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11 Bien Vivre à Ribeauvillé n° 11 - Décembre 2010 Wunderkammern» dans le monde germa- nique. C’étaient des collectionneurs éclairés qui voulaient prouver à leur entourage qu’ils étaient des humanistes qui s’intéressent à la fois au passé et à l’avenir du monde. Ces chambres des merveilles étaient égale- ment destinées à impressionner les hôtes de passage. La ville de Ribeauvillé est propriétaire d’un inestimable trésor composé d’une collection de hanaps offerts par les comtes de Ribeaupierre au début du 17 ème siècle. La pièce maîtresse est le «Globuspokal», un hanap en forme de mappemonde. Nous avons mené des investigations qui nous en apprennent un peu plus sur cette pièce d’orfèvrerie, ciselée à la fin du 16 ème ou au tout début du 17 ème siècle, et qui nous permettent de mieux comprendre l’intérêt historique et scientifique de ce trésor. Bien vivre à... Patrimoine La grande histoire d’un hanap des Ribeaupierre Dossier à conserver Les cabinets de curiosités Il convient de nous replacer dans le contexte de la Renaissance et de parler de l’engoue- ment des hommes cultivés pour tout ce qui touche à l’art, l’histoire et les sciences. Les grands de ce monde se constituaient des cabinets de curiosités, appelés «Kunst und Le “Globuspokal” : détail de la mappemonde - cliché Claude Menninger© Région Alsace - Inventaire général Le “Globuspokal” - cliché Claude Menninger© Région Alsace - Inventaire général

Patrimoine Bien vivre à La grande histoire d’un hanap · tant le mouvement des planètes autour de la terre. Il n’est pas inutile de rappeler quelles étaient les conceptions

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11Bien Vivre à Ribeauvillé n° 11 - Décembre 2010

Wunderkammern» dans le monde germa-nique. C’étaient des collectionneurs éclairésqui voulaient prouver à leur entourage qu’ilsétaient des humanistes qui s’intéressent à la fois au passé et à l’avenir du monde. Ces chambres des merveilles étaient égale-ment destinées à impressionner les hôtes de passage.

La ville de Ribeauvillé est propriétaire d’un inestimable trésor composé d’une collection de hanaps offerts par les comtes de Ribeaupierre au début du 17ème siècle.La pièce maîtresse est le «Globuspokal», un hanap en forme de mappemonde.Nous avons mené des investigations qui nous en apprennent un peu plus sur cette pièce d’orfèvrerie, ciselée à la fin du 16ème ou au tout début du 17ème siècle, et qui nous permettent de mieux comprendre l’intérêt historique et scientifique de ce trésor.

Bien vivre à...Patrimoine

La grande histoire d’un hanapdes Ribeaupierre

Dossier àconserver

Les cabinets de curiositésIl convient de nous replacer dans le contextede la Renaissance et de parler de l’engoue-ment des hommes cultivés pour tout ce quitouche à l’art, l’histoire et les sciences.

Les grands de ce monde se constituaient descabinets de curiosités, appelés «Kunst und

Le “Globuspokal” : détail de la mappemonde - cliché Claude Menninger© Région Alsace -Inventaire général

Le “Globuspokal” - cliché Claude Menninger©Région Alsace - Inventaire général

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PatrimoineIl possédait l’une des plus importantes biblio-thèques de la province et sa collection depièces d’orfèvrerie était légendaire.

Avant la guerre de Trente Ans, Eberhard oc-cupait une fonction importante, celle de chan-celier impérial. Il participa à de nombreusesmissions diplomatiques pour le compte del’empereur.

Les Ribeaupierre étaient les seigneurs laïcs lesplus riches de la province. Leur fortune venaitde l’exploitation des mines d’argent de SainteMarie aux Mines et de la possession de nom-breux péages dans les cols vosgiens (Bon-homme, Ste-Marie-aux-Mines, Marmoutier) etsur le Rhin.

Leur revenu permettait de rivaliser avec la plu-part des princes de l’empire. Ils pouvaient sepayer des pièces d’apparat qui servaient oc-casionnellement pour les grandes manifesta-tions (mariages, réceptions, baptêmes …).

Le hanap d’Abraham GessnerLe «Globuspokal» fut réalisé par un orfèvre zu-richois du nom d’Abraham Gessner entre1595 et 1610. Une expertise plus approfondiepermettra peut-être de connaître la date exactede son exécution.

L’exemple de l’empereur Rodolphe II de HabsbourgLe cabinet des curiosités de Rodolphe II fut le plus célèbre en son temps. L’empereur étaitle mécène des artistes et des scientifiques de son époque. C’était un personnage totale-ment atypique qui régna de 1576 à 1612. Bienqu’instruit, il ne pré sentait pas les qualités pour

diriger un empire. C’estson frère Mathias qui ad-ministra de fait le SaintEmpire Germanique.

Rodolphe s’installa àPrague, dont il fit sa capi-tale, et s’entoura des pluséminents artistes et scienti-fiques. Parmi les artistes onpeut citer Arcimboldo (qui fitson portrait sous forme delégumes et de fruits - voir ci-contre). Il fut le protecteurdes cosmographes TychoBrahe et Johannes Kepler.

A l’instar de Rodolphe, lespuissants de l’empire quien avaient les moyensvoulaient se constituerdes ca bi nets de curiosi-tés, avec une surenchèrepour le plus beau et leplus à la pointe de laconnaissance.

C’est ce mécénat qui està la source du formidabledéveloppement des artset des sciences de cetteépoque.

Les Ribeaupierre à la fin du16e et au début du 17e siècleA la fin du 16ème siècle les Ribeaupierre étaientau faîte de leur gloire. Eberhard de Ribeau-pierre assura la gestion du domaine seigneu-rial pendant cinquante deux ans, de 1585 à1637. C’était un homme cultivé, grand ama-teur d’art et de littérature.

Le “Globuspokal” : la mappemonde - cliché Claude Menninger© Région Alsace - Inventaire général

Le géant Atlas: détail du pied du “Globuspokal” -cliché Claude Menninger© Région Alsace - Inventaire général

Rodolphe II de Habsbourg vu par Giuseppe ARCIMBOLDO (1527-1593)

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planète. Ce modèle appelé géocentrique étaiten conformité avec l’Ecriture Sainte.

A partir de la fin du 14ème siècle, l’Eglise admitque la terre puisse être ronde et non plate. Les grandes explorations confirmèrent cettethéorie.

Au milieu du 16ème siècle un astronome polo-nais, Nicolas Copernic, énonce une théorieen totale rupture avec les thèses en vigueur,qui place le soleil au centre de l’universconnu. La terre ne serait qu’une planète qui tourne autour du soleil. Ce modèle appeléhéliocentrique (hélios est le nom grec du soleil) sera repris en Italie par un moine, dis-ciple de Copernic, Giordano Bruno. Mais lepape ne l’entendait pas ainsi ; cette théorieremettait en cause certains fondements del’Eglise. Giordano Bruno fut accusé d’hérésieet brûlé sur un bûcher. Gare à ceux quiosaient contredire l’Ecriture Sainte, ils étaientsystématiquement inquiétés par la Sainte Inquisition !

C’est là qu’intervient l’un des protégés de l’em-pereur Rodolphe II, Tycho Brahe. Il énonce un compromis théorique qui fut admis parl’Eglise : la terre est au centre de l’univers, le soleil est en orbite autour de la terre mais les planètes tournent autour du soleil. Ce mo-dèle, appelé géo-héliocentrique, fut pendantune cinquantaine d’années admis par l’Egliseet la communauté scientifique. Cet astronome

réputé connut une fin triste. Il aurait été em-poisonné au mercure par son propre cousin,farouche défenseur des thèses de Copernic.A cette époque les querelles scientifiques seterminaient parfois de façon dramatique.

La sphère armillaire qui est au-dessus de notreglobe traduit ce compromis. Elle témoigne del’âpre lutte entre l’institution cléricale, figéedans ses certitudes et ses dogmes, et la dyna-mique scientifique qui bouscule les savoirs établis une fois pour toute.

Quelle carte du monde sur notre globe ? A bien observer notre globe on peut s’étonnerde la précision des détails concernant lescontinents bien cartographiés comme l’Eu-rope, l’Asie et l’Afrique. Le contour de l’Amé-rique est approximativement connu, un siècleaprès sa découverte par Christophe Colomb.Mais ce qui étonne le plus, c’est la présenced’un vaste continent antarctique qui englobetoutes les terres australes : Australie, Tasma-nie, Antarctique. Il y a également la présenced’une grande île, appelée Nouvelle Guinée.

On a toujours affirmé que la carte de référenceserait due au cartographe flamand GerardMercator. Mais les chercheurs américains quiont étudié le globe jumeau du nôtre au muséede Los Angeles, penchent plutôt pour la carte

Gessner, en vingt ans, réalisera une quinzained’exemplaires de «hanap-univers». Les mo-dèles évoluent en fonction de la connaissancede la géographie du monde et des moyens financiers du commanditaire. Le «Globusbe-cher» des Ribeaupierre est l’un des plus aboutis avec celui du County Museum de LosAngeles. La plupart de ces hanaps existent encore et se trouvent dans les musées euro-péens ou américains.

Ces coupes constituent un intéressant témoi-gnage de l’intérêt des humanistes fortunéspour la mythologie, les arts, les sciences et... le vin.

Le «Globuspokal» : témoin vivant de la lutte fratricide entre la théologie et la scienceCe ciboire laïc était avant tout un objet scienti-fique et de prestige. Il est composé d’un globeterrestre et d’une sphère armillaire représen-tant le mouvement des planètes autour de laterre.

Il n’est pas inutile de rappeler quelles étaientles conceptions de l’univers à ce moment là.

Avec Aristote, depuis la plus haute Antiquité,puis avec Ptolémée au début de notre ère, onpensait que la terre était au centre de l’universet que les astres tournaient autour de notre

Carte “Orbis Terrarum” réalisée en 1590 par Petrus PLANCIUS (NL)

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Patrimoine

de référence dénommée «Orbis Terrarum» édi-tée en 1590 par le cartographe néerlandaisPetrus Plancius. Les cartes de Plancius étaientconsidérées comme les plus précises et firentlongtemps référence dans le monde de la navigation. Il faut dire qu’à cette époque la cartographie revêtait un rôle capital pour les gouvernements et les compagnies de navigation, conscients de l’importance straté-gique et commerciale des routes maritimes et des côtes.

Abraham Gessner La famille Gessner, originaire d’Allemagne,s’installe au début du 16ème siècle en Suisse.Cette famille imprégnée d’humanisme rhénan,sera le berceau d’une lignée d’orfèvres répu-tés. Abraham était un artiste très doué ; il obtient son brevet de maîtrise en 1571, à l’âgede 19 ans.

Représenter le monde sur un globe est un défiet une prouesse technique que seuls quelquesgraveurs étaient capables d’exécuter. Le pas-sage d’une carte plane à sa projection sur unesphère, sans déformer les contours, est unexercice très délicat. A cette époque moinsd’une dizaine de graveurs étaient capables de réaliser un tel chef d’œuvre.

La coupe en vermeilNotre hanap est en vermeil. Ce n’est pas un alliage, mais de l’argent recouvert d’or par placage. Il est considéré comme un métal précieux.

Déjà connu des Incas, il n’apparaît en Europequ’au 15ème siècle. Le procédé de fabricationétait alors très compliqué. II s’agissait d’im-merger la pièce à dorer dans un mélange d’oret de mercure que l’on faisait chauffer à 360°;le mercure s’évaporait et l’or se fixait sur l’ar-gent. Un siècle plus tard ce procédé fut inter-dit en raison de la haute toxicité du mercurenécessaire à sa fabrication.

Le vermeil coûtait excessivement cher. Il avaitdes propriétés intéressantes, résistance etductilité, et un esthétisme particulier avec unsubtil contraste entre l’argent et le vermeil.En outre, ces coupes avec les trois couchesétaient considérées comme des calorifugesqui préservaient la fraîcheur du vin.

La tradition orale prétend que l’argent de cettecoupe proviendrait des mines de Sainte Marieaux Mines. Cette assertion est plausible maisnon confirmée par un acte authentifié connu.

Les raisons de la donation à la ville Au début du 17ème siècle éclate une guerre ter-rible, à l’échelle de l’Europe, qui va durer de1618 à 1648 : la Guerre de Trente Ans. Leconflit interreligieux entre catholiques et pro-testants va devenir une confrontation arméeentre plusieurs puissances européennes.

L’Alsace sera l’un des principaux champs debataille de cette guerre qui va totalement rui-ner notre province. Au sortir de la guerre, elleaura perdu plus de la moitié de ses habitants.Tour à tour ce sont les armées impériales, suédoises, lorraines, saxonnes, espagnoles

et françaises qui occupent la province. Lestroupes occupantes pillent, rançonnent, vio-lent, tuent. Tous les moyens de productionsont anéantis. La population cherche à survi-vre tant bien que mal.

Les Ribeaupierre, de confession protestante,avaient tout à craindre des troupes catho-liques. A chaque alerte ils se réfugiaient dansleur résidence strasbourgeoise ou leur do-maine bâlois.

Privé de tout revenu, la seigneurie vivait sousperfusion financière des bourgeois de Ribeauvillé qui acceptaient d’entretenir la fa-mille, la domesticité et l’administration.

En 1638, le fils d’Eberhard, Jean Jacques deRibeaupierre, affirme «n’avoir plus un quignonde pain à mettre sur la table en raison de laguerre qui l’empêche de percevoir ses reve-nus». Il ajoute que « sans l’aide de la popula-tion il devra abandonner sa seigneurie». Lacontrepartie de cette aide constituée par les pièces d’orfèvrerie présentait l’avantage de ménager l’honneur des seigneurs acculésà la faillite.

Le hanap porte l’inscription suivante : «Eber-hard, comte de Ribeaupierre, de Honack et deGeroltseck, fait ce cadeau en éternel souvenirà la Chambre du Conseil de Ribeauvillé enl’année 1628».

Description du hanapLe hanap mesure 48 cm de haut. Le globe ter-restre est supporté par le géant Atlas. C’estune allusion à la mythologie grecque qui pré-tend que le titan Atlas est condamné par Zeusà supporter la voûte céleste pour l’éternité. Lesocle est ciselé et comporte des allégories desaisons avec des personnages hirsutes vêtusà l’antique qui soufflent les vents dans les qua-tre coins cardinaux. Sur le globe même figu-rent de nombreuses mentions géographiques(noms des pays, mers, montagnes, fleuves etvilles). Les eaux des mers connues sont peu-plées de poissons et de navires, tandis que lesmers inconnues appartiennent au domainedes monstres.

La ville de Ribeauvillé a le privilège de pos-séder l’une des plus belles pièces d’orfèvre-rie de la Renaissance rhénane. L’histoire dece vase est un condensé de la grande histoire politique, religieuse, scientifique etartistique de la fin de la Renaissance euro-péenne. Le hanap est l’expression d’unenouvelle lumière qui remet en cause les fon-dements des croyances ancestrales, maisest également le témoin d’une terribleconfrontation des idées politiques et reli-gieuses de cette époque. D’une manière gé-nérale l’oeuvre d’art donne la mesure dudégré de civilisation d’une époque et d’unerégion. Serions-nous capable de (re)créerune telle oeuvre qui tient à la fois de l’art,des sciences et de la technologie ?

Le hanap jumeau (ici ouvert) du “Globuspokal” de Ribeauvillé exposé au County Museum de Los Angeles (USA)

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Agenda Bien vivre à...

DECEMBREJusqu’au 31 décembreExposition Vieux NIANGPeinturesCave Vinicole / Salle E. Traber18 - 19 décembre Week-end de la LUMIEREBougies, lanternes et lumières àtoutes les fenêtres !Voir p 7

JANVIER9 janvierFête de Noël des personnes âgéesLe Parc - 12h15 janvier «Grand’peur et misères…» / Bertolt BrechtLe Parc - 20h30 - voir ci-dessus22 janvier «Le Cirque des Mirages» Le Parc - 20h30 - voir ci-dessus

26 janvier Don du sang Hôtel de Ville/Salle du Théâtre - 15h30 à 19h30 29 janvier «Le voyage dans la lune»Organisé par l’association AlsazonieLe Parc - 20h30 (entrée payante)

FEVRIER5, 6, 11, 12 févrierThéâtre Alsacien de RibeauvilléLe Parc - voir ci-dessus

20 février Bourse Multicollections de l’Amicale du personnel de l’Hôpital de RibeauvilléInfos : 03 89 73 74 53 Yvette Balten-weck - Le Parc

MARS5 mars Concert organisé par le Rotary Club de RibeauvilléLe Parc - 20h

Les talentueux acteurs du TAR préparent assi-dûment leur nouvelle pièce «Bim KUNTZ ischallerhand los» une comédie en 3 actes en al-sacien d’Hélène QUIRIN. Eh oui, chez le DrKuntz il se passe en effet un tas de choses ! Sonépouse, née un 13 juillet, s’apprête à fêter son50e anniversaire qui tombe un vendredi. Unedate qui fait craindre le pire d’autant plus qu’une

succession d’évènements inattendus perturbela bonne organisation de cette fête. De plus, lasœur et la maman de Mme Kuntz parlent lefransalsa, un mélange d’alsacien et de français,ce qui ne plait pas du tout au Dr Kuntz…

Les billets seront en pré-vente à la librairieHoerdt (Tél. 03 89 73 64 70) à partir du mardi25 janvier 2011.Horaires des représentations : samedi 5 février 2011 - 20h30 / dimanche 6 février 2011 - 14h30vendredi 11 février 2011 à 20h30 /samedi 12 février 2011 à 20h 30

Théâtre Alsacien de Ribeauvillé

Samedi 22 janvier 2011 «Le Cirque des Mirages»20h30 - Cabaret expressionnisteChant : Yanowski Piano : Fred ParkerIl y a des mots qu’on hésite à dégainer tant ilspèsent lourd. Parker et Yanowski ? Anti-confor-mistes, c’est sûr. Révolutionnaires, peut-être.Renversants, c’est clair… Géniaux ? Sansdoute. Les découvrir, c’est plus qu’un plaisir :un choc. Tellurique.Yanowski, né poète, il y a une trentaine d’an-nées, dévoreur de chansons, le regard clair, lyrique, théâtral, immense, en mouvement per-pétuel. Face à lui, Fred Parker, le même âge,petit, vif, incisif, personnage un peu sombrequ’on devine prêt à bondir, nourri au jazz et à la musique contemporaine. Côté pile et côté face d’un duo providentiel.Ensemble, Parker et Yanowski ont donc inventé le Cirque des Mirages, une sorte de cabaret-théâtre expressionniste et fan tas ma -go rique à l’univers trouble et troublant, quidéfie nos sens, bouscule nos habitudes, explose nos carcans. Le Cirque va bien au-delà du spectacle, c’est une expérience totale,musicale, visuelle, textuelle, à la fois violente et poétique, dont on ressort forcément cham-boulé. Difficile à définir, puisque tellement hors norme.

Samedi 15 janvier 2011 «Grand’Peur et Misères…» de Bertolt Brecht 20h30 - ThéâtreLa Compagnie du Midi - ParisBrecht écrit « Grand’Peur et Misères du IIIeReich » d’après des récits de témoins et descoupures de journaux. Il y brosse un portraitau vitriol de la société allemande à la veille dela seconde guerre mondiale. En passant enrevue tous les milieux sociaux, Brecht nousmontre les mécanismes quotidiens d’intimida-tion, de dénonciation, de propagande et decorruption, mais aussi les révoltes et la résis-tance naissante.Les 13 saynètes retenues parlent principale-ment des petites gens ordinaires, de ceux quine seront jamais jugés comme grands crimi-nels, et de ceux aussi dont les souffrances ontété quasiment oubliées par l’Histoire.Le spectacle réglé comme du papier à mu-sique, oscille entre le drame et le burlesque etbouscule les spectateurs entre l’effroi, la com-passion et l’éclat de rire inattendu.

Bibliothèque Municipale : le catalogue consultableen ligne !

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