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mardi 4 octobre 2011 LE FIGARO A 18 débats opinions NSP* Évolution des intentions de vote 34 % 27% 19% 9 % 6 % 4 % 23 % 20 % 19 % 3 % 2 % 33 % 1 % À LA PRIMAIRE SOCIALISTE (base : ceux qui déclarent qu’ils iront certainement ou probablement voter à la primaire) A le plus la stature d’un président de la République Est le plus capable de faire face à une crise économique internationale Paraît apporter les meilleures solutions aux problèmes des Français Incarne le mieux le changement Est le plus capable de battre N. Sarkozy à l’élection présidentielle Crédibilité comparée des candidats À LA PRIMAIRE SOCIALISTE (base : ceux qui ont l’intention d’aller voter) Source : sondage CSA pour BFMTV, RMC et «Vingt Minutes» Source : sondage CSA pour BFMTV, RMC et «Vingt Minutes» , réalisé par téléphone les 19 et 20 septembre 2011 auprès d’un échantillon national représentatif de 1 005 personnes âgées de 18 ans et plus Mai 2011 Juin 2011 Juillet 2011 Août 2011 Septembre 2011 5 10 15 25 30 35 % % , Source : sondage CSA pour BFMTV, RMC et «Vingt Minutes» 1 % François Hollande Martine Aubry Arnaud Montebourg Ségolène Royal Manuel Valls J.-M. Baylet NSP* *NSP : ne se prononce pas 23 % 46 % 14 % 5 % 1 % 0 % 11 % 14 % 11 % 13 % 10 % 29 % 36 % 11 % 4 % 4 % 2 % 28 % 36 % 14 % 6 % 4 % 1 % 27 % 30 % 15 % 9 % 6 % 0 % 23 % 47 % 15 % 3 % 2 % 0 % socialistes pratiquent, pour l’instant, la retenue. Les oppositions entre candidats sont aujourd’hui plus articulées sur des dif- férences de style que sur la perception de lignes politiques claires. Le premier débat du 15 septembre, au-delà du lar- ge écho qu’il a rencontré (4 920 000 téléspectateurs, 22,1 % de part d’audience), a montré que ce qui ras- semblait les candidats était plus im- portant que ce qui les séparait. Le deuxième débat du 28 septembre a montré cependant que pouvaient s’opposer deux conceptions : l’une in- sistant sur le règlement, l’interdiction et l’action omniprésente de l’État et l’autre plus tournée vers la société, la responsabilité et l’initiative privée. N éanmoins, la différenciation porte essentiellement sur les capacités personnelles prêtées à chacun pour prétendre à l’exercice des plus hautes fonctions de l’État dans un contexte de plus en plus troublé. Or, dans cette ap- préciation comparée des vertus et des capacités prêtées, à tort ou à raison, à chacun pour exercer la fonction de président de la République, François Hollande domine. Cette domination est outrageuse sur l’aspect le plus ré- galien de la fonction (avantage de 23 points sur Martine Aubry en ce qui concerne « la stature d’un président de la République », avantage de 24 points sur la capacité à battre Nicolas Sarkozy). En revanche, son avance est plus té- nue sur l’incarnation du « change- ment », l’aptitude à « faire face à une crise économique internationale » ou encore la disposition à élaborer « les meilleures solutions aux problèmes des Français ». Dans ces divers traits que les électeurs de gauche qui s’ap- prêtent à voter à la primaire attribuent aux principaux candidats socialistes, se dessinent les forces et les faiblesses de celle ou de celui qui sera le candidat du Parti socialiste à l’issue de la pri- maire. Définition et participation du corps électoral, deux inconnues qui pèsent sur la désignation du candidat de gauche à la présidentielle de 2012. PASCAL PERRINEAU DIRECTEUR DU CENTRE DE RECHERCHES POLITIQUES DE SCIENCES PO (CEVIPOF) D epuis l’université d’été du PS à La Rochelle (26- 28 août), la campagne de l’élection primaire bat son plein. Les six postu- lants qui avaient déposé leur candidature avant la rupture esti- vale sont véritablement entrés en campagne et parcourent l’Hexagone en tous sens. Cependant, quels que soient leurs efforts, les rapports de force, du moins en haut de l’affiche, ne semblent pas beaucoup bouger. Dès avant l’été, une hiérarchie s’est établie entre deux candidats qui font la course en tête (François Hollande et Martine Aubry), une candidate qui est décrochée (Ségolène Royal) et deux candidats davantage de témoignage (Manuel Valls et Arnaud Montebourg), sachant que le sixième et dernier can- didat qui n’est pas de la famille socia- liste, Jean-Michel Baylet, a du mal à exister politiquement. Dans le duo de tête, Martine Aubry est d’emblée dominée par François Hollande même si sa déclaration offi- cielle de candidature, le 28 juin à Lille, a eu l’effet de la remettre dans le jeu. En juin et juillet, un à deux petits points seulement, selon le baromètre CSA de la primaire, séparent l’ancien et le nouveau responsable du PS. Mais dès août, François Hollande creuse l’écart (+ 6 points) pour aborder la dernière ligne droite nettement en tête (+ 7 points). Le dernier sondage réalisé par Opi- nionWay (23-26 septembre) accentue même la tendance puisque 43 % des sympathisants de gauche se pronon- cent en faveur de François Hollande, 30 % pour Martine Aubry et seule- ment 11 % pour une Ségolène Royal qui serait talonnée par Arnaud Monte- bourg (10 %). Il en est de même dans l’enquête ef- fectuée par Ipsos du 21 au 26 septem- bre auprès de votants potentiels puis- que 44 % de ceux-ci disent leur intention de choisir François Hollan- de, 27 % Martine Aubry, 13 % Ségolè- ne Royal et 10 % Arnaud Montebourg. Ségolène Royal ne semble pas pouvoir refaire le handicap qui la sépare des deux favoris et les petits candidats ne semblent exister que dans des « ni- ches » relativement circonscrites. François Hollande est aujourd’hui le candidat le plus également implanté dans toutes les strates de l’électorat de gauche qui dit son intention d’aller voter le dimanche 9 octobre : jeunes et vieux, couches bourgeoises et popu- laires. Cependant, il rassemble nette- ment mieux les hommes que les fem- mes alors que Martine Aubry le dépasse dans la population féminine et fait jeu égal avec lui dans les secteurs les plus diplômés de la population. S égolène Royal, quant à elle, garde une forte capacité à pénétrer la po- pulation jeune et l’électorat des cou- ches populaires. Quant à Arnaud Montebourg, sa base est avant tout bourgeoise et éduquée alors que Ma- nuel Valls connaît un succès d’estime dans les franges les moins à gauche de cet électorat de la primaire. Pour l’instant, aucune victoire de l’un des candidats ne semble possible dès le premier tour, à moins que la peur d’affrontements fratricides lors de l’entre-deux tours ne pousse cer- tains cadres du PS, certains élus et certains électeurs à rallier la candida- ture de celui qui fait la course en tête. Si une telle dynamique ne se déclen- che pas, il y aura un second tour le 16 octobre. Dans ce cadre, le rapport des forces, tel que le mesurent aujour- d’hui les sondages d’intentions de vote, ne semble pas être favorable à la première responsable du PS. François Hollande est crédité dans le sondage CSA des 19 et 20 septembre de 52 % des intentions de vote contre 40 % à Martine Aubry, 8 % ne se prononçant pas, ce qui représente un rapport de 57 % à 43 % sur les seuls suffrages ex- primés. L enquête OpinionWay réalisée sur un échantillon de sympathisants de gauche aboutit au même résultat : 57 % en faveur de François Hollande et 43 % pour Martine Aubry. Le sondage Ipsos alourdit le handicap de Martine Aubry : 41 % contre 59 % pour son challenger. Ces chiffres doivent être pris avec prudence car nous sommes loin d’un second tour, les rapports de force du premier tour ne sont pas fixés dans le marbre des « vrais résultats » et les manœuvres, les désistements, les iné- vitables bruits et fureurs qui accompa- gneront une campagne d’entre-deux- tours n’ont pas fait leur œuvre. Il faudra peut-être attendre un deuxième tour pour que la vérité des conflits et des antagonismes éclate au grand jour. Pour l’heure, il est trop tôt. Le Parti socialiste sait qu’il ne peut re- nouer sans danger avec la logique d’affrontement bipolaire qui lui avait coûté si cher lorsque Martine Aubry avait pris, en 2008, la direction du parti, dans des conditions fortement contestées, avec 102 voix d’avance sur 134 800 votants. Pour ne pas réveiller les mauvais souvenirs, les candidats LES 9 et 16 octobre, le PS invite « le peuple de gauche » à désigner parmi les six candidats à la « primaire citoyenne » celui ou celle qui portera les couleurs socialistes à l’élection présidentielle de 2012. À moins d’une semaine du 1 er tour, les rapports de forces restent relativement figés. S’appuyant sur les enquêtes d’opinion, Pascal Perrineau note que « dès avant l’été, une hiérarchie s’est établie entre deux candidats qui font la course en tête (Hollande et Aubry). » Avec un avantage certain au député de la Corrèze qui est « également implanté dans toutes les strates de l’électorat de gauche ». Celui-ci fédère le mieux l’électorat masculin mais Martine Aubry le dépasse auprès des femmes ; Ségolène Royal séduit plus les jeunes et l’électorat populaire, quand Arnaud Montebourg draine une frange bourgeoise et éduquée. Cependant, la plus grande prudence s’impose dans l’interprétation des sondages. Jusqu’au soir du dépouillement, la définition et l’importance du corps électoral sont inconnus : cette primaire est ouverte aux adhérents PS et à tout électeur qui se présente le jour du scrutin comme sympathisant de gauche. Il s’agit donc d’une élection « sans vraies références inscrites dans le marbre du vote ». L’idée de « primaire à la française » avait été lancée, au tout début des années 1990 par l’UDF et le RPR qui vivaient encore et toujours la rivalité Giscard-Chirac. Vingt ans plus tard, rappelle Pascal Perrineau, la gauche met en œuvre une « primaire à l’américaine » requalifiée « citoyenne » pour « régler par les urnes ce que l’appareil du PS ne parvient pas à régler en interne ». JOSSELINE ABONNEAU ÉVOQUÉE à droite, principalement par Charles Pasqua, au tout début des an- nées 1990, l’idée de « primaires ouver- tes » allait faire lentement son chemin à gauche, sous la forme de « primaires fermées » réservées aux adhérents du parti. En 1995, Lionel Jospin fut choisi contre le premier secrétaire du PS de l’époque, Henri Emmanuelli. En 2006, Ségolène Royal s’imposa contre Domi- nique Strauss-Kahn et Laurent Fabius. Cette primaire ne toucha que 80 000 adhérents PS en 1995 et 180 000 en 2006. L’idée d’élections « primaires ouver- tes » à l’américaine fut relancée en 2008 après le Congrès de Reims où le choix de la nouvelle première secré- taire du PS par le vote des adhérents fut entaché de multiples fraudes et contes- tée par Ségolène Royal. Empêtré dans une interminable que- relle de chefs, le PS décida de s’ouvrir à une procédure de « primaires ouver- tes » afin de régler par les urnes ce que l’appareil socialiste ne parvenait pas à régler en interne. En octobre 2009, les adhérents du PS ratifièrent massive- ment la nouvelle règle du jeu, une convention du parti adopta en juillet 2010 les grands principes, le ca- lendrier et les modalités définitives fu- rent établis en janvier 2011. Combien délecteurs ? Sachant que les électeurs surestiment systématiquement leur participation, Ipsos évalue la fermeté de l’intention d’aller voter autour de 9 % du corps électoral. Si 40 % seulement de ce potentiel passe à l’acte de vote le 9 oc- tobre, environ 1 500 000 électeurs « Les oppositions entre candidats sont aujourd’hui plus articulées sur des différences de style que sur la perception de lignes politiques claires » DESSIN DOBRITZ études politiques Figaro-Cevipof pourraient se rendre aux urnes. Cette participation serait nette- ment en deçà de celle de la gauche italienne aux trois primaires qui ont rassemblé de 3 à 4 millions d’électeurs dans les années 2000. Elle serait peut-être suffisante pour faire sortir le PS de sa diffi- culté à se choisir un (e) candidat (e) capable de l’incarner pleine- ment dans la grande joute électo- rale qu’est l’élection pré- sidentielle. P. P.

Page études politiques Figaro/CEVIPOF octobre 2011

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Primaire du PS : sic concurrents en quête d'électeurs

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Page 1: Page études politiques Figaro/CEVIPOF octobre 2011

mardi 4 octobre 2011 LE FIGARO

A18 débats opinions

NSP*

Évolution des intentions de vote

34 %

27%

19%

9 %

6 %4 %

23 %20 %19 %

3 %2 %

33 %

1 %

À LA PRIMAIRE SOCIALISTE

(base : ceux qui déclarent qu’ils iront certainement ou probablementvoter à la primaire)

A le plus la statured’un président

de la République

Est le plus capablede faire face à unecrise économique

internationale

Paraît apporter les meilleures solutions aux

problèmes des Français

Incarne le mieux

le changement

Est le plus capable de battre N. Sarkozy

à l’élection présidentielle

Crédibilitécomparée

des candidats

À LA PRIMAIRE SOCIALISTE

(base : ceux qui ont l’intention

d’aller voter)

Source : sondage CSA pour BFMTV,

RMC et «Vingt Minutes»

Source : sondage CSA pour BFMTV, RMC et «Vingt Minutes» ,

réalisé par téléphone les 19 et 20 septembre 2011 auprès

d’un échantillon national représentatif de 1 005 personnes

âgées de 18 ans et plus

Mai 2011 Juin 2011 Juillet 2011 Août 2011 Septembre 2011

5

10

15

25

30

35

%%

,Source : sondage CSA pour BFMTV,

RMC et «Vingt Minutes»

1 %

FrançoisHollande

MartineAubry

ArnaudMontebourg

SégolèneRoyal

ManuelValls

J.-M.Baylet

NSP**NSP : ne se prononce pas

23 %

46 %

14 %

5 %

1 %

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11 % 14 % 11 % 13 % 10 %

29 %

36 %

11 %

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28 %

36 %

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30 %

15 %

9 %

6 %

0 %

23 %

47 %

15 %

3 %

2 %

0 %

socialistes pratiquent, pour l’instant,la retenue.Les oppositions entre candidats sont

aujourd’hui plus articulées sur des dif-férences de style que sur la perceptionde lignes politiques claires. Le premierdébat du 15 septembre, au-delà du lar-ge écho qu’il a rencontré (4 920 000téléspectateurs, 22,1 % de partd’audience), a montré que ce qui ras-semblait les candidats était plus im-portant que ce qui les séparait.

Le deuxième débat du 28 septembrea montré cependant que pouvaients’opposer deux conceptions : l’une in-sistant sur le règlement, l’interdictionet l’action omniprésente de l’État etl’autre plus tournée vers la société, laresponsabilité et l’initiative privée.

Néanmoins, la différenciation porteessentiellement sur les capacités

personnelles prêtées à chacun pourprétendre à l’exercice des plus hautesfonctions de l’État dans un contexte deplus en plus troublé. Or, dans cette ap-préciation comparée des vertus et descapacités prêtées, à tort ou à raison, àchacun pour exercer la fonction deprésident de la République, FrançoisHollande domine. Cette dominationest outrageuse sur l’aspect le plus ré-galien de la fonction (avantage de 23points sur Martine Aubry en ce quiconcerne « la stature d’un présidentde la République », avantage de 24points sur la capacité à battre NicolasSarkozy).En revanche, son avance est plus té-

nue sur l’incarnation du « change-ment », l’aptitude à « faire face à unecrise économique internationale » ouencore la disposition à élaborer « lesmeilleures solutions aux problèmesdes Français ». Dans ces divers traitsque les électeurs de gauche qui s’ap-prêtent à voter à la primaire attribuentaux principaux candidats socialistes,se dessinent les forces et les faiblessesde celle ou de celui qui sera le candidatdu Parti socialiste à l’issue de la pri-maire. �

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Définition et participation du corps électoral, deux inconnues qui pèsentsur la désignation du candidat de gauche à la présidentielle de 2012.

PASCAL PERRINEAUDIRECTEUR DU CENTRE DE RECHERCHESPOLITIQUES DE SCIENCES PO (CEVIPOF)

Depuis l’université d’étédu PS à La Rochelle (26-28 août), la campagne del’élection primaire batson plein. Les six postu-lants qui avaient déposé

leur candidature avant la rupture esti-vale sont véritablement entrés encampagne et parcourent l’Hexagoneen tous sens. Cependant, quels quesoient leurs efforts, les rapports deforce, du moins en haut de l’affiche,ne semblent pas beaucoup bouger.Dès avant l’été, une hiérarchie s’est

établie entre deux candidats qui font lacourse en tête (François Hollande etMartine Aubry), une candidate qui estdécrochée (Ségolène Royal) et deuxcandidats davantage de témoignage(Manuel Valls et Arnaud Montebourg),sachant que le sixième et dernier can-didat qui n’est pas de la famille socia-liste, Jean-Michel Baylet, a du mal àexister politiquement.Dans le duo de tête, Martine Aubry

est d’emblée dominée par FrançoisHollande même si sa déclaration offi-cielle de candidature, le 28 juin à Lille,a eu l’effet de la remettre dans le jeu.En juin et juillet, un à deux petitspoints seulement, selon le baromètreCSA de la primaire, séparent l’ancienet le nouveau responsable du PS. Maisdès août, François Hollande creusel’écart (+ 6 points) pour aborder ladernière ligne droite nettement en tête(+ 7 points).Le dernier sondage réalisé par Opi-

nionWay (23-26 septembre) accentuemême la tendance puisque 43 % dessympathisants de gauche se pronon-cent en faveur de François Hollande,30 % pour Martine Aubry et seule-ment 11 % pour une Ségolène Royalqui serait talonnée par Arnaud Monte-bourg (10 %).

Il en est demême dans l’enquête ef-

fectuée par Ipsos du 21 au 26 septem-bre auprès de votants potentiels puis-que 44 % de ceux-ci disent leurintention de choisir François Hollan-de, 27 % Martine Aubry, 13 % Ségolè-ne Royal et 10 % Arnaud Montebourg.Ségolène Royal ne semble pas pouvoirrefaire le handicap qui la sépare desdeux favoris et les petits candidats nesemblent exister que dans des « ni-ches » relativement circonscrites.François Hollande est aujourd’hui le

candidat le plus également implantédans toutes les strates de l’électorat degauche qui dit son intention d’allervoter le dimanche 9 octobre : jeunes etvieux, couches bourgeoises et popu-laires. Cependant, il rassemble nette-ment mieux les hommes que les fem-mes alors que Martine Aubry ledépasse dans la population féminine et

fait jeu égal avec lui dans les secteursles plus diplômés de la population.

Ségolène Royal, quant à elle, gardeune forte capacité à pénétrer la po-

pulation jeune et l’électorat des cou-ches populaires. Quant à ArnaudMontebourg, sa base est avant toutbourgeoise et éduquée alors que Ma-nuel Valls connaît un succès d’estimedans les franges les moins à gauche decet électorat de la primaire.Pour l’instant, aucune victoire de

l’un des candidats ne semble possibledès le premier tour, à moins que lapeur d’affrontements fratricides lorsde l’entre-deux tours ne pousse cer-tains cadres du PS, certains élus etcertains électeurs à rallier la candida-ture de celui qui fait la course en tête.Si une telle dynamique ne se déclen-che pas, il y aura un second tour le

16 octobre. Dans ce cadre, le rapportdes forces, tel que le mesurent aujour-d’hui les sondages d’intentions devote, ne semble pas être favorable à lapremière responsable du PS. FrançoisHollande est crédité dans le sondageCSA des 19 et 20 septembre de 52 %des intentions de vote contre 40 % àMartine Aubry, 8 % ne se prononçantpas, ce qui représente un rapport de57 % à 43 % sur les seuls suffrages ex-primés.

L’enquête OpinionWay réalisée surun échantillon de sympathisants de

gauche aboutit au même résultat :57 % en faveur de François Hollande et43 % pour Martine Aubry. Le sondageIpsos alourdit le handicap de MartineAubry : 41 % contre 59 % pour sonchallenger.

Ces chiffres doivent être pris avecprudence car nous sommes loin d’unsecond tour, les rapports de force dupremier tour ne sont pas fixés dans lemarbre des « vrais résultats » et lesmanœuvres, les désistements, les iné-vitables bruits et fureurs qui accompa-gneront une campagne d’entre-deux-tours n’ont pas fait leur œuvre.Il faudra peut-être attendre un

deuxième tour pour que la vérité desconflits et des antagonismes éclate augrand jour. Pour l’heure, il est trop tôt.Le Parti socialiste sait qu’il ne peut re-nouer sans danger avec la logiqued’affrontement bipolaire qui lui avaitcoûté si cher lorsque Martine Aubryavait pris, en 2008, la direction duparti, dans des conditions fortementcontestées, avec 102 voix d’avance sur134 800 votants. Pour ne pas réveillerles mauvais souvenirs, les candidats

LES 9 et 16 octobre, le PS invite« le peuple de gauche » à désignerparmi les six candidats à la « primairecitoyenne » celui ou celle qui porterales couleurs socialistes à l’électionprésidentielle de 2012. Àmoins d’unesemaine du 1er tour, les rapports deforces restent relativement figés.S’appuyant sur les enquêtes d’opinion,Pascal Perrineau note que « dès avantl’été, une hiérarchie s’est établie entredeux candidats qui font la course en tête(Hollande et Aubry). »Avec un avantage certain au député

de la Corrèze qui est « égalementimplanté dans toutes les strates del’électorat de gauche ». Celui-ci fédèrele mieux l’électorat masculinmaisMartine Aubry le dépasse auprès desfemmes ; Ségolène Royal séduit plus lesjeunes et l’électorat populaire, quandArnaudMontebourg draine une frangebourgeoise et éduquée.Cependant, la plus grande prudence

s’impose dans l’interprétation dessondages. Jusqu’au soir dudépouillement, la définitionet l’importance du corps électoral sontinconnus : cette primaire est ouverteaux adhérents PS et à tout électeur quise présente le jour du scrutin commesympathisant de gauche. Il s’agit doncd’une élection « sans vraies référencesinscrites dans le marbre du vote ».L’idée de « primaire à la française »

avait été lancée, au tout début desannées 1990 par l’UDF et le RPR quivivaient encore et toujours la rivalitéGiscard-Chirac. Vingt ans plus tard,rappelle Pascal Perrineau, la gauchemet enœuvre une« primaire àl’américaine » requalifiée « citoyenne »pour« régler par les urnes ce quel’appareil du PS ne parvient pas à régleren interne ». �

JOSSELINE ABONNEAU

ÉVOQUÉE à droite, principalement parCharles Pasqua, au tout début des an-nées 1990, l’idée de « primaires ouver-tes » allait faire lentement son chemin àgauche, sous la forme de « primairesfermées » réservées aux adhérents duparti. En 1995, Lionel Jospin fut choisicontre le premier secrétaire du PS del’époque, Henri Emmanuelli. En 2006,Ségolène Royal s’imposa contre Domi-nique Strauss-Kahn et Laurent Fabius.Cette primaire ne toucha que 80 000adhérents PS en 1995 et 180 000 en2006.

L’idée d’élections « primaires ouver-tes » à l’américaine fut relancée en2008 après le Congrès de Reims où lechoix de la nouvelle première secré-taire du PS par le vote des adhérents futentaché de multiples fraudes et contes-tée par Ségolène Royal.Empêtré dans une interminable que-

relle de chefs, le PS décida de s’ouvrir àune procédure de « primaires ouver-tes » afin de régler par les urnes ce quel’appareil socialiste ne parvenait pas àrégler en interne. En octobre 2009, lesadhérents du PS ratifièrent massive-

ment la nouvelle règle du jeu, uneconvention du parti adopta enjuillet 2010 les grands principes, le ca-lendrier et les modalités définitives fu-rent établis en janvier 2011.

Combien d’électeurs ?Sachant que les électeurs surestimentsystématiquement leur participation,Ipsos évalue la fermeté de l’intentiond’aller voter autour de 9 % du corpsélectoral. Si 40 % seulement de cepotentiel passe à l’acte de vote le 9 oc-tobre, environ 1 500 000 électeurs

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« Les oppositions entre candidats sont aujourd’huiplus articulées sur des différences de styleque sur la perception de lignes politiques claires»

DESSINDOBR

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études politiques Figaro-Cevipof

pourraient se rendre aux urnes.Cette participation serait nette-ment en deçà de celle de la gaucheitalienne aux trois primaires quiont rassemblé de 3 à 4 millionsd’électeurs dans les années 2000.Elle serait peut-être suffisantepour faire sortir le PS de sa diffi-culté à se choisir un (e) candidat(e) capable de l’incarner pleine-ment dans la grande joute électo-rale qu’est l’élection pré-sidentielle. � P. P.