136
Dopartmw,t or Fronch Languago and Litoruturo. Degroo: IJaotor or .llrlo LOhan:ne a 6té le sujet principal de l'oeuvre de Voltairso Dano touo 100 gonros quoil a nous voyono lOhomme aux prises Qvec la vie et seo conditions naturelles ot socioleoo Loo peroonnages de sos Conteo sont roDins des homneo en particulier quo deo types dOhumanit6 o En faco do lOUnivors q 10 philosophe s'interroge: qui auio-jo? ca vaie-jo? Loo probltmoo m6tqphyoiquoo lOont hant6 -touto sa vioc C'ôot une connaiooance pooitivo de ot de 000 ltmitoo De propooo do chercher; et partir do cetto connaiooance il fonda ra Da corcloe LOhoono étant un Ctro oooontiollcncnt oociablo, Voltairo a propo06 lOattantion do COD lOidoo dOuno eoci6té oa pQt régnor le mad.EUr:l do 06curit6 ot do bicn-Otroo Il oOint6reDoo coine au2t proh!beo théoriquos ot g6néraux qu.o aux rOforooD iC.l6diatoeont applic<Jblos oriont600 vero l'ûctianD Soo orforto tondant ourtout rondro 100 DotO et plus honnOtooQa Dans 00 but il roroulera la dovoir do chaque celui dOaoouror la libort6 ot 1°égalit6 o 100 droito 100 pluo ahorsa L'idéal quo porto lOhommo dano Da naturo oot colui QU bonhOur torrostro; aussi Voltairo un art do vivra pour attoindro ce bonhour, et torro terrOD Son activité 6tait Durtout dirigéo vero lOçm61ioration de la condition humaine our torro etcb tout 00 qui lui oat cher: la libort6 o la vie q le bonhour, la riohooooa Quol oot la but do 10 vio? ba vie la paine d'Otro vécue? C'ost co quo oct oooai 00 propose d'analyser lOoouvro do Voltolroa

or En cadigitool.library.mcgill.ca/thesisfile46385.pdf · rapide du probl~e du mal dans la conSCIence des philosophes du XVIIIe si~cle, nous enVIsagerons ce probl~me dans l'oeuvre

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Dopartmw,t or Fronch Languago and Litoruturo.

Degroo: IJaotor or .llrlo

LOhan:ne a 6té le sujet principal de l'oeuvre de Voltairso Dano

touo 100 gonros quoil a abo~6s, nous voyono lOhomme aux prises Qvec la

vie et seo conditions naturelles ot socioleoo Loo peroonnages de sos

Conteo sont roDins des homneo en particulier quo deo types dOhumanit6o

En faco do lOUnivorsq 10 philosophe s'interroge: qui auio-jo? ca vaie-jo? Loo probltmoo m6tqphyoiquoo lOont hant6 -touto sa vioc C'ôot

une connaiooance pooitivo de lOh~c ot de 000 ltmitoo ~'il De propooo

do chercher; et ~ partir do cetto connaiooance il fonda ra Da corcloe

LOhoono étant un Ctro oooontiollcncnt oociablo, Voltairo a

propo06 ~ lOattantion do COD cont~oraino lOidoo dOuno eoci6té oa pQt

régnor le mad.EUr:l do 06curit6 ot do bicn-Otroo Il oOint6reDoo coine au2t

proh!beo théoriquos ot g6néraux qu.o aux rOforooD iC.l6diatœont applic<Jblos

oriont600 vero l'ûctianD Soo orforto tondant ourtout Q~ rondro 100 ho~o

~ino DotO et plus honnOtooQa Dans 00 but il roroulera la dovoir do

chaque gouvernC2~nt, celui dOaoouror ~ l'ho~o la libort6 ot 1°égalit6o

100 droito 100 pluo ahorsa

L'idéal quo porto lOhommo dano Da naturo oot colui QU bonhOur

torrostro; aussi Voltairo propoDora-t~il un art do vivra pour attoindro

ce bonhour, s!El~lo et torro ~ terrOD

Son activité 6tait Durtout dirigéo vero lOçm61ioration de la

condition humaine our torro etcb tout 00 qui lui oat cher: la libort6o

la vieq le bonhour, la riohooooa

Quol oot la but do 10 vio? ba vie vaut~ollo la paine d'Otro vécue?

C'ost co quo oct oooai 00 propose d'analyser dOopr~o lOoouvro do Voltolroa

)

.'

VOLTAIRE ET LA OONDITIŒJ HUMAINE

by

Thér~se BlB,m'!I c=r =-:;=p

A Thesis submittod to the Faculty of Graduate Studios and

Research in partial fulfilment of the roquirom3nts for the

degree of Master of Artso

Department of French Language and LitGrature, HcGill University lvIontrGal 2

@ Thérèse Bibawi 1968

L1!->ri1 19680

)

TABLE DRS 11ATffiREf!

INTRODUCTION

CHAPITRE 1: VOLTAIRE INTERROGE L'UNIVERS

a) Existence de Dieu

b) Nature de Dieu

c) Probl&me de la nature et de l'immortalité de l'Smeo

d) Philosophie de l'univers; les lois du ruondea

e) Ethique de Voltaire: d6ismeo

CIffiPITRR II: LE ~ffiL DANS LE ~l)NDEa

a) Les philosophes du XVIIIe si~cle et le probl~e du mal

b) Le problfume du mal dans l'oouvre de Voltaire

a) Voltairo apologiste do la civilisation

b) Plan de gouvernement de la société et réformes oud~6roeo:

10 Politique intérieure: choix du gouvernement

20 Dofense des droits do l'homme

30 Politique économique du pays et réformes sociales ouggoréeso

40 Réforme judioiairo

c) Politique nationale et intoxnationale

d) Politique coloniale

po 10

po 11

po 19

po 22

po 32

po 41

po 62

po 69

po 74

pn 33

po 39

po 95

polOl

TABill DES r.1nTmRES (Quito) mmmn==:: ...........

'0'·

C.Hl\PITRE IV: UN ART DR VIVRE po 105

CONCLUSION po 121

BIBLIOGRllPHI~ po 138

INTRODUCTION

Quand on consid~re l'oeuvre de Voltaire dans son ensemble,

on reste étonné devant tant d'6~uditionD "Je ne vois pas, disait

Taine, quelle ~dée importante manquerait & un homme qui l'aurait

pour bréviaire. Non seulement les vues sur le monde et sur l'homme,

les idées générales de toute esp~ce y abondent, mais encore les

renseignements positifs et mGme techniques y four.millent: petits

faits semés par milliers, détails multiples et précis sur l'ana-

tomie, la physique, la géographie, la physiologie, la statistique,

l'histoire de tous les peuples, expériences innombrables et

personnelles d'un homme qui, par lui-m€me, a lu les textes, manié

les instrum~nts, visité les pays, touché les industries, pratiqué

les hommes et qui, par la netteté de sa merveilleuse m€moire, par

la vivacité de son imagination toujours flamboyante, revoit ou voit,

comme avec les yeux de la t@te, tout ce qu'il dit ~ mesure qu'il l

Nul, en effet, mieux que Voltaire ne sIest imposé la

pratique de la r~gle qu'il donnait ~ son ami Cideville, le 18

février 1737: "Il faut donner ~ son Sme toutes les formes possibles,

c'est un feu que Dieu nous a confié, nous devons le nourrir de ce

que nous trouvons de plus précieux; il faut faire entrer en notre

@tre tous les modes imaginables, ouvrir toutes las portes de son

Qme ~ toutes les sciences et ~ tous les sentiments, pourvu que

tout cela n'entre pas pGle-mGle, il y a place pour tout le monde': D

1. Bellessort, André: ltssai_s~! Voltaire. Paris, Perrin, 1950 - p.316 citant Taine dans "Les Origines de la France Contomporaine", t.l

L'idée générale qui se dégage de tous ses écrits, comme nous

le verrons dans les chapitros suivants, est une: o'est partout

l'homme aux prises avec la vie et sos conditions naturelles et

socialés"

L'homme ne peut s'~@cher de se poser les probl~es: savoir

d'oü je viens, et oft je vais. Ces spéoulations métaphysiques,

Voltaire se les est poséesa Il en est de même de certains probl~es

qui hantent l'homme de tout temps, comne oelui du mal sur la terre.

Et surtout, Voltaire a considéré l'homme social et a essayé d'établir

ses rapports avec les autres hommes et de lui dicter une r~gle de

vie qui lui pe~ettra d'atteindre son honheur terrestre.

Dans les chapitres qui suivent nous consid8rerons avec

Voltalre l'homme en face de l'univers et les probl~9s qu'il ce

pose: ex1stence et nature de Dieu, lmmo"rtalité de l'€imeq philosophie

de lqunivers, religion. Ddns un deUXIŒne chapitreq apr~s une étudo

rapide du probl~e du mal dans la conSCIence des philosophes du

XVIIIe si~cle, nous enVIsagerons ce probl~me dans l'oeuvre de

Voltaire et dans ses Contes en partioulieru

Puis dans un troisi~e chapitre nous étudierons l'homme en

sooiété et les probl~es qui résultent des rapports des hommes entre

eux. Bnfin, dans un dernier chapitre, nous soumettrons l'idéal de

vie que nous propose Voltairoo

)

CHAPITRE....!

VOLTAIRE INTERROGE L'UNIVERS =

''''Un homme qui reçoit sa religion sans examen, ne diff~re pas d'un boeuf qu'on attellel'} a

(Examen important de Mylord Bolingbroke, 1767)

Qui es-tu? se demande Voltaire dans son "Philosophe ignorant"

(1766). D'oü viens-tu:? Que fais-tu? Les livres faits depuis deuJC

mille ans m'ont-ils appris quelque chose? Nous sommes effrayés de

nous chercher toujours et de ne nous trouver jamais. Suis-je libre?

Quelle idée puis-je avoir d'une puissance infinie?

Toute sa vie Voltaire s'est occupé de Métaphysique: attributs

et vraie nature de Dieu, origine du monde et de la vie, eJdstence et

immortalité de l'ame, rapports de l'Sme et du corps, origine du mal,

destinée de l'homme, - toutes ces questions le préoccupaient, mais

chaque fois il constatait que ces probl&mes dépassent l'intelligence

humaine. C'est ignorer les limites de notre nature que de prétendre

résoudre des probl~es sur lesquels les philosophes ne sont jamais

d'accord.

Dieu existe-t-il? Romans, traités historiques, po~mes, toute

l'oeuvre de Voltaire touche aux questions religieuses. IUles occupent

une place de choix dans les "Lettres philosophiques", les "Dialogues"

1

philosophiques, le "Traité su~ la Tolérance", le "Dictionnaire philoso-II

phique. Voltaire est resté fermement attaché & la croyance en Dieu,

non sans un certain courage, car ses amis, les philosophes, tenaient

pour l'athéicme, et son déisme lui valut l'honneur d'être traité de

1. VOLTAIRE: geuvres comp1êtesa Paris, Garnier Frôres, 1877. uLe Philosophe ignorant"', t.26, p.47.

) La croyance en Dieu d'aprôs Voltaire s'impose â notre raison:

"Le monde est assurément une machine admirable, donc il y a dans le l

monde une admirable intelligence, quelque part oft elle soit". Il

suffit d'étudier le monde et les manifestationade Dieu dans le

monde pour en ~tre convaincu. De tout temps, le cieL fut sur la t€te

de l'homme l'inaccessible et 1,:1nfini. Les astres qui brillent au

fond de la nuit transcendèntles événements terrestres, et la régula­

rité de leurs mouvements, écrase 1 "honnne qui les contemple sous

l~impression de la tout~-puis~ance. Il suffit & l'honunede contempler

le ciel' nocturne, .. ' pour frémird'une 'émotion religieuse. Oc "Dieu . .'. .

des innombrables mondes", pr~seltt dans le ciel, se découvre aux

yeux du ""hon Paroubal'l, quand au moment décisif de la d~scussion

avec le "coriace Birtonl'.7, la nuit étoilée de l'lhnérique déploie

son spectacle: "~aïouba se mit & genoux et dit: les cieux annoncent 2

, ,

, "Servez-vous de vos yeux, et vous reconnaftrez, vous adorerez un Dieu. Songezcommentces'globes immenses, que vous voyez rouler dans leur immense carri~re, observent les lois d'une proforide mathématique: il y a, donc un grand mathématicien que Platon appelait "l"OterneLgêoméHre. Vous admirez cos machines d'une nouvelle invention, qu'on appelle Oreri, parce que Milord Oreri 'les a mis tila mode en protégeant l'ouvrier par ses libé­ralités: c'est une tr~s faible copie de notre monde planétaire et de ses révolutions, la période mGme du changement des solstices et des équinoxes, qui nous am.~ne de jour en jour une nouvelle étoile polaire.

Cette période, cette course si lente d'environ vingt-six mille ans, n'a pu Gtre exécutée par des mains humaines dans nos oréri. Cette machine est tr~s imparfaite: il faut la faire tourner avec une manivelle; cependant c'est un chef-d'oeuvre de l'habileté de nos artisans. Jugez donc quelle est la puissance, quel est le génie de l'éternel architecte si l'on peut se servir de ces term.es impropres si mal assortis li l'Etre Suprême""'. (3)

1. Voltaire: Oeuvres com~lêtcsD "~e Dictionnaire philosophiquo", t. 17, art. Athéisme II, ;.464. '

2. Voltaire:'E.9mans ej: Contes. Paris, Garnier Frèros, 1964. l'.7Histoire de Jenni", p.541.

3. Ibid., p.527.

Dieu est l71'hor loger/'.?, '1l'étornel géom~trel".1, 17ll/éternel

architecte du monde".

'~'univers m'embarrasse et je ne puis songor Qu.a cette horloge e,ltiste et n'ait point d'horloger17 (1)

Les philosophes athées, d'Holbach et Diderot, tentaient de

démontrer que la mati~re, àans l'aide dl/une puissance créatrice et

directrice, suffisait li eJcpliquer le monde; et· en particulier qu'on

passe de la mati~re brute & la mati~re vivante, de la mati~re

vivante ~ l'intelligence par une série de transfor.mations mécaniques

ou chimiques. DI/Holbach, pour fonder sa th~se, sI/appuyait sur les

observations faites par Needham d'animalcules â forme l'.1d' anguilles"

naissant spontanément, prétendait lI/auteur, dans un mélange d'eau

et de blé ergotéD (D'Holbach: Syst~me de la Nature - 1770)D ".

Qu'est-ce que la mati~re, leur demande Voltaire, et qu'est-ce

que 111 espri t?

di t:

l~on, mes amis, nous ne faisons rien; nous ne pouvons rien faire: il fious est donné d'arranger, dl/unir, de désunir, de nombrer, de peser, de mesurer; mais faire g Quel mot g Il n'y a que' l '~tre nécessaire, ll/~tre mtistant éternellement par lui-mGme, qui fassei voil& pourquoi les charlatans qui travaillent li la pierre philosophale sont de si grands imbéciles, ou de si grands friponsD Ils se vantent de créer de l'or, et ilstlc pourraient pas créer de la crotte. Avouons donc, mes amis, quI/il est un Etre Supr&me, nécessaire, incompréhensible, qui nous a faits 17D (2).

Et dans l'article '~aturel'.1 du Dictionnaire philosophique, Voltaire

""On m'appelle nature, et je suis tout!I!J:.fI , cl/est li dire créée.

1. Voltaire: Oeuvres complltes. I.1Les CabalesCJ , LlO, PD 482, vv.llO-lllD

2. Voltaire: Romans et ContesD UHistoire do Jenni'J, p.528.

)

6.

Dans une deuJdDme période plus soientifique, Voltaire

recourt â 18observation des Otres au cours do sos eJqlérionces.

Il cite lieJtemple du philosophe Vanini, accusé dllathéisme et

brftlé. Et comme Vanini, Voltaire avance que pour prouver qullil

y a un créateur, "il suffit d8observor dans le monde le mouvement l

et la végétation".

Mais la preuve de l'existence de Dieu qui satisfait Voltaire

le plus est celle des causes finales. "Avgument rebattu, dit-il,

mais argument de Cicéron et de Nel'rton: il pourrait, par cela seul,

faire entrer les athées en quelque défiance d'ewe-m@mes"".

"Si une horloge nllest pas faite pour montrer l'heure, j'avouerai alors que les causes finales sont des chtm~res; et je trouverai fort bon qu'on m'appelle cause-finalior, c'est â dire un imbécilel'I. (2).

Toutes les pièces de la machine du monde semblent faites

liune pour l'autre. Dans"18histoire de Jenni" Voltaire dit:

""Depuis la racine des chevowc jusqu'arue orteils des pieds, tout est art, tout est préparation, moyen et fin. nt, en vérité, on ne peut que se sentir dë l'indignation contre ceux qui osent nier les véritables causes finales, et qui ont assez de mauvaise foi ou de fureur pour dire que la bouche n'est p~s faite pour parler et pour manger; que ni les yeruc ne sont merveilleUsement disposés pour voir, ni les oreilles pour entendre, ni les parties de la génération pour engendror: Cettè audace est si folle que j'ai peine â la comprendre". (3).

Vol taire sait très bien les ridicules aUlcquels on s' eJqlose

en défendant les causes finales, et c'est lui qui a fait dire â

Pangloss dans llCandide": "Remarquez bien que les nez ont été faits

pour porter des lunettcs, aussi avons-nous des lunettes. Les

1. Voltaire: Oeuvres_coIDRlêtes. "Dictionnaire philosophique", t.17, art. (}'Athéie"~ p.454.

2. Ibid. t.1S, art. l'J'Causes finales", p.102. 3. Voltaire: Romans et Contes. IJHiStoire de JonnilJ

, p.528. "po t ~

) jambes sont visiblement instituées pour Otre chaussées, et nous

avons des chausses". Mais le ridicule no porte que contre l'abus

de la considération des causes finales, non contre l'usage, comme

le montre l'article "Causes finales" du Dictionnaire philosophique.

~ais il est bieri évident que, si les nez n'ont pas été faits pour les bésicles, ilà l'ont été pour l'odorat, et qu'il y a des nez depuis qu'il y a doshommos. De même los mains n'ayant pas été données en faveur des gantiers, elles sont visiblement destinées â tous les usages que le métacarpe et les phalanges de nos doigts, et les mouvements du muscle circulaire du poignet nous procurent". (1)

Dans le monde il y a cortaines fonctions Urunuablos dont on ne peut pas

rendre compte en les attribuant au hasard.

Tandis que 1'examen métaphY6 ique fonde l' e:dstenc e de Dieu

en raison, une enqu@te sur les religions met ~ jour les bases

historiques du déisme de Voltaire. Voltaire insiste dans toutes

ses oeuvres sur l'ethnologie religieuse. Il recherche les différentes

croyances de peuples eJtotiques et il conclut que si tous ces peuples

croient en Dieu, c'est que la religion est quelque chose do naturel

à l'homme.

L'esprit religieUJt paraissait ~ Voltaire résulter nécessairement

du progr~s de la civilisation. Dans les "Lettres philosophiquesO

Voltaire établit une relation entre l'expansion du commerce anglais

et les progr~s de la tolérance. L'intérêt rassemble dans la m€me

l~ Voltaire: Oeuvres comp-lôtes. "Dictionnaire philosophique", t.la, art 0 (.7Caus~~ finàïe~C;;po î03.

)

80

place Juifs, MahomOtanD, Pa.iens, Catholiques, Quakers, Anaba,.otiotesD

Ils écrivent furieusement leo uns oontre les autres: ma.is l°tmportant

est quoils commercent ensemble, paoifiquement et librement, et quoau

fond, ils honorent tous, par des voies différentes, le mGme Dieua

Les sages des contes de Voltaire sont aussi généralement

religieux; ils honorent la religion et ses for.mes particuli~res dans

la mesure on celles-oi peuvent Gtre des garanties sociales de bon

ordre, mais ils l'attaquent d~s qu'elle oonduit & l'into16rance, au

fanatisme, au meurtrea Zadig aimerait voir régner chez tous les

hommes une sorte do déisme tolérant: dans la sc~e famQuse du Souper

on des marchands se querellent 'pour des questions religieuses, il

réussit â les calmer en leur montrant que les divers myst~res des

religions sont des enveloppes â peu pr&s équivalentes pour urt oertain

nombre de grandes vérités universellement admisesa Ainsi, dans une

sorte de déisme tr~s souple, est assurée la fraternité des hommes,

adorant dans un Dieu créateur l'ens~~le des vertus quoil leur faut

pratiquern Ce Dieu assure, non oeul~ent l'ordre moral, mais encore

une explication suffisamment rationnelle de tout cc qui nous éoha9poo

Si le probl~e de l'existence de Dieu se fonde sur la raison

et sur des bases historiques, il se pose aussi comme une nécessi téo

et une nécessité socialea l~outes les nations policéesq écrit Voltaire

dans l'ABC" ont admis des dieuJc roco:npenseurs et punisseurs, et je

suis oitoyen du mondello Aucune société ne peut vivre sans justioe;

annonçons donc un Dieu juste" si la loi de lOétat punit los crimes

incor~us8 Ce nOest pas un pari que Voltaire cherche" mais une

certitude:

C~e grand objet, le grand intér&t, ce me semble, n'est pas d'argumenter en métaphysique, mais de peser s'il faut, pour le bienconimun de nous "autres animawc misérables et pensants, admettre un Dieu rémun6rateur et vèngeur, qui nous serve ~ la fois de frein" et de consolation, ou rejeter cette idée en nous abandonnant"~ nos calamités sans espérance, et & nos crimes sans remords. ( ••• ) Dans le doute oû nous sommes tous deux, je ne vous dis pas avec Pascal: prenez le plus stlr. Il n'y a rien de s1Îr dans l'incertitUde~ Il ne s'agit pas ici de parier, mais d'elcaminer; il faut juger, et notre volonté ne détermine pas notre jugement". (1)

Au philosophe Bayle, qui soutenait que la morale était indépen-

dante de la croyance en Dieu, Voltaire riposte que pour les philoso-

phes, peut-gtre, non pour la foule. l"lJe veUJt que mon procureur, mon

tailleur, ma femme même croient en Dieu; et je m'imagine que j'en

serai moins volé et moins COCU"D2 La crainte d'un Dieu "r€mun6rateur

et vengeur" est en effet le meilleur fondement de la morale pour les

esprits simples. Quant awc 1"1philosophesl"l, ils peuvent s'en passer:

leur raison suffit ~ les maintenir dans la morale. Et encore, dans

son roman de Jenni~ ce n'est pas le peuple, ce sont les hautes classes

que Voltaire nous montre corrompues par l'athéisme. Sans doute, la

crainte d'un 9tre qui voit tout et qui les ch&tiera, emp@che les

paysans de ~oler le blé et le vin; cependant l'idée de Dieu ne

protège pas moins les citoyens que les propriétaires:

"L'athéisme peut tout au plus faire subsister les vertus sociales dans la tranquille apathie de la vie privée; mais il doit porter & tous les crimes dans les orages de la vie publique". (3)

1. Voltaire: Oeuvres aomPllètes. "Dictionnaire philosophique", t. 18, art. Dieu, Dieux, V.,. pa 3760

2. Voltaire: Oeuvres c01IlPl~t.e,s.D c1Dialogues A B CEl, t.27, p.399.

30 Voltaire: Oeuvres. complètes. l"IHo.mélies prononcées & Londres en 1765u,

t. 26, p.329.

)

lOa

n'implique pao un doute our l'existence do Dieu, mais nous proclame

quo, fat-on assuré que le ciel eot désert, l'intérQt deo hommos l

exigerait que sur ce point on leo troropat"a

* * *

L'eJcistence de Dieu étant fond~6, quelle idée peut-on se

faire de lui? Quelle est sa nature? Est-il esprit ou mati~ro? ,

Toutes aes questions Voltaire so les pose, maio il oot conscient

deo limites de l'homme et il s'interdit de le définir avec precisiono

Dans l'article C~ieu" du Dictionnaire phHosophique, Logomachos pose

des questions & Dondindao:

La Quelle id6e ac-tu de Dieu? Do L'id6o de mon ctéûteur, do mon ma~tre, qui me récompensera

si je fais bien, et qui mo punira. si jo fais mala La (000) Venons & l'essentiel. Dieu est-il infini secundum quidg

ou oelon l'ossonce& . Do Je ne vous.entends,pasa La Bolle brateg Dieu est-il on un lieu, ou horo do tout lieu,

ou on tout lieu? Do Je n'en sais rienooo Tout comme il voua plairaa La Qu'eot-ce que Dieu? Do Mon souverain, mon,ju90, mon plJreo La Co n'est pas 1& co que je damandeo Quelle ost sa nature? Do D'Ûtre puiooant et bona La Mais eot-il co~orel ou spirituel? Do Comment voule3-vouo que je le sache? (2)

"

Tout ce que Voltaire peut dire est ce que Dieu n'est pas:

semblable ~ l'homme, limité dans le tempsa Soo attributs? Ce sont .f

leo superlatifo deo qualHés humaines~ c.1De par l'Rternel, Créateur, 3

Consorvato1lr, Rémunérateur, VG11gour, Pardonnouroaac.1o Dieu €lot

puisoant, juote et bionfaioanto c.1Je ne sais point ce que sont les

10 ITollessort, André: ~oai sur YQltairea Parisg Perrinq 1950, pD342 2. Vol taire: Oeuvroo corgplt:'Jt,2,qo ·.7Dictionnairo philosophiquet.1, tale,

art o Diou, Po303 30 Ibid., id .. , art .. Dogmes, p.4140

attributs do Dieug ot je ne suis point fait pour embrasser Gon l

eSRence f'"

Co qui importe est que r~iGU m'a donné assez de raison pour

comprendre qu'il existe, mais non assez pour savoir au juste si la

mati~re lui a été éternellement sourniae ou s'il l'a fait naftre

dans le tempsa Que vous importe l'éternité ou la création de la

mati~re, pourvu que vous reconnaissiez un Dieu, maftre de la

mati~re et de vouSo Vous me demandez oa Dieu est; je n'en sais rien;

et je ne dois pas le savoir" Je sais qu'il est, je sais qu'il est

notre ma~tre, qu'il fait tout, que nous devons tout attendre de oa 2

bontée.7.

Seulement ~ quoi sert la conception d'un Dieu rémunérateur et

Vengeur sans le dogme de 19~e immortelle Ole pluo sage, le plus

consolant, le plus politique dos dogmes et le plus universellement

répandu?O Dieu est inutilo, du moins au point de vuc oocial, si

l'~e meurt avec le corpSo Et .qu'cst-ce que l'Qme? Qui l'a vue? oa loge-t-elle? Cent fois Voltairo est revenu sur les probl&meo que fait

na~tre co mot. Il ne demanderait pas mieux que d'imaginer l'8m2

distincte du corps, il n'y arrive pas. °Je suis corps et je pense:

je n'en sais pas davantege. Rien n'empêche de croire avec Locke

que Dieu a pu donner & la mati~re la faculté de penser; et après tout,

pourquoi n'aurai t--il pas attaché l' i:n:mortali té ~ cette matil)re, que

nous ne connaisoons pas, aussi bien qu'û l'esprit, quo nous connaissons

Œoins encore? Enfin, s'il faut renoncer â Ce dogme, disons-nous qu'il

1. Voltaire: Oouvren co~~~&Jlo~. r~e Philosophe ignorantO, to26, p.64a 2. Ibid., Fom~s_if Conte,,!. l.1ffistoire de Jenni".7, p.529.

, i ~~"'--'--.---- • ..---------------_."----'---------

n'est pas si salutaire puisqu'il u laiss0 en proie â tant d'horribles

crimes des hommes, qui ont si peu de temps & vivre et qui sc voient . l

pressés entre dem!: étemi tés l'.1.

2 Lorsque Micromégas demande aux l'.1atomes pensants l'.1 : ~uisque vous

savez si bien ce qui est hors de vous, sans doute vous savez encore

mieux ce qui est en dedans:. Dites-moi ce que c'est que votre time, et

comment vous formez vos idées", les philosophes se mirent ~ parler

tous à la fois, mais ils étaient tous en désaccord. Aristote, Descartes,

Leibnitz sont tour à tour caricaturés par Voltaire. Il critique

Descartes et son innéisme, selon lequel l'.11'ame arrive dans le corps

pourvue de toutes les notions métaphysiques, connaissant Dieu, , 3

l'espace, l'infini, ayant toutes les idees abstraitesl'.1 • Pour

Voltaire, Descartes qui a détruit par sa méthode les erreurs de

l'antiquité a eu le tort d'y substituer les siennes, qui sont le

l'.1r oman de la philosophiel'.1. Voltaire ridiculise aussi le syst~e de

l'harmonie préétablie par laquelle Loibnitz eJcpliquait l'accord,

sans communication, entre l'âme et le corps. Le disciple de Leibnitz

eJcplique que son Gme est ""'une aiguille qui montre les heures pendant

que mon corps carillonne; ou bien, si vous voulez, c'est elle qui

carillonne pendant que mon corps montre l'heure; ou bien mon @me est

le miroir de l'univers, et mon corps est la bordure du miroir: tout 2

cela est clair'''.

Les syst&mes métaphysiques ne conduisant â aucune certitude,

di t Volta:lre; mieuJc vaut nous consacrer à lQobservation et à

1. Pomeau, René: R~lJ.~ion de_Voltaire. Paris, Nizet, 1956 - pa343, opacit.

2. Voltaire: Bomans et Conte,Qa L"JHicromégasl"", p.1l2. 3. Voltaire: Q.e.,uv;r;,es comr;>lêtes. li.ettres philosophiques", t.22, p.122.

)

13.

l'exp6r4ence, qui sont ~ notre portée, Voltaire ne garde de l'Essai

de Locke sur l'Entend~Gnt humain, que nla petite bagatelle de

l'tcmatGrialité de l,~n. Il dira:

lITant de raisonneurs ayant fait le roman de l'Que, un sage est venu qui enafait modestemant l'histoire. Locke a développé b l'homme la raison humaine, comme un excellent anatomiste explique les resso~ts du corps humain. Il s'aide partout du flambeau de la physique, il ose quelquefois parler affir.mati­vement, mais il ose aussi douter. Au lieu de définir tout d'un coup ce que noulS ne connaissons pas" il eJtamine par degrés ce que nous voulons conna~tro. Il prend un enfant au ~oment de sa naissance, il suit pas & pas les progr~s de son entendement; il voit ce qu'il a de commun avec les bQtes, ~t ce qu'il a au-dessus d'elles; il consulte surtout son propre témoignage,la conscience de sa pensée.

Je laisse, dit-il, & discuter û ceux qui en savent plus que moi, si notre ame existe avant ou apr~s l'organisation de notre corps; mais j'avoue qu'il m'est tombé en partage une de ces Gmes grossières qui ne pensent pas toujours, et j'ai m@ma le malheur de ne pas concevoir quPil soit plus n6cessaire ~ l'âme de penser toujours, qu'au corps d'Qtre toujours en mon vem",n +n (') _ _ .......... ,..,.

Locke critique l'innéisme de Descartes, et essaye de prouver

par une analyse méthodique qui laisse de cSté comme insolubles les

problfunes métaphysiques, que toutes nos idéos nous viennent de

l'eJ~6rience et des sens. Voltaire ramêne volontairement l'article

sur M. Locke (Lettre philosophique XIII) au problème de la nature

de l'Que et particuli~rement & la proposition de Locke: {~ous ne

serons peut-Gtre jamais capables de conna~tre si un Gtre purement

matériel pense ou nont., que Voltaire met dans la Lettre philosophique

XIII en pleine lumi~re et qui, ainsi iso16e et éclairée, est plus

audacieuse que le philosophe anglais ne l'avait voulu. Voltaire 2

écrivait & Gon ami La Condamine (22, juin 1734) : l'11a lettre sur Locke

1. Voltaire: Oeuvres complûtos. 111ettres philoDophiqueso,XIII, t.22, p.123. 2. Ibid., l"ICorrespondancet.7, t:33, p.436.

se réduit uniquement ~ OGoi: "La raison humaine ne saurait démontrer

qu'il soit impossible A Dieu dUajouter la pensée à la mati~reQ.

Desoartes disait: "Je ponse, donc je suisQ, et il oonoluait

~ la réalité essentielle et & la prédominanoe de la partie spiri-

tuelle. Quand Voltaire dit dans sa lettre philosophique XIII sur

Locke: "je suis oorps et je pense, je n'en sais pas davantage", en

se gardant de conclure, il attribue la réalité essentielle au oorps.

Voltaire étudie en particulier la dépendance de lUesprit ~ l'égard

du oorps. La pensée, dit~il, & l'état de veille, dépend de la

volonté, tandis que dans le songe, elle dépend d'assooiations

automatiques qui ne dépendent pas de nous. Et il oonclut: pourquoi

la pensée ne dépendrait-elle pas du corps et des organes?

f3Si les organes seuls produisent le8 rgves de la nui t, pourquoi ne produiront-ils pas seuls les idées du jour? Si l 'l?!me pure~ tranquille dans le repos des sens, agissant par elle-mGme,est l'unique oause,'le sujet unique de toutes les idées que vous avez 'en dormant, pourquoi toutes oes idées sont-elles presque toujours irrégulièree, déraisonnables, incohérentes? n (1).

L'horrme n'est pas capable de dépasser les données qui lui sont

fournies par les senSa La penséo est étroitement li6e aux sens et

aux images formées par eux. La sensation est un phénomène qui se

passe dans l'esprit. La oonnaissanoe n'est pas une oonnaissance

réelle des choses du monde, elle reste subjective. LUesprit n'est

pas capable de connaître l'uni ve rs, ni "le bout des chosest.l a (2)

1. Voltaire: Oeuv~es oomDlôtes. UDiotionnaire philosophique", ta20, art. Songes, p.433D

2. Voltaire: Romans et Contes. f2J:.1ioromégas11, pal13.

PV'"'

150

nToute l'antiquité a maintenu que rien n'est dans notre entendement qui nIait été dans nos sens~ (oaQ) Toutes les facultés du monde n 8 emp@cheront j&~ais les philosophes de voir qtle nous commençons par sentir, et que notre mémoire n'est qu'uriè sensation continuée. Un homme qui na~trait privé de ses -ôinq sens serait pi'ivé de toute idée, s'il pouvait vIvre a Les " notIons métaphysiques ne viennent que par les sens; ôar c9mment-mesurer un cercle ou un triangle, si on n'apas vu ou touché un cercle ou un triangle? Comment se faire une idée imparfaite de l'infini, qu'en reculant des bornes? et comment retrancher des bornes, sans en avoir vu ou senti?". (1)

Enfin Voltaire conclut que les syst~mes métaphysiques ne

conduisent ~ aucune certitude: mieux vaut nous consacrer ~ l'observa-

tion et ~ l'expérience, qui" sont ~ notre portéea C'est le th~e

voltairien par excellence:

"J'avoue que mille tomes de métàphysique ne nous enseigneront pas ce que c'est que notre Sme.aa Concluons que nous devons employer cette intelligence, dont la nature est inconnue, ~ perfectionner les sciences qui sont l'objet de 16Encyclopédie, comme les horlogers emploient des ressorts dans leurs montres, sans savoir ce que c'est que le ressort"a (2)

On ne pourra jamais conna~tre l'essence de l'ame, ni si au fond

elle est immortelle:

"Je pense, et je voudrais connaître un peUaa. l~.a. toucher au doigt ma pensée. Cela doit @tre fort curiewc. Je cherche si je peTlse par moi-mâne, si Dieu me donne mes idées, si mon 9me est venue dans mon corps â. six semaines ou â. un jour, comment elle s'est"logée dans mon cerveaua ••

(Le Géomètre): Hélas~ nous sommes aussi ignorants que vous; adresse~vous â. la Sorbonne". (3)

1) Voltaire: Oeuvres complètes. t.7Dictionnaire philosophiquetl, t. 20,

arta Sensation, =pa420 2) Ibid. UDictionnaire philosophiquel1

, to17, arta .fune, p.l39. 3) Voltaire: Romans et Conte~a r.rr,'Homme awc quarante écusl'.1, p.3l6.

)

16.

l et dans l'Histoire de Jenni:

UBirton: N'allez-vous pas me dire, après tant de déclamateurs,. que nous vivrons éternellement quand nous ne serons plus; que nous possédons une ame ~ortelle, ou plutet qu'elle nous poss~de, après nous avoir avoué que ·les Juifs emt-mêmes, les Juifs, aWtquels vous vous vantez d'avoir été subrogés, n'ont jamais

.soupÇonné seulement cette immortalité de l'SIDe jusqu'au tèmps d'Hérode?

: ( ••• ) Helas, monsieur, savons-nous seulement si nous avons une Sme?l'~

Toutefois, dans ce complexe d'idées, le probl~e de l'tmmorta-

lité de l'~e intéresse la société et la morale; aussi Voltaire

conclut-il qu'il est utile d'enseigner que l'ame survit ~ la mort,

parce que les hommes sont retenus par l'idée du jugement dernier

auquel nul n'échappe.

D'autre part, l'immortalité de l'&me est une solution au

problême du mal. Il eat impossible que Dieu soit, et qu'il soit

injuste •. L'unique réponse est dans l'espérance d'une vie meilleure

qui réparera tout. (L'idée est dans le ("Dictionnaire philosophique",

article Dieu °mon créateur, mon maître, qui me récompensera si je

fais bien, et qui me punira si je fais mal", - et aussi dans

"'l'Histoire de Jenni").

Malheureusement il est impossible de démontrer les probl~es

métaphysiques & la rigueur. Si l'intérat de la société et de la

morale exige qu'on présente au peuple comme vérités incontestables

11 existence d'un Dieu ur&nunérateur et vengeurl".1 et Ill' immortali té

de l'amaTI, au fond de lui-même Voltaire nIa sur ces articles aucune

1. Voltaire: Fomons et Contes. lJHistoire de Jenni t .7, p.S42.

17.

certitude. Il se contente dQespérer, et de parier comme faisait

Pascal, quand il disait que le plus sar est de vivre comme si Dieu

devait juger lQame immortelle.

"Le meilleur parti que vous ayez à prendre est dQ@tre honn~te homme tandis que vous existez" dit Freind & Birton, et ce dernier d'acquiescer: "D'@tre honn@te homme pendant que j'existe? - oui, je l'avoue;· oui, vous avez raison: c'est le parti qu'il faut prendre". (1)

Ainsi Voltaire est ballotté entre la raison.qui repousse

l'immortalité de l'ame et son sens pratique qui la réclame. Il

nous avoue lui-m€lme ses inaertitudes et ses contradictions.

"Je ne suis sar de rien: je crois qu'il y a un gtre intelligent, une puissaricèformatrice,un Dieu. Jetatonne dans l"obscurit6 sur· tout le reste. JQaffirmè·une idée aujourdQhui, jQen doute demain; apr~s-demain je la nie et je puis me tromper tous les j ours t'.7. (2)

DanslllQlngénu", Gordon demande au prisonnier:

"Que pensez-vous donc de l'âme, de la mani~re dont nous recevons nos idées, de "notre volonté, de la gritce, du libre arbitre? - Rien, lui répartit l"Ingénu .. si je pensais quelque chose, cQest que nous sommes sous la puissance de lQEtre éternel comme les astres et les éléments; quQil fait tout en nous, que nous sommes de petites roues de la machine immense dont il est l'âme; quQil agit par des lois générales, et non par des vues particuli~res: cela seul me para~ intelligible; tout le reste est pour moi un abîme de tén~brest1. (3).

La raison humaine, tout compte fait, ne peut jamais sQélever

~ ces probl~mes qui la dépassent. Que les philosophes ne fassent

donc pas les superbes. LeursdLsputes métaphysiques "ressemblent ~

des ballons remplis de vent que les combattants se renvoient. Les

vessies crèvent, l'air en Bort, il ne reste rient'... 4

1) Voltaire: Romans et Contes. '''Histoire de Jennil"J', p.544. 2) Bellessort, André: Essai sur Voltaire. Paris, Perrin, 1950. p.343 3) Voltaire: Romans et Contes." "L'Ingénu", p.251. 4) Ibid. '''Histoire de Jen~il"J', p.S25.

)

100

HiCUlt vaut noue éloignor de la métaphysiquo qui présente

do graves dangoro: 0110 divise 100 hommes ot los conduit g our le

plan religioux" aux oxc(}o du fanlltiomo et aUle t'~arbarieo oanglantoo

dao guerras de roligiono:

~e sang a coula dans les omnpagneo et sur los échafauds pour des arguments do théologie, tant8t dans un pays, tant6t dans un autro, pendant cinq oento années" presque sans interruption~ ot oe fléau n'a duré si longtemps quo parce qu'on a toujours négligé la morale pour le dogmo~ (1)

Dans 10 SiDolo de Louio XIV, Voltaire en appelle au témoignago

dos pa..,oos ewt-mCmeo:

r~es papes curont toujours pour but d'étouffor oes oontroverses, dans losquellos on no sOantend p~int" ot do réduire los deux parties ~ cm.oeigner la m0me morale quo tout le mondo entonde Ria~ nOétait plus raisûrülablo~D (2)

La métaphysique tiont aussi los ho~es dans l'angoisse devant dos

probl~es insolubles ot los détourne do la vieo Pourquoi perdre

ainsi notre tempo ot notro énorgio? La °sagesoeO consiste ~ tourner . . 10 dos & la métaphysique et & recherchor le bonheur terrestre

°autant que la nature humaine le comportoao Voltaire sOopposo

en effet, essentiellement, ~ la prétention pascalienno d°6tûblir

"en raiaon" le dogme de la ohute originelleo Si le christianisae

nOeat plus qu'une "question de foi", 10 "sageO resto libro do

fonder sa morale sur une connaissanco positive de lOhomme et de seo

l.imiteso al\. l'égard de Pasoal, le grand point de la question roule .

vioiblemont our ceoi, savoir oi la raioon humaine suffit pour prouver ·3

demI: natureo dans lOhommd.1 (A la Condamine, 22 juin 1734)"

-1. Voltaire: Oeuvren cOIDPllJteso l'Essai our les Hoourou , to13, pa176-177. 20 Ibid.~ I.1STlJole de Louis XIVl".1· ch.37, talS, pa394. 3. Ibid., aCorroopondanceQ

, t.33, p.436.

)

Est-ce une attitude paresseuse de la part des philosophes?

T~on, répond Voltaire, cOest le repos raisonnable des gens qui ont

couru en vain; et apr~s tout, philosophie paresseuse vaut mieux l

que théologie turbulente et chimères métaphysiquest .7.

il­

il- *

Quelle était la philosophie de l'univers de Voltaire? . .

Voltaire croit & l'existence de lois nécessaires au monde. Dieu

a établi les lois du mouvement, puis n'a pas eu à intervenir apr~s.

C'est la "chiquenaude initiale" de Descartes, sur laquelle Voltaire

est du même avis.

IIDieu ne commet, ni n'ordonne, ni ne permet le crime; mais il a fait l'homme, et il a fait les lois du mouvement~. (2)

Voltaire critique d'HOlbach qui tentait de démontrer dans son

"Syst~e de la Nature" (1770), que la mati~re, sans l'aide d'une

puissance créatrice et directrice, suffisait â expliquer le monde;

et en particulier qu'on passe de la matière brute â la matière

vivante, de la matière vivante à l'intelligence par une série de

transfor.mations mécaniques ou chimiques. Il sOappuyait sur les

observations faites par Needham dOanimalcules â for.mes dOanguilles

naissant spontanément, prétendait 18auteur, dans un mélange d'eau

et de blé ergoté. Buffon avait aussi fondé certaines de ses constructions

sur cette découverte.

1. Voltaire: .Qeuvres complèteq. I.7Dictionnaire philosophiqué', t,,19, art. Facult6, p.72.

2. Voltaire: ~man6 et Contes. "'Histoire de Jennit.7, pD539.

) "

200

En 1749Q danD uno uDioDortation SUX\ -JoeD changemonts arrivée

dano notre globeU , Voltairo, se moquant des qyot&mos de Buffon et

de Maillet sur la formation du globo, niait l Qexistenco des coquilla-

geo fosDiles,et oe refusait tl croire que 000 n'pierreo figuréesl'.7

comme on les appelait alors, fussent des animaux pétrifiés, t€moins

do lQt:-poque lointaine oiLla mer recouvrait en partie la terreo Il

sQen pronait au ~eptunismen', théorie dQapr~s laquelle le globe

terrestre aurait été façonné par 1" action des emm, dont certains

abusaient dans une intention apologétique, parce quQils y trouvaient

une preuve scientifique du Déluge, mais qui avait le mériteQ

surtout chez Buffonq d'expliquer la formation du globo par une

méthode fondée our .Pobservationo LeD fosoiles que lQon trouvait

sur leD Alpes n"étaient dQaprûD Voltaire, que des coquilloo

rapportées de Torre Sainte par 100 croisés ou 100 pélerinso Du

reste, il condamnait toute théorie qui supposait des changements

considérabloD sur notre globeo nIl nQy a aucun SYDt&me, disait-ilQ

qui puisse donner la moindre vraiD~lance ~ cotto idée si généraœ

lemont répandue que notre globe a changé de face, que l'océan a

ôté tr~e longtemps our la terre habitée, et que les hommee ont .. '

vécu autrefois où sont aujourd'hui los marsouins et 100 baleineoo

Rien de ce qui végDte et de ce qui est animal nQa changé; touteo

les espêceo sont demeuroeD invariablement leo mOnoD; il serait

bien étrange que la graine de millet conservfit éternellemont sa

nature, et que le glObe entier variat la sicnneoo

En 17680' dGnD le tmrto {~es Singularitéo do la Naturo"'" il

blUmeQ non Dans raison, los Dystümeo trop hatifs" et proclame pour

le Davant la néceooité dQavouer d'abord eon ignorance; maie il nQon

)

21.

est que plus libre pour e~c:aminer avec une malveillance évidente,

les découvertes faites ou les hypothèses proposées par les savants

dans les vingt dernières années: nature du corail, nature des

polypes, for.mation des montagnes, génération spontanéeGD. De Maillet,

auteur du ~elliamedQ, Needham, dont les observations microscopiques

représentaient une oeuvre considérable et neuve, sont couverts par l

lui de ridicule. Il critique la théorie de 16ovisme, résultant

des découvertes du médecin anglais Harvey, d'apr~s lesquelles tous

les êtres vivants venaient d'un oeuf dans le corps de la femme. Il

critique les théories de l'animalculisme de Leuwenhoeck qui découvrit

les spermatozoides origine de la vie, et Hartsoeker qui les étudia

au microscope. Il s"amuse, sans cherche~ & le comprendre, aux dépens

de Buffon qui s'oriente vers le transfor.misme. Enfin sur la vieille

question des fossiles, tout en admettant "qu'il y a eu sans doute

de grandes révolutions sur ce globe'" et que "'la mer a couvert certains

terrains"', il maintient le plus sérieusement du monde l"eJcplication

qU'il proposait vingt ans plus t6t:

"Je vois que si de bons citoyens se sont amusés ~ gouverner les Etats, et & se mettre & la place des rois; si d'autres se sont crus des Triptolêmes et des Cérès, il y en a de plus fiers qui se sont mis sans façon à la place de Dieu,et qui ont"créé l "uni vers avec leur plume, comme Dieu le créa autrefois par la parole.

Un des premiers qui se présent~ ~ mes adorations fut un descendants de Thalès, nommé Telliamed, qui m'apprit que les montagnes et les hommes sont produits par les eaux de la mer ••• Il y eut d'abord de beaux hommes marins qui ensuite devinrent amphibies. Leur belle queue fourchue se changea en cuisses et en jambes·· .. (2)

1. Vol taire: R,oIl1ans et Contes. l'.1L'Homme aux quarante écus 1".1 , p. 310. 2. Ibid., p.307

)

220

Et" plus Roin:

- l-iais" mc>nsieurlDinorédlllo" que rC'Pondro~vouo aux. hu~roo pétrifiées quDon tifrouv6es. sur le oornm:>tdoG .lU.pes?

;;"Jor6pondi-GiD . monsieur le Créateur" qUojonDili pas.,VU plus d"huftres pétrifiées.quo d~.mloics,dcvaisôeau sur le haut dumorit CeniS'aJo répondrai ooqu"on adoj~.clitq qu"on a trouvé desooaillas dqhu~troo (qui se pét ri fi ont aisément) âde tr(}s grandeodiotanoes de la, mer, 'oommeon a déterré des médailles roinaines â oent lieues do Rome; . etj"aime mi eux croire que des pélerins de Saint ... J BCquOS ont laissé quelquescoquillos .vero Saint-Mau'rioe que d'imaginer. que lamer a fo~é le mont Saint-Bernard"a

Pour oritiquer et ridiouliser la théorie de l"ovolution des

esp~ces de 11aillet et d~ Buffon" la th~se dos syst&moo de révolutions

de la terre".la question de la génération spontanée'ct leo savants

de son époque qui disaient que les animaux inforieurs naiosaient

oano ger.me" Voltaire De fonde sur le "sens oommunOD On peut lui

reprocher de nDavoir pas toujours deviné'oe que renfer.maicnt de

vrai certaines oonceptions encore rudimentaires des physioiens

ou géologues de Don temps; mais mGme. si plus tard les progrClo de

la scienoe ont oonfirmé les hypoth~ses qu'il avait rejetées, il

reste toujours vrai qu"il apporta la oirconspeotion et l"ea,prit

critique d"un ho~e de scicnceD

L"essentiel pour Voltaire est que la m6t~ohysique aboutisse

~ une éthique a LDhomme est au monde pour agir; Ole déisme ne serait

quDune spéculation crcuse" sOil ne contenait. pas la moraleo Cette

morale n"est dOailleurs pas, ~ propremont parler" 00 que nous

appelons une morale laiqueD Rest6sfidû10D amI: con00ptions tradi-

tionnolles" 1013 déistes du XVIIIe oiêc10 fondent la morale our la

)

23 •.

religion réduite tL la croyance en Dieu;o;u plut6t ils confondent '", " ..

la religion avec la morale .. Le Ci6ism.e csf entaché d0morGlisme~ .....

.; ..... '.

l-lais Dieu n'est pao complôt~memt.'dis6~us· ciâris'la ioi'~naturelie~" . " . " .,' .

" ... : ........ ,'

Dieu est le· législateur de. ç.ett~.loi. · .. La~mofale déiste ···deVoltaire· .'",' c"'"

recÔle ce paradoxe': 'elle, <fulanede 'ladi v!ri~~é, 'et . p~~itant l 'hOImll9·· .. , . . ...... , '. '.. ,II l'

vertuallX n'a pas besoin du secours deDieu. . "

. . ..... ' '.' "'. .' .......... " "':".

Le Dieu .de Vol taire est tr~s loin et tr~s au-delà de l'homme •..

Il est l"Etre par excellence" parce quiil e~tl'Üniversel~ 'etque

seul l"universel existe pleinement. Le sens de l'universel est ., ..

enraciné dans la nature de Voltaire. Il n~y a de vérité qu'universelle.

Et si le Dieu de Locke, de Nm'rl:on et de Clarke est vrai, .c'est qu'il

est universel. Son envergure infinie GJ!:ci te 1" enthousiasme in tellec-

tuel de Voltaire, qni le sauve de la dépres6ion du vide intérieur.

En quoi consistait le déisme de Voltaire? Pour nous éclairer

sur la vraie religion, Voltaire nous transporte volontiers dans

l'au-delà, au moment du jugement dernier (Traité sur la Tolérance, Ch.22;

Dictionnaire philosophique, art. Religion II). Dans lI/article UDogmesll

du Dictionnaire philosophique on pourra trouver lI/essentiel de sa

doctrine: ce qui compte, ce ne sont pas les dogmes ou les rites qui

varient avec les religions, ce sont les actesvertuetUt sur lesquels

les hommes sont d'accord. 11La morale est une, elle vient de Dieu; les

dogmss sont différents,' ils viennent de nous".

Voltairo fait une étude des religions. Toutefois son

scepticisme le préparait mal â une étude objective. Il no comprond

rien li la foi ni au mysticisme. Pour lui les eapri ts religiemt se

1. Pomeau, René: ,I.a Relj,qion de Volj:aireM Paris, Nizet, 1956. p.301

') di visGl1t en dame oatégorioD: 1013 °friponDo qui no oroient paD ~

lour ,roligionmaio laoonSid)Jrent cOZQoun moyen de domination"

ct le13 aimbOoi!ooc;. orédule~<~t'onthousi~ot(JD.· qUi:dert.OMcmt. doc ". .... .' '.2 '. " .',.> :' ". ' ... fanatiquooaC8oDt'm6co~a~~re# 6vidën:menf,~oqu':l1 y a 'de' profond

',-.,.'"

. ··dano 10 oentimeili: roligieux~·· ": .

, ',. . . . . . ,.... " ; '.,' .,,-,

. Vol tail"o r6sumoouoonception. du d6iSniootdo'la:r~iigion . . ',' . . .

dans le ohapitrolO'doCapdido"CUoot laroligioI\ de 18Eldorado ..

Candidofitdcmander par~aoambo oi danD le pays' il y. avait' une

roligiona Le vioillarden'rougissant:'lui dit:. , .... "

.... Eet ... co 'quuil pout y' avoir deux religiono? Nous avonD ,I jo crois,l l.a religion do toutlemondo; nou~. adorono Dieu du soirjuDqul1 aumatiIÏ .. ,:· .....•. ..... .'. '. .

- NI1 adoroz-vouD qu°lÙlooulD.icu?dit Caoaroboa - Apparcn:nônl,,·dit.lovieillard/TIquI1U nOy on a ni doux" ni troio~rilquatrea' . . .

Et lorsCJUo Candide voulut savoir con:m.onton priait Dieu danD

l'Eldorado: . .

-.Nous ne le prions point ,l dit 10 bon àt rOQpootablo segoü nOUD nl1 avono rien ~ luidonandor" il noua a donn6 tout 00 qu 11 il nOUD f6lUt; nouDlo romorcions sa.'1s co 13 0 OC.1 0 Candido eut la curioDité do voir doo prQtreD; il fit dwi1!l!ldor 011 ils étaient" Lo borf:ioillard oourit: c~10D amis" dit-il" noua DOm::nOS tOUD prOtroo; le roiot tousleD. chofs do famille ohantent deD cantiqueD d"actiono do gracos solcnnel~ l€Jlont tous los matinD" et cinq ou. sb: mille IilUsicieno les acconpagnent ..

"" QuoH vous n l1 avoz point de moines qui enseigncmt, qui disputent, qui gouvernc;mt, qui cabalent, et qui font brüler les gons qui no sont pao de leur avio?

- Il faudrait quo nous fussions fous, dit le vioillardoao (1)

Voltaire avait admiré on Angloterre leo SocinionD" tolorants

et proDquo d6iDteoo DiDcipleo do Sozzini (fin QU )&10 sioclo)o ilD

ne voulaient croire quo co quoon trouvait clairomont o2~rim6 dano

10~ariture, 1013 vérités simploD et univorsollos qui ol1 accordont

la Vo:Uaire: E2rillID,D=ot COJil.:t2,Q.o '';'Candido OU POptimimno"'" pol7Do 20 Manuel de Littérature, collection L~gardo et Michard, IV, pallSo

25.

avec la Raison: c'était nier le rnyst~re, refuser toute valeur

& la Tradition, supprimer tout l'édifice ecclésiastique et ramener

la religion chrétienne li une philosophie purement morale. Vers

1775, aux Délices, il eut l'illusion que le protestantisme des

pasteursgénevois, libéral et assez détaché du dogme, l'aiderait

& fonder.une secte philosophique d'esprit déiste; pour les y engager, - '.. -,

il poussa d'Alembert ~ les présen~erCians l'Encyclopédie comme

étant déjà d'un "socinianisme parfait" (article Gen~ve de l'Ency­

clopédie, 1757): quelle ville admirableg Ses pasteurs sont presque . .' .'

déistesg Mais pourquoi n'a-t-elle p~s de théatre olll'on pourrait

go~ter les chefs-d'oeuvre? J.J. Rousseau répondit longuement dans

la Lettre ~ d'Alembert sur les spectacles (i758). Il défendit les

pasteurs accusés d'hérésie,dénonga .~ '~orali té de la comédie et

combattit le projet d'établir ün thé&tre .~ Gen~ve. L'article souleva

des protestations unanimes et Voltaire conçut de cet échec une vive

désillus ion.

Dans les Lettres philosophiques, IG3 Lettres l ~ IV sont sur

la secte des Quakers, que Voltaire juge avec sympathie: il estime

leur droiture, leur humilité, leur simplicité, la pureté de leur

morale, et surtout leur tolérance. Il les appelle le E1calumet de

la paix17•

Ç~ans ces dewe patries de la vertu, tous les citoyens sont égawc, toutes les consciences sont libres, toutes les religions sont bonnes, pourvu qu'on adore un Dieu; tous les honunes y sont fr~res"'u (1)

Il présente avec complaisance les points de leur doctrine

qui s'accordent avec ses propres conceptions. Pas de bapt&me: I~OUS

ne pensons pas que le christianisme consiste ~ jeter de l'eau froide

1. Voltaire: Romans et Contes. t.1Histoire de Jenni", p.521

) sur la tOte avec un peu de sel"; pas de communion: "non, point

l d'autre que celle des coeurs" e Pas de prêtres: "Vous n'avez donc

point de pr~tres, lui dis-je? - Non mon ami, dit le Quaker, et nous

nous en trouvons bien. A Dieu ne plaise que nous osions ordonner â

quelqu'un de recevoir le Saint-Esprit le dimanche, 1i l'eJcclusion 2·

des autres fidèles" a

Voltaire eJcprime dlIDs les Lettres V et VI une idée qui lui

est chère, la nécessité de subordonner la religion au gouvernement.

Surtout il pr8ne comme Bayle et Montesquieu les bienfaits sociaux

de la tolérance: "S'il n'y avait en Angleterre qu'une religion, son

despotisme serait à craindre; s'il y en avait deux, elles se coupe-

raient la gorge; mais il y en a trente, et elles vivent en paix 3

heureuses fi •

Voltaire maintient que toutes les religions révélées s'opposent

au bonheur de l~homme, car leur développ~ent est nécessairement

accompagné de superstition qui, à son tour, apporte le fanatisme,

cause de tant de malheurs et de versement de sang. Il se livre â

une critique implacable et mQme mesquine de leurs fondements, surtout

des textes bibliques. Interprétant les données de l'Exégèse de

Richard Simon (XVIIe si~mle), il ne voit partout qu'invraisemblances,

absurdités, superstitions primitives; il ne se lasse pas de ridiculiser

les cérémonies religieuses. Voltaire tourna le plus gros de ses attaques

contre la chrétienté, et le catholicisme en particulier, parce qu'il

croyait que, non content d'étouffer la raison ou de rendre esclave

l'esprit humain, il avait seulement semé la discorde et la mort qu

long cours de son établissement.

la Voltaire:

Ibid., Ibid.,

Oeuvres cO!1lPl~tes. "Lettres philosophiques", t. 22, Lett~ l, p.a3 Lettre II, p. 87 Lettre VI, p. 99-100.

)

27 a

Sous une formo burlesque, Voltaire tend li un but sérieme:

montrer que, dans la divercité de leurs dogmes et de leurs rites,

nles religions sont pureMant humainesn et usurpent le respect dG

awc choses divinesu

Qu'on supprime donc toutes les superstitions, c'est-~dire

toutes les religions positives, et en particulier le catholicisme,

dont les dogmes sont absurdes ou obscurs, qui pr8ne l'ascétisme

et la soumission aveugle à la règle, qui veut Qtre un corps dans

l'Etat, dont les pr8tros étalent leur immoralité, et qui, au couro

de l'histoire, n'a fait que donner des eleemples criminels de cette

intolérance et de ce fanatisme que Voltaire, souo le nom d'Inf~e,

se propose dO eJetirper a Nonnan Torrey donne une définition assoz

claire de l'inf~e:

r"The infamous thing to' be crushed l'laS superstition, contrary to reason; fan at ici sm, 1'1hich tried to suppress the progross of human thought by violent means, and t'lhich had put Calas to doath on the 't'lhoel and û.trociously tortured and burnod the youthful Chovalier do la Barre for impioty end oacrilego; it uas aloo by inference the Catholic Church and the Christian religion'.1 a (1)

Sous le nom d'inf~.me, Voltaire semblait tant8t se référer fl'

la religion en général, tant8t ~ la chrétienté seulement, ou encore

amI: Jésuites spécifiquement, ou aux ennemis de ces derniers, los

Jansénistes, ou encore ~ la superstition et au fanatisme religiewta

En réalité toutes les religions révélées qui oe déohirent entre

elles, sont d8accord sur l8essentiel: 18e:dstence de Dieu (Cha Le

Soupar dans Zadig)a C'ost dans co chapitre quo Voltaire a présenté

sous la for.mo la plus séduisante l 8idéo du déisme: satire des

7Uerellos religieuses ~ propos des détails matériels qu 8il jugo

sano importanco; idée que les religions sont d'accord sur l'esoentiela

la Torroy" Norman: ],oes Phi.lQ,D2pi!q,s a Not'] York, Capricorn Books, 1960, pa259

28.

UNous sentons que nous sonrrnes sous la main d'un gtre invisible;

c'est tout, et nous ne pouvons faire un pas au-del~. Il y a une

témérité insensée A vouloir deviner ce que c'est que cet &tre,

s'il est étendu ou non, s'il eJdste dans un lieu ou non, comment l

il existe, comment il op~re".

Cette existence de Dieu nous est garantie, non par une

révélation illusoire, mais par la raison, qui fait l'accord entre

les hommes. Après l'av~nement de la philosophie, l'age des querelles

théologiques est révolu. Selon une idée ingénieuse de Fontenelle,

que Voltaire adopte, l'humanité vieillissant comme vieillit chaque

individu, a atteint l'age de raison. A l'€ge des hommes raisonnables,

Voltaire et la plupart des honn@tes gens en France et en Angleterre,

sont déistes. Car, toute sa vie, Voltaire a protesté contre l'accu-

sation d'athéisme. C',est cette religion naturelle, ce cul te de

l'Etre supr€me, "Dieu de tous les &tres, de tous les mondes et de

tous les temps" que Voltaire voudrait faire triompher. Il veut

désabuser les hommes de l'esprit de secte et des "mystères incompré-

hensiblestl 0 Les myst~res de la Trinité, de l'Incarnation, par

exemple, révoltent par leur "inhumanité"'; les dogmes de l'Eglise

catholique sont absurdes et obscurs, de mt?me les dogmes du péché

originel et de la Rédemption. Il combat la superstition qui attache

le salut A des croyances et des cérémonies particuli~res, et non

~ la morale qui est universelle. Les gestes saints deviennent gestes

d'hommes, comme les autres. On fait une belle procession, avec une

belle musique en famc bourdon, on fesse Candide en cadence, parce

que c'est croit-on U un secret infaillible pour emp&cher la terre de

1. Voltaire: Oouvres compl~tes. "Dictionnaire philosophique", t.1S, art. Dieu, "'p.359.

)

29.

trembler". Mais "le mGme jour la terre trembla de nouveau avec un l

fracas épouvantableu •

Voltaire rejette m~e l'idée de la pri~re, qui lui paraît

méconnaître la toute-puissance divine:

"L'Eternel a ses desseins de toute éternité. Si la prière est d'accord avec ses volontés immuables, .il est très. inutile de' lui demander ce. qu.'il a résolu de ràire~~Si oille prie de faire leconttaire' de cequ 'il arésolu~ c'est le prier d'@tre faible, leger,înconstarit,c'est croire qu'il soit tel, c'est se moquer de lili".(2) . .

. Et dans le conte l'''Les Oreilles du Comte de Chesterfieldl":

"Oh~ qui vous dit de prier Dieu et de le louer? Il a vraiment bien affaire de' vos louanges et de vos placets~ (.0.) Faisons notre 'devoir envers Dieu, adorons-le, soyons justes: voil& nos vraies louanges et nos vraies prières". (3)·

C'est, d'après Voltaire, la morale qui importe (Article Dogmes).

IILa religion n'est instituée que pour maintenir les hommes dans l'ordre et leur faire mériter les bontés de Dieu par la vertu". (4)

Base de toute société, la morale est le trait d'union entre les hommes:

'iLa morale dD'Aristote est, connue toutes les autres, fort bonne: car il n'y a pas deme morales 0 Celles de Confutzé~ de Zoroastre, de Pythagore, d'Aristote, d'Epictète, de Marc-Antonin, sont absolument les mêmes. Dieu a mis dans tous les coeurs la conscience du bien avec quelque inclination pour le mal". (5)

En l'absence d'une révélation, notre raison et notre conscience seront

donc nos véritables guides. Une maxime de Confucius représente pour

Voltaire le "code du genre humain": l'IVis comme en mourant tu voudrais

avoir vécu: traite ton prochain comme tu veme qu'il te trai teu • Et

la Voltaire: 2. Voltaire:

3. Voltaire: 4. Voltaire:

5. Ibid. ,

Romans et Contes. "Candide ou l'Optimisme", p.149. geuvres comolête§.tJDictionnaire philosophiqueO, t.20, art. Prières, p.275. Romans et Contes. uLes Oreilles du Comte de Chesterfield"',p.559. Oeu vres ;'mRlêtef?/'Dictionnaire philosophique", t. 18, art. Droit canonique, p.430. t.17, art. Aristote, p.37l.

'." .:. :.: , ....

300

.' si Voltaire s'est tournG vers Jésus Christ une fois, lui disant: . ,' .. ". Il'· . :...:

r"Jevous prendspourriiOn seul maUrè,c'est que le Christ a enrichi

", ." comnïe vOus;"m.êmell'." (1 )

. . . . '. .' .' ~ -:

".:: .

- "-

'. , Lefélllàtisme ' emp@che 'les hommes de 's'aimer comrrie f~~~es:

Voltaire dénon~e clonc'''l 'en tho~siasme{" 'qui ram~ne, tout &. une

,'" ,.

unique pensée au lieu de voir le juste milieu deschoses'.:Sal'lS

relaché il évoque les guerres civiles, les injustices, les assassi-.

nats dictés par l'esprit de secte. qui aveugle autant les victimes

que leurs persécuteurs (Conclusion de l'Essai sur les Moeurs). Il

s'en prend particuli~rement & la religion catholique parce qu'~ ,

sonélJoque ~lle bénéficiait contre les .autres de l'appui du pouvoir ,:- ' .. ; .. ....

civil; mais il a aussi dénoncé le fal'latisme des protestants et' des

mahométans.

Seule la tlphilosophie" peut favoriser l'esp:dt de tolérance,

et Voltaire s'y emploie de toutes ses forces. En insistant sur

l'incertitude de nos croyances, il nous invite &. tolérer, par

"humÜi tU', . celles des autres hommes aussi persuadés que ndua de

détenir la vérité. Pour lui les différences entre les religions

se ramênent & des futilités matérielles, et la seule chose qui

importe est la vertu en société, qui se résume en ceci: justice et

bienfaisance.

1. Voltaire: Oeuvres cOffiplêtes. II'Dictionnaire philosophique", t.20, art. Religion, p.347.

2. Voltaire: Romans et Contes. l'.1Histoire de Jenniu , p.503.

,., _.---------

. . ~.

'::

...... ,

31.

,rPaisque nous nous aidions mutuellement 13.' supporter le fardeau d'une vie pénible et passag~reUa (1)

. : '. .

. : :'. ','. ,' .. : ':-. . . '

l'La'n~t~r~:dit' ti': :tôijsle~':hommeI3:' puisquevousQtes'fé1ibies~ , secoureZ'-vous; :'puisqUe vous 6tes ignorants, éclairez-vous '.·et . suppor.te~vousr, ~:( 2)

.. ,';' . . . .... ,

Ç'pn .dé.~,e~~e<+a rel~;~lon,s~s~~gmes, s~,~r~~i;io~, ,sori~ulte, ses pr.êf~E!s,"mais~n:ab~sbin., de l'id~e,deDi~~t,t6ut >le' déisme est

'. :;.;::,'." •... " :""',;"3'·

dans.cettec:iontradictfonn •

lu Voltaire: Oeuvres com~~a (ITraité sur la Tolérance", t.25, p. 107.

2. Ibid., p. 114. 3. Pomeau, René: Reliçrion de_Voltaire. Paris, Nizet, 1956. p.194

PfIAPITRE II

LE MAL DMS LE }f()NDE

""ILle faut avouer, le mal est GUrla terre'" (Po~esUrle Désastre de Lisbonne, 1756)

.. Le probl~e du mal dans le monde a hanté l'homme de toute

. étern.i;té •. DepuisJ ob et ses. Bouff rancesv l'homme n'a oessé d'élever

· vers le oielcettequestion:pourquoi y a-t-il tant de souffranoes

sur la terre? Pourquoi tant d l1injustioes et tant de orimes? Conunent , ..

peut-on conoilieroe mal avec l'existence de Dieu? Et si Dieu est

bon, pou l"quo i a-t-il permis qu l1ily en ait?

Le XVIIe siêcle avait réponduû ce problême en rappelant la

· conoêption ohrétienne de notre vie mortelleDNos mis~res nous viennent

de la faute originelle, qui nous a eJcolus du paradis terrestre, et

dont nous oontinuons & porter le poids .. Nous ne sonnnes que des

passagers· sur cette terre, et si nous suivons la loi de Dieu l1 nos

souffrances d l1 urijour s~ront le prix dont nous paierons une éternité

de bonheura Car Dieu est juste et misoricordieuJc l1 et nous avons ôté

· rachetés par le sacrifice du Fils de DieugEncore le Jansénisme

avait-il ajouté â cette interprétation du monde une rigueur toute

particuli~reD Pour ceux qui dans 1l1angoisse, imploraient le seoours

d'une grace dont il n l1 0tait pas ~ar qu l1 elle leur fût accordée, 10

mal était plus pressant, le poché plus affreUJc, plus incertain l

II/espoir"

Cette attitude de soumiscion et d l1 attente, le XVIIIe siêcle

no veut pas la prendroo Le Dieu quQ!l invoque nI/est pas un Diou

ID Cfo Paul Hazard: Le problbne du mal dans la conscience europ6enne du XVIIIe si~cle,-RomlIDic Reviet'll1 32: 147 .. 1701/ 1941 .. Op.cit.

) personnel; cUeot un Diou lointain" effacég un Diou sans forme

et sans figure" un Dieu inconnu. Souvent même il lui substitue

une puissance mystérieuse" quU!l appelle la Naturo8 et qui est

nécessairement bonne. La possession du bonheur pour cette {~oque

devient un rOve impérieuJc, un besoin immédiat, présent, et non

pas un bonheur relégué dans un avenir dont on n'est pas s4r et

dans des paradis peut-Gtre inaccessibles. CUest un bonheur dont

on vout jouir aujourdQhui même sur la terreD

D'autre part les no~vëlles découvertes scientifiques

provoqu~ren:tlàmiseen: questi.On deo croyances premiêres" et

certaines croyancosm?t,aphysiqueode la chrétienté étaient contre-. .. .. ' .. '; ":~.'. '.:' -,: ' \ .', ..... '.' ...... :

dites' parles faitS'phYs.igues de la scienceD Certaineo nouvelles

découvertes" en effet, ',donnèrent lOimpress1on que l'homme était

capable de conquérir les forces qui l'entourent" et comne la

nature 'sembi~i't'être merveilleusement organisée" on en vint il ,., ';,' :"," .. " . ,

,pensei' quq'il: clevai t·'yayoir une force supérieuro qui la dirigeait, .. ,;, .... , . ," . ,", ,

et ces mC~es merveilles de lu nature prouvaient l8existencede Dieua

.Et du moment que DiGU étaitu l8univers devait Otre construit d'une

maniêro parfaite. Evidemment cette doctrine était en contradiction'

avec le dogme du péché originel" commo Voltaire le montra dans

Ç~dideD La conception de Descartes montrait que 18univers devait

tourner mécaniquement comme une montre; cela prouvait lOhabiloté

infinie de Dieu, sa bonté et Gon pouvoira Mais comme l'oJ~érienc0

do d6fcctuosi tés naturelles dano le mondog et 18 mdstonc0 de mal

physique et moral dovenait évidentoo certainos personnes vinrent &

)

340

douter de la sageoseo de la bonté et de la puissanco divinesD Et on

en vint ~ discuter si lQhommo pouvait contrelar 10 monde qui lOontouro,

'sQil étélitlibro dUagir ou de ne pas agir~'~#il pouvait faire oa

dostinée,la changer, ousoil en était lQosclave? Jusqu'fi quel point . 'le bonheur était-il possible? Il devint évident que l'homme dans

ses déoouvertes Bcientifique~avait d€m~~tré son ~Sbileté 1i oo~qu6rir les forces qui l'entourent et cette conviotionl'emporta sur,celle

, de la gloire de Dieu manifeBtedans l'ororedela natureil " " . .

Ayant nié le rOledo la ProvidencoD ,ayant o:l[:clu. le dogme du

péché originelD et ayant maintenu quelQesprit humainQ adroitement

développé" éta! t capable d'effootuer aVQO suoc~s l Q avancement de

lQhomme, ,les proposeurs de cette doctrine du progrÛlo virent plusieurs

cas d'échecs qui pouvaient ~tre mal' eJt:,oliqués en recourant sim..'Olcm::mt

aux puissancos intellectuelles de l'hommeo et quiQ au contrairo,

pouvaient Qtre bien el~liquésD comme Pascal lOavait assuréq par le

rSle do la Providonoeet le dogme du péché originel"

Le probl~~e du mal qui dans la religion chrétionne avait été

réduit & des croyancos clair~~ent définiesD devint alors le probl~3-

clef du XVIIIe sièole, mettant en question des probl&mes aussi

€pinewc: que colui de la Providence, le libre-arbi tre, le déterminismo,

la bonté de IDhommo" sa responsabilité dans IDactiona Car il sOagissait

de savoir â qui il fallait attribuer la présence du mal: & Dieu, &

la nature, ou & lOhomme: le probltme devenait théologique, métaphysique, l

ou moralD

LIra OD l'Jade; 1l.0ltfl;i,;r:(") And CAn,Q;I,d,A, A S'tudy in tho f-usion of History, Art and Philosophy,-Princeton" Nell Jersey, 1959 - po7

)

350

Ainsi le probl~o no se résolvait plus par un aote de foi o

10 mal n Q0tait plus une loi quQil fallait subiro mais un illogisme

qulf!l s'agissait d°eJrpliquera Et, puisquo la raison de lOhomme allait

éolairer tous l~sniYot~ros" cOest li elle seule qulf!l appartenait de , .. . . ."

trancher, le débâta,

.":.( . . '-', . ",:"

'PlusieursPosi tions', d'eSprit furent prises ,vers la fin du , ! ,.' ..

XVIIe si~cleet :au début du XVIIIe ,~,i,~~l,e pour,os13o.yer, d',é.olairoir" .; .~ , .... ;. "::.. ,.; ... : ..... .':, ..... : .. ,:'" ...... '. .. ... :<. ,

10 problbne du rital et firent passer la question du plan religiGu2~ . .', ,',',.'.', ". ',. ' "':. . .

, au plan purement prd.losoph:l.queo,'

Ainsi Bayleo~oyait que les myst~reo étaient tous au dcl~ du

pouvoir de'la raison huma!neq' du IllOll'lent' qulfèlle ~e pouva:i.t ~ion faire . . "

poureJrpliquer leur' r6alitéoPo-u/ lui, t~ut effo~t poùrutilis~r

Ilfesprit humain pour prouver oe ,qui est au del~ de la puissanoe de

la raison,eat uri abus de la râisonD" Il se demandait: peut-onc:lire ~ . :,., ',. '. " .'. . . . .

que Dieu a créé le, monde pour sagloir<;>r peut-on 'dire que le mal ,)

étaitnéoessairoqvraimentr Dans 10 Dictionnaire historique et "

oritique(l697) Bayle avait essayé do montrer que le 'probiême du , '

mal eat absolument inextrioable, ~illfon raisonne dans Ilfhypoth~se

dlfun Dieu unique et bon et aveo los soules ressouroes de la raioon

naturollea A sgen tenir ~ la seule raisonq la solution maniohéenne"

eJtpliquant la totalité du réel et le mél~ge du bien Gt du mal par

la lutte de doux principes" ,1 qun bonlf l'autre mauvaisg serait la

plus satisfaisantco Lqorigino du mal est obscure" °0110 est hors de . '. '.

porté0 do notro raisont"1a l1arting dans Q..,an ... didou représente lUattitude

de Bayleq que co soit dons son image du malheur dans 10 monde, ou

dans son acc0ptation d0s demI: principes; il ODt le type dlfune position

que Voltairo était prût ~ aocepter avant le nooaotro de ~iobonneq

moio ~ laquelle il no pouvait oouocrire dano ~a~didqo Il d6finira

pluo tard dana Don Dictionnaire philosophique lOattitudo do Bayle

ainsi:

q,'origino du mai atoujo~ro ôté un abi1nedont poroonne n'a pu voir le fond .. C"oot co quiréduisittont d'anciens'

·philosophes 'et de' lêgiolateuro Ct recourir ~. deuxpr1ncipos, ·.· .. ·l'u:n·bon~.·-l'Qutro mouvais .. Typhon était le 'mauvais principe . choli los Egyptionsq, lliimano .èhez los Pe%'Ooo. Loo Manichéens

, éidopt(}ront, . comme on oai t,,' cotte théologio; maio~ · comme' cos .' . ' ... ··gons-lfln'Qvaient. jm;:url.s parlé ni au bon ni numaùvaio , .

principo,·ilno.faut pao leoen croire, our '.leur paroleo .

Parrot'leo :abou~dii:é~' dÔ~t' cê' ~ondO r~gorgo" et ~oon pout' mottroQu' nombro denoc· oaWI:o' . co n" oat, pao une obourd! té

'léglJre, quo, d"·avoiX· 'oupposa doux ôtroo tout"'puisoonto" 00

. battant Il· qui deo' dOUE mettrait pluo. du Dien dano co monde" et faioant un traita CO!!l!!le 100 doux médocino do !-101itlro: Paoooz-noi l"6n6tiquoq et je vous passerai la Daignée. (1)

. .

DOautroÇl philooophes s'employèrent f:l ~doucir le tre.giQlUe dola vieo

Shaftesbury dCI!lond~it:. pourquoi devrione-nouo vivro toujourlJ ciGne

un atatde poniquo~ Pourquoi tmiter" ou écoutor ooulcnent Job" ce

. plourourqco parooito do Dieu~ Pourquoi,coneidarer toujours Diou

oill.·(mthouaiostoo" on atrabilaireo et en fcnatiC/lUooo Uoona de ce grand

rCl:l<àdo qui oOapPGlle la bonne hUmour Il appliquons ... lo 0Wt maWl: dont

nous noua plaignonei appliquons-la mCmo ~ Diouo Si nouopcnoons Ct

Lui aVGC bonne huoGur, ot non plus avec EDrooita" Don caro.ct~ro 2

changera; il deviendra biGnvo!llent ,l atmobloa

Leibnitz" dans sa CritiquG dG la Raioon diffarait eaoentielle-

mont do BaylG cor il croyait on sa puisoancoconotructiveq tondis quo

Baylo la conoid6rnit uno force dootructiveo Sa doctrine contonait

100 oZ'ÇJUlî!onto oJUi fatanlent diguo au ocopticicr.J.o de Boyle" II aon

== l a Vol tairo: Q.Guy!:0.o-=cg.r~:oi9 .. t9J! 0 UDictionnairo phUoaophique"" t 017 Il

orto °Bion, tout oota" p.S03 20 Hazard, Poul: Lo problbo cill. nal dano la conecionco européonno du

XVIIIe oiDc1e - RO:lenic Roviou" 32: 1.!J7-170" 100110

370

manich6ismo aussiD DOdbord il avait réduit la place des oatastrophes

naturelles et do lOcnoombrante souffrance et, utilisant un viotUC

terme, il les avait appelées le mal physique, oe qui semblait déjli

moins douloureux, oe qui les soustrayait au réel pour les réduire

.~:tinoono6pt ·philoaophique, pour los faire rentrer dans la oatégorie

. ·de·l'intelligiblea De mCme pour le mal métaphysique: oe que nous

appelons un mal de notre point de vue particulier, est-oe vraiment

un mal dans Pordre général des choses? r.1ijne ligne, disait-il, pout .f •

avoir des tours et desretouro, dos hauts et des bas, des points do

rehauss<:ment et des points dOinflmdono dos interruptions et d'autres

variétés, de telle sorte quoon nOy voie ui rime ni raison, surtout . .

en ne considérant Qu Dune parti~ de la ligne; et oopendanto il se

peut quoon en ,tJuisse donner l'équation, dans laquelle un géom~tre

trouverait.la raison et la convenance de cos prétendues irrégularftés .. ·

Il n'en va pasautrament pour ce qui nous paraît Otre des monstruosités,

des défauts scandaleuJt: dans l"universa Pour juger de l'ensernbl,a,

notœo vue est trop courte; ai nous nous plaignons de tel ou tel

détail, cUest faute de distinguer le planuo

Restait le mal moral: comment justifier nos défauts, nos vices;

nos lachetéa et nos orimes; cette affrGuse cOmPaisance et m~e ce

godt maladif que nous avons pour le péohé; ootte perversion qui vient

corrompre nos intentions en apparenoe les plus pures1 Pour eJ~liquer .'

oG-mal, Leibnitz esquissait un tableau grandioso. Il évoquait lUinfinité

des mondes possibles, tels que DiG~'l avait pu sc les rcpréoenterg avant

dUen choisir qui fussont dignes d.e passer du néant & PGtro; ct il

montrait le choiJ~ mGme do co Diou, faisant surgir dQentro los futuritions

colla qui lui paroiaooit la plua digno" colla qui contonait le Eoina

d°imporroctioRo Dons cotte marge dont la roiaon comprend la n6ceaoitô"

puiaquoelle constitua la diff6ronce ontro la créature et 10 crôatour"

cians cotte image indioponoable et logiquo" se logo la mal qui doit

Gtro une des composantes du tout: ~a suprGme oagoooo" jointe ~ uno .. ' ,

bontôqui n"est pas moins infinie qu'ollo, n"a pu manquer de ohoisir

.. lonsilleuro Car, comme un moindro mal oot une eop~ce de bien, de

mCmo un moindre bien est uno espDco do mal, sOil fait obotaclo â un

bien plus grand; ct il y aurait quolquo chooo ~ corriger dans leo

actions do Dieu, sOil y avru. t moyen do mioux foirea Noue lEOnde est

donc le moins mauvais dos mondes poasibles" ou" la meilleur dos reondes l

posaiblosC.7 0

Voltairo ridiculisera Leibnitz plus tord" on 116~" dano son

Dictionnaire philosophiquo do cotto fa~n:

nee fut Un boau· bruit dons los écolos" ot man::> pond los gons qui raioonnent" quend-Leibri.itz,,· on paraphrasant Platon" bQtit son édifice du moillGurdos nondeo poooibloo" ot quoil imagina

. quo tout allait au DiouX a Il arfima dons 10 nord de 1° lUlcl!lc.gno quo Diou ne pouvait fairo quoun ooul mondoo

.. (000) !..oibn! tz" qui ôtait aoouré2.ont meillour géonntro quo lui (Platon), etpluo profond oôtaphyoicien" rondit donc le oorv!ce ou genro·humain do lui fairo voir quo nous davons Gtro tr~o contento" ot quo Dieu no pouvait poo davantage pour nous; quoIl avait néccosairom3nt choioi" antre tous 100 partie posoiblos" le c3illeur sans controdi t 0

QucdeviendIa le péch6 origine11 lui criait-ona- Il deviendra co quoil pourra" disaient Leibnitz et soo amis; mais" on public, il écrivait quo le péèh6 originel entrait néoesoairGment dans le œ3illour dos CDndaoa ( ••• ) Nior quoil y oit du mol~ cela peut Otre dit en riant par un Lucullus qui 00 porto bienu et qui fait un bon dfnor avec DOS amis ot sa mQ~trossc'dons 10 salon d'Apollon; mais quQil mette la tOto tt 10 :fon6tro~ il varra d3S malhourcwt; qu q il ai t la fiôvro" il la oora lui-mCooC1 0 (2)

1. Hazard" Paul: Lo problüffie du 001 dans la conscience européonno du XVIIIe siücle - Ro:nonic Reviot1; 32: 1-17 ... 110" 1941 co Op"cito

2. Voltaire: Q.,è.J!Y.,~OC3"':'QQ..~.1.P".,t.Q,q;, rJDictionllairo philosophiquerJ" to11" orto Bion" tout oet, po 5030

390

En France, Mme du Chatolet, retirée â Cirey pour y vivre

avec Voltaire, qyant entrepris d'écrire un traité de physique et

s'occupant en mGme temps de métaphysique, vulgarisait la philosophie

leibnizienneo Elle disait: "Ce monde-oi ost le meilleur des mondes

possibles, celui oa r~e la plus de variété avec le plus d'ordroo

Toutes les objections tirées des maux qu'on voit régner dans le

monde, s'évanouissent par ce principe'.7. U1me du ChStelet" Institu-··

tions de physique, 1140).

Pope, d'autre part, essayait de présenter une tIDage de Dieu

en acoord avec les implications do la philosophie de Ne~~onD Il

insistait sur un monde bien ordonné, un univers avec toute chose

~ sa place laissant peu de place au r8Ie de la Providence dans les

affaires de l'hommeo Sa théorie se présentait sous la for.me de la

grande chaîne des êtreso Il était impossible que la nature n"eGt

pas mis d'ordre dans son plan: autrement elle aurait été oapricieuse

et folle, ce qui Ilie se pouvait concevoiro Les @tros se tenaient,

se touchaient sans discontinuer, de l'un a l'autre on passait par deo

gradations si menues qu'elles étaient â peine perceptibles; du

minéral au végétal, du végétal a l'animal, il n'y avait pas de

rupture; que oi, Ii vrai dire, quelques échelons manquaient encore,

les progr~s de la science per.mettraiont de les apercevoir, dans un

avenir tr~s proche et dont on pouvait répondre. Dês lors, tout @tre

était â sa place, & sa juste place, prévue, caloulée; et si l'Gtre

consolent se plaignait de quelque imperfection, de quelque souffranoe,

il avait torta Il faut que dans l'ordre universel des cr6atures soient

400

moins bien paTtagéea que d'autres, et qu'olles n'aient oependant

aucun droit ~ se dire maltraitéeso Tout ohangcm~nt dans cet ordre

de la nature aboutirait â détruire l'har.monie 96nér~~o et conduirait

au chaos. Si nous exigeons le bonheur, nous devons comprendre que

oe bonheur doit @tre sooial, non pas individuelo C'est Ii nous de

construire ce bonheur auquel notre e~~oo aspire par l'acquisition

et le maintien de la santé, par la paix de l'Sme, par la vertuo

S'il y a des injustices sur la terre, il n'en est pas moins vrai

que dans le plan général tout 00 qui est, est biena

Voltaire dira de ootte dootrine dans 10 Dictionnaire philosophique l

(Bien, tout est):

uJe passe vite dd ce quatri~me ciel â milord Bolingbroke, pour ne pas m'ennuyerQ Cet homme, qui avait sans doute un grand génieg

donna au célfllire Pope son plan du Tout est bien, qu'on retrouve en effet mot pour mot dans les oeuvres posthumes de milord Bolingbroke, et que milord Shaftesbury avait auparavant inséré dans ses Caraotéristiques. Liséz dans Shaftesbury le chapitre des moralistea, vous y verrez ces paroles: nOn a beaucoup & répondre â ces plaintes des défauts de la.natureo Comment est-elle sortie si impuissante et si défectueuse des mains d'un Otre parfaite Hais je nie qu' elle soit d6feotueuseo 0 0 D

Sa beauté résulte des oontrariétés, et la concorde universelle naît d'un combat perpétuelaoa Il faut que chaque ~tre soit innnolé li d'autres: les végétaUJt aux animamt, les animamc â la terreaoo; et les lois dù pouvoir central et de la gravitation, qui dennent aUi!: corps célestes leur poids et leur mouvement, ne seront point dérangées pour l'amour d'un chétif animal qui, tout protégé qu'il est par ces mGmes lois, sera bientet par elles réduit en pouosi~ro~a

Bolingbroke, Shaftesbury et Pope, leur metteur en oeuvre, ne résolvent pas mieux la question que les autres: leur Tout est bien ne veut dire autre chose sinon que le tout est dirigé par des lois immuables; qui ne le sait pas? (000) Hais ce n'est pas cela dont il s'agit; nous voua damandons s'il n'y a point de mamc sensibles, et d'oû ils viennenta l'Il n'y a point de mamt, dit Pope dans sa quatrit.'[\e 6pitro sur le Tout eat bi€ll; ou, s'il y a des mam!: particuliers, ils composent 10 bien générallla

Voil~ uri singulier bien génoral, composé de la pierro, de la goutte, de tous les crimes, de toutes les souffrances, de la mort et de la domnation~ ( .... a) No trouvez-vous pas un grand

la Voltaire: QQ~y~cJJ.=C,Qg1IO!1.9.t9It .. l.1Dictionnairo philosophiquco, to11, art .. Bion, tout ost - p .. 505 ..

)

41 ..

lénitif dans 19ordonnance de ndlord Shaftesbury qui dit que Dieu n'ira pas déranger ses lois éternelles pour un animal aussi ohotif ~te l'homme? Il faut avouer du moins que ce chétif animal a droit de ,.crier humblement, et de chercher ~ comprendre, en criant, pourquoi ces lois éternelles ne sent pas faites pour le bien-9tre de chaque individuo

Ce syst~e du Tout est bien ne représente 19auteur de toute la nature que comme un roi puissant et malfaisant, qui ne s'embarrasse pas qu'il en coate la vie & quatre ou cinq cent mille hommes, et que les autres traînent leurs jours dans la disette et dans les larmes, pourvu qu'il vienne ~ bout de ses desseins ..

Le systême de Leibniz semblait acceptable au déiste Voltaire,

et Voltaire était déte~iné & rester déisteo Comme 19a bien démontré

Ma Pomeau, Voltaire insistait en mtme temps sur l'existence de Dieu

et la liberté de l'homme pour forger sa destinée, et selon le syst~e

de Leibniz il était possible de conserver ces deuJ!: idéaw!:o Le jeune

homme' de 1730 qui ne pouvait admettre l'athéisme, avait en horreur

le matérialisme, le déterminisme C?u le fatalisme .. Et bien que n/étant

pas tout & fait d'accord avec ce syst~e dOhar.monie préétablie, le

syst~me de Leibnitz avec ses vues optimistes du monde, lui plaisait ..

LOhamme, pour Voltaire, est tel qu'il doit @tre, la nature et la

société offrent plus de plaisir que de peine .. Il estimait qu'il y

a plus de bien que de mal en ce monde, puisqu'en effet peu d'hommes

souhaitent la mort; qu'on aurait tort de porter des plaintes au

nom du genre humain, et de renier le Souverain de l'univers sous

préteJtte que quelquec-uns de ses sujets étaient malheureuJ!: ..

Voltaire mentre comme les optimistesq quo co qui paraft malq vu tl

part, peut Qtre bien dans l'arrangemant des choses .. Enfin lqhomffi3q

partout et toujours, a pris plaisir û se plaindreo Voilû pour quelles

raisons tant de gens déclarent la vie mauvaiseo

.. " ~~----:--~---~-~_._---, ... -.-."...---~---------

).

r~oun parfait ass~lcgo instrumento iopaxruits Dons votro rang placés., "demeuroz oatiofaits_ LOh0m30 no 10 fut "point~ Cotte indocile osp~ce SorQ-t-el~o occupéo ~ mur.muror Dans 000001 (1)

Le ~gmo du péohé originel dDaprÔo Voltaire oot un sceùdalo

pour notre conscienceo Quoi1 Dieu noue imputorait une faute cOEEdoe

par le promier homme voil~ dos milliers dOannôes1 zn nous punissant

pour 10 crime dOun autre, Dieu renierait SQ propre essence.

°Quoi g Stre chassé dOun liGU de d61ices., oû l DQn aUKai t vécu t\ jamais sl' on n"avait pas mengé une pon:t:lle~ QuoH faire dano la ~o&re dos'enfants oio6rableso qui souffriront tout, qui fo'ront tout ooùffrir aWt autroog QUoH éprouver toutes les" Iùûladios, sentir touS les chagrins, 'c:our:!r dans la"douleur, et pour rarraichiosemont Gtro brftl6 dans lOétornlt6 doaa!~cleog Co partcge eot-il bien co quoil y avait do noilleur1 Celari"ébt pos trop bon pour noua; et on quoi cola pout~il Otro bon pour Dieu1 (2)

ot encore:

°C"ost ici le pr6ten~u triompho dao socinions eu unitaireso Ils appellent co rond~ont "do la roligion chr6tienne son péché originel. C"ost outrc.ger Dieu., di sent ... U S4l' c"oot lOaccussr do "la hàrbatiè'la pluoobsurde quo d"ocer dire quoil forma touteo lë,f gÔl\6rationo "d.os b:ol!nes pour 100

tourmenter par des supplices étornols, souo prétexte que lour prènior p!3ro ooogea d"un fruit dtms un jardino Cette sacril~go imputation ost d"autant pluo inoxcusable chez 100 chrétions quoil nQy a pao un ooul not touchant cotte invention du péohé originolni dons le Pentatouquo, ni dans los Proph~tes., ni dans les 'Evangiles, Doit apocxyphosq soit canoniquos., ni dano aucun éorivain quQon appello les premiero Püres do l "JZglisd".70 (3) .

Il va de ooi, quQoyant réfut6 le dogme du péché originel.,

Voltairo on déduit que la réd~ption par Jéfms Chriot nOoot pao

plus C'qUitable quo la condGDnation en JldE!lla Chacun él oa rosponoabili té

:: =::z

la Voltairo: Ocuv~oo cOffi~lôtboa °Diocours on vero our lQHoC28°, toû, c:;::;;::..-~-=' t=e- . -=<?

Sixitme Discours, vVo96 ot suiva, po~17a 2 a Vol ta! ro: QQyuoJLru;U1!'OiD..icto,. 0" °Dict ionnairo philosoph1quoo, t 0 17 ri

urta Bion, tout osttl p05020 30 Ibido q ~ ta 20, art. péohé originol, po151a

nous 10 m6ritons en raiDon do notre propra conduiteo La jUDtioa

exigequoon noua traite our oe que nOUD avons faita tlous no

voulons Gtre ni ahOttôo pour la rauta dOAdao, ni récompensés pour

100 mérites de J6üus-Chrioto

," ..... 'Quant' ,tl'l.a J?rovidonce, Voltaire rattaohe oetta queotion ti

oelle du finaliomoa ,Il y auna providonoe aussi bien qu'il y a '

des oausosf!nalesa l-mi~,s"il y a une providenoe, ce nOost poo una .. .' .... .'. ' -

providence partioulierao L"Etre ouprCne gouvarne la EDnde par des , , -

. ...-

loiog6n6raloo et n"an 'trouble poo l'''ordro por'dos' caprioaso

"-'NOus no rcgardorio pointae dogme.de la Providonoe univorsello comme un oyotDnb, mais COI:JlO une chose cl6ontréo tl tOUD los esprits .raiaonnablaso

La dogme dQ 'la Providorica -ast si sacr6" si n6oeooai:re au bonheur du genra' humain qUe nul honnQto ho::n:ne ne doit oxpooer 1300 lacteurs' û doutaI" dOuno v6d.t6 qui na pout faire de mal en auoun oao" et qui peut toujours op6rer boaucoup de bionC.1 0 (1)

"Je orois la Providonca g6n6raloa 011 je ne crois point quQunc Providenca pUrtiouli~rachongc l"éëono~io du monde en favaur de votre moinaau ou de votre chat"o (2)

8°il Y a une Providence, comment pout-il y avoir du mali

Voltaire ne nie point la difficulté de ce problœoo COaot liJ" dit-:U" . 3 '

(.l'un abSJne dont !)3roonne nUa pu voir le fondo ; ot lui ... mC:ne qualifie <1

de fatale, do torrible lQobjection que le mal fournit alUt ath6000

10 Pr6faoe do Voltaira au Diotionnaire philooophio~o, 17650 20 Voltairo: Qe-M2X',.9P=oO!i1~!.Ô!PJl.: (1)iotionna1rc philocophiOJUc(.1o to 20/1

'artoPr6vidoncoo '1'02950 30 Ibido t1 to17~ art~ Bion~ po 5790 <10 Ibiclo ll tola~ arto Dieu~ po 377.

De 1735 ~ 1755, Voltaire fit tout offort pour oOcgrippor &

réelle 6tait contre cette vue optimiste de la viso Voltaire avait

mais convaincu que cette liborté était tr~s l~itée par la Providence

et la destinée, il se préoccmpa de plus en plus dOen marquer les

lWtesa Il était un' peu com:ne le Babouc du q·londooomma ilv~Q (746)·

qui avait peine & 00 décider. Il y a bien ~ reprendre dono la ville de

Persépolis, et Ituriel, un des g6nies qui président awt empires, se . . .

demande sOil ne convient pas de détruire cette oapitale pécheresseo . . .

Babouc aosiste ~ une bataille sanglante, & deo horreuro oano nombre;

et il concluorait ~ la dostruction dOun peuple aussi méchant oOil

nOopprenait doo actiono do générosité, de grandeur d°Qme et

dOhumenité qui le ravissent, et si la poUt signéo nOannon~ait le

retour de la vortu et do la fidélité sur terreo Il ontre dano

Pero6polio, et co quoil y voit ~jo soo promiers pao lui rÔpugne ou

le révolto: la foule eot laide et mnlpropro; doc t~lco oft, au

mépris do la oanté publique, on enterre 100 corto, roooenblont ~

des marchéo et retentissent do voix aigres, rauqua 0, oauvageo,

discordantesco!l!J1e cellas doo oncgrooo Uais biontôt la vue dOautres

temples pluo beuw~, remplio dOun peuple poli et dOune musique

harmonieuse, corrigo son impreos!on: il aà3ire los fontainos publiquoo,

los statues, los ponts mngnifiques élovés sur 10 fleuve, los quaio

superbos, les palais bUtia & droite et lli gaucho, une ~onse saison

°00. des milliero do vieuJ!: oolo1e.to blass6s et vru.nqueuro rendaient

chaque jour grûc0s au Dieu deo ar.o0osQg nt la destruction dG

10 Vol taira: Ro:nûlûls et Contas a OLe I-1onde COIll:1:J il va, vision de BoboucQ 11

p:='~6~Ob 0 "'" "" •• '.

Pcroépolio no lui paraft plue eQimpooero Il pén~tl·o dano la oociété:

la vénalité dao chargeo" 100 digni t60 do la pa:bc at do la guerro Dioos

pas cette ville" ello p6rirait par sa d6tootable adminiotration" - . . -

et l'institution deo fe~iers généraux Qch~ve da l'en convainore.

Mais il constate que dos jeunes gens qui ont aoheté le droit do . . '.

rendre la justioe la rendent en suivant los lumi~res do la raisonQ

comme il a pu constater que les jeuneo officiers qui avaiont achet6

le droit de commander ~ deux Edlle hommeo, savaient 130 battre

héroiquomont. Il fréquente des lottréo l'dont ohacun briguait una .. .

place de valet et una r6pu tation de grand hommeC.7 et qui 00 disaiont

en face des choses inoultantoo °qu'ils croyaient des traits dQespritOa

Et Babouc indigné do tant de folieo oouhaita la deotruction da cette

engeance. Mais une plus longue expérience lui fit concrevoir °que cee

grands corps, qui semblaient en se choquant préparer leurs communes

ruines, étaient au fond des inst.itutions salutaires; que ohaque

sooiété de mages était un frein ~ ses rivales; que oi oeo énu1eo

différaient dans quelques opiniono, 'i10 enseignaient tous la o€na

morale, qu'ils instruisaient la peuple.". Il apprit mena que par.mi

les fous qui prétendaient faire la guerre au grand 1ana, il y avait 1

eu de tr~s grands hommeooo Inoensib1cnent il pardonnait ~ l'avidité

du financier qui oot néceosaire; il excusait la folio do 00 ruinor

et de se battre, qui produit d'admirab10s megi st rat 13 et des h6roo~

Enfin il prit oon parti: 011 fit faire par 10 ~3illeur fondeur do la

ville uno potite statue, oompooéo do tous los o6totUt deo torroo ot

dos pierros los plus précieuoes ot los plus viles; il la porta ~ lturicla

la Voltaire: Ro:nons et Contofla 9..0 Honde comme il vu, vision do BaboucCJQ p'= 16·= =-='--,

)

460

nCasserez-vous, dit-il, cette jolie statue parce que tout n'y est

pas or et diamants? Ituriel entendit & demi-mot; il résolut de ne

pas mGme songer & corriger Persépolis, et de laisser aller Ille monde

oomme il van, oar, dit-il, si tout n'est pas bien, tout est passablen •

Zadig (1141-48) n'a déj& plus cette bienveillance. Zadig est

sage, bon et juste, et il est malheureux. Il est riche, il a santé,

beauté, son esprit est sagace, il possède un ooeur droit et sincère,

il a tout ce qu'il faut pour mériter le bonheur. La connaissanoe

des prinoipes physiques de la nature a développé son ingéniosité, et

les probl~es métaphysiques l'intéressent partiouli~rement bien qu'il

n'en saohe que ce qu'on en a BU dans tous les ages, o'est-&-dire

fort peu de chose; mais il ne peut s'emp@oher d'en faireD Mais ni

les femmes, ni la vie soli taire:, ni la soience, ni le pouvoir ne lui

donnent le bonheur qu'il cherche. L'envie, la jalousie, la sottise,

la cruauté, s'aoharnent contre lui, et, de catastrophe en catastrophe,

l'amtment au plus misérable étatD Menacé d'@tre empalé par les bonzes

dans l'Ue de Sérendib, d'être esclave en Egypteg brÜlé tl petit feu

en Arabie, étranglé & Babylone, il cherche un sens tl ces jeml: de la

destinée. Aussi, Zadig, plongé dans ses réflexions, en ar~ive-t-il &

voir les hommes "tels qu'ils sont en effet, des insectes se dévorant

les uns les autres sur un petit atome de bouena C'est alors qu'intervient

l'hermite qui mène une conduite bien étrange, volant un bassin d'or

garni de pierreries chez un riohe qui a fort bien reçu les demI:

errants, donnant ce InGme bassin d'or & un riche avare qui leur a

tout refusé/1 mettant le fou â la maison d'un hate généreux, assassinant

le jeune neveu d/1 une veuve charitable et vertueuse qui leur a prgté

47"

) aoileo CUest pour le co~p que Zadig se récrieD LOhennite oe transfi-

gurant, et apparaissant sous les traits de lOange Jesrad, donne

enfin l'ej~lication que chaque épisode du récit rendait plus

nécessairea Ces crimes, incompréhensibles ~ notre raison, ne sont

point tels dans lOordre universel; ils seront fertiles et augmente-

ront ~a sonune du bieno Car le fastueux sera plus sage, l'avare

apprendra ~ exercer l'hospitalité, un trésor immense était caché

sous la maison incendiée; le jeune neveu aurait assassiné sa tanteD

Ainsi ces maux apparents ont leur raison d'&tre dans le meilleur

des mondes possibles. Les méchants servent â éprouver un petit

nombre de justes répandus sur la terre et il nOya point de mal

dont il ne naisse un bienD Ce qui nous paratt un mal ne nous paraît

ainsi que parce que nos regards sont trop faibles pour percer les

voiles de lOavenir, sans quoi nous en verrions sortir 10 bienD Par

cette explication Zadig n'est pas enti~rement satisfait: r3J:1aia s'il

n'y avait que du bien et point de mali - ~orso reprit Jesrad, cette .'

terre serait une autre; l'encha~nement des événements serait un autre

o~re de sagesse; et cet autre ordre, qui serait parfait, ne peut

être que dans la demeure éternelle de PEtre supreme, de qui le

mal ne peut approchera Il n'y a point de hasard: tout est épreuve, .

ou punition, ou récompense, ou prévoyanoeo ~aisn, dit ZadigDDa

flComme il disait mais, l'ange prenait déj~ son vol vers la dixifàme

sph~rea Zadig, & genoux, adora la Providence et se soumit t.!'.

Ainsi g l:année 1748, Voltaire était encore disposé a se

soumettre; mais quand il apprit le désastre de Lisbonne, le mal sur

la terre lui apparut dans toute son horreur. Convaincu déjâ que

) °t.out nO est pas bion"'D il affinue hautement l'Iil y a du mal sur

la terre, du mal dont on ne connaît pas l'origine, mais qui est

partout répanduoo Regardons les incendies de ces ruines6 écoutons

ces gémissements et ces cris; considérons que ce sont les innocents

et les justes qui ont été fr~pés; oserons--nous dire encore, d'une

voiJc lamentable, que tout est bien? l'Voila la triste confinuation .' .

du désastre, éér:l:t::-ll& Mo Bertrand, le 28 novembre 1755 0 Si Pope

avait été â Lisbonne, aurait-il osé dire: Tout est bien?Uo Le ,-

1er décembre il éarit â d'A~ental: r~e tout est bienDD'est un peu 1

dérangé"o Et dans sa préface au Po~e sur le Désastre de Lisbonneq

il réfute éloquemment les assertions de Leibnitz: °Si jamais, y

dit-il, la question du mal physique a mérité 1l1attention de tous les

hommes, cDest dans les événemants funestes qui nous rappellent â

la contEmplation de notre faible naturea a a LI1 rudome Utout est bien"}

paraît un peu étrange ~ ceux qui sont les témoins de ces désastres.oa

Si lorsque Lisbonne, l1équinez, Tétouan et tant d'autres villes

furent englouties aveo un si grand nombre de leurs habitants, 000 des

philosophes avaient crié au~c malheureuJc qui éohappaient tl. peine

des ruines: tout est bien; les héritiers augmenteront leurs fortunes,

les maçons gagneront de l'argent & rebQtir des maisons, les bêtes

se nourriront des oadavres enterrés dans les débris; o8est l'effet

des oauses néoessaires; votre mal particulier nDest rien, vous

oontribuez au bien général, - un tel discours certainement "eût été

aussi oruel que le tremblement de terre a été funeateoa

Les dogmes de la néoessité, des lois universelles q de la chaîne des Gtres, toutes ces spéculations ne sont que chimêres, UrOves de savants"; a

; =e

Voltaire: Oeuvras comol~tono OPo~e sur le d6saotro do LiobonneOq s '7V"..,~-;_t=( 7P _';:::'~ r •

to 9 u Pr6faco q po~65o

Il Y a probabloment uno diotanco immense entre lOhomme et la brute, ontre lOhomne ot los subotances supérieures; il y a lOinfini entro" Diou ottoutos los subotancoso Los globos qui roulont Qtitourd3" notre soloil nOont rion do cos gradations insonbibloo~ "ni dons lour grossêur, ni dDns lourD diotànceo, nidOno lOurD satellitesp Il est vrai quoi! y a "une relllt:Lon"ùnivorsolle entre les choseo et 100 ôvônemento,rilaioil est faux -da croiro quo toutes los choseri et los "6Vénamënts sont nécessaires ~ lOordra de lQuniV"ers. L'univers n"oot pas soumis ~ une certaino:, quantité, une cortaine foroe, una oertaine position~o (1)

Et Voltaire qui avait jusqu"a!ors soutenu que la S0ffi30 dos biens " . "

dépassait celle des maWt, va maintenant soutenir que l'''dos dem!;

tonneaWt do Jupiter" 10 pluo grOG ost colui du mal~ (ü Umo du

Deffand, 5 mai 1156)0

La théorie do la ohafne dos Otres scmhlo ridioule:

~Tôl oot dono l"ordro gônôral du E.onclc quo los chafnons de la chaîna "no seraient point dérangés par un peu plus ou un pau moins" da mati0ra, par un pou plus ou un pou moins d"irrégularit6".1. (2)

Dieu a fait los arrangements de 00 mond03 3

uDieu tient en main la chafno, et nOost point oncha2néo

LQhomme est~il puni pour sa faute et Diou est-il indifférent

~ sa souffrance? so domando Vol taire dans son Pofune 0 Los lois

éternolles sont-ollos faitos sans égard pour 1°ltolllE.31 Les

souffrances do lQho~e ne sont-elles sur oetto terra que oomme

une période dOesoai et lQhomma passera-t-il ~ un monde mGilleur

et plus heurewt?

..,.

la Voltûire~ Oouvras comp!lJ'Î:OlJa (jPo~e our la DrJ::mstre de LiDbonnd"g 'f':"9" co" Préincot/-

tr

pa'467 a 20 Ibida, p. ~60a 30 Ibido l1 po ~71, vo15a 4. Ibid., "Correspondance", t.39, p.41

)

500

Son Qorcté oontre toutes formos dOoptimio.mo oot sauv~go, ct

il arri~o au point de trouver los dootrinoo bibliques quoil

considérait auparavant comme anath~eo, plus aoceptableso De~o

une lettre & Bertrand, 10 18 février 1756, il oompara lOoptimismo

au dogme du péohé originel et déoide que le dernier est de préfé-

rence plus aooeptablea

npope, mon pauvre bOSSUaoo tu te moques de lOhistoirede la pomme~ Elle est enoore humainement parlant et faisant toujours abstraction du sacré, elle est plus raisonnablo quo l'optimisme de Leibniz"e (l)

Quand il réfutait l'optimisme de Leibnitz, Voltaire n'avait

point pour son oompto & 00 plaindre de lavieo Rousseauo en le

remerciant de lui avoir envoyé son Po~e sur 10 Désastre de

Lisbonno, lui roprooha de prondre plaisir ~ déses.péror los hommese

Il lui écr! vit :

l'1Rassasié de gloire et désabusé des vaines grandeurs vous vivez libre au sein de l'abondanoe: bien sQr de l'iŒmortalité, vous philosophez paioiblement sur la nature de l'Ome, et si le co~s ou le coeur souffre, vous. avez Tronchin pour médecin et pour amin :Vous ne trouvez pourtant que mal DUr la terro, et moi, homme obscur, pauvre et tour.menté d'un mal sans rem~de, je médite avec plaisir dans ma retraite et trouve que tout est bieno DOoûviennent ces contradictions apparenteo? Vous 1° avez vous-mOme OJcpliqué: vous jouissez, mais j'e~êre et lOespérance embellit tout"o

(Rousseau: Lattre our la Providence)

Voltairo avait r6pondu par avanco en écrivant &d'nxgental, le

1er déoembre 1755: "Il n'est pas per.mis & un partioulier de songer

~ ooi dans une désolation si générale"; et ~ Thi6riot, le 27 mai

de l'année ouivante: cQuand jOui parlé en vers des malheuro deo

humains mes cenfreres, cOest par pure générosité, caraco jo suis

la Hade, Ira 00 Voltaire ill,lcLQé3!Ldi,SQo A Study in the Fusion of Historyq Art and Philosophyo Princoton, Net'! Jerooy, 1959 0 pa55

--~--------

)

510

ai houreUl~ quo jUen ai honto" (1)

c..t & l·fu:1.e du Deffand" 10 5 mai 1756:

rlPourquoi Jupiter a-t-il fait co tonnoau (du mal)- auasi C'nol'Iùe quo oolui do CfteaUlt? Ou oomment co tonnoau. ,0 11 est­il fait tout seul? Cela vaut la paine d'Otro examiné. JOai eu ootto aharité pour ie gonro humain; car pour moi" si jOosais, jo serais assez content do mon partage"a (1)

Il faut en venir ~ cette triste et plus ancienne vérité

quOil Y a du mal sur la terre. Le mot '"'tout est bien"'" de Pope, -

pris dans un sens abaolu et sans l"eopérance d'un avenir" nllest

qu'une insulte aUll: douleurs de notre vieo Mieux vaut espérer:

Un jour tout sera bien" voil~ notro oopéranoo" Tout est bien aujourd'hui, voil~ lOillusiono (2)

LOoptimisrnc prétend fairoQ aveo toua loa maUlt particuliero" je

ne Dais quol bion général: nQeot-co pas vraiment se moquer?

'"~oil~ un singulier bien général" . cempooe do la piarre" de .'la 3

goutte, ct de la damnation~ {7 Et certes le mal provient de la

constitution mOne du mondeo

Pout-on admettre que cos maUlt qui frappc.i'lt innoconto ot

coupables sont '"'necossairosCJ? Co est oublier quo Diou. est libre . de rC-partir ·équitablement le bien et 10 mal:

4 "Je ~ospcctc mon Dieu" mais j8aimo l'univors"'"

10 Pellisaier, Goo~eo: y~taire EhiloBçpheo Pario" Armand Colinll 1908" po 40 ..

20 Voltaire: 2p:ux.rJ}s corrroltltos" '""Pofune sur le Desastre do Lisbonllet.1, t p 9 0 pa476" vv0217-2180

30 Ibido, €".7Diotionnairo philoBophiquoC.1o to17" arta Bion" tout ost bien" pa 535"

40 Cfa (2) ci-daBauo: v"SS"

520

) Sans l'approuver moralement, Voltaire s'inoline devant le

mal inévitable, on nous offrant la fragile consolation de l'espérance

d'une vie futurea En contestant que tout est bien aujourd'hui,

Voltaire nous invite ~ croire que tout un jour sera bien. Même

conolusion dans les Adoratellrs: r'M:on cher fr~re, je ne vous ai

point nié qu'il n'y eût de grands mawc sur notre globe. D 0 Mais,

enoore une fois, espérons de grands jours. oa et quand? je n'en .'

sais rien; mais, si tout est nécessaire, il l'est que le grand

Etre ait de la bonté". Et enfin, dans l'Homélie sur l'Athéisme:

nouel parti nous reste-t-il donc ti prendres' o •• celui de croire .J

que Dieu nous fera passer de cette malheureuse vie ~ une meilleure".

Cette croyance suffit pour oonsoler nos mis~res d'un jour.

Ce Po&me constitue un rejet définitif de Pope, et sa

doctrine de l'optimisme représentée par "tout ce qui est, est bien"o

Voltaire expose dans sa préface & ce Po~e ses ohjections

& l'optimisme de Pope. La croyance de Pope en l'optirnisme établit

un systême de fatalismea Si ceci est le meilleur des mondes

pos3ihles, il n'y a pas eu de chute de l'homme, la naturo humaine

ne peut pas @tre corrompue, l'homme nda pas besoin d'un Rédempteur.

Si celui-ci est le meilleur des mondes possibles, on n'a pas

besoin d'un bonheur futurD Si les maU2C sont pour le bien général Il

nous avons tort de rechercher les causes do ce que nous appelons

mal moral ou mal physiquea L'optimisme est une croyance de désespoiro

I/LUoptimisme est désespérant ll écrit-il, c'~st une philosophie

cruelle sous un nom consolantf.1 o Voltaire tient formement & cette

53D

opinion dans Candide et dons 10D Ho:n.61ies proncmc60s ~ Londros

(1765): Gprondronc-nous le parti de l'optimisme' Ce n'est au

rond que colui d'une ratalit6 d6soop6~ante~a D~s uno lettro ~

Bort rand, 10 28 février 1756q Voltaire se robellait contre le

désespoir do l'optimisme, il faisait aussi un appol plein de

pitié pour les souffrances de IDhumanité:

nHélas, ai tout est bien quand tout est dans la souffranoo, nous pourrons dono passer encore dans mille mondes oa l'on souffrira, et ofi tout sera biena On ira de malhouro en rnalheuro, pour ûtro miOUJto a 0 Pour moi, je souffre ot je 10 disna (1)

Cetto attitude était sans doute dictée par seo souffranoos

personnellos, mais 0110 dovint do pluo en plus gén6raliséoa

Entre 1756 ot 1759, entro 10 D6saotre do Lisbonno ot Çandido,

10 refrain nle mal est sur la terro~ revient sans cosse a

Lo proc~s définitif de l'optimismo apparaîtra dans Q§ndide

on 1759a D6j~ le 9 déoembro 1758, Voltaire 60rivait ~ la comtosso

Bentinek: OLe meilleur des mondos possibles de Jos€])h Loibnitz

est un petit Gnfer, ot tout paraît assez mal sur co petit globe

ou globule, dans lequol Pope prétend que tout est biono J'ai mes

raisons pour renoncer au ayst~üe de l'optimisme, mais si vous

Gtoo heurouso, je pa~onnorai un peu au diablo qui sa mOlo des 2

affairas do 00 mondona

la l'Jado, Ira 00 YQJ..t~~.:r<LêI\~=Qm.}!!!S.Qa li Study in tho Fuoion or Historyo Art and Philosophyo Princoton, Not:] Joroay, 1959 .,. pa59a

20 Ibido, ido, po18la

)

540

Plusieurs facteurs avaient contribué ~ la pente pessimiste

du Vo~taire de la cinquantainoR qui atteignit graduellement son

plus bas point entre 1752 et 17560 Ces événements furent d'ordre

personnel: la trahison de Yme de Chatelet avec St-Lambert, la

mort soudaine de Mme du Chatelet, la vieillesse et une santé

maladi~o, le cynisme de l'entourage de Frédérick, sa rupture

avec Frédérick, l'imp~ssion qui s'ensuivit d'gtre en exil ou

sans patrie; d'autres faoteurs plus générauJc connue ses querelles

littéraires avec Rousseau et avec les philosophes et les

encyclopédistes (Maupertuis, Rousseau); d'autres d'ordre

historique comme le désastre de Lisbonne, la Guerre de Sept Ans,

et son étude de l'histoire le men~rent au dégoat et au scepticismeo

Vol taire nous présente dans g"andide 1'attitude humaine

vis â vis du mal physique et du mal moralo Les lUaUJC physiques

de ce conte comprennent: les désastres de la nature qui sont au

del& du contrOle de l'homme: ternpûtes, naufrages, tremblements

de terre; des mamc d"ordre social dont l'homme n'est pas responsa­

ble, comme la syphilis, la peste et les maladies de tout genre,

et des malheurs qui atteignent sans discrimination les bons et

les méchants, comme par exemple la mort de Jacques l'anabaptisteq

la bataille navaleD Tous ces événements ont pour but de montrer

que Pindividu n'y est pour rien, parce que prédéterminopar des

lois généraleso

Le mal moral que Candide é't:ale par son oatalogue de la

)

550

néchoncot6 humaine ost rendu pluo exécrablo parco quQil noft de

lQignorance, do la faiblooso ot do la méohancet6 des humeinsa

°Croyo~vouo, dit Candide, 'que los horomsD se ooiont toujours mutuollement,maooacrée CO~è ilo font aujourdQhui~, quQils aiant toujours ét6ilontouro, f6urboo, perfides, ingrats, brigando~ faiblos, vOlcgos,'lScheo, envioux, gourmands, !vrognes,'avaros, 'ambitiëüX, àanguinairos, calomniateurs, d6bauohés, fanatiques,' hypoari tes .. ct' 60tD~ - Croyez-vouD, . di t l·lartin, que los C-POrViOl'D aiont toujours mangé dos pigoons quand ils on ont' tl'ouv6:? ... Oui, Dans douto, dit Candidea "" Eh bien: dit 11Grtin, 'oi los éparvioro 'ont j

toujours eu là mana car~t~ro, pou~oi voulezavouD quo los hommes aiont changé le lGur?- Oh, dit' Candide, il y a bien de la différence, car le libre arbitre a 00° (1)

Dûo le dObut, Voltairo, probablement par référenco bibliquo,

placo Candide dans un paradis torroctreo teo 0~ioodes parodiant

on quolquo sorte lQhistoiro cio la chute, avec Candida or!ginolloQ

. ,

mont dons un état dQinnoconco, succombant ~ la tentation ~ cauoo

dQune fœmne ll et 60 voyant ohaooé do 00 paradis t-Iootphalien o~

gronda ooups do pied dans 10 derriôrooo Ce paradis est le si~go .. . . . .

du fatalismo optimiste ropréoenté par ma~re Pongloos qui enoe!gnai t

la hmotapllysico-théologa=cosno!ogonigologioo ct qui prouvait

da~e ce ~illeur des mond0s possiblos, le chateau de monsoigneur

le baron 6tait 10 plue beau des ohûteQuxa :

°11 est d~ontré, disait-il, quo los choses ne peuvent Gtro autrcmQnt~ car tout étant fait pour une fin, tout est nécossairemont pour la r:.::>:Uleure fin. 0 a Par conséquent, COUlt qui ont ava..~cé quo tout est bien ont dit une oottiso: il follait dire que tout oot ou mieu:g';.7 0 (2)

10 Voltaire: Eg):'J,ûtt.P=9.t=Cgill:;PBo °Candiclo ou lQOpbl.m.imnoa , po 1090 20 Ibid., polSO.

Chaoo6 do co parodie" Cœdido cllordo ou rOyQUE.~ ,bo Bulgoroo"

oft rtgno 10 cloopotiamo militaire, ct asoiotootupofait ~ la

~ouaherio h6roiquoo entro 100 daux ar.méoo BulgOIoo ct nbaroDo

°Loo conons renvors~rentdqaboid à pou prôD six mille hOll1E9S do chaque °a8t6; onsui tci la o°l!!.OUDCBUctorie Ota o.'u moilleur clos mondaD environ nouf tl dix mille coquins qui °en infectaientlQociurfac0~ Labaionnette fut Gueei la raiGOn auffisantedo la ~rtode-quolques milliorD d'hommaGe Le tout pouvait bien se monter o~ une trentaine ~ mille Gneso. (1)

Une s6ric dOaventuroo aussi malencontreuses lOuno que l'autre 10

projettent dans diversos contréoo 0& atout nOost pas pour 10 niouxo: . . . - "'

le xoyawn~ Q1! Varcguay est le royaume du deopotiamo militaire . ',.. . .

pr6teRtont la royawmo de Dieu sur terre; la Hollande eot une contréo

~orcantilo oa °touo cont riohooo ot oft la aharit6 ahr6tienno eot

pratiquée avec diecrimination; Liobanne cot le oentre du fanatisme

do l'Inquisition, avec oeo ouperstitions et oa oorruption, et _.. • , •• ' 4 •

elle ost le th66tre du tremblemont de terre; 10 payo des Oreillono

eot l°habitat dos sauvageo tl l"6tat de natureo loc huitibo jardin

eot oelui du pivot et centro do la civilisation 0001010 et culturelle"

et montre la dC~ravation morale ot lOonnui qui r6eulto do cotte

vie urbaine oisive, sans but et sans fruito Quant ~ l°Bldorado"

aOoet un mytho" parfait maie irréol; aUoet tout otmpl~nt un

idéal df3 1" aspiration humaine. Eldorado est le oum:num de la

porfootion que noue no pourrono janais attoindre. 13 neuvi~o

ja~inq oelui do Pococurantoo nous montro lOartifiae ot6rilo do

la vie oioivo et oone travail" lDhœ8àO dégo6té ct blasé; colui do

570

Cacambo est signe de la dépression qui aocompagne le travail

sans but social.

Pangloss eat le type ridicule du "tout est bien". Contre

vents et marées, il s'obstine â proclamer qu'il n'est rien qui ne

s"explique parle principe de la raison suffisante et par celui

de l'harmonie pré6tablie: ni les maladies, ni les noyades, ni

les inoendies, ni les iniquités, ni les orimes .. Battu, pendu,

brtllé, disséqué, tombé dans i IJ esolavage et ramant sur les gal~res

. des Turos, il n/1enreste pas moins de son premier sentiment:

l.7car enfin, dit-il, je suis philosophe, il ne me convient pas de

me dédire, Leibnitz ne pouvant avoir tortl.7. Le spectacle qu'offre ,

la terre est affreux: ce ne sont que guerres, massacres, oppressions,

vols et viols; et toujours il en fut ainsi dans le passé. Mais

pour lui, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Qu'est-ce que l~optimisme? demandait Cacambo .. - H61as~ dit Candide, c'est la rage de soutenir que tout est bien quand tout est mal ..

Martin, par contre, est le type du pessimiste inflexible,

l'homme complètement déBillusionné par son observation et son

elcposi tion au mal: 1.111 y a pourtant du bon, répliquait Candide.

- Cela peut @tre, disait 11al';tin, mais je ne le connais pas (.1 D

Voltaire nous l'introduit sur scène au moment oft Candide est au

plus bas de sa courbe vers le pessimisme (Cho19)o Il nous le

présente comme un pauvre savant qui avait travaillodb: ans pour

)

500

les libraires ~ Aoatorclcm, qui a été volé par oa ~~e, battu

par oon fils, abandonné par sa fille, qui a perdu oon aploi

et a 6t6 lOobjet do perséoution religiouae (Cha 19) a l-lartin

représente la philosophie manichéenne de Bayle et DertcOEme

avocat du diable, disant conatemment que tout eot pour le pire

et que lOhomme ect incapable àechimger la si tuationo Quand . .'-

il en vient & r6soudre deo probl~es pratiques, il opte soit . ·1 .

pour la violence physique: chapitre 22,. au clerc qui denmndai t

un billet payable au porteur pour. lOautro monde â Candide,

~lartin jura quQil enterrerait le clerc aOil continuait ~ les _. . .. -

1raportuner.. La querelle s ° échauffa: l-lortin le pd t par leo

l'Paules, et le chassa rudement; ce <;!Ui causa un grand scandale, . . -

2 d.ont on fit un proc~s verbal .. "; et plua tard (chapitre 30) l'lartin

~conclut ~ jeter le baron dans la ~3ro; - ou bien il montre une . -

r6signation paasi ve née du d6l3espoir: apour l-:Iartin, il était

fermement persuadé quDon est égalem:mt mal PaJ:'tout; il prenait

les choses en patienceO (chapitre 30), parce qÙDil est convaincu

qu ° il n Dy a pas et ne pourra j GlailJ Y avoir de bien dons un 3

monde que °Dieu a abandonné ~ quelque Gtre malfaisantO (chapitre 20)0

Son influence fait ~onger Candide °dmis une noire mélancolieo et

°il ne se nourrisoait que dOid6es tristeaOo

Il y a du mal et il y a du bien, conclut Voltaire. Loo

deme doctrines oont auesi découn:geanteo 1 Dune que .1 °ootreu

Le peastmiom~ détruit en nous toute vertu dOaction; et lOoptimiamo

_·~-~-----··_·-r~--··-----_.-______ _

59a

ost une Ufatalité d6oosporantet".1a Quelle quQen soit la force, los

a~lmants des pessimistos ne sauraient valoir contre la'croyance

tl. lQEtre suprGrne. Dieu eltiste, c"eat un dogme que démontrov,t des

preuves invincibles a

t".1Je conviens avec dOuleur Q1i"il y a beaucoup de mal moral et de mal physique; mais puisque l'existence de Dieu est certaine, il est aussi tr~s certain que tous cos mawt ne peuvent emp@cher que Dieu existe",? aU)

En rejetant Leibnitz, Voltaire rej0tte tous les fataliomes

providentiels, et affirma en m€me temps la volonté de ,l'homme à

garder sa libortéa Et quellea que aoient les contraintes qui

p~sent sur le libre-arbitro de l'homme, ce dernier doit agir

toujours comme o"il était libroa

n:fo tairer.7 a Ce message apporté par le Derviche semble

enjoindre le silence au sujet de ce qui dépasse l'homme, et nous

empOcher de spGculer sur des questions qui dépassent notre enten-

dementa Notre destin6e restera toujours un livre blanc, que

~ersonne ne pourra d6chiffrora Ne perdons pas notre temps à

nous appesantir sur des probl~es que notre raison n"arrivera

jamais à résoudre et qui obstruent notre productivité socialea

Cependant, Voltaire pense qu'une telle discussion est per.mise

dans un but de st~ulation intellectuelle ou de consolation

mutuelle:

~Candide continua seo conversations avec Martina Ils disputôrent quinze jours do suite, et au bout de quinze jours ils otaient aussi avancos que 10 premiera l-laio enfin ils parlaient, ilo se co~uuniquaiont doo id5eo,

ilo se consolaiontt".1a (2)

la Voltaire: Oouvres comp~~teoa UDictionnaire philosophiquot"1, tala, arta Diou, pa357.

2. Ibid., Romano et Gonto~. t"1Candide ou l'Opt~ism3t".1, palOa

600

y c.-t-il uno solution au mol. phyoiquc ct au mal coral?

Le Derviohe prosorit la rooignation au mal physique pareo quDon

ne psut ni le cOru\a~tre, ni le oontr81oro cQuend sa HGUtoooe '. ','- ..

envoie un vaisseau en Egypte, oDcmbarrmos~t-ello si 106 souris . ..... .... l

qui sont dans le vaisseau 60~t fi leur aioe ou nonia 0 .Hussi.· . ....

. , :', .

sa Hautesse Cl institua un oertain ordre généralat donnd aw&: . - . '.

hœmnea un oertain équ~pcmcm,t ~o .1?~co Aoux .de façonner"dcna '.

oos limitoo, leur dostinéo. On oo:nprend oinGi par 10 Ctc toirol'.7

du Darvicho17 quo le mul physique et los probl~oo môtapltyD:1quos .. ". '-.

resteront QU-dellJ cb l"o.tteinte intolleotuello de lQhommoo ."

Le mal oocial" par contre q pout être oonnu et, juoquq~ . ..

un certain point, contrOlableo Tout 00 que l~s hommes ont conotruit -, . .

par ignoranco17 faiblesoe ou méchanooté (intolérance religieuso,

Inquisition, la guerro, 1"inégalit6, lDinjustice, 106 petits volo,

los rapts17 leo institut1ono hiérarchiques) pourra Gtre aboli et.

r~uplQc6par do coillcures oond!tion~ ~i quelques grQ~do ho~oo

veulent travailler ~ améliorer la condition de la femille humninoo .' . .

Ces champions du bien social opposeront û l"tmp!acabilit6 du

mal des taotiques que leur dictera leur ingôniooitô17 leur o~gooso

et le seno cles néceosités pratiqucsa Ainai" corœno 10 viowc Turc ". . - ... ".

et Candide, ilo tourneront 10 doo am: memc publias dalls un {fosto .. " - - "."

cm dodain philosophique 0 110 DO:' réuniront en petits group::w et

sOéloigneront des oontros do corruptiono Comme E~~reo dDune

soci6t6 moclôle, ils travailleront concrôtamont" chacun do son

cOté, ~ diminuer le mal social et ~ ropruldre leo vertus socio1eoo

) Il rooto ~ conoluro W4 disant quo, ni possimiste, ni

. l optimdsto, Voltairo oot ~m61!oristQUg Non oontents d'eu.pérer

seulemont une vie future, il noua faut améliorer notre vie

presente, ct pour oolt! il noua faut agir, travailler, et

Qoultivor notra ja~ina, oar le travail éloigne do nous Utrois

'grands maux: l'ennui, le vioo et le beaoinUg

Le jardin de Candide n'ost pas un havre final, mais un - .

OOl1illlenoGltlont 0 Animé par un dynamisme intérieur, il va cro~tre,

pourvu que 000 habitants continuent & travailler ensomble et

que les oatastrophes da la nature' les q,argnento Il y aura 10

groupe manuel, do la cuiGini~re Cunégonde, la brodeuso Paquotte,

10 charpentier fr~re Girof16og le lC1nUnier Caoambo, cororae il y

aura aussi la groupe intellectuel de cetto petito oociét6,

constitué par Pangloso, Martin et Candideo Ce jardin représente

le plus grand espoir de l'homme sur oette terre, en fait, son

unique espoir on tant que monelo

Voltaire n°abandonne pas 10 monde aux méohants. Cette

produotivité sooiale quoil conseille, oonotitue la bonne vie;

l'hOillme doit Otro satisfait et 00 oontenter dano certaines

limites, ~ l'intérieur desquelles il a la chance d'atteindre son

bonheur personnel et do partloiper au progr~s social.

la Pellisoier, Geo~es: Voltaire philoso~h0D Paris, Armand Colin, 1908. TIrFT' =p:;=<~ == zrnnn

paSl.

)

CHEiPITIm III

(;Que toutes les raceo d'hommes ont toujours vécu .on sooiGt<$r.1 ..

(Diotionnaire philooophique: Homme, 1771)

Dans son Discours sur l'Origine de l'Inégalité (1753)

Rousseau démontrait, qu'à l'état de nature, l'homme avait une vie

essentiellenent animale: la rude existence des forQts avait fait

de lui un ûtre robuste, agile, aU:lC sens exercés, pou sujot auJe

maladies dont la plupart· naissent do la vie civiliséeo Son

aotivité intelleotuelle <$tait à pou pr~s nul10 : nL'homme qui

médite est un animal dqprav6n, ajoutait-il; et il en venait &

ce point c~ital de son argumentation: la nature ne destinait

pas l'homme primitif ~ la vie en sooiété; pendant des mdlliers

de si~cles peut-être, il a vécu solitaire et par suite indép~dant,

et c'<$tait un élément essentiel de son bonheurD Il a fallu toute

uno suite de ciroonstances malheureuses pour °rendrc un Gtre

méohant en le rendant sooiabld.1o t'JL"exc.mple des sauvages" dit-il,

qu'on a presque tous trouvés â oe point, semble confirmer que le

genre humain était fait pour y rester toujours" que oet état est

la véritable jeunesse du monde" et que tous les progr~s ultérieurs

ont été en apparence autant de pas vers la perfection de l'individu,

et en effet vers la déorépi tude de l fJ esp~col'1 D (Discours eur

l'Inégalité) 0

Cette notion de t'.1primitivismel'1 avait été introduite on Francô

par le Baron do La llOntan qui avait publié en 1703 un livra intitul<$

63.

Qlouvoau voycge on P~6riquo Soptontrionaloo, donG loquol il

montrait que los sauvages sont plus heuroux quo los homm~s

civilisés, et qu'ils sont meillours .. Il y oppODe la loyauté . ." .. -

d'Adario (qui ost le nom. du sauvege) et la o impl ici té doo

moeurs des .fun6rioains, amI: conventiono et pr6jug60 da la

société.

Il va sans dire que Voltaire prit la dofense de la

socioté contre ce l'3primi ti vismeo.. Absurdo ohimDro" qu Il imagine

oe misanthrope Rousseau pour .1es b<)Goino do Da th&sog réplique-

t-il. L'homme est un gtre éminemment sooiable, ot la sociabilité

aussi de quolqueo oopûoeo an~~les, maio avec cette différence

que la raison ohez nous la fortifie. Ne dioono pas que los

hommes oont faits pour rester ioo160 leo uno deo autreo. Lsur

instinct los porte ~ D'unir comme il 100 porte ~ manger et ~

boire.

C~OUD leo ho~co qu'on· a dôcouverto dnns 100, p~s los plus incultoD ot 100 pluo'aff:rowt vivent on sooi6té comme les castors, leo four.oio" les aboilles ct plusieurs autres esp&ces d'animaux.

On n'a jamais vu do payo oft ils vécussent séparés 011 le mûle no se joigri~t ~ la femelle que par hasard" et l' oban­donnût le moment dqapr~6 pardÔgollt; oii la mé3re môconnftt ses enfants apr~s lès avoir 6lcvéo, oft lOon vécût sono famille ot sans aucune société. Quelques mauvais plaisants ont abusa de leur esprit jusqu'ou point de hasarder 10 parad~zo étonnant que lOho~me oot originairom~t fait pour vivro soul comme un loup-cerviero et quo cOest la société qui a dCprav6 la naturoo Autant vaudrai t ... il diro C]UOo dono la Dar, los harengs sont originairement faits pour nager iso16s, et quo cOoot par un OJ~côs de corruption quOils passent en troupes de la mer Glaciale our nos cGtOOa.o o (1)

la Voltairo: Oouvron conm18teoo c'Diction..'l6.iro philooophiquo", ta19, art 0 . H~;nO:p~371ia

Ç:Chaquo animal a son instinct; ct 117 instinct de l'hcr.mnog fortifié par la raison, 10 porto ~.la sooiété COaullO au mangor ot au boiroD Loin quo 10 bosoin do la société ait d~gradé 1 17hommo, c'oat 117 éloigncmcnt do la ooci6t6:qUi la dégrade a Quiconque vivrait absolumont sGU1, pordrait bient6t la faculté de penser ot de 0" oJcprimor; il oerait ~ oharge ~ lui-mGmo; il ne parviendrait qu'fi S0 métar­morphooer en b9te"o (1)

On ne peut apr~o cela mettre e~ doute quo la société humaine ne

date des prGmierstemps. Elle est "aussi ancienne que le monde"o

Dans 117Essai aur les Moeurs, Voltaire dit:

"Parmi tant do nations si différontes do nous et si différentes entre e110sg on nga jamais trouvé d'hommos 10016sg solitairesq

er~ent fi l'aventure ~ la mani~ro des animaux, sl7aocouplant oomme eux au hasard ot quittant lours femelles pour chercher seuls leur pQturel'.1o (2) .

Si le genre da vie quo Roussoau vanto sous le nom d'état oauvage

était véritabloment naturel & l'homme, l'état de société serait

donc une sorte do déchéancoa L'état social pervortit l 17 homme et

le dégradoq nous dit Roussoâlla Cl7 est un dos points our lesquels

Voltaire a pris â partio avec le plus do vivaoité Pascal ot

Roussoau:

Ç~our moi, quand jo regarde Paris ou Londrosq je ne vois aucune raison pour entrer dans oe désespoir dont parlo Ma Pascal; je vois une ville qui ne ress~le en ri~, ~ une ~le déserte, mais peuplée, opulento, policéo, et oa leo hommes sont heuroUJc autant que la nature humaine 10 camport fil' a ( 3)

la Voltairo: Douvres comoltteoa UDictionnairo philosophiquoU, ta190

art:'Hommo" pa378a 20 Pellissior, Georges: Y21ta}~e~hi12§2P=~~a Paris, Ar.mand Coling 1908 g pD192, 3. Voltaire: .Q,0Jl:Y,ras co~'Olôteo" l'Remarquas our los Pensées do 11. Po.ocalu

,

ta22g VI, p .. 34 ..

et ti RoulJoeau:

r~tondoz-voulJ par oauvagoo doo rustres vivant dans doo oabanes avpc lours familles et quolquee animaux, oxposée Dans ceaoe ~ toute l'intempérie deo saisono, ne cennaissant qua la terra qui 100 nourrit et le marché oft ilo vont quelquefois vendre leurs denréeo pour y achoter quelques habillements grossiers? ( •• 0) Il Y a de cos sauvages-l~ dans toute l'Europe. I~ faut convenir surtout que les pouples du Canada et los Cafres, qu'il nous a plu d'appeler sauvages, sont infiniment supérieurs aux natresaDD Entendez­vous par sauvages des animaux ~ deux pieds, marchant sur les mains dans le besoin, isolés, errant dans les forOts, (aoo) vivant en brutes sans savoir ni l'instinct, ni les ressources dos brutes? on a écrit quo cot état eot le véritablo 6tat de l'homme~ et quo nous n'avons fait que dégén6rer mioéra­blcment depuis que nous l'avona quittéo Je ne crois pas que cotte vie solitairo attribuéo ~ nos p~res soit dans la naturo humain<P a (l)

Au moment oft l "Encyclopédie ot los philosophes chantaient 10

Imce, le progrêo matériol qui engendre le progr()s moral et conditionne

le bonheur, voil~-t-il pas que Rousseau oe dresse, dans son Discoure

sur les Scionces et les Arts (1150), pour soutenir que l'homme est

bon et houreux par nature et que c'eot la civilisation qui l'a

corrompu et qui a ruiné son bonheur primitif, ot il on conclut

que co sont les sciences et les arts qui corrompent los moeurso

A ce moment, Voltaire lui répond plaisamment (Lettre ~ Rousseau, 2

30 aoftt 1155) qu' ""on n'a jamais employé tant d'esprit ~ vouloir

nous rendre b@tesf" a Sa lettre dénonce le fawc raisonnGIDGnt de

Rousseau qui essayait d'opposer l'une ~ l'autre la nature ot la

civilisation a

Halgré son oulte pour la civilisation, Voltaire ne nie

pourtant pas qu"elle no favorise 10 développw~ent de certains vioeGo

-10 Vol taire: Oeuvr,po o.QlllplêtSl,Ho uEooai sur loc t·loeurel.1 Q talla Pa18-l9a 20 Ibid., t.1Co rreopondanc eU, t.38, pa441.

660

Voltaire reconnaft que la sooiété civilioée oe montre parfois

cruelle ~ l'égard dos ho~os~ ~ Surinam, Candide rencontre un

n<àgre Détendu par terre" n'ayant plus que la moitio do son

habit a.. il manquait t\ co pa.uvre homme la jambe gauche et la

main droitet:7, il est l'objet de mauvais traitements de la part

des blancs. L'Ingénu rencontre partout la corruption clans la

société soi-disant civilisée: corruption de la justice, - . . .

corruption do la société parisienne.

Voltaire fait· ~. JaJ. Rousseau toutes leo conceosiono

raisonnables en montrant ce que la nature a do fort et do bon

comme co qu'elle a ~~ grossier, de fruote, de brutal, et ce que . ." - . - ...., ..

la civilisation, avec tous'les bienfaits dont nouo lui sammes

redevables, a do corrupteur. Quand 10 jeuno Huron, ayant obtonu . . . . .

la main do la belle Saint-Yveo, entre dnns la chambre de sa . . .

fiancée et vout l°épouser sur-la-champ, on arrive facilement ~

lui faire comprendro queç oOil allDgue le privil~ge de la loi

naturelle" cette loi, onno les conventions raites entre les

hommes, serait la plupart du tGIilps un brigand&ge.

t:7L'Ingonu oe défendit sur les privil~ges do la loi naturollep quoil connaiosait parfaitement. L'abbé voulut prouver que la loi positive devait avoir tout l'avantage, et que sons los conventions faites entre les hommes, la loi de nature ne ocrait preoquo-jamais qu'un briganda.ge naturel. °11 faut, lui dioai t-il, doo notaires, des prôtros, deo .. témoins, doo contrato,dos disponseso. L"Ingonu lui r6pondit par la réflmdon que les sauv(iges ont toujours faite: OVous Qtes donc do bien malhonnOteo gono, puioqu"il faut entro vous tmlt do précautions'] a (1)

67.

Mais dOun autre c6té, soit en mati~ro do religion, coit en

matiôro de moralo ou mCme d'art, 10 bon goat et 10 bon aona

innéo do lQIngénu 10 défendent contre leG préjugéa, los raffi-

nements et los vices do la oivilisation.

Contre Rousseau, Voltaire soutient que la civilisation

a des effets heureux sur la société. Les sauvages sont auesi l

méchants que nous, au pays des Oreillons.

Toutefois, il semble que Voltaire, aprôs 1760, tende ~

se rapprocher de Roussoau. Il pense que la nature est préférable

li la société.

9-1eo compatriotes dQ.fun6riquo ne mQauraient jamais traité avec la· barbarie quo jU6prouve; ils n'en ont pas·dQidéa. On lesappolle °oauvcgosO; oe sont deo gonD de bien grossioro~ et les hommes de ce paye-ci sont des coquins raffinéso. (2)

Les sauv~es ont un bon naturel:

l'JIl (lQIngénu) mit par écrit boOlCOup dD'autreo r6fleJtione qui 6pouvantôront le vieux Gordon·. CQuoi g dit-il en lui­mGme, jQai consumé cinquante ans à mOinotruire et je crains de ne pouvoir atteindre au bon sens naturel de cet enfant presque sauvageg Je tr~e dQavoir laborieu­sement fortifié des préjug6s; il nD'écoute que la simple natureO 0 (3)

Et plu/J Roin:

~D'Ingénu faisait deo progrôs rapides dans leo sciencos et surtout dans la science dG lQhomillo. La cause du d6veloppe­ment rapide de son esprit était due ~ son éducation /Jauv~ge presque autant qu D'à la trempe do /Jon .Qme. Car nO ayant rien appris dans son enfance, il nD'avait point appris de préjug6e.

°Condide ou lD'Optimism3°, p.l7l. °LD'IngénuO, p.249.

)

60,,'

Son entendementrifayoilt point 6t6 courbé pélI' 1° orreur, ôtait è!0Iilouro dans toute Do. roctitude (a a a ) ToutCè quo disait oe jeürio ignorant, instruit par la nature, faisait unë improooion pro~onde sur lOosprit du viewr: savant infortun6-(o ci .)

J O ai véou Huron vingt {)ns; on di t que oe Bont des barbares paroe quDUS se v~gentde 'lours ennemis; mais ils nDont jomais opprim6 leurs omis".1. (1)

Cependant.Voltairo reste lDapologiste de l'institution

civile et, sans en m6conna~tre les inconvénients, il s'attacha ~

en montrer los avantages. Quolques vices quo produise la civili-

sation, les hommes nOont point perverti lOordre de la nature on

for.mant des sociétés. Contra" Roussoau il affir.me que cDest l06tat

do nature qui avilirait et dégraderait le genre humain.

CQue seràit lOhomme clans l'6tat qu'on no.mme do pure nature? Un animal" fort au-dossous des l'ramers Iroquois quO on trouva dans l~nord do lonm6rique.

Il serait inférieur ~ ces Iroquois, puisque coux-ci savaient alluoer du" feu et 80 fairo des fl~ches( 0 OB)

LOhamme abandonn6 ~ la pure naturo n'aurait pour tout langago que quelques sons ni61 articuloo; 1" ésp(}co serait réduite lli un treo potit" nombropar la diffioult6 do la nourrituro et parle d6faut deo soooUro, du moins dmls nos tristes climats. (a •• ) L'osp~oe deo castors serait tr&s pr6f6rabloQ

• (2)

L'homme étant un atre essentiellement sociable, Voltaire a

proposé à l'attention de ses contemporains 10 plan d"une société

oft ptlt régner le maximum do sécurité et de bion-être. En réalito l1

la politique voltairienne s'intéresse moins Gme probl&mea théoriqueo

et gon6ruux quqaw~ réformes iEmodiutcl!lent applicableso DOoû toute

10 Voltaire: .E9;;)l.f.l!!.Jj==,e .. tJ~911t.Q.9.. '""LlIngonul".1" p. 2610 2. Vol taire: Qe~YJ.9s comn}'Jl:!;.9",o.o CJDictionnairo philosophiquef.7, ta 19/1

urt. Homœe l1 pa 3G3.

une oério do r6for.2oo que Voltaire propooo, tant danc le domaine " .

pureli1'.mt politiquo (national, international ou colonial) quo dD.no . ..".. ... ".

le domaine financier, économ:l~e, culturel, roligiewr,. ou judiciairoo ..... '-.'

Nous envisagerons successivement ohacun de oes probl&mos ot 100

réformas que Voltaire propose.

Quand il en vient ~ choisir entre los diverses formso de

gouvornement, Voltaire h6siteo La politiquo, quelque intérDt qu'elle

p~t avoir pour lui, ne fut jamais son objet propre. Dans uno lettre 2

~ Vrédéric (novembre 1769) il dit: aJo n'entre point dans la

politiquoDDD la politiquo n'est pas mon affairo, jo me suis toujours

borné il faire mes petits efforts pour rendre lOB hOII!!lles l120ins

En recourant ~ l'histoire, et en rcœontant ~ l'origine

des temps, Volta~ro pense quO c'est la république qui a 6té la

prcmi~re fo~e de gouvernement; et il cite l'exorrplo des peuplad~s

découvertes en llmoriquc et qui sont di viséos en ropubliques.

aIl est ~possible qu'il y ait sur la terre un Btat qui ne se soit gouverné d'abord en ropublique: c'est la marche naturolle do la naturehumainoo Quelques f~illeD s'ass~ blent d'abord contro los ours et contre los loups; colle qui a des gridns on fourni_t Gn échange ~ colle qui n'a quo du boisa. (1) -

Dans dOautres articles du Dictionnairo philosophiquo (Maftro)

Voltaire hésite entra l'antériorit6 do la r6publique ou do la

monarohie. La monarchie oot-ollo un jour sortie do lOanarchio

r6publioaine, so donando-t~il? O~ la républiquo du dODpot!aoo

10 Vol taire: Oeuvz:os comp1tlltes. '""Dictionnaire philosophiqud', ta 20, art. Patrie III, pa 184

2a IbidD, tJCorreopondancel', ta46, p.489a

)

700

monarchiquo1 Voltaire nous laisse ~ choisir entre los deux

versions, la siamoise et l'indienne.

aC'ost encore~ par exemple, uno question insoluble dans l"Inde, si los. x'épubliqUeff ont 6t6- établies avant ou après les monarchies,· si là confusion a dG· paraS!tre awt hOlDiles plus horrible que le déapotismeD J'ignore ce qui ost· arriv6 dans 1-'6rdredes temps; mais, dans colui do lu·nature,· il· faut convenir que, les hommes naissant tous égawt~ la violence et l'habileté ont fait les premiers maS!tres; leo lois ont fait lea de rn i eral1 • (l )

Et dans l'article ~oisa il compare la monarchie ~ un poulailler:

l'.7ijn pOl,llailler est visiblement l'6tat monarchique 10 plus parfait. Il n'y a point de roi compàrObla ~ un coq. BQil matche fi~ten:iont· au miliGu de son peupla, ce nQest point par vanit6 ••• o (2)

ToutGfois" au reoment de venir au choiJt d'un gouvernemont,

ce n'ost pao la théorie qui le fera poncher pour telle ou tella

for.me do gouvernoment, mais co sont ses exp6rionces personnelles,

tant dans la Cour d'Angletorre que dans celles de Russie ou de

Prusse, ou mZme l'exemple du r~gne do Louis XIV.

3 Dans les Dialogues ABC (sixi&me entretien) Voltairo

fait parler les troio interlocuteurs: A est un Anglais, B un

Hollandais" et C un riche seigneur do France ou de Suisse.

Voltaire ne s'identifie totalement avec aucun dos trois intor-

locuteurs, mais 10 se·ul ~fonsieur ct, encourt visiblement sa

d6favour: on la porsonne decclu!-c41 il r6pudio 10 gouvernemnt

aristocratique. Soo pr6f6roncoo h6sitont entre les deux autres.

l a Vol taira: Q.oJ!iref3=<;lQPJ.1)j;o,Q. CDictionnaire philoso;Phiquë7, t.20"

art.· HaS!tro· II,, p~23~ . 2. Ibida~ t. 19, orto Loio III, po·648. 3. Ibid., flDia1l:oguos 11 B Co" ta 27, Sb:i~me entrotien, p .. 348 ct Buiva

)

71.

Apr~s un regard de sympathie vers la R6publique, c'est on fin

de compte la Honarchie par leIn9n ta! re anglaise qu'il reconnaît

comme r6pondant le mieme li ses voewt.

La tyrannie est un gouvernement mauvais en lui-mGna, mais

Voltaire préf~re la tyrannie d'un seul ~ la tyrannie do plusieurs.

OLe despotisme n'ost que l'abus de'la monarchie, une corruption d'un beau gouvernement. J'aimerais autant mettre les 'voleurs de grand chemin au rang dos corps do l8fLtat que de placor les tyrans au rang dos roisa • (1)

LQidéal politique de Voltaire est un idéal empirique qui lui

vient de ses expériences sociales et de sa politique. En P.ngleterre

il a vu un gouvornement libre. Dans los Lettreo philosophiqueo do

1734 il avait affi~é que le roi était en Angleterre atout puissant

pour faire le bieno ayant ales mains liéos pour faire le mala •

r'"Qui croirait que de cet ab~ épouvantable, de ce chaos de dissensions, d'atrocités, d'ignorance et de fanatisme, il ost enfin résulté le plus parfait gouvernement, peut-~tre, qui soit aujourd'hui dans le monde? Un roi honoré et riche, tout-puissant pour faire le bien, impuissant pour faire le mal, ost & la t~te dquno nation libre, guèrri~re, commerçante et éclairée. LGo grande dqun eSté, et les représentants des villes do l'autre, partagent la législation avec le monarqueo. (2)

En Allemagne, il voit un gouvernement autoritaire. Au moment oft

il rédige aee; réflexions (Pensées sur le Gouvernement, 1752),

Voltaire vit depuis deme ans ~ la Cour de Prusse: il a sous les

la Voltaire: Oe~vrea c~lôtc~. r~inlogues A B Cu, t. 27, Premier entretien, p. 325.

2. Voltaire: Eomans et Contes. °La Princesse de BabyloneO, p. 384.

)

720

yeux ces ~animaux de sorvice~ que sont los sujets de Frédéric II,

OOrt citoyen d'Amnterdam est un homme, un oitoyon A quolques degrés de longitude prit cl.el~· est un animal de servioe. Un r6publicain ëst toujours' plus attaché & sa patrie qu'un sujet Il" la sienne~ par·là. raison qu'on aime mieux son bien que oelui de son maftreu • (1) .

ce qui montre que, quoique monarchiste, il n'est pas hostile ù

l'état républicain. Voltaire admire la r6pu~ique romaine:

~Gordon ponsait comme lui "U"Ihg6nu) a TOUD dawe riaient da pitié' quand il6tait qUestion des souverains do Fezensac, de Fezenscnguotet d"Jlstarélco 'Cette étud9 en effet no serait bonne que'pour leurs h6ritiers, s"ils en avaient .. LeD boawe: s!"<k:les de la i6publiquo romaine le rendirent quelqUe temps indifférent pour 10 reste de la terre. Le spectacle do" RomGHviëtorieuso ot légiDlatrice des nations occupait soriQue enti~reaIl s'échauffait on oontemPlant ce pouple qui fut gouverné sept cents ens par l "enthousiasme de la liborté et de la gloireC

.1 a (2)

Voltaire ponse que la d6nocratie n'est applicable qu"ll de potits

états, mais il n ô'eot pao loin d'y voir le régime le moins pernic!ouJc/I

et il on fait un bol éloge: ~Il n'y a d'ordinairo nulle comparaison

il faire entrer les crimas dos grands qui sont toujours ambit1.ewtll

et les crimes du peuple qui ne veut jamais et qui ne peut vouloir

que la liberté et l'égalit6a Ces deux sentiments liberté et

égalité nG conduisent point droit ~ la calomnie, fi la rapine ll II

l'assassinat, fi l'cmpoisonncmentll ~ la d6vastation dGS terres de

ses voisins; mais la grandeur ambitieuse Gt la rEge du pouvoir 3

précipi tont dans tous C06 crimes on tous tempo et en tous liGUJ~~ a

la Voltaire: 00uvros cornolDtoso OPenséca sur le GouvernGffi3nt u 1752~1I to 23~ 13f-etJUII, p. 5270

2 a Vol taire: ~omanp ~=~ __ <rQ...l1,:t;.9.Qo '''L' IngénuCJ, po 252

30 Voltaire: QPJlt~r_()~q,91!}J9,lJ)t.9,Qa l'.1Dictionnaire philooophiqUGo, ta 1011

arto D ocratiG II pa 3320

)

73 ..

Ainsi Voltaire, malgré toute la méfianco quQil a pour les

entra~nements passionnés du peuple, l'ostime moins susceptible

do provoquer les grandes catastrophes que le despote irresponsable ..

Cependant Voltaire présente ce qu'on a appelé plus tard

le despotisme éclairé. Ce sont les grands hommes qui sont la

source des progr~s (Si~cle de Louis XIV); il faut le génie et la

Il est évident que dans la politique de Voltaire l'anti-

christianisme interf~re avec cet autre principe qu'est le despo-

tisme éclairé.. Il compte sur les "despotes" pour affaiblir la

puissance ecclésiastique, voire pour réaliser, par voie d'autorité,

la révolution religieuse (c'est sans doute ce qu'~ un certain

moment il attendait de son disciple Frédéric de Prusse) .. Il veut

que dans un état le monarque ait une volonté incontestée .. Dans

un état il ne doit y avoir qu'une autorité, l'autorité civile ..

Pas dOautre avec elle, et Voltaire attaque donc celle de l'Bglise

qui â cette époque se mQlait du gouvernement ..

Voltaire a fait l'éloge de deux souverains qui ont dominé

leur siècle: Frédéric II et Catherine II pour la liberté de

conscience et la tolérance â l'égard de toutes les religions:

"Notre impératrice embrasse dos projets entiôroment opposés; elle onnsid~re son vaste Etat, sur lequel tous les méridiens viennent se joindro comme devant correspondre, â tous les peuples qui habitent sous cos différents méridiens .. La première de ses lois a été la tolértlnce de toutes les religions, et la compassion pour tout os les erreurs.. Son puissant génie a connu quo, s1 les cultes sont différents, la moralo est partout la m~e (oaa). Ello a fait plus:

) 0110 a voulu quo cetto préciouso tolérance, 10 prcmder lion doc hO::rmloc,; '13 °6tabl:rt che'z SGC voisina; ainci ello a E.6rit6 le titro' dèmt>Ï'o' de la patriè ot elle aura l colui de bienfaitrioe du gonro humain, si olle persév~reo.

L'Allemagne est, do m€me: 0 00 pays qui enfin recevait dana son sein 2

trois religions ennamies, étonnées de vivre paisiblement ensembleo.

Cet idéal de despotisme est réalisé par Zadig, qui gouverne

par justico et par wnour.

l"'1.°empire jouit do la paix, d0 la gloira 0t do l'abondance; co fut le plus boau sit>ole de la terre: elle était gouvernée par la justice et par l'enour. On bénissait Zadig, ot Zadig, bénissait 10 oiel". (3)

Le gouvernement parfait est colui oft °chaquo ho~ ost

remis dans tous les droits de la natur0° 0t oft °toutos los 4

conditions sont également protégées par los loiso.

l"rvoici ·rt quoi là législation anglaiso ost enfin parvonuo: ~ remattre ohaque ho~e dans tous les droits do la nature, 5 dont ils sont dépouillés dans presque toutes les nonarchioso.

"Dans quel Etat, ,sous quelle domination ainaTiez-vous mieux vi vro, dit le Conseiller. - Parlout ailleurs que chez moi, dit son oompegnon.o. ~ia encore une fois, dit loguropéon, quol Etat choisirie~vouso - Le brEme répondit: °Celu! oft lQon nOob6it qu'aux loiso. (6)

Le premier devoir du gouvernement sera d'assurer ~ l'homme

la liberté et l'égalité. Voltaire a r6clon6 plus quPaucun autre .-------~,

1. Voltaire: Romans et Conteso ~a Princesse de BabyloneO, pD378. 2. Ibid., °Eloge historique de la Raisono, po 488. 3. Ibid., °Zadig ou la'Dostin6eo, p.59. 40 Voltaire: Oeuvres comDl~tos. '1?enséos sur 10 Gouvernement, 1752°,

t723, )(11:=;:=527"7 5. Ibid., °Dictionnaire philosophiqueu , t.19, art 0 Gouvernement VI, po2960 6. Ibid." "1)ictionnaire philosophiquoo, tD19, arto Etats, gouvornemento ll

p. 340

75.

dans le siÙolov ot ~ plusieurs reprises, los différents droito

de l"hommea ~lous les trouvons poxtioulit>rcment résum6s dons lu

Princesse de Babylone (ohapitre VIII) et dons diff6rents articles

du Dictionnaire philosophique.

Cotte défense des droits de l'homms se résume en: liberté

de la personne, la liberté de penser ot d'imprimer, la liborté

de conscience, l'égalité devant la loi.

Qu'est-ce que la liberté, ace bien le plua précieux do l

l'ho~ea ? Voltaire répond qu'olle consiste & n'Gtro obligé

quo par la loi. aIl n'y a de pays dignes d'âtre habitôs par dos

hommes que ceux oa toutes los conditions sont également soumises 2

aWI: loiso.

Rion chez les Anglais ne lui para~t plus louablo quo les

lois par lesquelles la personne de tout oitoyen, fut-ce le dernier

des manoeuvres, est protégéo contre l'arbitraire. Aussi flôtrit-il

l'usage, si fréquont en France, des lettros de caohet. ~1ais

Voltaire ne se contente pas do protester contre l'arrestation de

citoyens innocents, il oondEmno tout arbitraire, mGBe ~ l'égard

do ceux qui peuvent ~tre ooupables.

Voltaire demanda inoossamment l'abolition de l'esolavage.

Candide ct son valet Cacambo ont quitt6 l'Eldorado. 110 ont

travers6 d'affrewc d600rlsi mais ilo aperçoivent la oolonio

1. Voltaire: Romons et ContQpo ~~'Ing6nu~, p. 250

20 Voltaire: Oeuvras comQlôtaso ~ssai sur los MocursC1v t.12, Ch.96, lŒI,

7::nFC ''QiQ

p. 130.

) hollandais~ do Surinam: ilo 00 réjouisoent ~ l'idée de retrouver

la oivilisationa Mais le premier spoctacle qui sDoffro ~ leurs

yOUJC est celui du n~re (chapitre XIX) 0 Comme 1>1ontesquiou"

Voltaire nDa cessé de lutter contré les vestiges du servage en

Europea LDesolavage colonial avait pris au XVIIIe si~ole un

redoutable essor, consécutif au développement des exploitations

agricoles dans les Antilles et sur le oontinent américaina

Montosquiou dans l'Esprit des Lois, puis Voltaire, élev~rent une

protestation, méritoire car de puissants intérOts conspiraient

~ maintenir IDesclavage, sans lequol" disait-on, dos cultures

commo celle de la canne & sucre deviendraient impossibleoo

Il proposa ~ Tu~ot do prendro une mesure g6nérale d'abolition

du servage.. Il défendit lui-m€me 12,000 serfs du Jura contre

louro ma~troa, las Bénédictins de Saint-Claudeo

La liberté de penser ne mérite pas moins de reQpeot que

la liberté individuelle, dont 0110 eot, du reste" un c0W91éwent

n6cossaireo t.1Cou:mont un peuple pout ... il 00 d!ro libro quand il

no lui ost pas permis de penser par écrit? (Lettro ~ Damilaville, l ~

16 octobre 1765)a Voltaire tient pour inoffensifs les livres

qui 80 bornent ~ eJrposer ou ~ discuter des idéesa Il manifestait

son profond enthousiasme pour la hardiesse de penser des Anglais:

'lQue j'aime la hardiesso anglaise, écrivait ... il ti lm du Deffand,

que j'aime les gens qui disent ce qu'ils pensent. C'est ne vivre

quD~ demi que de n'oser penser quDû demi"D En Angleterro un

éorivain était plus ou moina libre d'QJQ)rimer ses idées; en France,

ID Voltairo: Oouvres c~~~~t~Ra "Correapondanoe", to44, po89D

----.--~.,-.-- -----. ~_.~-----------,-~--~--------

par oontro" il en otait tout au-l:remento La liberto Je ponséeq

de parole, do presse étaient inexistantes pendant l'anoien

régimeo L'autorit6 de l'Eglise et de l'Etat étaient fennement

établies et oelui qui osait la oritiquer s'exposait ~ uno

perséoution ~édiate et sans maroi. Différentes autorités

oontr8laient l'~pression des livres: la Sorbonne, l'égliseoDo

et l'écrivain se voyait daux issues: ou bien se taire, ou bien

publier Bes travaux olandestinement et anonymemento Voltaire

non seulement refusa de so tairo, mais de 1760 jusqu'& la fin

de sa vie, il se fit entendre aveo une insistanoe oroissante;

mais & différentes reprises aussi il fit imprimer ses ouvrages

anonymsnent et en niait la paronté, & d'autres il les faisait

~primer & l'étrangero Vers la fin do sa vie, il eut rooours

aux genres plus petits qui lui permettaient d' rucprimer ses idéos

plus libremento C8 était un flot de pamphlets, de faoéties, de

broohureso Voltaire était oonvainou que los longs livres avaient

rarement autant d'influenoo quo los livres oourts, et uno fois

il déolarait: .t1Vingt volumes in-folio ne feront jamais de

révolution, oe Dont les petits livres portatifs ~ trente sous

qui sont & oraindroo Si l'Evangile avait oofité douze oents

sesteroes, jamais la religion ohrGtienne no se serait établie'.7

(Lettre & d'Alembert, 5 avril 1765)~

Pour oe qui est de la liberté de consoienoe, ou plus exao­

tQnent, de la liberté religieuse, Voltairo en est, & juste

titre, oonsidéro corurae le prinoipal défenseur parmi les

lD Vol taira: Oeuvreo comolôtoo" f.1Corrospondanccf.7 0 t" 438 . pa 520 ~==- -= ttn< ry-==-" exe- sCI ~

78.

philosopheD du XVIIIe sièole. Aprêe lui, l'opinion no doute

plue que la tolérance soit naturelle, humaine, nécoosaire:

f.7Qu'eDt-oe que la to16ranoo-:? C'est l'a..oanage de lOhumanit6a Nous sommes tous "p6tris "<là friibloDDen et d'erreurs; pardonnons-nous réciproquement nos sottises, c'est la première loi de la nature.

( ••• ) Il" est clair que tout particulior qui persécute un homme, son frôre, parce qu'il n'est pas de son opinion, est un monstre". (1)

Il propose comme mod~le Ucette admirable 10iU do Guillaume Penn,

qui, d~s la fin du XVIIe siècle, instituait en Pennsylvanie la

liberté de consoienoe pleine et entière (& condition toutefois

qu'on fft profession "de croire ~"un Dieu éternel, tout-puissant,

for.mateur et conoervateur de l'universU)Q

f~OUS m'avez parlé, M. Birton, des guerres aussi cruelles qu'injusteo dont tant de ncitions sG-sont"rendues coupables; vous avez peint lès abominations des chr6tiensau Mexique, au Pérou, vous pouvez y ajouter la Saint~Barth61émy de France, et hs massacres d'Itlando; mais n'est-il pas des peuples entiers qui ont toujours eu l'effusion du sang en horreur? Lec braèmanes n/ont.;..ilo pao donné de tout tonps cet exemple au moncle-:? nt, sons oortir du pays où nOUD somnes, n'avons-nous" pas uupr~s de nOUD la Pennsylvanie, oft nos primitifs, qu'on défigure on vain parOle nom de Quakeis~ ont toujours détesté la guerre-:? • D D Dans coc d.etlJt patries de la vertu, tous les citoyens sont ogawt, toutes les concciencec sont libres, toutes les religions sont bonnes pourv-Il qu/on adore un Dieu; toue les hommes y sont fr&res"o (2)

Partisan de la liberté, Voltaire l'est aussi de l°égalité

en ce qui concerne les droits naturels:

Vol taire: C.7Q,GuY!.G_s_poIDe..1,foj.2/3,D CJDictionnaire philosophique'J, t 0 20, ort. Toléranoe, po 5180

Voltaire: Romans et Contes. "Hietoire do Jennil'.1, po 530 ,...",..,....nwttr.ne.t:eee - .... #M" 7;: -mc;;;m- ..

C~es droits naturels,dit~!l, appartiennent également au sultan nt au Bost.angi;loun et lOautre doivent disposer avec 10 mGme pouvoir de lours personnes, de leurs familles, deleura biens. LOD hommes sont dona égaux dans IOesoontielo. (1)

Et encore:

t7Cewc qui dioent que tous los hommeo sont égaux disent la plus grande v6ri té s" ils entendent· que tous les hommes ont un droit égal ~ la liberté, ~ la propriété de leurs biens, il la protection des loisu • (2) .

Mais ces derni~res lignes font déj~ pressentir une distinction

capitale. Si l'égalité est la chose la plus naturelle quant

awc droits de l'homme, elle est chimérique lorsqu'il sOagit

des biens ou de la condition socialeo

nIl est impossible, dans notre malheureuK globe, que les hommes vivant en société ne soient pas divisés en deux classesg l'uno de riches qui commandent, l'autre de pauvres qui servent; et ces deux oe subdivisent en mille, et ces mille ont encore des nuanoes différentesa (a DO) Le genre humain, tel qu'il est, ne peut subsister, ~ moins quoil nOyait une infinité d'hommes utiles qui ne pOBs~dent rien du tout; car, certainement, un homme ~ son aise ne quittera pas sa terre pour venir labourer la v8tre; et si vous avez besoin d'une paire de souliers, ce ne sera pas un martre des requQtes qui vous la ferao L' égali té eot donc â la fois la chose la plus na.turelle et on mCmo temps la plus chimériquerJ'a (3)

L'égalité des biens, quoi qu'on fasse, demeurera toujours

une chim~rea Gardons-nous du reste de bouleverser l'ordre sociala

Si les hommes sont égaux par nature, une fois les partages faits,

l'égalité deo biens est une ohimDre dangereusoo La propriété

la Voltaire: Oeuvres comJ;!HllteBa I~enséeo sur le Gouvernemont t.1q ta23/1

p.S27a 2. Ibido, r~ssai sur les Moeurs"/I ta12, p.134. 3. Ibid., ("Dictionnaire philosophiquef.18 tala, arta Egalité" pa475-476a

80.

est un état de fuit u quqil serait périllGw~ et injuste de

remettre en question.

~~ viens quand les lots sont faits, nous dire: °Je suis homme comme VOUSi jqai deux mains et de~ piedsq autant d6 orguoil et plus quo vous, un esprit aussi désordonné pour le moins, aussi inconséquent, aussi oontradictoire que le vôtre.aD Faites-moi justice, donnez-moi mes cinquante arpents" 0 On lui répond: t~e.-t_en les prendre chez les Cafres, chez les Hottentotsq ou chez les Samoy~desi arrange-toi avec eux ~ l'amiablei ioi toutes les parts sont faites"D (1).

Au surplus l6égalité des biens ne peut s'accorder avoc

l6institution socialeo Comment le genre humain subsisterait-il

sans cette multitude d6hommes utiles qui n'ont que leurs bras?

11ettez-les & leur aise: aucun ne voudio. labouror les torres 2

d6 un autro ou lui faire des souliersa

:3 Dans le Siêcle de Louis XIV, Voltaire insiste sur la

nécessité d6une classe de prolétaires: t1D6 ailleurs dans ces

plaintes vagues on no distingue pas les cultivateurs, les

fermiers, dO avec 100 manoeuvresa Coux-ci no vivent que du

travail do leurs mains, et cela est ainsi dans tous les pays

du monde, oft le grand nombre doit vivre de sa poine".

De mCme dans 1'article '''Propriété'' du Dictionnaire

philosophique:

.'

"Tous leo paysans ne seront pas riches; et il no faut pas quoils le ooient. On a besoin dOhommeo qui nUaient que lours bras et de la bonne volonté o Mais ces hommes m~es, qui semblent le robut de la forluneo participe­ront au bonheur des autreso 110 soront libreo de vendro leur travail û. qui voudra 10 miowe payoro Cotte liberté leur tiendra lieu de propriét~lo (4)

1. Voltaire: Oeuvro~ comp~~tesQ "Dictionnairo philoaophique",ta18 o aria Egalitêq p. 475. .

2. Ibid., id., po 477. 30 Ibid., °Lo Siêclo do Louis XIVt.1o to14, pa5320 40 Il:4.do l {'Dictionnaire philolJophiqueu , to20" art .. Propri6t6, po293o

)

81 ..

Mais l'égalité dos biens n'oct pas oeulcm~,t impossibloa En

voulant po établir, on spoliorai t cewe qui poos~dent, on leur

ferait injusticeD Pascal avait dit: "Sans douto que l'égalité - .

dos biens est juste"; Voltaire r6pond: QLlégalité des biens - .

nlest pas juste; il n'est pas juste que, les parts étant faites,

des étrangers mercenaires qui viennent m'aider ~ faire mes

moissons en recueillent autant que moi"o (1)

Si l'égalité est impraticable pour les biensl elle n'en

paraît pas moins chimérique pour les conditionsa Si, comme

on l'entend dire, les conditions sont égales en Suisse, ce nlest

point l~ oette "égalité absurde et impossible par laquelle le

serviteur et:;.le maître, le manoeuvre et le magistrat, le plaideur 2

et le juge seraient confondus ensemble"a L'égalité dont la

Suisse jouit ne consiste que dans la soumission do tous los

citoyens amt lois, qui prot~ent la faible contre les entre-

pd ses du fort a "Ceux qui disent que les hommes sont égauJta" a

se tromperaient beaucoup s'ils croyaient que los hommes doivent

ûtre égaux par les €lllplois, puisqu'ils ne le sont point par :3

leurs talents'! a

S'il est donc impossible d'établir l'égalité deo olasses

nous avons los moyens de faire en sorte que llinégalité devienne

moins grande a Par exemple, Voltaire propose que cello des biens

soit diminuée, le pauvro qui travaillo doit Gtro mie en état de

1 p Vol taire: ~~Vr9..B cornpl~toea I"-1l>orni()roo remarques DUr les Ponoéeo de Pascal", taSl, LXXIX, p .. 260

20 Ibid.,I"~Doai our 100 Hooursr.7, tall, pD5280 30 Ibid"l id", tol2, po134"

Vol taire, seigneur de Ferney, e.lcprimai t tr~s couvent

dans ses oouvres son dédain et con aversion pour Qla canailleo.

Il nUy a rien ~ espérer du peuple. °11 travaille sile jours

par semaine et va boire au cabaret le septi&meo. Il parle de

l'ignorance du peuple avec grandm6pris et prétend limiter

la vérit6 a quelques privilégiés.

Mais sUil exprtme parfois son dédain pour la canaille,

il nqentend pas que la majorité du peuple coit méprisable, et

surtout quqelle doive le rester. Il a foi dans 10 progr~s des

lumi~res. Son aversion nUest pas celle dOun aristocrate pour

les mis6rables, elle est colle dOun QhonnGte hommeo pour des

ignorants fanatisés.

Ces ignorants, il faudrait les instruire, car 1 uorgani-

sation économique de la société implique d6jû par elle-mCme

une éducation d0B esprits. l·lais quelquefois dano un accès

dOhumeur Voltaire les déclare indignes et incapables d08tro

instruits.

C~lusieurs personnes ont établi des écoles dans leurs terres, jOen ai établi moi-mGmè, mois je les crains. Je crois convenable que quelquos enfants apprennent 11 lire~ Il écriro, li chiffrer; mais qué le grand nombre, surtout les enfanta des manoouvres,ne sachent que cult~ver, parce quoon nOabosoin que d'une plume pour deUx ou trois cents bras. La culture do la torre ne demand~ qu'une intelligence trôa commune; la nature a rendu faciles tOUD les travawc aU1cquels olle adootin6 l'ho~e: il faut donccmployer le plus dO hommes qu'on l peut ~ cos travaux faciles, ot los leur rendre nGcossairesQ•

10 Voltaire: Oeuvrer com~~~t~o c1)ictionnairo philosophiqueQ, ta19, art. Fertilisation I, po 1110

03.

La politique do Voltaire eet orientée vers lOaotion, fonnuléo

au fil de.loaotualité; il a toujours en vue lQavenir de lOhomme;

10 but de lOhomme, son aotion en société afin dOaméneger pour .. ' ..

le micuJt lOmtistenca collective. Dana sea 9.attres philoBophiquesu . . . .

Vol taire se montre intéressé pur la m.anque de préjugés des

aristocrates anglais contre le commerce. Il oppose a lOaristocratie

française une classe dOaffaires q aristooratique et bou~eoise.

QLe co~erce, qui a enrichi los citoyens en Angleterre, a contribué

~ les rendre libres, et cette liberté a étendu le commerce ~ son

source de bien-être et de la prospérité g6nérale, fait la force . ~ . .

et la riohesse des nationsu • En vue do co bien-Otre, la politique

du payo visera lli favoriser 10 d6volopp3ment de ses ressources

afin que lOhomme affranchi du bosoin q Boit mis en possossion des

moyens do devenir pleinament humain.

En effet, le commerce, pour Voltaire, ost le véhicule du

vrai bienu·Otre et de la civilisation. Pouvoir so suffire à

soi-mCme, cOest la préoaution indispensablo contre los disettes;

maia oOest l~ un idéal primaire. Au-deoaus, il yale rayonnemont

du libre-éohange, la prospérité générale atteinte par la réparti-

tion judioieuse des produits looaux, le luxe enfin, perfection

naturelle dos grands Etats.

UPlus la nation ost industrieuse, plue elle gegne sur l06trangero. (1)

1. Voltaire: Romans et Contes. l'~OHomme aWI: quaranto écusCJ, p. 29L.1.

Er =;:::;; ;=ç--=-me = .-

Plus tard, son expérionce ~ Forney lui montrera que le

facteur le plue ~portant de l'éoonomie n'eet pas le comm~rce

des arts néoessaires~. écrirB-t-il, doit &tre libéréo par une

série de r6for.mesa Voltaire revendiquera la suppression des

jurandes et des ma~triseo, l'abolition des corvées, des dfmos,

de la gabelle, des entraves A la oirculation des grainsi

lui-m€me enoouragera de ses gestes la production agricole et

industrielle du pays.

A part les réformes dans l'ordro des droits oivils,

Voltaire en proposa d'autres concernant soit l'économie sociale,

soit les institutions et les procédures judiciaires.

En mati~re d'éoonomie sociale, lee 8néliorations dont

Voltaire fut le promoteur ont pour objet l'hygi~ne, l'assistance

publique, le bien-Gtre des classes pauvres et surtout des paysans,

le régime des ~p8t6o

Quant Û l'hygi~no, rappelons dDabord les camp~gnes de

Voltaire en faveur de l'inoculationo Sa onzi~e Lettre philosophique l

traite de la vaccine, et dans l'Homme aux quarante écue, on lit:

C~our la vie il faudrait rendre dans Pario l'air plus pur, que les hommes mangeassent mDins, qu'ils fiseent plus d'e2tercice.oo qu'on ne fat plus assez malavisé pour craindre l'inoculation: o'est ce que j'ai d6ja ditu.

850

Et que dire deo inhumations: Babouo eot choqu6 de ce qu"on enterre

les morts dano les égiioos:

~abouc se male. dans la foUle dPlin pèllp16 compos6 de ce qu'il"y avait de plus salo et de plus laid dQns les datL~ sexes. Cette foule so"piééipitriit "d'Un air hébété dans un enclos vaste et sambre~ "Au'bourdonnement continuel, au mouvE".ment" qu"il y rema.i:qùa, ~ l"argent que quelques personnes'donnaient tld'aufreà pour avoir droit de s'asse'oir, il crut Stre 'aao.s 'un 'marché' oft lIron vendait des ohaises de paille; mais biént6t (u.) il o"aperÇl1t qu'il était dans un"temple ( ••• ) Il se bouchait les oreilles; mais il fut pr~sde se boucher encoro los youx et le nez qUand il vit entr6r'dons co tcriplo des ouvriers avec dèS pinceS ot deo pslles'~' Ils i:6i:i1.<llront une large pierre, et jet~rent -~ droite ët ~9auche'une terre dont s"exhalait uneodeurerilpëstée;' ensuite on vint }Wser un mort dans cotte ouverture, et on remit la pierre par-dessus.

. - . .

Quoi! s'éoriaBabouc, 'è06 peuplas enterrent leurs EOrts dans les mGmeslieuX'oü Uri âdorèritla Divinitég QuoH leurs temples sont pavés 'de cada.vres~ " Jo no m"étonne plus de cos 'maladies postilentielles qui désolent oouvent PersC~olis.ao (1)

Ces préoccupations économiques s'allient tl des soucis artistiqueso

Voltaire insiste aussi sur los embellissements et l"assainisse~nt

des villes. Il pense qu'une politique éclairée se manifeste d"abord

dans 1 "urbanisme •

Babouc arrivant ~ Persépolis °par l"ancienne entrée, qui

était toute barbareo, est choqué P par la rusticité dégoGtanteO qui

offensait '.71es yewcp• C.7Toute cette partie de la ville 00 ressentait

'2 du temps oil olle avait 6t6 bQtieC.7.. Do mGme Candida entra par

le faubou~ Saint-Marceau °et crut Gtre dans 10 plus vilain village 3

de la Ueotphaliol'.7 ..

1. Vol taire: Romans et Contes. OLe Hondo comme il vaj/ vision de Baboucl'.7 11 po 69 2. Ibid .. /1 p.. 68 '-=me =.. =:-=" 3. t'

1Candide ou l'optimisme''', p. 190 ..

86.

Les grands travaux d'équipement collectif sont signe

qu'enfin l'int6rGt public pr6v~ut, et que los gouvernants so . . -.

décident ~ faire un pou plus qu'administrer le courant habituel

des affairea.

Les moyens de financer aes travaux et de trouver les

bras nécGssaires? On finance bien les 9Uerres~ et il y a tant

de citoyens improductifs: les soldats, le8 moines; et tant de

loisirs mal dirigés, -cent vingt jours fériés par an, que les

ouvriers passent au cabaret~ Et tout l'argent thésaurisé qui

dort sans profit, et la dilapidation des deniers publicso

"Eh bien" si on coritribue pour le.malheur de 10esp~ce humaine, ne donnera~t-onrien pour Don ·bOnheur et pour sa gloire? Quoi, depuis que vous Gtes 6tablis en corps de peuple, vous nO aveZ pas encoro trouvé le secrot dOobliger tous los richos-~ faire- travailler tous les pauvres. Vous nO en $tes donc pas encore amt premiers 61émento do la police1" (1)

t?Le Philosophe: JOai oui diro que dœs l'année vous avez onviron six vingt·jours pendant loaquels on ne travaille point ~ Cachemirea Quo ne ahangoz=vous la moitié de ces jours oioot\lc en jours utiles'& Que n'Clployez-vous aUJ!: édificos publics pendant cont- jours 100 artistos désoccupés? Alors camI: qui no savent rien, coux qui n'ont que dew!: bras auront bien vite de l'industrie; vous for.morez un peuple dOartiotoso

CJLe Bostangi: Ces temps sont deotinés au cabaret et ~ la drQbauche, et il en revient beaucoup d'argent au trésor public.

"Le Philosophe: Votre raison ost admirable; mais il ne revient d'argent au trésor public quo par la circulation. Le travail n'opêre-t-il pas plus do circulation que la débauche qui Gntr~~ne deo maladies? Est-il bion vrai qu'il soit de 10!ntor8t do 10état que 10 peuple s'onivre un tiors de l'année?

la Voltaire: Oouvros comol&tes~ CJLes 11mbellisserr3nts de la ville de Cachem!;;cr;- '"'ta 23, p. 477.

010

Cotte conversation dura longtempso Le Bostang! avoua enfin que le ph il ooopho Qvait raioon~et il fut le praoier bostangi·qti°ùn philooophé ëat porourid60 Il promit d~ faire boaucoup, -01lio160 hôcii.oo no "font joais ni tout oe quO Uo veulent ni tout ce quoils pouvento. (1)

Voltaire demande qu'on interdise la mcndioit6. Ce probl~o

de la mendicité n'était plus celui que pose en tout temps l'exis-

tence d'individus inadaptés ou victimes d'un sort injuste. Dana

la seconde moitié du si~cle, les plaintes se multiplient our le

nomb~e prodigiew~ des mondionts: non oeul~ont mendiants de la

ville, mais aussi mendiants de la compagneD Voltaire les exhorte

il travailler:

t:Tout pays 00. lo."guouoério, lrimohdicit6 est une profossion, est "mal gouvorn6~ La gii6uoor!o,," Di-je dit autrofois, est une vor.mihè qui sOattache ~"lQopuloncè; oui, Dais il faut la secouer. Il faUt quo lOopülërico-faooe travailler la puu-tJrcité,què les hOp!taux soiènt pour 100 maladios ct la vieillesse, les ateliers pour la jeuneose saine et vigoureusooa (2)

°11 faut quQil"y tiit dos maiciono"de retraite pour la vieilleose, pour l'infirmito, pour" la. difformité. Mais, par le plus détootable des"Obus, les fondations ne oont que pour la jeunesse et pour leo personnes bien confor.méoooo (3)

Evidemment il demande lQaoolioration de la condition des

paysans, d'augmentor"l~ur bien-Dtre ct do rehausser lour état. Coci

no pourra se faire que par ~Il suppression. doc droits féodaux, dos

corvées, l'abolition de la d~e, et la r6duc~ion deo jours de"fgtec

Comment avec cont jours do ch6mage par année les paysans no

vivc;ilierlt-ils pas dans la mioôre? Si les oainto doivent Gtro

honoréo, quoils le soiont par le travail, car, cn dCIni~re analysc,

la Pomeau, René: E§,litique de Voltaire. Paris, AnmIDd Colin, 19630 p. 1-15.

2. Voltaire: Qçmvres c9!!l~~~o c7J)ictionna1re philosophiquet.7, to 19, art. Guewc, mondiant, pa 322.

3. Vol tairo: ]1çmmU:Lot G."-~J:.Qfl.a t.7LOhcmm0 aw!: quaranto écusl"..1, p. 320.

06.

c'est le travuil qui pourra, le mieux, contribuer û l'amélioration

du sort de lOhomme Dur la terre.

LOamélioration de la condition sociale implique, en dernier

lieu, la réforme du syst~e dos imp8ts. La fiscalité au XVIIIe

siècle était une improvisation continue. Les tmp6ts successivament

créés pour faire face ~ quelque urgente nécessité, et jamais . . .

abolis, finissaient par former un monstre. affligeant pour le . ..-

contribuable. Le désordre fiscal atteignait au XVIIIo si~cle

lli,e acuité extrQme. D'autropart le jeu des forces sociales

tendait ~ établir l'inégalité devant 1°tmp6t: les forts usaient

de leur force pour reporter le fardeau sur les faibles. Toute

réforme fiscale que réclamait Voltairo visait donc ~ corriger'

les injustices, du moins les plus choquantes, da la rcSpartition.

Voltaire dGvait faire face ~ deme th~ses sur l'origine de la

richesse: une th())se t.1populationiste".1 qui dis ai t que plus un pays

possède de citoyens, plus il est riche; et une th~se t.1physiocratet.1

qui affir.mait que la seule puissance de la richesse est la terre.

La prop~gande insistante des physiocrates, tel le marquis do

Mirabeau, rencontrait des contradicteurs, et Voltaire ne manqua

pas lui aussi de se mettre contre ellea

t.1Les nouveaux ministres disaient encore dans lour préambule quDon ne doit trucer que les'terres, parce que tout vient de la terre, juoqu'~ la pluie, et que par conséquent il n'y a que les fruits de la terro qui doivent l'im98tt.1. (1)

Loo physiocrates, GOUD prétmcte que tout vient œ la terre, avaient

imaginé que la fiûcalit6 clovait porter uniquemont Dur les revenue

39 0

agricoleso Voltaire, que cotte théorie nDcnchante nullem0nto cn

montre la sottise par une hypothêse cimple: il met IDhomme qUX

quarante écus, cultivateur réduit au minimum vital mais lourdement

imposé, face ~ face avec un financier richissime, qui ne paie

pas un liard d'impôt puisqu'il ne poss~e pas le moindre pouce

de terreD Voltaire insiste â faire payer chacun "non selon sa

qualité, mais selon son revenu"g

Sans cecae Voltaire dénonce les vioes de la justice de son

t~ps: dans le Dictionnaire philosophiqueo los Dialogues, le

Commentaire sur les délits et les peines (1766), l'Essai sur la . probabilité en fait de justice (1772)0 Il réclame toute une série

de réformes portant sur le corps des magistrats, sur les lois

elles-m@mea, sur la procédure criminelle, sur la confiscation

et la peine de rnorto la torture, et IDappropriation des chattments

awt crimes.

Voltaire distingue entro deux catégories de lois: la loi

générale ou naturelle, qui est valable pour l'ensemble des hommes,

et les lois locales pour chaque pays. La loi naturelle a pour

fondement la nature humaine elle-mêmeo La vérité est universelle,

et tous les hommes sont d'accord sur la justice, la vertu, mais

UU y él des monstres rnoraUJC comme physiquos" Q CD est le sentiment

qui tend â la conservation de l'ospêce humaine qui ost la base

pour toute législationp

90D

Dans un Etat cUest la raison qui doit Gtre la r~gleo

QIl Y a plus d0 mille ans quo 100 fccmes sont en possession do

se brt11er D Qui de nous osera changer une loi que 10 tempo a

cons ac réo? Y a-t-il rion de plus rospectablo quoun ancien abus,

d~Qande Sétoc ~ Zadig. ~a raison est plus ancionneQ reprit

Zadig. l

Un autre principe aussi de gouverno~nt dOun état est

la cohérenoe.

QIl rondra autant quoil lcipoürra la justice distributive plus uniforme et moins lënte~ et rOugira pour nos anc8tr0o que oe qui est vrai ~ Dreux soit faUJt ~ Pontoiso~o (2)

Babouc so rend au tribupal, oft lOon devait rendre un arrGt

important. ota cause était connue de tout 10 monde. Tous ces

vieu avocats qui on parlaient étaient flottants dans lours

opinions; ils all6guaient cent lois, dont aucune nOétait appli-

cable au fond de la question; ils rGgardai0nt 1°affair0 par

cent c8tés, dont aucun nuétait dans son vrai jour: les j~gOS

décicl~rent plus vito que los avocats ne doutürontD Leur jugaùent

fut presque unanime; ils jugêrent bien, parce qu8 ils suivaient

les lumi~res de la raison; ot los autres avaient opiné mal, 3

parce qu8 ils nOavaient consulté qu0 leurs livroa~o

On se rappelle la satire de la jurisprudonce faite dans

Zaclig en co discours plein d8 équivoques, lorsque, condamné ~

1. Voltaire: ~pns o~ Contes. °Zadig ou la DestinôoO, PD 29-30. 2 a Voltaire: 00,l!Yros cOIDJ;>leto'po (~a voiJ1: du sage et du pouplee), tG 23, po~71 30 Vol taire: Romans et Contes a {~e 11ondo COIIliilO il va, Vision de Bohouc", PD 77

-~ -r- ";;1 = 'y-" "'CV'

91.

payer quatre cents oncas dll'or pour avoir dit qull'il nll'avait point

vu (avec ses YOUJc) ce qull'il avait vu (avoc son jugoment), il lui ." "

fut por.mis do plaider sa cause au conseil du grand DeoterhŒno

CEt6ilos de justico~ abimes de science, miroirs de vérité, qui avez la pesanteur" du plomb, la dureté du fer, 1 17éclat du diamant, et beaucoup d 17affinit6 avec 1 17or ••• u (1)

Voltaire demande en pl'GI'llier lieu la création de juges de pab:,

11l'6tablissemont d17un jur,y et il proteste contre la vénalité des

charges. Les juges qui œhl3tent leurs charges nI/ offren t pas

toutes garanties dl/intelligence, de comp6tence, dl/impartialité.

La vénalit6 des cha~es judiciaires est un deo points sur lesquels

Voltaire revient sans cesse.

Dans le Dialogue philosophique uAndr6 Destouches ~ SiEm°

(1766), les critiques du philosophe vont contre la mauvaise

o~anisation de la justice. En voici un eJ~trai t:

C"1Destouches: Dites-moi, je vous prie, par quels degrés on parvient dans Siamâ la m~gistrature1

Croutef: Par de lll'argent comptant. Vous sentez qu 17 il serait impossible de bien juger si on nI/avait pas trente ou quarante mille pièces dl/argent toutes pr9tes. En vain on saurait par coeur toutes les coutumos, en vain on aurait plaid6 cinq cents causes avec succès, en vain on aurait un esprit rempli de justesse et un coeur plein de justice; on ne peut parvenir & aucune magistrature sans ~ento CI/est encore ce qui nous distingue de tous les peuples de l'ADie, et surtout da cosbarbaros'de Lao, qui ont la manie de récom­penser tous los talonts, et de ne vendre aucun emploio. (2)

Dans '"'Le l-1ondo comme il vaC"111 Babouc voit un magistrat de vingt~cinq

ans charger un vieil avocat félIt13UX par 13a science, de faire pour

lui 1170xtrait dll'un procès qu 17 il doit juger le lendemain. Il en

L Voltaire: ~omano ,et ConteJ!o ÇJZadig ou la Destinés"', poO. 2. Vol taire: Oeuvr.9.s=cwol;.()tes. C"1Dialogue llndro Destouches li SlaIrf', ta 26,

pa99.

demande If) C1cplioGtion:

nCGeot un des noilleurs avooats de lavillo; il y a cinquante onsqUllll 6tudië les loio,. Monsieur, qui nlla que vingt":'àinq ans,,'-'ët- qui est satrape de loi depuis dowt joürs~ lûi donne ù faire lilextrait 'd#un proc~s qu'il doit juger, quf)il- nf)a'pas encore oxGmdnéa - Ce jeune étourdi fait oâgemènt~' dit' Baboué:, de demander conseil â un vieillard; moiti pourqUoi hUèot-ce pas oe vieillard qui est juge?":'Voua voua mOquèz~ lui dit-on; jamais coui qui ont 'vieillI dans lés' eniplois laborieux et subal­ternes ne parviennent 'a.lix-dignités. Ce jeuno homme a une grande chargè,' paroe-qUe- sori pare eot riche, etquf)ici le droit de rèndre 'l,l'justIce' Eif)achlJte 'oomme une motairie. ' - 0 moeurs~8 malheureuse villèg'sllécria Babouci voil~ le oomble du désordre;silris 'croute, ceu.."t qUi ont ainsi acheté lé droit dë 'juger'vendent lours jugements: jo ne vois ioi quo des abfmes dlliniquitén• (1)

Ces juges De contentent de prosomptions, do convictions personnelles.

Voltaire voudrait auosi qu'avant de condamner un homme on

ait fait la preuve compllJte de sa culpabilit6D

nS! contre cent mille probabilités que lf)aocusé est coupable il y en a une seule qu'il est innooent" cette seule doit balancer toutes les autregc • (2)

et dons Zadig:

r':Quand il. jugeait une affaire" co nOotait pas lui qui ju.geait" c'était la loi; maio quand ello était trop sévôre" il la tompéra! t" et quand on manquait de lois, son équi t6 en faisait quf)on aurait prises pour cellos de Zoroastre. C,ll,est de lui que los nations tiennent co grand principe: quoil vaut miewt hasarder de sauver un coupable que de cçndanmer un innocent''?" (3)

"

Tout jugement devrait sPaccompûgn~r des motifs qui le justifient,

et les poines doivent être proportioMG0s aUit d61i to" En 1764, le

marquis do Beccariû6 juriste italien, dononça au public les orrours

judiciaires trop fréquontes, lOirrégularité des procédures,

1" Vol taire: RomanI) et Contes" "Le Honde comme il va, vision de BabOUOf.1 6 p" 71

2 • Voltaire: Q9.iiw-s.wt{l~.fe"s." cDictionnaire ph il osophiquet.1 , ta 18, art. Crimosu p. 276.

3D Vol taire: E,o}!illI'lJ=o,tJ~o(;m~PJl: "Zadig ou la Destinéo".? l' po 16.

93a

lqincortitude des preuves, IDuoage do la torture, la,disproportion

et la cruaut6 des chUtirncnts, dans oon livro ODes d61its et dos poinesna

Voltaire apporta son hommage fi ce livre inopiré par IDesprit le ... .. .

plus g6n6rewc des °lumiâreso; il rédigea un nCommentair(;:;l7 (1766)

pour honorer Beccaria de son approbation a

Voltaire demande aussi l'abolition de la peine de mort:

nOn a' dit,!l ya longtemps, qûqun 'l\.omme pendu n'est bon li rien, et que les 'supplices'inventéo pour 'le bien 'de la sooiété doIvent Gtre utiles ~éette'soci6t6o Il est évident que vinqtv61euro--vig6üreux~ condamnés ~ travailler aux ouvragea publiè:s'totite leur vie,' servent l'Etat par leur supplice, et que louÏ'mort ne fait de bien qu'au bourreau que lqon paie pour tuer les hommeo en publicoa (1)

et dans l'Histoire de Jenni:

l:7Il ne faut jamais faire mourir un homme que quand la chose est absolument nécessaire pour 10 salut du prochainoo (2)

Le philosophe sDél~ve surtout contre la coutumo barbare dDinfliger

nIl nDy a pas d'apparence qu'un conseiller de la Tournelle regarde comme un 'dè ses semblables un homme CJu Don lui am(}ne hQve~ pOlo, dofait, leo yeux mornas, la barba longue et oale, couvert dola vormino dont il a été rongé dano un cachota Il se donne 10'plëioir de l'~opliquer ~ la grande et & la petite torturo, on présence dDun chirurgien qui lui tûte le pouls, juoquua ce quuil soit en dangor de mort, après quoi on recommence; et, comme on dit trDs bien dans la comédie des Plaideurs: nCela fait toujours passer uno houro ou demé.? a

Lo grave megistrat qui a acheté pour quolque argent le droit de faire ces elq>6rienceo sur son prochain va conter ~ dîner & sa femme ce qui o'est passé 10 matina La premiDre foio madame en a 6t6 révoltéo, û la seconde elle y a pris goat, parce quuaprôs tout los fe~eo sont ourieuses; et enouite la premi~rqbhose quDelle lui dit loroquoil rentre on robe chez lui: '-tIen petit coeuro nUave~vouo fait donner aujourclDhui la queotion Il porsonne~" (3)

la Voltaire: Oeuvror.cemplôteso,nCcÈmentaire sur 10 livre dos Dolits et • _.. • .....,.... ..... -'?;?- 7"""""'S~.=-:;or=-r

dos Peineol:7, ta 25, p. 555a 2 a Voltaire: Romans et Contcso' '.7JIistoire de Jonnil'.1, pa 498 D

3. Voltaire: 9';;m.9~p~t?,J,,~t~q,a l'JDictionnairo philosophique',?, to20, arta Torture, p. 534.

°La torturo" inventéo entrefois pur leo volouro de grande cherrdno polir forcor lori vo16D~ découvrir leurD tréoorD" ot omployéo cujourdOhu! chon un"potit nombro do nutions pour sauvor le coupable-robuste, "ot pour pordre lOinnocent faible "de corps ot dDésprit~ "no bora pllUJ on uocgo quo dono 100 crimos" do ""1~jjc .. soc!6t6 au· premier chef" et soulomorit pour âvoirr6v61ation doc complicos. l'laio ceo ci~éo ne co commettront"jem&ioo. On rio pout mieux. Voil& les voeux que" jOèntonds faire partout; "ot j Oécrira1 tous ces grands. changement a dans mas annales" moi qui suis la V6ri t6° • Cl)

°Iei un spoatacleefftayaht se"pr60ènte toùt ~ coup & mes yeux CclitlOhoimne alL~" quarante écus); le jug<l so lasse d'interiogorp"ar "la "parole;" l.l. "veut intorrogor par 100

supplicos: "~patiërit clciné oos recherches, ot pout~€tre ir.ri té"" de lour intitil1 té, "on· apporte doo torchesg doo chafues, dri!o""lovioro g et tous "COD - inotrumonts inventés pour la douleur 0" Un bourroaù. vion t De mOlor aux fonctions do la magiotraturo g ot tcnninor par la violenco un inter­rogatoire con:menc6 par la-libortéo -

°Douoe philosophio~"toi qûi"no cheranes la vérité quDavcc IDattention"ot la pationciog tDattendais ... tù que, dans ton oi{àcle, on enployüt do" telo - ini:ltIumon ts pour la découvrir? Eot ... ilbien vrai -qUe noS"lois"approuvont cotto m6thodo inconcovable et quo lUuscge la conoacre?O (2)

Les frais de la proc6dure étaient trôs élevésa Voltairo no manquo

pas do mentionner 10 fait on le ridiculioanto Le roi a ordonn6

quOon rende ~ Zadig lUcnenclo doo quatro c~âts oncoo dOor û laquelle " " "

il avait ét6 condamné, mais 10 °greffier, 100 huissiors, 100 pro 01.1-

reurs, vinrent choz lui en grand appareil lui rapportor DOS quatre

oento onoes; ilo en retinrent ooulemont trois cent quatrc-vingt-diJt-

huit pour los frais de justioe, et leurs valets domandôront des

honoralresu • (3)

l ~ Vol taire: EQ,ê.artcL9t CgntOQ.a UIUoge" hiatorique do la RaisoEl,c', pa -l9l a 2~ !bid~~ CJL°Holl1!n9 uux quarantci éousl"1" pa 3260 30 Ibido" °Zadig ou la Dostinéoo, pa9 .

Choz Voltairoo locosmopo1itismo lO~porte sur le patrio-

tiomo. Avant le XVIIIe siDclo d°ai110urs, la patrio so confondait

aveo ladynastio. Los Fronçais p3nsaient que leur iidQlité devait . .. . -. .

aller au roi. Ce n'est que vers la seoonde moitié du XVIIIe sièole

surtout après le Traité do Paris en 1163 ~paix déshonorante et

indispensable~ que oe terme "patrie" devint le ori de ralliement

des révolutionnaires.

D'après Voltaire, le patriotisme n'est pas un sentiment, un

attachGment sentimental. L'ûmour de la patrie oUest la oonsoienca de

son intérêt personnelo Il identifia la patriotisme au sontiment do " . .

propriété; d'oü il suit que les non-possédants, tola le gar~n . .. . .

pQtissier, nOont pas do patrie. Pluo loin, il d3couvro qua le

r.7voluptuewt Parisienu n"a pour patrie que la lieu de 000 plaioiro.

Un autre décore do ce nom le théUtre de sos ambitions politiques.

"~ousl1 voient dana 1 11 intér6t général do la patrie leur intérôt

particulier. Leo grands sentiments ne sont jamais aussi purs quoilo

paraissent. La notion de patrie est OJl:trOmement matérielle" Il

n"y a de patrie que dans un 90UVernel'i!9i'îl.: qui vit sous la protootion

de lois.

l1QuUest_ce donc que la patrie? Ne serait-co pas par haoard un bon champ, dont le" possesseur, logo commodément dano une maison bion tenua, pourrait dire: I.7Ce ohamp que jo oultive, cette maison que j°ai batie, sont ~ moi; jlly vis souo la protootiondeo lois, qu"aucun tyrml ne pout enfreindre ••• On a uno patrie souo un bon roi; on n"en a point souo un méchQI\t ( ••• )

Le premiar qui a écrit que la patrie eot partout où lQon se trouva bien est, je oroio,Euripida dnns son Dhû 6ton: '''La patrie est partout celle qui vous nourri tO. Maio le pra@ior horr-mo qui sortit du lieu de sa naiosance pour chercher ailleurs son bion-Gtre lOavait dit avant lui',? (1)

-1. Vol taira: Oeuvres comol~t0B". c.1j)ictionnairo philooophiquoC.1 ° t 0 20 D

"â'r"t. Patri'ë' f,' ÏI" p. 132

96"

Pour origino, il écarto touteo leo explicationo do droit

divin ou de contrat social qui prévalaient pour leo juristes

indépendants; et il donne ~ la société une origine extrCmomont

empirique. La source de lOEtat cOest le désir do chacun dOavoir

sa propriété garantie, et le gouvern~nt est lOorgane qui assure

~ ohaoun sa sécurité. Los hommes sOunissent pour sOuosuror leurs

avantages ..

~ne patrie eatcompos6o de'plusieurs familleo: et couma on soutientèommunément'sa famdllo par GmDur-proprog lorsquoon nUa pao un int6r6t oontrairo; on soutient par 10 mCme acour­propre sa ville _ ou son __ viJ.lage, qu "on appelle Da patrie a ("" D )

Il est triste que souV'ont,pour'Otro bon patriote, on soit lOennemi du'resto'dos hommès (0"") Etre bon patriote, cOest souhaitcrque Da-ville oOenriohisso par le oo~roo, et soit puiosante par lës ames (aao) .. Telle est donc la condition humaine~ que oouhaiter la'grandeur de son pays, cOest souhaiter du Iual- f:fS0S voisinsa Celui qui voudrait que sa patrie' né füt jamaio ni plua grando, ni plus potite, ni plus riohe, ni plue pauvre, oerait 10 citoyen do lOuniveroD " (1)

Voltaire déduit quo, pour avoir uno patrie, il faut Otre citoyen,

autrement dit Dotre uno partie do la souverainetâ7"

Quelle ost donc la politique do Voltaire sur le plan inter~

national? Il n 17y a pas aWI: youx de Voltaire do plue grand fléau

que la guerrea OLe plus détor.min6 dos flatteurs conviendra sans poine

quo la guerre tra~ne toujours ~ Da suite la pesto ot la famineD dit~il

dans lOarticle DGuorreD du Diotionnaire philosophique" Dans toutes

see oeuvree il détaillera l°inutilo barbario ot leG horrours doo

batailles:. dans fL~~, entre Bulgares et P.baroG q dano 10 récit do

1" Voltaire: 5œlnz:rog .QQpo1fltoso t.:IDictionnairc philooophiqrucDq t" 20.,

urto Patrie III, po 104-105"

------,- -'--.,'---.----------_._-,,------,,------_.------

) la vieille; dano OLe I10ndG COl:r:lllG il vd:1, Bohoue no Duit pOO

pourquoi on DO bat.

COn·o'oot égo~6-dquh·bout de la terre fi lQautre,ot on a oté asooz iobéëilo poùr"à.onner le nom do grenda hommes, do horoe, do d6mi ... dietili, dei dieux mGm"., 1:1 ceUJt qui ont fait ooooSoinor le plus grand nombre dee hommes leurs scmblabloso. (1)

COn parla de la·9Uorro"qu.è los doux· rois ontrepronaient; On déplora la condition dos· hommes, que dos monarques envoiant" par· fàntaisië·sqégo~ar pour deo différends que doux honnGtes gens pourraient concilier on uno houran • (2)

Voltaire a dans l'esprit les guorres do oon temps: guerre de

Succession dqAutriche (17~1~17~8), PUiD do Sept Pons (1756-1763).

Apparemment l'une et lqautre furent déolenchées par le °caprioo

do quolques hommes~:1 a Vol taire d0!lltmdo pourquoi cn no conou! torai t

poo leo premiers int6rosoos: los peuples.

°Dco pouples aooèz éloignéo·entendent diro qu'on va se battro, et qu'il y a oinq ou six souo par jour ~ g~gner pour OUll,

s'ils veulent Gtre· de la partie; 110 Se divisent c&ooitet en deux bandes oomme dcsmoiDDonneurs, ot vont vondre lours sorvices A qui voutles employer.

Ceo multitudos sqacharnent los·unos oontro 100 outros, non soul0Zllont Dano o\r"Oir aucun intérêt au prooôo, nais sana savoir m@œ9 do quoi il o'~git.

On voit â la foio oinq ou· sÏJe puisSŒlo00 bellig6rantes, tent8t trois oontre trois, tant8t deux oontre quatre, tantet uno contre oinq, so détostant toutoo égalêmont les unoo los auty.os, s'unissant et oqattuquant tour ~ tour; toutes dqaocord on un seul point, celui do faire tout 10 mal possibleo • (3)

Contre Hontooquiou qui avait introduit lqid<3o do la guerre préventive,

Voltairo se révolte:

1 .. Voltairo: .E9.!lt€1,!Jl __ oj:=C9nte.~. °Histoiro do Jonnio, po 535" 2 .. Ibid", C:1La Prinoosse do BabyloneO, PD 375 .. S .. Voltaire: Oouvt§9=c9m~9~oqD °Dictionnairo philooophiqueo, to19,

art .. Guorre, p. 3190

)

900

°Co~ent lOattaquo on pleine paix pout-olle 8tro 10 soul moyen dO G.."'UpGcher éotto 'deotruction? Il faut donc que vous soyoz sû'r'queée"voisin'vous d6truirà' l'J°ildoviont puissant. Pour on GtreaQr~' il faut quDil ait fa:lt doj& los pr6para­tifs db votre parte~ En 'ce éaa, cOest ll,ui qui commence la guerre, co n"est pas vous: votre suppos~ition est fauose et contradicto!reo. (1)

Ce qu'il Y a de pis, constate Voltaire, cUest que "la guerre est un

fléau inévitable. Si lOon y prend garde, tous les hommes ont adoré 2

le dieu t·lars" , et Vol taire se domande ai la guerre n" eet pao . . . .

naturelle â lOhomme. COeet':lll dos p0i.n~6 sur lequel le pessimiDIile

de Voltaire ost le plus net. Le mal existe dans le monde; la guerre

provient des d6fauta et des faiblesses des hommes. Le r6cit de

Candide déconcerta en tout point Pongloes, ct sa philosophie absurde

du atout est biena • Tbutes les eal~ités possibles affligent donc

le disciple de ce loibnitzien opt~isteg et la guerre en est une.

Candide enr616 dans l"ar.mée des Bulgares, particip~ A une bataille, '. "

~ueherie h6roique", d/1oft il s'échappe comme il peut, entre morts

et courants. Et lorsque Candide rencontre le pessimiste l·:Iartin

et qu/1ils assiotent ~ la bataille de dewt vaissearut, ilo sOefforcent

d~ tirer la philosophie de la guerre. N/1est-ce pas un cas particulier

de la loi universelle de d6voration? La guerre, une loi de Nature?

Voltaire, qui la jugeait infornale dans le chapitre préc6dent, la

qualifie ici de diabolique.

&.1Eh bien, dit Hartin, vout! cortrrne les hOilE1l9s se tra! ten t 100

uns los autresa - Il eet vrai, dit Candide, quoi! y a quelque chose do diabolique dano cotte affaire"o (3)

la Voltairo: Qpuvroo c~ulôtqqo "Dictionnairo philosophique", to19, art. GUerre, p. 322 .

2. Ibid., id.,·t. 19, art. GUerre, p. 321. 3a Voltuiro: E9",I]!SlIlO 0): g"qn...t"R~o aCandide ou lDOptimiomoC.1, p. 1870

--- ---._---------_ ..

) 17Croyo!3-vciuo0 di"f Cfulcl!déq· ·quo 100 hol.C!oo 00 oollant toujouX'o tntuolld::jnt Elcoonoréo oCDo :Uo 10 roht o.ujouro"hu1? Qu" 110 aiont toüjoùro été montourbq rourboo" porridoo" ingrato" brigandoq fo.!bloo q volccroo~ lCdhoo" onviouxq gour.oo.ndo, i vrogriooq avarooq ·c::Ihitioim,·· oanguina!rooq calO!2l\!utC'.!I'Oq 4ÔbauchéQq ranutiquoo, hypocI'iteo ot ooto?

"" Croyoz.=.vouo" dit !-fortin" quo 100 6porvi6ro aiCa"lt toujcuro mangô doo pigcono quand 110 on ont trouvé? - Ouiooano doute" dit Candidoo - Eh bien, dit Martino oi 100 éporviers ont toujouro GU la m~o oaract&ra, pourquoi voulo~vous quo 100

hOIWUOO aient ohangé 10 lour?Ci7 (l)

.'

Auooi Voltairo dolivroa t-il uno vivo polémiquo oontra tou~ ~oux

qui p~ont ou qui no nontrontpao aoooz dOindignation oontro la

guorroo Il dénonoo 10 Dcphiomo do Montooquiou qui consioto ~

preposor pour r~à~do 10 mal oCno" ot il aocuo~ l"nglioo" ot 000

prédicotouro" oi oévDroo °pour lqi~urotéOq ot qui osent gardor

GUI' COD horrouro un o:Ucnoo oo:::?liooo

avouo avoz rait un bion mauvaio oorcan our lq~uroté,,8 Bourdalouog mato aucun our 000 oourtroo variés" on tant de raçono" our 000 rapinooq sur 000 brigondc.goDq our ootto rego univoroollo qui déDOlo 10 coudeo Tous les vices r6unio do touo 100 Ûgoo ot do touoloo lioux n"éga!oront jama10 100 IDaUX quo. produit uno ooule CJlapcgnoo (000)

~e v~rvoillo~x do cotte ontroprioe !n~ornele" cCoot quo ch~quo chef doo meurtriors rait bonir 000 dr~~oCllX ot invoquo Dieu oolonnollC3ont avant d"al!or extor.oinor oon pxoohoino Si un ohor nUa GU quo 10 bonheur do raire écroX'g'or dame ou troio millo h~ooq il n"on romercio point Diou; maio loroqu"il y on a cu onviron dix ndllo d"ontoroinoo par 10 fou ot par la for" ot quo pour comblo do grQco quolque ville a été détruito do rond on comblo" oloro on ohanto ti quatro pontoo une ohEnoon aoooz longuo (le To Doum laudaouo)" aOill!)o060 danD uno lœguo inoonnuo rt. toua OCUJt

qui ont cOmbattuq ot do plus touto rarcio de barbarisooooo (2)

Lo droit dao gw~o oot violé dano coo guorxooq ot la guerro oot nC30

con~uit0 do fQ~on injuotoo Voltairo oonolut: il n"y a pao do guorro

juotoo

10 Voltairo: ltç7''lOl\O Qt o"smj:.0J:!o °Conolido ou l"OptimiŒlor7c po 1000

20 Voltairo: Q.0,1lwo=co-±il')11\t9J!0 .f.7Dictionnoiro philocophiquor7oto 100

GEta GUerro" po 3210

----------

)

·1000

Contre la guerre" Voltairo fait un rOve de paiJto Il.on

im~gina mOne leo conditions: la pitié ou la crainto seraient

des critêres pour empOcher la guerrea Mais par contre il raillo

le projet de paix per,pétuolle de 16abbé Saint-Pierre a Au XVIllo

sié3cle, plusieurs plans de "paix perpétuollel.1 furent propo6és~

mais 10 plus cél~bre fut celui de l'abbé de Saint-Pierro" publié

sous fonne d'wd:rait en 1761 par J J 0 Rousseauo Voltaire no

manqua pas de plaisanter cos nrêvories d'un homme de hienno

Dans la faoétie '~escri t de l'Empereur do la Chine ~ l' ocoasion

du projet de paiJt perpétuell.e, 1161'.1" il étale son aocpticiome

& lQendroit do cos oonstructions juridiques, reposant our

dQoptimisteo illusionsQ Au syst~e de sécurité collectivo6 il

opposa deuJc objectionsa En premier lieu" pour €!tr0 efficaco

un tel syot~e doit Otro vraiment univorsela En aucun temps" il

n'est sage de tonir h l'ooart un empir0 aussi vasto, aussi peuplé"

que la Chineo Ensuite" que pourront l'autoritô·morale" les

moyens financiers et militaires do la Di&te faco amt appOtits

des Rtato et comment obliger un peuple qui contrevient â lOaocord

â s'y confor.mer? .r

':mous avons lu attentivement la brochure do notre amé .Jean-Jacques, oitoyen de Gen~ve/1 lequel Jean-Jacques a eJCtrait un Projet de paix perpétuelle du bonze Saint­Pierre, lequel bonze Saint-Pierre l'avait md:rait d'un clero du mandarin marquis do R03ny" duo de Sully" excellent économe" loquel lB avai t e;d:rai t du creU::lt: do son corvoauo

Nous avont'3 été oenoiblc.."'ncnt afflig6 de voir quo dnno ledit mŒra:1.t rédigé par notre mn6 J~an."Jacqueo" 01). lOon eJrpooe 100 moye.ilS facileo de donner lll. l'Europe une pai:lc pcrpotuello,on avait oublié le l'cote de l'univoro,· qu'il

lO!o

niant taujouro avoir on vuo ciano toutoo 000 biOohurooo (000) rJoo p16'1!potat10iroo û-ajoindront !l touo 100 couvoraino do nOavoir joooio w~cuno quorolloo couo poino dOuno brochuro do JoanoJocquoo pour la prcwi~ro foioq.ot du ban do lOunivoro pour la ooaondoaoe Q (1)

Cc,pcndant, bion quo Voltairo conoid6rnt quo co rûvo do . .

paix était une pure utopie, il no ~qua pao lui-mCna dOintorvonir

~ pluoicaro rcpriooo ~'10 100 6v6ncncnto da con t~oe Il oQcntro­

oit par ox~lo pour doc négoaiationc ooar~toc avoa la roi da

Prucoo pendant la Guorro do Sopt llnoa

La politiqt1o co~onialo du payo attira ouco! lQattcntion

do Voltairo qui no oanClJl,io. poo dOl" portor 000 jUÇJcC\too Il

raillo cotto politiquo, ot 100 dC~cnooo foitoo our coo torroo

_.. .

coftto boauooup, at il oot tr~s naloico do défondro co torritoiro

contro 100 CQ9i~tcnonto anglaioD Quo nOcot-on, ajouto VoltairoQ

~loyo la clixit:lO partio do l Q amont gaopil16 au Canada !l

d6frichor 100 torroo incultoo ~~ Francog Il ootioo quo 100

colonioo 100 plue avontcgoueoo oont colloo qui proœ~iocnt 100

dour60o tropioaloo: il fallait, écrit-il au oomte d°AIDgontal,

le lor novc3bre 1160q préforor la Louioiane au Canadoo Auooi

aocoptc-t.,.il d'un co our léger la porto du Canada ncoo CJUclquoo

arp~'1to do noigoa quoil avait ant6r!curcoû'1t cORooil16 do vondro

û 10 lmglotol"l"o au n~OJ.'1t cio la oignaturo do la pain: do la Guorro

do Sapt lL~oo aCoa clooeTto glao60, éOKit~il, ·no cont pao uno porto

10 Voltairo: Ocuvroo oC::::l1"ll1tooo aROOoKit do l°!klp,>orour do la Chino Il lUocooàioll dUc·p'ïôJot .. clo pa:bt poxpôtu;U.o'.1q tQ2~Q po231co2320

20 PC::loau, Rono: R.Q,lJ:tjPf!.l9~9"yC?)~;i:.al:rç:qoPQ1"ioQ rJizotQ .1956 .. p030, opooite

----~,..,..---..........-·~--------- ... _._._~ .. ~ _______ 6 _____ _

)

2020

La Degoooo ~uo Ds,ifooto Voltoiro dano da p~opooiti~n

do rofor.ooo nOoot pao ooulc=cnt ~ booo ~9iriquo, caio ouooi

t\ baoo hiotoriquoo Il <Studio 100 hoCloo do touo 100 oiDcloo

paooas en moralioto ot il 00 oort do lour oXCEplo pour romsr

la vaoto tabloau dao nmoouro ot do l'oQP~it doo notionono - . -

L'histoiro oot pour lui uno oouvro dOutilit6 publiquo; co n'oot

poo lOhiotoiro dOun peuplo, ~io oolle du gonro huoatno nJo

voudroio découvrir quollo était alo~s la oociat6 doo ho~oo,

COClcnt on vivait dana lOint6riour dao famillooq quolo orto

étaient cultivéo, plut8t quo do répétor m~&t do oalhcuro ot do

ocmboto, lieux O0=7IanO do la méchcncoté huoainon écrit~il clona

oon SiDolo do Louio XIV 0 Co Dont 1013 quolitoo 20ralcs arc

ooc101oo qui r~nprochûït coo peuploo do nouoo qui 100 rondont

nos égaux ou qui ooritora1at quolquofoic quoon 100 pronno

uno cono do tc.ïcl.enco diffuoo voro la oivil!ootion, ot quo

l'hunanit6 oot ~ï progrDoo

Voltairo conotato quo lOha.mmo oot nporfoctibloOo ot

tond voro la porfoctiono Il oot in~uotrioux, artioon, ot a do

raioant uno co~~arQ!oon entro 100 OGuvcgoo du Cill10do ot 100

oupériouro ~ 00110 do lOoutroo Ello a oUgnwïto oon Otro dcpu!o

_._-----_._---------_._-----

1030

pluoicuro oi~oloo par 100 orto ot par 100 connaiooonooooo nt

pluo loing OL°IngOnu faionit doo progrDo rQ~idoo dono 100 2

oolonaoo ot rr~xtout dono la Doionao do lOh~ooo La porfoction

do lOoppr1t huooin oot vioiblo ct DO tra<ù\ito dOqprDo Voltairoo

dano 100 progrt>o œt6rioloo dœo 10 d6voloPPc:::!W"lt 0100 ocione:oo

ot do lOinduotriooot dano 10 progr~o intollootuolo Deno lOEosai

our 100 MOouro ot dano lOHiotoiro do Leuio XIVo Voltairo noua

EDntroq par uno 06rio do tabloauxo ot do oi~alo on siUoloo

lOincidcnco du prcgrDo oot6riol ot do l°épanouioocr-nt dao

oeioncoo ct 0100 orto our 1°6volution do la oivilioatiOùa

A oOté du traiTail 0100 artiotooq 0100 oaiTooto ot deo OCUlor"",

çontoo lOhusanité a boooin dOun grand ho~oq un ahor d0 6tatq qui

en protégoGnt 000 grmtdo hc:::n:Jooq 000 OQvootoo raooo progroooor

do Louio XIV qui a attoint la porfoctions porfection 0100 artoo -

d6j~ attointo ou couro do troio autreo oiDolooo porfootion do

la raioon hUDninoo do~t 100 procrrDo oouo Louio ZIV aoouront ~

oon oiDolo uno oup6riorit6 par rapport aux troio préc6dw"ltoo

naio moino gronde copendant quoau XVIIIo oiDcloo oû regnont 100

philooophoDo

Voltairo conotato copondant quo 10 progrDo nOcet pao

continu ct quoil y a parfoio 0100 rotouro & la bnrbaricg °Lo . -

g6nio nUa cJUoun oiDcleo QorDo quoi il faut quoil dégé~DroOo

1a guorro oot une oouoo do barbario; auooi il faut onintonir

lD Voltairo~ l1032nO ot Contooo °L°IngénuOo po 253 20 Ibicla ° iolo :- Ï)e- 2Gfo -=m= •

. -- .. --~----~-~--.~ .. _-----_ .. _-------_.

104 ..

la paiJcD Voltaire ne reste pas cependant sur cette noto de

pessimisme; !#hommo est le héros de l#action, il'est IIné pour

agir', et si l'histoire n'incite guère ~ l'optimismo, il

affir.me sa foi dans les progrès de la raison: le siècle des

"lumières" et des philosophes annonce une civilisation plus

parfaite, unissant aux prcgr~s artistiques et sociaux du r~n0

précédent, la philosophie libératrice des EncyclcpédistesD

) un LinT DE VIVRE r -:::::r:t

°Jouiooonl3" 4~cr1vons" vivons" con cher Horacoo (Ep~ro ~L Horaco" 177207 voGl)

Au moment oft il éorit cotto ép~tro" Voltairo" prooquo

ootog6.nairo" oot poaoossour d"un m&gnifiquo d~neo Il jotto

our son paesé un regard apaisé ot DO flatto d°o.voir trouva dans

oa rotraito 10 oecret du bonhouro Il s'adresso ~ HOraoo" qui

syobolioc la sagosso épicurienne dano son art do savouror la

vioo Co triplo consoil quo donno Voltairo r~opolle on quelquc

sorto ~o Mondaino do 1736" qui rofl~tc uno certaine conooption

do la vi0 0t do la cdv:Uisationo L'épiourion y chantait 10 lwre

ot 10 bicn-Otre dOunc façon tolle quoil finit par ocandaliscr

100 coralistoo auot~rooo A l"idôo roligieuse d"uno vio futuroo7

Voltairo oppooait 10 jouiooanoo terrostre co::mn.o 10 rn::ùJ. 1:::onh'3ur

positif ~ notre portéo:

0JO aiDo 10 lW!co7 ct nC::Je ln mollooso TouD los plaioirso7 100 arts de touto oGP~ooo7 La propretôo 10 goQt, los orncm~~to: Tout honnOto homma.a do tels ocntimontoo (Dao) (VV" 9 ot ouivD) COoot bion ~L vain que, par lOo~oil séduito Huet" Cnlmotç di:'lno lGul" 61fivante &llœQe#

Du paradio ont recherché la plaoe: Lo paradio terreotre ost oa je ouiooo (1)

Cet cnthouoiacmo puroment libortin no reoto attaohé qt!' & c& ,

jOunOSOOD COcst 10 mondain do 1716 ~ 1726, qui mtno la vie do

paraoito do talant, conmldor6 <:;.1\ GO! par bien dos nobloo (:lui

lOGo

00 piquaient dOhonoror lOooprit ot do rojotor touo 100 roCjpocto

traditionnoloo La coci6t6 quO!l fréquento ost 6picurionno ou

pluo oxaotement libort!noq ay'Glt un oouoi jaloux do con indC-pon ....

dance moralo ot oonfiante olano la naturo de l°bo:n:neo 1-1a10 on

réalité Voltaire o°Emuoe ~ outrer oa panoée pour lutter contra

Qce misanth~opo sublimee Paocalo Pascal oonoidérait 10 Qdivor­

tioocmentO qui nous détourne do la méditation COITüle OJ.a plue

grande do noo Dis~roeQo Loo plaioiro ne duront quoun momonto . . -

dioait Paecalo ot quQun Do::J.ont dOun praoont que nouo no l'ouveno

goGtor; il0 ôtaiont oono oonoiotoncoo inaniotontoo cor la

du paooa ot do lOaven1r; ot cot avonir oot co ~ quoi noua tcndcnoo

cUoot notro oou! objot varitobloo

Comment pout-on voir Di fauxq DO d0IJQl\da1t Voltairoa Lo

plaisir présent oet bol ot bion oxoitant q quoi quoil arrivo;

tant miculcD on oopr,l"O ot 1 0 oop6ranco aueoi a 000 plaioiro; Di

lOon eot heureux préoontewontD noo plaioiro o°ajoutent au hOIÙlcur

préeent; Di l°on oot malheurelmq ilo adoucisoont noo chagrinoa.

Pascal no voit pao 100 plaioiro mt!otanto parco quO il no vout

pao 100 voir, pareo quoile neurrioocnt noo paooieRo ct notro l

amour-propro ot quo cot amour dG ooi oot pour lui dElDabloo

il107a '" , , '

°11 oat faun quo nouo no pODaiono point au pr60~&t; nouo y poncono on C~ucliant la naturo ct en raioant toutco 100 ronotiouo do la vio: noua p~~oono boaucoup au futuro R~aoroiono lOoutcur do la naturo do 00 quQil nouo donna cot inotinct qui noua ~orto oono coooo, vors lOavoniro La tréoor la plua précicux do lOho~o oot cotto oop6ranoo qui 'nous 'adoucit nos ch~grinco ot qui nouD point dooplaisiro futuro dano la pooooooion dao plaioiro préoontsa (oao) La naturo a établi quo Chaque h~o jouirait du pré 0 ont on 00 nourricoant, en écoutant doc cono ~gr6abloDQ on occupcmt ca faoul té do pensol' ct do ocntiro ct qu'on oonant do ceo Otatoq

oouvant au milicm de 000 états mCraoo il poncerait au lendemain, cans quoi il porirait,do miD~ro aujourdQhniDo (1)

Dano la Princoooo do Babylono, Voltairo écrit:

C"Tout la c.ondo avouait quo 100 diOUlt nO Qvaic.l'lt établi 100 roiD quo pour donnor touc loojouro doo fOtoo, pourvu quoollco fuoaont divorpifiéoo; quo la vio.oot trop courto POUY en uoor autr~ont; quo 100 procDoo 100 intriguoo, la guorro, 100 dioputoo dao prütroo, qui con~nt la via humsinoo Dont dao ChODOO abou~oo ot horribloo; CJUO

lOho~o nOaot né quo pour la joia; quoil nOaioorait pao los plaioiro paosionn~ont ot continuollemont o~ n°Otait pao fo:ro6 pour CUlt; quo 1° OSSGllOO do le, nature, humaine Got do 00 r6jouirq ot que tout 10 rooto oct foliGo Cotto oxcollonte morale nUa jamaio 6té dénontie quo pe,r 100 raitoOo (2)

Voltairo dit quoil e,doiroo cmio no plaint point 100 rigoriotoo

qui DO détachant ot tournant le doo aux plaioiro quo Diou a Edo

tl. notro portéo:

0JOadrndroq ot no plaino pointo un coour ma2tro do 001 Quiq ton~t 000 désira cnoha2néo ooua oa loio SOarraoho au gonro humain pour Diou qui nouo f2t ne,2tro; Sa plaft ~ lo6vitor plutat quo~ 10 oonna~tro; . Etq brlUGllt pour Don Diou dOun é'J!':our d6vorœtq Fuit 100 plaioiro per.mio pour un plaioir pluo grancl~o (3)

=

10 Voltairo: QQill[}tQ.Q=G9lb",,"?:\,Qt.R,Ç!o °Rc:narquoo our 100 Ponsaoo do Uo Pooca!(.;1 t 0 220 1OU1o J.Oa 40a '

2" Ibido q ~~p~g~o~ C~nj9Qo {~a Prinooooo do B~lonoOq J.003450 3a Ibid"q Oouvron a<J:.1JOllJtoo" .. ~.1!)iooouJL"D en vors CUI' lQHo:::nooo t,,90

1iiOoD!~ôùr~C~~r la Nature du Ple,ioiroo po 411,_vve50 ot ouiVe

) Voltairo reprit la oujot du l·londain oouo uno roma 06riouoo"

dono 10 Cinquit..ùo Dioocuro dur J. °Ho:::::to qui ° co::re..:J 10 l-fondain,.

procDclo do Don ilvoroicn pour lOQocoticrmoo Il déolaro que la

naturo nous r6vDlo Diou par 100 plaisira; PUiD,. en nous

rocommandant l~-dooouo dOûtro hommea avant dOOtro chrétions,.

il ocmblo a~ottro quo l'oasenco do l'humanité conoiste dano

100 app0tito oanauolso

~a naturo, attentivo ~ r~lir vos déoir.a, Vous appollo ~ CO Dieu par la voix dos plaioiroo (000) MaiocOost par la plaioir quoIl (Diou) conduit 100 humnina~o (1)

Voltaire chorcho ~ oppooer ~ la ooci6t6 françaiso" toujouro

tointéo do jenoClliomo autoritairo, uno oociC't6 libérruo ot

tolorantco Tout. inotinot naturel voro la jouiooanec doo oeno

était consid6ré par los Jéüsonistes commo un péché mortolo

Voltairo dénonco 10 DYsttmo doo COUVûito qui ~Qchont leo

horr:nco· ot los -fCD!lOO do participaI' ame acti vi too pour leEOJUolloo

ilo C~aiont crooDo Zadig convainc B6toe quoil eot ruineux peur

l"Etat que 100 VOUVOD DO brGlcnt; 01100 pourraiont donnaI' d'utiloo

citoyonoa Cotte raiDoR oot lOuno dos plus fréquonteo dano 100

oeuvroo do Voltairoo ~1)ano noo elimnto il naît pluo do m01cD

quo do femolles, donc il no faut pao fairo mourir 100 f~clloo:

or il oat clair quo cllODt 100 fairo mourir. pour la Dociét6 quo

do 100 entorror dOUD nos clo2trooq oU 01100 oont porduoo pour

la raco pz60cnto" <?t ort 01100 anéantiooc:nt 100 racoo fll-Q:u1'0 oCJ 0

Et co I!la2tro ridiculo dao nouvaaUJl: Stoicionoq Paocal q qui

10 Voltairo: ~G~vr=Qnz=cS~~~~~~Qo °Diocouro an varo our 1qHc~noCJq to9, C!nqu!~o Diocouro Dur lu Daturo du Plaioir, po409o vvo15 at ouivo

1090

vout dôtruiro Gon Otre ot priver oa poroonno do 00 propre noturog

LOhOmIllO a deo bODoino COEnO 100 outroo cnimowto Voltairo rappello

aux Stoicic.."lo 100 filloo de PÔlio, qui voulant 10 rajeunir,

lOégo~~ront ct 10 brGl~rontD ot ne purent le rareanor ~Lla via

da nouveau:

9JQ avoz-vouo lu jamais la doato antiquit6? lIo connaioooz-vOUD point les filloo do pçlie? Dano lour ovoug!Om2ut voyez votre folioo (000) Voil~ votre portrait, otoiqueo abu06s: VOUg vouloz changor IDhomme, et vous 10 d6tru!ooz~ (1)

lfuio, au rooto, Voltairo recommanda partout ot toujouro la.

~od6ra.tiono npr~o avoir défondu contro 100 aoo~too lOuoage doo

plaiairo,

dit-ilg de n~o qu°a.ux intcmp6ranta:

OUoez, n°abuooz pas, le sego aino! l'ordonnou _ (vaOa)

rIo rcg-aroal'lt la tc.7ü.p6rœoo quo oommo "'bonno pour gouvernor

notre coxpou Voltairo la concilio avoc lOuoGge du plaisiro Dôj~

viowt, Vol tairo éori t il Mlle du Doffand: ""'La mort nO ost rien du

touto lOidéo DOulo en oot tristoa NDy songeons donc jamaia et

vivono au jour la journéeo Lovonc-nouo on dioant: uQuo ferai-jo

aujou~Ohui pour mo procurer de la oanté et de lOcnuscmont? COest .. 2

~ quoi tout so réduit t lOûge oû nous oor~eou (10 novc-~re 1761)0

la Voltaire: QCllvroD co*'?,*~j:ooD":CinCJUi~o Diacouro en vors sur l°Homn::::l.1o Sur la Naturo du Plaiair&'.1q ta 9q po-111 "" VVo79 ot ouivo .

20 Polliasior" Go: J!Q.ita!.r.9....Rhj"l~Jl2P..h~o Paria" Amand ColinD 1900D

p .. 203D opocito

" . ' .....

..... . . ..

-; , ... . , ',:,.p',":::',;,.'

'".. .,,: .:' .. \.: .... :. ~" ' . .:' .. ,", '.

r·fondain ll qui sOcntouro ohoz lui do tous loCI plaisirs quo pout

proourer 10 lWtOa Co nOoot cortoo pao Voltairo lui-mCmo et

lOoxomple do sa vic qui glorifioraiont une molle paroSSOa On

sait combion son existence fut uno oxistence pleina et actiVQa

Lui-mOno écrit ~ Frédéric (janvior 1131): "COost par pure

humanité quo jo oonsoillo los plaisirs; le mien nOeet gu~ro

que l06tude et la oolitudcf3 a Dieu nous a donno doux sourcos

principal os do notre Otro: des passions pour nouo faire cgiro

et la raison pour contrSlor nos passionsa Au~ jansénistes

rrnrosos et aux jouisseurs ~ courto vue, 10 philosophe rC~liquo

simul tan é::nont :

"Regardor l"univoro o~e un cachote ct tous los hommos .commo des crioinolo quoon va exécutor, est 10idée dOun ranatiquoa Croire que 10 Dondo oot un liou de délices où l'on no doit avoir 0JU9 du plaisir" cOost la rOvorio dOun oybaritea Ponsor quo la torre, los. hommes et 100 tminaWt sont co quoils doivent Otro déii"lS 1°0001'0 do la Providenco" oot jocrois dOun h03mo SqJOoa (1)

Los pansions" mt2~ ai ollos sont dangerouses" sont bonnos, car

01100 incitont ~ lOaotion:

nOui" pour noue élevor QUX grondoo aotions, . Diou noua a par bonto" donnt$ ].~a passions .. Tout dongerGUlt queil ostg ceoot un préoent célooto, LOuocgo ~~ ost hGu&cux, si l"Qbus oot runootoOo (2)

L"amour-propro" quo Pascal condonnait co~o uno puiooanoe troDp~so"

doviont trDo utilo pour Voltairo:

10 Voltairm Oeuvreo corrolDtooa °Roarquoo sur 100 l'onoôoo do Ho Paoc·a!° t a 22:evf;e'p:=3~-:

20 !bida" nCinquitno Diocouro G, voro cur l"HoL~on" t 09" po1l0g vvci5~ ot (JUivo

':',','

aChoz do o~roo clavoto lOaoour~propro oot dwwn60 Co oot 10 û&nCli do lOhc.whlOq mllt cnioro il eot noo Voua vouo tro~ez, ingratoq cUoot un don do Dieu mOneao (1)

bienveillance pour son esp&co, oft d'aillouro lOcnour-propro

dominoq avec soo besoine et oes passions, mais oano quo soit

j amaio d6trui t 10 h630ia profond de juotiae qui permet q"ol ° ex! ste

et peroévDre uno vie socialo. L'utilité de lOhommo eot donc son . .

utilit6 propre ckms la meouro oa olle poul: Otro Th la foio con

utilito dOindiviQ~8 colle doo autroc individusq pour losquols

il a molgro lu! naturelle bicn'lToillanao, ot colla do lOoXÇJ'mlioc.-

tien politique ot soaiülG, qui fait partiellcoant iuoionnor ot

partiollement ajuoto ot équilibre COD divoroes utilitoo do façono

tr~o variooo avoc 100 t~o ot 100 liouxo

ODicu lui a donno l Q amour ... proproq qui lui oot utiloq la bicavoillanco,qui oot utile ~ oon prcohainq la ool~ro qui oot dooO'erouoo, la compaooionq qui la dooaJm::)q la ~athio avec pluoicuro do 000 compcgnono, 10entipathio cnvoro dOautrooo Boaucoup do beoaino ot beaucoup dOinduotrioo 10inotinct, la raioon ot 100 paooiono, voil~ 10h~oao (2)

Or t'Jeu oot 1° mour do nous ... mCmos qui assioto 1° amour doc autroo; .coeot par noo boooino mutuolo quo.nouo co~oo utiloo au gonro humain; cOoot 10 ionda3ont do tout corumerce; COoot 1° étomol lien des hOIl!Jlooo 0 0 Il oct biû"l vrai quo Diou aurait pu f.airo de8 Cl1'6atuX'(36 uniquereoo.t ~tmlt:11ie8 eiil

bien dO autrui 0 0 0 I-la!o Dieu a Otobli 100 ohoooo mltl"onant: nOaccuoono point 10inotinct quoil nouo donna, ot faioone= û"l lU UOé:ÇJO qu ° il aOllDlondd.1 a ( 3)

Il oot vrai quo oi Voltairo préconioo 100 paooiono, il y

il toujouro lUoopoir quo l'homno travaillora pour la cocloration ot

10 Voltaire: OcuvrQo co~~lDtoqD aCinquitmo Discours ~ vors our 18Hc:::!!'2lot .1q to 917 pa410, vv046 ot ou!vo

20 Ibidau t'JDialccruoo n B cao t027, JPa3300 30 Ibida, ~'RGnarquoo our 100 pcnoéoo do Ho PaocclP, t022, XI, pa 360

1120 · ........... ,,:

" ,,1 uhomonioation dUune paooion oaltroDDe plutGt quo pour oon

plaioir offrénéo Autremont il no pout y avoir do vrai bonhours

, Vol tairo attribue ~ 1 0 <imour-bionvoillc.'100 une grande

in:portanoe:

DTout amour vient du oiol; Diou nous ohérit, il s'atffio, J~ouo nous aimono dans nous, dans nos bions, ciano nos fils, Dans noo oonoi toycnS/1 surtout damr nos atUis; Cot amour n6cossairo aot l'Cme de notro Gme; , Notre oapri t oct porté our 000 ailos do flmmnocF 0 (l)

Par Clontre, Voltairo n'a pao donné uno grando in:;portanoo ~ l'amour-

sontiment .. A Frédério qui.1JO moquait de lu! pour con atto.chcmont

tl l·fule do Cho.tolot/1 Voltairo répliquo:

aun ridiculo aœour n'~raoe point con Û30/1 ,Cyth~ro nUeot pointE.:>u oéjour; . Je nOai point quitté votre adorable cour Pour soupiror on sot aux gonoux dOnno rc::mo".7o (5)

Vol taira généralement ridiouliso leo fœ:moo, quoil trouvo cupideoo

inconstantes, curiouoes, impudiquooet c~ricieuseo .. Il nOa quo

doo tom3D do m6prio pour oUoo: l'.7On dit quo cOoot dms leuro 2

ooours qUo toutoo 100 contradictiono DO raoocmblet'" ; ot encoro:

°La Clive=Hart aimait Jonni en lui faioont continuollc~ont deo

infidélit60a COoot 10 sort/1 dit-on/1 do toutoo leo f~oo qui/1 on 3

IilGprisant trop la pudouru ont rononcé 1\ la probitéE7 ; ot auoei:

°Cunégondou quo doviondroz-vous? - Blle doviondra 00 qu°ello pourrau . dit Cacambo; los femneo ne oont'jamo.io cjbarrae0600 d°ollco; Dieu

.!I. y pourvoit; couronel'.1; UC:ne dano oeo ConteD, ai 100 pel"ooruu:goo

oOa~0nt, cOcst pour fairo avancor on quolque sorto 10 récito

ct lui donncr du piquantD Haio la paooion l'.1tondrco cot plut8t

10 Voltairo: QÇlUY1(9_Q...,Q.R,'l1PlYj:gQo "7Cinqui~:;) Diocouro -on voro our lOHoJ!!Jloo/1

20 Ibido, 3D Ibid"/1 4 .. Ibido, 5. Price,.

to 90 p0410q vvo49 ot suivo R,sn..wJ3-9..t---..G2n;lll,n.o ".1fliotoiro do Jenni"'D pa 512

Ido/1 po 513 _ _ l'.7Candido ou lQOptimiœ1oo" po166a

l1illiarn Raleigh: ,T,b.,C:L.,SwPp.l!..sm P-~_V21i§l!,r.o!..s lJovsÀ,s_l1!j:h §'p.e.9.!,al_Rflf~o!pJ;l_Ç9=1:.Q.""ZQ.dj.v(.. Not! York, Co!u.'!'.bia Uni vers! ty Preoo, 1911, p .. 123.

) ridiculisooa Candide ost trois foio frustré do fairo 00. cour

& Cunégonde (chQoitroo 2" 4" 0" 22, 29)a AprDo l"Eldorado, il

oot mlr d l1 Qtro heurowt avoc ello, mais loroqu l1 il la retrouve" . .

&"lronbrunie, leo yOUJt éraillés" la gorge sDcholl' los joues ridées"

los brao rougis ot écaillés, il recula trois, pas, oaisi d'horreur"

et avança onsuite par bon procéd~G Dans le fond de son coeur,

il n'avait aucune envie d'épouser Cunégondog mais il no pouvait

so dédire de Da paroloa COP~ïdant Voltaire préconise 10 mariage

au point de vuo moral ot social: d l1ordinairo, ·100 hom:neo mar!@o

ont une meilleure conduito" et 100 volo ou los meurtres Dont"

parmi oweu beaucoup plus rarosa

~oyoz" dit-il, los registros affrewt de vos groffos oriminols; vous y trouvoroz cant garçons de pondus ou de roués contro un p~re de familloua (1)

Il louo los Juifs d'avoir 10 célibat en horrour, il uoudrait

qu'on permit aux soldats do prendro femme, il demande quQon

excm:.ote d Q il:\.o6t los jeunos ménéigOS en répartismmt lcurCltaxos

our leo célibatairos (Diotionnairo philosophique: I·la.dD':;"o) D

La vio sexuolle ost un inotinct donné par Diouo Si on

le sublimo com~lDtcnont" on 10 réprime d"une façon qui oat

contraire ~ la nature humaine a On finira par y succomber" tût ou

tard, car 100 besoins naturels sQ oX!,Oriment dl/une façon ou d l1uno

autre a DI/oü lQinfidolit6 de Candide ~ Cunégondo ~ ParisQ ot los

violationsQ noroalos ou anonJalooq do loura voeux par los moinoo

ot 100 l'rOtrooa Lo but do la vio sOJtuollo oot la procréation doo

enfants ot lour éducation dl/uno faç~n convonabloa Les dame jounes

ID Voltairo: Oouvroo=Bomo~tSQD rJDictionnairo philooophiquouQ to20Q

art a l1mr!age, pa 26 a

-~----------

1110

fillao du payo dao OreilloRo avec leurs oingeo grotecques" ne oont l

pao c!vilioéco; la aaotratlon deo enfanto oot un crime de violence

contre la racca Lc maricgo oat donc unc fonction néccDDaire et

salutairoa C"aot pourquoi dans 10 jardin do Candipo, un mariage

réalisto remplacora la désillusion sentimentale do Candidoo

°11 n"y a qu'fi De marior, et fairo deo gar~s et deo fillesn conoeillai t _le Géc:mtJtro 11 1" hc:mne awt quaranta éous a a OAyoz une bravo rorr:me6 dcwt garçonD et doux filloo seulemont" a a a Voo onfanto en bas ege no vous coUt ont presque rien; devenus grands, ils VOUD ooulagont; loum seoouro mutuels vous Dauvont prosque toutOD los dC19Gnsoo6 at vous vi voz trtJs h<!Urousene:nt on philooophol'1a (2)

L"ümitio" par contr06 oot le sentiment le pluo nobloa Los

amitios do Voltairo nouaoo clans 10 jauno, ~ge dur~ront toute la vie:

Cidevillo" plus tard canDailler au Parlement do Rouen et qui Dora

Don corroopondant aosidu en nouvollos intimes; d" Argental" qui

randra ~ Voltaire doo Dorviaoo ineotimablos et la reprosentora ~

Paria pour touteo los affa!roo théUtraloDq Thiériot6 les fr~reo

d" l1rg€1\Oono I·1algro ca brouille avoo Frédéric aprtJo la t'.71)iatribe

du Dro lllewciao ot son arrootation" Don cwitio profondo pour lui

no oera pao d6truito et leur corroqpondanao reprondra C0m30 par

le paooGa L"amitiG est la Deulo paosion du o~gea ~~e sois plus

marquis; toutao 100 grandoursdo co mondo no valent pas un bon cmio 3

disait Jeannot û Colina

Commc divortiooement at loisirs" Voltaire donne une gronde

irtiportanoo amI: bo11ec-lottroo:

la Voltairo: Ro~m'}lL.9j:<,""C"Qn:(O_qD l'.7Candido o~ lOOptimiomeo" po171",,171o 2 0 Ibida", C.1L"H01I1h1C aux qtlarant 0 ocuoC.111 po 292 . 30 Ibido", °Joannot ct Co1inoo po 136.

1150

°Diou doc Ctroo ponsantoq Diou doc coours fortunéo Consorvez.loD déoire quo vous mOavez donnéoq

Ce gofit do lQ8~iti6o cette ardour pour lOétudeo Cot QI:lour doo beaux-arlo et do la colitudoo D of.1 (1)

Il éorit ~ Cidevillo: °Loo belles-lottroo oont pour moi co quo

los belleo Dont pour VOUD q 01100 sont ma oonsolation et 10 ooula-4

gemont de mes douleursoo Cot amour deo lottroo, Voltairo 1:a. eu

depuis son jeuno ilgeo Le mondain de 1736 aimait l',11e lwc<f' ot los

°Quel oot le train deo jours d"t\n honnGto h03!llo? Entrez ohez lui: la foulo dao boaux arloq

Enfants do goGt, 00 montre ~ voo rcgardoOo (2)

Ces raffin~nto oont utileo ~ la via do tous 100 jouroo Voltaire a

grandi dons un miliou oa le th6atrc ost lQexpreooion définitive . .

du groupo humain la plus raffinéo Il Dora touto sa vie un ho~o do

th6atroo Non seulement il éarira doo pi~ces dramatiquooo mais ~

Ferney il installera un th6atro dans 10 grenier, ot 00 oera une

fi~vro de représentations o~ 000 invités 00 vorront confior leo

r8100 de nombreuoos pi~ces écrit os dano cotte périodo créatrice;

plus tard, aux Délicooq il montora, bien entendu, une oc~noo et

Kûe.Dcnio jouera Zaire; Voltairo lui~mCne aura son rGloo COest uno

vie vibrant dOoopérancGs littéraires et mondainooo

Los héros do soo oontes oont tous éprio de musiquo ot de

boame-arlo; ils on jouisoent en hOlEileo de goilt: Candida et l-larlin

vont â 010 cooédioDo ~Un y jouait uno tr~gédio nouvolleo Il pleura - . 3

~ dao ocDnoo parfaitaoont jou6eoU o .~

la Voltairo: QO!!Yx,;,Q"Q=Ç,2In'O}j);l:Q,Qo '.1Cinquiê~o Diocouro en vors our lOHo:IEloUq

ta g, po 4l2u VVo 90 ot ouivu 20 Ibido u 9..0 Uondain'.1q tD10" po 05, VVo 63 ot suiVo 3D Voltairo=-llo.:l\<?-np o~tc .. QQ}lj;p,ÇJ: ';Candide OU POptimico.oU

o ~o 1910 4a Priee, Uilliol11 JJaleigh: The S~o1l;'-'om of Voltairooo ·Novelo l1ith

§Eccia! Reference ta' Zad!;: , pa122 n' -Nm-ïYOrku Côl"'üiiib1'â'UniVërsi ty PraDo, 1911 a

)

' ..... .

ll6~ .. .. ' ..... .

'. . ,','

Un hCl:IiI:lo ouvant ot do 'goQt'oxpliqUa uc'om::lont,Uno'pi1Joo pouvait . .. ..'

avoir quolque int6rût, ot n'avoir prooquo ououn n6ri~~üil:prouva . ' .. " "

on peu do aots (000) qu'il faut Otro nouf s~~'ùtro b1zQr~, souvent oublimo ot toujours naturel; conna~tro 10 coeur humain

ot 10 faire parlor; Qtro qrœd polJto Gans ,que jamais aucun

personnage do la pieoe paraisse po~te; savoir parfaitement sa

langue, la parlor avec purot6, aveo une har.monio continuo, sans

quo jamais la rimo ooQte rien au sensl/0 Do meno l'IngOnu Ulit . ... ~ .

dos po6sios, des traductions do tragédies grecques, quolquos

piûoos QU théUtro françaisa Moli!.)ro 18enchanta; il fut en extaso

~ la looture des oeuvres do Racino; par contro los oeuvros de l

Corneille uno vont ni ~ son oroille ni ~ son coour/o

l~a vraie poésie, oOeot-&-diro oello qui ost naturelle ot har.moniouse, 00110 qui parlo au coeur autant quo~ lQ0~ritQ no fut connuo do la nation quo dans cet hourou:u: sitlclof/a (2)

Voltairo témoigna pour l'op6ra dOuno curiosité et mGm~ d'une

poooion qui ne so dQuontixont j élIllaisa llmazan aaaiste u~ un apectaclo

onchantouru compos6 c1do vora /igr6ablos, do chants d61!cicu:1~/1 do

danses qui oxpximaient 100 mouvementa do lQÛ-ùo/1 et do porapootives

qui charmaient los yOUlt cn 100 trompanta Co qcnro de plaisir/1 qui

rassC1ilblai t tant do gcnxos, n'était connu que DOUS un, nom 6txangor:

il s'appolait l"J'Opéra" a En fait de musique, Voltaire mentionno 10

succ~s dos uoy.mphoniosno mais il samblo que la muoiquo instrumentale

3 10 laisse indiffGrcnt p Pocoou~onto dit ~ propos du concerto:

nce bruit pout amuser une dcmi""heuro; maia s" il duxo plua longta.::.ooQ

il fatigue tout le mondou quoiquo porsonne n"ooo l"avouoxa La == ,....,.

la Voltairo: ru?~yli\"q=ot -COn.!pIla '.1L"IngonuC", p .. 256 ..

2 .. Ibid", "La. Princosso do Babylone"', PD 3920 Sa Ibid .. , l'1Candido ou l'Optimiomof1/1' chapitroa XXII ot 10&/1 poleO ot pa20t3

)

" ",

.......... 'h •• ,., .. :.:.:::, •• :"'::".' :.:'. "',: ,:' ,',> >:,.~,: .', ii7'~ " ',' '

, ',' , '.',

nuo!quo aujourcl°hu! ·n 0 eot plus que 1 0 art dO OJtéouter doo chosao

difficiles, et 00 quinOost que diffioile no pla~t point ~ la

longuoaa Zadigo devenu ministre do Babylono, oxpédiait 10 matin

100 affaires parliculilJros et générales; le reste au jour il

s'oooupait des embellissements.do Babylone: ail faisait reprOsûiter

il récompensait los artistes par des bienfaits et des .distinctions, l

et n' était point jaloux en secret do lours talent sa a Ceo divertis-

ooments sont la marque d '1une haute oivilisationa La rGto quotidienne . ,

et qplcndide qu'1offro PersGpolio & ses nobles oitoyennes et ~ seo

satrapes effaoera awr yeux de l' ange Ituriol los malversations de

ses administrateuro, 10 briqond~go do oes fermiors généraux, 10

ronatimü0 do soo janoénistes, le liborlinego de seo mocurso

Il y a lQ~uscc~nt qui a du bon; mais la véritable évasion

..

sOil no l'était pas, il séohorait de douleur on pensant qu'1il eot

né pour un jour entro deux étornitéso et pour souffrir onze houres

2 au moins our douzou a Ceci oot corrigé par cetto déclaration a

aJe m'ap0rçois tous les jours mon cher maftro, que 10 travail ost la via do lOhommoo La sooiété s°Œnuse ot dissipe; le travail ramasoo 100 forces de l 'Qne ot rond heuroUJta Qui no travaillo paso sOongloutit dons le néant".? (3)

aJe no connais quo 10 travail qui puisse ~~~Oohor lOoqpl)oo humai no de oOonnuyer dOoxiotoro La plupart cloo gens los plus segos ont si pGU dOidéos do lour .. fondo quoilo cont obligée dO aller rlC:.'ldior QmI: amos do lours voisins. do vains Docours contre 10 noent do loure ÛlU.OSo a (3)

la Voltairo: ,EQ;;!lt:nrl=.QU"Q,i1.J:.2eo r.1Zadig ou la Dostinoo"/1 polS 20 J!gl.!,ai;,X'e Notop'2Qk~; Théodora BoetOrm.aI\/1 GonDvo/1 19520 Volallo po'103o 30 Pomoau, Roné: ka=Rpl.~qlQn de V,Q,l;t.a(t,Oa Paris, Nizeto 1956, pp .. 263~26'lo

)

1100

Et auosi:

011 faut 00 donnar 10 plus d'occupation quo l'on pout pour . rendra la vio oupportoblo dans 00 mondooo

Le aage vioux Turc dans Candide montre quo, en m€mo t01ps que la

vice et 10 bosoin, l'cnnui était le plus grand ~ qui puisse arriver

~ l'hamme~ Car on derni~re analyse, o'est 10 travail qui contribuera

10 üdoux ~ l'amôlioration de la oondition humaine sur la torreo

En somme, a'oot la ooncluoion de Candide: °11 faut cultiver notre

jardinOg L'aotion eot la plus grande Dourco do bonheur humain: - --

°L'ha,mme oDt nô pour l'action, cow~o 10 feu tend en hcut ct la pierro

en baGo N°Otro point occupé ot n'oxistor pao est la mOno choso pour l _

l 'horilmol'I • Et auasi:: l':Cot inlJtinct sooret étant 10 promior principo

ot le fondement nécooGairc do la aoci6t6, il vient plut8t de la

bonté do Diou, et il oat plut8t l'!nstrwnont do notro bonheur quo

10 ross~~timont de notre miDThroooo N'ost~il pas plaisant quo dos

tOtes ponDantos aient pu imaginer quo la pareODe ost un titre de 2

grandeur, ct l'action un rabaioocmont do notro natur01° °Au ,'-

contraire, l 'hoITCile est Di hourouJ: on co point, et nouo nvonD

tant d'obligation ~ l'auteur do la naturo, qu'il a attaché lDonnui &

l'inaotion, afin do nous forcor par 1& ~ Otre utiloo au prochain 3

ot ~ nouc~mCmeooD

La vic ne 00 limite pas aWI: plaisirs ot au travail" il nous

faut aussi prati~lor la vertu; non pao uno vortu au oons stoicion

du mot, mais una vortu dont le but ultime seroit l'amour du voioin,

la Voltaire: Oouvroo compl~tooo l.7Romarqueo our laD Pen0600 do !·lo Paoual° t022,laaIi~ P04T

20 Ibid., ido g XXIV, p042D 3 D Ibido, ida, XXVI, po 43 a

)

1190

la bienvoillanco ot la bionfaiDruloe:

UCortain légiolateur, dont la plume f6condeQ

Fit tant do '~rQins projets pour le bion de co mondo, (000) Vient de créeJ: un mot qui manque 11 Vaugelas: Ce rr~t eut bienfaisance, il me plaÎ1, il rassemble Si le coeur en est cru, bien dCJ venuo onscmblet:1 0 (l)

La culture du jaIdin implique un sentiment humanitairo pour les

malheureux et les opprimés: Jacquos offrit uno main secourable

t\ Candide, Pangloss et le marin; Candide, Pangloss ot dO autres

portlliront seoours amc sur vi vants du d6sastro de Liobonne; Cmldide

pleure aur lDeoclave n~rooao

Il est vraiment abouIdo de recheroher le bonheur dano deD

ohooeo 6ph6nÔres, comme la gloire ot les richesses:

CCe nOost point la grandeur, ce nUest point la bassesoe, Le bien, la pauvroté, lO~ge m~r, .10. jauneose, Qui fait ou lOinfortunoou la.félioit6oooo (1)

Le bonheur oot partout, mais mesuré:

t:1H61as, oft donc chercher, ca trouver le bonheur? En tous lioUJc, on tous temps, dans toute la nature, Nulle part tout entier, partout aveo rneourOaoa (1)

LOhomme, toutefois, doit jouir dDun certain confort matériel - .

qui le laisse libre de jouir pleinemont de soo facultés intellco-

tuèllolJ:

'.1La mis~re avait affaibli 100 reocorts de lUQme de Ho l!ndr6; .10 bion-ûtro leur a rondu lour élaoticit6u

o . (2)

1. Voltaire: Q,ouvY."",<1D OOIll'O....1~:t~D j';SoptiThme Diooouro cn verD mIr lOHo:;md.1 Sur la vraie Vertua .ta 9, po424, vval17 et suiva

2" Vol taire: ,RC."1lAllll .oj:_Contesa {.1LOHonlme aUJe qUarante écuo'·.1, pa 336

)

--_. __ .. _---

120"

Quand on oonsidDre la vie de Voltaire et son oeuvre, on

est un peu loin de la lég~reté qu'il prOnait dans son Mondain"

Il est vrai qu'il fut un homme du monde acoompli aussi bien qu'un

homme de théâtre; il est vrai aussi qu'il eut des amitiés durables,

et qu'il pratiqua avec une oertaine ostentation la bienfaisanoe

qu'il réolamait; mais la lég~reté de ses éorits n'est qu'une

apparenoe moqueuse, une certaine désinvolture, un épiourisme

feint p des déolarations cyniques parfois, qui reoouvraient une

inquiétude pennanente de sa·part, oelle de connaftre l'homme et

son destina

Le goQt des beaux-arts, les plaisirs de la bonne compagnie,

la douooar de la bienfaisanoe, notre travail dans sa morale ne

sont quuun moyen d'organiser notre vie terrestre du mieUlt possible,

pour nous permettre d'atteindre un oertain équilibre har.monieux"

Cette sagesse épiourienne est tout simplement une ad~otation de

tous les instants de l'homme ~ son milieu, et non pas une production

pour l'éternité" C'est un art de vivre qui nUa rion do transcendant,

mais qui montre que l 6 homme, aveo du gotît, en atteignant une

certaine perfection sociale, une civilisation, pourra réaliser

l'idéal qu'il porte dans sa nature, celui du bonheur terreotreo

--_._----.---

) CONCl.USION

On peut dire que Voltaire fut bien de son temps, il en

a partagé les goCits, les Gnthousiasmes et les préjugésD Sa longue

vie, qui dura presqu'un si~cle, fut marqUéo par une activité

prodigieuse comme nous venons de le voir ~ travers son oeuvre et

ses id0esa Cette aotivité était surtout dirigée vers l'üméliora-

tion de la condition humaine sur terre et do tout co qui est cher

â l'homme: la liberté, la vie, 10 bonheur, la richesseDoa Les

personna.ges de ses contes sont moins des hommes en particulier

que dos exemplaires de l 'Hommea

Qu'est-ce que l'ho.mme en fin de compte? Contrairoment & .f

Jean-Jacques Rousseau, qui voyait l'homme foncièrement bon, et

contrairement aussi & ncertains fanatiquesu COmIDe Pascal qui

voyaient l'homme foncièrement mauvais par la chute et 10 péché

originel, Voltaire constate que l'homme est médiocrea C'est un

@tre qui cherche â s'adapter & un monde qui est lui-mQme passable.

Lghomme est-il capable de maîtriser sa vie? Voltaire répond que !

non, nous sommes le jouo·t du sorta "Je ne vis point comme je

~oudrais v!vre,ditQil dans une lettre â Cideville du 2 janvier

1748~ Mais quel est l'homme qui fait son destin? Noua sommes dans . .1

cotte vie des marionnettes que Brioché mêno et conduit sans qu'elles

s'en doutent';> a L'homme est petit et disproportionné par rapport

122"

~ l'univors et surtout par r~oport au créatcuro DNous somm~o

donc dos animawt absolum~nt impercoptibles et cqpendant nous

sommes écrasés par tout co qui nous environne, quoique notro

infinio petitesse, si voisine du néant, sernblat devoir nous l

mettre ~ l'abri de toua les accidentsUe

Voltaire contredit souvent Pascal "ce misanthrope su~imen,

mais aussi il lui arrive de dénigrer lui-mQne la condition

humaine en ter.mes pascalienso Cependant, contrairement a Pascal,

qui admottait que l'infirmité humaine prouvait la vortté du

christianisme, Voltaire ne réussit pas ~ trouver un sens ~ la

misThro do l'hommeo Il note dans un de ses oarnets:

"Quol,·l 'homme ost pou do ohose~ On parle moins do lui a...'Or~s _ sa mort que d'uno poulardo: on dit du moins do cclle=ocd qu'elle ost tendro et-bion cuitoo Qu'est-co quo l'ho=mo? Un mo;;uent de bonté, de néchancoté, d~aigreur, de dOUCOUl;o

etooe otcoo, une balle ~e paume que 10 Dort pousseuo (2)

Ce sentiment de l'insignifiance de l'homme sQoxprimo tr~s souvent

dans l'oeuvre do Voltaire" Cette petitesse so résuma non soulement

dans sa taille, mais surtout do sû présom9tion a so mesurer ~

Diou et a chercher ~ comprendre ce qui doit rooter inintelligible

pour lui et qui d0-Pûsse sa natureo Seul61llonto1 malhE.U rCUsetn611t,

toute mét~hysique échoue et ne fait que conduire l'homme ~

l'évidence do son inoa,.oacit6o L'homme est poussé par un instinot

d'eJtaltation et de dépassement qui le pousso â se oonoovoir au-delll

de seo possibilités naturolles:

10 Voltairo: ROmi,'lnp-pt Contose l"HiEltoire do Jonni fJ17 po541

2" VoJt~ro NptObooko, Gonb~, Th" Boster.man, 19520 VolaII, po366o

--_ .. _---------

)

1230

l cTos dostins cont d'un hommoq et too voeux oont d"un Dieuno

Cependant l'hommo ost grand. En quoi consiste cette grandeur?

Elle consistera surtout ~ participer ~ la connaissance du monde

par la raisono Alora que l'animal eBt enfermé dans les bornes de 3

Bon instinct, Qla raison do l"homme s'élance jusqu'~ la diviniténg

Bellessort a résuma ceci dans ces quelques lignes:

"C'est entendu: nous no sommes que des inseotes, mais des insectes dont l'intelligenoe suit mecuror les distances du ciel aussi bion quo les géants de cont vingt mille pieds et dont l"âme ost aussi insatiable de so conna~troq et do connaftro.oon origine et sa'destin6e" qu'elle est elleamCmo indéfinisoabloD Si quolquoOc>unes do lours rOveries l'ratant au sourire sous 10 bonnot carr6 du thôologionq _ elle leur donno un sontiment de dignité dont la grandeur morale componse leur petitesse physiqueo ~lous avertir que nous sommes fort pou do chose no nous conoole ni de notre ignorance, ni do nos misThresa D'ailleurs nous n'en voulons point i.i l-licromégas de sos éclats do rire. Quand on s'amusa de la vanité dos hommes, nous en prenons gaiement not~ parti. Nous acceptons d'Ûtre ridicules ~ condition que nous le soyons tous et il_y a bien des chances pour que, vuo do Sirius ou do Saturne" nous 10 paraissions un POUD Il oerait pluo triste de ponser que nous sommos m6chanto ot quo notre minuscule habitacle do bouc est un s6jour d'iniqu1t6s et d'horroursoo (2)

.'

Si l'homme éprouvo un sentiment d"humilit6 devant l8~ensitG

do l'univers" il a néanmoins de la diffioult6 â étouffer un

sentiment d"o~eil maintenant qu'il pout mesuror et 6valuer

cet espacoo

=

la Voltaire: Oeuvreo comol~teoD ÇJDew~itmo Diocours en vors sur l'Ha.mmeQ,

't:9 0 P~400D V"o"if47 20 Belloosort" André: !-Q,I:!.!l!.-®r Vol.:la!.!2o Paris,7 Perrin, 1950 0 pD2520

3D Pamoau. Roné: k~ Ro~gjpn do Vo~tQi~oo Paris, Nizot, 1956. po415D

)

· ' :'. .'. ~ ','.

L"horrmo oat. p"rl6 110n pas au mal, sur oette terre, mais

& la recherche do son bien-Gtrea Voltaire ne so demande pas oft

nous irons apr~s cette vie, mais il cherche ~ aménager la vie

terrestre le mieme possiblea Et o'est notre travail qui nous

aidera â organiser notre vie le mieuJc possiblea Seulemont ce

besoin d'agir ne doit pas rester dans le domaine individuel et

égoiste; â c8té du besoin de réussir Da vie, il faudra qu'il y

ait un souci parall~le d"améliorer la vie des autresa On peut

reconnaître ~ Voltaire d'avoir introduit dans Don siôcle cet.·

aspect oocial de la morale en plus de son aspect utilitairea

t'Vol taire nous a donné la plus belle preuve d'humanisme, en .exprimant la plénitude do son si~cle et en montrant à d"autreo si~cles par quelle sincérité et quel souoi de la porfection sociale l'homme pout réaliser l'idéal qu'il porte dans sa nature et, dans les limites de ses forces, gouverner son destinUD (1)

Voltaire a eu en effet le bonheur d'incor,porer l'homme

dans la société" Ng.üe si la vie de l'homme est trop courte pour

qu'il puisse mencr & bien â lui soul la tHche oivilisatrice, 11

n'est qu'un maillon d'une chatne, et il doit penser amc hommes

â venir qui continueront 18oeuvro déjà entreprisea

Vol taire, en fin de oompte, accepte le monde conune il va

et l'homme tel qu'il esta Il conclut que la vie vaut la peine

d'ütre vécue, â condition que l"hornme se résigne â accopter les

lois naturelles quuil no peut modifier~ quQil renonce devant les

myst~reo surnaturels et qu"il cgisoe" Co qui dépond do ohacun

de nouo doit Otre le seul meorcioo raisonnable do l'homme, et la

la R~ond Naves: Voltairon Paris, Hatior--Boivinu 1958; opacito po 1680

') ./ !ibGrtô de l'homme doit lui Qtre assuréev·car elle est une

condition essentielle de oette vie.

Si Voltaire était bien de son temps, il reste toujours

moderne a Les idées qu'il a soulevées opntinuent ~ préoocuper

lqh~o deux siècles plus tarda Il est vrai que notre univers

n6 cst plus le sien, ni au physique ni au morala Nous savons

un peu mieule que lui de quelles structuros ost faite la mati~rea

Notre oosmos relativiste, peut ... Gtre en expansion aooélérée,

n'a plus la simple ordonnanoe, & 10éohelle humaineo du ciel.

nelrtoniGn a Sur les origines biologiques de 10homme, Voltaire

répugnait prOfondément & 10idée évolutionniste, pressentie

par quelques-uns de ses oontemporains. Historien, il ajoute

peu arue sources classiques de l'histoire ancienne; SO il aocorde

une attention plus grande & des documents tels que les ~ocryphes,

jusqu'alors laissés en marge, il ignore, et pour cause, ce

qu6 allait apporter la recherohe archéologiquea A l'image mGme

qu'il se fait de l'homme il manque plusieurs dimensions. C'est

ainEli qu'une analyse cri tique du sentiment rcligieu't fait

aujourd'hui intervenir des facteurs dont il n'a 9U~re d'idée:

composantes sociales, cpmpleJtes psychanalitiqueso structures l

du caractère.

10 Préfac~ de Ra Pomoau au Diotionnaire philosophique, Garnier­Flammarion, Paris, 1964: polI

)

126 ..

1·1a1gr6 100 progrlJo retentissante do la ooic..'lCO d'aujourd'hui

ot do la victoire do lUhommo dans Don étudo de l'e~ace, il rosto

toujours ino~able do mattrioor ct DOUV~'lt do prévoir cortains

d6cha~nem:mto de Aa. nobl.ro: 100 tremblements do arr\!l, 100 nmlfrageoQ

leo raz do maréo" tout coci lui éohappo, ot le probl~e da mal

continua ~ hanter nos philosophes contemporains. Certains, camne

Sartre ou Camus pour no citor que oeux-lrt, essaioront de l'expliquer

do façon différente, mais le monde m6t~hysique continuora ~

De mOno la poncéo politiquo do Voltairo roste toujours

dOactualitGo LeD libottéo fondamentales, cos droits de lUh~e,

ont ot6 officiellement roconnues .. Cependant, mGmo au iOto eit)cle,

ces libertés ont ôta un pou partout menacéos ou souvb'lt oupprinoeo ..

Certaines queotions d01ntol6rance religieuse ou mCna judiciaires

comme "la question" ont reoonnu un pénible ~ogain dOactualité

dans cortains Etats .. On 0° offorce d" oJrtorquer clandosi-.inCE3nt

des ronseigncm~nto politiquoe ou militairese mais alore quoau

XVlllo aiDcle la queotion était officiellement incluse dans 100

prooédures de 10enquOte judiciairo, de nOD jours cOost une pratique l

opérQ~ionnolloe ooor~tement proscrito ou hypocritement toléréo ..

C~~aines vérités de Voltaire our la politiquo coloniale

d"un payo, qui parais sai ont avoir choqué Don époquo, deviennont

évidentos do nos joura, ct surtout aprDs 10 mouvement de lib6ration

1 .. Pomouu" Ren6: Politiro!.9"",de VoJ:..tairoa Parioo .l\rmand Colin,. 1963,. p .. o19

1270

) des peuples souo 18oaoupation.

Il en est de m@me de ses rêves de paix perpétuelle ot do

cewe do ses contemporains qui faisaient sourire, et qui maintenant

hantent les peuples du monde entier, et que certains o:rqanismes

essaient de maintenir.

En fin de compte on peut dire, que par la pensée et par

l'action, Voltaire resuma en soi la philosophie de son temps

et, en un certain sens, colle de tous les temps. Il s'est

surtout occupé de l'homme et de Bon avenir. Le but de la vie

d'apr~s lui? C'est non plus d'apprendre ~ mourir, non plus . la préParation d'un au-del& dans une résignation au présent;

mais lUaction en société, afin dU aménager pour le mieux lUexis-

tence collective. Evidemment cette philosophie n8 a rien de

transcendant. Mais on constate yujourd8 hui que notre monde

sUest édifié sur cetto philosophiea La conqugte scientifique,

Iffo~ani6ation de la sociétéq demeurent les fins de notre

humanité teohnicienneD Voltaire a, avec son insistance sur 10

progr~s, entrevu l'aventure moderne do l'humanitéo

)

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