7
ORIGNAL STRATÉGIE Texte & photos | MICHEL BRETON POUR DÉNICHER UN TERRITOIRE ertains chasseurs d’orignal québécois fréquentent les pourvoiries, d’autres ont accès à un site dans des territoi- res privés ou publics, mais pour plusieurs la chasse dépend souvent des résultats des tirages au sort dans les réserves fauni- ques. Pour eux, ne pas «sortir» au tirage équivaut souvent à ne pas chas- ser l’orignal cette année-là. Selon moi, la vie est trop courte pour sauter une année de chasse! Pour ces chasseurs, trouver un bon secteur de chasse dans une zec ou un territoire libre semble presque impossible. «On ne connaît pas de secteur, il y a du monde partout», etc. Cette barrière apparemment infran- chissable est en réalité beaucoup plus facile à faire tomber qu’on ne le croit, en plus de représenter la solution la moins coûteuse en bout de ligne. En tant que guide privé, j’ai eu l’occasion de pratiquer mon métier un peu partout dans les territoires libres du Québec. Depuis cinq ans je donne aussi de la formation sur l’orignal en forêt et j’ai prospecté des secteurs dans toute la province. Toute cette expérience m’a aidé à connaî- tre les meilleurs territoires et comment l’orignal s’ajuste pour combler ses Des solutions pour se trouver un secteur de chasse à l’orignal de tenure publique. C AOÛT 2008 SENTIER CHASSE-PÊCHE 45

ORIGNAL STRATÉGIE POURDÉNICHER … · trouver de tels endroits dans les territoires ri-ches en nourriture à prédominance de bois franc. Ces secteurs agissent comme «piège à

  • Upload
    danganh

  • View
    215

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

ORIGNAL STRATÉGIE

Texte & photos | MICHEL BRETON

POUR DÉNICHERUN TERRITOIRE

ertains chasseurs d’orignal québécois fréquentent lespourvoiries, d’autres ont accès à un site dans des territoi-res privés ou publics, mais pour plusieurs la chasse

dépend souvent des résultats des tirages au sort dans les réserves fauni-ques. Pour eux, ne pas «sortir» au tirage équivaut souvent à ne pas chas-ser l’orignal cette année-là. Selon moi, la vie est trop courte pour sauterune année de chasse!

Pour ces chasseurs, trouver un bon secteur de chasse dans une zecou un territoire libre semble presque impossible. «On ne connaît pas de

secteur, il y a du monde partout», etc. Cette barrière apparemment infran-chissable est en réalité beaucoup plus facile à faire tomber qu’on ne lecroit, en plus de représenter la solution la moins coûteuse en bout deligne.

En tant que guide privé, j’ai eu l’occasion de pratiquer mon métier unpeu partout dans les territoires libres du Québec. Depuis cinq ans jedonne aussi de la formation sur l’orignal en forêt et j’ai prospecté dessecteurs dans toute la province. Toute cette expérience m’a aidé à connaî-tre les meilleurs territoires et comment l’orignal s’ajuste pour combler ses

Des solutions pour se trouver un secteurde chasse à l’orignal de tenure publique.

CAO Û T 2 0 0 8 • S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E 4 5

besoins fondamentaux selon la qualité del’habitat. Voici donc des conseils pour les chas-seurs qui souhaitent trouver un territoire tran-quille et giboyeux dans les meilleurs endroitsaux quatre coins du Québec.

PREMIÈRE RÈGLE DE BASE

La première règle est de s’assurer que le terri-toire de chasse choisi abrite bien des orignaux.Cela vous semble peut-être évident ou farfelu,mais beaucoup de chasseurs opèrent dans desterritoires beaucoup trop petits comparative-ment à l’espace vital d’un orignal. Par exemple,dans un simple lot de 100 acres, rien ne garan-tit qu’il y aura un orignal à portée du chasseur.Même le meilleur «calleur» du monde ne pour-ra pas faire de miracle s’il n’a pas la permissiond’aller dans les autres lots. Il se peut égalementqu’il lance des appels au profit des chasseursdu lot voisin, et un orignal ne s’appâte pas.

Cet article ne s’adresse donc pas seule-ment à ceux qui sont sortis bredouilles des tira-ges de la Sépaq, mais aussi à tous ceux quipratiquent leur activité dans des territoires tropminuscules pour garantir une certaine pré-sence d’orignaux, peu importe la densité debêtes de la région. Plusieurs chasseurs paientcher pour avoir le droit de chasser dans un lotprivé, et je leur conseille de plutôt consacrerleur argent à l’achat d’une roulotte ou d’unetente-remorque «de chasse» à bon prix et detrouver un territoire libre.

PRESSION DE CHASSEET RESPECT DES CHASSEURS

Premièrement, ceux qui connaissent ma façonde chasser en général savent que je ne fais pasde saline, ni de cache pour chasser l’orignal; àmon avis c’est la clé du succès. Les orignauxsavent se retrouver entre eux sans ces coûteuxartifices, et mes stratégies sont généralementbasées sur l’exploitation de leurs besoins fon-

damentaux (se nourrir, ruminer, se reprodui-re, déjouer leurs prédateurs) combinée avecune technique de chasse active incluant desappels convaincants lancés à partir des bonsendroits. C’est la philosophie de départ que jevous propose.

Deuxièmement, ceux qui chassent à l’arcou à l’arbalète* partent avec une longueur d’a-vance pour ce qui est d’éviter la pression dechasse avoisinante. C’est d’autant plus vrai sivous allez chasser l’orignal où il n’y a pas decerfs, car la chasse à l’arc est beaucoup pluspopulaire chez les adeptes de cette espèceque chez ceux visant l’orignal. Dans cesendroits où le chevreuil est absent, très peud’archers sont à l’œuvre et le plus souvent onprofite des meilleures dates de chasse, alorsque les bucks sont les plus vulnérables aux ap-pels du rut.

En une année, il m’est arrivé de guider àl’arc pendant trois semaines dans ce genred’endroit sans voir aucun autre chasseur. Vousavez donc l’embarras du choix côté territoire.Cependant, il est de mise de respecter les ins-tallations des chasseurs à la carabine et lessentiers qu’ils entretiennent.

Si on chasse à la carabine, lors de la pros-pection on doit bien identifier les autres chas-seurs déjà sur place, le but premier étant dechasser et non de se chicaner. Plusieurs chas-seurs sont très agressifs et territoriaux, alors ilva de soi de ne pas les déranger. J’ai dû àplusieurs reprises entrer dans des territoiresremplis de chasseurs, et j’ai réussi ma chassesans déranger quiconque.

Les meilleurs endroits ne sont pas exploitéspar la grande majorité des chasseurs, qui pré-fèrent demeurer immobiles dans une cached’où ils voient bien un lac ou une baie de foin,ou encore un bûché trop jeune. Les postes deschasseurs sont donc aisément repérables pen-dant la saison morte et faciles à éviter.

L’orignal des terres publiques a comprisqu’il ne doit pas sortir à découvert sous peinede se faire tirer, même à longue distance. Lesbûchés ou perturbations naturelles où la ré-génération atteint une hauteur de 1,8 à 4,5 m(6 à 15 pi) et les montagnes de bois franc oumixtes à proximité d’un site de repos sontgénéralement délaissés par les chasseurs etoccupés par les orignaux. C’est donc là qu’ilfaut chasser.

À partir de ces observations, vous serezcertainement en mesure de dénicher un cointranquille. Tel que mentionné plus tôt, trouverune roulotte ou une tente-remorque usagée estl’idéal. C’est beaucoup moins cher qu’un campde chasse et aucun permis n’est obligatoire. Deplus, vous pouvez déménager comme bonvous semble, sans compter que vous pourrezvous en servir pour d’autres loisirs.

LES MEILLEURS TERRITOIRESLIBRES AU QUÉBEC

Meilleur ne veut pas nécessairement dire plusgiboyeux! Ce que j’aime, c’est un endroits où ilest facile de repérer les lieux fréquentés par lesorignaux à partir de cartes écoforestières, c’est-à-dire des endroits dominés par le bois franc.Les feuillus y poussent bien, ce qui veut direque les bûchés, chablis et autres sites pertur-bés sont riches en nourriture. L’automne, l’ori-gnal doit se fier aux feuilles et ramilles desbonnes repousses, et il est donc bien servi àcet égard.

L’orignal dépend également des zonesde résineux matures composées de sapins,d’épinettes noires ou de cèdres en proportionsvariables. Il s’en sert pour ruminer, se rafraîchiret se cacher s’il subit de la prédation; c’est ceque j’entends par son site de repos. Il faut donc

4 6 S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E • AO Û T 2 0 0 8

ORIGNAL • Pour trouver un territoire

Ce que j’aime, c’est un territoire où il est facilede repérer les lieux fréquentés par les orignaux à partir

de cartes écoforestières, c’est-à-dire des endroitsdominés par le bois franc.

* Il est interdit de chasser l’orignal à l’arbalète durant la pré-saison dans les zones 13, 15, 16, 17, 22, 23 et 24(www.mrnf.gouv.qc.ca)

trouver de tels endroits dans les territoires ri-ches en nourriture à prédominance de boisfranc. Ces secteurs agissent comme «piège àorignal» et sont faciles à trouver comparative-ment à ceux dominés par les résineux.

Dans ce dernier cas, les feuillus ne pous-sent pas très bien et les bûchés sont souventdélaissés par les orignaux, même si la végéta-tion est d’une hauteur idéale. C’est qu’ils senourrissent de repousses fraîches et longues; siles arbustes n’ont pas poussé ou presquedepuis le printemps, le bûché ne vaut rien dutout. Les meilleures repousses pour eux sontsurtout celles des érables à épis poussant ensous-étage des forêts mixtes matures. Même siles habitats des orignaux se repèrent assezbien sur les cartes écoforestières, une bonneprospection printanière demeure de mise.

CharlevoixLorsqu’on parle d’endroit giboyeux au Qué-bec, on a tous tendance à penser à la Gaspé-sie. Mais s’il y a une région méconnue desQuébécois, vaste et riche en orignaux, c’estbien la région de Charlevoix. En plus d’arbo-rer les plus beaux paysages, ce territoire estsitué dans la zone 27 Est, c’est-à-dire bornépar la route 381 qui relie Baie-Saint-Paul etLa Baie du côté ouest et par la rivière Sague-nay du côté est.

Il est important que le territoire de chassesoit près de ce que j’appelle des «pouponniè-res», soit des secteurs où la pression dechasse est inexistante (parc national ouautre) ou bien contrôlée comme dans uneréserve faunique ou une pourvoirie à droitsexclusifs. Ces zones où les populations d’ori-gnaux ne cessent de croître fournissent lesterritoires publics adjacents, où la pression dechasse est très élevée. La zone 27 Est estbien pourvue en pouponnières et elles sonttrès bien distribuées.

Au nord se trouvent le parc national desHautes-Gorges de la rivière Malbaie etplusieurs pourvoiries à territoire exclusif. Ducôté ouest, on a la réserve faunique des Lau-rentides et le parc des Grands-Jardins, et du

côté est, le territoire Les Palissades et d’au-tres pourvoiries à droits exclusifs. Ce ne sontpas les territoires publics qui manquent danscette région. En plus de plusieurs territoires li-bres, il y a trois zecs, celles des Martres, duLac-au-Sable et Buteux-Bas-Saguenay.

Type d’habitat

Ceux qui aiment chasser parmi les monta-gnes vont être bien servis! Elles sont grossesmais quand même faciles d’accès, surtoutcelles plus près du fleuve Saint-Laurent, et ri-ches en habitat pour les orignaux; on trouveaussi plusieurs coupes qui les attirent. Selonmoi, la meilleure technique à utiliser pouravoir de l’action et ne pas déranger les autreschasseurs après les avoir repérés, c’est demarcher en montagne tout en lançant desappels. Lorsqu’on les produit tout en se dé-plaçant dans les montagnes de feuillus nonloin des sites de repos, il faut être malchan-ceux pour y voir des chasseurs et ne pas ob-tenir d’action en une semaine de chasse!

Dates de chasse

La chasse à l’arc et à l’arbalète est ouvertependant 16 jours dans la première partie de

septembre. Cependant, ceux qui veulent bienprofiter de la faiblesse des mâles en périodede rut devraient choisir la dernière semainede cette période. Pour ce qui est de la carabi-ne, la saison est également ouverte durant 16jours, pendant le meilleur moment du rut.Beaucoup de chasseurs seront à l’œuvredurant la première semaine, alors la deuxièmeest généralement plus tranquille et l’appel estencore très efficace.

Avec autant de facteurs positifs, la région deCharlevoix (zone 27 Est) est certainement unendroit de prédilection, tant pour les archersque pour ceux qui chassent à la carabine.

La GaspésieLes réserves fauniques de Matane, Dunière etChic-Chocs abritant plus de 40 orignaux aux 10km2 en moyenne, il est normal que plusieurschasseurs québécois soient attirés par la Gas-pésie. C’est d’ailleurs l’endroit au Québec oùl’on observe le plus d’orignaux en territoire libre.On y trouve également deux parcs nationaux,soit celui de la Gaspésie et Forillon, et côté terri-toires publics il y a les zecs Casseault, de Cap-Chat, York-Baillargeon et plusieurs centainesde kilomètres carrés de territoire libre.

AO Û T 2 0 0 8 • S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E 4 7

Les sites de repos, dans les territoires richesen nourriture dominés par le bois franc,constituent de véritables pièges à orignal

et se trouvent facilement. En plus, ilspermettent au chasseur de se déplacer

aisément pendant la chasse.

Type d’habitat

La sapinière à bouleau blanc domine la Gas-pésie en général. Plus on va à l’ouest, plus lanourriture est riche, mais ça ne veut pas direqu’il y a plus d’orignaux pour autant, car lapression de chasse est plus forte.

Dates de chasse

Ici, l’archer est drôlement avantagé. La chas-se dure neuf jours et débute vers la fin sep-tembre. Plusieurs chasseurs à l’arc veulentprofiter du rut, mais comme le territoire estimmense et que la plupart d’entre eux sontsédentaires, il est assez simple de dénicherun coin tranquille sans déranger qui que cesoit. Compte tenu de la densité d’orignaux, sivous êtes le moindrement doué pour les ap-peler, vous devriez avoir de l’action pendantvotre semaine de chasse.

Pour ce qui est de la carabine, la chasseouvre vers la mi-octobre et les orignaux pen-sent beaucoup plus à se nourrir qu’à se re-produire à cette période. Il est toujourspossible de faire venir un mâle sur l’appel,mais le meilleur temps est passé. Avec uneforte pression de chasse, beaucoup de chas-seurs sont en camionnette ou en VTT, les ori-

gnaux se déplacent peu et ne sortent pas àdécouvert. Alors le chasseur qui va marcheren forêt risque fort d’être récompensé par laloi de la moyenne. De plus, on peut main-tenant chasser à l’arme à chargement par labouche pendant les trois jours qui suivent lafermeture de la chasse à la carabine.

En pesant le pour et le contre, et malgré laforte pression de chasse qui s’exerce à l’arcet encore plus à la carabine, la Gaspésiedemeure un bon choix, parce qu’elle abriteune très forte densité d’orignaux.

Le TémiscamingueÀ mon humble avis, le Témiscamingue est lemeilleur endroit pour chasser l’orignal en ter-ritoire libre au Québec. Remplie de «pièges àorignaux» (territoires dominés par les forêtsde bois franc) et facile d’accès, cette régionest privilégiée. Cet immense territoire est cou-vert par le sud de la zone 13, la 12 et le côtéouest de la zone 10. Le tout est bien alimentépar la réserve faunique La Vérendrye,quelques pourvoiries et surtout par le sud-estde l’Ontario (parc Algonquin) qui déborded’orignaux. On y trouve plusieurs grandeszecs, comme Kipawa, Restigo, Maganasipi,

Dumoine et plusieurs centaines de kilomètrescarrés de territoire libre.

Type d’habitat

Ce n’est pas compliqué, tout ce que j’ai écritplus tôt se rapportant à un bon territoire est pré-sent au Témiscamingue.

Dates de chasse

C’est l’un des endroits au Québec où lesarchers sont les plus favorisés, et dans cetterégion ils sont beaucoup plus rares que les ori-gnaux. Pour ceux qui veulent profiter du rut leplus possible, c’est l’idéal. La chasse à l’arc et àl’arbalète (sauf dans la zone 13 où seul l’arc estpermis) ouvre généralement vers la mi-septem-bre et dure jusqu’à la fin du mois.

À la carabine, la chasse ouvre dans la pre-mière partie d’octobre pour 16 jours dans leszones 12 et 13, et pour neuf jours dans la 10Ouest. Ces dates, un peu après le pic du rut,sont quand même très intéressantes, puisquela majorité des femelles sont fécondées et queles mâles encore en rut ne peuvent résister àdes appels convaincants. Il est possible dechasser à la fin octobre à l’arme à chargementpar la bouche dans la 10 Est et dans les zecs.

ORIGNAL • Pour trouver un territoire

Le Bas-Saint-Laurent, terre natale de l’auteur, propose un habitat variécomposé de nombreux peuplements de résineux, de feuillus et mixtes,en plus d’un impressionnant parquet de coupes forestièresà différents stades de régénération.

Le Bas-Saint-LaurentJe connais très bien ce territoire pour y avoirtravaillé comme guide et garde-forestier. Je suisd’ailleurs natif de cette région et j’habite tou-jours le petit village de Squatec, au Témiscoua-ta. La population d’orignaux s’est beaucoupaccrue ces dernières années, grâce au plan degestion selon plusieurs, et je suis d’accord.Toutefois, je crois personnellement que l’élé-ment déclencheur a été lorsque le gouverne-ment a interdit l’arrosage de pesticides dans lesplantations, les sites alimentaires les plus nutri-tifs pour l’orignal dans cette région.

Le Bas-Saint-Laurent est couvert par lazone 2, et les pouponnières sont nombreuses.Au sud il y a le Maine, et à l’est le Nouveau-Brunswick. Plus à l’ouest se trouvent lapourvoirie Baronnie et le sanctuaire de Pohé-négamook. Au centre, on a la réserve Duché-nier et la Seigneurie Nicolas Riou, et plus àl’est, la réserve faunique de Rimouski pour finiravec la pourvoirie Le chasseur et la Seigneuriedu lac Métis. Ici encore, on retrouve beaucoupd’espace libre et trois zecs, soit Chapais, Owenet du Bas-Saint-Laurent.

Type d’habitat

L’habitat est bien varié, avec beaucoup de boisfranc et de résineux et beaucoup de coupeségalement, alors l’orignal y retrouve naturelle-ment son compte.

Dates de chasse

Sauf pour l’arme à chargement par la bouche,les dates sont les mêmes que celles de la Gas-pésie (zone 1), alors une fois de plus lesarchers sont avantagés. Cependant, je diraisque plus de la moitié des utilisateurs de carabi-nes chassent également à l’arc, ce qui faitbeaucoup d’intéressés, même à l’arc. Malgrécette énorme pression de chasse, il est toujourspossible et pas si compliqué de trouver un cointranquille avec des orignaux à notre portée.

AILLEURS AU QUÉBEC

Je mets plusieurs territoires dans le même pa-nier : l’Abitibi, la Mauricie, Lanaudière, le Sa-

guenay/Lac-Saint-Jean et la Côte-Nord. Dansces régions, les chasseurs à l’arc ou à l’arbalètesont assez rares. À la carabine, la pression dechasse n’est pas si terrible comparativementaux zones 1 et 2, ou pire encore aux zones 3 et4, où la pression est très élevée et les territoirespublics beaucoup plus rares. Pour ce qui estdes dates de chasse, ça ressemble beaucoupau Témiscamingue et à la région de Charlevoixen général.

Dans ces régions les populations d’ori-gnaux sont moindres, mais d’un autre côté lesterritoires sont immenses et dans certains sec-teurs on en trouve en abondance. Ces bonsterritoires étant souvent isolés, une prospectionest de mise et les cartes écoforestières sontd’une importance capitale. Cependant, si vousêtes à la recherche d’un territoire semblable àceux-ci, je vous conseille de vous concentrerdavantage sur le Témiscamingue ou dans le

secteur de Charlevoix, car les dates de chassesont à peu près les mêmes mais la qualité dechasse est meilleure.

Mon analyse de territoires au Québec s’ar-rête là, bien que je n’aie pas fait mention deszones beaucoup plus au nord du Québec ettrès peu parlé de celles plus au sud. Les pre-mières sont trop difficiles d’accès selon moi,et on peut facilement trouver mieux beau-coup plus près des grands centres urbains,tandis que les deuxièmes ne comportent pasbeaucoup de territoires publics, malgréquelques exceptions où l’on retrouve des ter-ritoires vastes et giboyeux comme la zec Loui-se Gosford.

LES PREMIERS PAS VERSUN NOUVEAU TERRITOIRE

Tel que mentionné en début d’article, pour cer-taines personnes, aborder un nouveau territoire

AO Û T 2 0 0 8 • S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E 4 9

TIM

ALLA

RD

Les archers ont vraiment la cote dans lagrande majorité des zones où le nombre de

chasseurs est important. La saison de lachasse à l’arc ouvrant plus tôt, ces adeptes

sont à l’œuvre pendant la meilleure périodedu rut et de l’appel.

5 0 S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E • AO Û T 2 0 0 8

ORIGNAL • Pour trouver un territoire

Le site Internet Google Earthfournit différentes imagesdu territoire que vous voudriezexploiter pour la chasse à l’orignal.

a) On peut distinguer plusieurspropriétés privées, reconnaissablespar leurs délimitations systématiques.

b) Ici on obtient la compositiondes différents peuplements forestiers.En vert pâle, on aperçoit les feuillus,

et en foncé les résineux.

c) Si vous êtes chanceux, le secteurque vous aurez choisi sera couvertpar une image d’une très grandeprécision qui vous en fournitles moindres détails.

où d’autres chasseurs sont déjà établis peuts’avérer une mission impossible. Voici la procé-dure qui vous mènera à la terre promise.

Il faut d’abord choisir une région parmi lesendroits suggérés. Cela fait, vous devez y jeterun premier coup d’œil en consultant le site duministère des Ressources naturelles à :

www.mrnfp.gouv.qc.ca/publications/enl igne/faune/reglementat ion-chasse/cartes/index.asp

Vous y verrez une carte du Québec mon-trant toutes les zones de chasse, et vous pour-rez cliquer sur celle de votre choix (la 27 dansl’exemple ci-contre). Les secteurs couverts depointillés serrés sont les zecs, donc des territoi-res publics. Ceux où les pointillés sont plus es-pacés sont les réserves fauniques, ceuxremplis de traits obliques sont des pourvoiries àdroits exclusifs et ceux de couleur beige, lesparcs nationaux ou provinciaux. Tous les nomsdes zecs, réserves fauniques et parcsnationaux sont indiqués. Pour le reste, tout cequi est en blanc représente des territoires libresou privés. Votre choix devra se faire dans unezec ou un territoire libre. Si vous choisissez unezone en blanc, assurez-vous de ne pas voustrouver en terrain privé. Pour ce faire, éloignez-vous des villages et des rangs.

À cette étape, il vous faut faire un choix deterritoire. Dans le cas d’une zec, vous pouvez lacontacter pour connaître le coût d’une carte demembre, les forfaits disponibles, les statisti-ques de récolte, le taux de succès, etc. Vousobtiendrez les coordonnées de la zec choisiesur le site :

www.mrnfp.gouv.qc.ca/publications/enligne/faune/reglementation-chasse/periodes-limites/chasse-zecs-orignal.asp

Une fois le choix effectué, il vous reste à re-garder votre «nouveau territoire» sur image sa-tellite à l’aide du logiciel Google Earth. Celui-cifournit une image de la terre entière, et on peutle télécharger gratuitement sur Internet à :

http://earth.google.com/intl/fr/download-earth.html#no_redirect

Si, par endroits, l’image peut être claire aupoint de voir un camp de chasse sur le bordd’un lac (c), la résolution peut être moins bonnedans d’autres secteurs, mais en général ce logi-ciel donne une très bonne idée du territoire.

«Zoomez» sur le secteur pour vous donnerune première vue d’ensemble. Vous aperce-vrez les feuillus en vert pâle, les résineux envert plus foncé, de même que les coupes, lacs

et chemins (b). Si jamais vous avez fait l’erreurde choisir un territoire privé, vous le saurez envoyant les travaux forestiers qui y ont été effec-tués. Grâce à leurs dimensions (1,6 km [1 mi]de long par 250 à 275 m [environ 800 ou900 pi] de large), vous pourrez aisément voirles séparations entre chaque lot marqué pardes travaux forestiers (a).

Avec Google Earth, on distingue assezbien l’habitat de l’orignal. On peut égalementmesurer des distances en tenant compte durelief, et cela va vous donner une bonne idéede la superficie de votre territoire. Assurez-vous d’en choisir un assez grand, car certainssecteurs peuvent être déjà occupés par deschasseurs. Idéalement, il faut se servir deGoogle Earth pour procéder à l’analyse rudi-mentaire d’un territoire d’au moins 30 km2.

Par la suite, vous pouvez commander lacarte écoforestière du secteur en vous référantau nom d’un lac ou à la position (coordonnéesen degrés, minutes, secondes indiquées parGoogle Earth). Ce type de carte permet de vi-sualiser tout l’habitat de l’orignal; les différentspeuplements sont différenciés par typed’essence, par leur densité et leur hauteur, demême que leur âge, etc. Si vous savez recon-naître les bons endroits grâce à ces cartes,vous disposez d’un atout supplémentaire. Voi-ci le numéro de téléphone pour commanderune carte écoforestière : 1 877 936-7387.

LA PROSPECTION

Je n’aborderai pas la prospection comme telle,car ce n’est pas vraiment le sujet de cet article.Mais il est évident qu’une fois votre territoire re-péré et analysé à l’aide de Google Earth et de

cartes, vous devrez y consacrer au moins unejournée ou deux, idéalement au printemps ouau plus tard au tournant du mois de septembre.Il faut concentrer vos efforts pour déterminerdeux choses : où étaient les orignaux l’automnepassé, et où se trouvaient les chasseurs. Decette façon, vous serez en mesure de dénicherun coin tranquille, surtout si vous chassez àl’arc ou à l’arbalète.

CONCLUSION

N’oubliez pas que votre recherche de territoiredoit toujours se faire en respectant les chas-seurs déjà sur place. Pour vous, l’année la plusdifficile sera sûrement la première. Mais aprèsseulement deux ou trois ans à chasser dans cenouveau territoire, vous ne regretterez pasvotre décision. En bout de ligne, ce sera la so-lution la moins coûteuse qui va vous rapporterbeaucoup de succès. Fini les déceptionsaprès le tirage au sort pour chasser en réservefaunique, et fini la chasse dans de minusculesterritoires limités par des terres privées etbeaucoup trop petits pour chasser un gros gi-bier comme l’orignal.

J’ai souvent vécu l’expérience de découvrirun nouveau territoire, j’ai aussi conseillé beau-coup de chasseurs, et ceux-ci n’ont jamais re-gretté leur geste. Je parle par expérience endisant que trouver un bon secteur de chasse enterritoire public a l’air beaucoup plus difficileque ce l’est en réalité. Lors de votre prospectionvous pouvez passer dans des secteurs fréquen-tés par d’autres adeptes, mais beaucoup d’en-tre eux ne chassent pas aux bons endroits(bords de lac, bûchés trop jeunes, etc.), ce quilaisse les meilleurs sites à votre disposition!

AO Û T 2 0 0 8 • S E N T I E R C H A S S E - P Ê C H E 5 1

Exemple de carte disponible sur le site Internet duMRNF