23
5 DIALOGUES STRATÉGIQUES Table des matières Liste des auteurs .............................................................................................................7 Liste des abréviations ......................................................................................................8 A propos d’HEC Center for Geopolitics .........................................................................10 A propos du Policy Center for the New South ...............................................................11 Introduction ....................................................................................................................13 PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE................ 21 I. GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES.......................................................................... 23 Les Stratégies de puissances en Afrique ................................................... 23 Pascal Chaigneau Quand le Moyen Orient s’invite en Afrique ................................................ 29 Khalid Chegraoui Le retour de la Russie en Afrique................................................................ 47 Ambassadeur Eugène Berg La politique africaine de Narendra Modi .................................................... 61 Rodolphe Monnet II. ENTRE PUISSANCES EMERGENTES ET PUISSANCES TRADITIONNELLES : QUEL RAPPORT DE FORCE ENTRE LES ACTEURS INTERNATIONAUX EN AFRIQUE ? ...................................... 71 Le Soft Power Indien à la conquête de l’Afrique ....................................... 71 Mohammed Loulichki La nouvelle physionomie de la stratégie chinoise en Afrique ................... 85 Jacques Gravereau La Turquie en Afrique : Le couple soft power-hard power au service de l’affirmation d’une puissance régionale................................................. 97 Larabi Jaidi Biden et le continent africain ................................................................... 123 Jérémy Ghez

PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

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Page 1: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

5DIALOGUES STRATÉGIQUES

Table des matières

Liste des auteurs .............................................................................................................7

Liste des abréviations ......................................................................................................8

A propos d’HEC Center for Geopolitics .........................................................................10

A propos du Policy Center for the New South ...............................................................11

Introduction ....................................................................................................................13

PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE ................ 21

I. GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES ..........................................................................23

• Les Stratégies de puissances en Afrique ...................................................23 Pascal Chaigneau

• Quand le Moyen Orient s’invite en Afrique ................................................29 Khalid Chegraoui

• Le retour de la Russie en Afrique................................................................47 Ambassadeur Eugène Berg

• La politique africaine de Narendra Modi ....................................................61 Rodolphe Monnet

II. ENTRE PUISSANCES EMERGENTES ET PUISSANCES TRADITIONNELLES : QUEL RAPPORT DE FORCE ENTRE LES ACTEURS INTERNATIONAUX EN AFRIQUE ? ......................................71

• Le Soft Power Indien à la conquête de l’Afrique .......................................71 Mohammed Loulichki

• La nouvelle physionomie de la stratégie chinoise en Afrique ...................85 Jacques Gravereau

• La Turquie en Afrique : Le couple soft power-hard power au service de l’affirmation d’une puissance régionale.................................................97

Larabi Jaidi

• Biden et le continent africain ...................................................................123 Jérémy Ghez

Page 2: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

6 DIALOGUES STRATÉGIQUES

PARTIE II : L’AFRIQUE FACE AU TERRORISME .............................. 127

III. GEOPOLITIQUE DU TERRORISME : SITUATIONS ET MODES D’ACTIONS ...............................................................................................129

• Le nouveau contexte sécuritaire africain .................................................129 Pascal Chaigneau

• Bilan des opérations militaires françaises ..............................................133 Olivier Tramond

• La côte orientale africaine : un espace stratégique, miné par la violence .................................................................................................141

Abdelhak Bassou

IV. LES GROUPES ARMES EN AFRIQUE : BILAN ET ANALYSE .............153

• La complexité de l'environnement stratégique sahélien .........................153 Niagalé Bagayoko

• La piraterie dans le Golfe de Guinée et ses liens avec le financement du terrorisme ............................................................................................159

Amiral Alain Oudot de Dainville

• Evaluation du groupe d'experts de l'ONU sur la menace posée par Al Qaida et Daech en Afrique ..................................................................163

Jérôme Evrard

Page 3: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

7DIALOGUES STRATÉGIQUES

Liste des auteurs

• Pascal Chaigneau, Directeur, Centre HEC de Géopolitique

• Khalid Chegraoui, Senior Fellow, Policy Center for the New South

• Eugène Berg, Ambassadeur, Centre HEC de Géopolitique

• Rodolphe Monnet, Expert Inde du Centre HEC de Géopolitique

• Mohammed Loulichki, Senior Fellow, Policy Center for the New South

• Jacques Gravereau, Président d’Honneur, HEC Eurasia Institute

• Larabi Jaidi, Senior Fellow, Policy Center for the New South

• Jérémy Ghez, Chercheur, Centre HEC de Géopolitique

• Olivier Tramond, Général de Corps d’Armée

• Abdelhak Bassou, Senior Fellow, Policy Center for the New South

• Niagalé Bagayoko, Chair, African Security Sector Network

• Alain Oudot de Dainville, Amiral, Ancien Chef d’État-Major de la Marine, Centre HEC de géopolitiqueJérôme Évrard, Expert auprès du Conseil de Sécurité de l’ONU

• Jérôme Evrard, Expert auprès du Conseil de sécurité de l’ONU

Page 4: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

8 DIALOGUES STRATÉGIQUES

Liste des abréviations

ADF Allied Democratic Forces

AFRICOM Commandement des États-Unis pour l'Afrique

AMISOM Mission de l'Union africaine en Somalie

ANC African National Congress

APSA Architecture africaine de paix et de sécurité

AQMI Al-Qaïda au Maghreb islamique

ASEAN Association des nations de l'Asie du Sud-Est

ASSN African Security Sector Network

BJP Bharatiya Janata Party

BMCE Bank of Africa

BRI Belt & Road Initiative

BTP Bâtiment et Travaux publics

CEDEAO Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest

CEEAC Communauté économique des États de l'Afrique centrale

CER Communautés économiques régionales

CHEDS Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité

CNESS Centre national d’étude stratégique et de sécurité

DASD Deputy Assistant Secretary of Defense for African Affairs

DGSN Direction générale de la Sûreté nationale

DGST Direction générale de la Surveillance du Territoire

EIGS État islamique dans le Grand Sahara

EUCAP Sahel Mali

Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure maliennes

EUCAP Sahel Niger

Mission de soutien aux capacités de sécurité intérieure nigériennes

EUTM Mali Mission de formation de l'Union européenne au Mali

Page 5: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

9DIALOGUES STRATÉGIQUES

FMI Fond Monétaire International

FRELIMO Front de Libération du Mozambique

HIPPO High Level Panel on Peace Operations

IBSA India, Brazil, South Africa

ISCAP Islamic State's Central Africa Province

ISWAP État islamique en Afrique de l'Ouest

JNIM Jama'a Nusrat ul-Islam wa al-Muslimin'

KGB Comité pour la Sécurité de l'État (URSS)

LIC Low Intensity Conflict

MEND Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger

MINUSMA Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la sta-bilisation au Mali

MONUSCO Mission de l'Organisation des Nations unies en République démocra-tique du Congo

MPLA Mouvement populaire pour la Libération de l’Angola

NIMASA Nigerian Maritime Administration and Safety Agency

ONU Organisation des Nations Unies

OOTW Operations Other Than War

PNUD Programme des Nations unies pour le développement

QUAD Dialogue de sécurité quadrilateral

RCA République Centrafricaine

RDC République démocratique du Congo

RH Ressources humaines

SAARC Association sud-asiatique pour la coopération régionale

UA Union Africaine

UE Union Européenne

URSS Union des républiques socialistes soviétiques

Page 6: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

10 DIALOGUES STRATÉGIQUES

A propos d’HEC Center for Geopolitics L’émergence d’une géopolitique de plus en plus complexe et le constat d’une géo-

économie en plein bouleversement ont conduit le groupe HEC, en 2013, à créer le Centre HEC de Géopolitique. Il a pour objectif principal de sensibiliser et de former les dirigeants des secteurs privé et public aux nouveaux défis allant du risque pays à l’analyse prospective. Lieu de formation, de dialogue et de réflexion, ouvert aux responsables d’entreprise, décideurs politiques et experts internationaux, le Centre HEC de Géopolitique se veut un forum sur les enjeux géoéconomiques et géostratégiques qui déterminent un environnement international en constante mutation. Il vise à rendre la géostratégie et la géopolitique plus opérationnelles en servant de « trait d’union » entre le secteur privé, le secteur public et le monde académique, et en s’efforçant de faire dialoguer différentes disciplines et méthodologies.

www.hec.fr

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11DIALOGUES STRATÉGIQUES

A propos du Policy Center for the New South

Le Policy Center for the New South (PCNS) est un think tank marocain dont la mission est de contribuer à l’amélioration des politiques publiques, aussi bien économiques que sociales et internationales, qui concernent le Maroc et l’Afrique, parties intégrantes du Sud global.

Le PCNS défend le concept d’un « nouveau Sud » ouvert, responsable et entreprenant ; un Sud qui définit ses propres narratifs, ainsi que les cartes mentales autour des bassins de la Méditerranée et de l’Atlantique Sud, dans le cadre d’un rapport décomplexé avec le reste du monde. Le think tank se propose d’accompagner, par ses travaux, l’élaboration des politiques publiques en Afrique, et de donner la parole aux experts du Sud sur les évolutions géopolitiques qui les concernent. Ce positionnement, axé sur le dialogue et les partenariats, consiste à cultiver une expertise et une excellence africaines, à même de contribuer au diagnostic et aux solutions des défis africains.

A ce titre, le PCNS mobilise des chercheurs, publie leurs travaux et capitalise sur un réseau de partenaires de renom, issus de tous les continents. Le PCNS organise tout au long de l’année une série de rencontres de formats et de niveaux différents, dont les plus importantes sont les conférences internationales annuelles « The Atlantic Dialogues » et « African Peace and Security Annual Conference » (APSACO).

Enfin, le think tank développe une communauté de jeunes leaders à travers le programme Atlantic Dialogues Emerging Leaders (ADEL). Cet espace de coopération et de mise en relation d’une nouvelle génération de décideurs et d’entrepreneurs, est déjà fort de plus de 300 membres. Le PCNS contribue ainsi au dialogue intergénérationnel et à l’émergence des leaders de demain.

www.policycenter.ma

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13DIALOGUES STRATÉGIQUES

Introduction

PARTIE I : Les Rivalités de Puissance en Afrique

I : GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES

Chapitre 2 : Les Stratégies de puissances en AfriquePascal Chaigneau

Depuis l’accession au trône du Roi Mohammed VI, l’Afrique s’est transformée en priorité de la diplomatie marocaine. Sur le plan économique, l’Afrique est devenue le prolongement naturel du Maroc en termes d’investissements et d’implantations. Pascal Chaigneau s’attarde sur les relations affaiblies Europe-Afrique, l’ambitieuse relation Chine-Afrique ainsi que les relations entre la Russie, les Etats-Unis, la Turquie ou encore les pays du Golf et l’Afrique. Ce chapitre traite également de l’Afrique orientale comme cas d’école. Cette région est devenue au cours de ces derniers mois un condensé des stratégies d’influence des acteurs extérieurs.

Chapitre 2 : Quand le Moyen Orient s’invite en AfriqueKhalid Chegraoui

Les pays du Moyen Orient et leurs investissements sont de plus en plus présents sur le continent africain. L’Arabie Saoudite, les Emirates Arabes Unis (EAU) et le Qatar investissent de manière exponentielle en Afrique du Nord, en Afrique de l’Est, avec un regain d’intérêt pour l’Afrique de l’Ouest, et un nouvel encrage assez stratégique en Afrique australe, surtout de la part des EAU et de l’Arabie Saoudite.

L’Arabie Saoudite joue un rôle indéniable dans les processus politiques de plusieurs régions africaines, à travers ses investissements massifs. Les EAU, fidèles à leurs vocations géographique et historique, se projettent dans ce qu’ils savent faire le mieux : le maritime en Afrique. Le chapitre traite aussi de la politique Iranienne en Afrique. L’intérêt des Iraniens pour le continent et la communauté musulmane se traduit par deux stratégies : la « shiisation » des membres des communautés musulmanes et les aides et investissements économiques et transferts de connaissances pour certains pays.

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14 DIALOGUES STRATÉGIQUES

Chapitre 3 : Le retour de la Russie sur le champ africainAmbassadeur Eugène Berg

Dans son chapitre, Eugène Berg s’attarde sur la présence de la Russie sur le continent africain, ou comment le pays a marqué son existence au sein de l’Afrique en sept étapes. Ces étapes débutent lors de l’empire des tsars du Pouchkine et se poursuivent jusqu’à aujourd’hui.

Le chapitre traite également des liens commerciaux Russie/Maroc. Le Maroc a été l’un des principaux bénéficiaires des contre-sanctions instaurées par Moscou sur les produits agroalimentaires européens. Ainsi, le volume des échanges Rabat-Moscou n’est plus négligeable et ces relations bilatérales comportent également une importante dimension sécuritaire.

Pour l’auteur, si la Russie mise de plus en plus ouvertement sur le hard power, elle continue de déployer en Afrique des instruments d’influence de long terme en direction des sociétés locales.

Chapitre 4 : La politique africaine de Narendra ModiRodolphe Monnet

Dans ce chapitre, Rodolphe Monnet traite du lien qui lie l’Inde et le continent africain. Le continent africain n’a pris une part importante dans la politique étrangère indienne que depuis une décennie. Depuis 2008, la relation politique Afro-indienne a une forme plus formelle avec la réunion triennale des chefs d’État d’Afrique et d’Inde.

Narendra Modi, ayant pris ses fonctions de Premier ministre de l’Inde en mai 2014, est pro-Africain. Modi n’a cessé de marquer la proximité entre l’Inde et les États africains. Il a provoqué l’accélération des relations entre son pays et l’Afrique à travers une politique étrangère dynamique mais relative.

Le chapitre s’interroge sur les conséquences de la crise de la Covid-19 sur cette politique étrangère. La pandémie a sérieusement ralenti la relation diplomatique, politique, économique et sociale Afro-indienne et ce pour les années à venir.

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15DIALOGUES STRATÉGIQUES

II : ENTRE PUISSANCES EMERGENTES ET PUISSANCES TRADITIONNELLES : QUEL RAPPORT DE FORCE ENTRE LES ACTEURS INTERNATIONAUX EN AFRIQUE ?

Chapitre 5 : Le Soft Power Indien à la conquête de l’Afrique Mohammed Loulichki

Fidèle à son image qui prône la non-violence comme vecteur principal de sa politique extérieure, l’Inde mobilise les instruments de son soft power pour séduire l’Afrique et s’implanter sur les plans économique, culturel et technologique dans plusieurs régions du Continent.

L’attractivité du soft power indien auprès des Etats africains s’explique à la fois par des considérations historiques, sentimentales et humaines, des intérêts réciproques, des principes partagés en matière de politique extérieure et par l’adéquation entre l’offre de coopération indienne et les besoins réels du Continent en matière de développement. Cependant, le déploiement du soft power indien et la projection de puissance qui le sous-tend se trouve fragilisé à la fois dans ses fondements et dans sa mise en œuvre.

Chapitre 6 : La nouvelle physionomie de la stratégie chinoise en Afrique Jacques Gravereau

Le développement des « nouvelles routes de la soie » est le résultat d’une poussée continue et vigoureuse des grandes entreprises d’Etat chinoises en quête de marchés extérieurs, ayant comme priorités la perspective de chantiers prometteurs.

Dans son chapitre, Jacques Gravereau analyse les nouveaux investissements chinois en Afrique durant les 15 dernières années, les pays africains d’intérêt pour le géant chinois ainsi que la dette africaine auprès de la Chine.

L’auteur d’intéresse également à l’image, plutôt positive, de la Chine en Afrique. Cette image va à l’encontre de la tendance observée dans le reste du monde et est donc favorable au déploiement des stratégies diplomatiques chinoises sur le continent.

Page 12: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

16 DIALOGUES STRATÉGIQUES

Chapitre 7 : Le rôle de la Turquie en Afrique Larabi Jaidi

Depuis que l’Union africaine a déclaré, en 2008, que la Turquie est un partenaire stratégique de l’Afrique, les relations multidimensionnels (politique, diplomatique, culturelle, économique) entre la Turquie et les pays africains ont connu une évolution rapide. La stratégie de pénétration turque, assez discrète à ses débuts, devient progressivement plus musclée. L’attrait du « modèle turc de coopération » avec l’Afrique doit beaucoup à son portage par « un soft power » fondé sur une volonté politique, accompagnée d’un discours attractif savamment distillé dans un cadre partenarial rationnel et global. Cette forme de pénétration a entraîné dans son sillage une autre forme de présence et d’influence, qui elle, s’est appuyée sur les ressorts d’un hard power, sécuritaire et militaire.

On ne peut comprendre la continuité et la cohérence de ces deux visages du pouvoir turc qu’en revenant aux références doctrinales de la politique étrangère turque qui renvoient à son ambition d’acquérir le statut d’une puissance régionale disposant d’une autonomie de décision et d’une capacité d’influence par rapport aux grandes puissances dans la défense de sa vision géostratégique et ses intérêts spécifiques. L’Afrique est un champ d’expression de cette volonté d’autonomie et d’influence. Elle commence à se rendre de plus en plus visible dans des aires et régions africaines géopolitiquement sensibles : l’Afrique du Nord et la méditerranée, le Sahel et l’Afrique de l’ouest, la Corne de l’Afrique et la mer Rouge. De la lecture de la pénétration multidimensionnelle de la Turquie en Afrique se dégage le constat que si la Turquie a enregistré un succès dans la progression de ses échanges commerciaux et ses investissements en Afrique, les limites de cette expansion apparaissent dans les défis qui lui impose son implication dans la gestion des conflits politico-militaires dans le continent et la distanciation de ses rapports géopolitiques avec les puissances occidentales. Si l’influence de la Turquie en Afrique ne peut se comprendre sans référence à la doctrine de sa politique étrangère, les signes de tensions qu’elle génère font peser un doute sur l’ambition de la Turquie à forger son autonomie stratégique et consolider son statut de puissance régionale.

Chapitre 8 : Biden et le continent africain Jérémy Ghez

Le continent africain a rarement été une préoccupation stratégique de Washington. L’Afrique a souvent fait l’objet d’une politique de « douce insouciance » (ou de benign neglect en anglais) de la part des États-Unis qui espéraient que les problèmes du

Page 13: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

17DIALOGUES STRATÉGIQUES

continent n’affectent pas les intérêts stratégiques du pays. Or, de manière remarquable, Washington n’a que très rarement payé le coût de cette politique de relative indifférence vis-à-vis du continent. Au contraire, les engagements nouveaux des administrations Bush et Obama, notamment sur le plan humanitaire et économique, sont vécus comme des embellies contrastant avec la douce insouciance du passé.

Avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, la relation américano-africaine prend un tournant différent, alors que l’administration américaine met davantage l’accent sur le développement du bilatéralisme au détriment du multilatéralisme et des plus petits pays. La relation économique tend aussi à se rétrécir : la position d’investissement direct des États-Unis en Afrique connait aussi un pic en 2014 avant de retomber progressivement à son niveau d’avant la grande récession de 2008. L’auteur analyse le tournant Biden et traite également l’Afrique comme autre théâtre de la rivalité sino-américaine.

PARTIE II : L’Afrique face au Terrorisme

III : GEOPOLITIQUE DU TERRORISME : SITUATIONS ET MODES D’ACTIONS

Chapitre 9 : Le nouveau contexte sécuritaire africain Pascal Chaigneau

Force est de constater que l’analyse sécuritaire du continent africain confronte l’observateur à un double constat : la contamination et la complexification des actions terroristes. Dans le même temps, la mort du Président tchadien Idriss Déby Itno, le 19 avril 2021, pose la problématique de la fragilisation de l’Etat pivot dont la stabilité et l’engagement militaire déterminent largement cinq aires géopolitiques, de la Libye au Soudan. Par une approche bidimensionnelle, l’auteur discute le nouveau contexte sécuritaire african.

Chapitre 10 : Bilan des opérations militaires françaises Olivier Tramond

L’Afrique subsaharienne - lieu d’une « africanisation du Djihad » - deviendra-t-elle le « nouveau centre de gravité du Djihad mondial » (après l’Afghanistan et le Proche Orient) ? La réponse à cette question est liée à la mort du Président du Tchad Déby

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et les menaces qui pèsent sur la stabilité de la principale puissance militaire locale, pivot régional et alliée de la France. Dans ce chapitre, l’auteur essaie de dresser les différentes réponses aux immenses défis des conflits sahéliens.

Chapitre 11 : La côte orientale africaine : un espace stratégique, miné par la violence

Abdelhak Bassou

Région stratégique, avant et après les colonisations, la rive orientale de l’Afrique, aussi bien en océan Indien qu’en mer Rouge, prend de plus en plus d’importance dans la géopolitique africaine. En plus d’être la fenêtre du continent sur l’Indopacifique, où se déroule à présent le plus important des affaires du monde, la façade orientale africaine est également un espace riche en matières premières diverses, notamment les hydrocarbures. Un mal est cependant entrain de ronger cet espace et menace les efforts africains vers le développement, tout en déstabilisant le commerce international, particulièrement maritime : il s’agit de la violence extrémiste qui fait tache d’huile de l’Egypte (Sinaï) au Mozambique (Cabo Delgado) en passant par la Corne de l’Afrique et la région des Grands lacs. L’auteur traite dans son texte cet espace stratégique miné par la violence.

IV : LES GROUPES ARMES EN AFRIQUE : BILAN ET ANALYSE

Chapitre 12 : La complexité de l’environnement stratégique sahélien Niagalé Bagayoko

Le sentiment d’impuissance collective, suscité par la difficulté à apporter une réponse durable à la crise multidimensionnelle que traverse le Sahel, démontre que les solutions promues par les partenaires bilatéraux et multilatéraux de l’Afrique ne sont pas aujourd’hui nécessairement plus efficaces que celles conçues par les Africains.

L’auteur prône cette formulation d’une pensée stratégique africaine qui offrira également l’opportunité aux organisations multilatérales et aux Etats africains de se repositionner vis-à-vis de leurs partenaires sur la base des intérêts et des valeurs gouvernant leurs stratégies respectives et permettra réciproquement à ces acteurs extérieurs de définir, clarifier ou réorienter à terme leurs propres postures en fonction des positions affirmées par les acteurs du continent.

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19DIALOGUES STRATÉGIQUES

Chapitre 13 : La piraterie dans le Golfe de Guinée et ses liens avec le financement du terrorisme

Amiral Alain Oudot de Dainville

L’auteur analyse la piraterie et ses répercussions sur les chantiers de développement des pays notamment africains, et particulièrement au Nigeria. Il traite la problématique à travers un aperçu historique jusqu’à l’heure de la pandémie qui a contraint les ports à diminuer la surveillance, diminution qui a été mise à profit par les pirates. En 2021, le blocage du canal de Suez devrait dérouter une partie du trafic par des routes passant à proximité du golfe de Guinée.

Chapitre 14 : Evaluation du groupe d’experts de l’ONU sur la menace posée par Al Qaida et Daech en Afrique

Jérôme Evrard

L’accélération de l’activité d’Al Qaida et de Daech sur le continent africain représente une préoccupation majeure pour la communauté internationale. Le nombre de victimes africaines du terrorisme augmente et les événements récents qui ont frappé le Mozambique ont permis une nécessaire prise de conscience collective. D’un point de vue pratique, cela se traduit par un intérêt marqué du Conseil de sécurité des Nations unies pour certaines évolutions identifiées dans le cadre de l’évaluation du terrorisme international, avec une situation marquée par des ruptures décisives dans l’action de ces deux groupes terroristes en Afrique. Certaines sont parfois visibles du grand public, d’autres sont parfois plus subtiles à déceler. L’auteur essaie, tout au long de ce chapitre, d’évaluer la menace posée par Al Qaida et Daech en Afrique.

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21DIALOGUES STRATÉGIQUES

LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE

Partie I

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23DIALOGUES STRATÉGIQUES

I. GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES

Les Stratégies de puissances en AfriquePascal Chaigneau

Multiplication et mutation des acteurs

Dans la mesure où ces Strategic Dialogues sont organisés avec le Policy Center of the New South, il convient de mentionner, sans attendre, l’émergence du Maroc comme pays de l’Afrique septentrionale ayant une vision et une politique en Afrique Sub-saharienne.

Feu Sa Majesté Hassan II avait pour habitude de dire que le Maroc est un arbre dont les racines sont en Afrique mais dont les fruits poussent en Europe.

Depuis l’accession au trône du Roi Mohammed VI, l’Afrique est devenue la priorité de la diplomatie marocaine.

Plus de 110 visites royales, l’intégration de l’Union africaine, la candidature du Royaume à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sont autant de révélateurs de cette ambition africaine. Sur le plan économique, l’Afrique est devenue le prolongement naturel du pays en termes d’investissements et d’implantations.

D’OCP Africa à Bank of Africa (Groupe BMCE), les exemples sont révélateurs.

On soulignera, au demeurant, que le Maroc a été le premier pays du continent africain à signer un accord bilatéral post-Brexit avec le Royaume-Uni.

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PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE

24 DIALOGUES STRATÉGIQUES

De fait, Londres mise sur ce type de traités bilatéraux pour compenser les effets de la sortie de l’Union européenne. Le Kenya et le Nigeria constituent, à cet égard, les priorités du gouvernement de Boris Johnson.

Puisque nous évoquons ici la stratégie du Royaume-Uni, il n’est pas inutile de souligner que son départ a affaibli le tropisme africain de l’Union européenne.

Ainsi, la France est devenue isolée face aux pays d’Europe centrale et orientale lorsqu’il s’agit de budgétiser les capacités du Fonds européen de Développement et de renouveler la relation Europe-Afrique. Cette situation, aggravée par la montée des nationalismes liés à la Covid-19, explique le report jusqu’en novembre 2021 de la reconduction du partenariat euro-africain.

En ce qui concerne la Chine, désormais premier partenaire économique du continent, plusieurs constats s’imposent.

En premier lieu, il convient de rappeler que les investissements chinois en Afrique dans le cadre de la « Belt and Road Initiative » avaient commencé à diminuer avant la crise sanitaire.

Sur le plan opérationnel, la Chine est soucieuse de passer du modèle «  usine du monde  » à la délocalisation de ses productions tout en solvabilisant son marché domestique. L’épidémie de la Covid-19, née à Wuhan, a contribué à ralentir cette ambition. De facto, les autorités chinoises ont décidé de concentrer leur stratégie sur les ports africains. Le cas du Kenya a néanmoins constitué un frein notable à cette ambition. En effet, après que le Kenya se soit massivement endetté auprès de la Chine pour réhabiliter ses infrastructures, les autorités chinoises ont négocié la concession emphytéotique du port de Mombassa en contrepartie de l’annulation de la dette.

Après avoir initialement envisagé cette possibilité, le Président Kenyata, face au tollé de son opinion publique, a récusé cette possibilité, ouvrant ainsi une crise avec Pékin. Cette stratégie « endetter pour contrôler » a généré une attitude de prudence chez les dirigeants africains quant à leurs relations avec la Chine.

Aujourd’hui, le grand projet chinois est la construction de la nouvelle capitale « Al Masa » de l’Égypte, véritable projet pharaonique dans un pays dont l’importance stratégique n’est plus à démontrer.

Page 21: PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE 21

25DIALOGUES STRATÉGIQUES

GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES

Les États-Unis, pour leur part, n’ont cessé de critiquer la stratégie chinoise en Afrique depuis l’élection de leur 46ème Président, Joe Biden. Ainsi, Anthony Blinken, durant le sommet d’Anchorage, a évoqué le cas de la Zambie comme un «  néo-colonialisme économique » visant à s’approprier les richesses minérales du pays (cuivre notamment) en compensation de la dette souscrite.

La France, en ce qui la concerne, opère, sous la présidence d’Emmanuel Macron, une politique de « repli sans retrait » du continent africain. Ainsi, le chef de l’État a-t-il décidé (et fait voter par le Parlement, le 20 décembre 2020, la suppression progressive de la zone Franc. Cette décision est appliquée en premier à l’Afrique de l’Ouest. Pour aider la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest à assurer la phase de transition, 5 milliards d’Euros ont été alloués par le Trésor français le 3 mai dernier.

Soucieuse de se désengager du Sahel, la France a proposé, le 30 avril 2021, la création d’une force d’intervention européenne… après avoir échoué quant à la mise en place du dispositif européen Katuba visant à pouvoir déployer des forces spéciales européennes sur la zone sahélo-saharienne.

La France se voit désormais en avocat de l’Afrique. Dans cet esprit, le sommet de Paris des 17 et 18 mai 2021, a été consacré à l’appui économique à l’Afrique du fait de la pandémie de Covid.

Parallèlement, la Russie reprend pied sur le théâtre africain, comme en a témoigné le sommet de Sotchi et comme en atteste la présence militaire russe directe ou indirecte (société militaire privée Wagner) de la Libye à la République centrafricaine.

La Turquie, pour sa part, est devenue un acteur incontournable en Somalie tandis qu’elle ambitionne une place centrale dans l’économie tunisienne et qu’en Libye, alors qu’elle est au centre des rapports de force militaires, elle négocie avec le Premier Ministre Hamid Dbeibah des pans entiers de la reconstruction du pays.

Le Brésil, quant à lui, n’a différé la reprise du « partenariat de l’Atlantique Sud » avec l’Afrique que du fait de la situation sanitaire.

Quant à Israël et aux pays du Golfe, leur dynamique africaine peut être démontrée en se concentrant sur l’Afrique orientale, véritable cas d’école des stratégies employées par les acteurs extérieurs en Afrique.

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PARTIE I : LES RIVALITÉS DE PUISSANCE EN AFRIQUE

26 DIALOGUES STRATÉGIQUES

Le cas d’école de l’Afrique orientale

Au Soudan, après trois décennies de pouvoir du Général Omar El Béchir, le soulèvement populaire de la fin de l’année 2018 et de la première partie de l’année 2019 a porté à la tête du pays, le 21 août 2019, Abdallah Hamdok qui a opéré la bascule stratégique de Pékin vers Washington.

Alors que la République populaire de Chine était le grand allié d’un Soudan sous embargo dont elle exploitait le pétrole, le nouveau pouvoir a ainsi opéré un virage à 180°.

Les États-Unis ont levé leur embargo sur le Soudan et sont en train d’y devenir le premier partenaire économique et sécuritaire.

Omar El Béchir a, quant à lui, fait l’objet d’un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.

L’Égypte coopère désormais avec Khartoum. Plus encore, le Soudan a décidé de nouer des relations diplomatiques avec Israël et a ré-ouvert ses relations économiques et commerciales avec l’État hébreu. Quant à l’Arabie Saoudite, elle est devenue un partenaire incontournable du Soudan.

Mike Pompéo, sous l’administration Trump, avait formulé comme doctrine que l’Afrique serait le talon d’Achille des routes de la soie chinoises et qu’en ciblant quelques pays stratégiques, les États-Unis pourraient y perturber gravement l’influence de Pékin. Le Soudan est une claire démonstration de cette option stratégique.

En Éthiopie, la guerre civile qui règne depuis six mois dans la province septentrionale du Tigré est venue perturber l’image internationale du Premier Ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la Paix. Paradoxe s’il en est, l’Érythrée, ennemi d’hier, est devenu le principal soutien d’Addis Abeba. Ce faisant, l’Union européenne a décidé d’y annuler ses engagements économiques pour les transférer au Soudan.

Les États-Unis mettent à profit la crise régionale générée par la volonté éthiopienne de construire le barrage de la renaissance pour devenir le médiateur de cette tension avec l’Égypte et le Soudan. À peine nommé secrétaire d’État Anthony Blinken y dépêchait un émissaire chargé des négociations sur le Nil, Jeffrey Feltman.

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27DIALOGUES STRATÉGIQUES

GEOPOLITIQUE DES RIVALITES DE PUISSANCE EN AFRIQUE : INTERETS ET PRIORITES

Djibouti, pour sa part, retrouve le chemin de Paris pour diversifier ses partenaires au moment où le pays est confronté à un procès avec Dubaï (sur les infrastructures portuaires) et au non-paiement par Pékin de la location de la base navale et de soutien ; ce, en compensation des arriérés de paiement dus par Djibouti pour les infrastructures réalisées par les entreprises chinoises.

En Somalie, la crise politique ouverte le 8 février dernier par le maintien au pouvoir par le Président Farmajo ne saurait faire oublier les problèmes structurels du séparatisme du Somalyland et de la remontée en puissance des shebabs.

La Turquie et le Qatar jouent désormais un rôle clé dans le pays, tandis que la guerre au Yémen a changé le profil stratégique de la Corne de l’Afrique par l’implantation des bases émiriennes et saoudiennes.

La situation militaire de la péninsule arabique a ainsi changé la géopolitique de la Corne de l’Afrique.

Quant à la contamination du phénomène shebab sur le Kenya, on soulignera que le 25 mars dernier, Nairobi a signé un accord de défense avec Londres. Il s’agit là d’une première quant au réengagement militaire du Royaume-Uni en Afrique depuis le Brexit.

L’Afrique orientale, au cours de ces derniers mois, est ainsi devenue un condensé des stratégies d’influence des acteurs extérieurs.