Petit Manuel d’Humanité Cahier 08-Comme des Flambeaux dans la Nuit

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    Jacques Henri PREVOST

    Petit Manuel dHumanit

    CAHIER 8 Comme des Flambeaux dans la Nuit

    MANUSCRIT ORIGINAL

    Tous droits rservs

    N 00035434

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    omme des Flambeaux dans la Nuit.

    Heureux ceux qui aspirent lesprit,car le royaume des cieux leur appartient.(Sermon sur la Montagne - Batitudes).

    Voir son non-savoir est sagesse.Ne pas le voir et se croire savant signifie souffrance.(Lao-Tseu).

    Jai essay de montrer aux hommes la splendeur de tes uvres,dans la mesure o mon esprit limit pouvait saisir ton infini.(Johan Kepler).

    Certains peuples dOrient, parmi les contemporains des anciens Egyptiens, nous sont presque familiers. Maisles gens ordinaires, comme vous et moi, ont bien du mal sy reconnatre dans toutes les appellations des peuples antiques quils situent mal dans le flou de lespace oriental. Les livres dhistoire entretiennent parfoiscette confusion car ils magnifient gnralement les conqurants qui sont souvent des destructeurs, sans assez parler des civilisateurs, ces porteurs de flambeaux qui clairent la nuit de la connaissance. Les actions desuns et des autres ont chang le monde antique, en faisant le berceau du Judo-christianisme. Quavons-nousgagn ou perdu ? Je vous propose dessayer ensemble dy voir un peu plus clair. Au rcit des grandesconqutes qui agitaient le monde antique, on peut avoir limpression que les grandes plaines dAsie centraleont toujours constitu un inpuisable rservoir de barbares qui dferlaient au fil des sicles pour envahir lesterritoires et dtruire les civilisations existantes. Il faut comprendre que les climats ont beaucoup changentre la fin de lre glaciaire et lAntiquit. La temprature moyenne de la plante sest dabord leve de plusieurs degrs, dpassant mme celle daujourdhui, et puis la Terre sest refroidie. Certaines rgions,actuellement dsertiques, accueillaient des masses humaines importantes qui ont cherch refuge ailleurslorsque les conditions se sont modifies. De leurs confrontations avec les populations dj en place sont nesles anciennes civilisations asiatiques et indo-europennes dont nous allons un peu parler, et qui sont lessuivantes. Elles sont ci-aprs classes en fonction de leur priode dapparition. Celle-ci est indique ainsi quela dsignation actuelle des territoires approximatifs quelles occupaient.

    Les civilisations de Msopotamie. (~3500/~3000), Irak actuel, (Sumer, Babylone), et dIran, Afghanistan,

    Pakistan (~2000). La civilisation Syrio-phnicienne. (~3500/~3000), Syrie, Liban, Carthage, et Isral, Jordanie, Arabie

    saoudite, Ymen. La civilisation Egenne ou Grecque, (Crtoise et Achenne). (~3000/~2500), Crte, Grce, Albanie,

    Bulgarie. La civilisation Hittite. (~2500/~2000), Turquie, Anatolie. La civilisation des Indes. (~2500/~1500). Inde, Birmanie, Thalande, Cambodge, Vietnam, et Insulinde. La civilisation Chinoise. (~2500/~2000), Chine, Mongolie, Tibet, Core, et celle des Anos au Japon. La civilisation Etrusque et Romaine. (~ 1500/~500). Italie, Ibrie, Afrique du Nord.

    La civilisation de Sumer. Msopotamie, Irak.

    La civilisation sumro-akkadienne est probablement la plus ancienne des civilisations protohistoriques. Elleest repre au moins quatre mille ans avant notre re. Il convient de faire une certaine distinction entre lesSumriens dont lorigine est inconnue, et les Akkadiens de langue smitique. Il faut aussi prendre en compte

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    les bouleversements politiques frquents, et les modifications gographiques telles le recul des ctes dans largion.La civilisation sumrienne semble tre apparue assez soudainement, en Msopotamie, sur un fonddorganisation pr-urbaine. Son dveloppement est caractris par linvention de lcriture et delarchitecture. Lapparition de cette civilisation urbaine est tellement soudaine quon la pensa importedailleurs. Mais on na jamais trouv cetailleurs nulle part. Il a bien fallu admettre quelle est la manifesta-

    tion de la maturit dune civilisation locale. Lutilisation de lcriture dbouche sur une organisation com- plexe de la socit. Elle est administre, de faon mticuleuse et tatillonne, par un Etat monarchique et sacer-dotal.

    On sait trs peu de choses sur les origines des Sumriens dont la langue ntait pas smitique. On a mmeimagin quils taient les survivants dudluge, immense inondation dont on trouve les traces entre le Tigre etlEuphrate. Les plus vieilles cits du monde ont t trouves dans le pays de Sumer. El Obed, ~4000/~3300,semble tre la plus ancienne. A Uruk, ~3300 environ, on a repr 19 niveaux archologiques dont 17 appar-tiennent la protohistoire. On y constate lapparition prcoce de lcriture pictographique puis cuniformesur tablettes dargile, et la transformation progressive des villages nolithiques en vritables cits bties en briques et centres sur un temple (plus tard sur des ziggourats). Djemdet Nasr, ~3100/2900, est une cit vocation artistique et commerciale. A Eridu, abandonne au ~2me millnaire, on a trouv 18 sanctuairessuperposs. Kish aurait t le sige de la royaut avant Ur. Sur le site de Nippur, ~3100/2500, on voit encoreles ruines de temples extrmement prcoces, ddis Enlil, Inanna, et Ishtar.

    Qui construit en seigneur vit en esclave,Qui construit en esclave vit en seigneur.

    (Tablette dargile sumrienne).

    A la lgendaire dynastie dUr, ou Erech, ~2700, (Gilgamesh), succdent les rois de Lagash et dUmma. Vers~2450, Sumer est englobe dans lempire akkadien. La civilisation est ensuite partiellement dtruite par linvasion barbare des montagnards du Zagros, les Goutens, (ou Guti), vers ~2250. Cent ans plus tard, unvassal des Goutens, gouverneur de Lagash,(le patesi Guda), relance la civilisation no-sumrienne. En~2100, les rois reviennent Ur puis Issin et Larsa. Vers ~1700, Hammurabi fonde le premier grand empirede Babylone, dominant Sumer, Mri, et lAssyrie.

    Les Sumriens ont dabord imagin un trs large panthon chaotique, peupl de milliers de dieux et de des-ses, ou Dingirs.Ils sont la cause et le reflet invisibles des lments du monde visible. Plus tard, ce panthonest organis et rationalis en systme. On y trouve les grandes divinits connues, An, Enlil, Enki, Inanna. Onretrouve aussi les divinits smitiques Adad, Ishtar, Sin, Tammuz, dcrites plus loin.

    Leau masculine et leau fminine originelles engendrent un Esprit du Monde, do manent le Ciel mascu-lin, An, et la Terre fminine, Ki. Leur union produit une force spirituelle personnalise, Enlil, lair ou lesouffle du Monde. Les divinits sumriennes anthropomorphes sont des incarnations de forces naturelles. Leroi est le vicaire des dieux. Comme on le voit, la religion est assez intellectuelle. Elle est celle du devenir. LeMonde subit une perptuelle transformation qui rsulte du retour perptuel de cycles dont chacun donnenaissance au suivant. Le serpent est lune des figures symbolisant cet ternel retour. Il ne faut donc passtonner de le retrouver dans les figures racontant lpope de Gilgamesh, le roi dUnug, (version babylo-

    nienne).La conjonction de masculin et du fminin, et le changement constant sont les vritables moteurs de la vie.Les dieux et les hommes sont sujets aux coups du sort et la mort, mais celle des dieux nest pas dfinitive.Comme les Egyptiens, les Sumriens conoivent plutt une survie immensment longue aprs la mort deshommes, plutt que limmortalit. Les morts ny accdent pas individuellement, mais, concept particulire-ment intressant, ils progressent par vagues successives. Chacune franchit un seuil conduisant vers une nou-velle tape de la vie, une nouvelle avance vers laccomplissement ternel. Cette conception a pu influencer la pense de Platon. La desse Inanna, reprsente par ltoile du matin, symbolise la lumire et la vie,lamour et la fcondit, lexpansion mais aussi de destruction. Comme Ishtar, lakkadienne, elle tait lobjetde cultes fervents.

    Je tadresse une prire, Princesse des princesses,

    Desse des desses.

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    Ishtar, Reine de tous les peuples,Conductrice de lhumanit.

    Tu es la lumire du Ciel et de la Terre. vaillante fille du Dieu-Lune,

    Matresse des armes, Arbitre des batailles.

    Tu tiens le sceptre et tu dcides. Desse des hommes,

    Tu domines le ciel et la terre, Dieu des femmes,

    dont les desseins sont insondables,O se pose avec piti ton regard, Le mort revit, le malade gurit.

    Lafflig est sauv de son afflictionquand il contemple ta face.

    La civilisation akkadienne est un peu plus tardive. Elle trouve son origine chez les Amorrites ou Amorr-hens, un peuple smitique nomade install au ~3me millnaire dans le dsert de Syrie. Ils sinfiltrent enMsopotamie et fondent, vers ~1700, Babylone la dynastie dHammurabi et de son fils Samsu-Iluna. Cesempereurs nous ont laiss des codes qui montrent une socit divise en trois classes, (matres, subordonns,esclaves). Le droit familial donne aux poux un statut galitaire. Le droit commercial favorise les marchands.Le droit criminel, quant lui, est bas sur la loi du talion, un peu amnage.

    Si laide dun instrument en bronze le chirurgien a ouvert une plaie infectieuse dun il et ce faisant sauv lil du patient, il aura droit dix sicles.Si laide dun instrument de bronze etc.. il a provoqu la perte de lil du patient, il aura la maintranche. (Code dHammourabi. ~1700).

    Samsu-Iluna repousse une premire invasion des Kassites. Puis ce peuple montagnard du Zagros sinfiltre enBabylonie et y introduit le cheval et le char de guerre. Aprs ~1530, son roi Agoum II rgne Babylone. Ilssont assimils par la civilisation et leur dynastie est abattue en ~1160 par les Elamites qui annexent le pays.La religion Babylonienne reste toujours proche de la religion sumrienne. Ce sont en fait deux phases dunemme religion. Peut-tre peut-on cependant considrer que la divination et laruspicine deviennent alors desdisciplines extrmement codifies et systmatiques. Elles ont servi de modles aux pratiques magiquesdautres religions antiques. (Etrusques). Malgr certains succs momentans, les Elamites furent souventdomins par Sumer et Akkad. Leur panthon propose Gal (le Grand dieu), Inshushinak (Seigneur de Suze), Nahhunt (dieu-Soleil), Simut (Messager des dieux), Hupman, Hutran, Pinikir (Desse pastorale), Adad(Dieu de lorage), Naana (dieu-Lune), et dautres, ainsi que les thmes rmanents du serpent et du lion. Unegrande desse apparat vers le second millnaire, Kiri-risha, (lUnique Grande), pouse de Gal.

    Lhistoire de la Msopotamie reste mouvemente. Au dbut de lge du fer, elle connat des invasions hittites puis kassites. Vers ~1200, Nabuchodonosor chasse les Elamites de la Babylonie. LAssyrie, trs puissante,soumet tribut toutes les villes dAsie Mineure. Puis les Aramens et les montagnards du Zagros disloquent

    lempire. Vers ~1000, cependant, les conqutes assyriennes reprennent. Un vaste nouvel empire est fondqui stend du Golfe Persique aux confins de lEgypte. Assournasirpal II fonde une magnifique capitale Calach, (Nimroud). Vers ~800, Sargon II fonde sa capitale Dour-Sharroukin. Sennacherib, fils de Sargon,dtruit Babylone et conquiert lEgypte. Assourbanipal rgne sur un immense empire qui va du Nil au Cau-case.

    Vers ~700, les Chaldens et les Mdes envahissent lAssyrie et dtruisent Ninive. L'Empire no-Babylonnienest fond. Assarhaddon, fils de Sennachrib, reconstruit Babylone. Vers ~600, Nabuchodonosor II semparede Jrusalem et dporte les Juifs Babylone. Il y construit une trs haute Ziggourat,la Tour de Babel , et untemple Mardouk. Smiramis tablit les Jardins suspendus de Babylone, une des sept merveilles du mondeantique. Nabounad reconstruit la ziggourat dOur-Nammou. En ~500, Cyrus le Grand, le roi perse qui avaitconquis un empire immense, libre les Juifs en semparant son tour de Babylone qui devient la capitale delempire des Achmnides. Darios et Xerxs dtruisent la ville en rprimant des rvoltes religieuses. Alexan-dre le Grand la conquiert en ~331. Il en fait aussi sa capitale, mais il meurt avant den avoir achev la recons-truction.

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    La civilisation de lIran antique. Perse, Afghanistan, Pakistan.

    LIran antique du second millnaire est pastoral, culturellement beaucoup plus proche de lInde que de laMsopotamie urbanise. Un peu tardivement, vers ~700, la contre que nous appelons maintenant lIran, le Ayryana Vaej, ou berceau des Aryens, est envahie par des peuples indo-europens nomades ou semi-nomades,les Parsu, apparents aux Scythes. Lhistoire de la Parsua est donc nouvelle et diffrente, et sa

    philosophie lest aussi. Elles sont marques par la figure de Zoroastre, Zartust ou Zarathoustra, qui sembleavoir vcu en Afghanistan avant la formation de lempire achmnide. Il enseignait que trois voies souvrent qui recherche lternelle batitude.

    La premire est celle de labsorption de la liqueur sacre, source de vie ternelle,le haoma divinis, (le soma indien).

    La seconde est celle de la sagesse enseigne par les upanisads. La troisime, quil prche, est celle de ladhsion la Justesse et la Vrit, manifeste en penses, en

    paroles, et en actes. En choisissant la Justesse, on refuse lErreur. A la Bonne pense soppose la Mau-vaise, lEsprit Saint soppose le Destructeur, et ainsi de suite. Lexistence actuelle est rgie par des cou- ples opposs dentits qui se sont substitus la hirarchie divine originelle. Il convient donc de la re-construire.

    LIran pr-achmnide reconnaissait un panthon composite, inspir partiellement par la proximit sum-rienne ou akkadienne, mais aussi par les traditions des Scythes, des Mdes, et linfluence du dualisme indien,(Varuna et Mithra). Il y a un conflit latent entre les deva, du jour et du ciel, et les asura, de lenfer et de lanuit.La doctrine de Zoroastre dtruit cette construction naturaliste assez htroclite. Elle coupe radicalementlunivers en deux sur le seul plan mtaphysique, et elle runit cependant synthtiquement ses parties dansAhura Mazda. Celui-ci est lunique crateur, le Buf, ou le Seigneur Sage. Il a engendr un Esprit doublequi se manifeste sous deux formes jumelles librement choisies, Asa le lumineux, la Justesse, (ou Justice, ouVrit), et Druj lobscur, lErreur, (ou Mensonge, ou Tromperie). Ils deviendront ultrieurement les jumeauxOhrmazd et Ahriman, la lumire den haut et les tnbres den bas. Dans le dualisme iranien naissant, ondistingue dj radicalement les bons,les asavan, et les mchants,les dregvan. Lhomme bon doit recons-truire son unit originelle pour retourner dans lunique Ahura Mazda.

    Vers ~550, un petit roi local, Cyrus II, se rvolte contre les Mdes qui occupaient son pays, et devient Cyrusle Grand. Il fonde la dynastie perse des Achmnides. Il conquiert le plus vaste empire de lAntiquit. Sonfils Cambyse II fait la conqute de lEgypte, et ne sarrte quaux portes de Carthage. Avec 40 millionsdhabitants, lempire perse atteint son apoge sous le rgne de Darios 1er , le Roi des rois. Il stend de lIndus la Mditerrane, et comprend entre autres, la Syrio-Palestine, la Thrace, la Lydie, la Phrygie, le Cappadoce,lArabie du Nord, lEgypte, et les cits grecques dAsie Mineure (Guerres mdiques - Marathon). Darios faitconstruire la capitale de Perspolis. Lempire est divis en satrapies. Le pouvoir civil y est spar du pouvoir militaire. Chaque peuple peut conserver ses dieux propres, mais la religion officielle est le Mazdisme, unevolution de la religion fonde par Zarathushtra. Il y a aussi dautres dieux tels Mithra, Sraosa, Rasnu, ausujet desquels nous ne pouvons nous tendre ici. Xerxs succda Darios et fut vaincu par les Grecs.

    Dans la religion mazdenne dont les prtres taient les Mages, la question de lorigine des entits rivales,Ohrmazd et Ahriman, est passe sous silence. Lhomme est un enjeu dans leur duel ternel. Cest pour vain-cre dfinitivement Ahriman, la Tnbre den bas, quOhnmazd, la Lumire den haut, cre le monde dans letemps et lespace. Cette cration est spirituelle, la matire ntant quun tat second. Aprs la cration desBienfaisants immortels, le monde matriel est cr en six priodes ou saisons, le ciel, leau, la terre, les plan-tes, le Buf premier-n, le premier hommeGaymart . La fravasisde chaque homme peut choisir de demeu-rer ternellement ltat spirituel ou de sincarner pour participer au combat. A chaque acte crateur dOhrmazd correspond une cration dAhriman avec laquelle il attaque toute la cration et la dgrade. Etcest ainsi que lhomme devient mortel.Le destin complet du monde saccomplit en quatre priodes ou millnaires. Le millnaire de Zartust (Zara-thushtra), commence avec lhistoire que nous connaissons. Le millnaire dUsetar, son premier fils, finira par lhiver de Malkus, mythe analogue celui du dluge. Le millnaire dUsetarmah, second fils, se terminera encatastrophe. Le millnaire de Ssyans, troisime fils, sera celui du sauvetage des hommes et de leur retour aux origines. Gayomart ressuscitera le premier puis tous les autres hommes seront jugs par Isatvastar, fils deZartust. Ils subiront ternellement sur eux-mmes toutes les consquences de leurs actes, tandis quAhriman,vaincu, retournera ternellement dans sa Tnbre.

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    Alexandre le Grand sempare de lempire en ~331, fondant la dynastie des Sleucides. Les Parthes fondentensuite celle des Arsadines. En 224 ap.J.-C, la dynastie des Sassanides est fonde. Elle donne la Perse untrs grand rayonnement malgr les attaques des Huns, et jusqu larrive des Arabes, en 637. Le pays estalors islamis et intgr lempire omeyyade. A partir de 1055, les Turcs, puis les Mongols, puis Tamerlan,envahissent la Perse qui reste souvent sous domination religieuse trangre. Au 19me sicle, la Russie, la

    France, et lAngleterre, influencent la politique locale. En 1925, avec laide occidentale, Riza chah fonde ladynastie des Pahlevi, et la Perse moderne devient officiellement lIran.

    Mans, ou Mani, nat en Perse o il prche sa doctrine partir de 240. Le manichisme, religion vocationuniverselle, est inspir des mythologies mazdennes, juives, chrtiennes, et bouddhistes, mais cest surtoutune religion gnostique affirmant un dualisme radical. Dieu est double, la fois Lumire bonne et Tnbresmauvaises. Dans le monde actuel, les deux principes saffrontent. Au cours du combat, des parcelles spiri-tuelles de Lumire sont tombes dans les Tnbres, dans ltat insupportable du corps matriel. Se ressouve-nant de leur origine, elles cherchent se librer. Le salut procde de la connaissance. Les hommes doiventdonc travailler se connatre mieux, reconnatre en eux-mmes leur me, cette partie consubstantielle Dieu. Pour les aider dans leur qute de salut, Dieu leur envoie des prophtes comme Zoroastre, Bouddha, etJsus, le dernier tant Mani.

    Le manichisme connut des perscutions multiples et impitoyables, autant en Occident quen Orient. Il exi-geait une morale leve et une vie austre, avec vgtarisme, jeunes, et abstinences diverses, mais il se r- pandit pourtant trs largement, jusquen Chine, en Occident, et en Afrique du Nord. La religion persista trslongtemps, jusquau 14me sicle, et trouva des prolongements dans divers mouvements tels ceux des Bogo-miles et des Cathares. Quant Mani, il fut martyris et mis mort par Bahram 1er . Ses successeurs subirentle mme sort.

    La civilisation syrio-phnicienne, punique, et isralite.Syrie, Liban, Isral, Jordanie, Arabie saoudite, Ymen, Carthage.

    Les rivages de lEst de la Mditerrane sont rests fertiles et accueillants malgr les importantes variationsclimatiques associes la fin de la dernire glaciation. Depuis la plus haute antiquit, de nombreux peuplesles ont habits, et ont constitu plusieurs groupes difficiles identifier. Larchologue franais Cl. Schaeffer y a recherch les traces des anciennes cits, dont Ougarit, (Ras Shamra), quil a dcouverte en 1929, en Ph-nicie (ou Syrie du Nord). Elle est apparue au Nolithique et a t dtruite 1200 ans avant notre re. On pour-rait aussi voquer les noms de Arvad, Byblos, Bryte (Beyrouth), Sidon, Tyr.

    Commenons donc par la vieille civilisation syrio-phnicienne quil ne faut pas confondre avec celle desAssyriens. Les mythes de leur cosmogonie ont t rviss au fil du temps. Ils restent globalement importantscar ils ont marqu profondment les origines notoirement smitiques de notre culture actuelle. On constatesouvent ici des emprunts de dieux voisins et un certain mlange avec des cultures proches.A lorigine du Monde, les Syrio-Phniciens placent un couple divin form de la desse mre Thiamat et dudieu Apsou. Thiamat personnifie le chaos primitif et les eaux agites de locan primordial. Apsou reprsenteles calmes eaux douces souterraines. De leur conjonction naissent dix gnrations successives et imparfaitesde couples divins. Ensuite seulement, apparat An, le Dieu Ciel, le grand fondateur des dynasties divines.

    Enlil, lun de ses nombreux enfants, devient El, le Dieu Roi. Entour dune cour prestigieuse, il est le grandsouverain. Il sunit la desse Ninlil et engendre Enki, le sage, Nergal, le dieu des morts et des enfers, Nan-na ou Sn, le Dieu-Lune, et beaucoup dautres encore. Sn sunit Ningal et engendre Innana ou Ishtar, laclbre desse de lamour et de la volupt, ainsi que le dieu du Soleil et de la justice, Outou ou Shamash.

    Les dieux syrio-phniciens sont vnrs dans des sanctuaires qui sont leurs palais ici bas. On y pourvoit tous leurs besoins travers les soins rendus leurs statues. Elles doivent tre habilles et nourries sur Terrede la faon dont les dieux vritables sont traits dans leur domaine divin. Parmi les dieux emprunts auxBabyloniens, il convient ici den distinguer deux, Enki et Mardouk, qui sont les seuls se proccuper vrai-ment des hommes. Les autres ninterviennent que pour les exploiter, les punir, ou en rduire le nombre. Pour cela, la desse Ereshkigal envoie priodiquement son serviteur Namtar dans le Monde pour y rpandre lessoixante maladies. Aussi les dieux sont-ils beaucoup plus craints quaims.

    El est second par son fils, Marduk, et par diverses castes dassistants hirarchiss dont les moins favoriss,les Igigis, travaillent pour nourrir les grands dieux, les Announakis, et faire fonctionner matriellement le

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    Monde. Fatigus, les Igigis cessent le travail. Enki intervient pour les remplacer dans cette tche ingrate. Leshommes sont fabriqus, et mouls dans de largile humecte de la salive des dieux. Pour les animer un dieuest broy dans la pte, ce qui transmet lhomme une parcelle divine. La suite de ce mythe est bien connue.Les hommes deviennent trop nombreux et leur turbulence trouble le repos des dieux. Enki leur envoie alorspidmies, scheresse et famine. Cela ne suffit pas calmer les nuisances de cette humanit malfaisante.Enlil, irrit, les noie alors sous les eaux qui envahissent la Terre. Enki intervient encore, mais il ne peut sau-

    ver que le seul sage Atrahasis, ou Ziusdra, qui est plac dans un bateau avec un couple de chacun des ani-maux. Cest notre mythe du Dluge.

    Aprs que linondation eut balay les terres, pendant sept jours et sept nuits,

    et que le bateau gant eut t secou par les tornades et les grands flots,Outou, le dieu qui pand la lumiredans le ciel et sur la terre, apparut..(Tablette akkadienne en terre cuite)

    Il ne faut pas stonner de retrouver les mmes traditions chez des peuples qui occupaient des territoires trsvoisins et qui puisaient leurs mythes dans le mme fonds commun.Cest avec la dcouverte des archives royales dans les ruines de Mri quapparaissent les traces dun antiqueroyaume amorrite. Les inscriptions cuniformes, rdiges en akkadien, sont datables du milieu du ~3me mil-lnaire. Les Amorrhens sont lorigine de la grandeur de Babylone. Ce peuple smitique nomade taitinstall en Syrie, dans une rgion devenue aujourdhui dsertique.

    En plus du panthon akkadien typique, on trouve Mri les noms de divinits plus spcifiques comme ladesse Anat, (Ashtart, Astart), Addou, (Hadad, Baal, terrible grand matre, dieu de lorage), Dagan, (dieudes Philistins, le Dagon de la Bible), Hawran, (dieu gurisseur), Yarakk, (dieu lune), Reshep, (vaillant com- battant), et Yam, (irascible prince de la mer), Salim. Les dieux sont les allis des hommes auxquels ils dis- pensent la vitalit et la puissance victorieuse dans la guerre. Il semble que les temples contenaient des btylesou pierres dresses.

    La religion faisait grand cas des paroles extatiques prononces par les prophtes. Cest intressant car, ult-rieurement, les Hbreux puis lIslam adopteront cette position lgard des paroles inspires par le dieu.Certaines des divinits ont t adoptes par les Egyptiens loccasion de diverses confrontations dontlinvasion des Hyksos au ~27me sicle. Cest le cas de Seth, (assimil Baal, le jeune taureau, le dieu deByblos, puissance de la tempte), de Reshep, et de la triade Qadesh-Anat-Astart.

    Le cycle du combat victorieux de Baal, assist dAstart, contre le dieu de la mer Yam, dcrit la lutte du principe bienfaisant contre le principe de dsordre et de mort. Le grand dieu El arbitre le combat. Grce auxmassues forges par Kouthar, le dieu-artisan, Baal, fils de Dagan, sauve lunivers du dfinitif retour auchaos qui avait t accept par les fils dEl. Mais Baal doit ensuite accepter la loi de Mot, (personnificationde la Mort), et il meurt. Aid par la desse-soleil Shapshou, Anat retrouve le cadavre de son frre et le portesur le Mont Saphon. El ayant enfin pris parti contre le dieu de la mort, elle sattaque Mot et le dtruit.Aprs avoir sauv le Monde, Baal, fils du dieu Dagan, ressuscite et retrouve son royaume.

    En ce qui concerne dautres peuples voisins des Hbreux, tels les Edomites, les Ammonites, les Moabites,dont nous trouvons des mentions dans la Bible, force est de constater que nous ne savons pratiquement rien.Outre sa prsence voque en Egypte, le culte de Baal du Saphon est constat dans les zones dexpansion phniciennes, comme Tyr en ~675, o on le trouve ml des cultes gyptiens, au Liban, Chypre, et Carthage, au ~3me sicle, o il a t hellnis sous le nom de Zeus Kasios. Dans leur expansion vers lOuest,les Phniciens ont progressivement install des comptoirs puis des colonies sur les rivages mditerranens,Malte, Sardaigne, Sicile, Balares, Espagne, Afrique, etc..

    La colonie plus importante tait Carthage, fonde vers ~1100 en Afrique du Nord. Ici, le couple suprme estconstitu de la desse Tanit et du dieu Baal Hammon, les protecteurs de la cit. Ils ne se confondent cepen-dant pas avec les divinits phniciennes. Au fil des ges, la ville devient le principal adversaire des Grecs etdes Romains. Hannibal parvient aux portes de Rome aprs avoir travers les Alpes avec ses lphants. Caton profre ses imprcations,Carthago delenda est,et finalement les Romains dtruisent la ville aprs la troi-sime guerre punique.

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    propose un court extrait dun ouvrage de Platon qui imagine, sur ce sujet, un dialogue entre Socrate et Par-mnide.

    Supposons, dit Parmnide, que quelquun dentre nous soit le matre ou lesclave dun autre. Il nest certainement pas lesclave du matre en soi, de lessence matre , et, sil est le matre, il nest pas lematre de lesclave en soi, de lessence esclave . Mais, comme il est homme, cest dun homme quil

    est esclave ou matre. Quant lamatrise en soi , cest par rapport lesclavage en soi quelle est cequelle est. De mme,lesclavage en soi est lesclavage de lamatrise en soi . Mais les ralits de no-tre monde nont pas daction sur celles de l-haut, ni celles-ci sur nous. Cest elles-mmes quont rapport ces ralits de l-haut, et celles de notre monde ont de mme rapport elles-mmes. Ne com- prends-tu pas ce que je dis ? Je comprends parfaitement, rpondit Socrate.

    En ~200, les Romains arrivent et Flaminius vainc Philippe V de Macdoine en ~197. La Grce devient ro-maine en ~146. Athnes est prise par Sylla et lEgypte ptolmaque est soumise par Octave. Grce lingniosit dArchimde, Syracuse rsiste trois ans au sige des Romains. Un soldat tue le savant la prisede la ville. La civilisation grecque et la romaine se fondent. Profondment marques par les nouvelles philo-sophies et le Christianisme naissant, elles sinfluencent fortement jusqu se confondre. Citons ici, pour exemple, les noms dEpictte et de Plutarque. En 381, lempereur Thodose 1er proscrit le paganisme et lescultes traditionnels. Cest la fin de la culture et de lAntiquit grecque. Les Jeux Olympiques sont clbrs pour la dernire fois en 383.

    La philosophie et la pense grecques nous sont plus proches que sa religion dont les aspects varis ne noussont gnralement connus qu travers limagerie pittoresque de sa mythologie. La ralit archologique est plus complexe, mais nous ne pourrons pas ici entrer dans un dtail qui nous mnerait trop loin. On y distin-gue.

    Un fonds indigne prhellnique, hrit des cultes naturalistes du Nolithique, ( Dmter, Posidon, puis Zeus Foudre, Herms, Thtis). Les pratiques sont souvent lies des cultes agraires des climats et dessaisons, et des rites sexuels de fcondit, (magie sympathique).

    Des apports minoens qui, en raison du raffinement de la civilisation crtoise, ont introduit des valeurs despiritualit, ( Athna, Hra, Hracls, certains aspects de Dionysos).

    Des emprunts faits aux voisins orientaux, Anatolie, Cilicie, Chypre, Syrie du Nord, Lydie, ( Apollon, Artmis, Aphrodite, Hphastos). Des influences lies aux conflits internes avec les Thraces et les Phrygiens. ( Ars, Silne, dautres as-

    pects de Dionysos). Quelques survivances indo-europennes, ( Zeus Souverain, Vesta peut-tre, les Dioscures Castor et Pol-

    lux, Pallas). Des innovations nombreuses et typiquement achennes, qui ont donn cette religion son caractre pro-

    pre. Citons en exemple les pratiques lies la cit. Chacune a ses propres dieux qui diffrent de ceux descits voisines, tels Zeus Polieus et Athna pour Athnes. Ils protgent la ville. La religion a un rle civi-que trs important. Elle doit veiller attentivement ce que les dieux ne soient pas irrits par le comporte-ment des citoyens. Elle doit aussi restaurer leur bienveillance aprs un mfait ou un sacrilge.

    On ne peut pas dvelopper ici le dtail des cultes, la mantique (ou science des prsages), limportante mytho-logie, et toutes les lgendes par ailleurs assez connues. Restons-en lide que les cultes grecs ont dabordt une religion dtat, ressource utilitaire de principes fdrateurs lintrieur de la Cit. Les pratiques obli-gatoires unifiaient les comportements des diffrentes classes sociales et des lments familiaux. De mme, lextrieur, elles ont largement contribu favoriser la culture panhellnique. En corrlation aveclexpansion conomique, lvolution des ides philosophiques, et la transformation politique, lautonomieintellectuelle et lindpendance individuelle lgard de lEtat ont t ensuite encourages. Les Grecs ontalors dlaiss les vieux dieux auxquels ils ne croyaient plus. Ils se sont tourns vers les cultes trangers,mystiques ou extatiques, gyptiens ou asiatiques, dont nous avons parl au prcdent chapitre. Nous en par-lerons un peu plus loin.

    On peut tre intress par le destin du pays au-del de la priode tudie. Aprs la division de lEmpireRomain, la Grce est intgre lEmpire Byzantin. Elle subit des invasions barbares, (Goths, Slaves, Alba-nais, Valaques), puis arabes, bulgares, normandes, latines, vnitiennes et gnoises. LAcadmie est ferme par Justinien en 529, et les matres antichrtiens de la philosophie hellnique sont dfinitivement interditsdenseignement. La fodalit sinstalle. (Royaume de Thessalonique, Principaut de More, Duch

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    dAthnes, puis reconqute byzantine et despotat de Mistra). La Grce est conquise par les Turcs partir de1391. Pendant quatre sicles, la population est rduite un cruel servage. Les Grecs se constituent en com-munaut religieuse autour du patriarcat de Constantinople et la diaspora tablit des foyers culturels en Mdi-terrane. La Grce se rvolte contre la fodalit ottomane lorsque lempire ottoman est sujet des luttesintestines. Au 19me sicle, aprs bien des pripties et des massacres, la Grce redevient autonome puis in-dpendante en 1832 par le trait de Constantinople. (Voir annexe historique).

    La civilisation hittite et anatolienne.

    Linfluence sculaire des Hittites est extraordinairement importante. Ils occupaient lespace de la Turquieactuelle. A lpoque nolithique, cinq mille ans avant notre re, un peuple y tait dj install, dont on ne sait pas grand chose. On a retrouv les ruines de certaines cits, atal Hyk et Hacilar. Il semble quils prati-quent alors un culte de la Desse Mre, dont ils ont laiss des statuettes sous le triple aspect dune jeune fille,dune mre accouchant, et dune femme ge. Un triple dieu secondaire, masculin et analogue, leur est asso-ci, ainsi que des animaux tels les lopards et les taureaux.

    A lge du cuivre, des Cits-Etats apparaissent en Cappadoce, lies avec lAssyrie qui y avait tabli descomptoirs commerciaux. On constate alors la prsence des Hattis, dont la civilisation est apparue lge du bronze, lpoque de la premire fondation de la ville de Troie. Constitue de trois cits confondues, Darda-na, Troie, et Ilion, la ville fut dtruite et reconstruite plusieurs fois. (Neuf structures superposes ont tmises jour par Schliemann). Puis les Hattis sont vaincus par les Hittites, des indo-europens qui ajoutent lesDieux ouraniens du ciel, de lorage, et du tonnerre, au panthon hattien. Il y a aussi des dieux solaires etlunaires. Ces divinits sont galement reprsents en association avec le taureau, et apparents Zeus. Dunefaon gnrale, elles ont toutes le caractre dune association de couples masculin/fminin. Cette caractris-tique perdure au-del de lvolution de la religion, au fil des ges, et sous les influences des peuples voisins.Les dieux hittites sont les protecteurs des rois, mme aprs leur mort, et les rois sont leurs prtres.

    Dieu de lorage, mon Seigneur, je ntais quun mortel. Et pourtant mon pre tait le prtre

    de la desse solaire dArinna et de tous les dieux. Mon pre ma engendr, mais toi, Dieu de lorage,

    tu mas enlev ma mre et tu mas lev.Tu mas fait prtre de la desse solaire dArinna

    et de tous les dieux. Dans le pays hittite, tu mas fait Roi.

    Il y a quatre mille ans, les royaumes hittites se rassemblent en un empire. Ils utilisent une criture cuniformemsopotamienne, mais usent aussi des hiroglyphes. Au dbut de lge du fer, lempire englobe toute lAsieMineure, la Syrie et la Palestine, entrant en concurrence frquente avec lEgypte. Vers ~1200, lEmpire estdtruit par lun desPeuples de la Mer , les Moushki, qui importent leurs murs et leurs dieux. Ils viennent deThrace ou de Macdoine et crent le Royaume de Phrygie. Fuyant les invasions, les Grecs Achens ou My-cniens colonisent alors la rgion. Cest lpoque probable de la lgendaire guerre de Troie. Les hrostroyens tels Priam, Hcube, Paris, Hector, Andromaque, dcrits par Homre dans lIliade, taient donc desHittites ou des Phrygiens.

    Sous linfluence grecque, de nouveaux royaumes sont fonds en Phrygie et en Lydie. On y retrouve limagede lantique desse mre, associe aux fauves, sous la forme dune grande divinit phrygienne appele Kuba-la ou Kybele, la grande mre des dieux, la redoutable et castratrice Cyble. (Sous le nom de Bona Da, ellefut ultrieurement adore sur le Mont Palatin par les Romains qui adoptaient facilement tous les dieux dispo-nibles). Avec la conqute par les Mdes de Cyrus II en ~546, la rgion entre sous la domination perse.LEmpire est conquis par Alexandre le Grand, puis partag sa mort. Les tats du Nord srigent en tatsindpendants. (Bithynie, Cappadoce, Paphlagonie, Pont). La Syrie contrle lAnatolie. Les Galates fondentle royaume de Galatie. Pergame devient un royaume hellnistique puissant. LEpoque Romaine commencevers ~190. Le roi de Pergame, Attale III, lgue dailleurs son royaume Rome. Les Romains crent les pro-vince dAsie (en Anatolie), de Bithynie, Cilicie, Galatie (Isaurie, Lycaonie, Psidie), Pamphylie et Cappadoce,et fondent Constantinople la place de la vieille Byzance. Constantin en fait sa capitale chrtienne en lanne330.

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    Les tribulations du pays ne sont pas termines. A la division de lEmpire Romain, il est intgr lEmpiredOrient. Constantinople devient le centre intellectuel de lhellnisme chrtien. LEmpire est menac par lesinvasions arabes islamisantes et barbares. En 1054, clate la crise du Schisme dOrient. Aprs la dfaiteromaine de Manziker, les Mongols de Genghis Khan commencent une conqute terrifiante. Ils massacrent lesLatins et les Musulmans, et dressent des pyramides de ttes coupes devant les villes dtruites. Les Turcssinfiltrent en masse, provenant de lempire des Tujue en Asie centrale. En 1204, sous la pression de Venise,

    Constantinople est reprise par les Croiss. LEmpire Byzantins devient lEmpire Latin de Constantinople.Ensuite, les Mongols arrivent et divisent lAnatolie en petites principauts turques dont celle des Osmanlisou Ottomans. Mehmet II reprend Constantinople en 1453. Il occupe le Ploponnse, lAlbanie, la Bosnie, laMoldavie. Mme la puissante Venise doit payer tribut. Byazid combat les Mamelouks en Egypte. Slim 1er commence la conqute de tous les pays dIslam, Anatolie orientale, Azerbadjan, Cicilie, Kurdistan, Syrie,Palestine, et Egypte. Soliman dit le Magnifique attaque lAutriche mais choue devant Vienne. Pour clbrer ironiquement cet chec, les Viennois inventent le croissant des ptissiers et croquent du Turc au petit djeu-ner. Mais Soliman conquiert lIraq, lArabie, lAfrique du Nord sauf le Maroc, puis Belgrade, Rhodes, laHongrie, la Transylvanie. Cet Empire immense, prospre et renomm, devient le grand Empire Ottoman. Ilne prend fin quau 20me sicle.

    Comme on le voit, linfluence politique, conomique, culturelle, et religieuse, de la civilisation des Hittites,et de leurs successeurs, a t considrable, travers les ges. A lpoque qui nous intresse, pars bien deschanges avec les Msopotamiens, les Phniciens et les Egyptiens, les Grecs lavaient profondment mar-que. Les Romains occupaient le pays, mais sa culture restait mlange, rsultat tonnant du brassage conti-nuel qui caractrisait dj le destin des populations de cette rgion du monde.

    La civilisation des Indes.

    Le territoire des Indes actuelles est occup depuis le Nolithique, vers 5500 ans avant notre re. Lge ducuivre y apparat vers ~3500. En ~2500, cest le dbut de lge du bronze. La vieille civilisation de lIndusfonde les cits de Mohenjo-Dro, (Sind), Harapp, (Pendjab), o lon a dcouvert des statuettes et dessceaux. Puis, vers ~1500, cest linvasion des Ariens et lge du fer. On exploite le fer mtoritique et lesgisements souterrains. Cest de ce temps que datent les textes sacrs du Vda attribus Rama, le Brahma-nisme attribu Khrisna, et le systme des castes.

    La religion du Vda est la forme la plus ancienne des religions de lInde. Elle semble avoir t apporte par les envahisseurs ariens, et prsente des analogies avec les plus vieux cultes iraniens. On y retrouve la foi endeux sortes de divinits,(les daivaset les assuras), le culte du feu, les sacrifices danimaux, loffrande dusoma. La religion vdique manifeste aussi des caractres propres. Elle se fonde sur un corpus de textes abon-dants et varis, dont les quatre Vdas, (Rig-Vda, Yajur-Vda, Sma-Vda, Atharva-Vda).

    La mythologie est trs labore. Les trente-trois dieux sont des tres actifs, trs sensibles aux offrandes. Enarrire-plan, on trouve le Dyaush Pitar, le Dieu-Pre, (et la Desse Terre). La divinit se rapproche avecVaruna, et Mithra, les redoutables lgislateurs cosmiques. Le Dieu central est Indra, le vainqueur foudroyant,conqurant du Soleil. Il existe aussi des dieux dune autre nature, comme Agni, le feu universel, et Soma qui personnifie la liqueur sacrificielle. Le culte vdique repose sur le sacrifice, loffrande consistant en produits

    de lagriculture, ou de llevage, partiellement brls et partiellement consomms par lassemble, par limmolation dun bouc quon touffe, ou par oblation de soma, suc rituellement tir dune plante mdici-nale. Dautres rites vdiques ont plutt les caractres de pratiques magiques ou divinatoires prives.

    Plus rcents, les Upanishads, dont la Bhagavad-gta, tendent vers une rflexion sotrique. Un principe uni-que est lorigine du Monde, Brahman, lAme universelle. La seule vrit libratrice est celle par laquellelindividu reconnat que Atman, son me individuelle relle, est identique au principe universel.

    Tat tvam asi - Tu es cela !

    Aprs ce trop bref expos sur les religions anciennes de lInde, reprenons le rcit historique. Darios 1er et lesPerses envahissent le pays. Vers ~500, le Bouddha historique apparat dans lart bouddhique primitif. Ondifie des colonnes chapiteaux sculpts avec des bas-reliefs naturalistes. Les premiers stpas sont levs.Des sanctuaires rupestres sont crs Bhj, Nasik et Ajanta.

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    Cest le dbut du Janisme et du Bouddhisme. Vers ~400, Alexandre le Grand de Macdoine conquiert tem- porairement le pays. Pendant cette poque qui est appele grco-bouddhiste, leffigie de Bouddha apparat.Le Royaume dAsoka protecteur du Bouddhisme est fond ainsi que les dynasties Sunga et Knva. La doc-trine bouddhique diffre normment des religions vdiques. Elle est tablie sur une base simple qui est laformulation desQuatre Saintes Vrits , dont voici un rsum.

    1. Voici, moines, la vrit sainte sur la douleur. La naissance est douleur, la vieillesse est douleur, la Maladie est douleur, (...), en rsum, les cinq sortes dobjets dattachement sont douleur. (Les cinq l-ments du Moi, le corps, les sensations, les reprsentations, les formations, et la connaissance).

    2. Voici, moines, la vrit sainte sur lorigine de la douleur. Cest la soif qui conduit de renaissance enrenaissance, accompagne de la convoitise et du plaisir, (...), la soif de plaisir, la soif dexistence, la soif dimpermanence.

    3. Voici, moines, la vrit sainte sur la suppression de la douleur, lextinction de cette soif par lanantissement complet du dsir, en y renonant, en sen dlivrant, en ne lui laissant pas de place.

    4. Voici, moines, la vrit sainte sur le chemin qui mne la suppression de la douleur. Cest le chemin sacr huit branches qui sappellent la foi pure, la volont pure, lapplication pure, les moyensdexistence purs, la mditation pure.

    Nous reparlerons du Bouddhisme en tudiant la civilisation chinoise. Pour linstant, voyons un mouvementqui en est indpendant, le Jinisme. Il aurait t fond par le rformateur Prsva, fils dun roi de Bnars.Parvenu la connaissance suprme par la mditation et lascse, ce prophte aurait fait connatre la Loi sesnombreux disciples, avant de se laisser mourir de faim. La doctrine Jana comporte trois fondements, les trois joyaux de la connaissance, de la foi, et de la conduite. La connaissance est lattribut essentiel de lme. Ellerepose sur les perceptions sensorielles qui permettent de comprendre les vritables natures de lespace et dutemps. Les mes, ternellement vivantes, existent en nombre infini. Ces entits spirituelles habitent les orga-nismes corporels auxquels elles sont lies. Les organismes possdent plusieurs corps plus ou moins subtils, lecorps physique des hommes et des animaux, le corps de transformation des dieux et des dmons, le corps detransfert qui permet certains hommes dagir distance, le corps ardent qui donne lnergie, et le corpskarmique qui contient le poids du pass.

    Lme peut sincarner dans les tres mobiles despces diffrentes mais aussi dans des tre immobiles. Cestle corps karmique, construit par les actes, qui cause la servitude de lme, (pure de nature), tant quelle estattache un organisme corporel, (impur de nature). Les liens de lme sont les passions engendres par lekarma. Pour librer lme, il faut se dtacher des passions, ce que permet la seule religion. A la mort, lmelibre de la matire karmique rejoint le sommet de lunivers. Dans le cas contraire, elle reste dans le corpskarmique puis se rincarne dans une nouvelle existence, humaine, divine, animale, ou infernale.

    Le monde ultra cosmique illimit entoure le cosmos o vivent les mes. Celui-ci est compos de trois mon-des, le suprieur, le mdian o vivent les hommes et les animaux, et linfrieur. Ce dernier comprend septrgions superposes dont les plus profondes sont des lieux infernaux peupls par les mes des criminels. Lemonde mdian des hommes tourne autour du Mont Mru qui en traverse la base. Les dieux stellaires viventaussi dans le monde mdian o sont galement les astres. Le monde suprieur commence au-del des toiles.Il est symtrique du monde infrieur mais ses sept rgions sont de pure beaut. De merveilleuses divinits yhabitent, qui chappent aux lois temporelles.

    Le temps rgit le monde mdian qui tourne en reproduisant indfiniment des conditions priodiques analo-gues. Dans chaque priode, le Janisme distingue deux phases, ascendante dans le bonheur et descendantedans le malheur, avec chacune six degrs. Nous sommes dans le Kali-Yuga, la fin du cinquime degr de la phase descendante, lge de discorde et dhypocrisie. Au cours de cet ge de fer, la vracit, la puret, laclmence, la misricorde, tous les principes de spiritualit, la mmoire, la dure de vie et la force physique sedgraderont progressivement jusqu disparatre presque compltement la fin du cycle.

    Le Jana sengage respecter cinq interdits, ne pas nuire aux tres vivants, ne pas mentir, ne pas voler, ne pasmanquer la chastet, ne pas sattacher aux biens matriels. Les lacs prononcent des vux complmentairesqui les prparent la vie religieuse. Par lobservance trs rigoureuse des rgles, les moines sappliquent dtacher les liens du Karma pour librer leurs mes de la servitude et de la transmigration.

    A lpoque de lapparition du Bouddhisme et du Janisme, les deux civilisations, grecques et indiennes, serencontrent. Elles sinfluencent mutuellement. Puis, en ~300, Chandragupta fonde la dynastie des Maurya et

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    nralise, en divers lieux, en un mme temps ? Certains penseurs nhsitent pas lui attribuer une ori- gine soit divine soit extra-terrestre.

    Aprs le Confucianisme apparat le Tao Te King, la doctrine fonde par Lao Tseu. La cosmogonie taostedcrit le Tao cleste, lordre naturel, manifest par le ciel, la rotation du Soleil et des toiles, et la successiondes nuits, des jours et des saisons. Il y a galement deux aspects complmentaires dans le Tao, le clair et

    lobscur, le chaud et le froid, lactif et le passif, le Yin et le Yang. Dans le Taosme mtaphysique, le Tao,lechemin, la voie,est la grande Mre, celle quon ne peut nommer, la femelle mystrieuse qui est source detoute vie. Tous les tres dont les hommes, sont ses enfants. La connaissance parfaite consiste faire le videde toute pense et de toute notion. Voici un aperu de lenseignement fondamental de Lao Tseu.

    Le salut vritable est le retour dans le sein du Tao.

    Le Monde ordinaire et la socit humainene sont pas le milieu originel des hommes.

    Ceux-ci sont appels transmuter leur tre mortel pour devenir des gnies immortelset rejoindre leur monde vritable,

    le monde divin du Tao.

    La roue du temps tourne aussi en Chine. Vers ~200, cest la dynastie des Qin, puis celle des Han. On distin-gue la dynastie des Xin, 1ers Han antrieurs ou occidentaux, la fondation de la dynastie des Hsin par lusurpateur Wang Mang, puis la dynastie des Han postrieurs ou 2mesHan orientaux. Lpoque est marque par lapparition du Bouddhisme . Le Bouddha chinois fut un temps confondu avec Lao Tseu divinis. En 166,lempereur lui-mme offrait simultanment des sacrifices Houang-Lao, (la principale divinit taoste desHan), et au Bouddha, confondu avec elle. Hiao-wou-ti, un autre empereur, officialise les cinq interdictions bouddhistes empruntes au Janisme.

    Ne pas attenter la vie. Ne pas mentir. Ne pas voler. Ne pas tre luxurieux. Ne pas absorber dalcool .

    Pendant la priode des Trois Royaumes, (Wei, Shu, Wu), les communauts bouddhistes sont exemptesdimpts et de corves. Ce statut engendre une rivalit latente entre les religions. En 265, lempire est encorerunifi, puis les grandes invasions barbares arrivent. Elles divisent la Chine entre les dynasties du Nord etcelles du Sud. Cest le Moyen ge chinois. Dans le Sud, les Jin orientaux migrs fondent une communaut(connue comme la dynastie du Sud, Liu Song, Qi du Sud, Liang, Chan). Elle est tablie par des lites qui pratiquent une religion mtaphysique, syncrtique et intellectuelle, mlant le Gnosticisme au Taosme. LeBouddhisme est introduit la cour impriale de Nankin. Les exemptions de corves favorisent la multiplica-tion des monastres. Cela engendre des conflits durables entre lglise bouddhique et lEtat thocrate confu-cen.

    Au Nord, chez les Jin occidentaux, on note un intrt croissant envers la philosophie, ltude des mystres, lagnose manichenne. Les textes bouddhiques se multiplient et les cultes senrichissent par des changes aveclInde. Le Nord est entre les mains de barbares, Huns, Tibtains, (Wei du Nord, Qi du Nord, Zhou du Nord),

    et de despotes parfois sanguinaires. Le Bouddhisme intresse pourtant ces princes. Ils favorisent les moinesqui dveloppent alors la magistrale philosophie de la Voie Moyenne, trs remarquable courant de pensevoisin de la Gnose chinoise des Mystres. Une raction anti-bouddhique encourage par les Taostes et lesConfucianistes, provoque de grands massacres et destructions. Cette oscillation priodique du pouvoir reli-gieux se reproduit jusqu la runification de la Chine par la Dynastie des Sui, (Souei), en 581, sur la base delunit religieuse entre les Bouddhistes du Nord et du Sud.

    Une autre histoire de la Chine commence. La dynastie des Tang, ou Grands Zhous, est fonde en 618 et ne prend fin quen 907. La Chine devient le plus brillant empire du Monde. Les lettrs diffusent le Bouddhismeet finissent par le fondre avec une rforme du Confucianisme. La civilisation chinoise est marque par ungrand raffinement intellectuel souvent associ une cruaut extrme. Lenseignement de la philosophie, par exemple, est un dangereux mtier. L'Empereur en personne reoit les candidats au mandarinat. Il entend lui-mme leurs thses, au bord dun prcipice escarp. Les philosophes convaincants reoivent leurs diplmeshonorifiques des mains impriales, mais ceux qui dplaisent sont immdiatement prcipits dans le gouffre,sur un signe de tte du souverain.

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    En 655, lusurpatrice Wou devient impratrice. Cest la seule femme qui ait jamais occup un trne chinois.Sa ferveur bouddhiste est extrme et elle fait riger de nombreux monuments. Sa chute dclenche une longueguerre de religions. Une svre rglementation des cultes est lance, suivie dun mouvement iconoclaste quidtruit un patrimoine inestimable. Lempire corrompu se divise et seffondre. Aprs 907, les Cinq Dynastiesdu Nord, (Liang postrieurs, Tang postrieurs, Jin postrieurs, Han postrieurs, Zhou postrieurs) commen-

    cent subir des infiltrations barbares. Elles vont progressivement saccentuer.Au Sud, se forment les dix petits royaumes, (Shu, Shu postrieurs, Nanping, Chu, Wu, Tang mridionaux,Wu-Yue, Min, Han du Sud, Han du Nord), qui accueillent le clerg migr. Les Song du Nord et du Sudrtablissent lunit politique. apparat et transforme la culture chinoise. Dans le Nord, les barbares fondent ladynastie des Lino, (Leao), et les Tibtains celle des Si-Hia. Linvasion des Jou-tchen, (les futurs Mand-chous), provoque une nouvelle migration. Les dsenchants se tournent vers la philosophie potique bouddhiste du Tchan, (qui deviendra le Zen japonais).

    Comme en Turquie, les Mongols de Temjin, (le dvastateur Genghis Khan), commencent la sanglanteconqute de la Chine. Tout ce qui vit est massacr, y compris les chiens et les chats. Genghis Khan se pr-sente comme un justicier purificateur et unificateur de la socit. Le pays est ensuite soumis, du Nord auSud, par Khubilai qui fonde la dynastie des Yuan. Il accueille pendant plusieurs annes le vnitien MarcoPolo qui explore la Chine et la Mongolie. Le Khan organise la domination des lamas Tibtains sur le clergchinois. A partir de 1368, la dynastie des Ming est tablie. Les luttes religieuses reprennent jusqu cequune relative fusion des trois religions rivales soit enfin ralise. Puis, en 1644, cest la dynastie mand-choue des Qing, ou Tsing, qui rtablissent la lamasation de la religion. Malgr la haute spiritualit de la philosophie tchang, les hrsies et les socits secrtes se multiplient et le clerg se paillardise. Finalement,inspirs par les ides rationalistes europennes, les intellectuels fomentent la rvolution rpublicaine de1911.

    Les civilisations trusque et romaine.

    Ces civilisations peuvent apparatre comme relativement plus rcentes que les prcdentes. Il semble que,vers le ~25me sicle, la pninsule italienne ait t peuple de Ligures dont on sait trs peu de choses. Au~13me sicle, on constate la prsence des Etrusques, ou Toscans. Hrodote prtend quils sont venus de Li- bye. Ils pourraient plutt tre le rsultat dune symbiose entre divers peuples locaux et orientaux. Les Etrus-ques ont tabli une civilisation remarquable qui reste assez mal connue car leur criture nest pas bien dchif-fre.

    Heureusement, les auteurs latins en ont beaucoup parl. Elle tait surtout urbaine, assez picurienne, et spci-fiquement marque par la place importante tenue par les femmes. Organiss en une sorte de vague fdra-tion, les Etrusques ont fond de nombreuses villes parmi lesquelles on citera Rome, fonde au ~7me sicle,Cerveteri, hrite des Phniciens, laquelle ont t joints les ports trusques dAlsio et de Pyrgi, Vies, au N.-O de Rome, sa grande ennemie, Tarquinia, dans le Latium, la patrie des Tarquins. En Toscane, ils fond-rent Arezzo, Cortone o subsiste une enceinte, Chiusi o lon a dcouvert la ncropole dite du singe, Volter-ra, (Velathri), prs de Pise, datant du ~9me sicle. En Ombrie, on leur doit Prouse, Todi, Orvieto o setrouve une autre ncropole trusque, et dautres. Rome fut gouverne par des rois trusques de ~616 ~509.

    La religion trusque tait essentiellement divinatoire. Elle pratiquait lart antique dela mantiquecomme lesEgyptiens et les Chaldens. Elle fut influence par lOrient archaque et diffrait nettement des religionsgrecques et romaines, y compris par son panthon particulier qui tait inspir des panthons babylonien et phnicien, et organis en triades divines.On a dcouvert que ctait une religion rvle.On y trouve desgnies tel Tags, petit fils de Jupiter, et des devineresses comme Vegoia, qui taient chargs de transmettreun message divin aux hommes.

    Une autre surprise fut de dcouvrir quelle tait fonde sur des livres sacrs. Il y avait trois groupes de livres.Le premier concernait laruspicine, et mme plus prcisment lexitispicine, ou ensemble des techniquesdivinatoires lies aux sacrifices, (Examen des attitudes, des viscres des victimes, de la couleur de la flammeet de la fume des bchers, et autres indices). Ces pratiques sacerdotales et divinatoires, dinspiration divine,ressemblaient celles des devins babyloniens, et comme eux, les haruspices toscans utilisaient des maquettes prcises de viscres danimaux pour se prparer minutieusement leur fonction.

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    Les rites et les pratiques, qui permettaient de modifier ventuellement un destin dfavorable ou funeste,taient prcisment codifis. Les livres du second groupe enseignaient la divination par lobservation delaspect des clairs de foudre. Le ciel tait partag en seize parties dtermines par les quatre points cardi-naux et laxe Nord/Sud. Lobservateur se plaait face au Sud. Les indices taient favorables lOrient, etdfavorables lOccident. La signification des clairs et du tonnerre tait dfinie pour chaque jour delanne. Onze sortes de foudres taient associes aux diffrents dieux toscans concerns, dont les maladroites

    approximations romaines taient Jupiter, Junon, Mars, Saturne, et Minerve. Ces livres expliquaient la signifi-cation des prodiges et des phnomnes extraordinaires rencontrs dans la nature. Tout tait soigneusementrparti et catalogu, plantes, animaux, ou vnements insolites. Les livres du troisime groupe rglaient larpartition des terres et des proprits entre les membres des communauts, selon un code trs rigide et pr-cis. Ils rgissaient galement la disposition et lorientation des diffrents difices.

    Limportance des ncropoles, et les marques des rites funraires laissent penser que la mort et lau-deltaient des proccupations majeures des populations trusques. Les livres sacrs enseignaient que le sang dessacrifices et lobservance des rites permettaient daccder une forme dimmortalit, paradisiaque ou infer-nale, selon les pratiques, les cas, ou les poques. En rponse aux inquitudes face au destin, la religion trus-que visait matriser la connaissance de lavenir et de la volont divine. Elle proposait aussi dinfluencer lecours des choses, en tentant dapaiser les dieux par des rites et des sacrifices, et en organisant trs soigneu-sement les lments de la vie civile.

    Des vieilles villes toscanes, peu ddifices ont subsist. On croit pourtant que les temples taient construits par groupes de trois, correspondant aux triades honores, et que ces groupes tant disposs aux points cardi-naux, o taient places les quatre portes des cits gomtriques. Les objets de pierre sculpte, de cramique,ou de terre cuite, ainsi que les bijoux dor, dargent, ou divoire, tmoignent dune bonne habilet techniqueet dune grande richesse artistique. Les Etrusques furent vaincus par les Grecs Cumes en ~474, puis chas-ss de Rome. Prdcesseurs des Romains, ils furent dfinitivement vaincus par ceux-ci en ~350. Ils influen-crent cependant largement leurs arts, leur architecture, et surtout leur urbanisme.

    Un autre peuple, celui des Samnites, tait tabli dans lItalie centrale au ~5me sicle. Aprs les trois guerressamnites, dont seule la seconde fut perdue par les Romains, (qui durent passer sous le joug humiliant des fourches caudines), ils se soumirent en ~295. Ils nous sont connus par lpisode de lenlvement des Sabi-nes, (qui taient samnites), par les compagnons de Romulus, aprs la fondation de Rome en ~735. Un traitmit fin au conflit, unissant dfinitivement les deux peuples.

    La lgende de la fondation de Rome par Romulus, en droit divin et en liaison avec lEnide, fut crite huitcents ans aprs la vritable fondation de la ville. Elle est trop connue pour quon la rapporte ici. Aprs Ro-mulus, des rois sabins, latins, et trusques se seraient succds jusqu la rvolte des nobles et la proclama-tion de la rpublique en ~509. Au plan archologique, la premire fondation de la ville par les Etrusquessemble dater de la fin du ~7me ou du dbut du ~8me sicle. Elle aurait consist en une fdration des petitescits tablies sur les sept collines. A partir du ~20me sicle, la pninsule des Ligures avait subi plusieursvagues dinvasions indo-europennes, suivies des incursions influentes des Grecs et des Phniciens. De ce brassage de peuples, de cultures, de langues, et de techniques, sont ns ces Latins qui dominrent le BassinMditerranen pendant plus de mille annes.

    La qute de la conscience runit la religion et la science. Arrivs ce point de notre recherche, nous constatons que cette tude des interminables tribulations des peuples de lantiquit, et celle corrlative de lvolution des religions primitives ne nous a pas vraiment ins-truits, tout au moins en ce qui concerne les causes de lapparition du phnomne religieux,en soi, (commedisait Platon). Nous avons vu les peuples faire couler des flots de sang pour imposer leur loi et parfois leur foi. Nous avons vu les empires et les civilisations natre, crotre, et mourir. Nous avons vu aussi apparatre beaucoup de doctrines et de systmes qui prtendaient expliquer lHomme et le Monde. Elles ont brill pour un temps comme des flambeaux clairant un moment la nuit de la connaissance, puis elles se sont teintes, nelaissant que leurs cendres dans la poussire des sicles. Nous y avons cependant retrouv les origines dequelques hritages qui ont servi de base aux fondations de certaines de nos croyances, ou de nos religionsmodernes. Mais nous navons pas encore compris do provient lappel, ou la pulsion, ou les deux la fois,qui, tantt abaissent le regard de lhomme vers les mirages de la nature, et tantt le lui font lever vers lesmystres du ciel.

  • 7/28/2019 Petit Manuel dHumanit Cahier 08-Comme des Flambeaux dans la Nuit

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    La qute de la conscience, la con-science, runit la religion et la science, cest--dire les objectifsdes deux stades antrieurs de la recherche occidentale.(...) La religion recherchait le lien, la sciencerecherche la connaissance. Avec la nouvelle vision du monde, cest une connaissance o le lien a sa place qui sera recherche. (Edward Edinger).

    Tous les hommes ont la manie tenace denfermer dans un appareil conceptuel compliqu et extrmement

    dtaill, leur cheminement spirituel progressif et toutes les rvlations lumineuses quils reoivent. Cela enaltre profondment la valeur. Cette manie du dtail cosmogonique est commune tous les penseurs et tousles fondateurs de philosophies ou de religions. Malgr mes efforts, je ny chappe pas moi-mme, comme lelecteur la probablement dj constat.

    La vraie connaissance est simple et claire.

    Les chercheurs que nous sommes doivent donc mener une lutte constante pour viter ce redoutable cueil. Ilest form par la rationalisation excessive des rvlations intuitives concdes par lintelligence universelle. Ilne sagit pas de construire un systme rationnellement universel, mais seulement essayer darriver la vraieconnaissance, laquelle ne peut videmment tre que simple et lumineuse. Nous avons dj bien cherch maisil semble encore que cette comprhension, simple et lumineuse continue nous bouder. Il nous faudra donc poursuivre la recherche, sans oublier de suivre Edinger, en donnant au lien sa place vritable.

    Plutarque nous raconte quil y avait Sas, en Egypte, un temple consacr Isis, la fille du Soleil, la mreuniverselle. Il sy trouvait une mystrieuse statue de la desse au visage voil. Sur le fronton, on pouvait lireun premier et important message.

    Moi, Isis, je suis tout ce qui a t, ce qui est, et ce qui sera.Aucun mortel ne ma jamais dvoile.

    Les Egyptiens comprenaient clairement quentre le moi de chaque homme, (son me temporelle), et laconnaissance de la ralit divine, (son me vritable), un voile pais est toujours jet. Ce voile est celui pos par la raison. La ralit nest dvoile qu celui qui vit dans la conscience claire par la grce de Dieu.Pour celui-ci, aucune illusion na plus cours. Il peroit seulement, lintrieur comme lextrieur de lui-mme, la simple et blouissante ralit de luniverselle manifestation divine. La conscience naturelle ordi-naire projette sur lcran du monde ses propres illusions scintillantes et les considre comme la seule ralit.Ce monde illusoire de formes attirantes et dimages chatoyantes, cest notre fascinant monde ordinaire, laMy brillante du Veda hindou. Cest le message ternel que les anciens Egyptiens nous envoient du fonddes ges, avec une instante invitation mditer. Sachez aussi que sous la statue voile, on lisait une autredevise sotrique et grandiose, un autre important message dIsis qui mrite aussi dtre longuement rflchi.

    Le fruit que jai gnr, disait Isis, est le Soleil.