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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres Cahier 1 Le logement des ménages jeunes Les conditions de logement des ménages jeunes, Jean-Claude Driant (Creteil), Bénédicte Casteran (Insee), Sophie O’Prey (Insee) Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes, Virginie Mora (Céreq), Emmanuel Sulzer(Céreq), avec la collaboration de Céline Goffette (ENSAE), Olivier Joseph (Céreq) Les Travaux de l’Observatoire 251 2007-2008

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Deuxième partieLes conditions de logement des ménages pauvres

Cahier 1Le logement des ménages jeunes

Les conditions de logement des ménages jeunes, Jean-Claude Driant (Creteil), Bénédicte Casteran (Insee),Sophie O’Prey (Insee)

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle desjeunes, Virginie Mora (Céreq), Emmanuel Sulzer(Céreq),avec la collaboration de Céline Goffette (ENSAE), Olivier Joseph (Céreq)

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Les conditions de logement des ménages jeunes

Jean-Claude Driant (Creteil), Bénédicte Casteran (Insee), Sophie O’Prey (Insee)

MALGRÉ la stabilité de l’âge médian de la décohabitation depuis trenteans, le profil des ménages jeunes s’est considérablement transformé,

notamment par une proportion croissante d’étudiants et de personnes vivantseules.

Très mobiles et urbains, les jeunes ayant décohabité sont massivementlocataires. Ils accèdent à la propriété de plus en plus tard. Ces caractéris-tiques sont accentuées chez les jeunes à bas revenus, qui ont plus souventdéjà formé une famille et subissent un effort financier très élevé pour seloger, surtout lorsqu’ils habitent dans le parc privé.

Quant aux jeunes vivant encore chez leurs parents, ils connaissent dessituations contrastées entre l’espace dont bénéficient les cadets restésseuls au domicile familial et l’inconfort des aînés de familles nombreuses.

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Les contours de la population jeune et les modalités de sa prise d’autonomie sesont transformés au cours des trente dernières années par l’augmentation de la partdes étudiants, principalement chez les moins de 25 ans, dont les caractéristiqueséconomiques et familiales diffèrent sensiblement de celles des jeunes actifs. Parailleurs, le marché du logement a connu de profondes mutations, passant du cadreproductiviste et administré des années 1970 à une situation plus marquée par lescycles de l’économie marchande. Il était donc important d’analyser les conditionsde logement des jeunes en intégrant leur évolution sur une durée relativementlongue (1973 à 20021). L’analyse des deux dernières décennies a été particulière-ment développée, en traitant les évolutions des conditions de logement portant surla période qui va de 1984 à 2002.

La première partie de l’étude s’attache à mesurer les principales évolutions desconditions de la décohabitation des jeunes : âge du départ du foyer familial et évo-lution de la composition sociale, économique et familiale de ménages jeunes, com-parée à celle des cohabitants et aux caractéristiques des ménages qui les héber-gent. C’est l’occasion de mettre en relief la diversité des ménages jeunes en fonctionde leur âge, de leur structure familiale et de leur lien à l’emploi.

La deuxième partie traite des conditions de logement des ménages jeunes. Deuxpréoccupations principales organisent l’analyse :

– la volonté de décrire les premières étapes de la vie résidentielle autonome etdu cheminement qui conduit progressivement les ménages jeunes vers lesconditions de logement désormais majoritaires aux âges supérieurs (la propriétéet la maison individuelle) ;– le questionnement sur l’évolution des conditions de logement de ces ménagesjeunes au cours des trente dernières années, partant de l’hypothèse que lesdynamiques globales d’amélioration des conditions de logement en France ontdiversement touché les plus jeunes.

La troisième partie porte un regard particulier sur les ménages jeunes à basrevenus, afin de mettre en relief leurs fortes spécificités, notamment en termes destructure familiale, et d’interroger le rôle joué par le parc social qui les accueille.

La dernière partie s’intéresse aux conditions de logement des ménages com-portant des jeunes cohabitants. Elle montre que les conditions de cohabitation desjeunes sont fortement déterminées par la structure et l’histoire des familles aux-quelles ils appartiennent. La position des parents dans le cycle de vie et leur situa-tion socio-économique sont de puissants facteurs de différenciation pour les condi-tions de logement des jeunes cohabitants.

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1. En 1973, 4,5 % des personnes de référence des ménages jeunes étaient étudiantes ; elles sont 20,5 % en 2002.24 % des jeunes cohabitants étaient étudiants en 1973, ils sont 50 % en 2002.

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Encadré 1

Un travail statistique de cadrage sur l’ensemble des «ménages jeunes»

Les jeunes constituent un enjeu important pour les politiques du logement. En phase d’insertionprogressive dans la vie active et de prise d’autonomie à l’égard de leur famille, ils sont souventconfrontés à des difficultés d’accès au logement, difficultés accrues ces dernières années par lahausse des loyers et les exigences des propriétaires.

Dans un tel contexte, cette étude se propose de contribuer à la description des principales étapes del’entrée dans l’autonomie résidentielle et de sa consolidation par l’analyse des conditions delogement des ménages jeunes.

Menée conjointement par la division Logement de l’Insee et le laboratoire Creteil2, l’analyse reposesur une approche tirée de l’enquête Logement de l’Insee, qui est la principale source statistiquefrançaise pour apprécier, dans les détails, les conditions de logement des ménages. Avec unéchantillon d’environ 30 000 résidences principales, elle permet de développer des analysesapprofondies intégrant notamment la description de l’effort financier des ménages pour leurlogement, ce qu’aucune autre source nationale ne permet de faire.

L’enquête Logement comporte cependant trois limites importantes.

– Le champ est celui des ménages, c’est-à-dire des personnes habitant ensemble dans une mêmerésidence principale. Il en résulte que celles vivant dans d’autres types d’habitats (foyers, citésuniversitaires, centre d’hébergement…) sont hors du champ de l’enquête, de même que, pardéfinition, les personnes sans domicile. Il s’agit donc d’une approche incomplète de la populationjeune, concentrée sur les ménages logés en logement « ordinaire » (selon le recensement de 1999,320 100 personnes de 18 à 29 ans vivaient dans des collectivités, soit 3,4 % de la tranche d’âges).

– Cette enquête nationale n’a pas vocation à fournir des résultats territorialisés, ce qui réduit lespossibilités d’analyses géographiques des conditions de logement des ménages.

– L’échantillon de grande dimension s’avère insuffisant dès lors que l’on cherche à préciser lesconditions de logement de ménages connaissant des situations très minoritaires.

Cette étude, menée à la demande de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale,porte principalement sur l’ensemble des ménages jeunes. Elle n’apportera qu’un éclairage limité surceux dont les revenus sont les plus bas et constitue donc plus un travail de cadrage et une base deréférence pour accompagner des approfondissements à mener avec d’autres sources et d’autresméthodes.

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2. Centre de recherche sur l’espace, les transports, l’environnement et les institutions locales (Institut d’urbanismede Paris – université Paris 12).

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Stabilité de l’âge médian de décohabitation et transformationdu profil global des ménages jeunes

La plupart des travaux récents montrent que l’âge de la décohabitation a peuévolué au cours des quarante dernières années3. L’approche par les enquêtesLogement confirme ce constat global en situant l’âge médian du départ de chez lesparents autour de 22 ans, les filles étant légèrement plus précoces en la matière (21ans) que les garçons (23 ans) [tableau 1]. Mais cette grande stabilité masque deuxévolutions importantes qui touchent particulièrement les 18-29 ans :

– l’allongement général de la durée des études,– l’augmentation du chômage.

La part des étudiants est ainsi passée en trente ans d’environ 4% à 20% (parmi lespersonnes de référence des ménages jeunes) et de 24 à 50% (parmi les jeunes quicohabitent avec leurs parents). Parmi les cohabitants, comme parmi les décohabi-tants, on note une progression de l’ordre de 10 points (depuis 1973) de la proportionde chômeurs. Si la part de jeunes en emploi reste majoritaire au sein des décohabi-tants, elle est plus que faible chez ceux qui vivent chez leurs parents (tableau 2).

Encadré 2

Le champ de l’étude: ménages jeunes et jeunes cohabitants

Partant de l’enquête Logement de l’Insee, l’analyse porte sur la population âgée de 18 à 29 ans,répartie en deux groupes.

– Principalement, celui des « ménages jeunes », c’est-à-dire ceux dont la personne de référence estâgée de 18 à 29 ans et dont le conjoint (ou, s’il n’y a pas de conjoint, au moins un ami ou autreparent) n’est pas, lui-même, âgé de plus de 29 ans. C’est sur ces ménages que portera l’essentieldes analyses qui suivent.

– Secondairement, celui des cohabitants, c’est-à-dire les jeunes de 18 à 29 ans vivant au sein d’unménage dont la personne de référence est plus âgée. Dans la très grande majorité des cas, il s’agitde jeunes vivant chez leurs parents. L’enquête permet de décrire les caractéristiques globales desconditions de logement et les modalités de la cohabitation (caractéristiques sociodémographiquesdu ménage et du cohabitant).

L’étude repose donc sur une acception large de la jeunesse, allant jusqu’à 29 ans. Ce choix reflète lavolonté de ne pas se limiter à l’analyse du moment de la décohabitation (l’âge médian du départ dufoyer se situe aux alentours de 22 ans) et de retracer les premières étapes de la vie résidentielle,incluant notamment celles liées à la formation des couples (parmi les jeunes âgés de 25 ans, seuls30 % des hommes et 40 % des femmes vivent en couple, contre respectivement 60 et 70 % parmi lesjeunes de 30 ans). Il imposera toutefois de s’attacher à différencier constamment deux sous-populations : celle des plus jeunes (18-24 ans) et celle des 25-29 ans.

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3. Régnier-Loilier A., 2006 ; Laferrère A., 2005 ; Villeneuve-Gokalp C., 2001.

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Cet allongement général de la durée des études, associé à une formation plustardive des couples, conduit à un accroissement de la part des ménages jeunescomposés d’une personne vivant seule : 48% en 2002 contre 30% en 1984. Ondécohabite donc beaucoup plus souvent qu’hier pour habiter seul. La présenced’enfants dans les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans se faitplus rare qu’au début des années 1980. Les jeunes cohabitants, pour leur part,vivent avec des parents actifs qui ont majoritairement entre 40 et 59 ans (tableau 3).

À âge équivalent, les jeunes décohabitants ont des diplômes de niveau supérieurà ceux qui vivent encore chez leurs parents. Les jeunes ménages non étudiants ontcependant des niveaux de vie plus faibles que le reste de la population, surtoutavant 25 ans (tableaux 4 et 5). Pour les âges supérieurs, on retrouve la répartitionmoyenne des niveaux de vie. En 2002, les ménages jeunes non étudiants sont plusnombreux dans le bas de la distribution des niveaux de vie qu’ils ne l’étaient en 1984(tableau 6).

Cette tendance est valable pour tous les types de ménages jeunes : les per-sonnes seules, les familles monoparentales, les couples sans enfants et les couplesavec enfants. L’écart le plus important concerne les familles monoparentales,puisque plus de 30% de ces familles appartenaient au premier quintile en 1984 alorsque la proportion s’élève à plus de 70% en 2002 (graphique 1).

Tableau 1

Âge médian au départ du foyer4

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Âge moyen 1973 1978 1984 1988 1992 1996 2002

Ensemble 21,9 22,1 22,0 22,3 22,7 23,1 22,1

Hommes 22,8 22,9 23,4 23,2 23,5 24,0 23,3

Femmes 20,9 21,0 21,1 21,2 21,5 21,6 21,3

Les Travaux de l’Observatoire2572007-2008

4. Il s’agit de l’âge auquel on trouve 50 % de décohabitants et 50 % de cohabitants parmi les jeunes de 18-29 ans.Lorsque la proportion de 50 % était atteinte entre deux âges, l’âge médian a été calculé par interpolation linéaire.

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Tableau 2

Occupation principale des personnes de référence des ménages jeunes, selon leurâge, en%

* Y compris militaires du contingent.Sources : enquêtes Logement, Insee.

Tableau 3

Structure des ménages jeunes, selon l’âge de la personne de référence en 1984 et 2002, en %

Sources : enquêtes Logement 1984 et 2002, Insee.

Tableau 4

Diplôme obtenu le plus élevé des jeunes non étudiants, selon leur mode de cohabitation en 2002, en %

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Aucun diplôme Jusqu’au brevet

CAP-BEP etbac professionnel Autres bacs Études

supérieures Total

Jeunes cohabitants

Moins de 25 ans 15,9 11,1 43,2 13,4 16,4 100,0

25 à 29 ans 12,9 5,4 29,4 14,5 37,7 100,0

Ensemble 15,0 9,4 39,2 13,7 22,6 100,0

Individus des ménages jeunes

Moins de 25 ans 9,1 8,7 34,0 17,9 30,3 100,0

25 à 29 ans 8,2 5,4 29,7 12,7 44,0 100,0

Ensemble 8,5 6,6 31,2 14,6 39,1 100,0

Personnes vivantseules

Autres ménagessans famille

Familles monoparentales

Couples sansenfants

Couples avecenfants Total

1984 29,6 2,4 4,9 28,3 34,8 100,0

2002 47,8 3,8 4,8 27,2 16,4 100,0

Personnes de référence des ménages jeunes Jeunes cohabitants

Ménages jeunes où la personne de référence… 1973 1984 2002 1973 1984 2002

occupe un emploi 93,8 85,5 69,6 61,6 37,5 35,0

est au chômage 0,7 6,6 8,0 2,8 18,5 12,5

est étudiante 4,5 7,1 20,5 23,7 35,6 49,6

autre* 1,0 0,8 2,0 11,9 8,4 2,9

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Tableau 5

Répartition par quintile de revenus par unité de consommation (UC) des ménagesjeunes non étudiants5 en 2002 (quintiles calculés à partir de l’ensemble des ménages),en%

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Tableau 6

Évolution de la répartition par décile de revenus par unités de consommation (UC) des ménages jeunes non étudiants entre 1984 et 2002 (déciles calculés pour l’ensemble des ménages), en%

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Graphique 1

Répartition par quintile de niveau de vie des types de ménages jeunes non étudiantsen 1984 et en 2002, en %

Sources : enquête Logement 2002 et 1984, Insee.

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Personnes seules en 1984

Personnes seules en 2002

Familles mono-parentales en 1984

Familles mono-parentales en 2002

Couples sans enfantsen 1984

Couples sans enfantsen 2002

Couples avec enfants en 1984

Couples avec enfantsen 2002

5

4

3

2

1

Décile 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 Total

1984 5 5,8 8,6 10 11,2 14,1 15,5 14,6 10,3 4,9 100,0

2002 11,2 10,3 9,4 12,5 11,4 11,6 12 9,2 8,2 4,2 100,0

Quintile 1 2 3 4 5 Total

Moins de 25 ans 32,7 25,8 21,0 14,8 5,6 100,0

25 à 29 ans 16,3 20,1 23,8 24,1 15,7 100,0

Ensemble 21,5 21,9 23,0 21,2 12,5 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2592007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

5. L’enquête Logement apprécie difficilement les revenus des étudiants et surtout les transferts de ressources enprovenance de leur famille, c’est pourquoi ceux-ci ne sont pas pris en compte dans les analyses de revenus.

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Composition sociale, économique et familiale des ménages jeunesUne description sommaire de la population jeune montre que la relative homo-

généité en termes d’âges masque une diversité de situations familiales et écono-miques qui reflète les grandes étapes de la prise d’autonomie et d’insertion dans lavie professionnelle. Afin de rendre compte de cette diversité, nous avons construitune typologie des ménages jeunes qui repose sur le croisement de l’occupationprincipale de la personne de référence et de la composition des ménages.

Pour 2002, ce croisement fait apparaître cinq groupes dont le poids, dans l’en-semble, est significatif (tableau 7).

Tableau 7

Occupation principale des personnes de référence et composition des ménagesjeunes en 2002, en%

* Ns = non significatif. Compte tenu de la taille de l’échantillon de l’enquête Logement, certaines valeurs très faibles ontune significativité elle-même très faible. Dans ce tableau, la somme des valeurs non significatives représente 1 % desménages jeunes.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Plus des deux tiers des personnes de référence des ménages jeunes sont sala-riées et ont un emploi. Cet ensemble se décompose lui-même en trois groupes :celui des personnes vivant seules, celui des couples sans enfants et celui des cou-ples avec enfants. Viennent ensuite les étudiants (un ménage jeune sur cinq), dont80% vivent seuls. Ils constituent le quatrième groupe. Le cinquième est composé deménages dont la personne de référence est à la recherche d’un emploi (8% de l’en-semble6).

La comparaison 1984-2002 (tableau 8) renvoie aux principales évolutions desménages jeunes (accroissement de la part des étudiants, baisse de celle des cou-ples, hausse du chômage).

Personnes vivant seules

Autres ménagessans famille

Familles monoparentales

Couples sans enfants

Couples avec enfants Total

Occupent actuellementun emploi (salariés)

27,8 1,5 2,1 23,4 14,8 69,6

Chômeurs 3,2 Ns* 1,2 1,9 1,5 8,0

Étudiants 16,2 2,1 Ns* 2,0 Ns* 20,5

Autres Ns* 1,3 Ns* 2,0

Total 47,7 3,8 4,8 27,3 16,4 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2602007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

6. Ce groupe ne peut être décomposé en fonction de sa composition familiale pour des raisons de représentativitéstatistique. On observe toutefois qu’il comporte plus souvent des personnes vivant seules que les ménages dont lapersonne de référence est salariée, mais beaucoup moins souvent que lorsqu’elles sont étudiantes.

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Tableau 8

Critères croisés type de ménage/occupation principale en 1984 et 2002, en%

Sources : enquêtes Logement 1984 et 2002, Insee.

La répartition de ces groupes n’est pas indépendante de l’âge des personnes deréférence. On compare un profil dominé par les étudiants et les salariés vivant seuls(moins de 25 ans) à une dominante de population salariée et familiale (graphique 2).

Graphique 2

Typologie des ménages jeunes, selon l’âge de la personne de référence

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

0,0 %

5,0 %

10,0 %

15,0 %

20,0 %

25,0 %

30,0 %

35,0 %Salariés vivant en couple avecenfants

Salariés vivant en couple sansenfants

Salariés vivant seuls

Étudiants vivant seulsAutres étudiants

Chômeurs

Autres ménages jeunes

Moins de 25 ans

25 à 29 ans

Ensemble

1984 2002

Moins de 25 ans 25 à 29 ans Ensemble Moins

de 25 ans 25 à 29 ans Ensemble

Salariés vivant seuls 28,8 19,7 22,9 24,3 30,4 27,8

Salariés vivant en couple sans enfants 30,6 22,1 25,2 18,5 27,0 23,4

Étudiants vivant seuls 10,8 1,1 4,6 34,1 2,8 16,2

Salariés vivant en couple avec enfants 12,3 44,0 32,6 4,1 22,8 14,8

Chômeurs 8,6 5,5 6,6 6,6 9,0 8,0

Autres ménages jeunes 9,0 7,7 8,2 12,4 8,1 9,9

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2612007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Les conditions de logement des ménages jeunes ne suiventpas l’ensemble des tendances enregistrées chez leurs aînés

Afin de décrire les conditions de logements des quelque 3 millions de ménagesjeunes (représentant 4 millions de personnes), nous traiterons successivement :

– des évolutions des conditions de logement des ménages jeunes au cours destrente dernières années, comparativement à celles de l’ensemble des ménages,afin de montrer qu’à bien des égards elles se sont faites à contre-courant destendances dominantes d’accroissement de la propriété, du confort et de la tailledes logements. Au cours des trente dernières années, les conditions de loge-ment de la majorité des ménages ont été marquées à la fois par l’accroissementde la part des propriétaires occupants (46% en 1973, 56% en 2002)7 et par denotables améliorations du confort (on passe de 25 m2 à 37 m2 par personne) ;– des différenciations entre les ménages jeunes en 2002, afin de mettre en relief lesspécificités de cette population qui vit le passage progressif d’une situation de rela-tive fragilité (petits logements, location, mobilité, personnes seules) aux premierssignes d’une certaine stabilisation sociale (famille, emploi, propriété, confort).

Mobilité et localisations résidentiellesLes ménages jeunes sont particulièrement mobiles (tableau 9). Entre 22 et

25 ans, plus de la moitié d’entre eux ont déménagé au moins une fois depuis ladécohabitation. Après les étudiants, les plus mobiles sont les couples de jeunessalariés sans enfants dont le premier changement de logement marque sans doutel’installation dans la vie familiale et professionnelle, après la période étudiante.

Tableau 9

Nombre de déménagements des ménages jeunes entre le 1er décembre 1997 etjanvier 2002, selon l’âge de la personne de référence et le type de ménage, en%

* Il s’agit, dans la plupart des cas, de la décohabitation, sauf pour les jeunes ayant décohabité avant le 1er décembre 1997.

Pas de déménagementdepuis 1997

Un déménagement*

Deux déménagements et plus Total

De 18 à 21 ans 0,3 59,4 40,3 100,0De 22 à 25 ans 5,8 44,7 49,4 100,0De 26 à 29 ans 14,9 49,7 35,4 100,0Ensemble des ménages jeunes 9,2 49,7 41,1 100,0Salariés vivant seuls 11,3 46,2 42,5 100,0Salariés vivant en couple sans enfants 6,2 52,3 41,6 100,0Étudiants vivant seuls 4,9 53,7 41,4 100,0Salariés vivant en couple avec enfants 11,9 49,8 38,3 100,0Chômeurs 10,8 49,2 40,0 100,0Autres ménages jeunes 12,2 47,0 39,9 100,0Ensemble des ménages jeunes 9,2 49,7 41,1 100,0Ensemble des ménages non jeunes 74,2 20,4 5,4 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2622007-2008

7. Jacquot A., 2006 ; Bosvieux J., 2005.

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Pour l’essentiel, les ménages jeunes déménagent vers les villes : ces flux repré-sentent 26,5% des mobilités, contre 16% en sens inverse (tableau 10). L’abondancede l’offre en ville, notamment en matière d’études et d’emploi, est sans doute la prin-cipale explication de l’attraction croissante qu’elles exercent sur les ménagesjeunes. Ceux-ci se différencient nettement des autres ménages. À moins de 25 ans,70% d’entre eux vivaient en 2002 dans une unité urbaine de plus de 100000 habi-tants, contre seulement 39% pour les autres ménages. Les étudiants sont de loin lesplus urbains (notamment dans les grandes villes de province où vivent près des troisquarts d’entre eux), avec les jeunes salariés vivant seuls (dont plus du quart vit enagglomération parisienne) et, dans une moindre mesure, les chômeurs (tableaux 11et 12).

Tableau 10

Modifications de la localisation résidentielle entre fin 1997 et début 2002, en%

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Tableau 11

Évolution du lieu de résidence des ménages jeunes, en%

Sources : enquêtes Logement, Insee.

1973 2002

Commune rurale 15,0 11,8

Unité urbaine de moins de 20 000 hab. 14,0 10,8

Unité urbaine de 20 000 à 100 000 hab. 17,0 14,2

Unité urbaine de plus de 100 000 hab. 31,9 43,5

Agglomération de Paris 22,1 19,7

Total 100,0 100,0

Sens de la mobilité entre 1997 et 2002 Total

Rural aux deux dates 6,9

Rural vers urbain 10,2

Urbain vers rural 4,8

Même unité urbaine 40,5

Unité urbaine plus grande 16,3

Unité urbaine de même taille 8,3

Unité urbaine plus petite 7,7

Hors France métropolitaine ou non déclaré 5,3

Total 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2632007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Tableau 12

Lieu de résidence des ménages jeunes en 2002, selon le type de ménage, en%

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Un cheminement de plus en plus lent vers la propriétéSous l’effet des systèmes d’aides qui se sont succédé depuis les années 1950,

l’accroissement de la propriété occupante a touché la plupart des groupes sociaux,à l’exception des plus pauvres et des plus mobiles. La propension à l’accession esttrès liée à la formation de la famille.

Les ménages jeunes vivent les premières étapes de ce processus, ce qui conduità s’interroger sur leur capacité à mettre en œuvre un projet d’accession et sur l’évo-lution de cette variable au cours des dernières décennies, marquées par de fortesvariations de la conjoncture immobilière et des politiques d’aide au logement. Parailleurs, dans ce contexte caractérisé par des difficultés d’accès au logement auto-nome pour les jeunes ménages, on pourra s’interroger sur le rôle joué par le parclocatif social à l’égard d’un public dont le statut social et familial est en construction.

La location est le statut d’occupation majoritaire des jeunes ménages(tableau 13). Elle concerne près de 85% en 2002. Au cours des trente dernièresannées, cette caractéristique générale n’a pas cessé de s’accentuer (78% en 1973),à contre-courant de l’évolution générale, liée à l’importance croissante des étudiantset des chômeurs dans cette sous-population.

Tableau 13Statut d’occupation des ménages jeunes, en%

* La catégorie « autres locataires » comprend les locataires de logements meublés, les sous-locataires, et les fermiers etmétayers.Sources : enquêtes Logement, Insee.

1973 2002Moins

de 25 ans 25 à 29 ans Ensemble Moins de 25 ans 25 à 29 ans Ensemble

Propriétaires occupants 4,9 15,9 11,8 3,3 16,0 10,5Locataires secteur social 18,5 21,3 20,3 16,4 25,3 21,5Locataires secteur libre 49,0 47,8 48,2 58,0 49,0 52,9Autres locataires* 16,1 5,7 9,5 15,8 3,7 8,9Logés à titre gratuit 11,4 9,4 10,1 6,5 6,1 6,2Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Communerurale

Unité urbainede moins de20000 hab.

Unité urbainede 20000 à100000 hab.

Unité urbainede plus de

100000 hab.

Agglomérationde Paris Total

Salariés vivant seuls 8,2 11,5 12,8 39,7 27,8 100,0Salariés vivant en couple sans enfants 19,2 13,6 15,7 34,2 17,3 100,0Étudiants vivant seuls 0,0 0,9 10,9 74,1 14,1 100,0Salariés vivant en couple avec enfants 24,6 19,0 18,8 22,4 15,2 100,0Chômeurs 11,2 10,6 15,2 46,8 16,1 100,0Autres ménages jeunes 5,2 6,1 12,5 54,9 21,3 100,0Total 11,8 10,8 14,2 43,5 19,7 100,0

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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Dans ce cadre, la période est cependant marquée par quelques inflexions nota-bles (graphique 3).

Au cours de la seconde moitié des années 1980, on observe :– un léger pic d’accroissement de la propriété, principalement pour les jeunesménages de 25 ans et plus,– une augmentation forte du rôle joué par le parc locatif social, y compris pourles plus jeunes,– une baisse marquée des statuts locatifs plus marginaux (sous-location, loca-tion en logements meublés).

Une fois passée cette période, les trois tendances s’inversent avec une stabili-sation de la propriété à un niveau bas et un fort accroissement de l’écart entre lalocation sociale et la location libre (il n’était que de 14 points en 1988, et passe àprès de 31,5 points en 2002).

Graphique 3Évolution des statuts d’occupation des ménages jeunes (1973-2002)

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Après la création du prêt d’accession à la propriété (PAP) en 1977, la fin desannées 1970 et le début des années 1980 ont constitué deux périodes propices àl’accession sociale à la propriété, dans un contexte d’inflation facilitant l’endette-ment, y compris pour des ménages à faibles revenus. Les 25-29 ans de l’époquesemblent en avoir grandement profité.

Le retournement de conjoncture de la fin des années 1980 (montée du chômage,recul de l’accession aidée, baisse de l’inflation, hausse des taux d’intérêt réels) n’ena été que plus violent et cette tranche d’âges en a le plus souffert8. On observe

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1973 1978 1983 1988 1993 1998 2002Propriétaires occupants Locataires secteur social Locataires secteur libreAutres locataires Logés à titre gratuit

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Les conditions de logement des ménages jeunes

8. Taffin C., 1987 ; Dubujet F., Le Blanc D., 2000.

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toutefois une légère relance en fin de période, sans doute sous le triple effet de lamodération des prix (la «crise immobilière» du milieu des années 1990), de labaisse des taux d’intérêt et de la création en 1995 du prêt à taux zéro.

Dans le même temps et jusqu’à la fin des années 1980, la répartition des loca-taires entre parc privé et parc social a été influencée par deux tendances conver-gentes :

– la forte rétractation du parc privé, sous le double effet d’une législation contrai-gnante pour les bailleurs9 et surtout de la concurrence de placements financiersfaiblement fiscalisés et à fort rendement. Entre 1978 et 1988, le parc locatif privés’est réduit de 17%, perdant près de 900000 unités10 ;– jusqu’au début des années 1990, le régime des aides à la personne était défa-vorable aux locataires du parc privé, lesquels ne bénéficiaient de l’allocationlogement que sous des conditions très restrictives, notamment pour les jeunes11,alors que, dans le parc social conventionné, l’accès à l’APL (aide personnaliséeau logement) était garanti pour tous depuis la réforme de 1977.

À partir du début des années 1990, le système se transforme, avec notammentle bouclage des aides à la personne12, les tensions accrues sur le parc social et larelance de l’investissement locatif, principalement dans le domaine du petit logement.

Le bouclage des aides à la personne est sans doute le fait majeur pour cettepériode. Il entraîne un double effet :

– il contribue directement, et de façon plus systématique, à la solvabilité desménages jeunes et tout particulièrement des étudiants qui en étaient jusque-làtotalement exclus ;– il contribue indirectement à privilégier la relance de l’investissement locatif13

vers la production de logements qui combinent une forte rentabilité potentielle14

et une clientèle solvabilisée.

Les statuts atypiques (meublés, sous-locations, occupations à titre gratuit)pèsent nettement plus lourd chez les ménages jeunes que pour l’ensemble des

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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

9. Notamment la loi Quilliot du 22 juin 1982.10. Louvot C., 1992.11. Jusqu’au bouclage des aides, les seuls ménages jeunes qui pouvaient en bénéficier étaient les jeunes travailleursde moins de 25 ans.12. Le « bouclage » des aides à la personne, mené entre 1988 et 1993, a permis à tous les ménages de bénéficierdes aides à la personne sur les seuls critères de leur niveau de loyer, de leurs revenus et de la composition familiale.À cette occasion, les étudiants ont pu bénéficier de ces aides alors que ce n’était pas le cas avant.13. Le moteur principal de cette relance est la succession de mécanismes fiscaux incitatifs (« Quilès », « Quilès-Méhaignerie », puis « Périssol », « Besson » et « Robien »), associés à une baisse sensible des rendements financiersavec une fiscalité moins favorable à ces placements.14. Le prix de location au m2 d’un petit logement est beaucoup plus élevé que celui d’un quatre pièces, ce qui assureune rentabilité supérieure mais suppose qu’il existe localement une demande pour ces produits et que la rotation n’yest pas trop forte.

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ménages vivant en France (15,1% en 2002 contre 6,1% pour l’ensemble desménages, 22,3% chez les moins de 25 ans). Cette Surreprésentation s’expliqueprincipalement par la part des locations en meublé et de la sous-location, notam-ment pour les plus jeunes et les étudiants qui trouvent dans ces formules le doubleavantage de la souplesse des baux (favorable à une mobilité élevée, notammentpour les durées de congés) et de ne pas avoir à acquérir le mobilier et l’électromé-nager.

Le logement à titre gratuit (il s’agit principalement de logements détenus par lesparents) a fortement reculé pour les jeunes ménages, notamment sous l’effet de ladisparition des chambres de bonnes et des restrictions apportées à la location fami-liale dans certains cas d’investissements bénéficiant d’avantages fiscaux.

La répartition des statuts d’occupation en fonction de l’âge des personnes deréférence des ménages (graphique 4) illustre la persistance de fortes spécificitésliées à la jeunesse. Le taux de propriétaires ne s’élève véritablement qu’à partir de35 à 40 ans (32% entre 30 et 34 ans, 36% entre 35 et 39 ans et 49% entre 40 et 44 ans).

La location dans le parc social concerne un peu plus d’un ménage jeune sur cinqà partir de l’âge de 23 ans et cette proportion varie très peu ensuite (entre 23 et 27%selon les âges). Ce taux reste d’ailleurs à peu près stable jusqu’à 45 ans, avant dedécroître régulièrement. Ce résultat permet de nuancer un point de vue fréquentselon lequel le parc social peine à loger les ménages jeunes. Certes, il n’apparaîtjamais comme leur premier statut d’occupation (contrairement aux ménages à basrevenus ou aux familles monoparentales) mais, dès 23 ans et jusqu’à 49 ans, la pro-portion de locataires HLM est supérieure à la moyenne.

Jusqu’à 22 ans, les statuts atypiques jouent un rôle significatif en logeant aumoins 20% des ménages jeunes. Le taux baisse ensuite rapidement, pour se stabi-liser autour de 10% dès 24 ans. La forte baisse de la part des étudiants à ces âgesen est la raison principale.

Les Travaux de l’Observatoire2672007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Graphique 4

Statut d’occupation des ménages jeunes, selon l’âge de la personne de référence en 2002

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

L’analyse des statuts d’occupation par types de ménages (graphique 5) indiqueque, avec près de 60% des ménages, la location dans le secteur libre constitue deloin le premier statut des jeunes vivant seuls, qu’ils soient étudiants ou salariés.C’est encore le cas de 55% des salariés vivant en couple sans enfants et de 50%de ceux dont la personne de référence est à la recherche d’un emploi.

En revanche, pour ces quatre types de ménages jeunes, la répartition des autresstatuts d’occupation est fortement différenciée :

– pour les étudiants vivant seuls, le logement à titre gratuit, la sous-location et lalocation en meublé, statuts minoritaires pour les autres ménages, pèsent nette-ment plus que le secteur social et la propriété. Au sein de ce sous-ensemble, ontrouve 3,5 fois plus de locations en meublé et de sous-location (30,3%) que delogement à titre gratuit (8,7%) ;– pour les salariés vivant seuls, pour lesquels le parc locatif libre atteint 60%, le parcsocial pèse plus que les statuts minoritaires, mais reste sous la barre des 20%;– les jeunes à la recherche d’un emploi sont ceux que l’on retrouve le plus fré-quemment dans le parc locatif social, qui en loge un peu plus du tiers15 ;– enfin, 21% des couples salariés sans enfants sont également locataires duparc social et 17% propriétaires de leur résidence principale (38% des ménagesjeunes propriétaires appartiennent d’ailleurs à ce groupe).

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18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29

PropriétairesLocataires secteur socialLocataires secteur privéAutres statuts

Ménagesnon jeunes

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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

15. Il faut mentionner également les jeunes familles monoparentales dont le nombre est trop faible dans l’échantillonde l’enquête Logement pour permettre une analyse détaillée, mais dont 68 % sont locataires du parc social (et 28 %du secteur libre). C’est d’ailleurs avant 30 ans que le taux de familles monoparentales logées dans le parc social està son maximum (45 % entre 30 et 39 ans, 36 % entre 40 et 49 ans…).

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C’est parmi les couples de salariés ayant des enfants que l’on trouve logique-ment la plus grande diversité de statuts d’occupation, même si un peu plus desdeux tiers sont encore locataires (69 %, dont un peu moins de la moitié dans leparc social). Un de ces ménages jeunes sur quatre est propriétaire de sa rési-dence principale ; ils représentent 36 % de l’ensemble des ménages jeunes propriétaires.

Graphique 5

Statuts d’occupation et types de ménages jeunes en 2002

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

On peut ainsi affirmer que la segmentation des statuts d’occupation desménages jeunes met en relief le caractère très sélectif de la propriété, réservée àune frange minoritaire des couples. Elle montre aussi que le rôle du parc locatifsocial est significatif pour les familles et les jeunes chômeurs, principalement au-delà de 23 ans. Elle indique enfin le caractère très spécifique de la situation desménages étudiants.

Le poids croissant des petits logements correspond à l’évolution de la structure des ménages jeunesMassivement urbains et locataires, les ménages jeunes vivent le plus souvent

dans de petits logements. Plus de 56% des résidences principales qu’ils occupentdisposent d’une ou de deux pièces. Ce taux atteint 72% chez les moins de 25 ans(tableau 14). Ces proportions ont nettement augmenté au cours des vingt dernièreset se traduisent par une baisse sensible de la surface moyenne des logements, qui

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Salariés vivant en couple sans enfants

Salariés vivant seulsÉtudiants vivant seuls

Chômeurs

Salariés vivant en couple avec enfants

Propriétaires

Locataires secteur social

Locataires secteur privé

Autres statuts

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Les conditions de logement des ménages jeunes

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passe de 63 m2 en 1984 à 57 m2 en 2002 (alors que, pour l’ensemble des ménages,on a enregistré une hausse de cet indicateur, tableau 15).

Ces évolutions résultent principalement de l’accroissement de la part des étu-diants parmi les ménages jeunes. Ceux-ci occupent beaucoup plus souvent depetits logements. La surface moyenne occupée par les jeunes salariés a trèslégèrement augmenté au cours des deux dernières décennies, dans une pro-portion qui reste cependant nettement moindre que celle des ménages nonjeunes. En matière de confort sanitaire, les ménages jeunes ont connu des pro-grès à peu près aussi importants que leurs aînés (31,5 % d’inconfort en 1973, 2 %en 2002).

Tableau 14

Nombre de pièces des logements des ménages jeunes en 1984 et 2002, selon l’âge de la personne de référence, en%

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Tableau 15

Surface moyenne des logements des ménages jeunes en 1984 et 2002, selon le typede ménage, en m2

Sources : enquêtes Logement, Insee.

1984 2002

Salariés vivant seuls 44,3 45,4

Salariés vivant en couple sans enfants 65,1 65,3

Étudiants vivant seuls 29,6 30,2

Salariés vivant en couple avec enfants 81,2 82,8

Chômeurs 58,9 55,8

Ensemble des ménages jeunes 63,0 57,0

Ensemble des ménages 82,0 90,0

Une pièce Deux pièces Trois pièces Quatre pièces et plus Total

1984

Moins de 25 ans 29,9 28,8 25,0 16,3 100,0

25 à 29 ans 9,9 20,8 31,9 37,4 100,0

Ensemble 17,1 23,6 29,5 29,8 100,0

Ensemble des ménagesnon jeunes 4,1 10,5 21,2 64,2 100,0

2002

Moins de 25 ans 40,5 31,8 18,3 9,4 100,0

25 à 29 ans 14,0 30,1 31,4 24,6 100,0

Ensemble 25,4 30,8 25,8 18,1 100,0

Ensemble des ménagesnon jeunes 3,5 9,9 21,3 65,2 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2702007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Concernant le surpeuplement, la faible taille des ménages jeunes compense celle deleurs logements16 (tableau 16), ce qui conduit à des taux relativement faibles et en baisseconstante depuis le début des années 1970. Seuls les ménages les plus jeunes et com-posés de deux personnes ou plus sont concernés de façon sensible (20% de surpeu-plement modéré et accentué pour les moins de 25 ans en 2002, contre 30% en 1973,mais 19,6% en 1984). Ces derniers se trouvent encore plus fréquemment que les autresdans des logements trop étroits; il s’agit pour l’essentiel de couples vivant dans des stu-dios (46%) et de colocataires vivant à deux (37%) ou trois (12%) dans des deux pièces.

Cette modeste amélioration des conditions de logement sur ce critère contrasteavec la tendance générale de baisse du surpeuplement17, liée à trois phénomènesqui touchent peu les ménages jeunes :

– l’accroissement du nombre de ménages vivant dans de grandes maisons indi-viduelles (80% des ménages jeunes vivent en appartement, alors que 61% desménages non jeunes vivent en maison individuelle) ;– la forte baisse du nombre de familles nombreuses ;– le vieillissement de la population par lequel croît la part des personnes vivantseules ou en couple dans de grands logements familiaux.

Tableau 16

Indice de peuplement pour les ménages jeunes de deux personnes et plus de 1973 à 2002, en%

Sources : enquêtes Logement, Insee.

1973 1978 1984 1988 1992 1996 2002 Ménages nonjeunes en 2002

Sous-peuplement très accentué - 3,8 4,6 5,1 5,7 5,5 5,7 25,6

Sous-peuplement prononcé 12,6 11,3 13,4 13,5 13,0 12,9 12,3 23,2

Sous-peuplement modéré 25,3 27,9 32,7 29,7 27,2 29,1 28,9 25,5

Peuplement normal 37,0 37,9 34,7 34,6 38,2 37,5 40,4 19,2

Surpeuplement modéré 19,6 15,0 12,2 14,1 13,4 13,3 11,0 5,3

Surpeuplement accentué 5,5 4,2 2,4 3,1 2,6 1,7 1,8 1,2

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2712007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

16. Pour l’Insee, un logement est surpeuplé s’il compte moins de pièces qu’une norme établie de la façon suivante: unepièce de séjour pour le ménage, une pièce pour chaque personne de référence d’une famille, une pièce pour les personneshors famille non célibataires ou les célibataires de 19 ans et plus; pour les célibataires de moins de 19 ans: une pièce pourdeux enfants s’ils sont de même sexe ou ont moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant. Au sens de cette norme, un coupledoit disposer de deux pièces, tout comme les ménages d’une personne. En conséquence, tous les logements d’une piècesont considérés comme surpeuplés, quel que soit leur nombre d’occupants. Afin d’éviter le caractère trop restrictif de cettedéfinition, nous n’avons calculé l’indice de peuplement que pour les ménages d’au moins deux personnes.De nouveaux indicateurs sont en cours de construction, mais n’ont pas été mobilisés pour cette étude. Voir à ce sujet :Minodier C., 2006.17. Le surpeuplement a connu une baisse continue depuis le début des années soixante-dix, jusqu’au début desannées 1990. Depuis 1992, la baisse a été nettement ralentie. Pour l’ensemble des ménages (c’est-à-dire en incluantceux d’une seule personne vivant dans les logements d’une seule pièce), on est passé de 10,9 % de résidencesprincipales surpeuplées en 1992 à 10,3 % en 2002.

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Un effort financier croissantL’effort financier pour le logement des ménages jeunes a connu la même forte

hausse que celui de l’ensemble des ménages. Pourtant, au cours des trente dernièresannées, la part des ménages jeunes solvabilisés par les aides à la personne a crû for-tement sous l’effet de la création de l’APL en 1977 et du bouclage des aides au débutdes années 1990, qui a notamment bénéficié aux étudiants (tableau 17).

Tableau 17

Proportion de ménages jeunes locataires bénéficiaires des aides à la personne, en%

* L’APL a été créée en 1977.Sources : enquêtes Logement, Insee.

En 2002, 70% des ménages étudiants bénéficient d’une aide à la personnecontre 67% des ménages jeunes à la recherche d’un emploi et 28% des salariésvivant seuls18 (tableau 18).

Tableau 18

Ménages jeunes bénéficiaires des aides à la personne en 2002, selon les types deménage, en%

* Ménages logés gratuitement, fermiers et métayers.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

AL APL Pas d’aide Non concernés* Total

Salariés vivant seuls 15,3 13,1 65,0 6,6 100,0

Salariés vivant en couple sans enfants 7,2 9,2 78,7 4,9 100,0

Étudiants vivant seuls 34,9 35,2 21,2 8,7 100,0

Salariés vivant en couple avec enfants 10,6 26,0 58,0 5,4 100,0

Chômeurs 27,0 40,7 27,0 5,3 100,0

Autres ménages jeunes 25,4 42,2 25,1 7,3 100,0

Total 17,8 22,8 53,1 6,3 100,0

1973 1978 1984 1988 1992 1996 20022002

Ménages non jeunes

Allocation logement (AL) 15,9 24,5 21,9 14,5 19,3 27,1 19,0 5,5

parmi les moins de 25 ans 11,6 24,5 29,1 19,4 29,5 39,0 28,5

parmi les 25 à 29 ans 18,3 24,5 18,1 11,7 13,1 19,5 11,9

Aide personnalisée au logement (APL)* 0,4 10,7 14,9 16,1 20,6 24,3 12,0

parmi les moins de 25 ans 0,3 6,7 11,1 17,9 25,9 32,4

parmi les 25 à 29 ans 0,5 12,7 16,9 15,1 17,2 18,3

Pas d’aide 84,1 75,0 67,5 70,6 64,6 52,3 56,7 82,5

parmi les moins de 25 ans 88,4 75,2 64,1 69,5 52,6 35,1 39,1

parmi les 25 à 29 ans 81,7 75,0 69,2 71,4 71,8 63,3 69,8

Les Travaux de l’Observatoire2722007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

18. Le revenu d’exclusion des aides à la personne pour un salarié vivant seul est proche de la valeur d’un Smic àtemps complet.

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En parallèle, les niveaux des loyers des logements occupés par les ménagesjeunes ont connu une forte croissance sur une longue période, principalementdepuis la fin des années 1980. Le parc social n’est pas épargné par cette hausse(de 2,80 euros par m2 en 1973 à 4,60 euros en 200219), mais c’est le parc privé quiconnaît la plus forte augmentation (73% pour atteindre 7,70 euros en 2002). Lesménages étudiants étant ceux qui louent les plus petites surfaces, ce sont eux quipaient les loyers unitaires les plus élevés (9,70 euros par m2 en 2002, graphique 6).

En 2002, un ménage étudiant moyen, qui louait 37 m2, payait ainsi un loyermoyen de 361,50 euros, alors que les autres ménages jeunes payaient 290,40 eurospour 63 m2 dans le parc social ou 422,70 euros pour 55 m2 dans le parc privé.L’écart est donc très élevé entre les deux secteurs locatifs pour les ménages nonétudiants et tend à s’accentuer au cours des dernières années.

Graphique 6

Évolution des loyers des ménages jeunes (euros constants 2005/m2)

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Ces différences en matière de loyer expliquent l’importance des écarts observésen matière de taux d’effort des ménages jeunes non étudiants20 et leur évolution aucours des vingt dernières années. Un écart constant de quatre à cinq pointsdemeure entre les locataires des deux secteurs de l’offre locative (hormis les étu-diants). Cet écart se creuse légèrement au fil de l’augmentation des taux d’effort. Entrente ans, le taux d’effort brut moyen des jeunes locataires non étudiants adoublé21. Cette évolution n’est que partiellement compensée par les aides à la

- €

2,00 €

4,00 €

6 ,00 €

8,00 €

10,00 €

12,00 €

1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005

Loyer mensuel par mois d'un étudiant

Non-étudiants secteur social

Non-étudiants secteur libre

Les Travaux de l’Observatoire2732007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

19. Valeurs données en euros constants de 2005.20. L’enquête Logement apprécie difficilement les revenus des étudiants et surtout les transferts de ressources en provenancede leur famille, c’est pourquoi ceux-ci ne sont pas pris en compte dans les analyses formulées en termes de taux d’effort.21. Le taux d’effort de tous les locataires a augmenté au cours des dernières décennies. Le taux d’effort brut moyendes ménages locataires est passé de 10,9 % en 1973 à 20,2 % en 2002 ; les taux nets sont passés de 10,0 % à 16,4 %.

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personne. En effet, si celles-ci abaissent très sensiblement les taux d’effort, elles nele font pas avec la même intensité pour les deux secteurs locatifs.

Aucun taux d’effort net moyen des ménages jeunes ne dépasse significativementle seuil de 20% (sauf pour les étudiants). Malgré le bouclage des aides et l’aligne-ment progressif de l’AL sur le régime plus favorable de l’APL, le taux d’effort netmoyen des jeunes locataires non étudiants du secteur privé a pratiquement doubléen trente ans. La hausse est également sensible dans le secteur social puisque letaux d’effort net reste aux alentours de 13% (tableau 19).

Tableau 19

Taux d’effort moyen loyer des ménages jeunes non étudiants locataires, en%

Sources : enquêtes Logement, Insee.

Les conditions de logement des ménages jeunes à bas revenus et le rôle du parc social

Les ménages jeunes non étudiants22 dont le niveau de vie correspond au premierquintile des niveaux de vie de l’ensemble des ménages23 («ménages à basrevenus») sont à 61% des familles (avec enfants pour plus des deux tiers), alors queces ménages sont souvent plus jeunes que ceux dont les revenus sont plus élevés.La taille moyenne de ces ménages est sensiblement supérieure : 2,1 personnes,contre 1,9 pour les revenus supérieurs. Par ailleurs, 37% des personnes de réfé-rence n’ont pas d’emploi (10% d’inactifs, 27% de chômeurs), alors que 94% desautres ménages jeunes en ont un (tableau 20).

1973 1984 2002

Taux bruts

Locataires du secteur libre 12,2 14,5 23,2

Locataires du secteur social 9,8 11,4 18,2

Taux nets

Locataires du secteur libre 11,5 12,8 20,2

Locataires du secteur social 8,4 8,3 13,0

Les Travaux de l’Observatoire2742007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

22. Si on les prend en compte, les étudiants constituent près de la moitié du groupe des ménages jeunes relevant dupremier quintile de niveau de vie, notamment parce que l’enquête Logement ne permet pas de mesurer efficacementles transferts économiques en provenance de leurs familles, lesquels jouent pourtant un grand rôle dans leursolvabilité, principalement pour le financement de leur logement.23. Le choix du premier quintile pour rendre compte des ménages jeunes à bas revenus permet d’être plusdiscriminant que les trois premiers déciles, généralement utilisés dans les études de l’Insee pour qualifier lesménages « modestes », tout en préservant un échantillon significatif, ce que n’aurait pas permis l’utilisation du seuilde pauvreté qui ne recouvre que 300 000 ménages jeunes non étudiants (soit seulement un peu plus de 420 enquêtesdans notre source pour 2002) contre 473 000 avec le seuil du premier quintile (soit près de 650 enquêtes en 2002).Le choix du premier quintile se traduit par un seuil de 8 700 euros par unité de consommation et par an (725 eurospar mois). Par comparaison, le seuil de la demi-médiane se situe à 7 300 euros (608 euros par mois) et le seuil desménages « modestes » à 10 600 euros (883 euros par mois).

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Tableau 20

Caractéristiques des ménages jeunes à bas revenus, en%

Champ : ménages jeunes dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquêtes Logement, Insee.

La structure sociodémographique des ménages jeunes à bas revenus a connude profondes transformations au cours des vingt dernières années. Ce sont des per-sonnes nettement plus jeunes et vivant plus souvent seules, ou bien des famillesmonoparentales, alors qu’en 1984, c’étaient majoritairement des familles avecenfants. Ce n’est pas simplement dû au fait que les personnes seules et les famillesmonoparentales représentent une proportion plus importante de l’ensemble desménages jeunes, car, au sein de ces ménages, la part de ménages à bas revenuss’est très sensiblement accrue entre 1984 et 2002.

On compte plus de couples avec enfants chez les jeunes à bas revenus quechez les autres ménages jeunes, mais cette proportion a beaucoup baissé. Enrevanche, celle des familles monoparentales, très faible chez les jeunes àrevenus supérieurs, a fortement augmenté au cours des deux dernières décen-nies.

Le rapport à l’emploi est, lui, resté relativement stable dans le temps, avec plusdu quart des personnes de référence à la recherche d’un emploi. Si on y ajoute les10% d’inactifs observés en 2002, moins des deux tiers occupent un emploi, ce quimontre que l’emploi ne suffit à éviter aux ménages jeunes d’appartenir au quintileinférieur de niveau de vie.

1984 2002

Ménages à bas revenus Ménages à bas revenus Autres ménages jeunes

Moins de 25 ans 35,3 47,6 26,7

25 à 29 ans 64,7 52,4 73,3

Total 100,0 100,0 100,0

Une personne 12,4 37,2 40,2

Deux personnes 23,2 30,3 38,6

Trois personnes 27,9 18,6 15,4

Quatre personnes et plus 36,5 14,0 5,8

Total 100,0 100,0 100,0

Personnes vivant seules 12,4 37,2 40,2

Autres ménages sans familles Ns Ns Ns

Familles monoparentales 12,3 19,5 2,1

Couples sans enfants 16,2 18,4 35,5

Couples avec enfants 56,6 23,0 19,9

Total 100,0 100,0 100,0

Occupent un emploi 67,8 63,3 94,1

Chômeurs 27,9 26,6 5,5

Autres 4,3 10,1 Ns

Total 100,0 100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2752007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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La faiblesse des revenus chez les ménages jeunes, qui était en 1984 principale-ment concentrée sur les couples de plus de 25 ans et ayant des enfants, touchedésormais plus souvent les plus jeunes, les personnes vivant seules et les famillesmonoparentales.

Graphique 7

Lieu de résidence de ménages jeunes non étudiants, selon leur niveau de revenus en 2002, en %

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Les ménages jeunes à bas revenus vivent plus souvent dans les grandes villesque dans les petites et moyennes agglomérations (graphique 7). Pour près de 45%,ils habitent dans les villes de 100000 habitants et plus, à l’exception notable de l’ag-glomération parisienne, qui est fortement sous-représentée. Les prix immobiliers enÎle-de-France y rendent la décohabitation plus difficile pour les jeunes dont lesrevenus sont insuffisants. Le changement structurel de la composition des ménagesjeunes à bas revenus entre 1984 et 2002 se reflète dans la forte baisse des locali-sations périurbaines plus propices à l’accueil des familles qui dominaient au sein decette population en 1984 qu’à celui des personnes vivant seules ou des couplessans enfants, plus nombreux en 2002.

Les ménages jeunes à bas revenus sont encore moins souvent propriétaires, etce taux a baissé au cours des deux dernières décennies (tableau 21). Ils sont doncplus souvent locataires du parc social et de logements meublés ou sous-loués dansle parc privé. Pour ces ménages, tous les statuts locatifs ont connu une légère crois-sance entre 1984 et 2002, et la location libre reste le premier statut d’occupation desjeunes, même lorsqu’ils ont de bas revenus. Par ailleurs, la part du parc social aug-mente fortement avec l’âge de ces ménages à bas revenus et près de 70% desjeunes familles monoparentales et 48% des jeunes couples avec enfants à basrevenus logent en HLM (graphique 8).

0

5

10

15

20

25

30

35

40

45

50

Communesruralesisolées

Ménages à bas revenusAutres ménages jeunes

Communesruralespériurbaines

Unitésurbainesde moinsde 20 000 hab.

Unitésurbainesde 20 000à 99 999 hab.

Unitésurbainesde 100 000 hab.et plus

Agglomérationde Paris

Les Travaux de l’Observatoire2762007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Tableau 21

Statut d’occupation des ménages jeunes à bas revenus, en%

Champ : ménages jeunes dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquêtes Logement, Insee.

Graphique 8

Proportion de locataires du parc social chez les ménages jeunes à bas revenus en2002, selon les caractéristiques du ménage, en %

Champ : ménages jeunes dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Malgré une taille de ménage supérieure, les logements qu’occupent les pluspauvres ont moins de pièces que les autres (2,57 contre 2,72 [tableau 22]). Ces dif-férences se retrouvent dans les surfaces, puisqu’il y a en moyenne 4 m2 d’écartentre les logements des deux catégories de ménages jeunes en 2002 (un écart de6 m2 par personne).

- -

70

50

40

30

20

10

0

60

Moinsde 25 ans

25-29 ans Personnesvivantseules

Famillesmono-parentales

Couplessansenfants

Couplesavecenfants

Occupent un emploi

Chômeurs

Ménages à bas revenus 1984

Ménages à bas revenus2002

Autres ménages jeunes en 2002

Propriétaires 5,9 Ns 15,7

Locataires secteur social 34,8 36,0 22,8

Locataires secteur libre 45,5 47,3 52,7

Autres locataires 7,0 7,9 3,3

Logés à titre gratuit 6,8 5,7 5,5

Total 100,0 100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2772007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Tableau 22

Taille des logements des ménages jeunes à bas revenus, en%

Champ : ménages jeunes dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquêtes Logement, Insee.

En matière de densité d’occupation du logement (tableau 23), l’écart entre lesménages à bas revenus et les autres est important, avec plus de 21% de surpeu-plement pour les ménages à bas revenus contre moins de 8%. Comme pour l’en-semble des ménages à bas revenus24, le critère du niveau de vie est donc très dis-criminant en matière de surpeuplement. Plus de la moitié des ménages jeunes à basrevenus en situation de surpeuplement habitent dans des logements locatifs du sec-teur privé, mais 27% vivent dans un logement social, ce qui ne manque pas d’in-quiéter pour des ménages jeunes dont la taille pourrait encore s’accroître.

Tableau 23

Indice de peuplement des logements occupés par les ménages jeunes de plus d’une personne, selon leur niveau de revenus, en%

Champ : ménages jeunes de plus d’une personne, dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Les ménages jeunes à bas revenus fournissent un effort financier important pourse loger, même si la hausse de cet effort a été légèrement atténuée, depuis le débutdes années 1990, par le bouclage des aides à la personne. La part des ménagesjeunes à bas revenus aidés est passée de 54% en 1984 à 72% en 2002. Chez leslocataires, elle atteint 80% (tableau 24).

Ménages à bas revenus Autres ménages jeunes

Sous-peuplement très accentué ou prononcé 8,4 22,3

Sous-peuplement modéré 22,4 32,2

Peuplement normal 47,7 37,9

Surpeuplement modéré ou accentué 21,6 7,6

Total 100,0 100,0

Ménages à bas revenus Autres ménages jeunes

Une pièce 21,2 14,5

Deux pièces 30,0 33,2

Trois pièces 28,7 29,9

Quatre pièces et plus 20,1 22,4

Total 100,0 100,0

Nombre moyen de personnes 2,14 1,88

Nombre moyen de pièces 2,57 2,72

Surface moyenne 57,4 m2 61,4 m2

Surface moyenne par personne 26,8 m2 32,7 m2

Les Travaux de l’Observatoire2782007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

24. Driant J.-C. et Rieg C., 2004.

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Tableau 24

Proportion de ménages jeunes locataires bénéficiaires des aides à la personne

Champ : ménages jeunes locataires d’un local loué vide, dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquêtes Logement, Insee.

L’accroissement des aides ne compense cependant pas totalement l’écart d’ef-fort financier entre les ménages à bas revenus et les autres. Ces aides font baisserd’environ 20 points les taux d’effort bruts, mais le niveau plus élevé de la chargebrute et les revenus plus faibles conduisent à un taux d’effort net moyen de près de40% dans le parc privé, contre 23% dans le secteur social. Dans ces conditions, lestaux d’effort nets des ménages jeunes à bas revenus restent toujours très supérieursà ceux des autres ménages jeunes (tableau 25).

Tableau 25

Effort financier des ménages jeunes locataires, selon leur niveau de revenus en 2002, en%

Champ : ménages jeunes locataires d’un local loué vide, dont la personne de référence n’est pas étudiante.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

La relative stagnation des conditions de logement des ménages jeunes à basrevenus, au cours des vingt dernières années, s’est ainsi faite à un prix très élevé enmatière d’effort financier et place ces ménages hors des limites considérées comme«acceptables», en particulier dans le parc locatif privé. Dans ces conditions, ladécohabitation demeure difficile pour ceux qui risquent de se trouver dans des situa-tions aussi précaires.

Cohabitation parentale et logement : le cadet et la famillenombreuse

En 2002, les 3 millions de ménages comportant au moins un jeune de 18 ans ouplus en cohabitation (soit 12,6% de l’ensemble des ménages) sont, dans leurgrande majorité, des familles avec enfants.

De fait, plus de 98% de ces 4 millions de jeunes qui vivaient dans des ménagesdont la personne de référence avait 30 ans ou plus étaient les enfants de cette per-sonne de référence ou de son conjoint. On peut donc sans dommage aborder la situa-tion de ces jeunes cohabitants sous l’angle de leur position dans la cellule familiale.

Locataires du parc social Locataires du secteur libreMénages

à bas revenusAutres ménages

jeunesMénages

à bas revenusAutres ménages

jeunesTaux d’effort net moyen 22,8 19,7 38,9 23,8

Ménages à bas revenus 2002 Autres ménages jeunes en 2002AL 28,5 11,1APL 51,3 15,2Pas d’aide 20,2 73,7Non concernés - -Total 100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2792007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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Une approche par la structure familiale pour rendre compte de la diversité des ménages comportant des jeunes cohabitantsLa description des conditions de logement des jeunes cohabitants est analysée

en lien avec la composition du ménage auquel ils appartiennent et le rang du jeunecohabitant dans la fratrie. Cette variable, ajoutée au niveau de revenus et à la posi-tion dans le cycle de vie du ménage, constitue un facteur de différenciation desconditions de cohabitation des jeunes adultes.

La description des principales caractéristiques des ménages comportant desjeunes cohabitants en fonction de leur composition familiale (tableaux 26 à 29) meten relief la diversité des situations de cohabitation, ainsi que leurs liens avec la posi-tion dans le cycle de vie et le niveau des revenus.

Tableau 26

Répartition des ménages comportant des jeunes cohabitants, selon le nombre d’enfantsde la personne de référence ou de son conjoint vivant hors du domicile, en%

Sources : enquête Logement 2002, Insee.Le nombre d’enfants se réfère ici au nombre d’enfants (cohabitants compris) vivant actuellement au sein du ménage ; il ne comprend donc pas les enfants vivant hors du domicile parental.

Tableau 27

Types de ménages comportant des jeunes cohabitants en 2002, en%

NS = non significatif.Le nombre d’enfants se réfère ici au nombre d’enfants (cohabitants compris) vivant actuellement au sein du ménage ; il ne comprend donc pas les enfants vivant hors du domicile parental.* Autres ménages sans familles et couples sans enfants.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Âge de la personne de référence

Ensemble Moins de 40 ans 40 à 49 ans 50 à 59 ans 60 ans et plus Total

Familles monoparentales 21,0 4,7 52,6 35,3 7,4 100,0

Couples avec un enfant (cadet) 20,4 0,9 21,6 60,8 16,7 100,0

Couples avec un enfant (unique) 8,3 2,1 38,1 48,0 11,7 100,0

Couples avec deux enfants 28,5 1,9 54,6 36,7 6,8 100,0Couples avec plus de deuxenfants 20,4 6,4 58,0 29,0 6,6 100,0

Autres types* 1,4 NS NS NS NS NSEnsemble des ménages com-portant des jeunes cohabitants 100,0 3,3 46,2 40,5 10,0 100,0

Ensemble des ménages 30,7 19,7 17,2 32,4 100,0

Pas d’enfantshors domicile

Un enfant horsdomicile

Deux enfantshors domicile

Trois enfants horsdomicile et plus Total

Familles monoparentales 53,2 25,1 14,5 7,2 100,0

Couples avec un enfant 29,0 40,2 21,3 9,5 100,0

Couples avec deux enfants 65,2 22,8 6,6 5,4 100,0

Couples avec plus de deux enfants 74,3 15,5 5,4 4,8 100,0

Ensemble 53,5 26,9 12,4 7,2 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2802007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Tableau 28

Répartition des ménages comportant des jeunes cohabitants, selon les compositionsfamiliales et le niveau de vie (quintiles), en%

Le nombre d’enfants se réfère ici au nombre d’enfants (cohabitants compris) vivant actuellement au sein du ménage ; il ne comprend donc pas les enfants vivant hors du domicile parental.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Tableau 29

Répartition des ménages comportant des jeunes cohabitants, selon la catégoriesocioprofessionnelle de la personne de référence, en%

Le nombre d’enfants se réfère ici au nombre d’enfants (cohabitants compris) vivant actuellement au sein du ménage ; il ne comprend donc pas les enfants vivant hors du domicile parental.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Si l’on considère le critère de la composition familiale, ces ménages constituentquatre groupes de taille comparable, mais aux caractéristiques différentes.

– Un peu moins de 29% des familles sont des couples dont le jeune cohabitantde 18 ans ou plus est le seul enfant à vivre au domicile. C’est le groupe le plusâgé (72% des personnes de référence ont 50 ans ou plus, l’âge moyen est de53,2 ans) et celui dont les revenus sont les plus élevés, puisque les deux tiersd’entre eux appartiennent aux cinq déciles supérieurs de la répartition desniveaux de vie et 29% aux deux derniers. 30% de ces ménages appartiennentaux deux catégories socioprofessionnelles les plus élevées, et c’est parmi euxque la somme des catégories «employé» et «ouvrier » est la plus faible. Dans lamajorité des cas, le jeune cohabitant n’est pas le seul enfant du ménage puis-

Familles monoparen-

tales

Couples avecun enfant(cadet)

Couples avec un enfant(unique)

Couplesavec deux

enfants

Couples avecplus de deux

enfantsEnsemble

Agriculteurs 1,7 5,9 3,7 4,4 3,2 3,8

Artisans, commerçants et chefs d’entreprise 4,9 12,3 10,3 10,3 7,0 8,9

Cadres et professions intellectuelles sup. 12,1 19,9 15,9 18,6 14,3 16,4

Professions intermédiaires 19,1 21,4 23,1 22,3 16,9 20,4

Employés 44,9 9,0 12,0 10,2 9,0 17,1

Ouvriers 17,4 31,5 35,1 34,2 49,6 33,4

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Quintiles 1 2 3 4 5 Total

Familles monoparentales 33,5 24,2 9,1 29,2 4,1 100,0

Couples avec un enfant (cadet) 9,0 16,1 21,8 22,7 30,3 100,0

Couples avec un enfant (unique) 9,2 12,5 23,6 28,3 26,4 100,0

Couples avec deux enfants 13,3 20,0 24,6 25,1 17,0 100,0

Couples avec plus de deux enfants 32,0 25,6 21,1 13,9 7,4 100,0

Ensemble 19,9 20,7 21,6 21,0 16,8 100,0

Les Travaux de l’Observatoire2812007-2008

Les conditions de logement des ménages jeunes

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qu’un (40%), deux (21%) ou plus (9%) de ses frères et sœurs vivent hors dudomicile. Il s’agit donc le plus souvent de situations de dernier enfant de lafamille vivant encore au domicile de ses parents (le «cadet» 25).– La même proportion des ménages comportant des jeunes cohabitants estcomposée de couples ayant deux enfants. Ils sont un peu plus jeunes que lesprécédents (l’âge moyen est de 49,4 ans) et disposent généralement de revenusmoins élevés. Ils appartiennent plus souvent aux catégories sociales «popu-laires». Un peu moins du tiers de ces ménages a un autre enfant vivant hors dudomicile, ce qui signifie que l’ensemble de la fratrie vit encore dans le logementactuel.– Un peu plus d’un ménage sur cinq comportant des jeunes cohabitants est unefamille monoparentale. Les personnes de référence de ces familles sont relative-ment jeunes (l’âge moyen est de 49 ans). Ces ménages ont souvent des revenusmodestes, puisque 56% appartiennent aux quatre premiers déciles de la répar-tition des niveaux de vie26. La part des employés est beaucoup plus élevée parmices ménages.– Un ménage comportant des jeunes cohabitants sur cinq est une famille nom-breuse comportant au moins trois enfants (19% en ont quatre et 13% cinq ouplus). Ce sont les plus jeunes de tous (âge moyen de 48,2 ans), aux niveaux devie les plus bas : 46% appartiennent aux trois premiers déciles de la répartitiondes niveaux de vie. Pour les trois quarts de ces ménages, aucun enfant ne vitencore hors du domicile ; ce sont donc majoritairement des familles complètesau sein desquelles les jeunes de plus de 18 ans sont parmi les aînés.

Les profils sociodémographiques des jeunes cohabitants varient selon la situa-tion sociale de leurs parents (tableau 30). Ceux qui vivent seuls avec leurs parentsse distinguent des autres : ils sont plus âgés (un tiers d’entre eux ont plus de23 ans), plus souvent de sexe masculin et plus fréquemment actifs avec un emploi.Les cohabitants appartenant à des ménages composés d’un couple et de plusieursenfants sont plus jeunes et plus de la moitié d’entre eux sont des étudiants. Quantà ceux qui vivent dans une famille monoparentale, ils sont dans une position inter-médiaire, proches de l’âge moyen, avec une Surreprésentation des chômeurs etune sous-représentation des étudiants.

Les Travaux de l’Observatoire2822007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

25. Il s’agit d’une approximation car le « cadet » peut avoir décohabité plus tôt que son (ses) aîné(s).26. Déciles calculés tous ménages confondus, y compris les ménages non jeunes.

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Tableau 30

Principales caractéristiques des jeunes cohabitants, selon le type de ménage auquel ils appartiennent, en%

Le nombre d’enfants se réfère ici au nombre d’enfants vivant actuellement au sein du ménage, il ne comprend donc pasles enfants vivant hors du domicile parental.Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Les conditions de logement des ménages comportant des jeunes cohabitantsL’approche des conditions de logement des ménages27 comportant des jeunes

cohabitants révèle de forts contrastes que l’on peut principalement imputer à leurposition dans le cycle de vie et à leur situation sociale (tableau 31). Ces différencescontribuent à mettre en relief les principaux facteurs de la cohabitation des enfantsâgés de plus de 18 ans.

Deux situations extrêmes illustrent les contrastes «observés» ; elles recouvrentchacune environ 21% des ménages concernés.

– Les couples vivant avec un seul enfant, qui est le cadet, sont ceux dont les per-sonnes de référence sont les plus âgées, aux revenus les plus élevés. Leurs

Famillesmono-

parentales

Couples avecun enfant(cadet)

Couples avecun enfant(unique)

Couples avecdeux enfants

Couples avectrois enfants

ou plusEnsemble

Sexe

Masculin 56,7 63,1 53,0 58,1 52,9 56,7

Féminin 43,3 36,9 47,0 41,9 47,1 43,3

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Âge

De 18 à 20 ans 47,7 36,2 39,5 51,0 56,0 48,6

De 21 à 23 ans 29,1 29,1 30,5 29,3 30,0 29,5

De 24 à 26 ans 13,6 19,5 20,0 13,5 9,6 13,8

De 27 à 29 ans 9,6 15,1 10,0 6,2 4,4 8,1

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

Âge moyen 21,5 ans 22,4 ans 21,9 ans 21,1 ans 20,7 ans 21,4 ans

Occupation principale

Salariés avec un emploi 33,6 48,3 36,3 33,7 29,6 35,1

Chômeurs 15,2 12,0 8,9 10,2 13,3 12,2

Étudiants 46,8 37,3 51,7 54,2 54,5 49,9

Autres 4,4 2,3 3,0 1,9 2,6 2,8

Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0

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Les conditions de logement des ménages jeunes

27. Centrée sur le ménage et les caractéristiques globales de son habitat, l’enquête Logement ne permet pas dedécomposer à l’échelle de chaque individu les modalités d’occupation du logement. Il n’est donc pas possibled’exposer les situations particulières des jeunes cohabitants au sein du logement (par exemple, la surface occupéeà titre personnel ou l’existence d’une chambre individuelle).

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conditions de logement sont les plus confortables, avec une forte majorité depropriétaires de maisons individuelles et des surfaces élevées.Ce confort global semble constituer un facteur important d’allongement de lacohabitation. C’est parmi eux que l’âge moyen des cohabitants est le plus élevé(supérieur à 22 ans), ainsi d’ailleurs que la part des garçons (60%) et celle desactifs ayant un emploi (45%). La situation sociale et les conditions de logementsont suffisamment confortables pour que la décohabitation ne constitue pas uneurgence, même si on peut penser qu’elle serait économiquement possible.Contrairement aux couples pour lesquels le cohabitant est l’enfant unique, cesjeunes profitent du grand logement qui avait été acquis pour répondre auxbesoins d’une famille plus large. C’est l’avantage du cadet, dont on peut penserqu’il profite plus longtemps que ses frères et sœurs.– À l’opposé, les familles nombreuses ont le revenu le moins élevé (46% relèventdes trois premiers déciles des niveaux de vie) et sont les plus jeunes, tant dupoint de vue des personnes de référence que de celui des cohabitants. Leursconditions de logement sont plus difficiles, avec un taux élevé de surpeuple-ment. La cohabitation y apparaît donc beaucoup moins souvent comme syno-nyme de confort mais résulte plutôt de la faiblesse des revenus de la famille etdu cohabitant lui-même (55% d’étudiants, 13% de chômeurs). La décohabitationse produira assez rapidement pour la majorité des jeunes vivant au sein defamilles nombreuses.

Les couples avec un enfant unique de plus de 18 ans ou ceux ayant deux enfantsau domicile sont dans des situations intermédiaires à tous égards :

– plutôt confortables pour les premiers, mais sans bénéficier des avantages liésau départ des aînés,– un peu plus contraintes pour les seconds (un peu moins de propriétaires et demètres carrés par personne, niveau de vie plus faible), mais ouvrant des per-spectives favorables pour celui des deux enfants qui restera plus longtemps audomicile parental.

Les familles monoparentales comportant des cohabitants se rapprochent desfamilles nombreuses sur les critères de l’âge et des niveaux de vie, mais s’en éloi-gnent en matière de conditions de logement. Ce sont les seules à être majoritaire-ment locataires et à vivre plus souvent en appartement, avec des surfaces plus fai-bles que les autres et un taux de surpeuplement assez élevé, lié aux particularitésde leur composition familiale. La part des actifs ayant un emploi parmi les jeunescohabitants en famille monoparentale est relativement faible, face à un taux élevé dechômeurs (15%). Comme pour les familles nombreuses, la cohabitation apparaît icicomme plutôt forcée que de confort.

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Tableau 31

Les jeunes cohabitants et les ménages où ils vivent

Sources : enquête Logement 2002, Insee.

Cette approche statistique du logement des ménages jeunes met en relief que lagrande stabilité dans le temps de l’âge moyen de la décohabitation masquait deprofondes transformations de la problématique du logement entre 18 et 29 ans.

Mise en regard des grandes évolutions des conditions de logement en France,la situation des jeunes tend à devenir de plus en plus spécifique, en lien avec uneconstitution familiale retardée. Il en résulte des taux de plus en plus faibles de pro-priétaires avant 30 ans et de logements de plus de deux pièces avant 25 ans.

L’approche centrée sur les ménages jeunes à bas revenus montre des profilssociaux et résidentiels plus proches de ce que l’on observe généralement à proposdes ménages à bas revenus28 : plus forte présence des familles (notamment famillesmonoparentales), taux de chômage élevé, effort financier lourd pour le logement etforte Surreprésentation de la location HLM, même si le secteur libre reste dominant.

Beaucoup reste à faire pour disposer d’une analyse complète de la probléma-tique du logement des jeunes, surtout s’il s’agit de concentrer l’analyse sur ceux quirencontrent les plus grandes difficultés à se loger de façon décente et indépen-dante. Les résultats de ce travail incitent à suggérer trois pistes méthodologiques etcinq orientations thématiques.

Couples avec unenfant (cadet)

Couples avec unenfant (unique)

Couples avecdeux enfants

Couples avectrois enfants

ou plus

Familles monoparentale

Habitants de communesrurales 28,0 % 25,2 % 26,5 % 20,9 % 15,2 %

Habitants des grandes villes(unités urbaines de plus de 100 000 habitants et agglomération de Paris)

39,5 % 42,6 % 43,5 % 48,4 % 57,4 %

Taux de maisons individuelles 81,7 % 75,4 % 76,8 % 68,6 % 43,9 %Taux de propriétaires occupants 79,9 % 77,9 % 73,7 % 61,7 % 41,0 %

Taux de locataires du secteurlibre 6,4 % 8,2 % 8,4 % 10,1 % 18,4 %

Taux de locataires du parcsocial 10,8 % 10,4 % 14,7 % 25,6 % 36,9 %

Surface moyenne par personne 37,2 m2 33,3 m2 28,0 m2 20,4 m2 31,3 m2

Part de ménages en situationde surpeuplement 1,2 % 2,1 % 6,4 % 29,0 % 20,1 %

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28. Driant J.-C. et Rieg C., 2004.

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Pistes méthodologiques

Explorer d’autres sources de données et améliorer celles dont on dispose

L’enquête Logement de l’Insee n’est pas la seule source dont on dispose pourenvisager une approche du logement des jeunes. Il serait sans doute utile d’ex-ploiter des sources dont un échantillon plus important, voire exhaustif, permettraitdes approches plus détaillées et surtout territorialisées de la problématique du loge-ment des jeunes : les caisses d’allocation familiales (notamment des aides à la per-sonne) qui décrivent l’effort financier des ménages sur une base spatialisée,Filocom (fichier des logements par commune) et les chiffres du recensement de lapopulation seraient sans doute susceptibles d’apporter des éclairages importants.

Pour une approche plus qualitative des modalités d’accès au logement pour des populations particulières

Les enquêtes ménages et les fichiers statistiques fondés sur l’occupation dulogement présentent généralement l’inconvénient de laisser dans l’ombre lesphases qui précèdent l’entrée dans le logement. Or, elles sont particulièrementimportantes pour les jeunes qui prennent leur indépendance résidentielle. Il seraitdonc utile de construire d’autres sources d’information sur cette étape difficile pourun grand nombre de jeunes. Un tel travail suppose de procéder par enquête auprèsd’un échantillon de jeunes au moment de ce passage ou juste après, afin qu’ils puis-sent en exposer les différentes phases.

Par ailleurs, certaines populations restent peu touchées par les sources classiquesdu système statistique concernant le logement: les travailleurs saisonniers, les intéri-maires et stagiaires, qui se caractérisent par une mobilité très forte et des besoins enlogement spécifiques. Là encore, il serait nécessaire de mener une enquête.

Des regards internationaux

La problématique spécifique du logement des jeunes est constamment évoquéepar les rapports internationaux sur l’habitat ; elle constitue une difficulté identifiéedans la plupart des pays, mais avec des modalités qui peuvent être différentes,notamment du fait de la diversité des caractéristiques de l’offre d’un pays à l’autre.

Dans une optique de recherche de réponses innovantes face aux difficultés ren-contrées par les jeunes en matière de logement (et plus largement de prise d’auto-nomie), il serait utile de dresser un tour d’horizon des façons dont la question du loge-ment des jeunes (étudiants et actifs) est prise en compte dans les politiques publiqueset dans la formation éventuelle d’une offre ciblée dans les autres pays européens.

Orientations thématiques

Le processus de décohabitationLes analyses tirées de l’enquête Logement ne peuvent aborder que de façon

indirecte le processus de décohabitation29 et peinent à rendre compte de la suc-cession des étapes d’une prise d’autonomie qui s’avère souvent progressive et mar-quée par des allers et retours, notamment pour les jeunes qui poursuivent des

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études supérieures. Les travaux de l’Institut national d’études démographiques(Ined) et certaines études menées avec l’Institut d’aménagement et d’urbanisme dela région Île-de-France (IAURIF)30 aident à approcher ce processus dans sa diver-sité, mais toutes ces sources soulignent l’intérêt qu’il y aurait à développer de façonplus systématique des approches longitudinales de la décohabitation pour les géné-rations récentes.

Les difficultés d’accès au logement

Ces approches permettraient sans doute de mieux éclairer la question spécifiquedes difficultés que rencontrent les jeunes pour accéder à un logement indépendant.Les démarches de recherche de logement, les exigences des propriétaires, lesarrangements et contournements d’obstacles auxquels ces difficultés obligent méri-teraient des analyses fondées sur des méthodes plus qualitatives (entretiens et obs-ervations). De tels travaux gagneraient d’ailleurs à développer des études de caslocaux, mettant en relief les liens entre les processus d’accès au logement et ladiversité des configurations des marchés locaux du logement31.

Les modes de cohabitation dans le logement

Ce type d’approche qualitative permettrait de rendre compte de la diversité desmodes de cohabitation, que l’enquête Logement de l’Insee, compte tenu de la taillede son échantillon, ne permet pas d’observer efficacement. On pense notammentici à la colocation, dont on soupçonne un développement, notamment dans lesgrandes villes à marché tendu, et qui ne concerne pas que les étudiants32.

Les différentes formes de l’hébergement temporaire et collectif

Qu’ils soient étudiants ou actifs, les jeunes disposant de faibles ressources ouconfrontés à un besoin de mobilité et de courts séjours ont plus que d’autresrecours à des modes d’hébergement que la notion de « logement ordinaire» utiliséepar l’enquête Logement ne permet pas de saisir. Les cités universitaires, les foyersde jeunes travailleurs, voire les centres d’hébergement d’urgence (CHU) ou de réin-sertion sociale (CHRS) sont des lieux d’accueil de la population jeune qui mérite-raient d’être étudiés comme tels de façon plus systématique, afin d’interroger leurefficacité à répondre aux attentes des publics auxquels ils s’adressent.

Le logements des étudiants à bas revenus

Pour des raisons méthodologiques évidentes, les analyses statistiques portantsur les ménages à bas revenus font systématiquement l’impasse sur la situation desétudiants dont il est toujours délicat d’approcher la réalité des ressources. Ceux-ci

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Les conditions de logement des ménages jeunes

29. Laferrère A., 2005.30. Bonvalet C., Lelièvre E., 2006.31. L’étude menée à Paris par l’Apur en 2006 est une illustration du type d’analyse qui gagnerait à se développer dansd’autres agglomérations : Apur, 2006.32. L’étude de l’Apur montre que plus de 146 000 annonces de demandes de colocation ont été publiées sur un siteInternet spécialisé en 2005 pour la seule ville de Paris. Elle indique aussi que, en 1999, 24 500 jeunes actifs vivaienten colocation à Paris.

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constituent cependant une part croissante des ménages jeunes et forment unepopulation aux contours changeants : ils sont plus âgés qu’il y a vingt ans, plus sou-vent de nationalité étrangère, et plus fréquemment en couple. Les observateurs deleurs modes de vie et de l’offre de logements spécialisés font de plus en plus étatdes situations de pauvreté dans ce milieu, notamment chez les étudiants étrangers.Il serait sans doute utile que les analyses consacrées à la pauvreté intègrent cetteproblématique dont la prégnance semble croître dans l’enseignement supérieur.

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Les Travaux de l’Observatoire2882007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Les conditions de logement des ménages jeunes

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Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

Virginie Mora (Céreq), Emmanuel Sulzer (Céreq), avec la collaboration de Céline Goffette (ENSAE), Olivier Joseph (Céreq)

LES jeunes générations sont réputées partir plus tard du domicile parentalqu’il n’était d’usage auparavant. Quelle réalité dans cette affirmation?

Quel est surtout le rôle de la précarité de l’emploi à laquelle les jeunes sontexposés aujourd’hui dans cette prolongation de la domiciliation parentale?

Afin d’éclairer cette question, au moyen des enquêtes d’insertion du Céreqet d’un matériau qualitatif spécifique, on s’attachera dans un premier tempsà analyser les trajectoires d’insertion les plus problématiques pour lesjeunes qui quittent le système éducatif, montrant que celles-ci s’inscriventdans des contextes scolaires et sociaux qui contraignent les individus àfaire des choix qui ne sont pas toujours les plus pertinents. Dans un secondtemps, on examinera les cohabitations prolongées au domicile parental,liées à certaines difficultés dans les processus de stabilisation sur lemarché de l’emploi et à la faiblesse des ressources qui les accompagne. Enl’absence de transferts sociaux et familiaux, la place faite aux jeunes sur lesmarchés du travail comme du logement conduirait à un ajournement de leurprise d’autonomie résidentielle.

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L’image de l’insertion professionnelle des jeunes est fortement ancrée dans lesthèmes de la précarité, du délai important qu’ils subiraient avant de pouvoir accéderà de «vrais» emplois, et des conséquences qui en découlent pour leur entrée dansl’âge adulte, en particulier pour l’accès à une autonomie résidentielle.

La présente étude examine ces questions, notamment à la lumière des donnéesde l’enquête Génération 98 du Céreq (encadré 1), qui analyse les sept premièresannées de vie active d’une cohorte de sortants du système éducatif.

La notion de «difficultés d’insertion» recouvre plusieurs dimensions : il peut s’agirbien sûr d’un chômage prolongé ou récurrent, d’un maintien durable en emploi sousstatut précaire, mais aussi d’emplois stables mais insatisfaisants car peu rémunéra-teurs, sans rapport avec la formation initiale, ou encore à temps partiel alors qu’untemps plein était souhaité.

Ces diverses difficultés touchent nombre de jeunes débutants, au premier rangdesquels ceux dépourvus de diplômes, mais pas seulement, ce qui laisse ouvertela question d’autres déterminants d’une insertion professionnelle difficile.

L’effet de ces difficultés sur la possibilité d’une prise d’autonomie résidentielle,s’il peut sembler logique, ne va cependant pas de soi.

Les déterminants de la résidence prolongée au domicile parental sont particuliè-rement nombreux et délicats à saisir. Ce mode de vie peut en effet être «choisi »,même si distinguer entre choix et nécessité est toujours une gageure. Il peutdécouler de causes affectives, culturelles, de santé, de raisons liées à la qualité dulogement, de raisons géographiques, d’un projet particulier (économiser en atten-dant de monter une entreprise, par exemple). Dans tous les cas, cela apparaîtcomme un mélange personnel de choix et de contraintes1, parmi lesquels les fac-teurs économiques (notamment, la trajectoire d’emploi du jeune) peuvent jouer ungrand rôle ou, à l’inverse, un rôle mineur.

Ces deux dimensions de l’entrée dans l’âge adulte – l’insertion professionnelleet l’autonomie résidentielle – ont été abordées selon des angles variés.

On a d’abord cherché à décrire et quantifier les parcours d’insertion les plus déli-cats au sein de la génération 98 (qu’ils concernent des jeunes diplômés ou non),avant de tenter d’en comprendre la genèse par une approche qualitative qui laissesupposer l’existence, dans de tels parcours, d’enchaînements d’évènements pro-blématiques moins prévisibles que de stricts déterminants individuels.

Plusieurs méthodes statistiques ont ensuite été mobilisées afin d’établir l’exis-tence d’un lien entre insertion professionnelle et autonomie résidentielle, lien qui serévèle prégnant pour certaines catégories de jeunes, mais plus ténu pour d’autres,notamment pour les jeunes femmes.

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1. Le rôle joué par les contraintes – économiques ou autres – est d’autant plus délicat à saisir qu’il peut demeurerimplicite, voire inconscient pour nombre d’individus.

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Les Travaux de l’Observatoire2932007-2008

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

Encadré 1Présentation des données

Les enquêtes « générationnelles » du Céreq examinent les cheminements professionnels des jeunesentrants dans la vie active. L’enquête Génération 98 traite un échantillon1 de 55 000 jeunes sur les742 000 sortis de formation initiale en 1998. L’originalité de cette enquête réside dans le fait qu’elle nepose pas sa focale sur une catégorie « jeunes » définie par un ou des critères d’âges. Quel que soit leurniveau d’études, les individus interrogés ici ont en commun d’être tous sortis la même année dusystème éducatif, en 1998.

Le but de l’enquête est d’améliorer la connaissance et la compréhension du sort d’une générationcomplète de « sortants ». Pour ce faire, les jeunes ont été interrogés trois fois, à l’issue de trois ans(2001), cinq ans (2003) et sept ans (2005) de vie active. Le questionnaire a été conçu pour permettreaux jeunes de décrire mois par mois toutes les situations qu’ils ont traversées entre leur sortie dusystème éducatif et la date de l’enquête au regard de deux dimensions : emploi d’une part, famille etlogement d’autre part. Les trajectoires sont ainsi saisies de façon rétrospective. Le calendrier renseignesur la situation de l’individu vis-à-vis du marché du travail (en emploi, au chômage, inactif, enformation, reprise d’études…), ainsi que sur son mode d’habitat (au domicile parental, en logementindépendant en couple, en logement indépendant seul). Toute une batterie de questions réparties endifférents modules permet ensuite d’éclairer les trajectoires empruntées par les jeunes.

Les cohortes de sortants offrent deux avantages majeurs par rapport aux cohortes d’âges (Mansuy,Grelet, 2003) : d’une part, tous les membres de la cohorte disposent d’une expérience professionnelleéquivalente au moment de la sortie de formation initiale (et, très majoritairement, cette expérience estd’ampleur limitée) ; d’autre part, elles permettent de s’affranchir d’effets conjoncturels emmêlés quirésultent du fait que, selon leur date de sortie de formation, les jeunes d’une cohorte d’âges arriventsur le marché du travail sous des conjonctures économiques qui peuvent être très différentes.

L’exploitation de la première vague d’interrogations a permis de décrire finement la transition de l’écoleà l’emploi telle qu’elle a été vécue par la génération 98. La longueur des parcours étudiés permetdésormais de passer progressivement vers des problématiques concernant les débuts de carrière.

1. Cet échantillon a été conçu pour assurer une bonne représentation par filières fines de formation, et unereprésentation régionale par grands niveaux.

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L’insertion professionnelle : une affaire de diplôme?

Tous niveaux de diplôme confondus, les jeunes accèdent plutôt rapidement à unpremier emploi, de sorte qu’après deux à trois années de vie active, le taux de chô-mage pour cette cohorte n’évolue plus beaucoup. Il se situe à 10,5% au printemps2001 (à titre de comparaison, en 2001, il est de 8,8% pour les 25-49 ans, selonl’Insee).

Si les premiers emplois sont fréquemment à durée déterminée, la proportiond’emplois de durée indéterminée2 progresse fortement au fil du temps. En moyenne,ils représentent 67% des emplois occupés par les jeunes après trois ans passés surle marché du travail, et 85% des emplois après sept années (graphique1).

Graphique 1Génération 98 : suivi de la cohorte sur sept années, en %

Lecture : À partir des calendriers de situations mensuelles établis par l’enquête, ce chronogramme fournit une représenta-tion de l’insertion de la génération 98. Il montre, pour chaque mois, la part que représente chacune des cinq situationspossibles : en emploi à durée indéterminée, en emploi temporaire, au chômage, inactif ou en formation hors emploi, enreprise d’études. En septembre 2005 par exemple, soit en moyenne sept ans après la fin de leurs études initiales, 73 %des jeunes occupent un emploi de durée illimitée, 13 % occupent un emploi de durée limitée (CDD, intérim, emplois-jeunes…), 8,8 % sont sans emploi et en recherchent un.

Derrière ce tableau global, diverses difficultés d’emploi peuvent affecter les par-cours des jeunes. Certains restent durablement à l’écart des emplois de durée illi-mitée. Ils peuvent également connaître des parcours d’emploi très hachés. Égale-ment, des phénomènes de déclassement importants affectent les débuts de vieactive (Céreq, 2002). Enfin, les premières années, les temps partiels subis concer-nent bon nombre de jeunes, notamment parmi les femmes.

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janv-98 janv-99 janv-00 janv-01 janv-02 janv-03 janv-04 janv-05

Emploi sur CDI Emploi sur contrat à durée limitée ChômageAutres situations (*) Reprise d'études Études initiales

73,5 % : par t de jeunes « en emploi stable » en septembre 2005

(85% des emplois au total)

(*) Formation hors emploi et autres situations d’inactivité.

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2. Il s’agit des emplois en CDI, des emplois de fonctionnaires, des jeunes établis à leur compte, et des quelquesemplois d’aides familiaux.

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Certains jeunes sont plus affectés que d’autres par ces difficultés. Les problèmesd’accès à l’emploi, et notamment à un emploi de durée indéterminée, concernentau premier chef les jeunes démunis de tout diplôme, les jeunes femmes diplôméesde CAP-BEP tertiaire pour certaines spécialités, ou encore les jeunes de niveau bac,bac +1 (qui sont majoritairement des échoués du supérieur). Toutefois, même pources catégories, l’entrée dans la vie active n’implique pas de rencontrer systémati-quement des difficultés graves ou persistantes.

Trouver sa place, mais dans quels délais?

Pour les jeunes dépourvus de diplôme, la temporalité de l’insertion est enmoyenne nettement ralentie par rapport à l’ensemble de la génération. Après septannées passées sur le marché du travail, seulement 73% des jeunes sans diplômesont en emploi, et cet emploi est de durée indéterminée dans 71% des cas (gra-phique 2).

Graphique 2L’insertion des jeunes non diplômés de la génération 98, en %

Même s’il convient de rappeler que l’accès à une stabilisation professionnellen’est pas barré par la seule absence de diplôme, accéder à l’emploi et obtenir unstatut stable prend en moyenne bien plus de temps. La situation des jeunes sansdiplôme vis-à-vis de l’emploi est également très différenciée selon le sexe : lesjeunes femmes sans diplôme trouvent bien plus difficilement leur place sur lemarché du travail que les jeunes hommes.

Les inégalités d’accès à l’emploi en fonction du sexe sont perceptibles égale-ment pour les jeunes diplômés de tous niveaux, quoique de façon moins francheque pour les non-diplômés. À partir de 2001 (une fois que tous les jeunes hommesconcernés par le service militaire avaient réintégré la vie active), le taux d’emploi

(*) Formation hors emploi et autres situations d’inactivité.

0

10

20

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40

50

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janv-98 janv-99 janv-00 janv-01 janv-02 janv-03 janv-04 janv-05

Emploi sur CDI Emploi sur contrat à durée limitée ChômageAutres situations (*) Reprise d'études Études initiales

51,4 % : par t de jeunes « en emploi stable »

en septembre 2005 (71% des emplois au total)

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Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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parmi les jeunes femmes actives se situe sensiblement en dessous de celui deshommes. Comme pour l’ensemble de la population, le chômage des jeunesfemmes de cette cohorte est plus élevé que celui des hommes. Parmi les jeunesfemmes de la génération 98, tous niveaux de diplôme confondus3, le taux de chô-mage au printemps 2001 s’élève ainsi à 12,7% contre 8,4% pour les jeuneshommes. Cette année-là, dans la tranche d’âges 25-49 ans, le taux de chômage desfemmes se situe à 10,5% contre 6,6% pour les hommes4.

Tout converge par ailleurs pour montrer que l’inactivité féminine durable est trèspeu représentée parmi ces jeunes femmes sorties de formation initiale en 1998. Lesretraits d’activité excèdent rarement une à deux années. L’inactivité, phénomène lar-gement féminin, demeure peu fréquente à l’entrée dans la vie active de cette jeunegénération. Elle constitue toujours moins de 5% des situations relevées au fil dessept années observées.

Des difficultés d’insertion se concentrent donc au sein de certaines sous-popu-lations, comme les moins diplômés, notamment les femmes. Toutefois, elles ne sontpas pour autant l’apanage de ces groupes et peuvent concerner des jeunes de tousles niveaux de diplôme, même si les plus diplômés ont bien moins de risques defaire face à des difficultés d’accès à l’emploi.

Les types de parcours : pas toujours un long fleuve tranquille

Pour rendre compte des grands types de parcours que connaissent les jeunes àleur entrée sur le marché du travail, la démarche la plus classique consiste à suivreles cheminements entre emplois sous statuts stables, emplois sous statuts réputésprécaires et absence d’emploi. Cependant, les jeunes constituant justement uneporte d’entrée privilégiée par où les nouvelles formes d’emploi se diffusent (Rose,1998), la question de la continuité du lien à l’emploi mérite d’être également priseen compte. Il s’agit de tenter d’éclairer, outre les phénomènes de salariat «précaire»,ceux de discontinuités d’emploi répétées, susceptibles de pénaliser particulière-ment les jeunes pour accéder à une autonomie résidentielle5. Sans préjuger du faitque la continuité soit obtenue par un seul emploi ou par l’enchaînement de plusieurscontrats chez un même employeur, on retrace ainsi, au fil des années qui suivent lafin de la formation initiale, le fait que les jeunes cumulent ou pas derrière eux aumoins 18 mois d’emploi sans interruption6.

En théorie, les critères de statut d’emploi et de continuité passée en emploi

Les Travaux de l’Observatoire2962007-2008

3. À noter que les jeunes femmes en question seraient cependant plus diplômées que les hommes.4. Insee, Femmes et Hommes - Regards sur la parité - Édition 2004.5. Ce faisant, on laisse de côté d’autres phénomènes qui constituent pour autant des « difficultés d’insertion »auxquelles les jeunes peuvent faire face : emplois à temps partiel subi, déqualification… L’influence de ces formes-là de difficultés pour l’accès à l’autonomie résidentielle doit pouvoir être résumée par la question du salaire, qui serainterrogée dans la suite.6. Le choix de fixer à 18 mois le seuil au-delà duquel on va considérer qu’un individu connaît une forme ou une autrede stabilisation en emploi répond au fait que, sauf contrats spécifiques, il s’agit de la limite théorique au-delà delaquelle un employeur ne peut reconduire de CDD ou de missions d’intérim.

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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devraient se recouper très largement. Un statut de durée déterminée ne devrait quepeu coïncider avec une forte «continuité passée» en emploi, et un emploi à duréeindéterminée (EDI) devrait, avec le temps, être quasi synonyme de «continuitépassée». Le croisement des deux critères montre cependant qu’il se passe plusieursannées avant qu’une relative coïncidence des critères intervienne (graphique 3).

Graphique 3Les différents types de parcours : pas toujours un long fleuve tranquille, en %

Là encore, on note que le parcours le plus usuel pour ces jeunes de la généra-tion 98 a consisté, dès quelques années passées sur le marché du travail, à occuperun emploi sous statut stable, et ce, sans expérimenter de rupture de leur continuitéen emploi.

À l’été 2005, soit en moyenne sept ans après la fin de leur formation initiale, 68% deces jeunes entrés sur le marché du travail en 1998 étaient dans une telle situation d’in-sertion «idéalement» stabilisée (cas D). On voit en revanche apparaître assez vite et semaintenir des situations paradoxales7 (cas B) où les jeunes sont en emploi à duréelimitée (EDL), mais ont néanmoins une continuité passée en emploi importante, d’aumoins 18 mois.

Pour essayer de se faire une représentation synthétique des parcours, oneffectue une classification hiérarchique des trajectoires suivies mensuellement8. Onretient une partition des trajectoires d’insertion des jeunes en dix classes, qu’on pré-sente rassemblées en cinq profils ici, par souci de lisibilité (tableau 1).

0

1020

3040

5060

708090

100

janv-98 janv-99 janv-00 janv-01 janv-02 janv-03 janv-04 janv-05Cas D = EDI et continuité passée Cas C = EDI et pas de continuité passéeCas B = EDL et continuité passée Cas A = EDL et pas de continuité passéeCas Z = différentes situations de non-emploi

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7. Les situations B ne renvoient que très rarement, on le verra, à de simples changements d’emploi, sans détour pardu chômage, qui occasionneraient un retour en statut temporaire.8. Elle est réalisée à partir de 35 vecteurs de coordonnées, obtenus à l’aide d’une analyse des correspondancesmultiples (ACM). Les vecteurs sont conservés de telle sorte qu’ils restituent 90 % de l’inertie du nuage initial.

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• Près de la moitié des trajectoires observées pour la génération 98 consistenten une «stabilisation sans anicroche» dans le système d’emploi : assez rapide,celle-ci voit coïncider une marche vers les contrats de durée illimitée et vers uneclaire continuité en emploi. Les sorties de l’emploi sont quasi nulles entre 2000et 2005 et, lorsqu’elles interviennent, elles demeurent de courte durée.• Un parcours sur six peut être décrit comme une «stabilisation retardée» : ilinclut une certaine discontinuité du lien à l’emploi (au sens où un passage horsde l’emploi d’une certaine durée intervient en cours de route), mais une stabili-sation finit par s’effectuer selon la double modalité EDI et continuité. Cette stabi-lisation a lieu à des dates variées, de même que la sortie d’emploi initiale, ce quiconcourt à expliquer la faible concentration de cette partie du nuage et le fait qu’ilsoit plus délicat à caractériser que les autres. Ici, les difficultés de stabilisation dulien du jeune à l’emploi ne sont pas absentes, mais elles trouvent du moins uneissue selon un dénouement «classique» au cours de l’intervalle de tempsobservé.• Une trajectoire sur six se caractérise par des séquences en emploi à duréelimitée (EDL) particulièrement longues et continues. Plusieurs années se dérou-lent ainsi en emploi sans statut stable (le plus souvent, il s’agit d’un seul et mêmeemploi de durée déterminée), mais sans aucun détour par du non-emploi. Àl’examen, l’État se révèle un employeur très représenté dans ces « trajectoires destabilisations paradoxales», ce qui va bien au-delà de la présence toute relativedans ce groupe d’emplois aidés « longs» tels que les emplois-jeunes, comme onaurait pu être tenté de le croire. L’usage de plus en plus courant de missionsrenouvelables dans différents secteurs du public, parfois en lieu et place de per-sonnels anciennement recrutés sur postes fixes, transparaît9. Enfin, des pra-tiques jouxtant les franges de la légalité, voire situées franchement hors du cadredu Code du travail, se dessinent également, avec des situations de CDD ou decontrats d’intérim renouvelés bien au-delà des limites autorisées (Louit-Martinod,2006). En fin de période, certains de ces parcours aboutissent in fine à des EDI,quelques autres à du chômage.Étonnamment, tous les niveaux de diplôme, et même les types de spécialité, s’avè-rent concernés à peu près dans une même proportion par ces «trajectoires de sta-bilisations paradoxales». La question se pose de trouver un statut associé à cetteforme émergente de stabilisation en emploi, qui s’avère assez représentée dans lesparcours d’insertion de cette jeune génération, de même que survient une interro-gation sur les possibilités d’accès à l’autonomie résidentielle pour les jeunes quiconnaissent ce type de parcours.• Dans près d’un cas sur dix, on assiste à un parcours d’emploi durablement dis-continu, fait d’alternances entre emploi peu pérenne et chômage: ce sont des« trajectoires d’entrées-sorties». Pour autant, en moyenne, l’essentiel du temps

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9. Bien que délicats à estimer à partir de l’enquête Génération, ces chiffres renvoient également à des situations oùle mode de gestion de la main-d’œuvre par l’opérateur public se situe « hors cadre » en termes juridiques. Le cas deLa Poste en témoigne, qui a récemment été condamnée pour « abus de CDD ».

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se déroule en emploi – il y a simplement des passages répétés par du chômage.On compte ici 30% de «sans diplôme», soit deux fois plus que dans le reste dela population. Certains mouvements de stabilisation dans l’emploi peuvent êtrelus en fin de période, sept ans après la fin de formation initiale, mais ils demeu-rent incertains.• Enfin, dans environ un parcours sur douze, on peut dire qu’il s’agit d’une « tra-jectoire avec très peu d’emploi ». En moyenne, quatre des cinq années obser-vées entre 2000 et 2005 se déroulent hors de l’emploi. Ce groupe rassemble àla fois des jeunes rapidement sortis du marché du travail, des jeunes qui se sontretirés en cours de route (après un début de parcours d’emploi disparate), etenfin des jeunes qui peinent simplement durant de longues années à obtenir unminimum de continuité dans leur lien avec le marché du travail. Ce groupe estconstitué à 40% de jeunes dépourvus de tout diplôme.

On note bien une surreprésentation des jeunes peu ou pas diplômés dans lestrajectoires d’insertion les plus problématiques. Le tableau de la répartition desjeunes selon leur niveau de diplôme entre ces cinq profils d’insertion le confirme,même s’il rappelle à nouveau qu’absence de diplôme et difficultés d’insertion nesont pas synonymes.

Tableau 1Répartition des différents niveaux de diplôme entre les cinq profils de participation à l’emploi, en%

In fine, ce découpage montre à nouveau que la majorité des jeunes de la géné-ration se stabilisent en emploi sans accroc trop notable, avec un statut de durée illi-mitée obtenu relativement vite. Cela pourrait être amplifié par un effet conjoncturelbénéfique au moment où les jeunes de la génération 98 sont arrivés sur le marchédu travail, toutefois il y a lieu de penser qu’un tel effet reste limité dans le temps, etn’est pas susceptible de modifier durablement la répartition des différentes formesde participation au marché du travail.

Mais il apparaît aussi que les stabilisations paradoxales au travers d’emplois enstatut à durée limitée et qui s’étendent sur plusieurs années ne sont pas un épiphé-nomène, de même que les parcours durablement marqués par la discontinuité du

Les cinq profils de stabilisation vis-à-vis de l’emploi

16 21 18 6 19 11 9 100

Sansdiplôme

CAP-BEP

Bacpro/

techno

Bacgénéral

Bac+2

Secondcycle

Troisièmecycle

et écoles

49 Stabilisation sans anicroche 26 42 49 30 63 58 73

17 Stabilisations différées 20 19 17 22 13 18 12

16 Stabilisations paradoxales en EDL 14 17 18 22 15 16 9

10 Entrées-sorties 19 12 11 13 5 5 3

8 Faible participation à l’emploi 21 10 5 13 4 3 3

100 Total 100 100 100 100 100 100 100

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lien à l’emploi. À eux deux, ils représentent environ le quart des modalités d’inser-tion sur le marché du travail rencontrées par ces jeunes. Enfin, la faible participationà l’emploi d’un douzième de la population n’est que peu imputable à des retraitsdurables du marché du travail.

Vivre une insertion difficile, pourquoi et comment?

Lorsque l’on mentionne les phénomènes d’exclusion durable des jeunes dumarché du travail, on imagine assez spontanément qu’il s’agit de cas particuliers :jeunes sans aucune formation (voire en situation d’illettrisme), jeunes mères inac-tives, jeunes victimes de handicap ou de faible mobilité. On invoque encore unenouvelle jeunesse caractérisée par une faible appétence pour le travail ou par ungoût du nomadisme qui la feraient «papillonner» d’un travail à un autre. Force estde constater que ces images d’Épinal, si elles se rencontrent parfois de manièreanecdotique, sont loin de composer l’essentiel du groupe des jeunes en difficultéd’insertion.

L’approche qualitative conduite auprès de deux groupes de ces jeunes10, les unsfaiblement diplômés et les autres diplômés du supérieur, montre davantage uneréelle volonté d’insertion. Celle-ci va alors se trouver contrariée par un marché dutravail d’une sélectivité telle qu’une faiblesse initiale ou une stratégie d’approchepeu pertinente au départ peuvent, dans certains cas, se muer en difficulté durabled’accès à l’emploi.

Les jeunes diplômés de l’enseignement supérieurGlobalement, ces jeunes présentent des profils sociologiques que l’on pourrait

qualifier de «moyens» ; il ne s’agit a priori ni de jeunes «défavorisés» ni de jeunesissus des catégories aisées. À l’exception de deux d’entre eux, fils d’ouvriers maro-cains, ils sont principalement issus des classes moyennes (parents instituteurs,quelquefois commerçants). Dans leurs parcours scolaires prédominent les filièresgénérales, tant dans le secondaire que dans le supérieur, ce qui les situe là encoreessentiellement dans un espace intermédiaire (ni filières d’élite, ni filières profes-sionnelles), qui laisse largement ouvert le champ des possibles lors de l’entrée surle marché du travail.

Fait intéressant, ces jeunes ont tous déclaré lors de l’enquête quantitative qu’ilsavaient arrêté leurs études car ils «avaient atteint le niveau souhaité». Même si cettedernière réponse masque parfois des réalités moins tranchées, ces quelques élé-ments dessinent à grands traits le profil de jeunes ayant réalisé un investissementscolaire non négligeable mais potentiellement peu «ciblé», qu’il leur appartiendraalors de rentabiliser dans la confrontation avec le marché du travail.

Bien que diplômés de l’enseignement supérieur, ces jeunes ne s’apparentent

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Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

10. Les jeunes interviewés ont simplement été choisis pour leur faible participation à l’emploi au cours des troispremières années de vie active, afin de réutiliser les entretiens effectués auprès d’un tel public au cours d’uneprécédente enquête.

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donc pas à des «héritiers» au sens de Pierre Bourdieu11, mais plutôt à des enfantsde la «seconde explosion scolaire», pour reprendre l’expression par laquelle LouisChauvel (1998) désigne la démocratisation de l’enseignement supérieur.

Intrinsèquement, les parcours de formation initiale suivis par ces jeunes sont sus-ceptibles de produire un désavantage initial, d’être un «point d’accroche» dès l’ar-rivée sur le marché du travail : études interrompues trop tôt, spécialité pas réelle-ment choisie, trop générale, trop pointue, spécialités masculines choisies par desfemmes avec le surcroît de difficultés que cela comporte ensuite dans un marché dutravail très sélectif et pas nécessairement ouvert aux profils atypiques.

«Eh ben… en fait, j’ai jamais eu d’idée précise sur quoi que ce soit… donc toutesles… Toutes les filières indéterminées ou qui pouvaient offrir un large choix… il mesemblait que c’était ça que je devais prendre. […] On est très mal préparé aumilieu du travail… Moi, une fois que j’ai obtenu ma licence, j’avais aucune idéesur rien ; j’étais pas du tout préparé à aller travailler. » (Alexis, sorti avec unelicence de mathématiques.)

S’ensuit alors la mise en œuvre de processus de recherche d’emploi dysfonc-tionnels à des degrés et selon des modalités variés12 : absence de réseaux, mau-vaises relations avec l’ANPE, problème de ciblage de la recherche et, parfois,découragement face à des échecs répétés.

«La vie fait que j’ai rejoint mon compagnon sur Rhône-Alpes. Donc il a fallurompre ce… ce rythme-là. Et recommencer les démarches ici. Parce que j’avaispas du tout de réseau ici. » (Kami.)Oh ben des fois on est un peu découragé. Forcément. Parce que bon, y a rien quicorrespond… Y a des fois on se dit bon, ça va venir et puis d’autres fois… non.»(Pascale.)

Par découragement, on peut spontanément entendre l’idée que «on ne trouverajamais un emploi », mais aussi l’idée d’une incapacité à se projeter dans l’avenir, àimaginer d’autres pistes de recherche d’emploi ou de formation, notamment pardéfaut de socialisation professionnelle.

On repère aussi, et de façon pas si marginale, des effets de stigmatisation, dufait de caractéristiques individuelles (genre ou origine ethnique) ou liés au parcoursantérieur du jeune (chômage, déqualification, «blancs» sur le CV).

Il reste cependant délicat de conclure sur une caractérisation de ces jeunes qui,bien que diplômés de l’enseignement supérieur, connaissent des difficultés d’inser-tion persistantes. En effet, leurs profils ne diffèrent pas spécifiquement de ceux desjeunes de même niveau qui s’insèrent de manière plus efficace ; en d’autres termes,ils ne subissent pas spécifiquement l’effet de désavantages intrinsèques auxquelson attribuerait assez spontanément leurs difficultés (santé, handicap, faible mobi-

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11. Bourdieu P., 1969, Les Héritiers. Les étudiants et la culture, Ed. de Minuit.12. Et parfois cumulatives.

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lité), bien que certains aient pu être stigmatisés du fait de leur origine ethnique oude leur sexe. Ils semblent en réalité davantage pénalisés par des choix effectués àdifférentes étapes de leur parcours, qui se révèlent à l’usage inefficaces et génèrentdes formes d’irréversibilité pour la trajectoire ultérieure. Le choix d’une spécialité deformation, du moment de l’arrêt des études, d’un domaine et d’une stratégie derecherche d’emploi, d’une région de résidence, etc. est loin de s’effectuer toujoursen toute connaissance de ses effets potentiels.

Si l’ «épreuve du marché du travail » est le lot commun de bon nombre de jeunesdiplômés, la plupart parviennent à s’y insérer puis à s’y maintenir, certes au prix par-fois d’un déclassement durable mais accepté comme prix de l’acquisition d’uneexpérience professionnelle valorisable ensuite (Maillard, Sulzer, 2004).

Mais les enfants issus des couches moyennes, et particulièrement issus deparents employés dans le secteur public, sont peut-être moins que d’autres pré-parés à maîtriser cet espace d’indétermination qu’est le marché du travail et àadmettre la faible valorisation qu’il offre à leur investissement éducatif.

Les jeunes peu diplômésLes attitudes qu’adoptent les jeunes peu qualifiés face aux difficultés d’insertion

professionnelle contrastent assez nettement avec le comportement des diplômés.Les non-diplômés semblent faire plus aisément le deuil de l’utilisation profession-nelle d’une formation initiale qui n’a que rarement représenté pour eux un enjeu fort(c’est presque une évidence pour les non-diplômés, mais pas pour les jeunes issusde CAP ou de BEP). Ils s’engagent ainsi fréquemment dans une recherche d’emploisans a priori quant au contenu de leur futur travail. Et s’ils souffrent dans bien descas du peu de succès de leurs démarches, ils ont tendance, dans un premier temps,à les mener tout à fait «en solitaire», sollicitant les proches, les pairs, pour voir «oùon embauche en ce moment».

Quand ils viennent finalement chercher des solutions auprès du service publicde l’emploi (plusieurs interviewés ont attendu quelques années avant de faire cettedémarche), ils y trouvent un recours souvent jugé très utile, voire salvateur.

L’horizon qu’ils semblent donner à leur recherche d’emploi est avant tout celuide l’accès à une «place13 » qui n’est pas forcément située dans un type d’emploidonné et qui, dans le cas des filles, ne se situe pas toujours nécessairement dansle milieu professionnel.

Ces différences d’attitudes doivent bien évidemment être interprétées en fonc-tion des différences de caractéristiques sociales entre l’un et l’autre groupe.D’abord, fait caractéristique des individus issus des enquêtes Génération et doncd’une même cohorte de sortie, les moins diplômés sont bien sûr sensiblement plusjeunes que les diplômés. Ils sont aussi beaucoup plus souvent issus des milieuxpopulaires ou de l’immigration, ce qui est effectivement le cas de nos interviewés :hormis quelques exceptions, leurs parents sont ouvriers ou employés, et les mèresinactives ne sont pas rares.

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13. Au sens qu’Annie Ernaux donne à ce terme dans La Place, 1984, Gallimard.

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Dans les entretiens, certains jeunes laissent transparaître des valeurs caractéris-tiques de la «culture ouvrière» (Verret, 1988) : valorisation de l’activité profession-nelle plus que de l’exercice scolaire, de l’autonomie que confère le statut de tra-vailleur, de l’engagement dans un métier.

S’ils acceptent l’orientation précoce vers la voie professionnelle et voient l’alter-nance d’un œil favorable, c’est parce qu’ils la conçoivent comme un sas en prisedirecte vers le monde du travail, qui leur serait donc a priori plus accessible quel’univers scolaire. La difficulté d’accéder à l’apprentissage est pour certains une pre-mière surprise de taille, qui les contraint à entrer directement sur le marché du tra-vail sans aucune qualification, risque qu’ils n’avaient pas toujours vraiment anticipé.

De ce fait, leurs premières expériences de travail sont souvent placées sous lesigne des contrats de durée limitée (intérim, CDD), à l’issue desquels les jeunes seretrouvent dans la même situation qu’auparavant vis-à-vis de leur recherche d’emploi.

Les conseils que reçoivent les jeunes via l’ANPE ou la mission locale n’ont passeulement un effet sur les démarches qu’ils vont effectuer, mais aussi une fonctionde réassurance et d’ouverture, car les jeunes peu qualifiés, notamment les filles,apparaissent souvent manquer de confiance en eux-mêmes ou dans leurs possibi-lités d’accéder à l’emploi.

Ce soutien du service public de l’emploi ne fait cependant pas toujours le poidsface à l’angoisse des lendemains, à la peur des apprentissages parfois, et surtout à lacrainte d’un retour à la dure période de «galère». Se sentir peu armé pour affronter lemarché du travail peut conduire à se fermer le champ des possibles. Certains jeunesont ainsi semblé trop «crispés» sur l’espoir de voir se maintenir des situations pour-tant précaires et globalement peu satisfaisantes pour pouvoir envisager des stratégiesd’amélioration. Ils concentrent leurs efforts sur quelques contacts déjà connus ou surun employeur passé, qui a déjà accordé une première fois sa confiance.

Ici, le risque d’enfermement dans un réseau de « liens forts» n’est pas négligeable,d’autant que, parmi les jeunes de ce groupe, les difficultés «structurelles» d’accès àl’emploi ne sont pas rares: enclavement, restriction à la mobilité, problèmes de santéou familiaux (décès d’un parent, par exemple) concernent plusieurs des personnesinterviewées. Lorsque ce type de difficultés vient s’ajouter à l’absence de diplôme, lerisque de désaffiliation devient plus tangible. L’absence de permis de conduire a jouéun rôle non négligeable dans plusieurs des parcours qu’ont racontés les jeunes, pourlimiter l’accès à l’emploi. C’est l’une des barrières importantes auxquelles se confron-tent les jeunes les moins dotés en diplômes, en particulier dès qu’ils se trouvent dansdes zones un tant soit peu rurales.

Si diplômés et non-diplômés se distinguent tant par leurs caractéristiques quepar leurs attitudes face aux difficultés d’accès à l’emploi, des similitudes existentquant aux mécanismes qui les maintiennent de manière prolongée à l’écart dumarché du travail : mêmes désillusions lors des premiers contacts avec le marchéde l’emploi, du fait d’une même méconnaissance de ses fonctionnements, et parfoismêmes difficultés à activer des réseaux performants d’accès à l’emploi. Ainsi, lecaractère fortement sélectif du marché de l’emploi s’avère un fait constant : tous lessortants de formation initiale doivent l’affronter.

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L’impossibilité d’identifier un facteur explicatif de ces trajectoires difficiles conduit àprivilégier une analyse en termes de succession d’évènements que les individus appré-hendent et interprètent à leur manière, construisant ainsi peu à peu leur trajectoire.

Ainsi, parmi les multiples déterminants de l’insertion professionnelle, l’accès desjeunes à une compréhension rapide (et, corollairement, à l’acceptation) des méca-nismes de sélection à l’œuvre sur le marché du travail constitue un facteur qui condi-tionne fortement la pertinence des choix auxquels ils sont tenus.

Ces considérations concernant l’insertion professionnelle des jeunes effectuées,la question de l’accès à l’autonomie résidentielle peut enfin être posée, avec la per-spective de dégager le rôle des difficultés d’insertion professionnelle dans un main-tien prolongé au domicile parental : le fait de rester chez ses parents des annéesaprès avoir terminé son parcours scolaire ou universitaire résulte-t-il de l’augmenta-tion des situations d’emplois précaires ou discontinues que subissent les jeunesgénérations?

L’autonomie résidentielle : une affaire de genre?

Dans des travaux antérieurement commandités par l’Onpes, Olivier Galland(2000) pointait deux principaux résultats : d’une part, les jeunes Français accèdentfréquemment à l’autonomie résidentielle sans être pour autant indépendants finan-cièrement (i.e. sans détenir un emploi stable et disposer de ressources propres) ;d’autre part, l’accès à un logement autonome est moins précoce chez les jeunespeu diplômés (en deçà de bac + 2).

Ces constats, bien qu’intéressants, renseignent assez peu quant aux liens poten-tiels entre accès à l’emploi et accès au logement. Car si le modèle d’« indépendanceétudiante» concerne au premier chef les anciens étudiants, donc des jeunes béné-ficiant de certains transferts familiaux ou sociaux, la question du lien entre emploi ethabitat devient ici sans objet. Pour les autres, le constat d’un effet du diplôme surl’autonomie résidentielle pose la question des modalités par lesquelles ce facteur«diplôme» est influent, car il s’agit d’un indicateur qui synthétise nombre de carac-téristiques à la fois de l’individu et de son parcours d’insertion (âge, origine sociale,chances d’accès à l’emploi, à un certain niveau de rémunération, etc.).

Ne disposant pas d’informations sur le fait que les jeunes payent eux-mêmes leurlogement ou non, nous avons centré nos travaux sur le maintien prolongé au domi-cile parental, en cherchant à préciser les liens entre ce phénomène et différentescaractéristiques des parcours d’insertion, en nous appuyant sur le caractère longi-tudinal des données du Céreq.

L’intérêt des enquêtes Génération est de permettre la comparaison entre desgroupes de jeunes de différents niveaux de formation, entrés dans la vie active lamême année (et donc dans une conjoncture globalement similaire) et susceptiblesde connaître des destinées très diverses en termes d’insertion professionnelle. Deplus, la durée d’observation actuelle (sept ans) autorise la prise en compte de tra-jectoires plus construites, reflétant mieux la diversité et la complexité des parcoursd’insertion de cet ensemble hétérogène de jeunes.

Les Travaux de l’Observatoire3042007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Les moins insérés, davantage chez les parents

Après sept années de vie active, un quart des hommes vivent chez leurs parentsSept années après leur entrée sur le marché du travail, un dixième des jeunes

femmes et un quart des jeunes hommes vivent chez leurs parents. À la question«Envisagez-vous de quitter le domicile de vos parents», seuls 12% répondent alorspar la négative, alors que 55% répondent «Oui, dès que possible» et 33% «Oui,mais plus tard. » Il s’agit donc très majoritairement de cohabitations qu’on peutconsidérer comme contraintes. Pour ces jeunes (qui ont en 2005 entre 23 et 30 anspour la plupart), l’obstacle au départ du domicile parental est, d’après eux, avanttout économique. Il s’agit principalement de l’absence ou de l’instabilité de l’emploi(34%), d’un revenu insuffisant ou irrégulier (30%), ou de difficultés liées au marchédu logement (20%).

Le point de vue des jeunes suggère donc d’emblée un lien assez clair entre l’in-sertion professionnelle et le maintien prolongé au domicile parental. L’absenced’emploi ou son instabilité font barrage à la prise d’autonomie ; mais, outre le faitd’avoir un emploi, il faut aussi que celui-ci soit suffisamment rémunérateur, a fortioridu fait du renchérissement du logement au cours des dernières années. Par ailleurs,certains jeunes semblent demeurer chez leurs parents par défaut de confiance dansleur situation professionnelle : bien que titulaires d’un CDI, ils attendent «un emploiplus stable».

Ces points de vue individuels semblent à première vue confirmés par une corré-lation assez nette entre la situation sur le marché du travail et la situation familiale.

Chez les hommes, à l’issue de sept ans de vie active, le taux de cohabitationparental est de 18% lorsqu’ils sont en EDI ; il monte à 39% lorsqu’ils sont en EDD età 51% lorsqu’ils n’occupent pas d’emploi. À l’inverse, la part des jeunes en coupleest maximale pour les jeunes en EDI (58%) et minimale pour les «sans emploi »(27%).

Chez les femmes, établir de telles corrélations paraît moins simple. Dans tous lescas, la résidence au domicile parental à l’issue de sept années de vie active est rare.Les femmes occupant un EDI ne sont que 7% dans ce cas. Occuper un EDD nesemble pas en revanche constituer un avantage en termes de décohabitation parrapport à l’absence d’emploi. De façon analogue, la vie en couple est un peu moinsfréquente quand les femmes sont en EDD, tandis qu’elle est autant représentéechez les femmes en EDI que chez celles ne travaillant pas (tableau 2).

Alors que, chez les femmes, la décohabitation précoce est la règle de manièrerelativement indépendante de l’insertion professionnelle, dans le cas des hommesle lien entre autonomie résidentielle et accès à l’EDI semble patent dès les pre-mières années de vie active, et tendrait à se renforcer au fil du temps.

Toutefois, ce premier aperçu doit être nuancé au regard d’un certain nombred’hétérogénéités au sein des populations observées. Ainsi, l’accès à l’EDI est favo-risé et accéléré, on le sait, par la détention de diplômes de niveaux élevés. Le risque

Les Travaux de l’Observatoire3052007-2008

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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est donc de comparer sous l’angle de l’autonomie résidentielle des jeunes d’âgeset de niveaux de diplômes très variables. Par ailleurs, les jeunes les plus diplôméssont aussi les plus susceptibles d’avoir déjà décohabité avant la fin de leurs études.Enfin, les jeunes les moins diplômés sont plus fréquemment issus de catégoriessociales modestes, au sein desquelles les transferts intergénérationnels sont enmoyenne moins élevés.

Tableau 2Situations croisées trois, cinq et sept ans après la fin des étudesa. Hommes, en %

b. Femmes, en %

Lecture (tableau 2a) : 23,6 % des hommes occupent un emploi à durée indéterminée et vivent chez leurs parents trois ansaprès la fin de leurs études. Parmi les hommes vivant chez leurs parents, 49,9 % sont en emploi à durée indéterminée,30,6 % sont en emploi à durée déterminée et 19,5 % n’ont pas d’emploi. Parmi les hommes en emploi à durée indéter-minée, 38,3 % vivent chez leurs parents, 25,4 % vivent seuls et 36,3 % vivent en couple.Sources : Enquête Génération 98, Céreq.

3 ans après 5 ans après 7 ans après

EDI EDD NE Total EDI EDD NE Total EDI EDD NE Total

Chez lesparents

7,936,3

16,0

7,031,7

24,5

7,032,0

32,0

21,9100,0

6,543,8

10,5

4,128,0

20,9

4,228,3

22,9

14,8100,0

4,850,2

7,1

2,323,9

15,8

2,525,9

14,0

9,6100,0

Seule11,7

54,423,5

5,927,3

20,7

3,918,3

18,0

21,5100,0

13,066,2

20,9

3,819,4

19,2

2,814,4

15,4

19,6100,0

13,871,6

20,3

2,915,0

20,0

2,613,4

14,6

19,3100,0

En couple30,2

53,360,6

15,427,3

54,7

11,019,4

50,1

56,6100,0

42,464,6

68,6

11,918,1

59,9

11,317,2

61,7

65,6100,0

49,269,2

72,6

9,313,1

64,2

12,617,8

71,5

71,1100,0

Total 49,8100,0

28,3100,0

21,9100,0 100,0

61,8100,0

19,8100,0

18,3100,0 100,0

67,8100,0

14,5100,0

17,7100,0 100,0

3 ans après 5 ans après 7 ans après

EDI EDD NE Total EDI EDD NE Total EDI EDD NE Total

Chez lesparents

23,649,9

38,3

14,530,6

57,5

9,219,5

68,9

47,3100,0

18,656,0

26,4

7,73,1

45,0

7,021,0

56,2

33,3100,0

14,359,2

18,4

5,020,9

38,9

4,820,0

50,9

24,1100,0

Seul15,6

67,525,4

5,222,2

20,5

2,410,3

17,8

23,2100,0

17,371,7

24,5

4,016,8

23,7

2,811,5

22,3

24,1100,0

18,577,0

23,8

3,514,2

26,2

2,18,8

22,3

24,1100,0

En couple22,3

75,336,3

5,518,7

22,0

1,86,0

13,3

29,6100,0

34,681,2

49,1

5,412,6

31,4

2,66,3

21,6

42,6100,0

44,786,4

57,8

4,58,7

34,9

2,64,9

26,9

51,8100,0

Total 61,5100,0

25,2100,0

13,4100,0 100,0

70,5100,0

17,1100,0

12,4100,0 100,0

77,5100,0

13,0100,0

9,5100,0 100,0

Les Travaux de l’Observatoire3062007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Des disparités entre les niveaux de diplôme qui ne renvoient pas uniquement aux difficultés d’insertionMoins les jeunes sont diplômés et plus leur délai moyen de décohabitation

(après la fin d’études) est élevé. C’est particulièrement vrai pour les hommes. Chezles femmes, cette tendance est présente mais de façon plus ténue, du fait d’uneforte propension à la décohabitation précoce.

Ainsi, pour la génération arrivée sur le marché du travail en 1998, on observe que38% des jeunes hommes sans diplôme n’ont toujours pas quitté le domicile parentalen 2005, alors que c’est le cas de 16% de ceux sortis avec un baccalauréat profes-sionnel ou technologique… et de 2% des sortants de troisième cycle ou de grandesécoles. Pour les femmes, ces chiffres sont respectivement de 20%, 7% et 1%.

Pour les hommes, le niveau de diplôme a plus d’impact sur l’étalement desdélais de décohabitation que sur celui des délais d’insertion professionnelle (accèsà un premier EDI, à une période continue d’emploi…). La moitié des hommes sansdiplôme décohabitent dans les 60 mois qui suivent leur sortie de formation initiale,chiffre qui chute à 19 mois pour les jeunes hommes de niveau bac +2. En revanche,la moitié des hommes sans diplôme accèdent dans les 24 mois à un premier emploide durée indéterminée quand la moitié des bac +2 y accèdent dans les 18 mois.

Pour les femmes, à tous les niveaux de diplôme, les délais de décohabitationsont plus courts que pour les hommes – bien que cela devienne peu perceptiblepour les diplômées du supérieur. Surtout, l’effet du diplôme pour les femmes estbien moins marqué que chez les hommes concernant les délais de décohabitationmais il est plus marqué quant aux délais d’insertion professionnelle. Parmi les sor-tantes sans diplôme de 1998, la moitié décohabitent dans les 26 mois suivant leursortie de formation initiale, chiffre qui s’abaisse à 4 mois pour les femmes de niveaubac +2. Côté emploi, la moitié des femmes sans diplôme accèdent à un premier EDIdans les 32 mois suivant leur sortie, contre 14 mois pour les titulaires d’un bac + 2.

Or, au contraire de ce qu’on observe pour les délais de décohabitation, les délaisd’insertion ne sont pas une fonction linéaire du niveau de diplôme, en particulierpour les hommes. Par exemple, les difficultés d’insertion des bacheliers générauxsont plus importantes en moyenne que celles de titulaires de CAP-BEP, qui pourtantdécohabitent plus tardivement que les bacheliers.

Du fait de la structure même des données de l’enquête Génération 98, la priseen compte du diplôme introduit mécaniquement une forte hétérogénéité notammenten termes d’âge.

En effet, les non-diplômés ou les titulaires de CAP-BEP sortent du système édu-catif aux alentours de 18 ans, les diplômés de troisième cycle à 25 ans voire davan-tage. Ces derniers ont aussi davantage de chances d’avoir décohabité au cours deleurs études, en amont de leur entrée dans la vie active. Le lien entre insertion pro-fessionnelle et autonomie résidentielle doit donc être appréhendé à l’aune d’éven-tuels effets d’âge, sous-jacents à la variable diplôme (graphique 4).

Les Travaux de l’Observatoire3072007-2008

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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La comparaison des âges médians auxquels s’effectue la décohabitation14

amène à voir que plus on quitte jeune l’école, plus on quitte jeune le foyerparental… même si le temps écoulé entre la fin de la formation initiale et la déco-habitation est d’autant plus grand qu’on est peu diplômé.

Le diplôme est également une variable porteuse d’une part d’endogénéité surles catégories sociales d’origine. Si, à diplôme égal, on sait que la catégorie socialen’influe qu’à la marge sur la trajectoire d’emploi, les transferts familiaux sont sus-ceptibles, eux, de redistribuer les cartes, par-delà les questions de diplôme et d’in-sertion professionnelle. Toutefois, le lien entre catégorie sociale d’origine et âgemédian de décohabitation apparaît peu marqué15 ; les modélisations ultérieuresconfirmeront cette première approche.

Graphique 4Hommes/Femmes: à quel âge se fait la décohabitation?

Sources : Génération 98 en 2005, Céreq.Lecture : Un quart des jeunes hommes diplômés du supérieur décohabite avant l’âge de 24,5 ans (Q1 = 24,5) ; la moitiédécohabitent avant 26,5 ans (Q2 = 26,5) ; inversement, un quart d’entre eux décohabitent après l’âge de 30 ans(Q3 = 30).Nota : Pour les jeunes hommes de niveau inférieur au bac, le calcul de Q3 n’est pas possible - plus du quart d’entre euxrésident encore chez les parents en 2005. Les autres calculs sont valides, non affectés par les censures à droite et àgauche.

20

22

24

26

28

30

32

Inférieur au bac Niveau bac Diplômés dusupérieur

Inférieur au bac Niveau bac Diplômées dusupérieur

Q3Q1 Q2

HOMMES FEMMES

(ans)

Les Travaux de l’Observatoire3082007-2008

14. On a considéré ici les décohabitations « définitives ». En outre, malgré les effets de censure à gauche (cas desdécohabitations sans retour avant la fin des études) et à droite (cas de décohabitations encore non effectuées en2005), le calcul de la médiane n’en est pas affecté, celui du premier quartile ne l’est que pour les jeunes diplômés,celui du troisième seulement pour les jeunes sans diplôme.15. Les fils d’ouvriers, d’une part, les filles d’employés et d’ouvriers, d’autre part, se distinguent par un âge de départlégèrement plus précoce – ce qui pourrait refléter un niveau de diplôme moindre en moyenne, et donc un âge de finde formation initiale également plus précoce.

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Le poids de la trajectoire professionnelle

Pour affiner notre compréhension de ce lien apparent entre diplôme, insertionprofessionnelle et autonomie résidentielle à un moment donné, en prenant encompte les formes du lien à l’emploi au cours des sept premières années de vieactive, on a choisi de rechercher directement un lien entre trajectoires d’insertionprofessionnelle, telles que définies précédemment, et délais ou âges de décohabi-tation.

Le graphique 5 montre l’âge médian de décohabitation selon l’âge de fin d’étudeset le type de trajectoire d’insertion. Sachant que, pour cette cohorte, l’âge médian dedécohabitation des hommes est d’un peu moins de 26 ans et celui des femmes estde 24 ans et demi, ce graphique permet de lire l’effet des différentes trajectoires surces temporalités.

Graphique 5Hommes et femmes: quel âge médian de décohabitation?

Lecture : Parmi les hommes qui ont terminé leur formation initiale en 1998 et qui étaient alors âgés de 22 à 23 ans, lamoitié de ceux qui ont suivi une trajectoire d’« entrées-sorties » de l’emploi ont décohabité après l’âge de 28 ans.

Parmi les différents types de trajectoires, une se distingue particulièrement enmatière de lien avec la décohabitation. Il s’agit de la trajectoire de faible participa-tion à l’emploi, qui tend à retarder le départ du domicile parental de manière bienvisible dans le cas des hommes. L’effet d’une participation à l’emploi discontinue(trajectoire d’entrées-sorties) est moins net. Enfin, plus surprenante peut-être estl’absence de lien apparent pour les trajectoires de stabilisations paradoxales enEDL. Tout se passe comme si, pour les hommes tout au moins, le statut de l’emploiimportait moins que sa durabilité et sa continuité dans la perspective de prendre sonautonomie résidentielle.

22

24

26

28

30

32

34 Continuité et EDIContinuité et EDI avec retardContinuité mais EDLEntrées-sor tiesFaible par ticipation à l'emploi

HOMMES FEMMES

Entre 15et 19 ans

Entre 15et 19 ans

20 ou 21 ans

20 ou 21 ans

22 ou 23 ans

22 ou 23 ans

24 ans et plus

24 ans et plus

Selon l'âge à la fin de formation initiale, en 1998

(ans)

Les Travaux de l’Observatoire3092007-2008

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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Il ne s’agit pas, bien sûr, de prétendre qu’occuper un emploi de durée déter-minée ne pénalise pas pour l’accès à cette autonomie résidentielle. Toutefois, entermes de trajectoires, occuper de façon continue et durable un emploi sous statutréputé «précaire» ne semble pas plus lié à une décohabitation retardée que le faitd’avoir suivi une trajectoire de stabilisation sans anicroche. Cela renvoie au fait que,au fil du temps, une part croissante des emplois effectués sous statuts «précaires»correspond en réalité à des parcours très stables et continus. Et cette stabilité com-penserait le caractère réputé précaire de l’emploi concernant l’accès à l’indépen-dance résidentielle.

Quelques déterminants du phénomène de décohabitation parentale

Des modélisations économétriques permettent d’évaluer l’effet de différentesvariables susceptibles d’influencer les phénomènes de décohabitation. On s’inté-resse aux jeunes n’ayant pas décohabité au cours de la première année de vieactive, afin de neutraliser la question de la décohabitation en cours d’études. Onteste l’effet de diverses variables sur l’éventualité d’une décohabitation ultérieure endistinguant selon la destination : vie de couple ou vie en solo. Les hommes et lesfemmes sont appréhendés séparément.

On s’intéresse dans un premier temps aux chances de décohabiter pour vivre encouple au cours de la seconde et de la troisième année de vie active. Pour les gar-çons, être plus âgé toutes choses égales par ailleurs (donc à niveau de diplôme égal)augmente sensiblement les chances de départ vers une vie en couple. L’effet dudiplôme est par ailleurs très net pour les deux sexes: un homme non diplômé a 5 foismoins de chances de décohabiter au cours de ces deux années qu’un titulaire debac + 2; une femme sans diplôme a pour sa part 2,6 fois moins de chances de déco-habiter qu’une diplômée de niveau bac + 2. Les jeunes issus de parents étrangers(particulièrement hors CEE) ont des probabilités de décohabitation nettement plusfaibles que les autres: les chances de décohabitation sont divisées par 2 pour lesfemmes, par 3,5 pour les hommes. A contrario, toutes choses égales par ailleurs,l’origine sociale des parents ne semble pas jouer significativement16. Dans le cas desfemmes, avoir une mère inactive diminue de 30% les chances de décohabitation.

En ce qui concerne les variables liées à l’insertion, on constate que la part dutemps passé en emploi au cours des 12 premiers mois de vie active a, touteschoses égales par ailleurs, un impact sur le départ des femmes pour vivre encouple : passer moins de 6 mois en emploi la première année divise par 2 leschances de décohabitation. En revanche, la situation d’emploi au début de ladeuxième année – le statut et le salaire – ne semble pas avoir d’effet notable sur lesprobabilités de décohabitation ultérieure.

Les Travaux de l’Observatoire3102007-2008

16. Ce résultat peut paraître surprenant, mais il faut tenir compte du fait que les individus ayant décohabité pendantleurs études ou dans les 12 mois suivants sont exclus du modèle par construction.

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Pour les hommes, l’intensité de la participation à l’emploi lors des 12 premiers moisapparaît sans effet17. Mais la situation au regard de l’emploi au début de la deuxièmeannée de vie active, décrite sous ses deux dimension statutaires et salariale, influenceles probabilités de départ des hommes vers une vie de couple. Occuper un EDI pourlequel on est payé moins que le salaire médian augmente de 50% les chances de déco-habitation ultérieure par rapport à l’occupation d’un EDD gagnant plus. Inversement,entre deux emplois précaires, un EDD gagnant moins que le salaire médian voit seschances de décohabitation diminuer de 43% par rapport à un EDD gagnant plus.

Les déterminants d’un départ pour vivre seul diffèrent sur quelques points deceux pour vivre en couple – et ce de façon pas entièrement symétrique pour leshommes et les femmes.

Pour les deux sexes, l’effet d’un faible niveau de diplôme ne change pas quandil s’agit d’une décohabitation pour vivre seul et non pour vivre en couple. Enrevanche l’effet d’un niveau de diplôme élevé devient significatif pour augmenter leschances de départ. L’effet de l’origine sociale (en l’occurrence la catégorie socio-professionnelle de la mère pour les garçons, celle du père pour les filles) est dansce cas plus perceptible. En outre, pour les garçons uniquement, on voit l’effet del’âge et celui de l’origine nationale des parents s’affaiblir.

Un second modèle compare, cette fois pour les jeunes restés chez leurs parentstrois ans après le début de leur vie active, les chances de décohabiter dans les deuxannées qui suivent. La destination (vie en couple ou en solitaire) n’entraîne plus dedistinctions remarquables.

Pour les garçons, l’effet d’un faible niveau de diplôme reste patent. De mêmel’origine étrangère des parents continue de peser contre les phénomènes de déco-habitation. L’origine sociale des parents n’a plus du tout d’effet significatif, touteschoses égales par ailleurs. Enfin, avoir passé peu de temps en emploi au cours desdeuxième et troisième années de vie active pénalise notablement les chances dedécohabitation. Le type d’emploi occupé ou pas au début de la quatrième année devie active a un impact plus incertain, mais l’effet du salaire afférent est visible. Pourles filles, la part de temps passé en emploi les deuxième et troisième années perdtoute influence significative sur les phénomènes de décohabitation ultérieurs.L’absence d’emploi au début de la quatrième année pèse en revanche notablementcontre un départ pour vivre en couple.

On retrouve ici l’idée, évoquée plus haut, de déterminants économiques de lacohabitation prolongée: exercer un emploi et en tirer un revenu suffisant semblent(pour les hommes davantage que pour les femmes) être souvent des conditionsnécessaires d’accès à l’autonomie résidentielle. Les jeunes restés au domicileparental au sein de la génération 98 ont d’ailleurs, à diplôme égal, des niveaux derevenus18 inférieurs à ceux des jeunes qui ont décohabité précocement.

Les Travaux de l’Observatoire3112007-2008

17. Cela résulte certainement du fait qu’une partie des hommes ayant peu travaillé la première année ont constituéles derniers contingents d’appelés, brouillant le sens de cette faible participation à l’emploi.18. Il s’agit ici des revenus de l’individu, l’enquête Génération 1998 ne permettant pas de prendre en compte lesrevenus du ménage.

Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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Conclusions et perspectives

Les délais de décohabitation et de mise en couple sont très variables au seind’une génération quittant le système éducatif la même année. Ceux pour lesquelsces événements sont les plus retardés, après sept années de vie active, sont clai-rement les hommes peu diplômés, dont les parents sont nés hors CEE, et quiconnaissent les plus fortes difficultés d’insertion.

Les liens entre insertion professionnelle et décohabitation ne sont pas de mêmenature pour les hommes et les femmes, surtout chez les moins diplômés. Ils sontbien plus étroits chez les hommes. Si l’absence d’emploi ou la discontinuité d’em-ploi apparaît bien comme un obstacle à la décohabitation, l’effet d’un maintien enemploi sous statut précaire n’est pas très clairement apparu.

Mais la dynamique entre les deux dimensions de la trajectoire est difficile à saisir.Si la transition de l’école à l’emploi s’est complexifiée avec le développement desformes particulières d’emploi, la transition du domicile parental vers le logementautonome est aussi devenue moins directe et moins rectiligne. Résidence alternée,accès au logement aidé par les parents, en cours d’études et après, voire épisodesde re-cohabitation, complexifient l’analyse du phénomène d’accès à l’autonomierésidentielle.

Des freins à l’autonomie résidentielle peuvent pourtant bien être recherchésdans les difficultés d’insertion professionnelle que rencontrent une partie desjeunes ; outre les difficultés d’accès à un emploi en soi, l’effet de statuts d’emploiprécaires, de salaires faibles et plus encore de la discontinuité de l’emploi transpa-raît dans les phénomènes de maintien au domicile parental. Quantité et qualitéd’emplois sont bien des éléments importants dans l’accès à l’autonomie résiden-tielle, la dimension «qualité de l’emploi » renvoyant non au seul statut contractuelmais aussi à la continuité, à la durabilité et à la rémunération des emplois.

À cela s’ajoutent sans guère de doutes d’autres dimensions d’ordre écono-mique, comme les exigences croissantes des bailleurs en position de force sur unmarché tendu, mais également la marche vers un système d’emploi qui tend à déve-lopper ce que L.J.D. Wacquant (1996) désigne par la notion d’insécurité salariale.

Compte tenu de ces tendances, il est fort possible que les prochaines annéessoient propices à une restriction de l’autonomie résidentielle des jeunes.

Si on pense plus spontanément à l’effet des difficultés d’emploi sur l’accès aulogement, plusieurs études insistent sur les retombées d’un maintien chez lesparents sur l’insertion. Plus précisément, pour les non-diplômés, la faible propen-sion à la mobilité géographique constitue un frein à la décohabitation et à l’accès àl’emploi.

En s’appuyant à nouveau sur Génération 98, on a recherché les éventuels effetsd’un confinement des recherches d’emploi (dans leur région de résidence) sur leretour à l’emploi des jeunes au chômage en 2003. Mais, à ce stade, aucun effetsignificatif n’est apparu.

Les Travaux de l’Observatoire3122007-2008

Deuxième partie Les conditions de logement des ménages pauvres

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Insertion professionnelle et autonomie résidentielle des jeunes

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