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Malformations vasculaires du tube digestif 13 V. Maunoury, C. Degrugillier-Chopinet, B. Jude Vincent Maunoury Caroline Degrugillier-Chopinet Gastro-entérologue Gastro-entérologue CHRU de Lille CHRU de Lille Brigitte Jude Professeur des universités, hématologue CHRU de Lille Différents termes désignent les malformations vasculaires du tube digestif : angiomes, télangiectasies, angiodysplasies. Elles résultent d’une altération localisée du développement des capillaires. Uniques ou multiples, acquises et de répartition segmentaire (gastro-duodénale, colique droite), de survenue sporadique et d’origine dégénérative, liées à l’âge, ou plus rarement congénitales (Blue rubber bleb naevus syndrome) ou héréditaires (maladie de Rendu-Osler) et alors diffuses, volontiers associées à des localisations extra-digestives leur risque de saignement est bien établi. Elles sont en effet volontiers responsables d’hémorragies digestives parfois patentes mais rarement abondantes ou plus souvent distillantes et occultes mais fréquemment récidivantes. On leur connaît des facteurs de morbidité associés (rétrécissement aortique, insuffisance rénale, maladie de Willebrand) dont le rôle dans la pathogénie et l’expression de ces lésions reste discuté. Surtout, leur principal facteur de risque hémorragique est aujourd’hui la prescription large de médicaments inhibiteurs de l’hémostase (antiagrégants plaquettaires, anticoagulants), parfois associés. Selon l’International Society for the Study of Vascular Anomalies, il faut les distinguer des tumeurs vasculaires (hémangiomes) et des malformations artério-veineuses à flux rapide, de prise en charge plus complexe [1]. Leur diagnostic et leur traitement ont fait l’objet d’une double révolution : – diagnostique, avec premièrement la vidéocapsule qui permet une étude non invasive et exhaustive de l’intestin grêle ; 70 % des hémorragies du grêle sont en rapport avec une (ou des) angiodysplasie(s) et, deuxièmement, une approche renouvellée de la physiopathologie de la maladie de Willebrand ; – thérapeutique, avec d’une part la possibilité de coaguler par endoscopie les angiomes hémorragiques, même dans le grêle, et d’autre part, les progrès attendus des anti-angiogéniques, notamment pour le traitement de la maladie de Rendu-Osler, après les nombreuses déceptions, au moins relatives, des traitements médicamenteux (œstrogènes, acide tranexamique, acide aminoca- proïque, thalidomide, octréotide). J.-P. Chambon et al., Pathologie vasculaire du tube digestif © Springer-Verlag France 2012

Pathologie vasculaire du tube digestif || Malformations vasculaires du tube digestif

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Malformations vasculaires du tubedigestif 13V. Maunoury, C. Degrugillier-Chopinet, B. Jude

Vincent Maunoury Caroline Degrugillier-ChopinetGastro-entérologue Gastro-entérologueCHRU de Lille CHRU de Lille

Brigitte JudeProfesseur des universités, hématologue CHRU de Lille

Différents termes désignent les malformations vasculaires du tube digestif : angiomes, télangiectasies, angiodysplasies. Elles résultent d’une altération localisée du développement des capillaires. Uniques ou multiples, acquises et de répartition segmentaire (gastro-duodénale, colique droite), de survenue sporadique et d’origine dégénérative, liées à l’âge, ou plus rarement congénitales (Blue rubber bleb naevus syndrome) ou héréditaires (maladie de Rendu-Osler) et alors diffuses, volontiers associées à des localisations extra-digestives leur risque de saignement est bien établi. Elles sont en effet volontiers responsables d’hémorragies digestives parfois patentes mais rarement abondantes ou plus souvent distillantes et occultes mais fréquemment récidivantes. On leur connaît des facteurs de morbidité associés (rétrécissement aortique, insuffisance rénale, maladie de Willebrand) dont le rôle dans la pathogénie et l’expression de ces lésions reste discuté. Surtout, leur principal facteur de risque hémorragique est aujourd’hui la prescription large de médicaments inhibiteurs de l’hémostase (antiagrégants plaquettaires, anticoagulants), parfois associés. Selon l’International Society for the Study of Vascular Anomalies, il faut les distinguer des tumeurs vasculaires (hémangiomes) et des malformations artério-veineuses à flux rapide, de prise en charge plus complexe [1].Leur diagnostic et leur traitement ont fait l’objet d’une double révolution :

– diagnostique, avec premièrement la vidéocapsule qui permet une étude non invasive et exhaustive de l’intestin grêle ; 70 % des hémorragies du grêle sont en rapport avec une (ou des) angiodysplasie(s) et, deuxièmement, une approche renouvellée de la physiopathologie de la maladie de Willebrand ;

– thérapeutique, avec d’une part la possibilité de coaguler par endoscopie les angiomes hémorragiques, même dans le grêle, et d’autre part, les progrès attendus des anti-angiogéniques, notamment pour le traitement de la maladie de Rendu-Osler, après les nombreuses déceptions, au moins relatives, des traitements médicamenteux (œstrogènes, acide tranexamique, acide aminoca-proïque, thalidomide, octréotide).

J.-P. Chambon et al., Pathologie vasculaire du tube digestif

© Springer-Verlag France 2012

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Angiodysplasies sporadiques

Leur localisation gastro-duodénale serait responsable de 2 % à 5 % des hématémèses et leur localisation cæcale serait à l’origine de 35 % des rectorragies après élimination d’une cause duodénale ou proctologique. Leur diagnostic endoscopique est parfois difficile, notamment en période hémorragique où elles peuvent être confondues avec un caillot adhérent sur un ulcère, des signes rouges d’hypertension portale ou des zones congestives post-traumatiques (sonde gastrique) et où elles peuvent être méconnues ; elles sont souvent mieux vues à distance, après correction de l’anémie, sous forme d’une ou plusieurs lésions arrondies, de 5 à 10 mm de diamètre, planes ou légèrement surélevées, de coloration homogène rouge brillante (fig. 1). Dans le côlon, elles prennent plus volontiers un aspect de « tête de méduse » drainant des petits capillaires (fig. 2). L’examen histologique de biopsies est rarement probant. Il est rare, en cas d’hémorragie très abondante, d’avoir recours à un angioscanner diagnostique (« peloton vasculaire »), préalable à une embolisation d’hémostase.Deux facteurs de comorbidité des angiodysplasies digestives sporadiques parti-cipent à leur saignement : la maladie de Willebrand et le rétrécissement aortique d’une part, la prescription de médicaments qui inhibent l’hémostase primaire (antiplaquettaires) ou la coagulation (anti-vitamine K) d’autre part.

– Le facteur Willebrand, synthétisé et relargué par l’endothélium, permet l’adhésion plaquettaire à la paroi vasculaire lésée ; son déficit, congénital ou acquis, entraîne un allongement du temps de saignement et un syndrome hémorragique cutanéomuqueux. Le facteur Willebrand est une molécule

Fig. 1 – Angiome de l’iléon (vidéocapsule).

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adhésive fortement multimérisée, et les formes de très haut poids moléculaire sont les plus efficaces pour assurer une bonne hémostase primaire. La multi-mérisation est régulée par le flux, et les situations où les forces de cisaillement sont très importantes (vaisseau capillaire par exemple) entraînent une élonga-tion de la molécule et un clivage par une protéase spécifique (ADAMTS-13). Cette protéolyse des formes les plus lourdes peut également être reproduite, en pathologie, dans les sténoses aortiques serrées, qui induisent un syndrome de Willebrand acquis. Ce syndrome de Willebrand acquis est d’autant plus sévère que le rétrécissement aortique est serré et est corrigé par le remplace-ment valvulaire chirurgical. L’association d’un rétrécissement aortique avec des hémorragies digestives, connue sous le nom de syndrome de Heyde, est expli-quée par ce mécanisme [2]. Le déficit en facteur Willebrand rend compte aussi d’une hyperangiogenèse sous forme d’angiodysplasies en particulier digestives, plus fréquentes, plus nombreuses, plus récidivantes et plus facilement hémor-ragiques que chez le sujet normal [3].

– Avec l’âge, la prescription d’antiplaquettaires et/ou d’anticoagulants est aujourd’hui très large en pathologie cardiovasculaire. Leur principale complication est la survenue d’hémorragies digestives dont l’origine, après élimination d’une autre cause par une endoscopie digestive haute et basse soigneuse, est volontiers rapportée au saignement de télangiectasies. Celles-ci peuvent être gastro-duodénales ou localisées au cæcum. Parfois, elles sont

Fig. 2 – Angiomedu cæcum.

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situées sur l’intestin grêle où elles étaient méconnues jusqu’à peu de temps en raison de l’inaccessibilité de ce long segment du tube digestif à l’endoscopie. Elles sont aujourd’hui révélées par une exploration de l’intestin grêle par la vidéocapsule.L’ingestion d’une caméra vidéo miniaturisée sous la forme d’une capsule relève en effet aujourd’hui le défi de l’exploration complète, en quelques heures, de manière parfaitement tolérée puisque non invasive et ambulatoire, de l’intestin grêle. Le système comprend une capsule endoscopique à usage unique (fig. 3), un système d’antennes collées sur l’abdomen et relié à un capteur externe portable alimenté par une batterie et une station informatique de génération puis de lecture de l’enregistrement. La capsule pèse 3,7 g et mesure 26 mm de long pour 11 mm de diamètre. L’alimentation du dispositif optique, de l’éclairage et de la transmission des données est assurée par deux batteries miniatures et autonomes. La capsule est avalée le matin, à jeun. La prise de boisson est autorisée 2 heures après son ingestion et il est possible de manger après 4 heures. La capsule transmet 2 images par seconde au capteur pendant la durée de l’examen, habituellement 6 à 8 heures. Sa propulsion est passive, liée au péristaltisme intestinal, au sein d’une lumière virtuelle qui autorise un examen relativement exhaustif de la muqueuse. Elle est éliminée ensuite dans les selles. Après l’examen, les images sont téléchargées du capteur externe vers la station de lecture. L’analyse des images par le médecin prend ensuite environ 90 minutes. Sa principale indication est constituée par les hémorragies diges-tives d’origine indéterminée lorsque le bilan endoscopique est négatif. Elle peut ainsi révéler des lésions hémorragiques auparavant méconnues, en particulier donc des angiodysplasies (mais aussi plus rarement des ulcérations soit iatro-gènes (AINS) soit inflammatoires (maladie de Crohn) et exceptionnellement des tumeurs).

Fig. 3 – Vidéocapsule.

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Le traitement des angiodysplasies ne doit pas être systématique mais limité à celles qui saignent. En effet, si elles rendent compte d’un certain nombre d’hémorragies digestives, leur caractère souvent latent justifie une abstention thérapeutique en cas de découverte fortuite. Le traitement est donc à réserver aux angiodysplasies dont la responsabilité dans la spoliation sanguine est établie, après élimination de toute autre cause (cancer) au terme d’un inven-taire, en particulier endoscopique, exhaustif. La correction stable de l’hémo-globine après traitement constitue un argument diagnostique supplémentaire bien que :

– la récidive hémorragique d’une angiodysplasie non traitée ne soit pas inéluctable ;

– une récidive après traitement présumé satisfaisant est fréquente soit par méconnaissance et traitement incomplet d’angiodysplasies multiples, soit du fait de l’apparition ultérieure de nouvelles angiodysplasies (fig. 4). Enfin le trai-tement endoscopique ne doit pas faire négliger la compensation des carences en facteurs de l’hématopoïèse et en premier lieu en fer, dont la prescription a été révolutionnée par la possibilité d’une administration parentérale.En effet, depuis une vingtaine d’années, le traitement électif des angiodys-plasies digestives accessibles en endoscopie (gastro-duodénale et colique) est

Fig. 4 – Angiomes multiples du grêle (vidéocapsule).

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leur coagulation, initialement photocoagulation par laser, aujourd’hui plus simplement électrocoagulation par plasma argon. C’est un traitement efficace à condition d’être exhaustif, et sûr à condition de ne pas exercer une coagulation trop insistante sur une lésion qui saigne. Ses limites ont longtemps été l’inac-cessibilité endoscopique du grêle ; le traitement chirurgical d’une ou plusieurs angiodysplasies difficiles à repérer tant à ventre ouvert qu’en endoscopie pero-pératoire était ardu, rarement conclusif et parfois mutilant. Aujourd’hui, une grande partie de l’intestin grêle, guidée par les données de l’exploration par la vidéocapsule, est accessible à une entéroscopie, examen certes long et diffi-cile, pratiquée selon diverses techniques de « reptation » (simple ballon, double ballon, « Spirus »), à visée thérapeutique (électrocoagulation) [4].Cette prise en charge endoscopique de plus en plus performante garde des échecs. Le plus simple est alors de reévaluer en concertation multidisciplinaire la perti-nence et les modalités d’un éventuel traitement antiplaquettaire et/ou anticoa-gulant. L’alléger, d’une manière ou d’une autre, suspend dans un nombre non négligeable de cas la spoliation sanguine. Sinon, il est licite d’évaluer l’effet de trai-tements médicamenteux dont l’efficacité a été suggérée sans avoir été prouvée : thalidomide et octreotide, le premier pour de supposées vertus antiangiogéniques, le second pour la diminution du débit splanchnique qu’il entraîne [5]. Entre angiodysplasie sporadique et angiodysplasie diffuse, on trouve le Watermelon Stomach ou syndrome de GAVE (estomac pastèque), angiodys-plasie étendue de l’antre gastrique, survenant soit dans le cadre d’une gastropa-thie d’hypertension portale soit isolément, indication élective d’une coagulation perendoscopique.

Angiodysplasies diffuses

Ce sont le « Blue Rubber Bleb Naevus syndrome (BRBNS) » et la maladie de Rendu-Osler.

BRBNS

Le BRBNS est une angiomatose veineuse qui intéresse principalement la peau et le tube digestif. Le diagnostic est porté, le plus souvent chez un sujet jeune, à l’occasion d’une anémie, sur l’association d’angiomes papuleux ou tubéreux, saillants, bleutés, parfois volumineux, de la peau et du tube digestif (fig. 5). Mais ils peuvent être retrouvés dans tous les viscères. L’absence d’antécédents familiaux est fréquente. Le pronostic est lié à leur caractère évolutif : les angiomes tendent à se développer, en taille et en nombre, notamment au niveau du grêle où ils peuvent entraîner des invaginations et surtout des hémorragies digestives de plus en plus fréquentes et profondes, à l’occasion d’épisodes de coagulation intravasculaire locale susceptibles de bénéficier alors d’une héparinothérapie. Ils sont parfois profondément enchâssés dans la paroi digestive, ce qui peut limiter la possibilité de leur coagulation perendoscopique [6, 7].

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Fig. 5 – BRBNS.

Maladie de Rendu-Osler

La maladie de Rendu-Osler, ou Hereditary Hemorrhagic Telangiectasia, est une angiomatose héréditaire (1/8 000 naissances), rare mais ubiquitaire, d’expression et de gravité variable, dont le diagnostic repose sur l’observation de 3 des 4 critères suivants : épistaxis, télangiectasies cutanées et/ou muqueuses, un apparenté au 1er degré atteint, malformations artérioveineuses viscérales. Un diagnostic génétique est possible en Centre de compétences. L’hépatogastroentérologue est confronté à deux types d’atteinte : hépatique et digestive. L’atteinte hépatique, plus fréquente chez la femme et en cas de mutation ALK-1, est morphologiquement fréquente (scanner) mais rarement symptomatique ; elle est liée à la formation de shunts entre la vascularisation artérielle et veineuse et/ou entre les réseaux portal et sus-hépatique. Elle rend compte soit d’une insuffisance cardiaque à haut débit, soit plus rarement d’une hypertension portale ou d’une cholangite ischémique. Son traitement est la transplantation hépatique, qui ne doit pas être réalisée trop tardivement, dans l’attente d’une confirmation de l’intérêt des traitements anti-angiogéniques. En dehors de l’atteinte hépatique, la principale complication digestive de la maladie de Rendu-Osler est une anémie chronique et parfois aiguë dont la prévalence est de l’ordre de 30 %. En son absence, il n’y a pas d’indication à un dépistage endoscopique. Les angiomes responsables, volontiers gastro-duodénaux, sont habituellement accessibles à un traitement endoscopique qui ne met pas cependant à l’abri de récidives (fig. 6). Aucun traitement médical n’a formellement fait la preuve de son efficacité à contrôler l’évolution parfois grave de la maladie. Là encore, récemment a été rapporté l’intérêt du bevacizumab, anti-angiogénique anti-VEGF, qui reste à confirmer [7].

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À la limite de notre propos sont les malformations des vaisseaux lymphatiques dont la maladie de Waldmann est emblématique.

Maladie de Waldmann

La maladie de Waldmann ou « lymphangiectasies intestinales primitives » réalise une entéropathie exsudative caractérisée par la survenue, chez un patient jeune, d’un syndrome œdémateux avec une hypoprotidémie, une hyposérumalbuminémie et une hypogammaglobulinémie, une lymphopénie et des troubles digestifs modérés [8]. Elle relève d’une anomalie plus ou moins globale du drainage lymphatique de l’organisme avec une dilatation des vaisseaux lymphatiques de la sous-muqueuse mais aussi de la séreuse de l’intestin grêle. Elle réalise une entéropathie exsudative qui est affirmée par la mesure de la clearance fécale de l’alpha1 anti-trypsine. Sa physiopathologie reste inconnue ; une malformation congénitale est l’hypothèse le plus souvent retenue, notamment lors d’une révélation précoce ou dans le cadre d’une histoire familiale. Ailleurs, le diagnostic de maladie de Waldmann suppose l’exclusion de pathologies obstructives acquises du système lymphatique : péricardite constrictive, cancer du pancréas, fibrose rétropéritonéale. L’exploration de l’intestin grêle par la vidéocapsule permet de visualiser les lymphangiectasies que leur localisation volontiers jéjunale et suspendue situe au-delà du champ d’exploration habituel de l’endoscopie (fig. 7). Elle permet d’apprécier l’extension de la maladie et de confirmer la fuite lymphatique dans

Fig. 6 – Angiomes gastriques de la maladie de Rendu-Osler.

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la lumière de l’intestin grêle. Une résection segmentaire de l’intestin grêle a été réalisée dans quelques cas de lymphangiectasies localisées. Dans les autres cas, le syndrome œdémateux répond habituellement assez bien au régime à base de triglycérides à chaînes moyennes.

Références 1. Enjolras O, Herbreteau D, Lemarchand F, et al. (1992) [Hemangiomas and superficial

vascular malformations: classification]. J Mal Vasc 17: 2-19 2. Vincentelli A, Susen S, Le Tourneau T, et al. (2003) Acquired von Willebrand syndrome

in aortic stenosis. N Engl J Med 349: 343-9 3. Sucker C (2007) The Heyde syndrome: proposal for a unifying concept explaining the

association of aortic valve stenosis, gastrointestinal angiodysplasia and bleeding. Int J Cardiol 115: 77-8

4. Kwan V, Bourke MJ, Williams SJ, et al. (2006) Argon plasma coagulation in the management of symptomatic gastrointestinal vascular lesions: experience in 100 consecutive patients with long-term follow-up. Am J Gastroenterol 101: 58-63

5. Almadi M, Ghali PM, Constantin A, et al. (2009) Recurrent obscure gastrointestinal bleeding: dilemmas and success with pharmacological therapies. Case series and review. Can J Gastroenterol 23: 625-31

Fig. 7 – Lymphangiectasies de la maladie de Waldmann.

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6. Maunoury V, Turck D, Brunetaud JM, et al. (1990) [Blue rubber bleb nevus syndrome. 3 cases treated with a Nd:YAG laser and bipolar electrocoagulation]. Gastroenterol Clin Biol 14: 593-5

7. Bose P, Holter JL, Selby GB (2009) Bevacizumab in hereditary hemorrhagic telangiectasia. N Engl J Med 360: 2143-4

8. Maunoury V, Plane C, Cortot A (2005) Lymphangiectasia in Waldmann’s disease. Clin Gastroenterol Hepatol 3: xxxiii