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XXXXXXXX F FRANCOS ARTS FRANCOS ARTS F PHOTO MARCO CAMPANOZZI / ASSISTANT À LA PRODUCTION STEPHAN DOE, LA PRESSE Pour souligner la sortie, après sept ans de cogitation, du CD Le Québec est mort, vive le Québec ! , nous avons fait aux Loco Locass une offre qu’ils ne pouvaient refuser : lire notre article avant publication et y ajouter leurs commentaires. C’est notre rêve depuis toujours, se sont-ils écriés, trop heureux de pouvoir participer à un exercice qui leur évitera, à coup sûr, le club des mal cités. NATHALIE PETROWSKI euxième étage du Gainzbar, rue Saint-Hubert. Dans le salon tendu de velours rouge qui rappelle un bordel, Biz, Batlam et Chafiik sont en feu. C’est la première image qui me vient à l’esprit en les apercevant assis en demi-cer- cle sur les divans autour du journaliste qui termine son entrevue. Je note des bribes de phrases qu’ils lancent en l’air, petites flèches empoison- nées sur Gilbert Rozon qui fait passer les étudiants pour des terroristes, élans lyriques sur le Québec qui parle de sa propre voix et accès de lucidité sur le fait que la meilleure ligne de la chanson Kevin et Gaétan a été fournie par Statistique Canada, puisqu’elle évoque les 10 ans d’espérance de vie séparant un enfant né à Westmount d’un autre né à Saint-Henri. Attention, s’écrie Batlam, Nathalie prend des notes ! Les trois éclatent de rire. Je m’approche. Biz (Sébastien Fréchette) porte un t-shirt noir à la gloire du journal Le Devoir , Batlam (Sébastien Ricard), un coton ouaté à capuchon jaune citron piqué d’un carré rouge. Chafiik (Mathieu Farhoud- Dionne) a oublié son carré rouge à la maison. Sept ans se sont écoulés depuis la sortie de leur dernier CD (Amour oral ). Sept ans à enregistrer une toune de temps à autre dans le creux de la vague, entre des horaires individuels surchar- gés. Sept ans à annoncer aux tourneurs qu’un nouveau CD s’en venait et qu’une tournée était imminente, sans que rien n’aboutisse sous la fleur de lys. Mais sept années aussi qui ont été productives et ont donné naissance, pour Biz, à un deuxième enfant et à deux livres dont un très touchant, sur sa dépression. Pour Batlam, les sept dernières années ont été marquées par la naissance d’une petite fille, un grand rôle au cinéma dans Dédé à travers les brumes, plusieurs rôles au théâ- tre, son engagement actif dans le Moulin à paroles, spectacle commémoratif de 24 heures sur la bataille des plaines d’Abra- ham, puis de Nous, un autre marathon de prise de parole. Quant à Chafiik, le fils du LOCO LOCASS compositeur Vincent Dionne et le musicien du trio, en bon bidouilleur et bête de studio, il a réalisé plusieurs CD, dont celui de sa sœur Alecka. Pourquoi revenir ensemble après tout ce temps, je leur demande. «Parce que ça me coûtait trop cher de pilules sans Loco», blague Biz. «Parce qu’on est conscient de la force de nos énergies créatives réu- nies et qu’on n’a jamais perdu le désir de prendre la parole ensemble», réplique Batlam. À quoi Chafiik ajoute: «Quand on a accepté d’écrire l’hymne à Québec, on n’avait pas beau- coup de temps, on était tous pris partout et pourtant au bout de quelques heures, on avait déjà la toune. Bref, quand on s’y met, les trois ensemble, on est encore capables de faire des sacrées bonnes tounes qui marchent.» Biz revient à la charge, plus sérieux cette fois: «On est reve- nus parce qu’on a le sentiment d’avoir une responsabilité face à ceux qui nous suivent et nous appuient. Batlam complète le raison- nement : « Les jeunes sont entrés dans le conflit étudiant en prenant la parole. Nous, on est conscients de cette parole gagnée qui nous appartient. On ne veut pas la taire.» La production du Québec est mort, vive le Québec !, réalisée par Chafiik, a commencé deux jours avant le début de la grève étudiante. Les rappeurs ne l’ont pas fait exprès. «Nous, on dirait que ça nous prend une crise libérale pour faire un disque», lance Biz. Et Chafiik de renchérir: «La mort dans notre titre, c’est l’arrivée des libéraux au pou- voir. Le Vive le Québec ! qui suit, c’est la résistance de ceux qui ne veulent pas rentrer dans le rang et être une province américanisée et néo-libérale imaginée par Jean Charest.» Une simple ceinture fléchée stylisée orne la pochette du CD dédié à la mémoire de Pierre Falardeau et du rappeur et militant MCA des Beastie Boys, deux grandes sources d’inspiration dont les Locos se réclament. Sur le CD, on entend la voix de Charles Taylor dans une chanson accrocheuse en forme de mémoire à la commission Bouchard-Taylor, celle de Gilles Vigneault dans une version rap de Tout le monde est malheureux et celle de Dédé Fortin. Le temps file. Plein de ques- tions qui piaffent dans ma tête. L’une porte sur la chan- son Wi où Wajdi Mouawad, Bertrand Cantat, le docteur Turcotte et le hockeyeur Zdeno Chara sont présentés comme des boucs émissaires dans un amalgame déran- geant et à mon avis un brin douteux. Mais dans le feu de la discussion, j’oublie de leur demander des explications. L’autre question porte sur la rumeur voulant que Julie Snyder soit la marraine de la fille de Biz, grand détracteur de Star Académie qui a récem- ment viré capot. C’est vrai ou non pour Julie? Long silence. Biz finit par répondre: «C’est personnel, ça. Je n’infirme ni ne confirme, mais disons que mon amitié avec Julie provient du Moulin à paroles. Dans ce projet de fous sur les Plaines, le gouvernement était contre nous, Julie nous a beau- coup aidés. Notre amitié est née dans cette adversité. Puis un jour, dans une discussion, Julie m’a dit que ça ne servait à rien de faire l’indépendance si on ne faisait pas d’enfants. Elle m’a dit qu’un seul enfant, ce n’était pas assez, que j’avais l’obligation de donner un frère ou une sœur à mon premier. Ça m’a fait réfléchir.» Les autres autour commen- cent à s’impatienter. « Quel rapport avec notre CD?» demandent-ils. Le rapport, c’est évidemment les liens de ce trio de militants gauchis- tes et revendicateurs avec un empire médiatique, en l’occur- rence Québecor. Mais bon, j’ai cru comprendre à travers la longue explication de Biz que la rumeur était fondée. Prochain appel. S’ensuit une discussion où nous parlons tous en même temps, une joyeuse engueu- lade trop cahotique pour la reproduire, mais qui me per- met de noter que le trio est plus engagé, militant et sou- verainiste que jamais, même si des fois son discours est un peu confus. Biz le confirme à travers une fine allusion à la loi 78: «Nous, on aime ça aller dans toutes les direc- tions sans jamais donner notre itinéraire ». Puis la voix de Batlam s’élève : « Dans le fond, on est des mauvais perdants. On n’accepte pas la défaite. Quand je les entends dire que la souveraineté, c’est dépassé, ça me fait rire. Comment veux- tu dépasser quelque chose qui n’est jamais arrivé? » C’est ce que Batlam nomme « l’absence d’emblée», dans la chanson La perle qui, dit-il, résume mieux sa pensée que n’im- porte quelle entrevue. Cela nous amène au grand classique des Loco Locass, Libérez-nous des libéraux et à ce couplet prophétique écrit en 2003: «Les cols bleus, les cols blancs, toutes les écoles confon- dues, faut se ruer dans la rue, au printemps comme une crue, faire éclater notre ras-le-bol, une débâ- cle de casseroles. Trêve de paroles. Faites du bruit! » Vous étiez visionnaires ? «Non, répond Chafiik, on espérait ! » «Et quoi qu’on en pense, d’ajouter Batlam, l’espoir d’une réelle remise en cause, c’est infiniment plus profond qu’on le croit.» Cet été, le trio n’a que trois spectacles de prévus: le 15 juin aux Francos, le 23 juin sur les plaines d’Abraham, à Québec, et le 29 juin à Amos, en Abitibi. Mais ils espèrent bien que les mots et les musi- ques de leur Québec mort et vivant résonneront dans les oreilles des Québécois. Qu’on se le dise, les Loco Locass sont revenus en ville sur un pied de guerre, avec leurs chiennes de travail rouge, leurs ceintures fléchées, leurs chansons qui déménagent et leurs poings résolument tendus. llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll 8 ARTS LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 9 JUIN 2012 llllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll ARTS 9 LA PRESSE MONTRÉAL SAMEDI 9 JUIN 2012

pdf.lapresse.ca · sans Loco», blague Biz. «Parce qu’on est conscient de la force de nos énergies créatives réu-nies et qu’on n’a jamais perdu le désir de prendre la parole

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  • XXXXXXXXF FRANCOS ARTS FRANCOS ARTS F

    PHOTO MARCO CAMPANOZZI / ASSISTANT À LA PRODUCTION STEPHAN DOE, LA PRESSE

    Pour souligner la sortie, après sept ans de cogitation,du CD Le Québec est mort, vive le Québec! , nous avonsfait aux Loco Locass une offre qu’ils ne pouvaient refuser :lire notre article avant publication et y ajouter leurscommentaires. C’est notre rêve depuis toujours, se sont-ilsécriés, trop heureux de pouvoir participer à un exercicequi leur évitera, à coup sûr, le club des mal cités.

    NATHALIE PETROWSKI

    e u x i è m e é t a g edu Gainzbar, rueSaint-Hubert. Dansle salon tendu develours rouge quirappelle un bordel,

    Biz, Batlam et Chafiik sont enfeu. C’est la première imagequi me vient à l’esprit en lesapercevant assis en demi-cer-cle sur les divans autour dujournaliste qui termine sonentrevue. Je note des bribesde phrases qu’ils lancent enl’air, petites flèches empoison-nées sur Gilbert Rozon qui faitpasser les étudiants pour desterroristes, élans lyriques sur leQuébec qui parle de sa proprevoix et accès de lucidité sur lefait que la meilleure ligne dela chanson Kevin et Gaétan a étéfournie par Statistique Canada,puisqu’elle évoque les 10 ansd’espérance de vie séparant unenfant né à Westmount d’unautre né à Saint-Henri.

    Attention, s’écrie Batlam,Nathalie prend des notes !Les trois éclatent de rire. Jem’approche. Biz (SébastienFréchette) porte un t-shirt noirà la gloire du journal Le Devoir,

    Batlam (Sébastien Ricard), uncoton ouaté à capuchon jaunecitron piqué d’un carré rouge.Chafiik (Mathieu Farhoud-Dionne) a oublié son carrérouge à la maison. Sept ans sesont écoulés depuis la sortie deleur dernier CD (Amour oral).Sept ans à enregistrer unetoune de temps à autre dansle creux de la vague, entre deshoraires individuels surchar-gés. Sept ans à annoncer auxtourneurs qu’un nouveau CDs’en venait et qu’une tournéeétait imminente, sans que rienn’aboutisse sous la fleur de lys.

    Mais sept années aussiqui ont été productives et ontdonné naissance, pour Biz, àun deuxième enfant et à deuxlivres dont un très touchant,sur sa dépression. Pour Batlam,les sept dernières années ontété marquées par la naissanced’une petite fille, un grand rôleau cinéma dans Dédé à travers lesbrumes, plusieurs rôles au théâ-tre, son engagement actif dansle Moulin à paroles, spectaclecommémoratif de 24 heures surla bataille des plaines d’Abra-ham, puis de Nous, un autremarathon de prise de parole.Quant à Chafiik, le fils du

    LOCOLOCASS

    compositeur Vincent Dionneet le musicien du trio, en bonbidouilleur et bête de studio,il a réalisé plusieurs CD, dontcelui de sa sœur Alecka.

    Pourquoi revenir ensembleaprès tout ce temps, je leurdemande. « Parce que ça mecoûtait trop cher de pilulessans Loco», blague Biz. «Parcequ’on est conscient de la forcede nos énergies créatives réu-nies et qu’on n’a jamais perdule désir de prendre la paroleensemble», réplique Batlam. Àquoi Chafiik ajoute : «Quandon a accepté d’écrire l’hymneà Québec, on n’avait pas beau-coup de temps, on était touspris partout et pourtant au boutde quelques heures, on avaitdéjà la toune. Bref, quand ons’y met, les trois ensemble, onest encore capables de fairedes sacrées bonnes tounes quimarchent.»

    Biz revient à la charge, plussérieux cette fois: «On est reve-nus parce qu’on a le sentimentd’avoir une responsabilité faceà ceux qui nous suivent et nousappuient.

    Batlam complète le raison-nement : « Les jeunes sontentrés dans le conflit étudianten prenant la parole. Nous, onest conscients de cette parolegagnée qui nous appartient. Onne veut pas la taire.»

    La production du Québec estmort, vive le Québec ! , réaliséepar Chafiik, a commencé deuxjours avant le début de la grèveétudiante. Les rappeurs ne l’ontpas fait exprès.

    «Nous, on dirait que ça nousprend une crise libérale pourfaire un disque », lance Biz.

    Et Chafiik de renchérir : «Lamort dans notre titre, c’estl’arrivée des libéraux au pou-voir. Le Vive le Québec ! qui suit,c’est la résistance de ceux quine veulent pas rentrer dansle rang et être une provinceaméricanisée et néo-libéraleimaginée par Jean Charest.»

    Une simple ceinture fléchéestylisée orne la pochette duCD dédié à la mémoire dePierre Falardeau et du rappeuret militant MCA des BeastieBoys, deux grandes sourcesd’inspiration dont les Locos seréclament.

    Sur le CD, on entend la voixde Charles Taylor dans unechanson accrocheuse en formede mémoire à la commissionBouchard-Taylor, celle deGilles Vigneault dans uneversion rap de Tout le mondeest malheureux et celle de DédéFortin.

    Le temps file. Plein de ques-tions qui piaffent dans matête. L’une porte sur la chan-son Wi où Wajdi Mouawad,Bertrand Cantat, le docteurT u rcot te et le hockeyeu rZdeno Chara sont présentéscomme des boucs émissairesdans un amalgame déran-geant et à mon avis un brindouteux. Mais dans le feu dela discussion, j’oublie de leurdemander des explications.L’autre question porte sur larumeur voulant que JulieSnyder soit la marraine de lafille de Biz, grand détracteurde Star Académie qui a récem-ment viré capot. C’est vrai ounon pour Julie? Long silence.Biz finit par répondre : «C’estpersonnel, ça. Je n’infirme ni

    ne confirme, mais disons quemon amitié avec Julie provientdu Moulin à paroles. Dans ceprojet de fous sur les Plaines,où le gouvernement éta itcontre nous, Julie nous a beau-coup aidés. Notre amitié estnée dans cette adversité. Puisun jour, dans une discussion,Julie m’a dit que ça ne servaità rien de faire l’indépendancesi on ne faisait pas d’enfants.Elle m’a dit qu’un seul enfant,ce n’était pas assez, que j’avaisl’obligation de donner un frèreou une sœur à mon premier.Ça m’a fait réfléchir.»

    Les autres autour commen-cent à s’impatienter. « Quelrapport avec notre CD ? »demandent-ils. Le rapport,c’est évidemment les liens dece trio de militants gauchis-tes et revendicateurs avec unempire médiatique, en l’occur-rence Québecor. Mais bon,j’ai cru comprendre à traversla longue explication de Bizque la rumeur était fondée.Prochain appel.

    S’ensuit une discussion oùnous parlons tous en mêmetemps, une joyeuse engueu-lade trop cahotique pour lareproduire, mais qui me per-met de noter que le trio estplus engagé, militant et sou-verainiste que jamais, mêmesi des fois son discours est unpeu confus. Biz le confirmeà travers une fine allusion àla loi 78 : «Nous, on aime çaaller dans toutes les direc-tions sans jamais donner notreitinéraire».

    P uis la voix de Batlams’élève : « Dans le fond, onest des mauvais perdants.

    On n’accepte pas la défaite.Quand je les entends dire quela souveraineté, c’est dépassé,ça me fait rire. Comment veux-tu dépasser quelque chose quin’est jamais arrivé? » C’est ceque Batlam nomme « l’absenced’emblée », dans la chansonLa perle qui, dit-il, résumemieux sa pensée que n’im-porte quelle entrevue.

    Cela nous amène au grandclassique des Loco Locass,Libérez-nous des libéraux et àce couplet prophétique écriten 2003 : « Les cols bleus, les colsblancs, toutes les écoles confon-dues, faut se ruer dans la rue, auprintemps comme une crue, faireéclater notre ras-le-bol, une débâ-cle de casseroles. Trêve de paroles.Faites du bruit ! »

    Vous étiez visionnaires ?« Non, répond Chafiik, onespérait ! »

    « Et quoi qu’on en pense,d’ajouter Batlam, l’espoird’une réelle remise en cause,c’est infiniment plus profondqu’on le croit. »

    Cet été, le trio n’a quetrois spectacles de prévus : le15 juin aux Francos, le 23 juinsur les plaines d’Abraham, àQuébec, et le 29 juin à Amos,en Abitibi. Mais ils espèrentbien que les mots et les musi-ques de leur Québec mort etvivant résonneront dans lesoreilles des Québécois. Qu’onse le dise, les Loco Locasssont revenus en ville sur unpied de guerre, avec leurschiennes de travail rouge,leurs ceintures fléchées, leurschansons qui déménagentet leurs poings résolumenttendus.

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