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Interpreté par 5 acteurs adultes et responsables Ingénieusement ficelé par Emilienne Flagothier Partition chorégraphique volée à des enfants de 2 à 5 ans Un docu-fiction tragicomique We Should Be Dancing dossier de diffusion © Marie-Valentine Gillard

Partition chorégraphique volée à des enfants de 2 à 5 ans ... de diffusion - We should be dancing .pdfen collectif. Des humains qui essayent de danser. Et une dramaturgie qui inclut

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  • Interpreté par 5 acteurs adultes et responsables–Ingénieusement fi celé par Emilienne Flagothier

    Partition chorégraphique volée à des enfants de 2 à 5 ans

    Un docu-fiction tragicomique

    We Should Be Dancing

    dossier de diff usion

    © M

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    -Val

    enti

    ne G

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  • Cher.e lecteur.rice

    Je vous écris cette lettre pour compléter les mots de mon dossier, pas assez situationnels à mon goût.Je n’userai pas d’artifices rhétoriques pour vous convaincre de l’originalité du projet ou de l’évidente exigence que mes danseurs/acteurs et moi-même pratiquons pour le mener à bien.Je voulais simplement vous dire à quel point il me semblerait important de le diffuser dans un réseau de danse.

    Nous partons du principe que la réalité est une matière créative inépuisable, qu’il suffit de la regarder comme tel et de se réjouir de cette vivante observation. Nous essayons avec ce projet de dire qu’il ne faut pas chercher très loin pour réveiller en soi les divinités de la Curiosité, de l’Aventure et de la Vivacité.Nous voulons dire que le regard est une action, et nous rend actif. Que si l’on s’intéresse à quelque chose avec force et attention, outre anéantir la Peur et le Cliché, cette chose devient intéressante. Que dans une époque où le temps manque à tous, artistes compris, il est essentiel de regarder le rythme des choses, de renouer avec le vivant, si l’on se sent parfois loin du monde.

    Des théâtreux font un spectacle de danse. C’est que c’est cette urgence-là que nous avons ressenti. Avant l’urgence des mots. L’urgence de la simplicité et de l’observation.Du rappel de la liberté inscrite en chacun de nous, bien sûr. Dans une époque où le cruel « there is no alternative » tente de nous paralyser.

    Mais surtout, surtout, nous prônons une revanche du corps, qui avait perdu sa première bataille contre l’esprit. D’ascètes épicuriens que nous étions, nous passons un nouveau cap. Maintenant que l’érudition se revendique partout et nulle part, que tout un chacun se clame spécialiste grâce à un champ illimité de

    connaissances informationelles, nous affirmons que ce qui manque à notre bonheur, à notre éducation, à notre politique, à notre (j’espère) lutte commune, c’est un rapport au corps. Hors de la norme. Un corps libre et spontané. Une expression de soi dans son propre corps d’abord, puis à la rencontre des autres.

    Nous montrons des gestes maladroits d’enfants en boucle, en répétition, en fugues, sur des musiques virtuoses, voir épiques. Et nous les transformons en séquences de danse. « L’art rend la vie plus intéressante que l’art » disait Robert Filliou. Totalement d’accord. Mais bref, tout ça pour vous dire aussi que nous ne venons pas du monde ni des codes de la danse, et qu’au final je trouve ça plutôt approprié pour parler de la norme et de la liberté. Nous n’avons pas des corps de danseurs. Nous travaillons sur la grâce et l’organicité des mouvements enfantins, et sur la nôtre propre, c’est un travail, c’est à la portée de tous. Ce n’est pas magique par essence, ça le devient.

    Loin d’une chorégraphie parfaite, nous prônons une danse amateure mais travaillée professionnellement. Une synchronicité imparfaite mais choisie. Un chœur d’individus très différents, fonctionnant en collectif. Des humains qui essayent de danser. Et une dramaturgie qui inclut le public dans la construction-même du spectacle. Nous sommes exigeants avec le spectateur comme envers nous-même, mais en contrepartie nous ne leur cachons rien, car nous les considérons tout autant. La danse est à tout le monde. C’est peut-être l’autre message du spectacle d’ailleurs.

    Voilà voilà je m’emporte mais je suis sincère, promis,

    Au plaisir de vous rencontrer peut-être,Emilienne

  • Durant des mois, j’ai arpenté squares et jardins et filmé de petits enfants et leurs jeux. Les moments de jeu, et surtout les moments entre les jeux, les moments d’errance où le corps se lâche, s’oublie, laisse se faire plein de gestes inutiles, les moments improbables où soudain l’un d’entre eux s’immobilise pour regarder pendant un temps très très long un bout d’emballage tombé au sol. Fascinée par ces manières de bouger et simplement d’être là, par ces corporalités si proches et si lointaines de celles des sérieux adultes que nous pouvons être parfois, bluffée par tout ce que ces êtres et ces corps pouvaient nous raconter d’eux et de nous, j’ai été prise par l’envie de bouger moi aussi, de partir à la recherche de cette folle liberté soudain redécouverte.

    J’ai pensé que si le simple fait de prendre le temps d’observer ce spectacle de la vie ordinaire pouvait me tenir en haleine et me faire rire pendant des heures entières, il était temps d’œuvrer à partager cette joie et d’en faire un spectacle.

    Car… me suis-je dit… comment avons-nous pu nous laisser dériver si loin de ça ? Perdre cette présence au monde si active ? Avons-nous finalement réussi à tarir cette curiosité vitale qui nous stimulait tant et nous maintenait éveillés, vifs, si attentifs au monde extérieur et à nous-mêmes ? À quel genre d’éducation avons-nous été soumis pour oublier que le désir de connaissance était initialement lié à la recherche instinctive du bonheur ? Avons-nous oublié que nos corps ne sont pas uniquement des moyens de locomotion pour nos têtes immenses et lourdes ? Devenir adultes, cela voulait-il dire : « devenir sérieux » ?

    Où est donc passé notre goût de l’aventure et de l’expérience du monde, bordel ??

    Autant de questions dont me semblait désormais dépendre la survie de l’humanité. J’aurais pu m’embarquer dans la réalisation d’un film documentaire, mais le potentiel théâtral et clownesque du matériau me donna une autre idée : demander à des acteurs de taille adulte de rejouer ces enfants. Et avec eux, entamer une recherche de philosophie par la danse, ou de théâtre néo-burlesque, en clamant haut et fort que ces questions si importantes (et quelque peu alarmantes) méritaient d’être traitées avec humour et optimisme.

    Genèse du projet

  • Un maître Zen donnait comme exemple à suivre à son élève adulte, à qui il apprenait le tir à l’arc japonais, celui de l’enfant : Le Zen est « l’esprit de tous les jours », et cet « esprit de tous les jours » n’est pas autre chose que « dormir quand on a sommeil, manger quand on a faim ». Dès que nous réfléchissons, délibérons, conceptualisons, l’inconscience originelle se perd et une pensée s’interpose. Nous ne mangeons plus lorsque nous mangeons, nous ne dormons plus lorsque nous dormons.

    Ce que nous voulons est très simple…… nous voulons redevenir vivants.

    Car nous savons que cette présence pure dont parle le maître Zen dans « Le Zen dans l’art du tir à l’arc », cette organicité du mouvement, ce Graal de l’acteur, c’est quelque chose que nous avons perdu. Et que l’âge adulte, en amenant une maîtrise plus grande du corps, un plus grand sens de l’équilibre, une certaine précision des gestes (on se rappelle peut-être encore que cela a été un jour difficile de nouer ses lacets, et qu’on fut bien content quand on réussit cet exploit pour la première fois) a aussi été l’occasion d’une perte de certaines possibilités corporelles : la grâce, l’organicité, la liberté. Nous voudrions partager avec un public l’expérience

    d’un spectacle qui se déroule peut-être tous les jours dans son propre salon, mais qui, sur une scène, et interprété par des corps adultes, deviendrait soudain burlesque ou tragique (nos espoirs sont sans bornes). Prendre un peu de distance pour réapprendre à voir la dimension extraordinaire de nos vies, en somme…

    Et nous pourrons enfin réfléchir concrètement à ces thèmes qui nous fascinent :

    • La liberté, telle qu’elle exprime dans les corps sa puissance ou son manque. Et son inverse : La contrainte sociale, ou plus simplement « l’ordre », la « norme », le « normal », en termes de corporalités et de comportements. (Le rôle de l’école également)

    • L’innocence dans l’affirmation de soi, qui s’affiche aussi bien dans le jeu et l’amitié que dans la cruauté, l’égoïsme.

    • L’ouverture aux choses, aux situations, le regard candide qui peut un instant, un long instant même, contempler ce qui l’entoure, ce qu’il rencontre, sans immédiatement s’en saisir, lui assigner un sens, le réduire à une étiquette, le mettre en boîte, le juger et en définitive s’en débarrasser.

    Note d’intention

  • Nous avons d’abord travaillé à recopier le plus précisément possible, ce que faisaient les enfants sur les vidéos.

    Puis nous avons mené 3000 explorations différentes à partir de ces séquences, à voir comment elles pouvaient se répéter, se combiner, se répondre les unes les autres, devenir pour certaines des scènes de théâtre, d’autres de danse.

    Et après on a construit une dramaturgique cohérente pour trouver l’ordre des scènes, le liant, faire progresser la compréhension du spectateur dans l’ordre véritable de notre recherche (aller du plus simple au plus complexe, en gros, donc du muet à la danse en passant par le parlé), et décidé quand allaient apparaître les vidéos, voilà…

    Descriptions de scènes pour vous donner un exemple concret :

    1. Un acteur dirige son collègue à l’aide d’un chronomètre et d’un mégaphone en lui dictant les actions millimétrées de l’enfant qu’il doit copier (principe d’anticipation). Il fait pareil avec tous ses autres acteurs, chacun sur un parcours apparemment solo, puis se dirige lui-même sur son propre parcours. Finalement, tous viennent refaire leur partition en même temps, et tous ces déplacements mystérieux s’imbriquent magiquement pour former ce qui était en fait une seule scène de groupe.

    2. Deux petites filles de quatre ans en train de ramasser des cailloux ont une discussion conflictuelle à propos des schémas de narration contemporains et du véritable propos du spectacle (principe de désynchronisation du corps et de la parole).

    3. TUTTI synchro de la partition chorégraphique d’une petite fille errant seule et regardant la caméra en se coiffant (sur l’Hiver de Vivaldi).

    Mais comment on va faire ?

  • Distribution

    Avec Lucas Meister, Nicole Stankiewicz, Aurélien Leforestier, Pénélope Guimas, Valentin Dayan. Mise en scène : Emilienne Flagothier. Dramaturgie : Nicole Stankiewicz, Joséphine Privat. Costumes : Lily Flagothier.Aide au son : Noam RzewskiRégisseur : Fabien Laisnez

    Une Production Mars – Mons arts de la scène, en coproduction avec le Théâtre de Liège / Festival Emulation. Avec l’aide du Ministère de la culture Fédération Wallonie Bruxelles - Service du Théâtre.

    Soutiens (résidences) Théâtre Marni, La Bellone, La Roseraie, Festival LookIN’Out, Objectif Danse.

    Création à Liège dans le cadre du festival Emulation le 19 mars 2019.

  • Issu de la même promotion de l’INSAS, mais en Interprétation Dramatique, Lucas Meister est le meilleur acteur de sa génération. On le reconnaît à ses subtiles distorsions du rythme de parole, à son étrange intensité corporelle et à ses yeux plissés. Depuis l’école, il a joué dans l’Absence de Guerre d’Olivier Boudon au théâtre Océan Nord, dans Zone Protégée d’Aymeric Triomfo au théâtre Les Tanneurs, dans We want more de Transquiquennal au Kaiitheater, dans Mouton Noir de Clément Thirion au Théâtre de Liège, dans Trilogie de Rome de Ludovic Drouet à la Balsamine, et sera prochainement dans un tramway nommé désir de Salvatore Calcagno. Mais surtout : il est confondateur de l’asbl asbl, nouvelle équipe du café-théâtre du TTO.

    Nicole Stankiewicz est une jeune génie, sortie récemment de l’INSAS avec un diplôme de mise en scène. Elle y a monté des textes classiques, comme Georges Dandin de Molière, mais aussi des spectacles presque muets mettant en scène des clowns contemporains voulant créer un spectacle de danse. Depuis l’école, elle a joué dans les spectacles de Silvio Palomo au théâtre de la Balsamine (La Colonie et Origine), et dans Le palace de Rémi, de Judith deLaubier, mis en en scène par Léa Tarral (Cent-quatre à Paris, Courants d’air, Festival WET). Elle est actuellement assistante sur le projet Des caravelles et des batailles d’Elena Doratiotto et Benoît Piret. Mais surtout : elle est confondatrice de l’asbl asbl, nouvelle équipe du café-théâtre du TTO, et assistante-dramaturge de We should be dancing.

    Aurélien Leforestier est le deuxième meilleur acteur de sa génération mais dans un autre style, et sans le savoir. Mise en scène à l’INSAS, toujours la même promotion. 27 ans et l’air paumé dans son corps absurdement long, fan d’épopées médiévales et de textes anciens, Aurélien peut communiquer avec les plantes. Il tourne depuis un an son spectacle Marché Noir, avec le LUIT (Laboratoire Urbain d’Intervention Temporaire), en France et en Belgique (festival Signal, Nuit blanche Paris, etc). Il prépare le prochain : A-VENIR, en parallèle de son cursus à l’EHESS (l’école des hautes études de sciences sociales à Paris) en Arts et Langages. Aurélien est également cinéaste et plasticien de formation, mais surtout : il est confondateur de l’asbl asbl, nouvelle équipe du café-théâtre du TTO.

    L’équipe

  • Valentin Dayan est le seul membre de cette équipe à ne pas être passé par la case INSAS. Après une maîtrise en économie à la Sorbonne et un master en Arts du Spectacle à l’ULB, il termine son cursus universitaire avec un master en Gestion Culturelle, où il écrit un mémoire sur l’espace public. Autodidacte fougueux et léger, il a le don de pouvoir rendre concret n’importe quel texte dès la première lecture. Il joue actuellement presque tous les rôles dans un Yvonne Princesse de Bourgogne avec sa compagnie « Les CN » et fait partie de l’asbl asbl : collectif en charge du Café-Théâtre du TTO (un laboratoire du comique anarcho-experimental)

    Actrice et gymnaste professionnelle, Pénélope Guimas, dite « la nouvelle », a également été formée à l’INSAS en Interprétation Dramatique - une année en-dessous que les autres membres de l’équipe. Formée depuis sa jeunesse en chant lyrique et en violon classique, elle fut surtout infl uencée par la famille de nymphes dont elle est issue. Avant l’INSAS elle obtient en France une double licence en droit et science politique. Pendant, elle s’essaye à la mise en scène en créant Bathyscaphe 1962, une plongée abyssale à la recherche du dernier axolote. Après, elle jouera dans Le Noël de M. Scrooge au Théâtre du Parc. Redoutable en précision et en sensibilité technique, c’est peut-être bien elle, fi nalement, la meilleure actrice de sa génération.

  • Emilienne Flagothier a 26 ans, mais en est au moins à sa huitième réincarnation terrestre. À l’INSAS elle mettait en scène des montages de textes de Cioran,Eschyle, Racine, Queen, des évangiles de Marie-Madeleine, ou bien des spectacles muets. À sa sortie en 2015 elle écrit un mémoire intitulé l’Esthétique du Nul – réflexions sur un genre théâtral contemporain et une philosophie de vie. Elle joue depuis 2016 dans le Thinker’s Corner de Dominique Roodthoof, une performance de philosophie en espace public, et sera prochainement dans Vita Siyo ya watoto de Frédérique Lecomte à Goma (RDC) puis au KVS. Elle est cofondatrice de l’ASBL ASBL, la nouvelle équipe du café-théâtre du TTO : un projet de laboratoire sur le comique, où chaque membre du collectif peut éprouver la mise en scène, l’écriture et le jeu à tour de rôle.

    Biographie de Emilienne Flagothier

  • Quelques informations techniques préliminaires

    7 personnes en tournée : 5 danseurs/danseuses/comédien(ne) s – 1 régisseur – 1 metteuse en scène.

    LangueDeux petites parties du spectacle sont du texte parlé, possibilité de traduction (voire sous-titrages).

    Technique Montage Jour J, moyennant un pré-montage la veille.

    PlateauOuverture mur à mur idéale : 12mPendrillonage à l’italienne : 5 plans réguliersSurface de jeu idéale : 8m d’ouverture et 10m de profondeurTapis de danse noir

    SonDiffusion : face (et lointain dans l’idéal) + retours plateau

    ProjectionUn VP et un écran sur enrouleur (le cas échéant nous possédons un écran portable)

    LumièreUn plein feu uniforme, gélatiné en 202. (actuellement : deux rangées de PC et de découpes en face, une ligne de PC en contre, 8 PAR en latéral)

    We should be dancing sera accompagné en diffusion internationale par Mars – Mons arts de la scène.

  • © Marie-Valentine Gillard

  • 12 L’ECHO MARDI 19 MARS 2019

    Culture

    1Quelle était l’envie qui a motivéle lancement du festival?J’ai toujours voulu qu’il y ait dans nossaisons un focus spécifique sur lacréation émergente, ce qui permetd’avoir un regard plus acéré et uneattention médiatique plus grande surles jeunes créateurs, alors que dansune saison normale c’est plus compli-qué. Mais l’idée était aussi d’intégrerpar la suite ces mêmes jeunes com-pagnies dans nos saisons, avec desœuvres de plus gros calibre, commeça a été le cas avec Anne-CécileVandalem par exemple.

    2Qu’est-ce qui a changéen 15 ans?La quantité de dossiers! Et la naturemême de certaines créations, avecdes projets plus hybrides: plus d’ins-tallations, de spectacles performatifs,de créations collectives. Je trouveaussi que l’envie des artistes de pren-dre possession de très grands pla-teaux n’est plus leur ambition pre-mière, sans doute parce que lescontraintes sont aussi plus grandes.L’accès aux grands plateaux s’estrétréci, même s’il y a plus de sallesqu’avant en Belgique francophone.Est-ce seulement une réponse àla saturation des grands lieux, ou biencela traduit-il aussi leur désir de tra-vailler à une autre échelle?

    3Ce qui distingue Émulationsur la scène émergente?Nous valorisons des projets accomplisou des créations en devenir,des étapes de travail, qu’on s’efforcede monter et d’accomplir complète-ment, pour qu’ils aient une certainevie. On souhaite ardemment quele fait de jouer chez nous soit seule-ment une étape dans leur parcours.La durée de vie des spectacles estbien trop courte en Belgique franco-phone: un spectacle doit mûrir, êtrejoué, avoir le temps de se donner etd’être reçu par le public.

    A.D.

    Questions àSERGE RANGONIDirecteur du Théâtre de Liège

    ALIÉNOR DEBROCQ

    P ar ici la jeune création! Créé en2005 sur une base biennale, leFestival Émulation en est à sa8e édition et continue à valori-ser les jeunes compagniesthéâtrales en organisant touteune semaine de représentations, ainsi qu’enattribuant le prix Émulation (5.000 euros)et un prix du Jury des Jeunes (2.500 euros).Au cours des années, des projets tels que«Hansel et Gretel» (Anne-Cécile Vandalemet Jean-Benoît Ugeux), «Causerie sur le lem-ming» (François-Michel Van de Rest) ou,plus récemment, «La Convivialité» (ArnaudHoedt et Jérôme Piron) ont bénéficié decette mise en lumière et de ce soutien finan-cier.

    Rendre compte des formes variées duthéâtre actuel grâce à un jury internationalcomposé de programmateurs reconnus, quipossèdent la capacité de donner un relais àces projets, voilà la devise de Serge Ran-goni, directeur du Théâtre de Liège (ci-contre), et de son équipe. On l’a vu avec«La Convivialité», porté unanimementpar tous les membres du jury après avoirgagné le Prix lors de l’édition 2017.

    Cette année, sept spectacles sont à l’af-fiche du festival: ils se veulent engagés,irrévérencieux, souvent drôles, et por-tent sur le monde un regard aiguisé, en-core ébouriffé de jeunesse. Un huis closjaponais onirique, une errance teintéed’humour noir, le témoignage d’un dé-porté intégré au Sonderkommandod’Auschwitz, une exploration du sexeféminin, le souvenir de la guerre en ex-Yougoslavie, un parc animalier virantau cauchemar, une apologie de l’en-fance: autant de thématiques que sesont appropriées les artistes de cetteédition, qu’ils œuvrent ou non sur lemode du collectif. Coup de cœur pour«Char d’assaut», second spectacle deSimon Thomas, créé au Théâtre Variaen février dernier: sur un modebeckettien, Tristan et Marceline arpen-tent l’espace scénique laissé à nu entirant sur le fil de leur impuissancehumaine. Poétique, efficace, inventifet jubilatoire!

    Concrètement, le festival est ouvert auxartistes et compagnies belges francophonesayant déposé une demande de subventionau Conseil d’aide aux projets théâtraux(CAPT), mais le soutien du Théâtre de Liègene s’arrête pas là: tout au long de la saison,un encadrement professionnel permet auxartistes émergents de développer leur dé-marche, de rencontrer le public et d’êtreconseillés sur le plan logistique ou par uncompagnonnage. «Derrière un spectacle, il y

    a une réalité sociale, il faut que les genssoient payés pour leur travail, le festivalne doit pas être un simple alibi qui profiteà l’institution», déclare Serge Rangoni.Avec la difficulté supplémentaire degérer 7 équipes techniques tout au

    long du festival, de collaborer àl’élaboration des décors et cos-

    tumes même quand les spec-tacles sont créés en amontdans un théâtre parte-naire.

    CollaborationEn tout, une trentaine depersonnes assume l’infra-structure, l’aménagementet la technique. «On est sou-cieux de ne pas programmerque des créations mais desoutenir aussi des projets quin’ont pas eu la reconnais-sance méritée et à qui on veutdonner une deuxième vie.Parfois, une création a lieuchez nous puis circule chez les

    autres, ou l’inverse. Porter desspectacles en collaboration

    avec Mons, Namur et le Variapermet de leur donner une vieplus importante.»

    Du 19 au 24 mars, au Théâtrede Liège et dans les 4 lieuxpartenaires avoisinants:www.theatredeliege.be

    «Un spectacle doit mûrir, être jouéet avoir le temps de trouver son public»

    Pour son premier spectacle depuissa sortie de l’Insas, Émilienne Flagothierpose un regard neuf sur le théâtreen transposant sur les planches les jeuxd’enfants qu’elle a scrutés dans les parcs.

    TIMOUR SANLI

    Loin du théâtre de l’incarnation, «We shouldbe dancing», d’Émilienne Flagothier, a de-mandé à ses acteurs une reproduction tech-nique et minutieuse des vidéos d’enfantsqu’elle a tournées une année durant dans lesparcs et les aires de jeu. Elle apporte sur scèneun sujet qui relativise les représentations«parfois faussement sérieuses du théâtre», en yapportant une fraîcheur dans le thème choisiet les procédés utilisés.

    C’est au cours d’une balade, alors qu’elles’assoit sur un banc en regardant des enfantsjouer au loin, que l’idée de s’en inspirerémerge. «Il y a 3 enfants qui tombent par terre,l’autre qui leur marche dessus, après ils en traî-nent encore un autre par terre. On se demandevraiment ce qu’ils font. Et puis je suis revenueplusieurs fois. Mais, à force de les regarder, j’aicommencé à théoriser», explique ÉmilienneFlagothier.

    Les théories en question touchent à la foisà une certaine compréhension des gestes et

    des actions apparemment illogiques des en-fants, mais permettent aussi de regarder lemonde adulte avec curiosité, parfois avec dé-pit. Émilienne Flagothier raconte avoir ététouchée par une forme de nostalgie du mou-vement en regardant les enfants jouer. Nonpas la nostalgie d’une innocence perdue,mais une nostalgie ancrée dans notre quo-

    tidien, «la nostalgie qui peut te prendre aprèsavoir vu un spectacle de danse quand tu te de-mandes quand tu as dansé comme ça la dernièrefois; ou par exemple quand les gens sont tristesparce qu’ils n’ont pas été danser le samedi soir».

    La représentation du corpsCe n’est pas uniquement la force poétique

    de ces mouvements aberrants qui est expri-mée dans ce spectacle à mi-chemin entre ladanse et le théâtre. L’artiste soulève égale-ment des questions sur nos corps et nos re-présentations: des questions plus politiques.«Les enfants sont moins utilitaires dans leur ma-nière de bouger. Ils ne se demandent pas ce querenvoie leur corps comme image. Ce n’est pas le

    corps qui s’oublie mais ce qu’ils essaient d’expé-rimenter», explique Émilienne Flagothier.Loin des fantasmes des corps enfantins quise trouveraient plus libérés car plus prochesde l’animalité, Émilienne Flagothier voitdonc surgir sur les aires de jeu de véritableslaboratoires spontanés, peuplés par des êtresqui ne demandent qu’à apprendre et à es-sayer. Les comédiens s’en font le relais, par-fois appuyés par les vidéos «pour que les gensvoient qu’on n’exagère pas, qu’ils font vraimentça».

    Demander à des corps adultes de reco-pier techniquement les gestes des enfantsest une manière pour Émilienne Flagothierde nous faire redécouvrir la joie de l’expéri-mentation sans qu’elle ne soit prise dans descarcans trop sérieux. «Expérimental est devenuun mot chiant, alors que parfois on expérimentejuste un petit truc et ça donne une joie énorme».«We should be dancing» propose donc unregard neuf sur les enfants et leur jeu, pourtenter de relativiser le «faux sérieux» qu’elleconstate dans le monde adulte (notammenten politique), où les postures et les appa-rences remplacent trop souvent l’animationvitale de l’expérimentation et du jeu.

    Du 19 au 24/3, à 19h (14h, dimanche 24),Cité Miroir de Liège: theatredeliege.be

    Copier les gestes des enfants et redécouvrir la joie de l’expérimentation. © EMILIENNE FLAGOTHIER

    «Les enfants sont moinsutilitaires dans leur manièrede bouger.Ils ne se demandent pasce que renvoie leur corpscomme image.»

    ÉMILIENNE FLAGOTHIERMETTEUSE EN SCÈNE

    Pour sa 8e édition, le festival Émulation, à Liège, aligne sept spectacles engagés,irrévérencieux, souvent drôles et qui dardent sur le monde un regard affûté,encore tout ébouriffé par la jeunesse de leurs compagnies.

    THÉÂTRE

    Focus Le théâtre spontané des jeux d’enfants

    «En 15 ans, la nature-même de certainescréations a changé, avec des projets plushybrides.»SERGE RANGONIDIRECTEURDU THÉÂTRE DE LIÈGE

    Coup de cœur pour «Char d’as-saut», second spectacle de Si-mon Thomas, créé au ThéâtreVaria en février dernier: surun mode beckettien, Tristan etMarceline arpentent l’espacescénique laissé à nu en tirantsur le fil de leur impuissance hu-maine. Poétique, efficace, inven-tif et jubilatoire! © SIMON THOMAS.

    12 L’ECHO MARDI 19 MARS 2019

    Culture

    1Quelle était l’envie qui a motivéle lancement du festival?J’ai toujours voulu qu’il y ait dans nossaisons un focus spécifique sur lacréation émergente, ce qui permetd’avoir un regard plus acéré et uneattention médiatique plus grande surles jeunes créateurs, alors que dansune saison normale c’est plus compli-qué. Mais l’idée était aussi d’intégrerpar la suite ces mêmes jeunes com-pagnies dans nos saisons, avec desœuvres de plus gros calibre, commeça a été le cas avec Anne-CécileVandalem par exemple.

    2Qu’est-ce qui a changéen 15 ans?La quantité de dossiers! Et la naturemême de certaines créations, avecdes projets plus hybrides: plus d’ins-tallations, de spectacles performatifs,de créations collectives. Je trouveaussi que l’envie des artistes de pren-dre possession de très grands pla-teaux n’est plus leur ambition pre-mière, sans doute parce que lescontraintes sont aussi plus grandes.L’accès aux grands plateaux s’estrétréci, même s’il y a plus de sallesqu’avant en Belgique francophone.Est-ce seulement une réponse àla saturation des grands lieux, ou biencela traduit-il aussi leur désir de tra-vailler à une autre échelle?

    3Ce qui distingue Émulationsur la scène émergente?Nous valorisons des projets accomplisou des créations en devenir,des étapes de travail, qu’on s’efforcede monter et d’accomplir complète-ment, pour qu’ils aient une certainevie. On souhaite ardemment quele fait de jouer chez nous soit seule-ment une étape dans leur parcours.La durée de vie des spectacles estbien trop courte en Belgique franco-phone: un spectacle doit mûrir, êtrejoué, avoir le temps de se donner etd’être reçu par le public.

    A.D.

    Questions àSERGE RANGONIDirecteur du Théâtre de Liège

    ALIÉNOR DEBROCQ

    P ar ici la jeune création! Créé en2005 sur une base biennale, leFestival Émulation en est à sa8e édition et continue à valori-ser les jeunes compagniesthéâtrales en organisant touteune semaine de représentations, ainsi qu’enattribuant le prix Émulation (5.000 euros)et un prix du Jury des Jeunes (2.500 euros).Au cours des années, des projets tels que«Hansel et Gretel» (Anne-Cécile Vandalemet Jean-Benoît Ugeux), «Causerie sur le lem-ming» (François-Michel Van de Rest) ou,plus récemment, «La Convivialité» (ArnaudHoedt et Jérôme Piron) ont bénéficié decette mise en lumière et de ce soutien finan-cier.

    Rendre compte des formes variées duthéâtre actuel grâce à un jury internationalcomposé de programmateurs reconnus, quipossèdent la capacité de donner un relais àces projets, voilà la devise de Serge Ran-goni, directeur du Théâtre de Liège (ci-contre), et de son équipe. On l’a vu avec«La Convivialité», porté unanimementpar tous les membres du jury après avoirgagné le Prix lors de l’édition 2017.

    Cette année, sept spectacles sont à l’af-fiche du festival: ils se veulent engagés,irrévérencieux, souvent drôles, et por-tent sur le monde un regard aiguisé, en-core ébouriffé de jeunesse. Un huis closjaponais onirique, une errance teintéed’humour noir, le témoignage d’un dé-porté intégré au Sonderkommandod’Auschwitz, une exploration du sexeféminin, le souvenir de la guerre en ex-Yougoslavie, un parc animalier virantau cauchemar, une apologie de l’en-fance: autant de thématiques que sesont appropriées les artistes de cetteédition, qu’ils œuvrent ou non sur lemode du collectif. Coup de cœur pour«Char d’assaut», second spectacle deSimon Thomas, créé au Théâtre Variaen février dernier: sur un modebeckettien, Tristan et Marceline arpen-tent l’espace scénique laissé à nu entirant sur le fil de leur impuissancehumaine. Poétique, efficace, inventifet jubilatoire!

    Concrètement, le festival est ouvert auxartistes et compagnies belges francophonesayant déposé une demande de subventionau Conseil d’aide aux projets théâtraux(CAPT), mais le soutien du Théâtre de Liègene s’arrête pas là: tout au long de la saison,un encadrement professionnel permet auxartistes émergents de développer leur dé-marche, de rencontrer le public et d’êtreconseillés sur le plan logistique ou par uncompagnonnage. «Derrière un spectacle, il y

    a une réalité sociale, il faut que les genssoient payés pour leur travail, le festivalne doit pas être un simple alibi qui profiteà l’institution», déclare Serge Rangoni.Avec la difficulté supplémentaire degérer 7 équipes techniques tout au

    long du festival, de collaborer àl’élaboration des décors et cos-

    tumes même quand les spec-tacles sont créés en amontdans un théâtre parte-naire.

    CollaborationEn tout, une trentaine depersonnes assume l’infra-structure, l’aménagementet la technique. «On est sou-cieux de ne pas programmerque des créations mais desoutenir aussi des projets quin’ont pas eu la reconnais-sance méritée et à qui on veutdonner une deuxième vie.Parfois, une création a lieuchez nous puis circule chez les

    autres, ou l’inverse. Porter desspectacles en collaboration

    avec Mons, Namur et le Variapermet de leur donner une vieplus importante.»

    Du 19 au 24 mars, au Théâtrede Liège et dans les 4 lieuxpartenaires avoisinants:www.theatredeliege.be

    «Un spectacle doit mûrir, être jouéet avoir le temps de trouver son public»

    Pour son premier spectacle depuissa sortie de l’Insas, Émilienne Flagothierpose un regard neuf sur le théâtreen transposant sur les planches les jeuxd’enfants qu’elle a scrutés dans les parcs.

    TIMOUR SANLI

    Loin du théâtre de l’incarnation, «We shouldbe dancing», d’Émilienne Flagothier, a de-mandé à ses acteurs une reproduction tech-nique et minutieuse des vidéos d’enfantsqu’elle a tournées une année durant dans lesparcs et les aires de jeu. Elle apporte sur scèneun sujet qui relativise les représentations«parfois faussement sérieuses du théâtre», en yapportant une fraîcheur dans le thème choisiet les procédés utilisés.

    C’est au cours d’une balade, alors qu’elles’assoit sur un banc en regardant des enfantsjouer au loin, que l’idée de s’en inspirerémerge. «Il y a 3 enfants qui tombent par terre,l’autre qui leur marche dessus, après ils en traî-nent encore un autre par terre. On se demandevraiment ce qu’ils font. Et puis je suis revenueplusieurs fois. Mais, à force de les regarder, j’aicommencé à théoriser», explique ÉmilienneFlagothier.

    Les théories en question touchent à la foisà une certaine compréhension des gestes et

    des actions apparemment illogiques des en-fants, mais permettent aussi de regarder lemonde adulte avec curiosité, parfois avec dé-pit. Émilienne Flagothier raconte avoir ététouchée par une forme de nostalgie du mou-vement en regardant les enfants jouer. Nonpas la nostalgie d’une innocence perdue,mais une nostalgie ancrée dans notre quo-

    tidien, «la nostalgie qui peut te prendre aprèsavoir vu un spectacle de danse quand tu te de-mandes quand tu as dansé comme ça la dernièrefois; ou par exemple quand les gens sont tristesparce qu’ils n’ont pas été danser le samedi soir».

    La représentation du corpsCe n’est pas uniquement la force poétique

    de ces mouvements aberrants qui est expri-mée dans ce spectacle à mi-chemin entre ladanse et le théâtre. L’artiste soulève égale-ment des questions sur nos corps et nos re-présentations: des questions plus politiques.«Les enfants sont moins utilitaires dans leur ma-nière de bouger. Ils ne se demandent pas ce querenvoie leur corps comme image. Ce n’est pas le

    corps qui s’oublie mais ce qu’ils essaient d’expé-rimenter», explique Émilienne Flagothier.Loin des fantasmes des corps enfantins quise trouveraient plus libérés car plus prochesde l’animalité, Émilienne Flagothier voitdonc surgir sur les aires de jeu de véritableslaboratoires spontanés, peuplés par des êtresqui ne demandent qu’à apprendre et à es-sayer. Les comédiens s’en font le relais, par-fois appuyés par les vidéos «pour que les gensvoient qu’on n’exagère pas, qu’ils font vraimentça».

    Demander à des corps adultes de reco-pier techniquement les gestes des enfantsest une manière pour Émilienne Flagothierde nous faire redécouvrir la joie de l’expéri-mentation sans qu’elle ne soit prise dans descarcans trop sérieux. «Expérimental est devenuun mot chiant, alors que parfois on expérimentejuste un petit truc et ça donne une joie énorme».«We should be dancing» propose donc unregard neuf sur les enfants et leur jeu, pourtenter de relativiser le «faux sérieux» qu’elleconstate dans le monde adulte (notammenten politique), où les postures et les appa-rences remplacent trop souvent l’animationvitale de l’expérimentation et du jeu.

    Du 19 au 24/3, à 19h (14h, dimanche 24),Cité Miroir de Liège: theatredeliege.be

    Copier les gestes des enfants et redécouvrir la joie de l’expérimentation. © EMILIENNE FLAGOTHIER

    «Les enfants sont moinsutilitaires dans leur manièrede bouger.Ils ne se demandent pasce que renvoie leur corpscomme image.»

    ÉMILIENNE FLAGOTHIERMETTEUSE EN SCÈNE

    Pour sa 8e édition, le festival Émulation, à Liège, aligne sept spectacles engagés,irrévérencieux, souvent drôles et qui dardent sur le monde un regard affûté,encore tout ébouriffé par la jeunesse de leurs compagnies.

    THÉÂTRE

    Focus Le théâtre spontané des jeux d’enfants

    «En 15 ans, la nature-même de certainescréations a changé, avec des projets plushybrides.»SERGE RANGONIDIRECTEURDU THÉÂTRE DE LIÈGE

    Coup de cœur pour «Char d’as-saut», second spectacle de Si-mon Thomas, créé au ThéâtreVaria en février dernier: surun mode beckettien, Tristan etMarceline arpentent l’espacescénique laissé à nu en tirantsur le fil de leur impuissance hu-maine. Poétique, efficace, inven-tif et jubilatoire! © SIMON THOMAS.

  • Contact

    Bérengère DerouxAdjointe artistique, production, diffusionMars – Mons arts de la scè[email protected] de Nimy 106 - 7000 Mons+32 (0)475 40 65 11

    Emilienne [email protected]+32 (0)466 02 75 34