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Page 1 sur 26 Chap. 1 LES PROGRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES ET LEURS CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES - Décrire brièvement la situation socioéconomique et démographique qui prévalait en Europe avant les avancées scientifiques et techniques et les révolutions qui s’en suivirent. - Présenter les principaux progrès réalisés au XVIIIe et XIXe siècles ainsi que les éléments qui ont participé à leur réalisation. - Présenter l’impact de ces progrès sur les domaines économique, social et démographique. INTRODUCTION Pour mieux percevoir les transformations qu’a connues le monde dès le XVIIIe siècle, il convient de faire un aperçu de la société avant ces transformations. De la fin du Moyen Âge 1 au XVIIIe siècle, la société est largement féodale 2 et presque exclusivement agricole. À l’exception de certaines régions, comme les Flandres, l’agriculture est encore peu productive et marquée par l’archaïsme féodal. La pratique de l’assolement triennal reste la règle et les champs sont exploités de façon collective, l’absence de clôtures permettant le mouvement du bétail d’un terrain à l’autre. L’Europe connait plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par des crises profondes : épidémies, guerres et disettes. La mortalité infantile est élevée, l’alimentation est essentiellement à base de céréales. L’hygiène reste désastreuse : les carences sont attestées par des déformations et autres marqueurs d’innombrables maladies relevées sur les squelettes de l’époque. L’usine, au sens moderne, est inexistante. Les manufactures établies par le pouvoir royal, en France notamment, (voir l’exemple de Villeneuvette) restent une activité d’exception. Ce visage peu reluisant de la société va changer à partir du XVIIIe siècle à la suite d’importants progrès scientifiques et techniques et de la Révolution industrielle qui s’ensuivit. I- REVOLUTIONS SCIENTIFIQUES ET PROGRES TECHNIQUES (XVI-XVIIIE) La Renaissance 3 , bien que n'étant pas nulle en apports scientifiques, est restée sur une vision du monde ancienne, caractérisée par une pensée théologique et une physique qualitative. Ce 1 Moyen Âge, période de l’histoire européenne s’étendant de 476, date de la chute de l’Empire romain d’Occident, au XVe siècle 2 Qui appartient au régime de la féodalité. Le mot féodalité qualifie le système politique, économique et social progressivement mis en place à partir de la fin du Xe siècle en Europe. Symbolisée par la concession d’une terre, la féodalité s’oppose au féodalisme, que Karl Marx définit comme un mode de production lié à un système de domination sociale, utilisant l’esclavagisme et le capitalisme. 3 Période de l’histoire européenne, au cours de laquelle s’est manifesté un intérêt renouvelé pour les arts et la culture de l’Antiquité. La Renaissance a débuté dans l’Italie du XIVe siècle et s’est étendue à l’Europe occidentale au XVIe siècle. Durant cette période, la société féodale morcelée du Moyen Âge, avec son économie agricole et sa vie intellectuelle et culturelle dominée par l’Église, s’est transformée en une société de plus en plus subordonnée à des institutions politiques centralisées, avec une économie urbaine et commerciale, et un patronage laïque de l’enseignement, des arts et de la musique.

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Page 1 sur 26

Chap. 1 LES PROGRES SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES ET LEURS

CONSEQUENCES ECONOMIQUES ET SOCIALES

- Décrire brièvement la situation socioéconomique et démographique qui prévalait en

Europe avant les avancées scientifiques et techniques et les révolutions qui s’en

suivirent.

- Présenter les principaux progrès réalisés au XVIIIe et XIXe siècles ainsi que les

éléments qui ont participé à leur réalisation.

- Présenter l’impact de ces progrès sur les domaines économique, social et

démographique.

INTRODUCTION

Pour mieux percevoir les transformations qu’a connues le monde dès le XVIIIe siècle, il

convient de faire un aperçu de la société avant ces transformations.

De la fin du Moyen Âge1 au XVIIIe siècle, la société est largement féodale

2 et presque

exclusivement agricole. À l’exception de certaines régions, comme les Flandres, l’agriculture

est encore peu productive et marquée par l’archaïsme féodal. La pratique de l’assolement

triennal reste la règle et les champs sont exploités de façon collective, l’absence de clôtures

permettant le mouvement du bétail d’un terrain à l’autre. L’Europe connait plusieurs phases

de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par

des crises profondes : épidémies, guerres et disettes. La mortalité infantile est élevée,

l’alimentation est essentiellement à base de céréales. L’hygiène reste désastreuse : les

carences sont attestées par des déformations et autres marqueurs d’innombrables maladies

relevées sur les squelettes de l’époque. L’usine, au sens moderne, est inexistante. Les

manufactures établies par le pouvoir royal, en France notamment, (voir l’exemple de

Villeneuvette) restent une activité d’exception. Ce visage peu reluisant de la société va

changer à partir du XVIIIe siècle à la suite d’importants progrès scientifiques et techniques et

de la Révolution industrielle qui s’ensuivit.

I- REVOLUTIONS SCIENTIFIQUES ET PROGRES TECHNIQUES (XVI-XVIIIE)

La Renaissance3, bien que n'étant pas nulle en apports scientifiques, est restée sur une vision

du monde ancienne, caractérisée par une pensée théologique et une physique qualitative. Ce

1 Moyen Âge, période de l’histoire européenne s’étendant de 476, date de la chute de l’Empire romain

d’Occident, au XVe siècle 2 Qui appartient au régime de la féodalité. Le mot féodalité qualifie le système politique, économique et social

progressivement mis en place à partir de la fin du Xe siècle en Europe. Symbolisée par la concession d’une terre,

la féodalité s’oppose au féodalisme, que Karl Marx définit comme un mode de production lié à un système de

domination sociale, utilisant l’esclavagisme et le capitalisme. 3 Période de l’histoire européenne, au cours de laquelle s’est manifesté un intérêt renouvelé pour les arts et la

culture de l’Antiquité.

La Renaissance a débuté dans l’Italie du XIVe siècle et s’est étendue à l’Europe occidentale au XVIe siècle.

Durant cette période, la société féodale morcelée du Moyen Âge, avec son économie agricole et sa vie

intellectuelle et culturelle dominée par l’Église, s’est transformée en une société de plus en plus subordonnée à

des institutions politiques centralisées, avec une économie urbaine et commerciale, et un patronage laïque de

l’enseignement, des arts et de la musique.

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n'est qu'au XVIIe siècle, avec de brillants esprits comme Galilée, Descartes ou Newton, que

l'on assiste à la véritable naissance de la science moderne. Ces savants mettent au point la

méthode expérimentale et insistent sur le rôle fondamental des mathématiques. De véritables

révolutions scientifiques ont lieu notamment en astronomie, physique, chimie ou biologie.

Parallèlement, la technique fait des progrès significatifs qui permettront de faire éclore la

révolution industrielle à la fin du XVIIIe siècle. La civilisation technique et scientifique des

XIXe et XXe siècles pourra solidement s'édifier sur les bases posées durant les Temps

modernes. La pensée aussi va être changée, ces révolutions scientifiques n'étant pas pour rien

dans l'essor de la pensée des Lumières. La croyance en le progrès de l'humanité gagne les

esprits.

A- Les révolutions scientifiques4

Par progrès scientifique, on peut designer toute l’amélioration des connaissances

scientifiques, à un domaine particulier.

Les progrès de la science amorcés dès le XVIIIème siècle vont préparer les progrès

techniques. Des théories sont apparues en mathématiques. Les immenses progrès de la

physique concernent la découverte de l’électricité, illustrée par les travaux d’Ampère (1820)

et celle du radium par Marie et Pierre Curie en 1898. Les découvertes en biologie sont

également importantes : Darwin déroule sa théorie sur l’évolution, Mendel découvre les

principes de l’hérédité, Louis Pasteur et Claude Bernard s’illustrent dans le domaine de la

médecine.

Sur ce plan, La découverte de la vaccination antivariolique par l'Anglais Jenner en 1796

constitue un progrès considérable en médecine humaine. La vaccination commencera à être

pratiquée au début du XIX è siècle et épargnera de nombreuses vies. Un peu plus tard, suite

aux travaux de Pasteur, la mise en œuvre de l'asepsie lors des opérations (pratiquée

notamment par le chirurgien anglais Lister) et de l'antisepsie, pour désinfecter les plaies,

entraîna une régression de la terrible fièvre puerpérale qui était responsable de la mort de

nombreuses parturientes (une sur dix) et d'un grand nombre de nouveaux nés. Dans le monde

occidental, les vaccinations et l'hygiène se généralisèrent à la fin du siècle ce qui permit une

chute de la mortalité infantile et une augmentation démographique notamment en Grande

Bretagne où la population a plus que triplé entre 1800 et 1900 (9 millions à 32,5).

1- Le choc copernicien et ses suites

Pensée par Copernic (1473-1543) dès le début du XVIe siècle, mais publiée seulement en

1543 dans les Révolutions des sphères célestes, ouvrage dédié au pape, la théorie

héliocentrique (la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse) opposée à la théorie

géocentrique (la Terre est au centre du système solaire) est présentée comme une simple

4 Qui a trait à la science :

1. discipline scolaire ou universitaire fondée sur le calcul, l'expérimentation et l'observation Exemple :

une faculté de sciences

2. domaine du savoir humain, qui forme un ensemble organisé de connaissances ayant un objet

déterminé Exemple : une science expérimentale

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hypothèse. Le système copernicien est en réalité inexact car il place le Soleil au centre de

l'univers et ne conçoit pas un univers en expansion. Néanmoins, cette théorie, délogeant

l'Homme du centre du monde, va poser de nouvelles questions.

Plus tard, le théologien Giordano Bruno avance des théories audacieuses: le Soleil n'est pas au

centre de l'univers mais n'est qu'une étoile perdue parmi tant d'autres dans un univers infini.

Condamné pour hérésie (deux infinis, celui de Dieu et celui de l'univers, ne sauraient

coexister), il monte sur le bûcher en 1600, pourtant à l'époque où les princes soutiennent les

savants.

Le tchèque Kepler montre le mouvement elliptique des planètes autour du Soleil contre l'idée

d'un cercle parfait. L'italien Galilée perfectionne le système de Copernic. Il découvre, grâce à

sa lunette astronomique, que la Terre n'est pas la seule planète à posséder des satellites.

Malgré tout, il est encore partisan d'un mouvement circulaire et non elliptique des planètes

autour de l'astre central qu'est le Soleil. Son célèbre procès de 1633 va bien au-delà de la

question de la théorie héliocentrique (vérité alors admise par les autorités religieuses) car

Galilée va bien plus loin en affirmant la totale liberté du savant devant tout autre pouvoir et en

se montrant parfois provocateur. Il est condamné à l'abjuration et à une résidence surveillée.

Mais surtout, plus que Copernic, Kepler ou Galilée, c'est Newton, avec sa loi de la gravitation

universelle, qui va véritablement fonder l'astronomie moderne.

2- La pénétration des secrets de la matière

2.1.- La théorie de la gravitation universelle

Mathématicien et physicien, l'anglais Isaac Newton (1643-1727), s'appuyant sur les travaux

de Kepler, formule en 1687 dans sa Philosophiae naturalis principia mathematica la loi de la

gravitation universelle qui unit en un même principe (l'attraction réciproque des corps) les

observations terrestres (chute des corps, origine des marées) et les observations astronomiques

(mouvement elliptique des planètes, l'aplatissement de la Terre aux pôles). Cette découverte

est révolutionnaire car l'idée de l'action de forces à distance paraissait inconcevable au XVIIe

siècle. Il formule aussi le principe d'inertie. Les grands astronomes du XVIIIe siècle

s'attacheront à démontrer la validité du système newtonien, notamment l'anglais Halley qui

étudie la trajectoire et le retour périodique de certaines comètes ou les français Bouguer,

Maupertuis et Clairaut qui démontrent l'aplatissement de la Terre aux pôles.

2.2.- La maîtrise de l'électricité

Au XVIIe siècle commence une série d'observations sur l'électricité statique que l'on apprend

à produire et maîtriser. Monsieur Du Fay découvre en 1733 les charges positives et négatives

et observe les interactions entre ces charges. Les expériences spectaculaires se multiplient.

Benjamin Franklin montre en 1752 l'existence de l'électricité atmosphérique en captant celle-

ci avec un cerf-volant. Le hollandais Musschenbroek invente en 1746 le premier condensateur

électrique (appelé la bouteille de Leyde) et le français Coulomb énonce les premières lois

physiques sur l'électricité. En 1800, la première pile électrique est créé par l'italien Volta,

ouvrant la voie aux progrès décisifs du XIXe siècle.

2.3.- La naissance de la chimie moderne

Une théorie erronée, celle du phlogistique, va longtemps servir de cadre aux travaux des

savants. Elle est illustrée par l'allemand Stahl qui affirme que les métaux, le charbon et tous

les corps susceptibles de brûler sont chargés d'un fluide qu'il nomme phlogistique. Ainsi, un

corps brûle parce que du phlogistique s'en dégage. Le phlogistique expliquerait aussi la

corrosion (rouille du fer).

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Le chimiste Antoine-Laurent Lavoisier (1743-1794) réalise dès 1772 des expériences

décisives sur la combustion. Il constate, sous cloche, que l'augmentation du poids du métal

correspond à une diminution du poids de l'air. En 1777, il réalise l'analyse et la synthèse de

l'air et démontre la fausseté de la théorie du phlogistique. Il pose aussi les bases de la loi de la

conservation de la matière (« rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme »). A partir de

1787, avec Guyton de Morveau, Fourcroy et Berthollet, il dote la chimie d'un langage propre

en créant une nomenclature simple et commode. Savant exemplaire, il peut être à juste titre

considéré comme le père de la chimie moderne. Il est guillotiné en 1794 pendant la

Révolution en tant que fermier général.

3- L'évolution des espèces avant Darwin

Bien que Charles Darwin n'ait formulé sa théorie aujourd'hui admise sur les mécanismes de

l'évolution qu'au XIXe siècle, le concept du transformisme est déjà discuté au cours du siècle

précédent.

Des savants tentent de classifier les espèces vivantes tel le français Tournefort en 1694 pour la

botanique, le suédois Linné avec le Systema naturae (1735) qui rencontre un grand succès ou

Buffon qui commence à rédiger en 1739 sa monumentale Histoire naturelle. De ces multiples

classifications, et comparaisons entre les différents êtres vivants, vient l'idée, encore très

marginale, que les espèces puissent dériver d'ancêtres communs.

La théorie fixiste (immuabilité des espèces) est jusqu'au XVIIIe siècle généralement admise

par les savants d'autant plus qu'elle concorde avec le récit biblique de la Création. Cependant,

outre les classifications, plusieurs éléments ébranlent la théorie :

La découverte de nombreux fossiles correspondant à des espèces disparues.

Les progrès de l'anatomie comparée.

Les observations de mutations d'espèces végétales.

Certains savants, tel Buffon, se convertissent au transformisme, théorie qui gagne peu à peu

du terrain. Mais ce n'est seulement qu'en 1809 que le français Lamarck expose pour la

première fois une théorie cohérente de l'évolution dans sa Philosophie zoologique.

-Le Français LOUIS PASTEUR découvre les microbes

-L'Allemand HANSEN découvre le bacille responsable de la Lèpre

-Le Français BERGES découvre la possibilité d'obtenir de l'énergie électrique à partir d'une

Chute d'eau

-L'Allemand ROENTGEN découvre les rayons X

-L'Allemand Herty découvre le fonctionnement des ondes

1801 : la pile électrique (Volta)

1879 : l’ampoule électrique (Edison)

1885 : le vaccin contre la rage (Pasteur)

1898 : le radium (Curie)

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B- Le progrès des techniques

Le progrès technique peut être défini, dans un premier temps, comme l'ensemble des éléments

qui permettent d'améliorer les méthodes de production et d'accroître la productivité. "Pour

l'économiste, c'est tout ce qui accroît la production sans que varie la quantité de facteurs de

production utilisée." (J.P. Piriou, lexique de S.E.S.). Par exemple, l'introduction dans une

entreprise de machines-outils à commandes numériques (c.à.d. de machines-outils classiques

couplées à un micro-ordinateur) facilite et accélère les réglages, et leur permet de s'adapter à

des productions différentes : il s'agit bien de progrès technique. Toutefois, le progrès

technique s'inscrit aussi dans les différentes formes d'innovations mises en œuvre par

l'entrepreneur, lesquelles peuvent concerner aussi la fabrication d'un produit nouveau, la mise

en œuvre d'une nouvelle méthode d'organisation de la production, ou l'ouverture de nouveaux

débouchés. Le progrès technique résulte directement des innovations, i. e. de la mise en

application d’une invention.

A – De l’invention à l’innovation Une invention est la découverte d’un principe ou d’un

produit nouveau qui n’est pas toujours susceptible d’application pratique. L’invention part de

la recherche fondamentale pour arriver à la recherche appliquée : c’est le résultat de la

recherche scientifique.

Une innovation est la mise en application industrielle et commerciale d’une invention.

L’innovation reprend les étapes de la recherche scientifique de l’invention et ajoute les stades

de développement et de commercialisation : c’est la mise en valeur économique des

innovations.

La période sur laquelle s’étend le processus d’innovations peut être assez longue : le

téléphone a mis 56 ans, la télévision en a mis 10. De nombreuses inventions ne donnent pas

des innovations.

1- Relations entre science et technique

Des découvertes scientifiques ont découlé des progrès techniques (le paratonnerre après les

expériences de Benjamin Franklin ou l'aérostat des frères Montgolfier inspiré par les

connaissances nouvelles sur les propriétés des gaz) mais l'inverse est aussi vrai : les progrès

techniques ont facilité les expériences scientifiques, comme les travaux réalisés sur le

thermomètre par René de Réaumur et Anders Celsius ou l'étude de l'électricité.

On assiste aussi à une réhabilitation de la technique (les « arts mécaniques »), méprisée par de

grands savants et philosophes comme Francis Bacon, Descartes, Pascal ou Leibniz. Plus tard,

l'Encyclopédie (1751-1772) mettra les « arts et métiers » au même niveau que les sciences.

2- Les innovations agricoles

Si l'outillage agricole n'évolue fondamentalement pas, un certain nombre d'innovations

apparaissent sous l'influence des Hollandais et des Anglais et se répandent dans la seconde

moitié du XVIIIe siècle dans certaines parties de l'Europe : notamment l'introduction des

cultures fourragères (trèfle, sainfoin, luzerne) dans le cycle de la production agricole, qui

permet la suppression de la jachère et le développement de l'élevage. D'autre part, par le biais

de la sélection des races, est améliorée la qualité du bétail. Enfin, la culture de la pomme de

terre se répand.

Cependant, il ne faut pas non plus exagérer le progrès des techniques agricoles, la révolution

agricole ne se fera véritablement qu'au XIXe siècle.

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Les transformations du monde rural au 18e siècle

L’agriculture moderne :

1- Défrichement et assèchement des marais

2- Fin de la culture avec période de jachère

assolement quadriennal ; culture de mais, trèfle, luzerne, navet, patates

possibilité de nourrir le bétail...d’avoir de l’engrais

3- Fin du système de tenure

le paysan devient ouvrier agricole

le paysan doit acheter sa terre

4- Développement de machinerie agricole

plantoir, charrue, moissonneuse

Depuis des siècles, l'agriculture de subsistance était en Europe le modèle dominant. Elle

immobilisait plus des trois quart des habitants des campagnes et paralysait l'ensemble de la

vie économique. Mais alors que l'agriculture n'avait pas fondamentalement évolué depuis le

Néolithique, à partir du milieu du XVIIIe siècle, des changements majeurs se produisent :

Le recul du blocage de la jachère (non-exploitation d'une terre pendant 1 an pour ne

pas l'épuiser) avec l'extension de la culture de plantes fourragères et l'apparition des

engrais chimiques. En 1840, 7 millions d'hectares c'est-à-dire 25% des terres

européennes sont en jachère; en 1900, on n'en compte plus que 3, c'est-à-dire 10 % des

terres.

La disparition des pratiques collectives de culture permet l'essor de l'individualisme

agraire. En France, la révolution de 1789 a permis de cultiver la culture souhaitée sur

son lopin de terre et a permis de le clôturer (mouvement des enclosures).

La modernisation des méthodes de culture avec l'application de la machine à vapeur

au monde agricole, l'apparition des premières batteuses et les premières

moissonneuses (plus lentes cependant à se répandre car chères).

Peu à peu, l'agriculture de subsistance laisse la place à une agriculture capitaliste qui permet

de contribuer de trois façons à l'industrialisation :

Par l'accroissement de sa production et de sa productivité afin de nourrir une

population industrielle en rapide progression.

En fournissant un surplus de plus en plus large de main d'œuvre potentielle pour les

villes et les industries.

En procurant un mécanisme pour l'accumulation de capitaux à utiliser dans les

secteurs les plus modernes de l'industrie.

Les innovations dans le domaine agricole sont importantes. Selon certains historiens comme

Georges Duby, le monde agricole connait une lente évolution amorcée depuis le Xe siècle.

Ainsi Olivier de Serres considéré comme le père de l'agronomie française a déjà expérimenté

à la fin du XVIe siècle sur son domaine du Pradel (200ha) des techniques nouvelles comme

l'assolement. Mais ces nouvelles techniques diffusent lentement et n’évoluent de manière

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significative qu’à partir du XVIIIe siècle. A cette époque, seules les Provinces-Unies

connaissent une forte productivité agricole. Dans le comté de Norfolk, à partir de 1720,

Charles Townshend expérimente un système nouveau d’assolement5 continu qui se substitue à

l’assolement triennal avec jachère. C’est le début d’une nouvelle vague d’innovations :

drainage, marnage6, invention du semoir par Jethro Tull en 1701, etc. Cependant, les

mouvements d’enclosure entamés au XVe siècle représentent le bouleversement le plus

considérable de l’exercice de la production agricole. La mise en clôture des terres agricoles

par les landlords rompt avec le système traditionnel de l’openfield, synonyme de profits

collectifs. Les enclosures, inaugurées en Angleterre par les Enclosure acts dès 1760,

permettent le remembrement agricole et consécutivement, l’application de nouvelles

techniques et l’accroissement de la production de manière significative. Pour Karl Marx, les

enclosures privent nombre de ces petits paysans de leur moyen de subsistance, à savoir la

culture des biens communaux et contraignent les paysans à un exode rural massif. Ces

paysans sans terre migrent vers les villes et leurs faubourgs dans lesquels ils deviennent les

premiers ouvriers – ainsi que les premiers prolétaires – de la révolution industrielle. Il s'ensuit

le « triomphe de l’individualisme agraire », d’après l’expression de Marc Bloch. La révolution

agricole, amorcée au début du XVIIIe siècle, va se poursuivre tout au long du XIXe siècle.

L’apparition du machinisme agricole, est marquée par la moissonneuse mécanique de Cyrus

Mac Cormick en 1824, sa moissonneuse-batteuse en 1834, la charrue de Mathieu de

Dombasle en 1837. Les années 1840 voient naitre l'utilisation des engrais artificiels grâce à la

chimie (recherches de Justus Von Liebig).

3- Les nouvelles techniques industrielles

Le processus d'industrialisation de l'Europe du Nord-Ouest s'est accompli, partout où il a eu

lieu, autour de deux pôles principaux, qui constituent les secteurs clés de la révolution

industrielle. Le premier est l'industrie textile, secteur originel. Vers 1850, celui-ci occupe

encore partout la première place, représentant les trois quart de l'activité industrielle. C'est lui

qui emploie le plus de travailleurs, regroupant en Angleterre 30 % de la main d'oeuvre

manufacturière et 14 % de la population active, et rassemblant les ouvriers dans des fabriques

aux dimensions importantes. En Angleterre, si c'est l'industrie cotonnière qui vient en tête, en

France, c'est la laine et la soie qui occupent une position dominante.

L'autre secteur majeur associe l'extraction du charbon à la métallurgie. C'est de la production

houillère que dépendent les nouvelles machines à vapeur de la révolution industrielle et c'est

de l'industrie métallurgique qu'elles sont issues.

Même si à la fin du XIXe siècle apparaissent de nouvelles énergies (l'électricité et le pétrole),

le charbon reste largement dominant.

3.1. Domaine du textile

Les premières inventions industrielles, destinées à accroître la production, font leur apparition

dans le domaine du textile. En 1733, l'artisan anglais John Kay imagine de lancer la navette de

tissage à l'aide de leviers pour remplacer le tissage manuel. Cette innovation permet la

croissance rapide du tissage mais par le même coup augmente la demande en fils. C'est ainsi

5 Répartition des cultures entre les parcelles d’une exploitation, d’une surface cultivée.

6 Amendement d'un sol acide à l'aide d'une roche sédimentaire argileuse et calcaire.

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que des filateurs créent des machines à filer : la « spinning jenny » en 1765, le « water-

frame » en 1769 et surtout la « mule-jenny » en 1779 qui est une synthèse des deux machines

précédentes, qui sont capables de produire le fil plus vite et à un moindre coût.

3.2. Dans le secteur de la métallurgie

Du côté de la métallurgie, le maître de forges anglais Abraham Darby7 met au point en 1735

la technique de transformation de la houille en coke qui permet d'obtenir dans les haut-

fourneaux une fonte d'une bien meilleure qualité. En 1784 est mis au point par Henry Cort le

procédé du « puddlage » qui affine la fonte par brassage à haute température sur feu de coke

dans un four à réverbère, qui diminue la consommation en charbon de bois (problème de la

disparition progressive des forêts).

Mais l'invention capitale est celle de mise au point en 1769 de la machine à vapeur par

l'écossais James Watt, qui résulte de longs tâtonnements. Watt n'est pas le premier à avoir eu

l'idée d'utiliser la vapeur comme force motrice (expériences de Denis Papin ou de Newcomen)

mais a le mérite d'avoir apporté deux améliorations décisives: le condenseur (1769) et le

double effet (1781)8.

7 On a aussi des inventions dans le domaine de la métallurgie. En 1708 Abraham Darby, un Quaker qui exploite

une fonderie de cuivre, s’installe à Coalbrookdale dans les gorges de la Severn. L’intention est de réaliser ce

qu’aucun maitre de forge n’avait réussi jusque-là : faire de la fonte en utilisant du coke au lieu du charbon de

bois, plus couteux. Un vieux haut fourneau fonctionnant au charbon de bois est loué au seigneur du lieu. Après

une année d’expérimentations, en sélectionnant des cokes peu chargés en soufre, il réussit à produire une fonte

utilisable. Celle-ci est encore de qualité médiocre et ne permet pas d’obtenir du fer. Mais elle reste assez bonne

pour fabriquer des marmites de cuisine bon marché, des plaques de cheminée et d’autres produits analogues.

Abraham Darby en vend dans toute l’Europe, et cela dura 40 ans, jusqu’en 1750.

En 1750, le fils d’Abraham Darby – Abraham Darby II – réussit à obtenir du fer à partir de la fonte au coke, d’où

une baisse du prix du fer. En 1779, le petit-fils Abraham Darby III construit le premier pont métallique, Iron

Bridge, sur la Severn, en un lieu nommé depuis Ironbridge. Trois mois sont nécessaires à son haut fourneau pour

produire les 384 tonnes de fonte. Ironbridge est considéré comme le berceau de la révolution industrielle. La

société Darby cesse son activité en 1818, victime de la crise consécutive à la fin des guerres contre la France et

de la concurrence. En 1784, Henry Cort invente le procédé du puddlage pour obtenir du fer à partir de la fonte –

procédé très bien décrit par Jules Verne dans son roman les Cinq Cents Millions de la Bégum, métal avec lequel

est réalisée la tour Eiffel. On peut ensuite obtenir de l’acier en ajoutant un peu de carbone au fer. 8 La première véritable machine à vapeur, celle dont toutes les machines alternatives descendent, est inventée et

construite par un forgeron du Devon : Thomas Newcomen en 1712. Elle est conçue comme machine de pompage

pour une mine de charbon située près de Dudley Castle, dans le Staffordshire. Très fiable, cette machine

fonctionne au rythme lent de douze coups par minute, et consomme aussi beaucoup de charbon. En effet,

pendant son fonctionnement on envoie dans le cylindre successivement de la vapeur, qui le réchauffe, puis de

l’eau froide, qui le refroidit : le charbon sert surtout à réchauffer le métal du cylindre.

En 1764, frappé par la déperdition d’énergie de la machine de Newcomen, James Watt imagine de ne plus

condenser la vapeur dans le cylindre, mais dans un condenseur séparé. Il en dépose le brevet en 1769.

L’application industrielle commence à partir de 1775, après que James Watt se fut associé avec Matthew

Boulton, propriétaire de la manufacture de Soho, près de Birmingham. Leur démarche de commercialisation est

elle-même innovante : ils passent contrat avec un client équipé d’une machine Newcomen, et financent le

remplacement par une machine de Watt. Les deux associés se paient en prenant pour eux une part des économies

de charbon réalisées par le client, grâce au bon rendement énergétique de la machine de Watt.

Watt brevète plusieurs autres inventions comme la machine rotative et surtout la machine à double effet (1783)

dans laquelle le cylindre reçoit la vapeur alternativement par le bas et par le haut, ainsi qu’un régulateur

centrifuge ou à boules (1788) assurant une vitesse constante au moteur. La machine à vapeur est ainsi en mesure

de remplacer les roues de moulin, pour l’entrainement des équipements industriels.

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L’invention de la machine à vapeur (Denis Papin) a permis l’utilisation des machines et la

création des premières usines textiles (tissus) et métallurgiques.

Stephenson construisit la première locomotive capable de rouler sur des rails à 25 km/h.

Les premières usines s’installèrent près des mines de charbon (Massif Central) et près des

mines de fer (Nord et Est).

C’est une vraie révolution des transports : diligences à vapeur, bateaux et chemin de fer. Un

peu partout, des gares et des ports furent construits. Le développement des transports favorisa

la circulation des personnes et des marchandises, entraînant l’essor du commerce.

En somme, Le XIXème siècle a été marqué par de nombreux progrès techniques dans tous les

domaines : la mise au point de la machine à vapeur, l’invention de la photographie, du

téléphone, du cinéma, du chemin de fer (train)…

Si ces innovations techniques restent essentiellement cantonnées à l'Angleterre qui a déjà

démarré vers les années 1780 sa révolution industrielle (l'Europe continentale étant restée à

l'ère pré-machiniste), elles posent les bases de la révolution industrielle qui prendra son

véritable essor au XIXe siècle.

1733 : John Kay invente la navette volante qui permet de tisser quatre fois plus vite et

des tissus plus larges. Il fallait donc quatre fileurs pour un tisserand. Cette rupture d’équilibre

provoque en cascade d’autres inventions techniques,

1765 : James Hargreaves brevete la « Spinning-Jenny » un rouet où l’on peut poser

huit broches. Hargreaves est un ouvrier tisserand illettré. Sa machine est détruite par des

ouvriers tisseurs furieux de perdre leur travail, et il meurt dans la pauvreté,

1767 : Richard Arkwright brevète la « water-frame », première fileuse mécanique

basée sur le modèle de machine à filer brevetée par Lewis Paul en 1738,

1779 : Samuel Crompton crée la « mule-jenny » qui met en œuvre 400 broches à la

fois (eau ou charbon nécessaire),

1785 : Edmund Cartwright - un « clergyman » du Leicestershire invente le premier

métier à tisser mécanique,

1801 : Joseph Marie Jacquard met au point le métier Jacquard conduit par un seul

ouvrier au lieu de plusieurs comme auparavant.

Le développement est rapide : 496 machines à vapeur Boulton et Watt sont en service en Grande-Bretagne en

1800. Les brevets de Watt tombent dans le domaine public vers 1800. Le développement de la machine à vapeur

est l’une des raisons de la précocité britannique. En 1830 le Royaume-Uni possède 15 000 machines à vapeur, la

France 3 000 et la Prusse 1 000. La France reste à la traine dans ce domaine : en 1880 elle ne possède que 500

000 chevaux-vapeur installés contre deux millions pour le Royaume-Uni et 1,7 million pour l’Allemagne.

Ingénieur écossais passionné de mécanique, il fut chargé de réparer la machine de Thomas Newcomen en 1763.

Remarquant des améliorations possibles, Watt élabora un condenseur, qu’il fit breveter en 1769, afin d’améliorer

la performance de la Newcomen. Étant associé à un entrepreneur depuis 1776, il développa plusieurs machines

ayant des applications industrielles. En 1800, les brevets de Watt expirèrent, alors plusieurs inventeurs ont pu

perfectionner la machine à vapeur de Watt.

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1829 : Barthélemy Thimonnier dépose le brevet d'une machine à coudre à fil continu

1846 : perfectionnement de la machine de Thimonnier par Elias Howe (en).

-L'Anglais FLEMING invente la pénicilline

-L'Allemand BAYER invente l'ASPIRINE

-Le Français LOUIS PASTEUR invente l'ASPTIE et le VACCIN

-Le Français BERTHOLLET INVENTE L'EAU DE JAVEL

-L'Anglais STEPHENSON invente la locomotive

-L'Américain GRAHAM BELL invente le TELEPHONE

-L'Italien VOLTA invente la PILE ELECTRIQUE

-L'Américain MC CORMICK invente la moissonneuse

- CHARLEMAGNE invente l'école

C- Les facteurs des progrès scientifiques et techniques

Nous pouvons citer:

-Le scientisme: les hommes pensent que la science peut permettre de découvrir la vérité

et de tout savoir.

-La spécialisation des savants: désormais chaque savant s'occupe d'une branche précise

de la science.

-La subvention accordé aux chercheurs: les gouvernements et les industrielles

accordaient des aides matérielles ou financières aux chercheurs.

-L'existence des laboratoires et des ateliers

-La mise au point de la méthode expérimentale par le Français CLAUDE BERNARD:

elle consiste à expérimenter les nouvelles théories.

Les progrès de la médecine jouent un rôle important : vaccination antivariolique d’Edward

Jenner en 1796, découverte de la morphine en 1806, découverte du bacille de la tuberculose

par Robert Koch en 1882, vaccin contre la rage de Louis Pasteur en 1885 etc. Autrement dit,

il s’agit du recul des « trois Parques surmortelles » selon l’expression d’Alfred Sauvy.

II- L’IMPACT DES PST : LES REVOLUTIONS DEMOGRAPHIQUE9, SOCIALE

10 ET

ECONOMIQUE

9 1. état quantitatif de la population (d'un pays ou d'une région) Exemple : les chiffres de la démographie

mondiale

2. sciences humaines étude de l'état quantitatif des populations humaines et de leur évolution Exemple : la

démographie moderne et la démographie historique

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A- Conséquences démographiques

Le XIXe siècle se caractérise par une très forte croissance de la population : on estime que le

nombre d'habitants du continent (Russie comprise) est passé de 80 millions d'habitants

environ en 1800 à 455 millions en 1914.

La mortalité chute du fait de la disparition des trois grands fléaux qui pesaient sur la

démographie européenne : la guerre, la famine et la peste; mais aussi du fait des progrès de la

médecine (vaccination mise au point par Jenner), de l'hygiène et de l'alimentation. La natalité

se maintient à un niveau élevé entraînant par conséquent un accroissement très important de la

population.

La France est le premier pays qui connaît ce qui est appelé « la transition démographique », si

bien qu'il est le pays le plus peuplé d'Europe en 1800 (ce qui permit à Napoléon de lever sa

grande armée).

1- Les progrès de la médecine et la croissance démographique.

La découverte de la vaccination antivariolique par l'Anglais Jenner en 1796 constitue un

progrès considérable en médecine humaine. La vaccination commencera à être pratiquée au

début du XIX è siècle et épargnera de nombreuses vies. Un peu plus tard, suite aux travaux de

Pasteur, la mise en œuvre de l'asepsie lors des opérations (pratiquée notamment par le

chirurgien anglais Lister) et de l'antisepsie, pour désinfecter les plaies, entraîna une

régression de la terrible fièvre puerpérale qui était responsable de la mort de nombreuses

parturientes (une sur dix) et d'un grand nombre de nouveaux nés. Dans le monde occidental,

les vaccinations et l'hygiène se généralisèrent à la fin du siècle ce qui permit une chute de la

mortalité infantile et une augmentation démographique notamment en Grande Bretagne où

la population a plus que triplé entre 1800 et 1900 (9 millions à 32,5). Notons

cependant que l'amélioration de l'hygiène n'est certainement pas la seule cause de la

croissance démographique car durant ce même laps de temps la population de la Russie a

quasiment triplé alors que l'hygiène demeurait rudimentaire dans ce pays. A contrario, malgré

une amélioration de l'hygiène, la France fut l'un des pays où la population a le moins

augmenté au cours du XIX è . . .

2- La transition démographique11

10

Conséquences liées aux conditions de vie des membres de la société Exemple : s'intéresser avant tout au

social. 11

Passage, généralement non simultané, de taux de natalité et de mortalité élevés à des niveaux sensiblement

plus faibles

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Les pays ayant connu la révolution industrielle ont également tous connu des mutations

démographiques dont la plus importante est la transition démographique. Celle-ci ne se

produit pas forcément au même moment que l’industrialisation, ce qui conduit à nuancer les

liens entre démographie et révolution industrielle.

La transition démographique correspond à une période de déséquilibre entre les taux de

natalité et les taux de mortalité. Avant que ne débute la transition démographique, le régime

démographique traditionnel est celui d’une natalité et d’une mortalité fortes qui se

compensent.

Les progrès humains se caractérisent par la raréfaction des famines et le meilleur traitement

des épidémies, parfois combinés à une absence temporaire de guerre, notamment au XIXe

siècle. Les progrès de la médecine jouent un rôle important : vaccination antivariolique

d’Edward Jenner en 1796, découverte de la morphine en 1806, découverte du bacille de la

tuberculose par Robert Koch en 1882, vaccin contre la rage de Louis Pasteur en 1885 etc.

Autrement dit, il s’agit du recul des « trois Parques surmortelles » selon l’expression d’Alfred

Sauvy. Ces progrès suscitent, dans le premier temps de la transition, une chute de la mortalité

sans que le taux de natalité en soit changé. L’écart important, alors constaté entre la mortalité

et la natalité, provoque une hausse importante de la population. Par la suite, des évolutions

sociologiques et culturelles, liées à l’évolution des modes de vie, des « mentalités collectives

» et de la famille avec l’enfant comme préoccupation centrale d’une famille qui tend à devenir

« nucléaire », provoquent un recul de la natalité dont le taux tend à converger vers celui de la

mortalité.

La transition démographique est alors terminée, et laisse généralement la place à une période

de stabilité marquée par une faible mortalité et une faible natalité.

La France est le premier pays à connaitre la transition démographique, au XVIIIe siècle, si

bien qu’elle est la nation la plus peuplée d’Europe en 1800, après la Russie. Certains font la

corrélation avec la prédominance de l’économie française à la même époque ; le PIB de la

France représente 15 % du PIB européen soit 1/3 de plus que le PIB du Royaume-Uni et trois

fois plus que celui des États-Unis en 1820. Ensuite, le Royaume-Uni connait à son tour la

transition démographique ; sa population est multipliée par 9 entre 1500 et 1900 et passe de 6

à 21 millions d’habitants entre 1750 et 1850. Parallèlement, le Royaume-Uni est le premier

pays à s’industrialiser. De même, la population des États-Unis est multipliée par 15 entre

1820 et 1950 et dans le même temps son PIB est multiplié par 14. On voit tout de même que

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le lien entre essor démographique et industrialisation est complexe puisque la France est le

premier pays à entrer en phase de transition démographique mais c’est le Royaume-Uni qui

entre le premier dans la révolution industrielle, ce même Royaume-Uni qui entrera par la suite

dans le processus de transition démographique.

3- Exode rural et urbanisation

Une série de causes provoque l’exode rural soit le départ de nombreux paysans, quittant leurs

champs pour rejoindre villes anciennes ou nouvelles agglomérations et contribuant ainsi à

nourrir la croissance urbaine. Raisons négatives avec l’enclosure des terrains agricoles, ou la

mécanisation de l’agriculture qui accroit la productivité et libère de la main-d’œuvre. Raisons

positives dans la mesure où le départ vers les usines est perçu comme une opportunité

d’échapper à la misère, sinon d’améliorer ses conditions de vie.

Toutefois, l’exode rural n’est pas l’unique cause de l’urbanisation. L’industrialisation crée des

usines, qui elles-mêmes provoquent la concentration et l’installation de nombreux ouvriers

dans les faubourgs des villes, voire l’émergence de nouvelles agglomérations (C’est par

exemple le cas du Creusot ou de Roubaix, ou bien de villes à la périphérie de Paris comme

Saint-Denis) voire la création de nouvelles conurbations (comme le bassin minier du Nord-

Pas-de-Calais). Se trouvent ainsi réunis par la proximité : bassin de main d’œuvre,

infrastructures de transports performantes et vastes marchés de consommation.

L’urbanisation contribue également à des évolutions sociales importantes : début du

développement de l’habitat collectif, des premières politiques d’aménagement urbain – mise

en place de moyens de transports comme le métro à la fin du XIXe siècle et aménagements

urbains comme les travaux effectués à Paris par le baron Haussmann – ...

La croissance démographique va stimuler la révolution industrielle en accroissant le nombre

de producteurs et de consommateurs.

B- Les transformations économiques de l'Europe au XIXe siècle ou révolution économique

C'est au XIXè que la science et la technique vont commencer à avoir un impact de plus en

plus important sur le citoyen ordinaire du monde occidental. Les grandes révolutions

conceptuelles de Copernic à Newton en passant par Galilée et Kepler n'avaient eu que très peu

d'impact sur le monde paysan, majoritaire jusqu'à la fin du XIX è. Les découvertes

scientifiques, techniques et médicales que l'on va connaître à partir de la fin du XVIII è vont

bouleverser la vie, même des plus humbles.

La révolution économique du XIX siècle que l'on réduit souvent, à tort, à une

simple révolution industrielle est en fait le résultat de très nombreux changements, non

seulement dans le domaine industriel mais aussi en agriculture, en médecine, dans

la banque et le commerce, dans les mentalités.

1- L'évolution des transports et du commerce : développement du transport à vapeur : bateau

et train

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Le chemin de fer va bouleverser le paysage économique européen en jouant le rôle de

réducteur et d'unificateur d'espace. Il connaît cependant des débuts modestes : avant 1830, le

mode de transport le plus utilisé est la voie d'eau. Le rail existe déjà mais est utilisé dans les

mines et il était en bois. L'ingénieur Stephenson va avoir l'idée d'allier les rails en fer et la

locomotive à vapeur.

A partir de 1830, la fièvre ferroviaire s'empare de l'Europe, stimulant l'industrie métallurgique

par la fabrication des trains et des rails : l'industrie ferroviaire est une industrie

industrialisante. En France, la révolution ferroviaire a lieu dans les années 1840. Si à la fin du

XVIIIe siècle, le trajet Paris-Toulouse dure 8 jours en diligence, le trajet ne dure que 8 heures

grâce au chemin de fer à la fin du XIXe siècle.

Mais l'essor du chemin de fer ne doit pas occulter non plus celui des transports maritimes

(apparition du Steamer, énorme bateau à vapeur, qui s'impose rapidement grâce à sa taille, sa

puissance et sa rapidité) ou l'apparition de la voie aérienne (expériences à la fin du XVIIIe

siècle des frères Montgolfier et 1er vol des frères Wright en 1903).

En 1830 on inaugure la voie ferrée Manchester Liverpool; les 29 km qui séparent les deux

villes sont couverts en 53 minutes ! Le chemin de fer va bientôt former un véritable réseau

permettant les échanges de minerais de fer, de charbon, de coton, de laine, de

produits manufacturés entre les différents centres industriels du pays, proches les uns des

autres. En 1870 déjà 25 000 km de voies ferrées sont posées ce qui a nécessité une

production considérable d'acier. La suprématie anglaise dans le domaine maritime permet des

échanges avec toutes les parties du monde et notamment avec les colonies.

- la locomotive est développée (R.Stephenson 1829)

.Favorise la concentration des industries

.Nécessite beaucoup de fer et de charbon = création d'emplois

. Et la bicyclette est inventée ! (8)

En 1840, Samuel Cunard inaugure la première liaison transatlantique par paquebot à vapeur

entre Liverpool et Boston cependant que l'on commence à communiquer

par télégraphe.

- de nombreux canaux sont creusés

- des bateaux à vapeur sont développés (R . Fulton 1802)

Le développement est sous-tendu par un système bancaire qui sert d'intermédiaire entre

les investisseurs (actionnaires) et les entrepreneurs qui empruntent. Londres devient

un centre financier international, les frères Rothschild créent des banques à Londres, Paris,

Francfort, Naples et Vienne. L'usage du chèque bancaire devient courant et en 1844

la Banque d'Angleterre obtient le monopole des billets de banque. Rappelons que la Banque

d'Angleterre fut fondée en 1694 et qu'elle a bientôt supplantée la Banque d'Amsterdam créée

en 1609. Les profits réalisés sont rapidement réinvestis dans la construction de nouveaux

moyens de production et d'échanges (Usines, entrepôts, ports, canaux).

Apparition de grands magasins :(7)

- beaucoup de marchandises

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- beaucoup de service à la clientèle

- apparition du papier-monnaie

2- La révolution industrielle

2.1. La notion : un nouveau mode de production

Ce que les historiens appellent la Révolution industrielle débute en Angleterre autour de 1770.

Apparut en 1830, le terme de révolution industrielle a été utilisé par des français pour définir

la situation en Angleterre qui venait de découvrir la machine à vapeur par James Watt.

De nos jours, on parle de « décollage » pour désigner un phénomène mondial. Pour se

retrouver, nous dirons que la Révolution industrielle, c'est la généralisation de la mécanisation

et du travail en manufacture12

ou en usine13

(factory-system) qui débute en Angleterre autour

de 1770. Cette généralisation a lieu dans les trois secteurs proto-industriels les plus en avance

à l'époque : le textile, les mines et la métallurgie.

La révolution industrielle, expression créée par Adolphe Blanqui, reprise et popularisée par

Friedrich Engels et par Arnold Toynbee, désigne le processus historique du XIXe siècle qui

fait basculer – de manière plus ou moins rapide selon les pays et les régions – une société à

dominante agraire et artisanale vers une société commerciale et industrielle. Cette

transformation affecte profondément l’agriculture, l’économie, la politique, la société et

l’environnement.

La révolution industrielle qui a commencé à se manifester en Angleterre aux environs de 1780, s'étend à toute l'Europe du Nord-Ouest dans la première moitié du XIXe siècle. Elle est caractérisée par l'utilisation d'énergies nouvelles associant le charbon et la machine à vapeur, la mécanisation de la production et l'apparition d'une métallurgie moderne, une forte croissance économique et une nouvelle organisation du travail. La révolution industrielle est avant toute chose caractérisée par la diffusion du machinisme et de la révolution mécanique. Les machines existaient avant le XIXe mais elles fonctionnaient avec des énergies traditionnelles : énergie humaine, énergie animale, énergie naturelle (force du vent ou de l'eau). La grande innovation de la révolution industrielle consiste en l'introduction de la machine à vapeur (bien que assez lentement et par étape) grâce aux travaux de Denis Papin qui a mis en évidence les capacités motrices de la vapeur. Le pas décisif est franchi avec James Watt avec le condensateur (qui réduit la consommation de combustible de 4/5). Le charbon de terre, extrait du sous-sol, devient le « pain de l'industrie ». On passe de l'atelier à l'usine par la concentration massive de machines réunies en un même lieu (factury system). Auparavant le travail était réalisé à l'atelier et était généralement un travail à domicile (domestic system). L'essor du factory system entraîne une concentration du capital (c'est-à-dire les machines) et du travail. L'usine, à ses débuts, est assez mal vue par la population, car considérée comme un bagne (horaires stricts, peu de pauses,...), ce qui freine un peu son expansion.

12

Etablissement industriel où la fabrication des produits est surtout manuelle. 13

Etablissement industriel où, à l’aide de machines, on transforme des matières premières ou des produits semi-

finis en produits finis.

Page 16 sur 26

2.2. Les facteurs de la révolution industrielle

Évolution de la société

Les Anglais, débarrassés de l'emprise de l'église catholique depuis le XVI è siècle (Sous Henri

VIII -acte de suprématie- 1534) et bénéficiant d'un régime parlementaire moderne depuis

1688 (The Glorious Revolution) ont une certaine habitude de la liberté et peuvent développer

un esprit d'entreprise favorisé par un pouvoir central beaucoup plus souple que sur le

continent. De plus une très grande mobilité sociale était possible grâce à un parlement où

bourgeois et nobles siégeaient ensemble; les mariages "mixtes" étaient également très

fréquents. Une certaine influence protestante se fait sentir dès le XVII è siècle (surtout

après la révocation de l'édit de Nantes en 1685) et donne au travail et à l'esprit d'entreprise une

aura qu'il n'a toujours pas sur le continent où le prestige est toujours lié à la naissance, aux

carrières militaires et ecclésiastiques et aux possessions foncières. En France en particulier on

a du mal à investir dans le commerce et dans l'industrie; la banque est toujours un domaine

suspect alors que, dans la mentalité française, seule "la terre ne trahit pas". L'influence

protestante dans la genèse du capitalisme industriel a été bien mise en évidence par

l'allemand Max Weber dans "L'éthique protestante et l'esprit du capitalisme" (1901)

En effet, dès le XVIe siècle, la Réforme protestante14

secoue l’Europe tout entière. Le

protestantisme porte en lui les germes de ce qui constitue un « terreau » de valeurs qui

révolutionnent la conception du travail et de la vie. En effet, d’après Max Weber15

, le travail

n’a pas à être considéré comme le châtiment expiatoire du péché originel comme le rapporte

l’éthique catholique. C’est au contraire une valeur fondamentale au travers de laquelle chacun

s’efforce de se rapprocher de Dieu. À la suite de la révocation de l’Édit de Nantes, par l’édit

de Fontainebleau de 1685, la France se prive du savoir-faire et des capitaux des protestants,

les huguenots, qui fuient vers les Provinces-Unies (aujourd’hui les Pays-Bas), les Pays

germaniques (Saint-Empire, Suisse, etc.) et l’Angleterre ; c’est-à-dire vers les pays

protestants.

Accumulation du capital et transformation de l’entreprise

Les dépenses du marchand-fabricant étant limitées, cela a permis l'accumulation de capital

qu’il a pu investir dans la mécanisation ou la construction de manufactures.

Aussi, dès le XVIIe siècle, les grandes compagnies commerciales maritimes, comme la

Compagnie anglaise des Indes orientales (1600) ou la Compagnie néerlandaise des Indes

orientales (1602), préfigurent l’« entreprise » moderne. Elles constituent en effet les premières

entités à explicitement viser le profit monétaire et, pour ce faire, à savoir mobiliser hommes,

capitaux et moyens matériels (navires) pour exploiter les nouvelles connaissances

géographiques et les progrès technologiques : boussole, sextant, etc.

Durant cette ère préindustrielle – ou « proto-industrielle » selon l’expression de Franklin

Mendels – des « nébuleuses industrielles »comme en Flandres au XVIIe siècle apparaissent

14

Mouvement religieux qui, au XVIe siècle, a donné naissance en Europe aux Eglises protestantes. Trois

grandes familles se constituèrent au sein du protestantisme : calviniste, luthérienne et anglicane. 15

(1864-1920) sociologue allemand. Promoteur d’un sociologie « compréhensive » qui étudie les phénomènes

sociaux en se référant à des « types idéaux », il s’est attaché à rendre compte de l’avènement du capitalisme

(l’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme, 1904-1905 ; Sociologie de la religion, 1920)

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dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d’entreprises pour contourner les

règles corporatives. Les premières formes juridiques d’entreprises reposant sur la libre

association de sociétaires voient le jour, notamment la société en commandite.

L’ampleur des besoins financiers engendrés par la révolution industrielle pose rapidement la

question de l’accumulation primitive du capital et consécutivement celle du financement par

l’appel à l’épargne publique ou aux capitaux extérieurs. Jusque-là, les « investisseurs »

associés au sein de sociétés en nom commun (SNC) découpées en parts non négociables, et

non en actions, ont la qualité juridique de « commerçants » et sont, à ce titre, responsables sur

leurs biens propres. Les premières sociétés de capitaux comme les sociétés en commandite

par actions (actions négociables à la Bourse) remontent en France au Code du commerce de

1807, mais restent marginales. Or au XIXe siècle, la révolution industrielle requiert – comme

dans les chemins de fer – une importante concentration de capitaux en vue de financer des

investissements de plus en plus couteux. Une nouvelle forme juridique d’entreprise, la société

anonyme (SA) facilite les apports en capitaux de plusieurs investisseurs : ceux-ci n’engagent

leur responsabilité qu’à hauteur des montants investis, ce qui limite les risques.

Ainsi en Angleterre, la mise en place des joint stock companies (JSC) fait suite à l’abrogation

du «Bubble Act» en 1825 et au «Joint Stock Companies Act» de 1856.

Ainsi en France est instaurée la société anonyme après les lois de 1863 et 1867 (et en

Allemagne en 1870). D’après François Caron19 11,4 % des sociétés créées en France entre

1879 et 1913 le sont sous la forme des sociétés anonyme.

C’est donc l'accumulation du capital qui a préparé la révolution industrielle. D’où la naissance

du « capitalisme ». Car le capital en est à la base de ce système. Le système capitaliste se

nourrit lui-même à partir du XIXe siècle car les bénéfices de l'activité industrielle sont

réinvestis. Il se met ainsi en place un mécanisme de réinvestissement perpétuel.

Le passage au libéralisme

Le siècle des Lumières promeut la conception d’un État garant des libertés individuelles,

parmi lesquelles, la liberté du commerce et de l'industrie et, son corollaire, la libre

concurrence. Concrètement, il s’ensuit en France l’abrogation des corporations à la suite du

décret d’Allard en mars 1791 et l’interdiction de toute coalition à la suite de la loi Le

Chapelier du 14 juin 1791 : « Il n’y a plus de corporations dans l’État ; il n’y a plus que

l’intérêt particulier de chaque individu et l’intérêt général ».

En Angleterre, les Combination Acts de 1799 et 1800 engagent un processus similaire. De

telles mesures ont un impact décisif sur le processus de révolution industrielle ; d’après

Arnold Toynbee « l’essence même de la révolution industrielle est la substitution de la libre

concurrence aux règlementations qui, depuis le Moyen Âge, étaient imposées à la production

». Ce libéralisme est donc à l’origine de la généralisation du marché au XIXe siècle : celui-ci

– autrefois existant mais de manière marginale – devient facteur décisif dans le processus

d’industrialisation. Karl Polanyi estime dans La Grande Transformation que le marché

fonctionne de manière autorégulée, sans intervention de l’État, entre 1834, date de l’abolition

de la loi de Speenhamland consacrant la marchandisation de la main d’œuvre, et 1929, date de

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la grande crise économique qui provoque le retour et le recours à l’État en vue d'intervenir

activement et réglementer le marché.

Les progrès de la science et de la technique

La révolution industrielle est aussi le fait de la découverte de nombreuses innovations qui

favorisent l’industrialisation. La « grappe d’innovations » qui survient, pour reprendre

l’expression de Joseph Schumpeter, est d’une ampleur telle que la révolution industrielle

marque une véritable rupture au niveau des techniques.

2.3. Les applications de la révolution industrielle : les révolutions industrielles

Les « révolutions industrielles » (au pluriel) désignent les différentes vagues

d’industrialisation qui se succèdent dans les différents pays à l’époque moderne, car la

révolution industrielle émerge en réalité de façon décalée dans le temps et dans l’espace selon

les pays.

Les premiers espaces à s’être industrialisés sont la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle,

puis la France au début du XIXe siècle : ce sont les pays de la première vague.

L’Allemagne et les États-Unis s’industrialisent à partir du milieu du XIXe, le Japon à partir de

1868 puis la Russie à la fin du XIXe : ils forment les pays de la deuxième vague.

Les secteurs où s’est manifestée la Révolution industrielle sont différents selon qu’il s’agisse

de la première, deuxième ou troisième Révolution.

La première Révolution industrielle : 1850-1880

Elle permet une transition d’une économie à prédominance agricole à une économie

essentiellement industrielle.

Née en Angleterre à la fin du 18ème siècle, la Première Révolution industrielle, fondée sur

l'énergie du charbon et de la machine à vapeur (La machine à vapeur est inventée par James

Watt à la fin du XVIIIème siècle), a entraîné l'industrialisation d'une partie de l'Europe qu’à

partir de 1820, puis des Etats-Unis : vers 1850, les industries textiles et métallurgiques se

mécanisent tandis que les chemins de fer se développent. Ce machinisme transforme à la fois

les conditions de travail, la taille des entreprises et le volume de la production. Grâce au

convertisseur de l'Anglais Bessemer en 1855, l'acier, plus dur, remplace le fer et la fonte :

d’énormes usines sidérurgiques, en Angleterre, comme en France et en Allemagne fabriquent

alors des rails, des locomotives, des machines, des poutres.

Cette première Révolution est marquée par l’importance des Brevets16

.

16

La première véritable législation attribuant un monopole pour les inventions apparait à Venise en 1474. Cette

loi précise que le monopole est la contrepartie de sa divulgation. Dès cette époque, le brevet a deux fonctions :

1. protéger les inventeurs contre la concurrence,

2. informer les innovateurs.

Pour Joseph Schumpeter le brevet est indispensable pour assurer une rente de monopole à l’entrepreneur-

innovateur, mais doit rester temporaire. S’il est normal de protéger l’innovateur par une rente de monopole, juste

retour de l’investissement et des sacrifices consentis, elle doit rester temporaire pour encourager à innover sans

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L’adaptation de la machine à vapeur à des bateaux se révèle plus difficile que pour les

chemins de fer : risque d’incendie avec les coques de bois, risque de panne – un bateau dont la

machine tombe en panne est désemparé – faible autonomie due au mauvais rendement des

machines à vapeur. Toutefois, le 15 juillet 1783, le « Pyroscaphe » est le premier bateau à

vapeur – naviguant pendant un quart d’heure, sur la Saône – construit par Jouffroy d’Abbans.

La navigation à vapeur débute donc sur les rivières, dans les ports pour les remorqueurs, et sur

des trajets courts, comme la traversée de la Manche. Le nombre et le niveau technique des

bateaux à vapeur progressent rapidement : ainsi, dès 1830 les premiers steamers mettent dix

jours de moins sur le trajet New York-Londres que les voiliers les plus rapides.

L’augmentation de la taille des navires divise les frais de transports par quatre entre 1820 et

1850 sur les liaisons internationales.

En 1869, l’ouverture du canal de Suez permet aux bateaux à vapeur de faire le trajet vers

l’Inde en 60 jours, contre six mois auparavant. D’autre part, des dizaines de bateaux à vapeur

sillonnent la Loire entre 1830 et 1850. Leur vitesse est impressionnante (de 4 à 15 nœuds à la

remonte, et 9 nœuds en descendant), et donne lieu à des courses qui se terminent parfois dans

un banc de sable… Mais vers 1850, le chemin de fer entraine leur disparition : en 1910 la

Royal Navy britannique prend la décision de basculer vers une alimentation au fioul, et non

au charbon, pour ses nouveaux bâtiments. Cette bascule se généralise dans le domaine du

transport et instaure l’ère du pétrole pour le XXe siècle.

Au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, le développement de l’industrie

charbonnière repose sur les transports par bateaux, soit sur les rivières navigables, soit par

mer. Les routes ne permettent pas de transporter des chargements lourds, surtout après une

pluie.

cesse. Toujours selon Joseph Schumpeter, les cycles de croissance de long terme – cycle Kondratieff –

s’expliquent par l’existence de périodes de « grappes d’innovations » ou d’un processus de « destruction

créatrice » : « soit le processus interne au capitalisme qui révolutionne incessamment de l’intérieur la structure

économique, en détruisant continuellement ses éléments vieillis et en créant continuellement des éléments neufs

».

Le parlement britannique transforme les monopoles royaux en brevets dès 1624 : il faut une réelle invention et la

durée de vie est limitée à dix ans. Mais les monopoles royaux reviennent dès la restauration britannique. Le

parlement qui gouverne le pays après 1688, lors de la révolution financière britannique, récompense les

inventeurs par des concours. Pour montrer l’exemple, il utilise souvent le premier l’invention. En 1714, il offre

10 000 livres à qui trouve un moyen d’établir les longitudes en mer à un degré près. L’Angleterre dépose deux

fois plus de brevets entre 1690 et 1699 que dans chaque décennie de la période 1660-1690. Le 2 juillet 1698,

celui de l’ingénieur Thomas Savery pour le pompage de l’eau dans les mines de charbon, est par exemple

annoncé par une publicité dans un journal, puis perfectionné par l’association avec Thomas Newcomen en 1705.

La loi est appliquée strictement : en 1718, lors du brevet accordé à James Puckle pour une mitrailleuse, il doit

prouver une « spécification ». L’énergie des inventeurs est d’abord très mobilisée par la Royal Navy, sur fond

d’aventure coloniale.

L’acceptation du brevet de James Watt en 1769 établit un principe important : un brevet peut être accordé pour

l’amélioration d’une machine (à vapeur, celle de Thomas Savery et Thomas Newcomen) déjà connue, et pour

des idées et des principes — à condition qu’ils puissent être appliqués concrètement. Le fameux brevet de

Richard Arkwright pour des machines de filage fut invalidé en 1777 pour absence d’une spécification adéquate,

après dix ans d’existence, alors qu’il améliorait la machine à filer brevetée par l’immigré Huguenot Lewis Paul

en 1738 et vantée en 1757 dans un poème du révérend John Dyer43. L’innovation des Premiers entrepreneurs du

coton britannique est relancée par le brevet du révérend Edmund Cartwright sur sa tisseuse à vapeur, déposé en

1785 après avoir visité en 1784 l’usine de Richard Arkwright et appris que le brevet expirait.

En France, la première législation sur les brevets est créée en 1791, mais dès 1762, le privilège royal autorisant

une production fut ramené à une durée de quinze ans.

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Francis Egerton, troisième duc de Bridgewater, peut voir dans son grand tour d’Europe le

canal du midi, ouvert en 1681. Possédant des mines de charbon à Worsley, près de

Manchester, il décide la construction d’un canal pour transporter son charbon de ses mines

jusqu’à Manchester. Dirigée par James Brindley, la construction commence en 1759, et se

termine en 1776, pour un cout de 350 000 £ – énorme pour l’époque. Ce canal rapporte un

grand profit au duc, et la prospérité à Manchester qui peut disposer d’un charbon bon marché,

pour les machines à vapeur et l’industrie du coton qui commence à se développer.

Rapidement, un réseau de 4 800 km de canaux permet l’acheminement du charbon et d’autres

produits un peu partout : par la route, un cheval transporte 120 kg, tandis que sur un canal, le

même cheval tire 50 tonnes à la vitesse moyenne de 6,5 km/h. Des bateaux rapides tirés par

deux chevaux (remplacés tous les 6,5 km) transportent des passagers à la vitesse moyenne

de16 km/h.17

Pendant 50 ans, les canaux sont les artères de la première révolution industrielle, faisant la

fortune de leurs propriétaires. Puis le chemin de fer les remplace peu à peu, jusqu’à s’imposer

définitivement au cours de la deuxième révolution industrielle.

Chronologiquement, La Grande-Bretagne est entrée dans la révolution industrielle dès le

XVIIIe siècle. Cette avance va être conservée jusqu'à la fin du XIXe siècle. Dès 1806,

l'industrie occupe 30 % de la population active britannique et fournit 1/3 du revenu national.

En 1830, l'industrie concourt davantage que l'agriculture au PIB.

La Grande-Bretagne dispose de ressources minières importantes autour desquelles se

concentrent d'importantes zones industrielles ou des ports d'exportation. Le pays va servir de

modèle aux autres pays européens.

Les pays de l'Europe du Nord-Ouest vont suivre la Grande-Bretagne dans son processus

d'industrialisation. Le blocus continental de Napoléon a permis l'émergence de l'industrie dans

le reste de l'Europe. La région de la Belgique, avant son unité politique, connaît un fort

développement industriel, le plus précoce de l'Europe continentale. Une industrie

métallurgique importante s'y développe : vers 1840, la Belgique est le pays le plus

industrialisé du continent européen.

Aux alentours de 1830, la France connaît son « take-off ». L'industrie française s'oriente vers

les produits de luxe destinés à l'exportation et vers la fabrication de produits textiles courants.

La France a cependant davantage réussi dans la seconde révolution industrielle.

Le royaume de Prusse, comprenant la Rhénanie, région industrielle, depuis le Congrès de

Vienne, est le plus dynamique des Etats allemands. Le Zollverein allemand (union douanière)

favorise l'émergence d'un grand marché intérieur. En Allemagne, les liens sont étroits entre

l'université et l'industrie, entraînant l'application immédiate à l'industrie des découvertes

techniques. A la fin du XIXe siècle, la croissance économique allemande va dépasser celle de

la Grande-Bretagne.

Quant aux pays de l'Europe du Sud et de l'Est, ils entrent tardivement dans l'ère industrielle.

L'industrie italienne apparaît après l'unification de l'Italie en 1861 et s'installe dans le Nord

(triangle Turin-Milan-Gênes); le Sud, majoritairement agricole, reste très peu industrialisé.

L'industrialisation de l'Italie va se baser sur les industries de la seconde révolution industrielle.

En Autriche-Hongrie, la Bohême constitue le noyau industriel sous l'impulsion de la

bourgeoisie tchèque.

17

Chronologie de la révolution industrielle

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La Russie reste à l'écart du développement industriel. Elle ne possède pas de marché intérieur

(le pays est très rural et archaïque – les paysans vivent en autarcie). Un embryon de système

capitaliste n'apparaît que dans les années 1880-1890 sous l'action de l'investissement de

capitaux étrangers (capitalisme plaqué).

La deuxième Révolution industrielle : 1880-1945

Fondé sur le pétrole et l'électricité comme sources d'énergie, un nouveau système technique

apparaît dans les années 1880. D'abord utilisé pour l'éclairage, le pétrole va alimenter le

moteur à explosion mis au point en 1885 (par les Allemands Daimler et Benz et perfectionné

par Diesel.)

Ce moteur équipe des moyens de transport nouveaux (En 1890 la firme Peugeot construit la

première voiture propulsée par le moteur Daimler) et donne naissance aux industries de

l'automobile et de l'aéronautique (les premiers aéroplanes datent de 1893). Dès 1871, la

dynamo du Belge Gramme (transforme la force motrice en électricité et inversement)

(«houille blanche»).

La chimie permet la fabrication industrielle des engrais, des colorants, des textiles artificiels.

Les matières plastiques apparaissent avec le celluloïd (1868) et le nylon (1938).

La fin du siècle voit la naissance du cinéma et le développement des télécommunications

(1876 invention du téléphone) qui transmettent au loin son et image.

Cette deuxième Révolution touche surtout les Etats-Unis, l’Allemagne, le Japon et la Russie.

Troisième révolution industrielle : 1945-2007

On appelle aussi «révolution de la matière grise» cette nouvelle ère technologique née de la

Seconde Guerre mondiale et venue des Etats-Unis. La bombe atomique, lancée en 1945 sur

Hiroshima et Nagasaki, révèle la force de l'énergie libérée par la fission de l'atome : des

centrales nucléaires sont construites pour produire à des fins pacifiques cette nouvelle énergie.

Découvert en 1947 aux Etats-Unis, le transistor, utilisé ensuite dans la fabrication des

ordinateurs, favorise le développement de l’électronique et de l’Informatique: c'est pourquoi

on parle aussi de «révolution informatique».

À partir de 1960, les "industries de pointe" deviennent les locomotives de la croissance

industrielle. Caractérisées par une forte intensité de recherche (Sillicon Valley), les

«industries de pointe» annoncent déjà un nouvel âge industriel : les industries nucléaires (à

des fins civiles ou militaires), les activités aérospatiales, la filière électronique se montrent les

plus dynamiques.

C- Les transformations sociales18

18

Conséquences liées aux conditions de vie des membres de la société Exemple : s'intéresser avant tout au

social.

Page 22 sur 26

Nouvelles classes sociales19

:

. Bourgeoisie20

: banquiers, commerçants, entrepreneurs

. Moyenne: artisans, boutiquiers, commis

. Ouvrière: anciens paysans rôle : surveiller et alimenter les machines

Bourgeoisie triomphante21

La Révolution de 1789 marque le triomphe d’une bourgeoisie, dont le pouvoir au sein de la

société avait commencé à croitre dès le règne de Louis XIV pour devenir majeur au cours du

XIXe siècle. Tout d’abord, une partie de cette bourgeoisie joue un rôle décisif au cours du

processus d’industrialisation car dispose de ressources financières. Cela est encore plus vrai

pour le deuxième XIXe siècle au cours duquel les investissements nécessaires représentent

des sommes de plus en plus importantes. Toutefois, une partie de cette bourgeoisie demeure

passive par rapport à la révolution industrielle, vivant de rentes issues de son patrimoine ; ce

sont les rentiers, particulièrement nombreux en France.

Tout au long du XIXe siècle, le nombre de cette bourgeoisie s’accroit et représente une

grande partie de la société. La grande bourgeoisie, à la tête d’entreprises industrielles, et la

petite bourgeoisie, les petits commerçants, pèsent un poids conséquent dans la société. Par

ailleurs, outre son rôle économique et sociale, la bourgeoisie est de plus en plus présente

politiquement. En France, cette présence politique est entretenue par la formation de la

bourgeoisie dans des écoles, comme l’école des Hautes Études Commerciales (HEC) crée en

1881, dont elle a seule, au XIXe siècle, accès. Cela contribue à la formation d’un corps de

hauts fonctionnaires ou, de ce que Pierre Bourdieu appelle une « noblesse d’État ».

Constitution du prolétariat22

ou la classe ouvrière

Souvent associé au monde ouvrier, le prolétariat relève en fait d’une réalité plus complexe. Si

l’on retient de Karl Marx son analyse économique de la société en deux catégories, les

19

Ensemble d’individus défini en fonction d’un critère économique, historique, sociologique. 20

Classe sociale constituée en réaction aux privilèges accordés à la noblesse.

Au Moyen Âge, le terme de « bourgeoisie » fait principalement référence aux habitants des bourgs des villes

européennes, les burgensis. La bourgeoisie devient plus tard, sous l’influence de la terminologie marxiste,

synonyme de classe dominante, propriétaire des moyens de production dans la société capitaliste. La sociologie

contemporaine a tendance à l’assimiler aux catégories socio-professionnelles qui jouissent d’un patrimoine et de

revenus importants.

Extrêmement variée, tant dans ses origines que dans les domaines d’activité professionnelle qui ont favorisé son

émergence, la bourgeoisie a joué un très grand rôle dans le développement de l’économie mondiale depuis le

XVIIIe siècle. 21

Le « bourgeois » naît au Moyen-âge. C’est alors l’habitant d’un « bourg » c’est-à-dire d’une ville qui a obtenu

du seigneur dont elle relève un certain nombre de privilèges, en particulier le droit de s’administrer elle-même.

Aux 16e, 17

e, ou 19

e siècles, le bourgeois est une personne vivant de revenus qui ne proviennent pas du travail de

la Terre : commerce, artisanat, fonctions administratives payées d’un traitement, professions libérales qui

touchent des honoraires. Le bourgeois a une certaine fortune : par son habillement, ses habitudes, son logement il

se distingue des couches populaires, situées au-dessous, et de l’aristocratie (mot grec qui signifie « les

meilleurs » Minorité composée de ceux qui se distinguent par haute naissance ou leur richesse. Une aristocratie

est foncière quand ses membres doivent leur influence à la propriété de vastes domaines. 22

Ensembles des prolétaires (personne qui n’a pour vivre que le produit de son travail.

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capitalistes et les prolétaires, on oublie parfois que Karl Marx avait déjà compris la

complexité de la société et du prolétariat au XIXe siècle. En effet, Karl Marx distingue au sein

de la société, l’aristocratie financière, la bourgeoisie industrielle, la petite bourgeoisie, la

classe ouvrière, le Lumpenproletariat(« prolétariat en haillons ») et la paysannerie parcellaire.

Par ailleurs, Marx voit dans le prolétariat une classe contrainte de vendre sa force de travail

aux capitalistes, que Marx accuse d’entretenir une situation favorable au développement de

cette « armée industrielle de réserve ». Pour comprendre la notion d’exploitation dont parle

Marx, il faut revenir à sa conception de la valeur. Il distingue, en effet, valeur d’usage et

valeur d’échange ; pour pouvoir réaliser une « plus-value », le capitaliste doit contraindre les

prolétaires au « surtravail », d’autant plus que le capitaliste est confronté à une « baisse

tendancielle du taux de profit ».

En outre, on ne peut véritablement parler d’une classe ouvrière relativement homogène qu’à

partir du dernier quart du XIXe siècle. En effet, on retrouve, surtout au début du XIXe siècle,

des ouvriers spécialisés que sont les artisans, des ouvriers issus de l’industrie rurale,

notamment en France, et le prolétariat des manufactures puis des usines. Cette dernière

catégorie d’ouvrier demeure minoritaire jusqu’au milieu du XIXe siècle. Par la suite,

consécutivement à la modernisation et à la concentration des usines, le nombre d’ouvriers de

la petite industrie rurale et d’artisans devient plus faible. Ce n’est donc qu’après 1870-1880

que les ouvriers d’usines constituent une classe sociale homogène même si l’historien

britannique Edward Palmer Thompson a mis en évidence qu’en Angleterre tout au moins, la

classe ouvrière s’est formée au cours de la première moitié du XIXe siècle. Il précise que «

pour la plupart des travailleurs, l’expérience cruciale de la révolution industrielle fut vécue

comme une transformation dans la nature et l’intensité de l’exploitation61 ».

Vers 1930, les ouvriers représentent encore près de 33 % de la population active occidentale.

Les salaires sont peu élevés (5 F par jour en France de 1900 à 1914) et la nourriture absorbe

une grande partie des revenus (jusqu’à 60 %). Ainsi, chez les ouvriers, toute la famille

travaille : hommes, femmes et enfants. Les journées de travail sont très longues, de 12 à 15

heures en moyenne jusque vers 1860, avec de rares pauses. Le chômage est fréquent du fait

des licenciements abusifs et de l’importance numérique de la population active. Il s’accroit

nettement lors des périodes de crises économiques. Leurs logements sont insalubres, la

nourriture est déséquilibrée et de mauvaise qualité, ce qui engendre la sous-alimentation, le

rachitisme et le développement de maladies (choléra, tuberculose) tandis que le manque

d’espoir pousse à l’alcoolisme. Les accidents du travail, liés à la fatigue, à la pénibilité, aux

difficiles conditions de travail sont fréquents (22 pour 10 000 en France, 41 pour 10 000 aux

États-Unis entre 1871 et 1875).

Développement du syndicalisme

Etat des lieux

Débute en Angleterre

- vote des lois pour protéger femmes et enfants

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- âge minimum, heures réduites, pas dans les mines

- toutes les grèves étaient illégales = violence

- le gouvernement vote des lois pour empêcher cette violence

- droit d’association et de grève obtenu 1870 -1880

. Formation des syndicats

.regroupement en centrales et en fédérations

. Engagement dans l’action politique

. Association avec le mouvement socialiste

- principales revendications :

. Réduction de la journée de travail

. Augmentation des salaires

Le travail et la vie des ouvriers sont soumis à ces conditions :

- locaux : sales, mal aérés, bruyants, encombrés

- tâches : simples, précises, répétitives

- supervisé par des contremaîtres stricts

- 300 jours / année, 14 heures / jour

- salaire : insuffisant...femmes et enfants doivent travailler

Femmes et enfants à l’usine (20 à 40 %)

- majorité de la main-d’œuvre dans le textile (50%)

- docile et économique

- mêmes conditions que les hommes

- salaire : femme = ½ enfant = ¼ de l’homme

- enfants travaillent dès l’âge de 6ans = malformations physiques

- l’usine est située : -près d’une source d’énergie (eau, mine)

-près du chemin de fer

Logements : près de l’usine dû au manque de transport et longues journées...loués à des prix

élevés.

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- humides, mal chauffés, mal éclairés, sales, surpeuplés infestés de vermine, absence d’eau

courante

- conditions malsaines, fatigue, mauvaise alimentation absence de médecin, alcoolisme...

Espérance de vie d’un ouvrier = 30 ans

Combat social

Dès la première moitié du XIXe siècle, les « crises mixtes », c’est-à-dire dont l’origine est

encore agricole mais dont les effets sont de plus en plus importants au niveau industriel,

suscitent les premiers combats sociaux. En effet, la crise de 1836, provoquée par la

spéculation sur l’émission de titres publics espagnols et portugais, conduit à une crise sociale

avec la naissance du chartisme. Auparavant, d’autres mouvements avaient déjà vu le jour

comme le luddisme en Grande-Bretagne ou bien la révolte des Canuts à Lyon en 1831.

Toutefois, la crise ayant eu le plus de répercussions est celle de 1847, issue des mauvaises

récoltes. Tous les pays européens engagés dans le processus de révolution industrielle

connaissent des troubles qui culminent en 1848 avec les mouvements révolutionnaires.

Néanmoins, les combats sociaux deviendront plus amples et plus organisés dans la seconde

moitié du XIXe siècle. C’est le résultat d’une plus grande concentration de la main-d’œuvre

dans des usines de plus en plus grandes. De surcroit elle s’organise autour du syndicalisme.

En effet, le droit de grève est autorisé en 1864 en France et en 1875 en Angleterre, les

syndicats sont autorisés en France en 1884 par la loi Waldeck-Rousseau. De ce fait, des

grands syndicats sont créés à la fin du siècle :

le Trade Union Congress (TUC) en Grande-Bretagne est légalisé en 1874,

L’American Federation of Labor (AFL) aux États-Unis en 1886,

La Confédération générale du travail (CGT) en France en 1895.

Ces syndicats mobilisent massivement les ouvriers lors des crises, par exemple lors de la

Grande dépression (1873-1896). D’autre part, ils sont influencés par le socialisme scientifique

– le marxisme – théorisé par Karl Marx et Friedrich Engels.

CONCLUSION

Les découvertes et inventions des XVIIIe et XIXe siècles ont profondément bouleversé la

société et l’économie des pays européens au point de les pousser à l’impérialisme dont les

doctrines furent également fondées à cette époque.

Bibliographie :

Voir site sur La révolution économique du XIX è siècle

- Lebrun, François. L'Europe et le monde. XVIe-XVIIIe siècle. Armand Colin, 2002.

Hélie, Jérôme. Petit atlas historique des Temps modernes. Armand Colin, 2004.

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- ANCEAU Eric, Introduction au XIXème siècle. Tome 1 : 1815 à 1870, Paris, Belin,

2003.

- ANCEAU Eric, Introduction au XIXème siècle. Tome 2 : 1870 à 1914, Paris, Belin,

2005.

- BERSTEIN Serge, MILZA Pierre, Nationalismes et concert européen. 1815-1919

(Tome 4), Paris, Hatier, 1996.

- http://www.philisto.fr/cours-49-les-transformations-economiques-de-l-europe-au-xixe-siecle.html

- http://fr.wikipedia.org/wiki/Progr%C3%A8s_technique

- http://kenactu.e-monsite.com/pages/les-progrets-scientifiques-et-techniques-subies-par-le-monde-au-19e-siecle.html