006), les fruits des plants
cultivés hors-sol sont plus acides que ceux cultivés au champ. De plus, le rapport sucres
solubles/acidité titrable est plus élevé chez ces derniers. De même, on retrouve plus d‟azote,
d‟aluminium, de fer, de calcium et de magnésium dans les fruits des plants cultivés au champ,
alors qu‟on retrouve plus de cations (K+, Mn
2+, Na
+) dans les fruits produits hors-sol.
Habituellement, les substrats utilisés pour la culture hors-sol sont exempts de pathogènes et
contiennent peu de nutriments pour la plante. La fertilisation est assurée par des solutions
nutritives contenant les macroéléments et les oligoéléments nécessaires à la croissance de la
plante. Les macroéléments sont l‟azote (N), le phosphore (P), le potassium (K), le calcium (Ca),
le magnésium (Mg) et le soufre (S), alors que les oligoéléments sont le fer (Fe), le cuivre (Cu), le
zinc (Zn), le molybdate (Mo), le manganèse (Mn) et le bore (B).
Pour que la croissance des fraisiers soit optimale, on doit apporter aux plants une nutrition
équilibrée. Selon Raynal-Lacroix et Carmentos (1992), la composition de la solution nutritive
dont se nourrit la plante tend à se rapprocher d‟une composition déterminée pour un stade de
développement et un climat donnés. Durant la période végétative, la plante absorbe l‟azote
disponible dans la solution nutritive et le stocke dans les couronnes et les racines. Par contre,
pendant la floraison, le nitrate stocké est remobilisé vers les fleurs. Durant cette période, le
développement est indépendant de la quantité de N absorbée et les besoins de la plante en K sont
plus importants qu‟en période végétative (Tagliavini et al., 2004). Tout équilibre nutritif éloigné
des conditions optimales se traduit par des chutes de rendement et des pertes de qualité (Raynal-
Lacroix et Carmentos, 1992). Il faut donc connaître en détail les besoins nutritifs de la plante et
la dynamique d‟absorption des éléments nutritifs afin d‟ajuster les quantités fournies aux
quantités demandées. Notons que, pour quelques éléments comme le nitrate, la quantité absorbée
ne correspond pas toujours à la quantité demandée par la plante. On parle alors de consommation
de luxe. C‟est le cas du nitrate que le fraisier absorbe tant qu‟il est disponible dans la solution
fertilisante (Tagliavini et al., 2004).
La qualité des fruits est déterminée par leur apparence (couleur, taille, forme), leur fermeté, leur
texture et leurs propriétés organoleptiques (flaveur). Cette dernière est principalement attribuée
5
aux arômes volatils, au taux de sucres et au contenu en acide des fruits. En plus, la durée de
conservation post-récolte est un critère très important pour leur commercialisation (Dorais et al.,
2001).
De manière générale, le consommateur demande des fruits de meilleure qualité ayant une bonne
apparence et un bon goût. D‟après Darbellay et al. (2002), la préférence du consommateur est
influencée principalement par les qualités sensorielles incluant les arômes. L‟appréciation
globale de la qualité organoleptique des fraises est affectée par les attributs sensoriels de la
sucrosité et de la flaveur. Selon Sadat et al. (2006), la couleur, la texture, l‟odeur et l‟équilibre
entre la sucrosité et l‟acidité sont les principaux déterminants de la qualité des fraises. La flaveur
est aussi une des plus importantes propriétés qui donnent une valeur commerciale aux fruits. La
flaveur est reliée à l‟équilibre entre le taux des sucres et les acides organiques dans les fruits ainsi
qu‟à l‟interaction avec les composés volatils. Chez la tomate, un taux d‟acidité élevé et, à un
degré moindre, une haute concentration de sucres améliorent généralement la qualité
organoleptique des tomates cultivées dans les serres (Dorais et al., 2001). De plus, Auerswald et
al. (1999) ont trouvé une corrélation positive entre la réduction de la concentration des sucres et
l‟acidité titrable d‟une part et l‟intensité de plusieurs éléments sensoriels liés à l‟odeur, la flaveur
et le goût de la tomate d‟autre part. Chez la fraise, la flaveur est déterminée à la fois par les
caractères héréditaires et par les conditions de culture. D‟après Culpepper et al. (1935), la flaveur
dépend du ratio sucre : acide : tanin et des esters volatils qui composent l'arôme.
Les caractéristiques physiques des fruits tels que l‟apparence, la fermeté et la texture sont tout
aussi importantes que la composition chimique dans leur acceptation commerciale. Des fruits
savoureux, mais de mauvaise apparence ne sont pas appréciés par les consommateurs. La flaveur
et l‟apparence des fruits doivent donc être considérées simultanément et à un même niveau dans
l‟évaluation des effets des pratiques culturales sur la qualité des fruits (Awang et al., 1993b).
6
II. REVUE DE LITTÉRATURE
2.1. Rôle des principaux éléments nutritifs
2.1.1. L’azote
L‟azote est un élément constitutif des acides aminés, des acides nucléiques et des protéines. C‟est
l‟un des éléments clefs pour la croissance, le développement et la production de fruits
(Guérineau, 2003). L‟azote est indispensable à la plante durant tout son cycle vital. Selon Chow
et al. (1992), la plante a autant besoin de nitrate durant la période végétative que durant la
période de floraison et de fructification. En effet, Neuweiler (1997) a montré que l‟azote stimule
le développement des feuilles et augmente le masse sèche des plants. Par ailleurs, Lieten et
Misotten (1993) ont observé que l‟absorption du nitrate était maximale de la plantation jusqu‟à la
floraison et qu‟elle diminuait dès la fructification. La majorité du nitrate absorbé durant la
période végétative s‟accumule dans les feuilles (22 % de l‟absorption) et les racines (15 %). Il est
ensuite mobilisé vers les fruits durant la fructification (Chow et al., 1992; Lieten et Misotten,
1993).
Les fraisiers réagissent positivement à la fertilisation azotée durant les périodes de floraison et de
fructification. Chow et al. (1992) ont montré que les besoins en éléments nutritifs en culture
hydroponique augmentaient au fur et à mesure que les plants se développaient et que chaque
partie de la plante avait besoin d‟un élément nutritif spécifique. Ce sont les racines et les feuilles
qui demandent le plus d‟azote sous forme de nitrate durant la fructification. Une étude réalisée
par Els et al. (2008) a montré que l‟optimisation de la fertilisation en nitrate avant et durant la
floraison influe sur l‟initiation florale et affecte aussi la fructification. Une réduction de la
quantité de N avant la floraison accélère l‟initiation florale alors qu‟une augmentation en période
de fructification accroît le nombre de fruits et le rendement.
Bien que l‟azote soit indispensable au développement de la plante, son excès entraîne une
diminution du calibre des fruits. Chez la tomate, une très faible concentration de N cause une
réduction du développement foliaire et par conséquent la quantité des photoassimilats fournis
aux fruits, ce qui réduit leur calibre, leur couleur et leur rendement (Dorais et al., 2001). Par
contre, chez la fraise, l‟addition d‟azote favorise la croissance végétative et l‟émergence de
7
bourgeons axillaires ainsi que l‟augmentation du nombre de couronnes. Elle cause une
diminution du nombre de fruits vendables et de leur qualité. Elle occasionne aussi des problèmes
sanitaires et une malformation des fruits (Voth et al., 1967; Way et White, 1968). De plus,
Schoemaker et Greve (1930) et Burgess (1997) ont montré que le calibre des fruits augmente
avec l‟application de N. Pourtant, d‟autres auteurs rapportent que la fertilisation azotée peut
causer des malformations des fruits et peut, dans certains cas, réduire le calibre des fruits
(Yoshida et al., 1991; Kopanski et Kopanski, 1994; Gariglio et al., 2000). D‟après Neuweiler
(1997), le calibre des fruits augmente avec l‟augmentation de la concentration d‟azote, mais le
nombre de fleurs diminue, ce qui peut réduire le rendement par plant. De son côté, Nestby (1998)
indique que la fertilisation azotée augmente le nombre de petits fruits et que la réduction du
calibre des fruits ne résulte pas seulement de l‟augmentation de l‟accessibilité au nitrate, mais
aussi de la compétition entre les fruits pour l‟importation des assimilats. Enfin, Kopanski et
Kopanski (1994) montrent que l‟application de N augmente la masse sèche des fruits.
La qualité des fruits dépend aussi de la fertilisation azotée. Dorais et al. (2001) ont montré
qu‟une forte fertilisation azotée influait négativement la couleur, retardait la maturité et réduisait
le contenu en sucres solubles des tomates. L‟apport excessif d‟azote augmente également
l‟acidité des tomates et diminue leur qualité organoleptique. Les études effectuées chez la fraise
montrent que l‟azote agit sur le contenu en sucre, l‟acidité et la fermeté des fruits.
Certains auteurs ont montré que l‟excès d‟azote provoque une baisse du taux de sucre
(Neuweiler, 1997; Guérineau, 2003), alors que Nestby (1998) a trouvé que le contenu en sucres
totaux des fruits augmentait avec l‟augmentation du niveau de N. Toutefois, Miner et al. (1997)
ont trouvé que le taux de solides solubles n‟était pas affecté par les traitements de N, mais qu‟il
augmentait au fur et à mesure de la période de récolte. De manière générale, l‟effet de l‟azote sur
le contenu en sucres des fruits est variable d‟une année à l‟autre (Haynes et Goh, 1987).
En ce qui concerne l‟acidité des fruits, Neuweiler (1997) a montré que l‟augmentation de la
concentration d‟azote diminuait cet attribut, bien que Guérineau (2003) ait montré que l‟acidité
des fruits augmentait avec le niveau de fertilisation azotée chez certaines variétés remontantes.
De leur côté, Miner et al. (1997) ont observé que le pH des fruits et les concentrations des acides
8
totaux n‟étaient pas affectés par les traitements d‟azote. Selon d‟autres auteurs (Haynes et Goh,
1987; Nestby et al., 2004), l‟effet de N sur l‟acidité titrable est inconsistant et variable.
Il en est de même pour la fermeté, puisque certains auteurs rapportent que l‟azote diminue la
fermeté des fruits (Schoemaker et Greve, 1930; Overholser et Claypool, 1931; Miner et al.,
1997; Neuweiler, 1997) alors que d‟autres observent que l‟azote augmente ou n‟affecte pas la
fermeté (Cochran et Webster, 1931; Darrow, 1931; Haut et al., 1935).
Enfin, on sait que l‟azote réduit la durée de conservation des fruits. En effet, les excès d‟azote
provoquent un ramollissement des fruits de tomate, puisqu‟ils contiennent moins de solides
solubles et de calcium (Neuweiler, 1997), et retardent leur maturité (Dorais et al., 2001). De
plus, une haute concentration d‟azote associée à une haute concentration de calcium contribue à
la perte de la qualité des fruits après la récolte.
Outre la quantité d‟azote que l‟on fournit à la plante, la forme sous laquelle on l‟apporte peut
aussi influencer le rendement et la qualité des fruits. Par exemple, chez la tomate, l‟ammonium
augmente le contenu en sucres des fruits, mais diminue la concentration de calcium et par
conséquent la durée de conservation des fruits. Si 10 à 20 % de la quantité totale d‟azote est
fournie sous forme de NH4+, le développement du feuillage sera favorisé au détriment du
rendement total et commercialisable et du calibre des fruits (Dorais et al., 2001). Cependant,
chez le fraisier, une concentration élevée de NH4+ diminue la croissance et le rendement et réduit
l‟absorption des cations K+, Ca
2+ et Mg
2+. Elle diminue aussi la durée de conservation des fruits
en réduisant significativement la concentration du calcium, élément essentiel pour améliorer la
qualité et la durée de conservation des fruits (Tabatabaei et al., 2008). On observe aussi que les
fruits des plants recevant une fertilisation contenant à la fois du NH4+ et du NO3
- sont moins
colorés, mais plus fermes que les fruits des plants recevant du NO3- comme seule source d‟azote.
Le pH des fruits, le degré Brix et la vitamine C diminuent lorsque le rapport nitrate : ammonium
est supérieur à 6 : 1 (Sadat et al., 2006).
Durant la période végétative, il est préférable d‟apporter du nitrate d‟ammonium (50 % NO3-,
50 % NH4+) alors que durant la période de floraison/fructification, il faut utiliser l‟azote sous
forme nitrique, car le NO3- se lie aux cations positifs (Ca
2+, Mg
2+, K
+) et les transporte vers les
organes aériens (Tabatabaei et al., 2008). Des ratios NO3- : NH4
+ de 75 : 25 et 50 : 50
9
augmentent le rendement, les masse fraîche et sec ainsi que le calibre des fruits (Tabatabaei et
al., 2006; Tabatabaei et al., 2008). Néanmoins, le ratio NO3- : NH4
+ n‟a pas d‟effet sur l‟acidité
des fruits, mais la quantité de solides solubles totaux augmente lorsque ce ratio augmente
(Tabatabaei et al., 2006).
2.1.2. Le potassium
Le potassium intervient dans plusieurs processus métaboliques comme la photosynthèse, la
synthèse des protéines et les activités enzymatiques (glycolyse, synthèse de l‟amidon et du
saccharose, réduction du nitrate) (Marschner, 1986; Dorais et al., 2001). Il est impliqué aussi
dans les processus de transport membranaire, dans l‟équilibre de charges, dans la génération de
la pression de turgescence, dans l‟utilisation de l‟eau de la plante et dans l‟élongation cellulaire
(Dorais et al., 2001; Vago et al., 2008).
Les besoins des plantes en éléments nutritifs augmentent tout au long de leur développement.
Les demandes en N, Mg et Ca augmentent du début à la fin de la production, alors que la
demande en K fluctue tout au long de la production (Chow et al., 1992). D‟après Lieten et
Misotten (1993), le potassium s‟accumule dans les tissus de la tige pendant la période végétative
et sa teneur diminue ensuite au fur et à mesure que la plante grandit. Toutefois, l‟absorption de K
présente un pic lors de la floraison et durant le mûrissement des fruits. Pendant cette période, la
concentration de K dans les feuilles est faible. Cependant, une compétition pour le K se fait
d‟une part entre les feuilles, la tige et les racines vu que le potassium est un élément nécessaire à
la photosynthèse et d‟autre part entre ces organes et les fruits vu que ces derniers contiennent
plus de K que les autres parties de la plante (Chow et al., 1992). En fait, les feuilles et les
pétioles accumulent respectivement 20 % et 14 % du potassium absorbé alors que les fruits en
accumulent 70 %. Le potassium représente 42 % des macroéléments dans les fruits et les organes
de la plante (Lieten et Misotten, 1993).
Un déséquilibre de K dans la solution nutritive réduit la croissance de la plante et interfère avec
l‟absorption des autres éléments nutritifs. En fait, la carence en K réduit la surface des feuilles
nouvellement formées (Vago et al., 2008) et s‟accompagne d‟un enrichissement en bore de
toutes les parties de la plante jusqu‟à des niveaux toxiques (Lieten, 2006). Il faut noter que le
potassium est très mobile dans la plante. Lorsque la quantité de potassium demandée par la
10
plante est inférieure à celle fournie, le potassium foliaire est remobilisé vers les fruits
(Guérineau, 2003). Par contre, l‟excès de potassium peut limiter l‟absorption du magnésium
(Lieten, 2006; Vago et al., 2008) et diminuer la quantité de Ca dans les fruits, ce qui se traduit
par une aptitude moindre à la conservation (Guérineau, 2003; Lieten, 2006).
L‟effet de la fertilisation potassique sur le rendement et le calibre des fruits est variable selon le
taux appliqué. Locascio et Thompson (1960) ont montré que le rendement augmente
proportionnellement avec la fertilisation potassique de 900 à 2700 kg/ha. Par contre, d‟autres
auteurs (Lineberry et Collins, 1942; Lineberry et al., 1944; Dennison et Hall, 1956; Locascio et
Saxena, 1967) ont trouvé que des taux de potassium de 0 à 156 kg/ha et de 0 à 202 kg/ha n‟ont
aucun effet sur le rendement. De même, les travaux d‟Albregts et al. (1996) ont démontré que
des taux de K se situant entre 0,28 et 1,4 kg/ha/jour n‟avaient aucun effet sur le rendement (fruits
commercialisables), ni sur le poids moyen des fruits. En fait, au début de la récolte, le masse
fraîche des fruits du cultivar Seascape augmentait linéairement avec l‟augmentation du taux de
K, mais le poids moyen des fruits au cours de la saison n‟était pas affecté par le potassium
(Albregts et al., 1996).
La réponse de la plante à la fertilisation potassique dépend évidemment du moment de son
application. Des applications de K de 0,125 à 2 meq/L dans la solution nutritive pendant la
période végétative n‟ont aucun effet sur le rendement alors que des applications semblables (0,25
à 2 meq/L) durant la période de floraison et durant celle de fructification augmentent
significativement le rendement et particulièrement le nombre de fleurs produites (Bradfield et al.,
1975).
Le potassium peut avoir aussi un impact sur la qualité des fruits. Dans la culture des tomates en
serre, Davies et Winsor (1967) ont observé l‟action positive du potassium sur l‟acidité, le taux de
sucres et la qualité organoleptique des fruits (Dorais et al., 2001). Chez la fraise, Mengel (1979)
mentionne que le potassium favorise la production des substances aromatiques et améliore les
caractères organoleptiques et la flaveur des fruits. De plus, un taux de K+ faible produit des fruits
de couleur pâle (Lieten, 2006).
Les résultats des études de l‟effet de la fertilisation potassique sur la teneur en sucres, l‟acidité et
la fermeté des fruits sont contradictoires. D‟après Babicz (2002), les fraisiers bien alimentés en K
11
donnent des fruits plus sucrés, alors qu‟une carence en K affecte négativement la synthèse des
sucres, d‟amidon, de cellulose et de protéines. Par contre, Haynes et Goh (1987), Miner et al.
(1997) et Nestby et al. (2004) ont trouvé que l‟application de K n‟a aucun effet sur le taux de
solides solubles. De plus, ces auteurs ont rapporté que le potassium n‟affecte ni le pH ni la teneur
en acides organiques totaux des fruits, bien que Guérineau (2003) confirme que la carence en K
augmente l‟acidité des fruits. Quant à la fermeté, Locascio et Saxena (1967) ont observé une
baisse de la fermeté des fruits avec l‟augmentation de la concentration de K alors que d‟autres
auteurs (Haynes et Goh, 1987; Albregts et al., 1996; Miner et al., 1997; Nestby et al., 2004)
n‟ont observé aucun effet de la fertilisation potassique sur la fermeté des fruits.
2.1.3. Le calcium
Dans la cellule, le calcium est lié aux acides pectiques de la lamelle moyenne et est responsable
du maintien de la structure cellulaire et de la rigidité des tissus. Le calcium est aussi important
pour la stabilité de la membrane cellulaire et le maintien de la qualité des fruits. La concentration
de l‟oxalate de calcium dans la vacuole est nécessaire pour l‟osmorégulation cellulaire (Dorais et
al., 2001; Guérineau, 2003). Le calcium est aussi important dans la signalisation cellulaire et
joue un rôle important dans les réactions de défense de la plante suite à un stress biotique ou
abiotique (Benhamou, 2011).
Le calcium est un élément peu mobile. Il est essentiellement absorbé par les jeunes racines de la
plante et est ensuite transporté par le flux de transpiration vers les parties aériennes. En fait, le Ca
est immobile dans le phloème et celui contenu dans les feuilles ne sera pas remobilisé vers les
fruits. La totalité de Ca qui se trouve dans les fruits y parvient par le xylème (Dorais et al.,
2001). Par contre, Dunn et Able (2006) ont trouvé que l‟augmentation de la concentration de Ca
dans la solution nutritive s‟accompagne d‟une augmentation de Ca dans les tissus foliaires, mais
pas dans les fruits.
Le pic d‟absorption de calcium a lieu durant la période végétative. Les feuilles contiennent
environ 40 % de la quantité du calcium absorbée, les racines et les pétioles en contiennent
respectivement 25 % et 16 %. L‟absorption diminue durant la fructification et seulement 7 % est
accumulé dans les fruits. Le calcium représente 2 % des macroéléments présents dans les fruits et
plus de 28 % de ceux présents dans les organes de la plante (Lieten et Misotten, 1993). De plus,
12
les fleurs contiennent une quantité importante de Ca, mais à partir de la nouaison, la
concentration diminue rapidement, probablement à cause de l‟afflux des photosynthétats vers les
fruits. La concentration de Ca dans les feuilles, quant à elle, reste constante durant le
développement des fruits et leur mûrissement (Chow et al., 1992).
Chez la tomate, un apport adéquat de Ca dans les fruits est essentiel pour maintenir leur fermeté
et leur durée de conservation, mais un excès de calcium affecte négativement leur qualité
organoleptique et leur durée de conservation (Dorais et al., 2001). Chez la fraise, le calcium est
un facteur tout aussi important de la qualité des fruits. Dunn et Able (2006) ont trouvé que les
fruits des plants ayant reçu une faible concentration de Ca (300 ppm) ont un taux de solides
solubles (% Brix) élevé. Par contre, Cheour et al. (1990) ont montré que l‟application foliaire de
calcium augmentait le contenu en sucres. Les études montrent qu‟un apport excessif de Ca
diminue l‟acidité des fruits ainsi que leur aspect visuel après récolte (Raynal et Carmentran,
2001; Guérineau, 2003; Nestby et al., 2004; Dunn et Able, 2006). L‟application foliaire de Ca a
le même effet (Cheour et al., 1990). L‟effet du calcium sur la fermeté est variable. Dunn et Able
(2006) n‟ont observé aucun effet significatif de l‟augmentation de la concentration de Ca sur la
fermeté des fruits, alors que Cheour et al. (1990) ont trouvé que l‟application foliaire de Ca
diminuait leur fermeté. Enfin, l‟augmentation de la concentration de Ca dans les fruits en
prolonge la durée de conservation (Cheour et al., 1990; Tabatabaei et al., 2006).
L‟application foliaire de CaCl2, quelques jours avant la récolte, augmente le contenu de Ca dans
les fruits et affecte plusieurs paramètres organoleptiques et physiologiques tel que le contenu en
sucres, les acides organiques, la texture et la conductivité électrique des fruits (Cheour et al.,
1990). Elle augmente la concentration apoplastique du calcium (Poovaiah, 1979), ce qui affecte
la structure et la fonction des membranes cellulaires et certains aspects du métabolisme cellulaire
(Glenn et al., 1988). Ceci contribue aussi à retarder la sénescence des feuilles (Poovaiah et
Leopold, 1973) et le mûrissement des fruits.
L‟application foliaire de CaCl2 avant la récolte à un taux de 20 kg/ha augmente la teneur de Ca
dans les feuilles. Elle prolonge également la durée de conservation des fruits en retardant
l‟accumulation des sucres, en diminuant celle des acides organiques, en augmentant l‟index de
saturation de la couleur et en ralentissant le développement des moisissures. D‟après Cheour et
13
al. (1991), la réponse au traitement foliaire varie selon le cultivar et dépend probablement du
contenu en Ca des fruits au moment de l‟application foliaire et de la capacité de la plante à
accumuler et à distribuer le calcium.
2.1.4. Le phosphore, le magnésium et le soufre
Le phosphore est un élément très mobile dans la plante. Une redistribution se fait facilement des
anciennes feuilles vers les parties plus jeunes (Williams, 1955). La carence en phosphore réduit
la division cellulaire et inhibe plusieurs réactions de synthèse dans les feuilles, considérant que
plusieurs composés phosphorylés sont impliqués dans ces processus (Abbott, 1968).
La majorité de la quantité du phosphore absorbé par la plante se trouve dans les fruits (44 %). La
quantité de phosphore présente dans les feuilles, les pétioles, les hampes florales et les racines
diminue pendant la période de floraison-fructification. Notons que le phosphore représente 5 %
des macroéléments dans les organes de la plante (Lieten et Misotten, 1993). D‟après Abbott
(1968), une carence en phosphore et en azote se traduit par une inhibition de la prolifération des
branches des couronnes et par un manque de sites disponibles pour l‟initiation florale.
Le magnésium est l‟ion central de la chlorophylle. Il joue, par conséquent, un rôle clef dans
l‟activité photosynthétique. Il a aussi une fonction comme activateur des enzymes de la
phosphorylation et il est impliqué dans la synthèse des glucides. Il faut noter que les ions K+ et
Mg2+
sont antagonistes, un excès de K empêche l‟absorption de Mg (Vago et al., 2008).
D‟après Ulrich et al. (1980), une carence en Mg donne des fruits apparemment normaux, mais
ayant une couleur rouge pâle et une tendance à l‟albinisme. Ces auteurs concluent qu‟avec une
carence en phosphore, la plante produit des fleurs et des fruits plus petits que la normale. Par
contre, Haut et al. (1935) et Lamarre et Lareau (1997) ont montré que le magnésium n‟a aucun
effet sur la fermeté des fruits, ni sur le rendement.
Le soufre est un composé essentiel de la synthèse des protéines et est incorporé dans les
coenzymes et la ferrédoxine. Il joue aussi un rôle primordial dans plusieurs réactions
d‟oxydoréduction (Marschner, 1986). La majeure partie du soufre se trouve dans les feuilles et
les racines. L‟absorption du soufre est relativement faible dans les solutions nutritives
14
équilibrées. Durant la floraison et le mûrissement des fruits, le soufre sera redistribué des
couronnes, des racines et des inflorescences vers les fruits (Morard et Raynal, 1989). D‟après
Ulrich et al. (1980), la carence en soufre diminue le rendement et réduit le poids des fruits. Les
meilleurs rendements sont obtenus avec un ratio NO3 : SO4 de 9 : 2 mmol/L. Une réduction
significative du nombre total des fruits et du nombre de fruits déformés est observée avec un
ratio NO3 : SO4 de 5 : 4 mmol/L (Lieten, 2004).
2.2. Principaux équilibres nutritifs
Pour avoir une bonne production, les plants de fraisiers doivent recevoir, pendant la période
végétative, une fertilisation azotée basée sur le nitrate, ce qui permet le développement d‟un
plant vigoureux avec plusieurs couronnes. Le système racinaire doit quant à lui être bien
développé et le nombre de feuilles doit être suffisant, sans être en trop grande quantité (plante
considérée comme ayant trop de feuilles) (Linsley-Noakes et Parehwa, 2008).
Une fois en phase de production, la demande en nitrate est beaucoup plus faible. Par contre, la
plante demande plus de K. Un rapport K/(Ca+Mg) élevé augmente l‟acidité titrable, la vitamine
C et réduit les sucres. Le tableau 1 présente les principaux équilibres nutritifs recommandés par
le CTIFL (Centre Technique Interprofessionnels des Fruits et Légumes) en 2003.
Tableau 1 : Les principaux équilibres nutritifs selon le CTIFL (2003)
Période végétative Période de floraison-fructification
K/Ca 0,7 0,9
K/(Ca+Mg) 0,54 0,75
NO3/NH4 0,8/0,2 1/0
2.2.1. Équilibre K/Ca
Le déséquilibre K/Ca a un impact prononcé sur la qualité des fruits, mais peu d‟effet sur le
rendement. Un enrichissement en calcium (K/Ca = 0,20 contre 0,90 pour la solution de
référence) occasionne une baisse de l‟acidité de 2 à 4 unités selon les variétés. Par ailleurs, la
brillance et la fraîcheur du calice diminuent. Un équilibre nutritif favorisant le potassium
(K/Ca = 2,8) tend à accroître le niveau d‟acidité des fruits et à les rendre plus fragiles après
15
récolte (Guérineau, 2003). L‟augmentation du taux de Ca dans les fruits les rend plus fermes et
réduit leur acidité titrable. De plus, un excès de K peut limiter l‟absorption de Ca et Mg et créer
par la suite des désordres physiologiques (Guérineau, 2003).
2.2.2. Équilibre N/K
Un rapport N/K de 5/4 favorise l‟atteinte d‟une masse végétale maximale, augmente le nombre
de feuilles, la longueur des pétioles et le nombre de fleurs par plant. Ce rapport permet aussi
d‟augmenter le rendement de fruits par plant et par hectare, le calibre du fruit, ainsi que l‟acidité
du jus de fruit (pH = 3,15) (Singh et al., 2008). Pendant la période végétative, la quantité de N
absorbée par la plante ne dépasse pas 10 Kg N/ha. Cette quantité augmente de la 4ème
à la 8ème
semaine pour atteindre 25 Kg N/ha. Lorsque les fruits commencent à se développer, à la 10ème
semaine, un pic d‟absorption d‟azote est observé (55 Kg N/ha par semaine). Quant à l‟absorption
de K, elle reste relativement faible en comparaison avec l‟absorption de nitrate, jusqu‟au début
de la floraison. À partir de ce moment, l‟absorption de K augmente rapidement et demeure plus
élevée que celle de N, et ce, jusqu‟à la fin de la floraison (Martinsson et al., 2006). Donc, un
rapport N/K faible est demandé durant la période de fructification.
2.2.3. Équilibre K, N, Ca
D‟après Martinsson et al. (2006), une fertilisation combinant le nitrate de calcium avec le nitrate
de potassium augmente le rendement de 13 %, le calibre des fruits de 25 % et le développement
racinaire de 6 % par rapport à une fertilisation azotée basée sur le nitrate d‟ammonium (sans
calcium). Ce traitement augmente aussi la concentration de Ca dans les fruits, ce qui améliore
leur apparence et leur fermeté (Martinsson et al., 2006). Puisque les fraisiers absorbent une plus
grande quantité de K durant la période de fructification et de développement des fruits, toute
carence de cet élément réduit le rendement et la qualité des fruits.
2.2.4. Équilibre K, Ca, Mg
Durant le 1er
cycle de fructification des fraisiers, le ratio K/Ca/Mg n‟affecte pas le nombre de
fruits, leur poids ni le rendement total. Par contre, durant la 2ème
phase de production, une
concentration en Ca inférieure à 2 mmol/L réduit significativement le développement végétatif,
16
le nombre et le poids des fruits et le rendement total (Lieten, 2006). Ces fruits sont fermes et très
acides. De même, avec les ratios K/Ca/Mg de 5/3/1 et de 5/2/2, le nombre, la taille ainsi que le
rendement total sont maximisés. Ces ratios augmentent aussi l‟acidité titrable et les taux de
sucres dans les fruits. De plus, un rapport K/(Ca+Mg) de 0,2 permet une absorption élevée de
potassium, alors qu‟un rapport K/(Ca+Mg) de 1,2 diminue la quantité de K absorbée. Il est à
noter que l‟apport du calcium au détriment du potassium se traduit par une chute d‟acidité des
fruits (Raynal-Lacroix et Carmentos, 1992). D‟après Nestby et al. (2004), le meilleur rendement
de fruits commercialisables est obtenu avec le rapport K/(Ca+Mg) de 0,73 et avec le nitrate
comme source d‟azote.
2.3. La conductivité électrique
La concentration totale en éléments dissous dans la solution se reflète au niveau de la
conductivité électrique (CE). Celle-ci doit être ajustée tout au long de la production du fraisier et
dépend des besoins relatifs en eau et en éléments minéraux du moment, qui dépendent à leur tour
du climat, du stade phénologique de la plante, du substrat et de la variété (Coquelet et al., 2003;
Guérineau, 2003). D‟après Coquelet et al. (2003), lorsque la demande en eau est faible, la plante
peut supporter une conductivité plus élevée que lorsque celle-ci est forte. La période la plus
sensible à l‟excès de conductivité est la période de floraison-fructification.
Une conductivité trop élevée peut entraîner l‟avortement des fleurs et, plus fréquemment, des
chutes de calibre et une baisse de rendement, surtout si des températures élevées accélèrent le
processus de mûrissement avec une demande en eau élevée en raison du climat et des besoins en
eau des fruits (Coquelet et al., 2003). D‟après Nestby et al. (2004), le meilleur rendement en
fruits commercialisables dans la culture hors-sol est obtenu avec une solution dont la CE est de
0,9 mS/cm. Par contre, une faible CE (0,7 mS/cm) augmente le nombre des fruits par plant. Ceci
est associé à la diminution du nombre de feuilles, de stolons et de couronnes et à la réduction de
la surface foliaire. De plus, une faible CE durant la période végétative jusqu‟au début de la
fructification aide à contrôler la croissance végétative et maximise les rendements (Hunter et
Morgan, 1989). D‟après Awang et al. (1993a), lorsque la salinité augmente de 2,5 à 8,5 mS/cm,
le rendement en fruits diminue. Cette diminution résulte de la réduction du contenu en eau
consécutive à l‟augmentation du pourcentage de matière sèche. Un stress salin diminue le
17
rendement puisque le nombre et le poids des fruits diminuent et les plants meurent
progressivement (Giuffrida et al., 2001). Du point de vue gustatif, on remarque que le niveau
d‟acidité tend à augmenter avec la salinité du milieu, par un effet de concentration des acides
organiques dans les fruits (Guérineau, 2003). Par contre, Awang et al. (1993b) affirment que
l‟acidité titrable par fruit est réduite sous une salinité élevée. De plus, Nestby et al. (2004) ont
montré qu‟une faible CE réduit l‟acidité des fruits.
En ce qui concerne la teneur en sucres des fruits, Awang et al. (1993b) ont trouvé que la faible
conductivité réduit les sucres solubles, mais le niveau de salinité n‟a pas d‟effet sur la texture ni
la couleur des fruits. L‟amélioration de la qualité des fruits est associée à une diminution de leur
contenu en eau et, par conséquent, à une augmentation de leur contenu relatif en matières sèches,
des sucres et de l‟acidité (Awang et al., 1993b). Ces auteurs ont montré que la masse fraîche des
fruits diminue sous une forte salinité, mais la masse sèche est moins affectée. Ceci suggère que le
pourcentage de la masse sèche augmente avec la salinité. L‟augmentation de la masse sèche peut
avoir des effets positifs sur la qualité des fruits.
Le pourcentage des fruits non-commercialisables et la fermeté augmentent aussi lorsque la CE
augmente (D'Anna et al., 2003). L‟aptitude à la conservation est également altérée par des
solutions à forte CE. L‟effet est variable selon les variétés et se traduit par la perte de brillance et
de fraîcheur du calice (Guérineau, 2003). En fait, une haute salinité provoque des désordres
physiologiques, qui découlent de la modification de l‟équilibre avec le Ca. En fait, la haute
salinité diminue l‟absorption et le transport du Ca. La fermeté et le taux de sucres solubles
augmentent avec la salinité (D'Anna et al., 2003).
2.4. L’irrigation
La fréquence des irrigations et la quantité de solution nutritive fournie à la plante affectent le
rendement et la qualité des fruits. De plus, l‟irrigation peut influencer la taille des fruits. Un
stress hydrique réduit l‟hydrolyse du saccharose et la translocation des produits organiques des
feuilles jusqu‟aux fruits, ce qui cause l‟accumulation de l‟amidon et des sucres solubles dans les
feuilles.
18
L‟augmentation des cycles d‟irrigation dans les serres réduit le taux de la matière sèche des fruits
de la tomate. En plus, un excès d‟eau affecte négativement la qualité des fruits ; un taux élevé
d‟eau dans les fruits réduit la quantité des sucres solubles, des acides organiques, des vitamines
et des éléments minéraux (Dorais et al., 2001). Une baisse du régime d‟irrigation améliore la
qualité organoleptique des fruits. Des conditions de stress hydrique chez des tomates cultivées
sous serres donnent des fruits moins riches en eau, mais plus riches en saccharose, en hexoses, en
acide citrique et en potassium (Dorais et al., 2001). Notons que l‟enrichissement en éléments
minéraux des fruits résulte de la diminution de la quantité d‟eau dans le fruit et non de
l‟augmentation de l‟accumulation de ces éléments.
Les besoins en eau du fraisier sont fonction du substrat utilisé, de la variété, du stade végétatif et
de l‟ensoleillement. La dose d‟irrigation est d‟environ 150 ml par goutteur, soit une durée
d‟arrosage de 4 à 5 minutes avec un goutteur de 2 litres/heure. En règle générale, le volume de
solution drainé doit être compris entre 10 et 20 % du volume apporté (Coquelet et al., 2003).
19
III. HYPOTHÈSES ET OBJECTIFS
Dans le cadre de ce projet de recherche, les hypothèses suivantes ont été émises :
L‟accroissement de la fertilisation potassique augmente l‟acidité, la teneur en sucres et
améliore le goût des fruits et ses effets sont plus marqués sur la variété Charlotte que sur
la variété Seascape.
L‟application foliaire de Ca améliore la texture et la durée de conservation des fruits.
Les objectifs du projet sont :
1. D‟accroître la productivité des plants;
2. D‟améliorer la qualité des fruits des fraisiers remontants cultivés hors-sol;
3. De déterminer les rapports K/Ca et K/N permettant d‟améliorer le goût des fraises et
d‟obtenir un meilleur rendement;
4. D‟étudier l‟effet de l‟application foliaire de calcium sur le maintien de la texture et sur la
durée de conservation des fruits;
5. De déterminer laquelle des deux sélections génétiques : Seascape de l‟Université de la
Californie et Charlotte du CIREF en France répond le mieux à l‟optimisation de la
fertilisation.
Raynal-Lacroix (2005) du CTIFL a élaboré une solution nutritive adaptée aux fraisiers
remontants. Bien que cette solution donne de bons rendements, elle produit des fraises dont le
goût laisse à désirer selon les consommateurs canadiens. Cela est particulièrement notable avec
la variété Charlotte dont les fruits sont trop sucrés et manque d‟acidité, ce qui rend les fruits
insipides. Nous comparerons dans la présente étude cette solution témoin à deux nouvelles
solutions nutritives améliorées. Le but est donc d‟étudier l‟effet de différents régimes de
fertilisation sur le rendement et la qualité des fruits.
20
IV. MATÉRIEL ET MÉTHODES
Le projet est divisé en deux parties. La première partie s‟est déroulée dans les serres de
l'Université Laval en hiver 2010, et la deuxième s‟est déroulée à la ferme „Les Fraises de l‟Île
d‟Orléans Inc.‟ à St-Laurent de l‟Île d‟Orléans au printemps-été 2010. Dans les deux cas, deux
nouvelles solutions nutritives ont été comparées à une solution témoin décrite par Raynal-
Lacroix (2005).
4.1. Description des compartiments de serres et des grands tunnels
L‟expérience en serre s‟est déroulée dans le complexe des serres de haute performance de
l‟Université Laval, l‟un des plus sophistiqués au Canada. Les serres étaient équipées de systèmes
très perfectionnés permettant un contrôle précis du climat (température, humidité relative,
lumière) et de la fertilisation (FSAA, 2009). Le revêtement de la serre est composé de
polyéthylène au niveau du toit et de polycarbonate double au niveau des murs. La serre où s‟est
déroulée l‟expérience avait 25 pieds de hauteur et 20 pieds de largeur. Le système de chauffage
se situe au niveau du toit et du sol. Des calorifères assurent le chauffage de chaque côté de la
serre et en haut au niveau du toit. Le chauffage est un chauffage à l‟eau chaude. La ventilation
est à la fois naturelle et forcée. L‟éclairage est assuré par des lampes à sodium (HPS de
600 watts) permettant de maintenir une intensité lumineuse minimale de 200 micromoles.m-2
.s-1
.
L‟humidité est contrôlée par un système de brumisation à l‟eau osmosée permettant aussi de
refroidir la serre en cas de besoin. Les plants sont placés sur des tables longitudinales mobiles.
L‟irrigation fertilisante est apportée par un système de goutte-à-goutte avec deux goutteurs par
pot.
L‟entreprise „Les Fraises de l‟Île d‟Orléans Inc.‟ se spécialise dans la commercialisation, le
conditionnement, l'emballage, la production, la recherche scientifique et le développement
expérimental dans le domaine des fraises et framboises depuis 1979 (SFIO, 2011). Les
expériences sur cette ferme ont été réalisées dans de grands tunnels de la compagnie Industries
Harnois (St-Thomas de Joliette, Canada). Chacun des tunnels a une largeur de 28 pieds, une
longueur de 500 pieds et une hauteur de 16 pieds au niveau du centre. Ce sont des structures
multi chapelles dont les jonctions sont situées à 6 pieds du sol. Les tunnels sont recouverts d‟un
21
film simple de polyéthylène. Le système de ventilation est passif et l‟ouverture des jonctions est
manuelle. De plus, les portes qui sont situées à chaque extrémité des tunnels peuvent être
ouvertes en fonction des besoins de ventilation. Les plants sont placés sur des dalles supportées
par des tréteaux dans les grands tunnels à raison de six dalles par chapelle. L‟irrigation
fertilisante est apportée par un système de goutte-à-goutte avec deux goutteurs par sac. Les
fréquences d'irrigation ont été basées sur des mesures de tensiomètres digitaux HORTAU (St-
Romuald, Canada) (Hortau, 2011).
4.2. Matériel végétal
Les variétés remontantes utilisées pour l‟expérience sont Seascape et Charlotte. Seascape est une
variété créée par Bringhurst et Voth à l'Université de la Californie aux États-Unis en 1983. Elle
résulte du croisement entre les variétés Selva et Douglas (Bringhurst et Voth, 1991). Seascape est
la variété de fraisier aphotopériodique la plus utilisée au Québec. Elle se caractérise par un haut
potentiel de production, des fruits de gros calibre, une bonne fermeté et une saveur appréciée
(Dale et al., 2000). Charlotte est une variété issue d'un croisement entre Mara des Bois et
CAL 19 réalisé en 1995 par Philippe Roudeillac du CIREF en France, dans le cadre d'un
programme d'amélioration. Cette variété se caractérise par sa vigueur, sa rusticité et sa tolérance
aux maladies. Ses fruits sont aussi longs que larges, coniques, de grosseur moyenne, de bonne
qualité et à saveur caractéristique uniforme les distinguant sur le marché (ACIA, 2011).
Charlotte se distingue de Seascape principalement par la vigueur de la plante, par la grandeur des
feuilles et la longueur des pétioles, par la grosseur, la forme et la couleur des fruits, par
l'implantation des akènes sur le réceptacle ainsi que par la grandeur du calice par rapport à la
corolle. Cette variété donne un plant plus vigoureux avec des feuilles plus grandes, mais des
pétioles plus courts que Seascape. Les fruits sont rouge pâle, coniques et de grosseur moyenne
chez Charlotte, tandis qu'ils sont rouge foncé, coniques et assez gros chez Seascape. Les akènes
sont affleurants chez Charlotte alors qu'ils sont enfoncés chez Seascape. Par rapport à la corolle,
le calice est plus grand chez Charlotte que chez Seascape (ACIA, 2011).
Des plants frigo à racines nues de la pépinière Lareault (Lavaltrie, Canada) ont été employés
pour toutes les expériences. Dans la serre, la plantation a été faite le 18 décembre 2009 avec une
22
densité de 4 plants par pot de 4 litres. De plus, dans les grands tunnels, les plants ont été plantés
le 1er
mai 2010 à raison de 8 plants par sac de 75 cm de longueur.
4.3. Substrat
Le substrat utilisé pour la culture en serre était constitué de la tourbe de type BM6, fabriquée par
Les Tourbières Berger (St-Modeste, Canada). Les mélanges de type BM6 de haute porosité ont
été formulés pour les cultures sensibles aux excès d‟eau et pour les cultures hivernales. Ce
substrat est composé de sphaigne (grossière), de perlite horticole, de chaux dolomitique et
calcitique, d‟une charge fertilisante initiale et d‟un agent mouillant (BERGER, 2009). Cette
combinaison offre une très bonne aération ce qui réduit les risques d‟irrigation excessive.
Pour la culture dans les grands tunnels, le substrat utilisé était constitué de fibres de noix de coco
BIOGROW duo (Mas de la Fabrègue, France). Ce substrat résulte d‟un mélange de 50 % de
matière issue des ateliers de défibrage tamisée et de 50 % de coco „chips‟ provenant du broyage
intégral du mésocarpe de la noix de coco. Il se caractérise par un équilibre air/eau élevé et peut
être à la fois végétatif ou génératif selon le climat et la conduite fertilisante. Il présente aussi une
granulométrie progressive : le substrat est plus fin dans sa partie supérieure et plus grossière dans
sa partie inférieure. Une rainure longitudinale sur la partie inférieure des sacs améliore l‟aération
et le drainage de la partie la plus humide du substrat. C‟est un substrat 100 % naturel,
renouvelable et recyclable (BIOGROW, 2011).
4.4. Solutions nutritives
La solution élaborée par le CTIFL a été prise comme témoin. Elle est comparée à deux nouvelles
solutions nutritives. Pendant la période végétative, la même solution nutritive a été utilisée pour
tous les plants. Cette solution a été recommandée par le CTIFL (2005). Alors qu‟en période de
floraison fructification, trois solutions nutritives ont été employées:
SN-,K
+ est une solution qui contient plus de K mais moins de N que la solution témoin. La
concentration en K a été augmentée de 2,8 à 5 meq/L alors que la concentration en N a
été diminuée de 5 à 3 meq/L;
23
SK+ est une solution qui contient plus de K mais la même concentration de N que la
solution témoin. La concentration en K a été augmentée de 2,8 à 5 meq/L;
Stémoin est la solution témoin recommandée par le CTIFL (2005).
La concentration en Ca était de 3 meq/L dans les trois solutions nutritives.
Le tableau 2 présente la composition des différentes solutions nutritives utilisées pour la culture
en serre.
Tableau 2 : Compositions des différentes solutions nutritives utilisées en serre en meq/L
Ces solutions nous permettent de comparer :
- Des ratios de K/Ca de 0,93 et de 1,6;
- Des ratios de K/(Ca+Mg) de 0,75 et de 1,25;
- Des ratios de K/N de 0,56, de 1 et de 1,6.
Au printemps 2010, les gestionnaires de la ferme „Les fraises de l‟île d‟Orléans‟ ont décidé de ne
plus utiliser la solution nutritive du CTIFL et d‟adopter une nouvelle solution afin d‟améliorer la
production. La nouvelle solution témoin était utilisée par les pépinières Martaillac (France) en
2009 et est réputée donner des rendements élevés et des fruits de grande qualité. Durant la
période végétative, nous avons utilisé la même solution nutritive pour tous les plants, soit la
Période
végétative
Période de floraison-fructification
SN-,K
+ SK
+ Stémoin
N-NO3 6,4 3 5 5
N-NH4 1,6 0 0 0
P 1,1 2,5 1,5 0,7
S 1,2 3,5 2,5 0,7
K 3,1 5 5 2,8
Ca 3,6 3 3 3
Mg 1,2 1 1 0,7
K/Ca 0,86 1,6 1,6 0,93
K/(Ca+Mg) 0,65 1,25 1,25 0,75
K/N 0,47 1,6 1 0,56
24
solution utilisée par les pépinières Martaillac. Alors qu‟en période de floraison fructification,
trois solutions nutritives ont été utilisées :
SN+
,K+ est la solution utilisée dans les pépinières Martaillac, France, en 2009. Cette
solution se caractérise par de hauts niveaux de N (8,5 meq/L) et de Ca (6 meq/L);
SK+ est une solution contenant plus de K (5 meq/L) que la solution témoin, mais moins de
N (5 meq/L) que la solution qui précède;
Stémoin est une solution recommandée par le CTIFL, 2005.
Le tableau 3 présente la composition des solutions nutritives utilisées pour la culture dans les
grands tunnels.
Tableau 3 : Compositions des différentes solutions nutritives utilisées dans les grands tunnels en
meq/L
Ces solutions nous permettront de comparer :
- Des ratios de K/Ca de 1, de 1,6 et de 0,93;
- Des ratios de K/(Ca+Mg) de 0,75 et de 1,25;
- Des ratios de K/N de 0,56, de 0,7 et de 1.
Période
végétative
Période de floraison-fructification
SN+
,K+ SK
+ Stémoin
N-NO3 10 8,5 5 5
N-NH4 0,1 0 0 0
P 3 3 1,5 0,7
S 1,7 1,5 2,5 0,7
K 4,5 6 5 2,8
Ca 5,5 6 3 3
Mg 3 2,5 1 0,7
K/Ca 0,82 1 1,6 0,93
K/(Ca+Mg) 0,53 0,7 1,25 0,75
K/N 0,45 0,7 1 0,56
25
4.5. Application foliaire de Ca
L‟excès de potassium provoque une absorption moindre de calcium, ce qui se traduit par un
appauvrissement en calcium du fruit et une moins bonne aptitude à la conservation (Guérineau,
2003). Dans le but de réduire les impacts négatifs de la concentration plus élevée en K, on a
appliqué du Ca aux plants sous forme de chlorure de calcium (CaCl2) (Cheour et al., 1990) à une
concentration de 3000 ppm, deux fois par semaine. La concentration a été diminuée à 300 ppm
dans les tunnels à partir du mois d‟août.
4.6. Dispositif expérimental
Les traitements comprenaient donc trois solutions nutritives (SN-,K
+ ou SN
+,K
+, SK
+ et Stémoin),
deux cultivars (Seascape et Charlotte) ainsi que l‟application foliaire de Ca (avec application ou
sans application) réalisés de manière factorielle dans un dispositif en blocs complets. Les
traitements ont été attribués de façon complètement aléatoire à 4 blocs complets. Les unités
expérimentales dans la serre et dans les grands tunnels étaient respectivement un pot de tourbe de
4 litres contenant 4 plants et 2 sacs de fibres de noix de coco (75 cm de longueur et 20 cm de
largeur) contenant 16 plants. L‟analyse statistique a été effectuée à l‟aide du logiciel SAS alors
que des contrastes a priori ont été obtenus par la décomposition de l‟ANOVA. Les différences
entre les moyennes ont été testées avec le LSD protégé, en utilisant un test de Fisher protégé au
seuil de 5 % (Collin, 2006).
4.7. Analyses minérales
Des analyses hebdomadaires de la fertilisation ont été effectuées (composition de la solution
nutritive et de la solution de drainage, pourcentage du drainage) pour contrôler la quantité de
fertilisants apportée aux plants et celle non utilisée par les plants. Un dosage par colorimétrie a
été effectué pour déterminer les quantités de N-NO3, N-NH4, P-PO4, alors qu‟un dosage par
absorption atomique a été fait pour les autres éléments (K, Ca, Mg, Fe, Cu, Mn, Zn).
De plus, des analyses minérales des feuilles et du substrat ont été effectuées au début et à la fin
de la saison. Ces analyses ont été effectuées par le laboratoire d‟analyse minérale du Centre de
recherche en horticulture (CRH) de l‟Université Laval, par les laboratoires du groupe horticole
26
Ledoux (Ste-Hélène de Bagot, Canada) et ceux des Tourbières Berger. Une extraction SME a été
effectuée pour analyser la tourbe BM6 alors qu‟une extraction Mehlich III a été utilisée pour la
fibre de noix de coco. La composition minérale des feuilles a été déterminée par les méthodes
suivantes: digestion H2SO4-H2SeO3-H2O2 pour N et P - calcination pour K, Ca, Mg, Na, Fe, Cu,
Mn, Zn, Al et B - dosage par colorimétrie pour N, P et B - dosage par absorption atomique pour
K, Ca, Mg, Fe, Cu, Mn, Zn.
4.8. Rendement et mesures de croissance
En serre, la première récolte a été effectuée le 5 février et la dernière le 26 mai 2010. Au cours de
l‟expérience à la ferme „Les Fraises de l‟Ile d‟Orléans‟ sous grands tunnels, les récoltes se sont
échelonnées du 11 juin au 13 octobre 2010. Les récoltes de fruits ont été effectuées tous les deux
jours selon le besoin. À chacune des récoltes, les fraises ont été classées, comptées et pesées
(balance Denver instrument XP-1500, 1500x0.05 g). Les fraises ont été déclassées lorsqu‟elles
étaient attaquées par la pourriture grise (Botrytis cinerea), l'anthracnose (Colletotrichum
acutatum) ou d‟autres maladies, ou lorsqu‟elles étaient malformées ou trop petites (< 8 g). Le
nombre de couronnes, de feuilles et de hampes florales ont été déterminés à la fin de chaque
expérience. Les masses fraîches et sèches de la partie aérienne des plants ont été aussi mesurés.
4.9. Analyses physico-chimiques
Les analyses physico-chimiques des fruits ont été effectuées cinq fois durant la première partie
du projet (serre) soit le 25 mars, les 8 et 22 avril et les 6 et 20 mai 2010, alors que, pour la
deuxième partie du projet (tunnels), les analyses ont été effectuées le 6 août, le 8 septembre et le
7 octobre 2010.
La fermeté a été mesurée par un pénétromètre Qualititest (Digital Fff HPE Fruit Firmness Tester,
Buffalo, North America). L‟embout utilisé pour la fraise est de 0,50 cm2 (ID50). Les mesures ont
été exprimées en Indice Durofel (ID) sur une échelle de 0 à 100 (Vaysse et al., 2009). La mesure
de la fermeté a été effectuée sur 10 fruits de chaque traitement et pour chacun des quatre blocs.
Les autres analyses ont été effectuées sur le jus des fruits. Pour chacun des traitements, cinq à six
fruits (60 g) ont été coupés et homogénéisés dans un homogénéisateur/broyeur. L‟homogénat a
été ensuite transféré dans des tubes Eppendorf de 50 ml et centrifugé à 2500 rpm à 23 ˚C pendant
27
30 minutes. Le surnageant a été utilisé d‟une part pour calculer la jutosité et d‟autre part pour
mesurer le pH, l‟acidité titrable et le contenu en sucres.
La jutosité correspond à la masse du jus obtenu après broyage des fruits (en g) divisée par la
masse totale de l‟échantillon avant broyage (en g) multiplié par 100 (Vaysse et al., 2009). Donc
la jutosité a été calculée en appliquant la formule : masse du surnageant / masse du homogénat x
100. Elle est exprimée en %.
La teneur en sucres représente la principale saveur perçue par le consommateur. L‟indice
réfractométrique (IR) mesuré par le réfractomètre est exprimé en % Brix. Cette mesure englobe
les différents sucres (glucose, fructose, saccharose…) présents en quantité et en proportion
variables selon les espèces et les variétés (Vaysse et al., 2009). La teneur en sucres a été mesurée
par un réfractomètre digital ATAGO PR-32 (Tokyo, Japon) avec un rang de 0 à 32 % Brix.
L‟eau millipore a été utilisée pour tarer l‟appareil puis les mesures ont été faites en utilisant
700 µL du surnageant de chaque traitement.
L‟acidité est un autre critère important pour caractériser la saveur. Elle indique l‟état de maturité
du fruit et détermine par son rapport avec les sucres, le caractère doux, équilibré ou acidulé du
fruit. Le principe de la mesure de l‟acidité réside dans la neutralisation des acides contenus dans
le jus par la soude décinormale (NaOH/10) (Vaysse et al., 2009). Pour réaliser la mesure, 10 mL
du surnageant a été titré par le NaOH 0,1 N jusqu‟à un pH de 8,2. Un pH-mètre (Corning pH -
meter 320, Corning, New York, USA) a été utilisé pour mesurer le pH du jus au début et au
cours du titrage. L‟acidité est exprimée en % d‟acide citrique et calculée en utilisant la
formule : acidité titrable (% acide citrique) = Volume du NaOH ajouté (mL) x 0,1 N (normalité
du NaOH) x 0,064 (milliéquivalent d‟acide citrique) x 100 x facteur de dilution / Volume de
l‟échantillon à titrer (mL) (Friedrich, 2001).
4.10. Analyses sensorielles
L‟analyse sensorielle est une «technique d‟analyse destinée à mesurer les caractéristiques des
produits alimentaires telles qu‟elles sont perçues par l‟homme» (Vaysse et al., 2009). Cette
technique permet de discerner des différences fines dans la qualité organoleptique des fruits qui
résultent du mélange subtil de sensations visuelles, tactiles, olfactives et gustatives.
28
L‟analyse sensorielle a été effectuée selon un protocole standard approuvé par le comité
d‟éthique de la recherche avec des êtres humains de l‟Université Laval (no d‟approbation 2010-
014 / 19-03-2010). L‟analyse sensorielle a été faite au pavillon Envirotron de l‟université Laval.
Un panel d‟experts a été constitué dont les participants étaient des assistants de recherche, des
employés et des étudiants chercheurs du CRH. Les dégustations ont été faites les 8 et 22 avril et
les 6 et 20 mai 2010 pour l‟expérience qui s‟est déroulée dans les serres et le 15 juillet, les 5 et
19 août et le 2 septembre 2010 pour celle qui s‟est déroulée dans les tunnels. Dans tous les cas,
les fruits ont été récoltés une journée avant la dégustation et entreposés à 4 ˚C. Deux heures
avant la dégustation, les fruits ont été placés à température ambiante. Les fruits ont été lavés et
séchés avec des serviettes en papier immédiatement avant d‟être servis.
Le panel d‟experts était formé de 12 personnes. Chaque dégustateur devait évaluer 6 échantillons
à la fois. Devant chaque personne, il y avait 6 petites assiettes en carton numérotées de 1 à 6
correspondants aux six traitements répartis aléatoirement. Chaque assiette contenait 2 à 3 fruits.
De l‟eau et du pain ont été fournis aux dégustateurs pour neutraliser les saveurs résiduelles entre
un échantillon et un autre. Les dégustateurs ont évalué les caractéristiques sensorielles (aspect,
odeur, flaveur et texture) des fruits en attribuant une note de 1 à 10 (absence à très prononcé)
pour chaque échantillon. Une copie du questionnaire se trouve à l‟annexe 1.
4.11. Tests de conservation
Des tests de conservation ont été effectués pour la deuxième partie du projet. L‟évaluation a été
faite directement après la récolte, puis les fruits ont été entreposés à 4 ˚C. Les fruits ont été
ensuite évalués tous les deux ou trois jours après entreposage pour une période de deux
semaines. Dix fruits de chacun des traitements ont été évalués en attribuant une note de 1 à 10
aux caractéristiques suivantes : couleur dominante, brillance, pourcentage de pourrissement,
pourcentage de meurtrissure, fraîcheur du calice et aspect général. L‟analyse a été effectuée pour
deux blocs et répétée trois fois pendant l‟été. À partir des valeurs obtenues, l‟AUPHSC (Area
under the post-harvest storability curve) a été calculé. Cet indice correspond à l‟aire sous la
courbe de l‟aptitude à la conservation des fruits après la récolte (Andrade-Piedra et al., 2005).
29
V. RÉSULTATS
5.1. Culture en serre
5.1.1. Croissance et développement
La solution nutritive des fraisiers cultivés en serres n‟affecte aucun paramètre de la croissance et
du développement (tableau 4). Par contre, une différence significative entre les deux variétés est
détectée pour le pourcentage de matière sèche. De plus, l‟application de Ca sur les feuilles des
fraisiers a un effet significatif sur le nombre de couronnes et sur le pourcentage de matière sèche.
Par ailleurs, nous avons décelé une interaction significative entre la variété et l‟application de Ca
foliaire par rapport aux masses fraîches et sèches des plants. Aucune interaction n‟est présente
entre les traitements de fertilisation, de variété et de Ca foliaire.
Tableau 4 : Résultats de l‟ANOVA pour le nombre de couronnes, les masses fraîches et sèches
des parties aériennes des plants et le pourcentage de matière sèche
Nombre de
couronnes
Masse
fraîche (g)
Masse sèche
(g)
Matière
sèche (%)
Solution (S) NS NS NS NS
Variété (V) NS * * *
Ca foliaire (Ca) * * * *
S x V NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS NS
V x Ca NS * * NS
S x V x Ca NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Les deux cultivars à l‟étude ont produit le même nombre de couronnes. Par contre, ils
accumulent des quantités significativement différentes de matière sèche lorsqu‟exprimées en
pourcentage. Charlotte a un pourcentage de matière sèche légèrement plus élevé que Seascape
(tableau 5). De plus, l‟application foliaire de Ca a un effet significatif sur le nombre de
couronnes et le pourcentage de matière sèche. De manière générale, le calcium foliaire diminue
le nombre de couronnes/plant alors qu‟il augmente le pourcentage de matière sèche (tableau 6).
Par contre, le régime nutritif n‟affecte pas le nombre de couronnes, ni le pourcentage de matière
30
sèche (tableau 7). La solution SK+ a tendance toutefois à provoquer la production d‟un nombre
plus élevé de fruits que les deux autres solutions.
Tableau 5: Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes des fraisiers de variétés Charlotte et Seascape cultivés en
serre
Tableau 6 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes, en présence et en absence du traitement foliaire de Ca,
des fraisiers cultivés en serre
Tableau 7 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, calibre des fruits, pourcentage de
matière sèche et nombre de couronnes des fraisiers cultivés en serre pour les trois solutions
nutritives
Variété
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Calibre
(g/fruit)
Matière
sèche (%)
Nombre de
couronnes
Charlotte 7074,3 314,4 57,3 8,1 28,5 4,5
Seascape 7566,6 336,3 70,2 9,6 27,2 4,8
Pr>F 0,0863 0,0863 <0,0001 <0,0001 0,0013 0,1006
Ca foliaire
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Calibre
(g/fruit)
Matière
sèche (%)
Nombre de
couronnes
Avec 6574,0 292,2 62,6 8,5 29,1 4,3
Sans 8066,8 358,5 64,9 9,2 26,5 5,0
Pr>F <0,0001 <0,0001 0,2767 0,0196 <0,0001 0,0007
Solution
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Calibre
(g/fruit)
Matière
sèche (%)
Nombre de
couronnes
SN-,K
+ 6958,2 309,2 61,8 8,5 27,5 4,5
SK+ 7766,6 345,2 65,6 9,2 27,9 4,6
Stémoin 7236,4 321,6 63,8 8,8 28,0 4,8
Pr>F 0,0691 0,0691 0,3488 0,1178 0,5345 0,4921
31
Une interaction significative existe entre la variété et le Ca foliaire pour les masses fraîches et
sèches des parties aériennes des plants. Cela signifie que l‟application foliaire de Ca entraîne une
diminution des masse fraîche et sec des plants pour les deux variétés Seascape et Charlotte, alors
qu‟en l‟absence du Ca foliaire Seascape a une masse fraîche plus élevée, mais une masse sèche
plus faible que Charlotte (tableau 8).
Tableau 8 : Masses fraîches et sèches des fraisiers en absence et en présence du traitement
foliaire de calcium pour les variétés Charlotte et Seascape cultivés en serre
5.1.2. Rendement
Aucune interaction n‟est présente entre les traitements (tableau 9). En conséquence, nous
présentons les effets principaux des solutions, des variétés et de l‟application de Ca dans les
tableaux qui suivent. Par ailleurs, les deux variétés produisent des pourcentages de fruits
vendables et des calibres significativement différents. De son côté, le Ca foliaire agit
significativement sur les rendements et les calibres des fruits.
Tableau 9 : Résultats de l‟ANOVA pour les rendements, le pourcentage des fruits vendables et le
calibre des fruits des plants cultivés en serre
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Calibre
(g/fruit)
Solution (S) NS NS NS NS
Variété (V) NS NS * *
Ca foliaire (Ca) * * NS *
S x V NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS NS
S x V x Ca NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Variété Ca foliaire Masse fraîche (g) Masse sèche (g)
Charlotte Avec 71,2 21,2
Sans 119,7 32,3
Seascape Avec 96,1 27,0
Sans 121,4 31,8
Variété (V) Pr>F 0,0071 0,0461
Ca foliaire (Ca) Pr>F <0,0001 <0,0001
V x Ca Pr>F 0,0172 0,0198
32
Seascape donne un rendement plus élevé que Charlotte, bien que cette différence ne soit pas
significative (Pr=0,08) (tableau 5). De plus, le pourcentage des fruits vendables et le calibre des
fruits sont significativement plus élevés chez Seascape que chez Charlotte (tableau 5).
L‟application foliaire du calcium diminue significativement le rendement ainsi que le calibre des
fruits. Le rendement diminue de 18 % en appliquant le Ca foliaire. De même, le calibre diminue
de 0,7 g/fruit sous les mêmes conditions. Par contre, l‟application foliaire de Ca n‟affecte pas
d‟une façon significative le pourcentage des fruits vendables (tableau 6). De plus, la fertilisation
n‟a aucun effet significatif sur le rendement, sur le pourcentage des fruits vendables, ni sur le
calibre des fruits. Pourtant, la solution SK+ donne le meilleur rendement, le plus de fruits
vendables et le plus gros calibre des fruits (tableau 7).
En ce qui concerne le rendement cumulatif, on remarque que, pour Charlotte, le meilleur
rendement est obtenu avec la solution SK+ sans application foliaire de Ca soit 8372 kg/ha. En
absence du Ca foliaire, les solutions Stémoin et SN-,K
+ donnent respectivement 8132 kg/ha et
7613 kg/ha (figure 1). Le Ca foliaire diminue ces rendements. La solution SK+
donne encore une
fois le rendement le plus élevé soit 7065 kg/ha pour 5709 kg/ha et 5550 kg/ha pour les solutions
Stémoin et SN-,K
+ respectivement (figure 1). Quant à Seascape, les rendements cumulatifs varient
aussi en fonction de la solution nutritive et du traitement foliaire. En absence du Ca foliaire, la
solution Stémoin donne le meilleur rendement avec 8435 kg/ha suivie de la solution SK+
(7963 kg/ha) puis de la solution SN-,K
+ (7882 kg/ha) (figure 2). En présence du Ca foliaire, les
rendements diminuent et atteignent pour les solutions SN-,K
+, Stémoin et SK
+ des valeurs respectives
de 6668 kg/ha, 6785 kg/ha et 7664 kg/ha (figure 2).
33
Figure 1: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de la variété Charlotte cultivée en serre selon
les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium foliaire
34
Figure 2: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha de la variété Seascape cultivée en serre selon
les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium foliaire
35
5.1.3. Analyses physico-chimiques
Une interaction triple (solution x variété x Ca foliaire) est observée pour la fermeté et la jutosité
des fruits (tableau 10). De plus, le Ca foliaire affecte significativement le taux de sucres, alors
que l‟acidité des fruits varie significativement entre les deux variétés.
Tableau 10 : Résultats de l‟ANOVA pour le taux de sucres, la fermeté, la jutosité et l‟acidité des
fruits des plants cultivés en serre
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Solution (S) NS * NS NS
Variété (V) NS * * *
Ca foliaire (Ca) * * * NS
S x V NS * * NS
S x Ca NS * * NS
V x Ca NS * * NS
S x V x Ca NS * * NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Nous n‟avons pas observé de différence significative entre les variétés et les trois solutions
nutritives quant à la teneur en sucres des fruits (tableaux 11 et 12). Seul le calcium foliaire
affecte significativement le taux de sucres des fruits. En fait, l‟application foliaire du Ca diminue
le taux de sucres de 0,71 % Brix (tableau 13). De plus, la solution SK+ donne des fruits
légèrement plus sucrés que les fruits des deux autres solutions (tableau 12). Par contre, l‟acidité
des fruits diffère significativement entre les deux variétés (Pr<0,0001) (tableau 11) alors que le
calcium foliaire diminue, mais pas d‟une façon significative, l‟acidité (tableau 13). Quant à la
fertilisation, la différence entre les trois solutions n‟est pas significative (tableau 12).
Tableau 11 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers des variétés
Charlotte et Seascape cultivés en serre
Variété
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Charlotte 7,5 28,5 40,5 0,6
Seascape 7,7 23,8 49,4 0,8
Pr>F 0,6641 <0,0001 <0,0001 <0,0001
36
Tableau 12 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés en serre
en fonction des différents régimes nutritifs
Solution Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
SN-,K
+ 7,6 25,2 44,7 0,74
SK+ 7,7 28,1 45,2 0,71
Stémoin 7,5 25,2 44,9 0,69
Pr>F 0,8902 <0,0001 0,4023 0,4653
Tableau 13 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés en serre
en présence et en absence du Ca foliaire
Ca foliaire Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Avec 7,2 25,0 46,0 0,7
Sans 7,9 27,4 43,9 0,8
Pr>F 0,0252 <0,0001 <0,0001 0,0837
Une interaction triple entre les solutions nutritives, les deux variétés et les deux traitements de Ca
foliaire a été décelée pour la fermeté et la jutosité des fruits. En conséquence, les effets interactifs
des trois facteurs sont présentés au tableau 14. Cette interaction se traduit par une augmentation
de la fermeté des fruits des plants de variété Charlotte irrigués par les solutions SN-,K
+ et Stémoin
lorsque le Ca foliaire est appliqué et une diminution de celle-ci lorsque le Ca foliaire est appliqué
aux plants irrigués avec la solution SK+. Par contre, le Ca foliaire diminue la fermeté des fruits
des plants de la variété Seascape pour les trois solutions nutritives (tableau 14).
37
Tableau 14 : Fermeté et jutosité des fruits des plants cultivés en serre en fonction des trois
solutions nutritives, des deux variétés et en présence et absence du Ca foliaire
Solution
Variété
Ca foliaire
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
SN-,K
+
Charlotte Avec 27,4 43,1
Sans 26,6 41,3
Seascape Avec 20,6 47,2
Sans 26,0 47,3
SK+
Charlotte Avec 26,0 42,4
Sans 33,8 35,8
Seascape Avec 24,9 52,6
Sans 27,8 50,0
Stémoin
Charlotte Avec 29,8 40,0
Sans 27,6 40,2
Seascape Avec 21,0 50,8
Sans 22,4 48,6
Solution (S) Pr>F <0,0001 0,4023
Variété (V) Pr>F <0,0001 <0,0001
Ca foliaire (Ca) Pr>F <0,0001 <0,0001
S x V x Ca Pr>F <0,0001 0,0002
En ce qui concerne la jutosité, les différences significatives sont observées entre les deux variétés
et entre les traitements foliaires de Ca, mais les trois solutions nutritives n‟ont pas affecté cette
variable. En moyenne, les fruits de la variété Seascape sont plus juteux que les fruits de la variété
Charlotte (tableau 11) et l‟application foliaire de Ca augmente la jutosité de 2,15 % (tableau 12).
Il faut noter que lorsque les plants sont irrigués avec la solution SK+, l‟application foliaire de Ca
augmente la jutosité des fruits de Seascape et de Charlotte, alors que lorsque la solution SN-,K
+ est
utilisée, le Ca foliaire augmente la jutosité des fruits de Charlotte et diminue celle des fruits de
Seascape. De plus, lorsque le Ca foliaire est appliqué, la jutosité des fruits de Seascape est
augmentée pour la solution Stémoin alors que celle des fruits de Charlotte est diminuée sous ces
mêmes conditions (tableau 14).
5.1.4. Analyses sensorielles
Les tests de dégustation montrent que les caractéristiques qui diffèrent entre Seascape et
Charlotte sont la couleur dominante, la brillance et la note terre (goût aigre) (tableau 15). Ces
trois caractéristiques sont plus marquées chez Charlotte que chez Seascape (figures 3 et 4).
38
Tableau 15 : Résultats de l‟analyse de la variance (ANOVA) des critères de l‟analyse sensorielle
pour les fruits des fraisiers cultivés en serre
Co
ule
ur
do
min
an
te
Brilla
nce
Pa
rfum
Go
ût g
lob
al
No
te terre
No
te am
er
Sa
veu
r
sucr
ée
Sa
veu
r acid
e
Ca
ractère
croq
ua
nt
Ca
ractère
jute
ux
Ca
ractère
fon
da
nt
Ca
ractère
fibreu
x
Dégustateur NS * NS * * * * * * NS NS *
Solution (S) NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
Variété (V) * * NS NS * NS NS NS NS NS NS NS
Ca foliaire
(Ca) * * NS * * NS * NS NS NS NS NS
S x V NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
S x V x Ca NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
* Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Le traitement foliaire de calcium affecte significativement la couleur dominante, la brillance, le
goût global, la note terre et la saveur sucrée des fruits (tableau 15). En fait, le Ca foliaire
augmente la note terre alors qu‟il diminue la couleur dominante, la brillance, le goût global et la
saveur sucrée (figures 3 et 4). Par contre, aucune différence significative entre les solutions
nutritives n‟a été observée. Bien que la solution SK+ donne les fruits dont la couleur est la plus
prononcée et dont le goût global est le plus apprécié, la solution SN-,K
+ donne les fruits les plus
sucrés et les plus juteux pour la variété Charlotte.
La solution SN-,K
+ donne les fruits de Seascape les plus sucrés et les moins acides dont le goût est
le plus apprécié du panel d‟experts (figure 4). Les fruits les plus acides sont obtenus avec la
solution SK+. Enfin, il faut noter qu‟il n‟existe aucune interaction entre les traitements.
39
Figure 3: Profil sensoriel des fruits de la variété Charlotte selon les différentes solutions nutritives en présence
et en absence du calcium foliaire pour la culture en serre
40
Figure 4: Profil sensoriel des fruits de la variété Seascape selon les différentes solutions nutritives en présence
et en absence du calcium foliaire pour la culture en serre
41
5.2. Culture dans les grands tunnels
5.2.1. Croissance et développement
Il existe des différences significatives entre les variétés et l‟application de Ca foliaire quant au
nombre de hampes florales et de feuilles, ainsi qu‟aux masses fraîches et sèches des plants. De
plus, nous avons observé une interaction significative entre les trois solutions et le traitement
foliaire de Ca qui influe sur le nombre de couronnes. Une autre interaction significative a été
décelée entre les deux cultivars qui ne réagissent pas de la même manière selon que du Ca ait été
appliqué ou non pour le pourcentage de matière sèche (tableau 16).
Tableau 16 : Résultats de l‟ANOVA pour le nombre de couronnes, de hampes florales et de
feuilles, les masses fraîches et sèches des plants et le pourcentage de matière sèche pour les
plants cultivés dans les grands tunnels
Nombre
de
couronnes
Nombre
de
hampes
florales
Nombre
de feuilles
Masse
fraîche (g)
Masse
sèche (g)
Matière
sèche (%)
Solution (S) * NS NS NS NS NS
Variété (V) NS * * * * *
Ca foliaire (Ca) NS * * * * NS
S x V NS NS NS NS NS NS
S x Ca * NS NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS NS NS *
S x V x Ca NS NS NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Les deux cultivars produisent des nombres de hampes florales et de feuilles significativement
différents. Seascape a plus de hampes florales que Charlotte, mais cette dernière produit plus de
feuilles que Seascape. Il n‟y a pas de différence significative entre les deux cultivars quant au
nombre de couronnes (tableau 17). Par contre, les deux cultivars produisent des masses fraîches
et sèches significativement différentes.
42
Tableau 17 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, masses fraîches et sèches, nombre
de hampes florales, de feuilles et de couronnes des fraisiers de variétés Charlotte et Seascape
cultivés sous grands tunnels
Variété
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Masse
fraîche
(g)
Masse
sèche
(g)
Nb de
hampes
florales
Nb de
feuilles
Nb de
couronnes
Charlotte 27118,0 397,3 71,4 136,5 46,5 8,6 32,0 3,9
Seascape 27281,7 399,7 76,0 94,5 35,9 12,5 23,4 3,8
Pr>F 0,8856 0,8856 0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 0,3159
Le traitement foliaire de Ca diminue le nombre de hampes florales et de feuilles ainsi que les
masses fraîches et sèches des plants. Ce traitement diminue le nombre de hampes florales de
11 % et le nombre de feuilles de 17 %. Il diminue aussi les masses fraîches et sèches des plants.
Par contre, le nombre de couronnes n‟est pas affecté par le Ca foliaire (tableau 18).
Tableau 18 : Rendements, pourcentage des fruits vendables, masses fraîches et sèches, nombre
de hampes florales, de feuilles et de couronnes, en présence et en absence du Ca foliaire, des
fraisiers cultivés sous grands tunnels
Ca
foliaire
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Masse
fraîche
(g)
Masse
sèche
(g)
Nb de
hampes
florales
Nb de
feuilles
Nb de
couronnes
Avec 22856,4 334,9 73,5 96,1 34,8 10,0 25,2 3,8
Sans 31543,2 462,2 74,0 134,8 47,7 11,2 30,2 3,9
Pr>F <0,0001 <0,0001 0,6047 <0,0001 <0,0001 0,0227 0,0005 0,3950
Une interaction significative est observée entre les deux cultivars et le traitement foliaire de
calcium par rapport au pourcentage de matière sèche. Cette interaction se traduit par une
accumulation d‟un pourcentage de matière sèche qualifié différent selon que le Ca foliaire soit
appliqué ou non. Ainsi, chez Seascape, l‟application foliaire de calcium augmente le pourcentage
de matière sèche de 4 % alors que chez Charlotte, ce pourcentage diminue de 1 %. Il faut noter
aussi que le pourcentage de matière sèche est plus élevé chez Seascape (tableau 19).
43
Tableau 19 : Calibre des fruits et pourcentage de matière sèche des fraisiers de variétés Charlotte
et Seascape en absence et en présence du calcium foliaire
Variété
Ca foliaire
Calibre des fruits
(g/fruit)
Matière sèche (%)
Charlotte Avec 10,9 33,8
Sans 10,8 34,7
Seascape Avec 11,4 40,6
Sans 12,1 36,7
Variété (V) Pr>F <0,0001 <0,0001
Ca foliaire (Ca) Pr>F 0,0520 0,1353
V x Ca Pr>F 0,0375 0,0178
La solution nutritive n‟a pas d‟effet significatif sur les variables liées à la croissance et au
développement. Pourtant, il y a une interaction significative entre les solutions nutritives et
l‟application de Ca foliaire par rapport au nombre de couronnes. Pour la solution SN+
,K+,
l‟application foliaire diminue le nombre de couronnes alors que pour les solutions SK+ et Stémoin,
l‟application foliaire l‟augmente. On observe aussi que la solution Stémoin provoque la production
d‟un nombre moindre de couronnes que les solutions SN+
,K+ et SK
+ (tableau 20). De plus, il n‟y a
aucune interaction triple entre les 3 facteurs étudiés.
Tableau 20 : Acidité des fruits et nombre de couronnes des fraisiers cultivés sous grands tunnels
en fonction des trois solutions nutritives et en absence et présence du calcium foliaire
Solution Ca foliaire Acidité
(% ac. citrique) Nb de couronnes
SN+
,K+
Avec 0,7 3,8
Sans 0,6 4,5
SK+
Avec 0,6 4,0
Sans 0,7 3,7
Stémoin Avec 0,6 3,7
Sans 0,7 3,6
Solution (S) Pr>F 0,8418 0,0243
Ca foliaire (Ca) Pr>F 0,0622 0,3950
S x Ca Pr>F 0,0137 0,0162
Contrastes
Stémoin vs SN+
,K+ et SK
+ Pr>F 0,5855 0,0231
SN+
,K+ vs SK
+ Pr>F 0,8370 0,1124
Avec vs Sans Pr>F 0,1409 0,3950
(Stémoin vs SN+
,K+ et SK
+) vs (Avec vs
Sans) Pr>F 0,4351 0,2115
(SN+
,K+ vs SK
+) vs (Avec vs Sans) Pr>F 0,0048 0,0089
44
5.2.2. Rendement
Le type de solution nutritive et l‟application de Ca foliaire ont un effet significatif sur les
rendements des plants, alors que des différences entre les deux cultivars sont observées pour le
pourcentage des fruits vendables. De plus, une interaction entre la variété et le Ca foliaire a été
décelée pour le calibre des fruits (tableau 21).
Tableau 21 : Résultats de l‟ANOVA pour les rendements, le pourcentage des fruits vendables et
le calibre des fruits des plants cultivés dans les grands tunnels
Rendement
(kg/ha)
Rendement
(g/plant)
Fruits
vendables
(%)
Calibre
(g/fruit)
Solution (S) * * NS *
Variété (V) NS NS * *
Ca foliaire (Ca) * * NS *
S x V NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS *
S x V x Ca NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Il n‟y a pas de différence significative entre les deux cultivars au niveau du rendement. Pourtant,
le pourcentage des fruits vendables est significativement plus élevé chez Seascape que chez
Charlotte (tableau 17). De son côté, le traitement foliaire de calcium diminue significativement le
rendement, mais le pourcentage de fruits vendables ne diminue pas d‟une façon significative
(tableau 18). Une interaction significative existe entre les variétés et l‟application de calcium
foliaire pour le calibre des fruits. En fait, l‟application foliaire de Ca diminue le calibre des fruits
de Seascape de 0,7 g/fruit alors qu‟elle augmente celui des fruits de Charlotte de 0,03 g/fruit. De
plus, Seascape donne des fruits plus gros que les fruits de Charlotte (tableau 19). La solution
nutritive a aussi un effet significatif sur le rendement et le calibre des fruits. La solution SN+
,K+
donne le meilleur rendement significativement différent des rendements obtenus avec les
solutions SK+ et Stémoin (Pr = 0,0032). Les fraises de plus gros calibre sont aussi obtenues avec la
solution SN+
,K+. Ce calibre diffère significativement des calibres obtenus avec la solution SK
+ et
la solution Stémoin (Pr = 0,0025) (tableau 22).
45
Tableau 22 : Rendements, calibre et fermeté des fruits des plants de fraisiers des variétés
Seascape et Charlotte cultivés dans les grands tunnels en fonction des différents régimes nutritifs
Rendement (kg/ha) Rendement (g/plant) Calibre des fruits
(g/fruit)
SN+
,K+ 30051,4 440,3 11,8
SK+ 25069,0 367,3 11,0
Stémoin 26479,1 388,0 11,2
Pr>F 0,0032 0,0032 0,0025
Contrastes
Stémoin vs SN+
,K+
et SK+ 0,3735 0,3734 0,2971
SN+
,K+
vs SK+ 0,0010 0,0010 0,0001
Pour Charlotte la solution SN+
,K+ sans application foliaire de calcium donne le meilleur
rendement avec 34765 kg/ha. En absence de calcium foliaire, la solution Stémoin donne plus de
rendement (30469 kg/ha) que la solution SK+ (28526 kg/ha). De plus, les rendements diminuent
avec l‟application foliaire de calcium; la solution SN+
,K+ avec l‟application de Ca donne le
meilleur rendement cumulatif avec 24924 kg/ha. De plus, le rendement est plus élevé avec la
solution SK+ qu‟avec la solution Stémoin, soit 22869 kg/ha pour 21152 kg/ha (figure 5).
Pour Seascape, le rendement cumulatif le plus élevé est obtenu avec la solution SN+
,K+ sans
application foliaire de calcium soit 36345 kg/ha pour 28278 kg/ha pour la solution SK+ et
30873 kg/ha pour la solution Stémoin. L‟application foliaire de calcium diminue les rendements.
Pourtant, la solution SN+
,K+ avec Ca foliaire donne aussi le meilleur rendement soit 24170 kg/ha
pour 20601 kg/ha et 23421 kg/ha pour les solutions SK+ et Stémoin respectivement (figure 6).
46
Figure 5: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha des fraisiers de la variété Charlotte cultivée
sous grands tunnels selon les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium
foliaire
47
Figure 6: Évolution du rendement cumulatif en kg/ha des fraisiers de la variété Seascape cultivée sous
grands tunnels selon les différentes solutions nutritives en présence et en absence du calcium foliaire
48
5.2.3. Analyses physico-chimiques
La fertilisation affecte significativement la fermeté des fruits (tableau 23). De son côté, la variété
a un effet significatif sur le taux de sucres, la fermeté, la jutosité et l‟acidité des fruits. De plus, le
Ca foliaire affecte significativement le taux de sucres, la fermeté et la jutosité. Il existe aussi une
interaction entre la solution et le Ca foliaire par rapport à l‟acidité des fruits (tableau 23).
Tableau 23 : Résultats de l‟ANOVA pour le taux de sucres, la fermeté, la jutosité et l‟acidité des
fruits des plants cultivés dans les grands tunnels
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Solution (S) NS * NS NS
Variété (V) * * * *
Ca foliaire (Ca) * * * NS
S x V NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS *
V x Ca NS NS NS NS
S x V x Ca NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Le taux de sucres des fruits varie significativement selon la variété et l‟application foliaire de
calcium. Charlotte produit des fruits plus sucrés que Seascape (tableau 24). De plus, l‟application
foliaire de Ca diminue le taux de sucres d‟environ 1 % Brix (tableau 25). Par contre, la solution
nutritive n‟affecte pas le contenu en sucres des fruits (tableau 26) et il n‟y a aucune interaction
entre les traitements.
Par ailleurs, la fermeté des fruits varie significativement entre Seascape et Charlotte (tableau 24).
Le Ca foliaire diminue aussi d‟une façon significative la fermeté (Pr = 0,0337) (tableau 25). De
même, la solution nutritive affecte significativement la fermeté des fruits où la différence
s‟exprime surtout entre les solutions SN+
,K+
et SK+ (tableau 26). Aucune interaction entre les
traitements n‟affecte la fermeté.
49
Tableau 24 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers des variétés
Charlotte et Seascape cultivés sous grands tunnels
Variété
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Charlotte 7,8 27,0 39,0 0,5
Seascape 7,3 33,5 46,5 0,8
Pr>F <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001
Tableau 25 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés sous
grands tunnels en présence et en absence du traitement foliaire de calcium
Ca foliaire
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
Avec 7,0 29,6 44,9 0,6
Sans 8,2 30,9 40,7 0,7
Pr>F <0,0001 0,0337 0,0002 0,0622
Tableau 26 : Teneur en sucres, fermeté, jutosité et acidité des fruits des fraisiers cultivés sous
grands tunnels en fonction des solutions nutritives
Solution
Taux de sucres
(% Brix)
Fermeté
(ID)
Jutosité
(%)
Acidité
(% ac. citrique)
SN+
,K+ 7,4 29,0 43,3 0,6
SK+ 7,6 31,0 42,6 0,6
Stémoin 7,7 30,7 42,5 0,7
Pr>F 0,1466 0,0194 0,7736 0,8418
La jutosité des fruits est aussi affectée par la variété et le Ca foliaire. Les fruits de Seascape sont
plus juteux que ceux de Charlotte (tableau 24). Contrairement au taux de sucres et à la fermeté,
l‟application foliaire de calcium augmente le pourcentage du jus dans les fruits d‟une façon
significative (tableau 25). Aucune différence entre les solutions nutritives (tableau 26), ni
interaction entre les traitements n‟a pu être décelée pour la jutosité des fruits.
L‟acidité des fruits exprimée en pourcentage d‟acide citrique varie significativement entre les
deux variétés; Seascape est beaucoup plus acide que Charlotte (tableau 24). Une interaction entre
la solution nutritive et le calcium foliaire est présente. Le calcium foliaire augmente l‟acidité des
50
fruits des plants irrigués avec la solution SN+
,K+ tandis qu‟il diminue l‟acidité de ceux issus de
plants irrigués avec la solution SK+ (tableau 20).
5.2.4. Analyses sensorielles
Les deux cultivars sont très différents quant à leur couleur dominante, leur brillance, leur note
amère, leur saveur acide et leurs caractères croquant, juteux et fibreux (tableau 27). En moyenne,
toutes ces caractéristiques sont plus marquées chez Seascape que chez Charlotte (figures 7 et 8).
L‟application de Ca foliaire diminue significativement l‟appréciation gustative globale des fruits
(tableau 27). Par ailleurs, le parfum et la saveur sucrée des fruits sont significativement affectés
par le type de solution nutritive utilisée (tableau 27).
Il faut aussi noter qu‟il existe une interaction entre la solution nutritive et les variétés par rapport
aux variables de la saveur sucrée et du caractère fondant (tableau 27); Charlotte est plus sucrée
que Seascape pour les solutions SN+
,K+ et Stémoin alors qu‟elle est moins sucrée que Seascape pour
la solution SK+. Cependant, les fruits de Seascape sont plus fondants que ceux de Charlotte pour
les solutions SK+ et Stémoin alors qu‟ils sont moins fondants que ceux de Charlotte pour la solution
SN+
,K+ (figures 7 et 8). Une autre interaction existe entre l‟effet de la solution nutritive et du Ca
foliaire pour la saveur acide (tableau 27). L‟application foliaire de Ca augmente la saveur acide
des fruits pour la solution SN+
,K+ alors qu‟elle la diminue pour les solutions SK
+ et Stémoin (figures
7 et 8).
51
Tableau 27 : Résultats d'analyse de variance des critères de l‟analyse sensorielle pour les fruits
des fraisiers cultivés sous grands tunnels
Co
ule
ur
do
min
an
te
Brilla
nce
Pa
rfum
Go
ût g
lob
al
No
te terre
No
te am
er
Sa
veu
r
sucr
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Sa
veu
r acid
e
Ca
ractère
croq
ua
nt
Ca
ractère
jute
ux
Ca
ractère
fon
da
nt
Ca
ractère
fibreu
x
Dégustateur * * * NS * * * * * * * *
Solution (S) NS NS * NS NS NS * NS NS NS NS NS
Variété (V) * * NS NS NS * NS * * * NS *
Ca foliaire
(Ca) NS NS NS * NS NS NS NS NS NS NS NS
S x V NS NS NS NS NS NS * NS NS NS * NS
S x Ca NS NS NS NS NS NS NS * NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
S x V x Ca NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS NS
* Significatif à 0,05, NS : Non significatif
Pour la variété Charlotte, la solution SN+
,K+ donne en présence du Ca foliaire les fruits les plus
parfumés (7,6), les plus goûteux (6,1) et les plus sucrés (5,8) alors qu‟elle donne, en absence du
Ca foliaire, les fruits les plus fondants (6,9) (figure 7). De plus, les fruits les plus acides (3,9) et
les plus croquants (5,2) sont obtenus avec la solution SK+.
Pour Seascape, la solution SK+ donne le meilleur goût global (6,7), les fruits les plus sucrés (5,9)
et les plus juteux (7,3) (figure 8). En présence du Ca foliaire, la solution SN+
,K+
donne les fruits
les moins goûteux (5,2), les plus amers (4,7), les plus acides (7,5) et les plus fibreux (5).
52
Figure 7: Profil sensoriel des fruits de la variété Charlotte selon les différentes solutions nutritives en présence
et en absence du calcium foliaire pour la culture sous grands tunnels
53
Figure 8: Profil sensoriel des fruits de la variété Seascape selon les différentes solutions nutritives en présence
et en absence du calcium foliaire pour la culture sous grands tunnels
54
5.2.5. Tests de conservation
Pour les tests de conservation, des différences significatives ont été observées entre les deux
variétés et suite à l‟application foliaire de calcium. Par contre, aucune différence significative
n‟est observée entre les solutions nutritives, mais il existe une interaction entre la solution
nutritive et la variété qui agit sur la brillance des fruits (tableau 28).
Tableau 28 : Résultats de l‟ANOVA pour la couleur dominante, la brillance, les pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, la fraîcheur du calice et l‟aspect général des fruits des plants
cultivés dans les grands tunnels
Cou
leur
dom
inan
te
Brilla
nce
Pou
rrissemen
t
(%)
Meu
rtrissure
(%)
Fra
îcheu
r du
calice
Asp
ect gén
éra
l
Solution (S) NS NS NS NS NS NS
Variété (V) NS * NS * * *
Ca foliaire (Ca) * * NS NS * *
S x V NS * NS NS NS NS
S x Ca NS NS NS NS NS NS
V x Ca NS NS NS NS NS NS
S x V x Ca NS NS NS NS NS NS * Significatif à 0,05, NS : Non significatif
La couleur dominante ne varie pas significativement entre les deux variétés (tableau 29). Elle
varie surtout lorsque le traitement foliaire de calcium est appliqué où l‟AUPHSC (Area under the
post-harvest storability curve) diminue de 7 % (tableau 30). En ce qui concerne la brillance,
l‟AUPHSC est plus élevé pour Charlotte que pour Seascape. De plus, il diminue de 4 % lorsque
le Ca foliaire est appliqué. Bien que le pourcentage du pourrissement ne soit pas affecté par les
cultivars, ni par l‟application de calcium foliaire, le pourcentage de meurtrissure est 8 % plus
élevé chez Seascape que chez Charlotte. Quant à la fraîcheur du calice, elle est plus élevée chez
Charlotte que chez Seascape. De plus, elle diminue de 4 % lorsque le Ca foliaire est appliqué.
Enfin, l‟AUPHSC de l‟aspect général des fruits de Charlotte est plus élevé que celui des fruits de
Seascape et le Ca foliaire le diminue d‟environ 5 %.
55
Tableau 29 : AUPHSC de la couleur dominante, de la brillance, des pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, de la fraîcheur du calice et de l‟aspect général des fruits de
Charlotte et Seascape cultivés sous grands tunnels
Variété
Couleur
dominante
Brillance
Pourrissement
(%)
Meurtrissure
(%)
Fraîcheur
du calice
Aspect
général
Charlotte 56,9 58,5 3,1 39,7 66,8 55,9
Seascape 55,2 53,6 4,3 47,4 59,0 50,6
Pr>F 0,3297 0,0030 0,1431 0,0167 0,0002 0,0158
Tableau 30 : AUPHSC de la couleur dominante, de la brillance, des pourcentages de
pourrissement et de meurtrissure, de la fraîcheur du calice et de l‟aspect général des fruits des
plants cultivés sous grands tunnels en présence et absence du Ca foliaire
Ca foliaire
Couleur
dominante
Brillance
Pourrissement
(%)
Meurtrissure
(%)
Fraîcheur
du calice
Aspect
général
Avec 52,6 54,1 4,0 44,7 60,8 51,0
Sans 59,5 58,0 3,4 42,4 65,0 55,6
Pr>F 0,0011 0,0134 0,4887 0,4094 0,0146 0,0331
56
VI. DISCUSSION
6.1. Cultivars
De manière générale, les deux variétés étudiées ont des potentiels de production très semblables.
Le rendement de Seascape est respectivement 6,5 et 1 % plus élevé que celui de Charlotte en
serre et en grands tunnels. Par contre, le pourcentage de fruits vendables est plus élevé chez
Seascape et les fruits sont de plus gros calibre. En fait, Seascape donne 13 et 5 % plus de fruits
vendables que Charlotte dans la serre et dans les grands tunnels respectivement. Les fruits de
Seascape sont aussi 1,2 fois plus gros que ceux de Charlotte dans la serre. Ainsi, bien que les
rendements soient presque semblables pour les deux variétés, Seascape produit plus de fruits
vendables.
Charlotte et Seascape produisent à peu près le même nombre de couronnes tant en serres qu‟en
grands tunnels. Le potentiel de formation des couronnes est semblable pour les deux variétés. Par
contre, dans les grands tunnels, Seascape forme plus de hampes florales alors que Charlotte
produit plus de feuilles. Les deux cultivars répartissent leurs photosynthétats de manière
différente; l‟une utilisant son énergie pour former principalement des fleurs et des fruits et l‟autre
pour former des feuilles. De plus, les feuilles de Charlotte sont plus grandes que celles de
Seascape (ACIA, 2011).
La différence entre la teneur en sucres des fruits des deux variétés n‟est pas trop marquée pour
les plants cultivés en serre. Par contre, les fruits de Charlotte se montrent plus sucrés que ceux de
Seascape dans les grands tunnels avec une différence de 0,49 % Brix. De plus, les fruits de
Seascape sont beaucoup plus acides que ceux de Charlotte. Cette différence est de 17 % dans la
serre et 34 % dans les grands tunnels. De même, les fruits de Seascape sont 9 % plus juteux que
ceux de Charlotte dans la serre et 7,5 % plus juteux dans les grands tunnels.
Les analyses sensorielles montrent que les deux variétés ne répondent pas de la même façon aux
diverses solutions nutritives. Pour la première expérience (serre), l‟effet de la fertilisation sur les
caractéristiques sensorielles étudiées n‟est pas significatif. Mais la variété Charlotte répond
mieux à la solution SK+ (5 meq/L N, 5 meq/L K) puisqu‟elle produit des fruits plus colorés dont
57
le goût global est le plus apprécié, alors que la solution SN-,K
+ (3 meq/L N et 5 meq/L K) donne
les fruits les plus sucrés et les plus juteux. Quant à Seascape, la solution SN-,K
+ (3 meq/L N et
5 meq/L K) donne les fruits les plus sucrés et de goût global plus apprécié alors que la solution
SK+ (5 meq/L de N et 5 meq/L de K) donne les fruits les plus acides. Ceci montre que
l‟augmentation de la concentration du potassium dans la solution nutritive peut améliorer la
qualité des fruits qui seront plus colorés et goûteux chez Charlotte et plus acides chez Seascape.
Mais lorsque cette concentration élevée de K est accompagnée d‟une diminution de la
concentration de N, les fruits deviennent plus sucrés pour les deux variétés, plus juteux pour
Charlotte et de goût global plus apprécié chez Seascape. Donc l‟appréciation gustative globale
est obtenue chez Charlotte lorsque la solution nutritive est riche en K et en N, ce qui se traduit
par une diminution du caractère sucré des fruits. Alors que pour Seascape, le meilleur goût
global est obtenu lorsque la concentration de K dans la solution est élevée, mais la concentration
de N est faible puisque les fruits seront moins acides et plus sucrés.
Dans les grands tunnels, l‟interaction entre la solution nutritive et la variété montre aussi que les
deux variétés ne répondent pas de la même façon à la composition de la solution nutritive. Les
fruits de Charlotte sont moins sucrés que ceux de Seascape lorsque la concentration de K est
élevée (solution SK+) alors que cette première variété se montre plus sucrée lorsque la
concentration de nitrate est élevée (SN+
,K+) et lorsque la concentration de K est faible (Stémoin). De
plus, les fruits de Seascape sont plus fondants que ceux de Charlotte lorsque le taux de K est
élevé (SK+) même si le taux de N est aussi élevé (Stémoin) alors qu‟ils sont moins fondants que
ceux de Charlotte lorsque la concentration de K est faible.
D‟une part, le meilleur goût global pour Charlotte est obtenu pour la solution SN+
,K+ en présence
du Ca foliaire, les fruits étant les plus sucrés. L‟action combinée des taux élevés de nitrate, de
potassium et de calcium rend le goût des fruits de Charlotte plus appréciable.
D‟autre part, les fruits de Seascape dont le goût est le plus apprécié sont obtenus lorsque les
plants sont irrigués avec la solution SK+ contenant une haute concentration de K sans que la
concentration de N soit trop élevée ou que le Ca foliaire soit appliqué. Cette solution donne en
plus du meilleur goût, les fruits les plus sucrés et les plus juteux. Ces résultats confirment que le
58
potassium a une action positive sur la qualité organoleptique des fruits (Davies et Winsor, 1967;
Mengel, 1979).
Les tests de conservation montrent que les fruits de Charlotte se conservent plus longtemps que
ceux de Seascape. Les AUPHSC pour la brillance, la fraîcheur du calice et l‟aspect général du
fruit sont plus élevés pour Charlotte que pour Seascape alors que celui du pourcentage de
meurtrissure est plus élevé chez Seascape. Au fur et à mesure que la durée de conservation des
fruits augmente la brillance, la fraîcheur du calice et l‟aspect général des fruits de Charlotte
restent plus élevés que ceux des fruits de Seascape. De plus les fruits de Charlotte se meurtrissent
plus lentement que ceux de Seascape puisque l‟AUPHSC est plus élevé chez Seascape.
6.2. Traitement foliaire de Ca
L‟application foliaire de Ca diminue le rendement. Cette diminution est de 18,5 % dans la serre
et de 27,5 % dans les grands tunnels. De plus, le calibre des fruits diminue de 0,68 g/fruit dans la
serre lorsque le traitement foliaire est appliqué. En fait, le calcium foliaire diminue le rendement
en affectant le nombre de hampes florales produites. L‟application foliaire de calcium a créé un
désordre pour les plants ayant subi le traitement. Les résultats obtenus dans les grands tunnels
montrent que le Ca foliaire diminue aussi le nombre de hampes florales et de feuilles. En fait, des
symptômes de toxicité sont apparus, les marges des feuilles ont été brûlées et les plants ont perdu
leurs feuilles progressivement avec le temps. Les masses fraîches et sèches des plants dépendent
principalement du nombre de feuilles. Ceci explique le fait qu‟en présence du Ca foliaire, les
deux variétés Seascape et Charlotte ont des masses fraîches et sèches plus faibles que les plants
non pulvérisés avec le CaCl2 dans la serre et dans les tunnels.
Le Ca foliaire fait augmenter le pourcentage de matière sèche des plants cultivés dans la serre.
En absence du Ca foliaire, les plants de Seascape avaient une masse fraîche plus élevé mais une
masse sèche plus faible que ceux de Charlotte. Ceci se traduit par un pourcentage de matière
sèche plus élevé chez Charlotte. On peut conclure que la majorité de la masse fraîche de
Seascape est formé d‟eau alors que Charlotte a plus de composés solides non volatils. Ceci est
corroboré par la plus grande jutosité de la première variété comparativement à la seconde.
59
Dans les grands tunnels, le Ca foliaire augmente le pourcentage de matière sèche chez Seascape
et le diminue chez Charlotte. En fait, les plants de Charlotte ont des masses fraîches et sèches
plus élevées que ceux de Seascape mais le pourcentage de matière sèche est plus élevé chez
Seascape. Charlotte a des masses fraîches et sèches plus élevées puisqu‟elle a plus de feuilles que
Seascape.
Dans les grands tunnels, l‟interaction entre les cultivars et l‟application de Ca foliaire se traduit
par une faible augmentation du calibre des fruits de Charlotte de 0,03 g/fruit et une diminution de
celui des fruits de Seascape de 0,73 g/fruit bien que les rendements des deux variétés soient
semblables. Le calibre des fruits dépend de la quantité de photoassimilats produits par les plantes
via la photosynthèse et leur stockage dans les fruits. L‟application foliaire de Ca réduit la
quantité de photoassimilats produite pour les deux variétés à cause des symptômes de toxicité
apparus sur les feuilles. Mais, puisque Charlotte a plus de feuilles que Seascape, la quantité de
photoassimilats produite reste plus grande. Nous croyons que c‟est la raison pour laquelle le
calibre des fruits de Charlotte n‟est pas affecté par le Ca foliaire alors que celui des fruits de
Seascape est beaucoup plus affecté.
L‟application foliaire de calcium diminue la teneur en sucres des fruits des plants cultivés en
serre et dans les grands tunnels de 0,71 et 1,13 % Brix respectivement. Ceci confirme ce que
Dunn et Able (2006) ont montré, c‟est-à-dire que les fruits des plants ayant reçu des faibles
concentrations de Ca sont plus sucrés. De plus, le traitement foliaire du Ca diminue légèrement
l‟acidité des fruits des plants cultivés en serre. Néanmoins, dans les grands tunnels, l‟application
de calcium foliaire cause une augmentation de l‟acidité des fruits des plants irrigués avec la
solution SN+
,K+
(8,5 meq/L N, 6 meq/L K, 6 meq/L Ca) tandis qu‟elle entraîne une diminution de
l‟acidité des fruits des plants irrigués avec la solution SK+ (5 meq/L N, 5 meq/L K, 3 meq/L Ca).
Lorsque la concentration de nitrate est élevée dans la solution nutritive, l‟application foliaire de
Ca augmente l‟acidité des fruits alors que celle-ci diminue lorsque la concentration du nitrate
n‟est pas trop élevée. Selon Raynal-Lacroix et Carmentran (2001), Guérineau (2003), Nestby et
al. (2004) et Dunn et Able (2006), l‟excès de Ca diminue l‟acidité des fruits. Mais avec la
solution SN+
,K+, le Ca foliaire a augmenté l‟acidité des fruits puisque l‟excès de Ca est
accompagné d‟une haute concentration d‟azote. Ce dernier augmente l‟acidité des fruits (Dorais
et al., 2001; Guérineau, 2003).
60
Dans la serre, lorsque les plants sont irrigués avec la solution SK+ (5 meq/L N et 5 meq/L K),
l‟application foliaire de Ca augmente la jutosité des fruits des deux variétés alors que lorsque la
solution SN-,K
+ (3 meq/L N et 5 meq/L K) est utilisée, le Ca foliaire augmente la jutosité des
fruits de Charlotte et diminue celle des fruits de Seascape. Par contre, avec la solution Stémoin
(5 meq/L N et 2,8 meq/L K), la jutosité des fruits de Seascape est augmentée lors de l‟application
foliaire du Ca alors que celle des fruits de Charlotte est diminuée. L‟application foliaire de Ca a
augmenté la jutosité des fruits lorsque le rapport K/N est de 1. Par contre, la réponse des deux
variétés au Ca foliaire varie lorsque les rapports K/N sont de 1,6 et 0,5.
Les résultats des analyses sensorielles montrent que le Ca foliaire diminue l‟appréciation
gustative globale des fruits des plants cultivés tant en serre que dans les grands tunnels. De plus,
il augmente la note terre et diminue la couleur dominante, la brillance et la saveur sucrée des
fruits des plants cultivés en serre. Ceci confirme que l‟excès de calcium dans les fruits affecte
négativement leur qualité organoleptique (Dorais et al., 2001).
En absence du Ca foliaire, les AUPHSC de la couleur dominante, la brillance, la fraîcheur du
calice et l‟aspect général des fruits sont plus élevés. Donc, l‟application foliaire du calcium agit
négativement sur les fruits en diminuant leur durée de conservation. Ces résultats confirment
qu‟un excès de calcium dans les fruits affecte négativement leur durée de conservation (Dorais et
al., 2001) et joue un rôle dans la perte de la qualité visuelle des fruits après récolte (Raynal-
Lacroix et Carmentran, 2001; Nestby et al., 2004).
6.3. Fertilisation
Dans l‟expérience en serre, le régime nutritif n‟a eu aucun effet sur le développement et la
croissance des plants. Cependant, l‟interaction entre la solution nutritive et le Ca foliaire dans les
grands tunnels montre que l‟application foliaire de Ca affecte négativement le nombre de
couronnes lorsque les taux de nitrate et de calcium sont élevés (SN+
,K+: 8,5 meq/L de N et
6 meq/L de Ca). Par contre, lorsque ces taux sont plus faibles (SK+ et Stémoin : 5 meq/L de N et
3 meq/L de Ca), l‟application foliaire du calcium augmente le nombre de couronnes. Ces
résultats montrent que le calcium joue un rôle dans l‟augmentation du nombre de couronnes
surtout lorsque cet élément n‟est pas apporté en quantité suffisante par la solution nutritive. Mais
61
lorsque la solution contient suffisamment de nitrate et de calcium, tout apport supplémentaire de
Ca semble être néfaste pour le développement.
Bien que les effets du régime nutritif sur le rendement, le pourcentage de fruits vendables et le
calibre des fruits dans la serre n‟aient pas été significatifs, l‟augmentation de la concentration de
K semble avoir eu un impact positif. En effet, la solution SK+ contenant 5 meq/L de N et 5 meq/L
de K donne le rendement le plus élevé, le plus grand nombre de fruits vendables et le plus de
fruits ayant un calibre élevé.
De plus, la solution SN-,K
+ (3 meq/L de N et 5 meq/L de K) donne les plus faibles rendements,
pourcentage de fruits vendables et calibre. L‟augmentation de la concentration de potassium
aurait un effet positif sur le rendement et le calibre à condition que la concentration de nitrate
soit aussi élevée.
Dans les grands tunnels, l‟effet du régime nutritif sur le rendement et le calibre des fruits est plus
clair. La solution SN+
,K+ contenant le plus de nitrate (8,5 meq/L) et de potassium (6 meq/L) donne
le plus de rendement avec une augmentation de 16,5 % par rapport à la solution SK+ (5 meq/L N,
5 meq/L K) et de 12 % à la solution Stémoin (5 meq/L N, 2,8 meq/L K). Il en est de même pour le
calibre où les fruits les plus gros sont obtenus avec la solution SN+
,K+. Ces fruits sont 0,79 g plus
lourd que les fruits obtenus avec la solution SK+ et 0,59 g plus lourd que la solution Stémoin.
Lorsqu‟on augmente la concentration de K uniquement dans la solution nutritive (SK+ par rapport
à Stémoin), le rendement et le calibre des fruits n‟augmentent pas. Par contre, lorsqu‟on augmente
les concentrations de potassium et de nitrate simultanément (SN+
,K+), on obtient le rendement le
plus élevé et les fruits de plus gros calibre.
Nos résultats prouvent que la plante a besoin du nitrate durant la période végétative ainsi que
durant la période de floraison-fructification et que les fraisiers réagissent positivement à la
fertilisation azotée durant cette période (Chow et al., 1992). En fait, le nitrate agit en synergie
avec le potassium parce que le potassium joue un rôle dans la translocation du nitrate
(Marschner, 1986). D‟après Lieten (2006), un faible taux de K+ cause une perte de la vigueur de
la plante et une baisse du rendement. De même, un déséquilibre de K dans la solution nutritive
62
réduit la croissance de la plante et agit négativement sur les fruits en diminuant leur calibre
(Guérineau, 2003).
Lorsque la concentration en N était faible (SN-,K
+ dans la serre), le potentiel de production était
limité tel que montré par Voth et al. (1967) et Way et White (1968). Une très faible
concentration de N retarde le développement foliaire et par conséquent la quantité des
photoassimilats fournis aux fruits ce qui réduit le calibre et le rendement des fruits (Dorais et al.,
2001). Nos résultats coïncident avec ceux de Schoemaker et Greve (1930), Burgess (1997) et
Neuweiler (1997) qui ont montré que le calibre des fruits augmente avec l‟augmentation de la
concentration de nitrate. Pourtant, des résultats contraires ont été obtenus par Yoshida et al.
(1991), Kopanski et Kopanski (1994) et Gariglio et al. (2000) qui ont trouvé que l‟apport d‟azote
réduit ou n‟influence pas le calibre des fruits ou par Nestby (1998) qui a montré que la
fertilisation azotée augmente le nombre de petits fruits.
Bien que la fertilisation n‟ait pas un effet significatif sur la teneur en sucres des fruits, la solution
SK+ riche en K donne les fruits les plus sucrés en serre et la solution SN
+,K
+ la plus riche en N
donne les fruits les moins sucrés dans les grands tunnels. On remarque alors que lorsque la
concentration de potassium dans la solution nutritive augmente, le taux de sucres des fruits aura
une tendance à augmenter. Par contre, une augmentation simultanée de la concentration de
potassium et de nitrate peut diminuer le taux de sucres dans les fruits. Ces résultats confirment
qu‟une concentration élevée d‟azote réduit le contenu en sucres solubles des fruits (Dorais et al.,
2001; Guérineau, 2003; Els et al., 2008) et que le taux de sucres tend à augmenter avec le niveau
de fertilisation potassique.
De plus, les divers régimes nutritifs ont un effet significativement différent sur la fermeté des
fruits. La solution SK+ (5 meq/L N, 5 meq/L K) donne les fruits les plus fermes dans les deux
expériences. Il faut indiquer que dans la serre, l‟application foliaire de Ca augmente la fermeté
des fruits des plants de la variété Charlotte irrigués avec les solutions SN-,K
+ et Stémoin alors qu‟elle
la diminue pour les plants irrigués avec la solution SK+; Chez la variété Seascape, le Ca foliaire
diminue la fermeté pour les trois solutions nutritives. Ceci montre que l‟application foliaire de
Ca diminue la fermeté des fruits lorsque la concentration de K dans la solution nutritive est
élevée. Par contre, lorsque la concentration de K est faible (solution Stémoin) ou que la
63
concentration de nitrate est faible (solution SN-,K
+), le calcium foliaire peut augmenter la fermeté
de certaines variétés comme Charlotte. Un apport adéquat de Ca dans les fruits est essentiel pour
maintenir leur fermeté (Dorais et al., 2001), mais une concentration élevée de Ca dans les tissus
des fruits donne aux fruits une texture fondante (Esmel et al., 2006).
Dans les grands tunnels, la solution SN+
,K+ (8,5 meq/L N, 5 meq/L K) donne les fruits les moins
fermes, car la concentration élevée d‟azote diminue la fermeté des fruits (Schoemaker et Greve,
1930; Overholser et Claypool, 1931; Miner et al., 1997; Neuweiler, 1997; Guérineau, 2003; Els
et al., 2008). Cette étude montre que l‟augmentation de la fertilisation potassique augmente la
fermeté des fruits alors que l‟augmentation de la fertilisation azotée la diminue. Il faut noter que
l‟effet du potassium sur la fermeté n‟est pas clair dans la littérature où certains auteurs rapportent
que la carence en K crée une baisse de la fermeté (Guérineau, 2003), d‟autres que la fermeté des
fruits diminue avec l‟augmentation de la concentration de K (Locascio et Saxena, 1967), et
d‟autres encore que l‟application de K n‟a aucun effet sur la fermeté (Haynes et Goh, 1987;
Miner et al., 1997; Nestby et al., 2004).
De plus, l‟augmentation de la concentration de K dans la solution ne semble pas avoir un effet
sur l‟acidité des fruits. Ceci coïncide avec les résultats de Haynes et Goh (1987), Miner et al.
(1997) et Nestby et al. (2004) qui ont montré que l‟application de K n‟a aucun effet sur la
concentration des acides totaux des fruits.
Enfin, les analyses sensorielles montrent que, pour la deuxième expérience (grands tunnels), la
fertilisation agit significativement sur le parfum et la saveur sucrée des fruits. Les fruits les plus
parfumés sont obtenus avec la solution SN+
,K+
(8,5 meq/L N et 6 meq/L K) la plus riche en
nitrate.
L‟interaction entre la solution nutritive et le Ca foliaire se traduit par une augmentation de
l‟acidité des fruits lorsque le calcium foliaire est associé à des taux élevés de Ca, de K et de N
dans les solutions nutritives. Et par une diminution de l‟acidité des fruits lorsque les taux de
nitrate, de calcium et de potassium sont plus faibles.
64
VII- CONCLUSION
Les résultats montrent qu‟en optimisant la fertilisation des fraisiers, on peut obtenir des
rendements élevés et des fruits de bonne qualité et de goût appréciable par le consommateur.
L‟augmentation de la fertilisation azotée durant la période de floraison-fructification (ratio K/N
de 0,7) augmente le nombre de couronnes, le rendement ainsi que le calibre des fruits. Par contre,
le potassium ne semble pas avoir un effet sur la croissance ni sur le rendement. Les analyses
physico-chimiques montrent que l‟augmentation de la concentration de potassium (ratio K/N de
1) dans la solution nutritive augmente la fermeté, mais pas l‟acidité des fruits. Par contre, une
augmentation du taux de nitrate (ratio K/N de 0,7) diminue le taux de sucres et la fermeté des
fruits. De plus, l‟augmentation simultanée de la fertilisation potassique et azotée améliore le goût
des fruits de Seascape et de Charlotte. D‟une part, le taux élevé de potassium (ratio K/N de 1)
diminue l‟acidité et augmente la sucrosité des fruits de Seascape; d‟autre part, les taux élevés de
potassium et de nitrate (ratio K/N de 0,7) diminuent la teneur en sucres des fruits de Charlotte.
Le régime nutritif n‟a pas d‟effet sur la durée de conservation des fruits.
Les deux variétés ne répondent pas de la même façon au régime nutritif; le goût des fruits
Charlotte sera plus apprécié par le panel d‟experts lorsque l‟augmentation du taux de potassium
est accompagnée d‟une augmentation du taux de nitrate (ratio K/N de 0,7). Par contre, les fruits
de Seascape sont plus appréciés lorsque les concentrations en K et en N sont presque semblables
(ratio K/N de 1). En fait, le goût des fruits de Charlotte s‟améliore lorsque les fruits deviennent
moins sucrés suite à l‟augmentation de la concentration de K (ratio K/N de 1) ou l‟augmentation
de la concentration de N (ratio K/N de 0,7). Par contre, les fruits de Seascape sont plus appréciés
lorsqu‟ils sont plus acides et moins sucrés suite à une augmentation de la concentration de K
(ratio K/N de 1) ou une diminution de la concentration de N (ratio K/N de 1,6).
Bien que les deux variétés aient produit le même nombre de couronnes, Charlotte produit plus de
feuilles et Seascape plus de hampes florales. De plus, les deux variétés ont des rendements
semblables, bien que Seacape ait un pourcentage des fruits vendables et un calibre plus élevés.
La fermeté varie selon les traitements. L‟application foliaire de Ca peut augmenter ou diminuer
la fermeté des fruits de Charlotte selon la solution nutritive utilisée, alors qu‟elle diminue la
65
fermeté des fruits de Seascape quel que soit le régime de fertilisation. De plus, les fruits de
Charlotte se conservent plus longtemps que les fruits de Seascape.
L‟application foliaire de calcium, à la concentration et la fréquence utilisées, diminue le nombre
de hampes florales et de feuilles ainsi que les masses fraîches et sèches des plants bien qu‟elle
puisse augmenter le pourcentage de matière sèche. De plus, le Ca foliaire diminue le rendement,
mais n‟a pas d‟effet sur le pourcentage des fruits vendables. Les analyses physico-chimiques ont
montré que le traitement foliaire de Ca diminue le taux de sucres des fruits et leur fermeté, mais
augmente leur jutosité. L‟effet du Ca foliaire sur l‟acidité des fruits dépend de la variété et de la
fertilisation. Les analyses sensorielles montrent que le Ca foliaire diminue le goût global et la
teneur en sucres des fruits. De plus, le Ca foliaire diminue la durée de conservation des fruits.
Enfin, d‟autres expériences devront être réalisées afin de trouver d‟autres sources de calcium et
d‟essayer d‟autres doses qui pourraient augmenter la durée de conservation des fruits. Il faut
signaler aussi que le goût des fruits ne dépend pas seulement du régime nutritif. Plusieurs
facteurs tels que l‟ensoleillement, les températures journalières, l‟irrigation peuvent être étudiés
dans le but d‟améliorer le goût des fruits.
66
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72
ANNEXE 1
Optimisation de la fertilisation des fraisiers remontants
cultivés hors sol
Analyse sensorielle
Nom : _________________________
Date : _________________________
Échantillon 1 Échantillon 2
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Aspect Couleur
dominante A
Brillance B
Odeur Parfum C
Flaveur
Goût global D Note « terre » E Note « amer » F Saveur sucrée G Saveur acide H
Textur
e
Caractère
croquant I
Caractère juteux J Caractère fondant K Caractère fibreux L
Échantillon 3 Échantillon 4
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Aspect Couleur
dominante A
Brillance B
Odeur Parfum C
Flaveur
Goût global D Note « terre » E Note « amer » F Saveur sucrée G Saveur acide H
Textur
e
Caractère
croquant I
Caractère juteux J
73
Veuillez attribuer une note de 1 à 10 (de absence à très prononcé) à chacune des
caractéristiques sensorielles suivantes :
A- Intensité de la couleur
B- Intensité de « brillant » de la couleur
C- Intensité au nez
D- Intensité du goût global
E- Goût de terre, aigre
F- Saveur amère (caféine)
G- Intensité de la saveur sucrée
H- Intensité de la saveur acide
I- Résistance qu‟elle oppose au moment où on
enfonce les incisives et bruit provoqué
J- Quantité de jus expulsé quand la fraise est
croquée
K- Fond entre la langue et le palais sans action des
dents
L- Riche en fibres pouvant« rester dans les dents»
Caractère fondant K Caractère fibreux L
Échantillon 5 Échantillon 6
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Aspect
Couleur
dominante A
Brillance B
Odeur Parfum C
Flaveur
Goût global D
Note « terre » E
Note « amer » F
Saveur sucrée G
Saveur acide H
Texture
Caractère
croquant I
Caractère juteux J
Caractère fondant K
Caractère fibreux L
Vos commentaires
_________________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________
_________________________________________________________________________________________
Merci pour votre participation
74
ANNEXE 2
Croissance et développement
Serre Grands tunnels
Solution
Variété
Ca
foliaire
Nom
bre d
e
cou
ron
nes
Masse
fraîch
e (g
)
Masse sèch
e
(g)
% m
atière
sèch
e
Nom
bre d
e
cou
ron
nes
Nom
bre d
e
ham
pes
flora
les
Nom
bre d
e
feuilles
Masse
fraîch
e (g
)
Masse sèch
e
(g)
% m
atière
sèch
e
S1
Charlotte Avec 3,75 66,14 19,67 29,79 3,88 9,00 31,06 119,45 39,11 33,01
Sans 4,75 118,87 32,15 27,07 4,38 9,94 36,00 172,40 56,86 33,23
Seascape Avec 4,69 95,98 26,43 27,64 3,69 11,06 19,38 71,14 27,15 38,17
Sans 4,75 110,71 28,41 25,65 4,56 13,94 30,06 124,08 45,04 36,80
S2
Charlotte Avec 4,19 74,87 22,37 30,39 4,13 6,69 30,38 116,33 41,21 35,49
Sans 4,94 115,35 31,44 27,14 4,00 9,69 36,88 164,86 57,49 35,20
Seascape Avec 4,19 98,16 27,50 28,21 3,81 11,56 21,31 78,02 31,88 41,60
Sans 5,13 122,28 31,87 25,99 3,50 11,94 23,81 103,98 37,00 35,45
S3
Charlotte Avec 4,44 72,50 21,72 29,87 3,94 8,56 28,94 114,37 37,44 32,87
Sans 4,69 124,89 33,29 26,64 3,38 7,88 28,50 131,42 47,02 35,70
Seascape Avec 4,31 94,26 27,07 28,76 3,50 13,06 20,00 77,48 31,82 42,01
Sans 5,63 131,14 35,16 26,81 3,81 13,63 25,81 112,26 42,65 38,00
Solution (S) Pr>F 0,4921 0,3972 0,2454 0,5345 0,0243 0,2196 0,1187 0,2796 0,5695 0,2418
Variété (V) Pr>F 0,1006 0,0071 0,0461 0,0013 0,3159 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001
Ca foliaire (Ca) Pr>F 0,0007 <0,0001 <0,0001 <0,0001 0,3950 0,0227 0,0005 <0,0001 <0,0001 0,1353
S x V Pr>F 0,6948 0,9269 0,7957 0,2964 0,3657 0,2117 0,2674 0,3238 0,1250 0,5590
S x Ca Pr>F 0,7807 0,5015 0,5682 0,9178 0,0162 0,2171 0,2765 0,2449 0,2255 0,4381
V x Ca Pr>F 0,7870 0,0172 0,0198 0,1820 0,1921 0,8502 0,3117 0,9013 0,4150 0,0178
S x V x Ca Pr>F 0,1169 0,5393 0,4911 0,9573 0,2778 0,1411 0,2070 0,4522 0,3747 0,4989
75
Rendement
Serre Grands tunnels
Solution
Variété
Ca foliaire
Ren
dem
ent
(kg/h
a)
Ren
dem
ent
(g/p
lan
t)
% fru
its
ven
dab
les
Calib
re
(g/fru
it)
Ren
dem
ent
(kg/h
a)
Ren
dem
ent
(g/p
lan
t)
% fru
its
ven
dab
les
Calib
re
(g/fru
it)
S1
Charlotte Avec 5550,99 246,71 50,62 6,92 24924,31 365,19 71,79 11,02
Sans 7613,89 338,40 58,04 8,01 34765,54 509,39 69,67 11,23
Seascape Avec 6785,05 301,56 69,11 9,30 24170,02 354,14 75,84 11,93
Sans 7882,71 350,35 69,42 9,81 36345,87 532,54 80,47 12,99
S2
Charlotte Avec 7065,63 314,03 58,26 8,04 22869,38 335,09 73,05 10,79
Sans 8372,94 372,13 61,40 8,88 28526,60 417,97 72,00 10,80
Seascape Avec 7664,66 340,65 72,95 9,70 20601,53 301,86 74,16 11,03
Sans 7963,39 353,93 70,01 10,30 28278,53 414,34 73,95 11,39
S3
Charlotte Avec 5709,33 253,75 53,83 7,71 21152,30 309,92 71,37 10,87
Sans 8132,78 361,46 61,60 9,03 30469,66 446,44 70,83 10,57
Seascape Avec 6668,44 296,38 70,71 9,39 23421,07 343,17 74,60 11,29
Sans 8435,22 374,90 69,18 9,09 30873,28 452,36 77,21 12,07
Solution (S) Pr>F 0,0691 0,0691 0,3488 0,1178 0,0032 0,0032 0,6426 0,0025
Variété (V) Pr>F 0,0863 0,0863 <0,0001 <0,0001 0,8856 0,8856 0,0001 <0,0001
Ca foliaire (Ca) Pr>F <0,0001 <0,0001 0,2767 0,0196 <0,0001 <0,0001 0,6047 0,0520
S x V Pr>F 0,5963 0,5963 0,8000 0,2134 0,6405 0,6405 0,0898 0,1177
S x Ca Pr>F 0,1781 0,1781 0,7501 0,9097 0,3002 0,3002 0,7320 0,5267
V x Ca Pr>F 0,1249 0,1249 0,0887 0,1475 0,7158 0,7158 0,0997 0,0375
S x V x Ca Pr>F 0,9612 0,9612 0,9520 0,5721 0,7023 0,7023 0,5233 0,6904
76
Analyses physico-chimiques
Serre Grands tunnels
Solution
Variété
Ca
foliaire
Tau
x d
e
sucr
es (%
Brix
)
Ferm
eté
(ID)
Ju
tosité
(%)
Acid
ité
(% a
c,
Citriq
ue)
Tau
x d
e
sucr
es (%
Brix
)
Ferm
eté
(ID)
Ju
tosité
(%)
Acid
ité
(% a
c.
Citriq
ue)
S1
Charlotte Avec 7,48 27,41 43,15 0,61 7,21 24,46 42,26 0,51
Sans 8,12 26,64 41,29 0,74 8,08 27,57 36,91 0,48
Seascape Avec 7,10 20,65 47,17 0,79 6,66 30,57 48,52 0,85
Sans 7,84 26,02 47,32 0,83 7,84 33,46 45,52 0,82
S2
Charlotte Avec 7,26 26,00 42,41 0,59 7,24 27,14 43,29 0,47
Sans 8,02 33,80 35,81 0,63 8,47 27,54 37,24 0,53
Seascape Avec 7,12 24,92 52,57 0,74 6,62 35,18 46,66 0,79
Sans 8,22 27,76 50,05 0,88 8,21 34,36 43,12 0,85
S3
Charlotte Avec 7,02 29,80 40,01 0,58 7,64 28,12 38,77 0,47
Sans 7,26 27,62 40,19 0,60 8,43 26,96 35,84 0,50
Seascape Avec 7,44 21,04 50,84 0,79 6,80 32,06 49,89 0,83
Sans 8,24 22,39 48,59 0,79 7,96 35,50 45,39 0,88
Solution (S) Pr>F 0,8902 <0,0001 0,4023 0,4653 0,1466 0,0194 0,7736 0,8418
Variété (V) Pr>F 0,6641 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001 <0,0001
Ca foliaire (Ca) Pr>F 0,0252 <0,0001 <0,0001 0,0837 <0,0001 0,0337 0,0002 0,0622
S x V Pr>F 0,3846 0,0001 <0,0001 0,6783 0,5796 0,5779 0,0910 0,2641
S x Ca Pr>F 0,8589 <0,0001 <0,0001 0,5765 0,2047 0,0993 0,9109 0,0137
V x Ca Pr>F 0,5876 0,0217 0,0420 0,9618 0,1165 0,3801 0,5948 0,8141
S x V x Ca Pr>F 0,9535 <0,0001 0,0002 0,5318 0,9933 0,1148 0,6595 0,9012
77
Durée de conservation
Solution
Variété
Ca foliaire
Couleur
dominante
Brillance
Pourcentage de
pourrissement
Pourcentage de
meurtrissure
Fraîcheur
du calice
Aspect
général
S1
Charlotte Avec 57,00 61,58 1,75 36,42 66,59 55,75
Sans 59,42 62,67 2,34 37,50 67,34 58,92
Seascape Avec 49,50 48,25 4,00 48,34 53,59 46,25
Sans 56,25 54,75 3,92 50,17 58,84 49,84
S2
Charlotte Avec 55,17 57,92 2,75 41,17 67,59 55,67
Sans 56,09 55,09 3,50 40,17 67,83 55,92
Seascape Avec 50,42 50,17 4,09 53,92 56,00 47,09
Sans 62,59 59,67 3,00 42,84 64,50 55,92
S3
Charlotte Avec 50,42 53,67 5,08 42,92 63,34 52,25
Sans 63,17 60,34 3,25 40,33 68,17 57,17
Seascape Avec 53,17 53,09 6,33 45,59 57,75 48,84
Sans 59,67 55,42 4,67 43,42 63,25 55,59
Solution (S) Pr>F 0,8614 0,7211 0,1672 0,8829 0,4195 0,9085
Variété (V) Pr>F 0,3297 0,0030 0,1431 0,0167 0,0002 0,0158
Ca foliaire (Ca) Pr>F 0,0011 0,0134 0,4887 0,4094 0,0146 0,0331
S x V Pr>F 0,2773 0,0344 0,7351 0,3963 0,3310 0,3469
S x Ca Pr>F 0,4481 0,9363 0,5574 0,5459 0,8282 0,8692
V x Ca Pr>F 0,3458 0,1175 0,6246 0,5939 0,1495 0,3580
S x V x Ca Pr>F 0,1189 0,0720 0,8708 0,6597 0,5788 0,6501
78