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CINÉ-CLUB NORMALE SUPPandora - Albert Lewin - Mardi 28 mars 2000 « The measure of love is what one’s willing to give up for it » ; tels sont les mots que prononce Geoffrey, homme lettré et oisif, archéo- logue à ses heures, à la vue des deux corps enlacés que des marins viennent de repêcher. Le lieu : Esperanza. L’année : 1930. Détails en réalité insignifiants puisque, tout en ayant con- stamment recours au folklore (les danseuses de flamenco, la figure du toréador, etc), Albert Lewin réussit le tour de force de « déréaliser » lieux et temps, jusqu’à créer une atmosphère presque surréaliste. Car la trame con- temporaine sert ici de prétexte, pour mieux rejouer les mythes du passé. Toujours est-il que le rôle de narrateur incombe alors, de façon très naturelle, à cet « oncle » dénicheur d’antiquités et assembleur de puzzles. A l’image des bris cassés du vase phénicien qu’il recolle, une nouvelle légende va être reconstituée par ses soins. L’histoire qu’il nous raconte est celle de Pandora Reynolds, belle et fascinante américaine, qui voit son existence transformée au contact de Hendrick van der Zee, tout droit sorti d’une vieille légende, celle du Hollandais Volant, cet homme condamné à errer sur les océans pendant l’éternité, à moins qu’une femme n’accepte de se sacrifier pour lui. En plaçant ses personnages à la croisée des légendes, en les insérant surtout dans une trame contemporaine, et un contexte à la fois réaliste et folklorique (d’un kitsch sai- sissant), Albert Lewin travestit les mythes et en crée un nouveau. Où Pandora, première femme fatale de l’« Histoire », vient à incarner une figure presque chris- tique, celle du sacrifice absolu. Celle qui, étymologique- ment, a eu « don de tout », devient la femme qui par amour fait « don de soi ». Pandora, femme fatale ? Pandora, c’est d’abord un mythe : celui de LA femme, qui en ouvrant la boîte défendue, apporta aux hommes tous les maux de la terre. Mais ce n’est pas tant la thé- matique de la curiosité (encore que...), qui intéresse ici le metteur en scène, que, dans une plus large perspective, la figure de Pandora comme incarnation de la femme au charme destructeur. En ce sens, la fig- ure mythique de Pandora donne à voir l’ancêtre de la femme fatale, telle qu’on peut alors l’admirer à l’écran dans les années 50. Symboliquement, c’est à Ava Gardner qu’il revient d’incarner le personnage, elle qui justement se fit connaître (et reconnaître comme actrice de talent) en jouant un rôle similaire de « tueuse », dans le superbe film de Robert Siodmak, The Killers. Femme fatale donc, car objet de désir. D’un désir doublement funeste, pour ceux qui l’éprouvent comme pour celle qui le cristallise. Des hommes (Reggie) aux choses (la voiture de Stephen), jusqu’aux animaux (même le chien de Pandora en fait les frais... il finira cloué sur la porte du Hollandais !), l’univers de Pandora est contaminé par la destruction. Sans parler de l’atmosphère, qui passe sans repos d’une violence vainement contenue à un oppres- sant sentiment de fatalité (le terme « doom » revient comme un leitmotiv), voire une ambiance décadente aussi incongrue que pathétique. De cet univers con- damné, s’élève la voix de Pandora, tantôt chaude et sen- suelle, tantôt froide et sèche, toujours envoûtante, tou- PANDORA AND THE FLYING DUTCHMAN 1951. 122 MIN. SCÉNARIO : ALBERT LEWIN PHOTOGRAPHIE : JACK CARDIFF MUSIQUE : ALAN RAWSTHORNE PRODUCTION : JOSEPH KAUFMAN AVEC : JAMES MASON (HENDRICK VAN DER ZEE) AVA GARDNER (PANDORA REYNOLDS) NIGEL PATRICK (STEPHEN CAMERON) SHEILA SIM (JANET) HAROLD WARRENDER (GEOFFREY FIELDING) MARIO CABRÉ (JUAN MONTALVO)

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Page 1: Pandora - Ciné-club Ens Ulm · de repêcher. Le lieu: Esperanza. ... large perspective, la figure de Pandora comme incarnation de la femme au charme destructeur. En ce sens, la fig-ure

CINÉ-CLUBNORMALE SUP’

Pandora- Albert Lewin -

Mardi 28 mars 2000

«The measure of love is whatone’s willing to give up for it » ;tels sont les mots que prononce

Geoffrey, homme lettré et oisif, archéo-logue à ses heures, à la vue des deuxcorps enlacés que des marins viennentde repêcher. Le lieu : Esperanza.L’année : 1930. Détails en réalitéinsignifiants puisque, tout en ayant con-stamment recours au folklore (lesdanseuses de flamenco, la figure dutoréador, etc), Albert Lewin réussit letour de force de « déréaliser » lieux ettemps, jusqu’à créer une atmosphèrepresque surréaliste. Car la trame con-temporaine sert ici de prétexte, pourmieux rejouer les mythes du passé. Toujours est-il que lerôle de narrateur incombe alors, de façon très naturelle,à cet « oncle » dénicheur d’antiquités et assembleur depuzzles. A l’image des bris cassés du vase phénicienqu’il recolle, une nouvelle légende va être reconstituéepar ses soins. L’histoire qu’il nous raconte est celle dePandora Reynolds, belle et fascinante américaine, quivoit son existence transformée au contact de Hendrickvan der Zee, tout droit sorti d’une vieille légende, celledu Hollandais Volant, cet homme condamné à errer surles océans pendant l’éternité, à moins qu’une femmen’accepte de se sacrifier pour lui.

En plaçant ses personnages à la croisée des légendes, enles insérant surtout dans une trame contemporaine, et uncontexte à la fois réaliste et folklorique (d’un kitsch sai-sissant), Albert Lewin travestit les mythes et en crée unnouveau. Où Pandora, première femme fatale del’« Histoire », vient à incarner une figure presque chris-tique, celle du sacrifice absolu. Celle qui, étymologique-ment, a eu « don de tout », devient la femme qui paramour fait « don de soi ».

Pandora, femme fatale ?Pandora, c’est d’abord un mythe : celui de LA femme,qui en ouvrant la boîte défendue, apporta aux hommestous les maux de la terre. Mais ce n’est pas tant la thé-matique de la curiosité (encore que...), qui intéresse ici le

metteur en scène, que, dans une pluslarge perspective, la figure de Pandoracomme incarnation de la femme aucharme destructeur. En ce sens, la fig-ure mythique de Pandora donne à voirl’ancêtre de la femme fatale, telle qu’onpeut alors l’admirer à l’écran dans lesannées 50. Symboliquement, c’est àAva Gardner qu’il revient d’incarner lepersonnage, elle qui justement se fitconnaître (et reconnaître comme actricede talent) en jouant un rôle similaire de« tueuse », dans le superbe film deRobert Siodmak, The Killers.

Femme fatale donc, car objet de désir.D’un désir doublement funeste, pour

ceux qui l’éprouvent comme pour celle qui le cristallise.Des hommes (Reggie) aux choses (la voiture deStephen), jusqu’aux animaux (même le chien de Pandoraen fait les frais... il finira cloué sur la porte duHollandais !), l’univers de Pandora est contaminé par ladestruction. Sans parler de l’atmosphère, qui passe sansrepos d’une violence vainement contenue à un oppres-sant sentiment de fatalité (le terme « doom » revientcomme un leitmotiv), voire une ambiance décadenteaussi incongrue que pathétique. De cet univers con-damné, s’élève la voix de Pandora, tantôt chaude et sen-suelle, tantôt froide et sèche, toujours envoûtante, tou-

PANDORA AND THE FLYING DUTCHMAN1951. 122 MIN.

SCÉNARIO : ALBERT LEWINPHOTOGRAPHIE : JACK CARDIFFMUSIQUE : ALAN RAWSTHORNE

PRODUCTION : JOSEPH KAUFMANAVEC :

JAMES MASON (HENDRICK VAN DER ZEE)AVA GARDNER (PANDORA REYNOLDS)NIGEL PATRICK (STEPHEN CAMERON)

SHEILA SIM (JANET)HAROLD WARRENDER (GEOFFREY FIELDING)

MARIO CABRÉ (JUAN MONTALVO)

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jours condamnatrice. Le « No Reggie »du début (la scène du bar, où il lademande en mariage) entraîne instantané-ment la mort (le suicide) de l’amant mal-heureux. De la même manière, bien qu’enmoins tragique (et pourtant plus violent),la parole de Pandora se fait ordre et dicteà Stephen la destruction de sa voiture(forme d’« auto »-destruction – ! –…euh, bon, oui, c’est assez faible). C’estla superbe séquence de la falaise, scènetrouble et dérangeante, toute entièreenvahie par une atmosphère de désircharnel et érotique non déguisé. Inutile eneffet d’insister sur le symbole, bienconnu, de l’automobile, ici qui plus est,une voiture de course, que Pandoraappelle... « your big car » (veridic). Oùson impérieux « Do it ! » lui donne desallures de femme castratrice. Dans cettescène époustouflante, tout y passe : tantôtsirène, usant et abusant de sa voixcharmeuse (cf les « Yes Stephen », « No,Stephen », « Would you, Stephen », etc),tantôt impérieuse, sorte de statue grecquefilmée debout, de dos, se donnant enfin,le sacrifice accompli, à un Stephenimmobile et comme hébété, dans cesuperbe plan où l’on peut la voirallongée, en contre-jour, le visagepresque collé à la caméra.C’est que, et la personnalité ambiguë etmouvante de Pandora dans cette scène lemontre bien, ce désir dont elle est l’objetest double, à la fois désir charnel d’unebeauté trouble et sensuelle, et rêvepresque mystique d’une figure déifiée àjamais inaccessible. Dans sa manière de

filmer Ava Gardner, Albert Lewin oscilleconstamment entre les deux perspectives,habile moyen de montrer la diversité desregards qui se posent sur elle. La pre-mière présentation de Pandora Reynoldsmêle ainsi les deux aspects : la voixchaude et langoureuse accentue sa sensu-alité, tout en reprenant un cliché du filmnoir (comme toute femme fatale digne dece nom, elle est chanteuse), tandis que sarobe de serpent, ou plutôt de sirène, d’ungris métallisé, met en avant l’ambiguïtéde son statut : sirène sensuelle (annonçantpar là le thème de la mer : Pandora appar-tient déjà au monde marin du HollandaisVolant), ou déesse intouchable ? Les deuxvoies sont posées dès le départ, mais legénie de Lewin est de faire évoluer cettefigure tout au long du film, jusqu’à faireéclater les cadres trop rigides du stéréo-type de la femme fatale. Ainsi la photopasse-t-elle superbement du charnel aumystique, soulignant le processus detransformation de Pandora au contact duHollandais Volant. Métamorphose parti-culièrement saisissante, si l’on compareles deux scènes marquant l’arrivée dePandora dans le bateau de Hendrick vander Zee. La première, longue d’unedizaine de minutes, avait pour objectif demettre en avant l’extrême sensualité dePandora, en jouant à merveille sur leprincipe de suggestion : caméra qui s’at-tarde sur les épaules dénudées d’AvaGardner alors qu’elle nage jusqu’au voili-er, ou encore ce plan génial de l’actrice,dégoulinante encore, enroulée dans unevoile de navire ! Méthode habile,

puisqu’elle permet au metteur en scène,en intensifiant le désir (et le plaisir) duspectateur, de mieux mettre en relief l’é-trangeté du personnage incarné par JamesMason – visiblement, il ne s’agit point làd’un être de chair ! Et pour cause. C’estun spectre. La reprise en écho de cettescène, à la fin du film, court-circuite etocculte presque l’idée de désir, depuislongtemps sublimé, grâce à un efficaceraccourci temporel dans le montage :Pandora, véritable apparition, a défini-tivement quitté ses oripeaux de femmefatale. Sacrificatrice, elle est devenuesacrifiée, achevant ainsi une métamor-phose déjà visible dans la –sublime–scène de la plage. En laissant son étolejaune sur les épaules d’une statuegrecque, elle prend acte de sa déification,et du passage d’un amour charnel à unamour mystique. C’est le sens même deses paroles : « There’s something mysticin the feeling I have for you ». Pandoraest devenue ce que, selon les propresmots du Hollandais, son nom incarnaitdéjà, « The secret goddess that all men inhis heart desire. ».

Legends never die...A ce mouvement progressif qui marquel’évolution du personnage de Pandora, sesuperpose un autre mouvement, cyclique– celui du mythe et de sa permanence. Symboliquement, le film se termine enboucle, le flash-back permettant de« clore » l’histoire non seulement sur lascène initiale (Geoffrey recollant lesmorceaux du vase), mais également sur

Albert Lewin et Ava Gardner sur le tournage de Pandora

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les mêmes paroles, le magnifique poèmede Rubayat sur l’inéluctabilité du destin.Car pour mieux montrer la permanencedes légendes, Lewin fonde son film sur unprincipe d’échos et de répétitions. Jusquedans la structure. La dernière scène est lasuite de la première, de même que les deuxséquences sur le bateau de van der Zeeencerclent l’histoire de Pandora et duHollandais Volant. Plus subtilementencore, le dîner triomphal donné en l’hon-neur de Stephen rejoue, en plus violent etplus décadent, la scène initiale du bar ; lesdéclarations-sacrifices se font échos ; lacorrida de nuit rappelle, par son atmo-sphère, la scène de la falaise, tandis que lerecord de Stephen annonce, par son thème,la tragédie qui attend Montalvo sur le sabledes arènes. Au centre de ce systèmehabilement tissé est le récit du HollandaisVolant, symboliquement situé au milieu dufilm. Un schéma initial, et originel (qui sedécline en quatre points : jalousie, meurtre,blasphème et châtiment), que tous les per-sonnages rejouent plus ou moins,Montalvo assumant au plus près la filia-tion. Où l’on retrouve l’antique probléma-tique digne d’une tragédie grecque : l’hy-bris (orgueil et jalousie) est irrémédiable-ment puni.

La seule rédemption possible passe alorspar le sacrifice. C’est la thématique du donet de la foi, qui traverse ce film construitcomme un poème sur la nécessité de croire– en soi, en l’autre, en Dieu... et aux légen-des. Un poème surtout sur le manque defoi. A l’origine du drame, une femmesoupçonnée d’être infidèle (faithless), etdes mots blasphémateurs (« God is chaosand faithfulness is a lie »). Autant d’actesfondateurs qui ont vidé l’univers de toutecroyance. Aussi chaque personnage est-ilen quête d’une foi perdue : « The sea offaith was once too at a full », évoque vander Zee avec nostalgie. C’est cette défensede l’irrationnel et de l’inexplicable, dont lalégende est, nous dit Lewin, la forme laplus achevée, car appartenant au monde del’art, qui donne au film cette atmosphèremystique si particulière. Pas étonnant,après tout, chez un metteur en scène. Lecinéma ne doit-il pas son existence, sinonà la croyance, du moins à l’adhésionabsolue du spectateur à l’égard de ce quilui est raconté ? Tel est le sens des parolesde Geoffrey : « We live in a world that hasno faith in legends. We live in a world thathas no faith. ». Mais de même que le sa-

crifice final marquait le renouveau d’unefoi en l’amour, jadis perdue, la structure enboucle et même en cercles concentriques,atteste à sa manière du bien-fondé de la foien nos vieilles légendes, et en nos nou-veaux mythes.

Pour mieux nous y faire croire alors, re-viennent constamment les mêmes motifs.Le couteau, qui rappelle la thématique de

la destruction / auto-destruction ; le sa-blier, emblème d’une temporalitémultiple ; et le portrait, marque de laréflexion sur l’art et la création. Sorte de« conscience temporelle » du Hollandais,condamné à voir le temps sans cesse s’é-couler, le sablier est le symbole d’une mortqui lui est à jamais refusée (cf la très bellescène du « If I could die... », alors queMontalvo vient de le poignarder). Mais ense fissurant, il abolit le temps, tandis que lebaiser final consacre l’immortalité desdeux amants. Marque du passage aumythe. Le troisième motif obsessionnel, leportrait, se présente sous une doubleforme. C’est à la fois le portrait miniaturede l’ancienne épouse du Hollandais, et letableau de Pandora. Motif non moins sym-bolique que les deux précédents, puisqu’ilincarne l’autre grande thématique du film,celle de l’art et de la création. Lui-mêmeépris de culture, Lewin dépeint un universde lettrés perdus au milieu des statues quiparsèment la plage. Si tous les personnages

cherchent à défier lamort et le temps, l’artest le plus noble, et leplus efficace de tousles moyens.Symboliquement, etnon sans ironie, leHollandais, person-nage justement con-

damné à l’immortalité, vient ici incarner lafigure de l’artiste, une figure chère àLewin qui reprend ici, en les exacerbant,les thèmes déjà esquissés dans sa superbeadaptation du Portrait de Dorian Gray : lapuissance de séduction, de fascination del’art, et le pouvoir à la fois créateur etdestructeur de l’artiste. Hendrick van derZee, dont chaque apparition est marquéedu sceau de l’art (la peinture, la musique,ou la poésie), a bien des allures dePygmalion. Telle cette femme originelledont il peint le visage, Pandora Reynoldsest remodelée, façonnée par cet artiste-manipulateur qui en la (re)créant la détruit– et l’immortalise. Le Hollandais ne secontente pas de créer un mythe, son mythe,il distribue les rôles, et fait jouer dans sonhistoire les êtres qu’il croise, infléchissantleur existence. Un personnage en totaleadéquation avec la dimension esthétique etartistique placée au coeur du film. Toutd’abord parce que l’atmosphère surréalistedes scènes de plage n’est pas sans évoquer

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des toiles de Dalì ou de Chirico. Et parcequ’au-delà de la littérature sans cesse citéeou rapportée, au-delà même de la qualitéextrêmement littéraire des dialogues(notamment des paroles du Hollandais),l’on retrouve dans certains plans, l’universcinématographique d’un Orson Welles :c’est Othello surtout, mais aussi parendroits, La Dame de Shanghaï (sur laplage), sans oublier le superbe plan, typi-que de Welles, précédant la mort avortéedu Hollandais. Où l’on peut voir JamesMason de dos, tout au fond de la pièce,dans une pénombre qu’accentue encore lecontre-jour ; plan superbe où l’on retrouveune profondeur de champ trop souventoubliée, tandis que les poutres au plafondviennent rallonger la perspective. Du purcinéma.

Anne Martina

Actualités Ciné-Club

Pour Pâques, le Ciné-Club prend deux semaines de vacances.

Mais vous pourrez nous retrouver mardi 18 avril 2000 avec :

La Griffe du Passé / Pendez-moi haut et court (Out of Past / Build my Gallowshigh), un film américain de Jacques Tourneur (1947, NB, 95 min), avec RobertMitchum et Kirk Douglas.Jeff Bailey dirige une station-service perdue. Mais un jour, des hommes vien-nent l’y rejoindre. Il raconte alors son passé à sa future femme… Détectiveprivé, il avait été engagé par un joueur profesionnel, Sterling, pour retrouverune jeune femme qui avait tiré sur lui. Il retrouve la femme, mais en tombeamoureux et tous deux s’enfuient…L’un des meilleurs films de Tourneur, et un sommet du film noir, avec unesplendide interprétation de Mitchum et Douglas.

Le reste de notre programmation très bientôt sur nos affiches, ou sur la page-web.

http://www.eleves.ens.fr/COF/cineclub/[email protected]

Pour les amoureux d’Ava Gardner, signalons le site bien documenté :http://www.avagardner.org/