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LIVRE II DE LA NATURE Paraphrase de la physique d'Aristote livre 2 chap VII. Après ces explications sur le nombre des causes, et sur la part que le hasard peut avoir dans les phénomènes qui sont l'objet de la Physique, nous pouvons répéter ce que nous avons dit plus haut, à savoir qu'il y a des causes et qu'elles sont bien au nombre de quatre, ainsi que nous l'avons établi. En effet, quand on recherche la cause d'une chose quelconque, on ne peut se poser que quatre questions. Ainsi, la cause se ramène d'abord à l'essence de la chose, comme dans les cas où n'intervient pas la notion du mouvement : par exemple, dans les mathématiques où le résultat extrême qu'on poursuit aboutit à une définition, celle de la ligne droite, si l'on veut, ou celle de la proportion, ou telle autre. Voilà une première cause qui est la cause essentielle. Un second genre de cause, c'est le moteur initial; et, par exemple, on se demande : Pourquoi tel peuple a-t-il fait la guerre ? On répond : c'est qu'on l'avait antérieurement pillé. C'est là la cause motrice de la guerre. Ou bien encore posant la même question : Pourquoi tel peuple a-t-il fait la guerre ? On répond : Pour conquérir l'empire. Ce n'est plus alors la cause motrice et originelle, c'est la cause finale, le but qu'on se propose. Enfin, la quatrième et dernière espèce de cause, c'est la cause matérielle, celle qui indique la composition des objets qui naissent et

Paraphrase de La Physique d'Aristote Livre 2 Chap 7

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DESCRIPTION

La Physique est une sorte d'introduction épistémologique à l'ensemble des ouvrages d'Aristote de science naturelle (un des trois domaines des sciences théorétiques, avec les mathématiques et la philosophie première). Elle est ainsi une réflexion sur la connaissance des réalités naturelles et sur la nature en général.La nature se caractérise pour Aristote principalement par le changement.L'influence de ce que Heidegger disait être « le livre fondamental de la philosophie occidentale » est considérable.

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LIVRE II

DE LA NATURE

Paraphrase de la physique d'Aristote livre 2 chap

VII. 

Après ces explications sur le nombre des causes, et sur la

part que le hasard peut avoir dans les phénomènes qui sont

l'objet de la Physique, nous pouvons répéter ce que nous

avons dit plus haut, à savoir qu'il y a des causes et qu'elles

sont bien au nombre de quatre, ainsi que nous l'avons

établi. En effet, quand on recherche la cause d'une chose

quelconque, on ne peut se poser que quatre questions.

Ainsi, la cause se ramène d'abord à l'essence de la chose,

comme dans les cas où n'intervient pas la notion du

mouvement : par exemple, dans les mathématiques où le

résultat extrême qu'on poursuit aboutit à une définition,

celle de la ligne droite, si l'on veut, ou celle de la

proportion, ou telle autre. Voilà une première cause qui est

la cause essentielle. Un second genre de cause, c'est le

moteur initial; et, par exemple, on se demande : Pourquoi

tel peuple a-t-il fait la guerre ? On répond : c'est qu'on

l'avait antérieurement pillé. C'est là la cause motrice de la

guerre. Ou bien encore posant la même question : Pourquoi

tel peuple a-t-il fait la guerre ? On répond : Pour conquérir

l'empire. Ce n'est plus alors la cause motrice et originelle,

c'est la cause finale, le but qu'on se propose. Enfin, la

quatrième et dernière espèce de cause, c'est la cause

matérielle, celle qui indique la composition des objets qui

naissent et sont produits, soit par la nature, soit par

l'homme.

Du moment qu'il y a quatre causes, le Physicien doit les

connaître toutes les quatre ; et, c'est en rapportant le

pourquoi des phénomènes à une d'elles on à plusieurs

d'entr'elles, ou à toutes, qu'il rendra compte comme il le

doit, et d'après les lois même de la nature, de la matière,

de la forme, du mouvement et de la fin des choses. Il faut

bien remarquer, d'ailleurs, que parfois trois de ces causes

se réunissent en une seule ; l'essence et la fin se

confondent ; et le mouvement se confond aussi avec elles,

au moins spécifiquement. Soit, en effet, ce phénomène : la

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génération d'un homme venu d'un autre homme. L'essence

et la fin se confondent, puisque c'est un homme que la

nature veut faire ; de plus, le moteur, qui est l'homme, se

confond spécifiquement avec ce qu'il produit, puisque le

père et le fils sont de la même essence. Et, ce qu'on dit de

ce phénomène s'appliquerait également à tous les

phénomènes où le moteur transmet seulement le

mouvement qu'il a lui-même reçu. Mais, là où les choses ne

transmettent plus le mouvement pour l'avoir d'abord reçu,

ce n'est plus le domaine de la Physique ; car, ce n'est pas

en tant qu'elles ont en elles un principe de mouvement

qu'elles le communiquent ; mais en tant qu'elles sont elles-

mêmes immobiles. Il y a donc en ceci trois questions

distinctes sur trois objets : d'abord sur ce qui est immobile;

puis sur ce qui est mobile, mais impérissable, et en

troisième et dernier lieu sur ce qui est mobile et périssable.

Ainsi la cause des choses se trouve, soit en étudiant leur

essence, qui les fait être ce qu'elles sont, soit en étudiant

leur fin, soit en étudiant le moteur d'où est venue l'initiative

du mouvement. Cette dernière méthode est surtout

employée quand il s'agit de la génération des choses, et

qu'on se demande, pour en découvrir les causes, quel

phénomène s'est produit après l'autre, quel a été le premier

agent et quelle action en a soufferte l'être qu'on étudie, et

en se posant telles autres questions qui font suite à celles-

là. C'est que dans toute la nature on peut reconnaître deux

principes qui donnent le mouvement aux choses : l'un qui

dépasse les bornes de la Physique et ne peut être son objet,

parce qu'il n'a point précisément en lui le mouvement, mais

parce qu'il le produit tout en étant lui-même absolument

immobile et antérieur à tout ; l'autre, qui est l'essence et la

forme des choses, parce que la forme est la fin en vue de

laquelle se l'ait tout le reste. La nature, agissant toujours en

vue d'une certaine fin, le Physicien doit l'étudier avec soin

sous ce rapport spécial. Mais, en résumé, on peut dire qu'il

doit étudier la nature sous toutes ces faces diverses; et

démontrer comment telle chose provient de telle autre, soit

d'une manière absolue et constante, soit simplement dans

la pluralité des cas. Il faut qu'il puisse en quelque sorte

prédire que telle chose aura lieu après telle autre, comme

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des prémisses on pressent et on tire la conclusion. Enfin il

doit expliquer ce qu'est l'essence de la chose, qui la fait

être ce qu'elle est, et montrer pourquoi elle est mieux de

telle façon que de telle autre, non pas d'une manière

générale et absolue, mais relativement à la substance

particulière de chacune.