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History o/European Ideas, Vol II. pp 131-141. 1989 Printed in Great Britam 0191-6599/89 $3 OO+OOO Pergamon Press plc PARALLkLE ENTRE LA RkVOLUTION DES PAYSANS ROUMAINS DE TRANSYLVANIE 1784 ET LA Rh’OLUTION FRANCAISE DE 1789 VASILE GIONEA* L’absolutisme monarchique eclair& represent6 par Frederic II, Joseph II et Ecathtrine II pendant la deuxieme moitie du XVIIIe siecle partait de la formule politique de renouvellement del’Etat feodal, pour l’adapter au developpement socio-economique de l’tpoque respective. L’absolutisme eclair& croyait que, faisant quelques concessions, il appuiera 1’Etat feodal sur les forces de la nouvelle economic capitaliste en plein developpement. Celles-ci menacaient, sur le plan economique, de briser la cuirasse Ctroite de l’tconomie feodale, d’tcarter les privileges de la fkodalite afm que la bourgeoisie, qui posstdait le capital financier, puisse prendre le pouvoir politique et done la direction de 1’Etat. Le plus ‘luministe et reformateur des monarques evoqub ttait sans doute Joseph II. Adepte du luminisme francais, avec sa variante allemande (Aufklarung) plus conservatrice, adepte du droit nature1 et de la conception de Puffendorf, il s’appuyait sur les conceptions de Voltaire et des encycloptdistes mais n’acceptait pas Rousseau dans lequel il voyait un rkolutionnaire. Joseph II restait un adepte de l’absolutisme ayant la conviction que le monarque doit exercer un pouvoir absolu, sa volonte ttant la loi, mais par son activite, le souverain doit travailleur pour le bien ltre et le bonheur du peuple. Les reformes doivent venir d’en haut, du monarque, la t2te eclair&e de l’Etat, justifees par la raison d’Etat. Chaque citoyen prtsente une valeur dans la mesure oti son activite est utile a 1’Etat. Cette activite doit &tre productive. Les sympathies de l’empereur se dirigeaient vers les masses productrices, vers la paysannerie qui assure la nourriture du peuple, qui supporte les impots et qui donne des soldats a 1’Etat. Dans ce but, sans supprimer les rapports feodaux entre le noble et le paysan, 1’Etat doit intervenir afin de reglementer les relations agraires les adaptant aux grandes exigences economiques de 1’Etat. 11 a entrepris trois voyages dans le Banat et deux en Transylvanie contactant directement les paysans serfs, prenant des informations d’eux memes et recevant leurs plaintes. Pour comprendre les paysans serfs roumains il avait appris le roumain et il leur promettait qu’il leur fera justice. A l’occasion de ces voyages, il a tti: impression& par les souffrances de paysans serfs roumains et des abus de la noblesse et il a declare: ‘Ces pauvres sujets roumains-qui incontestablement sont les plus anciens et les plus nombreux habitants de la Transylvanie-sont ainsi tortures par n’importe qui, par des Hongrois et des Sasit’ et accablts par des injustices’ [N. Iorga, Astoria romtinilor (L’histoire des Roumains), vol. VIII, 19381. *70714 Rue Brezoianu 29 A et 3 app.21, Bucarest I, Roumania. t Population allemande ttablie au XIIIe et XIVe sitcles dans certains rkgions de Transylvanie.

Parallèle entre la Révolution des paysans Roumains de transylvanie 1784 et la Révolution française de 1789

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Page 1: Parallèle entre la Révolution des paysans Roumains de transylvanie 1784 et la Révolution française de 1789

History o/European Ideas, Vol II. pp 131-141. 1989 Printed in Great Britam

0191-6599/89 $3 OO+OOO Pergamon Press plc

PARALLkLE ENTRE LA RkVOLUTION DES PAYSANS ROUMAINS DE TRANSYLVANIE 1784 ET LA Rh’OLUTION

FRANCAISE DE 1789

VASILE GIONEA*

L’absolutisme monarchique eclair& represent6 par Frederic II, Joseph II et Ecathtrine II pendant la deuxieme moitie du XVIIIe siecle partait de la formule politique de renouvellement del’Etat feodal, pour l’adapter au developpement socio-economique de l’tpoque respective. L’absolutisme eclair& croyait que, faisant quelques concessions, il appuiera 1’Etat feodal sur les forces de la nouvelle economic capitaliste en plein developpement. Celles-ci menacaient, sur le plan economique, de briser la cuirasse Ctroite de l’tconomie feodale, d’tcarter les privileges de la fkodalite afm que la bourgeoisie, qui posstdait le capital financier, puisse prendre le pouvoir politique et done la direction de 1’Etat.

Le plus ‘luministe et reformateur des monarques evoqub ttait sans doute Joseph II. Adepte du luminisme francais, avec sa variante allemande (Aufklarung) plus conservatrice, adepte du droit nature1 et de la conception de Puffendorf, il s’appuyait sur les conceptions de Voltaire et des encycloptdistes mais n’acceptait pas Rousseau dans lequel il voyait un rkolutionnaire. Joseph II restait un adepte de l’absolutisme ayant la conviction que le monarque doit exercer un pouvoir absolu, sa volonte ttant la loi, mais par son activite, le souverain doit travailleur pour le bien ltre et le bonheur du peuple. Les reformes doivent venir d’en haut, du monarque, la t2te eclair&e de l’Etat, justifees par la raison d’Etat. Chaque citoyen prtsente une valeur dans la mesure oti son activite est utile a 1’Etat. Cette activite doit &tre productive. Les sympathies de l’empereur se dirigeaient vers les masses productrices, vers la paysannerie qui assure la nourriture du peuple, qui supporte les impots et qui donne des soldats a 1’Etat. Dans ce but, sans supprimer les rapports feodaux entre le noble et le paysan, 1’Etat doit intervenir afin de reglementer les relations agraires les adaptant aux grandes exigences economiques de 1’Etat.

11 a entrepris trois voyages dans le Banat et deux en Transylvanie contactant directement les paysans serfs, prenant des informations d’eux memes et recevant leurs plaintes. Pour comprendre les paysans serfs roumains il avait appris le roumain et il leur promettait qu’il leur fera justice.

A l’occasion de ces voyages, il a tti: impression& par les souffrances de paysans serfs roumains et des abus de la noblesse et il a declare: ‘Ces pauvres sujets roumains-qui incontestablement sont les plus anciens et les plus nombreux habitants de la Transylvanie-sont ainsi tortures par n’importe qui, par des Hongrois et des Sasit’ et accablts par des injustices’ [N. Iorga, Astoria romtinilor (L’histoire des Roumains), vol. VIII, 19381.

*70714 Rue Brezoianu 29 A et 3 app.21, Bucarest I, Roumania.

t Population allemande ttablie au XIIIe et XIVe sitcles dans certains rkgions de

Transylvanie.

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Le 16 aofit 1783 il a donni: un rescrit B Sibiu par lequel il dtcidait que: (a) chaque paysan serf soit libre de se marier, g apprendre et exercer le mktier pour lequel il s’est p∂ (b) de disposer librement de son avoir par des actes inrer vivos et mortis causa; (c) qu’il ne soit pas dtplack sans cause l&gale de sa hoirie ou de sa terre et ni transfkrt contre sa volonti d’un comitat 2 un autre; (d) qu’il ne soit pas soumis 2 &autres prestations que celles existantes; (e) pour toute inobservation de ces dispositions, I’avocat du comitat devra dtfendre d’office

gratuitement la personne Its&e. Les rtformes de Joseph II ont trouvi: un Ccho favorable dans les rangs de la

paysannerie, des artisans et des commerCants, de le petite noblesse et de l’intellectualitt des nations soumises. La grande noblesse s’est montrie hostile et a trouvt chaque fois des prktextes pour ne pas traduire les rtformes dans la pratique. Etant gravement malade, le 28 janvier 1790, 23 pours avant de fermer les yeux, sous la pression des nobles et ~lrivant un conseil de Kaunitz, Joseph II a rkvoquk tous ses ordres g l’exception de 1’Edit de tolirance religieuse de 1781 et ceux concernant la rtglementation des probkmes des prltres et des paysans serfs.

Les paysans serfs roumains ont compris qu’en d&pit du d&sir de l’empereur d’amtliorer leur situation, la noblesse s’opposait de toutes ses forces B cette action. Cela a provoquk la rkvolte dans leur %me et g fur et g mesure que les abus des nobles se multipliaient, s’accentuait, se fortifiait aussi le d&sir de rebellion des

paysans serfs. L’empereur avait recu en audience le paysan roumain Horia-qui sera le chef

de la rkvolution de 1784-et, des discussions qu’ils ont cues, le paysan serf de Transylvanie avait compris qu’une rkbellion des paysans serait au grk de l’empereur et qu’-ainsi la noblesse se verait contrainte de respecter les ordres du monarque relatifs aux rkformes introduites.

La rkvolution des paysans roumains de Transylvanie de 1784 a kbranli: fortement le regime fkodal et a marqut le commencement de sa dissolution.

Sur le plan social, le ntcessitk d’augmenter le production et l’intensification des ichanges commerciaux a signifik le chargement des paysans serfs avec de nouvelles journkes de travail en faveur du maitre, qui variaient de 3 g 5 jours par semaine. Les surfaces dont les paysans serfs avaient l’usage et pour lesquelles ils payaient une dime, se sont rkduites ttant travaillkes par les maitres en rkgie. On a restreint pour les paysans serfs le droit au psturage du b&tail, le droit de s’approvisionner avec du bois etc. Beaucoup de paysans serfs fuyaient d’une part B l’autre du pays avec l’espoir d’avorr des conditions meilleures de travail, mais quand iIs ktaient dkouverts ib etaient men&s par la force sur les terres quitttes. D’autres ant passe les montagnes en Valachie et en Moldavie.

Au tours de ses voyages en Transylvanie, l’empereur Joseph II avait constati des abus incroyables, certains maitres de terres ayant interprktb une ordonnance qui prkvoyait pour le paysan serf l’obligation de travailler 3 jours avec les mains ou 3 jours avec son bCtai1 dans le sens qu’il devait travailler 4 jours avec ses mains et 3 avec son bttail. Done tous les jours de la semaine, y inclus les dimanches et d’autres jours fkrib. D’autres maitres obligeaient les paysans serfs de travailler avec sa famifle entikre, sa femme et ses enfants. C’est pour cela qu’un voyageur allemand icrivait en 1765: ‘En gtniral le paysan soumis ou le paysan serf de Transylvanie est en ce qui concerne son ktat le plus malheureux paysan qui peut se trouver n’importe oti dans le monde . . . Un vrai esclave de son noble. . .I1 doit

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s’extenuer comme une b&te de somme. Le chargement et l’oppression de ces sujets de la part de leurs nobles sont intinis et les excks commis contre eux sont incroyables’ [N. Iorga, Istoria romtinilor prin ctila’tori (L’histoire des Roumains par les voyageurs) vol. III, 11-e edition, Bucarest, 1929, p. 41.

Les mtcontentements des paysans serfs de Transylvanie ttaient en fait communs aux paysans de l’Hongrie, de la Bohbmie et de la Russie a l’epoque

respective. A I’exploitation du maitre feodal s’ajoutait celle de 1’Etat. Les paysans

devaient travailler a la fortification des citadelles, aux routes, faire de differents transports pour l’armie, supporter des requisitions. Toutefois, l’exploitation du noble ttait permanente, chaque jour, tandis que celle de 1’Etat Ctait occasionnelle et c’est pour cela que le noble ttait plus odieux. En ce qui concerne la resistance des nobles dans l’application des reformes, l’empereur ne forcait pas les chases parce qu’il ne voulait pas rompre les liaisons avec eux, considires la base de la monarchic. Les paysans se raffermissaient pourtant dans la conviction que l’empereur ttait de leur c&C? et qu’il devait &tre aide atin que les nobles respectassent ses ordres. 11s esptraient qu’il echaperont bientot au servage s’ils s’tltvent contre les oppresseurs. Les causes de la revolution paysanne de 1784 sont complexes: dordre tconomique: l’ttat de mike des paysans serfs a cause des abus et de leur exploitation sans pit6 par les maitres des terres; d’ordre socialet politique, les privileges des nobles, l’intgalitt des classes sociales devant le loi, l’absence de tout droit politique et m2me de droits civils; l’absence d’tcoles et l’empkhement d’occuper des fonctions administratives; d’ordre religieux: le culte orthodoxe, la religion de base des Roumains, n’etait pas reconnu mais seulement toltre; Pordre national: deja des 1437, de la Unio trium nationum, les Roumains, quoiqu’ils eussent constitues le plus nombreuse population de la Transylvanie, n’etaient pas reconnus comme nation mais ils Ctaient consider& une collective tolirie.

Les mecontentements des paysans serfs du domaine Zlatna des Monts Apuseni-qui englobait plusieurs villages-prenaient des formes agressives quand ils se sont rendus compte que leurs charges augmentaient toujours.

Au commencement de l’annte 1784, Joseph II a decide de fortifier l’armte de Transylvanie et de creer des regiments sur la front&e dans lesquels des volontaires des villages voisins aux sieges des regiments qui allaient Etre constituts allaient s’inscrire. Les paysans etaient heureux parce que ceux qui s’enrolaient dans l’armte chappaient au servage. Par contre les maitres des domaines etaient fachts parce qu’ils restaient sans main d’oeuvre.

Les paysans couraient par milliers vers Alba Iulia pour Ctre inscrits. Pendant un seul mois, seulement a Alba Iulia s’etaient inscrits tous les jeunes gens de 81 villages. La noblesse, alarm&e du fait que les paysans qui s’etaient inscrits ne voulaient plus travailler, pricisement quand les travaux agricoles battaient leur plein, ont adressees des plaintes au gouvernement qui a ordonne d’arr&ter les inscriptions et d’annuler celles qui avaient ett deja faites.

Les paysans ont vu dans cette mesure l’opposition des nobles pour empkcher l’empereur d’effacer le servage.

Le 1 avril 1784 Horia a obtenu une audience a l’empereur auquel il s’est plaint que ses ordres Ctaient ignores par les nobles et les autoritb locales, que les abus augmentaient avec chaque jour qui passe et que tous ceux qui diposaient des

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plaintes au lieu qu’on leur eusse fait justice, etaient battus. Le 13 avril 1784 l’empereur a ordonni: une enqdte et a communique au gouvernement qu’on ne devait plus maltraiter les paysans. Ayant les resolutions de l’empereur, Horia s’est adresst aux autorites locales mais ni cette fois-ci les paysans n’ont pas obtenu une solution favorable a leurs demandes. 11 ne leur restait autre chose que le soultvement. La signal a et6 don& par Crisan qui, a la tZte de quelques centaines de paysans, a attaqut les nobles de Zarand et puis a tour de role ceux des villages voisins. Beaucoup ont tte tues. Certains sont tchappts par la fuite, d’autres ont et& mis a executer des travaux comme les paysans serfs; enfin, certains ont Cte baptises selon le culte orthodoxe et certaines filles des nobles ont

itti: obligees d’epouser des paysans serfs. C’est ainsi qu’ils croyaient supprimer les differences de classe. La revolution s’est etendue avec rapiditi, comprenant tous les villages. Apprenant ce qui se passait, la plupart des nobles ont quitte leurs maisons et se sont refugies dans les villes et les rebelles dtvastaient tout ce qui Ctait richesse des nobles, detruisaient et incendiaient. Les paysans ont attaqut Deva qui ttait fortifite et bien defendue par des nobles arm&. L’attaque a Cchout.

Les reglements des comptes ne se sont pas limit& seulement aux nobles mais se sont aussi dirigts contre les organes administratifs qui faisaient toujours le jeu de

la noblesse. La direction d’autres groupes de rebelles a et6 assumee par Closca mais tant lui

que Crisan suivaient les directives de Horia qui se pretendait le porteur des instructions donnees par l’empereur en faveur des paysans serfs. Les paysans serfs esptraient aussi qu’ils auront l’appui des Roumains de la Valachie, de la Moldavie et m&me des Russes.

Les rebelles ont adresse aux nobles rtfugies dans la citadelle de Deva un ultimatum qui en fait ttait aussi le programme de la revolution de Horia, Closca

et Crisan: (a) les nobles devaient quitter les terres qui seront partagees au peuple ainsi qui

l’empereur le decidera; (b) les nobles devaient Etre soumis aux imp&s de meme que le peuple, en

d’autres mots qu’on annulasse les privileges; (c) les nobles devaient trouver des fonctions dans I’empire pour gagner leur vie; (d) les nobles avec tous leurs hommes devaient jurer sur la Croix qu’ils

respecteraient les promesses; (e) s’ils voulaient la paix qu’ils hissassent des drapeaux blancs aux confins de la

ville et sur les hauts bbtiments. Ce programme laconique visait en fait I’elimination du regime feodal ce qui,

sans doute, dtpassaient de beaucoup les intentions de l’empereur. Le gouverneur de la Transylvanie, Brukenthal, a demand6 au commandant de

l’armee, le baron Preisz, d’apaiser la revolution par la force des armes. Sachant que l’empereur Ctait favorable aux paysans serfs, le commandant ne se hatait pas a executer les ordres du gouverneur, attendant ceux de l’empereur; il a pen& toutefois de mener des negotiations avec les rebelles et de demander un armistice. Closca a etir d’accord et il a demand6 (a) qu’on supprime le servage; (b) les serfs soient recus dans les regiments affect&s a la garde des front&es; (c) que les r&belles pris comme prisonniers soient dtlivrts.

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Les Paysans Roumains de Transylvanie et la Rholution 13.5

Les nobles torturaient les paysans insurgts qu’ils attrapaient et tranchaient leurs t&tes.

L’empereur a appris l’existence de la revolte le 12 novembre 1784 quand it Ctait en conflit avec les Pays Bas. La rtvolte de Transylvanie lui embrouillait les plans parce qu’elle immobilisait une partie de l’armee, ce qui pouvait &tre utilist par les adversaires dans la guerre prke a &later. C’est pour cela qu’il n’a pas beaucoup h&site et a ordonni: que les armies des comitats de Transylvanie et d’Hongrie apaisent la revolution par la force des armes. Sur la t&te des insurgts on a mis une prime de 300 pieces d’or. Pour l’apaisement de la revolte et l’investigation de ses causes il a nommi un commissaire special. le comte Anton Jancovics aide par le general Papilla. Au commencement les paysans serfs ont remporte du succts contre l’armte, mais celle-ci revenant en grand nombre et utilisant des armes a feu dont les insurgts Ctaient dtpourvus, les paysans serfs ont et& vaincus. Certains d’entre eux ont Ctt tub et d’autres ont fui. Le froid de l’hiver les empkhait de continuer la lutte. Horia et Closca se sont rtfugib dans les montagnes. Le 27 decembre 1784, trahis par le garde forestier Anton Melzer, ils ont ttt captures par quelques hommes de l’administration et menb en chaines a la prison d’Alba Iulia. Crisan s’est pendu dans la prison et Horia et Closca ont et& condamnes a mort le 26 fevrier 1784, par l’ecrasement de leurs OS sur la roue. La sentence a ett extcutee le 28 fevrier 1784 et aprts ils ont et& decapites et coupes en 4 parties qui ont ttt exposes sur le bord des chemins. A l’execution on a fait assister des paysans serfs des villages insurgts afin qu’ils sussent ce qui les attendait s’ils se revoltaient encore.

Dans un rapport final de 6 juillet 1785, le commissaire Iancovics resumait de cette manikre les causes de la revolution:

(a) l’oppression des paysans serfs par les maitres des vastes domaines ruraux; (b) l’arr2t de l’inscription dans les regiments affect& 8 la garde des front&es; (c) l’inculture de la plebe; (d) le fait de n’avoir pas pris a temps des mesures efficaces pour apaiser les esprits.

Pour prtvenir des situations similaires a l’avenir, le comte Ianovics proposait: (a) l’introduction d’un urbariu* general dans tout le pays, determinant la terre sous servage soumise aux contributions; (b) la diminution des prestations excessives comme les 4 jours de travail manuel par semaine ou 3 avec les bites de somme; (c) les plaintes des paysans pour l’inobservation de l’urbariu par les maitres des domaines soient examintes d’urgence et soient resolues selon la justice; (d) qu’on s&pare la justice militaire de celle civile; (e) qu’on ttablisse des Ccoles nationales dans les communes pour Cclairer le peuple et un seminaire pour preparer les prstres orthodoxes; (f) les maisons eparpilkes dans les montagnes sur de grandes distances qui peuvent Ctre surveillbes difficilement soient group&es dans des villages compacts.

L’empereur a approuvt les conclusions et les propositions du rapport et a pris certaines mesures de cltmence: il a ainsi commute les peines de mort des autres insurgts en la peine d’emprisonnement ou de travaux forces; dans beaucoup de cas la peine d’emprisonnement a et& remplacte par des peines corporelles: il a dtporti certains insurgts au sud du Banat; il a retabli le phurage libre; le mdtre

*Urbariu, riiglementation des rapports entre les maitres des terres et les paysans serfs.

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fkodal devait payer ses fonctionnaires qui ne devaient pas &tre pay&s par la contribution et les prestations des paysans serfs; les mineurs devaient &tre dispensks des charges publiques; les paysans serfs ne devaient plus &tre obligts de transporter gratuitement du foin, du bois, des boissons et du fer mais de marchander librement avec le maPtre et qu’on leur payasse ces travaux; le metier de cabaretier devait Ptre donnt B bail aux paysans pour un dklai de 3 ans dans les conditions avantageuses; les juges et les fonctionnaires devaient restituer doublement les sommes encaisstes abusivement; on devait payer rktroactivement aux paysans les prestations de la coupe et du transport du bois, du transport des

boissons, du foin et du fer. Le 22 aoiit 1785, Joseph II a donnt une Patente de soi disante abolition du

servage. La patente prkvoyait: (a) la condition du servage dans le sens d’une obligation tternelle et de la liaison & la gkbe ttait abolie et ni le nom de paysan serf ne devait plus ktre employ6 dans ce sens. Done tow les paysans serfs ktaient libres de se diplacer n’importe oti; (b) les colons (les paysans serfs) pouvaient se marier sans l’autorisation prialable du maitre; (c) ils itaient libres & apprendre B lire et g icrire et des m&tiers et les exerces oti ils voulaient; (d) aucun colon ou membre de sa famille ne pouvait Ctre contraint de travailler dans la tour du maitre, ttant libre B marchander; (e) le colon pouvait disposer librement-au tours de sa vie ou pour cas de mort- de ses biens ainsi que de l’usage de la terre qu’il avait eu: le terrain agric6le, les prks, les vignobles, le moulin, le droit g la nue proprittk restant celui du maitre; (f) les colons ne pouvaient ^etre transfkrb ou chassts de la terre oti ils travaillaient sans une raison ligale et sans I’approbation du comitat. Toutes ces mesures et rkformes ont Cti la conskquence de la

rkvolution de 1784. De l’analyse attentive du texte on peut constater que la Patente du 22 aoCit 1785

n’a pas aboli le servage mais elle a suprimk la liaison du colon avec le maitre et avec la glkbe, le colon ayant perdu sa libertk par la ltgislation Tripartitum de 1517. Le paysan serf ne devenait pas propriktaire de la terre qu’il travaillait; il avait seulement l’usage, tandis que la nue propriki: appartenait au noble fkodal. Quand mCme, la Patente ouvrait le chemin vers l’amtlioration de la situation des colons. Tout dkpendait de la manibre dont les prtvisions de la Patente seraient appliqutes dans la pratique. Les nobles n’ktaient pas intkressts B le faire mais par contre d’empkcher leur mise en pratique et l’administration d’Etat donnait raison aux nobles. Les colons se rendront compte que par les nouvelles dispositions don&es par le monarque et le gouvernement, g la demande des nobles, c’est-&dire les prtcisions donntes dans l’application de la Patente constituaient en rtaliti de nombreuses restrictions. Ainsi le colon pouvait passer d’une terre & une autre mais il devait payer au prialable tous les imp6ts et executer toutes les prestations existantes jusqu’g la publication de la Patente et aprts il devait apporter g sa place un autre colon, avec des qualitts aptitudes similaires B celles qu’il posstdait.

En 1787 l’empereur a donnt un ordre riglementant les compktences judiciaires et la prockdure. Les maitres Ctaient obligks d’tcouter les plaintes des paysans serfs, de les juger et celui qui n’ktait pas content pouvait s’adresser au comitat. On a accordi: au paysan serf le droit d’appeler son maitre en jugement devant le comitat. On a dCsignC des avocats pour dkfendre d’offke et gratuitement les

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Les Paysans Roumains de Transylvanie et la Rho&ion 137

paysans serfs pauvres. Par un autre ordre on a interdit la raclee du paysan serf avec le b&on. La m^eme annie on a don& la liberte de faire ie metier de cabaretier pendant toute l’annte aux paysans serfs qui produisaient des boissons y inclus l’eau de vie. La mesure de crter des Ccoles roumaines dans le milieu rural se rtalisait t&s difficilement. Les nobles n’avaient pas d’interet, le gouvernement ne donnait pas d’argent et les paysans etaient trop pauvres pour b%tir des ecoles et pour les doter avec ce qui est necessaire et payer les maitres d’tcole.

Les reformes apporties aprts la revolution de Horia, Closca et Crigan, m&me si presque toutes ont 616 rtvoquees par l’empereur-lorsqu’il etait sur son lit de mort-ont tree un courant d’opinion qui s’amptifiera de plus en plus au tours des‘ annees jusqu’en 1848 et en 1918 il a conduit a l’ecroulement de 1’Etat monarchique feodal et a la liberte nationale.

Le revolution de 1784 a eu un large echo dans toute 1’Europe. La paysannerie du Banat, Maramures et d’Hongrie etait sur le point de s’insurger. On a mis en circulation des brochures en diverses langues qui ont circulb dans tous les pays europeens. Le publiciste allemand Wekhrlin manifestait de la sympathie pour la revolution des paysans roumains ‘qui se sont souleves pour la justice, la libertt et l’tgalite’. tJn journal hollandais demandait B l’empereur d’abolir le servage. Jean-Pierre Brissot, le futur chef des Girondins, trouvait justitiee la revolution d&clench&e par Horia, Closca et Crisan et a adresst une lettre ouverte a l’empereur dans laquelle il lancait l’idee du droit h la rPvolte du peuple opprimL Dans une brochure imprimte ii Strasbourg il etait Ccrit par rapport a la revolution que ‘1’Europe se trouve devant un grand changement qui couve sous la cendre’. La plupart ont vu dans la revolution des paysans roumains une lutte de liberation nationale et d’emancipation nationale.

* * +

Aprts 5 ans se declenchera une revolution en France d’une durte beaucoup plus longue que celle de Transylvanie, avec un plus large echo en Europe et des consequences plus profondes, qui avait comme but la prise du pouvoir politique de la main de la noblesse feodale et l’elimination de la monarchic absolue, dirigeante et representante de la noblesse feodale.

La revolution de 1784 de Transylvanie a et6 une revolution paysanne tandis que celle de France de 1789 a et& une revolution bourgeoise. Sur le plan Cconomique, elle a et6 preparee par le dkeloppement impetueux de l’industrie au XVIIIe sitcle et par l’essor du commerce. Les nouvelles relations iconomique ne se conciliaient plus avec l’economie restreinte, issue des relations Rodales. Sur le plan ideologique, la revolution est preparte par des Ccrivains appartenant au siecle des lumieres: Mably, Morely, Voltaire, Montesquieu, Rousseau, Diderot, Holbach, Helvetius, etc. qui font comprendre les citoyens du tiers Etat (bourgeois, artisans, commerGants, paysans) que les hommes sent tgaux de la nature, qu’ils doivent &re Cgaux devant les lois, que les privileges de la noblesse ont ttC acquis par des abus, par la spoliation du peuple de ses droits, que la monarchic n’est pas d’essence divine, que le roi est a la t&e de 1’Etat par la volonte du peuple, que celui-ci, s’il est uni, peut acquCrir des droits par l’insurrection, 1’Etat f&da1 n’etant pas dispose de faire une r&forme B l’avantage du grand

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nombre et des opprimes. La force dirigeante de la grande Revolution francaise a eti la bourgeoisie qui etait plus eclairte, plus consciente des droits qui lui Ctaient dus que les artisans, les ouvriers, les commercants et les paysans.

La situation tconomique dtsastreuse de la France a determine Louis XVI a faire appel a Necker pour assainir les finances de 1’Etat. Celui-ci a suggert qu’on consulte 1’Assemblee des Etats Generaux qui s’est rtunie a Versailles le 5 mai 1789. Comme consequence de l’action conjugute des deputes du tiers Etat et du bas clerge elle s’est declarte constitute en Assembl&e Nationale et le 9 juillet en Assemblee Constituante. Alarm& par ce qui s’etait passe, la noblesse et le roi voulaient prendre des mesures de repression, mais le 14 juillet 1789, la foule a pris la Bastille d’assaut, la prison oh ttaient envoyits les indesirables de point de vue politique, ce qui pour le foule reprtsentait le symbole des abus et des injustices. Le prise de la Bastille a signifie en fait le signal du dtclenchement de la revolution. Le 4 aoftt, I’Assemblte Constituante a decide l’abolition des privileges feodaux, le 26 aoQt elle a adopt& la “Declaration des droits de l’homme et des citoyens” et le 14 septembre la premiere constitution bourgeoise de la France.

Par consequent, on a vote d’importantes rtformes concernant l’administra- tion, la justice, l’eglise, les finances. SOUS le pression des masses, a cause de la situation tconomique qui s’aggravait, le roi a et& oblige de dtmenager de Versailles a Paris dans la premiere semaine du mois d’octobre 1789 et apres lui 1’Assemblee constituante. Le 2 novembre 1’Assemblee a vote la transformation des biens clericaux dans des biens nationaux. La Constituante a cr& des departments en vue de l’unification administrative du pays.

Le 12 juillet 1790, parlaconstitution civile du clerge celui-ci a CtC partage dans des pretres constitutionels et des pretres mfractaires qui ttaient hors la loi. En 1791, c’est la contre-revolution qui apparait dirigte par la noblesse tmigrante, qui dans la dew&me moitii du mois de juin 1791 organise la fuite du roi a Varennes. La foule instigute s’adonnait a des manifestations tant spictaculaires que humiliantes pour le roi. A cette occasion la faction republicaine s’est separee de la revolution bourgeoise. En septembre 1791 on a vote toutefois une constitution qui proclamait la monarchic constitutionnelle, reconnaissant Louis XVI comme roi des Francais. Cette constitution n’apparait pas comme viable, parce qu’elle n’etait pas assez dtmocratique et d’autre part par les menaces de la contre-revolution et les reactions republicaines que celle-ci attisait.

Effmyte par la contre-revolution, I’Assemblte legislative a pris des mesures contre les emigrants et les pretres refractaires, des mesures qui ont contribuee a empirer les rapports entre 1’Assemblee et le roi. Le 20 avril 1792, les Girondins-la plus importante faction de l’Assembl&e-ont determine le roi de diclencher la guerre contre les Habsbourg, quoi que sa femme, Marie Antoinette, etait la fille de Marie Therese de Habsbourg. La Prusse s’est alliee avec l’Autriche, voulant empZcher l’itcroulement de la monarchic francaise, considerant que la revolution constituait un mauvais exemple pour leurs peuples. Le 11 juillet 1792 la patrie a et& d&la& en danger et 1’AssembKe legislative a approuvi l’ttablissement de la Commune de Paris, pouvoir d’Etat a caractere populaire qui a assume les dches de la revolution. Le 10 aotit 1792 la royaute et& abolie et le roi et sa famille ont eti: enfermes. L’approche des armees autrichiennes et prussiennes a contribut pendant les mois d’aofit-septembre au dtclenchement de la premikre terreur.

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Les Paysans Roumains de Transylvanie et la R&o&ion 139

Aid&e par les masses rtvolutionnaires, le 20 septembre 1792 l’arrnee franqaise a rtussi a vaincre, a Valmy, les arm&es invadatrices. Aprts cette victoire, la Convention Nationale a pris la place de 1’Assemblee Legislative et le 22 septembre 1792 elle a proclame la Rtpublique, nouvelle forme de gouvernement en France.

Dans le cadre de la Convention Nationale se sont dessints deux courants politiques: celui du parti des Girondins avec des vues mod&b et l’autre du parti radical jacobin, conduit par les extrtmistes montagnards. Entre ces deux partis se trouvait la masse des deputes indtpendants. La lutte entre Ies deux courants a tteint le point culminant B l’occasion du jugement du pro&s de Louis XVI, quand, en depit de l’opposition de Girondins, ce furent les Jacobins qui ont triomphe obtenant le 21 janvier 1793 la condamnation a la mort et l’execution du roi et de la reine. La nouvelle de l’execution de la famille royale a fait fremir toutes les monarchies europtennes qui se sont coalistes contre la France. Le declenchement de la contre-

revolution de la Vendee, les insucds des armtes fran$aises sur le front, la famine ressentie dans tout le pays, le renchtrissement excessif de la vie ont contribue a mettre fin au gouvernement des Girondins. Pendant les premiers jours du mois de juin 1793, la dictature rkolutionnaire, la dictature des Jacobins a Cti instauk. Les deputes Girondins sous l’influence de Marat ont Cte exclus de la Convention et beaucoup de ses dirigeants ont ttt condamnes a mort aprts un jugement sommaire et guillotines. La p&ode entre juin 1793 et juillet 1794 est connue sous le nom de la deuxikme terreur, la terreur jacobine qui a signifit l’apogt: de la revolution.

Pendant la ptriode de la dictature jacobine on a aboli sans payement les servitudes feodales, on a ttablie les prix maximaux pour les produits alimentaires, pour freiner la speculation illicite, les kales ont eti: at&es de la juridiction de l’tglise et l’enseignement primaire a etC declare obligatoire et gratuit, on a cret une arm&e nationale avec un effectif de 600.000 d’hommes, avec laquelle on a rtprimi le mouvement contre mvolutionaire de la Vendee et on a chasse les armees Ctrangbres du pays.

En avrill793 on a etabli le Comite du Salut Public qui apris le pouvoirextcutif tout entier. Pendant la periode suivante OR a elimine les mod&es dont les representants etaient Danton et Desmoulins mais aussi l’extremiste de gauche Htbert, fait qui a affaibli le pouvoir, ce qui a fait possible le coup d’Etat du 9 thermidor (27 juillet) quand Robespierre, Saint Just et Couthon ont ttt immkdiatement guillotines. Par la prise du pouvoir par la grande bourgeoisie on a mis fm a la revolution. Les forces revolutionnaires ont essay& de reconquerir le pouvoir mais en mai 1795 elles ont ttt reprimees.

En conclusion: la revolution des paysans serfs de Transylvanie a dure trois mois (octobre-dtcembre 1784) tandis que la Revolution fran$aise presque six ans, de 1789 jusqu’en 1795. Naturellement, l’echo et les effets de la dernikre ont etl: plus ttendus, plus spectaculaires et elle a influence fortement l’histoire politique de 1’Europe entiere, en h&ant la dissolution de la monarchic absolue et a supprimt les privileges de la noblesse de beaucoup de pays.

Les causes de la revolution de Transylvanie sont dues aux abus et a l’exploitation tconomique des nobles feodaux, le fait que 1’Etat considtrait la religion orthodoxe-la religion des Roumains-un culte tolere et les Roumains

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eux-mCmes, quoiqu’ils reprtsentaient la population dominante de la Transyl- vanie, n’etaient pas consider& comme nation igale en droits avec les Hongrois, les Szeklers et les Sasi, mais comme une plebs toltrb. Par consequent, les causes de la revolution etaient d’ordre economique, social, religieux et national. Les causes de la Revolution francaise ont Cti d’ordre economique et social.

En France, la revolution a reussi a supprimer la monarchic absolue et le ftodalisme noble, a effacer les barrier-es anttrieures insurmontables entre les classes sociales, a declarer tous les citoyens tgaux devant les lois, a leur garantir les droits, la libertl: individuelle et la liberte de conscience, lancant le mot d’ordre: ‘tgalitt, fraternite, liberte’.

La revolution des Roumains de Transylvanie a &it une revolution purement paysanne sans le support de la bourgeoisie et des habitants des villes, tandis que celle de la France a CtC une revolution bourgeoise entrainant la bourgeoisie, les citadins (des commercants, des artisans, des ouvriers) et la paysannerie, mais la direction appartenait aux bourgeois qui ttaient plus eclaires et plus conscients de ce qu’ils devaient real&r.

Les paysans serfs de Transylvanie se sont revolt&s contre les nobles, parce que ceux-ci comme proprietaires des terres les opprimaient, mais ne visait pas a renverser la monarchic parce qu’ils voyaient en elle leur seul appui. La Revolution francaise ne s’est pas content&e de supprimer la monarchic mais elle a condamne a mort et a execute le roi et la reine et a declare la rtpublique.

Les revolutionnaires de la Transylvanie se sont fait justice croyant qu’ils vont supprimer la noblesse en tuant ceux qui les opprimaient, mettant le feu a leurs biens et les dttruisant. La Revolution francaise a garde une apparence de ltgalite, condamnant les contre-revolutionnaires et les suspects se fondant sur un

jugement. La revolution de Transylvanie n’a pas donne naissance a des courants

contra&s telle que a Ctt la situation des Girondins et des Jacobins en France. Les revolutionnaires de la Transylvanie n’etaient pas bien organises, n’avaient

pas des armes a feu, tandis que les rkolutionnaires francais ont organise une armte avec laquelle ils ont lutte avec succes contre les armees ttrangtres

interventionnistes.

Les paysans serfs rtvolutionnaires ont affaibli les fondements de la monarchic absolue et du feodalisme tandis que la Revolution francaise les a dttruit tous les

deux. Par sa durte, par les passions politiques et les inimitis personnelles la

Revolution francaise a et& incomparablement plus sanglante que celle de la Transylvanie. Ses tchos ont Cte plus itendus, les resultats ont it& immtdiats et plus concrets que ceux de la revolution de Transylvanie, mais toutes les deux ont contribut a lapromotion du processus de modernisation de la societe et de 1’Etat.

Bukarest

Vasile Gionea

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