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187 La filière liège française par Renaud PIAZZETTA Contexte général Le principal problème auquel se trouve confrontée la filière subéri- cole française est le faible degré de gestion des suberaies, qui tire son origine de la chute des cours du liège qui s’est manifestée chez nous dès la première moitié du XX e siècle, face à l’arrivée sur le marché métropo- litain des lièges maghrébins (alors colonies ou protectorats français) puis ibériques (portugais surtout). Faute de débouchés économiques pour leurs lièges, les propriétaires subériculteurs, majoritairement pri- vés, n’ont alors plus eu les moyens d’investir dans leurs forêts et se sont peu à peu détournés de leurs suberaies, abandonnant ainsi leur gestion. Cette situation, observée à des degrés d’intensités variables selon les régions, s’est parfois infléchie voire même inversée au début des années 1990, grâce à une hausse des cours mondiaux du liège, qui s’est accompagnée dans nos territoires méditerranéens de la réalisation d’aménagements de défense des forêts contre les incendies (pistes, points d’eau, débroussaillements) qui ont permis de « redécouvrir » la ressource liège, et d’engager des travaux de remise en production, généralement ciblés sur les secteurs les plus stratégiques de ce point de vue-là. Nous bénéficions toujours de cette fragile dynamique à l’heure actuelle, cependant mise à mal par la volatilité des cours du liège et les exigences croissantes de la part des industriels. Alors que la France représente le premier marché mondial pour les bouchons de liège, la filière subéricole française reste mauribonde. Dans cet article, l’auteur analyse la situation dans les quatre régions subéricoles françaises : Var, Corse, Pyrénées-Orientales, Aquitaine et décrit les efforts entrepris pour structurer la filière liège française dans le contexte actuel. Journées techniques du liège forêt méditerranéenne t. XXXV, n° 2, juin 2014

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La filière liège française

par Renaud PIAZZETTA

Contexte général

Le principal problème auquel se trouve confrontée la filière subéri-cole française est le faible degré de gestion des suberaies, qui tire sonorigine de la chute des cours du liège qui s’est manifestée chez nous dèsla première moitié du XXe siècle, face à l’arrivée sur le marché métropo-litain des lièges maghrébins (alors colonies ou protectorats français)puis ibériques (portugais surtout). Faute de débouchés économiquespour leurs lièges, les propriétaires subériculteurs, majoritairement pri-vés, n’ont alors plus eu les moyens d’investir dans leurs forêts et sesont peu à peu détournés de leurs suberaies, abandonnant ainsi leurgestion. Cette situation, observée à des degrés d’intensités variablesselon les régions, s’est parfois infléchie voire même inversée au débutdes années 1990, grâce à une hausse des cours mondiaux du liège, quis’est accompagnée dans nos territoires méditerranéens de la réalisationd’aménagements de défense des forêts contre les incendies (pistes,points d’eau, débroussaillements) qui ont permis de « redécouvrir » laressource liège, et d’engager des travaux de remise en production,généralement ciblés sur les secteurs les plus stratégiques de ce point devue-là. Nous bénéficions toujours de cette fragile dynamique à l’heureactuelle, cependant mise à mal par la volatilité des cours du liège et lesexigences croissantes de la part des industriels.

Alors que la France représentele premier marché mondialpour les bouchons de liège,

la filière subéricole françaisereste mauribonde.

Dans cet article, l’auteur analysela situation dans les quatre

régions subéricoles françaises :Var, Corse, Pyrénées-Orientales,

Aquitaine et décrit les effortsentrepris pour structurer

la filière liège françaisedans le contexte actuel.

Journées techniques du liège

forêt méditerranéenne t. XXXV, n° 2, juin 2014

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Journées techniques du liège

Gestion des suberaies

Bien que le traitement en futaie irrégu-lière soit souvent prôné par les gestion-naires, l’itinéraire technique le plus souventobservé est celui de la futaie régulière (c’estnotamment le cas des plantations de chênes-lièges réalisées dans les régions méditerra-néennes à la fin du XIXe siècle en remplace-ment des vignes alors dévastées parl’épidémie de Phylloxera) :– plantation à une densité comprise entre

400 et 625 tiges/ha (espacement de 4 à 5 m) ;– démasclage (mise en production par

récolte du liège mâle) quand les chênes-lièges atteignent une circonférence de 70 cm(soit vers l’âge de 25 à 35 ans) ;– levée du liège de première reproduction

10 à 15 ans plus tard ;– levée du liège de reproduction propre-

ment dit (liège femelle) après un nouveaucycle de 10 à 15 ans, puis levées successivestoujours selon le même cycle ;

– après 10 à 15 récoltes (selon l’état phyto-sanitaire du peuplement) : fin de l’exploita-tion et régénération.Il est cependant rare qu’un cycle d’exploi-

tation se déroule de la sorte sans heurts surune période aussi longue ; il y a souvent desévénements qui viennent contrecarrer cet iti-néraire : incendies, successions, variationsdes cours du liège…

Liège et biodiversité

La subériculture consiste à cultiver leschênes-lièges en conservant les arbres surpied dans un bon état phytosanitaire, afin deles exploiter cycliquement, tous les 10 à 15ans dans nos régions méditerranéennes.Cela donne des peuplements qui peuventdevenir très vieux (plus de 150 ans), quiconstituent des habitats d’une exceptionnellebiodiversité, recherchés par de nombreusesespèces animales et végétales, ce qui leur avalu d’être reconnu comme Habitat d’intérêtprioritaire par l’Union européenne dans lecadre du réseau Natura 2000.Il a également été démontré que les sube-

raies gérées (exploitées) avaient de meilleurscapacités de stockage de carbone : ellesfixent en effet 2,4 à 4 fois plus de CO2 que lessuberaies non gérées (source : Fédérationfrançaise du liège, 2013). De plus le chêne-liège a la capacité de survivre aux incendiesde forêts, ce qui lui permet de reconstituerun environnement forestier quelques annéesaprès le passage du feu, d’où son intérêtdans les politiques d’aménagement du terri-toire liées à la défense des forêts contre lesincendies.

Fig. 1 :Distribution mondiale

du chêne-liège(2 265 000 ha)

Photo 1 :Suberaie traitée

en futaie régulière,exploitée en 2011

Photo IML

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Des situations disparatesselon les régions

Variable selon les régions françaises, lasanté de la filière liège est intimement liéeau degré de structuration des propriétaireset à la présence ou non de débouchés (d’ache-teurs).Dans les Pyrénées-Orientales, une

Association syndicale libre (ASL) de gestionforestière « la Suberaie Catalane » a étécréée fin 2002, qui regroupe aujourd’hui 87propriétaires pour 2 260 ha de forêts. Sonrôle est de réaliser des travaux de rénovationde la suberaie (remise en production) enmobilisant pour cela les financementspublics disponibles, et de commercialiser leliège de ses propriétaires adhérents. Sa créa-tion est consécutive à une étude sur larestructuration foncière de la suberaie cata-lane menée dans le cadre de la réalisation dela Charte forestière de territoire (CFT) de lasuberaie des Albères et des Aspres, portéepar le Pays Pyrénées-Méditerranée, qui futune des dix premières CFT signées enFrance.L’animation et le fonctionnement de l’asso-

ciation sont assurés conjointement par unexpert forestier (bureau d’étude AEF), quiassure également la maîtrise d’œuvre destravaux réalisés chez les membres de l’ASL,et par l’Institut méditerranéen du liège.Depuis 2004, l’ASLGF a ainsi commercialiséprès de 380 tonnes de liège femelle et réhabi-lité plus de 800 ha de suberaies, pour unmontant de travaux réalisés qui atteignait837 000 € fin 2012. En 2012, l’ASL SuberaieCatalane a signé un contrat d’approvisionne-ment de 5 ans avec le bouchonnier françaisDIAM bouchage pour la fourniture d’unequantité annuelle de liège de 50 tonnes, quipermet à l’ASL de rétribuer le liège aux pro-priétaires entre 0,50 et 0,90 €/kg sur pied(selon sa qualité), le liège étant ensuiteenvoyé en Espagne pour sa transformation.Il est à noter que depuis 2010, le liège vendupar l’ASLGF bénéficie de la certificationPEFC, dont l’Institut méditerranéen du liègea rédigé le cahier des charges d’exploitationen 2009, validé au niveau national par PEFCFrance en 2013.Dans le Var1, une ASLGF est également

en fonctionnement depuis 1991. Créée suiteaux grands incendies de 1989 et 1990, elleregroupe aujourd’hui 223 propriétaires pour

environ 10 000 ha en gestion, et emploietrois salariés. Le contexte y est particuliercar depuis le début des années 2000 la sube-raie varoise a souffert de plusieurs pro-blèmes (phytosanitaires, incendies de 2003)qui ont gravement nuit aux potentialités pro-ductives du massif, aussi bien qualitative-ment que quantitativement.Devant les faibles proportions de liège de

qualité bouchonnable disponibles en forêt,les subériculteurs sont donc actuellementplutôt dans une réflexion sur commentremettre en production ces forêts, commentles régénérer, et comment valoriser les liègesde basse qualité, par la production de granu-lés notamment. À noter enfin que le dépar-tement du Var est le seul où se trouve uneproportion significative de suberaies enforêts publiques (communale et domaniale)gérées par l’Office national des forêts.En Aquitaine, l’association Le Liège

Gascon a été fondée par des industriels dusecteur de Soustons (Landes) qui désiraientredévelopper une filière locale, afin de neplus être totalement dépendants des liègesportugais, après plus d’une quarantained’années de cessations totale des récoltes deliège. Après une phase et de structuration etd’inventaire de la ressource, des leveurs deliège ont été formés par l’Institut méditerra-néen du liège pour le compte de la coopéra-tive forestière locale en 2007, et depuis lors,l’association exploite une dizaine de tonnesde liège tous les ans, qui sont transforméeslocalement, ce qui constitue en soit une origi-nalité par rapport aux autres régions subéri-coles françaises. Cette démarche s’est vue

Journées techniques du liège

Photo 2 :Repousses d’un chêne-liège après incendiePhoto IML

1 - Cf. Article suivant

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soutenue par la labellisation en tant quePôle d’Excellence Rurale d’un projet de« Développement de la filière liège enMaremne et Marensin » porté par le PaysAdour Landes Océanes. Longtemps ignoré, lechêne-liège est ainsi en train de retrouverune place aux côtés du pin maritime dans lemassif landais, autour des deux pôles histo-riques de la subériculture aquitaine que sontle soustonnais dans les Landes, et le néra-cais en Lot-et-Garonne.La Corse représente un important poten-

tiel subéricole avec près de 35 000 ha desuberaies, principalement en Corse-du-Sud.La situation de la filière y est rendue difficile

par un contexte foncier comprenant de trèsnombreuses indivisions, et par l’absencequasi totale de filière locale de transforma-tion. Le liège récolté dans les forêts corsespart traditionnellement vers la Sardaignevoisine, bien pourvue en industries de trans-formation, même s’il semble que les ache-teurs sardes soient moins présents sur lemarché ces derniers temps. L’implication despropriétaires forestiers y est cependant forte,avec une dynamique soutenue par le CRPFde Corse, au travers de l’organisation de for-mations à destination des propriétairesforestiers et des exploitants.

Une filière industrielledynamique mais incomplète

Il faut savoir qu’aujourd’hui, les transfor-mateurs français de liège ne sont plus — àde très rares exceptions près — que des finis-seurs et/ou des distributeurs. C’est-à-direqu’ils s’approvisionnent en produits finis ousemi-finis auprès de fournisseurs ou defiliales, souvent situés au Portugal. Cettesituation n’est pas nouvelle (ce mouvement adébuté dans les années 1950, et parfoismême avant) mais représente une difficultépour l’écoulement de la production forestièrelocale, qui doit, dès lors, trouver des ache-teurs à l’étranger (Espagne, Sardaigne).Le liège est un matériau naturel qui a de

multiples utilisations pour lesquelles il n’estsouvent pas substituable. Sa principale valo-risation économique repose actuellement surle secteur du bouchage des vins. En effet,même si la part du bouchon ne constituegénéralement au mieux que 10 à 20 % desrécoltes en volume, il représente en revanche80 à 90 % de leur valeur économique. Dansce secteur pourtant fortement concurrencé,le grand public se montre très majoritaire-ment attaché au liège (près de 90 % d’opi-nions favorables en France – étudeFédération française du liège) et sa part demarché est d’environ 73 % (APCOR, 2007). Ilest d’ailleurs intéressant de constater que lebouchage plastique, après avoir gagné duterrain pendant des années, est aujourd’huien régression, se stabilisant sous les 20 % depart de marché, essentiellement pour desvins à rotation rapide (6 mois à 1 an), lereste du marché étant occupé par la capsuleà vis en aluminium. Il faut y voir les fruits

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Journées techniques du liège

Photo 3 :Jeune plantation

de chênes-lièges dans leLot-et-Garonne (47).

Photo 4 :Levée de liège en Corse.

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des investissements réalisés par les indus-triels pour améliorer les processus de fabri-cation du bouchon et pour développer desprocédés de transformation innovants per-mettant d’éradiquer tout risque de déviationorganoleptique. Il existe donc une réelledynamique favorable au liège, soutenue parl’interprofession au niveau national(Fédération française du liège) et européen(CE Liège).Le liège a également un rôle majeur à

jouer dans le secteur des économies d’éner-gies : il s’agit en effet d’un des matériauxd’isolation les plus efficaces pour le bâti-ment, et probablement le plus écologique, car100 % naturel (sans colle, les granulés deliège s’agglomèrent par chauffage grâce àleur propre résine, la subérine). Le liège futd’ailleurs choisi par le Portugal comme revê-tement extérieur de leur pavillon lors de l’ex-position universelle de Shanghai, ou commerevêtement de sol par l’architecte chargé dela réalisation de la Sagrada família àBarcelone.Cette filière est d’autant plus intéressante

qu’elle permet de valoriser le liège mâle, inu-tilisable dans le secteur du bouchon, maisdont le prix d’achat est encore malheureuse-ment inférieur à son coût d’exploitation(récoltes déficitaires).

Enjeux et perspectives

Les enjeux majeurs de la filière pour l’ave-nir seront de conforter la place du liège dansle secteur du bouchage, qui représenteaujourd’hui la principale valorisation écono-mique de la suberaie, et de développer sesautres utilisations, qui sont multiples et dif-ficiles à détailler ici, mais pour lesquelles lesperspectives de croissance sont réelles (isola-tion, décoration, industrie, aérospatiale…).En France, les principaux défis sont de

maîtriser le foncier forestier, souvent mor-celé et de faible superficie, afin d’optimiserles investissements et de rationaliser l’ex-ploitation des suberaies, ainsi que de trouverdes marchés pour les lièges de faible qualité,qui dans certains massifs représentent lamajorité de la production, et qui ne sont pasutilisables dans le secteur du bouchage. Unepiste d’action serait de travailler sur desfilières courtes, impliquant la mise en placed’unités légères de première transformation

du liège qui font défaut sur la plupart desrégions productrices.Le lien avec la politique de défense des

forêts contre les incendies est évident, lessuberaies représentant à la fois les peuple-ments les plus exposés à l’aléa feu de forêt depar leur répartition géographique, maisaussi la meilleure barrière face au feu quandelles sont traitées sous la forme d’aménage-ments sylvopastoraux (coupures de combus-tible).Enfin, pour faire face au vieillissement des

peuplements et afin d’engager la régénéra-tion des suberaies, dans un contexte généralde changement climatique, il apparaît pri-mordial que le chêne-liège puisse dans unavenir proche, non seulement bénéficierd’aides publiques pour l’amélioration sylvi-cole, mais aussi d’aides au boisement,notamment par l’accès aux crédits FEADER.Cela permettrait au chêne-liège de se posi-tionner en tant qu’essence de boisement desterres agricoles libérées par la déprise viti-cole dans les régions méditerranéennes, ouencore d’amener une diversification de l’offreforestière dans le cas du massif landais, cequi conforterait ainsi la place de la Francedans le monde subéricole, elle qui est déjà,rappelons-le, le principal marché mondialpour les bouchons.

R.P.

Journées techniques du liège

Photo 5 :Bande de liège « tubée »pour la fabricationde bouchons en liègenaturelPhoto IML

Photo 6 :Pavillon du Portugal àl’exposition universelle deShanghai, entièrementrevêtu de liègePhoto planeteliege.com

Renaud PIAZZETTAInstitutméditerranéendu liège23, route du Liège66490 VIVÈSTél. : 04 68 83 39 83Email : [email protected]

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Journées techniques du liège

The cork oak industry in France

France can easily be seen as a “dwarf” in an economic sector that is dominated by Portugal and Spainwho together represent at a worldwide level more than 60% of cork oak forest and more than 80% ofproduction (APCOR, 2012). Yet France as a country of the cork oak can boast a rich past beginning inthe 18th century in Gascony (S.-W. France) and the Roussillon (French Catalonia), followed on in the 19th

century by the administration of the cork oak forests in her colonies and protectorates in North Africaand, despite a difficult economic context, down to the present day in her cork oak regions (Var,Corsica, Roussillon/Eastern Pyrenees, Aquitaine/Gascony).These difficulties -inadequate industrial facilities for transformation, high labour costs, dispersed land-holding pattern- have led the French cork industry to restructure itself, not only upstream (cork oakforestry professionals) but also in the post-harvest sector (bottle corks), by setting up professionalorganisations and implementing innovative measures. The whole industry is at a crossroads, confrontedby multiple problems not the least of which is the risk of forest fires, a paramount issue for allMediterranean forestry professionals.

Resumen

Résumé

Summary

La France fait volontiers figure de « nain » dans un secteur dominé par le Portugal et l’Espagne, cesderniers représentant à eux deux plus de 60 % des superficies de suberaies et plus de 80 % de la pro-duction mondiale de liège (APCOR, 2012). Néanmoins, elle dispose d’une riche histoire subéricole, quia commencé au XVIII e siècle en Gascogne et dans le Roussillon, qui s’est poursuivie par l’administrationdes suberaies des colonies et protectorats d’Afrique du Nord au XIXe siècle, et qui se perpétue de nosjours au sein des régions productrices (Var, Corse, Pyrénées-Orientales, Aquitaine) malgré un contexteéconomique difficile.Ces difficultés (tissu industriel de transformation incomplet, coûts de main d’œuvre élevés, morcelle-ment foncier…) ont poussé la filière liège française à se structurer, tant dans sa partie amont (les subé-riculteurs) qu’aval (les bouchonniers), par la création de structures professionnelles et la mise en œuvred’actions innovantes. Elle se trouve à la croisée de multiples enjeux, dont un, primordial pour les fores-tiers méditerranéens, qu’est le risque feu de forêt.N’oublions pas enfin que la France, de par sa production viticole, représente le premier marché mondialpour les bouchons de liège.

El sector del corcho francésFrancia figura como un “pequeño” en un mercado dominado por Portugal y España, que representanmás del 60% de la superficie de alcornocales y más del 80% de la producción mundial de corcho(APCOR,2012). Sin embargo, tiene una rica historia suberícola, que comenzó en el siglo XVIII enGascogne y en el Roussillon, que fue continuado por la administración de los alcornocales de las colo-nias y protectorados de África del Norte en el siglo XIX, y que continua hoy en día en las regiones pro-ductoras (Var, Córcega, Pirineos Orientales y Aquitania), a pesar de un contexto económico difícil. Estasdificultades (tejido industrial de transformación incompleto, elevados costes de mano de obra, divisiónparcelaria…) empujaron al sector del corcho francés a estructurarse, tanto en las fases iniciales (lossubericultores) como en las finales (industria taponera), para la creación de estructuras profesionales yla puesta en práctica de acciones innovadoras. Se encuentra en la intersección de múltiples desafíos, elprincipal para los forestales mediterráneos, el riesgo de incendios forestales. Por último, no hay queolvidar que Francia, por su producción vinícola, representa el principal mercado del mundo para lostapones de corcho.

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