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1 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur Jean-Luc Pecqueur Passe-moi le tournevis, Cynthia ! PIECE EN 3 ACTES 7 F – 4 H Autres distributions possibles 110 mn Vous venez de télécharger tout à fait légalement et gratuitement cette pièce qui a été protégée contre toute utilisation frauduleuse, et je vous en souhaite bonne lecture. Toutefois, si vous décidiez de monter cette pièce, sachez qu’elle est soumise à autorisation de son auteur (un simple mail suffit) Du passé je me contrefiche De l’avenir je ne saurais me passer ! 24 octobre 2017 SYNOPSIS Ce n’est pas bientôt fini ce chantier… Tout ça pour une cuisine… ! Une semaine d’enfer à vivre… La vendeuse à domicile, la belle-mère qui se mêle de tout. La copine qui ne trouve pas de mec. Le faux agent EDF en repérage avant cambriolage. La voisine d’en face… Oui, parlons-en de la voisine d’en face. Et tout le reste qui n’est pas glorieux. Du rebondissement, il va y en avoir. Attendez-vous à tout. Tout, et surtout ce qui n’est pas possible. Cette pièce est soumise à autorisation de la SACD de votre région ! Merci. [email protected]

Passe-moi le tournevis, Cynthia - gustave.pagesperso-orange.frgustave.pagesperso-orange.fr/Passemoiletournevis(site).pdf · Ce n’est pas bientôt fini ce chantier ... Gentille

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1 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Jean-Luc Pecqueur

Passe-moi le tournevis, Cynthia !

PIECE EN 3 ACTES

7 F – 4 H Autres distributions possibles

110 mn

Vous venez de télécharger tout à fait légalement et gratuitement cette pièce qui a été protégée contre toute utilisation frauduleuse, et je vous en souhaite bonne lecture.

Toutefois, si vous décidiez de monter cette pièce, sachez qu’elle est soumise à autorisation de son auteur (un simple mail suffit)

Du passé je me contrefiche

De l’avenir je ne saurais me passer !

24 octobre 2017

SYNOPSIS

Ce n’est pas bientôt fini ce chantier… Tout ça pour une cuisine… !

Une semaine d’enfer à vivre…

La vendeuse à domicile, la belle-mère qui se mêle de tout.

La copine qui ne trouve pas de mec. Le faux agent EDF en repérage avant cambriolage.

La voisine d’en face… Oui, parlons-en de la voisine d’en face. Et tout le reste qui n’est pas glorieux.

Du rebondissement, il va y en avoir. Attendez-vous à tout. Tout, et surtout ce qui n’est pas possible.

Cette pièce est soumise à autorisation de la SACD de votre région !

Merci.

[email protected]

2 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Jean-Luc Pecqueur

Dernière mise à jour : 5 février 2019

http://pagesperso-orange.fr/gustave

[email protected]

Pour toutes mes pièces il existe de nombreuses distributions

qui ne sont pas dans ce tableau (n'hésitez pas à me consulter) Et si vous avez besoin, j'adapte à votre troupe

Titre Type Année Nbre F Nbre H Durée

en mn Descriptif

Sosie presque parfaite pièce 2019 5 3 100 Comique

L’Auberge du Caramel (Version 1 base) pièce 2011 7 4 120 Comique délirant

L'Auberge du Caramel

(très nombreuses versions)

N'hésitez pas à me demander

pièce 2018 3 à 10 3 à 6 90 à 125 Comique délirant

Tiens-toi droit, Totof (comédiens dans public) saynète 2018 5 2 20 Comique

Tiens-toi droit, Totof (comédiens dans public) saynète 2018 6 2 20 Comique

Changement de propriétaire pièce 2018 5 3 105 Comique

Changement de propriétaire pièce 2018 6 2 105 Comique

Drôle de commissariat pièce 2018 8 4 105 Comique délirant

Bureau des Réclamations, j'écoute… pièce 2017 5 3 95 comique

Princesses, avec trois "S" (mimes pour enfants) conte

enfantin 2018 3 0 5 conte pour enfants

Moualah, araignée bisou (ombres chinoises) exclu conte

enfantin 2018 0 0 5 conte pour enfants

Un si beau voyage (en exclu sur mon site) One man 2018 1 ou 0 1 ou 0 8 comique (ou pas)

Toupaillou, le petit lapin…(en exclu sur mon site) conte

enfantin 2018 2 fées - 6 conte pour enfants

Changement de propriétaire pièce 2018 6 2 105 Comique

Le parking du supermarché saynète 2018 3 1 18 Comique

Drôle de commissariat pièce 2018 5 4 110 Comique

Drôle de commissariat pièce 2007 4 5 90 Comique

Drôle de commissariat pièce 2007 5 5 90 Comique

Les Médisantes 5 sketchs 2018 0 ou 2 0 ou 2 5 x 3 sketchs comiques

Mamie-Dinette saynète 2018 3 2 12 Comique

Passe-moi le tournevis, Cynthia pièce 2017 7 4 110 Comique

3 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Bureau des Réclamations, j'écoute… pièce 2017 4 3 95 Comique

Bureau des Réclamations, j'écoute… pièce 2017 6 2 90 Comique

Bureau des Réclamations, j'écoute… pièce 2017 8 1 90 Comique

Bureau des Réclamations, j'écoute,,, pièce 2017 5 5 110 Comique

Bureau des Réclamations, j'écoute… pièce 2016 5 4 90 Comique

Clothilde, la bonne du nouveau curé pièce 2016 3 3 90 Comique

Arrêtez vos sottises élève Michu pièce 2016 3 3 30 comique

Gros Bug chez Taylle & Vizion pièce 2016 5 4 95 Comique

Déroutante Sandra pièce 2015 4 3 90 comique

Mon dépanneur TV est bizarre ! pièce 2015 3 3 90 Comique

Mélissa, Julie et le nouveau curé pièce 2014 3 3 90 Comique

Résidence Alauda pièce 2013 3 2 90 Comique

Un logiciel pour les Revenants pièce 2013 3 5 90 Comique délirant

La Classe de réinsertion pièce 2018 5 4 105 Comique

La Classe de réinsertion pièce 2018 6 3 105 Comique

La Classe de réinsertion (Rainville) pièce 2015 5 4 110 Comique

Le trésor de l’autoroute pièce 2011 5 5 90 Comique délirant

50 Balais One man 2011 0 1 10 Pour un anniversaire

Un bisou sur la bouche (en exclu sur mon site) One man 2010 0 1 90 One man comique

Un bisou sur la bouche (en exclu sur mon site) One man 2010 1 0 90 One man comique

Les vœux du maire (en exclu sur mon site) saynète 2018 1 1 7 comique

On s’occupe de vous ? Sketches 2012 3 à 11 3 à 7 70 Suite de 6 sketches

Caroline (Version 2 - 2010) One man 2010 1 ou 0 1 ou 0 15 Comique

A votre service madame pièce 2010 3 1 90 Comique

La boîte de cirage sketche 2010 1 ou 0 1 ou 0 10 Comique

Le bébé du réveillon pièce 2010 3 3 90 Comique

Je vais chercher Dupin (Ne le prends pas trop cuit)

pièce 2018 5 4 90 Comique

Je vais chercher Dupin (Ne le prends pas trop cuit)

pièce 2018 5 + 2

ados 4 90 Comique

Un assureur rassurant (Assurances Maychault-Seyte)

pièce 2018 5 4 95 Comique

15 091 960 euros (T'aurais pas vu mon tkcet)

pièce 2018 7 4 90 Comique

L’Ergoteuse pièce 2018 2 1 20 Comique

Le commis voyageur pièce 2018 1 1 30 Comique

J’ai gagné le premier lot pièce 2018 3 1 15 Comique

La petite infirmière saynète 2018 3 1 15 Comique

La salle des fêtes saynète 2018 3 2 15 Comique

L’assurance saynète 2018 6 2 15 Comique

Le dentier saynète 2009 6 2 15 Comique

Le parking du supermarché (2 versions) sketche 2009 3 0 ou 1 10 ou

18 Comique

Vive le camping sketche 2009 1 ou 0 1 ou 0 10 Comique

Viens voir mon nouvel appart’ pièce 2009 2 0 50 Comique

On va la marier (Version 1) pièce 2009 3 6 90 Comique (mai 68)

On va la marier (Version 2) pièce 2009 4 5 90 Comique (mai 68)

4 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Panique au collège (collégiens) pièce 2008 9 6 60 Comique

Le DVD de Schtiwassengerschmut pièce 2008 2 5 90 Comique

La Pâtissière sketche 2008 1 0 5 Comique

J’arrête de fumer One man 2018 1 ou 0 1 ou 0 5 Comique

On a retrouvé M. Toucan pièce 2007 6 3 15 Comique

On a retrouvé M. Toucan pièce 2017 5 3 15 Comique

On a retrouvé M. Toucan pièce 2017 4 3 15 Comique

L’inconnue de 12 h 03 pièce 2007 1 2 15 Comique/étrange

Les yeux « bleu internet » One man 2007 0 1 15 Comique

La lettre de l’amante pièce 2007 3 2 40 Comique/sentimental

Le fouineur One man 2007 1 ou 0 1 ou 0 15 Société/journalisme

Je reviens de Gaminie One man 2007 1 ou 0 1 ou 0 15 Société/dramatique

Le canapé de Mlle Nelly sketche 2006 1 1 15 Société/sentimental

J’ai fait bac moins quatre pièce 2018 3 5 90 Comique

J’ai fait bac moins quatre pièce 2018 4 4 90 Comique

J’ai fait bac moins quatre pièce 2018 5 3 90 Comique

Tête à trac (ados) pièce 2005 3 2 60 Comique

Ces messieurs d’orgueil (+ jeune) sketche 2005 0 1 10 Comique

Les cornes du cheval Pontécoulant sketche 2004 ado 2 10 Comique

Le Hâtre pièce 2003 6 5 90 Comique/société

Le transcervellicaire (2 versions) pièce 2002 5 5 105 Comique/délirant

5 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

LES PERSONNAGES :

Noémie Delerbe – Mariée à Manuel. Fière et impatiente de voir cette nouvelle cuisine arriver.

Manuel Delerbe (Bichouquet pour les intimes) – Marié à Noémie, lui aussi s’impatiente de voir les travaux

commencer. Il sait que Noémie va être de mauvaise humeur à cause de la poussière… Mais à part ça

tout va bien. Sa femme l’appelle Bichouquet.

Géraldine – La mère de Noémie. Faut qu’elle se mêle et donne son avis sur tout ce que fait le couple. Son mari

est actuellement en voyages d’affaires. Elle en devient donc encore plus collante

Aline – La bonne copine de Noémie. Toujours célibataire. Ce serait bien qu’elle trouve enfin un mec. Mais pour

ça il faudrait qu’elle fasse des efforts… Surtout vestimentaires.

Jacqueline – La commerciale qui a vendu la cuisine au couple. A part son chiffre d’affaires qui lui permet de

décrocher des primes, elle n’en a rien à cirer et n’hésite pas à tromper son monde.

Claire Michu – La voisine des Delerbe. Gentille. Indiscutablement très jalouse de la réussite de ses voisins. On

va surtout s’apercevoir qu’en réalité elle a toujours été très amoureuse de Manuel, au point de faire

construire sa maison à côté de la leur.

Jacques Bouyne – Le monsieur qui va monter et installer la cuisine. Il n’a jamais monté une cuisine de sa vie.

Pas sûr qu’il soit doué pour tenir un tournevis.

Clara Mayle – Très difficile à cibler car elle fait partie prétendument d’une association écologiste… Ce n’est pas

bien clair. En réalité, elle exécute une peine de travaux d’intérêt général que lui a infligé le tribunal

pour une diffamation qu’elle a faite contre le président d’un parti écolo.

Cynthia – L’autre bonne copine de Noémie. Elle vend dans des réunions faites chez l’habitante. Ca marche si

bien qu’elle va passer chef de région. Aujourd’hui elle a rendez-vous chez Noémie pour préparer sa

future réunion de vente.

Claude Comtant – Premier adjoint au maire de la commune. Il a une très mauvaise nouvelle à annoncer à

Noémie et Manuel : leur maison n’est plus en zone constructible et ils vont devoir démolir…

Marc Auraile – Faux agent du réseau d’électricité qui fait des repérages dans les maisons avant d’envisager

de les cambrioler. Cette fois, il est venu le jour de la présence d’Aline et son cœur a fait tilt…

Certains rôles peuvent passer en H ou F selon cas

Adaptation sur demande

Tableau de séquençage des répliques

En fin de pièce

6 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

PREMIER ACTE

A l’ouverture du rideau, nous sommes un mardi dans une cuisine vieillotte. En plus d’une grande pendule qui indique tout juste 10 heures, tout est classique avec une table de cuisine, des chaises dont certaines sont dépareillées, des petites étagères pas très jolies et surtout un vieux buffet de cuisine qui a plus que fait son temps. Bref, du matériel de récupération mal assorti. Le buffet qui comporte un haut dispose de deux ouvertures battantes. Face au public, l’ouverture de droite a de toute évidence des soucis, d’ailleurs Manuel est là qui, de ses deux mains retient la porte pour ne pas qu’elle tombe. Il ne sait plus comment s’en sortir. C’est alors que Cynthia va arriver.

Manuel (Dans une fâcheuse posture puisqu’il retient de ses deux mains la porte du haut de buffet qui est prête à tomber. C’est alors que la sonnette retentit) – Hé mais comment je fais. Zut. Si je lâche la porte tombe !

(Il fait alors plusieurs mouvements comme si son corps allait pouvoir se diviser en deux : une partie qui resterait à tenir et l’autre qui irait ouvrir la porte. Après plusieurs tentatives et gesticulations, la sonnette retentit de nouveau, avec « énervement », Manuel finit se rendre compte que ce ne sera pas possible et crie donc)

Manuel (Criant vers l’entrée) – Ent… Ent… Entrez, je ne peux pas me déplacer…

(La sonnette retentit une troisième fois avec plus d’insistance)

Manuel (Hurlant encore plus fort en direction de l’entrée) – Entrez ! C’est ouvert…

Quelques instants plus tard, arrive Cynthia qui porte une valise plutôt imposante d’une main et de l’autre un petit paquet qu’elle va ensuite poser machinalement dans le buffet.

Cynthia (Posant sa valise debout bien en évidence sur la scène et allant faire la bise difficilement à Manuel compte tenu de sa position) – Salut Manuel. Qu’est-ce que tu fais, accroché à la porte du buffet ?

Manuel (En panique) – Ce n’est pas moi qui suis accroché à la porte mais la porte qui est en train de se casser la figure par terre… J’ai tout juste eu le temps d’arriver avant qu’elle ne tombe…

Cynthia (Très moqueuse) – Et ça fait longtemps que tu es comme ça ? Parce que là, tu as vraiment l’air con !

Manuel – Merci, c’est toujours ça de pris. Tu ferais mieux de m’aider au lieu de me regarder avec tes grands yeux bêtes…

Cynthia – Je ne vais rester à tenir la porte à ta place quand même… Les enfants ne sont pas là ?

Manuel – Non. Ils sont chez mes parents. J’étais en train d’essayer de remettre cette porte lorsqu’elle s’est barrée de ses fermoirs. Si tu pouvais me donner mon tournevis, tu m’aiderais beaucoup…

Cynthia – (Cherchant partout alentour l’endroit où peut se trouver le fameux tournevis) – Il est où ton tournevis ? Je ne le vois pas…

Manuel (Un peu ennuyé) – Il est dans ma poche. Je l’avais mis là pour pouvoir m’en servir plus facilement.

Cynthia (Un peu à contrecœur et avant de s’apprêter à fouiller du bout de la main dans la poche qui se trouve côté public, elle pose une petite boîte de manière évidente pour le public dans le buffet) – Désolée mais il faut que je mette ma main dans ta poche…

Manuel (Rectifiant la position de la poche) – Il est dans l’autre poche. De l’autre côté !

Cynthia (Très hésitante) – Ah ! Alors voyons donc…

7 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Cynthia vient donc se positionner ventre contre le dos de Manuel et par un jeu de scène qui doit durer un petit peu, on voit que Cynthia trifouille dans la poche de Manuel. Celui-ci a alors une réaction plutôt bizarre…

******Pour les oreilles prudes, à partir d’ici remplacer les 21 lignes suivantes

par les 6 lignes du passage en vert plus bas******

Manuel (Qui émet un petit cri léger mais significatif) – Euh en fait Cynthia, ça, ce n’est pas ça mon tournevis. D’ailleurs ce n’est pas dans ma poche que tu es…

Cynthia (Qui semble amusée et tout à la fois surprise) – Ah c’est pour ça que…

Manuel – Oui, c’est pour ça que… Comme tu dis.

Cynthia (Eclatant de rire) – Je me disais aussi que ça avait l’air bien mou pour un tournevis…

Manuel – Voyons, Cynthia, qu’est-ce qui te prend… Oh ! Calmos !

Cynthia (Ressortant un tournevis pas très gros de la poche de Manuel et manipulant l’engin bien face au public) – C’est vrai que c’est pas pareil. Tiens !

Manuel (Qui a toujours les deux mains prises) – C’est-à-dire que je ne peux pas l’attraper là.

Cynthia – Là je ne peux plus rien faire pour toi !

Manuel (Ennuyé et ne sachant pas trop comment s’en sortir) – En fait, il faudrait plutôt que ce soit toi qui tienne la porte. Comme ça moi je vais remboîter la charnière dans son logement et mettre la vis de maintien…

Cynthia (Hésitante et prévenante) – Je te préviens. Je n’ai pas de tournevis dans mes poches moi. Il est donc hors de question que tu fouilles dans mes poches de pantalon…

Manuel – Mais pour qui tu me prends ?

Cynthia (Méfiante) – Je mets les choses au point tout de suite… Tu imagines si Noémie était rentrée au moment où je mettais les mains dans ta poche…

Manuel – Non ! J’imagine pas du tout. Je ne préfère pas imaginer. Je tiens à ma vie. Cela dit, on ne risque pas de la voir arriver. Elle est partie consulter et en général il a toujours une plombe de retard son médecin.

Cynthia – Moi aussi je préfère qu’elle ne m’ait pas vue dans cette fâcheuse position…

**********************************************************************************************

Passage rectifié pour les oreilles prudes !!!!!

Manuel (Etonné) – Euh en fait Cynthia, c’est dans l’autre poche…

Cynthia – C’est pour ça que je ne trouve pas. Je me disais aussi…

Manuel – Ecoute, tiens la porte et moi je vais réemboîter la charnière.

Cynthia – Je n’ai pas de poche, donc je ne peux pas mettre de tournevis dans mes poches moi !

Manuel – Ah, si Noémie était là, elle aurait pu nous aider. Mais elle est partie consulter et en général il a toujours une plombe de retard son médecin.

******************************************************************************************

Manuel – Donc, si tu veux bien venir à ma place pour tenir la porte. T’inquiètes pas ! Elle n’est pas lourde du tout mais faut juste bien rester calé. Pendant ce temps moi je vais resserrer la vis…

Cynthia fait le tour et prend la place et la position de Manuel pour tenir la porte, en râlant bien sûr. Manuel va alors se pointer dans le dos de Cynthia pour venir, par-dessus son épaule, tenter

8 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

de remboîter une charnière… La position tout à fait inconfortable de l’un et de l’autre doit bien entendu prêter à confusion…

Cynthia (Qui fatigue et qui se déplaît dans cette position) – Dépêche-toi. Je vais tout lâcher si tu ne te magnes pas.

Manuel (Littéralement collé dans le dos de Cynthia) – Surtout : bouge pas. Sinon mon tournevis va déraper…

Cynthia – Arrête de me parler de ton tournevis s’il te plaît. J’ai des mauvais souvenirs.

Manuel (Eclatant de rire et nargueur) – Menteuse !

A cet instant, Noémie entre brutalement et trouve donc Manuel et Cynthia dans cette drôle de position.

Noémie – Ben ça va tous les deux ! Ne vous gênez pas ! Faites comme si je n’étais pas là !

Manuel (S’enfonçant plus qu’il ne se défend) – Mais d’habitude tu es toujours en retard lorsque tu vas chez le docteur Noémie…

Cynthia (S’énervant et s’emmêlant) – Alors, tu vas y arriver avec ton petit tournevis ?

Noémie – Mais vous allez arrêter tous les deux. Je suis là quand même ! Je te rappelle que je suis ta femme Manuel !

De fait, Manuel se retire de sa position et Cynthia arrête de maintenir en l’air la porte. Elle redonne donc la fameuse porte à Manuel pour qu’il s’en charge.

Cynthia – Tiens tu te débrouilles avec ta porte. Je peux te dire que tu ne me la referas plus celle-là.

Noémie – Comment ça il ne te la refera plus. Vous étiez en train de faire quoi là ?

Manuel – Mais chéri ! Tu sais bien que la porte ne tenait plus. Juste avant que Cynthia n’arrive, la porte a failli tomber par terre. J’ai juste eu le temps de la rattraper. Comme j’avais justement un tournevis dans ma poche…

Cynthia – Oui ! Oh pour le coup du tournevis… ! C’est pas la peine d’en rajouter. On a compris…

Noémie (atterrée) – On a compris quoi… ?

Manuel – Euh… J’ai… Voulu… Alors en fait… Mais comme j’avais le tournevis et que j’étais en train d’insérer le bout dans la fente de la charnière…

Noémie – Arrête ! Tu t’enfonces et tu m’énerves.

Cynthia – Oui ! Là je crois que tu aggraves ton cas…

Manuel – Ah ! Tu crois ?

Noémie – C’est bon, j’ai compris. Je ne suis pas idiote non plus. Si vous vous étiez mis chacun d’un côté de la porte, vous n’en seriez pas arrivés à cette situation ridicule… Ca tombe sous le sens.

Manuel – Mais chérie je te jure. Ce n’est pas ce que tu crois…

Cynthia – Il n’y a rien à croire Noémie… C’est quoi cette salade ? Je suis venue pour te montrer les modèles que j’allais mettre en expo quand on va faire notre réunion de samedi prochain… Mais Noémie a raison, pourquoi tu m’as fait tenir la porte de ce côté Manuel ?

Noémie – Oui mais là tu vois Cynthia ! Je n’ai pas le temps. Je suis revenue parce que je me suis aperçue que j’avais oublié par carte Vital pour la sécu. Je suis à la bourre. Je repars. A tout à l’heure Bichouquet.

Après avoir fouillé dans un tiroir et en avoir extrait une espèce de portefeuille contenant divers papiers de sécu qu’elle plonge immédiatement dans son sac, Noémie se prépare à repartir.

Manuel – Ah ! Tu n’es pas encore passée chez le médecin.

Noémie – Non. Mais c’est pas grave car il a toujours une plombe de retard. J’y vais et je vous préviens… Tous les deux, je vous surveille.

Cynthia – Mais je n’ai rien à me reprocher Noémie. C’est ton mari qui me met dans l’embarras.

9 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie quitte la scène tandis que les deux autres restent très indécis sur ce qu’ils doivent faire. Puis, au bout d’un moment, alors que Manuel a toujours la porte dans les mains…

Manuel – Du coup je ne sais pas ce que je fais avec ça moi !

Cynthia – Là, avec Noémie, tu n’as pas eu le droit à « mon petit Bichouquet » hein ! Tu veux que je te dise : t’as l’air franchement nounouille avec ta petite porte dans les mains. Tu vas pas rester à la tenir comme ça jusqu’à la saint glin glin…

Manuel – Euh non. Tu as raison… Et puis Noémie m’appelle son petit Bichouquet en privé, pas devant tout le monde je te ferais remarquer !

Manuel décide d’aller poser la porte par terre plus loin dans un coin de la cuisine où elle ne va pas gêner.

Cynthia – Au fait, vous ne deviez pas changer votre cuisine et en avoir une toute nouvelle ?

Manuel – Si. L’installateur doit passer aujourd’hui pour nous confirmer que tout est ok et qu’ils arrivent demain pour commencer à bosser.

Cynthia – Vous ne faites aucun déménagement ? C’est eux qui démontent tout ? Comment ça se passe au juste ?

Manuel – On attend le dernier moment avec Noémie car on sait comment ils sont ces installateurs. Ils te disent oui et puis au dernier moment ils te reculent tout de 15 jours.

Cynthia – Ah bon ! Mais vous ne refaites pas la déco, la peinture ? Les étagères par exemple et tout le reste, vous enlevez tout au dernier moment aussi ?

Manuel – On a vu avec Noémie. Finalement il n’y a que ce petit buffet à vider et quelques étagères à démonter. On a déjà viré le superflu dans des cartons qui sont au garage.

Cynthia – Elle sera comment votre nouvelle cuisine ? Tu as des photos ou un plan à me montrer ? Ca doit être sympa.

Manuel – Noémie ne t’avait pas montré le schéma et la projection par ordinateur que la vendeuse avait réalisé ?

Cynthia – Ben non ! Tu sais on ne se voit pas tant que ça avec Noémie. Elle a son job. J’ai le mien…

Manuel – Bouge pas deux secondes, je vais te chercher les photos. Elles sont dans la salle à manger.

Manuel sort pour quelques instants. Cynthia en profite pour rapprocher sa valise et la poser sur la table de la cuisine. La valise est posée de telle sorte que l’ouvrant se fasse face au public. Ainsi on peut mettre en avant tout les délires possibles (selon choix du metteur en scène).

Cynthia (A elle-même) – Qu’est-ce que j’ai encore fait du paquet bleu ?

Manuel (Revenant avec un dossier qu’il présente à Cynthia) – Voilà ! Tiens, tu vois, ça donnera ça lorsque ce sera terminé !

Cynthia (Qui regarde mais avec éloignement et sans intérêt) – Ah oui. Ca fera joli. (Sortant de la valise un soutien-gorge de grande taille déployé qu’elle passe à Manuel) Tu peux me tenir ça deux secondes s’il te plaît ?

Manuel – Euh ! Attends, je pose mon dossier. (Puis saisissant du bout des doigts le soutien-gorge en l’affichant bien face au public et déconnant) C’est le tien ?

Cynthia (Relevant le nez de sa valise et n’appréciant pas vraiment la plaisanterie) – Non mais tu as vu la taille ? Comment veux-tu que je mette un truc pareil ?

Manuel (Déconneur) – C’est pas ma taille non plus. Je vais devoir te le rendre.

Cynthia – Attends. C’est un nouveau produit que je dois vendre. Je ne l’ai vu que tard le soir à la lueur des néons. Approche-toi de la fenêtre que je vois ce que ça fait à la lumière du jour !

Manuel – Alors vous les gonzesses, il vous en faut des explications. (Avec beaucoup d’insistance) Qu’est-ce que c’est moche ce truc. Ca me viendrait pas à l’esprit de mettre ça..

10 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Cynthia – Je veux bien essayer de t’en vendre un mais je ne sais pas ce que tu vas en faire ! T’as pas assez de seins. (Puis professionnellement, regardant le soutien-gorge sous différents aspects) Hummm ! Faut que j’améliore la présentation.

Manuel – Présentation ou pas, ça ne va pas changer sa couleur horrible !

Cynthia – Oui. Mais attend, on n’est pas en condition réelle. Enfile donc le soutien-gorge deux secondes pour que je voie ce que ça fait une fois posé sur une poitrine !

Manuel (Rejetant littéralement le soutien-gorge dans les mains de Cynthia) – Non mais tu rigoles j’espère ?

Cynthia – Manuel ! Enfin ! Tu peux bien faire ça pour moi. C’est mon gagne-pain… J’ai besoin d’en vendre plein moi…

Manuel – Je vois pas qui peut acheter ça, à part les vieilles mémés de 45 ans !

Cynthia – On n’est pas vieux à 45 ans ! Qu’est-ce que tu me fais là.

Manuel – Pour un homme non, mais une femme…

Cynthia – Tu vas te faire des ennemies dans la salle toi…

Manuel – M’enfin tu te rends compte que si quelqu’un me voit avec un soutif je vais avoir l’air de quoi moi ? Tu imagines si quelqu’un prend des photos ?

Cynthia – Des photos ? Tu viens de me dire que Noémie ne va pas revenir de sitôt et que tes enfants sont chez tes parents… Je ne vois pas où est le risque… Allez, s’il te plaît, soit sympa…

Manuel (Hésitant mais finalement trouvant ça drôle) – C’est bien pour te faire plaisir ! (Après un temps) Si on m’avait dit qu’un jour je me retrouverai dans la peau d’une meuf !

Cynthia – Oui. Enfin n’exagérons rien… Allez ! Enfile que je me rende compte de ce que la couleur donne au jour…

Manuel (Qui s’exécute avec beaucoup de malice) – C’est à moitié con à mettre ce truc… (Imitant une femme) Tu peux m’agrafer ?

Cynthia (Qui se prend également au jeu) – T’es vraiment débile comme mec ! Mais finalement t’es rigolo quand on te connaît bien !

Manuel se met alors à faire plein de jeux de scène comme s’il était en démo défilé sur une estrade et ce, bien entendu, en forçant le jeu et en exagérant fortement. Jusqu’au moment où, alors qu’il tourne le dos à la porte d’entrée pour faire un aller-retour, entre Géraldine…

Cynthia (Qui vient d’apercevoir Géraldine entrer et qui est restée sidérée dans l’entrée) – Hummm, hummm, hummm ! Je crois que…

Géraldine (Avec une grosse voix) – Moi aussi je crois… (Puis avec plus d’insistance mais sans monter la voix.) Je constate que mon gendre à un gros souci de personnalité. Pas la peine de vous gratter la gorge comme ça mademoiselle. (Puis avec une délectation de belle-mère revancharde qui va se faire un plaisir de moucharder) C’est Noémie qui va être contente de savoir tout ça…

Manuel (Qui se retourne brutalement et affolé autant que pétrifié de honte) – Aaaahhhhh ! Belle-maman !

Cynthia – Ah ! Vous êtes la maman de Noémie ?

Géraldine (Sèche et directe, sans commentaire possible en retour) – Ca vous pose un problème ?

Cynthia – Euh ! Non ! Pas du tout.

Manuel (A Cynthia, aggravant son cas) – Tu peux me dégrafer s’il te plaît Cynthia ?

Géraldine – Allez-y ! Continuez ! Faites comme si je n’étais pas là… (Ironique) Faut que je vous aide peut-être ?

Manuel (A Géraldine) – Ah non ! Surtout pas vous.

Cynthia (Qui ne sait plus où se mettre et quoi faire) – T’énerves pas Bichouquet ! Ca va s’arranger…

11 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Géraldine (Pendant que Cynthia ôte le soutien-gorge de Manuel) – Et en plus elle l’appelle Bichouquet… Je l’avais dit à ma fille qu’elle faisait une connerie en vous épousant…

Manuel – Bichouquet, Cynthia, tu n’étais pas obligée. J’ai carrément l’air con maintenant. (A Géraldine) Mais d’abord comment se fait-il que vous soyez entrée sans sonner ?

Géraldine – Vous n’avez pas besoin de ça pour avoir l’air con mon pauvre, je vous assure. Sachez que la porte était grande ouverte. N’importe qui peut entrer sans prévenir… Quel bazar ici.

Cynthia – Peut-être Noémie aura mal refermé la porte en repartant d’urgence tout à l’heure… ?

Manuel – Noémie fait toujours attention. Si la porte avait été grande ouverte, je l’aurais vu tout à l’heure en allant à la salle à manger.

Géraldine – Pffff ! Mon pauvre Bichouquet !

Manuel - Je suis certain Géraldine que vous êtres entrée comme ça sans prévenir. Vous vous croyez tout permis ici. (Haussant le ton) Mais vous n’êtes pas chez vous, alors va falloir cesser…

Géraldine – La porte était mal clanchée…

Manuel – Donc elle n’était pas grand ouverte…

Géraldine (Rehaussant brutalement la tête de manière autoritaire) – Ma fille m’a dit que je pouvais venir quand je veux. Que j’étais chez moi…

Manuel – Et moi je vous dis que vous n’êtes PAS chez vous et que vous ne pouvez pas rentrer comme ça. C’est MOI qui décide, pas vous.

Cynthia (Qui ne sait plus trop quoi faire) – Je vais peut-être vous laisser…

Géraldine – Vous voyez Manuel : votre poupée, elle a peur. Elle veut se barrer. Mais ça je vais prévenir ma fille que vous vous envoyez en l’air quand elle n’est pas là…

Cynthia (Qui se fâche) – Mais je ne vous permets pas madame. Moi aussi je vais prévenir Noémie de votre façon de faire et de vos mensonges. Je m’entends bien avec Noémie. On se dit beaucoup de choses…

Manuel – Et tac dans les dents !

La sonnette retentit.

Géraldine –Vous êtes sourd ! Ça sonne. Je vais aller ouvrir pour voir qui c’est…

Manuel – Je suis assez grand pour aller ouvrir tout seul. Et ça ne vous regarde pas de savoir qui vient chez moi !

Cynthia (Tout timidement et mollement) – Bien. Je crois que le moment est venu pour moi de prendre congés de tout le monde…

Géraldine (Alors que Manuel est parti ouvrir, prend son téléphone et fait une photo de Cynthia par surprise) – Voilà.

Cynthia – Mais qu’est-ce que vous faites ?

Géraldine – Je vais vérifier auprès de ma fille Noémie qu’elle vous connaît bien. Si ça se trouve vous me racontez n’importe quoi. Je ne suis pas née de la dernière pluie.

Manuel revient avec Jacques Bouyne, le monteur installateur de la nouvelle cuisine.

Manuel (A Jacques, désignant l’ensemble de la cuisine) – Alors voilà le lieu de la nouvelle installation.

Jacques Bouyne (A Cynthia) – Bonjour madame. Vous êtes la charmante épouse de monsieur j’imagine. (Puis à Géraldine) Bonjour madame.

Géraldine – Ah ! Vous voyez, même le monsieur sait que vous…

Cynthia (Refermant la valise et la prenant pour partir après avoir coupé net Géraldine) – Pour aujourd’hui c’est bon. Je pars.

Jacques – Ah ! Des petits soucis de couple. Madame fait sa valise !

12 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Géraldine – Mais de quoi je me mêle ! Je me présente, je suis…

Jacques – Ah vous êtes sans doute la grand-mère de monsieur !

Manuel – Et paf ! Pas volée celle-là !

Géraldine – Espèce de sale gougeât !

Cynthia (Embrassant Manuel pour lui dire au-revoir et saluant les autres) – Allez, bisous mon grand. Tu vois je fais attention de ne pas t’appeler Bichouquet ! Au-revoir monsieur dame. Et merci Bichouquet pour les essais.

Cynthia part avec sa valise.

Manuel (A Jacques) – Vous allez démarrer les travaux tout de suite, monsieur, monsieur Bouyne ?

Jacques – Je suis juste venu en repérage, prendre des cotes et vérifier que rien ne va poser de soucis… Je ne me suis pas présenté : Jacques Bouyne de la « Société des 3C » : « Cuisine, cuisine et encore des cuisines »…

Géraldine – Vous ne vérifiez rien avant ? Avec un nom comme le vôtre ça devrait pas être terrible.

Jacques (Sec) – L’installateur, c’est moi. Mais si vous voulez ma place, ne vous gênez pas…

Manuel – Laissez. C’est ma belle-mère. Il faut toujours qu’elle s’occupe de ce qui ne la regarde pas…

Géraldine – C’est sûr que vous étiez en meilleure compagnie avec l’autre dévergondée de tout à l’heure.

Manuel – Monsieur Bouyne, vous voulez faire quoi là ?

Jacques – Je vais reprendre et revérifier toutes les cotes. Ne vous occupez pas de moi. Je prends juste des mesures. Faites ce que vous avez à faire…

La sonnette retentit.

Géraldine (Supposant) – Ah ! On dirait que votre copine s’ennuie déjà de vous !

Manuel – J’ai mon 44 fillette qui me démange… Excusez-moi monsieur Bouyne…

Tandis que Géraldine pianote sur son portable, Jacques Bouyne sort un mètre et commence à prendre des mesures tout en notant sur un calepin alors que Manuel part ouvrir la porte d’entrée.

Géraldine (A elle-même) – Voilà. Je suis certaine que ça va bouger quand Noémie va recevoir ça…

Jacques (Inattentif) – Vous me parlez madame ?

Géraldine – Occupez-vous de vos centimètres et lâchez-moi les baskets…

Jacques – Ouh là. (Il reprend ses mesures tout en notant et en bousculant volontairement Géraldine) Faut vous pousser ma petite dame, y’en a qui bossent. Allez, à la niche !

Géraldine – Mufle ! Ca tombe bien faut que je parte.

Retour de Manuel avec Claude Comtant.

Manuel – Je vous en prie entrez monsieur. Monsieur comment vous m’avez dit ?

Claude Comtant – Je me présente, Claude Comtant. Je suis le premier adjoint du maire. Je souhaitais m’entretenir avec vous et votre épouse au sujet de l’aménagement du lotissement sur lequel vous avez construit votre maison.

Manuel – Je vous en prie. Rien de grave je suppose…

Claude – Je vais vous expliquer.

Géraldine – Moi, je dois partir. Mais vous pouvez me faire confiance Manuel, je vais repasser voir ma fille… A bientôt (Très moqueuse) …« BICHOUQUET »

Claude (Consultant son dossier) – C’est bizarre, moi j’ai Delerbe comme nom de famille, pas Bichouquet !

Jacques – Si je gêne, je peux vous laisser deux minutes, pas de problème.

Géraldine part, très hautaine et très autoritaire.

13 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Claude – Votre charmante épouse n’est pas là ?

Manuel – Elle a attrapé un peu la crève et a préféré aller consulter. Elle sera là d’ici une heure ou deux je pense. (A Jacques) Ca va comme vous voulez monsieur Bouyne ? (A Claude) Monsieur Bouyne va nous installer à partir de demain une nouvelle cuisine faite à nos mesures…

Claude – Si rien n’est démarré, ce n’est pas grave alors !

Jacques – Demain, demain. Faut voir. C’est pas encore sûr…

Claude – Ah donc je repasserai un autre jour alors car j’ai besoin que votre épouse soit présente. C’est assez important…

Manuel – Je vous offre un café, une boisson ? Et vous aussi monsieur Bouyne, vous voulez quelque chose ?

Claude – Oh non, je vous remercie. J’ai assez de stress comme ça sans prendre d’excitants.

Jacques – Moi non plus. Et de toute manière je ne carbure qu’au Ricard. Là c’est encore un peu tôt…

La sonnette retentit.

Claude – J’ai comme l’impression de ne pas être seul à vous rendre visite…

Manuel – C’est dingue ça. Quand est-ce que ça va s’arrêter. C’est la valse des entrées aujourd’hui.

Claude – Ecoutez, je vous laisse ! Je repasserai.

Jacques – Oui. Ca a l’air assez remuant chez vous.

Claude (Anodin mais suffisamment mystérieux) – Peut-être que ça va se calmer brutalement… La vie est tellement bizarre parfois… Il arrive qu’on ait des surprises…

Jacques – Monsieur fait de l’humour ou il a un gros dossier ?

Claude – Je n’ai pas un métier facile vous savez.

Jacques – Moi, j’ai un métier, un vrai, pas une occupation, comme vous…

Claude – C’est intelligent ça comme réflexion. Bien je vous laisse…

Manuel (Raccompagnant Claude, et allant chercher le suivant, tout en quittant la pièce on n’entend pas la fin de sa phrase) – C’est pire qu’un cabinet ministériel ici. Et moi qui doit…

Jacques (Se parlant à lui-même) – C’est remuant ici. J’espère que ça ne sera pas comme ça quand je vais venir installer. Moi, il me faut de la place pour bosser. Mais quand ils vont apprendre que tout est reculé de 15 jours, ça va certainement les calmer…

Entrée de Manuel avec Aline. Aline est habillée totalement hors norme. Rien n’est accordé et c’est vraiment du grand n’importe quoi. Exagérer au maximum dans le désaccord. Ca doit choquer au point de faire rire le public. Ne pas hésiter à délirer.

Aline – Je te dérange Manuel ?

Manuel – Non. Je t’en prie Aline. Tu voulais voir Noémie ?

Jacques (Qui s’arrête de bosser pour contempler Aline et, s’adresse en aparté au public) – C’est quoi cette horreur ?

Aline (A Manuel) – Ben oui. J’ai des trucs à lui raconter à Noémie. Mais si elle n’est pas là, je vais repasser…

Manuel – Tu me rendrais bien service Aline si tu pouvais attendre un petit peu. Noémie ne va pas tarder et moi je dois aller au bout de la rue acheter mon timbre PV. Je me suis pris un radar pour 1 km/h. C’est le dernier jour pour payer avant une majoration… Tu veux bien ?

Aline (Pointant carrément du doigt Jacques) – Ben oui ! Mais le monsieur là ?

Manuel – T’inquiètes. Il est juste là pour prendre des mesures avant d’installer demain notre nouvelle cuisine.

14 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Aline – Ah c’est demain que ça commence ! Noémie va être super contente. Allez vas-y, je te garde la maison. (Déconnant et faisant le geste) Si le monsieur n’est pas sage, je lui donne la fessée…

Manuel part en remerciant Aline.

Manuel – Cool Aline. Merci.

Jacques (Tout en continuant à noter ses cotes) – Vous connaissez bien ces messieurs-dames.

Aline – Ouais. On est potes depuis…. Pffffouuuuu ! Je sais plus.

Jacques (Malicieux) – Pour la fessée… c’est quand vous voulez hein !

Aline (Ignorant sa réflexion) – Vous avez commencé à démonter les meubles ?

Jacques – Ah non. Pas du tout.

Aline – La porte du buffet, c’est pas vous qui avez démonté ?

Jacques – Non. D’ailleurs si ça avait été moi, j’aurais rangé les capotes ailleurs qu’ici… En plein dans la vue de tout le monde. Mais bon, chacun fait ce qu’il veut chez lui.

Aline (Allant vérifier par elle-même sur l’étagère du buffet) – Ah oui. Vous avez raison. C’est bizarre. Surtout si les enfants tombent dessus. C’est pas malin. D’un autre côté, ils sont à la fraise donc ça va !

Jacques (Qui s’apprête à enchaîner sur l’histoire des préservatifs mais va se faire stopper net) – Et donc…

Aline (Stoppant net Jacques) – Stop. On s’arrête là. Inutile de continue. Ca ne m’intéresser pas. Vous avez du boulot. Si vous ne voulez pas prendre deux claques dans la figure, je vous conseille de reprendre votre mètre en mains et de vous remettre au boulot…

Jacques – Ca a le mérite d’être clair…

Aline – Et encore. Vous vous en tirez bien parce que là je suis gentille.

Jacques (Changeant immédiatement de sujet, il se met à siffler comme un ouvrier qui travaille sur un chantier) – Alors là on a…

Retour de Noémie surprise de voir Aline et l’installateur.

Noémie (Entrant déçue et faisant la bise à Aline) – Ah tiens Aline. Tu vas bien ? Bonjour monsieur.

Jacques (S’arrêtant et allant serrer la main de Noémie) – Bonjour madame. Je suis monsieur Bouyne pour la cuisine.

Aline – Oui, je vais bien Aline. Merci. Manuel m’a dit que tu allais rentrer et m’a demandé de patienter ici pendant qu’il est parti acheter un timbre amende ou je ne sais plus quoi…

Noémie – Ah oui, c’est vrai. Il s’est pris un radar pour 1 km / h. Ca l’a tellement énervé qu’il a attendu pour payer l’amende. Sauf que maintenant il risque une majoration…

Jacques (Alors que personne ne l’écoute ni ne fait attention à son intervention) –Ah, les PV !

Aline – Oui, c’est ça qu’il m’a dit… Tu n’as pas l’air trop en forme toi ?

Noémie – J’ai un peu la crève. J’étais partie chez le médecin. Arrivée là-bas on me prévient qu’il ne consulte pas parce qu’il a lui aussi la crève. Donc pas de consultation avant après-demain.

Aline – Ah ! Pas de bol. Tu vas faire comment ?

Noémie – Je vais aller à la pharmacie voir ce qu’ils peuvent me donner pour patienter. C’est pas non plus une crève d’enfer. Je vais prendre un relaxant pour dormir mieux et demain je verrais.

Aline – Courage !

Jacques (Tentant toujours de se mêler à la conversation sans succès) – Oui. Courage !

Noémie – Vous monsieur je suppose que vous êtes là pour commencer l’installation de la cuisine ?

Jacques – J’ai expliqué à votre mari que je faisais juste les dernières vérifications avant de commencer pour voir si tout était OK.

15 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie – Ah ! Et donc vous commencez demain ?

Jacques (Volontairement très évasif) – Faut voir ! Normalement la commerciale doit passer pour vous expliquer tout ça…

Noémie (Etonnée) – Il n’y a pas grand-chose à expliquer. Vous savez quand même si vous venez demain ou pas ?

Jacques (Se grattant la tête car très ennuyé à répondre) – Faut que je voie en rentrant à l’atelier comment on m’a positionné sur le planning.

Aline – Dis donc Noémie, on a vu avec le monsieur. Tu ne devrais pas laisser tes trucs ici bien en évidence dans ton buffet. Surtout maintenant qu’il manque une porte…

Noémie – Manuel m’a expliqué que la porte allait tomber. Mais c’est quoi les trucs dont tu me parles…

Aline (Allant au buffet et entraînant Noémie pour lui montrer les sachets) – Ca !

Noémie (Stupéfaite) – Qu’est-ce que c’est que ça ? N’importe quoi. Qui a mis ça la ? Allez hop, poubelle…

Aline – C’est pas à Manuel.

Noémie – Aucun risque ! Je n’aime pas la fraise et Bichouquet le sait.

Jacques – Excusez-moi !

Aline (Menaçante car elle pense que Jacques va encore faire une réflexion douteuse) - Un commentaire à ajouter ?

Jacques (Reculant de peur) – Non. Pas au sujet du fraisier mais comme j’ai finis mes mesures, je vais partir.

Noémie (Irritée) – Mais vous avez fait quoi au juste ?

Jacques – J’ai vérifié les cotes annoncées et j’ai pris des notes…

Noémie – Et…

Jacques – Et donc je rentre.

Aline – Alors, c’est autre chose que de dire des idioties hein !

Noémie – A quelle heure vous arrivez demain matin ?

Jacques – J’en sais rien. Mais de toutes façons ça ne pourrait pas être avant fin de journée, juste avant l’apéro quoi !

Noémie – Ben, c’est n’importe quoi…

Jacques – Ah ma petite dame, faut rigoler dans la vie. Si je fais de l’esprit, c’est que je suis un spiritueux !

Jacques, qui rassemble ses affaires, serre la main des deux femmes et quitte la scène sans autre forme.

Jacques – Allez, au-revoir mesdames. Et pensez à mettre des glaçons au chaud pour demain !

Aline – Il est un peu bizarre ce mec non ?

Noémie – Tu trouves ? Moi aussi je trouve. Et ma mère qui a essayé de me joindre je ne sais pas combien de fois depuis tout à l’heure… Elle est barbante des fois. Tu la veux pas, je te la prête !

Aline – Elle est collante parfois ?

Noémie – Oui. Et pas que des fois. Elle énerve Bichouquet. Ils ne s’aiment pas tous les deux. Ah ! En plus elle laisse un message. C’est quoi ?

Aline – Elle s’ennuie parce que ton père est parti en voyage d’affaires… C’est ça ?

Noémie – Elle m’envoie une photo de Cynthia en me demandant si je connais cette personne qui couche avec Manuel, car elle les aurait surpris tous les deux en soutien-gorge… Ca ne veut rien dire.

16 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Aline – Cynthia qui fait de la vente de lingerie féminine à domicile ?

Noémie – Mais oui. Tu la connais Cynthia. Elle est chiante ma mère quand elle s’y met. Elle n’a jamais aimé Bichouquet.

Aline – Oui mais de là à dire que Manuel couche avec ta meilleure copine…

Noémie – Ca va encore faire un tas d’histoires. C’est ma mère et je n’arrive pas à lui dire et lui faire comprendre que je ne suis plus sa fi-fille… Que maintenant j’ai une vie et qu’il faut qu’elle nous laisse tranquilles avec Bichouquet…

Aline – Tu sais quoi ?

Noémie – Non ? Je ne sais pas quoi !

Aline - Tu devrais lui renvoyer un message en lui disant que c’est toi qui a demandé à Manuel de coucher avec Cynthia…

Noémie (Sidérée par la proposition d’Aline) – Mais tu es malade toi ! Non seulement ma mère va faire un arrêt cardiaque mais Bichouquet va en profiter pour coucher avec Cynthia pour de bon…

Aline – Tu n’es pas obligée d’en parler à Manuel, ni à Cynthia. Surtout pas à elle d’ailleurs, elle serait capable d’en profiter aussi. Ta mère, doit comprendre que les mœurs de sa fi-fille comme tu dis ne sont plus les siennes…

Noémie – D’un sens t’as pas complètement tort.

Aline (S’engouffrant dans la brèche) – Tente ta chance ! Tu vas bien voir. Un jour ou l’autre il va bien falloir qu’elle coupe le cordon ombilical avec sa fi-fille ta mère…

Noémie – Elle n’est pas toujours comme ça. Mais à chaque fois que mon père part en voyages d’affaires, elle devient chiante…

Aline (Provocante) – Alors ! Tu te bouges ou pas ?

Noémie (Hésitante, mais partante) – Je te préviens que si ça marche pas tu vas dégager de ma vie toi…

Aline (Telle une pile électrique qu’on ne peut plus arrêter) – Allez, courage… Hé, en même temps tu lui dis que tu as retrouvé ses capotes à la fraise et qu’elle peut passer les chercher. Ca va l’achever !

Noémie – Oh ! On se calme…

Dans un grand silence, on voit que Noémie se saisit de son téléphone portable puis tapote quelques mots dessus alors qu’Aline est venue par-dessus son épaule pour vérifier ce qu’elle met. Aline sort un grand sourire très généreux de satisfaction. Au public, discrètement et en aparté, elle fait des grands gestes de la main pour montrer que Noémie fait vraiment son délire…

Aline – Ben voilà !

Noémie (Entre la honte et l’espoir) – Tu me fais faire de ces bêtises toi…

Aline (Dans un grand élan de moquerie complaisante) – En même temps, moi, je ne sais pas si j’aurais osé faire ça. Surtout le coup des capotes. On va bien voir. Ca va me servir de test à moi aussi…

Noémie (Dans un grand étonnement) – Tu te fous de moi là ?

La sonnette retentit.

Aline – Ah je crois que…

Noémie (Coupant) – Peut-être l’installateur qui a oublié quelque chose… Attends, je reviens…

Aline (Alors que Noémie part pour ouvrir, Aline se saisit discrètement du portable d’Aline pour vérifier ce qu’elle a vraiment mis en message, puis se parle à elle-même. Puis au public) – Oh ! Elle a vraiment mis tout ce que je lui ai dit… Oh la vieille surprise que sa mère va se taper… Moi, je disais ça pour blaguer moi… Pas pour qu’elle le fasse…

Noémie (Qui revient avec Marc Auraile) – Je n’ai pas bien compris votre démarche monsieur.

17 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Marc Auraile (A Aline avec un temps d’arrêt prononcé et charmeur sur Aline) – Bonjour charmante demoiselle !

Aline (Interloquée et agréablement surprise par Marc) – Bonjour monsieur l’électrificateur…

Marc (Encore charmeur en direction d’Aline) – Ah ! Je vois que le courant passe entre nous. Je blague. (Puis revenant à Noémie) Oui, je vous disais que je suis mandaté par la compagnie d’électricité pour faire des sondages de fiabilité (Faisant semblant de piocher dans une poche une carte qui identifie l’agent comme appartenant vraiment au service, mais en prenant bien soin de ne pas la sortir) Je vais vous présenter ma carte d’agent… si j’arrive à l’attraper…

Noémie (Tombant dans le piège) – Non c’est bon ! On voit bien que vous avez les habits de la compagnie. Cherchez pas. Donc ?

Aline (Les yeux pétillants et très intéressée par Marc, limite collante) – Ca leur va bien l’habit d’électricien je trouve… (Ne pas hésiter à rajouter du jeu de scène sur Aline attirée par Marc.)

Marc (A Aline) – Et encore mademoiselle, vous n’avez pas tout vu. C’est ce qui est dedans qui est formidable… Je blague. (A Noémie) Donc nous sommes en pleine campagne de vérification pour préparer notre future campagne d’installations des nouveaux matériels qui seront implantés dans chaque foyer relié à notre réseau et…

Noémie (Qui en a marre d’écouter sa litanie) – Abrégez. Là, vous voulez quoi ?

Marc – Je comprends votre impatience. J’ai juste besoin de faire des relevés dans chaque pièce de votre maison à l’aide de mon traçomètre pour noter la gradation des ondes négatives…

Noémie – Ah bon ! Ca existe ça ?

Marc – Oui. Vous voyez que votre réseau s’occupe bien de vous !

Aline (Soudain langoureuse et intéressée) – Et moi. Vous allez passer chez moi aussi pour me mesurer ? J’ai plein d’ondes positives à vous donner…

Marc (Pris à son piège) – Là comme ça je ne peux pas vous dire. Je vais regarder mon planning et vous me direz où vous habitez pour que j’aille vous capter…

Aline – Oh ouiiiiii ! Je sais très bien onduler vous savez !

Noémie (Spectatrice sidérée) – T’es pas bien Aline. Qu’est-ce qui te prend !

Marc – Si je peux rendre service à la demoiselle. Moi…

Noémie – Mais vos conneries là, ça va nous coûter combien ?

Marc – Rien du tout ma petite dame. D’ailleurs je ne vais même pas vous faire signer de documents… Je peux commencer mes relevés ?

Noémie – Oui, mais vous commencez par où ?

Marc (Regardant l’heure à sa montre) – Du coup je suis un peu en retard donc il faudrait au moins que je fasse les plus grandes pièces, salle, cuisine et au minimum une chambre.

Noémie – Ben euh… Pourquoi vous n’avez pas prévenu. Mon ménage n’est pas fait à fond…

(A cet instant, le portable de Noémie indique par un son qu’un message vient d’arriver. Noémie se jette dessus.

Noémie (A Aline) – Oh là ! C’est ma mère qui répond à mon message. Aline tu peux aller avec le monsieur dans la salle pour ses relevés. Je voudrais bien être tranquille deux secondes… Je sens que je vais devoir rappeler ma mère.

Aline (Saisissant la belle occasion de s’isoler avec Marc) – Ah ben oui alors. Venez avec moi monsieur. je vais TOUT vous montrer…

Marc – Ah, si vous me montrez tout ! Moi ça me va bien !

Les deux quittent la scène sous l’œil amusé de Noémie qui a bien repéré qu’Aline avait accroché au regard de Marc…

18 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie (Lisant stupéfaite un message et portant sa main au front) – Ouh là là là là là là. Ca ne s’annonce pas bien tout. Je vais la rappeler… (Noémie compose un numéro et porte l’appareil à son oreille. Puis après un bref bonjour, de toute évidence, elle n’a pas le temps d’en placer une) Allô maman… !

… - …

Noémie – Non, mais c’est…

… - … (Un long moment où elle ne peut en placer une et fait des gestes de la main et de la tête)

Noémie (Qui, après avoir longtemps écouté se fâche brutalement) – Bon ben maintenant ça suffit. Faut que tu me lâches les baskets aussi. On ne peut pas toujours être en train d’écouter tes bêtises. C’est avec Manuel, mon Bichouquet, que je suis mariée. Pas avec toi…

… - … (Qui a raccroché au nez)

Noémie – Allô… Allô… Tant pis. Elle a raccroché. Je vais la laisser cogiter, je sais que c’est elle qui va revenir…

A cet instant la sonnette retentit de nouveau. Noémie, très perturbée par l’incident va ouvrir mais oublie complètement que Marc et Aline sont chez elle. La scène reste vide quelques instants, le temps que Noémie revienne avec Jacqueline.

Jacqueline (Qui arrive de toute évidence de mauvais poil et qui sans se gêner balance bruyamment son gros dossier sur la table de la cuisine sans demander de permission. Puis se comporte en colonisatrice) – Faut qu’on parle. Je devais absolument passer ce matin pour vous donner la suite de notre affaire. Vous vous rappelez de moi, je suis LA commerciale qui a accepté de vous vendre votre cuisine…

Noémie (Qui retrouve malgré tout le sourire) – Justement, votre technicien est reparti d’ici il y a quelques minutes. Il a fait ses derniers relevés pour vérifier que tout serait bien prêt pour son intervention de demain…

Jacqueline (Qui pince le bec) – Il vous a dit demain ?

Noémie – Oui. Ce serait plutôt en fin de journée si j’ai bien compris. Il a même dit en rigolant que ce serait à l’heure du Ricard…

Jacqueline (Pas contente et sèche) – Ca ne m’étonne pas de lui. Il ne manquerait l’apéro pour rien au monde…

Noémie – Ah d’accord ! On verra ce qu’on peut faire pour lui. S’il ne lui manque que ça pour démarrer le chantier, on va lui mettre une bouteille complète de côté… Nous, c’est plutôt le week-end l’apéro…

Jacqueline – Voyons notre affaire…

Noémie (Enjouée mais stressée) – Oui. Allons droit au but. Vous ne pouvez pas savoir combien nous sommes pressés de voir notre nouvelle cuisine installée avec Bichouquet. D’abord parce que ça va nous changer la vie et puis aussi parce que ça représente un gros budget. C’est un gros investissement pour nous.

Jacqueline – Je comprends. M’enfin y’a pas de quoi casser la baraque non plus… Vous n’êtes pas les seuls… Faut sortir le dimanche ! De plus nous avons un petit souci d’approvisionnement du matériel…

Noémie (Inquiète à juste titre) – Je ne comprends pas ! Vous avez une drôle de méthode commerciale je trouve.

Jacqueline – La commerciale, c’est moi. Laissez-moi faire. Nous devions recevoir hier plusieurs cuisines pour plusieurs clients. L’usine qui fabrique en Allemagne a eu des mouvements de grève et…

Noémie (Tapant de ses poings sur la table) – Ah non !

Jacqueline – c’est comme ça ! Nous aurons 24 ou 48 heures de retard. Votre cuisine à l’heure qu’il est, se trouve encore sur la route.

19 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie – C’est pas trop grave ça, le temps que vous commenciez à désinstaller celle-ci, et tout va s’enchaîner impeccable !

Jacqueline – Sauf que nous sommes livrés directement sur l’entrepôt qui se trouve à Marseille. Nous devons organiser le rapatriement.

Noémie – Il ne faut pas deux jours pour venir de Marseille à ici. Dans le pire des cas une journée suffit.

Jacqueline – J’entends bien. Mais c’est que ce n’est pas simple que ça en a l’air. Si vous voulez aller la chercher sur votre mobylette, pas de problème !

Noémie (S’énervant) – Allez-y là, parce que je sens que vous tournez autour du pot.

Jacqueline – Donc, d’abord nous aurons un petit peu de retard. Pas 15 jours comme vous pourriez le penser. Non, non, non, maxi 8 à 10 jours sans doute si tout va bien.

Noémie – Mais vous m’avez dit 48 heures tout à l’heure !

Jacqueline – 48 heures pour que ça arrive aux entrepôts… (Autoritaire) Faut écouter quand je vous parle, on va pas y passer la nuit ! Bon après…

Noémie – Après quoi ?

Jacqueline – Ensuite, et toujours à cause de ces grèves, nous n’avons pas pu avoir les parements en bois de chêne de 27 mm d’épaisseur. A la place, je vais vous mettre du mélaminé compressé de 11 mm…

Noémie (Qui s’apprête à rouspéter) – Mais…

Jacqueline (Qui subitement devient toute mielleuse, gentille, prévenante car elle doit vendre sa drôle de salade) – J’ai anticipé votre réaction. Je vous rassure, j’ai pris la décision de vous faire tout ça au même prix quand même… N’ayez crainte, c’est du bois d’arbre aussi, mais pressé. Et pressé, quand on est à la bourre, ça aide…

Noémie (Complètement perdue et qui ne se rend pas compte de la supercherie) – Ah parce qu’en plus c’était pas le même prix ?

Jacqueline (Redevenant sérieuse et menaçante) – Vous rigolez. Ce que je vous DONNE, ce sont deux plaques de 3 mm entre lesquelles on a mis du carton DOUBLE cannelure renforcé avec un aluminium extérieur de 1/100e de millimètre… C’est pas beau ça… ?

Noémie – Je ne me rends pas compte de ce que ça fait. Et pour la couleur ? Parce que le chêne c’est quand même quelque chose de bien précis…

Jacqueline – On fera du mieux qu’on peut. Ne vous inquiétez pas, ce sera quelque chose de très ressemblant.

Noémie (Qui n’ose plus la contredire) – Ah !

Jacqueline (Constatant que l’entourloupe fonctionne) – De ce fait nous avons dû adapter aussi tous les appareils électroménagers qui allaient avec. Nous n’aurons donc pas de la marque que vous avez choisie. Ce sera toujours de l’allemand, mais de l’allemand fabriqué ailleurs.

Noémie – La marque c’est quoi ? Parce que nous on voulait absolument du Wasilapoule…

Jacqueline – Du Chinrgchangyang. C’est très bien aussi. C’est allemand aussi, mais de là-bas

Noémie – Ah ! Bon ! je vais en parler à mon mari parce que je crois qu’il y tenait beaucoup à sa marque…

Jacqueline (Poussant le culot au maximum) – Avec le cadeau que je suis en train de vous faire, le mieux, c’est de ne rien lui dire du tout. Il découvrira tout ça après qu’il ait signé la réception des travaux et que tout sera installé…

Retour d’Aline et de Marc qui reviennent des autres pièces…Mais Noémie, tellement prise par les explications de Jacqueline ne se rappelait même plus de leur présence et de ce fait sursaute littéralement de sa chaise lorsqu’ils apparaissent…

Aline (Toute guillerette) – Et voilà !…

20 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Jacqueline – Y’avait du monde qui nous espionnait ?

Noémie (En même temps que Jacqueline et faisant un bond de peur de sur sa chaise…) – Aahhhh ! c’est qui ?

Jacqueline – Faut pas vous mettre dans des états pareils ma petite dame !

Marc – J’ai l’impression que la petite dame ne se souvenait plus de nous !

Noémie – C’est vrai. Je ne me rappelais plus que vous étiez là. Mais qu’est-ce que vous avez fait pendant tout ce temps ? Vous étiez ou ?

Aline – Le monsieur m’a montré plein de choses. Et comme on a vu que tu étais occupée, je me suis permise d’aller avec lui dans toutes les autres pièces.

Jacqueline – Je vois que vous êtes tous très occupée. Je vais en profiter pour m’éclipser… (Trop contente de la situation, Jacqueline quitte discrètement la scène le regard ravi de l’arnaque qu’elle vient de vendre à Noémie.) (S’adressant au public) Si vous voulez que je vous donne des cours… (Elle part.)

Noémie (Complètement démoralisée) – Tout va mal. Entre ma mère qui vient de m’engueuler, la vendeuse de cuisine qui me dit que rien ne correspond à notre commande et toi qui débarque dans mon dos sans prévenir… Si j’étais cardiaque…

Marc – Ma mission est bien avancée. J’ai pu noter plein de choses. Je vous remercie madame (Les yeux pétillants de bonheur et la voix amoureuse) et vous mademoiselle d’avoir bien voulu m’accompagner dans cette maison pour que je puisse travailler… Au-revoir.

Noémie – Bon ben au-revoir. J’ai rien compris mais…

Aline – Il est pas mal ce mec ! Par contre j’ai pas compris pourquoi il fouillait partout dans les tiroirs et les armoires… !

Noémie – Quand tu dis qu’il t’a montré plein de choses… ce n’était quand même pas indécent… Et pas dans notre chambre…

Aline – Non. Il m’a juste montré comment fonctionnait son petit truc…

Noémie – Son petit truc…. ?

Aline – Oui ! Finalement, c’est jamais qu’un petit tuyau qui s’allonge. Il appelle ça un traçomètre !

Noémie (Calmant Aline) – Attend Aline. Tu t’es embarquée dans quoi là ?

Aline – Mais va bien falloir que je trouve un jour un mec qui veuille bien de moi. J’en ai marre d’être célibataire à la fin.

Noémie – Quand t’en as un tu ne sais pas le garder. Tout le monde te le dit : arrête de t’habiller comme un sac à patates. Sourire, ça suffit pas, faut qu’il ait envie de s’approcher plus près.

Aline – Moi qui croyais avoir des amies, des vraies de vrai. Vous me dites toutes les mêmes choses. C’est un complot…

Noémie – Un complot ou la vérité ? Parmi tes meilleures copines, combien sont mariées avec des beaux mecs et ont des enfants ?

Aline (Réfléchissant et comptant sur ses doigts) – Cinq !

Noémie – Tu crois vraiment qu’on a tort à cinq contre toi ?

Aline (Relevant la tête au ciel) – Faut que je réfléchisse.

RIDEAU

21 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

ACTE II

A l’ouverture du rideau, nous sommes toujours le mardi dans la cuisine et la grande pendule indique cette fois-ci 16 h 30. Noémie est en train d’essayer de reposer la porte du buffet mais s’y prend si mal que rien ne va. Surtout qu’elle tient la porte à l’envers, c’est-à-dire que la porte est tête bêche et en plus l’intérieur à l’extérieur et vice versa. Elle s’énerve.

Noémie (Très énervée et qui va si fort qu’elle cogne ladite porte) – Vas-tu rentrer dans ton logement saleté de porte de…

La sonnette retentit. Du coup Noémie jette littéralement la porte dans un coin de la pièce sans se préoccuper de l’état dans lequel elle va la retrouver. Puis elle se dirige vers la porte pour accueillir les arrivants.

Noémie (De retour avec Claire Michu et Clara ) – Bonjour Claire. Bonjour madame.

Claire (Qui fait la bise à Noémie et présente Clara) – Bonjour miss. Je te présente Clara Mayle.

Clara (Serrant la main de Noémie) – Bonjour madame… Alors je vous précise tout de suite que mon nom s’écrit M.A.Y.L.E et pas comme un e-mail.

Claire – Moi j’ai pensé aux caramels, mais apparemment c’est pas ça !

Clara – Je ne suis pas mécontente d’avoir épousé, le hasard aidant, un homme qui s’appelle Mayle et qui est d’origine anglaise.

Noémie (Qui trouve une bonne excuse pour proposer un café) – Je peux te proposer un café à toi Claire et ton amie. Comme tu vois, le plus dur est fait, la porte du buffet est grande ouverte. Y’a plus qu’à se servir…

Claire – C’est original comme décoration. Que vous est-il arrivé ?

Noémie – C’est rocambolesque. Ce matin Manuel a juste eu le temps de rattraper la porte qui tombait. Depuis on n’a pas eu le temps de la remettre et ça me gonfle.

Clara – Le mieux c’est peut-être d’envisager un remplacement, non ?

Noémie –Nous avons un cuisiniste qui doit venir, mais on ne sait plus quand, pout nous installer une nouvelle cuisine toute neuve et à nos mesures.

Claire – Ah oui, c’est vrai. Tu m’en avais parlé… Tu as la photo ou le schéma que je voie…

Après un geste pour signifier son accord, Noémie quitte la scène quelques instants.

Clara – Donc, si je comprends bien, vous êtes à la fois voisine mais aussi amies ?

Claire – Amie, c’est peut-être un bien grand mot. Nous avons construit et emménagé sur le terrain d’en face quelques mois après eux et donc on se croise très souvent.

Clara – Et vous pensez qu’elle est réceptive aux problèmes de l’écologie ?

Claire (Qui se lève pour aller voir de plus près le fameux buffet sans porte) – Je ne les ai jamais vus trier. Je ne suis pas là non plus pour les espionner. (S’approchant du buffet pour constater l’état des charnières) C’est vrai que vu l’état des charnières de porte, son meuble doit dater de Jésus-Christ… (A cet instant on entend très clairement un bruit de tasses ou verres ou autre qui vient de tomber puisqu’une étagère du meuble de cuisine s’est écroulée alors que Claire est justement à côté).

Clara (Qui sursaute) – Qu’est-ce qui se passe ?

Claire (Qui se recule d’un saut de devant le buffet) – Je n’ai touché à rien pourtant. C’est quoi ce bazar…

Noémie (Qui revient en courant après avoir entendu le bruit) – Qu’est-ce qui se passe ?

Clara (Rigolant) – C’est Jésus-Christ qui vient d’accomplir un miracle…

Claire (Qui s’est éloignée du buffet très loin et désigne, bras tendu du doigt le buffet) – Je crois qu’il y a quelqu’un qui se cache dans ton buffet.

22 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie – Hein ?

Claire – Et à mon avis, il vient de faire un malaise…

Noémie (Se dirigeant vers le buffet doucement et ouvrant très lentement l’autre porte de celui-ci comme si quelqu’un allait surgir brutalement) – Il n’y personne, qu’est-ce que tu me racontes.

Clara – Je crois que votre étagère a eu une légère indisposition…

Noémie (Constatant) – On dirait qu’elle est, comment dire pas indisposée, mais plutôt dérangée…

Claire – C’est tout l’effet que ça te fait ?

Clara – Faut recycler, il n’y a que ça de vrai…

Noémie (Qui reprend délicatement tous les verres ou tasses qui sont en fait juste renversés et les redépose un à un sur la partie basse du buffet) – Je crois que j’ai de la chance et que je ne m’en tire pas trop mal. Pas trop de casse.

Claire (A Clara) – Recycler, recycler… Il faut recycler… Hein Clara !

Noémie – Il n’y a rien à recycler dans ce vieux truc tout moche. En plus c’est ma belle-mère qui nous a refilé ça et je préférerais qu’on recycle la belle-mère plutôt que le buffet…

Claire – Nous avons toutes le même souci si je comprends bien. Moi, la mienne de belle-mère, c’est une horreur. Elle est tout le temps en train de surveiller si je ne suis pas partie avec un autre homme que son fils.

Clara – La mienne ne m’aime pas non plus et répète à qui veut bien l’entendre que son fils n’aurait jamais dû se marier avec moi…

Noémie – Je connais. Je connais bien le problème. Hélas.

Clara (A Claire en aparté et discrètement) – Vous pensez qu’on peut entrer dans le vif du sujet ?

Claire (Alors que Noémie, prise par le nettoyage de son étagère n’entend pas vraiment) – Aucune idée de savoir si elle est écolo ou pas. Dans notre lotissement, tout le monde est respectueux de la planète et donc très sensible aux arguments que vous allez développer…

Clara – Je vais me lancer alors…

Claire – Pas de soucis. Je le sens bien. Elle va vous le signer son engagement à faire des efforts supplémentaires de tri.

Clara (A Noémie) – Je m’excuse de vous déranger donc, surtout que vous êtes en plein rangement et en plein tri de votre vaisselle…

Noémie – Je suis désolée, je ne vous écoute pas trop. C’est un peu malpoli de ma part…

Clara – Alors voilà, si je suis venue avec votre voisine Claire Michu, c’est parce que je représente la société des « Amis de la terre ».

Noémie – C’est quoi ça ? C’est un truc pour le commerce équitable ?

Clara – Alors pas exactement.

Claire – Mais on n’en est pas loin.

Noémie (Qui décide de s’arrêter pour écouter Clara) – Je vous écoute !

Clara – Voilà. J’imagine que, comme toutes les bonnes mères de famille et toutes les bonnes épouses, vous êtes attentive au bien-être de ceux que vous aimez…

Noémie (Qui commence à avoir un doute) – Ben oui Banane, forcément !

Claire – Pourquoi « banane » ?

Noémie – Parce que je n’avais pas autre chose sous la main… Et ?

Clara – Vous êtes donc attentive à l’écologie ?

23 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie (Qui se lâche dans une grande négation) – Alors pas du tout. Mais alors pas du tout de chez pas du tout… Je serai écolo lorsque les écolos seront eux-mêmes écolos. Et ça ce n’est pas près d’arriver. Vous avez déjà vu des écolos rouler à vélo tous les jours vous ?

Claire –Noémie, tu fais quand même bien le tri dans les poubelles ?

Noémie – M’en fous complètement. Rien à cirer !

Clara – Mais enfin, c’est obligatoire normalement !

Noémie – Obligatoire ou pas, moi je fais pas. Leur tri ils n’ont qu’à commencer par en faire en réduisant les emballages dans les rayons du magasin… Déjà qu’on les paie les emballages, alors si en plus il faut les trier… Et puis quoi encore ?

Clara – Mais sans les emballages impossible de reconnaître les produits entre les marques.

Claire – Ben oui !

Noémie – D’accord. Faut arrêter les conneries. Autrefois, les cartables duraient plusieurs années et ils étaient solides. Maintenant, ce sont les enseignes qui vous incitent à en changer en vous reprenant le « vieux » de l’année passée… C’est écolo ça ?

Claire – C’est juste un exemple ce que tu dis…

Noémie – Le papier s’achète 70 centimes le kilo et le marchand te le revend à 20 euros le kilo quand il emballe et pèse ta viande. Je peux continuer mes exemples, j’en ai plein…

Clara – Les écolos roulent, je suppose, dans des véhicules écologiques ou électriques…

Noémie – Ah ouais ! Et alors, pour fabriquer les batteries de stockage électrique, ça se fait en claquant des doigts ?

Claire – Tu ne peux pas léguer à tes enfants une planète polluée ?

Noémie – Polluée par qui d’abord ? Par les grosses firmes qui ne pensent qu’à faire du fric sur ton dos et qui se foutent royalement de ton écologie. C’est l’argent qui domine le monde, pas l’écologie.

Clara (A Claire et dépitée) – C’est pas gagné !

Claire – Pourtant…

Noémie – Donc si c’était pour que j’adhère à un parti écologique… C’est mal barré… Je suis désolée.

La sonnette retentit. Noémie part dans le couloir pour ouvrir, laissant Clara et Claire seules quelques instants.

Claire – Je crois que ça a sonné…

Noémie quitte la scène pour aller ouvrir.

Clara (En confidences) – Quand je pense que c’est pour avoir dit la même chose que votre amie que j’ai été condamnée à 60 heures de travaux d’intérêt général sur l’écologie…

Claire – C’est quoi au juste cette condamnation ?

Clara – J’ai été condamnée à 60 heures de démarches écologiques pour avoir dit qu’un gros PDG d’un groupe français qui prétendait être très écolo était en fait plus pollueur que tous les autres. Problème c’est que je n’ai jamais pu le prouver au tribunal.

Claire – Ah ! Mais pourquoi faire signer tous ces formulaires alors. Si c’est contraire à vos idées ?

Clara – A chaque fois que je ramène un formulaire signé, j’ai le droit d’enlever une heure de de travail d’intérêt général. Et là j’en suis à 10. Donc il j’ai gagné 10 heures.

Claire – Donc en fait, moi, vous m’avez fait signer par intérêt, pas par écologie ?

Clara – Oui.

Claire – Mais est-ce que vous êtes écolo au moins…

Clara – Pas du tout. Je suis aussi écolo que votre amie en fait…

24 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Retour de Noémie avec Aline. Et là, c’est carrément le pompon car Aline, croyant bien faire, s’est carrément ridiculisée dans son choix de vêtements. Il faut vraiment mettre des fringues totalement ridicules du genre vert fluo pour le haut et jaune fluo pour le bas, avec maquillage à outrance, sac ridicule, enfin la totale quoi… Ne pas hésiter à exagérer.

Noémie – Je vous présente Aline, mon amie. Claire et puis Clara je crois…

Aline – Bonjour !

Clara – Bonjour madame !

Claire – Bonjour ! Vous êtes professeure de cirque je suppose ?

Aline – Non, pourquoi ?

Noémie – Tu voulais quoi Aline ?

Aline – Je voulais te voir pour te demander un conseil !

Clara – Bien, je pense que mon intervention auprès de vous se termine. Vous me raccompagnez Claire ?

Claire – Oui, nous allons te laisser Noémie avec madame. C’est vraiment super de se déguiser comme ça pour faire rire nos bambins… Allez, au-revoir.

Les deux femmes quittent la scène.

Aline – Tu vas participer à un truc sur les clowns ?

Noémie – Non. Pourquoi ?

Aline – Je n’ai rien compris. Une t’as demandé si tu étais professeure de cirque et l’autre qui t’a remerciée parce que tu vas te déguiser pour faire rire les bambins. Je ne comprends rien.

Noémie (Qui n’a pas envie d’expliquer) – C’est pas grave. Cherche pas. Tu voulais quoi ?

Aline – Je voulais ton avis sur ma nouvelle tenue. J’ai tenu compte de tes remarques de ce matin et j’ai décidé de faire des efforts vestimentaires… Alors tu me trouves comment ?

Noémie (Sidérée et prenant son temps face au public) – Facilement repérable…

Aline – Donc tu préfères ?

Noémie (Changeant presque de sujet) – Pourquoi tu as mis un énorme décolleté. C’est limite qu’on voit tes seins ?

Aline (Montrant du doigt) – Regarde sur le haut de mon front, l’énorme bouton noir que je n’arrive pas à cacher…

Noémie – Ah oui dis donc. Alors dans ce cas, impossible de laisser les yeux d’un mec aller sur ton gros bouton noir. Tu as raison, il vaut mieux qu’il se venge sur ton décolleté…

Aline – Ah ! Tu me rassures. J’ai vraiment eu peur d’être mal arrangée…

Noémie – Alors par contre… pour la tenue vestimentaire… si tu pouvais…

Noémie n’ pas le temps de finir sa phrase que Manuel entre, suivi immédiatement par Claude Comtant.

Manuel (Présentant Claude à Noémie) – Chérie, je te présente monsieur Claude Bontemps…

Claude – Excusez-moi. C’est Comtant pas Bontemps. Mais ce n’est pas grave…

Manuel – Désolé. Donc monsieur Tentant est passé dans la matinée et voulait absolument nous parler. (A Aline) Tiens tu essaies des costumes pour carnaval Aline ?

Claude (A Noémie et Aline en leur serrant la main) – Bonjour madame, bonjour mademoiselle. (Puis à Aline seule) Ca m’intéresse votre histoire de carnaval car à la mairie on cherche justement des idées dans ce sens… On envisage un défilé carnavalesque pour l’an prochain !

Aline (Qui ne comprend décidément rien) – Mais je ne comprends pas. Et pourquoi la mairie ?

Claude – Je suis le premier adjoint au maire et de ce fait, je chapeaute la commission culturelle. Mais aujourd’hui je suis venu pour m’entretenir avec monsieur et madame Delerbe.

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Noémie – Ah oui, Manuel m’en parlé pendant le déjeuner… J’espère qu’il n’y a rien de grave. On paie nos impôts, tout quoi.

Aline (Qui se rend compte qu’elle gêne) – Bon, je vais peut-être vous laisser avec monsieur le maire…

Claude (Corrigeant Aline) – Maire adjoint. C’est gentil quand même de me donner de la promotion… Je ne voudrais pas vous faire fuir. Si monsieur et madame Delerbe avaient une pièce où je puisse m’entretenir à part…

Aline – J’ai compris. Je vais vous laisser tranquilles. Je vais repasser plus tard Noémie. J’ai encore besoin de ton avis.

Manuel (Prévenant) – Aline, tu ne vas tout de même pas repartir habillée comme ça avec tes habits de…

Claude – C’est pourtant charmant comme déguisement…

Noémie (Qui coupe la parole à Manuel) – T’occupe pas de ça Bichouquet… Laisse Aline.

Aline (En faisant un grand coucou à tout le monde) – Coucou, à bientôt…

Claude (En direction d’Aline) – Lorsque vous avez cinq minutes, passez me voir à la mairie, vous demandez Claude Comtant le premier adjoint. Je vous recevrai avec plaisir…

Manuel – Ah la vache, tu as vu le décolleté qu’elle se paie…

Claude – Vous avez raison. On ne peut pas le rater…

Manuel – Non !

Claude – J’avoue que le costume plus le décolleté, ça aide à prendre des décisions…

Noémie (sèche en direction de Claude) – Vous n’êtes pas venu pour nous parler du décolleté d’Aline j’imagine.

Claude (Se ressaisissant) – Euh non. Vous avez raison. Alors voilà !

Noémie – On vous écoute. Tiens au fait Bichouquet, pendant que j’y pense, il faudra que tu remettes l’étagère du buffet car elle vient de se casser la figure et tout est tombé par terre…

Manuel – Manuel, pas Bichouquet s’il te plaît. Les agrafes n’ont pas tenu alors… J’avais mis plein d’agrafes sur le côté puis j’avais repeint…

Noémie (Qui part subitement voir sur les côtés du buffet) – Mais le pire c’est que c’est vrai !

Claude – Vous auriez peut-être dû mettre des petits tasseaux. Ils font des très bonnes colles maintenant.

Manuel – Ah oui, je n’y avais pas pensé. Mais sinon vous êtes là pourquoi ? Vous m’inquiétez.

Claude – Alors voilà, lorsque vous avez acquis votre terrain pour construire votre maison il y a quelques années, vous aviez choisi la parcelle numéro 4. Qui est d’ailleurs fort bien exposée puisque c’est la seule qui a un accès vers les champs de monsieur Mariette.

Manuel – Oui, c’est la seule qui a un peu d’indépendance… Un peu en retrait des autres !

Noémie – C’était surtout la seule qui n’avait pas de vrai vis-à-vis et qui donnait plein soleil l’après-midi. Mais c’est normal, nous étions les premiers à choisir aussi.

Claude – C’est vrai. Et je peux vous dire que vous avez fait beaucoup d’envieux.

Manuel – Et c’est tout ce que vous aviez à nous dire ?

Claude – Non. Vous savez aussi que les travaux pour la création de ce lotissement avaient été engagés par l’ancienne municipalité…

Manuel – Oui. D’ailleurs c’est peut-être mieux de les oublier eux. Vu toutes les magouilles qu’ils ont faites…

Noémie (Soudain inquiète et plus menaçante) – Je le sens pas votre truc. J’ai l’impression de vous voir venir. Je vous préviens il est hors de question de supprimer une partie de notre terrain et justement celle qui donne sur le champ de votre agriculteur…

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Claude – Non. Nous n’allons pas supprimer une partie du terrain.

Manuel – Ah ! Noémie tu m’as foutu les trouilles d’un seul coup.

Claude (Dans ses petits souliers) – En réalité… c’est la totalité du terrain qui se trouve ne plus être constructible…

Manuel – Nous on s’en fout, la maison est déjà dessus…

Claude – Il se pourrait que le tribunal décide que vous seriez contraints de…

Manuel (Se faisant très menaçant soudain) – Contraints de quoi ?

Claude – Par jurisprudence dans un autre jugement identique de l’an dernier et dans une autre ville, il y a eu obligation de démolir tout ce qui se trouve sur votre terrain et une partie du terrain de vos voisins.

Noémie (En furie et à Manuel) – Attrape-le et jette-le par la fenêtre…

Claude (Dans un grand mouvement de recul et de peur, mielleux) – Ca ne doit pas être une bonne journée pour vous n’est-ce pas… !

Manuel – Mais il se paie notre tête en plus…

Claude – Mais non, mais non. C’est monsieur le maire qui devait venir en personne pour vous annoncer la nouvelle, mais il m’a dit que ça passerait mieux si c’était moi…

Noémie – Manuel. Donne-moi la grande casserole que je lui mette des coups sur le carafon…

Manuel (Qui se précipite dans le bas du buffet et en sort une grande poêle qu’il tend à Noémie) – Tiens Noémie, (Avec un grand rire nerveux et très insistant) Fais-toi plaisir…

Noémie (Qui s’apprête à donner de grands coups de poêle est stoppée par la sonnette qui retentit) – je vais vous aplatir après…

Manuel – Je vais ouvrir… Bougez pas, vous êtes notre otage maintenant…

Alors que Noémie, le bras levé tenant la poêle menace Claude en le tenant en respect dans un coin de la pièce, Manuel part ouvrir et revient avec Géraldine…

Géraldine (Qui entre tout sourire, tonitruante et, contemplant la scène) – Ah ! Vous allez faire des crêpes ? Je vois que vous avez la bonne pâte !

Noémie (Gênée de sa position devant sa mère et baissant les bras) – Ah non ! Pas toi !

Manuel – Tu fais quoi Noémie. Tu baisses la garde…

Géraldine (Entravant sans le savoir, mais avec beaucoup de présence les gestes de Noémie et Manuel qui se retrouvent bloqués devant elle, alors que Claude bénéficie d’une « possibilité » de sortie) – Si vous faites des crêpes, alors moi je suis venue vous annoncer une bonne nouvelle !

Claude – Ah non ! Pas vous aussi !

Manuel – Je crains le pire.

Claude (Qui n’osait plus bouger se fait un chemin très discrètement et en profite pour quitter la pièce) – Au-revoir. (Criant plus fort en s’éloignant vers la porte de sortie) Je vais vous envoyer monsieur le maire. Il est plus grand et costaud que moi… Il mesure 2 m 05 pour 120 kg…

Manuel (Qui tente de passer en force contre Géraldine) – Je vais vous rattraper. Vous ne perdez rien pour attendre.

Géraldine (Attrapant la poêle que Noémie tient encore dans sa main) – Donne-mo i ça, tu vas finir par blesser quelqu’un avec ça…

Noémie – Mais dis donc maman, tu m’as raccroché au nez ce matin ?

Géraldine – Oui. Ah tu sais, mon téléphone ne fonctionne pas toujours très bien.

Manuel – Ca dépend surtout comment ça vous arrange…

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Noémie – C’est le moment de parler franchement maman. Manuel est là. Tu vas pouvoir répéter ce que tu m’as dit au téléphone ce matin à propos de Cynthia…

Manuel (A Géraldine et la fusillant du regard) – Qu’est-ce vous avez encore dit comme connerie vous…

Géraldine (A Manuel) – Alors vous ce n’est pas le moment de la ramener Bichouquet. J’ai seulement dit que vous aviez piqué le soutien-gorge de la dame qui était là et que je trouvais ça bizarre…

Noémie (Retoquant sa mère) – Non maman, ce n’est pas ce que tu as dit…

Manuel – Lorsque ta mère est passée ce matin, j’avais enfilé l’un des nouveaux modèles que Cynthia doit vendre et dont elle n’avait jamais vu la couleur à la lumière du jour. Bon, c’est vrai que quand on ne sait pas, ça peut surprendre. Mais Cynthia, c’est son métier et tout le monde le sait. J’ai juste voulu lui rendre service à Cynthia. Point barre.

Géraldine – C’est ce que j’ai dit…

Noémie – Non. Ce n’est pas ce que tu as dit. Regarde Manuel droit dans les yeux et avoue…

Géraldine (Qui a décidé de ne pas donner de suite à l’interrogatoire change carrément de sujet) – Alors donc la bonne nouvelle c’est que ce que ton père t’avais promis, Noémie, hé bien c’est bon, ça marche…

Manuel – Oh là, c’est quoi cette histoire ?

Noémie – Ce que papa m’avait promis… Il ne m’a jamais rien promis ?

Géraldine – Mais si, à Noël l’an passé… Il t’avait dit que ce serait bien de mettre une petite piscine sur votre grand terrain… Tu ne te souviens plus ? C’est vrai que tu avais tellement bu…

Manuel – Vous tombez vachement bien. On n’a plus de terrain. Fini. Kapout. Foutu. Plus de terrain, plus de maison, plus rien… Manque de bol, ils ne m’ont pas supprimé la belle-mère !

Géraldine – Ah ! Il vous reste la nouvelle cuisine quand même…

Noémie – Même pas. Ils ont 15 jours de retard et en plus il n’y a plus rien qui correspond à la commande qu’on a faite…

Manuel – Qu’est-ce que tu racontes Noémie ?

Noémie – Je n’ai pas eu le temps de t’expliquer ce midi, mais la commerciale qui nous a vendu la cuisine est passée et elle a tout changé… …Pour le même prix qu’elle a dit…

Géraldine – Et moi qui venais pour vous annoncer une bonne nouvelle. Enfin si vous faites des crêpes. Au fait le monsieur qui est parti en courant, c’était qui ? Il me semble que je l’ai vu passer ce matin déjà chez vous. Non ?

Noémie – Maman, faut vraiment que tu arrêtes de te mêler de tout ce qu’on fait. C’est Manuel mon mari et mon amour, pas toi. Le monsieur c’est l’adjoint au maire venu nous annoncer qu’on avait construit sur un terrain non constructible.

Manuel – Et donc il faut abattre la maison…

Géraldine – Ah c’est rien ! Faudra qu’ils fassent attention à ne pas abîmer la nouvelle cuisine. Tu sais bien que le maire est un ami de ton père. Ca va s’arranger. On va l’inviter à prendre le café à la maison et en échange il annulera ton truc bidule… Voilà !

Manuel (Dépité) – Comme tout est simple.

Nouveau retentissement de sonnette.

Manuel – Mais ça ne s’arrête jamais là-dedans. On a plus de visite depuis ce matin que depuis les trois derniers mois. C’est quoi cette horreur ! Ca commence à bien faire… Tu y vas Noémie ?

Noémie part ouvrir

Géraldine (Timidement à Manuel) – C’est remuant chez vous ? On n’a pas habitué notre fille à ça.

Manuel (Très sec et sans concession) – Oui. Chez nous c’est remuant. Parce que, contrairement à vous on n’a pas l’esprit guindé comme les petits vieux… Si vous voyez ce que je veux dire…

28 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Géraldine (Dans un haussement d’épaule) – Pas la peine de vous mettre dans des états pareils. Vous feriez mieux de remettre une porte à votre buffet de cuisine… (Après un petit temps) Bichouquet !

Noémie (Revenant avec Marc Auraile) – Mais vous êtes déjà passé ce matin monsieur, on ne va pas vous laisser camper dans la maison tout de même… Que voulez-vous encore ?

Géraldine – Ah on peut dire que ça défile ici…

Marc – Bonjour monsieur dame. Je ne suis pas revenu pour le travail. Ce matin la charmante dame qui m’accompagnait devait me donner ses coordonnées et je suis parti sans. Vous pouvez peut-être m’aider ?

Manuel – C’est qui ce monsieur Noémie.

Géraldine (Qui a peur que ce soit un amant de sa fille) – Ben répond. Enlève le doute.

Noémie – Je ne sais plus trop bien. Je sais juste que c’est un mec qui a plu à Aline et s’accroche à elle. On n’a pas à vous donner ses coordonnées. Débrouillez-vous. Je ne sais pas qui vous êtes…

Géraldine – Il a une drôle de tronche je trouve !

Manuel – Pour une fois que quelqu’un s’intéresse à Aline ! Tu devrais être plus clémente Noémie.

Géraldine – Aline, Aline, ce n’est pas votre copine qui est toujours fagotée comme un sac à patates ?

Marc – Ce n’est pas gentil pour elle. Mais je le lui dirais de votre part.

Géraldine – Et puis quoi encore ?

Manuel – De quoi je me mêle belle-maman ?

Noémie – Tu as peut-être raison Manuel. Bon, je vous donne juste un téléphone portable. Rien d’autre. (Noémie note sur un bout de papier un numéro et le tend à Marc). Allez, maintenant dehors…

Marc (Evidement heureux) – Merci mille fois monsieur dame. Je vous remercie vraiment infiniment. Je m’en vais. On se reverra peut-être donc en compagnie d’Aline donc…

Marc part.

Géraldine (Moqueuse) – Il n’est pas fini lui !

Noémie (Qui semble réfléchir) – Je viens d’avoir une idée Manuel. On ne peut pas laisser passer ça.

Manuel – Quoi ? Laisser passer quoi ?

Noémie – Moi cette histoire de démolition de la maison, je peux pas vivre avec ça. Tu viens avec moi. On va tout de suite à la mairie et on va semer la panique là-bas. Il faut que ça bouge tout de suite. Nom d’une pipe.

Manuel – Oui. Tu as raison. On le fait. Et tout de suite.

Géraldine (Voulant encore se mêler de tout) – Et moi, je viens avec vous ?

Manuel (Irrité et menaçant envers Géraldine) – Ah non ! Surtout pas.

Noémie – Maman, tu restes là. La mairie est à 5 minutes à pied. On revient très très vite. Toi, tu restes là à garder la maison.

Manuel – Et surtout, surtout, surtout, vous vous mêlez de ce qui vous regarde et VOUS NE FOUTEZ PAS LE SOUC !

Géraldine – Ca sent la vengeance. Et puis dis, ma fille, ne laisse pas ton mari tout dire. Si c’est lui qui cause, vous allez encore vous faire avoir…

Noémie et Manuel quittent la scène. A ce moment, le téléphone portable de Géraldine émet un son qui signifie qu’un message vient d’arriver pour elle.

Géraldine (Sortant son téléphone de son sac à main) – Ah. Qui m’envoie un message ? (Elle lit de toute évidence) Ben je croyais que tu devais rentrer demain soir… Attends que je te réponde mon

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grand (Elle tapote durant quelques secondes) Voilà ! Je vais t’en donner des excuses pour ne pas rentrer à la maison moi… Non mais !

La sonnette retentit et Géraldine hésite un instant avant de se lever pour aller ouvrir.

Géraldine – C’est pas interdit d’aller ouvrir… Et puis je veux savoir qui vient chez eux comme ça toutes les 5 minutes… C’est d’un CHIANT quand ça sonne toutes les trente secondes… Ah j’aimerais pas ça moi… On se croirait dans une boutique de passe !

Géraldine revient accompagnée de Jacqueline et Jacques.

Géraldine – Je vous préviens que ma fille… et accessoirement celui qui me sert de gendre ne sont pas là !

Jacques – Je me souviens, je vous ai vu ce matin madame. Vous êtes la grand-mère des propriétaires… C’est ça ?

Géraldine – NON, monsieur, ce n’est pas ça. Je ne suis pas la grand-mère des propriétaires… Ca vous défrise ? Peau de cerise !

Jacqueline – Voyons Jacques. On voit bien que madame n’est plus toute jeune. De là à être la grand-mère…

Géraldine – Ca commence pas bien pour vous. Le monsieur, je me rappelle bien de vous, mais l’autre là, la pétasse qui vous accompagne, c’est qui ?

Jacques – Ouh là…

Jacqueline – Mais dites donc ! (Vexée) Etre client ne vous autorise pas à dire n’importe quoi !

Jacques – Deux forts caractère ensemble, ça pas bien se terminer !

Géraldine (Très autoritaire) – Si ça vous plaît pas, cassez-vous… M’en fous je suis pas chez moi…

Jacques (Recadrant Géraldine) – Ils vont être contents les proprios si on leur dit que vous avez refusé qu’on fasse notre travail et que donc on ne pourra plus revenir avant six mois…

Jacqueline – Oui, c’est vrai, vous n’êtes pas la propriétaire. Alors si vous me cassez les pieds, je repars et j’envoie un courrier recommandé à monsieur et madame Delerbe pour leur dire que vous nous avez foutu dehors… Je ne suis pas certaine qu’ils apprécient !

Géraldine (Qui se souvient subitement que Manuel lui a instamment demandé de ne pas mettre le bazar, se calme et change immédiatement d’attitude, devenant faux-cul) – Bon. Arrêtez de m’agresser. On ne va pas s’énerver. (Toute mielleuse) Vous voulez quoi ?

Jacqueline – Faire notre boulot.

Jacques – Oui. Il nous reste quelques détails à régler. (A Géraldine) Vous devriez aller fumer une clope dehors ?

Jacqueline – Et même le paquet complet pour nous foutre la paix !

Géraldine – Je ne fume pas.

Jacques – Alors allez boire un Ricard au café du coin…

Jacqueline – Si au moins on pouvait finir ce que l’on a commencé avec Jacques, ce serait bien.

Géraldine – Je vais dans la salle à manger 5 secondes pour passer un appel téléphonique car j’ai un compte à régler. (Puis se redressant fière et autoritaire) Mais je ne quitterai pas cette maison. Je reste à vous surveiller.

Géraldine se munit de son téléphone portable et quitte la pièce.

Jacques – Je déconnais. A cette heure-là, vous n’étiez pas obligée de passer Ricard, vous auriez pu aussi prendre une petite poire ou un rhum ou un calva… C’est vous qui voyez…

Jacqueline – Pas d’alcool, parce que déjà que vous nous saoulez…

Géraldine (Quittant la pièce et menaçante) – Je vous préviens, je suis juste à côté…

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Jacqueline – Tu n’étais pas obligé de l’agresser comme ça Jacques. Elle a l’air un peu tordue, mais dès qu’on hausse le ton, elle se dégonfle la vieille…

Jacques – C’est le genre de gonzesse que si tu ne te fais pas respecter immédiatement, elle te bouffe.

Jacqueline – Allez, parlons sérieusement. On fait comment pour le meuble du frigo ?

Jacques (Faisant des gestes de position avec ses bras pour que le public visualise bien les conneries de dimension) – Je n’ai aucune solution. Comment as-tu pu leur vendre un meuble d’encastrement frigo de 30 cm de large. Enfin ?

Jacqueline – Je n’y peux rien. Ils ont tout gobé ces abrutis. Plus je leur racontais une connerie plus ils y croyaient !

Jacques – M’enfin, un frigo de 30 cm de large… 30 cm c’est tout juste la largeur d’une grande assiette.

Jacqueline – Le souci, c’est qu’il n’y a pas que ça. J’ai oublié de leur compter dans le prix la fourniture de la plaque céramique, de la hotte d’aspiration et du lave-vaisselle…

Jacques – Rien que ça.

Jacqueline – Non, j’ai oublié aussi l’évier, la robinetterie…

Jacques – Et le four aussi, pendant qu’on y est…

Jacqueline – Oui, le four aussi !

Jacques – Mais tu es barjot ou quoi ?

Jacqueline – C’est pour ça que j’ai raconté des salades à la femme en lui disant qu’on n’avait pas pu avoir la marque qu’ils voulaient. Du coup je leur ai collé du matériel chinois qui vaut dix fois moins cher… j’ai réussi à avoir le tout pour le prix du robinet…

Jacques (Regardant son plan en le feuilletant) – Attend ! Je suis en train de voir autre chose là. Leur cuisine mesure 3 mètres 42 dans le sens largeur. Ce qui est pas mal et toi tu leur as vendu 4 rangements de 80 cm…

Jacqueline – Et alors. C’est quoi le problème. 4 fois 80 cm ça fait 3 m 20, il y a encore de la marge…

Jacques – Ben tiens. Ca veut dire que dans les 22 cm qui restent tu dois mettre un lave-vaisselle, un four…

Jacqueline – Et l’évier ?

Jacques – Ben oui, tant qu’on y est, un évier aussi pardi !

Jacqueline – Tu as oublié quelque chose…

Jacques – Oui, bien sûr, le frigo…

Jacqueline – Le frigo… Ah !

Jacques – Oui, le frigo qui doit rentrer à lui tout seul dans un meuble de 30 cm de large…

Jacqueline – Ah oui. Tiens, j’avais pas vu ça…

Jacques – Mais tous les meubles sont arrivés depuis 8 jours. On ne peut pas les renvoyer. On fait comment ?

Jacqueline – Tu sais quoi, on va aller dans l’entrepôt et tu vas foutre le feu à leurs meubles comme ça plus de traces… C’est du bois, ça brûle bien…

Jacques – Je te remercie pour ta confiance. C’est moi qui doit mettre le feu en plus… Et le patron, tu lui dis quoi…

Jacqueline – J’en sais rien moi. Tu te débrouilles. Tu lui dis que ta clope t’a échappé des mains alors que tu te lavais les mains avec un bidon d’essence…

Jacques – Ben voyons ! C’est si simple !

Jacqueline – Chacun sa merde. Moi je suis la commerciale, je vends des cuisines et toi tu es le monteur, donc tu les installes…

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Jacques – Mais je n’ai jamais monté de cuisine de ma vie. Ca va être la première…

Jacqueline – C’est ton problème. (Réfléchissant tout haut en faisant les gestes de placement qu’elle imagine) Et puis si tu mets le four en hauteur au-dessus du frigo, tu gagnes de la place… Cherche un peu, je ne vais pas tout te dire…

Jacques – Le frigo fait déjà 1 m 80 de hauteur…

Jacqueline – Hé bien ils prendront un escabeau pour monter dans leur four. Tu te débrouilles pour leur vendre un escabeau spécial four en plus ! Ah tu n’es pas doué comme commercial.

Jacques – C’est sûr que comme ça les enfants ne risquent pas de toucher à la vitre brulante du four…

Jacqueline – Ah ! Tu vois que j’ai de bonnes idées…

Jacques (Redevenant sérieux et pro) – Je sens que ça ne va pas le faire ton truc…

Jacqueline – Ils ont signé la commande. Moi, le reste. Et puis tu n’es peut-être pas au courant mais moi je me tire de cette boîte dans 2 jours alors ce qui va arriver après, je ne n’en ai rien à cirer.

Jacques – C’est pas sérieux. Je suis convoqué dans le bureau de notre demain matin. Il m’a dit de venir avec tous mes plans pour cette installation et de ne rien démarrer sans l’avoir vu…

Jacqueline – Sans avoir vu le plan ?

Jacques – Non. Sans avoir vu le boss…

Jacqueline – Je crois qu’il est au courant que je vais partir. Il va perdre sa meilleure vendeuse. Tant pis pour lui. Moi, ce que je veux, c’est le rappel de toutes mes commissions sur les ventes que j’ai faites. Pour le reste...

Jacques (Contemplant le mur qui va recevoir les éléments de cuisine) – Plus je regarde le mur, plus je me dis que je suis dans la panade…

La sonnette retentit. Jacques et Jacqueline ne savent pas trop bien quoi faire et donc ils font appel à Géraldine pour qu’elle s’occupe d’aller ouvrir.

Jacqueline – Ah !

Géraldine (Qui est au téléphone et arrive précipitamment dans la cuisine pour demander à Jacques ou Jacqueline d’aller ouvrir à sa place) – Je suis au téléphone. SVP allez ouvrir à ma place…

Jacques – Mais nous ne sommes pas chez nous !

Géraldine – On s’en fout. Personne ne le saura. (Géraldine, tout en reprenant sa conversation repart dans la salle à manger, laissant les autres se dépatouiller).

Jacques – Elle est gonflée, elle. Bon, je vais me dévouer…

Jacqueline (A elle-même en parlant de Jacques alors que celui-ci part) – Oh lui, le Jacques, je ne le sens pas. J’espère qu’il ne va pas me mettre des bâtons dans les roues pour que je touche mes commissions. Ah le p’tit con !

Jacques (De retour avec Claire Michu) – C’est pour toi Jacqueline. Je crois que c’est la voisine d’en face…

Claire – Bonjour madame. J’ai vu votre voiture de société garée devant chez Manuel alors je profite de l’occasion pour vous faire une demande…

Jacqueline (Qui sent la bonne affaire à suivre) – Oui. Pourquoi pas, si je peux vous être utile…

Jacques (A lui-même et au public, discrètement hors de Claire et Jacqueline) – Ca sent encore la grosse arnaque. Je le vois venir…

Claire – Alors voilà, Noémie, la propriétaire… D’ailleurs elle n’est pas là ? j’étais avec elle ici il y a 10 ou un quart d’heure et je n’ai pas voulu l’embêter avec ça, mais comme vous êtes là…

Jacqueline (Ecarquillant de grands yeux) – Je ne comprends rien à ce que vous me dites…

Claire – Oui, enfin c’est surtout Manuel, son mari qui est beau… (Se rattrapant) Je veux dire bien !

Jacqueline – Ici y’a sa grand-mère si vous voulez…

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Claire – Donc avec mon mari, ce midi, on parlait de leur nouvelle cuisine et on s’est dit qu’on devrait en faire une aussi et comme (Avec extase quand elle parle de lui) Manuel a l’air satisfait de votre agence…

Jacques (De nouveau à lui-même et au public hors des autres) – Je l’avais dit. L’arnaque arrive à toute vitesse…

Jacqueline – Mais bien sûr. Je comprends. Je peux parfaitement vous aider. Vous avez une idée sur ce que vous souhaiteriez ?

Claire – (Transcendée lorsqu’elle parle de Manuel) Oh moi, je veux tout comme Manuel. Ca je suis certaine que tout ce qu’il fait est bien alors je veux tout pareil que lui…

Jacques – Ah, comme monsieur et madame Delerbe ici quoi…

Claire – Oui enfin surtout comme Manuel. Sa femme. Je ne sais pas si elle a bon goût…

Jacques – Ouh là !

Claire – Ah oui, Manuel, j’aime tout ce qu’il fait…

Jacques (A lui-même) – Ca va être pire que ce que j’imaginais…

Jacqueline (Qui devine immédiatement que Claire a un gros faible pour Manuel et que donc elle va pouvoir lui vendre n’importe quoi) – Ecoutez, si vous avez 5 minutes, je peux passer chez vous et je vais vous faire une étude sérieuse qui va vous époustoufler… Je suis certaine que monsieur MANUEL Delerbe aimera votre choix…

Claire – Ah oui, vous croyez ?

Jacqueline – Mais j’en suis certaine… Je connais très bien monsieur et madame Delerbe, surtout monsieur d’ailleurs… (Faux-cul et menteuse) Je crois qu’il vous connaît bien…

Claire (En extase) – C’est vrai ?

Jacques – La pauvre !

Retour de Géraldine qui semble soulagée.

Géraldine – Ca fait du bien. Mon mari disait ne pas pouvoir rentrer ce soir sous prétexte qu’il a été obligé de reporter une réunion à demain. Il a encore rencontré une poufiasse qui lui a fait miroiter monts et merveilles… Je le connais le coco…

Jacques – Vous comprendrez qu’on ne peut pas se mêler de vos histoires personnelles…

Géraldine – Vous êtes bien un mec vous. (Se tordant un peu de l’estomac) Je ne sais pas ce que j’ai mais je viens de me choper un mal de bide là.

Claire – Bonjour madame. Je suis la voisine d’en face… Et…

Géraldine (Sèche et sans pitié, coupant net Claire) – Mon gendre est déjà marié avec ma fille. C’est d’ailleurs dommage qu’il ne vous ait pas rencontrée avant, au moins je serais tranquille…

Claire (Qui se perd dans ses nuages) – Ah oui, nous aurions fait un beau mariage…

Géraldine – Oui, puis une gonzesse comme vous, ça lui aurait bien suffit !

Jacques (Au public) – Mais qu’est-ce que je fous ici… Ah c’est vraiment une sale journée…

Claire – Je ne comprends pas bien ce que vous dites madame… Manuel est si…

Jacqueline (Qui met un terme crument à tout) – (A Géraldine) Ecoutez madame, nous allons vous laisser tranquille. (Désignant Claire) Il y a madame qui souhaite nous voir chez elle pour une installation…

Claire – Oui, excusez-moi de vous avoir dérangée…

Géraldine – Si vous saviez ce que je m’en tamponne… Mais ça fait mal ça (En parlant de son ventre).

Jacques, Jacqueline et Claire quittent la scène tandis que Géraldine s’asseoit de douleur.

Claire, Jacques, Jacqueline – Au-revoir madame…

33 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Claire – Et mes amitiés à votre gendre…

Géraldine – Oui, au-revoir. Mais qu’est-ce qu’ils ont mis dans leur bouteille d’eau qui est dans la salle à manger, Elle avait un drôle de goût.

Durant quelques secondes, Géraldine se lève, tourne en rond, se tord de douleur du ventre avant le retour de Noémie et Manuel.

Manuel (Un peu énervé) – Je ne me rappelais plus qu’il y avait des horaires d’ouverture moi.

Noémie – Non. Moi non plus. Je suis tellement prise par cette histoire que j’en deviens fada…

Géraldine (Se tenant le ventre de douleur) – Alors…

Manuel – Nous ne sommes pas allés jusqu’à la mairie car on s’est souvenus en cours de route que la mairie est fermée à cette heure-là.

Géraldine (A Manuel) – Vous êtes d’une bêtise vous…

Noémie (Qui remarque que sa mère se «bidonne ») – Qu’est-ce que tu as maman ? Tu sembles souffrante.

Manuel (Se moquant sans modération) – Pour une fois qu’elle est naturelle !

Noémie – C’est bon Manuel.

Géraldine – Je ne sais pas. J’ai un de ces maux de ventre. C’est horrible…

Noémie – J’espère qu’il n’y a rien de grave. Tu veux que je te ramène chez toi en voiture ?

Géraldine – Je ne comprends pas. J’étais dans ta salle à manger pour téléphoner pendant que tes installateurs étaient dans la cuisine et…

Manuel – Les installateurs sont venus ici ?

Noémie – Tu vois je te disais que j’avais reconnu leur voiture garée sur le parking.

Géraldine – Si j’ai bien compris, ils sont partis chez ta voisine pour lui vendre une cuisine à elle aussi.

Noémie – Ben dis donc, ils font tout comme nous. Et donc tu téléphonais dans la salle… Pourquoi dans la salle.

Géraldine –Puis je me suis versée un verre d’eau et depuis ça va pas très bien…

Noémie – L’eau de la cuisine est très bonne, on en boit tous les jours…

Manuel – Oui. A part vous, il n’y a pas de microbes dedans…

Géraldine – Non, l’eau qui est dans ta bouteille d’eau de la salle…

Noémie – L’eau qui est dans la salle ?

Manuel (Pris d’un doute) – Attends, je vais voir.

Noémie – Ce ne peut pas être de l’eau en bouteille qui rend malade, surtout si on en a déjà bu nous-mêmes, sinon nous serions malades aussi.

Géraldine – C’est une bouteille qui était ouverte, mais pas entamée.

Manuel (Qui revient précipitamment de la salle avec une bouteille entamée sans étiquette) –Vous n’avez quand même pas bu de l’eau de cette bouteille ?

Géraldine – Ben si pourquoi ?

Manuel (Dépité et n’osant pas avouer la vérité) – Po po po po po po po….

Noémie (Qui ne comprend pas) – Ben quoi. Qu’est-ce qu’il y a ? C’est grave ?

Manuel – Non. Mais ça va vite devenir chiant…

Géraldine (S’énervant) – Qu’est-ce qu’il y a ?

Manuel – Vous avez très mal au bide n’est-ce pas ?

Géraldine – Oui.

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Noémie (Qui se met à avoir peur pour sa mère) – Explique-toi.

Manuel – Noémie. C’est dans cette bouteille que j’ai fait le Laxafibre…

Noémie – Le quoi ?

Géraldine – C’est quoi ça ?

Manuel – Tu sais, le laxatif qu’il fallait diluer et que je me suis trompé dans les doses…

Noémie – noooooooonnnnn !

Manuel (Eclatant de rire) – Si !

Géraldine – Qu’est que vous avez fait comme connerie vous encore…

Manuel – Euh….

Noémie (Qui éclate de rire) – Je crois que tu vas avoir des soucis intestinaux…

Géraldine – C’est quoi ça du Laxa machin chose…

Noémie – C’est quand tu as des soucis de transit intestinal, c’est un médicament qui accélère… enfin tu comprends quoi…

Manuel (Qui éclate de rire aussi) – Enfin quand Noémie dit qui accélère, là on devrait plutôt dire qui va vous mettre le turbo… voire le méga turbo…

Géraldine – Qu’est que c’est que cette idiotie…

Noémie – Bichouquet s’est trompé. Il fallait diluer le médicament à raison de 7 centilitres pour un litre…

Manuel – Et moi j’ai mal lu, j’ai dilué à hauteur de 70 centilitres pour un litre… donc 10 fois trop… C’est d’ailleurs pour ça que ça ne rentrait pas dans la bouteille d’un litre et demi

Géraldine – Et la bouteille, qu’est-ce qu’elle faisait dans la salle à manger…

Noémie – Je partais pour la jeter et la sonnette a retentit … Ah au fait Manuel, tu pourras penser à descendre la porte du buffet au garage, ça gêne tout le monde ici et puis on va pas la recoller de toute façon ?

Géraldine (Qui part en courant) –Les toilettes, c’est toujours par là ?

Manuel (A Noémie) – Ah oui, la porte tu as raison, J’oublie toujours. (Puis à Géraldine) Décidément, vous avez toujours été navrante comme belle-mère mais là vous êtes carrément chiante…

Rideau

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ACTE III

A l’ouverture du rideau, nous sommes trois jours plus tard, donc le vendredi et toujours dans la cuisine. La grande pendule indique cette fois-ci 14 heures. En lieu et place de la porte du buffet qui ne tenait plus, il y a un grand carton qui a été scotché par le haut de telle sorte qu’on puisse malgré tout ouvrir mais en levant le carton. Il y a des cartons censés contenir de la vaisselle qui sont rangés le long de l’un des murs au mieux pour ne pas gêner.

Clara (Elle est debout près de l’entrée car elle vient juste d’arriver. Très timide) – Voilà, monsieur Delerbe, je suis désolée de vous importuner… Je vous remercie de m’accueillir.

Manuel – Appelez-moi Manuel, ce sera plus simple… On est jeudi ou vendredi aujourd’hui ? je n’ai pas bien compris votre nom !

Clara – Je suis Clara, une amie de votre voisine. Nous sommes vendredi ! Je peux même vous dire qu’il est quasiment 14 heures. La nuit é été mauvaise ?

Manuel – Du tout mais avec tous ces soucis, j’ai du mal en ce moment… (Désignant ou montrant clairement la porte de buffet qui avait été démontée) Ca me fait penser qu’il faut que je descende cette porte de buffet au garage. C’est pas sa place ici… Et puis un carton, c’est pas très joli en remplacement.

Clara – Donc… Manuel. Je suis investie d’une mission très délicate.

Manuel – Et en quoi puis-je vous être utile, madame... …C’est marrant parce que votre visage me dit quelque chose. Pourtant je suis incapable de me rappeler où je vous ai vue…

Clara – Je suis passée voir votre femme mardi dernier, il y a donc… …trois jours, en compagnie de votre amie et voisine Claire Michu…

Manuel – Ah c’est vous la fameuse Clara qui a essayé de faire signer Noémie pour un parti écolo…

Clara – Euh ! Oui. A vrai dire ce n’est pas aussi simple que ça en a l’air. Donc votre amie Claire…

Manuel – Amie, amie. Voisine. C’est déjà pas si mal que ça. Ils ont fait construire peu de temps après nous juste en face… Elle ça va à peu près. Mais son mari, c’est un vrai con.

Clara – Ca je ne sais pas. Vous l’aimez bien donc Claire votre voisine ?

Manuel – Ben c’est une voisine. La vie est d’ailleurs bizarre, parce que lorsque j’étais au lycée, il y a longtemps maintenant, c’est une gonzesse qui était très amoureuse de moi. Puis la vie nous a emmené chacun de notre côté. J’ai su après qu’elle m’en a voulu lorsque j’ai rencontré et épousé Noémie…

Clara – Ah oui, donc il y a bien un antécédent…

Manuel – Comment ça, un antécédent ?

Clara – Faut que je vous transmette le message de la part de Claire. En fait (Après une grosse hésitation) je crois qu’elle est toujours très amoureuse de vous !

Manuel (Qui semble tomber des nues) – Ah oui mais non ! Ca ne va pas être possible… (Puis se ressaisissant et râlant) Qu’est-ce que c’est que cette connerie…

Clara – Moi je rends service et c’est tout. Je n’y suis pour rien !

Manuel (Se rappelant soudain) – Ah mais ça y est ! Je sais où je vous ai vue vous… (Puis interloqué) Mais je comprends pas !

Clara (Qui semble gênée) – Où ça ?

Manuel – Vous êtes en réalité une fervente opposante à l’écologie. Je crois puisqu’on vous voit dans toutes les manifestations anti-écolo de la région….

Clara – Je me suis fait piéger au tribunal. J’ai accusé sans pouvoir le prouver le PDG d’une grosse firme d’être très pollueur avec son gros 4 x 4. Et lui m’a fait condamner parce que ce n’était pas son 4 x 4 personnel mais un 4 x 4 de fonction qu’il n’avait pas choisi…

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Manuel (Perdu dans cette courte explication) – C’est quoi la différence si c’est lui qui roule dedans ?

Clara – Juridiquement j’aurais dû dire qu’il « polluait avec le 4 x 4 qu’il utilisait » alors que j’ai dit qu’il polluait avec « SON » 4 x 4.

Manuel – C’est complètement idiot, le résultat est le même.

Clara – Oui, mais avec un bon avocat et en jouant sur les mots le résultat n’est pas le même. En sortant du tribunal, il est monté dans son, pardon, dans LE 4 x 4. Il m’a fait un doigt d’honneur et m’a lâché par la fenêtre « T’as vu ma belle conne comment que je t’ai entubé en beauté’’.

Manuel – Tout ça pour si peu de choses.

Clara – Il m’avait proposé de retirer sa plainte en échange d’une proposition indécente. Et moi je lui ai dit d’aller se faire voir.

Manuel – Donc vous êtes bien une anti-écolo qui vend de l’écologie… C’est quand même pas banal !

Clara – Je devrais avoir honte, mais il n’y a que comme ça que je peux m’en tirer. Et à chaque fois que je fais signer une pétition écologique, j’ai le droit de retirer une heure de travail d’intérêt général sur les 60 qui m’ont été infligées…

Manuel – Ah le con. (Convaincu) Tiens, je vais vous le signer votre formulaire et je vais convaincre Noémie de vous le signer aussi.

Clara – C’est gentil, mais votre femme ne voudra pas.

Manuel – Je me charge de la convaincre. (Habile négociateur) En revanche et en échange…

Clara – Ah c’est donnant donnant ?

Manuel – Oui. Si vous pouviez éviter de parler de Claire devant ma femme et encore plus devant ma belle-mère…

Clara – Marché conclu. Je reviendrai avec mes documents car je ne les ai pas là. Et pour Claire, je lui dis quoi ? Car elle n’ose plus vous aborder…

Manuel (Très mal à l’aise et se grattant la tête) – Là, il faut que je réfléchisse parce que ça devient compliqué.

Clara – Réfléchir ce n’est pas rejeter. Commencez donc par accepter une petite entrevue discrète et puis ensuite vous verrez bien où ça vous mène !

Manuel – Non mais ça va pas vous !

La sonnette retentit.

Clara – Ecoutez, moi j’ai fait ce que je croyais bien pour mon amie Claire. Elle ne vit plus à cause de vous. La balle est dans votre camp. Je vais vous laisser car je crois que ça a sonné chez vous…

Manuel (Complètement perturbé) – Oh là là là là là là l’embrouille. Je vous raccompagne.

Les deux sortent de la scène et, quelques instants plus tard, Manuel reparaît accompagné d’Aline. Aline est encore sapée aussi extravagante que les autres fois. Rien d’attirant du tout. Plutôt même très « déglinguée ».

Aline (Entrant la première) – Je ne te dérange pas Manuel ?

Manuel – Non. Par contre je te laisse deux minutes le temps de me garer mieux car j’ai laissé ma voiture presque devant l’entrée du voisin d’en face et ils ne peuvent plus sortir de chez eux…

Aline – T’inquiètes, je ne vais pas t’embêter longtemps. En fait j’attends Cynthia. Elle m’a donné rendez-vous chez Noémie. Elle voudrait que j’essaie une nouvelle tenue pour changer mon look !

Manuel (Pas remis de ce qu’il vient d’apprendre) – Tu es toujours célibataire Aline ? Alors restes-y parce que lorsque je vois comment les bonnes femmes nous collent au derrière…Ca fait pas rêver…

Aline – Je ne comprends rien de ce que tu me dis. Tu sais que j’ai rencontré un mec ! ouiiiiiiiiii C’est génial !

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Manuel (Finalement heureux pour Aline) – Ah ! Il serait temps ! Bon, je te laisse deux minutes…

Manuel attrape ses clefs qu’il fait bien tinter devant le public puis part laissant Aline seule.

Après quelques instants, alors qu’Aline s’apprête à faire un numéro sur son portable, entrée de Cynthia qui vient faire la bise pour saluer Aline. On n’a pas entendu de sonnette. Aline porte un sac de magasin standard assez grand pour contenir une tenue complète.

Cynthia – Bisous Aline. Je m’apprêtais à sonner à la porte lorsque celle-ci s’est ouverte au même moment. Manuel sortait. Il m’a dit d’entrer et que tu m’attendais.

Aline – Il est bizarre Manuel. Je ne l’ai pas trouvé comme d’habitude… Bichouquet !

Cynthia – C’est vrai ce que tu me dis parce que lorsqu’il m’a parlé, il avait l’air tracassé. La tête ailleurs. Tu l’appelles Bichouquet toi ? Moi j’oserais pas.

Aline – Il est amoureux, hihihihihihi !

Cynthia – T’as raison, c’est bien ça qu’il faut dire à Noémie en ce moment. Elle aussi elle flippe dur avec toutes ces histoires de terrain et de cuisine qui n’avancent à rien… La pauvre.

Aline – J’ai pas tout compris. Bon la cuisine, ça prend du retard, c’est toujours comme ça avec les cuisinistes donc ça va s’arranger. Mais pour le terrain c’est quoi cette histoire ?

Cynthia – Si j’ai bien compris, l’ancienne municipalité leur a vendu un terrain à construire dans une zone non constructible et maintenant il faudrait démolir la maison…

Aline – C’est complètement dingue ce truc. Mais qui est responsable ?

Cynthia – Apparemment l’ancienne municipalité et en attendant il va quand même falloir casser la baraque…

Aline – Qui a décidé qu’il fallait casser la baraque ? Ca ne se fait pas comme ça en claquant des doigts. Il faut un jugement…

Cynthia – C’est l’actuelle municipalité qui essaie de trouver un arrangement avant d’aller au tribunal. Ils ne veulent pas que ça fasse d’esclandre… Bon ce n’est pas pour ça que je suis venue.

Aline – Oui alors qu’est-ce que tu m’as préparé. Pourtant je suis très bien comme je suis… Non ?

Cynthia (Très franche) – Non. Tu n’es pas bien comme ça. Je comprends que les mecs ne flashent pas sur toi !

Aline – Mais si. Je viens de rencontrer un super mec.

Cynthia – Je ne sais pas comment tu as fait. Un exploit.

Aline - C’est même chez Noémie et Manuel que nous nous sommes vus pour la première fois.

Cynthia – C’est Noémie qui te l’a présenté ?

Aline – Non, le hasard ! En fait, c’est moi qui lui ait fait visiter leur maison pour qu’il puisse prendre des mesures avec son petit traçomètre.

Cynthia – Son petit traçomètre, ben tiens.

Aline – Ben oui, son engin de mesure…

Cynthia – Ce que je sais surtout c’est qu’il a dit qu’il trouvait dommage que tu ne sois pas assez féminine. Il a dit qu’il en mangerait bien en parlant de toi mais qu’il ne sait pas comment faire pour commencer à croquer…

Aline – Il veut me croquer ? Mais comment tu sais ça toi ?

Cynthia – Je sais. C’est tout. Je ne te dirais pas comment je sais.

Aline – Mais au fait pourquoi tu m’as donné rendez-vous chez Noémie et pas chez moi ou chez toi ?

Cynthia – C’est Noémie qui voulait absolument être là pour voir le résultat. On en a parlé ensemble. Elle ne devrait normalement pas tarder à arriver vu l’heure qu’il est.

Aline – Tu sais si sa mère va mieux ?

38 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Cynthia – Ah oui, c’est vrai. Il paraît qu’elle a avalé 10 fois une dose normale de laxatif… Elle a été obligée d’aller à l’hosto pour un lavage d’estomac et maintenant ça y est, c’est terminé.

Aline – Manuel était plié de rire en deux ! Déjà qu’il n’aime pas sa belle-mère…

Cynthia – Elle est spéciale sa belle-mère.

Aline – Oui, mais ça reste la mère de Noémie.

Cynthia – Au fait, je suis venue mardi matin et j’ai aidé Manuel empêtré avec sa porte de buffet de cuisine… J’avais une boîte de Durex dans les mains quand je suis arrivée et je ne sais plus du tout où j’ai pu la poser…

Aline – Quel rapport avec la belle-mère de Manuel ?

Cynthia – Aucun. C’est parce que je repense à ça tout d’un coup.

Aline – Oui ben tu en rachètes une autre, c’est pas grave. Je peux même t’en prêter si tu veux ?

Cynthia – Ce n’est pas le problème, mais si j’ai posé ça quelque part et que les gosses tombent dessus, ils vont se demander ce que c’est… Faut que je demande à Noémie.

Aline – Bon, tu les donnes tes fringues que je puisse les essayer ?

Cynthia – Ah parce que tu veux te changer là comme ça dans la cuisine devant la fenêtre ?

Aline – Non. Tu as raison, allons dans une autre pièce !

Cynthia – Tu rigoles. J’attends que Manuel ou Noémie soient là. Je ne visite pas la maison comme ça sans leur autorisation, ça ne se fait pas.

Aline – C’est vrai. Je suis malpolie…

A ce moment, retour de Noémie qui tient un sac à provisions qu’elle laisse littéralement tomber sur la table de la cuisine tant il semble lourd.

Noémie – Salut les filles. Il y a longtemps que vous m’attendez ? J’étais allée faire quelques courses. Y’a plus rien dans le frigo.

Aline – Ben c’est Manuel qui m’a ouvert et puis il a eu besoin d’aller ranger sa voiture et du coup il m’a laissée deux minutes toute seule, et voilà que Cynthia est arrivée.

Cynthia – Juste au moment où j’allais sonner chez toi Manuel sortait et il m’a dit d’aller l’attendre en compagnie d’Aline…

Noémie – Non mais pas de soucis, la confiance règne entre nous les filles. Alors Cynthia, tu as trouvé quelques chose de super pour relooker Aline… ?

Cynthia – Oui. Et là plus personne ne va la reconnaître.

Aline – Ouh là, je crains le pire… Faut que ça me plaise aussi hein !

Noémie – Tu crois vraiment que ça peut être pire que ce que tu as actuellement ?

Aline – Je suis bien comme ça moi ? Là les mecs ils se retournent sur moi à tous les coups.

Cynthia – Si tu veux que ton mec s’accroche, va falloir lui faire miroiter quelque chose de plus sexy et féminin sinon il fera comme les autres, il va se barrer…

Aline – Mais ils ne se barrent pas… Enfin pas aussitôt ! Pas trop vite quoi… Ou en courant des fois.

Noémie – Non, tu as raison, ils ne se barrent pas, ils oublient juste de revenir… C’est pas pareil !

Cynthia – Il faudrait que tu nous prêtes une pièce pour qu’Aline se change ?

Aline – Oui parce que là, j’ai pas envie de me retrouver à poil devant la fenêtre de la cuisine…

Noémie – A part la voisine d’en face, tu ne risques rien. Elle a l’air très occupée avec Manuel à bavasser. Elle est gentille, mais qu’est-ce qu’elle est collante. Je ne sais pas comment fait Bichouquet pour la supporter.

Cynthia – Elle est amoureuse peut-être ?

39 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie – C’est ça tu as raison. Tu es pour la paix des ménages toi. Sympa. Quand tu vois la tronche de son mec à elle aussi, elle a dû le prendre par désespoir… Il en tient une couche …

Aline – Bon allez, on y ava ?

Noémie (Entraînant les filles avec elle) – Allez, suivez-moi les filles, on va aller directement dans ma chambre comme ça on est sûres de ne pas être dérangées.

Cynthia – Mais si Manuel débarque.

Noémie – On va refermer derrière nous, t’inquiètes.

Les trois filles partent en direction du couloir menant vers les autres pièces.

La scène reste vide quelques instants. Puis, discrètement et complètement sonné, arrive Manuel en presque titubant. Sa chemise est arrachée et il a sur les joues plein de marques de rouge à lèvres (exagérer). Il est hagard. Il est immédiatement suivi par Jacques et Jacqueline.

Manuel – Ah ben ça alors si je m’attendais à ça…

Jacqueline (Prévenante) – Je peux vous aider monsieur ? Ca n’a pas l’air d’aller fort…

Jacques – C’est quoi toutes ces traces de sang que vous avez sur le visage… ?

Jacqueline – Idiot, tu vois bien que ce ne sont pas des traces de sang mais des traces de rouge à lèvres.

Manuel (Complètement à côté de ses pompes) – J’ai failli me faire violer ! J’ai rien vu venir…

Jacques – Ah, on l’a voulue l’égalité de sexes. Maintenant faut assumer… Et c’est pas joli joli quand je vois le résultat…

Jacqueline – Mais qu’est-ce qui vous est arrivé pour être dans un état pareil… ?

Manuel – C’est ma voisine d’en face… Elle est chaud-bouillante… (A ce moment, il tourne volontairement le dos au public et fait semblant de remonter sa braguette dans un geste suffisamment évocateur). Mais c’est qu’elle insistait en plus…

Jacques – Ca craint grave dans le quartier ?

Jacqueline – Votre voisine, ce n’est quand même pas la dame que nous sommes allés voir pour lui vendre une cuisine comme la vôtre ?

Manuel – Ah je sais pas. Vendez lui une cuisine si vous voulez mais de grâce ne lui vendez pas de chambre parce que c’est moi qui écope après… Si je m’attendais à ça…

Jacqueline (Sortant de son sac un paquet de mouchoirs jetables) – J’ai pitié de vous. Le mieux serait peut-être d’effacer les traces ? Si votre femme vous voit dans cet état, elle n’appréciera pas la plaisanterie…

Jacques – Tu es très perspicace Jacqueline…

Manuel (Se nettoyant du mieux qu’il le peut et effaçant les traces les plus visibles) – Je peux pas rester comme ça. Si Noémie revient…

A cet instant, apparaît Noémie qui vient voir ce qui se passe.

Noémie (Apercevant tout le monde alors que Manuel se cache derrière Jacqueline pour finir de se nettoyer) – Qu’est-ce que c’est que tout ce vacarme ? Mais je ne vous ai pas entendu rentrer monsieur dame qu’est-ce que vous faites là ?

Jacques – Désolé madame, mais nous sommes arrivés en même temps que votre mari qui nous a dit de rentrer…

Noémie – Bichouquet est là ?

Jacqueline – Oui. Juste derrière moi…

Noémie – Mais qu’est-ce que tu fais, caché derrière la dame Manuel ?

Manuel – (Se dévoilant et apparaissant barbouillé de derrière Jacqueline…) – Je suis là chérie, je me nettoyais…

40 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Noémie (Apercevant Manuel encore plein de rouge étalé et la chemise déchirée) – Mais qu’est-ce que tu as fait pour être dans un état pareil ? C’est quoi cette horreur..

Manuel (Ne se dégonflant pas et tentant une explication) – Figure-toi que lorsque je suis arrivé, ces messieurs-dames s’apprêtaient à sonner et donc je suis arrivé par surprise derrière eux et…

Jacques (Qui se demande où veut en venir Manuel) – Oui. Y’a un peu de ça.

Noémie – Et c’est ça qui t’as mis dans cet état ?

Manuel (En imitant tous les gestes de l’histoire qu’il raconte) – La dame était en train de se repoudrer et comme je lui ai fait peur, elle a laissé échapper son rouge à lèvres. Moi en voulant le rattraper il m’a sauté plusieurs fois des mains et je m’en suis foutu partout…

Noémie (Qui a peine à croire à l’histoire sordide de Manuel) – Tu te fous de moi là Bichouquet…

Jacqueline (Qui veut sauver Manuel de la noyade) – Mais si madame et en voulant l’aider, je me suis pris la main dans sa chemise et dans un mauvais geste je l’ai déchirée…

Jacques (Qui n’en revient pas lui-même de l’histoire abracadabrantesque) – Incroyable hein madame ! Et pourtant vrai. Je suis témoin de ce véritable carnage.

Noémie (Qui reste avec un fort doute mais finit par croire) – Ben tu vas pas rester comme ça. Va te nettoyer et te changer…

Manuel (Qui respire un grand coup et se sent sauvé, prêt à partir se changer) – Oui. Tu as raison, je vais me changer dans la chambre…

Noémie (Hurlant presque) – Noooon. Pas dans la chambre, y’a Aline qui est presque à poil en train de se changer aussi…

Manuel – Au point où j’en suis, elle serait capable de me violer aussi… (Il quitte la scène)

Jacques – C’est pas votre jour on dirait…

Jacqueline – Je ne voudrais pas dire, mais c’est un quartier quand même très remuant…

Noémie – Pourquoi vous dites ça ? Et pourquoi vous êtes venus nous voir ? Vous démarrez les travaux ?

Jacqueline – Faut qu’on vous explique !

Noémie – Oui, ce serait bien parce que là je crois qu’on ne va pas tarder à sortir les rouleaux à pâtisserie pour vous faire parler…?????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????????

VOUS AVEZ AIME LE DEBUT ?

VOUS SOUHAITERIEZ CONNAITRE LA FIN DE CETTE PIECE ?

JE VOUS PROPOSE DE VOUS L’ENVOYER PAR MAIL…

Il vous manque une partie de texte car la fin se trouve un peu plus loin

Dans ce cas, faites votre demande sur le mail suivant en cliquant ou en copier-coller :

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et je me ferai un plaisir de vous envoyer la fin tout aussi gratuitement

merci de votre compréhension car c’est seulement comme ça que je peux avoir un meilleur suivi des pièces qui sont montées !

Rideau

41 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

P.S. : Pour le final, je suggère que Noémie se présente avec une sonnette arrachée en disant : « Voilà, y’en a marre, maintenant elle ne va plus nous enquiquiner ».

FIN

42 – PASSE-MOI LE TOURNEVIS, CYNTHIA © Jean-Luc Pecqueur

Nom Acte I Acte II Acte III Total

Cynthia 50 0 62 112

Manuel 68 53 67 188

Géraldine 22 56 11 89

Aline 48 14 49 111

Jacqueline 21 38 13 72

Claire 0 43 2 45

Jacques 36 40 30 106

Clara 0 28 20 48

Noémie 76 75 63 214

Claude 12 21 16 49

Marc 12 4 19 35

Total 345 372 352 1069

Jean-Luc Pecqueur

le 14 novembre 2017

ET VOILA ! C'EST LA FIN !