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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le samedi 10 février 2018 Année 2018 Numéro 6 Sommaire RDC Gros temps pour les Eglises… Page 1 UDPS : Congrès, zizanie provoquée et guerre des clans au parti d’Etienne Tshisekedi Page 9 D P a lu Culture/Histoire: les rébellions de 1964 au Congo: de frappantes ressemblances Page 14

Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous … n 6 Monnsengwo Ambongo.pdf · l’évêque diocésain décidera de l’accepter ou de la différer ; il devra procurer au

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Pauvres, mais honnêtes, nous paraissons quand nous pouvons, et notamment le samedi 10 février 2018

Année 2018 Numéro 6

SommaireRDC

Gros temps pour les Eglises…Page 1

UDPS :Congrès, zizanie provoquée et

guerre des clans au partid’Etienne Tshisekedi

Page 9DP a lu

Culture/Histoire:les rébellions de 1964 au

Congo:de frappantes ressemblances

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RDCGros temps pour les Eglises

Les toits de Kinshasa

En RDC, la confrontation entre le monde chrétien, catholique ou protestant, et le pouvoirreste au-devant de l’actualité. Un certain nombre de religieux témoignent leur sentimentd’insécurité. Un prêtre catholique de Kinshasa a été enlevé par la police, mais a été rapidementlibéré : en fait, son « enlèvement » était lié à une querelle à propos du terrain sur lequel sonéglise est bâtie. Le Vatican a nommé le vice-président de la CENCO comme évêque coadjuteurde Kinshasa, ce qui en fait le successeur désigné de l'archevêque Mgr Laurent Monsengwo :selon les observateurs, le Vatican marquerait ainsi son inquiétude sur la crise congolaise

Depuis le début de cette année, la scène politique congolaise a de nouvelles vedettes : lesEglises, représentées par un certain nombre d’ecclésiastiques (prélats et prêtres catholiques etpasteurs protestants) mais aussi par les laïcs du CLC. Le régime semble pris un peu audépourvu, car à force de barrer la route à l’opposition politique par tous les moyens, légaux ouillégaux, il devait tout de même se douter un peu que la contestation finirait bien par trouverd’autres voies pour s’exprimer. Il pouvait même s’attendre à ce que ces voies soient celles desinstitutions religieuses, par certains côtés plus solides même que celles de l’état.

Qu’est-ce ce que cela change, au fond ? Peaucoup plus qu’on ne pourrait croireè ! YvesMakwambala (Lucha) explique : « Jusqu’à présent, entre le pouvoir et les partis d’opposition,

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on assistait à une sorte de « pas de deux » constate Makwambala, « j’avance, tu recules.. Onlance des Opérations Villes Mortes puis comme elles sont réprimées ou ne récoltent pas lesuccès escompté, on marque un temps d’arrêt…Mais cette fois, le 31 décembre puis le 15janvier, le Comité des Laïcs chrétiens a changé la donne. Parmi ces chrétiens qui sortaient deséglises en priant, il y avait des jeunes certes, mais aussi des mamans en habits du dimanche,de vieux papas, des jeunes filles…Un large échantillon de la population de base, de tous lesmilieux, de tous les quartiers… »

«L’état d’esprit est nouveau » poursuit Makwambala « alors qu’auparavant lesmanifestations s’accompagnaient toujours d’une certaine nervosité, que des jeunes risquaientde faire des dégâts, cette fois c’est la sérénité qui prévalait. Les consignes étaient claires etstrictes : interdiction absolue de dresser des barricades, de crier des insultes ou des slogans.Chacun savait que lorsque la police empêcherait d’avancer, il fallait seulement s’agenouiller,lever les mains et prier.

Dans mon quartier, à la paroisse Saint Joseph, c‘est ce qui s’est passé : nous sommessortis de l’église et après avoir fait 200 mètres, alors que les gaz lacrymogènes commençaientà être répandus, le curé nous a dit de rentrer. Un tel climat de discipline non violente, voilà quichange la donne et rend les morts d’autant plus choquants…»1

Mais, bien au-delà de la situation congolaise, cela remet en lumière un débat qui concernetout le monde : celui de la place des chrétiens en politique.

Catholiques : la « Barque de Pierre » dans la tourmenteLa nomination de Monseigneur Fridolin Ambongo en qualité d’évêque coadjuteur, c’est-

à-dire de successeur désigné du Cardinal Laurent Monsengwo dans l’archidiocèse de Kinshasa,continue de faire couler encre et salive dans tous les sens. Sur Télé 50, Jean-Marie Kasambaexpliquait le plus sérieusement du monde que le départ annoncé du Cardinal LaurentMonsengwo Pasinya de la tête du diocèse de Kinshasa constituait une victoire de la diplomatiecongolaise dans la mesure où ce départ intervient deux semaines après une rencontre entre leministre congolais des Affaires étrangères et son homologue du Vatican, Monseigneur PaulRichard Gallagher, secrétaire chargé des relations avec les Etats.

La version des faits soutenue par M. Kasamba est la même qui est répandue dans lesmédias sociaux par nombre de communicateurs de la MP. Pour les opposants par contre, ladésignation de Monseigneur Ambongo constitue une leçon pour la désignation officielle d’undauphin, avant de passer le bâton de commandement.

Compte tenu de l‘antiquité vénérable de l’Eglise catholique, la notion d’« âge de laretraite » y est une innovation relativement récente. Benoît XVI a été le premier SouverainPontife à s’appliquer cette règle à lui-même. Durant les vingt siècles qui ont précédé ; les papes,même malades ou gâteux, sont toujours restés en place jusqu’à leur mort (quitte, parfois, à lesassassiner). Bref, en appréciant les choses à l’aune de la grande lenteur des évolutions dansl’Eglise catholique, la « limite d’âge » est une innovation récente et quasiment encore « enrodage ». Il convient donc d’être très prudent dans l’utilisation de notions comme »la marchenormale des choses ».

Mais, d’autre part, il est évident aussi que la suite donnée à une demande de « mise à laretraite » formulée depuis belle lurette, tout à coup maintenant, alors que la situation politiqueen RDC est ce qu’elle est, et que Monsengwo y joue un rôle important, n’est pas l’effet duhasard.

1 Yves Makwambala (Lucha): des anticorps apparaissent dans la société congolaise Colette Braeckman – Le Soir– le 7 février 2018

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Qu’en dit le Droit canon ?Une règle de Droit canonique, établie par le Pape Jean Paul II après le concile Vatican II,

stipule ainsi : « à 75 ans accomplis, le curé est prié de présenter à l’évêque diocésain larenonciation à son office : après examen de toutes les circonstances de personnes et de lieu,l’évêque diocésain décidera de l’accepter ou de la différer ; il devra procurer audémissionnaire un logement et une subsistance convenable».

De la même manière, à «75 ans accomplis», l’évêque diocésain doit présenter égalementla «renonciation à son office» au Pape. Cependant, le code précise : «il n’y a pas de cessationautomatique de fonction à l’âge indiqué par le canon, la présentation de la renonciation n’estmême pas imposée. L’évêque est seulement prié de la présenter et de se soumettre à la décisiondu Pontife romain».

Selon la constitution Pastor bonus – constitution apostolique promulguée par le papeJean-Paul II le 28 juin 1988 dans le but de réaménager le fonctionnement de la curie romaine –le Pape apprécie la renonciation à leur office qui lui est présentée par les cardinaux de la Curieromaine dès lors qu’ils atteignent 75 ans. Mais il arrive souvent que des cardinaux partent enretraite bien après avoir dépassé cet âge.

Par contre, le titre de Cardinal se conserve à vie et le droit de voter au Conclave, jusqu’à80 ans. Pour revenir au cas de Laurent Monsengwo Pasinya, Cardinal de la Sainte Égliseromaine, aujourd’hui âgé de 78 ans, il a atteint l’âge de 75 ans en octobre 2014 et avait présentésa démission depuis cette époque. C’est lorsque le pape prend acte de la démission de l’évêqueque la mission de ce dernier s’arrête. Quand le Pape va-t-il donc prendre acte de la démissiondu Cardinal Monsengwo qui date de plus de trois ans ? Nul ne sait car cela ne dépend que de sapropre appréciation.

Après son départ de l’archidiocèse de Kinshasa, Laurent Monsengwo restera cardinal àvie, continuera à siéger au Collège cardinalice, la plus haute sphère de l’Eglise Catholiqueromaine, et pourra voter pour élire le Pape, jusqu’à fin 2019, quand il aura atteint 80 ans.

Il faut remarquer ici que, alors que la presse congolaise pro-régime prétend queMonsngwo devrait quitter ses fonctions en mars, le Cardinal Fernando Filoni, Préfet de laCongrégation pour l’Evangélisation des Peuples, est beaucoup moins affirmatif à ce sujet, dansune interview accordée à l’Agence Fides, même si le langage diplomatique, l’onctionecclésiastique et les fioritures « à l’italienne » font que le sens précis de son discours n’est pastoujours très facile à saisir.

« Question : Combien de temps durera la collaboration entre l’Archevêque, le CardinalMonsengwo, et le nouveau Coadjuteur ?

« Réponse : Je n’entends pas répondre à une question de durée temporelle. Je pense quele Cardinal Monsengwo sera content de laisser son Office dans des mains sûres et zélées.Comme un père de famille ne cesse jamais de l’être et qu’il le sera pour toujours, de même unPasteur qui a aimé et guidé sa propre Eglise, continuera à être Père même lorsqu’il n’en auraplus la responsabilité directe. En outre, lorsque S.Exc. Mgr Fridolin Ambongo Besungu en aurabesoin – comme souvent aime le dire le Pape François à propos du Pape émérite, Benoît XVI– il pourra s’adresser à un homme sage et riche en vertus. Dès lors, il me plait de penserqu’entre l’Archevêque, S.Em. le Cardinal Monsengwo, et S.Exc. Mgr Ambongo Besungu, nonseulement existera cette collaboration liée à la sagesse mais également une collaborationspirituelle et de prière qui doit toujours être vivante au sein de l’Eglise. En outre, il faut tenircompte de la santé qui décline, du rôle que le Saint-Père a confié à l’Archevêque de Kinshasaau sein du C9 et, par suite, de la contribution qu’il est appelé à donner au niveau de l’Egliseuniverselle ».

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Qu’en dit le Pape François ?L’on comprend assez mal que l’on puisse douter de l’opinion personnelle du papesujr la

question et qu’on puisse même supposer qu’il allait « punir » Monsengwo. En effet, dans sonhomélie du septembre 2013 lundi 16 septembre, aux fidèles rassemblés dans la Chapelle Sainte-Marthe2, le souverain pontife a rappelé les fondamentaux d’une bonne gouvernance dont lescatholiques ne sauraient se sentir exclus: un bon catholique doit se mêler de politique.

Donner le meilleur de soi, idées, conseils mais surtout prier pour que le gouvernant – quia, lui, le devoir d’aimer et écouter son peuple – puisse gouverner correctement : tel est ledevoir du bon catholique rappelé par le pape

« Qui gouverne, déclare François, doit aimer son peuple, car un gouvernant qui n’aimepas, ne peut pas gouverner : au maximum il pourra discipliner, mettre un peu d’ordre, maispas gouverner ». Mais le bon catholique, lui « ne doit pas se désintéresser de la politique », ildoit au contraire, « pour le bien de tous (…) faire son possible pour que le gouvernantgouverne bien, en participant de son mieux à la vie politique ».

Partant des lectures du jour – la prière universelle de la première lettre de saint Paul àTimothée, et l’épisode de l’Evangile du jour racontant la « demande humble et confiante » ducenturion à Jésus de guérir son serviteur – le pape invite gouvernants et gouvernés à réfléchir àleurs propres responsabilités, rappelant que le mot « charité » doit rester le critère de base depart et d’autre.

Aux gouvernants, chefs d’Etat, et toute personne appelée à gouverner, il rappelle quel’amour et l’humilité sont les deux vertus cardinales de leur service : « On ne peut pasgouverner sans amour et sans humilité à l’égard du peuple ! Et chaque homme, chaque femmequi doit prendre possession d’un service à gouverner, doit se poser ces deux questions : « est-ce que j’aime mon peuple, pour mieux le servir ? Suis-je humble et suis-je à l’écoute d’opinionsautres que les miennes, pour choisir le meilleur chemin ? ».

Le gouvernant qui ne se pose pas ces deux questions ne gouvernera pas bien, assure-t-il,tout comme le citoyen, appelé à ne pas à se « laver les mains » face à la politique, doit «se sentirresponsable de ce gouvernement » et faire de son mieux pour qu’il « gouverne correctement ».

« Personne ne peut dire : Moi je n’ai rien à voir là-dedans, c’est eux qui gouvernent… »,a dit le pape. « Non, non, je suis responsable de leur manière de gouverner, et je dois faire monpossible pour qu’ils gouvernent bien, je dois faire mon possible en participant de mon mieux àla politique ».

Comme saint Paul, le pape exhorte ceux qui sont gouvernés à prier « pour tous ceux quisont au pouvoir, afin que tous puissent mener une vie paisible et tranquille » et rappellel’obligation pour chaque chrétien de se « mêler de la politique car la politique est l’une desformes les plus hautes de la charité », selon les enseignements de la doctrine sociale de l’Eglise.

« Nous avons pris l’habitude, insiste le Pape, de dire du mal des dirigeants et de toujoursparler des «choses qui ne vont pas bien ». « Le dirigeant est peut-être un pécheur, commeDavid l’était, mais nous devons construire le monde avec notre propre opinion, notre parole,notre correction », souligne le pape, parce que « nous devons tous participer au biencommun ! ».

Et s’il arrive que « nous entendions dire qu’un bon catholique ne se mêle pas depolitique, sachez que ce n’est pas vrai, que ce n'est pas le bon chemin à prendre. Donnons lemeilleur de nous-mêmes, les idées, les conseils, ce que nous avons de mieux : la prière. Prionspour les dirigeants, pour qu'ils gouvernent bien, et notre pays ira dans la bonne direction, ilira de l’avant, ainsi que monde, pour la paix et le bien commun ».

2 Citations d’après « Pape François: un bon catholique doit se mêler de politique » Isabelle CousturiéOSSERVATORE ROMANO / AFP | 16 septembre 2013

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Le pape François, c’est bien connu, a choisi son nom de règne en hommage à SaintFrançois d’Assise, fondateur au XIII° siècle d’une famille monastique dont font partie les« frères mineurs » ou franciscains, les clarisses et les capucins, ordre auquel appartient FridolinAmbongo. Dès cette lointaine époque, les franciscains se sont tournés vers les populationspauvres des villes.

La face politique des chosesEn tout état de cause, la nomination de Mgr Ambongo en qualité d’évêque coadjuteur de

Kinshasa ne constitue nullement un désaveu du Cardinal de la part du pape. Le souverainpontife a eu à le dire clairement : il soutient l’action de ses évêques en RDC.

Le fait de lui donner un coadjuteur, donc un successeur désigné à l’avance « en cas demalheur », montre en tous cas que le Vatican a jugé que, dans la situation congolaise, il estnécessaire que, si Monsengwo venait à disparaître (ce qui veut désigner la mort ou la maladie,mais aussi une arrestation, un enlèvement, une disparition volontaire …) la continuité soitassurée qans que le moindre flottement ait l’occasion de se produire.

Au fil des années, le Vatican a eu le loisir de capitaliser une certaine expérience des« crises » avec Kinshasa. et l’Eglise ne désire certainement pas renouveler l’épisode assezhumiliant de la fuite à Rome de Mgr Malula3.Mais elle ne désire certainement pas davantagevoir une nouvelle fois Monsengwo prendre la fuite « déguisé en pêcheur », comme en 1997.Rome n’a rien à redire à la conduite récente du Cardinal. Mais elle peut craindre qu’il soit, à unmoment quelconque, rattrapé par son passé. Si l’on suppose que les mois à venir pourraient voirKabila choir de son piédestal, il faudrait s’attendre alors à des règlements de compte. D’aucunspourraient encore en vouloir à Monsengwo d’avoir présidé la CNS, dont il faisait encorerécemment la louange, d’avoir présidé le HCR/PT et suivi Kengo wa Dondo dans la « troisièmevoie »… Bref, sans le lui reprocher, on a pu juger que Monsengwo avait déjà un certain « passépolitique » derrière lui et que mieux vaudrait pour tout le monde que l’archevêque de Kinshasaait une plus grande « virginité politique ».

Du reste, le successeur désigné de Monsengwo est l’un des membres les plusintransigeants de la CENCO et peut bien être considéré comme le père de l’Accord de la saintSylvestre.

Qui est Fridolin Ambongo ?Agé de 57 ans, le nouvel archevêque coadjuteur aura la tâche de prendre la relève du très

influent cardinal Monsengwo qui, âgé de 79 ans, prendra bientôt sa retraite.Ordonné prêtre en 1988, Mgr Fridolin Ambongo est issu de l’Ordre des Frères Mineurs

Capucins. En 2004, il a été nommé évêque de Bokungu-Ikela, dans la province de l’Equateur(dans l’ouest de la RDC) où il est d’ailleurs né le 4 janvier 1960 à Boto. Il a passé une bonnepartie de ses études dans la même province, dont celles de philosophie au séminaire deBwamanda et de théologie à l’Institut Saint-Eugène de Mazeno.

3 Après sa nomination comme premier évêque congolais de Kinshasa, Malula dut faire face à la vague desindépendances et à la tenue du Concile Vatican II, mais aussi à de nouvelles idéologies politiques africaines baséessur la revendication des identités culturelles traditionnelles. Un exode massif et croissant des populations ruralesvers les nouvelles agglomérations urbaines pose de nouveaux défis, ainsi que la naissance de la sanglante dictaturede Mobutu, la croissance du phénomène de la pauvreté, etc. Ces problèmes imposent la nécessité de l’africanisationde l’Église. Cette dimension socio-politique de l'Église congolaise à l'époque de Mgr Malula est réprimée par lepouvoir dictatorial de Mobutu. Victime de campagnes d’intimidation et d’isolement, Mgr Malula échapped'extrême justesse à une exécution programmée. Il est envoyé en exil à Rome. Six mois plus tard, à la faveur del’intervention diplomatique et personnelle du pape Paul VI, il a peut retourner au Congo.

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Après des études de philosophie et de théologie à Kinshasa, Fridolin Ambongo poursuitson cursus à Rome. Il rentre dans l'ordre franciscain des capucins. Il a gravi tous les échelonsde sa congrégation jusqu’à devenir le président national de l’Assemblée des Supérieurs majeurs(Asuma) et du district des Frères mineurs capucins en Afrique (Concau).

En 2008, il a été nommé administrateur apostolique du diocèse de Kole au centre de laRDC, puis président de la Commission épiscopale "Justice et Paix" et administrateurapostolique de Mbandaka-Bikoro, avant d’être nommé archevêque du même archidiocèse le 12novembre 2016.

Un an plus tôt, il avait demandé aux autorités françaises de faire pression sur l'entouragede Joseph Kabila pour empêcher le président de modifier la Constitution et briguer un nouveaumandat. Très critique envers le pouvoir, Mgr Ambongo est aussi celui qui a porté le messagede la Cenco au mois de juin dernier intitulé : « le pays va très mal, debout Congolais ! »

A plusieurs reprises ces derniers mois, le prélat a invité le peuple congolais à « se prendreen charge », un message repris à son compte aujourd'hui par le Comité laïc de coordination.

Mgr Monsengwo a expliqué que son coadjuteur évoluera à ses côtés au même titre qu’unévêque auxiliaire… "mais avec droit de succession immédiate sur le siège de l’évêque dont ilest adjoint après la démission ou le décès de ce dernier", a précisé l’archevêque de Kinshasa.

Beaucoup se demandent si Mgr Ambongo poursuivra, au même diapason que sonprédécesseur, la "tâche prophétique" qu’assurait avec hardiesse le cardinal Monsengwo. Cedernier s’est en effet illustré par des prises de position interpellant le pouvoir de Kinshasa faceà la moindre tentative de dévier de la Constitution ou pour le bien-être des Congolais, s’attiranten retour les attaques du régime.

Le dernier message de Mgr Monsengwo appelant "les médiocres à dégager" pour "querègnent la paix, la justice en RD Congo", marquera longtemps les esprits. Le président JosephKabila a lui-même réagi en demandant que l’on sache "rendre à César ce qui est à César et àDieu, ce qui lui est dû".

Pour beaucoup, Mgr Ambongo, archevêque de Mbandaka-Bikoro (dans l’ouest) avant sanomination, pourrait bien rester sur la même lancée.

Vice-président de la Conférence épiscopale nationale (Cenco), en charge de lacommission Justice et Paix, Mgr Ambongo est en effet aussi critique que le cardinalMonsengwo. Co-médiateur de l’accord politique, qui a permis le report des élections en 2016,dont l‘épiscopat exige l’application complète, Mgr Ambongo a fait plusieurs sorties pourdénoncer les dérives du régime, mais aussi les incohérences de l’opposition.

Au sein de l’épiscopat congolais, Mgr Ambongo est même celui qui s’affichait sur le frontdiplomatique, notamment pour exiger la pression sur le gouvernement en vue de la mise enœuvre complète de l’accord du 31 décembre 2016.

Protestants : L’envol du PasteurDans le contexte actuel de la RDC, ''les intellectuels subversifs'' de la trempe d'Ekofo sont

''dangereux''.Pourquoi ? Ils disent la vérité en face des inventeurs du mensonge systémique et de leurs

proxys. Comprendre le fonctionnement de ''l'industrie de la propagande'' en Occident, facilitel'organisation des actions internationalisantes au Sud du monde. Oui. Comprendre, c'est déjàagir.

Ce pasteur protestant n’a-t-il pas dit vrai en parlant d’un non Etat, sans routes, sanschemins de fer, mal desservi en eau potable et électricité, souffrant de déficits alimentaireschroniques, aux populations sans pouvoir d’achat, etc ? Quel péché a-t-il commis en martelantque ceux qui sont capables de transformer en richesses réelles les gisements de cuivre, de coltan,de cobalt, de diamant, d’or, de pétrole et autres…ceux qui passent leur temps à clochardiserleurs concitoyens devraient rendre des comptes à Dieu au moment du « jugement dernier » ?

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François-David Ekofo Bonyeku, officiant du culte célébré à l’occasion de lacommémoration du 17e anniversaire de l’assassinat du président Laurent-Désiré Kabila, le 16février dernier, est devenu célèbre pour avoir administré une leçon de gouvernance auxdirigeants du pays, les invitant à restaurer l’autorité de l’Etat. Il les a appelés au véritablenationalisme et à se mobiliser pour léguer à la génération future un pays où l’Etat existeréellement. Ces paroles l’ont mis en danger, comme le Cardinal Monsengwo pour avoir parléde «médiocres à dégager»?

Il y a plus. François-David Ekofo est pasteur. Il risque d'entraîner les masses des croyantsdans ''la connaissance de la vérité qui rend libre''. Il devient encore plus dangereux. Et dansl'entre-temps, ''les faux intellectuels'' sont fabriqués dans les universités congolaises. Et ''lesfaux diplômes'' sont distribués aux ''technocrates'' et autres ''prophètes de la cour des roisfainéants''. Tel est le contexte où ''les intellectuels subversifs'' de la trempe du ProfesseurAlphonse Maindo deviennent dangereux. Ils doivent être traduits en justice ou chassés du pays.Minaku et Matata peuvent les remplacer et poursuivre, avec Mende, ''la fabrique duconsentement'' au profit des maîtres provisoires du Nord.

Les Protestants de l’ECC n’ont pas la force institutionnelle qu’a l’Eglise catholique.Leurs moyens modestes les amènent à recourir plutôt à la ruse. Un communiqué émanant desautorités de l’ECC au sujet de la « disparition » et de l’« exil » du pasteur Ekofo. « dont onn’avait plus de nouvelles depuis le dimanche 4 février » a alerté l’opinion sur ce pasteur.

Puis, le jeudi 8 février, la MONUSCO a confirmé avoir transporté le pasteur Ekofo deKinshasa à Entebbe. « La MONUSCO confirme que le pasteur Ekofo de l’Eglise du Christ auCongo (ECC) a voyagé samedi dernier à bord d’un de ses avions de Kinshasa à Entebbe(Ouganda), sur demande de l’intéressé ». Cette précision a été apportée par la porte-parole dela Mission onusienne, à la suite des informations faisant état de la disparition de ce pasteurprotestant. « Il est vrai que la MONUSCO a délivré un titre de transport au pasteur pour un volentre Kinshasa et Entebbe, sur un vol régulier de samedi dernier», a affirmé sa porte-parole,Florence Marchal. Elle a toutefois précisé qu’il s’agissait d’une procédure tout à fait normale :«Ce n’est pas un cas exceptionnel. Entre 10 et 30% de passagers des vols quotidiens de laMONUSCO sont des personnes, des passagers qui ne sont pas de personnels des Nations unies[…] Nous avons délivré un titre de transport entre Kinshasa et Entebbe sur la base de lademande du pasteur. » Mme Marchal dit toutefois ignorer la destination finale de François-David Ekofo. «Le fait de délivrer ce titre de transport n’implique pas que nous soyons aucourant de la suite du voyage du pasteur», a-t-elle poursuivi.

Cette information a été confirmée par l’ECC ce même jeudi. Mais, dans un communiquépublié la veille, le président de l’Eglise du Christ au Congo disait être sans nouvelles de sonpasteur Ekofo depuis le dimanche 4 février 2018. Pour dire les choses crûment, l’Eglise duChrist au Congo a tout l’air d’avoir proféré un « pieux mensonge », pour couvrir d’un rideaude fumée une « exfiltration » discrète du pasteur par la MONUSCO.

Du coup, les flics ont bonne mine, et un peu l’air d’un renard qu’une poule aurait pris…Et les médias joséphistes se déchaînent et s’efforcent de faire passer l’esquive d’Ekofo commeune astuce, non pour échapper aux « gorilles » congolais, mais pour obtenir facilement, comme« réfugié politique », un permis de séjour aux USA.

« Hypocrisie dégoutante de la Présidence Nationale de l’ECC », s’indigne Scooprdc.netCe site internet dit avoir été mis au parfum depuis samedi dernier de l’exfiltration de

François David Ekofo avant même que les réseaux sociaux en fassent large diffusion. Dégouté,ce média ne comprend pas « l’hypocrisie de la présidence nationale de l’ECC qui ne s’est pas

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gênée à publier même un communiqué sur la disparition du pasteur François David Ekofo, bienque connaissant la vérité ».

Selon lui, la demande d’un titre de voyage à bord des vols de la MONUSCO [qui l’aexfiltré en Ouganda], communément appelé MOP, n’est formulée que par la hiérarchie oul’organisme de la personne qui doit voyager. Partant de cette condition et dans le cas d’espèce,c’est la présidence de l’ECC qui devait formuler cette demande ou à défaut en donner l’avalmême verbal…

Le Soft international titre «L’homme le plus recherché semble avoir bien préparé soncoup

« Cela n’arrive plus qu’aux jeunes, ni qu’aux Laïcs, ni qu’aux magistrats. Voici que despasteurs montent des «coups» pour s’ouvrir la voie d’une green card, le document de séjourtrès prisé aux Etats-Unis. Qu’est arrivé au pasteur François David Ekofo Bonyeku, leCongolais qui, en deux jours, fut l’homme le plus recherché du monde? Son supérieur avaitlancé un SOS prétendant avoir perdu toute trace de son homme mais voici que la MONUSCO,contre toute attente, affirme jeudi, que le pasteur de l’Eglise du Christ au Congo avait prislibrement l’un de ses vols samedi dernier en direction de Entebbe en Ouganda. De là, l’hommes’est transporté sans autre forme de procès aux Etats-Unis en quête d’un statut d’exilé. Maisun pays qu’il connaît parfaitement. ...

Mais pourquoi est-il parti sans laisser de nouvelles? Pourquoi s’est-il transformé en«Ngunda»? Son coup de gueule était-il une manière de préparer son départ et son accueilcomme réfugié politique? Alors qu’elles disaient ne rien savoir sur le sort de ce pasteurprotestant, ses proches font savoir qu’il craignait pour sa sécurité. A ce train, tous lesCongolais - dont les journalistes - doivent se mettre à l’abri à l’étranger? Est-ce pourconsolider son voyager, la Fédération protestante de France avait fait part, dans uncommuniqué, de son inquiétude pour les chrétiens congolais4.

4 Ce communiqué dit notamment «Celui qui a pris la parole, pour l’Eglise du Christ au Congo devant lesautorités, a effectivement exprimé librement un certain nombre d’affirmations concernant la nécessité de ladémocratie, de la liberté, etc. Des pressions, des tracasseries, des actes qui remettent en cause la libertéd’expression des églises... C’est une situation qui n’est pas normale. Je dis des églises, parce qu’il s’agit del’ensemble des églises protestantes, mais surtout des églises catholiques. Tout le monde est concerné dans ce pays,c’est un ensemble», avait alors dit François Clavairoly, pasteur, président de la Fédération protestante deFrance ».

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UDPS : Congrès, zizanie provoquée et guerre des clans au parti d’EtienneTshisekedi

Lorsque les 13 Commissaires du peuple (aujourd'hui députés), auteurs de la lettre de 52pages adressée à Mobutu et dans laquelle ils réclamaient le multipartisme en RépubliqueDémocratique du Congo, alors République du Zaïre), créaient l'Union pour la Démocratie et leProgrès Social (UDPS), le 15 février 1982, ils ne savaient pas que leur machine politique allaitévoluer en ordre dispersé 36 ans après. Et cela, après avoir fait face à leur ennemi commun :Mobutu Sese Seko, pendant plus d'un quart de siècle et à leur problème commun, EtienneTshisekedi, pendant trente-cinq ans.

Avant la mort d'Etienne Tshisekedi le 1er février 2017 à Bruxelles (Belgique), l'espacepolitique congolais comptait un « bâtard » de l’UDPS, qui, après avoir été longtemps l’UDPS/Beltchika, avait adopté un nom et des symboles modifiés pour s’appeler désormais CDPS, etdeux ailes de l'UDPS : l'UDPS/Tshisekedi et l'UDPS/Kibassa. Ces deux dernières ailes avaientouvert des pourparlers pour tenter une réunification. Cette information a été confirmée parAugustin Kibassa, lui qui a succédé à la tête du parti après la mort de son père Frédéric Kibassa- en 2002 en Afrique du Sud pendant qu'il participait aux travaux du Dialogue inter-congolais.

Un an après la disparition de celui qui prétendait incarner à lui seul l'oppositioncongolaise, l'UDPS a enregistré la naissance d'une autre aile. Cette dernière est dirigée parBruno Tshibala. A l'issue du Conclave de l'Opposition en Belgique, avec à la clé la création dela plate-forme « Rassemblement », Bruno Tshibala avait été nommé porte-parole de ceregroupement. En avril contre toute attente, il avait été nommé Premier ministre par JosephKabila. Exclu du parti, il a été désigné, par acclamation, président de l'aile appelée aujourd'hui« UDPS/Tshibala » à l'issue du congrès clôturé le 10 décembre 2017.

Les Tribunaux sollicitésMalgré la tenue de ce congrès, sanctionné par la désignation de Bruno Tshibala, l'aile

dirigée par Jean-Marc Kabund refuse de baisser les bras bien que déboutée par le Parquet deMatete où l'affaire avait été portée devant la justice. En effet, le Notaire Roger Mbangu, quiaurait refusé d'enregistrer les modifications apportées aux statuts de l'UDPS par le campTshibala, avait été arrêté le 23 décembre 2017.

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Accusé d'être derrière cette arrestation, Tharcise Loseke, désigné président-délégué del'UDPS par Bruno Tshibala, a rejeté toute responsabilité de son groupe dans l'arrestation dunotaire. Tharcisse Loseke avait estimé qu'il pourrait s'agir d'un dossier à la fois judiciaire etsécuritaire.

Du côté de l'aile Tshisekedi, l'on considère le procès ouvert au Parquet comme unemanœuvre orchestrée par le régime en place pour liquider le parti créé par Etienne Tshisekedi.«Malgré le verdict rendu par le Parquet de Matete, l'UDPS va se comporter comme l'UDPS »,a déclaré Augustin Kabuya, porte-parole de l'UDPS/Tshisekedi sur Top Congo. Pour lui, BrunoTshibala avait été nommé Premier ministre avec comme mission principale de faire disparaîtrel'UDPS de la scène politique congolaise.

A l'UDPS/Kibassa, on rappelle l'histoireBien que disposé à réunifier les ailes historiques dirigées actuellement par Félix Tshiskedi

et Augustin Kibassa, Aimé Bakila, le conseiller politique de ce dernier préfère rappelerl'histoire. «Le parti UDPS/Kibassa n'est pas concerné par le dédoublement des partispolitiques. C'est parfois étonnant d'entendre parler de l'UDPS/Kibassa et del'UDPS/Tshisekedi. Cependant, l'histoire peut bien nous renseigner sur ce dossier, Puisque làil y a toute une histoire», explique-t-il. Et d'ajouter: «La vérité est que Frédéric Kibassa étaitle président de l'UDPS aux termes de l'Arrêté de 1991, Et en 2002, avec l'avènement deLaurent-Désiré Kabila, l'AFDL avait interdit le fonctionnement des partis politiques. C'estFrédéric Kibassa qui s'était montré légaliste en enregistrant son parti en 2000 ».

Aimé Bakila rappelle que c'est grâce aux arrêtés de 1991 et 2000 que l'UDPS a existélégalement, mais surtout a participé au Dialogue inter-congolais tenu en 2002 à Sun City, enAfrique du Sud. « L'UDPS/Kibassa fonctionne légalement et dispose de tous les élémentsjuridiques qui permettent à un parti politique de fonctionner. C'est un parti reconnu par leministère de l'Intérieur, conclut le conseiller politique de l'UDPS/Kibassa. S'il existe d'autrespartis qui fonctionnent sans statuts conformes à la loi et qui n'ont pas de siège, ils doivent êtresanctionnés par le ministère de tutelle ».

Congrès de l’UDPSL’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) que pilote le tandem Kabund-

TShisekedi sera en congrès extraordinaire les 26 et 27 février courant à Kinshasa pour élire unnouveau président en remplacement d’Etienne Tshisekedi, décédé le 1er février 2017 àBruxelles,

Il y a déjà un candidat déclaré, a dit Jean-Marc Kabund A Kabund, au cours d’uneconférence de presse qu’il a tenue hier jeudi 8 février au siège du parti : « Le fils biologique duLider maximo, Félix-Antoine Tshilombo Tshisekedi, dit FATSHI ».

Pour briguer la présidence du parti : « Les candidats président doivent remplir un certainnombre de conditions, notamment être de nationalité congolaise et avoir 20 ans d’anciennetéau sein parti. Un niveau d’études égal au moins au graduat ou une expérience professionnelleet politique éprouvée à travers un parcours régulier au sein du parti est également requis. Êtreen règle des cotisations depuis 2011, être de bonne moralité, faire preuve d’une constancepolitique avérée au sein du parti, n’avoir pas été sanctionné par les instances du parti pourvagabondage politique et avoir un domicile connu en RDC.»

Compte tenu des enjeux électoraux à venir, le parti doit se donner un président qui vapouvoir remobiliser les troupes, mais ces conditions étriquées montrent que suivant la trèsmauvaise habitude des partis politiques congolais, le maître-mot des apparatchiks sera « J’ysuis, j’y reste ». C’est donc très mal parti. L’UDPS a beaucoup souffert de perdre ETwM, sa« locomotive » puissante même si elle ne savait pas trop où elle allait, mais surtout, elle nesemble pas avoir perçu les possibilités de renouveau qui s’ouvraient avec sa disparition.

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Pour les responsables de l’UDPS, les élections restent leur cheval de bataille. Pour saparticipation aux prochaines élections, la première force de l’opposition a demandé à sesmilitants de s’inscrire massivement sur les listes électorales. L’ambition affichée est donc departiciper activement à ces consultations. Pour relever le défi électoral, l’UDPS devraitformellement cette fois-ci se doter d’une nouvelle direction, qui pense que « Félix Tshisekediparait l’homme de la situation ».

Félix favori, Kabund non partant !617 délégués et plus d’une centaine d’invités externes sont attendus du 26 au 27 février

2018 au siège de l’Udps, situé au n°2600, petit Boulevard Lumumba, à Limete, quartierrésidentiel. Cette fois-ci, c’est la bonne, a-t-on appris , en découvrant le contenu du messageaux accents rassurants du Secrétaire Général, M. Jean-Marc Kabund-a-Kabund, livré lors d’unematinée politique d’annonce de la tenue du Congrès dont le thème sera axé sur le choix à porterpour pourvoir à la succession du Sphinx, à la tête de l’Udps.

Le challenge qui attend l’UDPS est de « trouver une personnalité, homme ou femme,susceptible de pérenniser le combat pour un Etat de droits en RDC ». Le prochain président,doit impulser une nouvelle dynamique pour propulser le parti au diapason des défis de l’heure.Il s’agira d’abord de résister aux « velléités dictatoriales que le régime en place à Kinshasatente d’imposer au peuple congolais en violation de la Constitution. Ensuite, il faudra placerl’UDPS en ordre utile pour les prochaines élections devant renouveler les animateurs desinstitutions de la République du sommet à la base ».

Jean-Marc Kabund, tout en reconnaissant la délicatesse de la mission dévolue au futurPrésident du Parti, celle de la consolidation du parti, de la continuité du combat et, même, de laconquête, le moment venu, des arcanes du pouvoir d’Etat par des voies démocratiques, s’est ditnon partant. Ce qui, du coup, laisse à penser que Félix, le fils d’Etienne Tshisekedi, qui,jusqu’ici, se démène comme un diable dans un bénitier, a le champ libre. Du moins, de ce côté-là, cela apparaît, désormais, comme acquis d’avance.

Jean-Marc Kabund dévoile également le coût et lance un appel à toute personne oustructure de bonne volonté, pour la contribution matérielle et financière à la réussite de cesimportantes assises ».

Pour organiser ce congrès, il faudra débourser un peu plus de 176 370 USD. Pour laréussite de ce congrès, M. Kabund a invité tous les combattants du parti à contribuer afin d’élirele successeur d’Étienne Tshisekedi, Le secrétaire général du parti a demandé à tous les militantsde rester sereins, même si un individu quitte l’UDPS. «Même s’il existait plusieurs UDPS, nousnous sommes UDPS Tshisekedi », a indiqué Jean-Marc Kabund.

Révélations inopportunesJusqu’ici, rien que d’assez classique, mais la suite est plus étonnante.

Face à la presse, et comme s’il désirait se tirer une balle dans le pied, Jean-Marc Kabund-A-Kabund a livré quelques vérités cachées à l’opinion publique, un an depuis le décès inopinéd’Etienne Tshisekedi wa Mulumba, président de l’Udps. Devant la journaliste Sylvie Bongo,concernant d’abord le Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises auchangement dans son ensemble, avant le décès de son président du Conseil des Sages, et qui apris part active au dialogue national politique et inclusif, le Secrétaire général de l’Udps a parlédu choix de son président quant à la personne qui devait conduire la délégation du Rassop à ces

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assises. Non seulement comme chef de la délégation, mais aussi comme futur Premier ministreau gouvernement de transition voulu par l’Accord du 31 décembre 2016.

Félix Tshilombo Tshisekedi, Secrétaire national de son parti en charge de l’extérieur etfils biologique du sphinx « n’était pas le premier choix du président Etienne Tshisekedi » pourreprésenter le Rassemblement au gouvernement de transition, conformément à l’Accord de laSaint-Sylvestre. En tant que deuxième personnalité du parti du vivant d’Etienne Tshisekedi, ilest normal que je sache ce que le patriarche avait laissé comme nom du futur Premier ministre.Ce document existe vraiment et je reconnais que le nom de Felix s’y trouve. Mais la vérité estqu’au départ, Félix Tshisekedi n’était pas pointé par le président comme futur Premierministre. C’était Valentin Mubake. Mais ce choix a été rejeté par les 8 plateformes membresdu Rassemblement qualifiant cet ancien conseiller deTshisekedi de conflictuel », a révélé JMKabund.

Poursuivant que le nom de Félix comme Premier ministre n’avait pas été décidé pasEtienne Tshisekedi, mais par les 8 plateformes qui menaçaient de quitter le Rassemblement siMubake était nommé Chef du Gouvernement. « Le Président a eu beaucoup de peine avantd’accepter de proposer Félix Tshisekedi comme Premier ministre. Il n’a en aucun cas vouluproposer son propre fils comme candidat Premier ministre. Malheureusement, en tant quedémocrate, il s’est soumis au choix de ces 8 plateformes. Et finalement, ce n’était pas la volontédu président Tshisekedi, mais plutôt de l’ensemble des plateformes du Rassemblement », aajouté Kabund lors de l’émission Pona Ekolo.

Partout sur les réseaux sociaux, l’opinion veut savoir le bien-fondé de ces révélations deJM Kabund, alors que ce dernier ne veut même pas être candidat à la succession d’EtienneTshisekedi . S’opposerait-t-il encore à la candidature de Félix Tshisekedi Tshilombo commesuccesseur de « yaTshitshi » ? Si Tshisekedi ne voulait pas que son fils soit Premier ministre,accepterait-il que ce dernier lui succède à la tête du parti ? L’Udps est-il un patrimoine familialou du Grand Congo ? Est-ce que les combattants à leur tour, sont convaincus du leadership etdu charisme du fils Tshisekedi ? Les réactions sur ces questions sont nombreuses, car certainscombattants reviennent sur le combat de Valentin Mubake et pensent que c’est l’homme qu’ilfaut comme le voulait leur mentor Tshisekedi wa Mulumba.

Eglise catholique-Rassemblement : 50/50Le face à la presse de Jean-Marc Kabund-A-Kabund n’a pas eu seulement le nom de Felix

Tshisekedi comme sujet principal. Par ailleurs, le Secrétaire général de l’Udps a révélé deschoses cachées sur leur partenariat avec l’Eglise chrétienne catholique de la RDC. Unpartenariat qui a donné des ailes au Comité Laïc de Coordination, pour lancer des appels auxchrétiens, afin de manifester contre la loi électorale et les autorités en place.

Au sujet de ces marches pacifiques, le Secrétaire général de l’Udps affirme que la majoritédes marcheurs sont les combattants de l’Udps. « Nous sommes des associés. Nous avec l’Eglisecatholique, c’est 50/50. L’église catholique nous offre le cadre que sont les paroisses et nous,nous offrons nos combattants, après nous allons tous à la marche », a-t-il fait savoir.

Ces affirmations sont absurdes, puisqu’elles reposent sur l’idée qu’il y aurait l’UDPSd’un côté, l’Eglise de l’autre, alors que bien évidemment bien des gens sont à la fois chrétienset membres ou sympathisants de l’UDPS…

On ne voit pas à quoi peuvent tendre ces révélations de Kabund, sinon à donner unsemblant de crédibilité aux thèses du pouvoir sur les stratégies de chaos et de prise du pouvoirdans la rue que l’église entretiendrait avec le Rassemblement/Limete. Si ce n’est pas là unetrahison, cela y ressemble vraiment très fort…

Mubake en embuscade

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Pendant ce temps, Valentin Mubake(photo), ancien conseiller politique' d'EtienneTshiskedi tire systématiquement sur les autresailes de l'UDPS. Bien que se réclamant toujoursdu parti, il ne va ni chez les tshiskedistes, nichez les kibassistes, ni chez les tshibalistes.«C'est désormais depuis son domicile, enbanlieue de Kinshasa, que Mubake se réclameencore de l'UDPS. Il tente de ne pas tomber auxoubliettes », écrivait Jeune Afrique, six moisaprès la mort de Tshisekedi.

Comme tous les autres exclus de l'UDPS,Valentin Mubake fait de la résistance: « Qui peut nous exclure du parti? Cette prérogativen'appartient pas à ceux qui se sont arrogés ce droit-là », clame-t-il. Lui aussi, selon des sources,préparerait la tenue du congrès de son aile.

Avec autant d’ailes, on ne vole jamais bien loin.

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DP a lu

Culture/Histoire: les rébellions de 1964 au Congo: de frappantesressemblances

« L’ascension de Mobutu », de Ludo De Witte, Ed. Investig’Action, 461 pp, 18€

Le sociologue belge Ludo De Witte s’était fait connaître du grand public par son ouvrage« L’assassinat de Lumumba », publié en flamand en 1999 et en français en 2000.

L’ouvrage avait interpellé la conscience des Belges au point que d’aucuns y voient laraison pour laquelle une commission d’enquête parlementaire avait alors instituée, qui avaitconclu que « certains ministres et autres acteurs » belges portaient une « responsabilitémorale » dans l’assassinat du Premier ministre congolais. En 2001, le ministre belge desAffaires étrangères, Louis Michel, avait présenté publiquement à la famille Lumumba et aupeuple congolais les excuses de la Belgique.

Regrets diplomatiques et larmes de crocodile. Depuis l’arrestation de Lumumba, tout lemonde est à même de faire la liste de tous ceux qui ont trempé dans ce crime. Tout ce que l’onpouvait faire de neuf, c’était préciser un peu, parmi tous ces complices et co-auteurs belges,congolais et américano-otaniens, qui avait fait quoi. Et la Commission Lumumba a surtout servià planter l’arbre qui allait cacher la forêt. Pari réussi : on n’a pas évoqué l’existence d’unevolonté arrêtée de longue date de saboter l’accession du Congo à l’indépendance, volonté quiétait beaucoup moins celle du gouvernement belge que de Baudouin I°.

Le nouvel ouvrage de Ludo De Witte n’aura pas le même succès. D’abord parce que sontitre est trompeur: « L’ascension de Mobutu » - qui présente une homonymie malheureuse avecun ouvrage de Jules Chomé - ne s’intéresse en effet au Léopard qu’à partir du septième etdernier chapitre (p. 391); le reste est consacré à l’étude des rébellions de 1964. Il y a tromperiesur la marchandise. Car même si l’auteur explique que la répression belgo-américaine desrébellions a aidé Mobutu à accéder au pouvoir, il s’intéresse si peu à ce dernier que toute

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personne un peu au fait de l’histoire congolaise n’apprendra rien dans cet ouvrage sur celui quidirigea le pays durant 31 ans.

Deux rébellionsIl n’en va pas de même pour le vrai sujet du livre, dont on se demande pourquoi il n’a

pas été monté en titre. L’auteur évoque deux rébellions. Celle que Pierre Mulele, rentré de Chinecommuniste, lança dans le Kwilu (ouest du pays); celle des « Simbas » (lion en swahili) quiréussit à prendre le contrôle de l’est du Congo.

A dire vrai, Ludo De Witte s’étend peu sur la première qui, revendiquant une « deuxièmeindépendance », poussa de très jeunes gens, munis d’armes primitives et principalement ruraux,à fermer écoles et missions (comme l’a fait, en 2016-17, la rébellion de Kamwina Nsapu auKasaï) et prit un tour xénophobe. Son succès reposait sur la frustration créée par la déceptiondes espoirs de l’indépendance. Cette rébellion et sa terrible répression firent de 60.000 à100.000 morts, indique De Witte.

Il se peut que l’auteur ait voulu éviter de faire double emploi avec les ouvrages écrits, surcette même rébellion, par Ludo Martens. Celui-ci a produit, sur le « mulelisme » des travauxremarquable par la recherche assidue des moindres témoignages, mais qui souffrent d’un apriori dogmatique. : il était convaincu à l’avance de ce que l’intensité et la longue durée desrévoltes du Kwilu s’expliquaient par la caractère marxiste de la formation reçue de Mulele,récemment rentré de Chone. Cela luia fait surestimer la valeur de cette « formation », à vraidire fort sommaire, et négliger le passé du Kwilu, théâtre d’une longue lutte entre Unilever etle prolétariat agricole, appuyé – comme le fut le maquis de Mulele – par les chefs traditionnels.

Les SimbasDe Witte développe principalement l’histoire de la révolte des Simbas, officiellement

lumumbistes (d’où l’intérêt marqué de l’auteur) mais surtout jeunes gens issus des villes, enrévolte contre l’armée congolaise dirigée par Mobutu. Comme celle-ci craignait les pratiquesmagiques revendiquées par les rebelles et perdait du terrain (presque la moitié du territoirenational!), il fut fait appel à des mercenaires pour l’étoffer et à quelques officiers belges.

Selon De Witte, la Belgique ne voulait pas intervenir militairement pour ne pas risquerde mettre en danger les quelque 60.000 Belges qui vivaient alors au Congo et parce qu’elle étaitpersuadée que même des rebelles victorieux auraient besoin d’elle pour redresser le Congo.Mais la CIA lui force la main, appuyée par Londres, au nom de la lutte contre le communisme.La situation devient plus difficile encore pour Bruxelles quand les rebelles prennent des milliersd’étrangers en otages, dont de nombreux Belges, dans tout l’est du Congo. Pourtant, écrit DeWitte, sur décision américaine, il n’y aura d’opération militaire aérienne pour les libérer qu’àStanleyville et Paulis, parce que c’étaient des lieux « stratégiques », tandis que les otagesailleurs ne bénéficièrent pas de la même sollicitude: seules des troupes au sol vinrent à leursecours, trop lentement et souvent trop tard.

Si ses opinions politiques sont sensibles (notamment lorsqu’il évoque « l’infâmesécession » katangaise), l’auteur expose les faiblesses et les infamies des rebelles lumumbistesautant que celles des « affreux » et de l’armée congolaise. Il affirme que les premiers n’ontcommencé à tuer les otages qu’après le début des attaques belgo-américaines.

Similitudes frappantesAu total, l’ouvrage fait connaître un conflit aujourd’hui oublié. Alors que les rébellions

se multiplient au Congo, le lecteur est frappé par les similitudes entre les deux époques. Déjàrégnait la corruption. Déjà les fonctionnaires étaient impayés. Déjà les villes étaient débordéespar l’explosion démographique et l’absence d’emplois. Déjà de nombreux Congolais

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s’engageaient dans l’armée pour échapper au chômage et pouvoir se servir grâce à leur arme,tandis que d’autres fournissaient de la chair à canon aux rébellions. Déjà l’armée pillait et violaitjusqu’aux petites filles. Déjà les politiques multipliaient scissions et exclusions mutuelles, augré de leurs aversions et ambitions personnelles…

On reste perplexeIl y de quoi puisque, sous un titre qui fait référence à Mobutu presqu’absent du livre, on

nous présente une étude comparative entre deux rébellions, dont l’une fait l’objet d’un exposébeaucoup plus fouillé que l’autre, avec de multiples allusions à des événements du présent.

Si l’auteur désirait parler des rébellions de 65 ; il devait intituler son livre ainsi, et, sanspréjuger de l’intérêt respectif de chacune d’elles, placer les « mulelistes » et les « Simba » surun pied d’égalité.

Si son but était de comparer entre elles les rébellions congolaises, il aurait dû les évoquertoutes, et ne pas se limiter aux mouvements de 1965. D’autant plus que les occasions de fairedes rapprochements et des comparaisons ne manquent pas.

On pense notamment à :- la révolte des Kaniok en 1894-95 (même zone géographique que Kamwina Nsapu) ;- les mutineries militaires qui se sont succédées entre 1895 et 1908 (Lulabourg, Ndirfi,

Shinkakasa) ;- la « révolte » (en réalité une résistance civile pacifique) de Kasongo Nyembo, qui prit

fin en 1918, avec la reddition de ce chef ;- les révoltes des Yaka et des Pende, dans l’entre-deux-guerres, dans le Kwilu ;- les « guerres anyotiques », à la même époque, dans la Province Orientale ;- la persistance, après1965, du maquis du PRP ;- les deux « guerres du Shaba » ;- la « guerre de l’AFDL » ;- les violences dites « pollitico-religieuses » (BDK, Mukungubila, …--La récente « affaire Kamwina Nsapu » ;… et la liste est loin d’être complète.

Si un tel travail était fait – et je reconnais que la tâche serait herculéenne, l’on pourraitpeut-être, au bout du compte, dégager des éléments de réponse à cette question lancinante :

« Qui bâtira ce Congo « plus beau qu’avant » célébré par l’hymne national? »

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Rappel : Les 7 conditions à défaut desquelles une élection sera NULLE.

L’élection est un processus complexe, une machine aux multiples rouages, et il faut que chacunde ceux-ci fonctionne impeccablement pour que l’élection puisse être valable.

Si un seul de ces rouages est défectueux ou grippé, cela met à néant la validité de tout leprocessus et les élections sont nulles. Schématiquement, ces conditions sont au nombre de sept:

1 – Le corps électoral doit être correctement connu et identifié. Là où, comme en RDC, le dernierrecensement remonte au Déluge, ce recensement doit avoir lieu avant que l’on n’envisage d’organiserdes élections .

2 – L’organisation pratique et matérielle des élections doit être confiée à une institution neutreet apolitique. C’est actuellement un point d’achoppement en RDC.

3 – Lorsque l’obstination d’un Président, jamais élu comme en RDC, ou simplement arrivé en finde mandat, rend une Transition indispensable, celle-ci ne peut être présidée que par une personneconsensuelle et qui s’engage à ne pas être candidate.

4 – La certification des résultats doit être confiée à un pouvoir judiciaire parfaitementindépendant.

5 – Toutes les opérations, depuis les bureaux de vote jusqu’à la proclamation finale, doivent êtreparfaitement transparentes, soumises à l’observation, tant des témoins désignés par les candidats quedes observateurs nationaux ou internationaux. En particulier, les opérations électroniques doivent être,soit évitées, soit soumises à une surveillance particulièrement scrupuleuse. (Même si elles neconcernent que la transmission des résultats des bureaux locaux au bureau central. Le souci affiché de« gagner du temps »peut cacher une intention de gagner l’élection… en trichant).

6 – Les élections doivent être organisées par ordre d’importance croissante : régionales etlocales, d’abord, provinciales et législatives ensuite, présidentielle en fin de parcours.

7 – Là où, comme en RDC depuis les élections de 2011, l’on vit sous un régime illégitime, il nesaurait être question d’impunité. Il faut des enquêtes sérieuses pour déterminer les causes et originesdes irrégularités, qu’on punisse les responsables, qu’on les écarte définitivement de toute responsabilitéélectorale et qu’on en tire les conséquences quant aux futures élections. Il aurait dû y avoir uneprotestation générale des démocrates de tous les partis, car un démocrate ne saurait accepter que soncandidat gagne par la fraude, la corruption et le mensonge.

Il est indispensable que TOUTES ces conditions soient réalisées EN MEME TEMPS. Sans quoi l’ons’expose aux pires aventures telles celles dont la RDC donne, pour son malheur, le triste exemple àl’Univers entier. Dans ce pays, en effet, aucune de ces sept conditions n’a jusqu’ici été respectée.

L’on pourrait ajouter une huitième condition aux sept énumérées ici : le soutien ferme et sélectifde la «communauté internationale » aux démocraties en construction. Mais cela ne dépend pas des paysafricains eux-mêmes.