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les juniors o d e m La dernière édition de la fashion week casablancaise l’a prouvé une fois encore : au Maroc, la mode suscite un réel engouement auprès de jeunes créateurs qui rivalisent d’enthousiasme et d’imagination. Cependant, des présentations au label, le chemin s’apparente au parcours du combattant dans un secteur encore dépourvu de structures complémentaires pour soutenir, professionnaliser et fédérer cette nouvelle génération. État des lieux à travers le portrait de cinq nouveaux talents. Par Éléonore BÉNIT Photographie Yassine EL MANSOURI Stylisme Sarah NADJAR Coiffure et maquillage Ingrid AWAD pour L'INSTITUT CASABLANCA de la 146 | L’OFFICIEL | JUIN 2011

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La dernière édition de la fashion week casablancaise l’a prouvé une fois encore : au Maroc, la mode suscite un réel engouement auprès de jeunes créateurs qui rivalisent d’enthousiasme et d’imagination.

Cependant, des présentations au label, le chemin s’apparente au parcours du combattant dans un secteur encore dépourvu de

structures complémentaires pour soutenir, professionnaliser et fédérer cette nouvelle génération. État des lieux à travers le portrait

de cinq nouveaux talents.

Par Éléonore BÉNITPhotographie Yassine EL MANSOURIStylisme Sarah NADJARCoiff ure et maquillage Ingrid AWAD pour L'INSTITUT CASABLANCA

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Aujourd’hui créateur et président de l’Association marocaine des créateurs de mode (AMC Mode), Bechar El Mahfoudi est en 2005 l’un des premiers à tenter de fé-dérer les diff érents acteurs du renouveau de la mode maro-caine. "Tout le challenge était de les convaincre qu’une autre voie que celle du caft an était possible."

En les persuadant de créer une collection de prêt-à-porter, il parvient à rassembler quelques amis stylistes jusqu’alors spé-cialisés dans le caft an sous une nouvelle bannière, le Collectif des jeunes créateurs. Imprégnés du savoir-faire traditionnel mais débarrassés de l’ombre du "roi Caft an" ou de la djellaba revisitée, ils osent. L’année suivante, avec Jamal Abdenassar, actuel président de l’évènement, il lance Festimode, la pre-mière plateforme dédiée à la création marocaine contem-poraine. Sur le modèle des fashion weeks internationales, l’événement propose de “pousser les créateurs à se débar-rasser de leurs référents culturels surexploités pour exprimer leur talent de manière nouvelle et avant-gardiste”. Aux côtés des créateurs marocains confi rmés - Nouredine Amir, Saïd Mahrouf, Amel Bouazizi, Hicham Oumlil en tête -, le défi lé Émergence, instauré dès la deuxième édition, devient aussi une tribune pour les très jeunes talents installés au Maroc ou revenus de l’étranger  : Amine Bendriouich, Ghita Las-krouif, Widad Anoua, Ahmed Taoufi ki, Mima Bennani…

Seulement, qu’en est-il une fois l'événement terminé ? Com-ment passer de la création à la production ? Du prototype à la collection ? Sylvie Richoux, directrice du développement de Casa Moda Academy, l’école supérieure de création et de mode inaugurée il y a un an à Casablanca, explique : "La pla-teforme qu’off re Festimode aux talents émergents est précieuse et indispensable. Mais ils doivent ensuite être encouragés, sou-tenus moralement, professionnellement et fi nancièrement par un réseau de distribution et des investisseurs. S’engager dans la création est un sacerdoce, les élus sont peu nombreux." Qu’ils soient jeunes ou confi rmés, créateurs ou jeunes talents, l’ave-nir est soumis aux mêmes défi s qu’ailleurs. Multiplier les pas-serelles, faciliter le lien entre artisans, créateurs, fi nanciers, industriels, acheteurs, distributeurs et médias s’avère capital. Des conditions idéales loin d’être aujourd’hui réunies, qui constituent pourtant l’horizon vers lequel tendent de plus en plus d’acteurs de la planète mode. Maryline Bellieud-Vigou-

roux, conseiller extérieur et mécénat auprès du président de la Maison méditerranéenne des métiers de la mode (MMMM), est l’un de ces acteurs militants. "Beaucoup a déjà été fait avec la création de l’école Casa Moda Academy, et le rapprochement entre l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) et l’AMC Mode." Pour preuve, la Mai-son de la création, l'une des entités de la MMMM, sélectionne depuis deux années consécutives plusieurs créateurs du bas-sin méditerranéen, dont un Marocain. Créée pour former, fédérer, révéler et accompagner des entrepreneurs de mode installés de part et d’autre de la Méditerranée (Amina Aguez-nay en 2010, Art/C cette année pour le Maroc), l’association joue un rôle actif dans la professionnalisation des créateurs marocains.

Associations, école de mode, institutions publiques, la dyna-mique semble en marche, mais qu’en est-il de la synergie ? À l’image de la France par exemple, le Maroc ne devrait-il pas se doter d’un groupe de réfl exion, piloté par les principaux ac-teurs du secteur ? Les prémices d’une Fédération nationale de la mode ? Telle est l’idée lancée par Karim Tazi, créateur de la première franchise marocaine internationale Marwa, et vice-président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (Amith). Pour lui, il reste encore beaucoup à faire. "S’appuyant sur une “ fabrique de talents” comme Casa Moda Academy, le Maroc doit se doter d’une réelle vision et de 2 ou 3 créateurs-locomotives capables de rayonner à l’in-ternational. L’avenir passera indiscutablement non pas par l’émergence d’une “mode marocaine” mais par l’avènement de “business models” marocains." D’autant que “le Maroc pos-sède aussi un atout déterminant  : son savoir-faire ancestral. En Europe, le champ de la création est saturé, ici, le terrain est vierge. Approprions-le-nous, au risque de se le faire voler par des créateurs étrangers bien inspirés”.

Dans les pages qui suivent, nous dressons le portrait d'une poignée de jeunes créateurs. Ils auraient pu être une dizaine, nous n'en avons retenu que cinq. Mais qu'il en aille de ceux-ci comme des autres, la question demeure : quel avenir pour les jeunes créateurs au Maroc ? "La création est là, la presse spé-cialisée aussi, le Royaume encourage l’éducation à la mode. L’Amith développe de nombreux programmes de soutien. Tous les éléments sont réunis pour asseoir une économie et un sys-tème de la mode dans notre pays", affi rme Sylvie Richoux. Sou-haitons qu'elle ait raison, et qu'une véritable fi lière mode voie le jour rapidement.

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BECHAR EL MAHFOUDI, président de l'AMC Mode.

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yasmine HADHOUMI

la décalée Parcours et formation ?

Un diplôme de communication puis de scénarisation ciné-matographique, avant d’enchaîner les tournages en tant que directrice de production freelance. Depuis le mois d’octobre, elle présente tous les samedis Fashion Buzz, l’émission 100 % mode de Médi1Sat.

Le déclic ?Depuis toute petite, elle coupe, accessoirise et fabrique ses propres vêtements. En 2009, après six mois d’hospitalisation qui la maintiennent immobilisée, elle réoriente sa carrière, multiplie les stylismes pour plusieurs magazines féminins et commence à élaborer quelques prototypes. Depuis moins d’un mois, elle commercialise sa marque Little Bohemian dans le corner mode de L’Institut Casablanca.

Son style ?Bohème, rock et vintage. De trois robes dénichées ici et là, Yasmine ne fait qu’une seule et même pièce… d’un pantalon un short, de deux vestes une seule.

Ses inspirations ?Elle-même, ses désirs de “femme bohème”, ce qu’elle aime-rait porter et qu’elle ne trouve pas. Ce qu’elle chine dans les immenses friperies aussi, notamment à Koréa à Casablanca, Dallas à Hay Hassani et Casabarata à Tanger.

Sa première collection ?Une trentaine de pièces uniques, réalisées en collaboration avec la jeune styliste Ghitta Laskrouif, vendues à prix acces-sibles. Beaucoup de robes longues, de vestes, de jupes over-sized et de petits shorts à frous-frous.

Ses motifs et matières ?Le cuir et le denim, les broderies anciennes, les volants, le co-ton.

Ses références ?De Manoush à Isabel Marant en passant par Marithé + Fran-çois Girbaud et Balmain.

La suite ?À 35 ans, elle voudrait concevoir une deuxième collection, ne plus faire que ça et en vivre.

Ci-dessus : Yasmine Hadhoumi. À gauche

et ci-dessous, deux modèles de la

première collection Little Bohemian.

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Veste en cuir et fourrure synthétique. Short en jean à volants

de soie LITTLE BOHEMIAN.

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mehdi KHESSOUANE

l’écofriendlyFormation ?

Diplômé de l’École supérieure des beaux-arts de Casa-blanca en architecture et design, ce jeune homme de 22 ans travaille depuis un an au sein d’un cabinet d’architec-ture. En parallèle, Mehdi réfl échit à un projet écologique, un centre de recherche et de développement où scienti-fi ques, créateurs et penseurs se réuniraient autour de la question du réchauff ement climatique.

Le déclic ?Il y a un an, lorsque son projet de fi n d’études encadré par la créatrice et architecte Amina Agueznay est retenu pour la 5e édition de Festimode dans la sélection Talents Émergents.

Son style ?Conceptuel, à la lisière de l’architecture, de la mode et du design.

Ses inspirations ?La nature, l’écologie, le réchauff ement climatique, le dé-veloppement durable.

Sa dernière collection ?Une petite ligne de prêt-à-porter et d’accessoires pour homme et femme présentée lors de la dernière édition de Festimode à Casablanca. Moins conceptuelle que la précé-dente, plus portable aussi, Mehdi poursuit néanmoins sa réfl exion sur l’écologie. Dernier thème en date, la “guerre ” que se livrent l’homme et la nature avec, en trame de fond, le désir qu’un jour les deux parviennent à cohabiter en har-monie.

Ses matières ?Naturelles ou organiques comme le lin, le raphia, le corail, le cuir, le bois ou le daim, toujours associées à des matières issues de la nature mais crées par l’homme comme le lycra, dérivé du pétrole.

Ses références ?John Galliano, Hussein Chalayan, Amina Agueznay et Saïd Mahrouf.

L’avenir ?À l'issue de son dernier défi lé, un acheteur important pour un multistore international bientôt présent à Casablanca l’aurait approché. Partenariat en vu ? Aff aire à suivre…

Son rêve ?Créer un label way of life, une marque multidirectionnelle où vêtements, objets design et meubles déclinés sur le même thème composeraient un art de vivre global.

Le 14 mai dernier, Mehdi Khessouane (ci-dessus) défi lait pour la deuxième

fois dans la catégorie Talents Émergents

de Festimode Fashion Week.

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Top en lycra à anneaux de raphia, jupe en lin à franges en cuir et

foulard en lin MEHDI KHESSOUANE. Sandales en cuir MARNI

chez TRÈS CONFIDENTIEL.

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siham sara CHRAÏBI

la nostalgique Formation ?

Diplômée de l’École nationale d’architecture de Ra-bat, elle obtient un DEA en philosophie et architecture à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-La Villette. Passionnée par la mode depuis toujours, Siham conçoit le corps et l’habit comme un prolongement de la discipline architecturale.

Le déclic ?Au printemps dernier, elle lance une première ligne de caft ans conceptuels – dont certains ont été portés par l’équipe du fi lm Sur la planche de Leila Kilani au dernier Festival de Cannes – avant de déposer sa candidature pour la 6e édition de Festimode. Séléctionnée dans la ca-tégorie Talents, elle retient l’attention avec une dizaine de tenues inspirées des femmes fatales des années 30 et 40.

Son style ?Des courbes sobres et épurées, des lignes graphiques et des silhouettes pures.

Ses inspirations ?La cour des princes russes ou arabes, les cabarets du Caire des années 30 et les icônes du cinéma en noir et blanc. Un partage d’exotismes entre Orient et Occident

de Ra-hitectureParis-Las, Sihament de la

ligne dertés par

u dernier didaturens la ca-zaine de0 et 40.

hhihhhhhhhhh ques et

empreint d’infl uences anglaise, ottomane et slave.Sa première collection ?

Une ligne de robes, tailleurs-pantalon, corsages, manteaux et capes inspirée des héroïnes de l’entre-deux-guerres. Baptisée Orient Express Stardust, la collection retrace le voyage imaginaire de créatures féminines au corps struc-turé et aux formes saillantes, de Paris à Istanbul, du Caire à Casablanca. Débarrassées de leurs corsages, elles rivalisent avec les hommes et n’hésitent pas à leur emprunter leurs attributs militaires, leurs pantalons larges, leurs épaulettes viriles. Mieux, elles exhibent leurs muscles saillants cousus au fi l d’or, féminité oblige.

Ses couleurs et matières ?Le blanc, le rouge sang, le vert émeraude. Des matières nobles comme le cachemire, la soie, les plumes de paon ou le fi l d’or.

Ses références ?Paul Poiret, Elsa Schiaparelli et Madeleine Vionnet.

Ses icônes ? Faouzia d’Egypte, Greta Garbo, Marlene Dietrich, Ava Gardner.

L’avenir ?Créer une marque de luxe au Maroc ou en France, peu im-porte, quitte à repenser ma carrière d'architecte.

Pour concevoir ses modèles, Siham Sara

Chraïbi, 28 ans, dessine d'abord un croquis à l'aide d'un

logiciel d'architecture (ci-dessus et à

droite), avant de confectionner le

prototype (à gauche).

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Robe en soie blanche à épaulettes et ceinture travaillées au galon d'or

SIHAM SARA CHRAÏBI. Sandales en cuir verni à plateformes

en bois BARBARA BUI chez COSMOPOLITE.

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nisrine HARRAKAT

l’Orientale Formation ?

Actuellement en première scientifi que, Nisrine est la ben-jamine de nos juniors de la mode. Quand elle aura ter-miné ses études secondaires, elle compte bien s’envoler pour Paris où Beyrouth et rallier les rangs d’une grande école de mode.

Le déclic ?Dans la famille de Nisrine, la mode a toujours été om-niprésente. Sa mère et sa grand-mère sont de vraies mo-deuses. Comme elle le lance avec détermination, chez elle, “c’est génétique”. Il y a six mois, elle décide de prendre des cours du soir dans un petit atelier de couture. Là ou dans sa chambre, sur une petite machine à coudre, elle s’initie à la broderie et s’essaye au patronage.

Son style ?À son image : fusion. À mi-chemin entre le Maroc et le Liban dont une partie de sa famille est originaire.

Ses inspirations ?L’imagerie de l’Orient surtout et avant tout. Ses amies ly-céennes aussi.

Sa première collection ?Une vingtaine de modèles. Des robes fl uides et élégantes, des sarouals revisités et des vestes très colorées. Une multi-tude de petits clins d’œil au Liban comme ce sarouel taille haute, mais aussi au Maroc, avec une réappropriation twis-tée des ceintures de caft an.

Ses motifs et matières ?Des tissus qu’elle rapporte d’Italie comme le crêpe de soie, le tulle et le brocard. D’autres, d’inspiration plus ethnique, qu’elle achète au Sénégal ou au cours de ses voyages.

Ses références ?Manoush mais aussi Jean-Paul Gaultier, Dsquared2, Elie Saab et Chloé.

Son rêve ?Forger son style et lancer sa propre marque.

À seulement 16 ans, Nisrine affi che déjà un

style très affi rmé. Ci-dessous : saroual et

robe ceinturés à la façon d'un caft an.

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Robe en jersey et mousseline de soie NISRINE HARRAKAT.

Sandales en daim à talon en bois JIMMY CHOO chez

COSMOPOLITE.

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safae BENNOUNA

la rêveuseParcours et formation ?

Un master en entreprenariat et une maîtrise en fi nance d’entreprise à l’université Paris Dau-phine. Un univers bien éloigné de celui de la mode mais fort utile pour lancer sa marque. Une première exposition à la Galerie Arcanes à Rabat en juin 2009, et déjà quelques collabo-rations avec l’Institut Goethe de Casablanca qui a mis ses vêtements en scène.

Le déclic ?Il y a un peu plus de 3 ans. Après une longue période de réfl exion, elle entreprend de lancer sa propre griff e, He.Do, en parallèle de son activité professionnelle dans le secteur bancaire.

Son style ?Sensuel et féminin, à la lisière du style contemporain et du savoir-faire traditionnel ma-rocain. Beaucoup de robes, à porter de jour comme de nuit. Des coupes urbaines, des poches de pantalons militaires, des jupes à pinces mais amples.

Ses inspirations ?La vie, les personnes qui l’entourent ou les héroïnes des temps modernes comme pour cette robe rose pâle esprit tutu inspirée de celle que Carrie Bradshaw porte dans le générique de la série Sex And Th e City.

Ses coupes et matières ?Des robes ajustées, des matières soyeuses. Beaucoup de tulle, de soies qu'elle importe d'Italie.

Ses références ?La mode à l’italienne, celle qui sublime et met en avant le corps, comme pour lui demander de prendre son temps et d’entrer en contact avec ses propres courbes, son for intérieur, sa poésie intime.

Ses icônes ? La chanteuse folk Hindi Zara, parce qu’elle incarne l’absolue sensualité de la femme arabe, une profonde richesse intérieure teintée de légèreté et d’insouciance.

Sa marque ?He.Do pour “hédonisme”, parce qu’il est toujours bon de se souvenir que la vie n’est pas seulement une longue course eff rénée mais aussi une multitude d’instants à saisir, surtout le matin, seule face à sa penderie.

Le futur ?Poursuivre le chemin parcouru depuis trois ans, peaufi ner l’identité de sa marque et pour-quoi pas un jour ouvrir une boutique en nom propre.

Safae, 31 ans, dans un bustier en soie de sa

création.

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Bustier en soie et jupe en tulle HE.DO.

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