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INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE NUMÉRO 51 – 2 e TRIMESTRE 2001 IEPF L’information pour le développement durable L’information pour le développement durable

ORGANISATION INTERNATIONALE DE LA FRANCOPHONIE … · RÉSEAUX DE COMMUNICATION Jean-Pierre Lamonde OBJECTIF TERRE… DEPUIS LES SATELLITES, ... intergouvernementale de la Francophonie

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INSTITUT DE L ÉNERGIE ET DE L ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE

O R G A N I S A T I O N

INTERNATIONALE DE

LA FRANCOPHONIE

NUMÉRO 51 – 2e TRIMESTRE 2001

IEPF

L’informationpour le développement

durable

L’informationpour le développement

durable

L’information pour le développement durableMOT DU DIRECTEUR EXÉCUTIF 3

ÉDITORIAL 4Christian Brodhag

LA RÉGULATION DE LA SOCIÉTÉ DE L’INFORMATION EN VUE 5DE «L’INTÉRÊT GÉNÉRAL MONDIAL»Philippe Quéau

L’INFORMATION AU SERVICE DES SAVOIRS NÉCESSAIRES 9AU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Christian Brodhag

LA PRÉSENCE DU FRANÇAIS DANS L’INTERNET 20DE L’ENVIRONNEMENT ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

Florent Breuil

L’EXPÉRIENCE DU TEST DES INDICATEURS DE DÉVELOPPEMENT 26DURABLE DES NATIONS UNIES

Cécile Dormoy

LES STRATÉGIES D’ACCÈS À L’INFORMATION HORS DES GRANDS 31RÉSEAUX DE COMMUNICATION

Jean-Pierre Lamonde

OBJECTIF TERRE… DEPUIS LES SATELLITES, UNE MEILLEURE 34INFORMATION POUR CONTRIBUER À SAUVER LES SOLS DE NOTRE

PLANÈTE

Ferdinand Bonn

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’INFORMATION ET DE 41COMMUNICATION (NTIC) AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT

DURABLE EN AFRIQUE – PROGRAMME SID-SISEI DE L’OSSChedli Fezzani, Anneke Trux, Hughes Ravenel, Wafa Essahli

LES CHOIX ÉNERGÉTIQUES : DE L’ÉVALUATION DES IMPACTS 48À L’ÉVALUATION ENVIRONNEMENTALE STRATÉGIQUE

Michel A. Bouchard

Sommaire

2 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Numéro 512e trimestre 2001

est publié trimestriellement par l’Institut de l’énergie et del’environnement de la Francophonie (IEPF).L’IEPF est un organe subsidiaire de l’Agence intergouvernemen-tale de la Francophonie, opérateur principal de l’Organisationinternationale de la Francophonie.56, rue Saint-Pierre, 3e étageQuébec G1K 4A1 Canada Téléphone: 1 (418) 692-5727Télécopie : 1 (418) 692-5644Courriel : [email protected] Internet : www.iepf.org

Directeur de la publication :El Habib Benessahraoui

Rédacteur en chef invité :Christian Brodhag

Comité éditorial : El Habib Benessahraoui Sibi BonfilsDibongué A. KouoBoufeldja BenabdallahJean-Pierre NdoutoumSory I. DiabatéCarole Grass-Ramalingum

Édition et réalisation graphique :Caractéra inc.

ISSN 0840-7827

Tirage : 3 000 exemplaires

Dépôt légal :Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du Canada

Les textes et les opinions n’engagent que leurs auteurs.Les appellations, les limites, figurant sur les cartes de LEF n’impliquent de la part de l’Institut de l’énergie etde l’environnement de la Francophonie aucun jugementquant au statut juridique ou autre d’un territoirequelconque, ni la reconnaissance ou l’acceptation d’unelimite particulière.

Prix de l’abonnement annuel (4 numéros) :40 $ CAD; 28 $ USD; 30€EUR; 16 000 CFA; 380 000 Dongs vietnamiens

Poste-publications – ConventionNo 400 34719

L’information pour le développement durable 3

EL HABIB BENESSAHRAOUI

Directeur exécutif

Institut de l’énergie

et de l’environnement

de la Francophonie

Mot du directeur exécutif

Les nouvelles technologies de l’informa-tion et des communications (NTIC)créent une véritable société de l’informa-tion et du savoir, dont les ramificationsatteignent l’ensemble des activitéshumaines. Parallèlement à l’émergence decette nouvelle société, un des principauxdébats publics, depuis plus de vingt ans,porte sur la place du développementdurable pour la famille humaine.

Le lien entre développement durable et infor-mation peut ne pas paraître évident pourtous. Pourtant, l’information et son rôlede soutien à la prise de décision en matièreenvironnementale doivent être au centredes préoccupations des décideurs commede la société civile. Que cette informationprovienne de sources diversifiées, qu’ellesoit facilement compréhensible et qu’ellesoit à la portée de tous constituent despréalables à l’édification d’une société del’information où le développement durableoccupe une place centrale. C’est seulementen respectant ces principes que peut êtreédifiée ce que d’aucuns ont appelé une« société de l’information durable».

Ce numéro de Liaison Énergie-Francophonievise à cerner la triple problématique del’accès à l’information dans un contexted’équité et d’efficacité, de son rôle dans le processus de décision en matière envi-ronnementale et, enfin, des répercussionsdes NTIC sur le développement durable.

Ainsi, dans cette livraison, nous verronsqu’il devient impérieux de concevoir denouvelles mécaniques de régulation pourcontrer les défaillances de fonctionnementdu marché, particulièrement en ce qui atrait à l’accès à l’Internet, et nous consta-terons que la « fracture numérique» actuelle,entre « inforiches» et « infopauvres»entraîne une perte de mémoire institu-tionnelle qui entrave le développementdurable. En revanche, nous verrons aussicomment l’Agence intergouvernementalede la Francophonie (AIF) et l’Institut del’énergie et de l’environnement de la

Francophonie (IEPF) contribuent à laconstruction d’une société civile «bran-chée» et à la production de contenus fran-cophones sur la toile, et de quelles façonsles NTIC peuvent favoriser les décisionsallant dans le sens du développementdurable, en fournissant aux décideurs, de façon ordonnée, notamment à l’aide d’indicateurs du développement durable,des outils pour sélectionner les secteursprioritaires d’intervention environnementale.À cet égard, il conviendra de demeurerouvert au potentiel encore indéterminémais très prometteur de la télédétection.

Cependant, pour atteindre le statut desociété de l’information durable, il nes’agit pas de s’incliner devant toutes lesavancées technologiques en espérantqu’elles assurent d’elles-mêmes la surviedu genre humain, loin s’en faut. Si lesdéveloppements technologiques ne sontpas accompagnés, de façon concomitanteà leur implantation et leur maîtrise, pardes changements réels dans les habitudesde consommation, ils risquent plutôtd’accélérer la course vers le précipiceenvironnemental. Il faut donc en arrivernon seulement à modifier nos façons defaire mais à transformer notre façon depenser, de concevoir notre style de vie et d’aborder le développement de nossociétés et de la société planétaire.

Pour l’espace francophone, lieu privilégiédu dialogue des cultures et de la promotionde la diversité culturelle, l’avènement decette société de l’information durablerevêt une importance particulière car elleest gage à la fois de notre survie collective,au plan écologique, et de la pérennité denos cultures.

Je termine en remerciant monsieurChristian Brodhag d’avoir réuni autant decontributeurs chevronnés qui font de cenuméro de LEF un outil de réflexion et dedébat ouvert sur l’avènement nécessairede la société de l’information durable.

4 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

CHRISTIAN BRODHAG

Directeur de recherche

École nationale

supérieure des mines

de Saint-Étienne, France

Éditorial

L’information est un élément clé dudéveloppement durable. Le chapitre40 de l’Agenda 21 de Rio, consacré àl’information pour la prise de décision,a été évalué lors de la neuvième sessionde la Commission du développementdurable. C’est le thème central de cette édition de Liaison Énergie-Francophonie. Nous privilégieronstrois éclairages. Le premier considèreles enjeux de l’information en tantque telle, ainsi que le fossé Nord Sud,le deuxième porte sur les problémati-ques spécifiques liées à la communautéde langue française, et enfin le dernierdécrira, souvent sous forme d’encadré,les actions et projets francophones.

Qu’il traite du développementdurable ou d’autres sujets, l’Internetn’est pas organisé pour répondre auxbesoins essentiels, mais comme unoutil de domination. Philippe Quéau,directeur de la Division de la Sociétéde l’Information de l’UNESCO, traceà ce sujet un tableau précis et inquié-tant qui appelle à une mobilisationpolitique. La préparation du Sommetmondial sur la société de l’informa-tion prévu pour 2003, à Genève,pourrait offrir une opportunité àcet égard. Florent Breuil montreque ce déficit est aggravé par lepeu de place de la langue française surInternet, et une trop faibleimportance accordée à cette languepar le système des Nations Unies.

Ferdinand Bonn explique commentl’observation depuis les satellitespermet une meilleure informationdans la prévention de l’érosion des

sols. Cécile Dormoy rappelle lesobjectifs du programme « Indicateursde développement durable» de laCommission du développement durabledes Nations Unies, et l’expérience de test menée conjointement par laFrance et la Tunisie, coopération exem-plaire entre deux pays francophones.

L’article de l’équipe de Chedli Fezzani(Observatoire du Sahara et du Sahel)et de Christophe Nuttall (UNITAR)sur le Système de circulation del’information sur la désertification(SID-SISEI) montre bien la doublenature institutionnelle et techniquede l’information. Le cadre institu-tionnel cohérent permet la synergiedes actions des différents partenaires,et conditionne la réussite du dispositiftechnique d’accès, d’échange et decirculation de l’information utile.

Sur le plan des activités des réseauxfrancophones, Jean-Pierre Lamondeexpose le programme de l’Agenceintergouvernementale de laFrancophonie en matière d’implantationde radios locales et Michel Bouchardévoque les activités du Secrétariatfrancophone de l’Association inter-nationale de l’évaluation des impacts.Avec la présentation des réseauxRELIEF (Réseau de liaison et d’échangede l’information environnementalefrancophone) et RESIDD (Réseau desites pour le développement durable),et le site portail du Sommet deJohannesburg, le lecteur disposerad’un panorama général des ressourcesen information.

L’information pour le développement durable 5

l est clair que le concept fondamental d’Internet (représenté par l’idée d’unprotocole autorisant les échanges universels entre machines) va perdurer. Ilcorrespond à un besoin fondamental, qui ne demande qu’à s’étendre quantitati-vement et qualitativement (cf par exemple les possibilités du géoréférencement,de la réalité «augmentée», des couplages réel/virtuel…). Le protocole IP lui-mêmeva évidemment évoluer vers des modalités plus puissantes (Ipv6). La téléphoniesur Internet (VoIP), prochaine révolution majeure, fera du paradigme d’Internetune solution de référence pour tous les opérateurs internationaux de télécommu-nications et accentuera encore cette tendance au développement relativementplus rapide des réseaux privatifs, ce qui peut se traduire corrélativement parune perte de préséance de l’Internet «public». Faut-il s’en préoccuper, dans lecontexte de la dérégulation et de la mondialisation ? Est-ce que cette évolutionprofitera à tous les acteurs de manière comparable ? Risque-t-elle de changerles rapports de force ? En quoi cela peut-il affecter le poids relatif des grandesrégions, à l’heure de la mondialisation ?

Le protocole IP d’Internet est utilisé aussi bien dans ce qu’on appelle l’Internet«public» que dans l’Internet «privé». Les réseaux privés utilisant IP sont en pleinecroissance, notamment pour les applications de la téléphonie IP. On prévoitqu’avant 2010, la téléphonie vocale n’occupera plus que 1% de la bande passantemondiale. La compagnie AT&T a annoncé qu’elle n’achèterait désormais plus quedes routeurs IP, abandonnant la commutation de circuits.

Ces évolutions sont techniques, mais elles ont d’importantes conséquences,d’un point de vue géo-économique et géopolitique.

Le trafic «données» est en effet considérablement plus centré sur les États-Unisque le trafic téléphonique vocal. La structure du réseau international de télé-communications classiques (téléphone, télécopieur) correspond à peu près à lastructure des échanges économiques mondiaux. En revanche, le réseau mondialInternet est presque exclusivement centré sur les États-Unis. Et cette tendance

La régulation de la société de l’information en vue de«l’intérêt général mondial»

La régulation de la société de l’information en vue de«l’intérêt général mondial»

Directeur de la Division

de la Société

de l’Information

UNESCO [1]

PHILIPPE QUÉAU

En prenant un peu de distance par rapport aux soubre-sauts du Nasdaq, il nous faut analyser le développementde la société de l’information échelonné à long terme, et dans une perspective mondiale.

@[email protected]

I

va s’aggravant. Comme le trafic télé-phonique mondial passe progressive-ment sur Internet (privé et public),la prédominance structurelle desÉtats-Unis est alors considérablementrenforcée. Faut-il accepter cettesituation ? Correspond-elle à ce qu’onpourrait appeler « l’intérêt généralmondial» par rapport à un dévelop-pement que l’on peut souhaiter plusmultipolaire, plus équilibré? Il faut biendistinguer entre l’avenir d’Internet entant que norme, qui semble brillant, etl’avenir d’Internet en tant que réseaupublic, qui pourrait être marginalisépar la privatisation croissante desréseaux, des services et des contenus.

En termes de politique industrielle,de politique de la concurrence, depolitique culturelle, il est fondamentalde mesurer à temps les conséquencesinéluctables des tendances actuelles.La téléphonie IP, innovation technique,a aussi un impact sociétal et politiqueen mettant directement en cause lespossibilités de financement du «serviceuniversel», puisqu’elle échappe à cetteastreinte, par exemple aux États-Unis.

Le développement d’Internet induit déjàdes bouleversements considérables, duB2B (business to business) à la Net-économie, de la concentration du

trafic sur les hubs mondiaux à la remiseen cause des taxes de répartition et dumodèle de service universel. D’embléede nombreuses questions se posent.

Quid du développement multipolairede l’espace public mondial d’Internet,par rapport à celui de l’Internet privatif ?Privatisation et marchandisation sem-blent s’accélérer. Y a-t-il un rôle pourl’espace public, le service public, ledomaine public sur l’Internet du futur ?

Cela peut être comparé aux questionssoulevées en leur temps par les servicespublics de la radio-télévision, maisen réalité cela va beaucoup plus loin,de par la puissance de pénétration etd’influence du concept d’Internet.

Ces questions sont à la fois profon-dément politiques et économiques.Quel espace «commun» veut-on sedonner ? Quelle «ville mondiale»(selon l’expression de Jean-JacquesRousseau) veut-on bâtir ? À quelleéchelle et pour le bénéfice de qui ?Se posent aussi les questions de laviabilité à long terme des modèlesde financement de l’Internet publiccomme de l’Internet privé, les pro-blèmes des péréquations tarifaires àdes fins de développement, l’évolutiondes taxes de répartition à l’échellemondiale, des arbitrages entre les

intérêts parfois divergents du citoyenet du consommateur.

On peut avancer que la naissance dela « société mondiale de l’information»résulte à la fois de forces abstraites(les «mains invisibles») et de volontéspolitiques (l’établissement de principesdirecteurs universels). La mondialisa-tion manque encore d’un mythefondateur, comme le mythe d’unenouvelle Renaissance, se profilant àl’échelle mondiale, affectant l’humanitéprise comme un tout, et s’appuyant sur un projet politique, par exemplesur le modèle d’une « société de laconnaissance».

Il y a déjà un contre-mythe, qui rejettela mondialisation et remet en cause leconcept même de « société de l’infor-mation», considéré comme un avataridéologique d’un capitalisme transfron-tières, sans lieu ni lois, et prêt à toutesles aventures, des OGM au B2B, pourcontinuer sa logique désincarnée.

La mobilisation anti-AMI (Accordmultilatéral sur l’investissement),le Sommet social de Porto Allegreillustrent cette tendance.

Alors, nouvelle Renaissance ou néoli-béralisme sans frontières ? La réponsedépendra de l’apparition – ou non –d’une classe politique «glocale»capable d’apporter un sens à la com-pression accélérée de la planète, etd’énoncer des principes directeursacceptables par la majorité de l’huma-nité. Un projet politique pour lemonde devrait pouvoir répondre àquelques questions cruciales : qu’est-ceque le «domaine public» (la res publica)à l’échelle mondiale ? Qui doit dire le«droit mondial» (à ne pas confondreavec le «droit international»), etau nom de quelle « souverainetémondiale», de quel « intérêt généralmondial» ? Ces questions ne sont pasthéoriques. On pourrait les mettre àl’épreuve de problèmes d’une actualitébrûlante, comme la question de l’évo-lution de la propriété intellectuelle –cruciale pour une société de laconnaissance – et la question dela régulation du marché.

6 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Du 20 au 26 mai 2001, à Bromont (Québec), l’IEPF a organisé, en collaboration

avec le Centre d’études en réglementation économique et financière de

l’Université de Sherbrooke, le deuxième cours de haut niveau sur la réglemen-

tation économique et financière dans les industries de réseaux.

Cette session de formation a réuni des responsables et des décideurs de l’indus-

trie électrique qui doivent mettre en œuvre la fonction de contrôle réglementaire

dans leur pays respectif. L’objectif de la session était de permettre une connais-

sance claire et pragmatique des principaux aspects du contrôle réglementaire

au double plan économique et financier.

Pour plus d’information : [email protected]

RÉGLEMENTATION ÉCONOMIQUE ET

FINANCIÈRE DANS L’INDUSTRIE ÉLECTRIQUE

Si une présomption favorable auxmarchés concurrentiels et à la néces-sité d’une « saine rivalité» est admise,l’accord est moins universel sur lesbuts primordiaux d’une politique dela concurrence.

La compétition déloyale et non réguléefavorise à l’évidence les oligopoles, lescartels, et donc la mort de la compéti-tion. C’est pourquoi le Sherman Act(loi antitrust) aux États-Unis et leTraité de Rome en Europe fournissentà l’échelle régionale un cadre législatifoffrant quelques garanties contre laloi de la jungle de la compétitiontotale. Mais, significativement, notonsqu’il n’y a pas encore de loi antitrustà l’échelle mondiale. Qu’en est-il alorsdes monopoles qui échapperaient àla vigilance des régulateurs antitrustsrégionaux, mais qui seraient enmesure d’imposer leur domination àl’échelle mondiale, par un simple jeud’alliances stratégiques et de cartels ?Dans le domaine des fournisseursd’accès Internet, dans celui des réseauxou des logiciels, on voit des monopolesmondiaux apparaître (point n’est besoinde citer des noms), sans qu’aucuneinstance de régulation à vocationmondiale ne soit en mesure de s’yopposer.

Le traité de Marrakech instituantl’OMC ne traite pas de cette questionen tant que telle. Les principes fon-damentaux de l’OMC (le traitementnational, le traitement de la nationla plus favorisée et la transparence)semblent être compatibles avec lesprincipes fondamentaux de la poli-tique de la concurrence mais ne lesrecouvrent pas [2]. Ils en sont unecondition nécessaire mais non suffi-sante. « Il n’existe pas de corps unifiéde jurisprudence concernant l’applica-tion des principes fondamentaux dudroit et de la politique de la concur-rence au niveau multilatéral » [3].

D’ailleurs, l’OMC reconnaît l’existencede «défaillances» dans le fonctionne-ment des marchés qui nécessitentde ce fait l’intervention de l’État.Ces défaillances sont le problème des

monopoles (qui permettent un «pou-voir de marché»), les «externalités»(comme la pollution), et l’inégalitéde l’accès des acteurs économiques àl’information sur les caractéristiquesdes produits ou des transactions (l’opa-cité des conditions de la concurrence).C’est un vaste programme, politiquede part en part, que d’affronter cesquestions, en particulier à l’échellemondiale.

La régulation à l’échellemondiale

Le droit international a amorcé undéveloppement décisif avec la décou-verte du Nouveau Monde. Il a fallualors se partager le gâteau de ces«espaces libres» avec des outils glo-baux. Ainsi la fameuse ligne qui courtdu pôle Nord au pôle Sud, à 100 millesà l’ouest des Açores, tracée par lepape Alexandre VI en 1494, deux ansaprès la découverte de l’Amérique : lesterritoires à l’ouest de la ligne étaientespagnols, et à l’est, portugais ; ou laligne tracée à travers l’océan Pacifiqueen 1526 (traité de Saragosse) ; ouencore les lignes d’amitié franco-anglaises, les Amity Lines, permettantau Très-Chrétien roi de France des’allier avec de dangereux hérétiquescontre le Roi Catholique d’Espagne,pour rançonner les villes espagnolesd’Amérique, situées « beyond the line ».D’où l’émergence de ce que CarlSchmitt [4] appelle la «pensée parlignes globales». La création de ces«espaces libres» se traduisit aussi parun «ébranlement terrible et généralde tous les principes spirituels etmoraux reçus».

Aujourd’hui, nous avons à nouveaubesoin de « lignes globales», quipourraient être des lignes éthiqueset conceptuelles, des lignes abstraitespartageant le monde au nom deprincipes souverains, et dans l’intérêtgénéral du monde. Et encore, deslignes globales qui séparent ledomaine du bien commun «visible»,du domaine des «mains invisibles»,

qui séparent le domaine public dudomaine privé, qui séparent le domainede l’intérêt général du domaine deslobbies, qui séparent le domaine dunational du domaine métanational,qui séparent le domaine des citoyensdu domaine des consommateurs, quiséparent le domaine de la liberté dudomaine de la justice, le domainede l’éthique du domaine des rapportsde force.

La création de ces « lignes globales»est d’essence politique. Or trop sou-vent, dans les débats actuels sur larégulation ou l’autorégulation d’Internet,on pense pouvoir faire l’impasse sur lepolitique. En réalité, il y a une peuravouée des partenaires institutionnelsde susciter des clivages globaux avecces « lignes globales», dans le genrede la célèbre controverse du NOMIC(Nouvel ordre mondial de l’informa-tion et de la communication).

Le nouveau président de la FCC(Federal Communications Commission),Michael Powell, a récemment mini-misé le rôle de la régulation (et doncde la FCC) dans le contexte des télé-communications. Il a déclaré qu’ilavait du mal à donner une définitionde « l’intérêt général». Des associationsde consommateurs américaines ontcritiqué cette attitude comme profon-dément idéologique.

Il est à peu près acquis aujourd’hui quela question du développement d’uneconcurrence « loyale» ne peut setraiter seulement par la dérégulation,comme l’OMC même le reconnaît.

Relevons quelques faits illustrant ladifficulté du marché à assurer une«bonne gouvernance», au sens d’uncertain équilibre multipolaire et dubon usage des infrastructures pour«aménager le territoire mondial».

En septembre 2000, la capacité detransmission entre les États-Unis etl’Europe était de 52Gbits/s, entre lesÉtats-Unis et l’Asie, de 20 Gbits/s,mais seulement de 0,35 Gbits/s entrel’Europe et l’Asie, c’est-à-dire moinsqu’entre les États-Unis et l’Afrique

L’information pour le développement durable 7

La régulation de la société de l ’ information en vue de « l ’intérêt général mondial »

(0,4 Gbits/s). La structure du réseaumondial d’Internet n’épouse donc pasla réalité des échanges économiqueset commerciaux à l’échelle mondiale,mais obéit à une autre logique, plusopaque, celle qui régit les lois d’auto-renforcement des réseaux. Constatonségalement la forte sous-utilisationdes infrastructures. Seulement 18%des câbles internationaux sont actuel-lement utilisés. Serait-ce pour garderles prix à un certain niveau ? Y aurait-il des arrangements collusoires, desententes sur les prix, des abus de posi-tion dominante, des arrangementscartellaires horizontaux ?

Autre constat :

La problématique d’une régulationmondiale des réseaux est difficile à faireémerger, en l’absence de consensusfort à l’OMC sur ce que doivent êtreles «buts primordiaux» d’une poli-tique mondiale de la concurrence.Cependant, il faut l’affirmer : à médiade portée mondiale, il faut une régu-lation mondiale. Même une absencetotale de régulation est déjà uneforme de régulation, et représenteévidemment un choix politique –que l’on est en droit de critiquer,de remettre en question, et qui peutêtre modifié, à mesure que l’on prendconscience des problèmes…

Or le néolibéralisme montre seslimites dès qu’il s’agit de prendre encompte ce que l’on pourrait appelerl’intérêt général de l’humanité. Il fautconcevoir des mécanismes de régula-tion spécifiques à la société mondialede l’information. Il faut commencer àmettre en place un cadre juridique deportée mondiale ainsi que des institu-tions capables de défendre les «bienspublics mondiaux» et d’incarnerl’intérêt général mondial.

Les sujets de régulation de la sociétémondiale de l’information ne manquentpas :

– Régulation des biens publics mon-diaux, matériels ou immatériels,comme les ressources naturellementlimitées (ex : les positions orbitales

des satellites) ou, au contraire,insuffisamment exploitées(ex : les informations appartenantau «domaine public mondial»).

– Régulation de la «concurrenceloyale» et adoption de lois anti-trust de portée mondiale couvranten particulier le domaine des télé-communications, des logiciels et ducommerce électronique. La notionde « services essentiels mondiaux»doit être défendue. Les «goulotsd’étranglement» des réseaux (dela numérotation à la boucle locale)doivent être ouverts à la «compéti-tion loyale». Il faut veiller à l’accès« loyal» aux centres mondiaux deroutage Internet actuellementdominés par quelques opérateursen position de monopole.

– Définition des politiques tarifairespour les télécommunications inter-nationales ; reprise des négociationsmultilatérales concernant le systèmedes « taxes de répartition» et adap-tation de ce système aux flux trans-frontières de données numériquesou à la téléphonie par Internet.

– Révision de la gestion mondiale desdroits de propriété intellectuelle,pour assurer un meilleur équilibreentre ayants droit et usagers, etpour créer un système favorisantl’accès des pays en développementau savoir.

– Approfondissement de l’idée d’une« fiscalité mondiale», assurant ainsiaux Nations Unies des ressourcesindépendantes des États, par exempleen taxant l’utilisation de biens publicsmondiaux ou de flux transfrontières.

La question de la régulation mondialedoit s’étendre à de nouveaux sujets,jadis chasse gardée des États, commel’éducation ou la santé. Après le com-merce électronique, l’éducation enligne, autrement dit « l’e-ducation»,est en passe de devenir la nouvellefrontière de la Net-économie. Un grandmarché mondial de « l’e-ducation» semet d’ores et déjà en place. Délocalisée,dé-régulée, l’e-ducation fait jouer la

dure loi de l’offre et de la demande,au plan mondial, dans les secteurs lesplus lucratifs : l’enseignement universi-taire de haut niveau, la formation pro-fessionnelle, la formation continue.Les universités ayant une image et uneréputation mondiales décident désor-mais de s’attaquer sans complexe aumarché mondial de l’éducation en« starisant» une offre éducative irrésis-tible. Des alliances stratégiques, selonle modèle des fusions et acquisitions,permettent de consolider les positionsjusqu’à les rendre structurellementinexpugnables. Bref, la mondialisationdéjà vue à l’œuvre avec Hollywood etSilicon Valley va maintenant s’étendreau marché de l’éducation et balayerles certitudes des «exceptions cultu-relles». La mondialisation du savoir etde l’éducation est en marche, et elleira de pair avec sa «marchandisation»outrancière. En filigrane c’est la ques-tion éminemment politique de l’accèsuniversel à l’information et auxconnaissances, qui se pose avec acuitédans le contexte de la « société dela connaissance».

Mondialisation et société de laconnaissance posent des questions«glocales» par nature. La réponse àces problèmes ne sera pas trouvée seulement à Bruxelles, à Seattle ou àDavos. Elle exige aussi une mobilisa-tion locale des esprits et des forces.

8 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Bibliographie :

[1] Directeur de la Division dela Société de l’Information del’UNESCO. Dernier livre paru : La planète des esprits. Pour une politiquedu cyberespace. Éditions Odile Jacob,Paris, 2000.

[2] Voir par exemple la note dusecrétariat de l’OMC du 7 juin1999 portant sur « les principesfondamentaux de la politique de la concurrence», WT/WGTCP/W/127.Voir : http://docsonline.wto.org/gen_browse.asp

[3] Ibid. p.2, ξ4.

[4] Carl SCHMITT. Le nomos de la terre.Paris : PUF, 2001.

L’information pour le développement durable 9

Le développement durable

a définition du développement durable que l’on cite en général est celle du rapport Brundtland de 1987 : « Le développement soutenable est un développement quirépond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondreaux leurs. »1 Souvent cette citation s’arrête là alors que la suite est plus préciseet plus pertinente : « Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de “ besoin ”, et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder laplus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisationsociale imposent sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »

Le développement durable doit donc répondre avant tout aux besoins essentielsdes plus démunis, ce qui est le principal élément de son «pilier» social. La notionde limites qui avait déjà fait l’objet d’une polémique au début des années 1970avec le rapport Club de Rome est reconsidérée ici : ce sont les techniques etnotre organisation sociale qui imposent des limites aux capacités de l’environne-ment à fournir les ressources actuelles et futures. L’information doit donc couvriraussi bien le diagnostic que les solutions à mettre en œuvre tant sur le plantechnologique que sur celui des pratiques sociales. Le chapitre 40 de l’Agenda 21

L

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

Directeur de recherche

École nationale

supérieure des mines

de Saint-Étienne

CHRISTIAN BRODHAG

Le développement durable ambitionne de répondre aux besoins essentiels des plus démunis et de réorienternos techniques et notre organisation sociale, c’est-à-dire l’ensemble de nos décisions, pour tenir compte des capacités de l’environnement. Dans cette quête de nouvelles régulations économiques, sociales et environnementales, l’information et les savoirs jouent un rôle essentiel.

@[email protected] « Notre Avenir à Tous», rapport de la Commission Mondiale sur l’Environnement et le

Développement (commission Brundtland), Les Éditions du Fleuve, 1989, traduction française de «Our Common Future», 1987.

diagnosticexpert

1

ingénierietechniqueet sociale

2

observatoiresmodèlesdonnnées

méta-informations

méta-informations

centre deressources

technologies,méthodes, cas,

procédures

savoirssocio-politiques

3

épistémologiesociologie

des sciences…

4

outils, modèles

connaissancessur la connaissance

informations,données, faits

connaissances

de Rio porte sur l’information pour laprise de décisions ; il précise : « dans lecadre du développement durable, chacun est unutilisateur et un fournisseur d’informations, ausens large. Il faut entendre par là des données,des renseignements, des expériences présentées defaçon appropriée, et des connaissances. Le besoind’informations se fait sentir à tous les niveaux,du niveau national et international chez lesprincipaux décideurs au niveau local et à celuide l’individu. » (Agenda 21 ξ40.1)2

Mais si l’on veut « faire en sorte que les consi-dérations économiques, sociales et environnemen-tales soient intégrées dans le processus décisionnelà tous les niveaux et dans tous les secteurs del’administration» (Agenda 21 ξ8.4)il faut que les systèmes d’informationsoient eux-mêmes intégrés : « en utilisantsimultanément, de façon systématique, les données sociales, économiques, écologiques etenvironnementales et les données sur le dévelop-pement ; l’analyse devrait souligner les inter-actions et les effets de synergie ; il faudraitencourager l’utilisation de méthodes diversesd’analyse, afin de disposer de points de vuedifférents » (Agenda 21, ξ8.5a).

Quelle information?L’information pour le développementdurable couvre donc un champ trèslarge et pose des problèmes techni-ques et politiques variés. Il faut avanttout distinguer les termes. Pour trans-former des données brutes ou des faits observés en informations, il fautse livrer à un processus qualifié decognitif qui opère sélection, interpré-tation et présentation de cette infor-mation utile. Ensuite, une fractionseulement de cette information serautilisée pour le processus de décisionou pour créer des savoirs: on pourraalors l’appeler connaissance ouintelligence. L’aspect multicritère dudéveloppement durable impose desprocessus transdisciplinaires et desstratégies multiacteurs. C’est pourquoide nombreux textes insistent sur lanécessité de l’apprentissage collectif

dans les processus de construction de la connaissance.

Quand on évoque la création deconnaissances et de savoirs, on penseimmédiatement à la contribution de lacommunauté scientifique : « Les sciencesdevraient notamment fournir l’informationnécessaire pour améliorer la formulationet la sélection des politiques d’environnementet de développement en vue de la prise dedécisions. Pour satisfaire cette exigence, ilsera indispensable de promouvoir l’intelligencedes questions scientifiques, d’améliorer les éva-luations scientifiques à long terme, de renforcerles capacités scientifiques de tous les pays et defaire en sorte que les sciences sachent s’adapteraux besoins naissants» (Agenda 21 ξ35.1).

La Figure 1 propose une classificationde ce champ de la connaissance pourle développement durable :

Par diagnostic expert (1), on entendla connaissance scientifique, le plussouvent disciplinaire, qui permetd’établir un diagnostic «objectif »c’est-à-dire indépendant de toute considération d’opportunité. Le termeutilisé ici d’ingénierie technique etsociale (2) couvre la production detechniques et d’outils visant à faireévoluer le développement vers ladurabilité. Le premier champ recouvrece que l’on qualifiait de science fonda-mentale et le second la science appli-quée et la technologie.

10 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

2 Agenda 21 adopté en 1992 à la Conférence de Rio, texte disponible sur Internet :http://www.agora21.org/rio92/A21_html/A21menu.

Champ de la connaissance pour le développement durable

Figure 1

Le troisième niveau appelé ici reculépistémologique (4) relève de la phi-losophie, de l’épistémologie, de lasociologie ou de l’ethnologie et doit«penser» les autres et leurs interrela-tions. Il s’intéressera à l’intégration des savoirs (scientifiques et non scien-tifiques) et aux pratiques de la trans-disciplinarité (Comment l’évaluer ?Comment organiser la communautéscientifique ?).

Ces trois champs ne sont pas indépen-dants du fait que tout scientifique doits’interroger sur son activité elle-même.Or, sous la double pression du marchéqui demande sans cesse de nouveauxproduits, et du fonctionnement desorganisations de recherche et de leursmécanismes d’évaluation (nombre depublications… en anglais !), la plupartdes scientifiques ont perdu cetteréflexion éthique sur leur rôle dans lasociété. Les organismes de rechercheeux-mêmes peuvent difficilementrépondre à de nouvelles demandesdiffuses et non formulées selon leursnormes disciplinaires. Les administra-tions savent facilement organiser larecherche pour envoyer l’homme surla lune, ou construire un grand accélé-rateur de particules, mais elles nesavent pas encore formuler un pro-gramme de recherche interdiscipli-naire pour le développement durable.

Mais les acteurs (administratifs,professionnels, associations, et autres)qui attendent des enseignements dela part de la recherche génèrent aussides savoirs spécifiques : documentsméthodologiques, évaluations, etc.On peut aussi rattacher à ce domaine(3) les connaissances vernaculaires,autochtones, reconnues spécifique-ment dans l’Agenda 21 de Rio. Cedomaine de connaissance produit desinformations, des outils ou des techni-ques, au même titre que les scientifiquesdu domaine de l’ingénierie techniqueet sociale, mais il échappe à l’organi-sation de la communauté scientifique,et notamment à ses critères de légiti-

L’information pour le développement durable 11

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

3 Joseph E. Stiglitz, Knowledge as a global public good, in PNUD, 1999 «Les biens publics à l’échelle mondiale, La coopération internationale au XXIe siècle», p. 308-325.

collectivitéspubliques

rechercheformationéducation

société civileassociations entreprises

échanges

de

savoirs

Le «carré magique » de la connaissance pour le développement durable

Figure 2

mité : méthode scientifique, évaluationpar les pairs… La légitimité de cessavoirs est acquise par d’autres méca-nismes sociopolitiques, tout aussilégitimes dans leur propre sphèred’activité.

Néanmoins, la recherche doit se pen-cher sur ces savoirs. « La connaissancepour le développement va plus loin que la col-lection des meilleures pratiques et l’accumula-tion d’anecdotes de réussites ; elle doit reposersur l’analyse – pourquoi certaines politiquesou pratiques fonctionnent dans certaines cir-constances et non dans d’autres ? C’est pour-quoi la recherche est un des éléments centrauxde la connaissance pour le développement »3.

Ces champs ne doivent pas unique-ment rester juxtaposés, et il convientd’en organiser les relations. Il s’agitd’assurer un échange à double sens : ladiffusion des diagnostics et des outilsissus des champs scientifiques 1 et 2vers la société dans son ensemble, etinversement, l’immersion de la com-munauté scientifique dans les problé-matiques posées par la société. Cetteorganisation doit conduire à la miseen place d’outils particuliers : observa-toires, centres d’échange (au sens del’Agenda 21 ξ34.16), centres de culturescientifique et technique, centres deressources pour diffuser des données,

des renseignements, des expérienceset des connaissances.

La langue utilisée par ces organismesde transfert et d’interface ne peut selimiter à l’anglais. Le français doit yjouer un rôle comme langue de travailet comme pivot vers les languesnationales et les dialectes locaux.

L’information pour qui?Pour entrer réellement en application,les savoirs pour le développementdurable doivent être partagés parquatre communautés : la communautéde recherche et de formation, quijoue un rôle central mais pas unique,les collectivités publiques (élus etadministrations), les associations dela société civile et les entreprises. Lecadre de la gouvernance nécessite eneffet un partage des informations etdes savoirs. Nous l’avons défini ainsi :Dans le contexte du développement durable onconsidère que la gouvernance est un processusde décision collectif n’imposant pas systéma-tiquement une situation d’autorité. Dans unsystème complexe et incertain, pour lequel lesdifférents enjeux sont liés, aucun des acteursne dispose de toute l’information et de toutel’autorité pour mener à bien une stratégied’ensemble inscrite dans le long terme. Cettestratégie ne peut donc émerger que d’unecoopération entre les institutions et les différentesparties intéressées, dans laquelle chacune exercepleinement ses responsabilités et ses compétences.

DÉCLARATION DE

SAINT-ETIENNE1

Des représentants de pays ayant en

partage l’usage du français d’Afrique,

de l’Océan Indien, des Caraïbes et

d’Europe, représentant une vingtaine

de pays, de différents secteurs admi-

nistrations, universitaires et ONG, et

participant à la première Université

d’été francophone sur le développe-

ment durable et les systèmes d’infor-

mation ont adopté au terme de leurs

travaux la résolution, les recomman-

dations et les engagements suivants.

1 – RÉSOLUTION

Nous partageons tous la même

vision : l’information est une res-

source clé pour la mise en œuvre du

développement durable. Nous parta-

geons l’analyse faite au chapitre 40

de l’Agenda 21 qui est consacré à

l’information pour la prise de déci-

sions. Nous reprenons à notre

compte les propositions des diffé-

rentes conventions sur l’importance

de l’éducation, de la sensibilisation et

des échanges d’informations: articles

13 et 17 pour la Convention sur la

diversité biologique, articles 6, 5 et

12 pour la Convention-cadre des

Nations Unies sur les changements

climatiques et articles 19 et 16 pour

la Convention des Nations Unies sur

la lutte contre la désertification…

Nous accordons une grande impor-

tance aux données géoréférencées, et

au fait que les obligations induites par

les conventions en matière d’informa-

tion peuvent contribuer à bâtir un sys-

tème d’information cohérent.

La plupart des processus de concerta-tion, comme les Agendas 21 locaux,introduisent des processus d’échanged’information et de savoirs. «La concer-tation et la recherche d’un consensuspermettraient aux collectivités locales des’instruire au contact des habitants et desassociations locales, civiques, communautaires,commerciales et industrielles, et d’obtenirl’information nécessaire à l’élaborationdes stratégies les plus appropriées. Grâceau processus de concertation, les ménagesprendraient davantage conscience des questions liées au développement durable. » (Agenda 21 ξ28.3)

L’architecture des échanges d’informa-tion n’est pas neutre vis-à-vis du typed’information et de savoirs qui sontéchangés. L’Agenda 21 hésite entre troisvisions de la circulation de l’informa-tion: descendante (top down), ascen-dante (bottom up) et celle qui circuleau sein de réseaux.4 Les 22 premierschapitres thématiques de l’Agenda 21s’appuient sur une conception d’infor-mations internationales et nationalesdiffusées vers le bas avec une visionnormative. La section III qui traite durenforcement du rôle des principauxgroupes énonce un véritable droità l’information lié à l’exercice de ladémocratie5. Mais le chapitre 40,dernier chapitre de l’Agenda 21, quitraite spécifiquement de l’informationpour la prise de décisions, développeune vision où l’information nourrit un

débat beaucoup plus complexe entreles parties intéressées, chacune étantfournisseur et consommateur d’infor-mations au sein de réseaux (échangesd’expérience, bonnes pratiques).

Le coût de production de l’informa-tion et des connaissances peut êtrecouvert par le secteur privé dans lecadre des droits de propriété intellec-tuelle. Mais cette approche pose deuxtypes de problèmes aux pays du Sud.6

Le premier est le coût des droits quipeut restreindre l’accès du plus grandnombre à cette connaissance. Lesecond est le type de connaissancesqui rentrent dans ce système de droit.Les connaissances traditionnelles ouautochtones ne sont en général pasreconnues et donc pas rétribuées.Dans le cas de la biodiversité, l’exploi-tation des propriétés de gènes produitsou entretenus au Sud ne conduitpas à une rétribution, ce qui consiste en un véritable «biopiratage». LaCommission du développementdurable, lors de sa 9e session consacréeà ce sujet, «demande le renforcementde l’accès à l’information sur le déve-loppement durable et des mesurespour assurer que la commercialisationde l’information ne devienne pas unebarrière à cet égard pour les pays endéveloppement»7.

Il faut donc concevoir un espace debiens publics en termes d’informationet de connaissance8. Des organisations

12 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

4 Christian Brodhag, «Les enjeux de l’information en langue française sur ledéveloppement durable», Université d’été francophone sur le développement durable et les systèmes d’information, Saint-Étienne, France, 5-9 juillet 1999, http://www.agora21.org/univ-ete-fr/Christian-Brodhag.html.

5 Droit qui se trouve formalisé dans le domaine de l’environnement par la convention d’Aarhus(voir encadré en page 30).

6 Voir l’initiative du Royaume-Uni qui mène une réflexion sur ce thème dans le cadre de la Commission sur les droits de propriété intellectuelle, http://www.iprcommission.org/submissions.asp.

7 ξ2b, rapport de la neuvième session, Commission du développement durable, 5 mai 2000et 16-27 avril 2001, E/CN.17/2001/19, traduction non officielle de Economic and SocialCouncil Official Records, 2001, Supplement No. 9, Decision 9/4, Information for decision-making and participation (voir encadré en page 18).

8 Voir à ce sujet la Déclaration de Saint-Étienne adoptée lors de l’Université d’été francophone sur le développement durable et les systèmes d’information qui s’est tenue à Saint-Étienne du 5 au 9 juillet 1999 (voir encadré).

1 Déclaration adoptée lors del’Université d’été francophone sur le développement durable et les sys-tèmes d’information qui s’est tenueà Saint-Étienne du 5 au 9 juillet 1999;http://www.agora21.org/univ-ete-fr/declaration-st-etienne.html. Cettedéclaration a été jugée fondatrice parGéophiles.net, une association quis’inscrit dans le mouvement desInitiatives coopératives d’information,ayant pour principal objet de pra-tiquer et diffuser auprès du grandpublic une géographie privilégiant le développement durable (http://geophiles.net/).

(suite à la page 14)

(suite à la page 13)

L’information pour le développement durable 13

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

Nous considérons que l’information nécessaire pour un développement

durable est, comme la connaissance qui lui est intimement liée, un des

biens publics essentiels au sens de la récente étude du PNUD 1999, et

qu’il convient d’en analyser les limites.

La production du bien public « information » nécessite une implication

des différents niveaux (internationaux, nationaux et locaux) et des dif-

férents secteurs privés et publics.

Elle nécessite l’adhésion à une éthique forte de la coopération au service

de l’équité et de la responsabilité, pour éviter toute utilisation partisane.

Dans ce contexte, la mise en œuvre de l’information pour le développe-

ment durable repose sur des principes essentiels :

• elle doit être produite en qualité et en quantité suffisantes par de nom-

breux acteurs publics (administrations, organismes de formation et de

recherche…), privés (associations, entreprises…), les ONG etc… ;

• elle doit être accessible tant par les voies traditionnelles de l’écrit,

par les réseaux de diffusion de l’information et de la connaissance

(système éducatif, journalistes…) que par les techniques modernes

de communication (Internet) et de représentations (SIG…) directe-

ment et à travers des centres de ressources qui doivent s’adresser

aussi aux populations locales ;

• l’utilisation des différentes langues est une nécessité tant pour tou-

cher réellement les acteurs du développement durable sur le terrain

que pour garantir et valoriser une diversité culturelle et une variété de

propositions et de solutions. L’usage des différentes langues signifie

à la fois le plein usage au niveau international des différentes lan-

gues de travail des Nations Unies et au niveau régional et national,

des différentes langues parlées ;

• les moyens modernes de traitement, d’analyse, de mise en forme et

de transmission et d’accès de ces informations doivent être large-

ment accessibles à tous les niveaux depuis le niveau international

jusqu’au niveau le plus proche du terrain ;

• le système d’information doit à la fois permettre la communication

descendante et ascendante, mais aussi horizontale, à travers la

constitution de réseaux, notamment d’échange d’expériences, sous

des formes attractives et pédagogiques. Par communication horizon-

tale, on entend aussi les échanges Sud/Sud.

Cette démarche, permettant l’organisation d’un système d’information

cohérent et diversifié, a un coût qu’il convient d’assumer à long terme.

Trop souvent, en effet, les systèmes d’information, la mise en place des

réseaux, la constitution de bases de données… sont financés dans leur

phase initiale sans que leur actualisation et leur animation ne soient

prises en compte dans les financements et assurées dans la durée.

Constituer un système global d’information et de communication sur le

développement durable, dans une perspective de création de bien

public et de diminution du coût d’accès à l’information, nécessite donc

le développement d’un esprit de coopération entre tous les acteurs ;

l’engagement des organismes internationaux, nationaux et locaux ; la

mise en place d’une normalisation des protocoles de communication,

des formats des données, des thesaurus, voire de logiciels dont la

pérennité soit garantie dans le domaine public.

Les réseaux thématiques spécialisés semblent les plus aptes à être

mis en œuvre avec efficacité au niveau national et sous-régional mais

ils posent deux types de problèmes:

• La notion de développement durable est nécessairement intersec-

torielle et privilégie les outils d’intégration. Des mécanismes

d’échange doivent donc assurer la cohérence entre des problèmes

et réseaux spécifiques (climat, biodiversité, désertification, eau,

agriculture, industrie, ville…) et permettre la mise en place d’outils

de gouvernance du développement durable : indicateurs de déve-

loppement durable, Agenda 21 locaux, processus de participation

dans chacun des réseaux thématiques… Un travail commun sur

l’information est proposé dans la convention de lutte contre la

désertification qui recommande « l’exécution de programmes com-

muns, en particulier dans les domaines de la recherche, de la

formation, de l’observation systématique ainsi que de la collecte

et de l’échange d’informations «.

• Les problèmes de mise en œuvre, l’utilisation et la maîtrise des

logiciels, le matériel, l’accès aux lignes, ne seront plus facilement

résolus qu’au travers de systèmes de coopération technique, et

de la mise en place de plates-formes communes, dans une poli-

tique du renforcement cohérente et efficiente des capacités.

2 – RECOMMANDATIONS

Recommandations aux organismes internationaux fournisseurs

de données :

1. La diffusion des informations électroniques doit être faite dans

les langues de travail des Nations Unies, dont le français. Une

réorganisation des sites internationaux est nécessaire pour

assurer un accès réellement multilingue et un référencement cor-

rect par les moteurs de recherche internationaux. L’utilisation de

référentiels communs de méta-information faciliterait l’accès à

l’information grâce à des moteurs de recherche spécialisés sur

un thème ou sur une langue.

2. Il est nécessaire de garantir un accès gratuit aux informations

essentielles pour le développement durable et d’accorder une

priorité à l’utilisation de logiciels libres dans les projets pour par-

ticiper à la construction d’une capacité collective et d’un accès

équitable à l’information et aux outils informatiques. Cette pro-

position s’applique aux informations disponibles, mais implique

aussi leur collecte quand elles ne le sont pas.

Recommandations aux organismes internationaux financeurs :

3. Le volet information est essentiel pour le pilotage et l’évaluation

de tout projet de développement. Tout projet doit donc réserver

un financement suffisant à la collecte, au traitement et à la trans-

mission de l’information auprès de toutes les parties impliquées

dans leur mise en œuvre.

4. L’information et la sensibilisation doivent être effectuées au plus

près des acteurs de terrain et des populations locales. Les ONG,

les journalistes et le corps enseignant jouent ce rôle chacun dans

leur domaine. Ils doivent être reconnus dans l’organisation des

systèmes d’information et l’accès aux centres de ressources ; ils

doivent disposer des informations et des outils pour leur per-

mettre d’assumer ce rôle. Les ONG doivent recevoir les soutiens

financiers nécessaires à leur mission.

(suite de la page 12)

internationales peuvent organiser cetespace de coopération. C’est le caspar exemple de l’Office mondial dela météorologie qui gère les donnéesmétéorologiques. C’est aussi tradi-tionnellement le cas de la recherchescientifique publique, par exemple, oùles publications scientifiques rendentdisponible l’information sans droit

d’accès. Mais la recherche des paysdéveloppés est au service des besoinsde ces pays et ne couvre pas toujoursles thématiques les plus utiles pour lespays du Sud.

Ces biens publics doivent être produitsà un coût qui doit bien entendu êtresupporté par quelqu’un. Or comme lenote le PNUD: « Tous les biens publics,

14 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

qu’ils soient d’ordre local, national ou mondialont tendance à être produits en quantité insuf-fisante. La raison en est précisément qu’ils sontpublics. Pour les individus, la meilleure et laplus rationnelle des stratégies consiste souventà laisser à d’autres le soin de fournir le bien,afin d’en profiter gratuitement. À l’écheloninternational, cette question de l’action collectiveest aggravée par le fossé entre les externalités dontla portée devient de plus en plus internationale,et le fait que les principaux preneurs de décision restent les États-nations »9.

Pour traiter et échanger les informa-tions, il faut nécessairement des ordinateurs, des lignes Internet et des logiciels. Le mouvement actuel

9 PNUD, 1999 «Les biens publics à l’échelle mondiale, la coopération internationale auXXIe siècle», dirigé par Inge Kaul, Isabelle Grunberg, Marc A. Stern, publié pour leProgramme des Nations Unies pour le développement (PNUD) New York, Oxford, OxfordUniversity Press, 1999, http://www.undp.org/globalpublicgoods/French/french.html.

Le projet RESIDD vise à fédérer des initiatives prises dans le

monde francophone sur des thèmes liés à l’environnement et

au développement durable et à renforcer la capacité des pays

du Sud à créer et gérer des sites Internet. En adoptant des

architectures et des organisations compatibles, ces sites

pourront plus facilement partager des informations, utiliser

des outils communs (bases de données, moteurs de

recherche…) et dégager des synergies.

Les premiers partenaires couvrent une part importante des

pays ayant l’usage de la langue française. Ils forment une

communauté de travail qui s’est constituée au cours des deux

Universités d’été francophones: information et développement

durable (www.agora21.org/univ-ete-fr/Index.htm). Cette com-

munauté vise à promouvoir l’usage des technologies de l’infor-

mation, notamment Internet et les Systèmes d’information

géographique. Ce réseau sera par la suite ouvert à tout nou-

veau partenaire qui souhaitera adopter les méthodes et les

outils développés dans le cadre de ce projet.

ACTIONS DE CHACUN DES PARTENAIRES:

• Assurer la collecte, l’organisation et la diffusion de l’infor-

mation sur le développement durable en s’appuyant sur des

méthodologies communes d’organisation de l’information ;

• œuvrer pour l’échange de l’information entre les acteurs

impliqués dans les sous-régions concernées ;

• sensibiliser les acteurs sur les enjeux de l’information pour

le développement durable, et former ceux-ci aux nouvelles

technologies de l’information ;

• jouer un rôle d’interface entre les actions et initiatives inter-

nationales en matière de développement durable et les

acteurs des sous-régions ;

• développer dans une première étape un thème majeur de

chaque sous-région, tout en échangeant sur les autres

thèmes avec les autres partenaires du projet ;

• constituer une communauté de travail dans l’ensemble des

pays francophones utilisant des logiciels (libres) et des sys-

tèmes d’organisation de l’information communs, permettant

des économies d’échelle.

Les thèmes arrêtés dans cette première étape sont l’eau pour

le CMED/ALMAE (Maghreb Machrek), la désertification pour le

CILSS (Mali, Niger et Burkina), la forêt et les ressources natu-

relles pour le RIDDAC (Cameroun, Congo, Gabon, RCA, RDC,

Tchad), l’environnement en général pour l’Afrique de l’Ouest

avec l’ARISE (Bénin, Togo, Ghana, Côte d’Ivoire, Guinée et

Guinée-Bissau), l’énergie et les ressources des zones insulaires

dans les Caraïbes et l’Océan Indien (structure à identifier). Deux

sites nationaux se sont joints au projet : Madagascar et Haïti.

Ce projet est coordonné par le Réseau de Liaison et d’échange

de l’Information Environnementale Francophone (Projet RELIEF

(voir encadré en page 23) http://www.agora21.org/relief/),

animé par l’IEPF (http://www.iepf.org/), qui visait à créer des

services communs pour la communauté de langue française.

Ces deux projets sont soutenus par le Fonds francophone des

inforoutes.

RÉSEAU DE SITES POUR LEDÉVELOPPEMENT DURABLE: RESIDD

des logiciels libres doit permettre de diffuser à faible coût la capacitéde traiter l’information. L’esprit decoopération qu’ils supposent pourraitpermettre de résoudre collectivement des problèmes d’accès à l’informationet le développement d’applicationsspécialisées. Il faut aussi adopter despratiques et des protocoles communspour faciliter les échanges10.

Débattre la gouvernancemondiale en français

Le développement durable est sansdoute fondamentalement la quêteau plan international de régulationsenvironnementales et sociales aumême niveau que l’expansion dumarché mondial.

Le sommet de Johannesburg de septembre 2002, dit Rio + 10, devraitproposer la réforme du Programme desNations Unies pour l’Environnementafin de créer une Organisationmondiale de l’environnement, agissantau même niveau que l’OMC et per-mettant de garantir l’application desaccords multilatéraux en matièred’environnement. Certains proposentd’aller plus loin par la création d’uneorganisation portant à la fois surl’environnement et le développementqui dépasse les limites de l’actuelleCommission du développementdurable. Celle-ci n’est actuellementqu’un simple organisme subsidiairedu Conseil économique et socialdes Nations Unies, et n’a pas rempliles espoirs mis en elle à la Conférencede Rio.

Quelles que soient les réformes insti-tutionnelles, elles ne traduiront quedes rapports de force entre les Étatseux-mêmes et avec l’opinion publiqueinternationale. L’élaboration de cetteopinion publique est un point essen-tiel qui échappe aux processus institu-tionnels traditionnels.

L’information pour le développement durable 15

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

La contribution des pays francophonesdans leur diversité, et aussi dans ladiversité de leurs exécutifs et de leursadministrations, passe par l’accès à des ressources et des débats en languefrançaise.

Or les organisations qui se positionnentsur ce plan en agissant à l’interfaceentre les acteurs associatifs ou écono-miques et la communauté scientifique,comme l’Institut du DéveloppementDurable (IISD de Winnipeg au

10 C’est l’objectif du projet RESIDD (voir encadré en page 14).

Le site portail, conçu à l’initiative de l’IEPF et d’Agora 21, vise à organiser le

débat et faire connaître les contributions et les réflexions issues des pays fran-

cophones pour le Sommet mondial du développement durable qui se tiendra à

Johannesburg en septembre 2002, dix ans après la Conférence de Rio. Ce por-

tail aura une durée limitée à la préparation du sommet et éventuellement pour

en présenter les résultats ; c’est pourquoi les ressources à vocation pérenne

(bases de données, bonnes pratiques, textes de contribution…) seront de pré-

férence placées sur des sites existants de façon à renforcer la capacité des

acteurs et organisations, le portail donnant accès à ces sites. Ce projet ne concur-

rencera donc pas les initiatives de sites spécialisés gérés par des organismes

publics et privés ou par des ONG, mais les rendra plus accessibles pendant la

période de préparation du sommet. Cette approche visera aussi à renforcer la

capacité régionale tant à participer qu’à contribuer aux séminaires régionaux de

préparation du sommet que de disposer de centres de ressources sur Internet.

Pour ce faire, elle s’appuiera sur le processus initié par RESIDD et la participa-

tion de ses partenaires au processus régional mis en place par les Nations Unies.

L’IEPF et Agora 21 mèneront à cet égard un travail de collecte d’exemples et

de contributions de la communauté francophone, auxquelles le portail donnera

accès. Ces contributions seront organisées en cohérence avec les initiatives

internationales des Nations Unies.

Dans le cadre des préparatifs nationaux à Johannesburg :

• 101 façons de promouvoir le développement durable : les activités les plus

remarquables des pays qui ressemblent à des études de cas déjà publiées

sous le nom de success stories,

• une vision pour le XXIe siècle : des essais écrits par les principaux groupes sur

le développement durable,

• progrès nationaux : identifiant les trois à quatre cibles principales de chaque

pays pour les prochaines années.

Et plus généralement,

• les success stories que les Nations Unies publient régulièrement. Ces documents,

qui mettent en exergue les activités menées par les pays et les «principaux

groupes», sont publiés en anglais et n’évoquent pas les expériences se dérou-

lant dans les pays de langue française.

LE SITE PORTAILWWW.SOMMETJOHANNESBURG.ORG

16 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Canada), le Conseil de la Terre(Costa Rica), le World Resource Instituteou le World Watch Institute (tous deuxaux États-Unis), utilisent principale-ment l’anglais. Les parties concernéesqui ont accès à ces faiseurs d’opinioninternationale sont le plus souvent des ONG anglo-saxonnes.

Le pluralisme linguistique est une des conditions d’un dialogue interna-tional équitable. La disponibilité desdébats internationaux dans différenteslangues est un élément d’un espace«démocratique» international et doncd’une bonne gouvernance. Pour l’illus-trer, il suffit de considérer l’usage deslangues sur différents sites Internet. Le site officiel du sommet de Gênesdu G8 était en anglais (et en italien,concession compréhensible pour lepays d’accueil), le forum de Davos en anglais seulement. Le Forum socialmondial de Porto Alegre est trilingue(anglais, espagnol, et français) et enfincelui d’ATTAC (Action pour une taxa-tion des transactions financières d’aideaux citoyens) est le seul réellementmultilingue.

L’environnement ou le développementdurable apparaissent comme desnotions universelles dont les politi-ques pourraient être indépendantesdes langues et des cultures. Pourtant,du fait que la relation à l’environne-ment est un fait culturel et que le contexte du développement durableimpose une intégration plus intimedes problématiques de développementet d’environnement, chaque langue

UN GLOSSAIRE DUDÉVELOPPEMENTDURABLE EN FRANÇAIS

Si un certain compromis émerge

aujourd’hui pour considérer que les

deux processus d’échanges d’infor-

mation ascendants et descendants

(↓↑ ) doivent être simultanés, on

oublie trop souvent les échanges

horizontaux qui sont d’une autre

nature. Ils relient entre eux une caté-

gorie d’acteurs ou des acteurs qui se

trouvent au même palier de décision

mais qui appartiennent à des com-

munautés différentes. Ces échanges

horizontaux peuvent avoir lieu par

exemple au sein de réseaux

d’échange d’expériences, qui per-

mettent d’accélérer la mise en œuvre

du développement durable en facili-

tant l’évaluation de ces expériences

et leur transfert.13 La création de

réseaux hybrides – qui mêlent sur

une même problématique la commu-

nauté de recherche et de formation,

les collectivités publiques (élus et

administrations), les associations de

la société civile et les entreprises,

passe par la définition d’un langage

commun. Les sociologues de l’inno-

vation considèrent que la définition

d’un langage commun permettant

des traductions dans les différents

savoirs est une des conditions de la

diffusion de l’innovation. Les cher-

cheurs ne doivent pas uniquement

publier en anglais, ils doivent aussi

penser en français. Les négociateurs

13 Christian Brodhag, « Information,gouvernance et développement durable »,International Political Science Review –Revue internationale de science politique,volume 21, no 3, juillet 2000, p. 311-327.

porte une vision et une relation particulières à l’environnement.

La mondialisation des problématiquesenvironnementales et les négociationsinternationales se jouent bien souventdans la seule langue anglaise. Celaconstitue un double handicap. Lepremier est immédiat : ceux qui nemaîtrisent pas la langue de négocia-tion ne peuvent faire valoir leur pointde vue. Le second est plus subtil : lespropositions, approches, conceptsvoire paradigmes exprimés par lalangue de travail portent en eux despropositions politiques. C’est dans cedouble contexte que la langue fran-çaise doit jouer son rôle de langue detravail et de production de réflexionsur les problématiques environnemen-tales mondiales. Conscients de ce fait,les francophones devraient se mettreau service du pluralisme linguistiqueet culturel11.

Différents outils d’information ont été développés au sein de la francophonie pour contribuer à combler le fossé induit par l’usagequasi exclusif de l’anglais dans lesdébats internationaux. Spécifiquement,un site portail Internet en français sera consacré à la préparation dusommet mondial sur le développe-ment durable de Johannesburg (http://www. sommetjohannesburg.org)12.Son objectif est de donner accès auxressources sur la gouvernance mondiale,et de faciliter le dialogue entre les différents acteurs du Nord et du Sudqui partagent l’usage du français.

11 Christian Brodhag, «Francophonie et environnement», Humanisme et Modernité, automne 2000.

12 Voir encadré en page 15.

(suite à la page 17)

L’information pour le développement durable 17

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

francophones doivent se concerter en français pour finale-

ment rédiger des amendements… en anglais. Ces allers-

retours entre ces deux langues conduisent souvent à des

traductions imparfaites et fluctuantes, ce qui pose des pro-

blèmes de compréhension et de perte d’identité et de culture.

Comme la plupart des concepts utilisés dans le domaine du

développement durable sont issus de débats qui se déroulent

en langue anglaise, un glossaire en langue française s’avère

une étape importante à la constitution d’un réseau de travail

en langue française.

Le développement durable s’est d’abord appelé développe-

ment soutenable14 pour le même mot anglais sustainable

development. La traduction française de l’Agenda 21 hésite

en traduisant sustainable 4 fois par soutenable, 7 fois par

viable et 51 fois par durable. Ce concept est dilué dans ces

multiples traductions. Il peut aussi y avoir des traductions

erronées qui perdurent : le global est traduit littéralement

de global en anglais (global change) qui signifie mondial ou

universel, et non ce qui est le véritable sens de ce mot en

français «considéré dans sa totalité».

Enfin la référence à la rationalité apparaît comme une preuve

que les langues véhiculent des modèles de représentation du

monde et de l’action sur ce monde. L’Agenda 21 fait état de

rationnel (225 occurrences) mot qui est rarement la traduc-

tion de rational (25 fois seulement) mais principalement du

mot sound (solide, juste, sain, 150 fois) par exemple dans

ecologically sound technology, mais on trouve aussi sustainable

(durable), optimized, efficient, appropriate.

Certains concepts mettent du temps à être traduits, et donc

compris et maîtrisés en langue française. Le mot anglais

governance, par exemple, traduit aujourd’hui par gouvernance,

est présent seulement 8 fois dans le texte original en anglais.

Il est absent de la traduction française de l’Agenda 21 de

1992. Ses traductions sont variables et se rattachent le plus

souvent à l’administration (4 fois) mais aussi à action,

moyens juridiques et institutionnels, gestion, niveau adminis-

tratif. Il a fallu attendre le sommet de la Francophonie de 1996

pour voir ce terme accepté en français. Encore utilise-t-on une

traduction différente selon le contexte. En effet le terme de

«corporate governance » est traduit dans la littérature des éco-

nomistes par «gouvernement d’entreprise ».

Inversement, des concepts clairs dans la langue française,

comme le mot terroir, n’ont pas d’équivalent dans les autres

langues. Or, la gestion des terroirs – à travers des outils de

labélisation comme les Appellations d’origine contrôlée (AOC)

– pourrait apporter une solution élégante à la préservation

de la biodiversité et des pratiques sociales et culturelles des

territoires, tout en les valorisant sur le marché15. De même

le mot «aménagement du territoire » n’a pas d’équivalent en

anglais ; « land planning » ne recouvre pas la même notion.

Mais au delà de l’anecdotique, ces différences de traductions

ne disent-elles pas une vision différente du rôle des pratiques

culturelles vis-à-vis du territoire, de l’alimentation, voire des

rôles respectifs de la société et du marché?

Une réflexion francophone sur les mots justes et leur traduc-

tion de l’anglais et en anglais est donc fondamentale. Sinon

des contresens peuvent se propager, et l’on peut disserter

sur l’étymologie de ces mots en construisant des théories fon-

dées sur… des imperfections de traduction. Il est essentiel

que le pluralisme des langues de travail subsiste au niveau

international pour porter différentes cultures et approches.

Un travail sur un thesaurus commun à l’ensemble de la

Francophonie dans le domaine du développement durable a

été initié dans le cadre du projet RELIEF (Action 9) financé

par le Fonds francophone des inforoutes, il a abouti à la publi-

cation d’une version préliminaire de 626 termes renvoyant à

189 références bibliographiques qui a été présentée à la

CDD9 en avril 2001. Des glossaires plus spécialisés sont éga-

lement disponibles : sur les changements climatiques ou le

mécanisme de développement propre à la demande de l’IEPF

et sur les outils économiques financés par la D4E du minis-

tère français de l’Aménagement du Territoire et de

l’Environnement. Ces glossaires sont disponibles en ligne à

l’adresse suivante http://www.agora21.org/encyclopedie/

glossaires.html.

(suite de la page 16 )

14 Dans l’édition française de 1989 du rapport Brundtland et même encore aujourd’hui dans certains documents européens qui utilisent simultanément les deux termes.

15 Christian Brodhag, «Pour une labélisation internationale des terroirs : un outil de développement durable », Objectif Terre, volume 1, no 2, avril 1999. Christian Brodhag, «Agriculture durable, terroirs et pratiques alimentaires », Courrier de l’Environnement de l’INRA, no 40, juin 2000, p. 33-45.

18 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

DÉCISION 9/4

INFORMATION POUR LA PRISE DE DÉCISIONS ET LA PARTICIPATION

Introduction

1. La disponibilité et l’utilisation des informations sont desthèmes communs à tous les chapitres d’Action 21. Au coursdes années qui ont suivi la Conférence des Nations Unies surl’environnement et le développement (CNUED), les pays detoutes les régions du monde ont consenti des efforts considé-rables pour améliorer la qualité, la cohérence et le rapport coût-efficacité de la collecte de données et d’informations. Dans cecontexte, il est essentiel d’investir davantage dans les êtreshumains, de reconnaître l’intérêt de points de vue différentset d’estimer la participation de toutes les parties prenantes àsa juste valeur pour permettre aux pays de tirer parti des pos-sibilités qu’offre la nouvelle économie du savoir. Il convient depromouvoir des médias indépendants et objectifs afin de leurpermettre d’apporter leur appui au développement durable.Toutefois, entre les pays et au sein des entités nationales, ladisponibilité et l’utilisation des informations présentent degrandes disparités. Les pays en développement qui ne possè-dent pas les infrastructures et les systèmes d’informationrequis et les couches de la population qui sont trop pauvrespour accéder aux sources d’information nouvelles restent à latraîne. Pour moderniser ou mettre en place leurs systèmesd’information, les pays en développement doivent pouvoir béné-ficier du transfert de technologie, renforcer leurs capacités etobtenir des ressources financières complémentaires, nou-velles, suffisantes et prévisibles, conformément aux disposi-tions du chapitre 33 d’Action 21 et aux dispositions desparagraphes 76 à 87 du programme relatif à la poursuite dela mise en œuvre d’Action 21.

Directives à l’intention du système multilatéral

2. Reconnaissant que l’amélioration de l’information pour la prisede décisions en vue de parvenir au développement durableexigera la mise en œuvre, au niveau international, de mesureset d’activités de coopération compatibles avec les conditions etpriorités nationales, et soucieuse d’aider les pays en développe-ment et les économies en transition à parvenir au développementdurable, la Commission :

Améliorations concernant l’exécution, la cohérence et la coor-dination des activités

a) Encourage les organisations internationales, y compris lessecrétariats des conventions internationales, à rationaliserleurs demandes d’information concernant les rapportsnationaux afin d’éviter le double emploi et pour ne pas fairepeser une charge excessive sur les pays, en particulier lespays en développement. Les organisations internationalesdevraient s’appuyer sur les actions déjà engagées pour amé-liorer la compatibilité des méthodologies de collecte desdonnées. Il y a lieu de préciser les raisons pour lesquelles

les données sont requises. Les demandes devraient désor-mais se faire non plus seulement en fonction des donnéesdisponibles mais plutôt en fonction des informations donton a besoin ;

b) Recommande l’amélioration de l’accès des pays en déve-loppement aux informations sur le développement durable,ainsi que l’adoption de mesures destinées à éviter que lacommercialisation de l’information ne devienne un obstaclepour ces pays ;

c) Préconise un meilleur accès des personnes handicapéesaux informations disponibles sur l’Internet ;

d) Préconise un renforcement de la coopération et de la coor-dination des observatoires et des programmes de recherchemondiaux, en vue d’une meilleure intégration des systèmesd’information à l’échelle mondiale, en tenant compte de lanécessité de veiller à ce que tous les pays partagent desdonnées intéressantes telles que celles provenant des obs-ervatoires au sol et celles obtenues au moyen des satel-lites de télédétection ;

e) Encourage les pays et les organisations internationalescompétentes à concevoir des systèmes d’information quipermettent le partage de données intéressantes, y comprisles données d’observation au sol ;

f) Préconise le développement et l’usage accru, par les paysen développement, de technologies innovantes telles queles systèmes d’information géographique et de cartographieà l’échelle mondiale, les techniques de transmissiond’images vidéo et les technologies de l’Internet pour latransmission des données satellitaires.

Formation et renforcement des compétences

g) Encourage les pays, en particulier les pays développés, encoopération avec les organismes internationaux compé-tents, le cas échéant, à :

i) Appuyer des activités de formation et de renforcement descapacités, en particulier dans les pays en développement,de façon à promouvoir une plus large utilisation des tech-nologies de l’information et de la communication, y com-pris en ce qui concerne les données satellitaires;

ii) Aider les gouvernements des pays en développement àacquérir l’infrastructure technologique qu’exige le déve-loppement durable, en ayant notamment recours au trans-fert de technologie, y compris le transfert de l’équipementet des logiciels nécessaires, et à mettre en œuvre à ceteffet des programmes de renforcement des capacités;

iii) Aider au renforcement des systèmes d’information etdes instituts de statistique nationaux afin de veiller à ceque les activités de collecte et d’analyse des donnéessoient menées avec efficience et efficacité et puissentrépondre à tout l’éventail des besoins des décideurs ;

COMMISSION DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

R a p p o r t s u r l e s t r a v a u x d e s a n e u v i è m e s e s s i o n

L’information pour le développement durable 19

L’information au service des savoirs nécessaires au développement durable

h) Recommande que l’on aide les pays, en particulier les paysen développement, à obtenir des données précises, cohé-rentes et fiables portant sur des périodes de longue durée,à utiliser les technologies de télédétection et les technolo-gies satellitaires pour la collecte de données et à continuerd’améliorer la qualité des observations au sol.

Indicateurs du développement durable

3. La Commission, reconnaissant que les indicateurs mis au pointdans le cadre de son programme de travail sur les indicateurs dudéveloppement durable sont seulement destinés à être utiliséspar les pays à titre volontaire et en fonction de leurs conditionsrespectives et qu’ils ne doivent donner lieu à aucun type de con-ditionnalité, qu’elle soit financière, technique ou commerciale:

a) Rappelle que la Commission doit examiner en permanencel’ensemble des indicateurs avec la pleine participation desÉtats Membres, en vue d’éviter tout double emploi etd’assurer la transparence, la cohérence et la fiabilité deces indicateurs ;

b) Souligne, conformément à la résolution 2000/27 du Conseiléconomique et social, que les indicateurs utilisés par leSecrétariat dans le cadre de l’application et du suivi coor-donnés et intégrés des grandes conférences et réunions ausommet organisées sous l’égide de l’ONU devraient être misau point avec la pleine participation de tous les pays etapprouvés par les organes intergouvernementaux compétents;

c) Note le rôle important que les gouvernements des 22 payspilotes ont joué dans la mise au point de son programmede travail sur les indicateurs du développement durable et,dans ce contexte, prend acte de l’utilité de cette démarcheet demande que l’on poursuive les travaux sur ces indica-teurs et sur d’autres indicateurs, conformément à la résolu-tion 2000/27 du Conseil ;

d) Encourage la poursuite de la mise au point de ces indica-teurs et d’autres indicateurs du développement durable, enfonction de la situation des pays et des priorités que cesderniers se fixent dans le cadre de la définition et de lamise en œuvre des objectifs du développement durable,notamment en ce qui concerne la prise en compte de laquestion de la parité, et encourage, le cas échéant, la par-ticipation de toutes les parties prenantes ;

e) Souligne la nécessité de continuer de mettre au point lesindicateurs permettant d’évaluer les progrès accomplis dansla réalisation des objectifs des conférences relatifs à la miseen place d’un environnement propice au développement ;

f) Demande instamment aux pays et aux organisations inter-nationales d’aider les pays en développement, s’il y a lieu,à se doter du potentiel nécessaire à l’élaboration des indi-cateurs nationaux du développement durable, notammentpar le biais d’un soutien financier, du renforcement descapacités, de l’assistance technique et de la mise en placede mécanismes de jumelage ;

g) Rappelle l’invitation faite par le Conseil à la Commission àservir de centre de coordination intergouvernemental pourl’étude des indicateurs utilisés par le système des NationsUnies aux fins de l’application et du suivi intégrés et coor-donnés à tous les niveaux des grandes conférences etréunions au sommet organisées sous l’égide de l’ONU, ainsi

que des méthodologies employées pour formuler ces indi-cateurs, y compris dans le cadre de l’élaboration des bilanscommuns de pays, et à faire des recommandations afin defaciliter à l’avenir l’examen de cette question par le Conseil ;

Recommandations concernant les activités menées au niveau national

4. Au niveau national, les gouvernements, prenant en compteleurs priorités et leurs situations respectives et appuyés, le caséchéant, par la communauté internationale, sont encouragés à :

a) Prendre des mesures pour assurer l’accès aux informationsrelatives à l’environnement, la participation du public à la prisede décisions et son accès aux processus judiciaires et admi-nistratifs relatifs à l’environnement, afin de promouvoir la miseen œuvre du principe 10 de la Déclaration de Rio sur l’envi-ronnement et le développement, tout en tenant pleinementcompte des principes 5, 7 et 11 de ladite Déclaration;

b) Recueillir et rendre disponibles les informations nécessairesà la prise de décisions pour le développement durable, ycompris en ce qui concerne les données ventilées par sexe,en intégrant, s’il y a lieu, les connaissances autochtoneset traditionnelles dans les bases de données utilisées pourla prise de décisions ;

c) Formuler des directives qui permettent d’établir une distinc-tion entre les renseignements spécialisés qui peuvent êtrecommercialisés et les renseignements qui devraient êtremis gratuitement à la disposition du public ;

d) Élaborer des stratégies visant à améliorer l’accès de toutesles composantes de la société aux technologies de l’infor-mation et de la communication, y compris aux technologiesde l’Internet, en vue de sensibiliser davantage l’opinionpublique aux questions relatives au développement durable ;

e) Utiliser les données et les conclusions issues des activitésde recherche et d’observation dans le processus de prisede décisions ;

f) Utiliser les renseignements relatifs aux résultats obtenusen matière de développement durable fournis par les prin-cipaux groupes intéressés, y compris le secteur privé, dansles processus de prise de décisions pertinents ;

g) Promouvoir, avec la participation du secteur privé, desmesures visant à donner aux pays en développement unaccès aux informations nécessaires à la promotion du déve-loppement durable ;

h) Pour encourager le développement durable, fournir notam-ment aux pays en développement, avec la coopération desorganisations internationales, l’infrastructure technologiquedont ils ont besoin et mettre en œuvre des programmes derenforcement des capacités qui touchent tous les secteursde la société ;

i) Établir des partenariats stratégiques avec les organisationsnon gouvernementales et le secteur privé afin d’encouragerla mise au point de méthodes novatrices d’établissement,de collecte et d’analyse des données ;

j) Encourager l’utilisation des connaissances traditionnellesaux fins d’une gestion rationnelle des ressources et descollectivités.

(suite de la page 18 )

20 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Ingénieur de recherche,

membre du

département

Entreprises et

développement durable

École nationale

supérieure des mines

de Saint-Étienne

(France)

a quête de l’information repose sur l’utilisation des moteurs de recherche,qui présentent tous des intérêts mais aussi des lacunes qui relèvent en partiede la structure d’Internet. L’accessibilité d’un document est fortement liée à saprésence sur le Web mais aussi au fait que les moteurs en connaissent l’existence.Ainsi, lorsque nous naviguons sur la toile, nous avons accès à l’informationconnue des moteurs, ce qui ne représente pas forcément l’ensemble de ladocumentation mise sur Internet.

Passées les difficultés de formulation des requêtes, de filtrage et de tri desréponses, il est alors possible de dresser un tableau de l’Internet perçu parl’intermédiaire des moteurs de recherche.

L’environnement sur Internet Concernant le domaine de l’environnement, en utilisant un panel de moteurs,il est intéressant de constater que la présence du français a plus que quadruplédepuis quatre ans (voir figure 1). Toutefois, elle ne représente encore que 9%de l’information disponible. L’environnement n’est donc pas un sujet qui faitexception et la prédominance de l’anglais, qui est souvent reconnue commela langue de l’Internet, est encore bien marquée. Cette tendance est d’autantplus manifeste que pour certains moteurs, le fait de ne pas préciser le langaged’interrogation suppose implicitement l’utilisation de l’anglais.

La présence du françaisdans l’Internet de l’environnement et du développement durable1

La présence du françaisdans l’Internet de l’environnement et du développement durable1

@[email protected]

FLORENT BREUIL

Le débat et les expériences sur l’environnement et ledéveloppement durable sont aujourd’hui largement véhiculés par Internet et donc théoriquement accessiblesà tous. Évidemment, l’essentiel de l’information disponibleest en anglais et la présence du français reste faible.Ce constat est aussi bien valable pour l’information enprovenance ou en direction des pays du Sud que pour les serveurs des Nations Unies qui ont pourtant unevocation multilingue.

1 Étude effectuée dans le cadre du projet RELIEF, coordonné par l’IEPF et financé parle Fonds francophone des inforoutes.

L

AltaVista Yahoo Lycos WebCrawler Infoseek Google0 %2 %4 %6 %8 %

10 %12 %14 %16 %18 %20 %22 %

Déc. 00

Juil. 00

Mars 98

Juin 96

moyenne 12/2000 : 9% moyenne 1998 : 5% moyenne 07/2000 : 4% moyenne 1996 : 2%

La place respective des acteurs dupaysage francophone peut être appro-chée par l’analyse de l’occurrence dessuffixes des noms de domaines dessites identifiés (.be, .ca, .ch, .com, .fr,.org, etc.).

Les résultats montrent que le Canadaet la France sont les pays les plusreprésentés au sein de l’espace franco-phone depuis 1998 (voir figures 2 et 3).La France montrait un certain retarden 1997, mais elle a réalisé une bonneprogression pour présenter, lors del’enquête 2000, plus de référencesque le Canada, au niveau duquel elles’est hissée. La relative constance duCanada s’explique par son avance enmatière d’Internet acquise dès 1997,qui ne le situe plus alors en termes decroissance du nombre de pages ou desites, mais en termes de structurationet de maturation de l’offre. Les payscomme la Suisse et la Belgique sont,quant à eux, moins représentés et don-nent des résultats relativement stablessur deux ans. Les sites appartenant àd’autres pays sont regroupés sous larubrique «divers» et commencent àprendre activement part à la diffusiond’information sur Internet. Une analyseplus fine permettrait de faire ressortirla part de cette croissance due auxpays francophones du Sud.

Un autre fait marquant est la progres-sion des acteurs de la société civile(associations et ONG), ce qui dénotede la démocratisation de l’Internetenvironnemental francophone.

En conclusion, en matière d’environ-nement, l’information francophonereprésente entre 1 et 20% de l’infor-mation connue par les moteurs derecherche. Nous constatons une netteprogression depuis 1996 (2% surl’ensemble des moteurs) qui s’estaccélérée durant le deuxième semestre2000 pour passer de 4 à 9%, maiscette présence reste néanmoins faible.

Enfin, les limites induites par lesmoteurs de recherche peuvent êtresurmontées par des approches activesde constitution de bases de donnéesspécialisées et de réseaux d’experts.

L’information pour le développement durable 21

La présence du français dans l ’Internet de l ’environnement et du développement durable

Poids de la francophonie dans l’internet environnemental

Figure 1

Divers4%

France34%

Canada34%

ONG6%

Suisse6%

Belgique5%

Commercial11%

Répartition par domaine des réponses du moteur AltaVista en 1998

Figure 2

Divers7%

France30%

Canada26%

ONG11%

Suisse5%

Belgique7%

Commercial14%

Répartition par domaine des réponses du moteur Google en 2000

Figure 3

Développementdurable

22,6%

25,2%

7,0%

22,1%

5,7%

4,3%

13,2%

100,0%

25,5%

Désertification

29,5%

12,2%

9,0%

25,5%

3,3%

2,3%

18,0%

100,0%

22,1%

Changementclimatique

14,9%

51,4%

4,5%

11,8%

2,1%

2,2%

13,1%

100,0%

2,6%

Biodiversité

27,2%

28,3%

7,4%

14,2%

4,6%

5,8%

12,5%

100,0%

4,6%

Environnement

35,0%

17,3%

17,8%

9,7%

4,8%

4,0%

11,3%

100,0%

7,7%

Répartition des réponses par domaine

France

Canada

Commercial

ONG

Suisse

Belgique

Divers

Total

Francophonie/tout l’Internet

mieux traitée avec une part voisinede 5%. Seule la problématique dela désertification fournit une massed’information proche de celle obtenuepour l’ensemble de la problématiquedu développement durable avec unscore oscillant entre 15 et 22%, ce quiest cohérent avec le poids de cetteproblématique, notamment pour lespays francophones africains.

L’analyse détaillée des résultats obtenuepar le comptage des occurrences dessuffixes des noms de domaine des sitestrouvés permet là aussi de dresser le

tableau de la représentation des diffé-rents acteurs de la francophonie (voirtableau 1).

En ce qui concerne le thème de labiodiversité, le diagramme en secteurest proche de celui obtenu à la mêmeépoque sur le terme «environnement»avec toutefois quelques nuances. Lesparts respectives du Canada et de laFrance sont bien équilibrées et ledomaine commercial est moins pré-sent. La sous-représentation du fran-çais dans ce domaine semble donc êtreimputable à la francophonie dans sa

22 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Des protocoles communs d’indexation(thesaurus, etc.) et des bases de don-nées de liens pertinents pourraientaugmenter l’accès à des informationsutiles, ce qui est l’objectif des projetsRELIEF et RESIDD2.

Le développement durablesur Internet

Sur l’ensemble du domaine du déve-loppement durable, qui est un sujettrès large, la francophonie représenteentre 26% et 29% des réponsesdonnées par les moteurs AltaVista etGoogle (voir figure 4). La francophonieest donc aussi bien, voire mieux, pré-sente dans ce domaine que dans celuide l’environnement. L’analyse desréponses obtenues concernant troisthématiques prédominantes du déve-loppement durable, la biodiversité, lechangement climatique et la désertifi-cation, qui ont fait l’objet de conven-tions internationales, montre que laprésence francophone est inégalementrépartie selon les thèmes.

En effet, la documentation présentesur Internet en langue française sur lechangement climatique ne représenteque 3% de la documentation dispo-nible. La biodiversité est légèrement

Tableau 1

Termes recherchés par AltaVista (décembre 2000)

2 Voir encadrés RELIEF en page 23 et RESIDD en page 14.

0 %

5 %

10 %

15 %

20 %

25 %

30 %

35 %

Développementdurable

Biodiversité Changementclimatique

Désertification

Google

AltaVista

Répartition par thème des réponses données par AltaVista et Google pour des requêtessur la problématique du développement durable en décembre 2000

Figure 4

(suite à la page 24)

L’information pour le développement durable 23

La présence du français dans l ’Internet de l ’environnement et du développement durable

Le 5 juin dernier, à l’occasion de la Journée mondiale de l’envi-

ronnement, le portail Internet du Réseau de liaison et d’échange

de l’information environnementale francophone (RELIEF) était

lancé. Ce projet, financé par le Fonds francophone des inforoutes,

est animé et coordonné par l’Institut de l’énergie et de l’envi-

ronnement de la Francophonie, organe subsidiaire de l’Agence

intergouvernementale de la Francophonie en collaboration avec

l’Observatoire de l’écopolitique internationale (OÉI) de l’Institut

des sciences de l’environnement de l’UQAM (Montréal), Agora

21 (École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne –

France) et le Réseau pour l’environnement et le développement

durable en Afrique (REDDA – Côte d’Ivoire).

Le projet RELIEF vise à combler le déficit informationnel des

pays francophones dans le domaine du développement durable.

Un des objectifs majeurs de RELIEF est de favoriser l’expansion

des compétences nationales au sein de l’espace francophone

dans ce domaine et ainsi renforcer la présence de la Franco-

phonie sur la scène des négociations internationales.

RELIEF L e R é s e a u d e l i a i s o n e t d ’ é c h a n g e d e l ’ i n f o r m a t i o ne n v i r o n n e m e n t a l e f r a n c o p h o n e

LA PAGE D’ACCUEIL DE RELIEF

RELIEF s’articule autour de 10 actions complémentaires :

1. Renforcement des capacités des pays du Sud – Consiste à dimi-nuer les écarts de niveaux d’information entre les acteurs con-cernés par les conférences internationales en leur ouvrantl’accès aux documents et données importantes en français, àtravers la pratique et la maîtrise du réseau. À ce jour, on a pro-cédé à un recensement des besoins exprimés par les expertsafricains francophones en la matière et organisé deux univer-sités d’été sur l’utilisation des nouvelles technologies de l’infor-mation dans le domaine du développement durable.

2. Centre de documentation et d’information virtuel (Cediv) –Présente une banque de données accessible par Internet, four-nissant des notices bibliographiques aux usagers. Ce centre apour objectif de favoriser l’accès à l’information stratégique delangue française sur le développement durable et d’améliorer ladiffusion, la circulation et l’échange d’informations entre tousles pays de l’espace francophone. La particularité du Cedivréside dans sa capacité à collecter la littérature griseet l’information pertinente difficilement accessible.

3. Traduction – Facilite la traduction en langue françaisede rapports ou informations stratégiques existant enanglais.

4. Annuaire des sites francophones – Réalise et gère uneliste des sites Internet francophones sur l’environne-ment et le développement durable. Actuellement plusde 500 sites sont recensés.

5. Calendrier des manifestations et événements – Établitet met à jour un calendrier des événements liés audéveloppement durable.

6. Forum de discussion en français – Anime Médiaterre,une liste de diffusion francophone modérée sur le déve-loppement durable, vecteur d’échanges d’information etde discussions, qui comprend 1200 abonnés.

7. Débats thématiques – Organise des débats sur dessujets spécifiques à visée opérationnelle («concertationsvirtuelles») ou informationnelle dans la perspective desrendez-vous internationaux.

8. Suivi de la présence du français au niveau international – Faitle suivi de la présence relative du français dans les domainescouverts par RELIEF sur les sites des organismes internatio-naux, afin de sensibiliser les décideurs francophones et de sti-muler la diffusion en français des textes importants dans ledomaine du développement durable.

9. Thesaurus – Développe un thesaurus commun à l’ensemble dela Francophonie dans le domaine du développement durableafin de disposer de concepts et de mots clés communs (450descripteurs) qui permettent une organisation cohérente del’information. Quatre glossaires techniques en ont été extraits(développement durable, climat, outils économiques de l’envi-ronnement, mécanisme de développement propre).

10. Portail RELIEF – Propose un portail Internet commun auxquatre partenaires, hébergé sur leur site respectif et acces-sible à tous.

Pour accéder au portail RELIEF : www.iepf.org/relief

24 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

globalité. Il peut donc apparaître auxyeux de l’internaute que l’ensemble dela francophonie a soit beaucoup moinsd’informations à proposer sur la biodi-versité que le monde anglophone, soitque son effort pour mettre de l’infor-mation à disposition de l’Internet estglobalement moins important.

Pour ce qui est du changement clima-tique, le diagramme montre un fortdéséquilibre en faveur du Canada quicomptabilise plus de la moitié desdocuments mis sur Internet. Laréponse du moteur peut donc laisserpenser à l’internaute que la préoccu-pation en matière de changement cli-matique est d’une part essentiellementanglo-saxonne et qu’au sein de la fran-cophonie, seul le Canada se sent plusparticulièrement concerné.

Le diagramme obtenu pour le thèmede la désertification est sensiblementdifférent, à la fois des deux précédentsainsi que de celui réalisé pour le terme«environnement». La raison en est laprésence marquée des sites portés parles acteurs de la société civile avecune forte proportion des sites au nomde domaine en «.org». Les sitesclassés dans la catégorie «divers» sontégalement bien représentés et il fautsans doute voir là l’influence de laprésence des pays francophones duSud, qui sont plus particulièrementconcernés par cette problématique.Une étude plus approfondie, utilisantdes outils d’exploration plus perfec-tionnés du Web, pourrait peut êtrepermettre de valider cette hypothèse.

En fonction du thème abordé, lamasse d’information disponible surInternet n’est donc pas égale et lafrancophonie peut paraître plus con-cernée par la désertification que par labiodiversité ou le changement clima-tique. Cela montre qu’une politiquede production de données issuesnotamment des pays du Sud destinéesau Web est une priorité pour rééquili-brer la «vision» que l’on peut avoir deces thèmes sur l’Internet. Le principalenseignement de cette étude, toutescatégories confondues, est le déficitdramatique de la présence d’informa-tions issues des pays du Sud. Ce

déficit est la conséquence de deuxeffets conjoints:

• le premier est, bien entendu, lefaible nombre de documents et desites Web édités par les pays du Sud(même si la méthode utilisée dansnotre étude introduit un biais: lesdonnées des pays du Sud hébergéessur des sites de pays du Nord nesont pas comptabilisées, mais celane change pas fondamentalementle problème),

• la seconde cause est la faibleindexation de ces rares sites par lesmoteurs de recherche.

Le projet RESIDD, basé sur le renfor-cement des capacités des pays du Sudà gérer des sites Internet, devrait con-tribuer, modestement, à diminuer lepremier effet. Le projet RELIEF quivise à identifier les ressources et cons-tituer des bases de données de liens,contribue à minimiser le second effet.

Les sites onusiens sur Internet

Un même moteur de recherche a étéutilisé pour suivre pendant trois ansl’évolution de la langue française, tellequ’elle serait perçue par l’internaute,au sein d’un panel de huit sites du sys-tème de l’ONU. Nous avons retenucinq sites appartenant directement auProgramme des Nations Unies pour

l’Environnement, ainsi que les sitesdes trois grandes conventions sur labiodiversité, le changement clima-tique et la désertification issues duSommet de la Terre.

Constat assez rapide: le français esttrès sous-représenté dans les sites duPNUE, hormis pour deux d’entre eux,localisés dans des pays francophones,soit les sites «irptc.unep.ch» et«www.unepie.org», respectivementhébergés en Suisse et en France. Sipour les sites où le français est presqueinexistant nous ne notons pas d’évolution, en revanche, le site«www.unepie.org» montre une régres-sion constante depuis trois ans. Le site«irptc.unep.ch» maintient quant à lui,sur l’ensemble de la période, un taux dedocuments en français proche de 10%.

Le site de la Convention cadre sur leschangements climatiques propose trèspeu de documents en français, moinsde 1% sur l’ensemble de la période1999-2000. Signalons toutefois qu’unportail spécifique en français existesur le site depuis septembre 2000.

Dans ce sens, des efforts ont été faitspar le secrétariat de la conventionpour rendre disponibles des docu-ments en français au format pdf (voirtableau 2). Malheureusement, ce typede documents n’est pas pris encompte par AltaVista, comme par lamajorité des moteurs de recherche.

0 %

5 %

10 %

15 %

20 %

25 %

AltaVista déc. 00 AltaVista juin 99 AltaVista mars 98

www.unep.ch www.unep.org www.unep.or.jp www.unfccc.de

Présence du français dans les sites du PNUE et des grandes conventions sur l’environnement

Figure 5

Références françaises

5

333

338

Pourcentage

0,60%

34,54%

18,83%

Type de documents

HTML

PDF

TOTAL

Références globales

831

964

1795

Le site de la Convention sur la biodi-versité prévoyait, depuis le début del’enquête, une interface en français,car un drapeau français laissait pré-sager le développement de pages fran-cophones. En outre, des documentsen format pdf étaient là aussi large-ment présents, bien que non repéréspar les moteurs de recherche.

La volonté de développer une inter-face HTML au moins partielle en fran-çais s’est concrétisée, ce qui donne,selon AltaVista, un résultat proche de10% en 2000. Ce site devient doncabordable à un public francophone.

Le site de la Convention sur la désertification (non évalué en 1998)montre une certaine stabilité selon lesdeux dernière années. Il est égalementcelui où le français est le plus large-ment représenté. Si nous comparonsses résultats aux valeurs obtenues pourla présence du français sur l’ensemblede l’Internet pour les termes «envi-ronnement» et «développementdurable», nous pouvons dire que cesite est tout à fait dans la norme avecun score avoisinant 20%.

En prévision du Sommet mondial surle développement durable qui sedéroulera en septembre 2002 àJohannesburg et dont l’objectif est,entre autres, de dresser le bilan desdix ans écoulés depuis la Conférencedes Nations Unies sur l’environne-ment et le développement, un siteofficiel est ouvert à l’adresse«www.johannesburgsummit.org». Lesdocuments importants sont disponi-bles en langue française, mais toutel’interface du site est anglophone, sibien qu’il faut naviguer dans le site enanglais avant de repérer les mentions«(French)». De plus, ces documentsy figurant au format Word, il y a peude chances pour que les moteurs derecherche les identifient. L’informa-tion est donc disponible mais elleest difficilement accessible pour desnon-anglophones. Pour pallier cettedifficulté, le projet de portail francophone3 dont l’adresse est«www.sommetjohannesburg.org»développe une interface dont lebut est de mobiliser les acteurs

L’information pour le développement durable 25

La présence du français dans l ’Internet de l ’environnement et du développement durable

3 Développé avec le soutien de l’IEPF et du Gouvernement français (MATE, MAE).Voir encadré en page 15.

francophones en vue de la préparationdu Sommet mondial.

* * *La diffusion de l’information surl’environnement et le développementdurable ainsi que son accessibilité auplus large public possible, notamment

grâce à Internet, doivent être vuescomme faisant partie de toute stra-tégie de développement durable. Deplus, le renforcement des capacitésdans le but de développer largementles TIC dans les pays du Sud participeau processus visant à réduire le fosséentre le Nord et le Sud.

Représentativité définie par une visite approfondie du site en juin 1999

Tableau 2

AGORA 21

L’association Agora 21 est au service de l’ensemble de la communauté concernéepar l’environnement et le développement, qui s’exprime en langue française.

Son site Internet http://www.agora21.org/ vise un large éventail d’acteurs : Étatset administrations publiques, collectivités locales et organismes internationaux,associations et secteur économique, scientifiques et communauté éducative,simples citoyens.

L’objectif premier d’Agora 21 est de permettre à ces différents groupes d’avoiraccès à des informations en langue française et d’échanger pour approcher lesproblèmes de durabilité de façon transversale et transdisciplinaire, en renfor-çant la capacité de chacun et en facilitant les échanges et l’intégration des don-nées. Cette volonté repose sur des considérations théoriques pour lesquellesles réseaux hybrides jouent un rôle essentiel dans la mise en place du déve-loppement durable1

Le second objectif est de développer l’usage de la langue française sur cesthèmes dans le sens du pluralisme des langues au plan international.

Le troisième est la recherche/développement sur de nouveaux outils et approches.

Avec près de 55 000 connexions hebdomadaires et les 1200 abonnés quecompte la liste de diffusion Mediaterre, le site agora21.org est aujourd’huiincontournable. L’association bénéficie de l’environnement de l’École nationalesupérieure des mines de Saint-Étienne.

L’équipe d’Agora 21 est partagée entre l’association qui porte le même nomet une équipe de l’École des mines/ARMINES. Elle gère différents projets dontRESIDD et le site portail pour le Sommet de Johannesburg.

1 Christian Brodhag, Comment rendre opérationnelle la gestion sociale de l’eau grâce auxcentres de ressources?, Premières Journées Scientifiques « La Gestion Sociale de l’Eau:rôles de l’Université et partenariats « Chaire Unesco Interdisciplinaire pour une GestionDurable de l’Eau, Ecole Hassania des Travaux Publics, Casablanca – 22 et 23 mars 2001,http://www.agora21.org/articles/brodhag01a.htm

26 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Chargée de programme

Indicateurs

environnementaux

Département des

synthèses de

l’Institut français de

l’environnement (IFEN)

(France)

Les objectifs du programme de la CDD-NU

’objectif du programme Indicateurs de développement durable de la CDD-NU est de faciliter, d’ici à l’an 2001, la diffusion et l’utilisation de telsindicateurs par les décideurs nationaux. Cette action vise également une harmonisation de l’information produite sur le développement durable dans les différents pays afin de disposer de comparaisons internationales.

Ce programme de travail porte sur une série initiale de 134 indicateurs, mise au point par les différentes instances des Nations Unies avec la collaborationdes principales organisations internationales (OCDE, Banque mondiale, UICN…).Les 134 indicateurs sont classés selon la structure Force motrice-État-Réponse,dérivée du cadre Pression-État-Réponse de l’OCDE. La sélection est ensuitedéclinée suivant les différents chapitres de l’Agenda 21, et répartie en quatre

L’expérience du test des indicateurs dedéveloppement durable des Nations Unies

L’expérience du test des indicateurs dedéveloppement durable des Nations Unies

@[email protected]

CÉCILE DORMOY

Le sommet de Rio a affirmé la nécessité de disposerd’une information quantitative pour mesurer nos progrèsvers la durabilité. Dans son chapitre 40, l’Agenda 21appelle à l’élaboration par les pays, les organisationsinternationales et non gouvernementales, d’indicateursde développement durable afin qu’ils constituent unebase utile pour la prise de décision. C’est pour répondreà cette demande que la Commission du développementdurable des Nations Unies (CDD-NU) a adopté, lors desa 3e session en 1995, un programme de travail visant àélaborer des indicateurs de développement durable (IDD).

Le présent article, après avoir rappelé les objectifs duprogramme « indicateurs » de la CDD-NU, dresse unbilan des expériences de tests réalisées en France eten Tunisie. Pour finir, une présentation du programmenational sur les IDD mené par l’IFEN est donnée.

L

catégories : sociale (41 indicateurs),économique (23 indicateurs), environ-nementale (55 indicateurs), institu-tionnelle (15 indicateurs) (tableau 1).

Chaque indicateur est décrit dans unefiche méthodologique qui précise leurmode de calcul, dont l’ensemble a étépublié dans le Blue Book en 1996, puistraduit en français et publié dans leLivre Bleu en 19991.

Les indicateurs ont ensuite été testésdans 22 pays d’Europe, d’Afrique,d’Amérique du Sud et d’Asie, dontquatre pays francophones (Belgique,France, Maroc, Tunisie), rejointspar la Suisse en 1999. Les objectifsdu test étaient :

• d’examiner la pertinence politiquede ces indicateurs dans le contextenational, en identifiant les prioritésnationales dans le domaine dudéveloppement durable et lesindicateurs de la liste correspon-dant à ces priorités ;

• de vérifier les possibilités dechiffrage de ces indicateurs, en sedemandant quels étaient les indica-teurs de la liste actuellement utiliséset par quels organismes, et quellesétaient les données collectées danscette optique ;

• et d’évaluer les besoins institution-nels associés à l’organisation desdifférentes étapes de productiondes indicateurs (collecte, traitement,élaboration des indicateurs, analyse,diffusion).

Le test françaisEn 1997, la France s’est portée candi-date pour tester les 134 indicateursproposés par les Nations Unies. Leministère chargé de l’Environnement aconfié cette tâche à l’Institut françaisde l’environnement (IFEN), établisse-ment public dédié à l’information envi-ronnementale, placé sous sa tutelle.

Les aspects méthodologiques et depertinence politique ont été examinésséparément. Interrogés à l’aide d’unquestionnaire, une centaine d’expertsont participé à l’exercice : responsablesstatistiques (INSEE, services statisti-ques des ministères), membres de laCommission française de développe-ment durable, du gouvernement, de lacommunauté scientifique et d’ONG.

Le test a permis d’évaluer la capacitéde l’appareil statistique français àfournir les données nécessaires aucalcul des indicateurs. La disponi-bilité des données est satisfaisantepuisqu’elles sont actuellement collec-tées pour une centaine d’indicateursde la liste. Une cinquantaine d’indica-teurs est calculée et publiée régulière-ment en France (ex. PIB par tête, tauxde chômage, taux de croissance dela population urbaine, émissions depolluants). Cependant de nombreusesdifférences méthodologiques ont étérelevées, en particulier pour lesindicateurs environnementaux, liéesaux définitions utilisées en France

(ex. production et recyclage desdéchets), au choix des paramètres dequalité (ex. eau potable), aux spécifi-cités territoriales, ou encore aux outilsde mesure utilisés (IFEN, 1998).

Sur le plan de la pertinence politique,la principale critique formulée soulignele manque de spécificité des indica-teurs proposés vis-à-vis la définitiondu développement durable fourniepar le rapport Brundtland. La plupartdes indicateurs mesurent avant tout leniveau de développement du pays surles plans social (pauvreté, démographie,éducation… ), économique (à l’aidedes agrégats monétaires classiques),environnemental (où seuls quelquesindicateurs apparaissent innovants,dont le chapitre 10, «Approcheintégrée de la planification/gestiondes terres», par exemple), et institu-tionnel (indicateurs de type oui/nonpour la plupart).

Les critiques ont également porté surle choix de la structure, qui montreici ses limites pour illustrer la problé-matique de la durabilité, en offrantpeu de possibilités d’intégration desdifférentes dimensions du développe-ment durable.

Enfin, certaines problématiques,jugées prioritaires en France commeen Europe, manquaient à la sélection :la lutte contre le bruit, le développe-ment d’un tourisme durable, la poli-tique des transports et la maîtrisedes risques technologiques majeurs.

On peut regretter cependant le peud’écho dont a bénéficié l’exercice

L’information pour le développement durable 27

L’expérience du test des indicateurs de développement durable des Nations Unies

État

– Intensité de l’utilisation dematières premières et secondaires

– Réserves en eaux souterraines

Réponses

– Traitement des eaux usées– Densité des réseaux de mesures

hydrologiques

Chapitre de l’Agenda 21

Chapitre 4 : Modification des modesde consommation

Chapitre 18: Protection des res-sources en eau douceet de leur qualité

Force motrice

– Consommation énergétiqueannuelle

– Consommation d’eau par habitantpour les besoins domestiques

Indicateurs économiques

Indicateurs environnementaux

Exemples d’indicateurs proposés par les Nations Unies

Tableau 1

1 Nations Unies, 1999, Indicateurs du développement durable – Structure générale et aspects méthodologiques.

auprès des décideurs français (il n’y apas eu de véritable débat), qui auraitpu faire suite aux travaux de réflexionengagés par la Commission françaisede développement durable (stratégieadoptée en 1996).

Les travaux nationaux menés enparallèle sur les indicateurs de déve-loppement durable en France (voirencadré page 29), mais aussi enEurope (Royaume-Uni, Suède…)expliquent en partie cette distanceprise avec le test des Nations Unies.

Le test tunisienPour favoriser le partage d’expérienceet le renforcement des capacités,les Nations Unies ont encouragé

les « jumelages» entre pays-tests :la Finlande et l’Afrique du Sud,l’Allemagne et le Brésil, et la Franceet la Tunisie se sont ainsi associéspour réaliser le test.

Le test tunisien s’est déroulé en 1998-1999 dans le cadre d’une coopérationtripartite associant l’IFEN (avec l’appuidu ministère français de l’Aménagementdu territoire et de l’Environnement),l’Observatoire tunisien pour l’environ-nement et le développement durable(OTED) et le Plan Bleu (Pland’Action pour la Méditerranée).

Le test tunisien s’est inscrit dans uncontexte national et méditerranéendynamique en matière de travaux surles indicateurs. La Tunisie s’est dotéedès 1993 d’une Commission nationale

de développement durable (présidéepar le Premier ministre). Elle a adoptéen 1995 un Agenda 21 national.L’OTED a été mis en place par leministère chargé de l’environnementpour assurer la diffusion de l’informa-tion sur l’état de l’environnement etla mise au point d’indicateurs. Enfin,la Tunisie participe aux travaux de laCommission méditerranéenne dedéveloppement durable.

La démarche a consisté en 3 étapes-clés :

• Un séminaire de lancement dutest, qui a réuni une trentained’institutions.

• Un test de pertinence politique,qui a permis, sous la forme d’unatelier, d’identifier les indicateursles plus représentatifs des probléma-tiques nationales ; c’est l’Agenda 21national qui a servi de cadre deréférence pour la sélection (unecentaine d’indicateurs ont étéretenus). Les participants ont notél’absence ou la faiblesse des indica-teurs pour certaines problématiquesenvironnementales telles que le lit-toral et le tourisme, mais égalementsociales (les femmes et l’éducation).

• Un test technique qui a permisd’évaluer, à l’aide d’entretiens etd’un questionnaire les possibilitésde calcul des indicateurs par le sys-tème statistique national. Le test arévélé une bonne disponibilité desdonnées, en particulier pour lesindicateurs économiques et sociaux(qui font l’objet d’enquêtes et derecensements réguliers). Les indi-cateurs environnementaux sontles moins développés : si certainsdomaines sont bien couverts(statistiques agricoles, inventaireforestier, longues séries statistiquesmétéorologiques), d’autres fontl’objet de statistiques récentes(émissions et qualité de l’air parexemple) ou encore d’estimationsd’experts. Au total, une cinquan-taine d’indicateurs a pu être chif-frée au cours du test. L’OTED estainsi chargé du suivi et de la miseen œuvre de ces indicateurs.

28 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Le Ministère français des Affaires étrangères et de la

Coopération a souhaité munir les acteurs de l’énergie en

milieu rural d’un outil multimédia facilitant les échanges

d’informations entre les partenaires du Sud et du Nord.

Trois structures spécialisées dans les énergies renouvelables et le développement

se sont associées pour répondre à cette initiative et mettre à profit leur

complémentarité :

• la Fondation «Énergies pour le monde », FONDEM , spécialiste de l’énergie en

milieu rural,

• le Groupement de recherche et d’échanges technologiques, le GRET, spécialiste

en transfert de technologie,

• le Centre de coopération Internationale en recherche agronomique pour le dévelop-

pement, le CIRAD , spécialiste de la biomasse.

Son contenu et ses liens pré-établis vous informeront sur :

• les possibilités offertes par les énergies nouvelles et renouvelables pour l’électri-

fication et l’apport en énergie thermique en milieu rural ou périurbain, les coûts

d’investissement et d’exploitation des différentes options techniques, leurs atouts

et leurs limites ;

• les modalités d’investissement, de gestion et d’exploitation proposées par les

opérateurs privés ;

• les mécanismes d’aide financière élaborés par les grands bailleurs de fonds.

Enfin, une communication directe avec les trois partenaires du site vous est proposée

pour toute information complémentaire et personnalisée. Ouverts à vos suggestions,

nous vous souhaitons bonne navigation sur http://www.enerdev.org.

NOUVEAU SITE DÉDIÉ À L’ÉNERGIEPOUR LE DÉVELOPPEMENT DURABLE

Le bilan du test est donc positif tantdu point de vue de la participationdes institutions nationales (ministères,établissements publics, institutsstatistiques, universités et institutsde recherche) que des résultats. Letest a été perçu comme la premièreétape vers une structuration de la based’informations quantitatives sur ledéveloppement durable en Tunisie.

Les bénéfices de l’exercice résidenttout autant dans la démarche, qui apermis une sensibilisation des diffé-rents acteurs aux enjeux du dévelop-pement durable, ainsi qu’une plusgrande concertation et connaissancemutuelles, en particulier entre lesservices chargés de l’environnement,l’ensemble des ministères et les insti-tuts statistiques.

2001: le bilan du programme de la CDD-NU

Fin 2000, une quinzaine de pays avaientremis leur copie : retour d’expérienceaboutissant à l’élaboration d’une nou-velle liste de 58 indicateurs, incluantde nouvelles problématiques (trans-ports, moyens de communication,criminalité…), organisée selon unenouvelle structure, où l’entrée parthématiques-clés a été privilégiée.Cette sélection a été présentée enavril 2001 lors de la 9e session dela CDD-NU.

Cet exercice, en dépit de la lourdeurde sa mise en œuvre, a le mérited’avoir créé une émulation au planinternational, et avoir agi commecatalyseur des initiatives nationalessur les IDD, en fournissant une basede travail commune et une «passe-relle» entre les pays.

Du côté français, l’IFEN s’est engagéà poursuivre ce travail de coopérationet d’échange d’expériences sur lessystèmes d’information et d’indica-teurs de développement durable initiépar la CDD-NU.

En 2001, l’IFEN a proposé, àla demande du ministère del’Aménagement du territoire et de

l’Environnement, d’apporter son appuitechnique au Maroc, dans le projetde test des IDD que souhaitaitmener l’Observatoire national del’Environnement. Bien que dans lalignée de l’exercice onusien, ce projetde coopération s’inscrit ici dans lecadre des travaux de la Commissionméditerranéenne du développementdurable : ceux-ci ont débouché en1999 sur des recommandations invitantles parties contractantes à la conven-tion de Barcelone à calculer un jeu de130 IDD choisis de manière concertéepar les 20 pays méditerranéens sous lacoordination du Plan Bleu.

Le programme national surles IDD mené par l’IFEN

Parallèlement à son implication dansles travaux de la CDD-NU, l’IFENa conçu, à la demande de sa tutelle,un programme dédié à la réalisationd’indicateurs de développementdurable à l’échelle de la France.La réflexion s’est orientée vers uneméthode permettant d’articuler, etnon de juxtaposer, des indicateurs

relatifs aux trois dimensions dudéveloppement durable. Un cahierdes charges et une structure «modu-laire» originale ont été élaborés, aveccomme fil conducteur la définition dudéveloppement durable du rapportBrundtland (IFEN, 1997, voir encadré).

À partir de ce cadre méthodologique,la réflexion s’est appuyée en 1998et 1999 sur une large consultationd’experts, issus notamment du mondescientifique, pour faire émerger lesproblématiques-clés (IFEN, 1999).

Ces travaux de méthodes ont ensuitelaissé place à un processus de sélectiond’indicateurs, qui doit conduire en2001 et 2002, dans la perspective duSommet de Rio + 10, à une série depublications en français et en anglais.

* * *Devant une demande croissante enmatière d’indicateurs de dévelop-pement durable, on assiste à unfoisonnement d’idées, de méthodes,d’expériences. Cependant, malgré larichesse et la diversité de ces appro-ches, force est de constater que peude propositions remplissent à ce jour

L’information pour le développement durable 29

L’expérience du test des indicateurs de développement durable des Nations Unies

APPROCHE FRANÇAISE POUR LA CONSTRUCTIOND’INDICATEURS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE : UNE STRUCTURE EN 10 MODULES

1 Efficacité de l’appareil productif

2 Prélèvements et pollutions critiques

3 Gestion patrimoniale

4 Répartition et inégalités spatiales

5 Globalisation et gouvernance

6-7 Accès aux revenus, services et patrimoines, inégalités et exclusions

8 Satisfaction, préférences, engagement, politiques et gouvernance

9 Principes de responsabilité et de précaution

10 Résilience, adaptabilité, flexibilité, développement de la réactivité

L’idée est d’évaluer dans quelle mesure une certaine dynamique et structurationdu développement (module 1) est susceptible de satisfaire les besoins des géné-rations futures (modules 6 à 9), ce qui suppose un renouvellement approprié desdifférentes formes de capitaux et de patrimoines (modules 2 à 5). Le module 10essaie d’apprécier la capacité du système d’activités ainsi décrit à réagir à desévènements extérieurs (IFEN, 1997).

toutes les conditions requises pourla constitution d’un système d’indica-teurs cohérent et pertinent pour laprise de décision (structure permet-tant l’intégration des différentesdimensions du DD, sélection limitéeen nombre, équilibre entre innovationet pragmatisme…).

Une première difficulté (ou contra-diction) consiste à vouloir produireun nombre limité d’indicateurs, paressence synthétiques, pour illustrerune notion complexe, le dévelop-pement durable, dont le champ àcouvrir est immense. L’élaborationd’indicateurs de développementdurable doit donc être considéréecomme un projet de longue haleine :confrontation des points de vue,méthodologies et indicateurs s’enri-chissant au fur et à mesure, dansun processus d’apprentissage et detâtonnement.

30 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Bibliographie :

• Comeau A., Dormoy C., MajdoubM., Test des indicateurs de développementdurable des Nations Unies – Rapport de la Tunisie, ministère français del’Aménagement du territoire et del’Environnement, IFEN, ministèretunisien de l’Environnement et del’Aménagement du territoire, Agencenationale de protection de l’environ-nement, Plan Bleu, mai 2001.

• Dormoy C., 1998, Test des indicateursde développement durable des Nations Unies :rapport de la France, IFEN, Études &Travaux, no 17, juin 1998.

• Levarlet F., 1999, Les indicateurs dedéveloppement durable, Méthodes et perspectives, IFEN, Collection Étudeset travaux, no 24, octobre 1999.

• Rechatin C., Theys J., 1997,Indicateurs de développement durable :bilan des travaux étrangers et éléments deréflexion, IFEN, Note de méthode, no 8, Juin 1997.

Sites Internet

http://www.un.org/esa/sustdev/isd.htmhttp://www.ifen.frhttp://www.environnement.gouv.frhttp://www.planbleu.org

LA CONVENTION D’AARHUS

Convention de la Commission des Nations Unies pour l’Europe sur l’accès à l’infor-

mation, la participation du public au processus décisionnel et l’accès à la justice

en matière d’environnement.

Cette convention complète les textes non contraignants adoptés à ce jour (notam-

ment l’Agenda 21) et organise de façon formelle l’accès à l’information et la parti-

cipation du public en définissant un cadre juridique de recours devant la justice. Elle

considère que les États doivent avoir une approche proactive et non défensive vis

à vis de la diffusion de l’information, comme en témoignent les dispositions générales

de l’article 3 : «Chaque Partie tâche de faire en sorte que les fonctionnaires et les

autorités aident le public et lui donnent des conseils pour lui permettre d’avoir accès

à l’information, de participer plus facilement au processus décisionnel et de saisir

la justice en matière d’environnement (…) favorise l’éducation écologique du public

et sensibilise celui-ci aux problèmes environnementaux afin notamment qu’il sache

comment procéder pour avoir accès à l’information, participer au processus déci-

sionnel et saisir la justice en matière d’environnement (…) accorde la reconnais-

sance et l’appui voulus aux associations, organisations ou groupes qui ont pour

objectif la protection de l’environnement et fait en sorte que son système juridique

national soit compatible avec cette obligation. »

Cette convention a été élaborée par la Commission économique pour l’Europe des

Nations Unies (CEE/ONU) et adoptée par la 4ème Conférence paneuropéenne des

ministres de l’environnement à Aarhus (Danemark), où 37 ministres de l’environne-

ment d’Europe et d’Asie centrale l’ont signée. Sur les 40 pays signataires, seulement

17 l’ont ratifiée début septembre 2001: Albanie, Arménie, Biélorussie, Danemark,

Estonie, Géorgie, Hongrie, Italie, Kirghizstan, Kazakhstan, République de Moldavie,

Roumanie, Tadjikistan, Macédoine, Turkménistan et Ukraine. Si le nombre des signa-

taires reste à ce jour encore faible, il dépasse le seuil des 16, limite fixée dans l’article

20 de la convention. Elle pourra ainsi entrer en vigueur le 30 octobre 2001.

Sa généralisation au plan international comme une référence universelle n’a pas été

reprise lors de la neuvième session de la Commission du développement durable

des Nations Unies d’avril 2001. Le rapport sur les travaux reprend tout de même

le principe et propose de «prendre des mesures pour assurer l’accès aux informa-

tions relatives à l’environnement, la participation du public à la prise de décisions

et son accès aux processus judiciaires et administratifs relatifs à l’environnement,

afin de promouvoir la mise en œuvre du principe 10 de la Déclaration de Rio sur

l’environnement et le développement, tout en tenant pleinement compte des prin-

cipes 5, 7 et 11 de ladite Déclaration ». La lenteur de la ratification est sans doute

liée à une certaine réticence politique devant la transparence, mais aussi à la dif-

ficulté de mettre l’ensemble du droit à plat, en cohérence avec les propositions de

la convention. Pour la France, par exemple, cela implique notamment la réforme de

la procédure des enquêtes publiques. Le projet de loi relatif à la démocratie de pro-

ximité, qui propose l’élargissement de la définition du principe de participation

(article 48) et cadre le rôle de la Commission nationale du débat public, s’appuie

sur l’esprit de la convention.

La liste des signataires, des parties et l’avancement de la ratification peuvent être

trouvés sur le site http://www.unece.org/unece/env/pp/ctreaty.htm), et le texte

lui même sur le site http://www.agora21.org/aarhus/.

L’information pour le développement durable 31

Le programme de l’Agence

’Agence intergouvernementale de la Francophonie a lancé en 1989 unprogramme d’implantation de radios rurales locales destiné aux pays d’Afriqueet d’Asie. Il s’inspirait des expériences des radios libres et des radios commu-nautaires en Europe et en Amérique du Nord, et de celles des radios rurales afri-caines. Ces dernières, riches de 25 années de pratique, avaient fait le passaged’une radio strictement agricole à une radio de développement du monde rural.Le programme de l’Agence a repris cette dimension «développement» en luiajoutant le volet communautaire, afin de permettre aux populations d’exprimerleurs besoins et leurs attentes et donc de prendre en main certaines dimensionsde leur propre développement.

Après une décennie, le programme Radio de l’Agence compte aujourd’hui,au nombre de ses réalisations, 49 radios locales dont 45 installées en Afrique.Elles sont présentes sur les pays suivants : Congo (5), Centrafrique (4), BurkinaFaso (7), Bénin (5), Mali (4), Côte d’Ivoire (4), Guinée (4), Cameroun (5),Sénégal (5), Madagascar (2) et Vietnam (4). Elles ont un auditoire potentielde 12,5 millions de personnes. Des projets sont en cours pour la poursuitedu programme au Togo, au Niger, au Tchad, en République démocratique duCongo et dans l’Océan Indien. Ajoutons que d’autres radios ont été installéesdans le monde rural, issues d’initiatives volontaires locales, spontanées ouappuyées par des services de coopération.

Ces 49 radios fonctionnent sous le couvert d’une association de droit privéappartenant aux populations, elles détiennent une autorisation de diffusion de

Stratégies d’accès àl’information hors des grandsréseaux de communicationL’expérience de la Francophonie en matière de radio locale

Stratégies d’accès àl’information hors des grandsréseaux de communicationL’expérience de la Francophonie en matière de radio locale

Responsable

du programme

radio locale

Agence

intergouvernementale

de la Francophonie

(Paris, France)

Grâce aux radios locales installées par la Francophonie,des millions de ruraux des pays francophones du Suddisposent aujourd’hui de moyens permettant l’accès à une information qui les concerne directement et laconnexion sur les réseaux mondiaux pour des échangesde toutes sortes. Cela a un prix, et fonctionne sous certaines conditions.

@[email protected]

L

JEAN-PIERRELAMONDE

la part des autorités compétentes, et uncahier des charges décrivant leurs préro-gatives et responsabilités comme radiosdétenant un mandat de service public.Des collaborations sont entretenuesavec les radios rurales nationales despays dans lesquels elles sont implantées,afin d’assurer la complémentarité deleurs actions, et elles maintiennent desrelations fonctionnelles avec les minis-tères publics décentralisés comme avecles communes.

Elles sont dotées d’un matériel deproduction et de diffusion fourni parl’Agence. Dans les cas où le secteur n’estpas disponible, des systèmes à énergiephotovoltaïque sont installés, ce qui acomme avantage de réduire les fraisrécurrents. La formation du personnel,comme celle des comités responsablesde la radio locale, est la pièce maîtressesur laquelle repose la pérennité de lastation. Cette formation est dispenséepar le Centre interafricain d’étudesen radio rurale de Ouagadougou(CIERRO) à qui l’Agence confied’ailleurs les actions de suivi général.

Accompagner la décentralisation et collaborer à la constructionde la société civile

L’intervention proposée par l’Agencevise la mise en place de réseaux deradios servant de support aux actionsdéployées pour le développement dumonde rural. Les populations concer-nées disposent alors d’un lieu pourexprimer leurs avis sur les enjeux quiles concernent ; les organisationsœuvrant en faveur du développementsont dotées d’un moyen de communi-cation pouvant supporter leurs campa-gnes éducatives ; des programmes sontproduits et diffusés visant l’améliora-tion des conditions de vie des popu-lations, dans tous les domaines del’activité humaine ; les populationssont davantage conscientisées sur lesquestions environnementales, maîtri-sent mieux les aspects du droit lesconcernant et peuvent s’investir dansle processus de consolidation de lasociété civile.

Le financement de la radiorurale locale

Une organisation vit, en principe, desrevenus générés par la mise en œuvrede ses activités. Si la radio a été ins-tallée sur une zone populeuse à forteactivité sociale et économique, elle a«a priori» le potentiel pour assurer sasurvie. Pour celles et ceux qui ont lacharge de garantir cette survie, le défiest grand, surtout dans les pays où on apris l’habitude d’attendre beaucoup del’État. Les radios locales installées parl’Agence au Bénin brassent un budgetqui varie entre 20 et 30 millions defrancs CFA. Avec le même potentiel,d’autres responsables de stations se plai-gnent de ne pas avoir de salaire stable.

Afin de faciliter l’atteinte des objectifsd’autosuffisance des radios, des étudesde viabilité économique sont réaliséesen vue d’identifier, avant leur installa-tion, le potentiel sur lequel elles pour-ront compter pour tirer leur subsistance.

C’est principalement par des contratsde prestation de services que lesradios tirent le meilleur de leursrecettes. Comme bien des associationsà but non lucratif, les radios peuventavoir recours à des financementspublics ou externes (organismes gou-vernementaux, ministères décentra-lisés, communes, ONG, organisationsinternationales, coopérations bilaté-rales et multilatérales…).

Le réseau des radiosrurales et locales

L’Agence a instauré, au cours dubiennum 98-99, la mise en place d’unréseau des radios rurales et localesinstallées par elle au cours des der-nières années en Afrique. Ce réseauutilise les nouvelles technologies del’information et de la communication(NTIC), soit l’audionumérique, lamessagerie électronique, l’Internet etdes facilités satellitaires), et regroupe,outre les radios installées parl’Agence, les responsables nationauxde radio rurale, les radios ruralesnationales, le CIERRO, de même quedes partenaires du Nord et du Sud

engagés dans la communicationpour le monde rural. L’objectif généraldu projet Réseau est de renforcerles capacités des stations et de leurspartenaires, notamment par une miseen commun de ressources information-nelles, une intensification des échangeset du suivi, une meilleure circulationde l’information entre eux, et ainsid’apporter au monde rural un serviceradiophonique d’un meilleur niveau.

Les stations sont désormais reliéesentre elles, à l’intérieur d’un pays, etd’un pays à un autre. Chaque radio estéquipée d’une unité informatique avecune connexion Internet et une adressepour la messagerie électroniqueainsi que des accessoires pour l’audio-numérique. La coordination du Réseaudes radios (RER) est logée au Centreaudionumérique de Ouagadougou,sous l’égide du CIERRO. Elle s’occupede suivi, de renforcement organisa-tionnel et technique, de formationet de coproduction. Le RER sert ausside banque d’échanges d’émissions.Chaque station envoie des produc-tions et peut librement en commanderpour diffusion. Le catalogue est misà jour régulièrement. Un serveurInternet est disponible afin depermettre aux radios intéresséesd’échanger des informations, detélécharger des programmes danscertains cas, et de demander la diffu-sion de ces programmes sur le satel-lite, d’après les accords conclus entrel’Agence de la Francophonie et laFondation WorldSpace pour l’utilisa-tion du satellite Afristar.

Cas précis d’impact desradios rurales locales

De manière générale, la radio rurale,par son pouvoir de médiation, tempo-rise les conflits de plus en plus fré-quents entre agriculteurs et éleveurs,premiers installés et nouveaux arrivés,partisans de partis politiques différents,etc. ; elle favorise l’écoute d’instrumentsde musique traditionnels qui ont ten-dance à être écrasés par les systèmesde sonorisation moderne, elle améliorel’efficacité des campagnes médicales,elle diminue l’exode rural, elle contribue

32 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

NOUVELLEPARUTION EIE

Évaluation des impacts environ-

nementaux : vue d’ensemble

présentée par les sociétés

d’électricité est une mise à jour

du Manuel sur l’évaluation des

impacts environnementaux (EIE)

publié par le Réseau d’expertise

E7 pour l’environnement global

en 1997.

Cette nouvelle édition revue et

augmentée, produite en collabo-

ration avec l’Institut de l’énergie

et de l’environnement de la

Francophonie (IEPF), entend

répondre plus spécifiquement aux

besoins des pays francophones

en développement, dans leurs

contextes particuliers.

Le manuel présente les grandes

étapes de la démarche d’évalua-

tion des impacts environnemen-

taux telles que proposées par les

principales organisations interna-

tionales et adoptées par la majo-

rité des compagnies d’électricité.

Le document est disponible en

version papier et en version pdf

sur le site Internet de l’IEPF

(www.iepf.org).

Pour information : [email protected]

à l’élimination des feux de brousseintempestifs, elle favorise l’enracine-ment local de la démocratie, etc. Voiciquelques cas recensés, qui peuventparaître simples, mais qui ont induitdes changements significatifs :

• À Poura (Burkina Faso), à la suited’une campagne radiophoniqueappuyée par l’UNESCO, le tauxde scolarisation des filles est passéde 32% en 1993 à 64% en 1995.

• À Kongoussi (Burkina Faso), lesharicots verts, dont la culture avaitété introduite à des fins d’exportation,ne sont plus considérés comme«une nourriture de Blancs» aprèsque la radio eût montré les avan-tages d’une nourriture équilibrée,notamment pour les enfants.Auparavant on laissait pourrir lessurplus de haricots.

• À Labé (Guinée), la remarque d’unpaysan lors d’une discussion radio-phonique a incité toute la région àadopter une nouvelle méthode deconservation des oignons.

• À Kankan (Guinée), l’interventionde la radio rurale a évité uneconfrontation communautaire quiaurait pu tourner au bain de sang.Sa méthode : donner la parole auxsages des diverses communautés.

• À Kidal (Nord Mali), la radio acontribué à la réconciliation età l’entente communautaire.

• À Bignona (Sénégal), une étuded’auditoire montre que la radiorurale est leader dans sa zone dediffusion. Les auditeurs lui assignenttrois missions principales : les aiderà mettre fin à la tyrannie du riz(diversification de l’alimentation),maintenir la coexistence pacifiquedes différentes ethnies enCasamance, et enfin aider à la luttecontre la déforestation.

• À Niono (Mali), des marchandspeu scrupuleux avaient escroqué lesagriculteurs. Ceux-ci, fâchés, avaientalors décidé de ne pas rembourser lesprêts du crédit agricole, et la banquerefusait naturellement tout nouveaucrédit ; les paysans n’avaient donc pasles moyens d’acheter les semencespour la nouvelle saison. Comment

sortir de ce cercle vicieux? La radio aorganisé une série de discussionsd’une heure avec les villageois.Au cours de la deuxième émission,déjà la solution était trouvée : lesemprunts seraient remboursés pardes livraisons en nature, la banqueacceptait de faire de nouveaux prêts.Chacun gardait sa fierté. Un cerclevertueux pouvait repartir.

• À San Pedro (Côte d’Ivoire),l’UNICEF vient de constater queles résultats d’une campagne devaccination avaient dépassé sesobjectifs grâce à l’utilisation inten-sive de la radio.

• À Joal (Sénégal), la radio ruralediffuse chaque jour un bulletinmétéo à l’intention des pêcheurs aumoment de leur départ en mer, etleur fixe des rendez-vous d’écouteau cas où une tempête imprévuesurviendrait. En août 1999, lecyclone Cyndy avait provoqué lamort d’une trentaine de pêcheursde Joal. La même station donnechaque après-midi avec la collabo-ration du Service départementaldes Pêches, le cours du poisson etles quantités débarquées, ceci afinde lutter contre l’inflation des prixpratiqués par les mareyeurs.

Tout cela est important. Mais l’impactmajeur du programme se situe endehors des objectifs initiaux qu’ils’était assignés. Le programme del’Agence a en effet facilité le dévelop-pement du pluralisme radiophoniqueen Afrique. En effet, si le principedu pluralisme des médias est acceptépar la majorité des pays, sa mise enœuvre fait peur. Les dirigeants se sou-viennent en effet des horreurs de la« radio des mille collines» au Rwandaet des débordements ponctuels aux-quels le manque de formation profes-sionnelle et d’expérience a donnélieu dans le secteur de la presse écrite.Avec le programme de l’Agence, ilsse sentent rassurés : ce premier essaiest négocié, encadré, balisé en quelquesorte. Si l’expérience de l’Agencemarche bien, ils se sentent en confiancepour donner le feu vert aux autrescandidats nationaux désireux d’ouvrirune radio privée.

L’information pour le développement durable 33

Stratégies d’accès à l ’ information hors des grands réseaux de communication

34 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Chercheur

Centre d’applications

de recherches en

télédétection (CARTEL)

Université de

Sherbrooke

(Québec-Canada)

Objectif Terre… Depuis les satellites, une meilleureinformation pour contribuer à sauver les sols de notre planète

Objectif Terre… Depuis les satellites, une meilleureinformation pour contribuer à sauver les sols de notre planète

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FERDINAND BONN

Ce matin de juin, Yvan Dugrain, cultivateur dans le suddu Québec, est sorti tôt comme tous les jours pour observer si le maïs qu’il avait semé quelques semainesauparavant commençait à lever. Mais à la place dumaïs, un spectacle de désolation l’attendait: les fortsorages de la veille avaient transformé son terrain en unesérie de ravins rapprochés, une accumulation de terre et deboue avait obstrué le chemin qui passait au bas du champet le ruisseau qui arrosait sa propriété, habituellementlimpide, avait pris une couleur de café au lait. Il va falloirre-labourer une partie du champ, re-semer et remettredes engrais, une dépense majeure pour une petite exploitation. Est-ce une fatalité, un «act of God» commedisent les assurances, ou y aurait-il eu moyen d’éviterque cette perte de sol se produise? Des outils comme la télédétection spatiale et la géomatique permettent de recueillir et préparer l’information sur laquelle se fondent les décisions «conjuratoires» de cette fatalité.

Les sols : un capital fragile et irremplaçable

e monde dans lequel nous vivons est le résultat d’une longue évolutiongéologique, biologique et climatique. Les sols, quant à eux, se développentpar pédogenèse à partir des roches ou des formations superficielles par unelente altération climato-bio-chimique du matériel minéral que les pédologuesappellent « roche mère». La pédogenèse est alimentée par la décompositionde la matière organique sous forme d’humus et la lente percolation des produitsqui en résultent. Quand ils sont jeunes et peu développés, les sols ressemblentbeaucoup à la roche mère ; au fur et à mesure de leur évolution, qui peutprendre des milliers d’années, ils intègrent l’histoire de la végétation et duclimat. Ils contiennent de la matière organique et sont soumis à des processus

L

Le 26 juin 2001, M. El Habib Benessahraoui, Directeur exécutif de l’IEPF, assis-tait à l’inauguration d’une microcentrale hydraulique d’une puissance de 42,4 kWà Tsarasoatra (sous-préfecture d’Ambositra, Madagascar). La cérémonie s’estdéroulée en présence du vice-président du Sénat M. Rakotonzandriorainy, dudéputé de la région M. Ralaija Ernest, du préfet M. Randriambeloson, du maired’Ambositra Mme Rakotoarisoa, du maire de Tsarasaotra M. Razafimanantena,du président de l’ONG Amontana M. Rapelanoro, et d’autres notabilités de larégion dont M. Alfred Rakotonjanahary, membre du Conseil d’orientation de l’IEPF.

Lors d’une allocution, M. Benessahraoui a souligné l’exemplarité de ce projetpar la forte implication des habitants et bénéficiaires et l’appui des autoritéslocales et provinciales, et a remercié tous les partenaires, et notamment ceuxde la Région Wallonne. La microcentrale de Tsarasoatra est un atout précieuxpour les agriculteurs de la région qui profitent ainsi d’une énergie essentiellepour leur confort et pour la valorisation de leurs productions agricoles.

Pour plus d’information : [email protected]

MICROCENTRALE HYDROÉLECTRIQUEÀ MADAGASCAR

d’évolution en fonction de la végétationqui les couvre. Les sols d’Europe et dunord de l’Amérique se sont formés engrande partie durant la période post-glaciaire, soit au cours des derniers10 000 ans. Ils sont le résultat desconditions de végétation qui ontprévalu, soit d’abord la forêt sur laplupart des sites, puis l’agriculturedepuis le néolithique.

Les grandes civilisations commel’Empire romain ont amené avec ellesdes extensions importantes des zonescultivées au détriment de la forêt,mais des reprises forestières ont eulieu plusieurs fois dans l’histoire. Lapédogenèse est un phénomène lent,qui a besoin d’un apport permanentde matière organique et d’eau pourpouvoir fonctionner. Le renouvelle-ment des sols est de l’ordre de 1 à3 tonnes par hectare et par an, quandl’apport de matière organique est suf-fisant. Cela varie, bien sûr, selon lesconditions climatiques. Cet apport dematière organique qui forme l’humus,combiné avec les matières minérales,agit un peu à la manière d’une collequi commande la stabilité des agré-gats, la capacité de rétention d’eau etla capacité d’échange des cationsminéraux, sources de nourriture de lavégétation, donc de la fertilité du sol.

La productivité de tous les écosys-tèmes, le départ des chaînes alimen-taires et toutes les sociétés humainess’appuient sur cette mince tranchede la surface terrestre qui n’a qu’unevingtaine de centimètres d’épaisseuren moyenne, située à l’interface dumonde minéral et du monde orga-nique. La lenteur du renouvellementnaturel de la ressource-sol a pourconséquence qu’à toutes fins pratiquesil faut la considérer comme une res-source non renouvelable à l’échellehumaine, fragile parce que souvent nonprotégée, et sensible aux influences desactivités humaines. Les Amérindiensdisent « notre Mère la Terre», le mêmeconcept se retrouve dans la déesse« Gaia » des civilisations africaines.Dans notre société postindustrielle,on peut parler du « capital-sols», un bien

qu’il faudrait gérer de manière prudentepour pouvoir vivre à partir de ses seulsintérêts sans le gruger.

Le capital-sols est menacépar la dégradation etl’érosion

L’érosion est un phénomène naturel.Elle s’est toujours produite, même avantl’arrivée des civilisations humaines surla Terre. Elle est causée par l’impact dela pluie, le ruissellement de l’eau desurface et l’effet du vent sur les solsnus. Cela fait partie des processus

géologiques et géomorphologiquesqui ont toujours existé. Les écosys-tèmes naturels se sont adaptés à cetétat de choses, en développant descouvertures végétales denses dansles régions à pluviométrie élevée. Cescouvertures végétales ont pour effet deprotéger le sol de l’effet mécaniquede l’impact des gouttes de pluie, pointde départ des processus d’érosion, et decontribuer à la pédogenèse par la lentedécomposition de la matière organique.Mais quand la couverture végétale estdétruite artificiellement, par exemplepar certains types d’agriculture quiexigent de longues périodes de sol nu,

L’information pour le développement durable 35

Objectif Terre… Depuis les satellites, une meilleure information pour contribuer à sauver les sols de notre planète

Turbine WILLOT JL-A. de 42 kW et les autres équipements périphériques

on crée en fait des conditions qui nesont pas naturelles : celles d’un désertà temps partiel, soumis à des pluiesfréquentes qu’un vrai désert ne con-naît pas. Le sol meuble et fragile, quiétait initialement en équilibre avecdes conditions de végétation couvrante,perd son humus, se détruit sous l’impactdes gouttes, forme des croûtes en sur-face qui favorisent le ruissellement etl’érosion accélérée, et il finit ainsi parrégresser vers un état minéral et stérile.

Les historiens attribuent à l’épuise-ment des sols la disparition de plu-sieurs civilisations anciennes. De nosjours, le problème vient aussi de lamécanisation de l’agriculture, datantd’une cinquantaine d’années enmoyenne, et qui a eu plusieurs effetssur les sols et sur le paysage rural :l’agrandissement des parcelles,l’abattage des haies (Normandie,Provence), le changement des axes delabour par rapport à la pente, et enfinla diminution des engrais organiquespar la disparition des bêtes de trait.Tous ces effets vont dans le sens de ladégradation des sols par un allonge-ment des pentes pouvant ruisseler, parune réduction de la biodiversité et parune déstructuration du sol sous l’effetdu poids des équipements. Des cul-tures comme le maïs, le soja, lemanioc ou la pomme de terre sontparticulièrement dures pour les sols,car leur pousse tardive laisse le sol ànu pendant plusieurs mois au cours ducycle végétatif. En prélevant la végé-tation pour les récoltes agricoles, onréduit aussi l’apport en matière orga-nique, et donc la production d’humus.

Les conséquences: pollution diffuse etenvasement des lacs

La baisse de fertilité des sols peut,bien sûr, être temporairement com-pensée par l’ajout d’engrais chimiques,mais les sols dégradés ne peuvent pasles stocker longtemps et les engraiscontribuent finalement à la pollutiondiffuse. Appelée aussi pollution desource non ponctuelle, elle est unphénomène associé à l’érosion, àl’épandage de lisiers et de boues, et àl’usage de grandes quantités d’engraischimiques sur les terres agricoles.Ces engrais ne sont pas toujours immé-diatement absorbés par les plantesni retenus par les sols et une portionimportante se retrouve dans les coursd’eau et les nappes phréatiques.L’épandage agricole des lisiers de porcet des boues de stations d’épurationy contribue également. Tout estune question de dosage, ainsi quede localisation des sites d’épandage.

Dans les régions arides, on a long-temps pensé qu’il suffisait d’irriguerpour lutter contre la sécheresse. Mis àpart le problème de disponibilité desressources en eau, une irrigation malgérée et non accompagnée de drai-nage entraîne souvent une stérilisationdu sol par dissolution des sels du solet leur remontée en surface par évapo-ration. Les Nations Unies estimentqu’il se perd tous les ans par salinisa-tion, dans le monde, une surface deterrain équivalente ou supérieure àcelle des nouveaux périmètres irrigués.

Les produits solides arrachés par éro-sion se retrouvent dans les rivières etviennent s’accumuler dans les lacs,qu’ils soient naturels ou artificiels.Avec des pertes de sols pouvantatteindre une centaine de tonnes parhectare et par an, plusieurs retenuesde barrages majeurs sont menacéesd’envasement, et donc d’une pertetotale de capacité hydraulique. Lasituation est particulièrement critiquedans certains pays comme la Chine,

qui a entrepris des projets hydro-électriques majeurs. Au Viêt Nam,l’Université de Hanoi a mesuré sur desparcelles expérimentales des pertes desol allant de 100 à 200 tonnes/ha/an,ce qui correspond à une ablationmoyenne du terrain de 1 cm/an.

Comment identifier lessols menacés et remédierà leur dégradation?

L’observation sur le terrain constituela base de toute démarche d’identifi-cation de la dégradation des sols. Elleest pratiquée de diverses manières parles géographes, agronomes, pédolo-gues, etc. Les analyses en laboratoirepermettent de mettre en évidence despropriétés des sols non évidentes àl’œil nu et de confirmer les impres-sions de terrain. Chaque disciplinea sa propre approche, dont lesméthodes se complètent la plupartdu temps. Mais comme dans biendes approches interdisciplinaires,on aboutit parfois à des dialogues desourds… Cependant, il est impossibled’aller échantillonner toutes les par-celles d’un territoire dans des délaisraisonnables et à des coûts accepta-bles. C’est pourquoi on a développédes modèles mathématiques ou empi-riques d’évolution et de dégradationdes sols. Ils permettent de prévoir lecomportement d’une parcelle ayantdes conditions similaires à celle qui aservi à l’établissement du modèle. Undes modèles classiques est l’équationuniverselle de pertes de sols, développée parles chercheurs américains Wischmeieret Smith dans les années 50, à partirde mesures réalisées sur des centainesde parcelles expérimentales aux États-Unis. Elle tient compte, d’une manièredéterministe, d’une série de paramè-tres physiques comme l’intensité despluies, l’érodabilité du sol, l’angle et lalongueur de la pente, la couverturevégétale et les pratiques agricoles.De nombreuses variantes de cetteéquation ont été proposées pard’autres auteurs.

36 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

FICHES PRISME

Les deux premières d’une série de fiches publiées par l’IEPF dans le cadre du

Programme international de soutien à la maîtrise de l’énergie (PRISME) sont main-

tenant disponibles format papier et version pdf sur le site de l’IEPF (www.iepf.org).

Ces fiches de huit pages abordent des thématiques techniques concrètes et recon-

nues comme importantes dans les pratiques de maîtrise de l’énergie des pays

partenaires.

La première thématique traitée concerne les technologies efficaces: éclairage

efficace (Fiche no1), systèmes de climatisation (Fiche no 2), moteurs efficaces

(Fiche no 3, à venir). La deuxième série de fiches abordera la planification éner-

gétique sectorielle. La Fiche no 1 sur l’efficacité énergétique dans les villes est

déjà disponible.

Pour plus d’information : [email protected]

Pour remédier aux pertes de sols, cer-tains types d’assolement utilisent desjachères ou des intercultures de légu-mineuses en rotation avec les céréales.Il existe aussi des pratiques agricolesqui réduisent les périodes de sol nu,comme le semis direct sans labour oul’utilisation des résidus de culture pourla protection du sol, mais elles ne sontpas encore généralisées parce que leurrentabilité à court terme n’est pasdémontrée. Il faut donc une interven-tion gouvernementale pour subven-tionner les pratiques agricoles aidant àconserver les sols, et cette interven-tion doit être ciblée vers les parcellesoù le risque est le plus grand. Pourcela, les planificateurs en agro-envi-ronnement ont besoin de cartes derisques, souvent basées sur desmodèles. Le principal problème avecles modèles est qu’ils ont été déve-loppés sur des parcelles isolées etqu’ils sont difficilement généralisablesà l’échelle d’un bassin-versant ou d’unerégion. Il faut donc trouver uneméthode pour les généraliser et pou-voir ainsi établir ces cartes de risques.C’est là qu’interviennent la télédétec-tion spatiale et la géomatique.

La télédétection spatiale :un outil d’observation dela dégradation des sols

Le développement des outils récentsd’observation de la Terre permetd’aider les scientifiques à poser undiagnostic approprié pour comprendrele degré de dégradation des sols. Cesoutils ne remplacent pas les observa-tions de terrain et de laboratoire, maisviennent surtout les compléter etleur permettre d’être plus efficaces encollectant de l’information pour lessecteurs situés entre les points d’obs-ervation sur le terrain, pouvant ainsicartographier les problèmes pourmieux orienter les interventions cor-rectrices. Tout comme l’utilisationde l’échographie ou de la radiographieen médecine, la télédétection nedonne pas toutes les réponses, maiselle permet de poser un diagnostic plus

L’information pour le développement durable 37

Objectif Terre… Depuis les satellites, une meilleure information pour contribuer à sauver les sols de notre planète

sûr. La vision synoptique et spatialequ’apporte la télédétection apporte del’information sur les sols, la végétationet l’activité humaine. Les produitsissus de l’observation spatiale seprésentent la plupart du temps sousforme d’images et de cartes qui sontà la base de la compréhension dela dynamique des sols et des effetsde voisinage.

Les pédologues utilisent depuis long-temps la couleur des sols comme unindicateur d’évolution ou de dégra-dation. Par son aptitude à la visionmultibande du spectre de réflectanceet d’émission des surfaces terrestres,la télédétection peut «mesurer» lacouleur du sol même au delà duspectre visible, dans l’infrarouge. Celapermet la formulation de diagnosticssur l’état d’évolution des sols ou deleur dégradation. Les teneurs en fer,en carbonates ou en matière organique,par exemple, reflètent les conditionsde dégradation des sols dans uncontexte géographique donné. Ellesaffectent la couleur dans le visible,mais aussi la réflectance dans leproche et le moyen infrarouge, para-mètres qui peuvent être détectés pardes satellites comme LANDSAT etSPOT. Les variations de teneur eneau du sol ont une influence sur lecomportement thermique, l’émissionmicro-ondes et la réflectance spec-trale. Un satellite radar comme lesatellite canadien RADARSAT mesurele retour vers le satellite d’une ondequ’il envoie lui-même vers la surfacede la Terre. Cette onde de retour estsensible à la rugosité de surface dessols et à leur humidité, qui sont desparamètres importants pour la prévi-sion du ruissellement et de l’érosion.De plus, le signal radar peut traverserles nuages et permet ainsi une obser-vation par tous les temps, ce qui estparticulièrement utile pour l’observa-tion des zones tropicales humides.

Bien que l’interprétation du signalradar ne soit pas simple et fasse l’objetde plusieurs recherches, la majoritédes chercheurs s’entend pour dire quele potentiel des images radar pour la

gestion du territoire agricole est trèsélevé. Les satellites permettent devisualiser d’un coup de grandes sur-faces de l’ordre de 10 000 km2. Unedécomposition spectrale des imagesoptiques permet de quantifier le tauxde recouvrement du sol par la végéta-tion, avec des marges d’erreur accep-tables, de l’ordre de 15 à 20%. Cetteinformation est ensuite incorporéedans les modèles de pertes de sol sousla forme d’un indice ou d’un coeffi-cient. Les images spatiales permettentaussi de caractériser certains typesde pratiques agricoles destinées à laconservation des sols (application derésidus, bandes gazonnées, orientationdes labours par rapport à la pente)et d’observer des changements dansle temps.

La géomatique pour comprendre, prévoir etaider à la prise de décision

Les systèmes d’information géogra-phique, des outils informatiques degestion et de représentation de l’infor-mation à références spatiales, peuventintégrer les données sur le territoiretelles les pentes, le type de sol,l’agressivité du climat et l’utilisationdu sol. On peut donc y intégrer desmodèles hydrologiques, des modèlesd’érosion ou de pollution diffuse etproduire des cartes thématiques del’intensité de ces processus (risquesd’érosion, risques de ruissellementexcessif pouvant occasionner desinondations, risque d’envasement debarrages ou de lacs, risques de conta-

mination des cours d’eau ou desnappes phréatiques, etc.). Les modèlesincorporés dans des systèmes d’infor-mation géographique offrent un grandavantage : ils permettent de déve-lopper des scénarios d’intervention etd’aménagement pour le territoire. Ilspermettent donc de fournir aux ges-tionnaires du milieu des informationsqui vont les aider à prendre des déci-sions plus éclairées. On peut ainsisimuler l’effet sur l’érosion d’un chan-gement des pratiques agricoles, del’extension urbaine ou d’un reboise-ment partiel du territoire. Des pistesde réponse s’ouvrent ainsi pour diffé-rentes questions : dans une région,quels sont les types de sols qu’il fautmettre en jachère, quels sont ceux oùl’on peut continuer la culture sansrisques pour l’environnement ? Parexemple, le choix des parcelles surlesquelles il est possible d’épandre desboues provenant de stations d’épura-tion des eaux municipales doit tenircompte de facteurs comme la pente,la proximité de cours d’eau ou de lanappe phréatique, la perméabilitédu sol, etc.

38 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Les techniques de protection des solssont connues mais à peine appliquéesparce que la lutte anti-érosive estsouvent perçue comme un problèmetrop vaste et rarement comme uneurgence. Il faut donc fournir aux déci-deurs des outils leur permettant desélectionner des secteurs prioritairesd’intervention. Le potentiel trèsintéressant de l’utilisation de la télé-détection pour ce genre de prises dedécisions commence tout juste à êtreexploré. Pour éviter les erreurs, il fautcependant tenir compte de l’hétéro-généité spatiale des paysages et être

L’information pour le développement durable 39

Objectif Terre… Depuis les satellites, une meilleure information pour contribuer à sauver les sols de notre planète

prudent pour ne pas généraliser trophâtivement les modèles à de grandessurfaces, comme des bassins versantscomplets, sans tenir compte des effetsd’échelle qui sont parfois difficiles àquantifier.

Enfin, en plus des facteurs objectifsd’évaluation des risques, il existe touteune série de facteurs subjectifs où semélangent la politique et les intérêtspersonnels des décideurs et de leursentreprises. Cette dimension se situeau delà de la démarche scientifique,mais une information sur l’environne-

ment présentée aux décideurs demanière claire, documentée et nonpolémique peut les aider à prendredes décisions plus éclairées et respec-tueuses de l’environnement. Aprèstout, eux aussi vivent dans le mêmemilieu et leurs enfants seront amenésà partager la même planète avec tousles autres. Si Yvan Dugrain avait euaccès à une telle carte de risques, ilaurait peut-être semé des cultures pluscouvrantes sur cette parcelle en pente,ou changé sa méthode de semis pourune des nouvelles techniques protec-trices du sol.

Quelque 50 experts venant de 17 pays d’Afrique francophone

(Bénin, Burundi, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Guinée, Guinée

Bissau, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, Rwanda,

Sénégal, Tchad, Tunisie et Togo) se sont réunis à Lomé, Togo, du

4 au 8 juin 2001 pour débattre de la question de la collecte des

données en bois-énergie. En plus de la FAO, la Banque mondiale-

RPTES et l’IEPF, une dizaine d’organismes régionaux et interna-

tionaux ont été représentés dont le CEDEAO, le CENUA, le

CILSS-PREDAS, le CIRAD-France, ENDA-Énergie, l’UEMOA. Cette

rencontre francophone fait suite à celle de Nairobi, organisée

en novembre 2000 pour les pays anglophones d’Afrique.

L’objectif de ce deuxième

atelier consiste à dresser

l’état des lieux dans le

domaine et de trouver les

solutions concernant l’infor-

mation en bois-énergie en

Afrique francophone, en vue

d’une meilleure planifica-

tion de la filière énergétique

et d’une meilleure gestion

des forêts. Au terme de l’ate-

lier sont issues les conclu-

sions et recommandations

suivantes:

CONCLUSIONS

1. Les informations sur la filière bois-énergie sont insuffisantes

et les données disponibles peu fiables. Leur collecte manque

de fréquence et de régularité, particulièrement au plan de la

ressource ligneuse et de la durabilité de l’approvisionnement ;

2. les ressources humaines, matérielles et techniques pour la

collecte, l’analyse et la dissémination des données et des

informations fiables sur la filière bois-énergie sont faibles ;

3. l’importance de la filière n’est pas toujours bien perçue par les

pays africains ;

2e ATELIER SUR L’INFORMATION EN BOIS-ÉNERGIEEN AFRIQUE FRANCOPHONE

(suite à la page 40)

Prélèvement de bois pour fabrication de charbon et bois d’œuvre (Togo, 2001)

4. les synergies entre organismes techniques aux niveaux

national, sous-régional et international sont faibles ;

5. les législations sont quelques fois inadaptées ou mal appliquées

dans une optique de gestion durable de la filière bois-énergie;

6. la coopération et la concertation sont insuffisantes entre les

organisations internationales impliquées pour la mise en valeur

et la dissémination des acquis nationaux.

RECOMMANDATIONS

1. Mobiliser aux plans national, sous-régional et international les

ressources humaines et matérielles nécessaires pour la mise

en place d’outils adaptés pour la collecte de données fiables

sur le bois-énergie, leur analyse et leur dissémination en vue

de sensibiliser les décideurs et les partenaires concernés. Une

attention particulière sera donnée à l’inventaire et au suivi des

ressources ligneuses pour la garantie de leur durabilité ;

2. fournir l’assistance nécessaire pour le renforcement des capa-

cités nationales et des synergies entre les organismes tech-

niques au niveau national, sous-régional et international ;

3. améliorer les liaisons institutionnelles pour l’acquisition, la pré-

sentation et la dissémination de l’information sur la dendro-

énergie à travers le renforcement d’un dialogue politique et des

structures nationales concernées, l’identification et la mobilisa-

tion des compétences nationales et sous-régionales et la mise

en place d’observatoires nationaux et de comités consultatifs ;

4. créer et animer un réseau spécifique d’échange d’informations

sur le bois-énergie en prenant en compte les initiatives existantes;

5. actualiser, adapter et appliquer les législations pour la promo-

tion, le développement et la gestion durable de la filière bois-

énergie et prendre les mesures incitatives pour améliorer la

fiscalité sectorielle de la filière en impliquant les populations

et les acteurs concernés ;

6. renforcer la coopération et la concertation entre organisations

internationales pour la mise en place et l’animation d’un réseau

spécifique de bois-énergie en vue d’uniformiser et harmoniser

la terminologie des outils de travail ;

7. faire émerger une expertise locale et mettre en valeur les

expériences existantes pour la production, la publication et la

dissémination de l’information sur le bois-énergie ;

8. mettre en place un comité informel de suivi des recommanda-

tions de l’atelier.

Ont contribué à l’organisation de cet événement, la FAO qui a été

à l’origine du projet depuis quelques années, la Banque mondiale

– RPTES, le ministère de l’Environnement et des Ressources fores-

tières du Togo et l’IEPF.

L’Agence intergouvernementale de la Francophonie a été repré-

sentée par le Directeur du Bureau régional de l’Afrique de l’Ouest

(BRAO), M. Noël Messone, qui a participé aux cérémonies d’ouver-

ture et de clôture en présence du ministre de l’Environnement du

Togo et des représentants officiels des institutions participantes.

M. Alpha Amadou Diallo du BRAO et M. Boufeldja Benabdallah de

l’IEPF ont suivi les travaux et apporté le support technique aux

participants pris en charge par la Francophonie.

Pour faire suite aux ateliers de Nairobi et Lomé, une réunion

d’experts est déjà en cours de préparation sur l’élaboration d’une

terminologie unifiée en bois-énergie. Elle aura lieu à la FAO, Rome,

les 3 et 4 octobre prochains.

Pour toute information communiquer avec M. Miguel Trossero, FAO,

Wood Energy Program, [email protected] ou M. Boufeldja

Benabdallah, IEPF, Énergies rurales, [email protected]

40 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

2e ATELIER SUR L’INFORMATION EN BOIS-ÉNERGIE EN AFRIQUE FRANCOPHONE (suite de la page 39)

Fabrication de charbon de bois : meule traditionnelle (Togo, 2001)

L’information pour le développement durable 41

Les Nouvelles Technologies del’Information et de Communication(NTIC) au service du développement durable en Afrique

Programme SID-SISEI de l’OSS

Les Nouvelles Technologies del’Information et de Communication(NTIC) au service du développement durable en Afrique

Programme SID-SISEI de l’OSS

Secrétaire exécutif

Observatoire du Saharaet du Sahel (OSS)

[email protected]

La Stratégie 2000 de l’OSS (Observatoire du Sahara etdu Sahel), adoptée par l’Assemblée générale de Niameyen février 1997 et réaffirmée par l’Assemblée généraleconstituante de Rabat en mars 2000, consacre la maîtrisede l’information utile à la lutte contre la désertificationcomme l’un des objectifs majeurs des programmes etactivités de l’OSS.

e Programme SID-SISEI1 est le troisième axe du Programme fédérateurde l’OSS, DOSE2 (Dispositif d’Observation et de Suivi Écologique) et concourtà une meilleure utilisation des nouvelles technologies de l’information par lespays et organisations membres africains au service de leur PAN (programmed’action nationale) et PASR (programme d’action sous-régionale), en particulieret des PNAE (plan national d’action environnementale), en général.

La définition du concept SID-SISEI part du double constat que :

• la gestion des ressources naturelles fait l’objet d’importants efforts tant auniveau de la recherche scientifique et technique que de la réalisation deprogrammes et projets appropriés sur le terrain et de la valorisation des savoir-faire locaux. Les résultats, en termes de produits, d’informations ou dedonnées, représentent un patrimoine scientifique, technique et culturel uniquepour le développement durable et la lutte contre la pauvreté en Afrique ;

• et que le patrimoine informationnel ainsi constitué est le plus souvent disperséen raison notamment des cloisonnements sectoriels interinstitutionnels dontles conséquences sont des facteurs de redondance dans les actions, de pertede temps et d’énergie et de gaspillages financiers.

La masse de données, d’informations et de produits ainsi accumulée ne constituepas toujours un capital informationnel exploitable pour trois raisons essentielles :

1 Système de circulation de l’Information sur la Désertification et Système d’Information etde Suivi de l’Environnement sur Internet

2 Les deux autres sont le Programme ROSELT (Réseau d’Observatoires de Suivi Écologiqueà Long Terme) et IMAGES (Contribution des images satellitales à basse résolution au suivide la désertification)

L

Conseiller scientifiqueet technique

Observatoire du Saharaet du Sahel (OSS)

[email protected]

HUGUES RAVENEL

Conseillère, Chef deMission OSS/GTZ

Observatoire du Saharaet du Sahel (OSS)

[email protected]

ANNEKE TRUX

Coordonatrice duprogramme DOSE

Observatoire du Saharaet du Sahel (OSS)

[email protected]

WAFA ESSAHLI

Coordinateur duprogramme SID/SISIE

UNITAR – Suisse

[email protected]

CHRISTOPHENUTTALL

CHEDLI FEZZANI

(i) la diffusion des résultats de la col-lecte et du traitement des donnéesest restreinte à un nombre limitéd’utilisateurs, faisant souvent partiedes mêmes milieux professionnels,scientifiques et techniques ;

(ii) la transformation des produitsgénérés en informations directe-ment utilisables dans les processusde prise de décision liés à lagestion des ressources naturelleset de l’environnement est limitée ;

(iii) les informations restent tropsouvent dispersées, cloisonnéeset difficiles d’accès pour les utili-sateurs tant au plan nationalqu’international par manque demécanismes adaptés de circula-tion de l’information.

Il en résulte une apparente pauvretélocale en fait de données qui ne cor-respond pas à la réalité de l’existenced’un patrimoine informationnel dansles institutions nationales, internatio-nales ou dans les organismes spécia-lisés en Afrique et à travers le monde.La perte par dissémination et cloison-nement de la «mémoire institution-nelle» est reconnue, aujourd’hui,comme une des contraintes majeuresdu développement durable en Afrique.

Concept et approche du SISEI

CONCEPT

Le Système de circulation del’Information sur la Désertification –Système de Circulation d’Informationet de Suivi de l’Environnement surInternet (SID-SISEI), élaboré dansle cadre de plusieurs projets pilotesaux plans national et régional enAfrique3, est un dispositif de gestionde l’information environnementale auservice de la mise en œuvre des ins-truments juridiques relatifs à l’environ-nement en Afrique – désertification,biodiversité, changements climatiques,zones humides – basés sur les nouvellestechnologies de l’information et de lacommunication. Le concept du SISEIpart du constat que la restriction aux

seuls aspects techniques a fortementpénalisé le succès de nombreuxprojets de mise en place de systèmesd’information.

Le SISEI est constitué :

• d’un cadre institutionnel cohérentet efficace qui permet la synergiedes efforts en cours ou prévus ;

• d’un outil technologique d’accès,d’échange et de circulation del’information utile relative au déve-loppement durable en général, àl’environnement en particulier et auprofit des décideurs, des structuresgouvernementales ou non gouverne-mentales, de la société civile et dusecteur privé du continent africain.

Le concept SISEI répond aux exi-gences exprimées par nombre dedécideurs en charge des questionsenvironnementales dans les pays envoie de développement. Il ne constituepas uniquement un outil technologiquemais vise également à inciter lesdifférents acteurs impliqués dans lagestion des ressources naturelles etde l’environnement à partager leursexpériences et leur patrimoine infor-mationnel. Cette démarche vise lasynergie des ressources tant humainesque financières.

Le concept SISEI repose égalementsur les principes d’équilibre entrela demande et l’offre informationnelleet l’appropriation par les acteursnationaux concernés. La mise enplace des SISEI commence à figurerdans les programmes nationaux telsque les Plans nationaux de développe-ment, d’action environnementale, lesProgrammes d’action de lutte contrela désertification.

APPROCHE

À partir de l’expérience et des premiersrésultats des projets pilotes, le conceptde SISEI repose sur la combinaisonde trois composantes menées enparallèle : institutionnelle pour lasynergie d’action entre les acteurs,technique pour le renforcement descapacités locales impliquées et scien-tifique pour le développement etl’utilisation rationnelle des nouvelles

technologies de l’information et de lacommunication (NTIC) au service dudéveloppement durable en Afrique.

• La composante institutionnelle estbasée sur une approche participativeà travers le partenariat entre lesdifférents acteurs et producteurs del’information. Elle favorise la coor-dination à travers la concertationet la décision prise par consensusnégocié et vise à :

– faciliter la mise en place d’uncadre institutionnel entre lesdifférents paliers : international,national, régional, et sous-régional,propice à la circulation et l’échanged’informations utiles pour lages tion des ressources naturelleset de l’environnement aux diffé-rentes échelles concernées ;

– définir des protocoles d’accordacceptés par tous pour la consti-tution et le partage d’un capitalinformationnel commun, pourassurer la gestion de l’informationenvironnementale, valoriserl’existant et identifier les besoinscomplémentaires ;

– établir une stratégie adaptée auxintérêts des différents acteurs ;

– élaborer les règles et mécanismesde circulation, d’accès, d’échangeet de mise à jour de l’informationdans le SISEI.

Ces différents points font l’objetd’un accord entre toutes les parties àtra vers la rédaction puis l’adoptiond’une «Charte informationnelle».

• La composante technique viseprincipalement à :

– renforcer les capacités nationales,sous-régionales et continentalesde développement des infrastruc-tures de communication en vued’assurer un accès et une utilisa-tion efficace des technologies del’information et de la communi-cation pour les besoins identifiésdans la composante institution-nelle. Les opérateurs de télécom-munication publics et privés sontencouragés à en faciliter l’accès ;

– développer les capacités des insti-tutions partenaires du SID-SISEIà utiliser les infrastructures

42 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

3 1998-2000 : Bénin, Mali, Maroc, Sénégal, Tunisie, CILSS, IGAD, UMA.

existantes et à maîtriser lestechnologies de l’informationet de la communication pour :

> faire circuler l’information rela-tive à la gestion des ressourcesnaturelles et de l’environnement(documents et produits variéstels que rapports, ouvrages,dossiers, cartes, données, indica-teurs, métadonnées) et notam-ment les résultats des projets etprogrammes comme ROSELT,indicateurs de suivi-évaluationdes PAN…

> faciliter l’intégration et la miseen réseau des bases de donnéeset des systèmes d’informationgéographiques existants en utili-sant les services de l’Internet ;

– constituer un capital informa-tionnel en développant les capa-cités à gérer et à faire évoluer lesSID-SISEI.

• La composante scientifique viseprincipalement à permettre :

– la mise à jour, l’adaptation et letransfert des nouvelles méthodeset nouveaux produits qui, dans unsecteur très évolutif, nécessitentune veille permanente ;

– l’harmonisation des outils et des for-mats sur un secteur très compétitif ;

– le maintien de l’attention despartenaires concernés pour éviterque ne s’agrandisse encore plusla fracture numérique.

PRÉSENTATION

Le SISEI se présente sous la formed’un site Web, jouant, au niveaunational, sous-régional et régional, lerôle d’un portail généraliste, mettantà disposition de l’utilisateur, sous unguichet informationnel environne-mental unique, plusieurs portailsspécialisés tels que :

• Un portail institutionnel où lesinformations générales sur chaquestructure (coordonnées, mandatset prérogatives, objectifs, moyens,résultats, services disponibles, pro-duits) sont disposées selon un formathomogène préalablement établi.

Le portail institutionnel, organiséselon une typologie des institutions,

L’information pour le développement durable 43

Les Nouvelles Technologies de l ’Information et de Communication (NTIC)

ATELIER RÉGIONAL SUR LES ENJEUX DES POLITIQUES NATIONALESDE L’ÉNERGIE DANS LES ÉCONOMIES EN TRANSITIONBucarest (Roumanie), 25 et 26 juin 2001

L’IEPF, de concert avec l’Agence nationale pour la conservation de l’énergie (ARCE)de Roumanie, a organisé à Bucarest, les 25 et 26 juin derniers, un atelier sur lesenjeux des politiques nationales de l’énergie dans les économies en transition.Cet atelier s’adressait aux pays d’Europe de l’Est membres de l’Agence intergou-vernementale de la Francophonie ou participants aux Sommets de la Francophonie.

La République de Macédoine, l’Albanie, la Moldavie et la Roumanie ont déléguédes représentants. Outre les deux participants de l’IEPF et ceux d’Hydro-Québec,ainsi que de nombreux officiels roumains, plus d’une vingtaine de délégués ontparticipé aux échanges, dont certains se sont déroulés sous la coprésidence deMonsieur Stephan Mihai, représentant de la région Europe de l’Est au sein duConseil d’orientation de l’IEPF.

Il est évident, à la lumière des commentaires exprimés, que le secteur énergétiquereprésente un axe de développement prioritaire pour tous les pays de la région. Parcontre, dans chaque cas, afin de répondre rapidement aux besoins des populationscomme du secteur industriel, il sera nécessaire d’ajuster le cadre législatif et régle-mentaire en fonction des principes du marché.

Selon les besoins exprimés par les différents pays présents, il est impératif éga-lement, pour tous les pays concernés, que des capitaux étrangers soient appelésen renfort (là aussi il faudra ajuster le cadre législatif en conséquence), le marchédomestique étant incapable de générer tous les fonds requis pour accroître la pro-duction énergétique au niveau souhaité par tous.

Autre constat : les niveaux de production et de consommation énergétiques, les prin-cipaux types d’énergie utilisés (nucléaire, thermique et hydroélectrique) et le pointd’avancement du cadre législatif et réglementaire varient grandement d’un pays àl’autre.

En outre, la fragmentation actuelle du marché de l’énergie dans cette région dumonde entraîne des pertes économiques importantes ; il y a donc un besoin réeld’infrastructures, particulièrement au plan des interconnexions, pour assurer lacréation d’un véritable marché d’échange de l’énergie et mieux gérer les périodesde pointe respectives.

Enfin, des participants ont évoqué la perspective de créer un secrétariat commun,dont le mandat serait de faciliter les échanges d’information entre les pays de larégion, de coordonner certaines activités de concertation et d’alimenter l’IEPF afinqu’il parraine d’autres manifestations susceptibles de créer une synergie entre lessecteurs énergétiques des pays de la région membres de l’espace francophone,tant pour l’aspect réglementaire que celui de la production, du transport et de ladistribution de l’électricité.

Pour plus d’information : [email protected]

ATELIER RÉGIONAL

Enjeux des politiques nationales de l’énergie

permet d’accéder aux sites Web desstructures partenaires.

• Un portail thématique où l’infor-mation est organisée par secteursd’activités ou thèmes spécifiques(forêt, élevage, production agricole,irrigation, lutte contre la désertifica-tion, biodiversité, …).

Des groupes thématiques, constituésautour d’institutions impliquées dans

le domaine, sont chargés de structurerl’information et de la diffuser sur leportail du SID-SISEI en suivant unedémarche d’adéquation entre l’offreet la demande informationnelle.

• Une bibliothèque virtuelle, qui, sousl’égide des centres documentaires desdifférentes structures ministérielles,offre progressivement un accès directen ligne aux ouvrages de référence.

• Une cartothèque virtuelle, quipermet, en conformité avec lesdispositions réglementaires envigueur, l’accès à des produits carto-graphiques – cartes thématiques,images satellitales, photographiesaériennes, canevas géodésiques.

Différents types de produits sontproposés – métadonnées (références),quick look (images dégradées), donnéesbrutes (reproduction numérique) ouproduits analytiques (combinaisonsde plans d’information géoréférencéeaccessible via l’Internet –GisWeb-)

Méthodologie de miseen place

Trois grandes phases sont nécessairesà la mise en œuvre puis à la réussited’un SISEI aux plans national, régionalet sous-régional :

La phase institutionnelle comprenant :

• la sensibilisation et la discussiondu concept avec les acteurs afind’identifier leur intérêt et engage-ment par rapport au SISEI ;

• les études spécifiques à chaque payspermettant de dégager les conditionspréalables pour la durabilité duprojet ;

• un profil institutionnel de l’envi-ronnement à partir d’inventaires ;

• un forum de concertation entreacteurs concernés aboutissantnotamment à la rédaction d’unecharte informationnelle, véritableprotocole d’accord.

La phase d’équipement et de formation comprenant :

• l’évaluation des capacités et desbesoins des institutions partenaires

pour mettre en œuvre et utiliserpleinement le SISEI ;

• le renforcement des capacités tech-niques des institutions concernées etla formation des techniciens pour laconstitution et la maintenance duréseau de sites Web harmonisés.

La phase d’évaluation, de restitutionet d’extension comprenant :

• des évaluations internes et externesafin d’améliorer le SISEI et l’adapteraux besoins évolutifs des utilisateurs ;

• l’alimentation du système par lesinformations identifiées ;

• une restitution sous la formed’un forum ou atelier national ;

• une définition des modalitésd’extension du projet à d’autrespartenaires nationaux.

44 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Exemple de portail thématique : Mali Exemple de cartothèque virtuelle : Sénégal

Exemple de bibliothèque virtuelle : MarocExemple de portail institutionnel : Bénin

Acquis du programmeSID-SISEI NATIONAUX

Cinq projets pilotes initiés par l’OSS,mis en œuvre avec le concours del’UNITAR et des pays concernés, ontété menés en Afrique du Nord (Marocet Tunisie) et en Afrique de l’Ouest(Bénin, Mali et Sénégal). Ils ontpermis de bâtir puis d’affiner laméthodologie de mise en œuvredes SISEI nationaux. Ces projet ontbénéficié du soutien de l’Allemagne,de la France, de l’Italie, du Fonds fran-cophone des inforoutes, de l’Unioninternationale des télécommunicationset de la Banque mondiale.

Appliquée de manière similaire avecquelques nuances d’adaptation auxcontextes spécifiques rencontrés dansles pays, cette méthodologie a aboutiaux résultats suivants :

• Définition des cadres institutionnelset techniques ainsi que des termesde référence pour sa mise en œuvrelors de l’étape de présentation et desensibilisation au concept, et laréalisation de l’étude de faisabilité.

Les projets SISEI sont à chaque foisintégrés dans un cadre institutionnelpré-existant pour renforcer lesmécanismes mis en place. Il s’agit enl’occurrence des Plans d’action envi-ronnementaux (PAE) mis en place parla Banque mondiale dans le cadre despolitiques d’ajustement structurel et

L’information pour le développement durable 45

Les Nouvelles Technologies de l ’Information et de Communication (NTIC)

d’un SISEI sous-régional en appliquantune démarche méthodologique similaireà celle du palier national.

L’élaboration de la composante sous-régionale en Afrique de l’Ouest apermis d’établir des mécanismes demise en réseau et d’articulation desdifférents programmes et institutionssous-régionaux et nationaux à traversl’interconnexion des SISEI nationaux et permettre l’intégration d’échelle desdonnées et informations environne-mentales disponibles qu’il convientde concrétiser.

L’Autorité intergourvementale pour ledéveloppement (IGAD) pour l’Afriquede l’Est et l’Union du Maghreb Arabe(UMA) pour l’Afrique du Nord ont àleur tour entamé un processus de miseen œuvre d’un SISEI sous-régional.

Les premiers résultats sont encoura-geants et suscitent l’intérêt des autressous-régions. Dans chacune des deuxsous-régions, des ateliers de travail ontété organisés.

Le SCIDE-UMA a été validé parl’ensemble des pays membres del’UMA et fait partie intégrante duPASR/UMA.

Dans la zone de l’IGAD, l’ensembledes points focaux des trois conven-tions post Rio (biodiversité, désertifi-cation et changements climatiques)des six pays membres a, dans le cadred’un atelier sous-régional de travail,

SISEI sous-régional en Afrique de l’Ouest

des Programmes d’action nationaux,sous-régionaux et régionaux (respecti-vement PAN, PASR et PAR) élaborésdans le cadre de la mise en œuvre dela convention de lutte contre ladésertification.

• Réalisation d’un profil national ins-titutionnel relatif à l’environnement,inventaire des institutions, textes delois, programmes, projets, docu-ments relatifs à l’environnement ;

• Adoption lors d’une table ronded’une «Charte informationnelle»qui définit les rôles des différentspartenaires et le contenu informa-tionnel du SISEI en fonction desbesoins exprimés ;

• Élaboration du portail national del’environnement constitué des sitesWeb conçus et réalisés par les parte-naires du projet à la suite d’unaccompagnement technique sousforme de formations pratiques orien-tées vers la production de contenus.

Par souci de cohérence et d’efficacité,l’ergonomie des SISEI nationaux restetrès similaire d’un pays à l’autre.

LE PROJET SOUS-RÉGIONAL

Le Comité Inter États permanent deLutte contre la Sécheresse dans le Sahel(CILSS) avec la Communauté Écono-mique et de Développement en Afriquede l’Ouest (CEDEAO), dans le cadre deleur programme d’action sous-régionale(PASR), ont instauré le développement

SISEI sous-régionaux : Afrique de l’Est et Maghreb

coopéré étroitement à l’élaborationdu projet SISEI Afrique de l’Est.

Au plan sous-régional et au plannational, tous les pays sont prêts àdémarrer leur SISEI autour des diffé-rents points focaux des conventionssuivant celle de Rio.

LE PROJET RÉGIONAL

Dans sa phase pilote, les activitésmenées dans le cadre du SISEIrégional ont porté sur le développe-ment d’outils et d’applications pouvantpar la suite être adaptés et reproduitsau plans national et sous-régional.

Le concept de GisWeb, conçu encoopération avec le GRID/PNUE àGenève assisté d’un groupe d’expertsinternationaux, a donné naissance àun outil basé sur la combinaison destechnologies Web et SIG, qui permetde manière interactive et sans avoir nibase de données, ni logiciel SIG, niconnaissance technique particulière :

• d’accéder avec un navigateur quel-conque à une base de donnéesgéoréférencées distante ;

• de visualiser des plans d’informa-tions (raster), superposer des plansvecteurs et consulter les légendescorrespondantes ;

• de procéder à des analyses sur lesplans d’information vecteurs par desopérateurs mathématiques oulogiques.

Le SISEI régional développé parl’OSS avec la contribution del’UNITAR et du PNUE, appelé SISEIAfrique, doit devenir à terme unportail d’accès sur :

• Le patrimoine informationnel afri-cain éparpillé dans les différentesorganisations sous-régionales etrégionales en Afrique ;

• Les ressources informationnellesexistantes et disponibles en dehorsde l’Afrique ;

• Les données et informations régio-nales sur les thématiques du déve-loppement durable et des différents

instruments juridiques internatio-naux relatifs à l’environnement ;

• Les SISEI sous-régionaux ;

• Les SISEI nationaux.

Le GisWeb (outil unique en songenre) Afrique est aujourd’hui opéra-tionnel. Il fonctionne autour d’unebase de données géoréférencées àl’échelle du continent africain ; basede données constituée à partir deplans d’information disponibles(contenus libres) auprès de plusieursproducteurs de données : PNUE,FAO, NASA, DCW, WRI, IRD…

Le GisWeb a été reproduit au Sénégal.Une formation technique avancée apermis aux acteurs sénégalais de cons-truire une base de plans d’informationgéoréférencée harmonisés qui aensuite été intégrée dans l’application.

Les produits générésL’expérience acquise, conjointementpar l’OSS et l’UNITAR, avec leconcours des partenaires financierset / ou techniques tels que la France,l’Allemagne, la Banque mondiale, leGRID-PNUE, PNUD/UNSO, l’UITet le Fonds francophone des info-routes, a permis plusieurs réalisations :

• un guide méthodologique sur la miseen œuvre des SISEI. Il documenteles étapes nécessaires à la réalisationd’un SISEI. Une boîte à outils

apporte des éléments de réponsed’ordre technique ;

• un CD-ROM de présentation dutravail accompli par les pays et lesproduits réalisés durant la phaseinitiale du programme ;

• un portail Web (www.sisei.net)d’accès en ligne à tous ces siteset produits.

La stratégie d’évolution du programme

Plusieurs pays et organisations mem-bres de l’OSS ont aujourd’hui adoptéleur PAN et PASR et entament la phasede mise en œuvre. Le programme SID-SISEI passe ainsi d’une phase de proto-typage et d’affinement méthodologiqueà une phase opérationnelle pour jouerpleinement son rôle d’outil de circula-tion de l’information autour de cesprogrammes d’action.

Cette seconde phase consiste àaméliorer l’ergonomie des prototypesélaborés en phase pilote et à accroîtreleurs capacités opérationnelles, notam-ment sur les aspects d’intégration desindicateurs de suivi-évaluation de miseen œuvre et d’impact des PAN, et surceux de gestion dynamique des sitespar les différentes institutions etorganisations impliquées dans la luttecontre la désertification en particulier,et de gestion de l’environnement engénéral.

46 Liaison Énergie-Francophonie • No 51

Interface de visualisation en ligne des différents

plans d’information de la base de données

géographiques Afrique

Interface d’analyse en ligne des différents plans

d’information de la base de données géographiques

Afrique

L’information pour le développement durable 47

Les Nouvelles Technologies de l ’Information et de Communication (NTIC)

NOUVELLES DE L’IEPF

En marge de la CdP-6 bis :Concertations francophones

Au cours de l’importante Conférence

des parties (la CdP-6 bis) qui a jeté les

bases politiques nécessaires pour la

ratification du Protocole de Kyoto, deux

concertations ont été organisées par

les pays francophones parties à la

Convention. Une soixantaine de

délégués ont participé aux travaux pour

chacune des rencontres. Centrées

principalement sur la préparation de la

7e session de la Conférence des Parties

à la Convention sur le Changement

climatique (CdP-7), elles ont retenu le

principe d’un atelier préparatoire de

cette Session pour la dernière semaine

la précédant. L’atelier fera le point des

résultats de la CdP-6 bis en faisant

clairement ressortir les acquis et ce qui

reste à négocier, avec les principaux

enjeux, d’ici la ratification du Protocole

de Kyoto.

La CdP-7 se déroulant dans un pays

francophone, il a été recommandé

d’encourager l’organisation d’événe-

ments spéciaux en français en marge

de la Conférence. Les délégués ont

ainsi vivement suggéré l’organisation

d’un événement spécial, en français,

sur le dernier rapport du GIEC. L’IEPF a

été chargé de conduire cette opération

en liaison avec les Autorités marocaines.

Deux autres événements spéciaux en

français sont envisagés. Ils por tent

respectivement sur la contribution de la

coopération décentralisée à la mise en

œuvre de la convention climat et sur les

technologies de séquestration et de

recyclage du CO2.

L’encadré ci-contre contient le commu-

niqué de presse qui a été émis à la

clôture des travaux de la CdP-6 bis. Le

texte de la décision peut être consulté

à l’adresse Internet suivante :

http://www.unfccc.int/resource/docs/french/cop6secpart/cp65l07f.pdf

Pour information : [email protected]

Document non officiel ;à destination des medias

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les décisions de Bonn devraient accélérer l’actionface aux changements climatiques

Bonn, le 27 juillet 2001 – Les négociateurs sur les changements climatiques quittentBonn aujourd’hui après avoir conclu les travaux sur une série de décisions détaillées.Les décisions ont permis de finaliser plusieurs décisions et de bien progresser surd’autres. Ces décisions sont fondées sur l’accord politique historique de lundi dernieret aideront à orienter la réponse internationale face aux changements climatiquesdans les années à venir.

Les décisions établissent les règles pour la coopération entre gouvernementspour que les institutions du Protocole de Kyoto deviennent une réalité et pourl’augmentation de l’assistance financière et technologique aux pays endéveloppement.

Ces décisions seront transmises à la septième session de la Conférence desParties à la Convention sur les Changements Climatiques (COP 7) pour adoptionformelle. Le Gouvernement du Maroc accueillera la COP 7 à Marrakech du 29 octobreau 9 novembre 2001. Plusieurs décisions devront encore être finalisées afin d’êtreadoptées à la COP 7conjointement à celles arrêtées à Bonn.

La conférence de Marrakech devrait voir la naissance des institutions requises pourque le Protocole de Kyoto soit pleinement opérationnel dès son entrée en vigueur.Une première étape serait l’élection du Conseil Exécutif du Mécanisme deDéveloppement Propre.

Il importe également qu’un système pour les contributions aux divers fonds pour lespays en développement et leur gestion devienne rapidement opérationnel. Aprèsl’adoption de l’accord politique au début de cette semaine, plusieurs paysdéveloppés ont fait une déclaration politique commune annonçant une contributionde US$ 410 millions/450 millions par année d’ici à 2005 pour aider les pays endéveloppement à gérer leurs émissions et à s’adapter aux changements climatiques.

«La conférence de Bonn a jeté les bases nécessaires à la ratification du Protocolede Kyoto», a déclaré M. Michael Zammit Cutajar, Secrétaire Exécutif de la Conventionet haut responsable des Nations Unies chargé de la question des changementsclimatiques.

«La conférence de Marrakech doit maintenant accélérer la transition entre la phasede négociations et celle de la mise en oeuvre. J’ai l’espoir de voir le Protocole deKyoto devenir une réalité politique et institutionnelle à temps pour le sommet quiaura lieu l’année prochaine à Johannesburg», a ajouté M. Zammit Cutajar.

Le Protocole entrera en vigueur et deviendra juridiquement contraignant aprèsratification par 55 Parties à la Convention au minimum, parmi lesquels les paysindustrialisés dont les émissions totales de dioxyde de carbone représentaienten 1990 au moins 55 % du volume total des émissions de l’ensemble de ce groupede pays. A ce jour 37 pays ont ratifié le Protocole, dont un pays industrialisé(Roumanie).

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Directeur

Secrétariat francophone

de l’Association

internationale

de l’évaluation

des impacts (AIÉI)

(Montréal,

Québec-Canada)es choix énergétiques appartiennent à ces décisions difficiles qui doivent

être prises sur le chemin du développement durable. Souvent basés sur desimpératifs géoéconomiques, ils doivent néanmoins s’efforcer de préserverl’environnement à long terme. À Cotonou, au Bénin, se tenait récemment,du 23 au 27 avril 2001, le 6e colloque international des spécialistes francophonesen évaluation environnementale. L’événement avait précisément pour thème«Les choix énergétiques : de l’évaluation des impacts à l’évaluation environne-mentale stratégique». Le présent article en résume les principaux éléments.

La rencontre de Cotonou Inscrit dans le cadre des événements annuels du Secrétariat francophonede l’Association internationale pour l’évaluation d’impacts, affilié à IAIA(International Association for Impact Assessment), le 6e colloque internationaldes spécialistes francophones en ÉIE était organisé conjointement avec l’Institutde l’énergie et de l’environnement de la francophonie (IEPF) et l’Agencebéninoise pour l’Environnement (ABE).

Point de rencontre, d’informations et d’échanges d’expériences pour les spécialistesfrancophones, le colloque de Cotonou a réuni 110 participants en provenancede 21 pays francophones. Au cours de la rencontre, 66 communications ont étéprésentées en rapport avec les choix énergétiques et sur le sujet du renforcementdes capacités en évaluation environnementale. @[email protected]

MICHELA. BOUCHARD

« Dans le domaine énergétique et environnementalle renforcement des capacités, requiert des efforts quitiennent compte des spécificités locales et qui soientmenés avec une vision globale multidimensionnelle. Lacorrespondance, c’est l’idée qu’une politique énergétiquedoit être, au moment où elle est menée, en phase avecle tissu socioéconomique dans lequel elle s’insère…La flexibilité, c’est l’idée que cette politique énergétiquedoit être variable dans le temps et dans l’espace,qu’il n’existe pas un modèle unique. »J. Percebois, Colloque de Cotonou, avril 2001.

Les choix énergétiques: del’évaluation des impacts àl’évaluation environnementalestratégique

Les choix énergétiques: del’évaluation des impacts àl’évaluation environnementalestratégique

L

L’événement dans son ensemble abénéficié d’une large couverturemédiatique. Plusieurs journalisteslocaux ont donc assisté aux différentesactivités prévues au programme etont pu interviewer participants etorganisateurs. Il est également à noterqu’à l’occasion de ce 6e colloque inter-national des spécialistes francophonesen évaluation environnementale,l’Institut international francophoned’évaluation environnementale (IIFEE)a tenu son école d’été du 18 au22 avril 2001 à Cotonou, en colla-boration avec d’autres universités etcentres de formations francophones.

Le contexteSi on connaît bien le sens qu’il fautdonner à l’évaluation des impactsenvironnementaux des projets, onconnaît moins la notion d’évaluationstratégique en matière d’environne-ment. On entend par «évaluationsenvironnementales stratégiques»(ÉES) un processus d’évaluation etde prise en compte d’enjeux environ-nementaux au plus haut niveau duprocessus décisionnel, en amont del’évaluation des impacts environne-mentaux des projets. De façon parti-culière, l’EES est appliquée auxprojets de politiques, de plans et deprogrammes, à des engagements ouinitiatives de portée nationale et inter-nationale, et permet, en principe, laprise en compte d’enjeux environne-mentaux conjointement avec la consi-dération des enjeux économiques ousociaux. On conçoit ainsi que l’évalua-tion environnementale stratégique soitun outil qu’il faille adapter à la questionénergétique.

Le professeur Jacques Percebois, duCentre de recherche en économieet droit de l’énergie (CREDEN) del’Université de Montpellier I (France),et conférencier invité du colloque,a débuté la série d’interventionsavec une conférence portant sur la«Mondialisation, régulation et préoc-cupations environnementales : quelsenjeux ?». Dans cet exposé, dont la

publication s’intégrera aux Actes ducolloque, le professeur Percebois apassé en revue les principaux enjeuxcontemporains des choix énergétiques,incluant la nécessité de redéfinir le rôlede l’État dans un contexte de mondiali-sation et devant le poids croissant del’environnement dans les prises de déci-sion. Il a ainsi défini le contexte envi-ronnemental stratégique dans lequels’inscrivent les choix énergétiques.

La question du renforcement descapacités en énergie et en environne-ment pour les pays en développementa aussi été abordée en introductionau colloque, en appuyant sur lesimpératifs de viser la préservationde l’environnement à long terme etl’émergence de cadres institutionnelsappropriés. Après la plénière d’intro-duction, 45 autres communicationsrelatives au thème central du colloqueont été présentées dans sept ateliers.

Politiques énergétiques,maîtrise des ressources de la consommation etdes risques

Les travaux dans cet atelier ontdémontré que des efforts remarquablesont été effectués en ce qui concerneparticulièrement la gestion du boisénergie au Sahel, la prise en comptedes enjeux environnementaux dans lespolitiques nationales de l’énergie etdans les choix d’options et de filièresénergétiques.

L’atelier a fait ressortir certaines limitesrelatives aux conflits frontaliers entreinstitutions et l’insuffisante implicationdes populations dans les processusconduisant aux choix énergétiques.

Face à ces limites, quelques recom-mandations ont été exprimées et seréfèrent au points suivants : – laclarification du rôle des institutionsimpliquées dans les processus dechoix énergétiques – l’utilisation desprocessus de consultation du publicqui ont fait leurs preuves ailleurs –l’implication des femmes dans les

définitions de politiques et choixénergétiques – et l’association despopulations locales à tous les béné-fices du projet.

Effet de serre : une nouvelle donne?

L’atelier «Effet de serre : une nouvelledonne», a traité de la question deschoix énergétiques dans le contextedu protocole de Kyoto. L’accent a étémis sur les points suivants :

a) l’identification des moyens quiseront mis à la disposition des paysen développement pour contrerles effets du changement clima-tique sans compromettre le déve-loppement économique des pays ;

b) la vulnérabilité des pays africainsaux impacts potentiels de chan-gements climatiques ;

c) les applications potentielles dessources d’énergie renouvelableet de l’efficacité énergétique ;

d) les barrières et les bénéfices del’application des technologies desources d’énergie renouvelable ;et enfin,

e) les interventions politiques quiencouragent la maîtrise de l’énergiedans la mise en œuvre des articles4.8 et 4.9 de la Convention deschangements climatiques.

Des méthodes et outils opération-nels tels que les modèles technico-économiques MARKAL et TIMES,permettant d’évaluer les émissions degaz à effet de serre, ont été présentés.Il s’agit d’outils qui peuvent venir enappui à l’ÉES pour les politiques éner-gétiques nationales dans un contexte delutte contre le changement climatique.

Outils institutionnels de l’évaluationenvironnementale

Au cours de cet atelier, les communica-tions ont porté sur des outils institution-nels utilisés aux plans local, national etinternational, en ce qui concerne la

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Les choix énergétiques: de l ’évaluation des impacts à l ’évaluation environnementale stratégique

protection de l’environnement. Ont étéprésentés en particulier le cadre institu-tionnel et législatif de l’évaluation envi-ronnementale en Guinée, au Gabon,au Burundi ainsi qu’en RépubliqueDémocratique du Congo, et des consi-dérations telles que : l’amélioration del’efficacité de comités de suivi à laconception et à la mise en œuvre dusuivi environnemental, et l’évaluationenvironnementale dans la politiqueforestière du Cameroun.

Outils techniques pourl’évaluation des impacts,la concertation, l’aide àla décision, et le suivi

Essentiellement axé sur les outils tech-niques pour l’évaluation d’impacts,ainsi que sur des enjeux et préoccupa-tions qui leur sont liés, cet atelier atraité de l’approche méthodologiquebasée sur l’aide multicritère à la déci-sion dans le cadre de l’ÉES du secteurde l’énergie, plus particulièrement dela méthode PROMETHÉE d’agréga-tion des performances. Cette méthodepermet une évaluation comparativedes différentes options dans le butde choisir celles qui reçoivent lesmeilleures appréciations.

D’autres outils techniques, tels quedifférents systèmes d’informationset outils de suivi ont été abordésau cours de cet atelier.

Impacts et risques environnementaux desinstallations énergétiques

Essentiellement axé sur les études decas d’impacts environnementaux liésà différents types d’installations éner-gétiques, cet atelier a donné lieu à desprésentations de situations diversesd’impacts et risques environnemen-taux de barrages à des fins de produc-tion hydroélectrique, ou de centralesthermiques, au Niger, en Roumanie,au Togo, au Bénin, au Mali, et enfinen Côte d’Ivoire (centrales thermiques

à cycle combiné). Par ailleurs, les casde gestion des déchets radioactifs enBelgique et de plantations d’euca-lyptus pour la fabrication de charbonsde bois en République démocratiquedu Congo ont aussi été exposés.

Prise en compte, réparationou compensation de l’impact humain

Entièrement consacré aux aspectssociaux des choix énergétiques, l’ate-lier sur la «prise en compte, répara-tion ou compensation de l’impacthumain «, a traité des effets sociauxliés particulièrement aux installationshydroélectriques. Les questions tellesque la difficulté de procéder à l’éva-luation monétaire de certains aspectsliés aux installations énergétiques etles impacts sociaux liés aux déplace-ments et réinstallations des popula-tions, ont été abordés au cours de cetatelier. La synthèse des travauxmontre qu’au delà des ressemblanceset de quelques généralités, chaquesituation de déplacement et de réins-tallation de population liée aux instal-lations hydroélectriques reste uneexpérience unique.

Atelier ouvert sur l’environnement, la santé et l’évaluationenvironnementale

Bien que ne présentant pas de sujetstouchant directement le thème centraldu colloque, l’atelier ouvert a abordédivers sujets d’intérêt général. D’inté-ressantes communications ont portésur des sujets comme : la propositionméthodologique de participation àl’évaluation environnementale, l’ana-lyse des pesticides dans la chair depoisson en provenance du fleuveOuémé (Bénin), les aménagementshydroagricoles au Sahel, la gestion del’environnement en Afrique centrale eten Afrique de l’Ouest, les bois de feuet les aménagements hydro-agricolesau Sourou-Est (Burkina), l’ÉES des

plans d’infrastructure routière auNiger, les impacts des macrophytesaquatiques dans les réservoirs debarrages hydroélectriques de la Côted’Ivoire, la gestion des eaux usées enGuinée, la réduction des impactspaysagers des lignes de transportd’électricité, les incidences sur l’envi-ronnement des barrages à des finsd’écrêtements de crues en Belgique etenfin, l’ÉES appliquée au programmede développement de la zone côtièreivoirienne.

Un symposium sur le renforcement descapacités en ÉIE

Initié dans le cadre du colloque, lesymposium sur le renforcement descapacités en évaluation environne-mentale faisait suite à la réunion deParis en novembre 2000 sur « la coor-dination des interventions francophones dansle domaine du renforcement des capacités enévaluation environnementale ». Au coursde ce symposium, les exposés ontporté sur les expériences nationaleset régionales, des résultats d’études,des approches et stratégies nova-trices de renforcement de capacités.Le symposium a permis de faire untour rapide de la situation en Afriquefrancophone et a soulevé la questionà savoir comment améliorer les capa-cités en ÉIE dans l’ensemble des paysfrancophones en développement ?

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Les Actes du colloque

Les Actes du colloque, préparéssous la direction du professeurRobert Biagi, de l’École supérieured’agriculture d’Angers, serontdisponibles sous peu auprès duSecrétariat francophone del’Association internationale pourl’évaluation des impacts ou del’Institut de l’énergie et de l’envi-ronnement de la Francophonie.

L’information pour le développement durable 51

Les choix énergétiques: de l ’évaluation des impacts à l ’évaluation environnementale stratégique

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ARISE (Association des réseaux d’information spécialisée en envi-ronnement) couvrant le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire,la Guinée et la Guinée-Bissau est avant tout l’expérience d’unmécanisme mis en place dans le cadre du PACIPE (Programmed’assistance à la communication et l’information sur la protec-tion de l’environnement 96-99- 7e FED (Fonds européen de déve-loppement)) quant au fonctionnement et à la mise en place d’unréseau documentaire d’échange et de partage d’information envi-ronnementale. Forte de ses acquis, expertise et expériences etavec les réseaux locaux, ARISE poursuit l’œuvre au profit du déve-loppement durable dans la sous-région.

L’association œuvre pour le développement et le renforcementde la culture de l’information, la promotion et un fonctionnementde l’information environnementale en échange et en partage, inté-grés aux activités de développement et à la prise de décision.

La mise sur orbite de la sous-région et l’entretien d’un espacequalitatif d’informations en échange par messagerie électronique,de données en partage et en intégration régionale sur Internetoffre l’accès à des documents non publiés dont l’exploitation n’apas été jugée utile (littérature grise : textes, thèses et rapports,toute information publiée en imprimé au plan gouvernemental,académique ou au plan de la société civile, ou toute informationvirtuelle qui n’est pas publiée).

Actuellement, l’information n’est pas généreusement partagée,et surtout sous cette forme, elle a tendance à être secrète. Forceest de reconnaître que cette information est pourtant la seuleproduite en quantité et en qualité par nos pays et son exploita-tion est la seule voie vers le développement de l’état des lieuxen vue d’empêcher les recommencements et avancer.

Cette information est une base pour les interventions des acteursdans le domaine. L’accès en est difficile, souvent par ignorancede son utilité, de sa valeur potentielle et de sa pertinence maisaussi par le manque de réflexe et de compréhension de la néces-sité d’accès et de partage d’informations.

Accéder à des sources d’informations fiables et ciblées par unebonne circulation de l’information serait la résolution de moultdifficultés et garantirait la présence et l’existence même decontenus locaux ainsi que la représentation de nos pays du Sudsur la toile mondiale. Ces contenus sur la toile mondiale sontaussi le gage d’une intégration régionale effective et de la con-tribution de cette représentation régionale forte à un niveau inter-national par le vécu et la réalité d’expériences locales nationales.

L’objectif est d’éliminer le fossé qui existe en matière de dévelop-pement par rapport à d’autres pays, et de valoriser et améliorerl’accès à l’information pour tous les acteurs et intervenants,fournisseurs et utilisateurs, à savoir les ONG, les enseignants,chercheurs et scolaires, les journalistes et les décideurs et par-tenaires au développement.

Les objectifs d’ARISE consistent à :

• tenir à jour les informations à l’aide de méthodes et d’outils com-muns, ou au moins compatibles, sur les producteurs d’informa-tion environnementale dans chacun des pays participant au projet

• reverser les informations régionales au sein du réseau nationalafin d’en maintenir la dynamique et l’entretien

• diffuser toute information sur l’environnement vers le grand public

• démocratiser et perfectionner l’expertise d’une gestion informa-tique et des NTIC

• assurer un transfert de technologie et de compétence au seindu réseau

• publier des répertoires dans une optique de pérennisation

• faciliter un accès rapide aux connaissances existantes et auxinformations stratégiques en matière d’environnement et ledéveloppement durable

• fournir des données pertinentes à la prise de décision et à ladéfinition de positions nationales

• diffuser l’information sur les expériences remarquables au seinet hors du réseau

• assurer un lien entre l’offre et la demande d’information, princi-palement entre les gouvernements mais aussi entre l’ensembledes parties concernées.

La banque de données ARISE sera accessible par Internet. Ellefournit aux usagers des fiches relatives aux problèmes environ-nementaux locaux sous forme de textes, rapports et thèses.

La recherche de l’information est possible dans les bases et unrésumé d’analyse documentaire est disponible.

Des centres d’information qui garantissent la fiabilité de l’infor-mation diffusée sont les maillons essentiels sur lesquels prendappui ce réseau de partenaires qui agit au sein des instancesgouvernementales et de la société civile.

ARISE a établi une banque d’informations environnementalesrégionales composée:

– de bases bibliographiques, essentiellement de littérature grise,pour valoriser l’information disponible dans les pays en réseauet pour garantir la pérennité des actions et la disponibilitépermanente des données mises à jour sur l’état del’environnement ;

– d’informations factuelles sur les sources de données et unitésde documentation, gages de l’accès à l’information ;

– de données sur les ONG et projets de contribution de lasociété civile et sur les personnes-ressources intervenant dansce domaine.

Elle s’occupe spécifiquement de l’information dans le domainede l’éducation environnementale.

ARISE est membre du RESIDD (Réseau d’informations pour ledéveloppement durable : voir site Agora 21) et partenaire duGREFEES (Groupe régional d’étude et de formation en éducationenvironnementale au Sahel) issu du PFIE (Programme de forma-tion et d’information sur l’environnement).

Pour plus d’information, communiquer avec Mme Yvonne Adjovi,animatrice d’ARISE (Cotonou, Bénin), téléphone (229) 311699,courriel : [email protected]

ANIMATION RÉGIONALE DE RÉSEAUX D’INFORMATIONSPÉCIALISÉE EN ENVIRONNEMENT

A R I S E : U n e e x p é r i e n c e d e p é r e n n i s a t i o n d e s a c q u i s d e p r o j e t

INSTITUT DE L’ÉNERGIE ET DE L’ENVIRONNEMENT DE LA FRANCOPHONIE (IEPF)56, RUE SAINT-PIERRE, 3e ÉTAGE, QUÉBEC (QUÉBEC) G1K 4A1 CANADA

L ’ I EP F e s t u n o r g ane subs i d i a i r e d e l ’ A gence i n t e r g ou ve r nemen t a l e d e l a F r a n cophon i e opé r a t eu r p r i n c i p a l d e l ’ O r g an i s a t i o n i n t e r na t i o na l e de l a F r a n cophon i e