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PANORAMA DE PRESSE 15/12/2017 08h18 CGT Panorama réalisé avec Pressedd

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PANORAMA DE PRESSE

15/12/2017 08h18

CGT

Panorama réalisé avec Pressedd

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SOMMAIRE

SYNDICALISME(4 articles)

vendredi 15 décembre2017

Philippe Martinez : « Le Technicentre est un bijou » (535 mots)

socialJonathan ROGER [email protected] «Une telle richesse entre vosmains, pourquoi vouloir s’en débarrasser ? » Il aur…

Page 6

vendredi 15 décembre2017

« Il ne fera pas le boulot à notre place » (189 mots)

C’est le délégué CGT des ateliers du Toulon, Olivier Riffet, qui a mené la visitematinale de Philippe Martinez sur le site…

Page 7

vendredi 15 décembre2017

Philippe Martinez en visite à Périgueux (278 mots)

1 Une volonté d’être au plus près de sa base Pour son premier déplacement en … Page 8

vendredi 15 décembre2017

Résistance et propositions (2676 mots)

Ce sont les deux axes d'action de la CGT, et son secrétaire national, PhilippeMartinez, n'était pas venu faire de g…

Page 9

ACTUALITE SOCIALE(7 articles)

vendredi 15 décembre2017

Suppressions de postes à fond de train (374 mots)

Le budget 2018 de la SNCF présenté mercredi soir est lourd de menaces pour lescheminots. Et d'autant plus incompréhensible…

Page 12

jeudi 14 décembre2017

« On peut faire 25 kilomètres sans croiser une présence del'état » (1394 mots)

Fermer l'école, c'est tuer son village. « La cantinière se fournissait dans l'épiceriedu village et la faisait vivre », ra…

Page 13

vendredi 15 décembre2017

En France, la faim au quotidien (1248 mots)

Une banane, un croissant et une boisson chaude. Pour cette précieuse pitance, lafile d'attente s'est formée tôt ce mardi m…

Page 15

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vendredi 15 décembre2017

Assurance-chômage : Pénicaud livre sa méthode (1140 mots)

C'est le quatrième grand chantier social qui s'ouvre depuis l'élection d'EmmanuelMacron. Après la réécriture du code du tr…

Page 17

vendredi 15 décembre2017

La Banque de France anticipe une stabilité du chômage en2018 (491 mots)

C'est un chiffre qui ne devrait pas faire très plaisir à l'Elysée et à Matignon. S…

Page 19

jeudi 14 décembre2017

Construction de prisons : la Cour des comptes dénonce lerecours au privé (541 mots)

Haro sur les PPP ! Depuis une dizaine d'années, quand il a fallu c…

Page 20

jeudi 14 décembre2017

Services publics : la santé devient la priorité des Français aprèsl'emploi (370 mots)

Emploi, santé, éducation ! Tel est le trio de tête des attentes des Français à l'…

Page 21

PROTECTION SOCIALE(2 articles)

vendredi 15 décembre2017

Optique, dentaire : le casse-tête du reste à charge zéro (656 mots)

Discrètement, début décembre, une concertation s'est ouverte pour mettre enplace …

Page 23

mercredi 13 décembre2017

Complémentaire santé : pas plus de salariés couverts (1575 mots)

Tout ça pour ça ! Depuis 2016, toute entreprise doit avoir mis en place unecouverture santé pour ses salariés. Selo…

Page 24

MOUVEMENTS SOCIAUX(2 articles)

vendredi 15 décembre2017

Les agents de nettoyage voient presque le bout du tunnel(799 mots)

Une étape décisive vers la fin de la grève des agents de nettoyage. Après sixsemaines de lutte, une nouvelle séance de nég…

Page 29

vendredi 15 décembre2017

La CGT tente de troubler les ventes de Noël chez Carrefour(761 mots)

20 % Représentativité de la CGT chez Carrefour Hypermarchés …

Page 31

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EUROPE ET INTERNATIONAL(6 articles)

vendredi 15 décembre2017

Comment les inégalités se creusent (781 mots)

Le travail des économistes compilé dans le Rapport sur les inégalités mondialesdessine un profil des inégalités qui, malgr…

Page 33

vendredi 15 décembre2017

Aux états-Unis, la précarité reste la règle en dépit de lacroissance (352 mots)

Les états-Unis et le Canada sont la région du monde industrialisé où lecreusement des inégalités a été le plus marqué, sou…

Page 35

vendredi 15 décembre2017

Louis Morin : «L’Europe est loin de former un bloc homogène»(615 mots)

Louis Maurin, directeur de l’Observatoire des inégalités est coauteur du «rapportsur les inégalités en France», paru en ju…

Page 36

vendredi 15 décembre2017

La France est mieux lotie que la plupart des pays développés(896 mots)

On a beaucoup glosé sur le pessimisme des Français. Leur crainte face à lamondialisation, leur tendance, selon la formule …

Page 37

vendredi 15 décembre2017

Face à l'Europe, les Etats-Unis perdent la partie (1012 mots)

Les Etats-Unis peuvent-ils toujours se réclamer du rêve américain face à l'Europe? La courbe des iné-galités permet d'en d…

Page 39

vendredi 15 décembre2017

" Un risque de désarticulation sociale " (1056 mots)

Rien sans doute ne résume mieux les changements économiques et les défispolitiques qui ont émergé au cours de la période a…

Page 41

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SYNDICALISME

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Philippe Martinez : « Le Technicentre est un bijou »

N° 20171215vendredi 15 décembre 2017

Page 5535 mots

GRAND PERIGUEUX

S ocial

Jonathan ROGER

[email protected]

«Une telle richesse entre vos mains,

pourquoi vouloir s’en débarrasser ? » Il

aura suffi d’une visite dans les allées

du Technicentre SNCF du Toulon

pour que Philippe Martinez ajoute sa

pierre aux treize mois de lutte de

l’intersyndicale pour sauvegarder le

site industriel majeur de Périgueux.

« Je me déplace dans les territoires une

à deux fois par semaine, explique-t-il.

On ne peut pas parler de travail si on

perd le contact avec le terrain », lance

le secrétaire général de la CGT pour

sa première visite en Dordogne, de-

puis son élection à la tête du syndicat

en février 2015.

L’intersyndicale, « un beau symbole »

Philippe Martinez a donc démarré

son étape périgourdine par une visite

du Technicentre. Un choix tout sauf

anodin. « Ils ont des doigts de fée, le

Technicentre est un bijou et leurs em-

plois sont menacés pour des raisons de

rentabilité pure », peste-t-il.

Il salue au passage la lutte menée de-

puis plus d’un an par les cheminots,

au sein d’une intersyndicale qui n’a

jamais montré le moindre signe de

division. « C’est ce genre de cas de fi-

gure qui vient rappeler que les luttes

naissent de la réalité du travail, pas de

postures, assène le secrétaire général.

Cette intersyndicale qui fait front, c’est

un beau symbole. »

Au-delà de la portée locale du

rendez-vous, ce déplacement dans

un site en restructuration s’inscrit

dans une nouvelle stratégie syndi-

cale, plus globale, dans la lutte

contre les ordonnances du gouverne-

ment.

Multiplier les luttes puis les faire

converger

Difficile de nier, en effet, que la mo-

bilisation contre ces dernières est

moins impressionnante que celle qui

avait réuni des millions de personnes

contre la loi El Khomri. Mais le leader

de la CGT espère avoir trouvé la

bonne combinaison. « Ce que l’on a

envie de faire, c’est de multiplier les

luttes partout où elles sont nécessaires,

détaille-t-il. Après il faudra les faire

converger. Mais on est aujourd’hui plus

dans ce schéma que dans celui de ma-

nifestations monstres. »

Pour la secrétaire départementale de

la CGT, Corinne Rey, la venue de Phi-

lippe Martinez représente un abou-

tissement. « Il me tarabustait depuis

des mois pour venir en Dordogne,

sourit-elle. Mais je voulais que ça ait

du sens, il nous a fallu du temps pour

travailler ça avant. »

Le choix des ateliers du Toulon s’est

rapidement imposé. « Le Techni-

centre, c’est le service public, mais aus-

si la question du maintien de l’industrie

dans un département qui a tendance

au contraire à se désindustrialiser »,

poursuit-t-elle.

Dans l’après-midi, le syndicaliste a

participé à une assemblée générale

avec plus de 160 syndiqués venus de

tout le département. Un coup de

pouce pour le moral des troupes qui

devront se défendre en 2018 contre

la fusion des instances de représen-

tation du personnel. « On s’opposera

à un système où des supersyndicalistes

passeraient plus de temps avec le pa-

tron qu’avec les employés », annonce

d’office Corinne Rey. ■

Le secrétaire général du syndicat (àgauche), qui venait pour la premièrefois en Dordogne, a assisté à une as-semblée générale en compagnie de

plus de 160 syndiqués du département.Photo Rémi Philippon

Tous droits réservés Dordogne Libre 2017

F391E3918A304509B59C11303A0651C01C43BC9562140D68DDF218C

Parution : Quotidienne

Diffusion : 5 155 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017↑ 6

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« Il ne fera pas le boulot à notre place »

N° 20171215vendredi 15 décembre 2017

Page 5189 mots

GRAND PERIGUEUX

C ’est le délégué CGT des ateliers

du Toulon, Olivier Riffet, qui a

mené la visite matinale de Philippe

Martinez sur le site. «On lui a montré

l’activité voiture, qui constitue le prin-

cipal de l’activité, celle sur laquelle on

se bat, celle qu’on veut sauver,

explique-t-il. Il a vu les installations,

discuté avec des intérimaires… » La vi-

site tombe d’ailleurs au bon moment,

après que le syndicat ait obtenu à

l’arraché trois années de charge de

travail supplémentaires. Car les che-

minots ne se sentent pas à l’abri d’un

retournement de situation de la part

de la direction, et entendent main-

tenir la pression jusqu’au prochain

rendez-vous en préfecture, prévu en

février. « C’est clair que ça remonte un

peu le moral des troupes, glisse Olivier

Riffet à propos de la venue de Phi-

lippe Martinez. Il ne fera pas le boulot

à notre place, mais ça nous encourage.

Le propre d’une lutte syndicale, c’est

qu’elle n’est jamais finie. » Le délégué

CGT rappelle d’ailleurs que la mobi-

lisation continue pour sauvegarder

l’autre site régional, à Saintes. ■

La venue de Philippe Martinez a re-quinqué les cheminots du Toulon, qui

restent vigilants par rapport à leur ave-nir. Photo Archives DL

Tous droits réservés Dordogne Libre 2017

E99B93948180C70DC52C1B203E0A515E13B32A96D290015EBEFB4AD

Parution : Quotidienne

Diffusion : 5 155 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017↑ 7

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Philippe Martinez en visite à PérigueuxTROIS CHOSES À RETENIR

vendredi 15 décembre 2017Édition(s) : Dordogne Périgueux

Page 13278 mots

1 Une volonté d’être au plus près de

sa base

Pour son premier déplacement en

Dordogne, Philippe Martinez n’avait

pas prévu de se planter derrière un

pupitre afin de prêcher au micro la

cause cégétiste à l’occasion d’un

meeting. Sans costume ni cravate, il

s’est mêlé aux cheminots des ateliers

du Toulon, à Périgueux, pour visiter

le site industriel dans lequel le syn-

dicat se bat pour préserver l’emploi.

Pas de déjeuner au restaurant, mais

un casse-croûte avalé debout au mi-

lieu des ouvriers dans la salle du co-

mité d’entreprise. L’après-midi, il a

participé à une assemblée générale

en présence de 160 syndiqués.

2 Construire un mouvement national

Le leader de la CGT s’est rendu auTechnicentre. PHOTO ARNAUD LOTH

La lutte paye, souhaitait démontrer

l’UD-CGT, en s’appuyant sur les

combats menés avec succès à la pa-

peterie Munksjö de Lalinde, au Tech-

nicentre de Périgueux et à l’hôpital

de Domme. Pour autant, insiste le

leader de la CGT, il convient de dé-

passer ce niveau local afin de

construire un mouvement national.

Une étape importante pour le syndi-

cat qui n’a pas réussi à mobiliser suf-

fisamment et à faire flancher le gou-

vernement sur le dossier de la ré-

forme de la loi travail.

3 Prendre le pouls des salariés

" Le mécontentement grandit, ana-

lyse le secrétaire général. Dans les

entreprises, on connaît l’importance

des CHSCT qui doivent être dissous

dans une nouvelle instance. Les sa-

lariés comprennent que le gouverne-

ment ne sert pas leurs intérêts. La

CGT doit être en position de faire en-

tendre ses propositions. "

Pierre-Manuel Réault ■

Tous droits réservés Sud Ouest 2017

9C96B34386709F04A57E1400FA0321E11843F996F25902DC12C31DF

Parution : Quotidienne

Diffusion : 239 352 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 979 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 8

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HIER, À L'OCCASION DE L'ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DE L'UNION DÉPARTEMENTALE DE LA CGT (UD-CGT) PÉRIGOURDINE, LESECRÉTAIRE NATIONAL PHILIPPE MARTINEZ A RENCONTRÉ LES SYNDIQUÉS ET LES MILITANTS, EN SE RENDANT AUX ATE-LIERS SNCF DU TOULON À PÉRIGUEUX LE MATIN, ET EN PARTICIPANT À UNE RENCONTRE À LA BOURSE DU TRAVAILL'APRÈS-MIDI.

Résistance et propositions

N° 22467vendredi 15 décembre 2017

Édition(s) : DordognePage 4

2676 mots

DORDOGNE —SOCIAL

Ce sont les deux axes d'action de

la CGT, et son secrétaire national,

Philippe Martinez, n'était pas ve-

nu faire de grand discours didac-

tiques, mais bien écouter les

luttes, les réussites, les espoirs et

les échecs vécus dans les terri-

toires.

Il s'est donc rendu aux ateliers SNCF,

où l'action des cheminots, soutenus

par les syndicats, a fait reculer la di-

rection et l'a obligée a revoir sa copie,

permettant au passage de sauver des

emplois. « Ces ateliers représentent un

double symbole » explique le secré-

taire national de la CGT, « car étant

un site industriel, ils assurent la pré-

sence de l'industrie dans un départe-

ment qui en compte moins que

d'autres, et ils participent aussi à la

mobilité, l'accessibilité, et le dévelop-

pement durable ». Qu'on fasse au-

jourd'hui de grandes assises sur la

mobilité le laisse perplexe. « Certains

découvrent tous les jours qu'il existe un

problème à ce sujet dans le pays, et ce

sont les mêmes qui prennent les déci-

sions de fermer des lignes et des gares,

et de mettre des autocars sur les routes

».

Cette question, dans un département

rural comme la Dordogne est une

réelle problématique, « très impor-

tante. Les services publics sont là pour

donner à tous les citoyens, partout où

ils habitent, la possibilité de se dépla-

cer. Il est inutile d'organiser une COP

21 sur le climat si c'est pour supprimer

un des moyens les plus écologiques de

mobilité ». Mode de transport très peu

polluant, le train répond à deux pro-

blématiques cruciales, mais visible-

ment ce « détail » échappe aux tech-

nocrates qui ont pourtant fait de

hautes études... S'il n'était jamais ve-

nu en Dordogne dans le cadre de ses

fonctions, mais juste en vacances,

Philippe Martinez se tient tout de

même au courant de l'actualité, péri-

gourdine dans ce cas, mais aussi des

autres départements, par

l'intermédiaire des secrétaires dépar-

tementaux. « Je savais que les ateliers

étaient dans la lutte depuis longtemps

» confie-t-il. « Dans tous les terri-

toires, il existe des foyers de résistance

et de propositions, et beaucoup de

luttes très concrètes sur la réalité du

travail. Le débat aujourd'hui porte sur

la façon de fédérer ces luttes pour

construire des mouvements sociaux

d'un niveau national, mais pas sur des

mots d'ordre gé-né-raux ». Il note qu'à

Decazeville où une industrie et

l'hôpital sont menacés de fermeture,

c'est en-semble que les salariés ont

décidé de se battre, construisant ain-

si un rapport de force plus équilibré

pour eux, et donc plus favorable pour

leurs revendications. Il ne pouvait

manquer d'évoquer la loi Travail,

rappelant que contrairement à ce

qu'on aimerait nous faire croire, ce

n'est pas terminé. « Nous avons pris

nos responsabilités » rappelle Philippe

Martinez, « avec les difficultés rencon-

trées, un nouveau gouvernement, un

nouveau président qui a été beaucoup

idéalisé et qui a fait très vite avec une

tactique de pseudo dialogue social ». Il

remarque pourtant que les citoyens

ne sont pas, mais pas du tout

contents, « et il faut leur dire : plutôt

que de râler, comment fait-on et sur

quoi agit-on ?» On sait qu'on est de

plus en plus confrontés, dans cette

société où on veut nous faire croire

que le bonheur c'est la richesse, et/

ou le pouvoir, mais aussi qu'avoir un

travail est une chance et donc qu'on

doit se taire, à un mal-être au boulot

de plus en plus prégnant. Dans ce

contexte, la suppression, ou au

moins la réduction du champ

d'action des CHSCT est très mal per-

çue par les travailleurs, qui en

connaissent l'importance. Et le se-

crétaire national indique que suite à

leurs mobilisations les routiers ou

encore les dockers ont réussi à

conserver leurs conventions collec-

tives, alors que la loi Travail devait

toutes les niveler par le bas. « Il y a

une effervescence actuellement » note

le secrétaire national de la CGT. « On

le voit avec les électriciens et les ga-

ziers, qui multiplient les actions à

l'heure où les négociations salariales se

déroulent ». Les patrons considèrent

en effet que les professionnels de

l'énergie « sont trop payés, et ils pro-

posent royalement 0,2 % d'aug-menta-

tion ». Il conclut en remarquant

qu'avec Emmanuel Macron, « il n'y a

pas de négociations, mais des « concer-

tations ».Une négociation, c'est quand

on prend son temps, et le temps

d'écouter ce que veulent les autres. Il

faut se méfier de la façade, voir ce qu'il

y a derrière ». ■

↑ 9

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ENCADRÉS DE L'ARTICLE

L'égalité homme-femme

Philippe Martinez plaide pour que l'égalité salariale entre les hommes et les femmes, qui est inscrite depuis 40

ans dans la loi, soit appliquée, « car elle réglerait le problème du déficit des retraites grâce aux cotisations sala-

riales, qui augmenteraient mécaniquement en même temps que le salaire. Comment peut-on accepter que les

employeurs dérogent à la loi ? Les citoyens ne le peuvent pas, et eux le font en toute impunité. Il faut appliquer

la loi ».

Philippe Martinez a vécu sa journée enDordogne au plus près des salariés et

syndiqués (I. V.)

par Isabelle Vitté

« Inutile d'organiser une COP 21 si c'est pour supprimer un des moyens les plus écologiques de mobilité » Philippe

Martinez“

Tous droits réservés 2017 LEcho

f39ff39a86d0790e95b414106e0121241e63689022b80f36233b27b

Parution : Quotidienne

↑ 10

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ACTUALITE SOCIALE

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SNCF

Suppressions de postes à fond de trainMalgré un bénéfice de près de 1 milliard d'euros, la direction tranche dans les effectifs des agentschargés des trains et des gares : 2 000 postes sont menacés.

vendredi 15 décembre 2017Page 9

374 mots

SOCIAL-ECO

L e budget 2018 de la SNCF

présenté mercredi soir est lourd

de menaces pour les cheminots. Et

d'autant plus incompréhensible que

la compagnie affiche un bénéfice de 1

milliard d'euros. 2 081 suppressions

d'emplois sont annoncées, dont 2 046

pour la seule branche SNCF mobili-

tés. La CGT cheminots détaille

l'hécatombe : « 700 emplois sont sup-

primés dans l'activité voyages, 650 au

TER, 500 au fret (malgré une progres-

sion de 37 millions du chiffre

d'affaires), 150 au matériel et une

centaine d'autres dans les fonctions

RH. »

La SNCF avait déjà supprimé 2 100

postes en 2017 dans la même

branche. « Les chiffres de suppres-

sions d'emplois sont globalement

identiques depuis quelques années »,

commente la direction, comme si

l'austérité était devenue la norme. «

Ce budget est sans surprise. On

s'adapte à l'avenir économique »,

insiste-t-elle.

Sans surprise, les quatre syndicats

représentatifs de la SNCF ont voté

contre le projet de budget. « Les ré-

sultats économiques n'ont jamais été

aussi bons depuis dix ans, les efforts

consentis par les cheminots vont

rapporter près de 1 milliard d'euros

de bénéfice à l'entreprise SNCF », ar-

gumente la CGT. Et pourtant la lo-

gique austéritaire ne varie pas : sup-

pressions de postes et gel des salaires

pour la 4e année consécutive. « Cette

nouvelle attaque contre l'emploi et le

service public ne fera que dégrader

l'offre de transport et les conditions

de travail des cheminots », déplore

le syndicat majoritaire. L'Unsa a éga-

lement dénoncé un budget « plus

qu'inquiétant ». Chez SUD rail, on

lance aussi l'alerte sur l'état des ré-

seaux : « Le taux de subventions de

l'état par rapport au taux des inves-

tissements est ridiculement bas. Au-

jourd'hui, toute la maintenance du

réseau se fait à crédit, ce qui pose

réellement problème. » Même la

CFDT a critiqué « des suppressions

de postes au titre de la performance,

de la productivité et du recours à la

sous-traitance », au moment où il y

a « lieu de s'interroger après les inci-

dents » récents. ■

par Pierric Marissal

Tous droits réservés L'Humanité 2017

D99C33F685A05D0E358915E0E406817119238999C2A30F75D4B8A18

Parution : Quotidienne

Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 12

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TERRITOIRES

« On peut faire 25 kilomètres sans croiser une présence de l'état »La deuxième conférence nationale des territoires réunit aujourd'hui autour d'édouard Philippeune douzaine de membres du gouvernement, dans le Lot, un département... symbole du désen-gagement de l'état.

jeudi 14 décembre 2017Page 4

1394 mots

F ermer l'école, c'est tuer son

village. « La cantinière se four-

nissait dans l'épicerie du village et la

faisait vivre », raconte Jean-Marie La-

borie. Des habitants écœurés par

cette désertion du service public ont

décidé d'ouvrir une structure asso-

ciative. Dix jeunes enfants, en âge de

maternelle, y ont fait leur rentrée. Il y

a aujourd'hui une école à Molières,

mais elle est privée, hors contrat. Ce

n'est pas le seul lieu, dans le Lot, où

le privé profite du désengagement de

l'état. « Un autre village menacé par

la fermeture d'une école envisage de

monter une école Montessori, sur le

modèle de Molières », rapporte Isa-

belle Baudis, de la CGT éduc'action.

Dans la vallée du Lot, à l'ouest du dé-

partement, le regroupement scolaire

de Montcabrier et Saint-Martin-le-

Redon a fermé ses portes. Résultat : «

une partie des élèves a rejoint un éta-

blissement privé, à Puy-l'Evêque »,

dénonce Céline Sompayrac, cosecré-

taire départementale du Snuipp-FSU.

Sur les 340 communes du Lot, plus de

la moitié n'ont plus d'école. 19 ont

été fermées en à peine trois ans. Le

ratio enseignants-élèves reste parmi

les plus élevés de la région Occitanie,

rappellent les autorités. Les Lotois

seraient même parmi les mieux lotis.

« On comprend qu'il faut créer des

postes dans la métropole toulou-

saine, en pleine expansion, analyse

Céline Sompayrac. Mais il faut chan-

ger la logique comptable qui traite de

manière identique les territoires ur-

bains, les endroits très isolés et les

zones rurales. » Au-delà du critère du

nombre d'élèves par classe (25 étant

la norme), il faudrait selon elle

prendre en compte les temps de dé-

placement des élèves, l'état du réseau

routier et la cohérence du territoire.

« Une école, ce n'est pas qu'un poste

d'enseignant, cela crée de la vie, et

représente un tissu associatif très

important pour ces territoires. Dans

certains endroits, c'est la seule pré-

sence de la République. Dans le Lot,

aujourd'hui, vous pouvez faire 25 ki-

lomètres sans croiser une école, sans

présence de l'état », déplore la res-

ponsable du Snuipp-FSU.

Si édouard Philippe et le gouverne-

ment s'installent trois jours dans le

Lot, c'est pour « se donner bonne

conscience et se dédouaner. Un coup

de com pour montrer que l'état

s'occupe des zones rurales alors que

c'est tout le contraire », s'énerve

éliane Lavergne, maire de Latron-

quière. Ce village de 500 habitants a

obtenu un moratoire de trois ans sur

la suppression de postes

d'enseignants. Un répit, obtenu après

une bagarre acharnée. Trois se-

maines à camper « jour et nuit » de-

vant la sous-préfecture de Figeac, ra-

conte cette élue, qui vient

d'apprendre la fermeture prochaine

de La Poste, tous les samedis. « La

gendarmerie a aussi fermé dans la

commune. C'est cinq ou six enfants

en moins à l'école », dénonce la maire

de Latronquière.

Malgré ce cercle vicieux de la déser-

tification, éliane Lavergne voit reve-

nir des gens de la ville s'installer sur

cette terre où la qualité de vie est in-

égalée, où la solidarité est vivace et

fait naître des dizaines de projets.

Sans parler de la beauté des sites,

dans ce département très touristique.

Au point que la population du dépar-

tement, au dernier recensement,

était même en hausse. « Mais si on

nous retire les services publics, com-

ment va-t-on faire ? » interroge-t-

elle. Serge Laybros, secrétaire du PCF

dans le Lot, abonde : « Les services

publics doivent jouer un rôle déter-

minant pour assurer l'égalité entre

les citoyens, régler les déséquilibres

entre les territoires. Ils sont un atout

pour maintenir une attractivité dans

notre département rural, pour faire

venir de nouveaux habitants et des

entreprises. Or, c'est précisément sur

les services publics que les coups

sont portés par ce gouvernement. »

Le budget 2018, préparé par ce gou-

vernement, se traduit ici par huit

postes en moins dans les finances

publiques. Des chiffres concrets pour

les Lotois, qui ont appris récemment

que la perception de Bretenoux fer-

mera ses portes au 1er janvier.

Même faire des enfants n'est plus une

mince affaire. Il ne demeure qu'une

maternité dans le département, si-

tuée à Cahors. Beaucoup de Lotois,

désormais, ne naissent plus dans le

Lot. Avec la fermeture de celle de Fi-

geac, en 2009, les femmes enceintes

habitant dans l'est du département

accouchaient à Decazeville, dans

l'Aveyron. Mais celle-ci a fermé à son

tour, cet été. Il faut dorénavant se

rendre à Villefranche-de-Rouergue,

↑ 13

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Brive ou Aurillac. Des trajets attei-

gnant bien souvent une heure de

route. Des accouchements dans les

camions de pompier ou à domicile

sont régulièrement relatés dans la

presse locale, comme celui intervenu

en octobre à Gourdon. Des sages-

femmes ont intégré les services de

secours, où elles forment les pom-

piers volontaires à ce genre de situa-

tion. « Un simple concours de cir-

constances », selon Marie-Pierre

Taillade, médecin chef des pompiers

du Lot, qui nie toute hausse

d'accouchements inopinés.

« Il y a tout un bassin de vie avec des

potentialités sur ce territoire, avec

des entreprises de la Mécanic Vallée,

comme Figeac Aero ou Ratier, des

sous-traitants d'Airbus. Mais les

jeunes couples, avant de s'y installer,

veulent savoir où ils peuvent accou-

cher, avoir un médecin traitant », ex-

plique Marie Piqué, vice-présidente

communiste de la région Occitanie,

en charge des solidarités. Pour éviter

de devenir un désert médical, de

nombreuses collectivités ont financé

des maisons de santé. « Mais

nombres d'entre elles ont eu des dif-

ficultés à faire venir des médecins li-

béraux », confie Marie Piqué, qui

pousse à la création de centres de

santé publics. C'est ce qu'a finale-

ment choisi de faire

l'intercommunalité du Grand Figeac.

Le retour de l'intervention publique

semble s'imposer de lui-même dans

ce territoire rural. Le département a

ainsi créé une société d'économie

mixte, Lot aide à domicile, pour as-

surer un service couvrant toutes les

communes, ce que les associations ne

parvenaient plus à faire sur ce terri-

toire comptant 39 % de retraités (plus

du double de la moyenne nationale).

« Nous pouvons trouver des solutions

», plaide Serge Rigal, président PS du

département, qui met en avant un

territoire « dynamique », « innovant

», qui compte le plus de produits ré-

gionaux labellisés et de nombreux

atouts. A condition, toutefois, que

l'état « ne laisse pas développer une

France à deux vitesses, avec d'un côté

la France des métropoles qui bénéfi-

cieraient de tous les équipements et

de l'autre des départements ruraux

qui n'auraient pas accès à la fibre et

au numérique ». C'est le message

qu'il compte porter auprès du pre-

mier ministre. Si un habitant d'une

métropole ne paie pas un centime

pour le déploiement du très haut dé-

bit, assuré par les opérateurs, c'est le

contribuable lotois, via le départe-

ment, qui doit payer l'acheminement

du réseau dans les zones les moins

rentables. L'autre grande inégalité,

c'est aussi le transport. Cahors est

aujourd'hui la capitale des villes les

plus éloignées de Paris. Au prix d'une

mobilisation exemplaire, le collectif

Tous ensemble pour les gares a arra-

ché de haute lutte des arrêts en gare

de Gourdon et Souillac. Une grande

mobilisation est prévue en janvier

pour obtenir de nouveaux trains dès

2022, une amélioration de la ligne

Paris-Orléans-Limoges-Toulouse et

défendre le tronçon entre Brive et

Rodez, desservant Figeac. Serge Rigal

alerte aussi sur le sort du train de

nuit, qui ne fonctionne plus en se-

maine depuis le 10 décembre. Mais ce

ne devait pas être un problème pour

édouard Philippe. Pour se rendre à

Cahors, il n'a évidemment pas pris le

train ■

par Pierre Duquesne

Tous droits réservés L'Humanité 2017

2D9013538390A209757E16D00D00D1511003089C72FF025A02C0193

Parution : Quotidienne

Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 14

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En France, la faim au quotidien

Les retraités, salariés et étudiants précaires, nombreux à Marseille, surviventgrâce aux associations

vendredi 15 décembre 2017Page 48

1248 mots

SUPPLÉMENT

Une banane, un croissant et une

boisson chaude. Pour cette précieuse

pitance, la file d'attente s'est formée

tôt ce mardi matin, en plein cœur de

Marseille. A 7 h 15, ils sont déjà une

bonne trentaine à patienter sage-

ment, par petits groupes d'habitués

qui discutent entre eux. Beaucoup

d'hommes, quelques femmes, qui

piétinent sur le trottoir pour com-

battre le froid glacial de ce début dé-

cembre. Tous attendent " le camion ".

Un utilitaire aux faux airs de camion

pizza repeint de vert pâle, qui, quatre

jours par semaine, -cinquante-deux

semaines par an, se gare square Sta-

lingrad (1er arr.), à côté de la -Ca-

nebière, pour distribuer un petit dé-

jeuner gratuit à tous ceux qui se pré-

sentent.

" Emmaüs a lancé cette opération en

2014, à la fois pour dénoncer l'arrêté

-antimendicité pris par la mairie de -

Marseille et pour célébrer les 60 ans de

l'appel à la solidarité de l'abbé Pierre

", rappelle Claude Escoffier, le pré-

sident de la communauté de la

Pointe-Rouge, l'une des deux que

compte Marseille.

Le "camion du petit déjeuner " ne de-

vait durer qu'un hiver. " Mais la situa-

tion nous a poussés à le pérenniser, dé-

plore ce -retraité de 72 ans. Un tiers

des personnes que nous servons ici sont

des sans-domicile-fixe - SDF - et il y

a aussi des migrants. Mais la majorité

reste des habitants du quartier. Ils ont

des papiers et, pour -certains, tra-

vaillent, mais tous vivent dans un état

de pauvreté extrême. "

Taux de pauvreté record

Un ressenti brutalement confirmé

par les chiffres publiés par l'Insee en

2017. Selon l'institut, plus de 200

000 Marseillais (25,8 % de la popu-

lation) vivent sous le seuil de pau-

vreté. Dans le 3e arrondissement, qui

jouxte l'hypercentre, le taux culmine

à 51,3 %. De plus, les associations

caritatives marseillaises estiment à

12 500 le nombre de SDF dans la ville.

Blouson de cuir, casquette sur la-

quelle reposent ses lunettes, Rolland

s'entretient avec soin. Ce retraité de

67 ans -habite un appartement sur

la Canebière et, comme il le fait ré-

gulièrement depuis quelques mois, il

prend son tour devant le camion. "

Avec 1 000 euros de revenus et 500 de

loyer, il me reste 500 euros pour -vivre.

Alors, 20 euros de petit déjeuner éco-

nomisés, cela a son importance sur le

mois ", explique-t-il.

A l'origine, le camion Emmaüs ser-

vait une cinquantaine de personnes.

Aujourd'hui, elles sont plus de cent.

Entre 7 h 30 et 8 h 30, le flux est

continu. " Et il vaut mieux arriver tôt,

conseille César, le compagnon qui

gère l'initiative. Certains jours, dix

minutes avant la fin, il n'y a plus rien. "

Ce mardi, les 130 croissants sont tous

partis. Avec le café ou le chocolat, -

Karine et Thierry, les bénévoles qui

aident à la distribution, n'ont que des

bananes à offrir aux derniers deman-

deurs.

Jean-Yves, 51 ans, est arrivé à temps.

Venu de la Joliette (2e), une demi-

heure de marche dans la fin de nuit,

il dit travailler en -intérim dans la

restauration. " Vingt-cinq heures par

mois, ce n'est pas suffisant. J'arrive à

gérer, mais des fois, c'est plus que raide

", reconnaît-il. Quand il travaille,

Jean-Yves mange sur son lieu -

d'activité. Quand il ne travaille pas,

il " - se - débrouille ", vient au petit

-déjeuner d'Emmaüs et fréquente

d'autres lieux, épiceries ou cantines

-solidaires, dont on s'échange les

adresses dans la file d'attente.

Bernard, ancien kiosquier à la re-

traite, connaît bien ce parcours asso-

ciatif, " qui lui permet de tenir ". Il ha-

bite le 3e arrondissement au taux de

précarité record. Ce matin, il est venu

avec ses deux petits chiens, Youpi et

Loulou. " Ça leur fait une promenade

", sourit-il en montrant les deux ani-

maux frigorifiés, qui tremblent sous

l'une des tables pliantes que César

dispose tous les matins autour du ca-

mion. " Mon loyer payé, il me reste 200

euros, calcule-t-il. L'argent, je le garde

pour manger le soir. Si j'achète de la

nourriture pour deux repas par jour, le

17 du mois, je n'ai plus rien. "

" Une aide vraiment vitale "

Assis à la même table, Fred, chapeau

noir et Perfecto, raconte une autre

histoire de faim. " Trouver à manger,

c'est un boulot à temps plein ", souffle

sans pathos ce grand gaillard de 49

ans qui dort dans la rue depuis

quelques semaines. Le lundi, quand

Emmaüs fait relâche, Fred attend le

↑ 15

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camion-douche municipal, qui

donne aussi du café. " C'est bien,

quelque chose de chaud le matin ",

poursuit-il en roulant une cigarette.

Vers 11 heures, il y a la soupe que

distribue le camion Emmaüs – " 43

bols ", précise César – ou, à midi, un

restaurant solidaire associatif sur le

cours Julien (6e). " Mais il faut être

inscrit ", ajoute-t-il.

Le soleil s'est levé et réchauffe à

peine les élèves qui se pressent dé-

sormais vers leurs établissements. En

route pour son collège, Amid, jeune

-Albanaise, s'arrête avec sa mère Sa-

rah, devant le camion Emmaüs. Elle

attrape un chocolat au lait avant de

partir en cours. " Des lycéens, des étu-

diants, nous en avons tous les jours ",

confie Claude Escoffier.

Quelques heures plus tard, Sarah, la

-maman albanaise, a pris son tour

dans la salle d'attente des Restos du

cœur de la Belle-de-Mai (3e). A Mar-

seille, l'association est l'un des autres

grands acteurs de la solidarité. Cet

hiver, elle distribuera de quoi assurer

1,2 million de repas. A la Belle-de-

Mai, le plus vaste de ses treize sites

-accueille 760 familles des 1er, 2e et

3e arrondissements. " Et nous en

avons 200 en liste d'attente ",

s'inquiète Robert Bompard, un des

responsables de l'antenne. " Pour

l'essentiel des bénéficiaires, notre aide

allège le budget, poursuit le bénévole,

mais, pour 10 % d'entre eux, elle est

vraiment vitale. "

Hizia, lycéenne en 1re management

et gestion, 17 ans, vit avec sa mère et

son frère en centre-ville. Elle est ve-

nue récupérer le colis familial. " Ça

ne suffit pas, concède-t-elle. Il y a des

jours où on ne mange pas le soir… On

mange le lendemain. "

L'association assure qu'elle pourrait

faire plus, mais qu'elle a besoin de

locaux. " Nous sommes obligés d'en

louer, car la municipalité ne nous en

met pas à disposition : c'est une situa-

tion très particulière à Marseille ", dé-

plore Bernard Nos, un de ses respon-

sables locaux.

" Pauvreté et faim s'aggravent dans

notre ville et le pouvoir politique ne s'en

soucie pas. Pour lui, les pauvres n'ont

pas leur place ici ", s'indigne de son

côté Annie Gontier, 69 ans, prési-

dente du Comité -catholique contre

la faim - Marseille. " Nous rendons un

service public et pourtant l'attitude des

autorités ici, c'est au mieux

l'indifférence ", regrette, en écho,

Claude Escoffier. Depuis septembre,

le camion Emmaüs s'installe sur la

voie publique sans autorisation.

Gilles Rof■

par Gilles Rof

Tous droits réservés Le Monde 2017

4F9B234B87004D0C157C15505E06E1E316E33A90A2C80CAECECCEFE

Parution : Quotidienne

Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 16

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Assurance-chômage : Pénicaud livre sa méthode

L'exécutif veut garder la main sur la réforme du contrôle des chômeurs et de lagouvernance

vendredi 15 décembre 2017Page 10

1140 mots

FRANCE

C'est le quatrième grand chantier

social qui s'ouvre depuis l'élection

d'Emmanuel Macron. Après la réécri-

ture du code du travail et le lance-

ment des premières réflexions pour

transformer l'apprentissage et la for-

mation professionnelle, le gouverne-

ment et les partenaires sociaux ont

donné, mercredi 13 décembre, le

coup d'envoi de la réforme de

l'assurance-chômage. Avec quelques

semaines de retard puisqu'il était, au

départ, question d'entrer dans le vif

du sujet au cours de la deuxième

quinzaine de novembre. Un petit

contretemps imputable à la com-

plexité de l'exercice : l'exécutif ambi-

tionne d'accorder un droit à indemni-

sation aux indépendants, de l'élargir

à un plus grand nombre de salariés

démissionnaires, etc. Autant de thé-

matiques ardues à traduire en mesur-

es, sur le plan technique mais aussi

sur le plan politique, car elles ins-

pirent de fortes réticences au patro-

nat et aux syndicats.

C'est Antoine Foucher, le directeur

du cabinet de la ministre du travail,

Muriel Pénicaud, qui a reçu les huit

organisations d'employeurs et de sa-

lariés, au 127, rue de Grenelle, le

siège du ministère. Il leur a précisé

les intentions du gouvernement sur

ce dossier. Ses interlocuteurs ont, en

retour, exprimé leurs positions. "

L'état d'esprit " qui a prévalu durant

cette rencontre " multilatérale " est

jugé positif par l'entourage de -Mme

Pénicaud : " Notre démarche est celle

de la coconstruction. Nous n'avons pas

l'intention de tout leur déléguer ni de

tout leur imposer. "

Les échanges de mercredi ont permis

de caler la méthode. Cinq thèmes

sont désormais délimités : outre les

démissionnaires et les indépendants,

il y a la lutte contre la précarité (avec

le souci de limiter le recours aux

CDD), le contrôle et

l'accompagnement des demandeurs

d'emploi ainsi que la gouvernance du

système. Le ministère considère que

les trois premiers sujets se prêtent

plus " à la négociation " – c'est-à-dire

à un processus de plusieurs semaines

à l'issue duquel le patronat et les syn-

dicats formalisent des propositions,

à travers un accord interprofession-

nel le cas échéant, que l'exécutif re-

tient ou pas. Les deux autres sujets

(encadrement des chômeurs, gouver-

nance) sont " plutôt - pour - nous ", af-

firme l'entourage de Mme Pénicaud :

dans cette hypothèse, c'est le minis-

tère qui mettrait sur la table un pre-

mier lot de propositions pour les sou-

mettre à une " concertation " avec les

organisations d'employeurs et de sa-

lariés.

Suspens sur la précarité

Mais la " partie adverse " ne l'entend

pas de cette oreille : " On a des choses

à dire sur le contrôle de la recherche

d'emploi et l'accompagnement des chô-

meurs ", a confié Michel Beaugas

(FO), en sortant de la réunion. Et

d'ajouter : " Je pense qu'on s'emparera

des cinq blocs. " Un " programme de

travail " devait être envoyé, jeudi, aux

syndicats et a au patronat. Il " présen-

tera nos attentes (…) et leur deman-

dera s'ils souhaitent négocier (…) ",

explique-t-on, rue de Grenelle.

A ce stade, il n'y a pas de grande sur-

prise sur les pistes esquissées durant

la multilatérale. S'agissant des dé-

missionnaires, le cabinet de Mme

Pénicaud souhaite qu'un droit à in-

demnisation leur soit attribué, mais

dans des conditions différentes de

celles applicables à un " salarié clas-

sique " : " Il faut que la durée - de

prise en charge - soit plus courte ",

souligne l'entourage de la ministre.

Qui poursuit : " Pour éviter les effets

d'aubaine (…), il faut que l'on réflé-

chisse à un plafond. " Sous-entendu :

qui serait plus bas que le droit com-

mun. En outre, l'exécutif ne veut pas

d'un délai de carence. Et il réclame

des idées sur la " durée d'affiliation "

– le temps de cotisation nécessaire

pour pouvoir toucher l'allocation.

Au sujet des indépendants, le champ

des possibles est très ouvert, puisque

le ministère semble, pour l'heure,

n'afficher que deux exigences. Primo

: ces publics ne seront soumis à au-

cun prélèvement supplémentaire

puisqu'ils vont bientôt participer au

financement du régime, à travers la

CSG – celle-ci étant appelée à rem-

placer les cotisations salariales

d'assurance-chômage, qui vont être

graduellement supprimées. Secundo

: pas question de verser la prestation

à un indépendant qui aurait décidé,

du jour au lendemain, de cesser son

activité.

Quant à la réduction de la précarité,

une forme de suspense est entrete-

↑ 17

Page 18: PANORAMA DE PRESSE - financespubliques.cgt.fr€¦ · matinale de Philippe Martinez sur le site… Page 7 vendredi 15 décembre 2017 Philippe Martinez en visite à Périgueux(278

nue. Dans son programme de cam-

pagne, M. Macron avait inscrit une

mesure visant à " responsabiliser les

employeurs ", par le biais d'un " bonus-

malus " : avec un tel dispositif, les

patrons qui recourent " exagérément

aux contrats courts paieront plus de

charges, ceux qui créent des emplois

stables en paieront moins ". Au-

jourd'hui, " ce n'est pas imposé

d'emblée comme un préalable à la dis-

cussion ", a déclaré Véronique Des-

cacq (CFDT), mercredi.

Le gouvernement laisse donc la main

aux partenaires sociaux pour imagi-

ner des solutions – éventuellement

distinctes du bonus-malus. Mais il ne

veut pas donner l'impression qu'il

battrait en retraite sur cette mesure,

perçue comme un " chiffon rouge " par

le patronat, selon la formule de Pa-

trick Liébus, premier vice-président

de l'Union des entreprises de proxi-

mité (artisanat, commerce, profes-

sions libérales). Si la négociation ne

débouche sur rien ou sur un contenu

" insuffisant ", " on a quelque chose qui

est tout prêt à être transcrit dans la loi,

met-on en garde dans l'entourage de

Mme Pénicaud. On prendra nos res-

ponsabilités ".

Des propositions fin janvier

" Le fait que le gouvernement soit passé

d'un outil clef en main comme le

bonus-malus à un objectif est rassu-

rant, réagit Alexandre Saubot, vice-

président du Medef. Il nous faut

maintenant apporter la preuve qu'il y

a d'autres façons de procéder. Tout

l'objet de la négociation sera, pour les

partenaires sociaux, de montrer qu'il y

a mieux à faire que l'incitation finan-

cière qui n'aura aucun effet. "

Le patronat et les syndicats doivent

remettre leurs propositions à la fin

janvier. Puis il y aura une " multilaté-

rale finale " vers la mi-février. Et un

avant-projet de loi sera transmis au

Conseil d'Etat avant la fin de l'hiver.

Incluant les réformes de

l'apprentissage et de la formation, le

texte promet d'être " maousse ", selon

une source au sein l'exécutif.

Sarah Belouezzane, et Bertrand

Bissuel■

par Sarah Belouezzane, Et Ber-

trand Bissuel

Tous droits réservés Le Monde 2017

E09A43C58F80E60CA58213E0E50B212515A3299DD2BB01F98D86BBE

Parution : Quotidienne

Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 18

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La Banque de France anticipe une stabilité du chômage en 2018Selon une note de la Banque de France publiée ce jeudi, les créations d'emplois marqueraient unpeu le pas l'an prochain.

N° 22594vendredi 15 décembre 2017

Page 3491 mots

FRANCE—FISCALITÉ

C'est un chiffre qui ne devrait pas

faire très plaisir à l'Elysée et à Ma-

tignon. Selon une note de la Banque

de France publiée jeudi, le chômage

pourrait encore toucher 9,6 % de la

population active en 2018, c'est-à-

dire autant qu'en 2017. Voilà qui ne

fait pas l'affaire de l'exécutif. Celui-

ci a lancé tambour battant des ré-

formes, telles celle du Code du tra-

vail, de l'assurance-chômage ou de la

formation professionnelle, pour jus-

tement, entre autres, faire reculer le

chômage.

Comment expliquer que le marché du

travail ne s'améliore pas l'an pro-

chain alors que les vents favorables

de la conjoncture poussent la crois-

sance ? De nombreuses études

montrent que les réformes structu-

relles peuvent avoir un effet négatif

à court terme, mais, dans la plupart

des cas, cet impact n'est ressenti que

quand la conjoncture est déjà mau-

vaise. Ce qui n'est pas le cas au-

jourd'hui en France.

Les créations d'emplois seront moins

nombreuses l'an prochain. Les éco-

nomistes de la Banque de France at-

tendent 147.000 créations d'emplois

en 2018 (une prévision très proche

de celle du gouvernement), contre

281.000 en 2017. « Cet affaiblisse-

ment proviendrait de deux facteurs

ponctuels », explique la note de la

banque centrale. « D'une part,

l'emploi non marchand pâtirait de la

baisse du nombre d'emplois aidés. »

Ainsi, l'emploi dans les secteurs non

marchands baisserait de 46.000 en

2018. En début de semaine,Muriel

Pénicaud, la ministre du Travail,

avait affirmé qu'il s'agissait d'« un

choix assumé », le gouvernement

souhaitant « moins de traitement

statistique du chômage » mais « plus

de réformes structurelles ». Autre ex-

plication, selon l'étude : « Les effets

de la politique de l'emploi

s'estomperaient progressivement. »

Le Crédit d'impôt pour la compétiti-

vité et l'emploi (CICE) et le pacte de

responsabilité mis en place sous le

quinquennat précédent ne montent

plus en puissance et l'aide à

l'embauche pour les PME a été arrê-

tée le 30 juin dernier.

Un palier avant la

reprise

Toutefois, le taux de chômage devrait

repartir à la baisse les deux années

suivantes pour revenir à 8,8 % en

2020. Dans le secteur privé, l'emploi

continuerait d'être soutenu par le dy-

namisme de l'activité et « la trans-

formation du CICE en allégements de

cotisations sociales employeurs en

2019 favoriserait progressivement

une nouvelle accentuation des créa-

tions d'emplois marchands », esti-

ment les économistes de la Banque

de France. Enfin, l'emploi dans les

secteurs non marchands se stabilise-

rait après la forte baisse enregistrée

en 2018. Selon ce scénario, l'année

prochaine ne serait donc qu'un palier

avant une reprise de la décrue du

chômage. ■

par Guillaume De Calignon

Tous droits réservés Les Echos 2017

1A9C038789501408E54416A0040E519315538D9462C60D76862CC9E

Parution : Quotidienne

Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 19

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Construction de prisons : la Cour des comptes dénonce le recours auprivéLes PPP pour la construction de prisons et de palais de justice sont épinglés pour leurs « coûtsélevés ».

N° 22593jeudi 14 décembre 2017

Page 3541 mots

FRANCE—FINANCES PUBLIQUES

Haro sur les PPP ! Depuis une dizaine

d'années, quand il a fallu construire

des places de prison voire certains

palais de justice, l'Etat a recouru plus

d'une fois à ces partenariats public-

privé passés avec des groupes de

BTP, qui ont eu longtemps l'énorme

avantage de ne pas alourdir la dette

publique. Le bilan de cette politique

tiré par la Cour des comptes est pour

le moins sévère et l'amène à deman-

der de bannir une telle pratique. « Le

recours important aux contrats de

partenariat a constitué, pour le mi-

nistère, une fuite en avant dont les

effets sur les marges budgétaires se

font sentir de façon croissante », est-

il écrit dans un rapport sur la poli-

tique immobilière du ministère de la

Justice paru ce mercredi. A lire ce do-

cument, il n'y a pas grand-chose à

sauver dans cette politique à laquelle

l'Etat a beaucoup recouru à partir de

2006. Le principe est connu : le fi-

nancement, la construction et la

maintenance d'un ouvrage sont

confiés à un acteur privé, que l'Etat

rémunère sous forme de redevances.

Ce schéma a été retenu pendant la

dernière décennie pour 14 projets de

prisons, dont trois ont été livrées

(Valence, Riom et Beauvais). Sur les

palais de justice, la solution a été

choisie pour deux sites (Caen et

l'emblématique nouveau TGI de Pa-

ris). Le bilan ? « Des coûts élevés à

tous les stades du contrat », selon la

Cour. Ainsi le taux de financement

des prisons de Riom, Valence, et

Beauvais et du TGI de Caen est

proche de 5,9 % quand l'Etat se finan-

çait à 1,86 % en 2012 à la conclusion

des contrats…

Même inflation sur les coûts de

construction : ceux de la prison de

Riom sont 53 % plus élevés que ceux

de l'établissement d'Orléans-Saran,

fait de façon traditionnelle. La Cour

des comptes revient longuement sur

le cas du nouveau Palais de justice de

Paris, regrettant un choix « guidé par

des considérations budgétaires de

court terme », qui impliquera « des

loyers annuels d'un montant moyen

de 86 millions d'euros ».

Poids budgétaire

Ce poids budgétaire grandissant n'est

pas propre au seul TGI de Paris, et les

sages de la rue Cambon dénoncent «

l'effet d'éviction des PPP ». Ces der-

niers ne concernent que 14 prisons

sur un total de 187 centres péniten-

tiaires, mais ils sont amenés à repré-

senter à partir de 2020 « 40,5 % des

crédits consommés en 2015 pour

l'immobilier pénitentiaire ». La Cour

des comptes évoque du coup le «

risque d'une impasse budgétaire »

alors que l'Etat doit financer

d'importants travaux d'entretien et

de nouvelles constructions pour sa

politique pénitentiaire. « De nou-

veaux PPP […] ne sauraient être

considérés comme une solution rai-

sonnable » , prévient la Cour, qui ap-

pelle le gouvernement à procéder à

une loi de programmation plurian-

nuelle réaliste. Durant sa campagne,

Emmanuel Macron avait promis la

construction de 15.000 nouvelles

places de prison sans préciser par

quel financement. ■

par Renaud Honoré

Tous droits réservés Les Echos 2017

829823F88120F40D150D15101607718D13635391726802AAC55234C

Parution : Quotidienne

Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 20

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Services publics : la santé devient la priorité des Français après l'emploi

N° 22813jeudi 14 décembre 2017

Page 21370 mots

ÉCONOMIE—L'HISTOIRE

Emploi, santé, éducation ! Tel est

le trio de tête des attentes des

Français à l'égard des pouvoirs pu-

blics, révèle l'édition 2017 du ba-

romètre de l'Institut Paul Delou-

vrier, réalisée par Kantar Public,

dévoilé par Le Figaro en exclusi-

vité. Après plusieurs années mar-

quées par une forte poussée des

attentes de type sécuritaire, en

raison des attentats, les domaines

régaliens (police, justice, défense)

reculent nettement, cette année,

dans les priorités et passent au

quatrième rang. Une autre de-

mande de protection s'exprime

avec la forte hausse des attentes

concernant la sécurité sociale (+ 5

points), le logement (+7 points), et

surtout la santé publique (+6

points) qui devient pour la pre-

mière fois depuis la création du

baromètre la deuxième priorité

des Français devant l'éducation

nationale. Mais toujours derrière

l'emploi, souci majeur dans un

pays marqué par le chômage de

masse. Les attentes ne sont pas

partout les mêmes dans

l'Hexagone. En Île-de-France, Bre-

tagne et Pays de la Loire, la santé

publique devance l'emploi. Dans

les Hauts-de-France, en Paca,

Centre et Bourgogne-Franche-

Comté, la police et la gendarmerie

dépassent l'éducation nationale.

En revanche, une chose est sûre :

après dix ans de mécontentement

croissant, 2017 marque un pre-

mier, et net, redressement de

l'opinion des Français (+ 7 points)

à l'égard de l'action de l'État. Dé-

sormais, 72 % des usagers

s'estiment satisfaits des services

publics, et 44 % des Français en

ont une bonne opinion. ■

par M.-C. R.

Tous droits réservés 2017 Le Figaro

199503238710df00a54011a0c50ef12c1d23759ff26b05e46833432

Parution : Quotidienne

Diffusion : 306 673 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 1 663 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 21

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PROTECTION SOCIALE

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Optique, dentaire : le casse-tête du reste à charge zéroLes discussions sur les frais dentaires, optiques, et d'audioprothèses viennent de s'ouvrir.Les mu-tuelles demandent à l'Etat de contribuer via une baisse de la fiscalité.

N° 22594vendredi 15 décembre 2017

Page 2656 mots

FRANCE—SANTÉ

Discrètement, début décembre, une

concertation s'est ouverte pour

mettre en place le « reste à charge zé-

ro » sur les prothèses dentaires, au-

ditives et les lunettes, à l'horizon de

2022. Une promesse phare du candi-

dat Macron lors de la campagne pré-

sidentielle. Des réunions ont été pro-

grammées jusqu'à fin janvier au mi-

nistère de la Santé entre les payeurs

- assurances obligatoire et complé-

mentaire - et les professionnels.

Après une phase de diagnostic, les

participants devront définir un pa-

nier de soins intégralement rembour-

sables pour les trois spécialités. De

premières orientations sont atten-

dues au printemps, avec une possible

traduction législative à l'automne

prochain dans le budget de la Sécuri-

té sociale pour 2019.

Emmanuel Macron a demandé à

chaque acteur de faire un effort. Mais

les complémentaires santé vont jouer

un rôle clef, car elles sont devenues

les premiers financeurs de ces sec-

teurs. Jeudi, la Mutualité française a

présenté ses propositions à ses par-

tenaires. Tous les leviers doivent être

actionnés, selon elle, et pas seule-

ment le niveau de remboursement.

Elle appelle l'Etat à prendre sa part

du fardeau en baissant la TVA sur les

lunettes de 20% à 5,5 % et en dimi-

nuant la taxe de solidarité addition-

nelle sur les contrats d'assurance-

maladie (TSA) pour les « bons élèves

». Elle met aussi en avant ses réseaux

d'accès aux soins, où le reste à charge

zéro existe déjà, et demande plus de

marge de manoeuvre pour contrac-

tualiser avec les professionnels de

santé.

« Nos cotisations obligatoires et

complémentaires sont censées ga-

rantir l'accès aux soins partout et

pour tous. Or cette promesse est de

plus en plus difficile à tenir à cause

de l'essor de la liberté tarifaire »,

constate Thierry Beaudet, le pré-

sident de la Mutualité française, en

rappelant que les remboursements

des complémentaires se sont envolés

de 15 milliards d'euros à 26 milliards

en quatorze ans. Les tarifs ont décol-

lé et, avec eux, le taux de renonce-

ment aux soins : 4 % en optique, 27

% en dentaire et jusqu'à 57 % dans

l'audioprothèse. Ceux qui s'équipent

quand même le paient au prix fort,

avec 4,4 milliards d'euros de reste à

charge chaque année. « Nous devons

nous placer du point de vue de

l'usager pour renouer avec la pro-

messe », insiste Thierry Beaudet.

Choisir et non subir

La Mutualité s'arrime à deux prin-

cipes. Primo, le reste à charge ne de-

vra pas être « subi » mais « choisi

». L'usager doit pouvoir opter pour

des montures de luxe pas totalement

remboursées. Secundo, si le « panier

de soins nécessaires de qualité » doit

s'imposer aux financeurs comme aux

soignants, il faudra conserver des es-

paces de liberté propices à

l'innovation. Le patient pourra ainsi

choisir l'équipement qui lui convient

; le professionnel, proposer des op-

tions ; l'assureur, enrichir sa gamme

sans passer par une surcomplémen-

taire. « Le système a besoin de sou-

plesse, commente Thierry Beaudet,

faisons confiance aux acteurs. »

Jusqu'où les financeurs sont-ils prêts

à s'engager pour solvabiliser la de-

mande de soins ? « Nous serions fa-

vorables à ce que l'assurance-maladie

obligatoire augmente ses rembourse-

ments », lance le mutualiste, lors-

qu'on lui demande si les mutuelles

sont prêtes à assumer un rôle plus

important. La ministre des Solidari-

tés et de la Santé, Agnès Buzyn, vient

de les réprimander après l'annonce

d'une hausse des primes en 2018.

Mieux vaut faire profil bas. D'ailleurs,

les institutions de prévoyance ne se

montrent pas plus conquérantes : «

Notre philosophie n'est pas

d'augmenter la masse assurable, mais

de donner du sens aux cotisations »,

explique Evelyne Guillet, au Centre

technique des institutions de pré-

voyance, tout en reconnaissant que

la négociation dentaire « ne se fera

pas à coût zéro » pour les complé-

mentaires. ■

par Solveig Godeluck et

Laurent Thévenin

Tous droits réservés Les Echos 2017

EE97933C89809A09F5F11170880111B118F3EB94A25403BE4658A74

Parution : Quotidienne

Diffusion : 128 215 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 633 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 23

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LA MUTUELLE SANTÉ EST OBLIGATOIRE DANS LES ENTREPRISES DEPUIS 2016. MAIS L'OBJECTIF D'AMÉLIORER L'ACCÈSAUX SOINS N'EST PAS ATTEINT

Complémentaire santé : pas plus de salariés couvertsTout ça pour ça ! Depuis 2016, toute entreprise doit avoir mis en place une couverture santé pourses salariés. Selon une étude du Crédoc pour le Centre technique des institutions de prévoyance(CTIP), cette généralisation de la mutuelle n'a pas eu les effets escomptés.

N° 1154mercredi 13 décembre 2017

Page 41575 mots

Tout ça pour ça, peut-on soupirer à la

lecture de l'étude livrée mardi par le

Crédoc pour le Centre technique des

institutions de prévoyance (CTIP),

sur les conséquences de la généra-

lisation de la complémentaire santé

dans les entreprises. Cette générali-

sation a été mise en œuvre par pré-

cédent gouvernement, pour honorer

une promesse de François Hollande.

L'objectif, louable, était de favoriser

l'accès aux soins, puisque ceux qui y

renoncent sont, le plus souvent, ceux

qui ne détiennent pas de mutuelle.

L'obligation a pris effet au 1er janvier

2016. Si on se place du côté des en-

treprises, c'est un succès : sur

l'échantillon interrogé par le Crédoc,

elles étaient 28 % en 2015 à ne pas

posséder de contrat complémentaire

santé, elles ne sont plus que 7 %

2017. Pour autant, la population des

salariés couverte, elle, n'a pas bougé

d'un iota : 5 % de salariés n'étaient

pas couverts en 2015 (un chiffre qui

correspond à l'estimation de

l'Institut de recherche et de docu-

mentation en économie de la santé ;

Irdes) et ils sont toujours 5 % en 2017

! Seule différence, les personnes cou-

vertes ne le sont plus de la même fa-

çon : celles qui détenaient une mu-

tuelle individuelle sont passées de 19

% à 13 %, celles couvertes par

l'entreprise sont à peine plus nom-

breuses, à 69 % contre 68 % en 2015.

Enfin celles couvertes par leur

conjoint ont augmenté de 7 % à 13 %,

selon l'enquête Crédoc-Ctip.

Eloignés de l'emploi. Conclusion,

l'objectif n'est pas atteint, puisqu'il

n'y a pas plus de personnes cou-

vertes. Ce n'est même pas une sur-

prise. Dans son étude de mai 2015,

l'Irdes précisait en effet que « parmi

l'ensemble des individus ne bénéfi-

ciant d'aucune complémentaire santé

en 2012, 80 % resteraient non cou-

verts après la généralisation ». Pour-

quoi ? Tout simplement parce qu'il

s'agit de personnes éloignées de

l'emploi, comme les chômeurs, les

personnes âgées retraitées, les étu-

diants ou les salariés précaires (ceux

qui ont plusieurs petits boulots par

exemple). Pour eux, la généralisation

n'a eu strictement aucun effet.

La généralisation de la complémen-

taire santé a, en revanche, conduit

la multiplication des options faculta-

tives, en plus du contrat socle mis en

place dans l'entreprise. Celui-ci de-

vait obligatoirement comporter cer-

taines garanties minimales. Plus d'un

employeur sur trois (37 %) s'est

contenté de mettre en place ce

contrat minimum, les autres ont été

un peu plus généreux. Mais comme

les garanties restent malgré tout as-

sez modestes, la plupart des entre-

prises (60 %) ont proposé à leurs sa-

lariés des contrats optionnels plus

couvrants, mais facultatifs, et pour

les deux tiers à la charge financière

exclusive des salariés. Paradoxe, c'est

la généralisation de la complémen-

taire santé à la française qui va finir

par promouvoir les « plans cafétéria »

à l'anglo-saxonne, dans lesquels, au-

delà d'un contrat socle, chaque sala-

rié pioche et choisit les garanties qui

lui conviennent le mieux…

Moins cher. Tout n'est pas noir pour

autant et les salariés interrogés par

le Cré-doc semblent satisfaits de la

mise en place d'une mutuelle obliga-

toire dans leur entreprise, parce que

c'est moins cher pour eux,

l'employeur ayant l'obligation de

prendre en charge 50 % de la coti-

sation du contrat appli-cable à tous.

Ils constatent également que « pour

moins cher ou pour le même prix, les

garanties des contrats collectifs sont

meilleures que celles de leur assu-

rance indivi-duelle », selon le Crédoc.

Mais, revers de la médaille, 8 % des

salariés sont moins bien couverts

qu'avec leur mutuelle antérieure.

La généralisation de la complémen-

taire santé en entreprise est donc sur

les rails, mais n'a servi à rien en

termes d'accès aux soins. Il reste en

effet de nombreux trous dans la ra-

quette. Les étudiants peuvent éven-

tuellement continuer à profiter de

l'assurance de leurs parents quand ils

en sont dotés. Les chômeurs ont ob-

tenu en 2016 de bénéficier d'un an

de leur précédente mutuelle

d'entreprise gratuitement, au lieu de

six mois. Mais, la question reste en-

tière après l'année d'assurance of-

ferte.

Quant aux retraités, un décret de

mars 2017 a précisé qu'ils pourraient

conserver leur ancienne assurance

↑ 24

Page 25: PANORAMA DE PRESSE - financespubliques.cgt.fr€¦ · matinale de Philippe Martinez sur le site… Page 7 vendredi 15 décembre 2017 Philippe Martinez en visite à Périgueux(278

d'entreprise sans augmentation de

tarif la première année, avec une

augmentation de 25 % la deuxième

année et une autre de 50 % la troi-

sième année. Ensuite, assureurs et

mutuelles ont les coudées franches

pour monter les tarifs comme ils le

souhaitent ! Une pratique qui risque

d'éloigner encore davantage les plus

âgés de l'assurance santé. ■

par Mireille Weinberg et Béa-

trice Houchard @behache3 T

@Mi_Weinberg t

↑ 25

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ENCADRÉS DE L'ARTICLE

La députée Marine Le Pen, avec les moyens du bord

On pourrait dire, comme « Les Guignols de l'info » à l'époque où ils étaient drôles : « Quand ça veut pas, ça

veut pas. » Le 11 décembre, Marine Le Pen est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale où l'on débat de

la « réforme des contrats, du régime général et de la preuve des obligations ». Pas très sexy, mais très juri-

dique. La présidente du Front national, avocate de formation, aime ces sujets-là et a tenu à intervenir.

D'abord à la tribune, pour dénoncer « l'anglo-saxonisation de notre droit ». Puis, lors de la discussion par

article, pour la défense d'une dizaine d'amendements.

Las ! Comme au soir du funeste débat du 3 mai face à Emmanuel Macron, elle s'emmêle dans ses papiers («

Attendez, je me suis perdue dans mes articles », dit-elle) pour le quatrième amendement, prend le mauvais,

commence à le lire. « Murmures », indique le compte rendu officiel. La députée du Pas-de-Calais est alors

gentiment interrompue par la présidente de séance, Carole Bureau-Bonnard : « Madame la députée, s'agit-il

bien de l'amendement n° 12 ? » Réponse de la députée du Pas-de-Calais : « Ce n'est pas celui-là ? Ah bah

non, mais ça… Décidément… On va y arriver. » Dans la masse de la procédure parlementaire, ça peut arriver

à tout le monde. Mais c'est arrivé à Marine Le Pen et BFMTV a fait circuler la vidéo. Pas de chance. Le reste

du débat s'est déroulé sans encombres.

Situation compliquée. Marine Le Pen est dans une situation très compliquée à l'Assemblée. « Situation in-

édite, » note même le député du Nord Sébastien Chenu, qui coordonne le travail de tous les élus FN (lui-

même et Marine Le Pen, Gilbert Collard, Louis Aliot, Ludovic Pajot et Bruno Bilde). Car on n'a jamais vu un

président de parti, et encore moins un finaliste de l'élection présidentielle, pinailler pour une virgule sur un

sous-amendement.

François Mitterrand était un orateur hors pair pour porter le fer lors

des motions de censure. Jacques Chirac se réservait pour les débats

importants de politique générale. Nicolas Sarkozy était plus actif

comme ministre que comme parlementaire. Même Jean-Marie Le Pen,

à la tête d'un groupe de trente-cinq députés entre 1986 et 1988,

montait à la tribune quand ça pouvait faire un peu de bruit. Et plutôt

pas en séance de nuit devant un hémicycle vide.

Avec peu de temps de parole, Marine Le Pen ne s'en sort finalement

pas si mal, même si elle ne semble pas toujours s'exprimer avec beau-

coup de conviction, comme si elle peinait à trouver le ton juste pour parler dans l'hémicycle. Sur le site

nosdeputes.fr, elle est classée dans les « 150 députés les plus actifs » pour ses interventions en séance

(56), les propositions de loi écrites ou signées, le nombre d'amendements signés (211). Mais elle est dans

les « 150 les moins actifs » pour sa présence en Commission des affaires étrangères.

Elle voudrait, explique Sébastien Chenu, « donner des perspectives ». En d'autres termes, faire de la poli-

tique. Mais elle doit se contenter de signer une proposition de loi « visant à accroître la lutte contre

l'immigration clandestine et l'extraction illégale d'or en Guyane », défendre les classes moyennes et les re-

traités dans les discussions budgétaires ou préconiser avec les nationalistes corses le gel des matches de

football le jour anniversaire du drame de Furiani. Sans oublier de prendre son tour de garde pour représen-

ter les sept députés FN sur les sièges très inconfortables de l'hémicycle. Heureusement, confie un de ses

proches, elle commence à moins souffrir du dos. Preuve qu'il y a quand même de bonnes nouvelles.

Paradoxe, c'est la généralisation de la complémentaire santé à la française qui va finir par promouvoir les

« plans cafétéria » à l'anglo-saxonne“ En termes d'accès aux soins, il reste de nombreux trous dans la raquette

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Tous droits réservés 2017 L'Opinion

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Parution : Quotidienne

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MOUVEMENTS SOCIAUX

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NÉGOCIATIONS

Les agents de nettoyage voient presque le bout du tunnelAprès six semaines de grève, un accord de fin de conflit est sur le point d'être signé entre les syn-dicats et la direction de l'entreprise H. Reinier.

vendredi 15 décembre 2017Page 8

799 mots

SOCIAL-ECO

U ne étape décisive vers la fin de

la grève des agents de net-

toyage. Après six semaines de lutte,

une nouvelle séance de négociations

a eu lieu hier soir entre les syndicats

de propreté FO, SUD rail, CFDT et la

direction de H. Reinier, filiale du

groupe Onet et prestataire de la

SNCF. « Nous sommes sur la bonne

voie pour conclure un accord », af-

firment des sources syndicales. A

l'heure où nous écrivons ces lignes, le

protocole d'accord de fin de conflit

n'a pas été signé entre les parties.

Toutefois, les grévistes ont d'ores et

déjà conquis de nouveaux droits.

Alors que ces salariés perçoivent un

peu plus d'un Smic et travaillent dans

des conditions difficiles, ils ont obte-

nu l'application de la convention col-

lective manutention ferroviaire pour

tous les employés, la prolongation

des mandats des représentants du

personnel jusqu'aux prochaines élec-

tions professionnelles, l'absence de

modification des clauses de mobilité

dans leur avenant au contrat de tra-

vail. Un point crucial pour ces agents

de nettoyage qui refusent de tra-

vailler dans des gares différentes se-

lon les jours. Ce n'est pas tout. Ils

vont percevoir une prime de panier-

repas de 4 euros, contre 1,90 euro au-

paravant, et une hausse au prorata

est prévue pour les agents à temps

partiel.

Pour l'heure, les grévistes n'ont pas

obtenu gain de cause sur toute la

ligne. Ils exigent une revalorisation

de la prime de vacances à 70 %, mais

elle devrait l'être au minimum. Et les

CDD ne devraient pas être automati-

quement requalifiés en CDI, même si

ces salariés précaires bénéficieraient

d'« un accès prioritaire à l'embauche

», selon la SNCF.

« Nous n'avons pas été entendus sur

tous les points pour le moment, mais

les avancées sont considérables », es-

time Noreddine Toumi, secrétaire

général du syndicat FO des person-

nels du nettoyage des trains et gares

d'Île-de-France, qui a suivi les négo-

ciations depuis début novembre. De

son côté, Anasse Kazib, syndicaliste

SUD rail, regrette vivement que « la

direction ne cède pas sur la prime de

vacances ».

Ce qui ne les empêche pas de saluer

le mouvement de lutte : « Les salariés

ont beaucoup de courage, ils

tiennent des piquets de grève jour et

nuit. Un respect a été instauré avec

la direction, qui a été surprise d'une

telle mobilisation. » La solidarité des

camarades de lutte et des voyageurs

a contribué à la poursuite du mouve-

ment, une caisse de grève a atteint

près de 50 000 euros, selon un syndi-

caliste SUD rail.

Alors que le conflit social pourrait

toucher à sa fin, une première

manche a été remportée sur le terrain

judiciaire. Hier, le juge des référés du

tribunal administratif de Montreuil

(Seine-Saint-Denis) a rejeté le carac-

tère urgent de la demande de SNCF

Mobilités, qui a assigné, le 4 dé-

cembre, neuf grévistes, estampillés

SUD rail et CFDT, pour « occupation

illicite » de la gare de Saint-Denis.

Dans sa décision, le magistrat ne

constate pas d'occupation physique

des locaux de la gare de Saint-Denis

au moment il statue, ni de risque par-

ticulier pour les voyageurs et

d'entrave à la circulation des trains.

Pour l'avocat des salariés de SUD rail,

Xavier Courteille, du cabinet Borza-

kian, ce délibéré est « une victoire

puisque le mouvement peut se pour-

suivre. En effet, aucune expulsion n'a

été ordonnée ».

La bataille judiciaire n'est pas termi-

née. Le tribunal administratif de

Cergy-Pontoise (Val-d'Oise), saisi

par SNCF Mobilités pour examiner le

cas des gares d'Ermont-Eaubonne et

de Garges-Sarcelles, va rendre sa dé-

cision le 20 décembre. L'entreprise

leur reproche aussi une « occupation

illicite » de ces stations. Contactée

par l'Humanité, SNCF Mobilités a ré-

pondu par un communiqué, dans le-

quel on peut lire qu'« il ne s'agit pas

d'une procédure juridique destinée à

mettre fin à un conflit social, mais

liée à une occupation illicite rendant

impossible l'accès à des dépendances

du domaine public ferroviaire, y

compris aux agents de la SNCF ; si la

grève continue, sans occupation illi-

cite, ces procédures en référé expul-

sion seront abandonnées ».

Des arguments loin de convaincre le

syndicaliste SUD rail Anasse Kazib :

↑ 29

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« La SNCF espère simplement casser

le mouvement de grève et maintenir

la pression sur les salariés. » Et

d'ajouter : « Sa stratégie ne fonc-

tionne pas. Les employés n'ont eu de

cesse de reconduire le mouvement. »■

par Lola Ruscio

Tous droits réservés L'Humanité 2017

139463B18660550D85001B20D90CA1711EB3D09092B1036FBAD6E29

Parution : Quotidienne

Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 30

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La CGT tente de troubler les ventes de Noël chez Carrefour

Le syndicat prévoit des actions dans dix à quinze hypers, un mois avant l'annonce du planstratégique du groupe.

ENCADRÉS DE L'ARTICLE

20 %

Représentativité de la CGT chez Carrefour Hypermarchés

N° 22814vendredi 15 décembre 2017

Page 25761 mots

ÉCONOMIE

DISTRIBUTION « On va leur

pourrir Noël », promet Philippe Al-

lard, délégué du collectif CGT Car-

refour. À l'approche des fêtes de fin

d'année, le troisième syndicat du dis-

tributeur (20 % des voix aux élections

de la branche hypermarché) tente de

mettre la pression sur Alexandre

Bompard. Le PDG du groupe annon-

cera le 23 janvier son plan straté-

gique.

Agitant le chiffon rouge d'un plan de

restructuration débouchant sur 5 000

suppressions de postes (un chiffre ju-

gé sans fondement par le groupe), le

collectif CGT du distributeur appelle

ce vendredi à des mobilisations en

magasin le 22, 23 et 24 décembre, le

week-end le plus chargé de l'année

pour le distributeur. « Nous avons été

reçus par la direction le 7 décembre

pour exprimer nos inquiétudes sur la

location-gérance ou sur les suppres-

sions de postes à Massy. Mais aucune

réponse pour le moment », explique

ainsi Philippe Allard.

Le syndicat appelle à un tractage de-

vant les hypers, supermarchés et su-

pérettes du groupe. Surtout, il veut

créer « dix à quinze points chauds »

dans autant de paquebots de

l'enseigne. Pour cela, il lance un ap-

pel à la grève, espérant rassembler

suffisamment de salariés pour « créer

des points de ras-semblement massif,

voire bloquer certains hypermarchés,

on ne s'interdit rien », assure Franck

Gaulin, délégué national CGT-hy-

pers.

FGTA-FO joue

l'apaisement

Affaiblie fin novembre par la signa-

ture d'un accord sur l'ouverture do-

minicale des hypers obtenu sans son

appui, la CGT veut faire entendre sa

voix et prouver que le choix de déca-

ler d'un mois l'annonce du plan stra-

tégique pour ne pas troubler Noël a

été vain.

Le pari de la CGT est pourtant loin

d'être gagné. Pour chaque « point

chaud », il faudrait en effet mobiliser

une cinquantaine de salariés prêts à

faire une croix sur des heures supplé-

mentaires ou des jours mieux payés.

Lors de sa précédente action, le 7 dé-

cembre, devant le siège de Carrefour

France, à Massy (Essonne), la CGT a

essuyé un semi-échec. Selon son

chiffrage, 300 personnes étaient pré-

sentes, d'autres sources estimant à

une petite cinquantaine le nombre de

manifestants effectivement salariés

de Carrefour.

FGTA-FO, le syndicat majoritaire en

hypermarchés, joue, lui, l'apaisement

avant les fêtes. « Nous avons demandé

un rendez-vous urgent avec Alexandre

Bom-pard pour qu'il nous dise ce qu'il

compte faire précisément, confie De-

jan Terglav, secrétaire général de la

FGTA-FO. Mais nous ne fe-rons rien

à Noël, car ce serait ajouter aux pro-

blèmes de Carrefour et peser encore

plus sur le chiffre d'affaires des hypers.

C'est une erreur de croire que les gens

sont prêts à détruire leur outil de tra-

vail sans savoir vraiment ce qui les at-

tend. » Le week-end de Noël, un gros

hyper franchit le million d'euros de

chiffre d'affaires par jour, et une

simple opération de tractage peut ra-

pidement faire chuter ce chiffre.

« En revanche, si la nouvelle direction

annonce des décisions inacceptables le

23 janvier sans avoir négocié, ce sera

la guerre totale », prévient Dejan Ter-

glav, qui évoque de possibles blo-

cages « durables » de magasins. ¦ ■

par Olivia Détroyat £@OIiviader

Tous droits réservés 2017 Le Figaro

6e9163f18cb05209b5191520d10461cd1a332e9132a3079e3626493

Parution : Quotidienne

Diffusion : 306 673 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 1 663 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 31

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EUROPE ET INTERNATIONAL

↑ 32

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ÉCONOMIE

Comment les inégalités se creusentS'appuyant sur une base de 175 millions de données permettant de mesurer les différences de re-venus et de patrimoine, les économistes de plus de 70 pays dénoncent une montée en flèche desdisparités dans le monde depuis quarante ans.

vendredi 15 décembre 2017Page 4

781 mots

L e travail des économistes

compilé dans le Rapport sur les

inégalités mondiales dessine un pro-

fil des inégalités qui, malgré les diffé-

rences entre continents et pays,

semble suivre la même trajectoire.

Les économistes en ont identifié plu-

sieurs causes.

Tout commence par l'inégale réparti-

tion du capital entre privé et public.

Si la richesse nationale a considéra-

blement augmenté, dans le même

temps, la privatisation des services et

des entreprises s'est accélérée. « Ces

dernières décennies, d'importants

transferts du patrimoine public vers

le privé se sont opérés dans la plupart

des pays, riches comme émergents »,

expliquent les auteurs. Le patrimoine

privé a doublé passant de 200-350 %

du revenu national en 1970 à

400-700 % aujourd'hui , voire même

triplé ou quadruplé en Russie et en

Chine. A l'inverse, le patrimoine pu-

blic net (les actifs publics moins les

dettes) a diminué partout, jusqu'à

rester tout juste positif en Alle-

magne, en France ou au Japon, deve-

nant négatif au Royaume-Uni et aux

états-Unis. « Le fait que l'on observe

des pays avec un patrimoine public

négatif est un fait économique ma-

jeur et tout à fait particulier, alerte

l'économiste Lucas Chancel. Cela

veut dire que, si le gouvernement

américain vendait l'ensemble de ses

écoles, hôpitaux, infrastructures de

transport et titres, il ne serait même

pas en mesure de rembourser sa

dette. » Ce qui « limite la capacité

d'action des états contre les inéga-

lités ». De plus, la hausse du capital

privé a profité essentiellement aux

plus riches, alors que les états, en

vendant leurs actifs, se sont privés

d'une rente régulière. Au final, « les

détenteurs de patrimoine privé se

sont enrichis, mais les états se sont

appauvris », expliquent les auteurs,

alors que richesse nationale a large-

ment augmenté.

« Entre 1970 et le milieu des années

2000, la progressivité de l'impôt a été

fortement réduite dans les pays

riches et dans certains pays émer-

gents », annoncent les auteurs.

« Notre rapport est un cri d'alarme

contre cette lourde tendance inégali-

taire. Car, chaque pays pris isolément

a envie d'attirer chez lui les plus

riches », note Thomas Piketty. Dans

le même temps, l'impôt des classes

moyennes augmente. Pour les au-

teurs, si la réduction des inégalités

passe par la généralisation de l'impôt

progressif, celle-ci ne pourra se faire

qu'à condition de lutter contre

l'évasion fiscale. « Les capitaux pla-

cés dans les paradis fiscaux ont

considérablement augmenté depuis

les années 1970 et représentent au-

jourd'hui plus de 10 % du PIB mon-

dial », écrivent-ils. Du fait d'un plus

grand recours à ces artifices, « il est

difficile de mesurer et d'imposer cor-

rectement le patrimoine et les reve-

nus du capital à l'heure de la mon-

dialisation », regrettent les écono-

mistes. Et de proposer la création

d'« un registre mondial des titres fi-

nanciers permettant d'identifier les

détenteurs ».

L'autre problème concerne les plus

bas revenus. Les divergences « entre

l'Europe de l'Ouest et les états-Unis,

qui avaient des niveaux d'inégalité

comparables en 1980, mais se

trouvent aujourd'hui dans des situa-

tions radicalement différentes »,

s'expliquent, selon Thomas Piketty,

par « une inégalité considérable en

matière d'éducation ». « Cela montre

que les politiques publiques ont un

fort impact sur les inégalités »,

ajoute-t-il. Aux états-Unis, sur 100

enfants dont les parents appar-

tiennent aux 10 % des revenus les

plus bas, seuls 20 à 30 vont à

l'université. Ce chiffre passe à 90

lorsque les parents appartiennent

aux 10 % des plus hauts revenus. Or,

rappellent les auteurs du rapport,

« une démocratisation de l'accès à la

formation est un puissant levier »,

même si « l'éducation ne suffira pas

à réduire les inégalités ». Dans leur

rapport, ils préconisent une

« meilleure représentation des tra-

vailleurs dans les organes de direc-

tion des entreprises et des salaires

minimaux corrects ».

Reste que les inégalités pourraient

encore s'aggraver. Dans leur rapport,

les auteurs anticipent une nouvelle

hausse d'ici à 2050, sur la base des

tendances actuelles. La part de patri-

moine des plus riches passerait ainsi

de 33 % à 39 %, tandis que « la classe

moyenne mondiale » verrait sa part

de patrimoine « comprimée », de

29 % à 27 %. Pour autant, « le but de

ce rapport (n'est) pas de se lamen-

ter », mais de voir « comment il est

↑ 33

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possible, au sein d'une même mon-

dialisation, d'avoir différentes poli-

tiques nationales », a expliqué Tho-

mas Piketty sur France Inter. ■

par Clotilde Mathieu

Tous droits réservés L'Humanité 2017

E99883D48370710D65281760060641AC15B3879C42B405D0604B5B9

Parution : Quotidienne

Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 34

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Aux états-Unis, la précarité reste la règle en dépit de la croissance

vendredi 15 décembre 2017Page 5

352 mots

L es états-Unis et le Canada sont

la région du monde industrialisé

où le creusement des inégalités a été

le plus marqué, souligne le travail de

l'équipe internationale

d'économistes pilotée par les Fran-

çais Thomas Piketty et Lucas Chan-

cel. Outre-Atlantique, la part du re-

venu national allant aux 10 % des ci-

toyens les plus aisés est ainsi passée,

selon leurs calculs, de 34 % à 47 % du

PIB entre 1980 et 2016. Une tendance

qui ferait courir, alertent-ils, des

« risques de catastrophes majeurs » à

l'humanité. L'analyse paraît d'autant

plus pertinente que, durant la pé-

riode étudiée, les états-Unis ont été

déjà l'épicentre, en 2008, d'un krach

aux effets ravageurs pour toute la

planète. Les pressions sur les salaires

des plus pauvres étaient au centre du

phénomène. Les déréglementations

des présidents Reagan, puis Clinton

ont conduit des centaines de milliers

de familles précarisées à recourir aux

emprunts dits subprimes pour accé-

der à un logis à bon compte. Jusqu'au

jour où la bulle immobilière a éclaté,

précipitant du même coup vers les

sommets les taux des crédits sous-

crits et vers la ruine les familles en-

dettées.

Aujourd'hui, le chômage officiel

baisse, mais le taux d'emploi reste

très bas. Signification essentielle de

ce paradoxe : l'enfermement dans la

précarité demeure la règle en dépit

de la croissance. Les inégalités conti-

nuent donc de prospérer en même

temps que la confiscation des reve-

nus par les plus riches. Ce qui ali-

mente de nouvelles bulles, immobi-

lière (une fois encore) ou (et) finan-

cière, avec des risques de déflagra-

tion aux dimensions décuplées.

D'autant que le big bang fiscal de Do-

nald Trump, que devrait ratifier très

prochainement le Congrès, va rendre

la situation encore plus explosive en

organisant un dumping de dimension

inédite en faveur des banques et des

grands groupes. ■

par Bruno Odent

Tous droits réservés L'Humanité 2017

EE9D837F8990970FD5791BB0CE0A21591C13AB93F2C6033BF4544F2

Parution : Quotidienne

Diffusion : 34 877 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD DSH 2016/2017

Audience : 372 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 35

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Louis Morin : «L’Europe est loin de former un bloc homogène»

On ne peut pas mettre dans le même panier le Luxembourg et la France, expliqueLouis Morin, numéro 1 de l’Observatoire des inégalités.

N° 11371vendredi 15 décembre 2017

Édition(s) : PrincipalePage 3

615 mots

ÉVÉNEMENT

L ouis Maurin, directeur de

l’Observatoire des inégalités est

coauteur du «rapport sur les inégali-

tés en France», paru en juin 2017.

Partagez-vous le constat du «rapport

sur les inégalités dans le monde» se-

lon lequel l’Europe est la région la

moins inégalitaire ?

Prise dans son ensemble, l’Europe de

l’Ouest ne s’en sort pas si mal, c’est

vrai. Mais tout d’abord, ne mélan-

geons pas tout et observons ce qui

est comparable : on ne peut pas com-

parer la France et le Luxembourg.

L’Europe est loin de former un bloc

homogène. L’Angleterre est beau-

coup plus proche des Etats-Unis que

de nous. Inversement, les Etats-Unis

sont regardés comme un tout, alors

qu’il existe de fortes divergences

entre Etats, comme l’ont montré les

dernières élections.

L’Europe gère la question des inéga-

lités de façons diverses ?

Globalement, nous avons un système

européen d’amortisseur des inégali-

tés qui parvient à contenir en partie

les effets négatifs de la montée du

chômage. Mais chaque pays a son

propre modèle. Les pays du nord de

l’Europe restent plus protecteurs. La

France se situe au milieu du gué,

parce que les inégalités de départ

sont fortes - les riches y sont très

riches - mais elle redistribue beau-

coup. Les pays du Sud et le Royaume-

Uni sont plus inégalitaires pour des

raisons différentes, les premiers sont

plus pauvres et nos voisins d’outre-

Manche de tradition moins interven-

tionniste. Enfin, l’Allemagne a laissé

croître fortement la pauvreté des tra-

vailleurs ces dernières années, bien

qu’elle semble changer de camp.

Que faut-il observer de plus pour

mieux appréhender les inégalités ?

Cette question ne peut se découper

en tranches : les inégalités consti-

tuent un système global. Avec, d’un

côté les revenus, mais aussi

l’éducation, l’emploi, la santé, le lo-

gement… Et, de l’autre, des catégo-

ries de population que l’on peut dé-

couper, par exemple, en fonction du

sexe, de l’âge, du milieu social… Les

inégalités se nourrissent entre elles :

celles relatives à l’accès à l’éducation

déterminent largement celles de re-

venus, et réciproquement. Dans un

monde du travail marqué par le chô-

mage de masse, le statut d’emploi est

devenu un marqueur essentiel pour

comprendre les inégalités : il com-

mande la sécurité du revenu dans le

temps. Gagner 1 500 euros en tant

que fonctionnaire, ce n’est pas du

tout la même chose qu’en CDD dans

une PME.

Avec quels risques ?

Les «gourmands» d’aujourd’hui

veulent toujours plus de flexibilité

pour ceux qui sont à leur service. Ce

qui attise de façon considérable les

tensions sociales entre ceux qui ont

des revenus garantis et les précaires.

La précarité n’est pas généralisée :

elle frappe essentiellement les jeunes

de milieu populaire. On l’oublie trop

souvent. Nous devons réduire une

fracture sociale, qui se conjugue avec

les inégalités de génération, de sexe,

d’origine ethno-culturelle, de terri-

toire…

A partir de quel niveau l’inégalité

devient-elle insupportable ?

Tout dépend pour qui ! Arrêtons ce

faux débat sur l’égalitarisme : per-

sonne ne revendique l’égalité des sa-

laires ou des notes à l’école. Le ni-

veau «supportable» est le résultat

d’un rapport de forces dans notre so-

ciété entre des groupes sociaux plus

ou moins bien organisés pour dé-

fendre leurs intérêts. C’est ainsi que

les plus aisés viennent d’obtenir une

baisse énorme de la fiscalité des re-

venus financiers, qui fera gagner 100

000 euros à un contribuable dont les

revenus du patrimoine sont de 400

000 euros, selon nos évaluations. En

permanence, nos sociétés produisent

un discours sur la justice, sur ce que

peut et doit être un bon niveau de

justice sociale. Les plus aisés prônent

le libéralisme (mais pour les autres)

: ils sont les mieux organisés pour

se défendre. Ainsi, le lobby des mé-

decins a un poids incomparable face

aux syndicats qui défendent les cais-

sières… ■

par Vittorio De Filippis

Tous droits réservés Libération 2017

7099830d8db03606c5b31160450a616719c3f69712e004e0d1ce91c

Parution : Quotidienne

Diffusion : 75 824 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 961 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 36

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La France est mieux lotie que la plupart des pays développés

Le revenu moyen du 1 % le plus riche a pourtant progressé de 98 % entre 1983 et 2014,contre 31 % pour le reste de la population

vendredi 15 décembre 2017Page 28

896 mots

LE MONDE ECO ET ENTREPRISE

On a beaucoup glosé sur le

pessimisme des Français. Leur

crainte face à la mondialisation, leur

tendance, selon la formule de

l'économiste Jean Pisani-Ferry, " à

dépeindre systématiquement le gris en

noir ". Dans une enquête réalisée par

France stratégie en 2016, un tiers

d'entre eux s'inquiétait de sombrer

un jour dans la pauvreté. Une dé-

prime d'autant plus paradoxale que

l'Hexagone demeure l'un des Etats

les plus égalitaires au monde. Malgré

un chômage élevé, les antagonismes

sociaux y sont beaucoup moins pro-

noncés qu'aux Etats-Unis, la distri-

bution des revenus plus équilibrée. A

quoi tient le malaise français ?

Certes, relève le rapport sur les in-

égalités publié jeudi 14 décembre

par WID.world, la France est mieux

lotie que la plupart des pays dévelop-

pés. Sur un siècle, la recomposition

a été spectaculaire. En 1900, les 10

% les plus riches captaient la moitié

du revenu national et 85 % du pa-

trimoine. En 2014, ils ne détenaient

plus que la moitié de ce dernier et

un tiers du revenu. Les deux guerres

mondiales ont rebattu les cartes :

plus exposées aux faillites et aux

aléas financiers, les grandes fortunes

se sont étiolées. Parce qu'elle avait

moins à perdre et plus à gagner, la

classe moyenne, auparavant inexis-

tante, a vu le jour. A partir de 1968,

le niveau de vie des plus pauvres s'est

également amélioré. Une tendance

qui a duré jusqu'en 1983. C'est à ce

moment-là que la trajectoire s'est in-

versée.

Avec " le tournant de la rigueur ",

sous le premier quinquennat de

François Mitterrand, les salaires ont

cessé d'être indexés sur les prix.

L'évolution des rapports de force

dans le monde du travail et

l'aggravation du chômage ont creusé

les écarts. Pour une écrasante majo-

rité de Français, les " trente glo-

rieuses " ont pris fin. Pas pour tous

: d'après le rapport, le revenu moyen

du 1 % le plus aisé (un peu plus de

500 000 familles) a progressé de 98 %

entre 1983 et 2014, contre 31 % pour

le reste de la population. Selon les

derniers décomptes, les 50 % les plus

pauvres ne se partagent aujourd'hui

qu'un petit quart du revenu national

et à peine 6,3 % du patrimoine.

La classe moyenne s'est maintenue

essentiellement grâce à la hausse des

prix des logements. Contrairement

aux plus fortunés dont la richesse est,

depuis les années 1990, majoritaire-

ment composée d'actifs financiers,

les 40 % du milieu ont tiré ces der-

nières décennies l'essentiel de leur

prospérité de l'immobilier. Dans les

années 2000, sa valeur a grimpé

beaucoup plus vite que les prix à la

consommation. Mais si cette explo-

sion a entraîné une redistribution de

la richesse pour certains, elle a aussi

aggravé les difficultés d'accès au lo-

gement des autres, les classes popu-

laires et les familles dénuées de pa-

trimoine.

" On ne comprend pas les inégalités en

France, les tensions sociales ou le vote

FN, si on se focalise sur les plus hauts

revenus. Il faut appréhender

l'ensemble, souligner surtout que les

plus pauvres s'appauvrissent ", insiste

Louis Maurin, directeur de

l'Observatoire des inégalités. Pour

corriger le tir, une arme a fait ses

preuves : l'impôt progressif. Après

2012, quand l'exécutif dirigé par Hol-

lande a durci la taxation, les écarts de

fortunes se sont réduits.

Disparités régionales

Mais parce qu'elle a aussi plombé la

reprise, la méthode a ses détracteurs.

" L'impôt progressif est trop punitif ",

estime l'économiste Jean-Marc Da-

niel. Il pousserait les plus fortunés

à plier bagage. Par ailleurs, souligne

Mathieu Plane, de l'Observatoire

français des conjonctures écono-

miques (OFCE), la fiscalité ne joue

qu'un rôle mineur dans la réduction

des inégalités. " Le montant de l'impôt

sur le revenu est cinq fois supérieur à

celui des aides au logement, alors que

ses effets redistributifs sont moindres ",

note le chercheur.

La dépense publique pèse davantage

en raison des coûts de la prise en

charge de l'éducation, de la santé et

des minimas sociaux. L'actuel gou-

vernement rognera-t-il dessus pour

financer ses réformes ? Comment se-

ront compensées la suppression de

l'impôt sur la fortune, l'instauration

d'un prélèvement forfaitaire unique

de 30 % sur les revenus du capital,

la baisse de l'impôt sur les sociétés

et la presque disparition de la taxe

d'habitation ? Quels effets auront ces

mesures sur l'emploi et modèle redis-

↑ 37

Page 38: PANORAMA DE PRESSE - financespubliques.cgt.fr€¦ · matinale de Philippe Martinez sur le site… Page 7 vendredi 15 décembre 2017 Philippe Martinez en visite à Périgueux(278

tributif français ? Il est encore trop

tôt pour le dire.

Les inégalités, de plus, ne

s'apprécient pas seulement en

termes monétaires. Les disparités ré-

gionales, le clivage entre villes et pé-

riphéries, les discriminations liées au

genre, à l'âge, à l'origine… elles aussi

nourrissent le fameux pessimisme

français.

élise Barthet■

par élise Barthet

Tous droits réservés Le Monde 2017

079E437783105E0795521B50F50BD1EA1CB37E91C2810D199FEDD87

Parution : Quotidienne

Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 38

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Face à l'Europe, les Etats-Unis perdent la partie

La fiscalité progressive et un modèle social généreux limitent les écarts de revenus sur leVieux Continent

vendredi 15 décembre 2017Page 29

1012 mots

LE MONDE ECO ET ENTREPRISE

Les Etats-Unis peuvent-ils toujours

se réclamer du rêve américain face à

l'Europe ? La courbe des iné-galités

permet d'en douter, tant celles-ci se

sont creusées plus vite et plus forte-

ment outre-Atlantique au cours des

trente dernières années. En 1980, les

situations étaient comparables, selon

les données colligées par les cher-

cheurs du projet World Wealth and

Income Database (WID. world). Le "

top 1 % " des Américains et Euro-

péens les plus riches détenait alors

environ 10 % du revenu (national ou

régional). Cette part est montée jus-

qu'à 12 % en Europe en 2016… mais

elle a doublé aux Etats-Unis (20 %).

Parallèlement, la part de revenu dé-

tenue par la moitié la plus pauvre de

la population américaine s'est effon-

drée, passant de plus de 20 % à 12,5

%.

Le constat a beau être connu, il n'en

demeure pas moins paradoxal.

D'abord, parce que ces deux zones

ont à peu près la même exposition à

la mondialisation et la même péné-

tration technologique, deux facteurs

invoqués pour expliquer la montée

des inégalités. En sus, comme aime à

le rappeler l'économiste Thomas Pi-

ketty, qui coordonne le projet WID,

les Etats-Unis se sont construits au-

tour d'une tradition très égalitaire.

En opposition, précisément, à une

vieille Europe en butte à de fortes

disparités de classes ou patrimo-

niales. Le système de l'impôt pro-

gressif sur les revenus n'a-t-il pas

d'ailleurs été inventé outre-Atlan-

tique, il y a un siècle ?

Tout a changé au début des années

1980. " C'est l'effet Ronald Reagan ",

explique Alexandre Delaigue, écono-

miste à l'université de Lille-I. Les

baisses d'impôts instaurées par le

président républicain dès 1981 pour

relancer l'économie ont profité aux

plus aisés et ont favorisé l'explosion

des hauts salaires. Jusque-là, les

cadres dirigeants n'avaient guère in-

térêt à réclamer des rémunérations

mirobolantes, puisqu'elles étaient

fortement taxées.

L'Europe de l'Ouest, elle, a dans

l'ensemble conservé la fiscalité plus

progressive instaurée durant les "

trente glorieuses ". Et plus élevée :

les recettes fiscales s'élevaient ainsi

à 37,6 % du produit intérieur brut

en Allemagne en 2016, à 44,1 % en

Suède et à 45,6 % en France, contre

26 % outre-Atlantique. " Cela se tra-

duit par un système de protection so-

ciale et de dépenses plus généreux

qu'aux Etats-Unis ", détaille Zsolt

Darvas, économiste au centre de ré-

flexion Bruegel, sis à

Bruxelles.L'assurance-chômage,

l'accès à la santé et aux aides sociales

limitent efficacement les écarts de

revenus observés avant impôts et

transferts. " En France, 80 % de la ré-

duction des inégalités passe par les dé-

penses publiques, et 20 % par la -fis-

calité ", ajoute Mathieu Plane, écono-

miste à l'OFCE.

Influence de la finance

Le Vieux Continent a profité d'un ef-

fet de rattrapage : lors de leur entrée

dans l'Union européenne, les nou-

veaux membres ont vu leur revenu

moyen converger vers celui des plus

riches. Surtout, les politiques sala-

riales y sont relativement plus favo-

rables aux classes mo-yennes et po-

pulaires. Grâce à une tradition de

dialogue social et au taux de syndi-

calisation encore élevé dans certains

pays – surtout en Scandinavie –, les

Européens sont en meilleure position

que les Américains lors des négocia-

tions avec les employeurs. Et ce,

même si la crise et les politiques de

rigueur ont mis un coup de frein aux

augmentations ces dernières années.

Aux Etats-Unis, un autre catalyseur

d'inégalités est le système éducatif.

Celui-ci peine à assurer sa fonction

d'ascenseur social, en dépit du dis-

cours sur la méritocratie et l'égalité

des chances. Tandis qu'en Europe la

gratuité de l'enseignement prévaut,

les enfants américains issus des mi-

lieux les plus modestes ont difficile-

ment accès à des universités dont les

frais de scolarité ont explosé -depuis

le début des années 1980.

Sans doute faut-il également souli-

gner l'influence de la finance, qui

participe de la montée des inégalités

au moins de deux façons. D'abord,

par la surreprésentation de ce secteur

dans le groupe des très hauts reve-

nus. Ensuite, par le rôle qu'il joue

dans l'enrichissement des plus aisés :

80 % du marché boursier est détenu

par les 10 % les plus riches qui ont

bénéficié, de manière démesurée, de

la hausse des cours des actions ces

dernières années.

↑ 39

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Malgré l'élection, en novembre 2016,

d'un Donald Trump embrassant la

thématique du fossé entre élites et

classes populaires, la tendance

semble partie pour s'aggraver. " Sa ré-

forme fiscale va creuser le déficit et

pousser à raboter les programmes so-

ciaux, sou-ligne Thomas Philippon,

économiste à la New York University.

Il s'agit d'une baisse d'impôt massive

pour le “top 1 %”, entièrement conçue

en faveur des grands donateurs du Par-

ti républicain. " De quoi alimenter la

thèse d'une influence croissante des

plus aisés sur le pouvoir politique,

défendue entre autres par le Prix No-

bel d'économie Joseph Stiglitz.

L'Europe n'est pas non plus à l'abri.

Le vieillissement de sa population et

la concurrence fiscale entre les pays

membres mettent en péril le finance-

ment de son modèle social, d'autant

que la progressivité de l'impôt s'est

dégradée dans certains Etats. Enfin,

les Européens les plus fragiles restent

exposés à d'autres formes

d'inégalités, notamment face à la

mondialisation.

Marie Charrel, et Marie de Ver-

gès■

par Marie Charrel, Et Ma-

rie De Vergès

Tous droits réservés Le Monde 2017

499923628F30F60935CC1940E801D1631B536B9592BD0BAE12C469F

Parution : Quotidienne

Diffusion : 278 790 ex. (Diff. payée Fr.) - © OJD PV 2016/2017

Audience : 2 416 000 lect. (LNM) - © AudiPresse One 2016↑ 40

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" Un risque de désarticulation sociale "

L'économiste américain Branko Milanovic met en garde contre le déclin relatif des classesmoyennes occidentales

vendredi 15 décembre 2017Page 29

1056 mots

LE MONDE ECO ET ENTREPRISE

Rien sans doute ne résume mieux les

changements économiques et les dé-

fis politiques qui ont émergé au cours

de la période actuelle de mondialisa-

tion que le schéma de " la courbe de

l'éléphant " – ainsi nommé en raison

de sa forme. Il permet de visualiser la

répar-tition des individus, d'une part,

sur l'échelle de la distribution mon-

diale des revenus (des plus pauvres

aux plus riches) et, d'autre part, selon

la progression de leurs revenus au

cours des vingt-cinq à trente der-

nières années.

Grâce à cette courbe, on observe que,

pendant la période considérée, la

classe moyenne asiatique a vu ses re-

venus croître de façon sensible, al-

lant, dans certains cas, comme en

Chine, jusqu'à tripler, voire quadru-

pler. En revanche, les classes ou-

vrière et moyenne occidentales sont

certes plus riches que la classe

moyenne asiatique, mais leurs reve-

nus n'ont presque pas augmenté. En-

fin, les gens les plus fortunés de la

planète ont vu leurs revenus et leur

richesse au moins doubler.

Ce graphique a été représenté sous

de nombreuses formes en fonction

des données légèrement différentes

utilisées à chaque fois. Dans la der-

nière version disponible, qui figure

dans le récent World Inequality Report

2018, la progression des revenus des

plus riches est encore plus forte que

ce que l'on avait précédemment esti-

mé.

Le principal message à retenir de

cette courbe est qu'elle désigne clai-

rement les gagnants et les perdants

de la mondialisation. Les gagnants

sont les riches du monde entier et

l'Asie, les perdants, les classes

moyennes occidentales. Celles-ci

sont prises entre les deux feux de la

concurrence et de l'indifférence : la

concurrence des gens les plus formés

et désireux d'effectuer le même tra-

vail pour un moindre salaire, et

l'indifférence de leurs riches compa-

triotes à l'égard de leurs difficultés.

Essayons maintenant d'imaginer à

quoi pourrait ressembler ce tableau

en 2050. Il est peu probable que le

monde riche actuel connaisse dans

les prochaines décennies une crois-

sance comparable à celle des géants

asiatiques comme la Chine, l'Inde, le

Vietnam, la Thaïlande et l'Indonésie.

Ce qui veut dire que la classe

moyenne asiatique va progressive-

ment évoluer vers la droite de la

courbe, autrement dit vers des posi-

tions de plus hauts revenus qui vont

empiéter sur le " territoire " actuel-

lement occupé par les classes

moyennes occidentales.

Dans le classement mondial des re-

venus, les classes moyennes occiden-

tales, qui se situent aux alentours des

80e et 90e centiles mondiaux, vont

amorcer un glissement vers le bas,

cédant leurs positions à une classe

moyenne asiatique en progression. Il

convient de souligner que, pour que

cette redistribution ait lieu, il n'est

pas nécessaire que les revenus occi-

dentaux déclinent. Il suffit qu'ils évo-

luent moins vite que les revenus asia-

tiques. Les riches Occidentaux qui

occupent l'échelon supérieur de la

distribution mondiale des revenus

resteront à la droite du graphique,

mais verront leurs rangs grossir à

mesure que de riches Chinois et Indi-

ens les rejoindront (comme c'est déjà

le cas).

Homogénéité mise à mal

Quelles seront les implications de ce

changement de position relative de

la classe moyenne occidentale ? Pour

le comprendre, il faut tenir compte

du fait que, depuis les années 1950

jusqu'à la fin du XXe siècle, les so-

ciétés occidentales (y compris leurs

classes ouvrières) ont occupé la po-

sition " privilégiée " dans le monde ;

elles se rangeaient dans les échelons

supérieurs de la distri-bution mon-

diale des revenus. Dans de nombreux

pays européens dotés d'Etats-provi-

dence forts, même les plus pauvres

appartenaient au quintile (20 % de la

population) supérieur mondial.

Cela conférait une certaine homogé-

néité de comportement, de consom-

mation et même de pratique poli-

tique aux sociétés occidentales. Or,

si les classes moyennes occidentales

venaient à décliner, cette homogé-

néité serait mise à mal. Prenons un

exemple : il est devenu courant, pour

les membres des couches moyennes

ou même inférieures des sociétés oc-

cidentales, d'aller passer leurs va-

cances en Asie. Mais plus l'Asie

s'enrichit, plus le coût de ces va-

cances va devenir prohibitif, ce qui

veut dire que seuls les Occidentaux

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les plus aisés pourront se les offrir, à

un coût sans doute équivalant à des

vacances actuelles au Japon. Dans un

monde interdépendant où une

grande partie des revenus est consa-

crée aux services, les schémas de

consommation pourraient changer

simplement en raison de l'évolution

de la position relative d'un individu

dans l'échelle des revenus, et pas né-

cessairement en raison de

l'appauvrissement de cet individu.

Les sociétés occidentales pourraient

alors ressembler à celles que l'on

peut actuellement observer en Amé-

rique -latine : une poignée de riches

avec les revenus et habitudes de

consommation des 1 % les plus riches

du monde, une importante classe

moyenne, mais aussi un nombre si-

gnificatif de gens qui, -selon les cri-

tères internationaux, seraient relati-

vement pauvres, avec des revenus in-

férieurs à la médiane mondiale. Les

sociétés occidentales deviendraient

par conséquent beaucoup plus hété-

rogènes, même sans un creusement

supplémentaire de leurs propres in-

égalités de revenus.

Ce qui nous amène à cette question

capitale : des sociétés dans lesquelles

cohabitent des gens aux revenus et

schémas de consommation extrême-

ment différents peuvent-elles rester

stables et démocratiques ? De telles

-sociétés n'auraient-elles pas ten-

dance à exacerber les caractéris-

tiques de ce qui était autrefois consi-

déré comme le fléau du tiers-monde,

à savoir la désarticulation sociale,

avec une couche supérieure prospère

parfaitement intégrée à l'économie

mondiale et des couches inférieures

stagnantes, progressivement dépas-

sées par les classes moyennes des

économies émergentes ? C'est là, me

semble-t-il, la question essentielle

que devraient se poser les respon-

sables politiques des sociétés -riches

actuelles.

(Traduit par Gilles Berton)

par Branko Milanovic ■

par Branko Milanovic

Tous droits réservés Le Monde 2017

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