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Les bois à Blandouët ont tenu un rôle important, souvent essentiel. Près des Forges, ils furent source de combustible toute proche, ne demandant pas de longs charrois. Ils ont fourni le menu bois ramassé avec soin et parcimonie par les petites gens qui alimentaient ainsi de petits feux de cheminée pour le chauffage et la cuisine. En même temps, ils constituaient au 19e et au début du 20e siècles le gagne-pain des bûcherons à la tâche pour les hommes sans terre n’ayant pas trouvé à louer la force de leurs bras pour les travaux agricoles. Pendant l’humiliante guerre de 1870-1871, ils purent servir de refuge nocturne précaire à certains villa- geois craignant d’éventuelles exactions des Prussiens. Plus près de nous, pendant le conflit 1939-1945, le petit gibier dont ils étaient l’habitat naturel a pu être chassé par des braconniers amateurs, sans permission, réussissant avec filets et furets à capturer quelques lapins et pouvant tout aussi bien s’égarer de longues heures avec leur butin sur ce qu’ils pensaient être le chemin de retour vers la maison… Evidemment le gros gibier gîtait au plus profond de leurs fourrés, tels les sangliers friands de glands mais aussi de repas plus fins dans les champs de céréales à leur orée, qu’ils dévastaient en quelques heures, déclenchant la colère légitime des cultivateurs contraints d’attendre les battues officielles pour espérer quelque amélioration… Aujourd’hui, nous apprécions leurs frondaisons, leurs allées charretières, leur silence troué de chants d’oiseaux, la vision fugitive d’une biche effrayée, la lente diligence d’une poule sauvage suivie de sa nichée tout nouvellement éclose, la cueillette des champignons et des châtaignes, le muguet éphémère du 1er mai. Que de secrets aussi détiennent-ils à jamais, entretenant mystères et légendes nés dans leurs buis- sons les plus épais, leurs clairières les plus sereines. Marguerite Montaroux. Bois de Blandouet Par les Ateliers d’histoire de Blandouët (en Mayenne) B abillard A la recherche des traces du passé de notre village. petit illustré Le numéro 7 2,50 * euros *Frais d’envoi, de distribution ou de mise à disposition inclus. juin 2007 Le dossier A travers bois et forêts

Petit Babillard n°7 - Freeateliersdelacharnie.free.fr/activite/journal/pbi7.pdf · 2011. 9. 27. · 2 Le petit Babillard illustré Vivre ensemble à Blandouët aujourd’hui. Nous

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Les bois à Blandouët ont tenu un rôle important, souvent essentiel.

Près des Forges, ils furent source de combustible toute proche, ne demandant pas de longs charrois. Ils ont fourni le menu bois ramassé avec soin et parcimonie par les petites gens qui alimentaient ainsi de petits feux de cheminée pour le chauffage et la cuisine. En même temps, ils constituaient au 19e et au début du 20e siècles le gagne-pain des bûcherons à la tâche pour les hommes sans terre n’ayant pas trouvé à louer la force de leurs bras pour les travaux agricoles.

Pendant l’humiliante guerre de 1870-1871, ils purent servir de refuge nocturne précaire à certains villa-geois craignant d’éventuelles exactions des Prussiens.

Plus près de nous, pendant le conflit 1939-1945, le petit gibier dont ils étaient l’habitat naturel a pu être chassé par des braconniers amateurs, sans permission, réussissant avec filets et furets à capturer quelques lapins et pouvant tout aussi bien s’égarer de longues heures avec leur butin sur ce qu’ils pensaient être le chemin de retour vers la maison… Evidemment le gros gibier gîtait au plus profond de leurs fourrés, tels les sangliers friands de glands mais aussi de repas plus fins dans les champs de céréales à leur orée, qu’ils dévastaient en quelques heures, déclenchant la colère légitime des cultivateurs contraints d’attendre les battues officielles pour espérer quelque amélioration…

Aujourd’hui, nous apprécions leurs frondaisons, leurs allées charretières, leur silence troué de chants d’oiseaux, la vision fugitive d’une biche effrayée, la lente diligence d’une poule sauvage suivie de sa nichée tout nouvellement éclose, la cueillette des champignons et des châtaignes, le muguet éphémère du 1er mai. Que de secrets aussi détiennent-ils à jamais, entretenant mystères et légendes nés dans leurs buis-sons les plus épais, leurs clairières les plus sereines. Marguerite Montaroux.

Bois de Blandouet

Par les Ateliers d’histoire de Blandouët (en Mayenne)

BabillardA la recherche des traces du passé

de notre village.

petit

illustré

Lenuméro

7

2,50*euros*Frais d’envoi, de distributionou de mise à disposition inclus.

juin 2007)

et d‘autrefoisd‘hierFêtes

Ledossier

A travers bois et forêts

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2 Le petit Babillard illustré

Vivre ensemble à Blandouët aujourd’hui.Nous sommes tous concernés, que nos familles vivent à Blandouët depuis des généra-tions, que nos parents ou grands-parents y aient passé leur vie ou que néo-ruraux nous apprécions le cadre, le calme, la culture de notre jardin, sans bien connaître la vie des champs d’hier ou celle d’aujourd’hui. Nous nous croisons, nous nous saluons certes, respectueux, sans nous connaître, hésitants et circonspects.

C’est une évidence que le village a changé depuis 50 ans, par la disparition de l’école, des artisans, l’absence de manifestations religieuses, le moindre nombre des exploita-tions devenues plus étendues et de cultivateurs par voie de conséquence. Est-ce pour autant constater que Blandouët se dissout dans la banalité ?

A notre service, nous possédons un outil récent : les Ateliers d’Histoire et leurs activités menées souvent en silence dans l’ombre, le temps que le travail se fasse, dont nous connaissons bien évidemment la charte « Recueillir, partager, transmettre » le passé du village. Si le vrai but des Ateliers était « Bien vivre ensemble aujourd’hui à Blan-douët » ? Malgré nos différences, quelle belle aventure commencerait : la construc-tion d’une véritable communauté accueillante, ouverte, préservant naturellement la vie privée de chacun.

Les uns et les autres pouvons être tentés de porter un regard négatif sur cette évolution, commune à toute ruralité profonde. Voyons ces maisons naguère inhabitées, vétustes, restaurées par de nouveaux venus, des étrangers disons-nous. S’ils s’installent chez nous, c’est que Blandouët présente un attrait que nous ne percevons plus tant il nous est coutumier. La couleur de la pierre, celle des huisseries de telle ou telle habitation, le sourire ou le bonjour bienveillant d’un curieux à sa porte, ont peut-être déterminé le choix de ceux qui emménagent, pour des années, ou quelques semaines de vacances annuelles dans notre campagne. Si peu peut tant produire… Ces maisons rénovées « à l’ombre du clocher » suscitent propos et babillages, fierté aussi : « Quelle belle de-meure désormais que ce Haut-Perrin ! Le père Grudet ne reconnaîtrait pas sa mai-son ! » Nous sommes surpris par la vitalité des exploitations ; ces agriculteurs, souvent jeunes, oeuvrent à conserver le patrimoine d’élevage et de cultures, tout comme autre-fois, de façon moderne et rationnelle, plus consciente sans doute que leurs aînés.

Nous avons beaucoup à donner et à recevoir au cours des échanges vrais entre nous tous ; oui Blandouët a changé, se transformant, vivant autrement. Les veillées, les ran-données, le journal, sans oublier le site électronique tissent de nouveaux liens réalisant le joint entre hier et aujourd’hui. En le pressentant sans bien le savoir souvent, nous accomplissons avec sérieux notre devoir de mémoire, de reconnaissance envers ceux qui ont façonné au fil du temps l’aspect environnemental, lui ont donné son caractère, sa spécificité. S’agit-il vraiment de devoir ou d’amour des hommes d’hier, du cadre naturel auxquels nous sommes si attachés ?

Ne disons pas « Adieu à Blandouët qui s’en va » - pour parodier un académicien (1) - Que vive Blandouët régénéré riche de son passé et tourné vers demain avec espérance. Son avenir tient dans nos cœurs généreux. Marguerite Montaroux.

1- « Adieu à la France qui s’en va » Jean-Marie Rouart Grasset 2003Le petit Babillard illustré, chez Marie Nédélec, n°5 place Adam Becker, 53270 Blandouet - http://blandouet.chez.

tiscali.fr - Directeur de la publication : Frédéric Baudry - Secrétariat de rédaction : Corinne Allain, Nicole Baudry- Editorial : Marguerite Montaroux - Chapeaux de rubriques et d’articles : Frédéric Baudry - Ont également participé à la rédaction et à la réalisation de ce numéro : Marc d’Argentré, Fernande Ausselin, Angèle Champion, Bernard Clairet, Florence Dorizon, Alice Geslin, Sylvie Gohier, Marguerite Montaroux, André Moullé, Catherine Muller, Marie Nédélec, Raymond Nicollo, Roger Rivière, Sambina Sinan, Gilbert Travert. - Mise en page : Séverine Baudry - Abonnements-distribution : Corinne Allain, Marie-Louise Nédélec - Trésorier : Yvon BlanchardLe petit Babillard illustré est une publication de l’association du comité des fêtes et d’animation de Blandouet. Imprimerie : Imprim’ services, 53960 Bonchamp-lès-Laval. Dépôt légal : juin 2005. ISSN : 1771-7051

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3 Le petit Babillard illustré

Les actualitésDans les boîtes à courrierLa messagerie du site de la Pierre Babillarde : http://blandouet.chez-alice.fr

Monsieur, A mon anniversaire, j’ai eu la plus belle surprise de ma vie : cinq numéros du “ petit Babillard “ + le 6ème qui est arrivé juste pour le 23 décembre. Je vous remer-cie beaucoup de vous être donné du mal à satisfaire la demande de ma sœur qui voulait me faire ce cadeau pour mes 60 ans. C’est vraiment réussi et j’apprécie également votre site Internet qui est très bien fait. Je pense que je vais aussi apprendre à connaître les Ate-liers de l’ Histoire de Blandouet. Mais j’ai oublié de me présenter : je suis née Cathe-rine Tchersky au Logis de Chambord (l’autre château du même nom, comme pensaient les habitants du village, à l’époque), le 23 décembre 1946. Mes pa-rents ont eu en location cette propriété pendant une douzaine d’ années. On m’a raconté que, petite avant 6 ans, je ne supportais pas Boulogne sur Seine et ma mère était obligée de venir à la campagne et ma santé s’améliorait subitement. Je devais avoir 11 ou 12 ans quand mes parents ont du laisser cette maison qui est restée dans ma tête inoubliable. Il faut dire que tous les étés, il y avait les tantes, oncles, cousins, grands-parents, des amis... En revanche, je n’ai jamais fréquenté l’école primaire. Mon jeune oncle Alain pourrait peut-être nous racon-ter ses souvenirs car il est un peu plus âgé que moi et est allé à l’école de Blandouet. J ‘aimerais m’abonner à votre journal ; comment dois-je faire et quels sont vos tarifs, avec les frais d’envoi, pour le n° 7 et les nombreux à venir. Je vous souhaite une très bonne année. Bien cordialement. Catherine Muller.

Peu de choses dans les boîtes à courrier ! Pour-tant on babille un peu partout et de plus en plus souvent au sujet des Ateliers d’histoire. Entre personnes qui ont en elles quelque chose de Blandouet, on se téléphone beaucoup, on s’écrit aussi, on échange des messages. Bref, un réseau se tisse, des relations se renouent que le temps et l’éloignement avaient distendus. Un coup d’œil sur la liste des abonnés suffit pour s’en rendre compte. Ce sont 312 foyers répartis sur 105 communes situées dans 28 départements qui ont acheté au moins une fois « le petit Ba-billard illustré ». Alors que Blandouet compte seulement 59 foyers, pour 253 autres vivant ail-leurs ce petit village fait partie de leur vie, à la fois point de repère sur le fil des jours et point d’attache sentimental.

Pour autant, et malgré l’image très présente de ce village qui nous réunit, les Ateliers d’histoire de Blandouet ne peuvent poursuivre leur projet que si des gens écrivent ou confient leurs souve-nirs, rapportent des témoignages, commentent des photos. Recueillir, partager et transmettre les traces vivantes du passé de notre village ne peut se faire qu’à cette condition.

De plus, nous sommes peu nombreux ici et ce n’est pas parce que nous vivons ensemble qu’il est plus facile d’évoquer le passé, même si les veillées permettent de nous y replonger avec joie.

Mais ces constats ne nous rendent pas pessi-mistes. Grâce aux Ateliers d’histoire chacun de nous a aussi vécu ces instants où, parlant de Blandouet, de ceux qui y ont vécu avant nous, nous ne pouvons empêcher nos yeux de se brouiller, notre voix de s’enrouer, sous l’effet de l’émotion. Tout ceci est irremplaçable et aide à vivre.

Alors comment poursuivre notre projet, com-ment continuer à rédiger « le petit Babillard illustré » si personne n’écrit au petit Babillard, pour le petit Babillard ? Pas de soucis pour les deux prochains numéros, il y a matière en réserve dans les entrepôts des Ateliers, mais nous devons anticiper. C’est ce que nous faisons au sein de l’équipe de coordination cependant nous aimerions pouvoir aussi nous appuyer sur vos idées, vos apports, sans quoi cela signifierait la fin du journal, un des trois piliers des Ateliers. Heureusement ceux-ci pourraient continuer à vivre grâce au site de la Pierre Babillarde et aux animations (veillées, randonnées), mais tout le

monde n’a pas Internet ni ne peut participer aux animations.

Pour refermer les boîtes à courrier sur une note positive, voici une piste possible pour que vive notre aventure : s’ouvrir. Avec son bourg situé à cheval sur 3 communes et 2 départements, Blandouet est une commune qui a toujours été ouverte aux autres et sur son environnement, comme l’illustre la rubrique « fermes d’ici et des confins ». S’ouvrir à un espace plus large qui pourrait être celui des confins de la Grande Charnie. Quel Blandouetain, en effet, n’a pas dans sa famille un parent ayant été fermier, arti-san ou commerçant dans une des communes qui s’étendent depuis des siècles à la lisière de cette forêt ? S’ouvrir aussi au temps que l’on remonte à l’aide de documents d’histoire ou d’archives. Nous avons apprécié ces randonnées à la décou-verte du patrimoine de nos voisins en Charnie. Le moment n’est-il pas venu d’accueillir leurs témoignages et leurs travaux historiques ? C’est une proposition, qu’en pensez-vous ? en avez-vous d’autres ? Ensemble, nous trouverons bien le moyen de continuer à faire ensemble notre histoire locale.

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4 Le petit Babillard illustré

Après-midi photos-souvenirsMercredi 7 février, une vingtaine de résidents du foyer-logement ont assisté à une projection de diaporamas proposée par les Ateliers d’histoire du comité des fêtes et d’animation de Blandouët. Les images illustrant différents thèmes d’hier à aujourd’hui - la fenaison et les battages, l’école et la vie publiques, la foi et la vie religieuse, les fêtes, etc. - ont permis à beaucoup d’aller à la recherche de leurs propres images dans leurs souvenirs. Tout le monde s’est ensuite retrouvé autour d’un goûter offert par Madame Robinet, directrice du foyer-logement.

Après-midi photos-souvenirs

La veillée de pommé du 31 marsNon ce n’est pas une blague, nous avons bien fait du pommé la veille du 1er avril ! Encore une belle soirée où le mélange entre la joie d’être ensemble et nostalgie des veillées d’autrefois a produit une ambiance paisible et chaleureuse.

Un nouveau guide de randonnée :la carte généalogiqueMême sans avoir fait le sien, tout le monde sait ce qu’est un arbre généalogique, tout comme chacun sait ce qu’est une carte géographique, mais à chaque déplacement hors des limites de Blandouet avec Yvon Blanchard, par exem-ple pour préparer la dernière randonnée, on ressent très vite qu’un outil nous manque : la carte généalogique. Pas moyen de s’engager sur une route, de découvrir un panorama, de discuter avec quelqu’un, de dépasser une ferme, d’entrer dans un village un hameau sans qu’Yvon entonne le même refrain : « là, c’est là qu’à vécu… » ou encore : « eh bien lui (ou elle) c’est… » et vous n’avez qu’à mettre un des in-nombrables liens de parenté qui vous vient à l’esprit : neveu, oncle cousin… Filiations que vous pouvez enrichir des qualifi catifs « grand, arrière, petit... » sans oublier l’inévitable « du côté de (mon père, ma femme, etc.) ». Et com-me si ce n’était pas déjà assez compliqué de s’y retrouver dans sa nombreuse famille, Yvon vous récite une liste de dates et d’âges sensés vous aider à vous repérer. D’où l’idée de pendre une carte et de mettre en face de chaque lieu-dit les liens de fi liation, d’alliance et germanité qui s’y rattachent… si la carte est assez grande !

Heureusement, pas besoin de carte pour dé-couvrir la merveilleuse chapelle d’Etival. La présentation par Odette Plu de ce qui subsiste de l’ancienne abbaye a suffi à nous plonger quelques siècles en arrière. Un site à voir et à revoir pour l’impression paisible qui s’en dé-gage et aussi pour tenter d’imaginer ce qu’à pu être la vie quotidienne à son apogée. Au centre halieutique du Moulin de l’abbaye nous nous sommes à nouveau laissé guider, cette fois par Robert. Furon. Avec bonheur il a su nous faire découvrir la riche histoire de cet écrin de paix et de verdure. Un cadre naturel et un équipement qui méritent eux aussi d’y revenir. Merci à tous les deux de nous avoir ouvert des portes sur le passé de nos voisins en Charnie. Merci enfi n à Serge Grandin qui nous a permis de déjeuner au sec, au bord d’un beau plan d’eau mouillé en lisère de forêt. Ce fût bien apprécié !

La du 31 marsNon ce n’est pas une blague, nous avons bien fait du pommé la veille du 1er avril ! Encore une belle soirée où le mélange entre la joie d’être ensemble et nostalgie des veillées d’autrefois a produit une ambiance paisible et chaleureuse.

Pour les plus anciens, la cuiller en bois qu’ils remuaient dans la bassine devait soulever plus de souvenirs que de pommé. Quant à Féli-cie, 18 mois, la plus jeune, elle s’est peut-être déjà forgé des souvenirs pour plus tard. Elle les retrouvera en lisant ces lignes et en voy-

La rand’automnedu 23 septembre 2007Puisque nous avons eu un temps d’automne pour la rando de printemps peut-être l’été indien sera-t-il au rendez-vous le 23 septembre prochain ! Le lieu n’est pas encore décidé mais nous re-tournerions bien dans les confi ns sarthois de la Charnie, du côté de Chemiré que nous n’avons pas pu découvrir. L’accueil est si sympathique et le cadre si beau !

ant ces photos. Il ne lui restera plus qu’à faire du pommé à son tour ! et aussi à retrouver ces airs de danses orchestrés par Stéphane derrière son tout nouveau pupitre et mis en cadence par Martine.

rattachent… si la carte est assez grande !

Heureusement, pas besoin de carte pour dé-couvrir la merveilleuse chapelle d’Etival. La présentation par Odette Plu de ce qui subsiste de l’ancienne abbaye a suffi à nous plonger quelques siècles en arrière. Un site à voir et à revoir pour l’impression paisible qui s’en dé-gage et aussi pour tenter d’imaginer ce qu’à pu être la vie quotidienne à son apogée. Au centre halieutique du Moulin de l’abbaye nous nous sommes à nouveau laissé guider, cette fois par

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5 Le petit Babillard illustré

La veillée à travers bois et forêtsRendez-vous donc le 28 octobre pour la prochaine veillée. Les feuillages d’autonome feront le décor et pour les estomacs on va en parler lors d’une prochaine réunion de l’équipe des Ateliers. Secret, surprise ! Petits et grands, n’oubliez pas vos dessins, poèmes, textes libres, chansons… Martine va plonger dans ses archives musicales pour trouver des danses en rapport avec la forêt. Et comme à chaque fois il y aura une petite projection de photos. Notez bien la date et si vous ne pouvez pas venir, si vous habitez loin, participez en nous écrivant en nous envoyant des documents. Merci d’avance !

Naissance : à la maison, aide du médecin ; existait-il des « matrones »- des sages-femmes ; femmes expéri-mentées qui aidaient les femmes, allant de naissance en naissance. ?- présentation de l’enfant en mairie par le père et 2 témoins choisis par lui, le maire étant présent- enfants morts-nés également présentés, sur l’acte sexe ou non men-tionné, parfois prénom.- mortalité des femmes en couches- mortalité infantile

Baptême : très tôt après la naissance, le jour-même ou le lendemain- prénom : les aînés nom du père et de la mère, du parrain ou marraine, d’un grand-père ou grand’mère, choisi par le parrain ou la marraine, en hom-mage à un proche disparu (coutume qui a perduré longtemps), dans la même fratrie prénom d’un enfant mort donné ensuite à un suivant.- devenu peu à peu festif (pour que la mère puisse assister on a un moment « ondoyé » le nouveau-né très vite de peur de la mort subite des nourrissons - en cas de décès l’enfant était considéré comme baptisé)- dragées à la sortie de l’église- cloches- repas de famille

Mariage : - mariage selon « son rang » souhaité par les parents, même à Blandouët !- publication des bancs : normalement à la mairie, mais vraie proclamation en chaire à l’église avec les annonces. La coutume voulait que ces 3 diman-ches la future épouse n’assiste pas à la messe. Ce jusqu’aux années 1950.

- pas de mariages au mois de mai (« cela porte malheur ») il existe des raisons.- pas de mariage en carême sauf le 19 mars-fête de St Joseph-- mairie, église- à la sortie de l’église on venait « voir la mariée » les curieux se groupaient en bavardant voir les mariés sortir accompagnés de la parenté rangée selon un ordre établi par les mariés. Les parents fermaient le cortège !- photo de groupe devant un café, quelquefois à la ferme si le repas se faisait à la maison. Cou-tume relativement récente. Avant la guerre de 14-18 , seuls les mariés de familles relativement aisées se faisaient photographier.- repas au café transformé ce jour en restaurant : il fallait une cuisinière, des serveuses (c’était un honneur que la mariée faisait à des compagnes à peu près de son âge, à défaut de les inviter au mariage)

Décès : - A la maison ; pour certains derniers sacrementsAppel à des voisins pour la toi-lette mortuaire et l’habillageVeillée « du corps » tout le temps entre le décès et la sépul-ture, assurée par deux membres de la famille à tour de rôle- on se relayait après minuit ? Le plus dur à partir de 2 h du matin, Visites de la famille des envi-rons, des gens du village, n’ayant

pas forcément des liens forts avec la famille du défunt, souvent simple visite dans la chambre mortuaire sans ba-vardage importun.Rites des funérailles : Qui portait le cierge ? tenait les « cordons » ? (éclaircissements à demander à Mme Ausselin) entre l’église et le cimetière.Le veuf ou la veuve n’assistait pas, resté à la maison avec un membre de la famille. Repas simple au café, pot au feu, camembert, café : discussions beaucoup plus vives à la fi n du repas…) Des personnes hors famille pouvaient profi ter de ce repas (vieilles femmes dému-nies : survivance des repas de funérailles des châtelains)

A l’église femmes et hommes séparés, longtemps encore jusqu’en 1980.Femmes de la proche famille : habits noirs, chapeaux avec grand voile noir rabattu sur le visage ; on mettait le voile der-rière, puis on le décousait (un an) ; ensuite demi-deuil : gris, mauve. Ainsi certaines person-nes pouvaient de deuil en deuil rester vêtues de noir leur vie entière (à 40 ans on n’était déjà plus jeune…)Pendant le deuil les jeunes n’allaient plus au bal (pour des parents, grands-parents, oncles, cousins), les familles n’assistaient pas aux éventuels mariages de la famille du conjoint non touché et certainement beaucoup d’autres choses.Sépulture et une semaine après « messe de huitaine » en se-maine, réunissant les proches, les intimes. Plus offi ciellement messe du 1er anniversaire du décès, un dimanche.Marguerite Montaroux.

Le petit Babillard illustré n°8 de décembre 2007Les grandes étapes de la vie, tel est le thème du dossier du n° 8 du Petit Babillard illustré. A coup sûr les souvenirs, les anecdotes, les photos et documents ne devraient pas manquer si l’on s’en réfère à la liste suivante. Merci de les transmettre aux Ateliers d’histoire !

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Le petit Babillard illustré6

Les charbonniersAugustine Bordeau eût 2 garçons dont Hortense Brassé né le 10 octobre à Neuvilette et Ernest né le 7 novembre 1925 à Neuvillette avec René Brassé.

L’arrivée dans la forêtLe jour de leur arrivée, Ernest Brassé s’occupait de leurs construire une cabane en bois qui les abritait durant les environ 1 à 3 semaines, tout dépendait de l’importance de charbon qu’ils devaient produire.

A travers bois et forêtsBûcherons en 1891Blandouët compte 11 bûcherons, de 14 à 79 ans. Ils habitent Chanteloup, les Tesnières, les Ménestières, Jauneau, Bretelle, les Rouairies, Beausoleil, lieux situés presque à l’orée de la Charnie « leur bois ». Cer-tains noms parlent peut-être aux uns ou aux autres : René Camus né en 1829, Auguste Patry né en 1812, Louis Dohin né en 1824. Des lieux-dits en tant que maisons ont disparu de nos jours ; des parcelles doivent conserver ces noms.Il est évident que les plus âgés travaillent par nécessité, jusqu’au bout de leurs possibilités : les retraites n’existent pas, les économies non plus étant donnée la faiblesse des revenus. Les hommes dans la force de l’âge peuvent ne pas avoir trouvé à louer la force de leurs bras dans une ferme ou une métairie ou seulement pendant la durée des gros travaux : foins, moissons, battages. L’hiver ils regagnent la forêt, ne s’accordant qu’un jour de congé le 1er janvier.

Ne doutons pas que le travail de ces bûcherons était parmi les plus durs, et les moins considérés. La précarité n’avait guère varié depuis La Fontaine-1621-1695 qui nous trace un portrait réaliste de l’un d’eux :

« Un pauvre bûcheron tout couvert de ramée,Sous le faix du fagot aussi bien que des ansGémissant et courbé marchait à pas pesants,Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée… »

Marguerite Montaroux.

La fabricationPour construire un tas de bois, ils commençaient par empiler des bouts de branches à l’horizontale, sous forme de carré, jusqu’à atteindre les environs de 2 mètres. Puis entouraient ce carré du reste des bouts de branches à la verticale jusqu’à recouvrir le carré de environ 2 mètres de haut.

La fi n de l’aventureAprès le feu mis au tas de bois, Ernest Brassé et René Brassé se relayaient jour et nuit pour que le feu ne se propage pas dans la forêt ou qu’il ne s’éteigne. Après que le bois soit consumé, il ne reste que le charbon qui est destiné à la vente par le forestier qui le transportait. Il faisait du charbon plusieurs fois par an, surtout l’été. Sambina Sinan.

Ernest Brassé et M. Pichon.

Ernest Brassé.

René Brassé et Augustine Bordeau.

René Brassé.

Renée Paris et Augustine Bordeau.

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7 Le petit Babillard illustré

Du jeune plant au grumeJe suis allé à Saint Nicolas à trente, trente-cinq ans C’est à ce moment là qu’on faisait des plantations, qu’on en-tretenait la forêt. Planter, faire les débardages et tout. Tous les hivers on plantait dix, quinze hectares. Il fal-lait bien nettoyer avant, en coupe rase, qu’il ne reste plus rien. Après, au printemps, mois de février, il fallait faire des trous tous les deux mètres. Quand les trous étaient faits, les plants arrivaient par mille et on plan-tait. Ce n’est pas tout, après il fallait entretenir ça avec des petits appareils mécaniques et puis ça s’est moder-nisé. On passait avec le tracteur.

Un diable à la grande Bûchetière.

Le bois de chauffageL’hiver, à part les soins aux animaux, nous étions surtout occupés au travail du bois. Une por-tion de haie était désignée chaque hiver pour l’approvisionnement en chauffage de la ferme l’année suivante.La portion de haie retenue, était nettoyée à la base. Quelques fois, il fallait commencer par enlever les barbelés qui la longeaient et assuraient son étanchéité, ensuite couper les végétaux inutilisés, les mettre en tas avant de les brûler. Ces végétaux formaient le sous-étage de la haie, ils étaient com-posés d’aubépines (épines blanches), de prunus (épines noires), d’églantiers, de ronces et autres ligneux à l’état de gaulis. Avant l’utilisation du barbelé, ces végétaux étaient en partie conservés, les tiges d’aubépines et de prunus étaient entail-lées avec un ‘vouge’ sur un côté à 1m50 de haut et rabattues les unes sur les autres ce qui formait une clôture naturelle et vivante, puisque la partie rabattue restait attenante à la partie basse. Cette technique qui s’appelait ‘ Plesse ‘, était de moins en moins utilisée.

Après le nettoyage du sous étage, nous passions à l’émondage des arbres de l’étage dominant, qui étaient composés de chênes formés à cet effet. La tige de ces arbres avait été coupée à une hau-teur entre 2m50 et 4m, alors qu’ils étaient encore jeunes (d’un diamètre de 20cm environ).

Le bois de charpente et de construction était tiré par Saint Nicolas, avec des gros diables à quatre roues, tirés par des chevaux. Il y avait un gros cric, on met-tait le grume en-dessous et puis on le tirait en bordure de route, dans les fossés. Après ça partait par camion. Il n’y avait rien de moderne. Quand il fallait grimper ça sur les camions il y avait aussi deux crics à mani-velles et des câbles. Ils amenaient ça chez Moranne à La Mécanique. Parfois on amenait pas bien loin, c’est ce qu’on appelait la scie de long. Ils mettaient le grume sur un gros chevalet puis un se mettait en-dessous et l’autre grimpait dessus. Je l’ai vu faire. Il y avait un Martin à Thorigné, un charron qui débitait comme ça. Il y a qu’à demander à Raymond Huet, son père ou son grand-père l’ont encore fait. J’ai vu son

La vigueur et la capacité de rejet du chêne pédonculé, faisaient que dès le printemps suivant apparaissaient déjà, le long de leur tige et à leur sommet, des pousses nouvelles. Ces arbres pouvaient vivre très longtemps et atteindre un diamètre impor-tant ‘ parfois plus d’un mètre ‘. Ils étaient en général sur talus espacés de 5 à 10 mètres. Nous les appelions Touësses ou Emousses. L’opération consistait à monter sur la tête

Le bois de charpente et de construction était tiré par Saint Nicolas, avec des gros diables à quatre roues, tirés par des chevaux. Il y avait un gros cric, on met-tait le grume en-dessous et puis on le tirait en bordure de route, dans les fossés. Après ça partait par camion. Il n’y avait rien de moderne. Quand il fallait grimper ça sur les camions il y avait aussi deux crics à mani-velles et des câbles. Ils amenaient ça chez Moranne à La Mécanique. Parfois on amenait pas bien loin, c’est ce qu’on appelait la scie de long. Ils mettaient le grume sur un gros chevalet puis un se mettait en-dessous et l’autre grimpait dessus. Je l’ai vu faire. Il y avait un Martin à Thorigné, un charron qui débitait comme ça. Il y a qu’à demander à Raymond Huet, son père ou son grand-père l’ont encore fait. J’ai vu son

grand-père débiter au carré avec une hache. Toutes les charpentes étaient débitées sur place, pas loin des forêts, là où il y avait des rivières. La scierie marchait au dépend de l’eau. Ce qu’on appelait la fausse rivière. Maurice Tellier.

de la souche et à l’aide d’un hachereau, de couper les tiges de taillis âgées d’une quinzaine d’années. Ces dernières tombaient autour de la souche et souvent leur pied restait appuyé dessus, elles avaient donc la cime en bas. Ensuite, il fallait avec une serpe séparer le gros bois, destiné à être mis en bûches pour le chauffage, des cimes qui après les avoir soigneusement alignées étaient mises en fagots pour allumer le feu de la cheminée et de la cuisinière. Les triques et les fagots étaient rangés en tas le long du talus en attendant que le terrain soit assez sec pour les transporter vers la ferme sans faire d’ornières.Roger Rivière.

Grumes sur le chemin des Ménestières.

Touësses sur la route du terrain de foot.

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8 Le petit Babillard illustré

Un monsieur Jehan, qui était de Laval, venait toutes les semaines débarder le bois à la gare de Blandouet. Il débardait des pommes et des pommes de terre aussi. Il demeurait dans une petite maison qui s’appelle La Garenne que mes parents lui avaient louée, parce qu’il ne pouvait pas s’en aller tous les soirs à Laval et qu’il avait un petit garçon, Roger.

Il tirait du bois dans les bois de Viviers-Torcé, avec des diables. Il coulait les chênes en-dessous, il les amenait dans la gare et mon père faisait les chargements avec des chèvres en bois. Il s’en allait aussi faire des wagons de bois quand il y en avait à Saint Denis d’Orques, avec mon frère, en moto. Alice Geslin.

Le chargement de chênes à la gare de Blandouet

Ses parents, à ma mère, ils avaient une pe-tite fermette en Bretagne. Comme à ce mo-ment-là il y avait des gamins qui n’avaient pas de boulot alors ils fallaient qu’ils aillent travailler ailleurs. Ma mère, comment ils se sont connus avec mon père, sans doute jeunes, je ne sais pas. Comme lui il était bûcheron, elle a fait que ça toute sa vie aus-si, toute sa vie, Mes parents sont venus là parce qu’ils n’avaient pas assez de boulot, de travail. Ils étaient obligés de partir ailleurs, là où ils étaient demandés. Mon père avait été faire des saisons au moment de biner les betteraves, dans l’Eure-et-Loir. Il faisait comme beaucoup de Bretons qui émigrai-ent comme ça, ils allaient travailler où il y avait du boulot et entre-temps, l’hiver, il faisait du bois par là. Je ne sais pas com-ment ils ont pu apprendre ça. Ca devait être par Garin qui travaillait dans les bois et puis mon père avait vu le père Martin, sûrement, mais comment il a su qu’il cher-chait du personnel, là, pour ça, je sais pas du tout. Mais en principe il a toujours été dans les bois, il a toujours été bûcheron, tous les deux avec ma mère. Avec le beau-beau-frère, ils faisaient l’abattage dans les forêts mais c’était beau-coup mieux fait que maintenant, c’était pas du gaspillage comme ils font en forêt. Ils abattaient le sous-bois d’abord puis après ça ils gardaient les arbres après 25 ans, ils commençaient à devenir adultes. Tout était fait correctement. Premièrement le bois blanc, d’ailleurs il était mis à part.Il y avait deux espèces de bois, pour l’écorçage, il y avait le chêne et le bouleau,

mais le bouleau n’était jamais écorcé dans notre région. Il en n’était pas fait dans la Charnie, parce que c’était une peau as-sez épaisse. Après, les grumes, les gros brins, les gros pieds et puis les jeunes d’une vingtaine d’années étaient mis à part. Ils étaient triés et pas abîmés, pas comme ils font maintenant. Et puis après ça, tout le taillis, le sous-bois, ils abattaient tout, à ras, propre, comme ça il repoussait des jeunes pousses. C’était beaucoup plus joli que maintenant où ils saccagent tout. Les brindilles, il y en avaient quelques uns qui les mettaient en fagot pour se chauffer, un fagot qu’ils emmenaient pour le soir. Moi je l’ai pas vu ça, c’était encore plus avant moi. Le bois, ils le tiraient, ils le débardaient avec des chevaux. Au château de Saint Nicolas il y avait deux hommes, par-fois trois ou quatre ça dépend, deux équipes avec deux che-vaux chacun. Il y avait au moins 1100 hectares de bois dans la Charnie, c’était une des forêts les plus importantes de la région. A l’époque on était entre 20 et 25 bûcherons ! Ils débardaient tout le bois. Les stères, ils les mettaient sur le bord de la route, soit sur la route de Viviers-Saint Denis, soit sur la route de Bel-Air, parce que les camions pouvaient ac-céder par là. Après, ils chargeaient ça sur le camion. Comme ils étaient assez rares, ils faisaient venir le camion que quand

Mes parents, bûcherons dans la Grande Charnie

mais le bouleau n’était jamais écorcé dans notre région. Il en mais le bouleau n’était jamais écorcé dans notre région. Il en

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il était libre, que de temps en temps. Et de toute façon, les bûcherons allaient moins vite que maintenant, parce qu’ils ne fai- saient pas ça à la tronçonneuse, c’était à la hache, à la scie, à la serpe, tout était fait à la main. Les stères, il fallait compter en faire trois par jour. Fallait être bon travail-leur. Fallait y aller avant le jour le matin et jusqu’à la tombée de la nuit. Toute l’année, des vacances il ’y en avait point. Mes parents étaient bûcherons autant l’un que l’autre, la mère comme le père. Pour aller abattre les chênes dans les bois, c’était ma mère qui le faisait ça, ah oui ! au goden-dart, au passe-partout. Ma mère elle était pas grande et sèche. C’était la petite taille par rapport à mon père. Lui, c’était une ar-moire à glace. Le godendart, elle le faisait avec mon père, pour abattre des grumes des fois qui faisaient 4 – 5 mètres cubes, à genoux auprès du chêne. Ils commençaient par l’émoiner, à couper à la hache le défaut des racines. Fallait les couper à ras, le plus ras possible et après ça c’était le godendart. Les coins, ça dépendait de la pente et du vent, de la pente de l’arbre, mais en principe ils avaient jamais besoin de ça parce qu’il fallait bien vérifier la pente de l’arbre. De-bout au pied de l’arbre, il fallait regarder la pente. S’il était désigné pour aller par là, ils n’allaient pas le contrarier ça risquait d’éclater le bois. Mes parents ont fini là, à Saint Denis. Ils y ont été une trentaine d’années ils avaient 83 ans quand ils sont décédés, tout les deux la même année à 11 mois de différence. Ils sont pas nés la même année mais ils avaient à peu près 11 mois de différence, à la nais-sance comme au décès. Ils sont enterrés à Saint Denis. Raymond Nicollo.

Le plardje suis arrivé en 33 ou 34 à Viviers, dans une baraque en bois. Elle faisait partie de Viviers. La séparation avec Torcé c’est au-près de l’épicerie qui est entre Viviers et Torcé. Elle s’en va de là au Tertre Blanc, descend par le Treulon et puis l’échelle du Tertre Blanc, c’était une échelle qui servait pour les avions, an-ciennement, pendant la guerre. Une cabane en bois, en planches ! J’ai vécu là-dedans pendant deux ou trois ans, avec mon frère et nos parents qui travaillai-ent dans les bois. Ils avaient construit une cave d’abord, sur la ligne de Bel Air, avec des pieux de châtaigner. C’était une cabane , comme une toile de tente et ils avaient recouvert ça de terre pour conserver, parce qu’ils buvaient beaucoup de cidre à ce moment-là, il n’était pas question de champagne. C’était un logement mais en planches. On vivait bien là-dedans, on avait pas chacun sa chambre et puis une salle d’eau pour tout le monde, il y en avait même pas de salle d’eau, on allait dans le Treulon, on allait chercher un seau d’eau et puis on faisait les fontaines parce qu’il y avait un peu des sources partout dans les bois. On la prenait pour tout, pour boire…

Quand on était petits, tout petits ! j’allais à la pêche aux écre-visses dans le Treulon là où il traverse la ligne de Bel-air là-bas, plus loin un peu. Ca va gagner la Ligne de Partage, la Lande ronde, tout ça, toujours à Viviers. Et bien on les faisait cuire dans le bois au midi et on les mangeait. Je suis venu au Coin des Haies avant la guerre, avant 39, à 6 ans en 37, quand mes parents sont venus habiter là. A quatorze ans j’ai été travailler chez les parents à Plard, à la Lamberderie. Avant, on était trop petit, on avait pas la force pour aller abat-tre les chênes dans les bois. A la Lamberderie, j’étais comme apprenti pour aller travailler dans les fermes, pour traire les vaches et puis donner à manger aux veaux, aux cochons et tout. J’y ai été 4-5 ans, que chez le père, j’ai jamais été chez le gars Bernard. Après, c’est là que j’ai été avec mon frère une dizaine d’années dans les bois avec mes parents, c’est là qu’on a commencé à travailler, à faire du plard. Pour faire le plard

Gravure de Dupré. “L’écorçage au peloir”.Dictionnaire des outils et instruments pour la plupart des métiers. Daniel Boucard.

Raymond Nicollo, en compagnie d’André Garin, devant la parcelle où se trouvait la cabane en bois.

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10 Le petit Babillard illustré

Le char de la forêtNous avions choisi le thème de la forêt, peut être en rapport à la situation géo-graphique de la com-mune. Le char que nous avons fabriqué à La Flardière était en rapport avec ce thème, car il était dé-

on abattait les brins de chêne qui faisaient en moyenne 15 cm de diamètre, ils étaient tous triés, que du chêne. Il fallait abattre à la hache, forcément. On les épluchait, on en-levait les branches et aussi les nœuds dans les plus mal faits. On tâchait de les couper le plus ras possible les branches, et puis on les fend-ait avec le nez de la serpe, une fente et puis avec la fameuse peloire, ou pelarde, je ne sais plus, mais c’est l’un ou l’autre, on les écorçait environ à 2 mètres. Avec cette peloire-là on tournait autour, tout fait à la main. C’était un petit manche d’abord et une poignée, un genre de cuiller. Il fallait qu’elle soit bien af-fûtée, qu’elle brille, que ce soit du matériel qui soit propre. Je ne sais pas qui faisait ça, c’était une spécialité, mais pour les réparer, les ressouder, le père Marteau des fois ? Le vieux père Marteau, le père de Félix. Je l’ai connu, j’ai tiré sur le souffl et plus d’une fois. On était tout gamin à l’école « eh ! tire-moi sur le souffl et gamin. »Fallait les faire dessécher après, les écorces des chênes. On les mettait pas en stère, c’était en levées qu’ils appelaient ça. Il fallait que ce soit un sommier, assez haut de terre, com-me un sommier, avec une petite pente pour l’égout de la sève, pour le tanin. Ils faisaient ça qu’au printemps, au mois de mai-juin. Fallait enlever l’écorce au moment de la pousse des arbres, il fallait qu’ils soient en bourgeons au moment de la pousse des feuilles, enfi n, il fal-lait qu’ils soient en sève. Ils écorçaient et met-taient sur ces fameux sommiers-là. La levée, c’était fait avec des fourchettes pré-fabriquées à la hache et la scie, qu’on faisait dans le bois, et on mettait des perches dessus, assez près à près pour ne pas que l’écorce se cintre de trop. Il fallait qu’elle soit le plus droit possi-ble. On attendait jusqu’à fi n d’août, le mois de septembre, pour les passer à la bascule les écorces. Fallait qu’elles soient pesées !Après ça les écorces, c’est toujours pareil, il y avait les fameux bûcherons, qu’on appelait les rouliers, qui emmenaient l’écorce sur le bord des allées, pour que les camions les emmè-nent à la tannerie, pour tanner les cuirs, pour faire du tanin. Ils déchargeaient au Poteau, au tramway, parce que je crois qu’il y avait une gare au Poteau et à Saint Denis. Mon père a été quelquefois dans le tramway pour aller au Mans mais je ne l’ai jamais vu en fonction. Après mon frère est allé travailler à la carrière à Voutré. Ça été comme moi, je suis parti maçon, chacun s’est tiré de son … comme il a pu ! J’aurai pu rester en forêt mais ça a tellement évolué. D’abord il n’y avait presque plus personne en forêt. Moi ça fait déjà plus de 20 ans que je suis là, à Saint Denis. J’ai racheté en 84 et j’ai fait la toiture en 85, au mois d’août, il tombait de l’eau…

Raymond Nicollo.

coré avec des souches et des branches qui ma foi étaient assez impressionnantes. André Moullé.

Quand César-François Cassini commença la première carte détaillée du Royaume de France, en 1756, il voulut « …représenter ce qui est immuable dans le paysage… »*. Et il dessina le « Bois de Blandouet »…http://fr.wikipedia.org/wiki/Carte_de_Cassini

coré avec des souches et des branches qui ma foi étaient assez

Le char de la forêt.

Je me permets de vous raconter un peu la vie de mon grand-père Victor Fourmond. Jeune marié il habitait le café-tabac sur la place de Blandouet, à côté de l’épicerie Cartier. La grand-mère tenant le café, le grand-père travaillait dans les fermes : faire les foins et la récolte, ce que l’on appelait faire une « métive ». Le soir il faisait le coiffeur, au reste de l’année il était bûcheron. En vieillissant il n’allait plus dans les fermes, il travaillait dans les bois toute l’année, il partait le matin musette sur le dos avec dedans la nourriture et la boisson pour la journée. Le soir, il revenait avec un long morceau de bois sur l’épaule qu’il sciait pour mettre dans le feu de cheminée.Dans le bois, au début de la saison, il confectionnait un abri appelé « heillon » qui était fait avec un entourage en bois et de grands brins de genêts entrelacés. C’était pour se protéger du vent, de l’eau et du soleil. Il était placé non loin d’un bon feu. Sur la photo, au bord du bois en face des Basses Coulées, il écorçait, ce que l’on appelle « peler ». Cette écorce servait à faire du tanin pour teindre le cuir. Par ce travail, les chemises étaient toutes tachées. Fallait prendre de vieux vêtements. Pour enlever l’écorce sur ces chênes c’était assez diffi cile. C’était

Un peu de la vie de Victor Fourmond

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11 Le petit Babillard illustré

suivant la température. Il avait non loin de 80 ans. Il est décédé à 82 ans. Grand-mère est décédée très jeune, à 39 ans, en 1916. Leur fi ls, mon papa Victor était à la guerre. Ils étaient sans nouvelles de lui. Il était prisonnier en Russie. Sa lettre est arrivée le jour du décès de sa maman. La pauvre est partie pensant que son fi ls était tué. Que de mauvais souvenirs de cette guerre pour beaucoup de familles. Après le décès de ma grand-mère, ce sont mes parents en 1919 qui ont repris le café. Grand-père est resté avec eux jusqu’à son décès en 1950 et papa en 1952.Voyez, notre genre de vie, nous avons toujours été habitués à vivre trois et quatre générations ensemble et nous continuons. Fernande Ausselin.

Victor Fourmond, 80 ans, en 46 ou 47.

Mes souvenirsaux MaillardièresMarie-Louise Touchard,souvenirs recueillis par Judith Davis. Dans le Moyen Age les essarts étaient crées dans les forêts par les moines, propriétaires de ces domaines, afi n de valoriser leurs terres et profi ter des fermages payés par les paysans qui exploitaient les fermes. C’était sans doute l’origine de l’ancienne ferme Les Maillardières, située à la limite de la commune de Blandouet avec Sainte Suzanne, à côté du Ruisseau de la Planche Maillard. Pendant des siècles les fer-miers vivaient dans ces lieux isolés en autarcie.Madame Marie-Louise Touchard a vécu dans cette ferme pendant 55 ans et peut témoigner de ce qu’elle a vu. Ecoutons-la raconter : « Nous (elle et son mari Roger) sommes venus en 52, en octobre. A ce moment là on avait des chevaux. et aussi des vaches que mes beaux-parents avaient mis. On avait que des Normandes, sept ou huit. Pour le lait, on avait un bac ; dans le temps on menait les bidons au bout de la route, aux Loges, au pied du calvaire. Nous avons acheté le tracteur en 60 et j’ai eu la voi-ture qu’en 62, quand j’ai eu mon permis. On était tranquille ; avant on allait en mobylette ou à vélo. J’ai manqué de me casser la fi gure à Blandouet, dans les virages. Au départ il y avait peu de confort ni de services, pas de chauffage central. Le bois était utilisé dans les cheminées et de l’autre coté on avait un poêle. Pour la cuisine il y avait la cuisinière. Pour laver le linge, j’allais laver là-bas, dans Les Coulées, avec ma brouette. On allumait une chaudière devant

la maison, on mettait un grand bac en fonte dessus et on faisait bouillir ça au pied du puits, parce-que il y avait de l’eau, et après je met-tais le linge dans la brouette pour aller le rincer.Avant l’eau de ville, que nous avons eu 4 ou 5 ans après M. Moullé, (cela veut dire vers 1980), c’était l’eau du puits.Pour les courses, les camions venaient ici ; un camion d’épicerie et même la viande.Tous les samedis le boucher de Sainte Suzanne passait . Le pain aussi, il venait toujours le jeudi et puis on est allé le chercher au carrefour du Buisson où il y avait un dépôt de pain le samedi. On allait chercher en vélo ou mobylette. Il y a plus rien maintenant ! Mais le téléphone sert pour beaucoup, beaucoup de choses. Quand on en a point et qu’il arrive des choses ? Qu’est-ce que c’est pratique le téléphone !”

F ) maisons d‘ici et des confinserme,De ferme en

F ) maisons d‘ici et des confinserme,De ferme en

Personnes ayant vécu auparavant aux MaillardièresBrunet René et sa femme : locataires exploitantsM. Denis et sa femme (enfants : Fernande et Denis) : agriculteursM. et Mme Eloi.

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Maillardières (les)Écart, puis ferme, actuellement maisonHistoriqueCommentaire historique : Les Maillardières ont appartenu à la fi n du 18e siècle à Joseph Bas-souin, notaire à Sainte-Suzanne, puis à Jean-Bap-tiste Jouanneau, notaire à Mézangers. En 1842, ils constituaient un écart composé d’une ferme et de deux logis contigus. Ceux-ci ont été démolis en 1853. Le logis-étable peut remonter au 16e ou au 17e siècle. Il a été remanié durant la deuxième moitié du 20e siècle. La deuxième étable date sans doute du 17e ou du 18e siècle. La troisième étable et la porcherie ont été construits durant la deuxième moitié du 19e siècle.Datation(s) principale(s) : Temps modernes ; 2e moitié 19e siècleDatation(s) secondaire(s) : 2e moitié 20e s.DescriptionCommentaire descriptif : L’ancienne ferme des Maillardières est composée de quatre bâtiments disposés irrégulièrement. Le logis à l’est est en simple rez-de-chaussée. Il est couvert d’ardoise artifi cielle. Il comprend une pièce à cheminée, une pièce froide, une cave et une petite étable.

Un appentis s’appuie contre son pignon est. Ses baies sont été refaites en moellons et bois, sauf la porte de la pièce principale, entourée de briques. La deuxième étable est couverte de tuiles plates. Elle possède un comble à surcroît. Ses ouvertures sont en moellon et bois. La troisième étable a dé-sormais une couverture de tôle. Elle est dotée d’un comble à surcroît. Ses encadrements de baies sont en briques. La petite porcherie, en simple rez-de-chaussée, est couverte en partie de tôle et en par-tie d’ardoises.Matériau(x) de gros-oeuvre et mise en oeuvre : grès ; moellon sans chaîne en pierre de tailleMatériau(x) de couverture : tuile plate ; ar-doise ; matériau synthétique en couverture ; tôle nervurée.Vaisseau(x) et étage(s) : en rez-de-chaussée ; comble à surcroîtType de la couverture : toit à longs pans ; ap-pentis.Sources : Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France.DRAC Pays de la Loire/Service régional de l’Inventaire général. Conseil Général de la Mayenne / Service départemental du patrimoine.

Inventaire de la direction des affaires culturelles

Cadastre napoléonien

Cadastre contemporain

Complément historique des Mottais : Commentaire historique : Les Mottais appartenaient en 1770 à Gabriel Pelisson, curé de Nuillé-sur-Ouette. En 1842, ils constituaient un écart rassemblant trois pe-tites fermes se répartissant en un logis-étable, deux logis contigus et deux étables contiguës. Le logis-étable peut remonter au 17e ou au 18e siècle. Il n’est plus habité depuis la fi n des années 1920. Les logis contigus, réunis en un seul, ont été complètement remaniés dans les années 1950. Les étables ont fait place, au cours de la deuxième moitié du 19e siècle, à une étable-grange. L’étable-porcherie, élevée à la place d’un petit bâtiment antérieur, et la remise datent aussi de la deuxième moitié du 19e siècle. Après la deuxième guerre mondiale, l’exploitation s’étendait sur une vingtaine d’hectares. L’écart du Houssais qui prenait place à l’est des Mottais a été supprimé avant la première guerre mondiale.Datation(s) principale(s) : Temps modernes ; 2e moitié 19e siècle ; 3e quart 20e siècle

Il y a 100 ans, au conseilSession extraordinaire de juillet 1907L’an mil neuf cent sept et le vingt et un juillet 4h . du soir.Monsieur Bourgeois, Adjoint président délégué ayant convoqué le Conseil Municipal d’urgence lui donne con-naissance de la lettre suivante de Mr le Préfet. « Monsieur l’Adjoint, j’ai pris connaissance de votre lettre du 4 juillet et celle de Mr le Desservant de Blandouet, relatives à la location du presbytère de cette commune. J’ai l’honneur de vous faire connaître que pour arriver à une solution je suis disposé à approuver un bail de 3, 6, ou 9 années moyennant un prix annuel de 40 fr. plus les réparations locatives, les assurances et tous les impôts.

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13 Le petit Babillard illustré

C’est le minimum des conditions que je puisse accepter pour un immeuble dont la valeur locative est portée à 200 fr.Par six voix pour et une voix contre, les conditions indiquées par Mr le Préfet sont acceptées. Il porte à la con-naissance du Conseil que Mr Paly desservant accepte les conditions ci-dessus ainsi que le projet de bail qu’il soumet à l’approbation du Conseil municipal.L’an mil neuf cent sept, le quinze du mois de septembre à deux heurs du soir.

Il y a 75 ans, au conseilRéunion du 31 août 1932Les portails de la Mairie et du jardin de l’Instituteur sont complètement pourris. Le C. décide leur remplace-ment. Une mansarde du logement de l’Instituteur sera habitée à partir du 1er octobre. Le Conseil décide la mise en état (blanchiment, éclairage) de cette pièce qui n’a servi jusqu’ici que de débarras. 13 novembre 1932 à 10 heures Avis favorable à la répartition proposée des vacances de l’école publique : 30. 31 décembre 1932 – 2. 3. 4 janvier 1933 et 1 jour réservé. Lecture de la circulaire en date du 28 octobre de M. le Directeur des affaires agricoles relative à l’achat de 2 pulvérisateurs. Sans suite.

Il y a 50 ans, au conseilRéunion du mardi 9 jullet 1957 / 17hLe C.M. à l’unanimité demande l’inscription au fonds d’investissement routier, du chemin vicinal N°3 de Blandouet à Chammes en vue d’obtenir la subvention pour le redressement, l’élargissement et la réfection de ce chemin. Motif de la demande. Route très passante utilisée chaque jour en particulier par la voiture postale (P. A. R. ), le camion de la laiterie et desservant 7 exploitations agricoles. Le C.M. vu l’état de la bascule publique, manque de justesse de 13 kg par tonne, décide de la faire réparer. Remboursement de l’emprunt auprès de particuliers. Construction d’une classe. M. Massot 50 000M. Landais 20 000M. Brunet 30 000M. Pilon 50 000M. Marsoin 50 000Seront remboursés en 1937 le 13. 9Le CM vote une augmentation de 2500 f à M. Ausselin cantonnier communal. Traitement brut 20 980, somme à mandater 23 200.Réunion du 3 septembre 1957Le conseil municipal, considérant que la taxe sur les chevaux et voitures ne procure pour la commune, que des ressources insignifiantes, est d’avis de la supprimer.D’accord avec le prêteur, le C. M. décide de procéder au remboursement capitaux 100 000 sur l’emprunt de 200 000 auprès de particuliers pour la construction d’une classe E. P.Réunion du 27 décembre 1957Versement d’une subvention de 500 f à l’Office départemental des A. C. et des Victimes de guerre.Subvention de 5000 francs aux P. T. T. pour P. A. R. maintenue.Le C. M. estimant que M. Dubois Maire a effectivement assisté à une réunion du comité du Syndicat d’Electrification de la Charnie en 1957 alloue une indemnité de 550 francs pour cette réunion. Conformément à la circulaire préfectorale du 24 juin 1957, le Conseil Municipal décide de porter l’indemnité annuelle de fonction allouée au Maire de 45 000 à 50 000FNouveau traitement du secrétaire 293 650 à compter du 1er novembre 1957Acquisition 1 série documentation aérienne pédagogique du prix de 8 500 F.Le C. M. décide de faire recouvrir entièrement la maison des instituteurs. Coût approximatif 200 000 F.

S )A nous leouvenir

« On oubliera. Les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. L’image du soldat dis-paru s’effacera lentement dans le cœur consolé de ceux qui l’aimaient tant. Et tous les morts mourront pour la deuxième fois. » Roland Dorgelès, les croix de bois.

Une fois encore, pour empêcher cette seconde mort, pour empêcher les soldats blandouétains de tomber dans l’oubli, les Ateliers d’histoire de Blandouet font revivre deux d’entre eux.

Auguste Louis Veau

Le 5 Septembre 1886 naît Auguste, Louis Veau. Ses parents, Auguste et Marie-Louise (nommée aussi par-fois Louise ou Marie), née Blanchard, résident alors aux Tesnières. Ils sont jeunes. Auguste, originaire de Vimarcé, a 25 ans tandis que Marie-Louise en a 24. Ils sont tous les deux journaliers. Leur fils Auguste est le petit dernier d’une famille de 4 enfants. Il a trois sœurs aînées, Marie, Joséphine et Berthe. Il semblerait que la famille ait vécu un temps à Saint-Denis d’Orques avant de venir s’installer à Blandouet.En 1891, la famille Veau a déménagé et s’est instal-lée aux Menestières. Auguste est toujours journalier. Sa femme, Marie-Louise, s’occupe des enfants et du ménage. La famille s’est encore agrandie après Au-guste avec la naissance de Blanche en 1888 et celle

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d’Ernestine en 1890. Il y a aussi la belle-mère, Joséphine Garnier, qui est âgée de 78 ans et qui vit avec eux.Cinq ans plus tard, les Veau résident aux Crosneries. Auguste est agriculteur pendant que sa femme tient le ménage. Le petit Auguste a 9 ans et fait partie des aînés de la famille. Après Blanche et Ernestine, qui ont à présent 8 et 6 ans, sont nés Germaine, Georgette, Emilienne et enfin Louis, qui vient tout juste de naître. Bien que les aînées, Marie et Joséphine aient déjà 14 et 13 ans et puissent aider leur mère à la maison, on peut facilement imaginer qu’il n’était pas facile tous les jours de s’occuper de 10 enfants en même temps. La famille va rester encore un peu aux Crosneries et va encore s’agrandir avec la naissance de Marguerite. Heureusement, ses frères et sœurs aînés sont alors assez âgés pour travailler en tant que domestiques à la ferme. Aux Crosneries, vivent avec la famille Veau les familles Frétard, Levrard, Pillon et Heurtebize.En 1906, Auguste vient tout juste d’avoir 20 ans. Il ne va pas tarder à aller faire ses classes, c’est-à-dire son service militaire. En attendant, il est domestique de ferme à la Lamberderie, chez la famille Blossier. Il apprend le métier en compagnie de Louis Blossier, le fils de la maison et d’Emile Rousset, qui vient de Sainte-Suzanne. Les parents d’Auguste ont déménagé et habitent aux Rouairies, où son père est bûcheron. Sa mère ne travaille pas et continue de s’occuper des derniers-nés. Parmi eux se trouve Marie-Louise, qui est née un an auparavant. En plus des enfants encore présents, Auguste et Marie-Louise s’occupent de la petite Suzanne, fille d’un de leurs aînés qui vit chez ses grands-parents.En juin 1913, Auguste épouse Pauline Chanteau à Argen-tan, dans l’Orne. Il a alors 27 ans. Hélas, il ne pourra pas profiter bien longtemps de son mariage puisque qu’il sera mobilisé dans l’Armée de réserve dès 1914.C’est ainsi qu’il est incorporé au 324e Régiment d’Infanterie, se rattachant au régiment d’active 124 où il a effectué son service militaire. Son régiment, composé de 2 bataillons, sera tout d’abord en casernement à Laval. Début Août, les hommes seront envoyés en direction de l’Alsace et la Lorraine. Ils prendront part aux combats de Mangiennes1 lors desquels la conduite à tenir en cas d’attaque était de résister sur place, et en aucun cas se replier.Le régiment prendra aussi part aux combats d’Etron et de Billy-sous-Mangiennes2. Il suivra ensuite la retraite des Armées en Septembre et participera aux combats des Hauts-deMeuse3 à partir de la mi-Septembre.À quel moment a été touché Auguste Veau ? On peut im-aginer que ce fût lors des derniers combats en Hauts-de-Meuse.Le 14 novembre 1914, à Montdidier, dans la Somme, s’éteignait le soldat Auguste Veau, des suites de ses bles-sures de guerre, laissant derrière lui une jeune veuve. A-t-il aussi laissé des enfants ?Sa sépulture se trouve à Montdidier à la nécropole natio-nale « L’égalité » au niveau de la tombe individuelle 217. Après sa mort, les parents d’Auguste ont continué à vivre à Blandouet, aux Tesnières où son père fût encore un temps bûcheron puis journalier.Florence Dorizon.

1 Commune de la Meuse, région Lorraine2 Village situé à côté de Mangiennes3 Plateau calcaire situé entre 350 et 400m d’altitude

Pierre Godmer

La famille Godmer pourrait se distinguer dans le village de Blandouet de l’époque par deux caractéristiques. La première est que le père, Joseph, a un frère jumeau, Julien. Or, il n’est pas courant à l’époque d’avoir des jumeaux dans les familles. Ils sont tous les deux nés à la Foucaudière le 1er janvier 1853 de Louis et d’Henriette Foucaud. La seconde caractéristique est plus macabre. Pierre Godmer, le fils cadet de la famille sera le plus jeune soldat blandouétain mort pour la France.Le 13 août 1894 à 8h du matin aux Loges de Pitié naît Pierre, Louis, Emile Godmer. Son père, Joseph, est un journalier de 42 ans. Clémentine Morin, originaire de Saint Denis d’Orques, vient quant à elle tout juste d’avoir 36 ans. Pierre est le benjamin de la famille. Il a deux aînés, Emilienne, née en 1882 et Joseph, né en 1884. Il y a une grande différence d’âge en lui et ses frères et sœurs. La famille Godmer a beaucoup déménagé. Elle est ce-pendant restée attachée à deux lieu-dit : les Loges de Pitié et les Basses-Coulées. En 1886, la famille résidait aux Basses-Coulées. Elle déménagera ensuite pour vivre en 1891 aux Loges de Pitié, où Pierre naîtra. En 1896, la famille vit à nouveau aux Basses-Coulées. Le père, Joseph, est bûcheron. Clé-mentine s’occupe de son fils cadet et tient le ménage. Pour améliorer les fins de mois, elle est aussi nourrice. En plus de Pierre, elle s’occupe de Germaine Landais, qui a alors 4 ans.En 1901, Joseph n’est plus bûcheron, il est devenu journalier. Il a 47 ans. Clémentine et Emilienne l’aident au travail en étant elles aussi journalières. Joseph, qui vient d’avoir 17 ans, travaille en tant qu’employé chez un patron avec lequel il fait les marchés. Pierre a alors 6 ans.En 1903, un premier malheur va toucher la famille. Joseph décède alors qu’il est encore dans la force de l’âge, il a tout juste 49 ans. Son plus jeune fils, Pierre n’a pas encore 10 ans.La famille va retourner vivre aux Loges de Pitié. Pierre y vivra seul avec sa mère, la grande différence d’âge avec ses aînés faisant qu’ils sont déjà partis de la mai-son. Clémentine est devenue propriétaire exploitant. Elle continue cependant à être nourrice. En 1906, elle s’occupe ainsi d’un Pierre Verpiller, un jeune Parisien de 4 ans. Pierre va finir son adolescence aux Loges de Pitié. Il commence à apprendre le métier de cordon-nier. Malheureusement, quand la guerre éclate, il vient

Détail de la plaque commémorative.

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tout juste de fêter ses 20 ans. Aussi, au lieu de partir faire ses classes, il part directement à la guerre. Il est intégré au 69e Régiment d’Infanterie. Il sera tout d’abord envoyé à la caserne de Nancy avant de com-mencer son baptême du feu dès le 20 août sous le com-mandement du Général Foch. Cette première bataille, la bataille des frontières, sera terrifiante. En effet, le Corps d’Armée auquel appartient le 69e Régiment d’Infanterie est chargé d’attaquer la ville de Morhange4. Cependant, soumis à de violents feux d’artillerie lourde, il ne peut aborder la ville. Écrasé par le nombre d’ennemis, il doit se reporter en arrière. Les pièces d’artillerie française se font enlever les unes après les autres lors de sanglants corps à corps. Le soir du 20 août, la retraite est ordon-née. L’état des troupes harassées par les durs combats de la marche en avant, éprouvées par l’échec qu’elles ont subi, désorganisées par les pertes de leurs officiers, rend la situation inquiétante. Afin de sauver l’Armée française et de ménager le moral du peuple, il est décidé de rester dans la Moselle et de reformer une Armée apte à l’offensive. La fin du mois d’août n’est cependant pas très glorieuse. Au soir du 22 août, le 20e Corps d’Armée laisse un Lunéville5 aban-donné aux patrouilles allemandes.Début septembre, la situation s’améliore, bien que l’Armée française ait subi des pertes considérables, elle a regagné une partie du terrain auparavant perdu.De septembre à novembre, le 69e Régiment d’Infanterie sera envoyé dans la Somme, puis il participera, à partir du mois de Novembre et jusqu’à la fin du mois de février à la bataille des Flandres. Les Flandres6 couvrent un terrain voué aux batailles. Comment ses vastes plaines, sans forêts, sans aucune montagne, sans eaux profondes n’auraient-elles pas ap-pelé les grands déchaînements de la guerre ? Il n’existe pas de champ de bataille plus propice aux actions dé-cisives. La bataille des Flandres sera la dernière bataille de mouvement avant la « guerre des tranchées ». C’est lors de cette bataille que Pierre Godmer est porté disparu. Bien qu’il n’y ait pas d’acte de décès établi, il est déclaré que Pierre, Louis, Emile Godmer, cordon- nier célibataire domicilié à Blandouet a été tué à l’ennemi à Langemark7 Korteker le 20 décembre 1914. Un acte de disparition a été rédigé le jour même. De plus, son nom ne figure pas sur la liste des prisonniers français parvenus au Ministre de la Guerre. Sa famille n’ayant pas eu de nouvelles depuis le 30 septembre 1914, il est déclaré tué à l’ennemi.Son frère aîné, Joseph, parlera jusqu’à la fin de sa vie en 1966 de son petit frère mort à la guerre à 20 ans. Il considérait cette mort injuste.Clémentine, la mère de Pierre, vivra ensuite dans le bourg avec Julien, le frère jumeau de son mari. Puis elle retournera en 1931 aux Basses-Coulées.Il n’existe aucune sépulture au nom de Pierre Godmer. Cependant, quelques-uns s’en souviendront peut-être, un médaillon avec sa photo était autrefois sur la plaque commémorative en fer qui était devant le Monument aux Morts. Florence Dorizon.

5 Commune de Meurthe et Moselle devenue ville-frontière après la guerre de 18706 Les Flandres regroupent deux régions de Belgique (Flandre-Orientale et Flandre-Occidentale), une région du Nord de la France et une partie de province hollandaise.7 Commune néerlandophone de Belgique

Anciens !toujours présents

Petite vie tranquille à Blandouet

Quand nos parents se sont connus, maman faisait les sai-sons, ramassage et épluchage des haricots, petits pois pour une conserverie, binage des betteraves dans les champs. Papa travaillait à la ferme de

ses parents. Etant nombreux il fallait quitter la ferme. Ils se sont mariés et ont quitté leur Bretagne natale pour travailler comme bûcherons à Verneuil sur Arve. Par le bouche à oreille ils ont appris qu’il y avait du travail dans la Grande Charnie. Le propriétaire Maître Garin était notaire à Courville. Son régisseur Mon-sieur Martin les a pris à son service. Ils ont donc habité cette petite cabane en bois. Ce n’était pas le grand luxe. Fin 1934 mes parents ont attendu un heureux évène-ment. Pas question de loger un enfant de plus dans cette modeste habitation. Début 1935, Monsieur Martin leur a proposé d’habiter le « coin des haies » où je suis née ; pour un petit loyer et sous conditions que papa travaille comme bûcheron en Charnie et que maman entretienne la fermette. Maman se donnait beaucoup de mal car en plus de 3 en-fants, poules, lapins, 1 cochon et 3 ou 4 vaches à traire, elle aidait papa dans le bois, donc journées bien rem-plies et dure pour tous les deux. Malgré tout, nous étions heureux et avons grandi dans notre petit patelin, 3 km pour aller à l’école à pied. Pas de cantine on mangeait chez Mr et Mme Huet, charron. On emportait le plat principal et Mme Huet nous don-nait la soupe. Quels bons moments passés chez eux !Sur le chemin du retour il y avait les copains et quelles bonnes parties ! Les plus grands greffaient les choux à Mme Plard. Ils étêtaient les choux et leur mettaient un greffon de noisetier. Il va sans dire que le propriétaire était furieux et les punitions pleuvaient. Ils déni- chaient les nids ce qui une fois a failli tourner au drame. C’était Bernard Clairet qui était dans l’arbre quand une branche morte a cédé, blessé gravement après sa chute il a fallu prévenir les parents. Pas d’ambulance, pas de voiture, heureusement M. Pilon des Crosneries avait une ponette et un petit tilbury pour l’emmener chez le docteur à Saint Denis.Il y aurait encore beaucoup d’anecdotes à raconter. Puis nous avons quitté la maison chacun notre tour. Lu-cien est parti en ferme et rentré en carrière de Voutré. Raymond a travaillé dans plusieurs fermes puis maçon et ce fût mon tour de partir de la maison. J’ai eu la chance d’être dans une boulangerie c’était plus agréable

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16 Le petit Babillard illustré

que la ferme. Nous avons fait nos vies et sommes partis chacun de notre côté.J’ai toujours un peu de nostalgie quand je repense aux bons moments passés à Blandouet « cher pays de notre enfance » Angèle Champion.

Je m’appelle Gilbert Travet, né le 1/12/1917 à Paris Xe. Vécu à Blandouet de 1919 à fi n 1934. Retour pendant l’occupation en 1941 à 1944 pour m’occuper de fi che à la porte nos occupants. Donc je connais bien Blan-douet. Je suis arrivé en 1919 en nourrice, chez Mme Chailleux qui habitait au bourg, non loin de la maison des Marteau ( forgeron). Ensuite, mon père m’a mis en nourrice chez Mme Querville (dite Lisa. Pour moi et pour nous, les gosses : la tante).A compter de 1926, je suis allé à l’école et c’est à cette époque que j’ai commencé à découvrir Blandouet. A Blandouet, tous les habitants avaient des puits pour tirer l’eau avec des seaux et des espèces de treuils. Chez la tante l’on tirait l’eau du puits avec une corde et à bout de bras. A Blandouet, nous avons été 220 habitants en comptant les fermes. Gilbert Travet.

1616

comptant les fermes.

Classe 1927

Gilbert TravetL’outil mystérieuxL’outil mystérieux du petit babillard n°6 est un « essette » à lame moins large et a un manche court de 30cm, de fabrication artisanale, façonné par les forgerons de la région, employé par les bûcherons pour l’écorçage des arbres de petits diamètres. Cette pratique se faisait au mois de mai.Au cours de l’hiver les ouvriers de la forêt fai-saient une coupe de bois et sélectionnaient tous les beaux brins de chêne d’une moyenne de 10 à 15cm de diamètre. Les arbres étaient abattus en pleine sève. C’était assez ingrat comme boulot, car il y avait des jours où cela se décollait mal, par manque de soleil, la nature était contrariante et cela ne marchait pas. Les pieds étant écorcés par bouts de 3 mètres, placés sur 2 chevalets de 1 mètre de haut de façon que l’ouvrier n’ait pas trop à se baisser pour effectuer son travail.Le bûcheron avait confectionné un séchoir d’une dizaine de mètres de long et 3 mètres de large et avec une inclinaison de 30%. L’écorce récoltée était déposée sur le séchoir afi n de s’égoutter de la sève et sécher. Les brins de 3 mètres étaient re-recoupés en bouts de 1 mètre, c’était du bois de chauffage d’une grande valeur sur le plan commercial on l’appelait du « Plard » qui était recherché par les professions libérales.Quand l’écorce était bien séchée, après 1 mois de séchoir, elle était mise en paquets, ligaturée en 5 endroits d’un diamètre de 50cm. Cet écorçage était pratiqué au 18ème siècle et jusqu’à la moitié du 19ème. Les paquets étaient sortis du cœur de la forêt avec des charrettes à chevaux et stockés en bordure et repris par des transporteurs en direction des tanneries de la région.A l’époque l’écorce de chêne servait à tanner les cuirs des animaux. Il y avait une petite usine à Epineux le Chevreuil, dans la Sarthe à 25 km de Blandouët. Ce bâtiment avait un style d’architecture remarquable, édifi ce du 18ème siècle, l’extrémité nord était à cheval sur une petite rivière qui avait une bonne source, car les tanneurs employaient beaucoup d’eau courante.L’originalité de ce bâtiment est que l’on a em-ployé le maximum de granit d’une belle couleur pour l’époque. Malheureusement cette tannerie fut fermée avant la guerre 39-45.Bernard Clairet.

Atelier agriculture

Au centre avec un chapeau : la Lisa.

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17 Le petit Babillard illustré

Le pelouOutil de fer en forme de cuillère, ou plus simple-ment os de cheval ou d’âne qui, taillée en biseau, est très efficace et économique pour pelarder : retirer l’écorce des chênes pour produire du tan. Certains de ces pelous possèdent une petite lame de métal pour effectuer les incisions longitudinales ; on dit aussi os peleux. « Ces grosses fourmis noires qui net- toient si proprement et si vite les os de cheval dont sont faits les peloirs. » (Jean Rogissart, « le fer et la forêt »).Peloir à écorcer, plus souvent appelé pelou ou os pe-leux « … il écorce le tout-venant comme le meilleur. Le bras levé au plus haut, il leur entame la peau d’un coup circulaire de serpe, puis de l’ergot bien tranchant du peloir, le fend jusqu’aux racines. Il engage ensuite dans la fente l’extrémité de l’outil taillée en biseau, et tout en la faisant glisser de haut en bas, il ramène à mesure sa main vers lui : une pesée à gauche, une autre à droite et dans un craquement juteux, le long fourreau se décolle du fût violé, blanc comme un cierge et luisant de sève gluante. » (Jean Rogissart, « le fer et la forêt »).

(Extraits du « dictionnaire des outils et instruments pour la plupart des métiers », Daniel Boucard, 740 p., ed. Jean-Cyrille Godefroy, SELD 2006)

La tannerieL’outil mystérieux, « essette » en jargon mayen-nais, on l’appelait « pelouere ». Je pense que son nom existe dans la rubrique des outils anciens. Les transports de l’écorce après la guerre étaient faits par Mr Rocheteau du Mans, gendre de M. Martin garde de Saint Nicolas « 53 ».Voici quelques jours avec un groupe d’amis, nous sommes allés voir ce que la petite tannerie d’Epineu-le-Chevreuil « 72 », était devenue. Ce long bâtiment en bordure de route, à 100 mè-tres du bourg, a été vendu en 2 lots. Dans la première partie on retrouve le stockage des cuirs, on les retirait des bains d’écorces et les déposait sur un plancher afin de s’égoutter. Ce local pos-sédait une grande ventilation en planches de bois à 2.50m du sol jusqu’au toit, avec un système latéral et incliné. L’accueil et les services ont été transformés en maison d’habitation.Dans la 2ème partie on retrouve le porche qui a conservé

son style du 18ème siècle. Le ruisseau qui alimentait l’usine, passant sous le bâtiment pour alimenter les bains d’écorce, existe toujours mais il a été busé. Ce 2ème lot a été transformé en résidence secondaire. Les murs étant de très bonne qualité, de nos jours ce fut une opération très noble de les transformer en logements. Bernard Clairet.

Atelier populationet habitatSuite à l’article paru sur Ernest Brassé, son grand-oncle, Sambrina Sinan a voulu compléter ce portrait en ajou-tant ses propres souvenirs sur la mère d’Ernest, son ar-rière-grand-mère à elle. Elle est aussi allée aux Archives départementales à Laval pour remonter dans l’histoire de la maison de ses parents. A 16 ans elle a ainsi écrit la première page de l’atelier « population et habitat ». Elle est remontée jusqu’en 1832 et a fait revivre le nom oublié de « La Vioterie ». Un bel exemple à suivre !

Arbre généalogique maison BrasséCe que je sais:1) On sait que avant le maréchal-ferrant c’était un hôtel “La Vioterie” M. Dubois le maréchal-ferrant avait acheté l’hôtel à M. ? ( rechercher l’année de vente)2) M. Dubois avait hérité de la maison à la mort de son père mort en 1895 à Vaiges. Donc c’est M. Dubois et sa sœur, Marie Louise Dubois, qui ont décidé de la vendre le 5 Juin 1898 soit deux ans après la mort de leur père qui la tenait de son père le maréchal-ferrant ( Si je com-prends, M. Dubois père a acheté la maison en 1860 à M. Lancelin pour trois mille francs à la bougie à Torcé, lui-même en avait hérité le 31 août 1832 de M. Gaudion.)3) M. Dubois deux ans avant sa mort a fait donation à son fils en 1893. Sa mère, née Chevalier est morte au bourg de Blandouet le 2 septembre 1887. La succession a été pour son mari qui lui, est décédé en 1895. Donc leur enfant hérite en 1895 et vend le 5 juin 1898.4) Je sais que le nom du notaire en 1898 était Monsieur Leconte à Ste Suzanne et Monsieur Laurent notaire lui aussi à Ste Suzanne.5) On sait qu’en 1961, le fils de mon arrière-grand-mère, Ernest Brassé, bûcheron, avait acheté la maison du bourg dans l’étude de Maitre Guiard notaire à Ste Suzanne, le 10 Avril 1961, à M. Pilon Louis qui était maire de la commune de Blandouet et qui décéda en 1935 et je sais que son épouse était Madame Cheva-lier qu’on appela Augusta, de son deuxième prénom. Ils avaient des vaches. Augusta Pilon, avant de se marier avec Louis Pilon a travaillé à Laval dans un magasin de chaussures .

La Vioterie aujourd’hui…

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18 Le petit Babillard illustré

Arbre généalogique maison BrasséElle a perdu son fi ls Hortense et son mari. Elle a vécu dans la maison de Blandouet avec son autre fi ls Ernest. Il fabriquait des petites maisons et des per-sonnages. M. Baudry a retrouvé des personnages faits sur un bouchon, ils sont animés. Il y a des gendarmes qui ont acheté des petites maisons. Dans le bourg de Blandouet, il y a des

Mon arrière-grand-mère hérita de la maison à la mort de son deuxième fi ls, dont le premier, mort à la suite d’une longue maladie, se prénomma Hortense.6) Quand mon oncle Ernest a acheté la maison ce n’était plus qu’un café car Mme Pilon avait vendu sa patente, pour vendre de l’alcool, à son fi ls M. Pi-lon Auguste car M. Louis Pilon, maire, ne pouvait pas vendre de l’alcool. Madame Ausselin vient de me dire que Pilon Auguste ne pouvait vendre que de la boisson sans alcool, c’est pour cela que l’on disait un limonadier, pas un café. Avec la patente de sa mère il a pu vendre de l’alcool. Il tenait le café qui était à coté de l’épicerie de Mme Ausselin. Sambina Sinan.

personnes qui en ont aussi. Il faisait aussi des boites à pharmacie et des girafes, moi j’en ai une et une mai-son. Il nous quitta vers les 59 ans je crois.Mon arrière-grand-mère je l’adorais, elle nous don-nait des brioches. Je me rappelle quand on venait la voir le dimanche, elle était assise devant la cheminée ou la fenêtre. Elle dormait, on tapait au carreaux, ça lui faisait peur, elle levait la main. Elle m’appelait “ma petite grenouille” j’adorais aussi ces pâtés aux pom-mes qu’elle faisait.Elle était courageuse de vivre dans une maison où il n’y avait pas chauffage central la nuit ni l’eau cou-rante. Elle devait aller dans la cave pour prendre de l’eau et les toilettes il fallait aller dehors, je vous dit pas l’hiver !La pièce où elle vivait le plus souvent était sombre. Mes parents avec M. Gaudemer ont bouché la cage d’escalier pour ne pas qu’elle ait froid. Elle avait un seau à côté d’elle et le matin quand elle s’est levée il y avait de la glace dessus. L’hiver donc, dans la maison il y faisait très froid.Je remercie pépé Ausselin d’avoir pris soin d’elle de lui avoir tenu compagnie, lui et toute sa famille. Je sais que mon arrière-grand-mère avait des vaches car il avait une étable. Sambina Sinan.

Atelier sport et loisirsGrâce à la famille Blanche, deux petites pépites viennent d’entrer dans les entrepôts des Ateliers d’histoire. Si les jeunes fi lles qui sont sur les photos ont peut-être pris quelques rides – de toute façon, ne dit-on pas que ça donne du charme – ces deux photos ne vont pas prendre la poussière, sitôt dé-posées aux Ateliers sitôt partagées dans le petit Babillard illustré et bientôt sur le site de la Pierre babillarde. La femme et le sport, l’image et la place de la femme ; les choses ont-elles changé de-puis l’élection de miss sport 1967 et la participa-tion d’une équipe féminine au tournoi de foot de l’ESB en 1968 ? D’hier à aujourd’hui, les souve-nirs à partager ne doivent pas manquer. Alors ne soyez pas bavard(e)s qu’entre vous au téléphone, pensez aussi à en faire profi ter votre journal !

Petites gens,grandes figuresMaria et Valentin LambertDans les années 1950 et bien avant, durant la Messe dominicale, avant le sermon, le prêtre lisait en chaire une longue liste de défunts « recommandés » à la prière des fi dèles. J’entendais, intriguéeMaria, Augustine et Marcelle Lambert.Qui parmi les plus âgés, parmi les AHB n’a pas con-nu le père et la mère Lambert ? « Café, Tabac, Télé-phone. »Venus du Nord de la Mayenne - tout village situé au-delà d’Evron était au Nord -, ils furent fermiers à la Métairie puis à la Butte avant de venir au bourg, au Plat d’Etain, grande maison alors au fond d’une cour sombre, occupée aujourd’hui par Mme Melot. Au début de sa retraite, le père Lambert de ferme en ferme à Blandouët et aux alentours proposait « de l’huile agricole », se déplaçant en carriole tirée par la jument Rincette.Vous avez beaucoup entendu « On va boire un verre chez la mère Lambert ». C’était bien elle la patronne, grande et forte femme , portant des lunettes, pouvant porter son regard à travers les verres ou en-dessous,

… et autrefois.

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19 Le petit Babillard illustré

Vos remarques, vos idées,faites-les nous connaître !

1919 Le petit Babillard illustré

“J’ai lu avec attention…”

“Je souhaite proposer…”

“J’ai aimé…”“Un article m’a beaucoup plu !”

“Cette photo m’a évoqué

des tas de souvenirs !…”

Les Ateliers d’histoire de BlandouëtChez Marie Nédélec5 place Adam Becker53270 Blandouët

http://blandouet.chez.tiscali.fr

Merci !

façon à elle d’accommoder., souriant peu tout en faisant bon accueil à ses clients du café et acheteurs de tabac. Au fond de la cuisine, des étagères supportaient les tabacs de l’époque, à fumer, à priser , à chiquer, et l’unique papier à cigarettes en plaquettes bleues Lacroix. Au mur, à droite, près de l’étroite fenêtre, était fi xé un curieux et beau dispositif en bois et bakélite : un poste téléphonique ; l’appareil décroché mettait l’utilisateur en contact direct avec une standardiste d’Evron à qui on demandait son numéro ; après une attente plus ou moins longue, la communi-cation était établie. On n’appelait pas pour se dire : « Bonjour ! comment vas-tu ? » !, seulement pour demander le médecin ou le vétérinaire, ou annoncer les mauvaises nouvelles, les bonnes pouvant transiter par lettres. Les artisans constituaient un groupe d’utilisateurs réguliers, afi n de joindre leurs fournisseurs. Une communication occasionnelle était payée sur le champ selon un forfait établi ; les artisans avaient des fi ches remises tous les deux mois et payaient « en gros » ! Menant ses activités de front au gré des jours la mère Lambert demeurait discrète et gardait pour elle les bavardages entendus. Son visage sévère et digne s’éclairait parfois avec les enfants. Elle pouvait confi er « Maria aimait faire des niches. » , « Marcelle se plaisait avec son père. », « Augustine préférait les travaux extérieurs. » Elle évoquait ainsi l’enfance de ses fi lles, occupant toutes les pensées de leur mère.Valentin vécut calme et silencieux jusqu’à 80 ans, alors un grand âge, décédé en 1953. Sa femme lui survécut jusqu’en 1959, et partit à son tour à 79 ans, avec la considération de tous. Quelques mois auparavant la mère Lambert avait cédé son commerce à Marie-Jo Périer, que tous les joueurs de foot ont bien connue.Il reste des noms sur une stèle, des noms pour 3 jeunes vies trop tôt fi nies. Marguerite Montaroux.

Alphonse et Angèle TellierLes gars Tellier, Joseph et Maurice, à ce moment-là ils avaient pas grand chose dans leur petite cabane, sur le chemin qui partait entre chez le gars André Métayer et la maison du Patis. C’était une petite maison. Ils sortaient de chez eux en coupant à la traverse par le jardin, ils ne faisaient pas le tour par le chemin, il y avait 10 mètres. Les Tesnières, c’était malheureux comme les pierres. La mère est toujours vivante. Pauvre mère Tellier, elle doit pas être loin des 100 ans, je ne sais pas si elle se rap-

NécrologieEn cette fi n d’année 2006 disparaît la doyenne de la commune (de Chammes) madame Angèle Tellier.Quand nous sommes arrivés à Chammes, monsieur et madame Tellier étaient bûcherons à la maison et je garde de cette époque un souvenir ému. Ils étaient sans doute les derniers bûcherons à travailler encore de cette façon.Arrivés au lever du jour, été comme hiver, ils traversaient « la lande des Evais », monsieur devant et madame le suivant, cet ordre était immuable. A cette époque, les coupes où ils façonnaient les stères de bois de chauffage se situaient derrière « la Rongère ». Ils déjeunaient au bois. Suivant l’avancement des coupes ils déplaçaient une sorte d’abri rectangulaire de 2m de haut sur 1,50m de large, fabriqué en genêt tressé serré, ceci recouvrant une bâche de plastique. Devant cet abri, un petit feu permettait soit de se réchauffer, soit de faire cuire leur déjeuner. Sous cet

pellerait encore bien de tout ça. Lui, Alphonse, c’était le frère de la femme à monsieur le maire, anciennement Dubois. Je me rappelle, madame Tellier, il y a quelques années quand, on passait avec le car pour aller au marché, en plein hiver, elle avait un bac en ciment dehors, il doit encore y être. On la voyait, elle cassait la glace pour laver son linge. C’était sur la route de Chammes, après chez monsieur Delisle, la maison sur gauche, en ruine. Une petite maison, il doit y avoir qu’une pièce. Je me rappelle, le gars Joseph, qu’était de mon âge, m’avait dit « eh ben mon vieux, mon père il a progressé - son père il ne pouvait plus rien faire - il s’est acheté un vélo ! » mais je crois bien qu’il n’a jamais été dessus, le père Alphonse. Marie-Louise Nédélec et Raymond Nicollo.

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abri il y avait deux bancelles en bois ainsi que le matériel du bûcheron : un godendart, une scie à main, serpes, haches et une brouette avec une roue en fer. J’avais toujours un grand plaisir à les voir abattre une perche de chêne à la hache. Les coups étaient francs et secs. Monsieur abattait, madame élaguait les branches avec une serpe puis le godendart entrait en action pour couper chaque morceau en un mètre. Tous les branchages étaient façonnés en fagots ou balais. Quand ils eurent 80 ans, monsieur et madame Tellier décidèrent d’abandonner le métier, ils trouvaient trop fatiguant de venir à pied à travers bois jusqu’à la coupe, mais deux ans après ils demandèrent à mon père de leur trouver un chantier plus proche de chez eux car ils s’ennuyaient dans leur maison. Cela ne dura que quelques mois, la maladie ayant raison de la santé de monsieur Tellier. Voilà comment s’est arrêtée l’histoire des derniers bûcherons travaillant manuellement dans les bois de l’est mayennais. Une page de l’histoire de notre forêt mayennaise et de « Moncor » venait de prendre fi n.C’était vers les années 1980. Marc d’Argentré.

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à-bracubrique

Le carrefour de MalitourneEléonore de Bouillé née en 1622 épousa Henry du Lude grand maître de l’artillerie de Louis XIV et devint ainsi duchesse. A la cour, où son mari avait ses entrées, elle préférait

La veillée de pomméCes événements se situent dans les années 1939-1945. Dans ces temps, où les gens de nos régions étaient plutôt pauvres, il était une tradition de fabriquer une espèce de confi ture à pas cher, surtout pas gourmande en sucre. C’est pour cette raison que pendant la guerre 39-45, où le sucre, comme beaucoup de

Le carrefour de

Eléonore de Bouillé née

LCes événements se situent dans les années 1939-1945. Dans ces temps, où les gens de nos régions étaient plutôt pauvres, il était une tradition de fabriquer une espèce de confi ture à pas cher, surtout pas gourmande en sucre. C’est pour cette raison que pendant la guerre 39-45, où le sucre, comme beaucoup de

la forêt de la Charnie, ses châteaux de Bouillé et de la Muette, ses fringants chevaux et par-dessus tout la chasse qu’elle pratiquait avec passion, vêtue en homme le plus souvent. De nombreux récits la disent violente, coléreuse, autoritaire, « terrible ». Un jour en franchissant fougueusement une haie au galop, elle fi t une chute ; un bûcheron l’ayant aperçue l’aida à sortir de sa mauvaise position. En remercie-ment il reçut un coup de pistolet qui le laissa raide mort. Ceci se passait près de St Denis d’Orques en un lieu nommé depuis carrefour de « Mal y Tourne », une croix rappelle le trépas du malheureux bûcheron.L’affreuse duchesse mourut dans son relais de chasse de la Muette en 1691 ; elle fut inhumée dans le caveau de ses ancêtres les seigneurs de Bouillé dans l’église de Torcé. Espérons qu’elle y repose en paix. Marguerite Montaroux.

D’après un article paru dans « les nouvelles de Sablé » en 1992.

choses d’ailleurs, était distribué avec cartes d’alimentation, que à la campagne nous fabriquions ce dit « pommé ». Il n’existait qu’une saison pour effectuer la cuisson, novembre ou décembre. Car il fallait impérativement du cidre doux. Les gens louaient un grand chaudron en cuivre que l’on remplissait de cidre nou-veau, pelaient une certaine quantité de pommes douces que l’on ajoutait au cidre et cela de bon matin, car la cuisson demandait de 24 à 30 heures de chauffe. L’évènement qui nous a marqué, nous jeunes, c’est la fameuse veillée de pommé qui durait toute la nuit. Quelle ambiance ! Nous étions des fois une quarantaine de per-sonnes, car tous les voisins et amis étaient invités. Des chansons, un accordéoniste du pays qui donnait une ambiance incroyable pour la danse et pourtant ce joueur d’accordéon, n’avait jamais fait de cours de musique. Au milieu de la nuit, un bon repas, bien arrosé car la « goutte » à cette époque était d’un usage quasi sacré ! Et allez-y pour l’entrain, la chaleur qui se dégageait de la cuisson aidant, les visages n’étaient pas tristes, je vous l’assure ! Mais toute fête a une fi n et au petit matin, les invités s’en allaient, car il y avait les bêtes à soigner, et la cuisson continuait toujours, et malgré une certaine fatigue l’ambiance restait très bonne. Cha-cun, tour à tour goûtait à cette fameuse confi ture du pauvre. Et puis c’était la descente du chaudron de la cheminée et le trem-page dans des pots en grés ou en verre, ce produit pouvait se conserver plusieurs années.Dommage que nous n’avions pas de caméras ! Car ces événe-ments, pour nous, restent inoubliables. André Moullé.