Oscar et la dame rose Thèmes - · PDF file et choisissez Oscar et la dame rose. ... B2 Pour aller plus loin. ... - La comédienne est souvent filmée en plongée1

Fiche réalisée par Frédérique Treffandier, CAVILAM, Vichy Oscar et la dame rose 1/14

Oscar et la dame rose d'Eric-Emmanuel Schmitt

Thèmes

Cinéma, littérature, musique, théâtre

Mise en scène et réalisation : Christophe Lidon, 2006 Interprète : Danielle Darrieux (Mamie-Rose), Molière 2003 de la meilleure comédienne Assistante à la mise en scène : Raphaëlle Cambray Décor : Claude Lemaire Lumières : Marie-Hélène Pinon Costume : Carine Sarfati Enregistrement au Théâtre des deux Rives à Charenton-le-Pont Durée : 90'

Présentation

Pour visionner les extraits choisis de la pièce de théâtre Oscar et la dame rose, allez sur le site www.tv5monde.com/theatre et choisissez Oscar et la dame rose.

Résumé : Voici les lettres adressées à Dieu par un enfant de dix ans. Elles ont été retrouvées par Mamie-Rose, la « Dame Rose » qui vient lui rendre visite à l'hôpital pour enfants. Elles décrivent douze jours de la vie d'Oscar, douze jours pleins de personnages drôles et émouvants. Ces jours seront peut-être les derniers. Mais, grâce à Mamie-Rose qui noue avec Oscar un très fort lien d'amour, ces jours deviendront légende.

Trois scènes utilisables en classe : 1. (1’37 à 5’01) Extrait 1 : la vieille dame et l’enfant 2. (24’22 à 27’30) Extrait 2 : la légende de Mamie-Rose 3. (1h11’52 à 1h15’25) Extrait 3 : un cadeau éphémère Texte

Cliquez ici pour accéder au texte des scènes sélectionnées.


Objectifs • Objectifs communicatifs :

o imaginer l’apparence d’un personnage d’après son nom, o comprendre l’origine d’une œuvre en écoutant une interview de l’auteur ou en lisant

une de ses déclarations, o caractériser la forme d’un texte théâtral, o identifier un registre de langue, o qualifier et commenter des éléments scéniques, o faire l’autoportrait d’un personnage, o répertorier des accessoires et s’interroger sur leur rôle, o commenter une mise en scène, o transformer un monologue en dialogue.

• Objectif (inter-) culturel :

o découvrir l’adaptation scénique d’un roman épistolaire.

• Éducation aux médias : o comprendre la valeur d’une perspective de caméra.

Suggestions pour la classe

B1, B2 Mise en route. Avant de travailler avec la ou les scènes sélectionnées B1, B2 La vieille dame et l’enfant. Extrait 1 B1, B2 La légende de Mamie-Rose. Extrait 2 B1, B2 Un cadeau éphémère. Extrait 3 B1, B2 Pour aller plus loin. Après avoir travaillé avec les trois scènes


Mise en route. Avant de travailler avec la ou les scènes sélectionnées

Niveaux

B1, B2

« Dessine-moi une dame rose… » Fermez les yeux. Imaginez une dame rose. Prenez une feuille blanche et dessinez. Comparez votre dessin avec celui de votre voisin(e) de table. Inviter les apprenants à afficher les dessins réalisés sur les murs de la classe et commenter en grand groupe les réalisations. À l’origine du livre Visionnez l’interview d’Eric-Emmanuel Schmitt à l’adresse suivante. http://www.cinema.ch/fr/videos/oscar-et-la-dame-rose--interview.3323 Pourquoi Eric-Emmanuel Schmitt a-t-il écrit Oscar et la dame rose ? Pistes de correction : L’auteur a lui-même été malade dans son enfance. C’est une expérience qu’il souhaitait depuis retranscrire.

Variante B2 : Distribuer la fiche apprenant 1. Faites l’activité 1. Mise en commun. Pistes de correction : 1. La maladie d’un enfant, la réaction des proches face à cette épreuve, l’espoir… 2. Dans sa propre enfance. 3. Car cette grande comédienne possède à la fois la maturité et cette part d’enfance indispensables à l’interprétation des deux personnages créés par E-E Schmitt (Oscar et Mamie-Rose). À noter : Danielle Darrieux a été sacrée meilleure actrice aux Molières en 2003 pour son interprétation dans Oscar et la dame rose. Retour à la liste des activités

La vieille dame et l’enfant. Extrait 1 (1’37 à 5’01)

Niveaux

B1, B2

Présentation de l’extrait : - personnage : Mamie-Rose. - situation : Oscar est un petit garçon qui vit à l’hôpital des enfants, car il a une leucémie. Il a dix ans, mais il pense qu’il a l’air d'en avoir sept et que sa tête ressemble à un Crâne d’Œuf à cause de son cancer. À l’hôpital, il fait la connaissance de Mamie-Rose, la « dame rose », qui travaille là pour réconforter les enfants malades. Elle encourage Oscar à écrire des lettres à Dieu pour se sentir moins seul. Bien qu’il ne croie pas vraiment que Dieu existe, il le fait.


C’est la première de ces lettres que nous livre la comédienne, seule en scène, empruntant les mots du petit garçon. Faire écouter le début du monologue en masquant l’écran. Arrêter l’écoute à la phrase : « Or j’ai besoin que tu t’intéresses. » Combien de personnages entendez-vous ? Qui parle à qui ? Caractérisez la forme particulière de ce monologue. Pistes de correction : - Une personne qui se présente comme un enfant de dix ans, nommé Oscar et atteint d’un cancer. - Il s’adresse à Dieu. - La formule d’ouverture « Cher Dieu » nous indique qu’il s’agit d’une lettre, ce qui est confirmé par la suite dans les propos d’Oscar.

Montrer le même extrait, image rétablie. Êtes-vous surpris par ce que vous voyez ? Justifiez votre réponse. Exemples de réponses attendues : Oui : c’est un dame âgée que nous voyons alors que le texte nous indiquait qu’il devait s’agir d’un garçonnet. Nous nous attendions aussi à découvrir le décor d’une chambre d’hôpital… Non : la voix ne semblait pas être celle d’un petit garçon…

Revenir à l’ouverture de la scène et faire un arrêt sur image au moment où la main de la comédienne prend la lettre posée sur le coffre à jouets. Expliquez la signification de ce plan. Pistes de correction : La vieille dame trouve la lettre du petit garçon nommé Oscar. C’est le contenu de cette lettre que la comédienne nous restitue dans cette scène.

B2 Montrer une dernière fois le début du monologue. Caractérisez le registre de langue utilisé. Pistes de correction : C’est un registre familier assez typique d’un discours enfantin. Les intonations de la comédienne renforcent l’idée que le personnage s’identifie ici au petit Oscar.

Distribuer la fiche apprenant 2. Diviser la classe en deux groupes (un groupe pour les lignes des éléments visuels, un pour celles des éléments sonores. La ligne concernant le personnage est commune aux deux groupes.) Visionner la suite de la scène. En deux groupes, faites l’activité 2. Mise en commun en grand groupe. Pistes de correction :

Décor simple - sophistiqué - minimaliste - surréaliste - moderne - réaliste - …


Couleurs rose - bleu - gris - vert - blanc - rouge - jaune – marron…

Lumière vive - douce - contrastée - changeante - …

Personnage dynamique - âgé - sympathique - antipathique - touchant - étrange - comique - …

Musique classique - moderne - rythmée - triste - joyeuse -…

Voix aigüe - grave - posée - douce - enfantine - …

Visionner à nouveau toute la scène. Listez les accessoires et indiquez leurs fonctions. Pistes de correction : Deux valises anciennes, une chaise, un tabouret, un lit d’enfant entièrement recouvert d’un drap blanc, des ours en peluche que le personnage sort d’un coffre à jouet bleu décoré d’un ours peint. > Par petites touches les accessoires dressent le décor : c’est une chambre d’enfant (coffre et ours), un enfant certainement de passage (valises). C’est un lieu où d’autres personnes viennent s’asseoir. Seul le petit lit blanc évoque l’univers hospitalier…

Qui est Mamie-Rose ? Qui est le docteur Düsseldorf ? Pistes de correction : - Une bénévole d’une association chargée de jouer avec les enfants malades à l’hôpital ; elle porte une blouse rose pour la différencier du personnel médical, ce qui lui vaut le surnom donné par Oscar. - C’est le médecin qui a effectué une greffe de moelle osseuse pour tenter de soigner Oscar.

À deux, rédigez l’autoportrait d’Oscar d’après les informations qu’il livre dans sa lettre. Mise en commun. Mêmes tandems. Modifiez ce portrait en adoptant, cette fois, le point de vue de Mamie-Rose. Où se porte le regard de la comédienne durant la quasi-totalité de cette scène ? Comment la réalisation de Christophe Lidon (réalisateur et metteur en scène) souligne-t-elle cet effet ? Pistes de correction : - Vers le haut, le ciel, car les paroles du petit garçon s’adressent à Dieu. - La comédienne est souvent filmée en plongée1. Retour à la liste des activités

1 La plongée consiste à placer la caméra au-dessus du sujet filmé. Elle permet de donner une impression de hauteur, de petitesse et de domination du sujet.


La légende de Mamie-Rose. Extrait 2 (24’22 à 27’30)

Niveaux

B1, B2

Présentation de l’extrait : - personnage : Mamie-Rose. - situation : il s’agit d’un extrait de la deuxième lettre d’Oscar. Pour aider Oscar à prendre plaisir au reste de sa vie, Mamie-Rose invente un « jeu » : à partir de ce jour, chaque jour compte pour dix ans ; le petit garçon aura alors la possibilité de faire l’expérience de toutes les étapes de la vie, en douze jours... Visionner la scène. Expliquez de quelle manière la comédienne fait vivre le dialogue entre elle et le petit garçon alors qu’elle est seule en scène. Piste de correction : Elle emprunte tour à tour les traits des deux personnages. Les inflexions de sa voix se modifient (forte et assurée pour parler comme Mamie-Rose, pleine de sanglots retenus ou boudeuse pour Oscar), sa posture et son regard changent (elle cherche le regard d’Oscar près d’elle et vers le bas quand elle est Mamie-Rose ou tourne son regard vers le ciel, vers Dieu, son interlocuteur lorsqu’elle redevient Oscar)...

Diviser la classe en deux groupes. Visionner à nouveau la scène. Groupe 1 : répertoriez les accessoires et effets utilisés pendant la scène. Groupe 2 : relevez dans le texte toutes les notations de temps entendues. Mise en commun. Comment interprétez-vous ces différents éléments ? Pistes de correction : - Un mouchoir (matérialise le chagrin du petit garçon), une bougie (donne une douce luminosité favorable au récit de la légende, comme un conte pour soulager le chagrin d’Oscar), des cartes à jouer (pour montrer cette notion mystérieuse de divination). On notera aussi le rôle des bulles de savon et des effets lumineux qui renforcent cette douce atmosphère onirique… - L’accumulation de ces notations révèle combien le temps qui passe est au cœur du problème du petit garçon qui approche de la fin de sa vie. « Douze jours » (les visites autorisées de Mamie-Rose mais aussi le temps qu’il reste à Oscar…), « 19 décembre », « 20 décembre », « mois de janvier », « mois de février », « 31 décembre », « mois de décembre suivant » (Mamie-Rose s’efforce d’étirer ce temps qui fait défaut à Oscar.), « dix ans » (la valeur d’un jour pour Oscar à partir de ce moment), cent vingt ans (l’âge qu’attendra Oscar au terme des douze jours, une note d’espoir pour l’enfant.), « midi », « cinq ans », « ce soir », « dix ans » ( Oscar commence à vivre [selon le jeu de Mamie-Rose]).

Distribuer le texte de la scène puis la visionner à nouveau. Relevez les termes utilisés successivement par Oscar pour se décrire. Qu’en pensez-vous ? Pistes de correction : « Moi avec mon crâne d’œuf », « qui ne ressemble ni à un garçon ni à une fille », « un Martien ».


Ses mots résonnent douloureusement même si Oscar cherche à tourner en dérision le regard qu’il porte sur son apparence physique.

À deux. Quelle est l’impression générale laissée par cette scène ? Comment la mise en scène souligne-t-elle le récit de la légende par Mamie-Rose ? Mise en commun. Pistes de correction : - Onirique, triste, mais le final de la lettre (la manière amusante dont le petit garçon s’adresse à Dieu) évacue le pathos … - Par les effets de lumière, la légèreté des bulles de savon et la douce musique de flûte…

Du monologue au dialogue Comment expliquez-vous le choix de ne jamais faire apparaître le personnage d’Oscar sur scène ? Pistes de correction : Par pudeur : il est difficile de présenter un enfant en souffrance. Par volonté dramatique : son absence renforce la portée de ces lettres laissées comme ultime trace après sa disparition…

En tandem, préparez-vous à jouer ce texte comme un dialogue de théâtre. Vous ferez donc apparaître le personnage du petit garçon. Les parties de récit disparaîtront lors de la transposition du monologue en dialogue, mais pourront servir à la préparation au jeu ou à la rédaction de didascalies. Retour à la liste des activités

Un cadeau éphémère. Extrait 3 (1h11’52 à 1h15’25)

Niveaux

B1, B2

Présentation de l’extrait : - personnage : Mamie-Rose. - situation : il s’agit d’un extrait de la neuvième lettre d’Oscar. De 70 à 80 ans, Oscar passe son temps à réfléchir. Bien sûr Mamie-Rose l’aide à réfléchir à la vie, la mort, Dieu et la foi, notamment à travers un cadeau très symbolique qu’elle lui a offert pour Noël. Finalement, Oscar se penche sur le cas de son médecin, le docteur Düsseldorf, qu’il voudrait guérir de son sentiment de culpabilité… Visionner le début de la scène sans le son. Arrêter le visionnage au moment où la comédienne referme le livre jaune. À deux : Décrivez les gestes et expressions du personnage. Décrivez les effets de lumière visibles dans cette scène. Mise en commun. Faites des hypothèses sur le contenu du monologue qui accompagne ces images.


Visionner le même extrait de la scène, son rétabli. Arrêter la vidéo après la phrase « Elle n’a rien d’un baobab.» À deux : - Énumérez les étapes successives de la vie de la plante du Sahara. - En quoi Oscar peut-il s’identifier à cette plante ? - Quel est l’effet produit par cette évocation ? Pistes de correction : - Se reporter au texte de la scène. - Le cycle de vie bref de cette plante symbolise sa situation : il est condamné à brève échéance, mais grâce au jeu de Mamie-Rose (vivre un jour comme s’il s’agissait d’une décennie), il aura vécu une vie complète. - Création d’une atmosphère poétique, onirique. L’ouverture du livre s’accompagne d’une mélodie qui rappelle celle des boîtes à musique de notre enfance. Un moment de grâce qui tient à distance la douloureuse réalité de la maladie et de la mort.

Visionner la suite de la scène. Expliquez pourquoi, l’évocation de la scène entre Oscar et le docteur Düsseldorf peut prêter à sourire. Quel est, à votre avis, l’objectif de l’humour utilisé dans cette scène ? Mise en commun. Pistes de correction : - Les rôles sont inversés : c’est le petit patient qui entreprend de guérir son médecin. - Tenir à distance le tragique, ne pas sombrer dans le pathos, ce qui est un risque certain avec un tel sujet.

Visionner intégralement la scène. En petits groupes, faites l’activité 3 de la fiche apprenant 2. Mise en commun. Discussion en grand groupe. Pistes de correction : Pour rester dans la poésie et l’humour tandis que le passage tronqué aborde un aspect plus philosophique, réflexif, sans doute plus difficile à faire vivre à la scène… Retour à la liste des activités

Pour aller plus loin. Après avoir travaillé avec les trois scènes

Niveaux

B1, B2

Oscar et la dame rose Le livre : citations à lire et à commenter « Écrire, c'est rien qu'un mensonge qu'on enjolive. » « Si je m'intéresse à ce que pensent les cons, je n'aurai plus de temps pour ce que pensent les gens intelligents. » « Il faut distinguer deux peines [...], la souffrance physique et la souffrance morale. La souffrance physique, on la subit. La souffrance morale, on la choisit. »


« [...] la plupart des gens sont sans curiosité. Ils s'accrochent à ce qu'ils ont, comme le pou dans l'oreille d'un chauve. » « Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. À chaque réponse, on doit joindre un « peut-être ». Il n'y a que les questions sans intérêt qui ont une réponse définitive. » Le film : bande-annonce du film d’Eric-Emmanuel Schmitt http://www.premiere.fr/Bandes-annonces/Video/Oscar-et-la-Dame-Rose# Exercices interactifs Retrouvez les exercices autocorrectifs sur le site www.apprendre.tv dans la collection « Théâtre : en scène(s) ! ». L’auteur : Eric-Emmanuel Schmitt - Son site officiel : http://www.eric-emmanuel-schmitt.com/ - Un documentaire : un an avec Eric-Emmanuel Schmitt La fiche pédagogique correspondante est à découvrir sur le site www.enseigner.tv dans la rubrique « L’émission du mois ». - Quatre entretiens à écouter sur la webradio Canal Académie http://www.canalacademie.com/ida5070-Eric-Emmanuel-Schmitt-Il-faut.html L’interprète : Danielle Darrieux Biographie, filmographie, théâtrographie, discographie, presse, photos, etc. sont à découvrir aux adresses suivantes : http://danielledarrieux.canalblog.com/ http://fr.wikipedia.org/wiki/Danielle_Darrieux http://www.evene.fr/celebre/biographie/danielle-darrieux-20063.php L’évangile selon Pilate Pour découvrir une autre pièce d’Éric-Emmanuel Schmitt, consulter la fiche pédagogique sur le site www.enseigner.tv dans la rubrique « Les vidéos du site ». Pour visionner les extraits choisis de la pièce de théâtre L’évangile selon Pilate, aller sur le site www.tv5monde.com/theatre et choisir L’évangile selon Pilate. Retrouver également les exercices interactifs sur cette même pièce sur www.apprendre.tv dans la collection « Théâtre : en scène(s) ! » Retour à la liste des activités


Mise en route. Fiche apprenant 1

Activité 1 : lisez cette déclaration de l’auteur et répondez aux questions qui suivent.

Quels sont les thèmes principaux d’Oscar et la dame rose ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Où l’auteur a-t-il puisé l’inspiration pour écrire ce roman ? ………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Pourquoi Eric-Emmanuel Schmitt a-t-il choisi la comédienne Danielle Darrieux pour incarner cette œuvre à la scène ? …………………………………………………………………………………………………………………………………………………..………………………………………………………………………………………………………………………………………………….. Source image : http://commons.wikimedia.org

Retour à l’activité

C’est sans doute le plus autobiographique de mes textes. J’ai lu toute cette histoire dans des yeux que j’aimais. Et j’ai moi-même été Oscar, l’enfant à qui l’on ne parle plus parce que son état de santé fait peur, l’enfant qui souffre du silence de ses proches, du silence du ciel, des questions laissées sans réponses, mais qui demeure habité par la joie infinie de vivre. Oscar et la dame rose est un hymne à la vie. Aussi courte soit-elle, une existence doit être pleine, savoureuse, occupée par des sentiments forts et essentiels, traversée d’humour, d’interrogations et de rires. C’est aussi un hymne à l’imagination, cette capacité d’enrichir le quotidien, cette force de salut. Parce qu’Oscar et la dame rose est un hymne à la vie, je l’ai dédié à Danielle Darrieux. Pétillante, malicieuse, caustique, rosse, naturelle, loin de tout pathétique, gourmande, lumineuse, pudique, elle est pour moi l’incarnation de ce que je voulais dire. À la fois la dame rose, cette visiteuse extravagante, ancienne catcheuse, qui n’a peur de rien, ni des gros mots, ni des coups, ni des discussions, elle sera aussi l’enfant plein de violence, de rage, de tendresse, car, chez elle, incroyablement, l’enfance est toujours là. Sans doute, l’enthousiasme, l’appétit, une capacité d’étonnement… Lorsque nous lisions ce texte tous les deux, des confidences lui échappaient. Ainsi, un jour où je lui demandais ce qui résumait le bonheur pour elle, elle me répondit : - Ouvrir les volets le matin. Et les refermer le soir. - Ah oui, Danielle, ouvrir les volets le matin, c’est bien, c’est l’espoir, tout commence, j’aime ça, ouvrir les volets ! - Oui. Mais aussi les refermer le soir.

Eric-Emmanuel Schmitt


La vieille dame et l’enfant. Fiche apprenant 2

Activité 2 : soulignez les termes qui, selon vous, décrivent la scène et ajoutez des mots si vous le jugez nécessaire.

Décor simple - sophistiqué - minimaliste - surréaliste - moderne - réaliste - …

Couleurs rose - bleu - gris - vert - blanc - rouge - jaune - … Lumière vive - douce - contrastée - changeante - …

Personnage dynamique - âgé - sympathique - antipathique - touchant - étrange - comique - …

Musique classique - moderne - rythmée - triste - joyeuse -…

Voix aigüe - grave - posée - douce - enfantine - …


Un cadeau éphémère

Activité 3 : lisez le passage suivant. Il figure dans le roman mais a été supprimé lors de l’adaptation scénique. Pourquoi, à votre avis ?


Elle est passionnée par les maladies. Elle se demande lesquelles elle pourrait avoir plus tard. Moi, j’ai regardé les mots qui m’intéressaient : « Vie », « Mort », « Foi », « Dieu ». Tu me croiras si tu veux, ils n’y étaient pas ! Remarque, ça prouve déjà que ce ne sont pas des maladies, ni la vie, ni la mort, ni la foi, ni toi. Ce qui est plutôt une bonne nouvelle. Pourtant, dans un livre aussi sérieux, il devrait y avoir des réponses aux questions les plus sérieuses, non ?

- Mamie-Rose, j’ai l’impression que dans le Dictionnaire médical, il n’y a que des trucs particuliers, des problèmes qui peuvent arriver à tel ou tel bonhomme. Mais il n’y a pas les choses qui nous concernent tous : la Vie, la Mort, la Foi, Dieu.

- Il faudrait peut-être prendre un Dictionnaire de philosophie, Oscar. Cependant, même si tu trouves bien les idées que tu cherches, tu risques d’être déçu aussi. Il propose plusieurs réponses très différentes pour chaque notion.

- Comment ça se fait ? - Les questions les plus intéressantes restent des questions. Elles enveloppent un mystère. À chaque

réponse, on doit joindre un « peut-être ». Il n’y a que des questions sans intérêt qui ont une réponse définitive.

- Vous voulez dire qu’à « Vie », il n’y a pas de solution ? - Je veux dire qu’à « Vie », il y a plusieurs solutions, donc pas de solution. - Moi, c’est ce que je pense, Mamie-Rose, il n’y a pas de solution à la vie sinon vivre.

Le docteur Düsseldorf est passé nous voir. Il traîne son air de chien battu […]


Texte

Extrait 1

Cher Dieu,

Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chat, au chien, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) et c’est la première lettre que je t’envoie parce que jusqu’ici, à cause de mes études, j’avais pas le temps.

Je te préviens tout de suite : j’ai horreur d’écrire. Il faut vraiment que je sois obligé. Parce que, écrire, c’est guirlande, pompon, risette, ruban, et cetera. Écrire, c’est rien qu’un mensonge qui enjolive. Un truc d’adultes.

La preuve ? Bah tiens, prends le début de ma lettre : « Je m’appelle Oscar, j’ai dix ans, j’ai foutu le feu au chien, au chat, à la maison (je crois même que j’ai grillé les poissons rouges) », j’aurais pu aussi bien mettre : « On m’appelle Crâne d’œuf, j’ai l’air d’avoir sept ans et je vis à l’hôpital à cause mon cancer. Je t’ai jamais adressé la parole parce que je crois même pas que tu existes. »

Seulement, si j’écris ça, ça la fout mal, tu vas moins t’intéresser à moi. Or, j’ai besoin que tu t’intéresses.

Ça m’arrangerait même si tu prenais le temps de me rendre deux ou trois services. Je t’explique. L’hôpital, c’est un endroit super-sympa, avec plein d’adultes de bonne humeur qui parlent fort, avec

des jouets, plein de jouets, et des dames roses qui veulent s’amuser avec les enfants. Avec des copains, toujours disponibles, comme Bacon, Einstein ou Pop Corn, bref, l’hôpital, c’est le pied si tu es un malade qui fait plaisir.

Moi, je ne fais plus plaisir. Depuis ma greffe de moelle osseuse, je sens bien que je ne fais plus plaisir. Quand le Docteur Düsseldorf m’examine, le matin, le cœur n’y est plus, je le déçois. Il me regarde sans rien dire comme si j’avais fait une erreur. Pourtant, je me suis bien appliqué, moi, à l’opération ; j’ai été sage, je me suis laissé endormir, j’ai eu mal sans crier, j’ai pris tous les médicaments. Parfois j’ai envie de lui gueuler dessus et de lui dire que c’est peut-être lui, le docteur Düsseldorf, avec ses grands sourcils noirs, qui l’a ratée, l’opération. Mais il a l’air tellement malheureux que les insultes me restent dans la gorge. Plus le docteur Düsseldorf se tait avec son œil désolé, plus je me sens coupable. J’ai compris que j’étais devenu un mauvais malade, un malade qui empêche de croire que la médecine, c’est formidable.

Puis la pensée d’un médecin c’est contagieux. Maintenant, tout l’étage, les infirmières, les internes, les femmes de ménage me regarde pareil. Ils sont tristes quand je suis de bonne humeur et ils se forcent à rire quand je sors une blague. On rigole plus comme avant.

Il n’y a que Mamie Rose qui n’a pas changé. De toute façon, à mon avis, elle est trop vieille pour changer. Oh puis elle est trop, Mamie Rose, aussi. Mamie Rose, je te la présente pas, c’est une bonne copine à toi, puisque c’est elle qui m’a dit de t’écrire.

Le problème, c’est qu’il y a que moi qui l’appelle Mamie Rose. Alors faut que tu fasses un effort pour voir de qui je parle : de toutes les dames en blouse rose2 qui viennent de l’extérieur passer du temps avec les enfants malades, c’est la plus vieille de toutes.

- C’est quoi votre âge, Mamie-Rose ? 2 Bénévoles d’une association chargée de jouer avec les enfants malades à l’hôpital ; rose pour les différencier du personnel médical.


- Tu peux retenir les nombres à treize chiffres, mon petit Oscar ? - Oh ! Vous charriez3 !

[…]

Extrait 2

[…]

- Ça y est Oscar : j’ai la permission. Je peux venir te voir tous les jours. - Moi et rien que moi ? - Toi et rien que toi, Oscar. Douze jours.

Alors là, je ne sais pas pourquoi mais les larmes sont revenues et m’ont secoué. Pourtant, je sais bien que les garçons doivent pas pleurer, surtout moi avec mon crâne d’œuf, qui ne ressemble ni à un garçon, ni à une fille mais plutôt à un Martien. Mais rien à faire. Je pouvais plus m’arrêter.

- Douze jours ? Ca va si mal que ça, Mamie-Rose ? Elle aussi, ça la chatouillait de pleurer. Elle hésitait. L’ancienne catcheuse empêchait l’ancienne jeune fille de se laisser aller. Ah c’était joli à voir, ça m’a distrait un peu.

- Quel jour sommes-nous, Oscar ? - Oh bah cette idée ! On est le 19 décembre. - Dans mon pays, Oscar, il y a une légende qui prétend que durant les douze derniers jours de l’an, on peut prévoir le temps qu’il va faire pendant les douze mois à venir. Le 19 décembre représente tout le mois de janvier, le 20 décembre, tout le mois de février, etc., jusqu’au 31 décembre qui préfigure le mois de décembre suivant. - C’est vrai ça ? - C’est une légende. La légende des douze jours divinatoires. Je voudrais qu’on y joue toi et moi. Enfin surtout toi. À partir d’aujourd’hui, tu observeras chaque jour en te disant que ce jour compte pour dix ans. - Dix ans ? - Oui. Un jour : dix ans. - Ah, alors dans douze jours, j’aurais cent vingt ans ! - Oui. Tu te rends compte ?

Et puis Mamie-Rose m’a embrassé et elle est partie. Alors voilà, Dieu : ce matin, je suis né, et je ne m’en suis pas bien rendu compte ; c’est devenu plus clair vers les midi, pour mes cinq ans, j’ai gagné en conscience mais ça n’a pas été pour apprendre de bonnes nouvelles ; alors ce soir, j’ai dix ans et c’est l’âge de raison. J’en profite pour te demander une chose : quand tu as quelque chose à m’apprendre comme à midi, pour mes cinq ans, fais moins brutal. Merci. À demain, bisous, […]

3 Exagérez, plaisantez.


Extrait 3

Cher Dieu, Aujourd’hui j’ai eu de soixante-dix à quatre-vingts ans et j’ai beaucoup réfléchi. D’abord, j’ai utilisé le cadeau de Mamie-Rose pour Noël. Je sais pas si je t’en avais parlé ? C’est

une plante du Sahara qui vit toute sa vie en un seul jour. Dès que la graine reçoit de l’eau, elle bourgeonne, elle devient tige, elle prend des feuilles, elle fait une fleur, elle fabrique des graines, elle se fane, elle se raplatit et, hop, le soir, c’est fini. C’est un cadeau génial, je te remercie de l’avoir inventé. Oh sûr qu’elle est un peu riquiqui et chétive comme fleur – elle n’a rien d’un baobab…

Avec Peggy, on a beaucoup lu le Dictionnaire médical. C’est son livre préféré. Elle est passionnée par les maladies. Elle se demande lesquelles elle pourrait avoir plus tard. Le docteur Düsseldorf est passé nous voir. Il traîne son air de chien battu, ce qui le rend encore plus expressif, avec ses gros sourcils.

- Est-ce que vous vous coiffez les sourcils, docteur Düsseldorf ? Il a regardé autour de lui, très surpris, il avait l’air de demander à Mamie-Rose et à mes parents, s’il avait bien entendu. Il a fini par dire oui, d’une voix étouffée.

- Bah, faut pas tirer une tête pareille, docteur Düsseldorf. Écoutez, moi je vais vous parler franchement parce que moi, j’ai toujours été très correct sur le plan médicament et vous, vous avez été impeccable sur le plan maladie. Arrêtez les airs coupables. Ce n’est pas de votre faute si vous devez annoncer les mauvaises nouvelles aux gens, des maladies aux noms latins et des guérisons impossibles. Faut vous détendre. Vous décontracter. Vous n’êtes pas Dieu le Père. C’est pas vous qui fabriquez la nature. Vous êtes juste réparateur. Faut lever le pied, desserrer la pression et pas vous donner trop d’importance, sinon vous n’allez pas pouvoir continuer ce métier bien longtemps. Regardez déjà la tête que vous avez. En m’écoutant, le docteur Düsseldorf avait la bouche comme s’il gobait un œuf. Et puis il m’a souri, un vrai sourire, et il m’a dit :

- Tu as raison, Oscar. Merci de m’avoir dit ça. - De rien, docteur. À votre service. Revenez quand vous voulez.

Toi, par contre, j’attends toujours ta visite. Viens, viens, n’hésite pas. Même si j’ai beaucoup de monde en ce moment. Ça me ferait vraiment plaisir. Alors à demain, bisous, […] Retour

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