49
Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme

(12h)

Page 2: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Chapitre 1 :

Les débats entre capitalisme et socialisme

Page 3: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Introduction• Un débat qui fut pendant longtemps central

dans l’analyse économique

• Aujourd’hui totalement oublié ou presque depuis la chute de l’URSS

• Il permet une première appréhension du rôle des institutions

• …et de relativiser certaines préconceptions sur les deux systèmes

Page 4: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Introduction

• I. Le marxisme et l’analyse du capitalisme et du socialisme

• II. Les débats historiques sur la concurrence entre capitalisme et socialisme

• III. La nature du « socialisme réel »

Page 5: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

I. Le marxisme et l’analyse du capitalisme et du socialisme

A. Matérialisme historique et systémique• L’approche de Marx, à savoir le matérialisme historique, vise à

analyser l’histoire (totale) des hommes et des sociétés• Elle articule social, politique et économie • Elle se centre sur l’analyse du fonctionnement des Modes De

Production (MDP) et des rapports sociaux (=institutions)• Il s’agit déjà d’une analyse des systèmes et plus précisément

du système capitaliste…• Même si la grille marxienne est en grande partie dépassée, elle

est intéressante à étudier, car elle donne un certain nombre de pistes pour une analyse des systèmes

Page 6: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

La dialectique :

Marx hérite de la conception de la dialectique de Hegel

Chez Hegel, désigne le mouvement de la pensée, qui surmontant le jeu des contradictions (thèse, antithèse, synthèse), se réalise. Ainsi, l’Histoire est l’Histoire des idées, et l’Etat la fin de l’Histoire. Ici, le Réel (et la matière) sont le produit de la pensée

Marx remet « la dialectique sur ses pieds »: matérialisme. Il s’agit de révéler les lois générales du mouvement de la Nature et de la société, en analysant comment la Réalité matérielle, travaillée par des contradictions, les dépasse en se transformant

Page 7: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Il y a une similitude avec la systémique :– Les contradictions et la dialectique font

référence à des boucles de rétroactions ou des interactions

– Il s’agit d’étudier des processus d’organisation (transformation ; téléologie) et de régulation (dépassement temporaire des contradictions)

– On étudie le monde (ou l’Histoire) comme unité complexe, inséparable

– Étude de processus/mouvements dynamiques et non d’un état

Page 8: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Le « modèle » de Marx, le matérialisme historique : une explication économique et sociale du changement des MDP– L’objet de Marx = le changement des sociétés– Les sociétés s’organisent en classes; une classe est déterminée

par sa position dans les rapports de production– Dans chaque MDP, une classe est obligée de travailler pour le

compte d’une autre au-delà du temps nécessaire à sa propre reproduction (sociale). La classe dominante exploite la classe dominée. Le contrôle des moyens de production et la forme de la propriété caractérisent les rapports de production et la position de classe

– La combinaison des rapports de production et des forces productives est ce qu’on appelle les « infrastructures », la base matérielle et économique de la société

– Un MDP est la combinaison des rapports de production, des forces productives, des classes et superstructures ;

– Les « superstructures » (droit, famille, Etat, idéologies, religion, valeurs etc…) sont « déterminées en dernière instance » par les infrastructures et participent à la reproduction du mode de production. Les superstructures découlent des infrastructures, mais il y a une rétroaction des superstructures vers les infrastructures

Page 9: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Dans la production sociale de leur existence, les hommes entrent en des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté, rapports de production qui correspondent à un degré de développement déterminé de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports de production constitue la structure économique de la société, la base concrète sur laquelle s’élève une superstructure juridique et politique et à laquelle correspondent des formes de conscience sociales déterminées. Le mode de production de la vie matérielle conditionne le processus de vie social, politique et intellectuel en général. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur être ; c’est inversement leur être social qui détermine leur conscience.

À un certain stade de leur développement, les forces productives matérielles de la société entrent en contradiction avec les rapports de production existants, ou, ce qui n’en est que l’expression juridique, avec les rapports de propriété au sein desquels elles s’étaient mues jusqu’alors. De formes de développement des forces productives qu’ils étaient ces rapports en deviennent des entraves. Alors s’ouvre une époque de révolution sociale. Le changement dans la base économique bouleverse plus ou moins rapidement toute l’énorme superstructure.

Marx (Préface à la Critique de l’économie politique)

Page 10: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Infrastructures

(forces productives, rapports de production)

Superstructures (Etat, droit, religion, idéologies, valeurs,

famille…)

« Déterminent en dernière instance »

Reproduisent

Page 11: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Autrement dit, c’est une lecture économique et sociale de l’Histoire

Les hommes agissent dans le cadre de rapports de production, qui contraignent leur comportement. C’est la structure sociale qui détermine les comportements individuels…mais cette même structure est le produit de comportements collectifs

Ex : le prolétaire est obligé de vendre sa force de travail pour vivre ; le capitaliste est contraint d’exploiter la force de travail, d’améliorer la technologie etc s’il ne veut pas faire faillite dans la concurrence. Mais en s’organisant face à l’exploitation, les exploités peuvent transformer les rapports de production

Un MDP entre crise lorsque les rapports de production entrent en contradiction avec le développement des forces productives. Les rapports de production sont travaillés par des contradictions internes : l’Histoire est dialectique

Ces contradictions impriment la dynamique au MDP et son propre dépassement : Ex : à chaque crise, il y a éclatement des contradictions => le capitalisme se transforme et

dépasse temporairement ses contradictions … jusqu’à la crise finale du MDP et son remplacement par un autre qui dépasse les limites intrinsèques du précédent

Le changement de MDP est la conséquence de la lutte des classes et des transformations des infrastructures (progrès technique, nouveaux modes d’organisation du travail, montée des inégalités et des conflits du travail, …)

Dans l’Histoire, plusieurs MDP se sont succédés

Page 12: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

MDP « Communisme primitif »

« Asiatique » Esclavagisme Féodalisme Capitalisme Socialisme/ Cadrisme ?

Communisme

Forme et origine de

l’exploitation et de la plus-

value

Pas d’exploitation de classe, mais inégalité

sexuelle fondement de l’exploitation des

femmes

Paiement d’un tribut à l’Etat : échange de la

protection contre impôts (tribut)

Esclavage. Division du travail, propriété foncière,

guerres, oïkos

Servage. Protection du serf par le seigneur en

échange de corvées ; privilèges

Différence entre la valeur produite

par le travailleur et son salaire

(profit)

Capital culturel ; maintien de petits

privilèges ; investissement

Fin de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, et des femmes par les

hommes

Classes exploiteuses et

exploitées

Société sans classe mais exploitation des

femmes

Bureaucratie vs paysans

Maîtres (propriétaires fonciers) vs

esclaves

Suzerain/seigneur vs

Vassal/Serf

Capitaliste vs prolétaire-salarié

Bureaucratie (nomenklatura) vs

« Encadrés »

Société sans classe

Forme de la propriété

Propriété commune voire absence de

propriété ; parfois propriété des terres

Petite propriété commune

Esclave propriété du maître ; propriété

foncière

Fief, propriété foncière

Propriété privée des moyens de

production ; force de travail devient une marchandise

Propriété étatique des moyens de

production, propriétés privées de certains biens de consommation

Propriété commune, abolition de la

propriété privée

Développement des forces productives

Faible : société sous la domination des forces naturelles ; chasseurs-cueilleurs ; premiers

outils

Faible, apparition d’un

surplus ; production locale

Apparition d’un surplus,

développement des connaissances

techniques et des sciences ; commerce

Stagnation relative du développement

des forces productives ; faible développement des

marchés

Très rapide et important ;

marché internationaux et marchandisation

croissante

Très important Très important

Contradictions Développement de la propriété de la Terre et de l’agriculture pour faire face à la Nature

entraîne progressivement des

inégalités ; Apparition d’un surplus

Division du travail permet le

changement technique et

l’apparition de nouveaux modes

de production

Esclavage limite le développement des forces productives

(coûteux)

Crises de sous-production ;

apparition de la classe bourgeoise

Crises de surproduction ;

baisse des taux de profit ;

socialisation de la production et concentration,

inégalités

Etat et bureaucratie

deviennent de moins en moins

nécessaires

Aucune ( ?)

Superstructure Animisme Absence d’Etat, culte

des morts

Etat (cité, empire),

développement de la religion

Polythéisme, Etat (Cités, empires…),

famille

Monothéisme christianisme

Monarchie absolue

Etat de droit (en général

démocratique), religion « opium

du peuple »,

Abolition de la religion et des

idéologies, « dictature du prolétariat »

Abolition de l’Etat, de la famille, des religions et de la

propriété

Période & ex : Préhistoire ; Amazonie Chine, Inde Antiquité Moyen-Âge XVIII-… ? ?

Page 13: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

B. L’analyse marxiste du mode de production capitaliste (MPC)

• Caractéristiques :– Propriété privée des moyens de production– Large développement du marché – Le travailleur est libre mais n’a que sa force de

travail à vendre: La force de travail est une marchandise

– La recherche du profit est le motif principal de la production

– L’Etat– La concurrence sert de régulateur ; mode de

production « anarchique » (coordination décentralisée).

Page 14: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

« La concurrence impose les lois immanentes de la production capitaliste comme lois coercitives à chaque capitaliste individuel » (Marx, 1867, p.1096)

=> c’est le fonctionnement du capitalisme qui pousse le capitaliste à recherche le profit maximum, à augmenter les cadences, à développer les machines etc… Le capitaliste est tout aussi aliéné que le salarié

Page 15: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Le MPC (comme tout MDP) est travaillé par un certain nombre de contradictions :– Entre production collective et appropriation privée

(séparation producteurs/moyens de production)– Entre « l’anarchie » du marché & la socialisation de

la production (firme, coopération, division du travail, « despotisme » d’usine, développement des SA, du crédit etc)

– Entre travail et capital

• Ces contradictions sont à la source des crises et des transformations du capitalisme

Page 16: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Les crises : – La loi de la baisse tendancielle du taux de profit

et les crises de surproduction : la concurrence pousse au progrès technique et à la substitution du capital variable par du capital constant, amenant la hausse de la composition organique du capital et la baisse du taux de profit

– Le MPC s’ajuste via les crises qui entraînent centralisation/socialisation/dévalorisation du capital, ce qui l’amène à être de plus en plus socialisé

– …mais ce dépassement du capitalisme par lui-même butera toujours (selon Marx) sur sa contradiction fondamentale (la propriété privée) qui l’amènera à sa chute

Page 17: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Il existe chez Marx des « contre-tendances » à la baisse tendancielle du taux de profit

• Ces contre-tendances sont ce qu’on appelle aujourd’hui des régulations

• Les « contre-tendances » :– Hausse du taux d’exploitation (baisse des salaires,

gains de productivité, augmentation de la durée du travail…)

– L’internationalisation (baisse des salaires, développement de nouveaux marchés…)

– Développement des sociétés anonymes– Baisse de la valeur du capital constant

Page 18: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Marx souligne déjà que le capitalisme est marqué par différents processus de socialisation : crédit, grandes entreprises etc

• On ne peut pas le réduire à une pure économie de marché :– L’entreprise est marquée par un rapport

« despotique » (hiérarchique) et c’est une forme de planification privée

– La monnaie et le crédit ne sont pas des rapports purement marchands

– Les sociétés anonymes sont une forme de socialisation capitaliste, qui amène la séparation entre propriété et gestion

– Le marché capitaliste ne peut exister sans l’Etat

Page 19: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Concurrence pour le profit

M écanisation , progrès technique

Gains de productivité

Augmentation de la composition

organique du capital

Baisse du taux de profit

Accumulation , développement du

marché

C rise de surproduction

blocage de l ’ accumulation Failli tes ,

dévalorisation du capital

Armée de réserve ( chômage)

Hausse du taux d ’ exploitation

Grève, conflits

Concentration

Hausse du taux de prof i t

Internationalisation

Baisse du salaire

Développement du crédit, des SA et de la finance

Page 20: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Mais Marx ne décrit en rien ou presque comment fonctionnerait le socialisme/communisme. Marx se refuse à proposer toute recette. Il se contente de montrer que les sociétés changent par la lutte des classes et encourage seulement le prolétariat à prendre conscience de sa condition pour s'émanciper. Il préfère laisser le prolétariat construire sa propre société (le communisme) qui devra être sans classe et sans Etat

« Ce sont les hommes qui font l'Histoire, mais ils ne savent pas quelle histoire ils font »

• Marx prédit que la Révolution se traduira probablement pendant la période révolutionnaire par une dictature du prolétariat, par la prise du pouvoir d'Etat par les prolétaires pour imposer l'abolition des classes et la suppression de la propriété et assurer le retour à l'ordre

Page 21: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

C. Critiques du matérialisme historique

• L’explication « purement » économique de l’Histoire possède des limites

• Le matérialisme strict n’a pas de sens : les idées et les institutions influencent aussi les comportements (ce que reconnaît Marx d’ailleurs)

• Les MDP et les classes sont décrits parfois de façon beaucoup trop simplifiées. Ex : les travaux archéologiques et historique sur l’Antiquité montrent le multiplicité des statuts de l’esclavage qui n’en font pas une classe très homogène etc…

• Vision trop déterministe mais surtout téléologique• Marx a sous-estimé les capacités de régulation et transformations du

capitalisme et surestimé les possibilités pratiques du socialisme et du communisme

• La Révolution eut lieu d’abord en Russie, dans une économie « arriérée » où le servage était encore pratiqué dans certains endroits

• L’URSS et tous les régimes dits « socialistes » ont donné lieu à une nouvelle forme d’exploitation

Page 22: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Ce qu’il faut retenir du matérialisme historiqueCe qu’il faut retenir du matérialisme historique:– Il est intéressant et nécessaire de caractériser les sociétés

par leurs institutions, les conflits qui les traversent et leur MDP

– Les dynamiques / la dialectique, à condition d’abandonner la téléologie stricte de l’Histoire

– Il est important de lire les changements par l’économie et les conflits

– il ne faut pas défendre bec et ongle la taxonomie de Marx. Lui-même avait remarqué les limites de sa propre analyse (ex: MDP « asiatique »). Ce qu’il faut, c’est étudier et comprendre les systèmes économiques et leur dynamique réelle, sans chercher à forcer les catégories

– Les lois économiques sont toujours à contextualiser

Page 23: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

A. Les débats de l’entre-deux guerres : marché contre planification centralisée

Analyse néoclassique du problème du calcul économique :

Ensemble des critères et méthodes de choix entre différentes utilisations alternatives de ressources rares pour parvenir au résultat optimum

La question : quel est le système le plus apte à la coordination des actions et au calcul économique ?

II. Les débats historiques sur la II. Les débats historiques sur la concurrence entre capitalisme et concurrence entre capitalisme et

socialisme socialisme

Page 24: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Pour les marxistes, le prix représente mal la valeur d’un bien, qui devrait converger vers la quantité de travail socialement nécessaire à sa production.

• Dès lors, si on connaît les quantités de travail nécessaires, il suffirait d’allouer les ressources aux différentes branches de façon centralisée, sans avoir recours au marché et à la monnaie

• Von MisesA l’origine du débat :La monnaie et le marché permettent le calcul économique rationnel par l’évaluation

(valeur d’échange, problème de la commensurabilité) et le contrôle (sélection, efficacité des techniques) (von Mises 1920). Sans marché, impossible de déterminer selon lui la valeur des biens capitaux.

Or selon von Mises :- Pas de calcul sans mécanisme de prix- Pas de mécanisme de prix sans marché- Pas de marché sans propriété privée

Donc le système de propriété et le système de coordination sont indissociables : le calcul économique est impossible dans un système planifié, car sans connaître la valeur relative des biens, l’autorité fera des choix irrationnels

Page 25: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Début des années 30, Taylor et Dickinson montrent la possibilité théorique de calcul de l’équilibre en économie planifiée (Bureau de planification et commissaire priseur)

• Réplique de Hayek : calcul théoriquement possible mais pas en pratique, problème de l’information

• O. Lange : il suffit d’introduire dans l’EG walrassien un processus de décentralisation des décisions: démonstration de la possibilité du socialisme « par le point de vue de l’ennemi »

L’équilibre suppose :- Des règles de calcul économique qui peuvent être imposées

par le bureau de planification (min coût moyen, règle du coût marginal…)

- Un système de prix déterminé par la loi de l’offre et de la demande (le bureau ajuste par tâtonnement)

= « the market socialism »…différent de la planification soviétique

Page 26: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Réponse de Hayek : le problème de l’information n’est pas celui du tâtonnement pour un équilibre statique, mais celui de sa transformation et de l’exploration de l’équilibre dans une perspective dynamique

- Évolution des conditions économiques, rôle actif des entreprises dans la recherche d’information et l’exploitation des informations asymétriques

- Production permanente d’informations nouvelles- Supériorité du système de prix, sélection et décision

Incapacité de la planification à faire face au changement :l’entrepreneur innovateur, problèmes du profit pur et des incitations

=> Retour au problème de von Mises : incitations et propriété privée

Des interprétations divergentes du débat : incitations comme problème sociologique (Lange) ou il ne peut y avoir d’information pertinente en dehors du marché (et donc de la propriété privée – Hayek).

Les « autrichiens » critiquent l’EGC comme étant « constructiviste et planificateur »…vision plus proche de la cybernétique et de l’évolutionnisme

Page 27: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Par la suite, Hayek développera une conception de l’économie fondée sur le rôle du droit et de l’information. Hayek considère que la limitation de l’information et des connaissances est le cadre de référence des actions humaines

• Distinction entre « ordre spontané » (kosmos) et « ordre construit » (taxis) et entre règles de juste conduite (nomos) et règles du législateur (thesis) :• L es ordres spontanés/kosmos sont le produit de l’action

d’agents aux intentions différentes (ex : marché)• Les ordres construits/planifiés/taxis sont des ordres finalisés et

hiérarchiques qui visent à réaliser une action particulière. Ce sont des organisations (ex : entreprises et Etat)

• Tout système économique mélange des ordres construits et des ordres spontanés, mais le système économique est un ordre spontané, complexe

• Les règles qui gouvernent un ordre spontané sont des règles issues de la tradition, que les agents suivent plus ou moins consciemment ; elles sont sélectionnées progressivement par les habitudes, les traditions et le marché car ce sont celles qui sont le plus efficaces

• Au contraire, le législateur crée des lois (thesis), qui ne peuvent tenir compte de l’ensemble des situations possibles, et sont donc nécessairement imparfaites

Page 28: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

– Aucun cerveau humain n’a la capacité de traiter l’ensemble des connaissances et certaines informations sont cachées : un ordre construit est forcément dédié à des objectifs très simples, l’ordre spontané permet lui d’assurer des objectifs multiples alors que chaque agent ne recherche que son seul objectif

– Le marché est le seul à pouvoir assurer cette synthèse de l’information et donc il s’autorégule et s’auto-organise

– Le prix est un signal, qui indique un degré relatif de rareté, et qui incite/coordonne les actions des agents de manière dynamique

– Le droit de la propriété et le régime juridique de common law sont fondamentaux car ils permettent d’adapter par apprentissage et incorporation des traditions. Dans ce régime, le juge est un élément de l’ordre spontanée, qui intervient pour faire appliquer le nomos

– Toute intervention « planificatrice » de l’Etat (keynésienne…) est le premier pas vers le totalitarisme, car elle oblige l’ensemble de la société à suivre la même direction

Page 29: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

B. L’équilibre général…économie de marché ou centralisée?

• Le modèle d’EG permet de montrer l’existence d’un optimum et d’un équilibre concurrentiel…

• …mais quel type de système économique est décrit dans ce modèle?

• Il est souvent présenté comme la « démonstration » de la main invisible…est-ce vrai?

Page 30: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Le cadre institutionnel du modèle :– Informations parfaites et hypo de nomenclature– système complet (et parfait) de marché– Rendements décroissants : une multitude de petites

firmes, qui au final finissent par avoir la taille des ménages

– « secrétaire de marché » bénévole qui centralise les O et D et « crie » les prix

– Interdiction d’échanges hors équilibre, donc suppose qu’une entité contrôle cela

– Il n’y a pas de monnaie (la chambre des compensations de Walras)

– Hypo de « survie du consommateur »

• => est-on plus près du Gosplan ou du marché capitaliste?

Page 31: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Les « résultats » du modèle :– Théorèmes de l’éco. du bien être – Mais aussi théorème de Sonnenschein-Mantel-

Debreu : « les fonctions de demandes nettes du modèle Arrow-Debreu peuvent avoir n’importe quelle forme » => convergence et unicité de l’équilibre ne sont pas garanties

• Information et efficience dans une économie concurrentielle– Transparence nécessaire pour un optimum– Théorème de Grossman et Stiglitz : impossibilité

logique de l’efficience informationnelle du marché => questionne la thèse hayekienne et remet en cause l’hypothèse de Fama

Page 32: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Les enseignements du débat :- Quels liens entre mécanismes de coordination et formes

de propriété ?- Convergence historique vers un système de propriété

privée ? - Rôle central de l’information et des institutions dans le

système économique- Le plan, le marché et la bureaucratie existent (ou

peuvent exister) aussi bien dans le capitalisme que dans le socialisme…la question est plutôt de savoir quelles relations existent entre les « ordres construits » et les « ordres spontanés » : une variété de cas possibles et en évolution

- La sous-optimalité et le déséquilibre sont la règle, dans tout système économique : il faut s’intéresser au processus autant qu’aux états d’équilibre

Page 33: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

C. La thèse de la convergence des deux systèmes

Schumpeter (1942):

– Le capitalisme est dominé par de grandes entreprises, où l’innovation devient routinière et organisée par une technostructure (cadres, managers, bureaucrates etc…). Ce n’est plus l’entrepreneur-innovateur qui domine ; il y a un risque pour le capitalisme de se scléroser

– Le niveau de vie augmentant, le niveau d’éducation augmente, amenant une surproduction « d’intellectuels »

– Ces derniers gagnent mal leur vie (trop nombreux), ce qui les amènent à se liguer avec les prolétaires contre le capitalisme

– Cela amène une hostilité générale des masses face aux grandes firmes, et au capital

– Cela pousse l’Etat à intervenir de plus en plus, via l’Etat-Providence et la planification

Page 34: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

Galbraith (1967 ):– Ce sont des technostructures (managers) qui

dominent les grandes entreprise, pas des capitalistes

– Domination des grands oligopoles– Filière inversée : ce sont les firmes qui

organisent les goûts des consommateurs, en créant de nouveaux besoins par la publicité, le marketing… Les grands oligopoles contrôlent/planifient les marchés et la demande

– L’Etat est amené à intervenir pour garantir le plein emploi, et parce que les entreprises bénéficient des commandes publiques

Page 35: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• L’autogestion vs la firme capitaliste– L’entreprise autogérée désigne un type d’entreprises où les salariés sont

propriétaires de l’entreprise et élisent démocratiquement le dirigeant (de manière révocable) : un homme, une voix

– On souligne que cela facilite l’innovation, l’incitation à travailler et limite les problèmes d’agence, donc permet des gains de productivité

– …mais problème de risques de sous-investissement (préférence pour le salaire plutôt que de réinvestir dans l’entreprise) => il faudrait obliger les firmes autogérées à introduire des règles d’investissement minimum

– Difficultés liées au licenciement et à la croissance de l’entreprise

• La firme capitaliste :– Ne pas confondre petite production marchande (artisanat, professions

libérales) et production capitaliste– Mais capacité à centraliser le capital, notamment pour les sociétés

anonymes, via crédit et Bourse– Recherche du profit incite à investir, innover et à faire travailler plus

efficacement la force de travail– Mais problèmes d’agences et d’incitations au travail (conflits, hiérarchie

etc…)

Page 36: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

III. La nature du « socialisme réel »• Très tôt, certains marxistes ont interrogé la

nature réelle du système qui se mettait en place en URSS

• Le débat :– Est-ce un socialisme, un capitalisme d'Etat ou

autre chose?– Une société sans classe et sans exploitation

ou une classe bureaucratique (cadres, nomenklatura etc) qui exploite les travailleurs?

Page 37: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

A. Les analyses marxistes du système soviétique

• Il y eut dès le départ en Russie un débat sur la nature que devait prendre le régime entre mencheviks et bolchéviks, les premiers préférant d'abord avoir la démocratie puis ensuite le socialisme

• Marx prévoyait la révolution dans un pays avancé, pas arriéré

• De plus les soviets, véritables organisations autogérées, furent dépouillées de leur pouvoir par le régime bolchévique et Lénine très tôt (1917), amenant à mettre en place « un communisme de guerre » :• nationalisation,

• organisation militaire de l'économie

• Réquisition agricoles

• Monopole de l’Etat sur les marchés intérieurs et extérieurs

Page 38: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Ensuite fut mis en place un « capitalisme d'Etat » avec la NEP entre 1921 et 1928 et en autorisant le marché libre pour l'agriculture et une industrialisation par l'Etat et acceptation de certaines entreprises privées. Cette politique fut initialement promue par Trotsky puis Lénine

• Pour les marxistes sociaux-démocrates comme Otto Bauer, c'est la preuve qu'il est nécessaire d'avoir une phase transitoire. Ce dernier pensait que la révolution russe ne pouvait qu'amener à un Etat bourgeois et un capitalisme d'Etat. Débats autour d'une « capitulation »

• La planification centralisée est rétablie à la mort de Lénine par Staline

Page 39: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Dans ce système, l'Etat est propriétaire de l'ensemble des moyens de production et planifie l'ensemble de l'économie.

• La planification est quantitative (quantités physiques), donc par coordination ex ante via le Gosplan et les plans quinquennaux

• Objectif : industrialisation• Une banque unique est maintenue et la monnaie

était conservée avec des prix administrés• Maintien de coopératives (kolkhoze) • Est-ce un système socialiste et la bureaucratie

est-elle une classe?• Trotsky considérait que la bureaucratie n'était pas

une classe mais simplement une strate...• Mais son avis évolua

Page 40: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• A la fin de la NEP, l'URSS était encore une économie largement agraire (presque 75% de la population active!) et rurale (82%!)

• La structure de classe de l'URSS :– Une classe dirigeante (Nomenklatura), avec en

haut le secrétaire général, le Politburo et les chefs du Parti, contrôlant une classe de petits chefs d'entre 2 à 4 millions de personnes

– En dessous, la classe des ouvriers, employés et paysans

• Il s'agissait donc bien d'une économie structurée en classes

Page 41: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Les cadres constituaient donc une classe à part entière mais ce n'était pas le capitalisme dans la mesure où la classe n'était pas capitaliste, que l'objectif n'était pas le profit

• G.Duménil a proposé alors de parler de cadrisme autoritaire pour caractériser l'URSS (d'autres ont parlé « d'absolutisme bureaucratique »). Qu'est-ce que le cadrisme? C'est un rapport de production entre un cadre et un employé, dont la domination du premier est liée à une compétence technique (capital culturel).

• Le capitalisme moderne est lui-même traversé par le cadrisme, à cause de la séparation de la propriété et de la gestion (sociétés par actions) et de la révolution managériale. Le néolibéralisme est alors un « capito-cadrisme », car la classe dominante sont des cadres travaillant pour le capital et rémunérés sur la plus-value (ex : PDG, DRH, administrateurs, traders, analystes financiers, consultants etc)

• Dans l'URSS, les rapports capitalistes avaient disparu et seuls les rapports cadristes subsistaient, organisés à partir de l'Etat

Page 42: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

B. Points communs et différences entre capitalisme et « socialisme réel » : monnaie,

salariat et cadrisme• Si le socialisme réel n'était pas capitaliste, il

possédait des points communs avec le capitalisme

• Tout d'abord, comme nous l'avons déjà vu, le capitalisme et « socialisme réel » sont des cadrismes et possédaient des degrés très différents de la coordination hiérarchique (dans la firme pour le capitalisme+Etat ; coordination centralement hiérarchique pour le socialisme)

• Mais les deux systèmes étaient aussi marqués par le salariat et la monnaie

Page 43: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Dans les deux systèmes : séparation entre travailleurs et moyens de production (les salariés ne sont pas propriétaires des moyens de production)

• Des marchés et des processus de marchandage existaient dans l'URSS (mais à très petite échelle) : marché noir, « marchandage du plan »

• Est-ce à dire que l'URSS était une forme de capitalisme? Non, les firmes étaient non marchandes (pas de profit ; sanctions hiérarchiques) et il y avait une planification centralisée (Gosplan)

Page 44: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)
Page 45: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)
Page 46: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Janos Kornaï introduisit la notion de « contrainte budgétaire lâche » pour comprendre le fonctionnement de l'économie soviétique

• Chaque firme avait des objectifs à atteindre. La coordination était centralisée, mais pas totalement. Les objectifs du Plan étaient négociés, les dirigeants possédaient des incitations en cas de non atteinte des objectifs de productivité

• La contrainte budgétaire était lâche, au sens qu'en cas de besoin, les entreprises pouvaient demander à la banque centrale ou à l'Etat de lui fournir des crédits/ressources supplémentaires. De plus, les entreprises avaient une garantie de vente, puisque l'Etat achetait la production. Les entreprises ne faisaient pas faillite

• De ce fait, les entreprises n'étaient pas soumises à l'objectif de profit

• Enfin, les prix n'avaient qu'un rôle faible de coordination (voire aucun)

Page 47: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)
Page 48: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)

• Il en a résulté une course à la quantité physique, plutôt qu'à la qualité et des manipulations de l'information

• Il en résultait une économie pénurique, notamment à cause de pénuries de main d'oeuvre (substitution travail/capital du fait des problèmes d'approvisionnement)

• Si l'économie soviétique a été beaucoup moins efficace (voire très inefficace) que les économies capitalistes pour les biens d consommation, elle a eu cependant certaines réussites : armement, recherche fondamentale, industrie lourde

• Globalement, l’échec de l’URSS et l’analyse de ses maux soulignent que la question de l’information et de l’incitation (point de vue autrichien) a de la pertinence

Page 49: Partie 1 : Les débats sur la nature et les formes du capitalisme (12h)