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PG H2 L’EUROPE ENTRE RESTAURATION ET REVOLUTION (1814-1848)
Introduction
A partir de 1794, lorsqu’elles envahissent l’Europe, les armées françaises cherchent à y répandre les
idées révolutionnaires. Dans les pays que Napoléon occupe, il fait placer des membres de sa famille ou
des princes soumis qu’il charge d’y répandre à leur tour ces principes. Il attache une grande
importance à la diffusion du Code civil de 1804 et du principe d’égalité devant la Loi. Mais très vite
les nations d’Europe souffrent de l’occupation napoléonienne (pillage ; paiement d’un tribut, service
militaire…) Echec de la campagne de Russie (1812) + soulèvements nationaux + nouvelle coalition
européenne
11 avril 1814: 1 ère abdication de Napoléon. Louis XVIII, frère de Louis XVI est placé sur le
trône par les grandes puissances
1er Mars 1815 Épisode des 100 jours (défaite de Waterloo 1815)
22 juin 1815: abdication définitive et exil à Saint Hélène (y meurt en 1821)
Pendant ce temps, au congrès de Vienne, les souverains de l’Europe décident du sort de l’Europe (rôle
clé de Metternich, ministre des affaires étrangères de l’empereur d’Autriche).
Mais l’Europe est marquée par la montée en puissance des aspirations nationales1 et libérales2. Ces
revendications des peuples du droit à disposer d’eux- mêmes sont très souvent étouffées par les
vieilles monarchies en place, autoritaires. Il n’empêche que les soulèvements se succèdent, se
multiplient, et témoignent de la volonté d’en finir avec les anciens systèmes en place. En France, le
parcours du roi Louis XVIII illustre les difficultés de la Restauration après la chute de Napoléon Ier.
Problématique : Comment les mouvements révolutionnaires entre 1814 et 1848 marquent-ils
l’Europe ?
I – Metternich et le congrès de Vienne
Rédiger un texte organisé répondant à la question suivante : Comment le Congrès de Vienne illustre-t-
il le rejet par les puissances européennes de la Révolution et de l’Empire ?
A. Un nouvel ordre européen se met en place en 1815
De septembre 1814 à juin 1815 se réunissent à Vienne, en Autriche, les représentants des puissances
victorieuses de Napoléon : Royaume Uni, Prusse, Autriche et Russie. Les dynasties renversées par les
guerres révolutionnaires et impériales reviennent au pouvoir.
La France est représentée par Talleyrand dont le but est de réintégrer la France dans le rang des
puissances diplomatiques.
Objectifs:- rédiger condit° de la paix après la chute de Napoléon .
- réorganiser les frontières de l’Europe. nel ordre européen
- Restaurer les anciennes monarchies (légitimité dynastique)
1 nationalisme : Au XIXe siècle, réveil de la conscience nationale (conscience d’une identité commune et
affirmation du principe des nationalités) 2 libéralisme : Revendication des libertés individuelles et collectives
Expression de « concert européen » = système diplomatique mis en place lors du Congrès de Vienne,
visant à garantir la stabilité de l’Europe en préservant l’entente et l’équilibre entres les grandes
puissances → Metternich, chef d’orchestre (ministres des affaires étrangères de l’Autriche). Retour
aux principes antérieurs à 1789.
B. Qui permet d’établir une certaine paix en Europe
CARTE page 37
Les frontières de la France sont ramenées à celles de 1792 (perte de la Savoie, Nice et de la
Belgique)
Les frontières de L’Europe sont revues (Agrandissement de l’empire russe, de l’empire d’Autriche, du
royaume de Prusse, création de la confédération germanique)…mais disparition de la Pologne ,
partagée entre la Prusse, l’Autriche et la Russie)… Les souverains retrouvent leurs trônes et tte
autorité sur leurs sujets. Leurs royaumes sont considérés comme leurs propriétés, ils en définissent
entre eux les frontières.
Annexions de territoires réalisées ss tenir compte des revendications nationales (Péninsule italienne
fragmentée/ Nord sous domination autrichienne…
la Sainte Alliance
Alliance religieuse pour lutter contre les idées
révolutionnaires avec un droit d’intervention /
engagement de solidarité mutuelle. Union sacrée fondée
sur le maintien de la tradition monarchique et chrétienne
(refus RU = alliance réactionnaire)
Ex : 1823 rétablissement de Ferdinand VIII sur le trône
d’Espagne (mvt révolutionnaire libéral)
Autriche, Prusse, Russie… puis France
la quadruple alliance
alliance politique pour réorganiser
l’Europe. Prévision d’organisation
régulière de congrès internationaux
(Vérone, 1822)
Autriche, Prusse, Russie, Royaume Uni
C– Mais n’empêche pas l’essor du mouvement des nationalités.
Revendications des peuples non prises en compte. Aspiration à davantage de libertés et de
droits, en particulier politiques (mouvements libéraux = contre le pouvoir absolu et pour
l’adoption de constitution + conquêtes des libertés individuelles : presse opinion, culte). Ces
mvts s’inspirent notamment des Lumières et du fonctionnement politique du Royaume-Uni
Autre revendication : unité ou indépendance des nations divisées ou dominées = mouvements
nationaux
Les Italiens souhaitent leur unification : c’est le Risorgimento / formation de sociétés secrètes, les
Carbonari. Les mvts nationaux s’expriment par le biais de la culture :poètes, compositeurs, peintres…
Âme des peuples, exaltation du passé , langue, religion…
Dossier pages 44-45 Massacre de Chios
Lutte des Grecs pour l’indépendance 1821-1830 Mars 1821: un soulèvement national éclate en
Grèce contre l’occupation ottomane (depuis XIVe siècle). Avril 1822 : massacre des habitants de
Chios par les Ottomans (23 000 morts / 50 000 grecs réduits en esclavage). Afflux de réfugiés grecs
à Paris.
Par leurs actes ou leurs œuvres, des artistes européens romantiques3 mobilisent l’opinion publique
européenne en faveur de la cause grecque : Chateaubriand (ministre des affaires étrangères
/création d’un comité grec à Paris en 1825 ; entretien d’une correspondance avec Fabvier, colonel
français engagé comme volontaire en Grèce); Delacroix (arme = peinture. Son œuvre défend la cause
3 Romantisme = mouvement culturel fortement imprégné de christianisme qui s’épanouit dans la 1ere moitié du XIXe s en
cherchant à faire triompher les passions, la sensibilité, les libertés plutôt que la raison.
grecque, et à travers elle, la liberté de tous les peuples), poète anglais Byron (engagement →mort de
la fièvre des marais, en Grèce.… vive émotion) → Victor Hugo.
Philhellénisme = mouvement d’opinion favorable à la lutte pour l’indépendance des Grecs 1820’s
1830 : indépendance de la Grèce (mais Chios demeure ottomane)
Des mouvements révolutionnaires éclatent ds de nbx territoires européens
- 1830 Belgique [royaume des Pays-Bas / Guillaume II, roi hollandais et protestant…sud du
royaume : minorité belge catho → sentiment national belge] octobre 1830 indépendance et adoption
d’une constitution. Roi Léopold Ier. Soutien des monarchies libérales française et britannique.
Mais : mvt révolutionnaire maté en Pologne par la Russie (1831)
En Italie, les armées autrichiennes rétablissent l’autorité du pape
II- PENDANT CE TEMPS, LA FRANCE EXPERIMENTE LA MONARCHIE
CONSTITUTIONNELLE.
A- LA RESTAURATION (1814-1830)
Livre page 38 Charte de 1814
Louis XVIII ( 1815-1824)
Est un souverain constitutionnel
- Roi de France
- Octroie une charte (acquis de la Révolution et code civil) - Drapeau blanc
- Chef de l’exécutif - catholicisme, religion d’Etat
-suffrage censitaire (110 000 électeurs en 1817 /190M !) - égalité devant la loi - libertés individuelles -le pouvoir législatif appartient à deux chambres (chambre des pairs nommés par le roi à titre héréditaire et chambre des députés au suffrage censitaire)
Mais ce régime n’est pas parlementaire car le gouvernement n’est pas responsable devant les
chambres. Le roi est le seul à disposer du pouvoir exécutif
De + : interdiction Marseillaise et drapeau tricolore.
Climat politique tendu : libéraux et républicains // ultras (royalistes, partisans de la monarchie abs)
1825, sacre de Charles X (ultra) : retour à l’ancien régime
- se fait sacrer à Reims (roi de droit divin)
- loi du sacrilège (punit de mort les profanateurs d’église)
- loi du « milliard des émigrés » : indemnisation des nobles ayant fui pdt la révolution
-il restreint les acquis de la révolution: 5 ordonnances (1830) Suspension de la liberté de la presse et rétablissement censure et autorisation préalable de publication.
Dissolution de la Chambre qui vient d'être élue
Réduction du corps électoral déjà très limité.
Convocation des électeurs pour le mois de septembre.
Fidèles du roi nommés aux plus hautes fonctions de l’Etat.
Les parisiens renversent Charles X en trois jours pendant les trois glorieuses 27,28,29 juillet 1830
B- LA MONARCHIE DE JUILLET 1830-1848
Les trois Glorieuses (27-28-29 juillet 1830) Pages 48-49
Réaliser une carte mentale permettant de comprendre les origines la révolution des
Trois glorieuses, son déroulement et son aboutissement.
Les ordonnances de Charles X mettent le feu aux poudres. Les libéraux (Adolphe Thiers)
et les Républicains les interprètent comme un coup d’Etat et protestent contre le retour à
une monarchie autoritaire. Très vite, des émeutes éclatent et Paris se couvre de
barricades.
27-28 et 29 juillet : 3 journées révolutionnaires (mais spectre de la Terreur). Le 29
juillet, les insurgés tiennent le Louvre et les Tuileries. La Fayette, nommé chef de la
garde nationale. 2 août abdication Charles X.
+/- 1000 morts
Les Libéraux et leur chef, Adolphe Thiers, parviennent à imposer la solution orléaniste et
à y rallier une figure majeure de 1789, le marquis de La Fayette. Le 9 août 1830, Philippe
d’Orléans (cousin de Charles X) devient Louis Philippe Ier, roi des Français.
Porté au pouvoir par les Trois Glorieuses, Lois Philippe Ier prend, dès son avènement, des
engagements qui annoncent un régime libéral. Révision de la charte. Adoption du drapeau
tricolore.
S’appuie notamment sur la bourgeoisie, favorisée par le suffrage censitaire (Electeurs 25
ans au lieu de 30 / cens de 100 ou 200 francs contre 300 auparavant). Des libéraux
entrent au gouvernement dt sont exclus les ultras.
Cette France au régime libéral accueille les révolutionnaires de tte l’Europe ( espagnols,
polonais, italiens allemands). C’’est à Marseille, en 1831 que l’exilé italien Giuseppe MAZZINI
fonde le mvt Jeune Italie, dt le but est l’unification du pays. Ds cette effervescence, de
multiples pensées politiques se rencontrent, qui appellent ttes à une nelle révolution
supprimant l’ordre de Vienne.
EXEMPLE DE SUJET DU CONTRÔLE CONTINU.
La montée des oppositions
Mais le nouveau régime doit faire face a de nombreuses difficultés :
-opposants politiques (légitimistes favorables à un retour des Bourbons et bonapartistes ; républicains
favorables au suffrage universel)
→ rétablissement de la censure en juillet 1835 (après attentat contre Louis-Philippe)
- une démocratisation limitée : suffrage censitaire (240 000 électeurs pour 33 millions de Français).
Les notables, svt gds proprio (css éco liée à l’industrialisation).
Ouvriers de + en + nbx, exclus, eux-aussi…revendications nouvelles …
Ds l’esprit des Frç, le « roi-citoyen » a cédé la place au « roi-bourgeois », symbole de l’indifférence à
la misère sociale de la bourgeoisie conservatrice et industrielle.
Question sociale (1831 et 1834 révolte des canuts à Lyon)
-une crise économique dans les secteurs agricoles, industriels et financiers éclate a partir de 1846
(exemple local : le prix du pain passe de 0,27 frc en 1845 a 0,47 frc en 1847), on assiste a des
émeutes liées aux manques de subsistances et a un recul de la consommation.
- sévérité accrue du régime de la monarchie de Juillet contre les contestations et les
républicains (exemples : Le massacre de la rue Transnonain ; les députés qui ont adhéré aux
associations républicaines formées pendant la monarchie de Juillet sont révoqués)
- refus systématique du gouvernement dirige par Guizot d'élargir le suffrage censitaire
III- c’est dans ce contexte que que le printemps des peuples finit par
éclater en 1848
Lien vidéo https://www.youtube.com/watch?v=mOh-fJsQ7QM
+ extraits de l’article de l’Encyclopédie numérique de l’histoire de la Nouvelle Europe (ehne)
Dans l’Europe du milieu du XIXème siècle, les frustrations politiques de 1830 restent
d’actualité : certains peuples ne sont pas encore parvenus à l’unité (Italiens, Allemands), des
minorités sont toujours sous domination étrangère (Hongrois en Autriche). La crise
économique qui se déclenche en Europe en 1846 aggrave les tensions.
Au début de l’année 1848, une série de révolutions secoue l’Europe. La révolution de février à
Paris en est le déclencheur : Louis Philippe Ier est contraint d’abdiquer après une nouvelle
révolution en février 1848. La Deuxième République est proclamée le 24 février. Des
révolutions éclatent à Naples, Turin, Rome, Budapest, Prague Berlin et même à Vienne.
Metternich (qui était devenu Chancelier, c’est-à-dire chef du gouvernement, en 1821) doit
fuir et quitter le pouvoir. Sous la pression de la rue, le roi de Prusse accorde une
constitution. En Allemagne, une assemblée nationale constituante (dont le rôle est de rédiger
une constitution) est élue au suffrage universel. Le printemps 1848 semble être celui du
triomphe du libéralisme (idéologie défendant les libertés individuelles et collectives dans
les domaines politique et économique).
Mais dès l’été 1848, la tendance se retourne. En France, une nouvelle révolte est réprimée
dans le sang à Paris en juin 1848. Ailleurs en Europe, les monarques mettent rapidement fin
aux espoirs de changements : l’empereur d’Autriche reprend le contrôle de son pays, de la
Bohême, de l’Italie et de la Hongrie. L’épisode révolutionnaire de 1848 s’achève, comme
celui de 1830, sur une immense déception pour les partisans des idées libérales.
Conclusion
• Au moment du congrès de Vienne, les vainqueurs de Napoléon Ier réorganisent la carte de
l’Europe et suppriment toute trace de la Révolution française et de l’Empire : les anciennes
dynasties sont remises sur le trônes, les monarchies absolues sont restaurées…
• Les revendications des peuples ne sont pas entendues et lorsqu’ils se soulèvent par deux
fois, en 1830 et en 1848, ces mouvements se traduisent par échecs.
LE PRINTEMPS DE PEUPLES 1848 Les capitales et les autres métropoles sont
frappées de plein fouet. De Palerme à Paris, de Milan à Vienne, de Neuchâtel à Venise, de Berlin à Bucarest,
l’Europe est submergée en 1848 par une vague révolutionnaire qui n’épargne que de très rares pays. La
« vieille Europe », celle des princes et des empires, celle du Congrès de Vienne de 1815 est largement
remplacée par la « jeune Europe », celle des libéraux, des démocrates et des patriotes.
Les causes et la nature du Printemps des peuples 1848 ne se comprend pas sans 1815. Le Printemps des peuples est en effet une conséquence directe du
congrès de Vienne et de la compression par la Quadruple Alliance et la Sainte-Alliance des aspirations
nationales et libérales qui se sont fait jour pendant la Révolution et l’Empire.
1848 ne se comprend pas non plus sans 1830 et les premières remises en cause de 1815 : la proclamation de
la souveraineté nationale par le nouveau roi-citoyen Louis-Philippe en France, l’indépendance de la Grèce et
de la Belgique, le soulèvement de la Pologne contre l’occupant russe et d’une partie de l’Italie contre ses
princes.
1848 ne se comprend pas enfin sans l’essor démographique et sans la crise économique et sociale qui a
éclaté quelques mois plus tôt dans la plus grande partie de l’Europe et qui est d’autant plus grave qu’elle est
pour la première fois agricole, industrielle et commerciale. En un demi-siècle, la population européenne a
augmenté de 25 à 45 % d’habitants selon les pays. Elle a rajeuni et a gonflé les villes comme jamais. Or,
cette population plus jeune et plus urbaine est confrontée à une crise sans précédent avec son cortège de
chômage, de disette et de pauvreté. Aux acteurs moteurs qui sont des intellectuels, des bourgeois ou des
membres de la petite noblesse (Mazzini, Ledru-Rollin, Mickiewicz, Kossuth, Bălcescu, etc.), s’ajoute la
masse des protagonistes anonymes : les étudiants mais aussi les artisans, les ouvriers, les sans-emploi des
grandes villes.
1848 est plus fort que 1830 parce que c’est une révolution connectée, transnationale. En effet, les exilés
politiques sont alors légion et la circulation des révolutionnaires et de leurs idées provoque une contagion de
l’exemple avec une presse plus forte et plus diffusée et des réseaux plus étendus qu’ils ne l’étaient dix-huit
ans plus tôt. Les espoirs sont partout les mêmes et traversent les frontières : soif de liberté, volonté de
démocratisation, désir de fraternité, aspiration en un droit au travail, espérance chez certains en
l’indépendance nationale et chez d’autres, parfois d’ailleurs les mêmes, en l’avènement d’une République
universelle. De façon inédite à cette échelle, les femmes participent du mouvement pour essayer de faire
valoir leurs propres droits politiques et sociaux en créant des journaux, en ouvrant des clubs…
La vague révolutionnaire Cette vague contestatrice balaie en quelques semaines la « vieille Europe ». Contrairement à 1830, tout ne
commence pas en France. En Sicile, le peuple se soulève contre son roi le 12 janvier. Turin et Florence
s’agitent à leur tour un mois plus tard. Louis-Philippe qui, avec son principal ministre Guizot, a refusé
d’élargir le suffrage, est renversé par le peuple au profit d’une république en une révolution de trois jours
(22-24 février). Le 2 mars, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Lamartine, rend publique une
circulaire à ses agents diplomatiques dans laquelle, non sans ambiguïté, il rassure les puissances en affirmant
que la jeune République est pacifique – cela pour éviter qu’une armée ne soit envoyée contre elle, mais en
ajoutant que les traités de 1815 n’ont plus lieu d’être et en encourageant en sous-main Italiens, Moldaves et
Valaques à se soulever eux-mêmes.
« Quand Paris éternue, l’Europe s’enrhume », disait justement le chancelier autrichien, Metternich. Partout,
le même répertoire d’actions violentes est utilisé : appel au soulèvement contre le pouvoir établi,
manifestations de rue, édifications de barricades, heurts sanglants.
Le 13 mars, Metternich, qui symbolise l’ordre de Vienne depuis 1815, doit ainsi démissionner et est
contraint de fuir devant la révolte du peuple viennois. Dans l’Empire d’Autriche, Budapest et Prague se
soulèvent. Les revendications libérales se doublent ici d’un désir d’émancipation nationale. Les Hongrois et
les Tchèques réclament leur autonomie et l’élection d’un nouveau Parlement et les seconds réunissent
même, en juin, le premier congrès panslave pour l’émancipation de tous les slaves de l’Empire.
Aux confins de l’Empire d’Autriche et de l’Empire ottoman, les principautés danubiennes et la Transylvanie
se soulèvent à leur tour. La Pologne cherche de nouveau à s’émanciper de ses dominateurs russes,
autrichiens et prussiens.
L’Allemagne et l’Italie sont rapidement contaminées. Dans la première, Frédéric-Guillaume IV de Prusse
accepte d’accorder quelques réformes après le soulèvement de Berlin. Venise chasse les Autrichiens et
proclame la république. Après l’assassinat du principal ministre pontifical Pellegrino Rossi et la fuite de Pie
IX, une république est également proclamée dans la Ville éternelle. Le Royaume-Uni, la Belgique,
l’Espagne et la Norvège connaissent quelques mouvements d’agitation et de soutien aux insurgés des autres
pays, mais qui n’aboutissent pas. Seule la Russie reste totalement à l’écart du mouvement, même si les
émigrés russes ne sont pas les moins actifs.
Le reflux Après la phase insurrectionnelle, les vainqueurs du Printemps sont partout confrontés aux mêmes défis. Ils
doivent bâtir de nouveaux régimes, mettre un terme à la crise et rétablir l’union entre les classes et entre les
peuples. Dans les capitales, l’effervescence révolutionnaire ne s’éteint pas. Avec la liberté, fleurissent
journaux et clubs, acteurs d’une véritable démocratisation de la vie politique. Les nouveaux pouvoirs
proclament les libertés fondamentales (de presse, de réunion, de culte) et entament un processus
constitutionnel. En France, le gouvernement provisoire républicain proclame le 5 mars le suffrage universel
direct masculin qui s’applique pour la première fois, en avril, lors de l’élection d’une Assemblée
constituante. Les structures sociales sont modifiées : l’esclavage est aboli par la République française et le
servage disparaît de l’Empire autrichien. Cependant, les tensions politiques demeurent et la lutte contre la
crise s’avère complexe. Lorsqu’en juin les républicains français suppriment les ateliers nationaux qu’ils
avaient créés pour occuper les chômeurs, le peuple parisien se soulève et sa révolte est réprimée dans le
sang….vient de s’évanouir l’espoir d’une République démocratique et sociale.
Ailleurs, le reflux a commencé dès le Printemps. Il en est ainsi en Pologne avec l’écrasement du
soulèvement par les Russes et les Prussiens. A l’automne, Russes, Turcs et Autrichiens répriment les
soulèvements des principautés danubiennes et de la Transylvanie. En France, Louis-Napoléon Bonaparte,
neveu de Napoléon Ier, est élu président de la République le 10 décembre et entend faire respecter l’ordre.
Pour y parvenir il peut s’appuyer dans un premier temps sur une Assemblée législative élue en mai 1849 et à
forte majorité monarchiste. En Autriche, l’empereur Ferdinand incapable de gouverner a été contraint
d’abdiquer, en décembre 1848, en faveur de son neveu, François-Joseph, âgé de dix-huit ans et qui renforce
l’exécutif, la centralisation et la germanisation, sous couvert de quelques concessions libérales.
L’Allemagne, la Hongrie et l’Italie sont remises au pas et les projets d’indépendance et d’unification qui y
ont vu le jour avortent. À Rome, l’intervention militaire de la France de Louis-Napoléon Bonaparte et de la
majorité monarchiste de l’Assemblée met fin à la République romaine et restaure Pie IX sur son trône. Les
grandes figures du Printemps des peuples, Kossuth, Mazzini, Manin, prennent le chemin de l’exil.
À l’été 1849, les anciens monarques et les conservateurs qui ont pu généralement s’appuyer sur la solidarité
de la Sainte-Alliance, sur le loyalisme de l’armée et sur les masses rurales, ont repris quasiment partout ce
qu’ils avaient perdu.
En guise de bilan L’expérience quarante-huitarde laisse à beaucoup de ses partisans un sentiment profond d’échec et
d’impuissance. En Italie, « fare un Quarantotto » (« faire un 48 ») entre dans le langage courant au sens de
s’agiter pour n’aboutir à rien. On retient l’image d’une révolution certes pétrie d’idéaux, mais incapable de
les traduire dans la réalité ou de les défendre.
Cependant, quelque chose de fort et de durable est né dans les esprits. Les forces se sont comptées et les
erreurs commises sont mises à profit. Un grain vient d’être semé qui donnera bientôt de belles moissons. Les
unités italienne, roumaine et allemande, pour ne citer qu’elles, sont filles du Printemps des peuples 1848.
https://ehne.fr/article/epistemologie-du-politique/1848-le-printemps-des-peuples-europeens/1848-le-
printemps-des-peuples-europeen
Consigne. Après avoir présenté les documents, vous montrerez que l’on peut avoir des
perceptions différentes du Printemps des peuples. Vous pourrez vous intéresser aux acteurs
de ces mouvements révolutionnaires, à leurs revendications et aux différents sentiments
suscités par ces évènements.
Document 1 L’avis d’un étudiant
A 19 ans, l’étudiant allemand de catégorie sociale modeste,
Carl Schurz (1829-1906) participe aux évènements de 1848
Un matin, vers la fin de février 1848, j’étais assis paisiblement dans le grenier qui me servait de chambre [...], quand soudain un ami se précipita hors d’haleine dans la pièce et s’exclama : « Quoi ! Tu es là, assis ! Tu ne sais donc pas ce qui est arrivé ? – Non, quoi ? – Les Français ont renversé Louis-Philippe et proclamé la République ! » [...] Bientôt, le mot démocratie fut dans toutes les bouches et beaucoup pensaient que si les princes refusaient d’accorder au peuple ses droits, les simples requêtes céderaient le pas à la force même si, bien sûr, chacun espérait que la régénération de la patrie s’accomplisse pacifiquement. Quelque chose forcément devait arriver ici aussi [...]. Il était question des libertés publiques et des droits des citoyens [...]. J’étais persuadé qu’enfin était arrivé le moment de donner au peuple allemand la liberté qui était son droit naturel et à la patrie allemande son unité et sa grandeur [...]. De grandes nouvelles arrivèrent de Vienne. Là-bas, les étudiants de l’université avaient été les premiers à défier l’empereur d’Autriche en réclamant la liberté et des droits pour le citoyen. Le sang avait coulé dans les rues et la chute de Metternich en avait été le résultat. Les étudiants en armes avaient formé une garde de la liberté. Les grandes villes de Prusse étaient également touchées par ce formidable mouvement. Cologne, Coblence et Trèves, mais aussi Breslau, Königsberg et Francfort avaient envoyé des députations à Berlin, pour porter leurs revendications au roi. Dans la capitale prussienne, les masses avaient envahi les rues, et chacun espérait des évènements d’une grande importance. Lorsque [mon professeur] agita le drapeau aux trois couleurs, en prédisant pour la nation allemande libre un grand avenir, on assista à un déchainement d’enthousiasme. Les gens applaudissaient, criaient, s’embrassaient, pleuraient. En un clin d’œil, la ville fut pavoisée de drapeaux.
Carl Schurz, Réminiscences, 1906-1908
Document 2 L’avis d’un membre de l’élite dirigeante
Bourgeois, parisien, Prosper Mérimée (1803-1870)
s’adresse à une amie, noble espagnole.
« Chère comtesse,
Que dites-vous de cette tempête qui balaye les rois
comme de la paille ? Chaque jour nous apporte la
nouvelle d’une révolution et d’un trône renversé. Qui
jamais ne se serait attendu à voir Vienne imiter
Paris ? Je vous disais il y a quelques temps que la
révolution avait un caractère d’épidémie et qu’elle
remplaçait le choléra. Je ne me trompais guère. Nous
sommes ici toujours dans la même position,
tranquilles, mais vivant au jour le jour.[…]
Ils [les allemands] veulent constituer un peuple
germanique homogène […]. On se demande ce que
feront ces ouvriers toujours si menaçants quand il n’y
aura plus rien à leur donner. Que vous êtes heureux
en Espagne de n’avoir pas cette plaie de l’industrie. »
Prosper Mérimée, Lettres à la comtesse de Montijo,
25 mars 1848, « Le temps retrouvé », Mercure de
France, 1995
Qui est Prosper MERIMEE ? (1803-1870)
Il est l’auteur de romans historiques et de nouvelles
célèbres. Nommé inspecteur des Monuments
historiques en 1834 sous la monarchie de Juillet, il
engage la restauration de nbx monuments
particulièrement abîmés par le temps… et au cours
de la révolution française. Il devient sous le Second
Empire un proche de Napoléon III et de la famille
impériale.
Pour vous aider
En introduction : phrase d’amorce (contexte) puis
présentation des documents.
La consigne vous mets ensuite sur la piste. Voici les questions
auxquelles votre développement doit répondre :
- Qui participe aux mouvements révolutionnaires ?
- Quelles sont les revendications des révolutionnaires en 1848 et quels sont les moyens envisagés pour obtenir
satisfaction ?
- Les sentiments suscités par les événements de 1848 sont –ils les mêmes dans les deux textes ?
Partez du document en justifiant vos réponses par de courtes citations. Eclairez vos arguments avec des connaissances.