P1526.DynamiquesfamilialesenAfrique

ParticipantsIned:Chercheur-e-s Ined: Véronique Hertrich (responsable), Patrick Festy, Joëlle Gaymu, Thérèse Locoh, Claude-

ValentinMarie,SophiePennec,GillesPison,JacquesVallin,JacquesVéron.Ingénieur-e-s Ined: Arnaud Bringé, Pascaline Feuillet, Bénédicte Garnier, Emma Lherm, Nicolas

Razafindratsima,GéraldineVivier.Chercheur-e-sassociés:MarieLesclingand(Univ.Nice),BrunoMasquelier(UCL),LaureMoguerou(Univ.Paris

10),ZahiaOuadah-Bedidi(Univ.Paris7),ClémentineRossier(Unige),MurielSajoux(Univ.Tours),OliviaSamuel(UVSQ).

Autres:France:AurélienDasré(Univ.Paris10),ValérieDelaunay(IRD),PierreDiarra,NourFredj(Univ.Paris7),Cécile

Leguy(Univ.Paris3),MarcPilon(IRD),CatherineRollet(UVSQ)Algérie:AmarOuali(Directiondelapopulation,MSP)Belgique:KpadonouNorbert(UCL),BrunoSchoumaker(UCL)Burkina Faso: Baya Banza (INSD), Baguinibié Bazongo (INSD), Joseph Tanden Diarra (UCAO), Bilampoa

GnoumouThiombiano(ISSP),MadeleineWayackPambe(ISSP)Canada:IbtihelBouchoucha(Univ.deMontréal),RichardMarcoux(ODSEF/Univ.Laval)Italie:ElenaAmbrosetti(Univ.deRome)Mali: Alexis Dembele (UCAO), Abdou Karim Diawara (Instat), Assa Doumbia Gakou (Instat), Abed-Nego

Kamaté,SeydouMoussaTraore(Instat)Maroc:MohamedSebti(Univ.Marrakech)Sénégal: Jean-PierreDiamaneBahoum(ANSD),PapeMabèyeDiop(ANSD),MahmouthDiouf(ANSD),Cheikh

TidianeNdiaye(ANSD)Suisse: SiakaCissé (UNIGE), JamaicaCorker (UNIGE),AbdoulMoumouniNouhou (UNIGE),ClaudineSauvain-

Dugerdil(UNIGE)Tunisie:HafedhChékir(ONFP),FakerDriss(ONFP).

Résumé

Leprojetexamine les transformationsde la familleenAfrique,auNordetauSudduSahara, selontroisprincipauxaxes:lanuptialitéetlesrelationsconjugales,lescomportementsdereproductionetenfinl’espacedesrelationsfamiliales.Ilréunitàlafoisdesrecherchescomparativesàlargeéchelleetsurletempslong,destinéesàmettreenévidencelesrégularités,lesconvergencesetlesexceptions,etdesrecherchescibléessurdescontextesoudescatégoriesdepopulationparticulières,pourmettrel’accentsurlesdynamiquesinternes,leslogiquesetstratégiesquileursontpropres.

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I. Contexteetpositionnementduprojet

L’Afrique occupe une place particulière dans la dynamique démographique internationale: lecontinentaffiche lesniveauxdefécondité lesplusélevésaumonde(4,7enfantsparfemmecontre2,5enmoyennemondiale)etpèserapourplusde60%danslacroissancedelapopulationmondialedes 50 prochaines années (UnitedNations, 2015). Depuis les années 1970, l’écart n’a cessé de secreuserparrapportàlasituationdémographiquedesautresrégionsduSud.

La situation particulière de l’Afrique dans le contexte international actuel est àmettre en rapportavecl’histoiredelatransitiondelafécondité,sestemporalitésetsescaractéristiques,variéesselonlespaysetparfois inédites.Maiselleestaussiàcomprendreà l’aunedesstructurescollectivesquiencadrent les comportements reproductifs des individus, qu’elles relèvent de la formation descouples, des cadres normatifs et des contrôles communautaires ou encore des stratificationssociales. Les pratiques des individus s’inscrivent dans un contexte de diversification des modèlesayanttraitàlasphèrefamiliale,conjugaleetparentale,alimentéeparlesinstitutionsinternationales(«Objectifs du millénaire pour le développement», «Convention des droits de l’enfant»…), lesprogrammes nationaux («Codes de la famille»…), les structures publiques intermédiaires (écoles,maternités,centressanitaires…)oucommunautaireslocales,etamplifiéeparladémocratisationdel’accèsà l’information (médias, téléphonie,mobilitédespersonnes). Plusque jamais, la rationalitédesacteursdoitprendreencompteunepluralitédesystèmesderéférencesquipeuventconvergermaisaussi entreren concurrence.Ces référentielsne sontpasà considérer commedes impératifsauxquelsseraientpassivementsoumislesindividus,maisplutôtcommeunegammedepossibles,un«réservoir de ressources» (Johnson-Hanks et al., 2011) qu’ils sont susceptibles d’utiliser pourorienterleurvieetnégocierlescodesdecomportementsetlesprescriptionssocialesquileurontététransmises.

Pour leschercheursparticipantàceprojet, lacoexistenceet laconfrontationdemodèles (valeurs,normes, rationalités…) différents sinon antagonistes constituent une dimension essentielle à lacompréhension des transformations contemporaines de la famille en Afrique. Une des clés pouraborderleschangementscommeleslenteursoulesinertiesapparentesestalorsdes’intéresserauxdécalages,auxcontradictionsdesoptionsenprésence,auxtensionsquegénèrent lesdiscordancesdesévolutionsoudesprescriptions sociales. Elle est aussi d’analyser les arbitrages réaliséspar lesindividus,lescontournementsetlesmixitésdepratiquespourconcilierdesexigencesconcurrentes,etdes’interrogersurleslogiquescollectivesquienrésultent.Ladémarcheimpliquedesapprochesqui intègrent le jeu des acteurs et les structures qui les encadrent, les conditions dumoment etl’histoire plus longue qui les orientent. Elle suppose aussi que l’on développe, conjointement àl’observation des tendances centrales, une attention sur les «marges», les comportementsatypiques, les irrationalités apparentes, ou les dynamiques propres à certaines catégories depopulation.

Le projet réunit ainsi à la fois des recherches comparatives à large échelle, destinées àmettre enévidence les régularités, les convergences et les exceptions, et des recherches ciblées sur descontextesoudescatégoriesdepopulationparticulières,pours’intéresserauxdynamiques internes,et aux logiques et stratégies qui leur sont propres. Deux régions de l’Afrique font l’objet d’uneattention particulière. D’une part le Magheb qui a connu une transition de la fécondité nonseulement très rapide, mais aussi caractérisée par un recul spectaculaire de l’âge au mariage.L’allongement de la durée du célibat sans assouplissement des valeurs morales en faveur del’abstinence sexuelle préconjugale y définit une conjoncture très particulière et a motivé laconception d’une enquête sur le célibat en Tunisie. D’autre part trois pays soudano-sahéliens: leBurkinaFaso,leMalietleSénégal,dontlasélections’expliqueàlafoispardesraisonshistoriquesetscientifiques.Eneffetl’Ineddéveloppedelonguedatedesrecherchesdanscespaysetybénéficiedepartenariats importantsavec les institutsnationauxdestatistiqueetde recherche.Deschercheursdel’lnedyontcréédessuivisdepopulation,enmilieururalauSénégal(BandafassietMlomp)etau

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Mali (projet Slam), et en milieu urbain au Burkina Faso (Observatoire de population deOuagadougou). Lesdonnées longitudinalesproduites surces sitesconstituent l’unedesprincipalessourcesdedonnéesexploitéesdans le cadrede ceprojet. L’attentionportéeà cespays se justifieaussipar le faitque la zone soudano-sahélienneapparaitàbiendeségards commeunnoyaudur,emblématique des structures sociodémographiques subsahariennes: elle affiche des évolutionsdémographiqueslentes,avecdesniveauxdeféconditéetdemortalitédansl’enfanceparmilesplusélevés au monde, elle réunit des pays qui se situent en queue de distribution en terme dedéveloppement humain, les dynamiques familiales y sont complexes… Il y a donc des enjeuxparticuliers à identifier les évolutions familiales en cours en articulation avec les débuts de latransitiondelafécondité.

Les transformations familialessontabordéesdans leprojetàpartirde troisprincipalesentrées: lanuptialité et les relations conjugales, les comportements de reproduction et enfin l’espace desrelationsfamiliales.

II. MariageetféconditéenAfriqueduNord:tendancesetvariabilités

Aujourd’hui la famille maghrébine se trouve au cœur des mutations sociales, économiques etdémographiques. L’image qu’elle donne est en rupture avec le cliché traditionnel d’une sociétépatriarcale (Ben Salem, 1992; Cuisenier, 1962). À la lumière des données démographiques desdernièresdécennies,onvoit sedessinerdesmutations radicales: loinde sonmodèleancestral, lemariage a profondément changé (Ben Salem et Locoh, 2001; Fargues Philippe, 1987; Rachad etOsman, 2001), la baisse de la fécondité encore jugée improbable au début des années 1970 s’estavérée l’une des plus rapides aumonde (Négadi, 1975; Négadi et Vallin, 1971;Ouadah-bedidi etVallin, 2000) et la transition démographique a profondément changé la pyramide des âges(Courbage, 2007). Tout cela résulte de changements sociétaux majeurs vraisemblablementinachevés.

Hommesetfemmes,semarientdeplusenplustard.L’âgemoyenaupremiermariagedesfemmesestmaintenant proche de 30 ans.Outre la possibilité de poursuivre des études longues, cela leurouvre de toutes nouvelles perspectives. Ils ont maintenant un temps de célibat, période plusnouvelle pour les jeunes filles quepour les jeuneshommes, durant laquelle les unes et les autrespeuventmûriravantd’endosserdesresponsabilitésd’adultes.Maisquedefrustrationslesattendentfaceauchômage,auxdifficultésdelogementetsurtoutàl’interditdetouterelationsexuelleavantlemariage!(Adel,1998;Locoh2002;LocohetOuadah-Bedidi,2010).Noussavonsque,danslaréalitécettenormeestdeplusenpluscontournée,mais raressont lesdonnéesquinousrenseignentsurl’ampleurduphénomèneetencorepluscellesquipourraientnousinformersurlamanièredontilestvécuetsurlepoidsdesconséquencesquiendécoulent.Uneenquêtenationalesurlescausesetlesconséquences du célibat tardif est en préparation en Tunisie, dont la réalisation est prévue pour2016(Point1).

Danslemêmetemps,laféconditémaghrébines’esteffondrée:de7à8enfantsparfemmedanslesannées1960-1970àpresque2autournantdusiècle.Rapideetgénérale,cettebaissen’atoutefoispasététoutàfaituniformed’unpaysàl’autre,niencoremoinsd’unerégionàl’autredanschaquepays.Sesvariationsgéographiquesetsocio-économiquesdoiventêtreétudiées.Maislesdifférencessontencoreplusintéressantesàexplorerdanslesannéeslesplusrécentes,où,aprèssachuteautourde 2 enfants par femme, la fécondité s’est mise à diverger entre les pays duMaghreb (Ouadah-Bedidi,Vallin,Bouchoucha,2012)(Point2)

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1. Enquête sur le célibat en Tunisie (Zahia Ouadah-Bedidi, Jacques Vallin, Hafedh Chékir, FakerDriss,IbtihelBouchoucha,NourFredj)

L’undesaspectsspécifiquesdelatransitiondémographiquedespaysduMaghrebengénéraletdelaTunisieenparticulier,tientaufaitquelepremiermoteurdelabaissedelaféconditéaétélamontéedel’âgeaumariagedesfemmesavantqueladiffusionmassivedelacontraceptionprennelerelais.Ayantadoptédes comportementsmatrimoniaux radicalementdifférentsde ceuxde leursparents,lesjeunessetrouventconfrontésàdesconséquences(notammentenmatièredeviesexuelle)quenileursparentsnilasociétén’ontétépréparésàcomprendre.Dansdessociétésfortementattachéesàla virginité des femmes jusqu’au mariage, on peut craindre que cette évolution du célibat soitporteusedegravesproblèmespsychologiques,sociaux,économiques,politiques,pouvantconduireàunedéstabilisationdessociétésmaghrébines.

Pourtant, aucune enquête représentative n'a jusqu’à présent apporté, dans aucun des pays duMaghreb, lesdonnéesnécessairesàunecomplètedescriptionduphénomèneducélibatniencoremoins à l’analyse de ses tenants et aboutissants économiques, sociaux, politiques, culturels, voireidéologiques.LaTunisieestsansdoutelepaysduMaghreboùlebesoindedonnéesstatistiquesestlepluspressantsachantquelarévolutiondujasminaétéprincipalementlefaitdesjeunesadultes,dontlesfrustrationssontmultiplesetdontlescomportementssontenpleineévolution.

C’estpourcomblercemanquedeconnaissancesfactuelles,toutenéclairantlesdécideursetacteursde la société civile que nous avons construit le projet d’une large enquête démographique sur lecélibat(ENCel),desfemmesetdeshommesenTunisie.Ils’agitlàd’unepremière:aucunpaysaraben’a encore réalisé une telle enquête;mais aussi d’un défi car la sexualité préconjugale reste unequestiontaboumêmedansunpayscommelaTunisieoùl’émancipationdelafemmeadéjàfaitdegrands progrès. Inscrire un tel sujet à l’agenda des services statistiques requiert des effortsparticuliers dans la conception des questionnaires et la formulation des questions. Rappelons quedans le cadre les grands programmes internationaux (WFS, EDS, Papchild, PapFam, MICS) ounationaux, seul le PapFam des années 2000 a introduit un timide module sur les célibataires enTunisie et en Algérie mais ce module est nettement insuffisant pour comprendre les causes etapprécierlesconséquencesduphénomène.

LeprojetENCel,initiéilya3ans,estmaintenantprochedesaréalisation.Leprotocole,validéparunComité scientifique international en juin 2014, est celui d’une enquête en population générale,représentativeauniveaunational,avecundoubleéchantillondecélibatairesetdenon-célibatairesâgés de 20 à 49 ans, chacun comptant 2000 individus (1000 femmes et 1000 hommes). Lesquestionnaires déjà testés en français sont en cours de traduction en arabe dialectal tunisien quiseronteux-mêmes testésenmilieu réel. L’enquêtepiloteestprévuepour la fin 2015et l’enquêteelle-mêmepour2016.

Samise enœuvre sera assurée par l’ONFP (l’Office national de la famille et de la population) enpartenariat avec l’INED et l’Université Paris Diderot dans le cadre des conventions de recherchesignées avec ces deux institutions. Le projet est coordonné par un Comité de pilotage, sous lasupervisionduComitéscientifiqueinternational,quienvalidelesgrandesorientations.

L’enquête vise àmieux connaître les causes et les conséquences de lamontée du célibat et à encomprendrelefonctionnement:identifierlesraisonsquipoussentlesjeunesàresterdeplusenpluslongtempscélibataires,encernantclairementleursnouvellesaspirations;mesurerlesconséquencesdece fait sur levécuducélibat,ycomprisenmatièredeviesexuelledes jeunesetdesantéde lareproduction;analyserladynamiquecomplexedesphénomènesquipeuventàlafoisêtrecauseetconséquencede lamontéede l’âgeaumariage.Pource faire, lequestionnaireaétéconçusous laformed’un recueildebiographiesdans lesdifférentsdomainesd’intérêt (instructionet formation,emploi, résidence, vie amoureuse et histoire matrimoniale pour les non célibataires).

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L’administrationdedeuxquestionnaires se faisantécho (questionnairecélibataireetquestionnairenoncélibataire)permettradecomparer lesvécusspécifiquesdecesdeuxcatégoriesàâgeet sexeégal.

Ceprojetestaussiundéfiencesensquenullepartunetelleenquêten’aétéfaitedansdessociétésoùlasexualitéhorsmariageestsévèrementstigmatisée.

En marge de l’ENCel proprement dite, une série d’entretiens non directifs est prévue. Un petitnombred’entretiensontdéjàeulieuen2014et2015,dontlaplupartrestentencoreàtranscrire.Ilestprévud’enaccroître lenombreen2016.Outre le fait que lespremiersentretiensontété trèsutiles lors de la conception et de la rédaction des questionnaires de l’ENCel cette observationqualitative sera d’un grand intérêt pour une bonne interprétation des données de l’enquêtequantitative dont elle enrichira les résultats. Elle ouvrira aussi la porte à une amélioration desquestionnaires en vue de proposer le même type d’enquête dans d’autres pays (Algérie, Maroc,notamment).

2. Comportements matrimoniaux et féconds en Afrique du Nord: nouvelles tendances (ZahiaOuadah-Bedidi, Jacques Vallin, Patrick Festy, Thérèse Locoh, Elena Ambrosetti, IbtihelBouchoucha,HafedhChékir,FakerDriss,AmarOuali,NourFredj,MohamedSebti)

a. Nouvellestendancesdelanuptialité

L’âgeaupremiermariagedes femmesa très fortementaugmentédans tous lespaysduMaghreb(Ouadah-Bedidi et Vallin 2000, Ajbilou 1997, Ouadah-Bedidi, 2004)mais ce n’est nullement le casdansceuxduMachrek.EnEgypteparexemple,l’âgeaupremiermariagedesfemmesestrestéassezjeune(Ambrosetti,2011).Uneétudecomparativedestendancesrécentesdelanuptialitépermettrade savoir si cette divergence est-ouest perdure, s’amplifie ou au contraire cède la place à uneconvergence.Parailleursonaconstatéuneassezgrandediversitégéographiqued’évolutioninternedansquelquespays:Algérie(Oudah-BedidietVallin,2006),Maroc(Ajbilou1997)etTunisie(Ouadah-Bedidi,Vallin,Bouchoucha,2015). Les travauxsur l’analysede lanuptialité serontdoncpoursuivis,étendus autant que possible à l’ensemble de l’Afrique du Nord tant d’un point de vue de lacomparaison internationale que de la diversité régionale. Toutes les données d’enquêtes, derecensementsetd’étatcivilserontmobilisées.Àcourtterme,uneanalysecomparativede l’âgeaumariage au niveau nationalpour l’Algérie, la Tunisie et l’Egypte sera entreprise, avec à termeunecartographiedecescomportementspourlecasdel’AlgérieetdelaTunisie,pourlesquelsletravailde collecte des données est en cours. Pour le Maroc, l’analyse locale du célibat et de l’âge aumariage,menéeactuellementàpartirdesdonnéesdurecensementde2004,serapoursuivieaveclesdonnéesprochainementdisponiblesdurecensementde2014.Enfinuneétudeestenvisagéesurlesconséquencesdeschangementsdelégislationsurlaformationetladissolutiondesmariages(AlamiM’Chichi,H.2007;RudeAntoine,2010).

b. Nouvellestendancesdelafécondité

Laplupartdespaysarabessontdéjàtrèsavancéssurlavoiedelatransitiondelafécondité.Certainsensontmêmeaujourd’huiàmoinsde2enfantsparfemme(Émiratsarabesunis,Bahreïn),d’autressontauseuilderemplacement(Liban,Qatar,Tunisie)outrèsprochesdeceseuilavecmoinsde2,5enfants par femme (Koweït, Libye, Maroc). Dans cinq pays, cependant, la fécondité reste encoreélevée,àplusde4enfantspar femme, toutprochede lamoyennedespays lesmoinsdéveloppés(Irak, Palestine, Sahara, Soudan, Yémen), les autres se situant entre 2,5 et 4 enfants par femme(Arabie Saoudite, Jordanie, Oman, Syrie). Dans ce panorama l’Algérie occupe une place très

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particulière puisque la fécondité, après s’être approchée de 2 enfants par femme au tournant dusiècleestdepuisremontéeà3.Toutaussiétonnant,alorsqu’ellen’étaitpasencoredescendueau-dessous du seuil de 3 enfants par femme, la fécondité égyptienne est elle-même remontée à 3,5(Ambrosetti2011).Au-delàdel’importanceduchemindéjàparcouru,leprocessusdetransitionn’estpassansréserverquelquessurprisesdontilresteàpercerlemystère(OuadahetVallin,2000,2012).Les efforts déjà faits pour essayer de comprendre les ressorts de la divergence récente observéeentrelespaysduMaghrebeux-mêmes,serontpoursuivisenvuedecomprendreladifférenceentreMaghreb et Machreck, d’en connaître les causes et d’en mesurer les enjeux actuels et futurs(Eltidjani,2005,2009;El-Zanaty,2007.

c. Lesvariationsgéographiquesdelanuptialitéexpliquent-ellescellesdelafécondité?

Au-delàdesindicateursnationaux, lesanalysesgéographiquesréaliséesouàréaliseràl’échelledessubdivisions administratives permettent-elles d’approcher plus précisément l’articulation entre lestendancesdelanuptialitéetcellesdelafécondité?Danslecasdel’Algérie,lelienentrelamontéedel’âgeaumariagedemoinsde20ansà30etceluidelabaissedelaféconditédeplusde8enfantsàprèsde2enquelquesdécennies,aétéclairementétabliauniveaunational.Est-cequeladiversitégéographiqueobservéetantpourlanuptialitéquepourlaféconditérépondaumêmelienentrecesdeux phénomènes? Cette question a déjà fait l’objet de quelques approches (Ouadah-Bedidi etVallin2006;2015).Lesrésultatssontsouventdéconcertantsavecunerelationparfoisinverseàcelleque l’on attendait. Il serait intéressant de pouvoir étendre l’étude à d’autres périodes et d’autrespays pour tenter de mieux la comprendre. Les collectes de données nécessaires à cet objectiffourniront au passage une base pour la réalisation d’un atlas de la nuptialité et de la féconditémaghrébineainsiquedeleursrelations,dontunepremièreesquissedevraitêtreélaboréedès2016pour la Tunisie et l’Algérie. Elle pourra ensuite être enrichie par le même travail entrepris sur leMarocparPatrickFestyetMohamedSebti.

III. TransitionsdelaféconditéetdynamiquesmatrimonialesenAfriquesubsaharienne.

Latransitionde la féconditéadébutétardivementenAfriquesubsaharienneetàdesrythmespluslents que dans les autres régions du monde en développement. Elle n’a pas encore réellementcommencé dans les populations rurales du Sahel, tandis que des ralentissements, voire desstagnations,sontconstatésdansdifférentspaysàdesniveauxdeféconditéencoreélevés(Casterline,2001; Bongaarts, 2008; Bongaarts and Casterline, 2013). Alors que la question de l’offrecontraceptiverestedominantedanslesdébatsactuels,notreprojetporteaucontraireuneattentionprivilégiéeauxfacteursquicontribuentàlapersistanced’idéauxdeféconditéélevésetauxobstaclesauxquelsseheurtentlesindividusquisouhaiteraientlimiterleursnaissances.Ilprendégalementenconsidérationl’influencedesstratificationssocio-économiquesdansladiffusionetlesmodalitésdestransitions reproductives. Un volet du projet porte ainsi plus précisément sur les catégories depopulation qui pourraient porter ou accélérer la transition et sur leurs arbitrages en matière defécondité: lesclassesintermédiairesprisesenétauentredesprojetsdelimitationdesnaissancesàcourttermeetdessouhaitsdefamillenombreuseàlongterme,ouencorelaminoritédesfemmesurbaineshautementdiplôméesetactivesquiseheurteàunenvironnementmatérieletidéologiquepeufavorableàlaconciliationd’uneviefamilialeetprofessionnelle.Lesdémarchesde«bricolage»mobiliséesfaceàdesexigencescontradictoiressontégalementabordéesparl’analysedespratiquescontraceptives alternatives à la contraception moderne. Enfin l’évolution de la nuptialité et desrapportsauseindescouplesestunedimensionparticulièrementprésente,à la fois sous formedetravaux comparatifs sur le temps long et l’ensemble du continent, et par des recherchesapprofondiesàpetiteéchelle.

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1. LabaissedelaféconditéenAfriquesub-saharienne:moteursetobstacles(ClémentineRossier,JamaicaCorker,BrunoSchoumaker,ValérieDelaunay)

Aucoursdes20dernièresannées,l’analysedestendancesdelaféconditéenAfriquesubsahariennea été dominée par une approche en termes d’offre contraceptive (Westoff 1988; Alkema et al;2013). Le retard et les lenteurs observés dans la limitation des naissances sont examinés commel’expressiondecarencesdansl’information,ladisponibilitéetlaqualitédesservicesdeplanificationfamiliale. Conformément à cette approche, les acteurs internationauxdudéveloppement viennentdedéciderde réinvestirmassivementdans lesprogrammesdeplanification familialedans lespayslespluspauvresduglobe,dontlaplupartsontenAfriquesubsaharienne.Pourtantàbiendeségards,cette grille de lecture ne s’avère plus suffisante: toutes les enquêtes montrent que l’écrasantemajoritédes femmesconnaissent lesméthodescontraceptivesetdesprogrammesdeplanificationfamilialesontdésormais implantésdepuisplusieursdécenniesdans laplupartdespays.Deplus leseffets de la mondialisation et des migrations atteignent aujourd’hui jusqu’aux villages les plusreculés, témoignant d’une perméabilité et d’adaptations multiples et variés des populations,décrédibilisant l’hypothèse que laméconnaissance ou les freins culturels suffiraient à expliquer lapersistancedelaféconditéélevée.Dansceprojet,nousproposonsderemettreaucœurdudébatlaquestiondelademanded’enfantsetdesesdéterminants,toutenproposantuneévaluationcritiquedelademandecontraceptive.

a. Développementsocio-économique,demanded’enfantsetcomportementsdefécondité

Il s’agit ici d’examiner l’influence du contexte socio-économique et du niveau de vie sur les choixreproductifsdesindividusetdescouplesenAfriquesubsaharienne.L’hypothèseestquelafaiblessedel’essoréconomiqueentretientl’adhésionaumodèledelafamillenombreuse.Lesniveauxélevésde fécondité s’expliqueraient par une pauvreté persistante et des intentions de féconditéélevées/conflictuelles,malgréuneurbanisationrapideetdesprogrèsdansl'instructionprimaire.Lesanalyses seront menées à plusieurs niveaux, sur la base de travaux comparatifs commed’observationsapprofondiesàpetiteéchelle.

On s’intéressera d’abord à la fécondité et aux besoins de contraception élevés des populationsurbaines pauvres à partir des données de l’Observatoire de Population de Ouagadougou (OPO).Utilisantlesdonnéesd’uneenquêtesantécollectéesen2010ainsiquecellesd’uneétudequalitativesur la pauvreté menée en 2011, nous montrerons que la non-utilisation de la contraception (lesbesoins non satisfaits de contraception) est liée, chez les plus pauvres en milieu urbain, à despréférencesdeféconditéconflictuelles,àunetensionentredesbesoinsd’évitementdesnaissancesdansl’instantprésent,etdessouhaitsdefamillesnombreusesdanslelongterme.

Laquestiondelaféconditédesindividusappartenantàlaclassesocioéconomiqueintermédiairesurle continent sera abordée demanière plus générale dans des travaux comparatifs. Deux grandessériesdebasesdedonnéesserontmobiliséespourtesterl’influencesurlaféconditéducontexte,entermesdedéveloppementetd’inégalités socio-économiques: les Enquêtesdémographiquesetdesanté(EDS)etlesdonnéesdessitesdesuividémographique(réseauIndepth).

Uncorpusde48enquêtesdémographiquesetdesanté,réaliséesdepuis ledébutdesannées1990dans 12 pays africains seramobilisé pourmontrer l’émergence au cours des 20 dernières annéesd’un groupe socio-économique qui se situe entre les plus pauvres et la classes moyenne; un«groupeflottant»auquelserattachentunegrandepartiedespersonnespauvresdumilieuurbain.Cegroupeintermédiaireserabientôt leplus importantnumériquementsur lecontinent,commelemontrent des analyses récentes de la Banque africaine du développement. Si l’on sait que lapauvreté extrême a été réduite dans les pays en développement au cours des deux dernièresdécennies,lecorollairemoinsconnuenestl’augmentationdunombredepersonnesvivantjusteau-dessus de seuil de pauvreté: nous étudierons les implications pour l’évolution de la fécondité de

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l’émergencedecettenouvelleclasse.Danslecontextedel’Afriquesubsaharienneoùlaféconditéabaisséendessousde3enfantsparfemmedanslesclassesmoyennesetsupérieures,maisrestetrèsélevéeetn’évoluepaschezlespluspauvres,nousmontreronsquelesindividusappartenantàcetteclasseintermédiairesedistinguentparundésirprésentmaisambivalentd’évitementetdelimitationdesnaissances.Cettecatégoriesocialesurlaquellepersonneneréfléchitpourl’instantsembledoncconstituer une cible idéale pour les programmes de planification familiale. C’est un résultatimportant dans un champdominé par des exhortations à améliorer l’accès à la contraception despluspauvres.

Les analyses en termes de catégories socio-économiques méritent également d’être développéespour comprendre les différences régionales de fécondité. Dans les pays d’Afrique de l’Est, lafécondité est plus basse et baisse plus rapidement qu’en Afrique de l’Ouest, et cela pour lesdifférentesclassessocialessaufpour lesélites.Notrehypothèseestquecesdifférencespourraients’expliquer par la répartition plus inégalitaire des richesses en Afrique de l’Est. Dans ces pays, lesclasses supérieures et les classes les plus pauvres sont en effet plus étoffées, et la classeintermédiaire plus restreinte. Pour un individuouun couple appartenant à la classe intermédiairedans ce contexte, l’incitation à investir dans la scolarisation des enfants (et donc à limiter sadescendance) pourrait être plus élevée, le passage à la classe supérieure semblant à la fois plusaccessibleetleretouràlapauvretéplusproche.Sicettehypothèseseconfirme,nousobtiendrionsdesrésultatsderecherchetrèsoriginaux,carjusqu’ici,l’idéequedescontextesd’inégalitéssocialespourraientaccélérerlestransitionsdelaféconditén’apasétéémise(lanotiondebase,quenousnecontestonspas,étantquecestransitionssontliéesaudéveloppementéconomique).

Le deuxième corpus utilisé comprend les données sur la fécondité et ses déterminants collectéesdans les sites du réseau INDEPTH (réseau des systèmes de suivi démographique dans les pays endéveloppement). 37observatoires sont situésenAfrique subsahararienne,dontun sous-ensembledispose de données suffisamment riches pour se prêter aux analyses comparatives. Ce projetcomparatifseradéveloppédanslecadreduWorkingGroupsurlaféconditédeINDEPTH(direction:C.RossieretV.Delaunay),etlancélorsdelaconférencescientifiquedeINDEPTHennovembre2015.Uneséried’ateliersregroupantlessitesayantsuffisammentdedonnéespermettrontdecomparerlafécondité selon les différences socio-économiquesdes individus, le contexte socioéconomiquedessitesetcelaàdifférentsmomentsdeconstitutiondelafamille(report,espacementdesnaissances,limitation). La constitution systématique de données contextuelles pour chaque site permettra decomprendre les différences observées. Un deuxième programme d’analyses comparatives sur labaisse de la fécondité à partir des sites de suivi démographiques est coordonné par ClémentineRossierdanslecadredesactivitésWorkingGroupsurlaféconditédeIndepth,etconstituel’undesworkpackageduprojetDémoStAf,sélectionnédanslecadredel’appeleuropéenH2020-MSCA-RISE-2015duprogrammeHorizon2020 (Cf leprojetS15-1-6). Il comprend lesvolets suivants:1)étudedes stagnations de la fécondité observées dans les sites et comparaison avec les stagnationsobservées dans les Enquêtes Démographiques et de Santé; 2) fécondité des adolescentes, et lienaveclereportdel’âgeaumariage,lascolarisationetleniveausocioéconomique;3)étudedessitesavecuneféconditébasseetdesdifférencesobservablesenmatièredeformationdelafamilledanscessites.

b. La demande contraceptive est-elle surestimée? Une approche par les méthodesalternativesàlacontraceptionmoderne.

Desalgorithmescomplexesontétéélaboréspourévaluer la«demandecontraceptiveinsatisfaite»(«Unmetneed for familyplaning») c’est-à-dire l’écart entre lesbesoins (estimés)des individus etdescouplesenmatièredecontraceptionetleurpratiquecontraceptiveeffective(Bongaarts,1988;Bradley et al. 2012). Cet indicateur est destiné à évaluer la progression que l’on peut espérer en

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termes de contraception (et donc de baisse de la fécondité) si tous les individus en situation debesoindevenaientdesutilisateursdelacontraceptionmoderne.

Dans ce projet nous évaluons la surestimation de cet indicateur lié au fait que la pratique desméthodesalternativesn’estpaspriseencomptedans lamesure:on raisonneà tort commesi lescouples qui contrôlent leur fécondité par une démarche autre que la contraception moderne(abstinence,retrait,rapportssexuelspeufréquents)étaientendemandedecontraceptionmoderne.Par làmême, on surévalue aussi la baisse de fécondité qui peut être attendue de la baisse de la«demandecontraceptiveinsatisfaite»(celle-cicorrespondantenfaitàuneféconditécontrôléepard’autresmoyens).

Lesanalysesserontmenéessurdeuxcorpus:- L’enquêtenationaleréaliséeauNigeren2014.ConstruitesurlemodèledesEDS,cetteenquête

comprenddesquestions supplémentaires sur lesméthodes traditionnellesdecontraceptionetlesdésirsambivalentsd’évitementdesnaissancesquipermettrontdecreuser,parcomparaisonavec l’EDS précédente, la question de la surestimation des besoins non satisfaits decontraception. L’enquête permettra aussi de remettre en question une certaine vision desobstacles «culturels» à la contraception avec une analyse fine du lien entre religiosité etutilisation de la contraceptionmoderne (les questions sur la religion y étant particulièrementdétaillées).

- L’ensembledesenquêtesdémographiquesetdesanté (EDS)réaliséesenAfriqueaucoursdes10dernièresannées(27enquêtes,2005-2014).Cecorpusseraexploitépourdécrireladiversitédans l’utilisation des méthodes de contraception traditionnelles en fonction du niveausocioéconomique,dulieuderésidenceetdelarégionducontinent,etdiscuterl’implicationdecesrésultatspourl’analysedelatransitiondelafécondité.Enfin,lesEnquêtesDémographiquesetdeSanté lesplus récentes serontégalementexploitées sur laquestiondes rapports sexuelspeu fréquents (allant au-delà de l’abstinence postpartum) et leur rôle dans la régulation desnaissances.

2. Transitionsdelanuptialité:findumariageprécoceetnouvellesconjugalités?

L’analysedespratiquesmatrimonialesetdeleurévolutionpermetd’abordersousunautreanglelecontexteet les spécificitésde la transitionde la fécondité enAfrique subsaharienne. L’articulationentrecomportementsdenuptialitéetdeféconditésejoueàplusieursniveaux:defaçondirectecarla nuptialité est l’une des principales variables intermédiaires de la fécondité,mais aussi de façonindirecte car les structures matrimoniales organisent les relations conjugales et les rapports degenre,pèsent sur lamargedemanœuvredes individus ainsi que sur l’autonomieet lepouvoirdedécision des couples (Hertrich et Locoh, 1999; OppenheimMason, 1993, 1997). Deux principalesorientationssontsuiviesdansleprojet.L’unedenaturecomparativeexaminelestendanceslonguesde lanuptialitéà l’échelleducontinentet leurarticulationavec ledémarragede latransitionde lafécondité.L’autres’appuiesuruneobservationapprofondieàpetiteéchelleauMalipours’intéresseraux dynamiques des populations rurales, majoritaires en Afrique subsaharienne mais dont lesévolutionssontmalsaisiesparlesgrandesenquêtes.

a. 50ansdetransitionsdelanuptialitéenAfrique(VéroniqueHertrich)

Les régimesdenuptialité africainsprésententunensemblede caractéristiquesqui les distinguent,aujourd’hui encore, de ceux prévalant sur les autres continents. Entrée en union précoce desfemmes, écarts d’âges élevés entre conjoints, pratique de la polygamie, remariage rapide aprèsruptured’union…(Lesthaegheetal,1989;UnitedNations,1990;vandeWalle,1968).Cesdifférentsparamètresontcommeeffetcommunà la foisd’instituer lemariagecommecadre incontournable

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de lavieadulteetd’imposerdes freins structurelsà la constructiond’unpôleconjugalautonome.D’un côté les femmes passent l’essentiel de leur vie féconde en union, de l’autre les entraves aurapprochement conjugal sont telles que les époux organisent généralement sous forme dissociéeleurs espaces relationnels, leurs activités économiques et leurs budgets. Si la vie maritale est derègle, elle se déroule pourtant souvent avec des partenaires différents, qu’il s’agisse d’unionssimultanées(polygamiedeshommes)ousuccessives(remariagesalimentéspardesrupturesd’unionfréquenteset largementacceptéesdansdenombreusespopulations). Lacomposante relationnelledelaconjugalité(comprisecommeunedynamiqued’échangesetdedécisionauniveauducouple)n’estpasunecaractéristiqueassociéeàlavieencoupledanslaplupartdescontextesinstitutionnelsafricains, et c’est l’une des explications à la persistance de niveaux de fécondité particulièrementélevéssurlecontinentsubsaharien.

Pour autant il serait doublement erronéde considérer ces caractéristiques commedes universauximmuables. D’une part une différenciation régionale des régimes matrimoniaux existe de longuedate.D’autrepartdes changementsde fond sontà l’œuvre,dontatteste,notamment, le reculdel’âge aumariage des femmes, généralisé à l’échelle du continent (Antoine, 2006; Garenne, 2004,2014;Hertrich,2007,2012;Lloydetal,2005;Menschetal.,2006;TabutinandSchoumaker,2004;Westoff, 2003). Différences anciennes et rythmes d’évolution variables concourent à produire unensembledesituationsaujourd’huitrèscontrastées.

Si l’évolution de la nuptialité est un sujet souvent abordé dans la littérature démographique(notamment dans les travaux sur la fécondité des adolescentes), une analyse systématique etméthodique des tendances de la nuptialité des deux sexes, sur le temps long et à l’échelle ducontinent fait encore défaut. C’est à ce titre qu’un travail de longue haleine a été entrepris pourréunir les statistiques sur la nuptialité produites à partir des recensements et des enquêtesnationales réalisées en Afrique depuis les années cinquante (cf Projet P15-3-6). Cette base dedonnéespanafricainesur lanuptialitéestàprésentprêtepourdesanalysescomparativesde largeenvergure. Au total, 490 opérations ont été réunies (40% de recensements, 60% d’enquêtesnationales),soitunemoyennede9opérationsparpays.Unexamencritiquedelacomparabilitédesestimationsde l’âgeaumariagetiréesdesrecensementsetdesenquêtesaétéréalisé (HertrichetLardoux,2014)etuntravaild’harmonisationdesestimationsvientd’êtrefinalisé.

Àmoyenterme,leprojets’organiseautourde4lignesdirectrices.Lesdeuxpremièress’intéressentaux«piliers»desrégimesmatrimoniauxtraditionnels:d’unepart lemariageprécocedesfemmeset l’écart important entre l’âge au mariage des femmes et celui des hommes, d’autre part lapolygamie. Les analyses montrent un recul significatif de ces pratiques à l’échelle du continent.L’augmentationdel’âgeaumariagedesfemmesestgénéraliséeets’accompagned’unetendanceauresserrementdel’écartd’âgeentresexes.Lecaractèresystématiquedesdonnéespermetd’étudierles rythmes d’évolution selon les pays et de discuter l’articulation des évolutions masculine etféminine.DepremièresexploitationsattestentégalementdelabaissedelapolygamieenAfriquedel’Ouest, y compris depuis peu dans les pays du Sahel. Pour poursuivre et approfondir le sujet, untravail supplémentairedeconstructiond’indicateurharmonisésur lapolygamieestàentreprendrecompte tenude la grande variabilité des donnéesproduites par les recensements et les enquêtes(portant selon le cas sur les hommes ou sur les femmes, sur des groupes d’âges variables…). Letroisièmevoletportesurlesschémasrégionauxdelanuptialitéetleurrecompositionainsiquesurlesdéterminantsmacrodesévolutionsrécentes.L’analysesesitueauniveauagrégéàlafoisdupointde vue descriptif (indicateurs nationaux et par milieu de résidence) et explicatif (indicateurs dedéveloppement socio-économique issus des organismes internationaux). Enfin le quatrième voletporte sur l’articulation entre les changementsmatrimoniaux et la transition de la fécondité. Desanalyses, centrées sur l’âge au premier mariage des femmes, sont engagées pour répondre plusparticulièrementà troisquestions: labaissede la féconditéest-ellecompatibleavecunrégimedemariageprécoce?DansquellemesurelestransitionsdelaféconditéobservéesenAfriqueont-elles

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étéprécédéesparune transitionde lanuptialité?Peut-on identifierdes schémashistoriques typedansl’articulationdeschangementsdenuptialitéetdefécondité?

b. Dynamiquesmatrimonialesenmilieururalmalien (VéroniqueHertrichetMarieLesclingand))

Encomparaisondumilieuurbain,lesévolutionsenmilieururalafricainsemblentsouventmodesteset retiennent peu l’attention, en termes d’observation comme d’interprétation. Ainsi en est-il dureculdel’âgeaumariagedesfemmes,attribuéselonlecas,àl’essordelascolarisationféminineouauxrépercussionsdelacriseéconomique.Maisqu’enest-ilenmilieurural,oùvitlagrandemajoritédelapopulation(65%auMali)etoùlascolarisationdemassenefaitquecommencer?

L’intérêt des observations approfondies à petite échelle est précisément de faire émerger denouvelles hypothèses et identifier des facteurs de changement imperceptibles dans les opérationsnationales.LesuividepopulationSlamausud-estduMali(cfP15-3-6)aainsipermisdedocumenterdifférentes facettes des changements matrimoniaux grâce à un enregistrement très détaillé desbiographiesmatrimoniales(procéduresmatrimoniales,prestations,acteurs…)et lapriseencomptede transformations locales, rarement identifiéespar lesdonnéesnationales.Enparticulieronapumettreenévidencelerôlefondamentaldesmigrationsdetravaildesjeunesfillesdanslereculdel’âgeaumariageet lerelâchementdescadresmatrimoniaux,etainsid’ajouterunecomposanteaucadre explicatif de la transition de la nuptialité, mieux adapté au contexte rural (Hertrich etLesclingand,2012). Lesdonnées longitudinales collectées sur le temps longontpermisde retracerl’historiquedesmigrationsjuvéniles,desgarçonspuisdesfilles,danscettepopulationetdeprendrelamesuredeleurimportancedanslatransformationdesrapportsentresexesetentregénérations,àl’échelleindividuellecommeàl’échellecollective(HertrichetLesclingand,2012,2013),àcourttermeetàpluslongtermecommeonpeutl’observerdansl’évolutiondeladivortialité(Hertrich,2014).

Les recherches sur les changements matrimoniaux à partir des données Slam seront poursuiviesselontroisprincipalesorientations.- Mariage, individualisation et privatisation. Depuis les années 1990, l’évolution des pratiques

matrimoniales a été marquée par un recul de l’âge au mariage, un désengagement desresponsablesfamiliauxdanslaformationdescouplesetlaremiseenquestiondelaformalisationdes unions (Hertrich, 2007, 2013). Il s’agit maintenant de s’intéresser à l’élaboration desnouvelles formes d’union et de conjugalités. Que deviennent les éléments des dispositifsanciens?Commentlesindividus,lesfamillesoulesgroupessociauxs’enemparent-ils?Sont-ilsrécupérésdans l’élaborationdenouvelles formesd’union?Les ingrédientsextérieurs (mariagelégal, code de la famille, standards internationaux, discours des institutions présentes…)s’ajoutent-ils au réservoir des ressources où vont puiser les intéressés? On s’intéressera audevenir du rituel de la cérémonie dumariage enmontrant comment ce rite a été vidé de safonctioninitialed’intégrationetdesocialisationpourdevenirunemarquededistinctionsociale.Unautredéveloppementporterasurlesenjeuxdegenreassociésaumariagecivil,enmontrantcomment sa promotion par les instances internationales au titre des droits des femmes, estfinalementdétournéeen faveurd’unrenforcementdescontrôlesmasculinssur lamobilitédesfemmesetlesrupturesd’unionqu’ellespourraientinitier.

- Rupturesd’unionetchoixmatrimoniaux.Alorsqu’ellesmobilisentuneénergieconsidérabledansl’organisation et la formalisation du premier mariage des femmes, les sociétés africainesaffichentparadoxalementunecertaineindifférenceàleurremiseencause.Lesrupturesd’union(séparation/divorce) sont fréquentes sans que le phénomène soit récent. On sait très peu dechosessurladynamiquematrimonialeaprèslasortieducélibat,sinonquelaviehorsunionestquasimentunimpensépourlesfemmesd’âgefécond.Onmanquededonnéespourmesurerledivorceetleremariage:saufexception,lesenquêtesrecueillentaumieuxquelquesinformationssur le premier mariage et l’union en cours. On manque aussi de recul et d’imagination pour

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mettreenperspectivecettemobilitéconjugale,notammententermesderapportsdegenre.Lesdonnées biographiques Slam, complétées d’entretiens, seront mobilisées pour analyser lespratiquesmatrimonialesaprèslasortiedecélibatetproposerdeshypothèsessurleurévolutionetleursignificationentermesderapportsdegenre.Onsedemanderanotammentsi,enéchoaurallongementde laviepréconjugale, il sedéveloppeaussiunetoléranceoudes revendicationspourun remariageplus tardifoumoins systématiquedes femmesveuvesoudivorcées, cequitémoigneraitdel’émergenced’unstatutsocialfémininhorstutellemasculine.

- L’analysedespratiquesmigratoiresfémininesdoitégalementêtrepoursuiviesousdeuxangles:lapoursuiteauxâgesadultesdelaféminisationdesmigrationsobservéependantl’adolescenceet l’éventualité d’une convergence des pratiques migratoires des deux sexes; la portée desexpériences migratoire dans l’évolution des rapports de couple et des comportements defécondité.

3. Les familles de la modernité africaine (Laure Moguerou, Thérèse Locoh, Madeleine WayackPambe)

Cevoletproposedesanalysescibléessurdescatégoriesparticulières,minoritaires,d’individusoudecouples, qui se distinguent par leur itinéraire personnel ou leur appartenance sociale et dont ons’attendàcequ’ilspuissentsesituerenpositiondeleaderparleursattentes,leursrevendicationsetleurs comportements en matière de conjugalité et de parentalité. La démarche proposée estd’analyser ces attentes mais aussi les contraintes et les obstacles rencontrés pour les mettre enœuvre. C’est donc une nouvelle fois la question du conflit entre des systèmes de valeursantagonistes,entredesrationalitésdifférentesquiestmisaucœurdelarecherche.

LarechercheseramenéedansunpremiertempsàDakar,aveclaperspectivedetravauxcomparatifsdans d’autres capitales ouest-africaines. La focale est mise sur les trajectoires féminines«exceptionnelles», celles de femmes qui ont réussi à obtenir des diplômes universitaires, puis àrentabiliserceux-cisurlemarchédutravail,dansdescontextesoùêtreépouseetmèrerestel’étalondemesurede la réussite féminine. Leprojetproposeunéclairagede l’ensembledesprocessusdereproduction,maisaussideslimitesetcontradictionsinternesauxquellessontexposéescesfemmes,notamment en étudiant les domaines qu’elles peuvent investir et ceux qui leur sont refusés. Onexamineralamanièredontunefoismariéesetmères,lesfemmesdiplôméesetactivesparviennentàarticulerchargesfamilialesetinvestissementprofessionnel.

Lesrecherchesexistantesontbienmisenavantleseffetsdesscolaritésfémininessurlesdynamiquesfamilialesetdémographiques:lafréquentationdel’écoleretardel’entréedanslanuptialité,jouesurle nombre d’enfants désirés et sur leur santé (Locoh, 2008). Parallèlement aux progrès scolairesféminins de ces dernières décennies (Moguérou, 2009 et 2013), les taux d’activité des femmesaugmentent continuellement dans les emplois dits « modernes » du secteur « formel» del’économie.Toutefois les femmesyrestenttoujourstrèsminoritaires,occupantgénéralementbienmoinsde10%de l’ensembledecesemploissalariésdans lescapitalesouest-africaines(Arbacheetal.,2010).ÀDakar,Abidjan,Cotonou,Lomé,Ouagadougou,BamakoouAccra,c’estdansl’économieinformellequeseconcentrentmassivement,etdelonguedate,lesactivitésdesfemmes(Brilleauetal.,2005;Jacquemin,2012).

Cependant rares sont les travaux qui ont considéré les effets des diplômes conjointement sur ledevenir familial et sur ledevenirprofessionneldes femmes, c’est-à-dire sur l’articulationentre vieprofessionnelle et vie familiale. Objet de préoccupations scientifiques et politiques dans les payseuropéens,cettequestionresteunsujetquasi-inexistantdesproblématiquessociales,économiques

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et de recherche enAfrique subsaharienne1. Les changements de ces dernières décennies dans lescapitales ouest-africaines suggèrent pourtant qu’il s’agit là d’une question fondamentale dans cesespaces sociaux. De fait, on assiste, en milieu urbain, à une augmentation des responsabilitéséconomiquesdesfemmesauseindesfoyers.Lesprogrèsenmatièredescolarisationdesfillesfontqu'elles aspirent de plus en plus à être indépendantes économiquement et ne perçoivent plus lemariageetlamaternitécommelesseulesvoiespossiblesderéalisationdesoi(AdjamagboetCalvès,2012). Parallèlement le modèle de l’activité professionnelle des femmes, conçue comme relaisnécessaireaux responsabilitéséconomiquesduconjoint,prendde l’ampleur,enparticulierdans lecapitales ouest-africaines. Pourtant l’équipement des ménages, y compris dans les milieux aisés,demeurerestreintet les infrastructuresdédiéesà lapetiteenfance(crèches,accueilpré-scolaire...)sont extrêmement réduits (une quasi pénurie si l’on considère le rapport offre/demande) et d’uncoût inaccessibleauplusgrandnombre (Unesco,2009).Danscecontexte,étudier lamanièredontlesfemmesdiplômées,etplusencorecellesqui«fontcarrière»,s'organisent,avecousansl’aidedeleursconjoints,pourcombinertâchesdomestiques,carefamilialetactivitésrémunératrices,s’avèreparticulièrement nécessaire. En examinant la répartition des tâches domestiques et éducatives auseindescouples,ons’intéresseraégalementauxdifférentesdimensionsde lasocialisationsexuée.Eneffet leprocessusde socialisationdesenfantsopèrenotammentpar identificationou imitationdesadultes(Bensoussanetal.,2007).

La recherche croisera analyses quantitatives et qualitatives, de façon à permettre d’une part unrelevé des grandes tendances statistiques et une comparaison entre milieux sociaux favorisés etmoins favorisés et, d’autre part, une compréhension fine des dynamiques sociales à l’œuvre enparticulierdanslescouplesbiendotésscolairement.

Il s'agira tout d’abord de procéder à l’analyse secondaire de données existantes (recensement etenquêtes socio-démographiques, type EDS, ou encore enquête sur le travail des enfants du BIT).L’objectif est ici de dresser le portrait des femmes diplômées et de pouvoir comparer leurscaractéristiquesfamiliales,professionnellesetleursconditionsdevieàDakaràcellesdesfemmesdemêmes niveaux scolaires résidant dans d’autres villes (voire en milieu rural). Ces donnéespermettront également de premières analyses sur les stratégies éducatives, la participation auxtâchesdomestiques,auxdépensesetauxprisesdedécisionsdeshommesetdesfemmesdiplômés.Dans un deuxième temps il prévu de concevoir et de réaliser, à Dakar, une enquête quantitativetransversale qui permette, à terme, des comparaisons avec les données du programme FAGEAC(Famille, genre et activités en Afrique de l’Ouest) portant sur les capitales de Cotonou, Lomé etOuagadougou

Par ailleurs des entretiens semi-directifs biographiques seront réalisés auprès de couples bi-actifs,parents d’enfants d’âge scolaire et pré-scolaire, et issus des fractions intellectuelles des classessupérieures et intermédiaires. Les entretiens seront centrés sur l’organisation quotidienne desactivités marchandes et des tâches domestiques et parentales, l’éventuel recours à des aides(conjoint-e-s,autresfemmesduménage,employé-e-s,…)pourletravaildomestiqueetlagardedesenfants,lesreprésentations–desfemmes,deshommesetdelabelle-famille–deladoubleactivitédes femmes et des rôles etmodèles conjugaux et familiaux. Ils enregistreront également l’originesocialedesindividus,leurstrajectoiresscolaires,professionnellesetmatrimonialesainsiquesurleurspratiqueséducativesetleursstratégiesetaspirationsscolaires.

1Al’exceptiontoutefoisduprogrammeFAGEACpilotéparAgnèsAdjamagboaveclequelceprojetentretientdesliensétroits.

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IV. Espacesfamiliaux.

Cette dernière partie réunit des recherches qui examinent les changements familiaux ens’intéressantà l’environnementrelationneldes individus.Cetenvironnementestabordésousdeuxangles, du point de vue de l’unité familiale (ménage ou groupe domestique) et de sescaractéristiquesformelles,oudupointdevuedel’individuetdesrelationsqu’ilentretientaveclespersonnesquil’entourent.Laquestiondugenreetcelledesrapportsintergénérationnelstraversentles différents travaux. Un premier volet examine l’impact du régime démographique sur lesapparentés d’un individu et la transformation de ce réseau relationnel avec la progression de latransitiondémographique.Dansledeuxièmevolet,l’accentestmissurlagéographiedesstructuresfamiliales,d’unepartàl’échelledelabandesoudano-sahélienne,d’autrepartduMaghreb.Enfinunderniervolet,centrésurunepopulationruraleduMali,metlafocalesurdeuxcatégories,lesenfantset les personnes âgées, dont il s’agit d’analyser l’environnement familial, et son influence sur lesparcoursindividuels.

1. Évolutions des ménages et familles en milieu rural ouest-africain: dissocier les contraintesdémographiquesetleschangementssociaux(BrunoMasquelier,AurélienDasré,SophiePennec,JoëlleGaymuetGillesPison)

Les recherches sur les changements de la famille en Afrique sont généralement menées ens’intéressant aux ménages. Cette approche est cependant limitée du fait que les configurationsfamiliales dépendent de deux facteurs, qu’il est difficile de dissocier sur la base de donnéesd’enquêtes ou de recensements. D’une part, l’environnement familial des individus dépend de lacomposition de leur parentèle (c’est-à-dire du nombre d’enfants, petits-enfants, frères et sœurs,cousins, etc.), qui est elle-même façonnée par les changements démographiques (recul de lamortalité, baisse de la fécondité, etc.). D’autre part, les normes et pratiques qui organisent lesrapports entre genres et générations déterminent également la propension de différents typesd’apparentésàcohabiterlesunsaveclesautres.Dèslors,quandlesménagesévoluent,quelleestlapartdeceschangementsquitientauxchangementsdémographiquesetcelleimputableàl’évolutiondes règles relatives à la corésidence? Autrement dit, est-il possible d’identifier l’«empreintedémographique»?

Cettequestionadéjàétéexaminéeàproposdesévolutionshistoriquesde la familleenEuropeaucoursdessièclespassés(Wachteretal.1978),ainsiqu’àproposdesrégionsd’Afriquesub-sahariennetrèstouchéesparl’épidémiedeVIH/sida(MerliandPalloni,2006).Elleaétémoinsétudiéedanslecasdespaysd’Afriquesub-sahariennepeutouchésparlesida,maisoùlatransitiondémographiqueadéjàmodifiésensiblementlesenvironnementsfamiliaux(LamandMarteleto,2008).

Nous explorons ici cette question en combinant des données recueillies dans des suivis depopulationsauSénégal(Bandafassi)etauMali(projetSlam)etdesmicro-simulations.

Lamicro-simulationconsisteàgénérerunepopulationd’individusfictifsetàlafaireavancerdansletemps. Au cours de la simulation chaque individu est exposé à des événements tels qu’avoir unenfant, se marier, mourir, etc. (Van Imhoff et Post, 1997] Le temps d’attente avant chaque typed’événement est déterminé de façon stochastique à l’aide d’unmodèle à risques compétitifs quitient compte des taux démographiques réellement observés. Nous utilisons le logiciel SOCSIMdéveloppé dans les années 1970 à l’Université de Berkeley. SOCSIM est unmodèle fermé dans lesensoùaucunnouvel individunepeutêtre introduitdans lapopulationencoursde simulation (àpart les nouveau-nés issus de membres de la population); ceci facilite le repérage des liensd’apparentemententreindividus,touteslespersonnesayantunemèrequiestelle-mêmeidentifiée.Lapopulationsimuléeprogressedansletempsdefaçonàreproduireladynamiquedémographiqueestimée à partir des données des suivis de population. Les taux de fécondité des femmes varient

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selon l’âge, la parité et le statutmatrimonial. Les taux demortalité et de primo-nuptialité varientselonl’âgeetlesexe.Lesdivorcesetlesremariagessontpossibles,ainsiquelapolygamie.

Le premier objectif est de nature descriptive et vise à répondre à deux principales questions : 1)comment, dans un contexte démographique donné, les réseaux des apparentés, nés vivants etsurvivants,évoluent-t-ilaucoursde lavied'unepersonne?2)commentcesréseauxont-ilsévoluédepuis 50 ans avec la baisse de la mortalité et comment pourraient-ils se transformer dans lesdécenniesàvenir,àmesurequediminuelafécondité?Lespremiersrésultatsmettentenévidencenonseulementlesvariationstrèsmarquéesdelastructuredesapparentésavecl’âge,maisaussiuneasymétrie dans les réseaux de parenté entre les côtés paternels et maternels, en raison del’importancedelapolygamieetdesdifférencesdecalendrierdelaféconditémasculineetféminine.

Ledeuxièmeobjectifdecetterechercheestd’évaluerlesrelationsdeparentémobilisésautourdesindividuscomptetenudesapparentés«disponibles».Leréseaudeparenté,produitpar lerégimedémographique et son évolution, définit en quelque sorte la « donne de départ », la tramerelationnelleàpartirdelaquelleserontficeléeslesstructureseffectives.Làencore,lesdonnéesdesobservatoiresduSénégaletduMaliserontmobiliséespourdécrirelesréseauxrelationnelsobservésàl’échelledesgroupesdomestiques . Les corpus généalogiques seront traités à l’aide du logicielPuckpourdéfiniravecprécisionlesrelationsdeparentéd’egoaveclesautresmembresdesonunitéfamiliale. En comparant les données empiriques sur les relations de parenté « activées » avec lesdonnées modélisées sur les apparentés disponibles, on cherchera à évaluer l’empreinte de lacontrainte démographique sur l’environnement relationnel des individus et à mieux apprécier lesévolutionsquirelèventduchangementsocialentantquetel.

2. Géographiedesstructuresfamiliales

a. Atlas des structures familiales en Afrique de l’Ouest. Sénégal, Mali, Burkina.(Véronique Hertrich,Aurélien Dasré, Assa Doumbia Gakou, Claudine Sauvain-Dugerdil, Jean-Pierre Diamane Bahoum, Baya Banza, Baguinibié Bazongo, Arnaud Bringé, Siaka Cissé,Bénédicte Garnier, Valérie Delaunay, Abdou Karim Diawara, PapeMabèye Diop,MahmouthDiouf, Cheikh Tidiane Ndiaye, Bilampoa Gnoumou Thiombiano , Norbert Kpadonou, RichardMarcoux, Laure Moguerou, Abdoul Moumouni Nouhou, Nicolas Razafindratsima, SeydouMoussaTraore,MadeleineWayackPambe)

Pourqui traitedesdynamiquesdémographiquesetsocialesenAfrique, laréférenceauxstructuresfamiliales, à leurs caractéristiques et à leur évolution, est unpassagepresqueobligé.Ménages deconfiguration complexe, mobilité fréquente des individus dès l’enfance, formes de conjugalitévariées: les individus s’inscriventdansdes réseaux relationnelsdensesetdiversifiés,quioriententleurs comportements (Lesthaeghe, 1989; Locoh, 1988, 1995; Lloyd, 1999; Johnson-Hanks, 2011;Pilonetal.1997,2006).Cettecomplexitéfamilialeestsouventaffichéecommeuneforce,assurantlapriseenchargedesdépendantsetpermettantd’affronterlesaléasetsituationd’insécurité,dansdescontextes de revers économiques fréquents et d’absence de système de protection sociale. Elle aaussipuêtreperçuecommeunfreinàl’autonomied’actiondesindividusetdoncunfacteurpossibledes évolutions sociodémographiques lentes et tardives observées en Afrique subsaharienne,notammentenmatièredefécondité,desurvieoudescolarisationdesenfants.

Endépit desdébats alimentéspar les travauxanthropologiqueset sociologiques sur la complexitédes structures familiales et de leur évolution, les recherches démographiques sont encorefragmentairessurlesujetettributairesdegrillesd’analysesanciennes.Ainsiiln’existepasd’analysequantitative systématique à large échelle sur les structures familiales et leur articulation avec lescontextesetpratiquessocio-économiquesenAfriquesubsaharienne.Conjointementauxstatistiquesclassiquessur lesménages (taille,structurenucléaireouélargie,sexeduchefdeménage…), il faut

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aujourd’huisedonnerlesmoyensdediversifiernosindicateurspourrenouvelernosanalysesetêtreenmesuredesaisirladiversitéetlesévolutionsdesstructuresfamilialestoutcommelesenjeuxquis’yjouentàl’échelleindividuelleetcollective.Cetteconnaissanceempiriqueestindispensablepouranalysersurdesbasesobjectiveslesconfigurationsfamilialesdanslesquellesviventlesindividus,etparlàmême,contribuer,pardesdonnéesfactuelles,àdifférentsdébatsd’actualitéintéressantaussibien le scientifique que le décideur, par exemple sur l’isolement des personnes âgées, surl’augmentationdesménagesdirigéspardesfemmes,surlamobilitédesenfantsenarticulationavecl’essordelascolarisation,surlesprofilsdesménagesensituationdegrandevulnérabilité…

Ce manque de recherches quantitatives à large échelle sur les structures familiales africaines estimputableàdeuxprincipauxfacteurs.D’unepart,unproblèmedesources:onmanquededonnéesabordant lacomplexitéde l’espacefamilialpar-delà l’unitéstatistiqueduménage.D’autrepart,unproblème de sous-exploitation des données existantes: il existe un corpus important de donnéescensitairesexhaustivessurlesménages,quin’estexploitéqu’àminimadanslesrapportsnationaux,mais qui réserve des potentialités d’analyse prometteuses, dans le cadre d’unemutualisation desdonnéesetdescompétencesentrestatisticiensetdémographes.

ArticuléeauprojeteuropéenDemoStAf(voirleprojetS2516),cetterechercheproposedemobiliserles données exhaustives des derniers recensements du Burkina Faso (2006), duMali (2009) et duSénégal(2013)pouranalyserladiversitéetlacomplexitédesstructuresfamilialescontemporainesetleur articulation avec les dynamiques socio-économiques. Le projet repose sur une collaborationétroiteentrelesinstitutsdelastatistiquedestroispaysetdesdémographesspécialistes,àdifférentstitres, des problématiques touchant à la famille, avec des ateliers d’analyse collectifs organiséschaqueannéependant4ans.

Le premier volet du projet, piloté à l’Ined, porte sur la réalisation d’atlas des structures familiales(ménages), sur la base d’indicateurs établis à l’échelle géographique la plus fine. Ces indicateursseront définis collectivement, après un travail de comparaison et d’évaluation des donnéescensitairesdestroispays. Ils’agiradesaisirnonseulementlamorphologiedesménagesmaisaussileur profil socio-économique, l’occurrencede situationsparticulières (par exempleundéséquilibred’âge ou de sex-ratio, le fait que le chef de ménage soit une femme) ou distantes du modèledominant dans le contexte étudié. Ces analyses devraient permettre de brosser le paysage desarrangementsfamiliaux,d’évaluerlapersistancedeschémasrégionauxetleurcontinuitéentrepays,et de s’intéresser à l’émergence de nouvelles configurations familiales. Dans un second temps, laconfrontation des cartes relatives aux structures desménages et celles portant sur les conditionssocio-économiques(indicateurdepauvreté,descolarisation,d’infrastructures…)etdémographiques(mortalité, fécondité,migration) localesserviradebaseàunessai sur les influenceséventuellesetinteractionsdesdynamiquesdedéveloppementlocaletlesmodèlesfamiliaux.

Ledeuxièmevoletde la rechercheréunitdes travauxportantsurdesquestionsspécifiquespilotéspar les chercheur-e-s associé-e-s au projet. Il s’agit ici d’utiliser les indicateurs produits sur lesménages à partir des recensements pour investiguer des problématiques sur l’environnementfamilial, les rapports de genre et entre générations. Trois orientations ont été retenues: 1) sur lasituationfamilialedesenfantsetdespersonnesâgées;2)lesformesdeconjugalité;3)lesstructuresfamilialesetlaqualitédevie(lesavantagesetlesdésavantagesdesgrandesfamilles).

(LesquestionnementsméthodologiquessurlanotiondeménagefigurentdansleprojetP15-3-6).

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b. L’évolutiondesstructuresfamilialesauMaghreb (ZahiaOuadah-Bedidi,PatrickFesty,JacquesVallin,ThérèseLocoh,HafedhChékir,AmarOuali,MohamedSebti,IbtihelBouchoucha)

Les évolutions particulièrement rapides enmatière de nuptialité et de fécondité dans les pays duMaghreb(voirpartieIIduprojet)produisentdessituationsinéditesenmatièredeco-résidence,quioriententl’évolutiondesrapportsentrelesgénérationsetentrelessexes.Ainsilemodèledepriseenchargedesparentsparlesenfants,longtempsconstruitenfonctiondusexedel’enfantetdesaplacedanslafratrie,setrouveconfrontéàuneréorganisationinterne.Lachargedesparentspèsesurunnombreplusrestreintd’enfants,etlanégociationauseinducoupleintègrelaquestiondelapriseencharge des parents de l’épouse. Comment les rapports entre générations vont-ils évoluer comptetenudeschangementsdémographiquesdesdernièresdécenniesetdansuncontexteoùlesfemmescontinuentàsemobiliserpouraméliorerleurstatutdanslafamilleetdanslasociété?

De premiers travaux comparatifs sur les nouvelles dynamiques familiales ont été entrepris parThérèseLocohetZahiaOuadah-Bedididanslecadredel’unité«Démographie,genreetsociétés»del’Ined.Ilsserontpoursuivissurl’Algérie,enétudiantl’évolutiondelatypologiedesménagesàpartirdes données de recensements et d’enquêtes démographiques, ainsi que celle des schémasrégionaux.Cesanalysesserontensuiteétenduesaurestedelarégionétudiée.

3. Autour des enfants et des personnes âgées: complexité et dynamiques de l’environnementfamilialenmilieururalmalien

Les données statistiques classiques présentent deux principales limites pour analyserl’environnement familial, son rôle dans la prise en charge des individus et son influence sur leurdevenir. L’une tient à l’accent mis sur le «ménage», un concept souvent éloigné des réalitésfamilialesenAfrique subsaharienne. L’autre tientà lanature transversaledesdonnéesdisponiblessur la composition des unités familiales: leur caractère dynamique et évolutif n’est pas saisi et ils’avèredoncdifficiled’analyserlesévénementspassésd’unindividuenfonctiondelaconfigurationfamilialedontildépendaitalors.Le suivi de populationmalien Slam permet en partie de s’émanciper de ces contraintes (cf projetP15-2-6,Hertrich1996,Hertrichetal.2011).D’unepartl’environnementfamilialdesindividusyestenregistréenprenantenconsidération troisdimensions,cequipermetuneapprocheplurielledesespaces familiaux: le groupe domestique (zû) où se partagent les ressources économiques, lelogement, et les relations de parenté entre les personnes en présence. D’autre part l’enquêterenouveléepermetde suivre simultanémentdans le temps les individuset lesunités familiales,etainsi d’analyser les comportements et les itinéraires des individus en fonction des configurationsfamiliales auxquelles ils appartiennent. Cette enquête s’appuie sur l’appariement des donnéesindividuelles de 9 recensements et fournit un suivi semi-longitudinal des individus et des groupesdomestiques surunepériodede33ans (1976-2009)et sur7villages (4300habitantsen2009). Ledispositif de collecte comprend également une enquête biographique complète (histoiresmatrimoniale, génésique, migratoire, religieuse) sur deux villages ainsi que différents corpuspermettant de caractériser l’environnement familial des individus et d’approcher le vécu desrelations intrafamiliales. Ainsi un recueil généalogique a été greffé à l’enquête renouveléepermettantderetracerlesrelationsdeparentéd’unindividuaveclesautresmembresdesongroupedomestiqueetdecaractériserlastructuredeparentédugroupedomestique.Ondisposeégalementd’uncorpusd’entretienssurl’expériencedesrapportsentresexesetentregénérations,àdifférentsâgesdelavie(65entretiensauprèsdedifférentesgénérationsdefemmesetd’hommes).

Cesdonnées sont actuellement traitéesdans le cadreduprojetANR-DyPE sur lesdynamiquesdel’enfance et de la parentalité. Elles seront égalementmobilisées pour la construction d’un projetconsacréàl’environnementfamilialdespersonnesâgées.

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a. LeprojetDyPE-Dynamiquedel’enfanceetdelaparentalité (Hertrich Véronique, Samuel Olivia, Dasré Aurélien, Dembele Alexis, Diarra Joseph, DiarraPierre,KamatéAbednego,LeguyCécile,LesclingandMarie,MasquelierBruno,PennecSophie,PilonMarc,RolletCatherine)

Alorsquel’évolutiondustatutetdesrapportsàl’enfantestunedescomposantesdelatransitiondela fécondité qui a été bien documentée pour l’Europe (Ariès 1973, Turmel 2008), elle est encoreassez peu traitée en démographie africaine et ne commence à s’imposer que récemment dans lechamppluslargedelasociologieetdel’anthropologiedel’enfance(Bonnetetal.,2012;SurmelinetBonnet, 2015). L’Afrique subsaharienne présente un contexte particulièrement stimulant pourexaminer les transformations dans la prise en charge des enfants et tout particulièrementl’hypothèsed’uneprivatisationdesrelationsparents/enfantsarticuléeàlatransitiondelafécondité.D’uncôté,onyobservedesarrangementsfamiliauxcomplexes,oùl’éducationetlapriseenchargedesenfantssontassuréesdansunenvironnementquidépasselecoupleparental.Ils’agitlàd’undesdéterminants du régime de forte fécondité encore prégnant dans de nombreuses populations(Lesthaeghe 1980, 1989; Caldwell 1982). De l’autre côté, on est dans une conjoncture dediversificationdesmodèlesdesocialisationetdepriseenchargedesenfants,véhiculésnotammentpar l’école ou les institutions internationales. Dans ce contexte de mondialisation mais aussi dediversification des acteurs et des discours en présence, comment évoluent les formes de prise enchargedesenfants?Comment fonctionne le réseau relationnel autourde l’enfant et comment seréorganise-t-il?Quelestl’impactdelatransitiondémographiquesurcetenvironnementfamilial?Laconfigurationfamiliale joue-t-ellesur ledeveniret lasocialisationdesenfants(survie,scolarisation,mobilité)?

LeprojetANR-DyPE2(2013-2016)aétémontépourcontribueràcesproblématiques,enmobilisantuneéquipepluridisciplinaire(démographie,histoire,anthropologie,sociologie)autourdescorpusdusuividepopulationSlam.Ilexaminelesdynamiquesfamilialesautourdel’enfant,enfonctiondetroislignesdirectrices:1) l’environnement familial des enfants et son évolution au cours des 30 dernières années, en

prenantenconsidérationlapluralitédesespacesfamiliaux(unitéséconomique,résidentielleetréseau de parenté), leur morphologie mais aussi leur dynamique. Les résultats mettent enévidencenonseulementlacomplexitémaisaussilaflexibilitéetl’instabilitédel’environnementrelationnel des enfants, une composantemajeure,mais souvent ignorée, de leur contexte desocialisationetdeleurexpérienceindividuelle;

2) ladiffusiondesnouveauxcomportementsàl’égarddel’enfantetl’influencedel’environnementfamilial dans l’adoption de ces comportements. Quatre types de pratiques sont étudiées: lescomportements sanitaires, la scolarisation, l’enregistrement des naissances à l’état civil et lamobilitérésidentielledesenfants.Onexamineleseffetspropresdelaconfigurationfamilialeetceuxquirelèventdustatutde l’individuetdesréférentsparentauxdans l’espacefamilial,pourcomprendrelespratiquesàl’égarddel’enfant;

3) lescadresnormatifsdel’enfanceetde laparentalité,unvoletplusparticulièrementdéveloppépar les anthropologues du projet, en s’appuyant sur des corpus issus de la littérature orale(contes, sketches) et des entretiens. En particulier, il s’agit d’examiner les représentations desindividus(enfants,référentsparentaux)etdesrelationsfamiliales,enyrepérantlesinjonctionsnormativesautourdelaparentalitéetdel’enfancequ’ellesvéhiculent.

b. L’environnementfamilialavecl’avancéeenâge(JoëlleGaymu,VéroniqueHertrich)

Leprojetphareestamenéàsedévelopperenintégrantunaxeconsacréàl’environnementfamilialdespersonnesâgéesetauvécu,selonlegenre,del’avancéeenâge.Lesproblématiquesautourdes

2http://slam.site.ined.fr/fr/DyPE/projet-anr-dype/

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personnes âgées en Afrique font l’objet d’un intérêt croissant dans les réseaux scientifiquesinternationaux,comptetenuduvieillissementdelapopulation,del’augmentationattenduedecettecatégorie aujourd’hui encore très minoritaire de la population, et des enjeux liés à leur prise enchargedansdescontextesoùcelle-cireposelargementsurlesréseauxfamiliaux.Lesrecherchessurlespersonnesâgéesseheurtentaujourd’huiàdifférentsobstacles,enpremierlieulefaitqu’ellesnesoientpascouvertesparlesgrandsprogrammesd’enquête(centréssurles15-49ans)maisaussidufaitdesincertitudessurlaqualitédesdonnées,notammentdel’âgedéclaré,unevariableessentielleàl’analyse.

Les données des suivis de population, étant exhaustives à l’échelle des villages étudiés, peuventcontribueràlaréflexionetauxrecherchesexploratoiresportantsurlespersonnesâgées.L’Inedaétéapproché à ce titre par une équipe de l’Université de Pennsylvanie et, faisant suite à un premieratelierendécembre2013,leséchangessontamenésàsepoursuivreen2016.

Deuxrecherchesexploratoiressontprogramméesàmoyentermesurlesdonnéesmaliennes.L’unesur les contours de l’environnement familial des personnes âgées s’appuiera sur la démarchedéveloppéedans leprojetDyPE sur l’enfance. Il s’agiranotammentd’évaluer si les indicateurs surl’isolement des personnes âgées convergent selon les unités familiales prises en considération(logement ou unité économique). La seconde recherche s’appuiera sur le corpus d’entretiensconsacrés à l’expérience des rapports entre sexes et entre générations au fil des âges. Il s’agirad’étudierlesperceptionsetlevécudel’avancéeenâgedesfemmesetdeshommes,enlemettantenperspectiveaveclavalorisationdugrandâgerelayéedanslaculturelocale.

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